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«Pour créer le pôle, il a fallu abattre les murs, explique-t-elle, c’est-à-dire mieux faire
comprendre à chacun le métier de l’autre et l’intérêt de développer des synergies. J’ai
demandé aux collaborateurs de se réunir, de bâtir ensemble des plans de
communication très complets et de penser à 360 degrés… Petit à petit, j’ai agrandi
l’équipe en recrutant à l’extérieur des profils très différents, en particulier un
“community manager”, pour que chacun joue à fond la carte des réseaux sociaux.
Aujourd’hui, nous sommes vraiment soudés. Il nous arrive même de partir ensemble
en vacances… à l’UCPA !» se réjouit-elle. Comme dans le sport, pour former une vraie
équipe, il faut un bon «manager-coach», mais aussi de la méthode. Quel que soit le
contexte, les étapes à franchir sont toujours les mêmes. A vos marques, prêts ?
Coachez.
Avant toute chose, les membres de votre équipe ont besoin d’avoir une vision
commune, un projet bien défini qui a du sens et qui permet à chacun de s’impliquer. Il
s’agira, par exemple, de lancer un nouveau produit, d’actualiser le système
d’information ou encore de devenir leader sur son marché. Dans un premier temps,
préparez une ou deux phrases qui synthétisent la «mission à acccomplir». Explicitez-
les à vos collaborateurs. Mieux encore, proposez-leur d’y réfléchir ensemble, ils se
sentiront ainsi plus engagés. Mais n’allez pas trop vite vers les moyens et les objectifs
spécifiques de chacun : à ce stade, la priorité est de fédérer l’équipe et de faire en sorte
que chacun soit fier d’y appartenir.
Une fois la question de l’objectif et du sens posée, il faut apprendre à se connaître pour
bien travailler ensemble. N’hésitez pas à consacrer du temps à cette étape
fondamentale. «Lors de tous mes stages de formation, au lieu d’effectuer un tour de
table classique, je prévois toujours une étape informelle destinée à briser la glace,
témoigne Isabelle Avril, formatrice en développement personnel pour la Cegos. Je
demande aux participants de se lever, de marcher dans la pièce et de se regarder en
se croisant, puis de faire la connaissance d’un maximum de personnes en vingt
minutes. Pour cela, je leur propose de se présenter en racontant une anecdote sur leur
prénom ou de répondre à des questions originales… Un lien de coopération positive
se crée ainsi beaucoup plus rapidement, et l’ambiance et l’efficacité s’en ressentent
tout au long du stage. Il y a plus de synergie, de motivation et d’écoute dans les ateliers.
Chacun a envie de bien faire pour lui-même et pour les autres.»
Investir dans un séminaire de «team building», lorsque c’est possible, permet souvent
de gagner du temps dans le processus de cohésion d’équipe : passer quelques jours
ensemble hors du contexte professionnel, rien de tel pour créer du lien ! Nicolas Gilg,
responsable pendant cinq ans d’un projet de développement pour un grand groupe
pétrolier en Afrique, qui a mobilisé 2 500 personnes, en sait quelque chose. «Mes
équipes directes regroupaient 240 personnes de 30 nationalités différentes, les trois
quarts venues d’Afrique, le reste de France et d’ailleurs. Chaque année, nous
organisions un séminaire de trois jours pour une centaine de personnes, réunies par
métiers, avec une partie professionnelle et une partie “team building”. Celle-ci
comprenait des jeux de rôle simulant des situations de travail. Il en résultait beaucoup
d’humour et de bonne humeur. De retour dans leur environnement professionnel, les
participants n’hésitaient plus à décrocher leur téléphone pour communiquer avec un
collègue.»
Un fois que la glace est brisée, il s’agit de préciser les objectifs, le rôle et les
responsabilités de chacun, de transmettre des directives claires et de fixer les règles
du jeu. «Pour mobiliser les membres de l’équipe, il faut déterminer et partager des
buts “smart” : spécifiques, mesurables, ambitieux, réalistes et temporels. S’ils sont
“smarter”, c’est-à-dire “exciting” (enthousiasmants) et “recorded” (formalisés), c’est
encore mieux», souligne Pierre Finkielstein, consultant pour Acumen en France.
Les règles du jeu portent sur les tâches à accomplir, les délais, les procédures à
respecter, les rôles de chacun et les propres méthodes de travail du manager. «Ces
règles peuvent être définies par l’organisation, le manager seul ou, pour certaines, par
consensus avec l’équipe afin de favoriser l’adhésion, résume Didier Kahn. Elles
doivent être claires. Ne pas les suivre entraînera des sanctions qui doivent être les
mêmes pour tous. Il est important que le manager sache équilibrer le lien et la loi,
c’est-à-dire à la fois mettre de l’humain et exiger des résultats.»
Une équipe peut-elle fonctionner sans chef ? «Non, si elle doit produire un résultat
commun, répond Didier Kahn. Dans un groupe de travail entre pairs, par exemple
entre coachs, on pourrait se passer d’un chef sur le fond, mais il faut au minimum que
quelqu’un décide sur la forme (timing, étapes…). Et, en pratique, il y a toujours un
leader qui émerge. Cela dit, le niveau d’autonomie au sein d’une équipe est parfois très
important, comme pour ces gérants d’un groupe d’hôtels dont le directeur général fixe
les grands objectifs et se contente de manager “de loin” tout en jouant au golf et au
bridge.»
Une fois l’équipe sur les rails, entretenir un échange constructif suppose une
implication dans la durée. Organisez des réunions à intervalles réguliers, si possible
en «live» plutôt que par visioconférence, utilisez tous les moyens pour partager
l’information, montrez-vous accessible et disponible, encouragez une communication
sincère, créez des moments de convivialité, de complicité, de rire… et accordez le droit
à l’erreur à vos collaborateurs.
Pour créer du lien à distance, il suffit parfois d’un petit rien : organiser une
visioconférence pour mettre des visages sur les noms, créer un organigramme avec
des photos, animer des forums de discussion en ligne… Bien sûr, le contact direct est
idéal ! «La porte de mon bureau n’est pas toujours ouverte, mais j’essaie autant que
faire se peut de garder du temps pour les rendez-vous informels, indique Nicolas Gilg,
aujourd’hui responsable de développement au siège de Total. Me rendre disponible
améliore la confiance à tous les niveaux.»
Le nouveau site Internet vient d’être mis en ligne, vous avez atteint ou dépassé
l’objectif de chiffre d’affaires de l’année ? Félicitez individuellement chacun de vos
collaborateurs, en face à face, au téléphone ou par écrit, communiquez dans le journal
interne ou l’Intranet… Organisez un pot au bureau ou invitez toute l’équipe à dîner.
Vous pouvez aussi attribuer une prime, lors d’un séminaire d’équipe. Qu’importe le
lieu : ce qui compte, c’est de se retrouver hors des murs de l’entreprise pour partager
des moments de convivialité. Sachez aussi fêter les résultats intermédiaires, pour
entretenir la cohésion et la motivation de l’équipe.
Isabelle Gonse