Vous êtes sur la page 1sur 9

SYNTHÈSE

médecine/sciences 1998 ; 14 : 1366-74

Le complexe pyruvate
déshydrogénase :
de l’organisation moléculaire
à la pathologie
Le déficit en pyruvate déshydrogénase (PDH), décrit pour la
Françoise Fouque première fois en 1970, est une maladie héréditaire du méta-
Cécile Marsac bolisme intermédiaire affectant principalement le système
Chantal Benelli nerveux. Plus d’une centaine d’observations en ont déjà été
rapportées, mettant en évidence l’extrême hétérogénéité cli-
nique et moléculaire de ce déficit. Cette hétérogénéité est liée
à deux caractéristiques de la PDH : (1) sa structure caractéri-
sée par l’assemblage de six sous-unités dont l’une est codée
par un gène situé sur le chromosome X ; (2) son rôle dans le
métabolisme du glucose et sa régulation, en particulier au
niveau cérébral. La découverte d’un grand nombre de muta-
tions différentes a conduit à mieux comprendre les méca-
nismes moléculaires complexes responsables de la diversité
des tableaux cliniques observés dans les déficits en PDH.

e complexe pyruvate déshy- mitochondriale des substrats énergé-

L drogénase (PDH) est l’un des


systèmes enzymatiques
majeurs impliqués dans le
contrôle du métabolisme oxy-
datif des substrats énergétiques.
Localisé dans la membrane interne
mitochondriale, il catalyse la décar-
tiques (pyruvate, acides gras et corps
cétoniques) fournit à la cellule la
majeure partie de l’ATP, grâce au
cycle de Krebs et à la chaîne respira-
toire. Le pyruvate provient de divers
composés tricarbonés tels que le lac-
tate, issu de la glycolyse, l’alanine et
boxylation oxydative irréversible du d’autres acides aminés. Il pénètre
pyruvate en acétyl coenzyme A, selon dans la mitochondrie grâce à un sys-
la réaction globale : tème de transport spécifique unidi-
ADRESSES Pyruvate + co-enzyme A (CoA) + rectionel pour y être, soit carboxylé
F. Fouque : ingénieur d’étude au Cnrs. C. NAD+ → Acétyl-CoA + NADH +CO2 en oxaloacétate, soit décarboxylé en
Benelli : chargée de recherche à l’Inserm. Inserm Son rôle dans le métabolisme énergé- acétyl-CoA. Ces deux composés se
U. 30, Mécanisme d’action cellulaire des tique est fondamental puisqu’il per- condensent pour former du citrate,
hormones, Hôpital Necker-Enfants
Malades, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris met, dans le foie, le muscle ou le cer- composé à six carbones, substrat du
Cedex 15, France. C. Marsac : maître de confé- veau, la transformation du glucose en cycle de Krebs et point de départ du
rences des universités, praticien hospitalier. acétyl-CoA, substrat du cycle de métabolisme oxydatif producteur
Laboratoire de biochimie médicale B, Hôpi-
tal Necker-Enfants Malades, 149, rue de Krebs. En effet, lorsque l’apport d’ATP. Selon l’état nutritionnel et les
Sèvres, 75743 Paris Cedex 15, France. d’oxygène est suffisant, l’oxydation besoins cellulaires, l’une des deux
1366 m/s n° 12, vol. 14, décembre 98
voies métaboliques est activée préfé- Membrane
rentiellement. A jeun, le pyruvate est Glucose plasmique
carboxylé en oxaloacétate par l’inter- Lactate
médiaire de la pyruvate carboxylase Glycogène
LDH Cytoplasme
(PC) ; c’est la première étape de la
néoglucogenèse qui permet de main- Glucose Glucose 6P Pyruvate Acides aminés ramifiés
tenir une glycémie stable. A l’état
nourri, le pyruvate est décarboxylé
Pyruvate α-cétoglutarate
en acétyl-CoA par la PDH. Mitochondrie α-céto acides
Dans le foie ou dans d’autres tissus PDH CO2 α-céto acide DH
NADH + H+
tels que la glande mammaire ou les CO2

Pyruvate Acyl-CoA NADH + H+


adipocytes, la PDH participe égale-
Acétyl-CoA Acyl-CoA
ment aux étapes initiales de la syn- PC
ß-oxydation
thèse d’acides gras et de stéroïdes,
Oxaloacétate
fonction anabolique essentielle à la Cycle Citrate
de
croissance et à la maturation céré- Krebs
brale. Il existe deux autres α-cétoa- α-cétoglutarate
SuccinylCoA
cides décarboxylases (ou déshydrogé-
nases) mitochondriales qui CO2
NAD+
présentent, sur le plan structural et NADH + H+ α-cétoglu DH
fonctionnel, de grandes similitudes
avec le complexe PDH : les décar- Citrate
boxylases des acides aminés ramifiés
(leucine, isoleucine et valine) et l’α- Acétyl-CoA
cétoglutarate décarboxylase. Celles-ci
jouent, comme la PDH, un rôle Lipogenèse
essentiel dans le métabolisme énergé-
tique cellulaire (figure 1). Acide gras
Le complexe PDH est une macromo-
lécule de 7 à 8,5 103 kDa, située dans Figure 1. Localisation des α-cétoacides déshydrogénases dans le métabo-
la membrane interne mitochondriale lisme énergétique. PDH : pyruvate déshydrogénase ; α-cétoacide DH : α-
et composée de six unités : quatre cétoacide déshydrogénase des acides aminés ramifiés ; α-cétoglu DH : α-
composants catalytiques (E1, E2, E3 cétoglutarate déshydrogénase ; LDH : lactate déshydrogénase ; PC : pyruvate
carboxylase.
et la protéine X) et deux enzymes
régulatrices, la PDH kinase et la PDH
phosphatase qui contrôlent, par a été cloné et séquencé. Ce gène tie codante de son gène a été récem-
phosphorylation/déphosphorylation, mesure 17 kb et contient 11 exons. ment clonée et le gène localisé sur le
l’activité du composant E1, ce der- L’autre isomère n’est exprimé que chromosome 11 [3].
nier étant le facteur limitant de l’acti- dans le testicule et est codé par un
vité du complexe. Le complexe gène situé sur le chromosome 4. La La régulation
s’organise autour d’une structure sous-unité β (36 kDa) est codée par du complexe PDH
centrale formée de soixante mono- un gène situé sur le chromosome 3.
mères de E2 à laquelle sont associés Le cofacteur de E1 est la thiamine La régulation de l’activité du com-
30 tétramères de E1, six dimères de pyrophosphate (TPP). La sous-unité plexe s’effectue exclusivement sur la
E3 et six copies de la protéine X [1] E2 ou dihydrolipoyltransacétylase est sous-unité E1 ; elle implique soit une
(figure 2). un monomère de 74 kDa qui a modification covalente du complexe
Les sous-unités E1 et E2 sont spéci- comme cofacteur l’acide lipoïque par un mécanisme de phosphoryla-
fiques de la PDH et sont codées par sous sa forme réduite. Son gène a été tion/déphosphorylation, catalysé par
des gènes différents alors que la sous- cloné, séquencé et localisé sur le la PDH phosphatase et la PDH
unité E3, qui est commune aux α chromosome 11. La sous-unité E3 ou kinase, soit une inhibition par les
céto-acides déshydrogénases, est dihydrolipoyldéshydrogénase est un produits finaux de la réaction [4, 5].
codée par le même gène pour les homodimère de 55 kDa qui fixe le Dans tous les tissus, la PDH existe
trois complexes [1]. La sous-unité E1 FAD (flavine adénine dinucléotide). sous deux formes, une forme active,
ou pyruvate déshydrogénase est un Ce complexe a été cloné, séquencé et dite basale, ou PDHa qui reflète son
tétramère composé de deux sous-uni- localisé sur le chromosome 7 [2]. degré de déphosphorylation et une
tés α et de deux sous-unités β. La Enfin, la protéine X (51 kDa) porte forme totalement déphosphorylée,
sous-unité α existe sous la forme de un groupe lipoyl qui s’acétyle en pré- dite totale.
deux isomères codés par deux gènes sence de pyruvate ; bien que son rôle La PDH kinase catalyse la phosphory-
différents. L’un des isomères soit encore mal connu, elle pourrait lation de trois résidus sérine sur le
(41 kDa) est exprimé dans tous les intervenir dans le maintien de la composant E1α et inactive ainsi le
tissus somatiques et est codé par un cohésion du complexe en se liant complexe. Elle est présente en faible
gène situé sur le chromosome X qui aux sous-unités E2 et/ou E3. La par- quantité et est étroitement liée au
m/s n° 12, vol. 14, décembre 98 1367
dans les muscles striés, et en particu-
Complexe PDH
lier dans le cœur.
Pyruvate + TPP + CoA + NAD+ Acétyl CoA + CO2 + NADH + H+
Compte tenu de sa place dans l’équi-
Mw (7-8,5) x 106 Dalton libre énergétique et biosynthétique
de la cellule, la PDH doit s’adapter
E1 au besoin spécifique de chaque tissu.
E2 E3 X
Certains tissus ont une activité basale
P extrêmement basse qui augmente de
α α 41 kDa manière intermittente selon leurs
74 kDa 55 kDa 51 kDa
β β 36 kDa propriétés physiologiques. Dans le
Lipoate FAD FAD
foie, la PDH est inactivée à jeun pour
favoriser la néoglucogenèse ; dans les
x 20-30 x 60 x6 x6
adipocytes, elle est fortement activée
Pyruvate Lipoyl Lipoyl Protéine
déshydrogénase transacétylase déshydrogénase liant E3 ? en période postprandiale pour four-
nir de l’acétyl-CoA nécessaire à la
Nombre Taille Localisation synthèse d’acides gras ; dans le myo-
Composants d'acides aminés du gène chromosomique carde, la PDH est rapidement acti-
E1α 390 17 kb X p22.1-22.2 vable en cas de travail cardiaque
4 q22-23 accru. En revanche, d’autres tissus,
E1β 355 8 kb 3 p13-23 comme le cerveau, ont une activité
E2 615 - 11
E3 405 20 kb 7 q31.1-32
basale très élevée, à la limite des
X 410 - 11 p13 capacités maximales de l’enzyme. Le
cerveau peut utiliser des corps céto-
niques en remplacement du glucose,
Figure 2. Description et localisation chromosomique des sous-unités du
complexe pyruvate déshydrogénase. Le complexe PDH est une macromolé-
alors que la médulla rénale, la rétine
cule de 7-8,5 x 106 Dalton, composée de 4 unités catalytiques (E1, E2, E3 et et les érythrocytes sont totalement
protéine X). Le complexe s’organise autour d’une structure centrale formée dépendants du glucose.
de 60 monomères de E2 à laquelle sont associés 20-30 tétramères de E1, Les régulations à court et à long
6 dimères de E3 et 6 monomères de protéine X. Sont également indiqués la terme du complexe dépendent de
localisation chromosomique, la taille des gènes et le nombre d’acides ami- facteurs nutritionnels, métaboliques
nés des protéines constituant le complexe PDH. et hormonaux [1-2, 4-5, 8-10]. Le
jeûne, la consommation d’un régime
riche en lipides, l’obésité et le dia-
bète insulinodépendant inactivent la
complexe. Deux isoformes de cette
enzyme ont eu récemment leurs
ADNc clonées [6]; elles présentent
une grande similitude avec les
sérine/thréonine kinases en termes NAD+ NADH
de sites de phosphorylation. La PDH
phosphatase catalyse la déphosphory-
lation de E1α en présence de Ca2+ et Pyruvate Acétyl-CoA
de Mg2+, ce qui active le complexe. PDH
Elle s’apparente à la phosphatase de acétyl-CoA CoASH active CO2
type 2C par similitude de spécificité NADH Ca2+Mg2+
de substrat ; deux ADNc ont été à ce insuline
ATP Pi
jour isolés qui codent pour deux iso-
formes de phosphatase dont les Kinase Phosphatase
caractéristiques fonctionnelles sont CoASH ADP
NAD+ H20
différentes [7]. Les principales molé- pyruvate NADH
cules exerçant un effet activateur ou ADP PDH
inhibiteur sur le système kinase/ Ca2+ inactive
phosphatase sont présentées sur la P
figure 3. La régulation feed-back néga-
tive exercée par les produits finaux
de la réaction (acétyl CoA et NADH) Figure 3. Mécanismes de régulation du complexe PDH. La régulation de
permet d’épargner le glucose dans l’activité du complexe PDH s’effectue par un mécanisme de phosphoryla-
les tissus qui disposent d’autres sub- tion/déphosphorylation, catalysé par la PDH phosphatase qui active le com-
strats (acides gras et corps céto- plexe et par la PDH kinase qui l’inactive. Les produits finaux de la réaction
niques) capables de produire du (Acétyl-CoA et NADH) règlent le complexe par rétroaction négative. Sont
NADH et de l’acétyl CoA. Ce méca- représentés également les effecteurs qui règlent positivement ou négative-
nisme est particulièrement efficace ment la phosphatase et la kinase.
1368 m/s n° 12, vol. 14, décembre 98
PDH dans différents tissus. L’insuline
active la PDH dans le foie, le cœur et Hyperlactacidémies
Hyperlactacidémies héréditaires
héréditaires
le tissu adipeux. Les mécanismes
impliqués dans ces régulations sont
complexes ; il semble, tout au moins Primaires
Primaires Secondaires
Secondaires
dans le tissu adipeux, que les effets
aigus de l’insuline s’exercent par une
activation indirecte de la PDH phos-
phatase, via la modification de l’un
de ses effecteurs [8-10]. L’implica- Défaut
Défaut Défaut
tion d’un médiateur de petit poids Anomalie du d'utilisation du Hyper-
carrefour du pyruvate dans le d'utilisation Aciduries ammoniémies d'oxydation
moléculaire dans ces effets a été éga- pyruvate métabolisme hépatique du organiques congénitales des acides
oxydatif lactate gras
lement proposée par différents
auteurs mais reste encore
aujourd’hui très controversée [9].
Dans le foie et le cœur, l’insuline sti- • Déficit en PDH • Déficit • Déficit en PC
enzymatique
mule indirectement la PDH en dimi- • Déficit en PC
du cycle de Krebs
• Déficit en PEPCK
• Déficit en glucose
nuant la concentration plasmatique • Déficit de la 6-phosphatase
chaîne respiratoire
des acides gras libres [8-10]. • Déficit en fructose
1,6-bisphosphatase
Cependant, dans de nombreuses
situations telles que le jeûne pro-
longé, le régime pauvre en hydrates Figure 4. Place du déficit en PDH dans les hyperlactacidémies héréditaires
de carbone et riche en graisses, le chez l’enfant. PDH : pyruvate déshydrogénase ; PC : pyruvate carboxylase ;
PEPCK : phosphoénolpyruvate carboxykinase.
diabète insulinodépendant, l’état
d’activation de la PDH est en corréla-
tion directe avec une augmentation principalement le système nerveux et glucose ; le rendement de cette réac-
stable de l’activité de la PDH kinase dont la première observation tion est faible puisqu’elle produit à
[11] ; cette variation serait liée, soit à remonte à près de 25 ans [18]. peine un dixième de l’ATP fourni
une augmentation de l’oxydation des normalement par l’oxydation du
acides gras, soit à une augmentation La physiopathologie pyruvate. Du fait du blocage du méta-
de la concentration d’AMPc, soit à des déficits en PDH bolisme du pyruvate, les acides gras
une diminution de la concentration libres et les corps cétoniques sont les
plasmatique d’insuline. Des études Les déficits en PDH sont extrême- seuls substrats disponibles pour four-
récentes ont permis de montrer une ment hétérogènes dans leurs mani- nir de l’acétyl-CoA au cycle de Krebs.
expression différentielle des iso- festations cliniques et doivent être Les sources d’ATP sont donc extrê-
formes de PDH kinase dans le foie et différenciés des déficits des enzymes mement réduites, surtout au niveau
le cœur de rat [12], dont certaines de la chaîne respiratoire, des déficits cérébral où l’oxydation du glucose
peuvent être contrôlées au niveau en pyruvate carboxylase ou des fournit normalement la quasi-totalité
prétraductionnel [13] et ainsi rendre enzymes du cycle de Krebs et des de l’énergie cellulaire. Sachant que
compte de la régulation à long terme anomalies de la néoglucogenèse, qui le flux de pyruvate oxydé dans les
de l’activité PDH sous sa forme tous sont à l’origine d’hyperlactacidé- conditions normales par la PDH
active. mies héréditaires chez l’enfant [19, cérébrale est très proche des capaci-
Bien que généralement peu affectée 20] (figure 4). Parmi les hyperlactaci- tés enzymatiques maximales, on com-
dans les divers états physiopatholo- démies héréditaires, on distingue les prend que le cerveau est l’organe le
giques, l’activité totale de la PDH primaires, dans lesquelles l’hyperlac- plus sensible à ce déficit enzyma-
peut être modulée dans certaines tacidémie est un signe majeur (ano- tique. Les anomalies structurales
conditions qui incluent, chez l’ani- malie du carrefour du pyruvate, apparaissent très tôt au cours de la
mal, les régimes riches en hydrates défaut d’utilisation du pyruvate par vie intra-utérine, en particulier dans
de carbone ou en graisses, la transi- le métabolisme oxydatif ou défaut les noyaux gris centraux, zone du
tion allaitement-sevrage et la période d’utilisation hépatique du lactate par cerveau dans laquelle l’activité PDH
du développement [14-17]. Dans ces déficit de la néoglucogenèse), et les est la plus forte.
situations, il existe une régulation secondaires dans lesquelles l’hyper- Le déficit enzymatique en PDH
coordonnée des composants pro- lactacidémie est associée à d’autres entraîne, en amont, une accumula-
téiques qui constituent la PDH, au anomalies (métabolisme des acides tion de pyruvate, et par conséquent
niveau transcriptionnel et/ou au aminés, des acides gras, du cycle de d’alanine et de lactate, avec un rap-
niveau post-transcriptionnel qui l’urée). Le déficit en PDH représente port lactate/pyruvate normal dans le
pourrait résulter d’une modulation la première cause d’acidose lactique sang. L’hyperpyruvicémie et l’hyper-
des concentrations de glucose et/ou congénitale primitive. lactacidémie sont accrues en période
d’insuline. Chez l’homme, la quan- En cas de déficit, même partiel, de postprandiale et diminuées lors du
tité totale de la PDH peut être égale- l’activité PDH, la glycolyse reste la jeûne. Quand ce profil métabolique
ment déficitaire et rendre compte seule voie métabolique utilisable est observé – dans le contexte d’un
d’une maladie héréditaire qui touche pour fournir de l’énergie à partir du tableau clinique évocateur d’un défi-
m/s n° 12, vol. 14, décembre 98 1369
cit en PDH – le dosage de son activité Tableau I
ne fait que confirmer le diagnostic.
Au contraire, si le bilan métabolique PRINCIPAUX SIGNES CLINIQUES ASSOCIÉS À UN DÉFICIT EN E1α, E3
sanguin de base est proche de la nor- ET PROTÉINE X DU COMPLEXE PDH (D’après [20])
male, des épreuves de charge en
hydrates de carbone sont nécessaires Signes cliniques E1α E3 Protéine
pour révéler une hyperpyruvicémie X
et une hyperlactacidémie latentes. La
mesure du lactate dans le liquide Retard de croissance et de développement +++ +++ +++
céphalo-rachidien peut être aussi très Hypotonie +++ +++ +++
informative. La prise en charge nutri- Convulsions ++ + –
tionnelle d’un déficit en PDH repose Dégénérescence du SNC (syndrome de Leigh) ++ + ++
sur deux principes ; « en amont du Malformations du SNC + – +
déficit », il s’agit d’éviter l’acidose lac- Ataxie + + +
tique en réduisant l’apport de sucres Apnée, hypoventilation + + +
et « en aval du déficit », de fournir à Mort subite + – +
la cellule des substrats de substitu- Dysmorphisme + – +
Neuropathie périphérique + – –
tion, en particulier des acides gras
Myopathie (muscle cardiaque ou squelettique) – – –
pour le métabolisme oxydatif.
L’application de ces deux principes +++ > 75 % ; ++ > 25-75 % ; + < 25 %.
est à la base du « régime cétogène »,
défini comme un régime délibéré-
ment déséquilibré (60 % de lipides, rentes conditions de culture utilisées l’activité enzymatique résiduelle et
25 % de glucides et 15 % de protides) pour les conserver. De plus, l’activité l’anomalie moléculaire trouvée dans
pour favoriser la synthèse de corps PDH résiduelle chez les filles dépend les différents cas étudiés. Les caracté-
cétoniques. Il est cependant encore de la proportion relative de l’inacti- ristiques cliniques associées à un défi-
difficile d’évaluer l’efficacité de ce vation du chromosome X normal, et cit en E1α ne sont pas ou peu distin-
type de régime, bien que son intérêt les cellules ayant l’allèle normal peu- guables de celles associées à un
physiopathologique reste indiscu- vent avoir un avantage réplicatif sur déficit en protéine X ou en E3
table. Dans certains cas, le traitement les cellules possédant une fraction (Tableau I).
par la thiamine, co-facteur indispen- d’allèle inactivé, et donc une activité Au regard de l’ensemble des don-
sable à l’activité de E1, peut avoir un PDH plus faible. La mesure de l’acti- nées publiées, on peut distinguer
effet bénéfique pour le malade. En vité PDH sur d’autres types cellu- quatre groupes phénotypiques.
revanche, l’efficacité du traitement laires (lymphocytes, muscle) est alors • Le premier groupe inclut les
par le 2-chloropropionate, activateur nécessaire pour confirmer le dia- formes les plus sévères, qui associent
de la PDH, reste controversée. gnostic. une hyperlactacidémie, une hypoto-
Le diagnostic des déficits en PDH Il est également possible d’étudier les nie et une encéphalopathie. Les
repose le plus fréquemment sur la différentes protéines du complexe patients atteints, le plus souvent des
mesure de l’activité PDH en suivant PDH par immunodétection au filles, décèdent au cours de la pre-
la formation de 14CO2 radioactif à moyen d’anticorps spécifiques diri- mière année de vie. Les formes les
partir de 1-14C pyruvate en présence gés, soit contre le complexe, soit plus fréquentes sont des retards psy-
de thiamine pyrophosphate, de Co- contre l’une des sous-unités. Par chomoteurs plus ou moins graves
enzyme A et de NAD+. La mesure de cette approche, il est ainsi possible pouvant être compatibles avec plu-
l’activité totale de l’enzyme implique de faire la part des déficits liés à la sieurs années de vie. L’hyperlactaci-
l’activation préalable de la PDH sous-unité E1 de ceux liés à d’autres démie reste alors plus ou moins
phosphatase par de fortes concentra- sous-unités, en particulier à la pro- modérée.
tions de Ca2+ et de Mg2+. La grande téine X [21]. De plus, cette tech- • Le deuxième groupe est constitué
instabilité de l’enzyme sur tissu nique permet de suivre la modifica- le plus souvent de garçons qui pré-
congelé, la variation de son activité et tion simultanée ou non des deux sentent une encéphalomyélopathie
de son degré d’activation d’un tissu à sous-unités, E1α et E1β, selon l’ano- nécrosante subaiguë, ou syndrome
l’autre et sur cellules en culture ainsi malie moléculaire trouvée et ainsi de de Leigh, dont l’évolution est fluc-
que la décarboxylation spontanée du définir de nouvelles relations struc- tuante, par poussées très évocatrices
pyruvate font que ce dosage reste ture/fonction dans le complexe. de ce syndrome, auxquels s’associent
d’interprétation délicate. Les pre- progressivement des troubles neuro-
mières observations de déficit enzy- Les différents phénotypes logiques. Dans ce groupe, l’hyperlac-
matique en PDH ont été faites sur cliniques des déficits tacidémie est souvent plus incons-
des cultures de fibroblastes dès 1970 en PDH tante et fugace.
[18]. Nombreux sont les laboratoires • Un troisième groupe, ne compor-
qui utilisent ces cellules pour faire le L’expression clinique des déficits en tant exclusivement que des garçons,
diagnostic, mais il faut cependant PDH est très polymorphe et beau- est moins sévèrement atteint. Les
préciser qu’elles ne sont pas d’une coup d’études ont tenté de corréler patients ne présentent en effet le
parfaite fiabilité, en raison des diffé- la gravité du phénotype clinique, plus souvent qu’une ataxie chro-
1370 m/s n° 12, vol. 14, décembre 98
nique ou à rechute avec peu ou pas Une grande partie de ces anomalies a lement très rares. Ces déficits ne se
de retard mental et des taux de lac- été rassemblée par Patel et al. (School distinguent pas cliniquement des
tate sanguin modérément élevés ou of Medicine and Biomedical Sciences, déficits en Ε1α-PDH et le diagnostic
normaux. Paradoxalement, c’est State University of New York, NY, USA) se fait par l’étude en Western blot des
dans ce groupe d’évolution clinique [22]. sous-unités protéiques, excluant donc
plutôt favorable que sont trouvées les Les déficits en E3-PDH se distinguent toute possibilité de différencier une
activités enzymatiques les plus basses. des autres déficits par la présence dans protéine normale d’une protéine
• Un dernier groupe rassemble les le sang des patients, outre un excès de non fonctionnelle.
patients qui ne présentent aucune lactate et de pyruvate, une augmenta- Une diminution importante d’acti-
perturbation métabolique ni modifi- tion d’α céto-glutarate et d’acides ami- vité transacétylase E2 a pu être mise
cation de l’activité PDH périphé- nés ramifiés (valine, leucine, isoleu- en évidence chez un patient atteint
rique, et pour lesquels l’imagerie cine). Le diagnostic se fait par la d’acidose lactique congénitale sans
cérébrale a révélé des anomalies évo- découverte d’une diminution de l’acti- modification des activités E1 et E3-
catrices d’un déficit en PDH ; la plu- vité lipoamide déshydrogénase E3- PDH [27]. Plus récemment, une
part des observations décrites à ce PDH (0 % à 20 % d’activité résiduelle) absence totale de protéine X-PDH a
jour ne concernent que des filles. dans les cultures de fibroblastes ou pu être détectée chez cinq enfants
dans d’autres tissus [23]. Deux muta- présentant un déficit important
La caractérisation tions dans l’ADNc codant pour la sous- d’activité PDH (< 30 % d’activité rési-
moléculaire des déficits unité E3 ont été identifiées (K37E et duelle) ; quatre garçons présentant
en PDH P453L) chez un patient ne présentant un syndrome de Leigh et une fille,
aucune activité E3 détectable et ayant une acidose lactique congénitale [3,
Dans l’état actuel des connaissances, de 10 % à 30 % d’activité résiduelle du 28]. La mise en évidence récente de
cinq composants du complexe peu- complexe PDH [24]. la partie codante du gène de la pro-
vent être la cible d’une anomalie à Les déficits en PDH phosphatase sont téine X a permis de définir les bases
l’origine d’un déficit enzymatique et rares. Aucune méthode directe ne per- moléculaires de ce nouveau type de
d’une pathologie humaine. Ces ano- met de les détecter et leur existence se déficit. Pour deux des patients, il
malies affectent, par fréquence crois- traduit par une perte de l’activation de s’agissait de délétions importantes de
sante : E2 (1 cas), la PDH-phospha- la PDH par le Ca2+ et le Mg2+. Quatre 85 et 59 pb et, pour un autre, d’une
tase (4 cas), la protéine X-PDH (6 cas cas d’acidose lactique néonatale avec absence quasi totale d’ARNm, suggé-
dont 5 non reliés sur le plan fami- déficit en PDH phosphatase ont été rant une anomalie au niveau trans-
lial), E3 (moins de 10 cas), Ε1α (plus rapportés [25, 26]. Aucune étude criptionnel (figure 5A).
de 150 cas) ; aucun déficit n’est à ce moléculaire n’a été encore réalisée. Aucune mutation n’a encore été
jour connu pour la sous-unité Ε1β. Les déficits en E2 et X-PDH sont éga- observée dans le gène E1β-PDH alors

A B P3 P2 P1

LS TPP αIβ
I II III IV V VI VII VIII IX X XI
aa 1 19 39 97 140 170 202 263 277 299 336 390

-
+ +
– +
Garçon -
–-
FIlle - + ++
- + + +
+ –
Figure 5. A. Immunodétection des + -
sous-unités du complexe PDH dans -
des mitochondries de fibroblastes –
Mutation ponctuelle Délétion + Insertion +
humains. Des mitochondries de - Modification du cadre de lecture
fibroblastes ont été préparées par
centrifugations différentielles chez
un témoin (1) et trois patients atteints de déficit enzymatique en PDH (2, 3, 4) et analysées pour leur antigénicité vis-
à-vis d’un anticorps polyclonal dirigé contre le complexe PDH. Ces patients présentent une absence de protéine X
immunodétectable. Des délétions importantes ont été retrouvées sur le gène codant pour la protéine X chez les
patients n° 2 et n° 3 ; une diminution importante du transcrit de ce gène (2,5 kb) a été décrite pour le patient n° 4. B.
Tableau récapitulatif des différentes mutations pathogènes affectant le gène E1α. LS : séquence leader (29 acides
aminés) ; TPP : motif conservé de fixation de la thiamine pyrophosphate ; α/β : régions d’interaction entre les deux
sous-unités ; P1, P2, P3 : sérines phosphorylables. Les 11 exons du gène sont numérotés en chiffres romains. Les
mutations chez les filles et chez les garçons sont représentées séparément et reliées par un trait plein s’il s’agit de la
même mutation ou d’une mutation située dans le même codon. Les mutations différentes dans le même codon, et
affectant le même sexe, sont, elles aussi, reliées par un trait plein.
m/s n° 12, vol. 14, décembre 98 1371
que l’on peut répertorier ment soumises à une spécificité de nant dans le site de fixation de la
aujourd’hui 52 mutations différentes tissu considérable. Chez les garçons, thiamine pyrophosphate (TPP),
dans le gène E1α-PDH situé sur le les déficits complets ne sont pas com- comme les leucines 217 et 205 [34,
chromosome X [1] (figure 5B). patibles avec la vie et seuls les déficits 35], les alanines 199 et 231 [36] et la
Quarante-deux mutations n’ont été plus ou moins partiels affectent de valine 210 [37]. Des mutations ponc-
trouvées qu’une seule fois et six ont façon plus ou moins grave le métabo- tuelles de ces acides aminés entraî-
été décrites au moins trois fois lisme cérébral. Il convient également nent toutes une diminution d’activité
(R72C, R263G, R302C, S312fs, de rappeler que, quels que soient les PDH qui s’accompagne ou non
Q382fs et S388fs). Les mutations mécanismes tissulaires qui modulent d’une diminution des sous-unités
observées chez les garçons diffèrent l’expression d’une mutation, le cer- immunoréactives E1α et β ; on peut
de celles trouvées chez les filles [29] veau reste l’organe le plus sensible à citer la mutation de leucine 217 en
à l’exception d’une mutation qui a un déficit en PDH, puisqu’au niveau proline, qui entraîne une diminution
été décrite comme étant patholo- cérébral, l’oxydation du glucose four- de la stabilité de la sous-unité E1α,
gique dans les deux sexes (R278H). nit la majorité de l’énergie cellulaire suggérant que le site de fixation à la
La majorité des insertions et des et le flux de pyruvate oxydé à l’état TPP s’intègre aussi dans une région
délétions siègent dans les exons 10 et normal est très proche des capacités d’interaction des deux sous-unités
11 et affectent les filles (23 filles sur enzymatiques maximales. De plus, E1α et E1β [34]. D’autres acides ami-
32), à l’exception de la délétion de la certaines parties du cerveau, comme nés, situés en dehors de la région de
totalité de l’exon 6 retrouvée chez les noyaux gris centraux ou le tronc fixation de la thiamine, ont égale-
deux garçons (cousins) et chez une cérébral, sont encore plus dépen- ment un rôle important dans ce
fille. La majorité des mutations ponc- dantes du métabolisme aérobie oxy- mécanisme ; il s’agit en particulier de
tuelles sont répertoriées sur les exons datif et sont donc les cibles privilé- la mutation de l’arginine 44 en histi-
de 1 à 9, principalement chez des giées d’un déficit en PDH. dine qui a pour conséquence de
garçons (25 garçons/36). La muta- L’analyse des mutations dans le gène modifier l’affinité de la PDH vis-à-vis
tion R263G dans l’exon 8 est la plus E1α, et des études structurales ont de la thiamine [38]. Il est intéressant
fréquemment décrite chez les gar- permis de définir plusieurs domaines de noter que l’état clinique de ce
çons (sept cas non familiaux) et les fonctionnels de la protéine E1α [22]. patient a été sensiblement amélioré
phénotypes cliniques sont très com- Plusieurs régions présumées d’inter- par un traitement approprié à la thia-
parables [30] : les enfants présentent action entre les sous-unités E1α et mine. Enfin, des mutations ponc-
des syndromes de Leigh tardifs ou E1β ont été mises en évidence, en tuelles affectant des régions ou des
des ataxies et le pronostic est moins particulier dans la région comprise résidus proches des trois sites de
sévère. Il en est de même pour entre les acides aminés 246 et 290 et phosphorylation (Ser 300, 293, 232)
quatre garçons atteints de la muta- dans la partie carboxy-terminale de la entraînent également des anomalies
tion R72C. Si l’on considère protéine qui est très conservée chez fonctionnelles du complexe PDH
l’ensemble des mutations, on ne les mammifères et les eucaryotes [39] qui s’accompagnent le plus sou-
retrouve que dans 10 % des cas [32]. Une anomalie moléculaire dans vent d’une instabibité des sous-unités
(R10P, R127P, V171del, R263G, ces régions s’accompagne, dans tous E1α et E1β. Dans certains cas, la
R302C) la mutation chez les mères les cas, d’une diminution des sous- mutation peut aussi modifier le
qui sont peu (ou pas) symptoma- unités Ε1α et Ε1β immunoréactives, niveau d’interaction de la PDH phos-
tiques. La majorité des mutations parallèle à la diminution d’activité du phatase avec le substrat E1α phos-
sont donc des mutations de novo et complexe PDH. C’est également phorylé [40].
un éventuel diagnostic anténatal des dans cette région qu’a été retrouvée
déficits en Ε1α-PDH reste difficile à la mutation la plus fréquente, en Conclusions
envisager dans ce type de maladie position 263 (R263G) ; elle a en effet et perspectives
[31]. Le fait qu’il y ait un nombre été décrite chez sept garçons non
égal de garçons et de filles affectés apparentés qui présentaient un Le déficit en pyruvate déshydrogé-
par un déficit en E1α-PDH est la tableau clinique comparable, une nase est une des causes majeures de
conséquence de la répartition aléa- forte diminution d’activité PDH et perturbation du métabolisme oxyda-
toire inégale dans les différentes cel- une stabilité variable des sous-unités tif chez l’enfant, entraînant une aug-
lules de l’inactivation du chromo- Ε1α et Ε1β [30]. Les mères de quatre mentation anormale de lactate dans
some X sur l’allèle normal codant de ces patients étaient hétérozygotes le sang et le liquide céphalo-rachi-
pour E1α-PDH. Chez les filles hétéro- pour la mutation et ne présentaient dien. Le déficit, qui se traduit très tôt
zygotes, le déficit peut être variable aucun signe clinique. dans la vie intra-utérine par un déve-
dans son expression tissulaire ; si c’est Une autre mutation située en posi- loppement anormal du système
l’allèle normal qui est inactivé dans tion 378, dans la partie carboxy-ter- nerveux central, se caractérise cepen-
des régions cérébrales à forte activité minale de la protéine, a également dant par une très grande hétérogé-
oxydative, la maladie se traduira par été retrouvée chez cinq garçons, non néité des tableaux cliniques. Les
des lésions cérébrales graves. Les apparentés, qui présentaient tous mutations connues portent essentiel-
formes cliniques dites « intracéré- une forte diminution d’activité PDH lement sur le gène E1α, qui est loca-
brales », sans perturbations métabo- [33]. lisé sur le chromosome X. A ce jour,
liques ni modification de l’activité D’autres résidus ont été également 52 mutations différentes chez 76 indi-
PDH périphérique, sont probable- identifiés, en particulier ceux interve- vidus non apparentés ont été réper-
1372 m/s n° 12, vol. 14, décembre 98
toriées, dont seulement 10 % sont 4. Behal RH, Buxton DB, Robertson JG, 18. Blass JP, Avigan J, Uhlendorf BW. A
Olson MS. Regulation of the pyruvate dehy- defect of pyruvate dehydrogenase in a child
transmises par la mère. La caractéri- drogenase multienzyme complex. Annu Rev with an intermittent movement disorder. J
sation d’un nombre croissant de Nutr 1993 ; 13 : 497-520. Clin Invest 1970 ; 49 : 423-32.
mutations et l’analyse de leur réper-
5. Sugden MC, Holness MJ. Hormonal and 19. Helen Cross J, Connelly A, Gadian DG,
cussion au niveau fonctionnel don- nutritional modulation of PDHC activity sta- et al. Clinical diversity of pyruvate dehydro-
nent aujourd’hui la possibilité de tus. In : Patel MS, Roche TE, Harris RA, eds. genase deficiency. Pediatr Neurol 1994 ; 10 :
mieux comprendre les relations Alpha-keto acid dehydrogenase complexes. Bos- 276-83.
génotype/phénotype, les relations ton : Birkhäuser Verlag, 1996 : 163-76.
20. Robinson BH, Mac Mihan H, Petrova-
structure/fonction de la protéine 6. Harris RA, Popov KM. The mitochondrial Benedict R, Sherwood G. Variable clinical
E1α et ses relations avec les autres a-ketoacid dehydrogenases kinases : molecu- presentation in patients with defective E1
lar cloning, tissus-specific expression and component of pyruvate dehydrogenase
composants du complexe PDH. primary structure analysis. In : Patel MS, complex. J Pediatr 1987 ; 111 : 525-33.
Ainsi, les mutations dans le site de Roche TE, Harris RA, eds. Alpha-keto acid
fixation de la thiamine semblent dehydrogenase complexes. Boston : Birkhäuser 21. Geoffroy V, Fouque F, Poggi F, et al.
Verlag, 1996 : 139-49. Defect in the X-lipoyl-containing compo-
affecter la conformation du site de nent of the pyruvate dehydrogenase com-
liaison et dans certains cas la stabilité 7. Huang B, Gudi R, Wu P, et al. Isoenzymes plex in a patient with a neonatal lactic aci-
de l’interaction entre les deux sous- of pyruvate dehydrogenase phosphatase. demia. Pediatrics 1996 ; 97 : 267-72.
unités E1α et E1β. Des mutations, DNA-derived amino acid sequences, expres-
sion, and regulation. J Biol Chem 1998 ; 273 : 22. Kerr DS, Wexler ID, Tripatara A, Patel
situées à proximité des trois sérines 17680-8. MS. Human defects of the pyruvate dehy-
phosphorylables, affectent l’activité drogenase complex. In : Patel MS, Roche
8. Denton RM, Randle PJ, Bridges BJ, et al. TE, Harris RA, eds. Alpha-keto acid dehydroge-
de l’enzyme alors que celles situées nase complexes. Boston : Birkhäuser Verlag,
Regulation of mammalian pyruvate dehy-
dans des régions conservées, impli- drogenase. Mol Cell Biochem 1975 ; 31 : 27-54. 1996 : 249-69.
quées dans l’interaction α/β, entraî-
9. Denton MD. Early events in insulin 23. Robinson BH. Lactic acidemia. In : Scri-
nent une perte de la stabilité de ces ver CR, Beaudet AL, Sly WS, Valle D, eds.
sous-unités. Cependant, plusieurs actions. In : Greengard P, Robison GA, eds.
Advances in cyclic nucleotide and protein phos- Metabolic and molecular basis of inherited
mutations qui entraînent une dimi- phorylation research. New York : Raven Press, disease. New York : McGraw-Hill, 1995 : 1479-
nution importante de l’activité PDH 1986 : 314-8. 99.
ont été décrites dans des régions 24. Liu TC, Kim H, Arijmendi C, Kitano A,
10. Wieland OH. The mammalian pyruvate Patel MS. Identification of two missense
n’ayant aucun rôle connu dans le site dehydrogenase complex : structure and
actif de l’enzyme. mutations in a dihydrolipoamide dehydro-
regulation. Rev Physiol Biochem Pharmacol genase deficient patients. Proc Natl Acad Sci
La description récente de la partie 1983 ; 96 : 124-70. USA 1993 ; 90 : 5186-90.
codante du gène de la protéine X a 11. Kerbey AL, Richardson LJ, Randle PJ.
permis de poser les premières bases 25. Sorbi S, Blass JP. Abnormal activation of
The roles of intrinsic kinase and of pyruvate dehydrogenase in Leigh disease
moléculaires des déficits de cette pro- kinase/activator protein in the enhanced fibroblasts. Neurology 1982 ; 32 : 555-8.
téine chez plusieurs patients présen- phosphorylation of pyruvate dehydrogenase
complex in starvation. FEBS Lett 1984 ; 176 : 26. De Vivo DC, Haymond MW, Obert KA,
tant un fort déficit enzymatique et 115-8. Nelson JS, Pagliara AS. Defective activation
ainsi d’ouvrir la porte à des études of the pyruvate dehydrogenase complex in
approfondies pouvant mener à une 12. Bowker-Kinley MM, Davis WI, Wu P, subacute necrotizing encephalomyelopathy
Harris RA, Popov KM. Evidence for exis- (Leigh disease). Ann Neurol 1979 ; 6 : 483-94.
meilleure compréhension de cette tence of tisssue-specific regulation of the
maladie et son dépistage ■ mammalian pyruvate dehydrogenase. Bio- 27. Robinson BH, MacKay N, Petrova-Bene-
chem J 1998 ; 329 : 191-6. dict R, et al. Defects in the E2 lipoyl trans-
acetylase and X lipoyl containing compo-
13. Wu P, Zhao Y, Jaskiewicz J, Popov KM, nent of the pyruvate dehydrogenase
Remerciements Harris RA. Starvation and diabetes increase complex in patients with lactic acidemia. J
the amount of pyruvate dehydrogenase Clin Invest 1990 ; 85 : 1821-4.
Nous remercions Bernard Desbuquois et kinase isoenzyme 4 in rat heart. Biochem J
Claude Forest pour leur lecture critique de ce 1998 ; 329 : 197-201. 28. Marsac C, Stansbie D, Bonne G, et al.
manuscrit. Defect in the lipoyl-bearing protein X subu-
14. Da Silva LA, De Marcucci OL, Zunhle nit of the pyruvate dehydrogenase complex
ZR. Dietary polyunsatured fats suppress the in two patients with encephalomyelopathy.
high sucrose induced increase of rat liver J Pediatr 1993 ; 123 : 915-20.
RÉFÉRENCES pyruvate dehydrogenase levels. Biochem Bio-
phys Acta 1993 ; 1169 : 126-34. 29. Dahl HH. Pyruvate dehydrogenase E1α
1. Patel MS, Roche TE. Molecular biology deficiency : males and females differ yet
and biochemistry of pyruvate dehydroge- 15. Maury J, Kerbey A, Priestman DA, et al. again. Am J Hum Genet 1995 ; 56 : 553-7.
nase complexes. FASEB J 1990 ; 4 : 3224-33. Pretranslational regulation of pyruvate dehy-
2. Patel MS, Naik S, Johnson M, Dey R. drogenase complex subunits in white adipose 30. Marsac C, Benelli C, Desguerre I, et al.
Long-term regulation and promoter analy- tissue during the suckling-weaning transition Biochemical and genetics studies of four
sis of mammalian pyruvate dehydrogenase in the rat. Biochem J 1995 ; 311 : 531-5. patients with pyruvate E1 α deficiency. Hum
complex. In : Patel MS, Roche TE, Harris Genet 1997 ; 99 : 785-92.
RA, eds. Alpha-keto acid dehydrogenase com- 16. Malloch GD, Munday LA, Olson MS,
plexes. Boston : Birkhäuser Verlag, 1996 : Clark JB. Comparative development of 31. Brown RM, Brown GK. Prenatal diagno-
197-212. pyruvate dehydrogenase complex and sis of pyruvate E1 alpha subunit deficiency.
citrate synthase in rat brain mitochondria. Prenat Diagn 1994 ; 14 : 435-42.
3. Aral B, Benelli C, Ait-Ghazala G, et al. Biochem J 1986 ; 238 : 729-36.
Mutations in PDX1, the human lipoyl- 32. Wexler ID, Hemalatha SG, Patel MS.
containing component X of the pyruvate 17. Patel MS, Harris RA. Mammalian α-keto Sequence conservation in the α and β subu-
dehydrogenase complex gene on chromo- acid dehydrogenase complexes : gene regu- nits ans its similarity to branched-chain α-
some 11p1, in congenital lactic acidosis. Am lation and genetic defects. FASEB J 1995 ; 9 : keto acid dehydrogenase. FEBS Lett 1991 ;
J Hum Genet 1997 ; 61 : 1318-22. 1164-72. 282 : 209-13.
m/s n° 12, vol. 14, décembre 98 1373
RÉFÉRENCES
Summary
33. Wexler MD, Hemalatha SG, McConnell
J, et al. Outcome of pyruvate dehydrogenase The pyruvate dehydrogenase complex : from molecular organization
deficiency treated with ketogenic diets. Stu- to clinical issues
dies in patients with identical mutations.
Neurology 1997 ; 49 : 1655-61.
The mammalian pyruvate dehydrogenase complex (PDHc) plays a key role
34. Hemalatha SG, Kerr DS, Wexler ID, et in the irreversible decarboxylation of pyruvate derived from glucose and
al. Pyruvate dehydrogenase complex defi-
ciency due to a poit mutation (P188L) amino acids to form acetyl-CoA in the mitochondria. This enzyme complex
within the thiamine pyro-phosphate bin- contains multiple copies of three catalytic components : pyruvate dehydro-
ding loop of the E1α subunit. Hum Mol genase (E1), dihydrolipoamide acetyltransferase (E2) and dihydrolipoa-
Genet 1995 ; 4 : 315-8. mide dehydrogenase (E3), two regulatory components (E1-kinase, phos-
35. Chun K, MacKay N, Petrova-Benedict R, pho-E1 phosphatase) and one non-catalytic protein X. The enzyme
et al. Mutations in the X-linked E1 α subunit complex is under short – and long – term regulation by nutritional, meta-
of pyruvate dehydrogenase ; Exon skipping, bolic, developmental and hormonal factors. Both E1-kinase and phospho-
insertion of duplicate sequence, and mis-
sense mutations leading to the deficiency of E1 phosphatase determine the activation (phosphorylation) state of the
the pyruvate dehydrogenase complex. Am J PDHc, and in many circumstances changes in the activation state correlate
Hum Genet 1995 ; 56 : 558-69. with the activity of E1-kinase. Certain dietary or hormonal manipulations
36. Chun K, MacKay N, Petrova-Benedict R, result in changes in total PDHc activity with an increase in components
Robinson BH. Mutations in the X-linked E1 proteins, with the major regulatory step in this process being positioned at
α subunit of pyruvate dehydrogenase lea- the translational and/or postranslational level. PDHc deficiency is one of
ding to deficiency of the pyruvate dehydro-
genase complex. Hum Mol Genet 1993 ; 2 : the major genetic disorders of oxidative metabolism, causing elevation of
449-54. lactate in blood and/or CSF. The consequences primarily affect the deve-
37. Tripatara A, Kerr DS, Lusk MM, et al. loping central nervous system, but range vastly in severity. The most com-
Three new mutations of the pyruvate dehy- mon defects are associated with mutations of the E1α gene located on
drogenase alpha subunit : a point mutation chromosome X. To date, some 52 mutations within the reading frame of
(M181v), 3 bp deletion (-R282) and 16 bp E1α have been reported in around 76 individuals, with less than 10 %
insertion/frameshift (K358SVS-TVDQS).
Hum Mutat 1996 ; 8 : 180-2. recurring in the same family. Defects of other components are less com-
mon ; to date, mutations have been characterized for E3 component and
38. Naito E, Ito M, Takeda E, et al. Molecu- protein X. Characterization of a large variety of missense mutations of E1α,
lar analysis of abnormal pyruvate dehydro-
genase in a patient with thiamine-respon- consideration of their consequences and description of new mutations on
sive congenital lactic acidemia. Pediat Res protein X provide opportunities for better understanding the relationship
1994 ; 36 : 340-6. of structure and function of these proteins and their respective role in the
39. Matthews PM, Brown RM, Otero L, et al. complex.
Neurodevelopmental abnormalities and lac-
tic acidosis in a girl with a 20-bp deletion in
the X-linked pyruvate dehydrogenase E1 α
subunit gene. Neurology 1993 ; 43 : 2025-30.
40. Awata H, Endo F, Tanoue A, Kitano A,
Matsuda I. Characterization of a point
mutation in the pyruvate dehydrogenase E1
α gene from two boys with primary lactic TIRÉS À PART
acidaemia. J Inherit Metab Dis 1994 ; 17 : 189-
95. C. Benelli.

ANTHROPOLOGIE DES SYSTÈMES


ET DES POLITIQUES DE SANTÉ
Paris, 6, 7 et 8 janvier 1999
Colloque organisé par AMADES
avec le soutien de l’Union Européenne
(DGXII, science, recherche et développement)
FIAP Jean-Monnet, 30, rue Cabanis, 75014 Paris, France
Renseignements
Colloque anthropologie des systèmes de santé - LEHA
346, route des Alpes,
13100 Aix-en-Provence, France
Fax : 04 42 21 13 31
1374 m/s n° 12, vol. 14, décembre 98

Vous aimerez peut-être aussi