Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Allix André. Géographes lyonnais en Sardaigne. In: Revue de géographie de Lyon, vol. 26, n°2, 1951. pp. 109-112;
doi : https://doi.org/10.3406/geoca.1951.6045
https://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1951_num_26_2_6045
plateau présente quelque ressemblance avec nos Causses, bien qu'étendu sur
des basaltes. Le. trajet permet ensuite d'évoquer au loin les deux grands
barrages du -Tir so, et, bien plus bas, grâce à une station de transformateurs, celui
bien plus distant du Flumendosa. Quand à la fin du jour on descend, parmi
l'asphodèle et l'acanthe, vers la plaine du Campidauo, on voit à l'Ouest se
profiler assez lourdement sur les feux du couchant la masse volcanique du Ferru,
tandis qu'à l'Est s'aperçoivent de temps en temps les neiges du. Gennargmlu.
Le H avril, au départ delCagliari a en lien, une excursion en Uarbagia, à travers
les massifs cristallins de la Sar daigne- orientale. Le. professeur -Vardabasso,
qui a bien voulu s'y joindre, compare très justement la plaine du Campidano
■
au fossé d'Alsace, avec son remplissage miocène entre deux paquets de blocs
cristallins soulevés, et l'intervention de formes volcaniques sur les lisières. Le
xňllagedp • Suelli permet de visiter en passant une intéressantemaison paij-
saune; dès la montagne commence le domaine des troupeaux, du maquis, des
forêts parfois. Entre le fossé de la plaine et- les blocs anciens des hauts reliefs
apparaissent de. grands plateaux de calcaires secondaires qui fournissent l'eau
des torrents et, par suite, la force électrique. De belles falaises ou des chicots de
dolomites accidentent parfois le proche horizon. La structure faillée se reconnaît
à travers les plateaux, progressivement effilochés en buttes-témoins à des
altitudes et sous des inclinaisons variables. En plein cristallin à châtaigneraies,
près des menus dépôts de charbon, ramenés par la tectonique, et sons le Gen-
nargentu, un arrêt prolongé dans le haut village d'Aritzo permet d'admirer
de beaux costumes paysans sardes, qui sont encore d'usage courant. La
redescente fait traverser un ancien territoire de contestation entre les cultivateurs
Alg
Шкл
Terrains anciens. ter*
-г • '/í?5tAbbasant
Terrains second r-J.
Terrains tert!? q
et T. volcaniques
Terrains.
quaternaires
Grands abrupts
с tectoniques.
о
1 Voies ferrées .
4Л?.
- Nota __
On a figuré seulement*
les trajets suivis Echelle —
par /'excursion. 0 10' 20 30' 40 50 km.
1(SAS9ARI1' d'excursion.
Centres. Aritzo : d
^ arrêt
-. .
Y\q. i. — L'excursion géographique lyonnaise en Sardaigne, 5-10 avril 1950.
D'après le croquis remis aux participants par l'Institut de Géographie de Lynn..
112 ANDRÉ ALLIX.
locaux et les pâtres de lu montagne, qui doivent traverser leurs terres pour
aller hiverner les troupeaux dans le Campidano. C'est au cours de ce retour
qu'une assez longue marche vers le nnrarjhe de, is Cangialis, près de Nurri,
avec son incomparable point de vue, permet, en regardant a l'immensité
sarde », de résumer toutes les observations de la journée.
Le 9 avril, jour de Pâques, c'est d'abord la visite libre de Cagliari : sa
magnifique acropole perchée sur un dos de calcaire miocène, son beau port entouré
de lagunes, le développement de ses quartiers nouveaux, ses industries, sa
reconstruction en cours. On voit là, dans l'atmosphère joyeuse d'un jour de fête,
la plus belle ville de Sur daigne- (forniosa Kara lis), la plus cosmopolite aussi,
avec son râle de port commercial et de capitale administrative. L'après-midi,
la caravane.- parcourt le Campidano dans Unite- sa- longueur et dans les deux
sens, à travers la steppe de moins en moins cultivée à mesure qu'on la remonte.
Après un arrêt en passant à la vieille et célèbre église de Santa Giusta, un autre
à Oristano, le retour se fait dans la bonification naguère appelée Mussolinia,
et qui a repris le vieux nom d'Arborea, aux résonances historiques. .
Le 10 avril est une journée de wagon et de repos. Elle permet, en traversant
de nouveau tout le pays, de revoir les paysages visités ; de récapituler ce qu'on
a appris sur cette ile si essentiellement pastorale, où tout, même la vie agricole,
est subordonné aux troupeaux; où l'histoire, et avant elle lw préhistoire^ ont
laissé tant de traces qui ne sont pas toujours déchiffrables ; où le système des
cultures ouvertes (la vidazzone) a- permis,, avec la discipline des alternances
agraires, la subsistance du pauvre comme du riche ; où l'un des étudiants a
même cru retrouver l'économie archaïque de notre Languedoc an début du
XIXe siècle, fondée sur le blé, la fève et. le тли ton', cette ile. près de trois fois
grande -спите- la Corse, mais dont la population au kilomètre carré est
inférieure des deux tiers à celle de l'Italie, continentale; cette ile un
peu-sentimentalement déshéritée, comme le montre h réflexe piérnontais rappelé au
début de ces pages ; mais si fière, si jalouse de sa personnalité (même
politique), et promise encore à' tant de progrès. A la tombée du jour la caravane
s'embarque à Olbia pour- Civitavecchia ; le lendemain elle apercevra cette
triste ville, assez abîmée, qui a joué son rôle dans notre histoire et dans nos
annales littéraires ; et l'excursion se termine, avec de bons guides tels que
le professeur Marron, par une trop courte visite de Rome.
Ce bref récit serait incomplet si je ne remerciais, an nom de tous, ceux qui
ont tant contribué à faciliter ce voyage et à le rendre agréable: à Lyon, le
Consul général d'Italie, Comm. Guglielmo Arnô ;: à Sassari, le vice-recteur de
l'Université, Prof. Sergio Costa, représentant M. le Recteur actuellement
ministre; la municipalité ; MM.' les Présidents de la Chambre de commerce et de
l'Ente Turismo; à Cagliari, le Recteur Avv. Antonína ď Angelo ;. le maire de la
ville, Avv. Pietro Leo, administrateur de l'Université ; le Président de l'Ente
Turismo ; le Professeur Alberto Mori, qui a bien voulu mettre à la disposition de
l'excursion deux assistants, dont la fille de notre collègue, Mlle Silvana Varda-
basso ; le Doit. Alberto Roscolo, secrétaire général du Centre de relations
extérieure de l'Université ; et surtout le Président de la Région autonome de Sar-
daigne, Г Avv. Luigi Crespellani, gui nous fit une réception et iin discours
admirables. Mais -le- meilleur de notre reconnaissance- doit aller aux trois
personnes qui furent les véritables bienfaiteurs de- ce magnifique•voyage :
le Professeur Silvio Vardabasso de l'Université de Cagliari, le Dolt. . Nicola
ptinzeveroni de Sassari, et tout particulièrement Г Avv. Gavino Alivia de
Sassari. Nous ne- dirons jamais assez tout ce que nous leur devons. Enfin
je remercie J. L. Fontvieille, sans les notes de qui j'aurais eu plus de peine-
à retrouver ces souvenirs.