>> La preuve par 21 Bernard Hinault

Bernard HINAULT Cols et victoires d’étape Puissance réelle watts/kg Puissance étalon 80 kg temps Cols Etape
Tour de France 1978 Saint Lary 367 5,65 395 00:32:42 2
1er-24 ans Puy de Dôme CLM. Battu par Zoetemelk (16min23s, 430 watts). 370 5,69 400 00:17:56 1
Team Renault Gitane Alpe d’Huez. Mesure sur 5,25 km sur la fin 358 5,51 385 00:15:13 2

Tour de France 1979 Superbagnères CLM 1er 402 6,18 432 00:26:40 1
1er-25 ans Avoriaz CLM 1er. Son plus bel exploit athlétique sur le Tour 412 6,34 440 00:33:00 1
Alpe d’Huez 360 5,54 386 00:44:49 4

Tour de France 1981 Saint Lary. Bonne montée, 2ème derrière Lucien Van Impe 361 5,55 388 00:33:12 2
1er-27 ans Le Pleynet 1er. Du grand Hinault,en solitaire après un raid 393 6,05 420 00:14:33 4
Team Renault Elf

Tour d’Italie 1982 Monte Campione 1er. Prend 3 minutes à Contini. 9,8 km à 8,23% 414 6,37 445 00:35:00 1
1er-28 ans

Tour de France 1982 Saint Lary. Fatigué par le Giro, il gére et contrôle en montagne 371 5,71 400 00:32:25 2
1er-28 ans Merlette 344 5,29 369 00:20:30 4
Alpe d’Huez 365 5,62 395 00:43:54 2
moyenne 360 5,5 388 00:32:16

Tour d’Espagne 1983 Navalmoral 1er. Hinault renverse la course 345 5,31 368 00:08:31 3
1er-29 ans Opération au genou en 1983

Tour de France 1984 La Ruchère CLM. Perd 33 secondes sur Fignon 409 6,29 442 00:27:25 1
2ème-30 ans Alpe d’Huez. DéfaillanceMesure sur 6,9 km (1345m-1845m) 307 4,72 332 00:23:23 3
Team La vie Claire La Plagne. Perd 3’ sur Fignon. Attaque « suicide » avant la Madeleine. 354 5,45 380 00:48:59 3
Joux Plane X 5
Crans Montana. Subit encore la loi de Laurent Fignon 390 6 417 00:25:50 2
moyenne 365 5,6 393 00:31:24
pédales automatiques à partir de 1985
Tour de France 1985 Avoriaz.Une de ses plus belle échappée sur le Tour avec Herrera 380 5,85 407 00:28:58 3
1er-31 ans Luz Ardiden. En mauvaise forme suite à sa chute de Saint Etienne 340 5,23 366 00:37:50 3

Tour de France 1986 Marie Blanque. A l’avant de la course avec Delgado 358 5,51 384 00:21:27 2
2ème-32 ans Superbagnères. Défaillance, échappé depuis descente Tourmalet. 326 5,02 349 00:31:34 4
Col de Granon. Lâché par Lemond dans l’Izoard, mal au genou 344 5,29 370 00:43:10 3
Alpe d’Huez 1er. Main dans la main avec Lemond 326 5,02 353 00:48:00 3
moyenne 339 5,2 364 00:36:03

SON EXPLOIT : 1979, AVORIAZ CLM 33min01s à 440 watts étalon 80 kg SUSPECT Miraculeux Mutant
SON MEILLEUR TOUR DE FRANCE : 1979 (pas de valeur moyenne disponible)


« L’autre histoire »

Bernard Hinault
Quand on pointe du doigt le dopage dans le cyclisme,
Bernard Hinault prend le bras et le détourne vers les
autres sports. Pourtant, Bernard Hinault n’a pas
échappé à la suspicion. Sa chute dans le Dauphiné
77 fait dire à Roger Piel, devenu manager de coureurs
qu’Hinault n’était « pas dans un état naturel » . Le Ber-
nard Hinault des débuts est comme la plupart de ses
collègues : tolérant vis-à-vis du dopage. C’est ainsi
qu’après le double contrôle positif de son équipier
Gilbert Chaumaz dans le Tour de France 1979, il signe,
avec plusieurs membres de l’équipe, une lettre au
PDG de Gitane, pour s’élever contre le non-renouvelle-
ment du contrat du savoyard. En plein Tour de France
1979, on le soupçonne de fréquenter le fameux
Bernard Sainz, alias Docteur Mabuse, un faux
médecin décrié et proche de Guimard. Bernard Hinault
est aussi plus tard un des patients du docteur François
Bellocq qui prône le rééquilibrage hormonal, pratique
consistant à prodiguer des hormones (cortisone par
exemple) à un sportif pour lui faire retrouver son taux
« normal ».
Quand il doit abandonner le Tour de France 1980,
victime d’une tendinite, Bernard Hinault peste après
les contrôles antidopage à cause desquels « il est
difficile, pour ne pas dire impossible, de se soigner
efficacement » . Cela n’empêche pas le docteur
Miserez (médecin chef du Tour) de le soigner à coup
d’infiltrations de cortisone. Par la suite, le docteur
Miserez met encore le Breton dans l’embarras en
affirmant que ces mêmes corticoïdes pourraient être
la cause de cette fameuse tendinite .
En 1982, alors qu’il participe à la tournée des critéri-
ums, il refuse de se soumettre à un contrôle anti-
dopage. Les contrôles sont normalement inexistants
sur ces épreuves : la FFC et sa commission médicale
les proscrivent explicitement . Inexistants, jusqu’à ce
que quelqu’un ne décide de contrôler le Critérium de
Callac le 27 juillet. Un constat de carence (qui a valeur
de contrôle positif) est établi à l’encontre d’Hinault et
de quelques autres. Ils écopent d’une suspension d’un
mois avec sursis et d’une amende de 1100 Francs su-
isses. La FFC décide de ne pas appliquer la sanction.
En 1984, Bernard Hinault crée l’équipe La Vie Claire
avec comme entraîneur Paul Koechli fermement
contre le dopage. En patron, Hinault affiche clairement
ses convictions : « Pas de dopé chez moi, dit-il » .
Pourtant, en 1985, il embauche un Danois du nom de
Kim Andersen, lequel va inaugurer une série de sept
(six selon certaines sources) contrôles positifs, dont
au moins quatre alors qu’Hinault court toujours dans
l’équipe. Le patron Hinault n’exclut pourtant pas le
coureur Andersen. Bernard Hinault est toujours
prompt à dénoncer la suspicion, comme lors
de l’affaire PDM en 1991 où il prend la défense
de l’équipe et appelle les coureurs à boycotter les
journalistes . Quand Francesco Moser est accusé
d’avoir pratiqué des transfusions sanguines, il n’est
pas sûr que ce soit du dopage . En revanche, il est
plus pointilleux quand il s’agit de s’en prendre à
Christophe Bassons: « Bassons a eu le tort de
dire que lui était propre et que les autres étaient
sales. Lui-même dort dans un caisson hypobare.
(…) Le dopage commence là, même si l’oxygène
c’est ce qu’il y a de plus naturel. »
Dans les années 2000, alors que les pelotons sont
envahis par l’EPO et autres transfusions sanguines
et que beaucoup de coureurs français dénoncent
un « cyclisme à deux vitesses », Bernard Hinault
s’insurge et estime que « ceux-ci gagnent trop
d’argent et ne font pas assez d’efforts » pendant
que leurs directeurs sportifs sont des « nazes [qui]
feraient mieux de retourner à l’école » . Qu’importe
si Cyrille Guimard rappelle que le blaireau « détestait
les entraînements et ne s’y livrait qu’à minima » .
Depuis qu’il officie comme responsable du protocole
pour ASO, Bernard Hinault a aidé une pléiade de grand
champions à enfiler leur beau maillot jaune : Lance
Armstrong, Marco Pantani, Bjarne Riis, Jan Ullrich,
Floyd Landis, Michael Rasmussen, Richard Virenque,
Alberto Contador, etc. etc.

28 Plus de détails sur : www.alternativedition.com

28-31 HINAULT PREUVE.indd 28 09/05/13 16:15


ape
2 w Bernard Hinault a très certainement atteint son meilleur niveau de 1979 à
1 1982. En raison des données partielles le concernant, Il n’est pas possible de
2
le montrer à l’aide des estimations de puissance moyenne sur l’ensemble d’un
1 grand Tour de 3 semaines.
1 w On retiendra surtout pour cette période sa montée exceptionnelle d’Avoriaz en
4 1979 à 440 watts (étalon 80 kg), sa victoire au
Pleynet en 1981 (420 watts étalon 80 kg) et son ascension du Monte Campione
2
4
Bernard Hinault Virage 19
au Giro 1982 (445 watts étalon 80 kg).
w Après son opération du genou en 1983, il est probablement revenu à son
meilleur niveau au Tour de France 1985. Sa plus grande performance de fin
de carrière en montagne restera son échappée avec Luis Herrera en direction
d’Avoriaz. Pour son dernier Tour en 1986, sa puissance moyenne relativement
basse sur les derniers cols est due à sa manière de courir très offensive sur ce
Tour 1986. Il attaqua à plusieurs reprises loin de l’arrivée.

1
« La belle histoire »
2
4
2 w Né le 14 novembre 1954 à Yffiniac
(Côtes d’Armor), Bernard Hinault
prend sa première licence en 1971
3 et devient rapidement une terreur
locale. L’année suivante, il est
1 champion de France Junior.
3 w Après une année de service
3 militaire, il devient champion de
5 France de poursuite. Il passe
2 w professionnel en 1975 dans
l’équipe Gitane-Campagnolo
dirigée par Jean Stablinski. Il remporte
3 sa première victoire dans le Circuit de
3 la Sarthe. À la fin de la saison, Stablinski est
remplacé par Cyrille Guimard.
2 w En 1976, il gagne plusieurs courses de premier
4 ordre : Circuit de la Sarthe, Paris-Camembert, Tour
3 d’Indre-et-Loire, Tour de l’Aude, Tour du Limousin
3 et une étape de l’Etoile des Espoirs. Il se classe
premier du Prestige Pernod, ancêtre de l’actuelle
Coupe de France.
w Avec une victoire dans Gand-Wevelgem 1977,
Bernard Hinault inscrit son nom pour la première
fois au palmarès d’une grande classique. Il
récidive quelques jours plus tard dans Liège-
Bastogne-Liège. Mais il entre dans la légende dans
le Dauphiné Libéré. Seul en tête vers Grenoble,
il chute dans un ravin. Remis en selle, il doit
mettre pied à terre dans la montée finale, mais
l’emporte quand même. Son ancien compagnon
d’entraînement, Georges Talbourdet le surnomme
le blaireau : « Si tu lui fous la pelle dans la
gueule, il te bouffe la pelle » . En fin de saison, il
remporte le Grand Prix des Nations, une épreuve
chronométrée qu’il gagnera cinq fois.
w Après avoir terminé 2ème de Paris-Nice 1978,
le Breton remporte le Critérium National. Il gagne
son premier grand Tour avec la Vuelta, après s’être
imposé dans quatre étapes et dans le prologue. Il
devient également champion de France au terme
d’une échappée en solitaire de 55 km.
w Dans le Tour de France, il
s’impose dans le premier
contre-la-montre de 60 km,
puis tient la dragée haute
à Michel Pollentier et Joop
Zoetemelk en montagne.
Il les surclasse dans le
deuxième chrono de 72 km
et s’empare définitivement
du maillot jaune.
w En 1979, Bernard Hinault
gagne à nouveau la Flèche
wallonne puis prépare le Tour de
France en dominant le Critérium du Dauphiné
libéré où il gagne quatre étapes sur neuf.
w Le Tour de France se résume à un match
Hinault-Zoetemelk. Après avoir remporté les
deux contre-la-montre, il parachève sa victoire en
gagnant l’étape des Champs-Élysées devant le
Hollandais, qu’il distance au général de plus de 13
minutes. Il clôture sa saison en s’imposant dans
le Tour de Lombardie après une échappée en duo
de 60km.
w Bernard Hinault, réussit un morceau de
bravoure dont il a le secret dans Liège-Bastogne-
Liège 1980. Sous la neige, il s’échappe à 80 km de
l’arrivée et devance à l’arrivée le 2ème de plus de
9 minutes. Puis il remporte le Tour de Romandie.
S’alignant pour la première fois dans le Tour
d’Italie, il l’emporte. Mais sur le Tour de France,
il doit renoncer à Pau, alors qu’il porte le maillot
jaune, en raison d’une tendinite au genou.
w Revanchard, le blaireau revient à la compétition
de la plus belle des manières qui soit en écrasant
les championnats du monde, disputés en France,
à Sallanches.
w Ceint de son maillot arc-en-ciel, et au terme
d’une course épique, il remporte Paris-Roubaix
1981. Puis l’Amstel Gold Race. Sur le Tour, il
domine et relègue son second à près d’un quart
d’heure.
w Il réussit le doublé Giro-Tour en 1982, après
avoir remporté 4 étapes en Italie, et 3 en France,
en plus du prologue. En 1983, il gagne le Grand
Prix Pino Cerami et la Flèche wallonne. Il remporte
son deuxième Tour d’Espagne malgré une douleur
persistante au genou. Il doit se faire opérer et faire
l’impasse sur le Tour de France. Ses liens avec
Cyrille Guimard se sont distendus. Hinault décide
de se lancer dans une nouvelle aventure et crée
l’équipe La Vie Claire, avec le financement de
Bernard Tapie et les conseils de l’entraîneur suisse
Paul Koechli.
w Sur les Quatre jours de Dunkerque 1984,
Bernard Hinault lève pour la première fois les bras
sous ses nouvelles couleurs. Dans le Dauphiné
libéré, il termine 2ème. Sur le Tour de France,
Bernard Hinault n’a pas encore retrouvé son
meilleur coup de pédale. Il doit s’incliner devant
le jeune prodige Laurent Fignon. En fin de saison,
il gagne le Tour de Lombardie, le grand prix
des Nations et le Trophée Baracchi (associé à
Francesco Moser).
w Bernard Hinault n’est plus seulement un coureur.
Il aide la société Look, spécialiste des fixations
de ski à mettre au point la pédale automatique.
Une révolution à l’époque.
w En 1985, Bernard Hinault remporte son 3ème
Tour d’Italie et son 5ème Tour de France, malgré
une chute à Saint-Étienne où il se fracture le nez.
Bernard Hinault est décoré de la Légion d’Honneur
pendant l’hiver.
w En 1986, à l’attaque tous les jours, Hinault
déstabilise son jeune coéquipier Lemond, pourtant
désigné leader de l’équipe. Il faut l’intervention
de Bernard Tapie pour qu’Hinault enterre la hâche
de guerre. Les deux hommes franchissent la ligne
d’arrivée de l’Alpe d’Huez main dans la main.
Bernard Hinault termine 2ème de ce Tour. Il conclut
sa carrière en remportant la Coors Classic dans le
Colorado.
w Il devient éleveur en Bretagne et, parallèlement,
prend des responsabilités au sein d’ASO, société
organisatrice du Tour de France. Il a également été
sélectionneur national de 1988 à 1993.

Palmarès
sur les grands Tours :
w Tour de France : 8 participations, vainqueur
(1978, 1979, 1981, 1982, 1985), 2ème (1984,
1986), 1 abandon (1980)
w Tour d’Espagne : 2 participations, vainqueur
(1978, 1983)
w Tour d’Italie : 3 participations, vainqueur
(1980, 1982, 1985)

29

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>> La preuve par 21
LAPIDER
Par Antoine Vayer
LES BARONS
D
epuis le début du siècle, le sport suit l’évolution logique
des connaissances sur le corps humain. Phénomène de
culture (le mode de vie d’un peuple), il répond à cette
logique qui risque fort de nous entraîner vers une dérive
de société (l’ensemble des gens ayant la même culture).
Une dérive inéluctable sans réaction des politiques, des médias, du public.
Nous sommes en effet passés par divers stades «bio» au fur et à mesure
du temps et de la compréhension du fonctionnement de l’organisme.
D’abord par celui d’un sport fondé sur la maîtrise de la biomécanique,
puis biologique, puis à celui biomédical en cours. L’ère bionique est en
passe de nous refléter des valeurs plus destructrices qu’épanouissantes.
Elle est en outre associée au libéralisme économique et barbare, sans
contrôle réel pour un vecteur qui rapporte de plus en plus d’argent à
un nombre de personnes de moins en moins
grand. Faut-il pour autant accepter cet état
sans y réfléchir et sans réagir contre, pour
une fois en amont des problèmes? Ou faut-il
benoîtement se satisfaire de spectacles spor-
tifs genre «catch américain» organisés par les
marchands du temple, télévisés par une chaîne
qui les sponsorise, en consommant une «émo-
tion» qui a peu de sens – sinon commun – et
aseptisée au service du profit? Le sport n’est
pas seulement l’apanage du haut niveau. Sa
pratique de masse énorme, enthousiasmante,
est vitale. Elle permet aux énergies de passer
de la tête aux jambes en exprimant ses colères
refoulées ailleurs que dans tous les types de
violence. Elle apporte un certain équilibre,
proche de l’homme fait de muscles, de nerfs
reliés à un cerveau et d’hormones. Pour une
hygiène physique sur laquelle repose une par-
tie de l’hygiène mentale. Dès lors que le sport
de haut niveau s’adresse à la jeunesse qui s’identifie si naïvement et au
spectateur manipulable, il faut qu’il véhicule des valeurs démocratiques
transparentes plus qu’une image fausse de tessons de verre, de maladies,
de dérives. En lieu et place pour celui qui veut faire profession de sa
passion sportive, il doit passer par tous les stades de la pensée unique
sans choix d’exprimer sa personnalité et se fondre dans les décisions to-
talitaires qui correspondent à «la norme». Par faiblesse et facilité, par
manque d’encadrement à la hauteur – tout aussi muselé – il comprend
qu’avec peu de souffrances et vite, il n’a souvent d’autre recours que de
souscrire au dopage (une drogue sans égal qui enrichit son consomma-
teur) pour être au niveau auquel on l’aspire. Le «chacun pour soi» devi-
30 Plus de détails sur : www.alternativedition.com
28-31 HINAULT PREUVE.indd 30
Bernard Hinault
ent alors une philosophie, il est si doux de se faire exploiter et de se taire
jalousement avec la promesse d’être bien payé…
Le syndrome de Münchausen a été récemment évoqué. Il concerne
certains parents touchés par celui-ci, qui médicalisent leurs enfants
jusqu’à l’infanticide. Par métaphore, et s’il est un premier souhait évi-
dent à émettre, c’est celui du contrôle et du changement des «barons» qui
organisent le sport et qui semblent touchés par ce syndrome vis-à-vis des
sportifs qui sont de grands enfants… Leur credo est celui de l’inertie qui
permet de si bien conserver le pouvoir. Or il y a, on le sait maintenant, un
énorme problème de santé publique et de manque d’équité à régler. Re-
connaître ces «barons» est chose aisée dans leur discours : «Il est urgent
d’attendre ». Le sport est un sujet trop noble et trop meurtri pour qu’on
continue de le confier à certains faux «responsables» au-dessus des lois,
qui confondent incompétence, laxisme, sérieux et
cynisme. Le deuxième vœu à émettre concerne les
médias et leur formidable pouvoir d’information.
Qu’ils investiguent de manière intègre, complète et
scrupuleuse le mérite sportif et non pas les besoins
de certains de manière obséquieuse! Qu’ils présen-
tent les pratiques réelles ou les sensations fortes –
même si elles ne sont pas sur la première marche
du podium – qu’ils dénoncent, afin d’éclairer beau-
coup plus le public déçu et plus dupe pour forcer le
sport à devenir transparent. La beauté du réel ex-
ploit sportif reviendra alors peut-être dans le regard
des spectateurs à nouveau passionnés et ne sera
plus dans le record tronqué regardé. L’émotion et la
joie suscitées seront d’autant plus grandes.
Le troisième vœu concerne toutes les formes de
politiques concernées par le sport. Il pourrait être
un art et un métier pour le pratiquant comme pour
son encadrement et perçu comme tels par tous. Es-
pérons que partout, de l’Occident au grand Orient,
soient soutenues voire institutionnalisées les énergies qui revendiquent le
bon sens, même rebelle, à l’heure actuelle. Les moyens de lever toutes les
suspicions et d’accorder le bien-être sont connus et dépendent de simples
volontés. Et si 2000 était le siècle où, en sport, le combat pour les idées
était sacralisé, plus que l’argent et le pouvoir ? Tout le monde y gagnerait.
La place est aux réelles compétences saines, aux créations. Place aux
hommes et au sport, au vrai, au plaisir.
2-12-99 L’humanité
09/05/13 16:15
 « Il a dit... Bernard Hinault Virage 19

• 1978 Suite à la fraude de Michel Pollentier à l’Alpe D’Huez : « ça la fiche mal. je peux même dire que c’est désolant, comment un champion de sa classe peut-
il en venir à commettre de telles erreures ?” (L’Equipe 17.07.1978)
• 1983 « Se doper, c’est voler le pain des autres. » (J.P. de Mondenard - 1983 - Dopage : la rançon de la victoire - Sciences et avenir, cité par P. Laure - Le
dopage - p. 198)
• 1986 « J’ai souvent croisé la tricherie et le dopage mais ce domaine a besoin d’une sérieuse réforme pour qu’enfin on arrête de voir le cyclisme de
compétition comme un sport de drogués. On interdit aux cyclistes des produits qui sont autorisés pour des bambins de quelques mois. Il faut proscrire les
amphétamines définitivement mais le reste c’est plus une question de quantité que de qualité. (…) Les anabolisants et les hormones, qui sont interdits par
le règlement, peuvent être utiles au cycliste s’ils sont pris sous contrôle médical. Les hormones, par exemple, servent à fixer les sels minéraux. » (Cyclisme
International, 11/1986)
• 1989 « Prendre un café le matin, c’est déjà être dopé. » L’Equipe, 11/4/89, cité par J.P. de Mondenard dans le Dictionnaire des substances et procédés
dopants en pratique sportive - Ed. Masson 1991 - p. 59)
• 1999 À propos de Christophe Bassons et de ses démêlés avec Lance Armstrong : « Bassons a eu tort de dire qu’il était propre et que les autres étaient sales
(...). Il a dit que les autres étaient mus par l’argent, mais s’il a fait ces articles, c’est bien qu’il était payé pour le faire ? Et j’ai lu qu’il avait multiplié par trois ses
contrats dans les critériums, c’est donc qu’il n’est pas si blanc que ça. » (L’Equipe 24/07/1999 - rapporté dans Sport & Vie n°56 de Sept/Oct 1999)
• 2002 « Si les équipes cyclistes étaient correctes, tout coureur qui se dope ne devrait pas retrouver de boulot. » (Le Télégramme, 28/05/2002)
• 2011 En réponse à la question : « Avez-vous été tenté [de vous doper] ? » : « Je ne vois pas pourquoi tu pourrais être tenté dans la mesure où tu as des
capacités qui te permettent de le faire sans rien. Ca m’aurait apporté quoi ? Rien de plus, sauf que je n’aurais peut-être pas la santé que j’ai aujourd’hui. Donc je
ne l’ai pas fait. » (Bernard Hinault – Dernier roi du vélo, Emission Empreintes, 2011)

w 1989 Phil Anderson : « Dans l’ascension du Pla-d’Adet

avec Hinault, je lui avais proposé un peu de Coca-Cola, car
c’était mon idole. Mais il s’était fâché et m’avait presque
...ils ont dit de lui »
balancé la boîte dans la figure. Tout à coup, ce n’était plus le même type que
celui qui était en poster sur le mur de ma chambre. » (L’Equipe, 19 juillet
1989, cité dans Le bêtisier du Tour de France, Serge Laget, 2010)
w 2008 Philippe Bordas, journaliste et écrivain : « J’ai du mal à parler d’Hinault
que j’ai tant admiré ; en lui se résume une époque faible. L’épisode liminaire
est du fonds héroïque, après quoi Hinault se résout dans les limites désolantes
du contemporain. (...) L’été, il fait la remise des bouquets et le serrage des
mains à l’arrivée du Tour. Ce qu’Anquetil, Merckx ou Coppi n’auraient jamais
fait. » (Forcenés, Philippe Bordas, 2008)
w 2009 Jean-François Bernard, ancien coéquipier : « Je rigole quand j’entends
Bernard Hinault dire que les Français ne s’entraînent pas. Heureusement pour
lui qu’il y avait Joël Marteil qui venait le chercher pour aller s’entraîner. Tout le
monde sait qu’il n’aimait pas ça. » (L’Equipe, 13/07/2009)
w Laurent Fignon : « Ça me paraît aujourd’hui dépassé de vouloir faire croire
aux gens qu’on n’a jamais rien pris. » (L’Equipe, 01/07/2009, cité par www.
slate.fr, 03/07/2009)
w Jérôme Pineau, coureur cycliste, à propos des déclarations du breton sur
les coureurs français : « Hinault n’est pas heureux, peut-être un peu aigri. Si
on est tous des “nazes”, qu’il reste chez lui! Encore mieux: s’il connaît si bien
la recette, qu’il prenne une équipe et façonne des champions. Il prétend qu’on
s’entraîne mal mais c’est une insulte à tous ceux qui travaillent avec nous et
sont plus compétents que lui dans l’entraînement. » (Le Journal du Dimanche,
20/07/2009)
w 2012 Lance Armstrong : « Gagner 5 Tours ne fait pas de vous une personne
intélligente, mais bien un branleur » (Twitter 06.2009)

SA REVUE DE PRESSE
“Chevalier de la Légion d’Honneur”
Champion des champions français de l’Équipe : 1978, 1979, 1980, 1981
“Le Tour de gloire de Bernard Hinault.” – VSD, 24.07.1986
“Champion des champions 1980.” L’Équipe, 30.12.1980
“Hinault dans le sein des cinq.” – L’Equipe, 22.07.1985
“Bernard Hinault n’aime pas la familiarité, le fisc, la compassion,
les règlements désuets et le contrôle urinaire .”- Paris-Match, 05.10.1984

« Mon avis sur mes performances »

Bernard HINAULT, a été ( voir éditorial)
une idole qui m’a fait rêver. Il m’a donné
envie de faire de la compétition en cyclisme.
Il a parrainé une année un sport-études dont
j’étais le gérant. Mais, comme beaucoup
de gens du « milieu » il pense sans doute
toujours que parler de doutes et de dopage
c’est « tuer le vélo », contrairement à
Michel Rieu ( voir p.133). Joint par mail
puis par téléphone le 15 avril 2013 il a parlé
de « scandale » et, furibond, m’a demandé :
« comment tu peux calculer des watts
dans ton canapé ! », et il a raccroché. Les
réponses sont dans ce magazine, il pourrait
le faire. En 2007, à 9h34 le “blaireau”
Bernard Hinault s’est fait sans doute le
représentant des “ex” en référence à mon
article publié dans Libération en Juillet
( voir page 114, L’ex, l’incontournable du
monde du vélo ») en me téléphonant, pour
me menacer: “on est quelques ex “ , “ ça
ira mal pour toi si tu continues d’écrire
tes trucs ». Il avait téléphoné, « masqué »,
d’une cabine téléphonique, du 0237240453.
Je l’avais reconnu de suite. Mon idole
est devenu un des symboles de ce qu’on
peut appeler l’Omerta dans le cyclisme. Il
préside, chaque année sur le podium des
arrivées d’étapes, le protocole de remise du
maillot jaune. Sans se poser de questions
apparemment. Mais surtout, en défendant
d’en poser.
Antoine Vayer

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