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groupe de travail Architecture et Bâtiment

février 2003

DECHETS DANS LE BATIMENT, UN VASTE CHANTIER…

dossier présenté par


le groupe de travail Architecture et Bâtiment

Le contexte

De tout temps l'homme a produit des déchets. Ceux-ci ont même servi à reconstituer l'histoire
des civilisations et des modes de vie lors de recherches archéologiques. Mais la société
industrielle a considérablement contribué à augmenter le volume des déchets qu'ils soient
ceux de la consommation (déchets ménagers) ou de la production (déchets industriels). Leur
composition s'est complexifiée. A l'origine, organique ils se recyclaient sur place. Aujourd'hui
la nature des matériaux employés et la diversification des biens manufacturés (métaux,
pastiques, nucléaires…) ne permettent plus cette transformation naturelle. Cette tendance
s'amplifie encore actuellement avec les emballages jetables des biens de consommation
courante et usinée les plastiques et leurs dérivés. La barre symbolique du kilogramme de
déchet produit par habitant et par jour a été franchie.
Quelques chiffres

600 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année en France. Les déchets de
chantier Bâtiment Travaux Publics créent pour le Bâtiment 31 millions de tonnes et les
Travaux Publics 100 millions de tonnes. Il est intéressant de comparer ces chiffres aux
ordures ménagères qui représentent 25 millions de tonnes et aux déchets d'agriculture qui en
génèrent 375 millions de tonnes-. La production des déchets de chantier bâtiment est
sensiblement supérieure à celle des ordures ménagères et pourtant bien moins présente à
l'esprit. Ces chiffres démontrent largement l'importance des déchets de chantier bâtiment et
l'attention toute particulière que doit y apporter le maître de l'ouvrage
Ces déchets de chantier provenant d'opérations dont une grande partie relève des Collectivités
Territoriales. Ils se décomposent eux-mêmes:
 Pour le secteur bâtiment
- démolotion-déconstruction 56%
- réhabilitation-dépose pour 34%
- construction pour 7%
- réhabilitation-construction3%
Parmi ces déchets on trouve (selon la classification de la recommandation n° T2-2000
adoptée le 22 juin 2000 par la section technique de la commission centrale des
marchés):
- des Déchets Inertes 66% ( gravats, béton, tuiles…)
- des Déchets Industriels Banals 27% ( revêtements de sols et de murs, le bois,
les plastiques emballages tuyaux…)
- des Déchets Industriels Spéciaux 6% (résidus de peinture, pots de colle, de
joints,…)
- des emballages 1%
 Pour le secteur de travaux publics il s'agit majoritairement de terres

 Les conditions d'élimination de ces déchets sont incertaines mal connues en raison
de leurs natures diverses, de la variabilité de leurs lieux de production, et des différents
acteurs. Il convenait donc en raison de leur impact sur notre environnement et de leur
incidence forte sur le développement durable de prendre une série de mesures.

Le cadre réglementaire

La gestion de ces déchets est devenue un acte prioritaire pour les Collectivités Territoriales
dans leur rôle le plus large de management environnemental, mais aussi dans leur rôle de
maître d'ouvrage. Ces rôles sont encadrés et se trouvent renforcés par le cadre législatif
existant, et on peut citer :
- La loi 75-633 du 15 juillet 1975, relative à l'élimination des déchets et à la
récupération des matériaux,
- La loi 92-646 du 13 juillet 1992, qui en modifiant la loi précédente initie une
politique plus ambitieuse, donne la priorité à toutes les filières de valorisation et
stipule qu'à compter du 1er juillet 2002, le stockage est réservé aux déchets ultimes,
- La majeure partie de ces lois a été abrogée dans leur forme initiale et insérée dans le
code de l'environnement (art. L 541),
- Le décret 94-609 du 13 juillet 1994, impose pour les détenteurs autres que les
ménages, que les déchets d'emballage soient valorisés,
- La circulaire du 15 février 2000, prescrit l'établissement, au niveau départemental
d'un plan de déchets pour le BTP. Cette planification répond aux engagements
européens directive 75/442/CEE modifiée par les directives 91/156 CEE et
96/350CEE et celle du 26 avril 1999,
- Une circulaire du 28 avril 1998, relative à la mise en place et l'évolution de plans
départementaux d'élimination des déchets ménagers et assimilés, demande de veiller
également à la prise en compte des déchets de BTP et dans son sixième objectif, de
mieux impliquer les maîtres d'ouvrages dans l'élimination des déchets qui sont générés
par la réalisation de leurs commandes,
- L'évolution de la réglementation relative à l'élimination des déchets et aux
installations classées pour la protection de l'environnement.

Toutefois, l'ensemble de ces dispositions réglementaires, par voie de conséquence, entraîne


des coûts substantiels dans les prix de revient des chantiers entre 1% et 8% selon la nature des
lots et la mise en œuvre de procédures plus complexes. Une maîtrise de ces traitements
devient donc nécessaire afin de ne pas entraîner une dérive des coûts qui serait préjudiciable à
la réussite du processus complet de gestion de déchets.

La gestion des déchets de bâtiment

Gérer les déchets c'est prendre un ensemble de mesures qui visent à en réduire le volume, à en
diminuer l'impact sur l'environnement et à raisonner développement durable par l'application
du processus réduction à la production, recyclage, valorisation et traçabilité.
 Les collectivités locales ne peuvent se désintéresser des déchets de chantier et
doivent agir comme des facilitateurs pour trouver des solutions profitables pour tous.
- A ce titre, elles doivent:
- Favoriser l'implantation des installations de tri, de regroupement, de recyclage
et de stockage dans le ressort de leur territoire
-Ouvrir, en tant que possible, leurs déchetteries aux artisans et entreprises, sous
réserve également du paiement par ceux-ci du service rendu, dans des conditions de
tarification transparentes
- Dimensionner leurs projets d'investissement en matière de déchetteries en
tenant compte de ces gisements. Il n'est pas toujours rationnel de mettre en place un
réseau de déchetteries supplémentaires quand les installations municipales pourraient
accueillir les déchets du BTP
- Participer à l'établissement des plans départementaux d'élimination des
déchets des ménages et à la planification départementale de la gestion des déchets du
BTP
 En tant que maître d'ouvrage, elles doivent à travers l'écriture du programme :
- Préserver les ressources naturelles, réduire les impacts des chantiers sur
l'environnement et s'inscrire dans une démarche Haute Qualité Environnementale. Cet
objectif revêt une importance particulière au regard des nuisances provoquées par
l'ensemble des chantiers de bâtiment, en particulier en termes de déchets produits. Ce
but doit être atteint par:
- une réduction de la production des déchets,
- une meilleure gestion produits et une organisation du chantier adaptée
à la gestion sélective des déchets ( dans et en dehors du chantier),
- une prise en compte des eaux de ruissellement des pollutions
éventuelles des sols et sous-sols et le traitement de ceux-ci.
- Réduire les gênes pour les usagers, mitoyens, passants, automobilistes, mais
aussi les professionnels du chantier. En effet, bruits de chantier, salissures des voiries
et mitoyens, poussières, gênes à la circulation sont autant de désagréments qu'il faut de
la même façon minimiser.
- Réduire toutes ces nuisances doit être un enjeu pour tous les acteurs qui y
trouvent chacun un intérêt propre
- Tous les intervenants de l'acte de construire, sans exception, sont concernés et
impliqués dans l'élimination des déchets. Les maîtres d'ouvrage, les maîtres d'œuvre,
les entreprises et industriels font partie d'une chaîne économique et technique. C'est à
l'ensemble de cette chaîne que revient la responsabilité de gérer le traitement et
l'élimination des déchets. Celle-ci d'ailleurs participe à une des quatorze cibles HQE.
A son début se positionnent les maîtres d'ouvrage. Ils doivent intégrer la gestion des
déchets de chantier en respectant la législation relative à la protection de
l'environnement.

Les responsabilités

La loi n'a pas confié de responsabilités générales aux collectivités locales en la matière,
comme pour les déchets de ménage. Elles ont, cependant un intérêt évident à la bonne gestion
des déchets du BTP, à plusieurs titres, et à partir des instruments réglementaires :
 Dans le cadre de pouvoir de police général, les maires doivent lutter contre les
dépôts illégaux de matériaux et déchets.
 En tant que maître d'ouvrage, elles sont-elles même productrices de déchets, dont
elles doivent assurer la gestion. Les maîtres d'ouvrage sont responsables en tant que
producteurs ou détenteurs, conformément à l'article 2 de la loi 75-633 modifiée relative à
l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux. Le principe de "pollueur-payeur"
est désormais introduit, c'est celui qui produit et ordonne le transport qui est responsable de ce
déchet et de son lieu de dépôt. Des sanctions pénales, aggravées depuis l'entrée en vigueur du
nouveau Code pénal sont prévues en cas de non-respect des règles d'enfouissement, de
transport,… pouvant aller jusqu'à deux ans de prison et ou 80.000 euros d'amende.
La responsabilité de la gestion des déchets incombe, selon le principe de la loi du 15 juillet
1975, à leurs producteurs et sous les conditions énoncées ci-avant. Concrètement, c'est sur les
professionnels du BTP, que dans les faits, repose l'évacuation des déchets depuis le chantier,
dans un système où chacun, depuis l'amont, aura bien pris en charge ses responsabilités et
aura assuré le financement des prestations demandées. Le transfert de responsabilité en
matière d'élimination des déchets, de la maîtrise d'ouvrage aux entreprises est ainsi possible à
la condition que les clauses relatives aux déchets soient précisées.
L'évolution

L'échéance réglementaire du 1er juillet 2002 est maintenant dépassée. Les décharges
traditionnelles sont fermées et remplacées par des centres de stockage où seuls les déchets
ultimes sont acceptés ( une des définitions du déchet ultime, c'est celui qui ne peut plus être
recyclé à des conditions économiques moins onéreuses que le matériau primaire).
Les centres de stockage sont classés en trois classes, en fonction de la perméabilité de leur
sous-sol, de leur mode de gestion ( alvéoles, captage des bio-gaz, traitement des rejets
liquides…):
- classe 1 : déchets dangereux
- classe 2 : déchets ménagers et assimilés
- classe 3 : déchets inertes
Sur les 2000 installations soumises à la Taxe Générale sur les Activités Polluantes, - TGAP -,
donc les anciennes décharges recensées, seules 800 sont autorisées au titre des installations
classées. Le tonnage admis dans ces installations est faible. De nombreux efforts sont donc à
poursuivre pour améliorer cette situation. Ils ne pourront passer que par la prise de conscience
de la réduction à la source des déchets. Ce point, a d'ailleurs été clairement annoncé par
Madame la Ministre de l'écologie et du développement durable dans son intervention lors du
Comité National des Déchets du 17 décembre 2002.

Cette première étape - du 1er juillet 2002 - a favorisé une prise de conscience élargie. Elle a
permis de créer une dynamique en faveur d'une accélération de la modernisation de la gestion
responsable et maîtrisée des déchets

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