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Sujet 1 morale

Jn 19, 11

(Référence Lagrange, évangile selon st Jean)


19, 11 le pouvoir qu’exerce Pilate, il le tient de Tibère, mais avant
tout de Dieu. Encore ici n’est il pas question du pouvoir de
juridiction en général, mais du pouvoir qu’il est loisible à Pilate
d’exercer contre Jésus. C’est précisément celui qui est donné d’en
haut. Il fallait une permission, même une volonté spéciale de Dieu,
pour que Pilate puisse rendre une sentence efficace au sujet du Fils
de Dieu. Mais Pilate ne se doute pas de cette disposition
providentielle qui devait aboutir à la mort de Jésus et à sa mort sur
la croix. Il se targue de l’autorité dont il est revêtu ; cependant elle
est aussi une charge qui le met dans l’obligation de se prononcer. Il
sera certes coupable de décider contre sa conscience, mais du
moins il n’aura pas cherché à perdre un innocent. Combien plus
coupable celui qui l’a livré ou trahi ! On a pensé à Caïphe qui a
livré Jésus à Pilate ; mais à ce moment sa personnalité n’est pas
mise en relief. On objecte que Pilate ne savait probablement rien
de Judas. Il faudrait donc que parmi les grands prêtres la pensée de
Jésus se soit portée sans qu’il le dise sur Caïphe, dont la politique
sans scrupule a tout machiné. Mais alors Pilate ne pouvait pas
mieux le comprendre que si on lui avait parlé de Judas. Ces mots
sont donc comme un aparté, et c’est bien Judas qui est le traître par
excellence et le grand coupable, lui qui avait été choisi par Jésus et
avait vécu dans son intimité. Il est plus coupable de livrer un
accusé à quelqu’un qui a le pouvoir de le punir, qu’a celui qui ne
pourrait rien lui faire, proposition évidente et qui ne tient pas
compte du pouvoir d’en haut. Loisy affirme que derrière Judas il y
a Satan, le grand coupable.

(reference : Evangelium Vitae)


La vie est toujours un bien. C'est là une intuition et même une
donnée d'expérience dont l'homme est appelé à saisir la raison
profonde. Pourquoi la vie est-elle un bien ? L'interrogation

1
parcourt toute la Bible et trouve, dès ses premières pages, une
réponse forte et admirable. La vie que Dieu donne à l'homme est
différente et distincte de celle de toute autre créature vivante, car,
tout en étant apparenté à la poussière de la terre Gn 2,7 3,19 Jb
34,15 Ps 103,14 104,29, l'homme est dans le monde une
manifestation de Dieu, un signe de sa présence, une trace de sa
gloire Gn 1,26-27 Ps 8,6. C'est ce qu'a voulu souligner également
saint Irénée de Lyon avec sa célèbre définition : " La gloire de
Dieu, c'est l'homme vivant " (23). À l'homme est conférée une très
haute dignité, dont les racines plongent dans le lien intime qui
l'unit à son Créateur : en l'homme resplendit un reflet de la réalité
même de Dieu. Telle est l'affirmation du livre de la Genèse dans le
premier récit des origines, qui place l'homme au sommet de l'action
créatrice de Dieu, comme son couronnement, au terme d'un
développement qui, du chaos informe, aboutit à la créature la plus
achevée. Tout, dans la création, est ordonné à l'homme et tout lui
est soumis : " Remplissez la terre, soumettez-la et dominez sur tout
être vivant " Gn 1, 28, ordonne Dieu à l'homme et à la femme. Un
message semblable est aussi lancé par l'autre récit des origines : "
Le Seigneur Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden
pour le cultiver et le garder " Gn 2,15. Le primat de l'homme sur
les choses est ainsi réaffirmé : les choses sont pour lui et confiées à
sa responsabilité, tandis qu'il ne peut lui-même, pour aucun motif,
être asservi à ses semblables et de quelque manière être ramené au
rang des choses. Dans le récit biblique, la distinction entre
l'homme et les autres créatures est surtout mise en évidence par le
fait que seule sa création est présentée comme le fruit d'une
décision spéciale de la part de Dieu, d'une délibération qui établit
un lien particulier et spécifique avec le Créateur : " Faisons
l'homme à notre image, selon notre ressemblance " Gn 1,26. La vie
que Dieu offre à l'homme est un don par lequel Dieu fait participer
sa créature à quelque chose de lui-même. Israël s'interrogera
longuement sur le sens de ce lien particulier et spécifique de
l'homme avec Dieu. Le livre du Siracide reconnaît lui aussi que
Dieu, en créant les hommes, " les a revêtus de force, comme lui-

2
même, et les a créés à son image " Si 17,3. L'auteur sacré rattache à
cela non seulement leur domination sur le monde, mais aussi les
facultés spirituelles les plus caractéristiques de l'homme, telles que
la raison, la capacité de discerner le bien du mal, la volonté libre: "
Il les remplit de science et d'intelligence et leur fit connaître le bien
et le mal " Si 17,7. La capacité d'accéder à la vérité et à la liberté
sont des prérogatives de l'homme du fait qu'il est créé à l'image de
son Créateur, le Dieu vrai et juste Dt 32,4. Seul de toutes les
créatures visibles, l'homme est " capable de connaître et d'aimer
son Créateur " (24). La vie que Dieu donne à l'homme est bien plus
qu'une existence dans le temps. C'est une tension vers une
plénitude de vie ; c'est le germe d'une existence qui va au-delà des
limites mêmes du temps : " Oui, Dieu a créé l'homme pour
l'incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature " Sg
2,23.

(23)"Gloria Dei vivens homo": Adversus haereses, IV, 20, 7: SC


100/2, pp. 648-649.

La vie que le Fils de Dieu est venu donner aux hommes ne se


réduit pas à la seule existence dans le temps. La vie, qui depuis
toujours est " en lui " et constitue " la lumière des hommes " Jn
1,4, consiste dans le fait d'être engendré par Dieu et de participer à
la plénitude de son amour : " À tous ceux qui l'ont accueilli, il a
donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en
son nom, eux qui ne furent engendrés ni du sang, ni d'un vouloir de
chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu " Jn 1,12-13.
Parfois, Jésus donne à la vie qu'il est venu apporter ce simple nom
de " la vie " ; et il présente la génération par Dieu comme une
condition nécessaire pour pouvoir atteindre la fin en vue de
laquelle Dieu a créé l'homme : " À moins de naître d'en haut, nul
ne peut voir le Royaume de Dieu " Jn 3,3. Le don de cette vie
constitue l'objet propre de la mission de Jésus : il est " celui qui
descend du ciel et donne la vie au monde " Jn 6,33, si bien qu'il

3
peut affirmer en toute vérité : " Celui qui me suit aura la lumière de
la vie " Jn 8,12. En d'autres occasions, Jésus parle de vie éternelle,
en utilisant un adjectif qui ne renvoie pas seulement à une
perspective supratemporelle. " Eternelle " est la vie promise et
donnée par Jésus, parce qu'elle est plénitude de participation à la
vie de l' " Eternel " . Quiconque croit en Jésus et entre en
communion avec lui a la vie éternelle Jn 3,15 6,40, car c'est de lui
qu'il entend les seules paroles capables de révéler et de
communiquer une plénitude de vie pour son existence ; ce sont les
" paroles de la vie éternelle " que Pierre reconnaît dans sa
profession de foi : " Seigneur, à qui irons nous ? Tu as les paroles
de la vie éternelle ; nous croyons et nous avons reconnu que tu es
le Saint de Dieu " Jn 6,68-69. La vie éternelle est définie par Jésus
lui-même lorsqu'il s'adresse au Père dans la grande prière
sacerdotale : " La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le
seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ " Jn
17,3. Connaître Dieu et son Fils, c'est accueillir le mystère de la
communion d'amour du Père, du Fils et de l'Esprit Saint dans notre
vie qui s'ouvre dès maintenant à la vie éternelle dans la
participation à la vie divine.

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La vie éternelle est donc la vie même de Dieu ainsi que la vie des
fils de Dieu. Le croyant ne peut manquer d'être saisi d'un
émerveillement toujours renouvelé et d'une reconnaissance sans
limites face à cette vérité surprenante et ineffable qui nous vient de
Dieu dans le Christ. Le croyant fait siennes les paroles de l'apôtre
Jean : " Voyez quel grand amour le Père nous a donné pour que
nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Bien-
aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que
nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que, lors de
cette manifestation, nous lui serons semblables, parce que nous le
verrons tel qu'il est " 1 Jn 3,12. C'est ainsi que la vérité chrétienne
sur la vie parvient à sa plénitude. La dignité de la vie n'est pas
seulement liée à ses origines, au fait qu'elle vient de Dieu, mais

4
aussi à sa fin, à sa destinée qui est d'être en communion avec Dieu
pour le connaître et l'aimer. C'est à la lumière de cette vérité que
saint Irénée précise et complète son exaltation de l'homme : la "
gloire de Dieu " est bien " l'homme vivant " , mais " la vie de
l'homme est la vision de Dieu " (27). Il en résulte des conséquences
immédiates pour la vie humaine dans sa condition terrestre même,
où a déjà germé et où croît la vie éternelle. Si l'homme aime
instinctivement la vie parce qu'elle est un bien, cet amour trouve
une autre motivation et une autre force, une ampleur et une
profondeur nouvelles, dans les dimensions divines de ce bien.
Dans une telle perspective, l'amour de tout être humain pour la vie
ne se réduit pas à la seule recherche d'un espace d'expression de soi
et de relation avec les autres, mais il se développe dans la
conscience joyeuse de pouvoir faire de son existence le " lieu " de
la manifestation de Dieu, de la rencontre et de la communion avec
lui. La vie que Jésus nous donne ne retire pas sa valeur à notre
existence dans le temps, mais elle l'assume et la conduit à son
destin final : " Je suis la résurrection et la vie; quiconque vit et
croit en moi ne mourra jamais " Jn 11,25-26

(reference Donum vitae)


1
Le don de la vie que Dieu, Créateur et Père, a confié à l'homme,
impose à celui-ci de prendre conscience de sa valeur inestimable et
d'en assurer la responsabilité. Ce principe fondamental doit être
placé au centre de la réflexion, pour éclairer et résoudre les
problèmes moraux soulevés par les interventions artificielles sur la
vie naissante et sur les processus de la procréation. Grâce au
progrès des sciences biologiques et médicales, l'homme peut
disposer de ressources thérapeutiques toujours plus efficaces ; mais
il peut aussi acquérir des pouvoirs nouveaux, aux conséquences
imprévisibles, sur la vie humaine dans son commencement même
et à ses premiers stades. Divers procédés permettent maintenant
d'agit non seulement pour assister, mais aussi pour dominer les
processus de la procréation. Ces techniques peuvent permettre à

5
l'homme de "prendre en main son propre destin", mais elles
l'exposent aussi "à la tentation d'outrepasser les limites d'une
raisonnable domination de la nature" (1). Si elles peuvent
constituer un progrès au service de l'homme, elles comportent aussi
des risques graves. Aussi beaucoup lancent-ils un urgent appel
pour que soient sauvegardés, dans les interventions sur la
procréation, les valeurs et les droits de la personne humaine. Les
demandes d'éclaircissements et d'orientations ne proviennent pas
seulement des fidèles, mais aussi de ceux qui de toute façon
reconnaissent à l'Eglise, "experte en humanité" (2), une mission au
service de la "civilisation de l'amour" (3) et de la vie.

(1) JEAN-PAUL II, Discours aux participants du 81e Congrès de la


Société Italienne de Médecine interne et du 82e Congrès de
Chirurgie Générale, 27 octobre 1980:.AAS 72 (1980) 1126. (2)
PAUL VI, Discours à l'Assemblée Générale des Nations Unies, 4
octobre 1965, 1: AAS 57 (1965) 878, PP 13 : AAS 59 (1967) 263.
(3) PAUL VI, Homélie durant la Messe de clôture de l'Année
Sainte, 25 décembre 1975: AAS 68 (1976)145; JEAN PAUL II,
DM 30 : AAS 72 (1980) 1224.

Le Magistère de l'Eglise n'intervient pas au nom d'une compétence


particulière dans le domaine des sciences expérimentales ; mais,
après avoir pris connaissance des données de la recherche et de la
technique, il entend proposer, en vertu de sa mission évangélique
et de son devoir apostolique, la doctrine morale qui correspond à la
dignité de la personne et à sa vocation intégrale, en exposant les
critères de jugement moral sur les applications de la recherche
scientifique et de la technique, en particulier pour tout ce qui
concerne la vie humaine et ses commencements. Ces critères sont
le respect, la défense et la promotion de l'homme, son "droit
primaire et fondamental" à la vie, (4) sa dignité de personne dotée
d'une âme spirituelle, de responsabilité morale, (5) et appelée à la
communion bienheureuse avec Dieu.

6
(4) JEAN-PAUL II, Discours aux participants à la 35e Assemblée
Générale de l'Association Médicale Mondiale, 29 octobre 1983:
AAS 76 (1984) 390. (5) Cf. DH 2.

L'intervention de l'Eglise, même en ce domaine, s'inspire de


l'amour qu'elle doit à l'homme, en l'aidant à reconnaître et a
respecter ses droits et ses devoirs. Cet amour s'alimente aux
sources de la charité du Christ: en contemplant le mystère du Verbe
Incarne, l'Eglise connaît aussi le "mystère de l'homme"; (6) en
annonçant l'Evangile du salut, elle révèle à l'homme sa dignité et
l'invite a découvrir pleinement sa vérité. L'Eglise rappelle ainsi la
loi divine pour faire oeuvre de vérité et de libération.

(6) GS 22 ; JEAN-PAUL II, RH 8 : AAS 71 (1979) 270-272.

C'est en effet par bonté pour indiquer le chemin de la vie que Dieu
donne aux hommes ses commandements et la grâce pour les
observer; et c'est encore par bonté pour les aider à persévérer dans
la même voie que Dieu offre toujours à chacun son pardon. Le
Christ a compassion pour nos fragilités: Il est notre Créateur et
notre Rédempteur. Que son Esprit ouvre les âmes au don de la paix
de Dieu et à l'intelligence des ses préceptes.

LA SCIENCE ET LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA


PERSONNE HUMAINE
Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance: "homme et
femme il les créa Gn 1,27, leur confiant la tâche de "dominer la
terre" Gn 1,28. La recherche scientifique de base comme la
recherche appliquée constituent une expression significative de
cette seigneurie de l'homme sur la création. La science et la
technique, précieuses ressources de l'homme quand elles sont

7
mises à son service et en promeuvent le développement intégral au
bénéfice de tous, ne peuvent pas indiquer à elles seules le sens de
l'existence et du progrès humain. Etant ordonnées à l'homme, dont
elles tirent origine et accroissement, c'est dans la personne et ses
valeurs morales qu'elles trouvent l'indication de leur finalité et la
conscience de leurs limites.

Il serait donc illusoire de revendiquer la neutralité morale de la


recherche scientifique et de ses applications; d'autre part, les
critères d'orientation ne peuvent pas être déduits de la simple
efficacité technique, de l'utilité qui peut en découler pour les uns au
détriment des autres, ou pis encore, des idéologies dominantes.
Aussi la science et la technique requièrent-elles, pour leur
signification intrinsèque même, le respect inconditionné des
critères fondamentaux de la moralité; c'est-à-dire qu'elles doivent
être au service de la personne humaine, des droits inaliénables, de
son bien véritable et intégral, conformément au projet et à la
volonté de Dieu (7).

(7) Cf. GS 35.

Le rapide développement des découvertes technologiques rend


plus urgente cette exigence de respect des critères rappelés: la
science sans conscience ne peut que conduire à la ruine de
l'homme. "Notre époque, plus encore que les temps passés, a
besoin de cette sagesse pour rendre plus humaines ses nouvelles
découvertes. Il y a un péril effectif pour l'avenir du monde, à moins
que ne surviennent des hommes plus sages" (8).

(8) GS 15 ; cf. aussi PAUL VI, Enc. PP 20 : AAS 59 (1967) 267;


JEAN PAUL II, Enc. RH 15 : AAS 71 (1979) 286-289; Exhort.
apost. FC 8 : AAS 74 (1982) 89.

8
ANTHROPOLOGIE ET INTERVENTIONS DANS LE
DOMAINE BIOMEDICAL
3
Quels critères moraux doit-on appliquer pour éclairer les
problèmes posés aujourd'hui dans le cadre de la biomédecine? La
réponse à cette demande suppose une juste conception de la nature
de la personne humaine dans sa dimension corporelle.

En effet, c'est seulement dans la ligne de sa raie nature que la


personne humaine peut se réaliser comme une "totalité unifiée"
(9) ; or cette nature est en même temps corporelle et spirituelle. En
raison de son union substantielle avec une âme spirituelle, le corps
humain ne peut pas être considéré seulement comme un ensemble
de tissus, d'organes et de fonctions ; il ne peut être évalué de la
même manière que le corps des animaux, mais il est partie
constitutive de la personne qui se manifeste et s'exprime à travers
lui.

(9) JEAN-PAUL II, Exhort. apost. FC 11 : AAS 74 (1982) 92.

La loi morale naturelle exprime et prescrit les finalités, les droits


et les devoirs qui se fondent sur la nature corporelle et spirituelle
de la personne humaine. Aussi ne peut-elle pas être conçue comme
normativité simplement biologique, mais elle doit être définie
comme l'ordre rationnel selon lequel l'homme est appelé par le
Créateur à diriger et à régler sa vie et ses actes, et, en particulier, à
user et à disposer de son propre corps (10).

Une première conséquence peut être déduite de ces principes: une


intervention sur le corps humain ne touche pas seulement les
tissus, les organes et leurs fonctions, mais elle engage aussi à des
niveaux divers la personne même; elle comporte donc une
signification et une responsabilité morales, implicitement peut-être,
mais réellement. Jean-Paul II rappelait avec force à l'Association

9
Médicale Mondiale: "Chaque personne humaine, dans sa
singularité absolument unique, n'est pas constituée seulement par
son esprit, mais par son corps. Ainsi, dans le corps et par le corps,
on touche la personne humaine dans sa réalité concrète. Respecter
la dignité de l'homme revient par conséquent à sauvegarder cette
identité de l'homme corpore et anima unus, comme le dit le
Concile Vatican II GS 14. C'est sur la base de cette vision
anthropologique que l'on doit trouver des critères fondamentaux
pour les décisions à prendre s'il s'agit d'interventions non
strictement thérapeutiques, par exemple d'interventions visant à
l'amélioration de la condition biologique humaine" (11).

(11) JEAN-PAUL II, Discours aux participant à la 35e Assemblée


Générale de l'Association Médicale Mondiale, 29 octobre 1983:
AAS 76 (1984) 393.

Dans leurs applications, la biologie et la médecine concourent au


bien intégral de la vie humaine lorsqu'elle viennent en aide à la
personne, atteinte de maladie et d'infirmité, dans le respect de sa
dignité de créature de Dieu. Nul biologiste ou médecin ne peut
raisonnablement prétendre décider de l'origine et du destin des
hommes au nom de sa compétence scientifique. Cette norme doit
s'appliquer d'une façon particulière dans le domaine de la sexualité
et de la procréation, où l'homme et la femme mettent en ouvre les
valeurs fondamentales de l'amour et de la vie.

Dieu ,qui est amour et vie, a inscrit dans l'homme et la femme la


vocation à une participation spéciale à son mystère de communion
personnelle et à son oeuvre de Créateur et de Père (12). C'est
pourquoi le mariage possède des biens spécifiques et des valeurs
d'union et de procréation sans commune mesure avec celles qui
existent dans les formes inférieures de la vie. Ces valeurs et
significations d'ordre personnel déterminent du point de vue moral
le sens et les limites des interventions artificielles sur la

10
procréation et l'origine de la vie humaine. Ces interventions ne sont
pas à rejeter parce qu'artificielles. Comme telles, elles témoignent
des possibilités de l'art médical. Mais elles sont à évaluer
moralement par référence à la dignité de la personne humaine,
appelée à réaliser la vocation divine au don de l'amour et au don de
la vie.

(12) Cf. JEAN-PAUL 11, Exhort. apost. FC 11 : AAS 74 (1982)


91-92; cf. aussi GS 50
4
Les valeurs fondamentales relatives aux techniques de procréation
artificielle humaine sont au nombre de deux: la vie de l'être humain
appelé à l'existence, et l'originalité de sa transmission dans le
mariage. Le jugement moral sur les méthodes de procréation
artificielle devra donc être formulé en référence à ces valeurs.

La vie physique, par laquelle commence l'aventure humaine dans


le monde, n'épuise assurément pas en soi toute la valeur de la
personne, et ne représente pas le bien surpême de l'homme qui est
appelé à l'éternité. Toutefois, elle en constitue d'une certaine
manière la valeur "fondamentale", précisément parce que c'est sur
la vie physique que se fondent et se développent toutes les autres
valeurs de la personne (13). L'inviolabilité du droit à la vie de l'être
humain innocent "depuis le moment de la conception jusqu'à la
mort" (14) est un signe et une exigence de l'inviolabilité même de
la personne, à laquelle le Créateur a fait le don de la vie.

(13) Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur


l'avortement provoqué, 9: AAS 66 (1974) 736-737. (14) JEAN-
PAUL II, Discours aux participants à la 35e Assemblée Générale
de l'Association Médicale Mondiale octobre 1983: AAS 76 (1984)
390.

11
Par apport à la transmission des autres formes de vie dans
l'univers, la transmission de la vie humaine a une originalité
propre, qui dérive de l'originalité même de la personne humaine.
"La transmission de la vie humaine a été confiée par la nature à un
acte personnel et conscient, et comme tel soumis aux très saintes
lois de Dieu : ces lois inviolables et immuables doivent être
reconnnues et observées. C'est pourquoi on ne peut user de moyens
et suivre des méthodes qui peuvent être licites dans la transmission
de la vie des plantes et des animaux (15).

(15) JEAN XXIII, Enc. MM 3 : AAS , 53 (1961) 447.

Les progrès de la technique ont aujourd'hui rendu possible une


procréation sans rapport sexuel, grâce à la renconte in vitro des
cellules germinales précédemment prélevées sur l'homme et la
femme. Mais ce qui est techniquement possible n'est pas pour
autant moralement admissible. La réflexion rationnelle sur les
valeurs fondamentales de la vie et de la procréation humaine est
donc indispensable pour formuler l'évaluation morale à l'égard de
ces interventions de la technique sur l'être humain dès les premiers
stades de son développement.

Pour sa part, le Magistère de l'Eglise offre aussi en ce domaine à la


raison humaine la lumière de la Révélation: la doctrine sur
l'homme enseignée par le Magistère contient beaucoup d'éléments
qui éclairent les problèmes ici étudiés.

Dès le moment de sa conception, la vie de tout être humain doit


être absolument respectée, car l'homme est sur terre l'unique
créature que Dieu a "voulue pour lui-même" (16) et l'âme
spirituelle de tout homme est "immédiatement créée" par Dieu"
(17) ; tout son être porte l'image du Créateur. La vie humaine est
sacrée parce que, dès son origine, elle comporte "l'action créatrice
de Dieu" (18) et demeure pour toujours dans une relation spéciale

12
avec le Créateur, son unique fin (19). Dieu seul est le Maître de la
vie de son commencement à son terme: personne, en aucune
circonstance, ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire
directement un être humain innocent (20).

(16) Const. past. GS 24. (17) Cf. PIE XII, Enc. Humani Generis
AAS 42 (1950) 575; PAUL VI, Solennelle Profession de Foi, 30
juin 1968: AAS 60 (1968)436. (18) JEAN XXIII, Enc. MM 3. AAS
53 (1961) 447; cf. JEAN-PAUL II, Discours aux prêtes participant
à un séminaire d'études sur "la procréation responsable", 17
septembre 1983: Insegnamenti di Giovanni Paolo 11, VI, 2 (1983)
562: "A l'origine de toute personne humaine, il y a un acte créateur
de Dieu; aucun homme ne vient à l'existence par hasard, il est
toujours le terme de l'amour créateur de Dieu". (19) Cf. GS 24.
(20) Cf. PIE XII, Discours à l'Union Médico-biologique "Saint-
Luc", 12 novembre 1944: Discorsi e radiomessaggi, Vl (1944-
1945) 191-192.

La procréation humaine demande une collaboration responsable


des époux avec l'amour fécond de Dieu (21) ; le don de la vie
humaine doit se réaliser dans le mariage moyennant les actes
spécifiques et exclusifs des époux, suivant les lois inscrites dans
leurs personnes et dans leur union (22).

(21) Cf GS 50. (22) Cf GS 51 : "Lorsqu'il s'agit de mettre en accord


l'amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la
moralité du comportement ne dépend pas de la seule sincérité de
l'intention et de la seule appréciation des motifs; mais elle doit être
déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de
la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte
d'amour véritable, le sens intégral de la donation mutuelle et de la
procréation humaine".

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