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Gaz

Définition générique :
Un gaz est un ensemble d'atomes ou de molécules très faiblement liés et quasi-indépendants. Dans
l’état gazeux, la matière n'a pas de forme propre ni de volume propre : un gaz tend à occuper tout le
volume disponible. Cette phase constitue l'un des trois états dans lequel peut se trouver un corps
pur, les autres étant les phases solide et liquide. Le passage de l'état liquide à l'état gazeux est
appelé vaporisation. On qualifie alors le corps de vapeur (par exemple la vapeur d'eau).
À basse pression, les gaz réels ont des propriétés semblables qui sont relativement bien décrites par
le modèle du gaz parfait. La masse volumique d'un corps pur atteint son minimum à l'état gazeux.
Elle décroît sous l'effet d'une baisse de pression (loi de Gay-Lussac et loi de Charles) ou d'une
hausse de la température (on parle de dilatation des gaz). Les mouvements chaotiques des
molécules qui composent le corps le rendent informe et lui permettent d'occuper entièrement
l'espace clos qui le contient.

Gaz naturel
Le gaz naturel est un combustible fossile composé d'un
mélange d'hydrocarbures présent naturellement dans des
roches poreuses sous forme gazeuse.
Avec 23 % de l'énergie consommée en 2005, le gaz naturel est
la troisième source d'énergie la plus utilisée dans le monde
après le pétrole (37 % en 2005) et le charbon (24 % en 2005).
Son exploitation étant récente, l’étendue de ses réserves est
encore assez mal connue. En 2008, elles correspondaient à 60
ans de consommation et étaient concentrées pour 40 % au
Moyen-Orient. Les spécialistes estimaient alors que la Russie,
l’Iran et le Qatar détenaient à eux seuls plus de 50 % des
réserves mondiales. Depuis, les évolutions techniques ont
permis des découvertes de gaz non conventionnel menant ainsi
à une réévaluation des réserves de 60 à 250 % selon les
zones1.
L'usage du gaz naturel dans l'industrie, les usages domestiques puis la production
d'électricité, se développait rapidement depuis les années 1970 et était sur le point de
devancer le charbon. Cependant, avec le renchérissement observé depuis le début du
xxie siècle, les tassements dans la consommation des pays développés, les besoins des
pays émergents et les progrès réalisés dans le traitement du charbon, ce dernier tend à
retrouver un certain essor.

1
Pour autant, la production mondiale de gaz
Sommaire naturel a enregistré une importante
1 Types croissance de 7,3 % en 20102. Cette
1.1 Gaz conventionnel non associé progression tient notamment à
1.2 Gaz associé l’exploitation récente des gaz non
1.3 Gaz biogénique conventionnels. En 2010, les États-Unis
1.4 Gaz de charbon sont ainsi devenus grâce à eux les
1.5 Gaz de schiste premiers producteurs de gaz naturel,
1.6 Hydrates déclassant la Russie, qui néanmoins
2 Industrie du gaz demeure leader en termes d’exportations1.
2.1 Histoire
2.2 Caractéristiques générales du gaz
naturel commercialisé en Europe Types
2.3 Amont : extraction et traitement
2.4 Aval : transport gazeux ou liquide Il existe plusieurs formes de gaz naturel,
3 Économie du gaz se distinguant par leur origine, leur
3.1 Marché à terme et marché spot composition et le type de réservoirs dans
3.2 Économie du gaz en Chine lesquels ils se trouvent. Néanmoins, le gaz
3.3 Économie du gaz en Europe est toujours composé principalement de
3.4 Économie du gaz en Belgique méthane et issu de la désagrégation
3.4.1 Infrastructures gazières d'anciens organismes vivants.
3.4.2 Réseau de transport Aux différents types de gaz naturels cités
3.4.3 Réseau de distribution ci-après, on pourrait adjoindre le biogaz,
3.5 Économie du gaz en France ou biométhane, un substitut renouvelable
3.5.1 Infrastructures gazières issu de la décomposition de certains
3.5.2 Les marchés de gros déchets de l'activité anthropique.
3.5.3 Le marché de détail et le prix
du gaz Gaz conventionnel non
4 Utilisation associé
4.1 Utilisation carburant du gaz naturel
5 Pouvoir calorifique C'est la forme la plus exploitée de gaz
6 Enjeux géopolitiques naturel. Son processus de formation est
7 Chiffres similaire à celui du pétrole. On distingue le
8 Risques liés au gaz naturel gaz thermogénique primaire, issu
9 Références directement de la pyrolyse du kérogène, et
10 Voir aussi le gaz thermogénique secondaire, formé
10.1 Articles connexes par la pyrolyse du pétrole. Le gaz
10.2 Liens externes thermogénique comprend, outre le
10.3 Bibliographie méthane, un taux variable d'hydrocarbures
plus lourds, pouvant aller jusqu'à l'heptane
(C7H16). On peut y trouver aussi du dioxyde
de carbone (CO2), du sulfure d'hydrogène appelé aussi "gaz acide" (H2S), et parfois de
l'azote (N2) et de petites quantités d'hélium (He), mercure (Hg) et argon (Ar).
C'est principalement ce type de gaz conventionnel non associé qui alimente le marché
international du gaz naturel et ses réseaux de transport par gazoducs et méthaniers (voir
section Industrie du gaz).
Gaz associé
Il s'agit de gaz présent en solution dans le pétrole. Il est séparé lors de l'extraction de ce
dernier. Pendant longtemps, il était considéré comme un déchet et détruit en torchère, ce qui
2
constitue un gaspillage de ressources énergétiques non renouvelables et une pollution
inutile. Aujourd'hui, une partie est soit réinjectée dans les gisements de pétrole (contribuant à
y maintenir la pression et à maximiser l'extraction du pétrole), soit valorisée. La destruction
en torchère représentait toujours 150 Gm3 par an en 20074.
Gaz biogénique
Le gaz biogénique est issu de la fermentation par des bactéries de sédiments organiques. À
l'instar de la tourbe, c'est un combustible fossile mais dont le cycle est relativement rapide.
Les gisements biogéniques sont en général petits et situés à faible profondeur. Ils
représentent environ 20 % des réserves connues de gaz conventionnel. Le gaz biogénique a
moins de valeur par mètre cube que le gaz thermogénique, car il contient une part non
négligeable de gaz non combustibles (notamment du dioxyde de carbone) et ne fournit pas
d'hydrocarbures plus lourds que le méthane5.
Gaz de charbon
Articles détaillés : Gaz de couche et grisou.
Le charbon contient naturellement du méthane et du dioxyde de carbone dans ses pores6.
Historiquement, ce gaz a surtout été connu pour la menace mortelle qu'il présente sur la
sécurité des mineurs - il est alors resté dans la mémoire collective sous le nom de grisou.
Cependant, son exploitation est en plein développement, en particulier aux États-Unis.
L'exploitation porte sur des strates de charbon riches en gaz et trop profondes pour être
exploitées de façon conventionnelle. Il y a eu des essais en Europe également, mais la
plupart des charbons européens sont assez pauvres en méthane. La Chine s'intéresse
également de plus en plus à l'exploitation de ce type de gaz naturel.
Gaz de schiste
Article détaillé : Gaz de schiste.
Certains schistes contiennent aussi du méthane piégé dans leurs fissurations. Ce gaz est
formé par la dégradation du kérogène présent dans le schiste, mais, comme pour le gaz de
charbon, il existe deux grandes différences par rapport aux réserves de gaz conventionnel.
La première est que le schiste est à la fois la roche source du gaz et son réservoir. La
seconde est que l'accumulation n'est pas discrète (beaucoup de gaz réuni en une zone
restreinte) mais continue (le gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume
de roche), ce qui exige une technique spécifique. La technique actuellement (2011) retenue
consiste à utiliser l'hydrofracturation en association avec le forage horizontal, qui permet
d'atteindre un plus grand volume de roche avec un seul forage. L'hydrofracturation consiste
en la fracturation des poches de gaz par injection d'un liquide constitué d'eau et d'additifs,
dont certains peuvent être toxiques. Chaque puits peut être fracturé plusieurs dizaines de
fois, chaque fracturation consomme entre 7 et 28 millions de litres d'eau dont une partie
seulement est récupérée. On a constaté, notamment aux États-Unis, que cette pratique
mettait en péril l'éco-système7. L'utilisation de produits toxiques risque de polluer les nappes
phréatiques, lorsque ce n'est pas le gaz lui-même qui présente un risque sanitaire8 pour
toute personne vivant près d'une source d'extraction9. L'exploitation en France demeure
fortement décriée. Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'écologie, a autorisé le début des
forages dans le sud de la France avant que le gouvernement n'annule ces autorisations10.
Hydrates
Article détaillé : Hydrate de méthane.
Les hydrates de méthane sont des structures solides contenant du méthane prisonnier. Ils
sont issus de l'accumulation relativement récente[réf. nécessaire] de glace contenant des
3
déchets organiques, la dégradation est biogénique. On trouve ces hydrates dans le pergélisol
ou sur le plancher océanique. Le volume de gaz existant sous cette forme est inconnu, les
estimations varient de plusieurs ordres de grandeur selon les études. Aucune technologie
rentable ne permet actuellement d'exploiter ces ressources.

Industrie du gaz
Histoire
Utilisation ancienne en Chine
Les Chinois ont commencé à utiliser du gaz naturel comme combustible et source d'éclairage
au ive siècle av. J.-C.. Le forage systématique de puits pour l'extraction de la saumure au
ier siècle av. J.-C. avant J.C. (Dynastie Han) mena à la découverte de beaucoup de "puits à
feu" au Sichuan qui produisaient du gaz naturel. Ainsi qu'il est rapporté, cela entraîna dès le
iie siècle av. J.-C., une recherche systématique de gaz naturel. La saumure et le gaz naturel
étaient conduits ensemble par des tubes de bambous. Depuis les petits puits, le gaz pouvait
être acheminé directement aux brûleurs ou la saumure était versée dans des cuves
d'évaporation en fonte pour bouillir et produire du sel. Mais le gaz dense et âcre puisé à des
profondeurs d'environ 2 000 pieds devait tout d'abord être mélangé à l'air de crainte qu'une
explosion se produise. Pour remédier à cela, les Chinois conduisaient d'abord le gaz dans un
grand réservoir en bois de forme conique, placé 3 m sous le niveau du sol, où un autre
conduit amenait l'air. Ce qui transformait le réservoir en grand carburateur. Pour éviter les
incendies à cause d'un soudain surplus de gaz, un "Tuyau repoussant le ciel" supplémentaire
était utilisé comme système d'échappement11.,12.
En Europe
En 1776, Alessandro Volta découvre le méthane en s'intéressant au "gaz des
marais" (l'ancien nom du méthane).
Les premiers gaz combustibles utilisés en Europe, à partir de 1785, date de leur invention,
seront des gaz manufacturés c'est-à-dire des gaz fabriqués dans des usines à gaz et des
cokeries, principalement à partir de la houille. Ils sont d'abord utilisés comme gaz d'éclairage,
par la suite comme combustible pour les turbines et moteurs, pour le chauffage ainsi que la
cuisson. L’appellation gaz de ville apparaît à cette occasion. Les gaz manufacturés seront
essentiellement du gaz de houille mai aussi du gaz d'huile et du gaz de pétrole, etc. La
plupart des gaz manufacturés contiendront principalement du dihydrogène, du méthane et de
monoxyde de carbone.
L'histoire du gaz manufacturé est liée à l'histoire de nos villes et des grands groupes
énergétiques modernes, ceux là même qui plus tard achemineront le gaz naturel.
Le gaz de ville sera mêlé, lorsque la demande se fera plus importante à du gaz de couche et
du grisou - qui a un pouvoir calorifique plus important, doit être "dilué" avant d'être injecté
dans le réseau - ainsi que du gaz de pétrole liquéfié13.
Les premières utilisations modernes gaz naturel sont apparues aux États-Unis vers 1820
pour l'éclairage public14.
Si le pétrole fait l'objet d'une exploitation et d'une utilisation industrielle poussées à partir des
années 1850, le gaz naturel devra attendre les années 1950 pour susciter un intérêt mondial.
Ses réserves et ressources, voire sa production, sont mal connues en dehors des États-Unis
jusqu'à la fin des années 1960. Le gaz naturel est apparu longtemps comme une source
d'énergie difficile à mettre en œuvre. Son commerce sous forme liquéfiée (GNL) n'a
commencé qu'en 1964 dans des volumes très modestes15.

4
À partir de la fin de Seconde Guerre mondiale mais surtout à partir des années 1960, l'usage
du gaz naturel se répand à travers le monde et supplante progressivement les gaz
manufacturés. Le gaz naturel a de nombreuses qualités, dont l'absence de toxicité. Le
pouvoir calorifique du gaz naturel est double de celui du gaz de houille (9 000 cal/m3 contre
4 250).
Le gaz naturel nécessitera des aménagements particuliers de tout son réseau de distribution,
appareils de chauffe et autres, méthode de stockage et de transport : canalisations,
gazoducs, bateaux et port méthaniers.
En France
En 1946, L'Assemblée nationale vote la loi de nationalisation des secteurs de l'énergie. Gaz
de France (GDF) est créée. La première activité de Gaz de France durant ses premières
années consiste à produire et distribuer du gaz de houille. La découverte et la mise en
exploitation du gisement de gaz naturel de Lacq à la fin des années 1950 permet à Gaz de
France de réorienter son activité vers celui-ci et d'abandonner progressivement le gaz de
houille. Les parisiens reçoivent le méthane juste dix ans plus tard.
En Hollande
Le gisement Slochteren dans la province néerlandaise de Groningue (29 mai 1959),
(Champs de gaz de Slochteren (nl)) est rapidement acheminé en Hollande et vers la
Belgique (1966)...
En Norvège
Ekofisk(1969)...
En Algérie
Hassi R'Mel dans le Sahara
En Belgique
En 1971, l'ensemble du réseau de distribution est converti au gaz naturel. Distrigaz
s'alimente en Hollande (1965), en Norvège (1973), en Algérie (1975), l'Allemagne et Abou
Dabi. En 1980, Distrigaz assure la totalité de l'approvisionnement, du transport et du
stockage du gaz en Belgique mais également le Luxembourg (1993) et l'Angleterre (1995).
En 2001, Distrigaz est scindée entre Suez(GDF Suez) et Ente nazionale idrocarburi
Caractéristiques générales du gaz naturel commercialisé en
Europe
C'est principalement du gaz naturel dit "conventionnel non associé" (voir section précédente)
qui alimente le marché européen de production du gaz naturel et ses réseaux de transport
par gazoducs et méthaniers puis de distribution.
Le gaz naturel traité, en vue d'être commercialisé, est incolore, inodore, insipide. Il contient
entre 81 et 97 % de méthane. Il est moins dense que l'air : sa densité est de 0,6 par rapport à
l'air et sa masse volumique est d'environ 0,8 kg·m-3. Il se présente sous sa forme gazeuse
au-dessus de -161 °C environ, à pression atmosphérique.
Son pouvoir calorifique supérieur (PCS) est d'environ 11,5 kWh·m-3 en France, pour le gaz le
plus couramment consommé, dit "H" (pour "haut pouvoir calorifique").
Pour des raisons de sécurité depuis l'accident de 1937 à New London au Texas, qui causa la
mort de 295 personnes dans une école, un odorisant chimique, à base de
tétrahydrothiophène (THT) ou de mercaptan (composé soufré), lui donne une odeur
particulière afin de permettre sa détection lors d'une fuite.

5
Amont : extraction et traitement
Le gaz naturel et le pétrole brut sont souvent associés et extraits simultanément des mêmes
gisements, ou encore des mêmes zones de production. Les hydrocarbures liquides
proviennent du pétrole brut pour une proportion moyenne de l'ordre de 80 % ; les 20 %
restants, parmi les fractions les plus légères, le propane et le butane sont presque toujours
liquéfiés pour en faciliter le transport.
L'exploration (recherche de gisements) et l'extraction du gaz naturel utilisent des techniques
à peu près identiques à celles de l'industrie du pétrole. Une grande partie des gisements de
gaz connus à travers le monde a d'ailleurs été trouvée au cours de campagnes d'exploration
dont l'objectif était de trouver du pétrole.
Lors de l'extraction, la détente à la tête de puits provoque la condensation des hydrocarbures
C5 à C8. Les liquides récupérés, appelés "condensats de gaz naturel" ou "liquide de puits de
gaz naturel" correspondent à un pétrole extrêmement léger, de très haute valeur (donnant de
l'essence et du naphta). Tout le reste (hydrocarbures C1 à C4, dioxyde de carbone, sulfure
d'hydrogène et hélium) est gazeux à température ambiante et acheminé par gazoduc vers
une usine de traitement de gaz. Il faut donc deux réseaux de collecte, un pour le gaz et un
pour les condensats.

Dans cette usine (qui peut être proche des gisements, ou proche des lieux de
consommation), le gaz subit ensuite une déshydratation par point de rosée, puis les différents
composants sont séparés. Les hydrocarbures C2 à C4 sont vendus sous le nom de gaz de
pétrole liquéfié (GPL et non pas GNL). Le dioxyde de carbone est le plus souvent simplement
rejeté dans l'atmosphère, sauf s'il y a un utilisateur proche. Parfois, on le réinjecte dans une
6
formation souterraine (séquestration du CO2) pour réduire les émissions de gaz à effet de
serre. Le gaz acide est vendu à l'industrie chimique ou séquestré. L'hélium est séparé et
commercialisé, s'il est présent en quantité suffisante - dans certains cas, il représente une
addition très importante aux revenus générés par le gisement.
Les condensats et les GPL ont une telle valeur marchande que certains gisements sont
exploités uniquement pour eux, le "gaz pauvre" (méthane) étant réinjecté au fur et à mesure,
faute de débouchés locaux. Même lorsque l'essentiel du gaz pauvre est vendu, on en
réinjecte souvent une partie dans le gisement, pour ralentir la baisse de pression, et
récupérer au final une plus grande partie des condensats et du GPL.
L'autre partie (la plus grande) est transporté par gazoduc ou par méthanier vers les lieux de
consommation.
Aval : transport gazeux ou liquide
Méthanier LNG BONNY

Le transport du gaz traité (gaz pauvre, presque


exclusivement du méthane) est par nature beaucoup
plus difficile que pour le pétrole. Cela explique que,
pendant longtemps, les gisements de gaz
n'intéressaient les compagnies que s'ils étaient
relativement proches des lieux de consommation,
tandis que les gisements trouvés dans des endroits
isolés n'étaient développés que si leur taille justifiait
les infrastructures nécessaires. Sachant que la
rentabilité des gisements gaziers s'est
considérablement améliorée depuis plusieurs années, plusieurs gisements qui étaient vus
comme "sub-commerciaux" sont maintenant profitables.
Pour transporter le gaz naturel des gisements vers les lieux de consommation, les gazoducs
sont le moyen le plus courant. Mais une part croissante du gaz consommé est transportée
sous forme liquide, à -162 °C et à pression atmosphérique, dans des méthaniers du lieu de
production vers les lieux de consommation : c'est ce que l'on appelle le GNL, ou Gaz Naturel
Liquéfié. Sous cette forme liquide, le gaz naturel offre, à volume égal avec le fioul
domestique, un pouvoir calorifique qui correspond à plus de la moitié du pouvoir calorifique
de celui-ci16.
Mais cette solution qui permet de "condenser" l'énergie gazeuse sous un volume réduit exige
des investissements très lourds, tant pour la liquéfaction17 que pour le transport18. À titre
indicatif, le coût d'une usine de liquéfaction, de taille minimale de l'ordre de 45 Gthermies/an
(3,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié) est de l'ordre de 400 à 500 millions USD et si
l'on veut doubler cette capacité, il faut ajouter 85 % de plus à ce coût.
Les navires de transport, qui ont des réservoirs cryogéniques, coûtent également très cher :
en 2006, plus de 200 millions d'euros pour une capacité de 100 000 tonnes, soit le prix d'un
pétrolier de quelque 300 000 tonnes.
Mais, vu l'augmentation constante des besoins en énergie de toutes sortes et la flambée du
prix du pétrole depuis le début du xxie siècle, tous ces investissements sont amplement
justifiés. La filière du gaz naturel liquéfié nécessite cependant une taille importante pour être
économiquement viable, il faut donc une forte production à exporter pour justifier la
construction d'une usine de liquéfaction et, inversement, d'importants besoin d'importation
7
pour construire un terminal de réception. En 2006, il n'existe aucun projet en dessous de 2 ou
3 millions de tonnes par an pour l'exportation, 1 pour l'importation.
Lors de sa liquéfaction, le gaz naturel est fractionné, si nécessaire, pour le séparer de
l'éthane, du propane et du butane. À l'arrivée près des lieux de consommation, le GNL est
éventuellement stocké sous forme liquide puis vaporisé dans des terminaux méthaniers. Il
est alors émis sur un réseau de transport classique. Ici encore, il faut des investissements
importants pour la réception, le stockage et la vaporisation. Ces investissements sont
cependant moindres que pour la liquéfaction ou le transport par méthanier.
Pour le traitement, et si l'on veut séparer les GPL avant le transport, à partir des gisements
de gaz et de condensats (si ceux-ci sont proches), on installe deux réseaux de collecte, un
pour le gaz naturel et un autre pour les condensats. Le gaz et les condensats sont dirigés
vers des installations de traitement et de désulfurisation.
Articles détaillés : Gaz naturel liquéfié et Gazoduc.

Économie du gaz
Marché à terme et marché spot
Dans les pays importateurs de gaz, ce combustible est acheté sur19 :
• le marché à terme : il fait l'objet de contrat à long terme qui prévoit des clauses
d'indexation du gaz sur celui de son principal substitut qui était dans les années 1980,
le pétrole.
• le marché spot qui s'est découplé du marché à terme depuis que le pétrole n'est plus le
substitut principal du gaz.
Selon l'approvisionnement sur ces deux marchés, le prix se panache en fonction du prix spot
et du prix forward (en).
Économie du gaz en Chine
La Chine a lancé une réforme pour que le prix du gaz soit calculé sur la demande, plutôt que
sur la production, comme en Europe20.
Économie du gaz en Europe
La consommation totale de gaz naturel dans l'Union européenne est d'environ 4 000 milliards
de kWh par ans. Le gaz de Slochteren (gaz L) y fut utilisé massivement à partir de sa
découverte en 1959. Par la suite la découverte et l'exploitation des gisements au Royaume-
Uni et en Norvège et l'arrivée de fournisseurs en dehors de l'espace économique européen,
principalement la Russie, l'utilisation de GNL et les restrictions instaurées dans les années
1970 concernant l'exportation du gaz L aux Pays-Bas ont entraîné la baisse de l'importance
du gaz L en Europe21.
Les producteurs de gaz L sont l’Allemagne (20 milliards de Nm³) et les Pays-Bas (21 milliards
de Nm³ + 32 milliards de Nm³). Actuellement le gaz L n'est consommé qu'aux Pays-Bas, en
Allemagne, en Belgique et en France21.
En Europe, c'est l'association Eurogas qui défend les intérêts des principaux industriels et
associations de l'industrie gazière européenne. Cette organisation est elle-même présidée
par Jean-François Cirelli, vice-président de GDF Suez.

8
Économie du gaz en Belgique
Deux types de gaz sont fournis sur le marché belge: le gaz riche ou gaz H (gaz issus du
Royaume-Uni, de Norvège et de Russie ainsi que le GNL), et le gaz L (gaz de Slochteren).
Le gaz H a un PCS de 11,630 kWh/Nm³, le gaz L a un PCS de 9,769 kWh/Nm³. Cette
différence de pouvoir calorifique nécessite un acheminement du gaz H et du gaz L par des
réseaux de canalisation différents et divise les utilisateurs belges en consommateur de gaz L
et consommateur de gaz H. L'organisation du marché du gaz est dévolue au CREG,
Commission de régulation de l'électricité et du gaz21.
Infrastructures gazières
• Zandvliet et Poppel, deux endroit par lesquels arrivent le gaz en provenance des Pays-
Bas (Gaz L). Capacité utilisable: 3 285 kNm³/h dont une partie est acheminée vers la
France (1 750 kNm³/h)21.
• Terminal GNL à Zeebruges (en:Zeebrugge Hub) reçoit les gaz provenant du Royaume-
Uni (en:National Balancing Point (UK) via Interconnector (en)), de Norvège
(en:zeepipe), d'Algérie et du Qatar (GNL acheminé par méthanier)21.
• Berneau, l'endroit ou arrive le gaz en provenance d'Allemagne, de Norvège et de
Russie (Gaz H)21.
Stockage à Bruges, Anvers (Wuustwezel) et Anderlues21.
Stations de compression à Poppel, Winksele, Berneau et Sinsin21.
Réseau de transport
Le gestionnaire de réseau de transport est Fluxys (GDF Suez)22
Réseau de distribution
Le Gestionnaire de réseau de distribution est Distrigaz (Ente nazionale idrocarburi)

Économie du gaz en France


Infrastructures gazières
Les infrastructures comprennent23 :
• les réseaux de transport ;
• les réseaux de distribution ;
• les sites de stockage ;
• les terminaux méthaniers.
Les terminaux méthaniers sont au nombre de trois : Fos-Tonkin, Fos-Cavaou et Montoir-de-
Bretagne (près de Saint-Nazaire). Trois autres projets sont en cours de développement à
Dunkerque, Antifer et Fos-Faster.
Les gazoducs internationaux et les terminaux méthaniers sont reliés, au niveau des frontières
et des ports (la France importe 98 % du gaz naturel qu'elle consomme) au réseau de
transport principal, qui se subdivise en un réseau de transport régional.
Alors que le réseau de transport d'électricité est géré en France par un seul opérateur, RTE,
les échanges de gaz sont organisés autour de trois zones d'équilibrage du réseau de
transport. Les expéditeurs peuvent faire circuler leur gaz librement à l'intérieur d'une zone
d'équilibre, en payant uniquement à l’entrée et à la sortie :

9
• la zone nord, au nord d'une ligne allant de la Vendée au Doubs, est gérée par
GRTgaz ;
• la zone sud, qui comprend en fait le centre-ouest, le Massif central et un grand quart
sud-est, relève également de GRTgaz ;
• la zone sud-ouest est opérée par TIGF.
Le réseau de distribution achemine le gaz depuis les grandes infrastructures du réseau de
transport jusqu'aux consommateurs. Vingt-cinq entreprises de distribution de gaz assurent ce
service. GrDF assure la distribution de 96 % du marché. S'y ajoutent vingt-deux entreprises
locales de distribution et deux "nouveaux entrants".
Storengy, filiale de GDF Suez, et TIGF, filiale de Total, possèdent des installations de
stockage de gaz répartis dans les différentes zones d'équilibre.
Les marchés de gros
Les opérateurs achètent du gaz sur les marchés de gros24 :
• soit au gré à gré, via des contrats de long terme qui permettent de garantir les
approvisionnements. Le producteur s'engage à livrer des quantités de gaz que le client
s'engage à acheter ;
• soit via un marché intermédié. Des plateformes de négociations, telles que Powernext,
permettent d'échanger des contrats spot de court terme ou des contrats de plus long
terme.
Le prix de gros du gaz est fixé sur les cours des produits pétroliers, avec en général trois à
six mois de décalage.
Le marché de détail et le prix du gaz
Les clients en France peuvent choisir entre un tarif réglementé ou un prix de marché25.
Les tarifs réglementés de vente de gaz doivent en principe couvrir les coûts de fourniture des
opérateurs (loi du 3 janvier 200326). Ces tarifs sont fixés par les ministres chargés de
l’économie et de l’énergie, sur avis de la CRE.
Le tarif réglementé comme le prix de marché pour le particulier s'analyse comme la somme :
• du tarif d'utilisation des réseaux, fixé par le gouvernement sur proposition de la
Commission de régulation de l'énergie (CRE) ;
• du coût d'utilisation des stockages, fixé par l'opérateur ;
• et du tarif de fourniture.

Utilisation
Le gaz naturel est l'un des moyens énergétiques les moins polluants. En théorie, si sa
combustion était parfaite et complète, il n'émettrait que de l'eau et du dioxyde de carbone
selon la réaction :
CH4 + 2O2 + 8N2 → CO2 + 2H2O + 8N2.
S'il ne produit jamais de suies (particules de 10 à 100 nm), une étude publiée en 200827
montre qu'un brûleur normal de chauffe-eau au gaz ou de gazinière produit des particules
ultrafines ou des nanoparticules (de 1 à 10 nanomètres de diamètre). Dans une chaudière à
condensation, leur taux est plus bas (0,1 mg·Nm-3 ou milligramme par normo-mètre cube)
grâce à une combustion optimisée, mais un brûleur normal de gazinière engendre des taux
particulaires bien plus élevés (5 mg·Nm-3) ainsi d'ailleurs qu'une "quantité significative"
10
d’hydrocarbures aromatiques polycycliques qui pourraient peut-être interagir avec ces
nanoparticules.
Comme tous les combustibles fossiles, sa combustion rejette du dioxyde de carbone ; mais
seulement 55 kg par gigajoule de chaleur produite (contre 75 pour le pétrole brut, et 100
environ pour le charbon).
Par rapport aux autres énergies non renouvelables, l'avantage du gaz naturel est encore plus
grand si l'on tient compte des émissions sur le cycle complet "du puits au brûleur" et pas
seulement de celles résultant de l'usage final du combustible : en effet, l'extraction et le
traitement du gaz naturel consomment beaucoup moins d'énergie.
L'utilisation du gaz naturel ne produit pas de poussières, presque pas d'oxydes d'azote (NOx)
et ne laisse pas de cendres, et s'il a été correctement désoufré quasiment aucune pollution
locale par les oxydes de soufre, ... Cet intérêt a une conséquence économique directe par
rapport aux autres énergies fossiles : une installation (centrale électrique, chaufferie,
cimenterie ou autre) brûlant du charbon a besoin de dispositifs de dépollution, pour extraire le
soufre, les NOx et les poussières des fumées. Ces installations sont très coûteuses à
construire et à entretenir. Avec le gaz naturel, ces appareillages sont inutiles, d'où une
économie importante.
Brûleur de 300 kW compact pour le chauffage d'une étuve industrielle

C'est une source d'énergie de plus en plus utilisée par l'industrie pour
produire de la chaleur (chauffage, fours…) et de l'électricité,
éventuellement en cogénération ou tri-génération. En 2006, au niveau
mondial, plus de 30 % de l'électricité est produite à partir de gaz naturel,
et cette part ne cesse d'augmenter. Chez les particuliers, le gaz naturel
est utilisé pour le chauffage, l'eau chaude et la cuisson des aliments.
Enfin, depuis quelques années, le gaz naturel comprimé en bouteilles est utilisé en France
comme carburant pour les véhicules (GNV). Mais déjà plus d'un million de véhicules au gaz
naturel roulent dans le monde, dans des pays comme l'Argentine et l'Italie.
En 2006, globalement, l'usage du gaz naturel est en expansion, la plupart des pays
favorisant son usage accru partout où il peut se substituer au pétrole. Il présente en effet
plusieurs avantages en comparaison avec ce dernier : moins cher en général, moins
polluant, il permet également une diversification des approvisionnements énergétiques des
pays importateurs (géopolitique), même si la crise entre l'Ukraine et la Russie au début de
l'année 2006 montre que ce n'est pas la solution miracle. Dans certains pays, comme la
Russie ou l'Argentine, l'usage du gaz naturel a même dépassé celui du pétrole.
Le gaz naturel est devenu une industrie globale, ce qui tranche singulièrement avec l'époque
(jusqu'aux années 1950, bien plus tard dans certains pays), où il était avant tout perçu
comme un coproduit encombrant et dangereux des puits de pétrole.
Le gaz naturel est aujourd'hui la matière première d'une bonne partie de l'industrie chimique
et pétrochimique : à la quasi-totalité de la production d'hydrogène, de méthanol et
d'ammoniac, trois produits de base, qui à leur tour servent dans diverses industries :
• engrais ;
• résines ;
• plastiques ;
• solvants ;
• raffinage du pétrole.

11
Ci-après est la présentation de la chimie du méthane dans l'industrie pétrochimique :

Utilisation carburant du gaz naturel


Le gaz naturel est utilisé comme carburant par les véhicules routiers sous forme comprimée
à 200 bars (GNC) ou liquéfiée à -163 °C (GNL). Le biogaz, issu de la valorisation des
déchets organiques par méthanisation, est également utilisé comme carburant (biométhane
carburant) sous forme comprimée ou liquéfiée. Le biogaz est équivalent au gaz naturel. La
combustion du gaz naturel et du biogaz est chimiquement beaucoup plus propre que celle
des carburants classiques (CO2 : -25 % vs l’essence, pas de particules, oxydes d’azote :
-80 %)[réf. nécessaire] et les moteurs fonctionnant au GNV sont deux fois plus
silencieux[réf. nécessaire]. Ainsi, en Europe, la gamme des véhicules roulant au GNV couvre
les véhicules légers, les utilitaires légers, les engins spéciaux et de propreté, les camions, les
bus et les bennes à ordures ménagères. L’autonomie des véhicules équipés de motorisations
au gaz naturel s’étend de 300 km pour les véhicules légers au GNC à 1 000 km pour les
poids lourds au GNL.

Pouvoir calorifique
Le pouvoir calorifique d'un combustible est la quantité de chaleur exprimée en kWh ou MJ,
qui serait dégagée par la combustion complète de un (1) mètre cube normal (m³(n)) de gaz
sec dans l'air à une pression absolue constante et égale à 1,01325 bar, le gaz et l'air étant à
une température initiale de 0 °C (zéro degré Celsius), tous les produits de combustion étant
ramenés à 0 °C et une pression de 1,01325 bar.
Le pouvoir calorifique du gaz naturel s'exprime en MJ ou kWh par mètre cube normal.
12
On distingue deux pouvoirs calorifiques :
PCS = PCI + Chaleur latente de condensation (ou de vaporisation) de l'eau
• PCS = pouvoir calorifique supérieur
C'est la quantité de chaleur exprimée en kWh ou MJ, qui serait dégagée par la
combustion complète de un (1) mètre cube normal de gaz. La vapeur d'eau formée
pendant la combustion étant ramenée à l'état liquide et les autres produits de
combustion étant à l'état gazeux.

• PCI = pouvoir calorifique inférieur


Il se calcule en déduisant du PCS la chaleur de vaporisation (2 511 kJ/kg) de l'eau
formée au cours de la combustion et éventuellement de l'eau contenue dans le
combustible.

• Chaleur latente de condensation (ou de vaporisation) : La combustion d'un


hydrocarbure génère, entre autres, de l'eau à l'état de vapeur. Pour la vaporisation de
1 kg d'eau, 2 511 kJ de chaleur sont nécessaires. Cette énergie est perdue lorsque la
vapeur d'eau contenue dans les gaz de combustion est évacuée avec ceux-ci par la
cheminée, à moins de la récupérer, comme dans les chaudières à condensation, en
condensant la vapeur d'eau contenue dans les gaz de combustion en les refroidissant
par un échangeur de chaleur où circule l'eau froide : l'eau froide entrante récupère
d'abord les calories de la vapeur qui s'est condensée avant d'être chauffée "pour de
bon" dans le brûleur, et l'eau de combustion condensée est évacuée par un drain.

La récupération de chaleur de condensation est particulièrement judicieuse pour le gaz


naturel, qui contient principalement du méthane, CH4, gaz qui a la plus grande proportion
d'atomes d'hydrogène par molécule (4 H pour un C). Cet hydrogène se combine avec
l'oxygène au cours de la combustion pour produire de la chaleur et de l'eau, immédiatement
vaporisée et mélangée avec les autres produits de combustion (essentiellement du CO2). Ce
fort contenu hydrogène dans le gaz naturel conduit une part non négligeable (environ 10 %)
de l'énergie libérée lors de la combustion à être absorbée par la vaporisation de l'eau. Ces
10 % absorbés sont en grande partie restitués dans les chaudières à condensation.
Rapport PCI/PCS pour le gaz naturel : environ 0,9028 (3,25/3,6)
Pour le gaz naturel, on distingue :
• les gaz "type B" (ou "type L")
distribués dans le Nord de la France. Ils ont un pouvoir calorifique supérieur compris
entre 9,5 et 10,5 kWh/m³(n). C'est essentiellement le cas du gaz de Groningue (en
provenance des Pays-Bas). Ce gaz se distingue par sa teneur élevée en azote.

• les gaz "type H"


distribués sur le reste du territoire français. Ils ont un pouvoir calorifique supérieur
compris entre 10,7 et 12,8 kWh/m³(n).

Pour la plupart des appareils domestiques, ces deux types de gaz sont interchangeables,
certains appareils nécessiteront cependant un réglage.

13
Enjeux géopolitiques
Le gaz naturel, jusque dans les années 1970, présentait peu d'intérêt pour des raisons
pratiques : difficile à transporter, moins énergétique que le charbon ou le fuel pour un même
volume, dangereux à manipuler, il était souvent brûlé à la torche.
À partir des deux chocs pétroliers, le commerce du gaz naturel a pris de l'ampleur, mais la
valorisation du gaz naturel, pour un même contenu énergétique, est toujours très inférieure à
celle du pétrole. Les sites de grande taille, et à proximité d'un port, sont plus facilement
rentables. La géopolitique du gaz naturel commence à présenter des points communs avec
la géopolitique du pétrole, mais toujours avec des différences importantes ; en particulier, le
gaz naturel fait souvent l'objet de contrats à long terme, qui permettent de financer les
gazoducs, ou les stations de liquéfaction, nécessaires à ce commerce. Ce type de contrat lie
pour dix ou quinze ans un client et un fournisseur, rendant ce marché peu dynamique. Ce
mode de fonctionnement commercial, qui concerne un petit nombre d'acteurs, ne facilite pas
son développement.
En 2010, l'Europe semble dépendante des pays de l'ancien bloc soviétique pour son
alimentation en gaz naturel ; en réalité, ce marché reste essentiellement déprimé, et certains
spécialistes cherchent moins à décrire cet état de fait qu'à découpler l'Europe de son
fournisseur russe, ce qui justifierait la mise en place de nouveaux gazoducs transeuropéens.
La combustion du gaz naturel génère moins d'émissions de dioxyde de carbone dans
l'atmosphère que l'équivalent charbon ou fuel lourd ; cependant, le peu d'entrain des nations
à soutenir les combustibles moins polluants ne permet pas de l'avantager pour cette seule
raison.

Chiffres
En 2005, selon BP, le monde a produit 2 743 milliards de mètres cubes de gaz naturel, en
hausse de 2,5 % par rapport à l'année précédente (alors que la production de pétrole n'a
augmenté que de 1 %). La Russie représente 22 % de la production mondiale.
Les chiffres de production de gaz naturel sont assez complexes à interpréter, selon les
modes de calcul on peut ou non compter le gaz associé brûlé en torchère, compter les
volumes de gaz avant ou après extraction des polluants, etc. Les chiffres de l'AIE sont
d'ailleurs différents de ceux de BP, avec une production mondiale de 2 871 Gm3 pour la
même année, soit près de 5 % plus que BP.

Pays Production Production Notes


(Gm3) (Mtep)
1  Russie 598 540 Principalement en Sibérie Occidentale
2  États-Unis 525 473 Rôle croissant du gaz non conventionnel et
de l'offshore profond
3  Canada 185 167 En déclin probable
4  Algérie 88 79 Plus de 50 % de la production africaine
4  Royaume- 88 79 Déclin rapide
Uni
6  Iran 87 78 Réserves sous-exploitées
7  Norvège 85 76 Troll, Ormen Lange
14
8  Indonésie 76 68 Exportations en déclin
9  Arabie 70 62 Réserves sous-exploitées
saoudite
10  Pays-Bas 62 57 Voir Groningue (gisement)
11  Malaisie 60 54
12  Turkménist 59 53 Dauletabad.
an
13  Ouzbékista 56 50
n
14  Chine 50 45 Croissance très rapide (production doublée
en 5 ans)
15  Émirats 47 42
arabes unis
16  Argentine 46 41 Déplétion rapide des réserves
TOTAL 2763 2486
MONDIAL

Pour plus d'informations sur la production par pays, on pourra se reporter à la série régions
pétrolifères. Les principaux pays exportateurs, suivant l'EIA, sont :

Pays Exportations Exportations Types Clients principaux


(Gm3) (Mtep) d'exportations
1  Russie 203 183 Gazoduc Europe, Turquie
2  Canada 106 95 Gazoduc États-Unis
3  Norvège 82 74 Gazoduc Europe
4  Algérie 68 62 Gazoduc et GNL Europe, Afrique
5  Pays-Bas 52 47 Gazoduc Pays voisins
6  Turkméni 49 45 Gazoduc Injection dans le
stan réseau russe
7  Indonésie 36 33 GNL Japon, Corée du Sud
8  Malaisie 32 29 GNL Japon, Corée du Sud
9  Qatar 28 25 GNL Europe, Asie
Ici encore, ces données demandent quelques remarques :
• Il s'agit d'exportations brutes, c'est-à-dire que le volume des importations n'en est pas
déduit. Par exemple, le Canada a exporté 105 Gm3 aux États-Unis, mais a aussi
importé 10 Gm3 de ce pays. De même, la Russie importe du gaz turkmène.

• Ces données n'incluent pas les exportations de produits directement dérivés du gaz,
comme le méthanol ou l'ammoniac.

15
Risques liés au gaz naturel
Pour l'amont de la filière (du puits au client final), les principaux dangers du gaz naturel
sont liés au fait qu'il est extrait, véhiculé et fourni sous pression, qu'il est inflammable et
explosif. De plus, les gisements les plus accessibles s'épuisent. Il faut donc forer plus
profondément et faire appel à des gaz non-conventionnels souvent plus sales, acides,
corrosifs et toxiques. Les industriels ont à traiter et gérer une quantité croissante de soufre
(sous forme de H2S principalement), ce qui n'est pas tout à fait nouveau (c'était le cas dès
les années 1950 dans le gisement de Gaz de Lacq dans le sud-ouest de la France (16 %
d'hydrogène sulfuré et 10 % de CO228, deux gaz acidifiants et très toxiques pour le H2S)).
On parle maintenant de gaz ultra-acides (Sour and Acid Gas28 pour les anglophones), par
exemple pour le gaz d'Elgin-Franklin en Mer du nord. 40 % de gaz des réserves mondiales
connues en 2005 et susceptibles d'être exploitées (plus de 2 600 billions de pieds cubes),
sont acides ou ultra-acides et riches en H2S29. Dans ces réserves, plus de 350 milliards de
pieds cubes contiennent plus de 10 % de H2S29. Outre des risques de corrosion exacerbés
pour l'industrie extractive, ce caractère acido-toxique est a priori source d'un risque
supplémentaire en cas d'accident ou de fuite.
pour l'aval de la filière (utilisation par le client), les principaux dangers du gaz naturel
proviennent du risque d'explosion et d'incendie, et du fait qu'il émet des produits de
combustion dangereux pour l'environnement et la santé (gaz à effet de serre pour le long
terme, et risque d'asphyxie en atmosphère confinée ou cas de mauvaise combustion) :
• inflammation : le gaz naturel est combustible, il peut s'enflammer dans certaines
conditions en présence d'air et d'une source de chaleur. Sa limite inférieure
d'inflammabilité est de 5 % et sa limite supérieure d'inflammabilité est de 15 %.

• explosion du mélange air/gaz :


• en milieu libre (non confiné), le gaz naturel ne détone pas et son inflammation
conduit à de faibles surpressions.

• en milieu confiné, il peut y avoir explosion en cas d'inflammation d'un mélange


air/gaz s’il y a suffisamment de gaz dans le mélange.

• gaz comprimé : La libération du gaz comprimé à forte pression peut s'accompagner de


projections d'objets (éclats métalliques, terre, pierres...).

• anoxie
• en milieu libre le gaz naturel, plus léger que l'air, s'élève rapidement et se
disperse sans créer de nappe gazeuse ni au sol, ni dans l'atmosphère.

• en milieu confiné de par sa composition, le gaz naturel peut agir à forte


concentration, par inhalation, comme gaz asphyxiant par privation d'oxygène.

• intoxication en cas de combustion incomplète : En milieu confiné et dans le cas d'une


mauvaise combustion du gaz naturel en milieu appauvri en oxygène (défaut d'air de
combustion ou ventilation insuffisante), il peut y avoir production de monoxyde de
carbone (toxique à de très faibles concentrations) dans les produits de la combustion.

• émission de gaz à effet de serre : gaz carbonique (CO2) et méthane (CH4) ; émissions
amont (fuites de méthane, énergie dépensée pour l'extraction et le transport) : 37
16
gCO2e par kWh ; émissions à la combustion : 202 gCO2e par kWh ; au total : 239
gCO2e par kWh (en comparaison, le charbon émet 346 gCO2e par kWh)30. Quant au
gaz de schiste, ses émissions sont largement supérieures car la technique de
fragmentation hydraulique utilisée pour son extraction entraine des fuites de méthane
de l'ordre de 4 % de la production du gisement ; de ce fait, le gaz de schiste est aussi
émissif que le charbon31.

Références
• BP statistical review of world energy 2006.
• Key world energy statistics (AIE) 2006.
1. ↑ a et b Panorama des marchés du gaz naturel en 2010 [archive], Sophie Méritet, Centre
d’études et de recherche international (CERI), SciencesPo., septembre 2010
2. ↑ La production de gaz bondit en 2010, AFP repris par Le Figaro, 28 avril 2011 [archive]
3. ↑ "Les docs des incollables", 23 - L'énergie, p. 5
4. ↑ ensuite le gaz…Estimation des quantités de gaz brûlés par le GGFR [archive]
5. ↑ Biogaz issus de déchets alimentaires pour cogénération / CHP [archive]
6. ↑ Méthane de gaz de charbon [archive]
7. ↑ http://www.dailymotion.com/video/xgreop_gasland-vostfr-1-6_news [archive]
8. ↑ http://app.owni.fr/gaz/files/DishTXHealthSurvey_FINAL_hi.pdf [archive]
9. ↑ http://www.rue89.com/planete89/2010/12/08/pollution-fais-sauter-un-puits-de-gaz-de-schiste-
pour-voir-179807 [archive]
10. ↑ Gaz de schiste: autorisations d'explorer annulées mais la porte reste ouverte [archive]
11. ↑ Robert K. G. Temple "Utilisation du Gaz naturel comme combustible" sur chine-
informations.com [archive]
12. ↑ Désiré Magnier Nouveau manuel complet de l'éclairage au gaz, ou Traité élémentaire et
pratique à l'usage des ingénieurs, directeurs, etc. Librairie encyclopédique de Roret, 1849
(Livre numérique Google [archive])
13. ↑ L'industrie du gaz en Europe aux XIXe et XXe siècles: l'innovation entre marchés privés et
collectivités publiques.Peter Lang, 2005 Livre numérique Google [archive]
14. ↑ Gérard Sarlos, Pierre-André Haldi, Pierre Verstraete. Systèmes énergétiques: Offre et
demande d'énergie : méthodes d'analyse. PPUR presses polytechniques, 2003 sur
books.google [archive]
15. ↑ Alexandre Rojey, Bernard Durand. Le gaz naturel: production, traitement, transport. Éditions
TECHNIP, 1994 sur google.books [archive]
16. ↑ Dans des conditions normales (0 °C et 760 mmHg), 1 m3 de gaz naturel a un pouvoir
calorifique supérieur (PCS) de 8 à 10 thermies suivant son origine (soit 33 à 42 MJ). Pour le
gaz de Lacq, dont le gisement est maintenant épuisé, ce PCS était de 9,6 thermies (40 MJ).
17. ↑ Le point critique du méthane est caractérisé par une pression de 45,96 bar et une
température de -82,7 °C. Pour liquéfier le gaz naturel, dont le point critique est proche de celui
du méthane, il faut fournir une température inférieure à cette température.
18. ↑ Pour le transport du gaz naturel sous forme liquide à la pression atmosphérique (GNL), il
faut maintenir dans les cuves une température de -162 °C.
19. ↑ Jacques Percebois, "Pourquoi les Matières premières sont-elles devenues un enjeu
stratégique ?", dans Le téléphone sonne, 12 décembre 2011
20. ↑ http://french.people.com.cn/Economie/7689866.html [archive]
21. ↑ a, b, c, d, e, f, g et h Étude (F)040617-CDC-313 [archive] La concurrence sur le marché du gaz
L. 17 juin 2004. sur le site du CREG: www.creg.be [archive]
22. ↑ Gestionnaires du réseau de transport, de l'installation de stockage et de l'installation de
GNL [archive] sur le site du CREG [archive]
17
23. ↑ Les infrastructures gazières [archive], Commission de régulation de l'énergie.
24. ↑ Marché de gros du gaz [archive], Commission de régulation de l'énergie.
25. ↑ Marché de détail du gaz [archive], Commission de régulation de l'énergie.
26. ↑ Loi no 2003-8 du 3 janvier 2003 [archive] relative aux marchés du gaz et de l'électricité et au
service public de l'énergie.
27. ↑ "Emission of ultrafine particles from natural gas domestic burners", Environmental
engineering Science, décembre 2008 (étude de l’université Federico II de Naples) (En savoir
plus [archive])
28. ↑ a et b Total, Page consacrée aux gaz acides et sulfurés (Sour and Acid Gas) [archive] et aux
moyens de désulfuration utilisés par Total. (en anglais), consulté 2012-04-15
29. ↑ a et b F. Lallemand (Total); F. Lecomte (IFP) et C. Streicher (Prosernat), Highly Sour Gas
Processing: H2S Bulk Removal With the Sprex Process ; International Petroleum Technology
Conference ; 21-23 November 2005, Doha, Qatar ISBN ; 978-1-55563-991-4.
(Résumé [archive])
30. ↑ base Carbone de l'ADEME : http://www.basecarbone.fr/ [archive]
31. ↑ étude parue le 21/02/12 dans le Journal of Geophysical Research et présenté dans la revue
Nature du 09/02/12, p.139

Voir aussi
Articles connexes
• Méthane - Gaz de ville
• Pétrole
• Régions pétrolifères
• Champ de gaz
• Raffinage du pétrole
• Pétrochimie
• Diagnostic gaz
• Contenu CO2
• Forum des pays exportateurs de gaz
• Ressources et consommation énergétiques mondiales
• Cratère de Darvaza
Liens externes
• Gaz : la nouvelle ruée vers "l'or bleu", Le Monde, 5 janvier 2006
• Association Suisse de l'Industrie Gazière
• Association Française du Gaz (AFG)
• Cedigaz
• CNUCED/UNCTAD Information sur le gaz naturel
• Gaz Métro, Québec, Canada - L'ABC du gaz naturel
• Tout sur le gaz naturel, Québec, Canada
Bibliographie
• Restrictions à l'utilisation de crédits internationaux pour des projets relatifs aux gaz
industriels - 08/06/2011 - Règlement (UE) no 550/2011 de la Commission du 7 juin
2011 établissant, conformément à la directive 2003/87/CE du Parlement européen et
du Conseil, certaines restrictions applicables à l’utilisation de crédits internationaux
résultant de projets relatifs aux gaz industriels (JOUE L146, 08-06-2011, p.1)
18
v · d · m
Changement climatique et énergie
Adaptation au changement climatique  •  Climat  •  Controverses sur le
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réchauffement climatique  •  Convention-cadre des Nations unies sur les
ment
changements climatiques  •  Élévation du niveau de la mer  •  Groupe d'experts
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