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Plongée dans l'iPhone d'un ado

titillé par ses hormones


Textos, mèmes, films pornos, scrolling à gogo, premier amour et
flirt sur Snapchat, harcèlement à l’école et sur les réseaux…
Raconté du point de vue d’un iPhone, le court-métrage POCKET
immerge le spectateur dans l’intimité d’un ado américain.
Authentique et voyeuriste, la performance ne laisse pas
indemne.

Jake est un jeune Américain typique d’une quinzaine d’années.


Il aime skater, fumer de la weed, envoyer des mèmes à ses potes et scroller
sur Instagram, en particulier pour se délecter de photos de mannequins à
demi-nues. Ce que Jake n’aime pas, c’est que sa mère commente ses posts
sur la plateforme. C’est un peu la honte, cette même honte qui vous
saisissait lorsque votre mère vous embrassait en vous déposant à l’école.
En revanche, il aime bien discuter avec sa grand-mère, à qui il demande
quelques tuyaux pour pécho. Mais celle qu’il aime par-dessus tout, même
plus que Pornhub, c’est Farrah, son crush du collège à qui il n’arrive pas à
parler en dehors des réseaux.

Gênant et bousculant d’authenticité, le court-métrage POCKET


nous immerge dans une année de sa vie, filmée via son iPhone
au format vertical. Et tout y passe.
Génération sous Insta'
Co-réalisé par Mishka Kornai et Zach Wechter, le film est le premier projet
de PICKPOCKET, un jeune collectif de réalisation sur smartphone et
explore l’évolution de nos usages au gré des innovations technologiques.

« Aviez-vous Tinder ou Instagram au collège ? Aviez-vous Snapchat au


lycée ? », questionnent les deux créateurs dans un post sur Vimeo. « Les
différentes réponses à ces questions représentent des expériences de vie et
des manières de grandir radicalement différentes. Rien de tout cela
n'existait quand nous étions au lycée, et nous avons commencé à parler de
ce que nos expériences auraient été si cela avait été le cas ».

Le film rappelle d’ailleurs le récent clip vidéo du rappeur


Orelsan, « Discipline ». Tourné au format vertical, il aborde certaines
thématiques similaires, comme notre addiction aux réseaux sociaux et
notre difficulté à décrocher de nos flux abrutissants.
Voyeurisme
Très vite, la désagréable impression d’être aussi voyeuriste que Jake
(incarné par l’ex star Nickelodeon Mace Coronel) saisit, un peu comme
devant un épisode de Black Mirror. La mise en abyme frappe : on
regarde, via un smartphone, la vie d’un inconnu, lui-même en train d’épier
celle des autres sur son téléphone ou de vaquer à ses occupations en ligne.
Et rien ne nous est épargné. Accès de paranoïa sur Doctissimo,
masturbation, demande de nudes sur Snapchat, drague en ligne,
moqueries et harcèlement à l’école… on fait peu à peu connaissance avec le
protagoniste via le contenu de son téléphone, aussi noir ou drôle soit-il.

Amour, posts sponsos et porno


« Pour la majorité des enfants qui grandissent aujourd'hui, leur
première expérience en matière d'intimité se fait en ligne, et
non en face à face, ce qui représente un changement radical dans ce que
signifie être une jeune personne avec une sexualité en développement,
poursuivent les deux réalisateurs. Le film ne cherche pas à porter un
jugement moral sur Instagram ou la pornographie, mais lorsque la plupart
des enfants passent six heures par jour dans un espace qui inclut cette
collision entre des images soft porn et leur livre de promo, de
l'objectivation sexuelle et de la marchandisation, cela peut
sembler inquiétant. »

En particulier pour les parents, perdus d'avance face aux flux de contenus
dont leurs jeunes ouailles sont abreuvées... À la manière de Big Mouth,
cette série animée Netflix qui déculpabilise le sexe et les rapports hommes-
femmes au collège, les réalisateurs de POCKET montrent tout, quitte à
choquer. Ils espèrent ainsi nous offrir « l'occasion d'examiner et d'évaluer
notre rapport aux technologies utilisées au quotidien ». En tout cas pour
nous, le pari est réussi.

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