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NOVEMBRE 1771; ir 7
l ’office fini, St. AuguiHn alla vers le ref*
fiifcité, & lefomma, au nom de Dieu, de
déclarer qui il étoit. a Du tems des Frétons*
répondit le cadavre, dYine voix fépulcra-
fe, j’étois le Seigneur de ce lieu : les Prê*
tres ne cefTerent, pendant ma vie, de me de
mander la dixme ; je ne croyois point la de
voir, & j'aimai mieux donner lefuperfhi de
mes récoltes à mespaÿfans quitravailloienr,
quifemoieñr, & qui étoient pauvres : je fus
excommunié > je mourus & je ftis damné,
& depuis ce moment je brûje. Où eft en
terré le Prêtre qui t'a excommunié, de
manda Saint AuguiHn » ? Le damné lui in
diqua la Toile de l'excommuniant ; St. A u -
cumn y fut,reffufcita le Prêtre; St. AuguiHn,
Jai montrant Fexcomnxunié défunt, lui de-
'maiuks’ttle coanoiffeit :.ù quetrop, répon
dit le Curé mort 'j ce fu r un ennemi de l’é*
glife, unfcélérat* un im p ie u n athée, qui
^artageoit fon bien à fes pauvres payfans,
oc qui eut l'impiété de refufer la dixme :
auifi l’excommuniai-je ; aufli eft-il damné,
ü l î f e répem;, dirSt.Aùguflln, mon frère/
il faut avoir pitié de lui ; il y a affezlongtems
qu’iifoufFre ; relevez4 e deiori excommunica
tion. « Puisqu'il fe repent, dit le Prêtre, &
que vous le voulez, j'y confens, je l’ab-
fous ». Auifitôt le vieux feigneur reffuieité
fe retraîna à fon tombeau, & y fut réduit en
cendres. Après fon départ, lé Prêtre abfot-
Vant dit qu’il y avoit 170 ans qu’il étoit èn-
terré dans cette églife, dont il avoit été paf-
teur, & où il avoit conftamment témoigné
le plus grand zele pour les kmnpnités db
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rr8 JOURNAL ÉNCYCtOP. |
l’églife, & beaucoup de féyérité contre tes hék !’
réuques.St.Aug. le p r ^ le conjurade vouloir |;
bien continuer de vivre pour l'édification do*
autres Prêtres : le feffulcité refufa , <& cou-
4mt, en grondant, ferenfermer dans fon tour"
beau. Le ieigneur de ce lieu, celui-là même»
oui ce jour avoit été excommunié , pétrifie
oe cette fuite de miracles, fejetta aux pieds de
St. Auguftin, demanda pardon dé fon crime,
promit de payer la cÜxtùe ayec la pins glan
de exaâitudè, reçut avec-çojnponâion 30
coups de difcipline,' & fut abfou& Jean Aô-
glius termine, ce beau récit par cette oblen*
vation : Hoc miracuhim videbitur iUis incrê- '
dibilc quicredunt Dco aîiquid ejfe impojfîbilef
ft d nulli dubium eft quod numquam Angla*
rum cervices Chrifii jugum fubifient, nifiper
magna miracula Jibi divinitas ojïenta; H efl
w ar nue ce n’eft pas» là du latin de Cicéron;
«nais le doâe Jean Anglius dédaignoit l’élq-
gance du ftyte: c’étoit une foire têteque
ce Jean Angüus»
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NOVEMBRE 1771. 119
Desforges . voulant fatisfaire jufqul ua cer
tain point la curiofité du public, a fait infé
rer depuis peu, dans les Ajfith.es d’ Orléans,
au fujet de la conftruâion de fon char, quel
ques nouveaux détails , dont voici le précis.
La voiture volante, dont l’auteur pourroit
bien avoir pris l’idée dans&s hommes volons #
ou Us aventures de Pierre W ilkins, traduites
de l’anglois, qui parurent en 1763 , eft lon
gue de 6 pieds, large de 3 pieds 8 pouces,
& de é pieds & demi de hauteur. U n’eft
point de voiture moins difpendieufe pour la
conftrudion, que celle-ci, puifqu’il ne faut
autre chofe que de Tôlier pour 40 Îbus, te
du bois de marfaut pour 4 liv. Elle eft gar
nie de a ailes, qui forment une étendue de
J9 pieds & demi ? & dont le deflus, comme
celui de l’impériale * eft revêtu de taffetas
ciré d’Angleterre: cfeft ce qu’il y a de plus
coûteux. Ces agens , auxquels on attacher
des plumes pour prévenir le danger d’un vol
trop rapide, pourront s’ôter & le remettre à
volonté , & par ce moyen, on n’aura nul em
barras à loger cette machine, très-aifée à dé-
compofêr, parce qu’il n’y a rierfde cloué? p^s
même les charnières, & qui, néanmoins.,
left d’une folidité que rien, ne pourra brifer.
Soutenue des deux moteurs dont on vient de
p a rler, & de l’impériale, longue de 8 pieds
Tur 6 de large, qui fera l’office d’une múfle
me aile, la voiture volante planera un demi-
quart de lieue. Le char dont il s’agit ic i, n^ft
q u e pour le feul conduâeùr j mais M. Des-
torges ne déiefpere point d’en conftruire un
autre t qui e n iv r a epeoire une féconde peç*
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no JOURNAL ENCYCLOP.
fonne; & celui-ci fera placé, non dans la voi
ture même , crainte de rompre l’équilibre f
mais fous le milieu de la machine, fur un fie-
g e , (olidement attaché, & environné de fou-
tiens. Tel eft le char volant de M. l’Abbé
Desformes, que tout vanier fera en état de
confinare dans 15 jours, que tout le monde
pourra conduire avec la plus grande facilité ,
oc avec lequel on fera au moins 30 lieues par
heure, quand on aura le vent non, *4 pat
un tems calme, & 10 par un vent contrai-
x e .( *) Aurefte, l’inventeur n’a guere à s’ap-
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NOVEMBRE 1772. ut
plaudir ni à fe féliciter de la première épreu
ve qu’il vient de faire de fa machins. Un par
ticulier de Lyon lui ayant mandé que les
Iooooo francs qu’il demandoit comme ua
honnête dédommagement de fes travaux &
de fes pénibles recherches, étoient prêts, &
qu’il l’attendoit avec fa voiture; M. Desfor
ges , tranfporté de joie , s’eft auflltôt jetté
danslechar volant, avec lequel il s’étoit pro-
ofé, avant de recevoir cette bonne nouvel-
£ î, d’aller faire quelques tours au jardin des
tuileries, & l’a fait élever de terre par 4
hommes, à une certaine hauteur, pour pren-.
dre fon vol : mais, foit mal-adreiïe de les ai
des, foit dérangement de quelque reifort, foit
défaut de v en t, ou quelqu’autre caufe, qu’il
ne feroit peut-être pas bien difficile de dé-
viner, la voiture votante, aulieu de s’élan
cer en haut, a volé au rebours, & a préci-
■ ■ ■ . ■ '■ '■ ■ ■ ■ ■■■■»■■■ f .........— ■
f académie des fcicnces ( en fuppofaht toutefois
qu'une pareille démonftration n’ait déjà ¿té faite ) 9
UH vol mécanique dont on feroit allez maitre pour
faire toutes les évolutions podibles, & même ac
célérer la chûte du corps de haut en bas ; ce qué
íes oifeaux nç pourroient faire fans fe renverfet
les pattes en l'air ». M. Giros a , fans, doute, pris
l'idée de ce vol dans le jeu de la colombe méca
nique d’A rch ytas, qui s’élcvoit allez haut, & vo
tait dans une durée de tems déterminée par celle
de l'a&ion du rouage , ou des autres reiTorts : mais
on ignore comment elle fe remontoit, & jufqu'oüi
feíbutenoit fon vol* Au refte,ü l'on parvenoit enfin
ï faire voler de$ hommes qu des,machines , il nous
femble qu’il y auroit peut-être autant d'art à les
faire abattre a volonté , & le vol nous furpren*
droit encore moins que la‘ defeente. •
Tom. VJJL Part< I. F
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iil JOURNAL ENCYCI OP.
pité fon phaëton. Comme ce char n’avoit pti
prendre i’eflbr , la chute n’a pas été pénl-
leufe, & l’on prétend que M. Desforges en
a été quitte pour quelques conmfions ; plus
heureux que le hardi Marquis de Bacq....*
qui fit voir, en fe cafiant la cuifle, qu’il eft
dangereux d'imiter Icare.
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