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Action et savoir
Collection dirigée par J.-M. Barbier, P. Caspar,
O. Galatanu et G. Vergnaud
Dernières parutions
La professionnalisation
en actes et en questions
<Ç)L'Harmattan, 2005
ISBN: 2-7475-8431-3
EAN : 9782747584319
SOMMAIRE
INTRODUCTION
L'intérêt social porté à la professionnaIisation P Il
Richard Wittorski
PREMIERE PARTIE
DES DISPOSITIFS DE FORMATION FINALISES PAR LA
PROFESSIONNALISATION
DEUXIEME PARTIE:
UN CHAMP DE QUESTIONNEMENT THEORIQUE
- 5-
Les tensions à l'œuvre dans le modèle social du professionnalisme p 135
Gérard VERGNAUD
TROISIEME PARTIE:
POUR UNE CONCEPTUAL/SAT/ON DE LA
PROFESSIONNALISA TION
Richard WITTORSKI
Conclusion générale ... .. .... ... ... ... ... ... P 245
Maryvonne SOREL et Richard WITTORSKI
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
- 6-
Préambule
Maryvonne Sorel
Il est de plus en plus évident que les formes que prennent aujourd'hui les
situations de formation ont considérablement évolué.
1
Besnard, P. 1990.
2 Nous retiendrons la définition donnée par M Roger à la notion de forme: « Le concept
de forme est plus large que le concept d~objet qui suppose une délimitation nette aux fins
d'étude opérée par l'observateur, ce qui ne convient pas selon nous, aux ensembles
complexes, enchevêtrés, aux événements, aux phénomènes, aux situations qui nous
aftèctent bien avant de devenir des objets d~étude.» (Actes du colloque «Journées
Franco Québécoises de didactique », 17,19 juin 2002).
3 Sorel, M. (2001). La situation deformation. Polycopié à l'usage des étudiants. Sciences
de l~éducation. Université Paris 5.
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Il importe en effet pour réfléchir aux missions aujourd'hui confiées à la
formation de considérer que tout processus de formation est un processus
de transformation apparenté à un processus de socialisation4, les formés
étant à considérer à la fois comme objet, sujet et agent de socialisation.
Les dispositifs de formation sont donc finalisés par le besoin pour les
formés de satisfaire à des exigences d'intégration sociale, à des exigences
de compétences, à des exigences d'appréhension des réalités physiques et
sociales qui l'entourent.
Par effet de conséquence, les paramètres constitutifs de la situation ne
sont pas seulement les sommets du traditionnel « triangle pédagogique ».
Le procès de formation est de fait étroitement dimensionné par les
pratiques sociales culturelles ou professionnelles qui l'initient et par la
nécessité pour l'apprenant quelle que soient les formes andragogiques
retenues, d'organiser les savoirs construits lors du processus de
formation, au plan de leur usage en situation.
Il convient donc de considérer l'environnement comme un paramètre à
part entière et en tant que tel organisateur et constitutif - tout comme les
trois autres - des transactions de savoirs instaurées dans la situation de
formation. On comprend dès lors que du fait de l'interpénétration des
situations de formation et des pratiques sociales, les contours et les
formes des dispositifs ne puissent être définis une fois pour toutes. Eux
aussi sont à considérer comme des formes dont la réalité est à penser en
relation avec celles de l'environnement et avec les péripéties du système
[sujet~environnement].
4
M. Lesne, 1977.
- 8-
de l'emploi difficiles et il serait facile de poser un lien de causalité
linéaire entre ces deux phénomènes, comme si le rapprochement de la
formation et du travail n'était vu que du point de vue social et comme un
moyen de faciliter l'insertion.
-9-
pas que des questions politiques et institutionnelles. Qu'en est-il en effet
des enjeux de savoirs des situations de travail? Quel rapport entre savoirs
et compétences? Qui sont les formateurs? Quelles fonctions émergentes
pour la formation?
- 10-
INTRODUCTION
Richard Wittorski
- Il -
2 Les dynamiques et processus de professionnalisation font
l'objet d'un intérêt social particulier aujourd'hui...
- 12-
« qualité totale », le développement de relations clients fournisseurs. Ces
formes d'organisation du travail ont pour point commun de faire en sorte
que la production s'ajuste en temps réel à l'évolution des commandes (la
production est «tirée par l'aval») et que sa qualité soit optimisée en
responsabilisant les opérateurs: elles recherchent la flexibilité. Par
ailleurs, au lieu de s'intéresser exclusivement au produit, elles
s'intéressent à optimiser le processus de la production, et par conséquent
la contribution individuelle et collective à ce processus.
- 13-
technique, industrielle, commerciale alors que chaque métier tend
traditionnellement à optimiser la variable qu'il a en charge».
Renault a ainsi mis en place des structures de coopération sous la forme
d'« équipes projets» chargées de l'ensemble des opérations, depuis l'idée
de départ jusqu'à la coordination de la réalisation fmale. Dans le même
temps, les filières de métiers dans l'entreprise subsistent et tout se passe
comme si les membres de ces équipes avaient des compétences
transversales aux différents corps de métiers présents dans l'entreprise.
Cette organisation témoigne à première vue d'une logique d'intégration
des tâches et articule autour d'un projet de création d'un modèle de
voiture les différentes logiques inhérentes aux divers corps de métiers
mobilisés pour la réalisation d'un véhicule.
Dans ce type d'organisation les compétences tournées vers la
décentration et le travail collectif sont particulièrement valorisées.
Prenons l'exemple des « cercles de qualité» qui sont apparus autour des
années 1980 et qui proviennent du Japon. Ce sont des petits groupes de
salariés (ouvriers ou employés) animés par le supérieur hiérarchique
direct, et composés de 5 à 10 volontaires appartenant à un même secteur
de l'entreprise. Un tel «cercle» est une structure temporaire ou
permanente chargée de résoudre des problèmes quotidiens qui concernent
l'ensemble des membres du dit cercle. Le travail en groupe s'appuie sur
des méthodes et des outils simples, notamment d'analyse de problèmes et
de créativité. Les groupes sont amenés à proposer des améliorations
concernant la qualité des procédés et des produits ou les conditions de
travail.
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Type 5 : Le travail comme acte de production et acte de formation:
l'organisation qualifiante
Dans ce cinquième type, nous situons les pratiques d'organisation qui
mettent en place des moyens permettant aux individus, aux collectifs et à
l'organisation elle-même, d'apprendre par et dans l'activité au quotidien:
le travail devient formateur, c'est à dire générateur de nouvelles
compétences individuelles, collectives et organisationnelles. Ces
pratiques, nommées tour à tour «organisation qualifiante» et
«organisation apprenante », font aujourd'hui l'objet d'attentes sociales
fortes. Elles visent à atteindre une meilleure performance économique,
sachant que le travail doit nécessairement évoluer en permanence. Celui-
ci doit donc être aussi l'occasion de développer des compétences
nouvelles.
.
Nous parlons « d'organisation qualifiante» par exemple lorsque:
le travail se réalise en îlots, en petits collectifs autonomes et
.responsabilisés ;
il Y a, au poste de travail, une intégration du contrôle qualité, de
..
la maintenance, du suivi approvisionnement, ... ;
il Y a un décloisonnement des fonctions ;
on met en place des relations clients/fournisseurs dans les
.
ateliers;
on opère une réduction de la ligne hiérarchique.
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situations problématiques qui nécessitent de nouvelles formes de travail.
Cette autonomie rend possible la constitution de nouvelles normes de
production, sur le lieu même du travail et par les opérateurs eux-mêmes,
ainsi que l'invention de nouvelles façons de travailler. Cela renvoie aux
capacités à inventer, à anticiper, ... .
- 16-
renvoie à une intellectualisation plus grande de l'acte productif. La
transformation de la production semble donc s'effectuer dans le sens
d'une technologie de conduite où, de plus, l'opérateur ne régule plus ses
actes par la perception, mais davantage par la cognition.
Par ailleurs, les organisations insistent sur le fait que la nature du travail
modifiée, demande de plus en plus la mise en oeuvre de compétences non
techniques, relevant du relationnel. Il y a manifestement une valorisation
de nouvelles compétences. Ces compétences sont de la troisième
dimension selon Aubrun et Orofiamma (1991). On privilégie des
capacités de communication, de travail en groupe, d'autonomie, de
responsabilité, de décision et de créativité.
.
d'organisation du travail:
des compétences de l'ordre de l'adaptabilité, de la flexibilité,
des poly-compétences, etc.. .. répondant aux impératifs de
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. des compétences méthodologiques et cognitives: résolution de
problèmes, analyse des situations, etc (types l, 2, 4 et 5
. présentés ci-dessus) ;
des compétences liées à la prise de recul par rapport à ses
pratiques (que nous appellerons plus loin des « compétences de
processus») fortement demandées dans les organisations qui
« délèguent» aux salariés une partie de la gestion des aléas et
des changements du travail (type 5 notamment).
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Avec la persistance de la crise économique et l'augmentation des
situations concurrentielles, les entreprises en viennent à chercher de
nouvelles formes de travail plus flexibles. On constate alors que les
logiques liées au recours à la formation ne sont plus seulement celles de
l'adaptation de la main d'oeuvre aux changements mais celles de
l'élaboration et de l'accompagnement des changements organisationnels.
La formation, dans bon nombre de cas devient alors un moyen essentiel
de sortie d'une situation de crise et/ou de gestion d'un changement. Cela
engage un ancrage plus fort des actions de formation par rapport aux
situations de travail et ce rapprochement travail-formation remet en
cause les logiques disciplinaires par filières pour privilégier une
didactique professionnelle fondée sur le projet d'identifier mais aussi de
développer des savoirs professionnels.
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de formation~ la production de nouvelles compétences que l'on regroupe
volontiers sous le vocable d'ingénierie de la formation. Ces compétences
renvoient à la création de scénarios par anticipatio~ à la prise de distance
par rapport à la pratique, à la réflexion à tenir pour la production de
changement, à la «pensée en amont» ou encore à la capacité à produire
des représentations anticipatrices de changement des pratiques... .
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2 Les questions posées dans l'ouvrage
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