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IFPEK

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE


DE RENNES

Etude des systèmes instrumentaux


d’exploration de la marche chez des
patients hémiplégiques
Analyse des paramètres spatio-temporels sur le Locomètre

Travail personnel présenté par :

Beauvois Aurélien

En vue de l’obtention du diplôme d’état de Masseur-Kinésithérapeute

Année scolaire 2011/2012

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sans le consentement de l'auteur est illégale.
IFPEK
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE
DE RENNES

Etude des systèmes instrumentaux


d’exploration de la marche chez des
patients hémiplégiques :
Analyse des paramètres spatio-temporels sur le Locomètre

Travail réalisé sous la supervision d’Hubert Gain, directeur de mémoire

Travail personnel présenté par :

Beauvois Aurélien

En vue de l’obtention du diplôme d’état de Masseur-Kinésithérapeute

Année scolaire 2011/2012


Je tiens à remercier mon directeur de mémoire, Hubert Gain, mon tuteur de
stage, Julien Lemaire, et les patients du centre de rééducation du Vésinet pour
leur participation à l’élaboration de ce travail.
Sommaire
INTRODUCTION ..................................................................................................................1

I. CONTEXTE DE L’ETUDE ................................................................................................2

I.1. Etude physiopathologique de l’hémiplégie ....................................................................2

I.2. Etude physiopathologique de la marche ........................................................................3

I.3. Marche de l’hémiplégique adulte ..................................................................................4

I.4. Analyse de la marche ....................................................................................................5

II. EXPERIENCE PERSONNELLE : PRE-ETUDE SUR LE LOCOMETRE ........................7

II.1. Introduction .................................................................................................................7

II.2. Résumé........................................................................................................................7

II.3. Méthode ......................................................................................................................8

II.4. Résultats .................................................................................................................... 10

II.5. Discussion ................................................................................................................. 12

III. PROBLEMATISATION ................................................................................................ 13

IV. REVUE DE LITTERATURE SUR LES DIFFERENTS MOYENS D’ANALYSE DE LA


MARCHE ............................................................................................................................ 14

IV.1. Méthode de recherche documentaire ........................................................................ 14

IV.2. Analyse de la littérature............................................................................................ 14

IV.2. Résultats .................................................................................................................. 28

IV.3. Discussion................................................................................................................ 28

CONCLUSION .................................................................................................................... 30

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 31

ANNEXES
RÉSUMÉ
Ce travail de fin d’étude traite de l’analyse de la marche chez l’hémiplégique. Il étudie
la fiabilité des outils d’analyse des paramètres spatio-temporels de la marche dont dispose le
masseur-kinésithérapeute. A travers une pré-étude expérimentale sur la répétitivité du
locomètre de Bessou, les avantages et inconvénients de cet appareil ont été recherchés, et une
réflexion sur les problèmes de fiabilité de mesures, de mise en place de protocole et d’études
statistiques a été menée. Cette expérience clinique a été complétée par une revue de la
littérature sur la fiabilité des différents outils d’analyse de la marche. Aujourd’hui, de
nombreux outils existent, apportant des données chiffrées et fiables, et imposent au masseur-
kinésithérapeute de faire un choix entre ces outils. L’analyse visuelle de la marche associée à
la vidéo ou au chronomètre, prépondérante lors du bilan de marche, présente des données
fiables mais analyse un nombre de paramètres spatio-temporels moins important que le
locomètre. Celui-ci peut avoir un rôle intéressant dans le suivi ou le diagnostic. Il est
également important de développer la qualité de son analyse visuelle par l’expérience
clinique. Les outils instrumentaux peuvent répondre au besoin croissant de prouver
l’efficacité des actes médicaux et para-médicaux.

ABSTRACT
This research work deals with the reliability of hemiplegic gait assessment. It studies
the reliability of the gait analysis tools, concerned with spatiotemporal parameters, that are
available to the physiotherapist. Through a pre-experimental study on the repeatability of the
Bessou locometer, the advantages and drawbacks of this device have been investigated and a
reflection has been conducted on the problems of reliability measures, the establishment of a
protocol and the statistical studies. This study was complemented by a review of the literature
on the reliability of the various tools of gait analysis. Nowadays, many tools exist, which
provide reliable, statistical data, and require the physiotherapist to make a choice among these
tools. Observational gait analysis associated with video or stopwatch is predominant in the
gait evaluation and gives reliable data, but still studies a limited number of spatiotemporal
gait parameters compared to the locometer. This device could have an important role in
regularly monitoring walking recovery or diagnosis. Visual analysis has to be developed by
physiotherapists in the course of clinical experience. These analysis tools can meet the
increasing needs to prove the efficiency of medical and paramedics treatments.
INTRODUCTION

La marche occupe une place centrale dans nos activités et constitue un facteur
important dans l’autonomie des personnes. Elle est souvent au cœur de la rééducation, et
notamment dans le cadre de l’hémiplégie où elle est régulièrement altérée, conduisant à des
limitations d’activités. Afin d’améliorer la rééducation de cette marche, il semble essentiel de
bien pouvoir l’évaluer. Au cours des différents stages de la formation de masseur-
kinésithérapeute, nous avons souvent été confrontés à la nécessité d’effectuer des bilans de la
marche, et les procédés d’analyse variaient en fonction de l’établissement fréquenté (visuel,
chronométré, échelles de marche, outil spécifique), avec une prépondérance de l’analyse
visuelle. Nous nous sommes alors demandé quels étaient les différents outils d’évaluation de
la marche disponibles, lesquels étaient les plus pertinents, et quelle pouvait être leur place
dans le bilan de marche de l’hémiplégique par rapport au bilan visuel. Ce travail a pour
objectif de connaître les différents moyens d’évaluation disponibles, d’en recenser la fiabilité
et la répétitivité, et de connaître les paramètres de la marche les plus pertinents dans cette
évaluation, afin de pouvoir orienter notre analyse. Nous aborderons en premier lieu le
contexte de ce travail, soit l’étude physiopathologique de l’hémiplégie et de la marche. Dans
un deuxième temps nous étudierons la répétitivité d’un instrument de bilan de marche et des
paramètres spatio-temporels, le Locomètre de Bessou à travers une pré-étude clinique
expérimentale de fiabilité. Dans un troisième temps nous comparerons cet instrument aux
autres moyens d’analyse de la marche dont disposent les masseurs-kinésithérapeutes. Enfin
nous conclurons ce travail par une discussion sur le sujet et par une réponse à la
problématique. La fiabilité de ces différents appareils sera déterminée à partir de l’étude des
paramètres spatio-temporels de la marche. L’hypothèse émise est que ces paramètres sont
représentatifs de la marche de l’hémiplégique.

L’objectif de ce travail est de connaître les bilans les plus fiables et les plus pertinents
dans l’étude de la marche chez des patients hémiplégiques.

La problématique de recherche est : Dans le cadre de l’étude de la marche chez des


patients hémiplégiques, comment les outils d’analyse spatio-temporelle se placent-ils dans le
bilan par rapport à l’analyse visuelle et quelle est la fiabilité de leurs résultats?

1
I. CONTEXTE DE L’ETUDE

I.1. Etude physiopathologique de l’hémiplégie

L’accident vasculaire cérébral (AVC) représente la 3 ème cause de mortalité en France, la 1ère
cause de handicap acquis non traumatique de l’adulte dans les pays industrialisés et la
première cause de handicap physique et mental en France (1) (2) (3) (4). 130 000 personnes
sont touchées chaque année par un AVC en France. Il constitue donc un problème majeur de
la Santé Publique. Selon la classification internationale (5), il s’agit d’un déficit brutal d’une
fonction cérébrale focale sans autre cause apparente qu’une cause vasculaire. Il peut être
ischémique (80% des cas, diminution voire arrêt de la vascularisation artérielle), entraînant
une hypoperfusion du cerveau, ou hémorragique (20% des cas, écoulement de sang dans le
cerveau) (2) (6) (1) (7). Plusieurs facteurs de risque de l’AVC sont retrouvés de manière
récurrente dans la littérature : hypertension artérielle, âge, diabète, tabac, cholestérol,
antécédents familiaux d’accident cardio-vasculaire précoce, dyslipidémies athérogènes (6) (1)
(7) (3).
L’hémiplégie est conséquente principalement de l’AVC (1). Les autres causes sont diverses :
tumeurs, traumatismes crânien ou rachidien, infections, inflammatoire, virale (VIH), abcès
cérébral, emphysème sous-dural, sclérose en plaques (5) (8). Étymologiquement, les termes
« hémi » et « plege » correspondent en grec à « moitié » et « choc ». Elle est définie par la
perte plus ou moins complète de la motricité volontaire dans une moitié du corps et résulte
d’une lésion encéphalique touchant la voie pyramidale, responsable de la motricité volontaire
(8) (9). Cette lésion entraîne des déficits fonctionnels généralement controlatéraux à la lésion.
De manière générale, l’évolution de l’hémiplégie comporte 3 phases : une période flasque
durant quelques jours à quelques semaines, une période de récupération d’un an environ où
les 3 premiers mois observeront une récupération importante, et la période séquellaire (10). Le
risque de récidive est conséquent, ce qui rend le suivi post-AVC très important (« 30 à 43%
de récidive à 5 ans » (3)).
D’autres voies peuvent être touchées chez les hémiplégiques, comme les voies sensitives,
cérébelleuses et neuropsychologiques, en fonction de la localisation et de l’étendue de
l’atteinte. Celle-ci peut donc être plurimodale (motrice, sensitive, intellectuelle,
communication) et entraîner des troubles fonctionnels variés, un risque de chute majoré (11)
(12) (13) nécessitant une prise en charge globale (5) (8). L’altération de la marche est un des
principaux troubles fonctionnels résultant de l’AVC. Environ 80% des patients victimes
d’accident vasculaire cérébral récupèrent la marche (4). Celle-ci va constituer un enjeu
important dans leur autonomie.
2
I.2. Etude physiopathologique de la marche

Selon LIBOTTE M. (14), « la marche est un procédé de locomotion qui permet à l’individu,
debout, de se déplacer par le biais d’un mouvement pendulaire alterné de chacun des membres
inférieurs en maintenant un pied d’appui approximativement sous le centre de gravité ». Elle
dépend de plusieurs facteurs : la posture, l’équilibre, la force musculaire et le mouvement du
squelette (13) en faisant intervenir plusieurs structures du système nerveux central (corticales,
sous-corticales, médullaires) et périphérique, présentées en Annexe 1. Les atteintes peuvent
donc être complexes et les causes diverses (13). Des mouvements coordonnés du bassin, de la
hanche, du genou et de la cheville (Annexe 2) sont nécessaires au bon fonctionnement de la
marche, propre à chaque individu. Cependant, toutes les marches possèdent un schéma
identique, composé d’une succession de cycles de marche. Chacun de ces cycles comprend
l’ensemble des évènements articulaires et musculaires qui surviennent entre deux appuis
successifs du même pied au sol. Il comporte une phase d’appui (= portante) et une phase
oscillante (= de balancement) (15). Les différentes phases du cycle de marche sont
schématisées en Annexe 3. La durée de la phase d’appui correspond à 60% de la durée d’un
cycle. La phase oscillante est composée de l’avancée du segment fémoral et de l’extension de
genou. Il y a enfin 2 temps de double appui (10%) séparant ces deux phases. La marche
comprend plusieurs paramètres généralement analysés, permettant de la caractériser :
- Spatiotemporels (caractérisant la marche dans l’espace et dans le temps): Longueur du
pas, longueur du demi-pas, vitesse de marche, fréquence du pas (= cadence du pas),
largeur du pas, durée de phase d’oscillation et durée de phase d’appui. La longueur du
pas (stride length) est la distance séparant deux contacts au sol du même membre
inférieur. La longueur du demi-pas (step length) correspond à la distance entre l’orteil
du pied d’appui et le talon du pied oscillant qui se pose au sol. Ces deux paramètres
sont illustrés en Annexe 4.
- Cinématiques : Mesures angulaires des différentes articulations.
- Cinétiques : Moments articulaires et puissances (15) (16) (17) (18).

La marche fait intervenir de nombreux muscles, qui ont trois rôles, comme l’a décrit Eric Viel
(18) :
- Phase d’appui : Rôle d’amortissement des chocs et d’accélération des segments.
- Phase d’oscillation : Rôle de freinage des segments.
Le rôle de chacun des muscles en fonction du moment du cycle de la marche a pu être
déterminé grâce à l’électromyographie. Les activités musculaires en fonction du moment du
cycle de la marche sont représentées en Annexe 5.
3
I.3. Marche de l’hémiplégique adulte

80% des patients ayant subi un AVC récupèrent la marche (4). L’AVC entraîne un déficit
moteur d’un hémicorps : la marche est donc altérée. La marche de l’hémiplégique peut
comporter, en fonction de l’étendue de l’atteinte, les caractéristiques suivantes :
- Troubles spatio-temporels : on observe une augmentation de variabilité chez les
personnes hémiplégiques par rapport aux sujets sains.
o La vitesse de marche, la cadence et la longueur du pas seront réduites.
o L’asymétrie du cycle de marche se caractérise ici par une réduction de la durée
de la phase d’oscillation du côté hémiplégique, une augmentation de la durée du
double-appui et de la durée d’appui du côté sain. De plus, la vitesse d’oscillation
du membre inférieur hémiplégique sera réduite, et nous pourrons noter une
asymétrie du demi-pas du côté hémiplégique par rapport au côté sain. Ces
asymétries sont majorées si le sujet augmente sa vitesse de marche.
o Un patient hémiplégique aura une capacité à marcher plus rapidement diminuée.
De plus, sa stratégie pour augmenter la marche sera différente d’une personne
saine : au lieu d’augmenter sa longueur de pas, il augmentera sa fréquence de pas.
- Troubles de la cinématique : les amplitudes des différentes articulations des membres
inférieurs seront diminuées. Pendant la phase d’appui, la hanche présentera un déficit
d’extension, et le genou et la cheville auront un déficit de flexion. La phase d’oscillation
présentera une insuffisance de flexion de hanche et de genou associée à un excès
d’extension de cheville.
- Troubles musculaires : lors de l’attaque du pas, un déficit concentrique des extenseurs de
hanche et excentrique des extenseurs de genou est présent. Lors de la propulsion, les
extenseurs de cheville sont déficitaires et vont limiter ce mouvement. Lors de la phase
oscillante, on observera un déficit des fléchisseurs de hanche (14) (18) (19) (20) (21).
- Fixation du membre supérieur hémiplégique en adduction, ce qui empêche la giration des
ceintures (16).
Ces différents troubles vont entraîner des boiteries, comme le fauchage (Annexe 6) ou le
steppage (Annexe 7). La récupération d’une marche fonctionnelle puis esthétique devient
rapidement un des objectifs prioritaires de la prise en charge des patients hémiplégiques, et
nécessite une analyse rigoureuse afin de pouvoir noter l’évolution et donc l’efficacité des
traitements ou des techniques.

4
I.4. Analyse de la marche

L’analyse est l’étude des éléments qui constituent un ensemble afin de l’expliquer. La marche
constitue une des fonctions les plus importantes chez l’être humain et son analyse constitue un
outil essentiel dans la prise en charge des patients hémiplégiques (22). Les données
habituellement étudiées sont les paramètres spatiotemporels, cinétiques et cinématiques.
L’analyse de la marche est quantitative et qualitative. Elle peut se faire en visuel ou à l’aide
d’outils instrumentaux.
- Analyse visuelle : il s’agit d’une évaluation fonctionnelle de la marche (EFM). C’est une
analyse visuelle qualitative et subjective qui comprend plusieurs items, variables en
fonction de l’examinateur. Cependant, plusieurs des items sont fréquemment retrouvés,
comme : la symétrie du pas, le déroulement du pied au sol, la présence ou non d’un
recurvatum de genou, la présence ou non d’un pas postérieur, l’existence d’une boiterie
(fauchage), l’attitude du membre supérieur atteint, la giration des ceintures ou la posture.
VIEL E. (18) décrit huit critères d’observation qualitative de la marche : l’attitude
générale du corps, la variabilité de la démarche, l’équilibre et les pertes d’équilibre, la
netteté de la pose du talon au sol, l’extension de la hanche préservé ou non, la synchronie
entre le membre supérieur et le membre inférieur, la distance observée entre les pieds en
appui, et la durée du double contact. La codification de ces paramètres et du score obtenu
est donnée en Annexe 8. WATTELAIN E.(1999) (23) a répertorié des critères repris
régulièrement par les professionnels lors des bilans de marche des hémiplégiques par un
entretien avec 5 neurologues, 5 médecins rééducateurs et 5 masseurs-kinésithérapeutes.
La posture du membre supérieur, le fauchage et la qualité de la flexion/extension de
genou sont les trois indicateurs retrouvés en priorité. Les critères retrouvés les plus
fréquemment sont indiqués en Annexe 9. L’EFM est régulièrement associée à des tests
qualitatifs comme le test des 10min, le périmètre de marche ou le Time Up and Go Test.
Des auteurs ont proposé des classifications de marche des patients hémiplégiques afin
d’évaluer la gravité de la boiterie, comme Winters (1987), cité par LIBOTTE (14).
Cet examen peut se faire rapidement et sans matériel, mis à part un couloir afin de
pouvoir observer le patient dans son ensemble sur quelques mètres.

- Analyse instrumentale : Divers outils permettant d’analyser la marche par différents


moyens ont été mis au point : il peut s’agir de systèmes associant des capteurs posés sur
le sujet et des caméras, de capteurs de pression au sol ou dans la chaussure,
d’enregistrements électromyographiques, de mesures de coût énergétique, de mesures
5
spatio-temporelles, ou encore de mesure en laboratoire en trois dimensions. Ces
différents moyens d’analyse seront exposés plus en détail dans la revue de littérature. Ces
outils permettraient d’avoir des données objectives dans le bilan de marche.

L’Haute Autorité de la Santé (HAS) a publié dans un rapport d’évaluation des pratiques en
2006 les différents paramètres à rechercher lors de l’évaluation de la marche (24).
Pour l’évaluation quantitative, le périmètre de marche, l’endurance, la vitesse, le nombre de
pas et les échelles suivantes sont indiqués : test des 10 mètres de marche (Annexe 10), test des
6 minutes de marche (Annexe 11), Time Up and Go (Annexe 12) et la Motor Assessment
Scale.
Pour l’évaluation qualitative, il est suggéré de noter les éléments suivants : le niveau d’aide
humaine ou technique, le ou les appareillages nécessaires ainsi que les orthèses, les défauts au
cours de la marche (esquive d’appui, diminution du pas postérieur, fauchage, recurvatum du
genou, aggravation des défauts de marche, ralentissement), et le ressenti du patient. La
SØdring Motor Evaluation of Stroke Patient (Annexe 13) est évoquée.
Les éléments donnés par l’HAS sont conséquents mais ne concernent pas les outils
instrumentaux, la validité de ces derniers n’est donc pas affirmée. Il serait intéressant
d’étudier l’ensemble des différents outils dont disposent les masseurs-kinésithérapeutes et de
nous interroger sur la fiabilité de ces derniers, dont le Locomètre de Bessou. De plus, il serait
intéressant de se demander quels paramètres spatio-temporels sont les plus pertinents afin
d’orienter notre réflexion lors de l’analyse de la marche.
Les données sont analysées par la répétitivité et la fiabilité. Ces termes sont définis ci-après
pour plus de clarté :
Répétitivité (d’après le Vocabulaire international des termes fondamentaux et généraux de
métrologie cité par PERRIN J-F): étroitesse de l’accord entre les résultats de mesurages
successifs du même mesurande, mesurages effectués avec l’application de la totalité des
mêmes conditions de mesure.
Validité : Capacité à mesurer le concept que l’instrument est censé mesurer. (25)
Fiabilité : Se réfère au degré avec lequel les mesures répétées, ou mesures prises dans des
circonstances identiques, donneront les mêmes résultats. (26)

6
II. EXPERIENCE PERSONNELLE : PRE-ETUDE SUR LE LOCOMETRE

II.1. Introduction

Le locomètre de Bessou® (SATEL) a été développé par Paul Bessou (Faculté de Médecine de
Toulouse) au cours des années 1980. Il permet d’enregistrer les paramètres spatio-temporels
de la marche à l’aide de deux fils reliant chacun une chaussure du sujet à un boîtier (Figure 1).
Les données, grâce à un système de poulies et de potentiomètres, sont transmises à
l’ordinateur.

Figure 1 : Schéma du locomètre. (27)

Cet appareil est disponible dans plusieurs centres en France et son utilisation par les
masseurs-kinésithérapeutes est variable. Il a semblé intéressant de connaître ses qualités et ses
défauts afin d’expliquer cette variabilité, et de savoir s’il constitue un outil fiable dans
l’analyse de la marche.

II.2. Résumé

Afin de vérifier la fiabilité de cet instrument et de tester son utilisation, neuf bilans de marche
ont été réalisés sur des patients atteints d’hémiplégie au centre de rééducation du Vésinet (78)
ainsi que trois bilans sur des étudiants, supposés sains. Chaque sujet réalise deux tests au
locomètre, espacés d’au moins 5 minutes, et la corrélation entre les deux séries de mesures
permettra d’apprécier la répétitivité des données de l’appareil. L’hypothèse émise est que la
marche des sujets hémiplégiques ne change pas entre les deux essais. Une mise en commun
des résultats et une comparaison de ces résultats permettraient de rechercher la fiabilité de cet
appareil, de la répétitivité de ses résultats et de se sensibiliser à l’analyse métrologique de la
marche. Nous avons pu par la suite déduire quels paramètres étaient pertinents. Les résultats
qui nous intéressaient étaient, dans le cas de l’hémiplégie: le pourcentage d’asymétrie de

7
la longueur de demi-pas, de la durée de cycle et de la durée de balancement et ce entre les
deux membres inférieurs pour ces trois paramètres et d’autre part, la vitesse.
Le locomètre semble apporter des mesures fiables, en peu de temps. Les paramètres vitesse de
marche et pourcentage d’asymétrie de durée de balancement semblent avoir une répétitivité
supérieure aux paramètres pourcentage d’asymétrie de longueur de demi-pas et de durée de
balancement. Cependant il faut tenir un protocole précis pour limiter les biais de mesures.
Dans le cas de l’hémiplégie, il faut s’adapter à l’état de fatigue des patients et effectuer le test
au même moment de la journée, dans les mêmes conditions si l’on veut objectiver son
évolution. L’apport de données chiffrées est intéressant mais ce test ne remplace pas une
évaluation visuelle car le lien entre un nombre et son explication physiologique est parfois
délicat à percevoir. Le locomètre doit donc être réalisé en complément de l’évaluation
clinique.

II.3. Méthode

Objectif de l’étude

Le but de cette étude est de déterminer la fiabilité des paramètres spatio-temporels et la


répétitivité d’un examen au locomètre chez des sujets hémiplégiques et chez des sujets sains.
L’hypothèse est que les paramètres fiables permettraient de suivre l’évolution de la marche
chez des patients hémiplégiques.

Participants

9 patients hémiplégiques et 3 étudiants en masso-kinésithérapie ont participé à l’étude, 12


hommes et 1 femme. Tous les participants ont donné leur accord préalable pour effectuer les
tests. Les sujets sains ne présentaient pas d’antécédent traumatique ni de troubles
neurologiques ou musculo-squelettiques. 9 patients du centre hospitalier du Vésinet (78) ont
participé à l’étude, 8 hommes et 1 femme, âgés de 72+/- 11ans (de 61ans à 83ans) à
l’exception du sujet féminin, âgé de 29 ans. 3 avaient une hémiplégie droite et 6 une
hémiplégie gauche. Pour les aides techniques, 2 avaient une canne simple, 3 avaient un bâton
plus un releveur, 1 avait 2 cannes anglaises, 1 avait une canne tripode et 2 avaient un releveur
dynamique et une canne simple. Les données caractéristiques des patients sont données dans
le tableau 1. Tous les patients étaient capables de marcher en sécurité avec ou sans leur aides
techniques (canne, attelle, bâton de marche). Les critères d’exclusion étaient : incapacité de
marcher 10m en sécurité ; troubles cognitifs pouvant affecter la compréhension de l’exercice.

8
Tableau 1 : Données caractéristiques des patients

1 2 3 4 5 6 7 8 9
Age 75 63 64 59 71 83 61 29 67
Sexe M M M M M M M F M
Côté D G D D G G G G G
hémi
Type Ischémique AVC
AVC sylvien
Date 8 mois 12 6 mois 5 5
post- mois mois mois
AVC
Aide CT CS Bâton CS 2 CA Bâton CS et Bâton
technique et RD et RD RD et RD
CA : Canne anglaise ; CT : Canne tripode ; RD : Releveur dynamique ; CS : Canne simple

Protocole expérimental

Le protocole mis en place était celui du constructeur, suivi par les masseurs-kinésithérapeutes
dans le centre de rééducation : chaque patient hémiplégique réalisait deux bilans, un à vitesse
normale, et un à vitesse soutenue (sauf pour 5 patients qui ne pouvaient pas augmenter leur
vitesse en sécurité) ; les sujets sains ont réalisé deux passages à la même vitesse, vitesse
confortable. Chaque passage comportait une marche sur 7 mètres, avec les aides techniques
qu’ils utilisaient en temps normal, en ligne droite sur sol plat, dans une salle isolée et calme.
La durée espaçant deux passages était en moyenne de 7min. Les consignes étaient :
- Commencez à marcher au bip
- Marchez à votre allure spontanée en ligne droite (allure soutenue pour le 2ème passage)
- Arrêtez-vous aux barres devant vous
Un masseur-kinésithérapeute accompagnait le patient par sécurité et un étudiant en masso-
kinésithérapie lançait l’examen sur l’ordinateur en prenant une vidéo de la marche du patient.

Analyse des données

Deux bilans de marche pour chacun des 9 patients et des 3 étudiants ont été analysés. Les
données spatio-temporelles obtenues avec le locomètre sont présentées avec un exemple en
Annexe 14. Les paramètres vitesse de marche, différence de longueur de demi-pas droit par
rapport à la longueur de demi-pas gauche (en %), différence de temps total d’appui droit /

9
gauche (en %) sur un cycle et différence de durée de balancement droit / gauche (en %) sur un
cycle) ont été retenus. Le nombre de pas pour la population de patients était de 23(+/- 5.4pas)
en moyenne et celui de la population d’étudiants était de 11(+/-1.26pas). La durée de
l’examen était en moyenne de 28s (+/- 9.6s) pour les patients et de 8s (+/-1.1s) pour les
étudiants.

Analyse statistique
Les données du locomètre ont été analysées avec le logiciel de statistique R (version 2.14.1).
La distribution normale des données a été déterminée à l’aide du test de Kolmogorov-
Smirnov. Pour chaque paramètre, un coefficient de corrélation de Pearson a été calculé ainsi
qu’un coefficient de corrélation intra-classe (ICC), associés à leur intervalle de confiance (IC)
de 95% (correspondant au seuil de significativité de p < 0.05). Le coefficient de Pearson
permet de déterminer si un lien existe entre deux mesures, alors que l’ICC évalue le degré de
variation entre deux mesures répétées. Une corrélation importante indique que les paramètres
du sujet restent inchangés entre deux tests, lors d’une répétition. Les critères d’analyse de ces
coefficients sont : 0.50 représente une fiabilité faible ; de 0.50 à 0.75 la fiabilité est modérée ;
et plus de 0.75 indique une bonne fiabilité (28).

II.4. Résultats

Les résultats du locomètre des paramètres étudiés sont répertoriés en Annexe 15. Le tableau 2
présente les moyennes des valeurs obtenues. On constate que pour le groupe des patients
hémiplégiques, les indicateurs de corrélation sont assez élevés. Les résultats sont regroupés
dans le tableau 3 et 4. Les paramètres vitesse de marche et pourcentage d’asymétrie de durée
de balancement présentent des résultats ayant une bonne fiabilité (ICC = 0.919 et 0.921
respectivement) avec des intervalles de confiance à 95% rapprochés (entre 0.71 et 0.98). En
revanche les deux autres paramètres (pourcentage d’asymétrie de longueur de pas et
pourcentage d’asymétrie de durée d’appui totale) présentent également des ICC élevées
(respectivement 0.79 et 0.85) mais leur intervalles de confiance à 95% sont assez éloignés
(respectivement 0.34-0.95 et 0.50-0.96). Les résultats obtenus avec le coefficient de Pearson
correspondent à ceux obtenus avec le coefficient de corrélation intra-classe. Pour la
population d’étudiants, on retrouve une mesure d’ICC modérée pour la vitesse de marche
(0.71), élevée pour le pourcentage d’asymétrie de longueur de demi pas (0.88) avec cependant
des intervalles de confiance très larges. Les deux autres paramètres présentent des corrélations
très faibles.

10
Tableau 2 : Valeurs des moyennes (Mean), des écart-types (Standard Deviation=SD), et des
erreurs standards de la moyenne (Square root = SQRT) des différents paramètres pour les 2
tests chez les sujets participant à l’étude :

Test 1 Test 2
PATIENTS Mean ± SD SQRT Mean ± SD SQRT
Vitesse (km/h) 0.96 ± 0.37 0.12 1.09 ± 0.46 0.15
Asymétrie Longueur 1/2pas (%) 49.22 ± 42.18 14.06 41.33 ± 38.92 12.97
Asymétrie Durée d’appui (%) 12.67 ±7.12 2.37 12.33 ± 6.14 2.05
Asymétrie Durée de 38.44 ± 22.73 7.58 36.33 ± 19.13 6.38
balancement (%)
ETUDIANTS
Vitesse (km/h) 4.65 ± 0.63 0.37 5.21 ± 0.73 0.42
Asymétrie Longueur 1/2pas (%) 6.67 ± 2.52 1.45 5.33 ± 3.06 1.76
Asymétrie Durée d’appui (%) 2.33 ± 2.52 1.45 0.67 ± 1.15 0.67
Asymétrie Durée de 2±2 1.15 1±0 0
balancement (%)

Tableaux récapitulatifs des résultats :

Tableau 3 : Résultats statistiques des différents paramètres des patients.

Variable ICC (IC 95%) Pearson (IC 95%)

Vitesse 0.92 (0.71-0.98) 0.99 (0.94-0.99)


%Asymétrie longueur 1/2pas 0.79 (0.34-0.95) 0.78 (0.25-0.95)
%Asymétrie durée balancement 0.92 (0.71-0.98) 0.93 (0.70-0.99)
%Asymétrie durée appui total 0.85 (0.50-0.96) 0.84 (0.41-0.97)

Tableau 4 : Résultats statistiques de différents paramètres des sujets sains.

Variable ICC (IC 95%) Pearson (p-value)

Vitesse 0.71 (-0.46-0.99) 0.99 (0.02)


%Asymétrie longueur 1/2pas 0.88 (-0.02-0.99) 0.99 (0.04785)
%Asymétrie durée balancement 0.04 (-0.87-0.95) NC
%Asymétrie durée appui total -0.57 (-0.97-0.83) -0.80 (0.407)
NC : Non Calculable

11
II.5. Discussion

Interprétation des résultats

Pour les patients hémiplégiques, la vitesse et le pourcentage d’asymétrie de durée de


balancement montrent des résultats avec une bonne fiabilité (>0.9) et significatifs (intervalles
de confiance rapprochés). Le pourcentage d’asymétrie de longueur de demi-pas et le
pourcentage d’asymétrie d’appui total montrent des résultats de bonne fiabilité (>0.75) mais
peu significatifs car les intervalles de confiance sont trop larges.
Pour les étudiants, la variabilité de ces valeurs montre que l’échantillon est trop petit (3 sujets)
et que ces données ne sont pas significatives. Il faudrait élargir l’intervalle de confiance en
augmentant la taille de l’échantillon ou en diminuant la variabilité des mesures (en renforçant
le protocole). Ces résultats permettent de confirmer l’hypothèse de départ sur l’intérêt de ces
paramètres et de cet appareil pour suivre l’évolution de la marche chez des hémiplégiques.
Le locomètre semble constituer un moyen d’analyse des paramètres spatio-temporels fiable.
Cependant la fiabilité inter-examinateur n’a pas été vérifiée lors de cette étude : seul un
examinateur a réalisé ces tests. Il faudrait, lors d’une prochaine étude, que plusieurs
examinateurs réalisent des bilans sur un même patient pour vérifier cette fiabilité.

Limites de l’étude

Les résultats obtenus sont intéressants car ils permettent de constater une différence de
répétitivité entre les différents paramètres. Cependant cette étude présente plusieurs biais. En
effet, le protocole établi stipule que le patient doit effectuer un test à vitesse spontanée et un à
vitesse soutenue, ce qui peut fausser les qualités de répétitivité de l’étude. Il aurait été
préférable de réaliser deux passages à vitesse identique. Cependant, il est très difficile, surtout
pour un patient ayant subi un AVC, de marcher deux fois à vitesse et fréquence égales. Le
regroupement des résultats et l’analyse des données ont été réalisés par une personne sans
contrôle ni vérification. Le nombre trop faible de sujets sains ne permet pas de calcul
statistique significatif. Les fils de l’appareil accrochés à la chaussure du sujet peuvent
perturber les patients (un seul patient a indiqué que les fils le gênaient lorsqu’on le leur
demandait).

Réflexions

L’objectif de cette étude était de déterminer la corrélation entre deux mesures prises sur
chacun des patients. Cependant, une observation des résultats des étudiants nous fait constater
que pour les étudiants, le pourcentage d’asymétrie de longueur de demi-pas possède une
12
moyenne de 6.67%. Nous pouvons donc émettre l’hypothèse que pour ce paramètre, les
valeurs en dessous de 10% ne sont pas significatives. De même pour les autres paramètres :
une valeur inférieure à 5% pour le pourcentage d’asymétrie de durée d’appui ou de durée de
balancement ne serait pas révélatrice d’un trouble.
Si l’on voulait utiliser ces valeurs à titre de point de repère d’évolution, il faudrait être attentif
au moment de la journée où l’on fait passer ce test. En effet, l’état des patients hémiplégiques
est fluctuant en fonction du moment de la journée, voire du moment de la semaine. Enfin, ce
test de marche se réalise, comme la plupart, sur sol plat dans un environnement calme et
connu du patient. Il serait intéressant de réaliser un test également sur un trottoir pour voir
leur marche réelle une fois en dehors de l’hôpital, et de comparer les deux résultats. Des
discussions avec les patients concernant cet appareil ont permis de déceler leurs attentes et
leurs pensées concernant ce sujet : en général, ils trouvent que l’apport de données chiffrées
leur « parle », mais qu’il faudrait faire des tests plus souvent (en effet, ils ne font
généralement ce test que pour l’évolution suite à l’injection d’une toxine botulique).
A la suite de cette pré-étude, nous pouvons nous demander si la littérature retrouve des
résultats de fiabilité de cet appareil ou d’autres types d’instrument similaires. Nous pouvons
également nous interroger sur les différents moyens d’analyse fiables disponibles en dehors
des centres de rééducation et des centres hospitaliers.
- Existe-il dans la littérature des études ayant analysé la fiabilité et la reproductibilité du
locomètre ? Si oui, qu’en ont-elles conclu ?
- De quels autres moyens disposent les médecins et les masseurs-kinésithérapeutes afin
d’évaluer la marche, en centre de rééducation ou en cabinet ?
- Quel est l’intérêt des moyens instrumentaux par rapport à l’analyse visuelle ?

III. PROBLEMATISATION

Les moyens d’étudier la marche sont nombreux. Ils peuvent être uniquement visuels ou
accompagnés d’appareils de mesure. Le but de cette revue est de comparer l’analyse visuelle
et l’analyse instrumentale, afin de déterminer les intérêts et les inconvénients de l’analyse
instrumentale, et de savoir quel instrument serait adapté à une situation donnée. La revue sera
orientée selon la problématique suivante :

Dans le cadre de l’étude de la marche chez des patients hémiplégiques, quelle est la fiabilité
des instruments d’analyse de la marche par rapport à l’analyse visuelle ?

13
IV. REVUE DE LITTERATURE SUR LES DIFFERENTS MOYENS
D’ANALYSE DE LA MARCHE
IV.1. Méthode de recherche documentaire

Une revue de la littérature a été réalisée en vue de répondre à la problématique sur les bases
de données de Em-Consult, Sciences-direct comprenant la base de données d’Elsevier, Ebsco,
et Pubmed (Medline). Les articles de langue française et anglaise ont été répertoriés. La
recherche était ciblée sur l’évaluation visuelle et instrumentale de la marche chez les
personnes atteintes d’un accident vasculaire cérébral et leur fiabilité. Les articles anglais et
français ont été recensés, en privilégiant les articles publiés à partir de l’année 2000.

Les mots clés étaient :

Marche – Evaluation – Instrumentale – Visuelle - Hémiplégie – Fiabilité – Répétabilité –


Accident vasculaire cérébral

Gait – Assessment – Instrumental – Visual – Hemiplegia – Reliability – Repeatability - Stroke

48 articles ont été recensés et 23 articles ont été conservés pour des raisons d’intérêt lié à la
problématique ou de preuve scientifique dont 14 études présentant des valeurs de fiabilité. Le
niveau de preuve des articles retenus a été étudié selon les recommandations du guide
d’analyse de la littérature publié par l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en
santé (ANAES) (29). Les critères de preuve ont été adaptés des critères utilisés pour l’analyse
d’un article diagnostique proposés dans ce rapport, n’ayant pas proposé d’analyse d’un article
de fiabilité. Les critères clés pour chaque étude sont reportés dans le tableau 5.

IV.2. Analyse de la littérature

Intérêt et recommandations de l’analyse de la marche

ENGSBERG J.R. et al (30), de la Gait and Clinical Movement Analysis Society (GCMAS)
ont cherché à prioriser les différents objectifs et recommandations de l’analyse de la marche.
Ils ont repris l’étude réalisée en 1995 par le National Center for Medical Rehabilitation
Research (NCMRR) ayant recensée trente-sept recommandations. En Avril 2007, une
discussion ouverte entre les quarante membres de la GCMAS a eu lieu pour étudier les huit
recommandations de la NCMRR considérées les plus pertinentes et sélectionnées par
consensus par les membres. Ils ont noté de 1 à 10 chacune des recommandations (1 étant la
moins importante). Le résultat a été le suivant, de la première à la huitième place :

14
1. L’analyse de la marche est un outil efficace dans la prise de décision clinique
permettant d’améliorer les résultats des traitements des individus. (Score de 9.1+/-
1.2)
2. L’analyse de la marche et du mouvement a des applications au-delà de la marche chez
les individus atteints de paralysie cérébrale. (Score de 7.8+/-2.0).
3. L’analyse de la marche et du mouvement est une mesure de résultat fonctionnelle et
efficace. (Score de 7.8+/-2.3).
4. L’analyse de la marche et du mouvement est une méthode de quantification de
mouvement valide, juste et précise (Score de 7.2+/-2.1).
5. L’analyse de la marche et du mouvement est sous-utilisée en raison d’un manque de
compréhension par les cliniciens de ses bénéfices et ses limites. (Score de 6.6+/-2.0)
6. L’analyse de la marche et du mouvement est un outil rentable dans la prise en charge
de patients (Score de 6.4+/-2.1).
7. Les données de l’analyse de la marche et du mouvement sont difficiles à partager
(Score de 5.0+/-2.3).
8. Les laboratoires d’analyse de la marche et du mouvement manquent de pratiques et
d’organisation commerciales systématiques pour promouvoir et soutenir le domaine
de l’analyse de la marche et du mouvement (Score de 4.6+/-2.3).

Cette analyse des recommandations de l’analyse de la marche permet de faire le point sur
cette pratique. La GCMAS est une organisation multidisciplinaire de physiciens, de
professionnels de santé, et d’ingénieurs en biomécanique travaillant sur le mouvement
humain. Elle fait partie des sociétés affiliées au journal Gait and posture, publiant
régulièrement des articles de qualité. Nous pouvons donc supposer que les personnes ayant
participé à cette étude sont compétentes. Cependant ce classement repose sur des notes
attribuées subjectivement par ces professionnels, il n’est donc pas vérifiable scientifiquement
mais permet d’orienter notre réflexion sur le sujet.

Fiabilité de l’analyse visuelle de la marche

De nombreuses études ont recherché la fiabilité de l’examen visuel de la marche, avec des
résultats variables, dont une majorité était modérément fiables. Une première étude (31)
conclue que l’évaluation visuelle de la marche est une technique pratique mais modérément
fiable pour analyser les variations de la marche. D’après AZULAY J.P. (16), l’analyse
visuelle possède les limites suivantes : Elle est subjective, dépendante de l’expérience de

15
l’examinateur, et les mouvements à grande vitesse ainsi que les mouvements fins peuvent être
difficiles à voir. Quatre études de fiabilité (de 1982 à 1998) de cette analyse sont répertoriées
dans une revue (32) : Leurs résultats sont variables et correspondent à une fiabilité faible à
moyenne, en fonction de l’étude. Deux autres auteurs (33) ont réalisé une étude
observationnelle associée à un questionnaire afin de rechercher la fiabilité du diagnostic de
défauts de marche et des décisions de correction de marche de 3 thérapeutes chez 10 patients
hémiplégiques. Une liste de 17 déviations (adaptée de la New York Medical School Orthotic
Gait Analysis Work Sheet) était donnée à chaque examinateur et ils devaient pour chaque
patient et pour chaque déviation indiquer si la déviation était acceptable, avait besoin d’être
diminuée ou encouragée. Les agréments ont ensuite été calculés : ils étaient entre 18/30 et
28/30 (entre 0.6 et 0.93). Ce résultat montre la variabilité de l’examen visuel. Cependant ces
deux études sont anciennes (respectivement 1985 et 1973), leurs conclusions ne sont peut-être
plus valable aujourd’hui. Dans le but de pallier ces limites, des échelles d’analyse de marche
ont été réalisées. GELLEZ-LEMAN MC. et al (34)(2005) ont réalisé une revue de littérature
recensant les principales échelles d’analyse fonctionnelle de la marche chez l’hémiplégique et
quatre ont été relevées comme reproductibles et validées : La New Functional Ambulation
Classification (Annexe 16), l’analyse de la vitesse de marche, le Timed Up and Go Test (35)
(Annexe 12), et le Rivermead Mobility Index. Cependant ces échelles sont fonctionnelles et ne
considèrent pas les paramètres qualitatifs de la marche, leur utilisation est donc limitée.
De nombreux kinésithérapeutes utilisent un simple chronomètre pour quantifier la marche de
leur patient. En comptant simultanément les pas du patient, les paramètres vitesse et cadence
de marche peuvent être obtenus de manière fiable et reproductible (20).
D’autres auteurs ont recherché la fiabilité de l’analyse visuelle associée à l’utilisation
d’échelles qualitatives de marche afin d’augmenter cette fiabilité. DICKENS (2004) (36) et
BROWN (37) (2008) ont évalué la validité d’une échelle d’évaluation visuelle de la marche,
inspirée de la Physician Rating Scale (Annexe 17). VIEHWEGER E. et al (25) (2010) ont
recherché la fiabilité de l’échelle Edinburgh Visual Gait Score. Ces deux études ont obtenu
des résultats en faveur de la fiabilité de ces échelles, qui pourraient constituer des alternatives
intéressantes à l’analyse instrumentale. Cependant ces échelles ont été testées et conçues pour
des enfants paralysés cérébraux, nous ne développerons donc pas le sujet. Il serait intéressant
de développer la création d’échelles qualitatives également pour les patients hémiplégiques.

16
Outils statistiques

Une étude de 2004 (38) traite des problèmes de l’analyse des résultats de l’évaluation de la
marche, et de l’intérêt de l’utilisation statistique dans ce bilan. Ils évoquent le problème de la
variabilité des mesures obtenues pour chaque patient, et de la difficulté à effectuer un
diagnostic de répartition entre des valeurs supposées « normales » ou non.
Le coefficient de corrélation intra-classe (ICC) serait l’outil de mesure de la fiabilité de
référence. Dans leur conclusion, ils évoquent la nécessité d’un minimum de quatre cycles de
marches lors de l’analyse de la marche afin d’éliminer au maximum les déviations de courbe
des résultats.

Analyse instrumentale de la marche

De nombreux moyens d’analyse de la marche et du mouvement ont été conçus. Ils peuvent
être classés en plusieurs catégories : (15) (16) (14)

- L’analyse cinématique qui va étudier les mouvements sans prendre en compte la cause.
Elle donne les mesures de la mobilité segmentaire des membres inférieurs et du bassin.
Les vitesses, les accélérations et les mouvements articulaires sont explorés.
o Système de caméras vidéo permettant l’enregistrement de la marche.
o Systèmes optiques ou optoélectroniques
- L’analyse cinétique des forces générant le mouvement, obtenue par le produit du moment
par la vitesse angulaire.
o Mesure de la pression plantaire (capteurs sous le pied ou pédobarographe).
o Accéléromètres, gyroscopes et inclinomètres.
o Electrogoniomètres mesurant les moments articulaires.
o Plate-formes de force qui détectent la force de réaction du sol
- Enregistrement direct des paramètres spatio-temporels : Locomètre de Bessou.
- Mesure du coût énergétique obtenu à l’aide de la consommation d’oxygène.
- Mesure de l’activité musculaire par électromyographie.
- Laboratoire d’analyse de marche : Analyse Quantifiée de la marche.

Les mesures du coût énergétique et de l’activité musculaire ne seront pas étudiés dans cette
revue car ils n’apportent pas de données spatiotemporelles et ne rentrent donc pas dans le
cadre de notre étude. La mesure de la pression plantaire, fournissant principalement des
données cinétiques de la marche, ne sera pas non plus étudiée.

17
Caméras vidéo

L’utilisation simple de caméras vidéo peut se révéler utile et pratique dans l’analyse de la
marche. Elle permet de revisualiser des passages, à vitesse plus lente et de s’arrêter sur des
moments clés du cycle de la marche. Ainsi des détails non perceptibles en direct peuvent être
captés à l’écran. De plus des logiciels proposent, à partir de la vidéo, d’effectuer une analyse
cinématique et spatiotemporelle de la marche du sujet filmé. Une étude a recherché la fiabilité
des mesures obtenues par un de ces logiciels (39) en les comparant aux mesures obtenues
avec une plate-forme de force, supposée fiable. Les paramètres obtenus par le logiciel sont
des paramètres temporels : durée de pas, durée de réception du double appui (Breaking double
support =BDS), durée de simple appui, durée de propulsion du double appui (Thrusting
double support = TDS). BDS et TDS sont des phases de la marche décrites par WALL J.C.
(39). Pour plus de clarté, nous associerons les paramètres BDS et TDS en durée de double
appui. Les sujets étudiés étaient 5 sujets sains volontaires. Les fiabilités inter – et intra –
examinateur ont été calculés pour chaque paramètre. On observe que la fiabilité inter-
examinateur est bonne (ICC entre 0.69 et 0.97) pour tous les paramètres. La fiabilité intra-
examinateur est modérée à bonne à vitesse lente (ICC entre 0.55 à 0.87), faible à modérée à
vitesse préférée (ICC entre 0.32 à 0.73) et à vitesse rapide (ICC entre 0.29 et 0.67). Le
paramètre durée de longueur de pas possède la fiabilité la plus élevée (ICC entre 0.67 et 0.97)
et le paramètre BDS la plus faible (ICC entre 0.29 et 0.69). D’après cette étude, la caméra
vidéo présente des valeurs de fiabilités élevée en intra-examinateur. Cependant l’étude
présentée est ancienne (1997) et des nouveaux systèmes de vidéos sont peut-être apparus
depuis. Une étude plus récente (2003) (32) a supposé que le manque de précision des résultats
viendrait des échelles utilisées, trop imprécises (moins de 4 items). Les auteurs ont donc
réalisé une étude avec une échelle de 11 items. Ils ont comparé les résultats donnés par 18
rééducateurs à partir de l’échelle avec les résultats donnés par un système d’analyse
instrumental, le système de capteurs optiques, lors de l’analyse des mouvements et moments
de force de la cheville lors de la propulsion de 11 sujets hémiplégiques. Les fiabilités inter-
examinateur et intra-examinateurs obtenues étaient bonnes : ICC de 0.76 pour la fiabilité
inter-examinateur et 0.89 pour la fiabilité intra-examinateur.

Capteurs optiques

CODA est un système 3D pré-calibré de 3 capteurs optiques montés sur un écran ayant un
scanner intégré. Ils vont capter les signaux émis par des marqueurs posés sur le pelvis (3 de
chaque côté), la cuisse et le tibia, le genou, la malléole externe, le talon et le cinquième
métatarsien. Le capteur du milieu va visualiser les mouvements verticaux et les capteurs

18
externes vont visualiser les mouvements horizontaux. Les paramètres cinématiques,
cinétiques et spatiotemporels peuvent être déterminés. Nous nous intéresserons plus
particulièrement aux paramètres spatiotemporels. Deux études ont été retenues traitant de la
fiabilité de cet outil d’analyse de la marche. La première (40) étudie la fiabilité intra – et inter-
examinateur des résultats et la seconde (41) recherche le nombre optimal d’essais afin
d’augmenter la fiabilité intra-examinateur. Les paramètres étudiés sont, pour les deux études,
la vitesse de marche, la durée d’appui et la durée d’oscillation. A l’issue de la première étude,
trois résultats d’ICC sont obtenus pour chaque paramètre pour trois tests : un était réalisé le
matin, un l’après-midi et un la semaine d’après. La fiabilité intra-examinateur obtenue par la
corrélation des mesures prises entre les différents moments (matin avec après-midi, après-
midi avec la semaine d’après et le matin avec la semaine d’après) est bonne pour tous les
paramètres pour les mesures de l’après-midi avec celles de la semaine d’après (ICC entre 0.81
et 0.86). Elle est modérée voire faible pour les autres moments (-0.14 à 0.62), en notant que la
durée d’oscillation présente une corrélation supérieure aux autres paramètres et la vitesse une
corrélation inférieure aux deux autres. La fiabilité inter-examinateur est supérieure à la
précédente : Les valeurs d’ICC vont de modéré à bonne (0.69 à 0.93) la corrélation la plus
importante est également entre les mesures prises l’après-midi et celles prises la semaine
d’après. La durée d’oscillation présente les valeurs les plus fiables (0.85 à 0.93).
La seconde étude a obtenu des corrélations pour la fiabilité intra-examinateur plus
importantes, les trois paramètres présentent un ICC élevé (0.86 à 0.95). De plus, cette fiabilité
intra-examinateur importante n’augmente pas si on augmente le nombre d’essais au-delà de
deux. Il ne semble pas judicieux d’effectuer plus de deux tests pour avoir des résultats fiables.
Ces tests présentent une limite fonctionnelle : en effet, les sujets testés sont sains, il faudrait
réaliser des tests sur des patients hémiplégiques pour déterminer la fiabilité sur ces patients,
mais en adaptant ce protocole qui serait trop fatiguant.

Accéléromètre

L’accéléromètre est un appareil qui peut se placer à différents endroits du corps et détecter les
accélérations linéaires, angulaires et les inclinaisons. Il permet ensuite d’avoir certains
paramètres spatiotemporels (nombre de pas, cadence, vitesse). Trois articles traitant de la
fiabilité de l’analyse de la marche avec l’accéléromètre ont été retenu. La première étude (42)
a mis en place un protocole de test-retest où la corrélation entre les deux tests a permis de
calculer des coefficients de corrélation intraclasse (ICC) pour chaque paramètre. La seconde
(43) a réalisé des tests d’accéléromètre sur des sujets sous différentes conditions (plancher dur
ou mousse, simple ou double tâche) ce qui a permis, en plus de déterminer les ICC,

19
d’apprécier les influences des différentes conditions. De plus, différents examinateurs ont
réalisé les tests afin d déterminer la fiabilité inter-examinateur en plus de la fiabilité intra-
examinateur. La troisième étude est réalisée par le même auteur (44) où il étudie la fiabilité
concurrente entre les résultats de l’accéléromètre et les résultat d’une plate-forme de force, le
GAITRite®, en considérant que ce dernier est un appareil fiable et validé. Les paramètres
spatiotemporels étudiés étaient : Vitesse de marche, cadence, durée de demi-pas, variabilité
de durée de demi-pas, longueur de demi-pas, et variabilité de longueur de demi-pas pour les
deuxième et troisième études et seulement la longueur de demi-pas, la longueur de pas et la
cadence pour la première.

Les trois études ont obtenus de très bons résultats en termes de répétitivité pour la plupart des
paramètres sauf pour les variabilités de longueur et de durée de demi-pas (ICC<0.5) : La
longueur du demi-pas et la cadence ont des ICC supérieurs à 0.86 dans les trois études ; la
longueur du pas a été calculée uniquement dans la première étude et a obtenu un ICC de
0.94 ; la vitesse de marche et la durée du demi-pas se sont également révélés être des
paramètres fiables, leurs ICC étant supérieur à 0.86. Ces résultats suggèrent une bonne
fiabilité de l’accéléromètre dans l’analyse de la marche. Toutefois les trois études avaient
comme population testée des sujets sains et non des hémiplégiques, il faudrait que des études
soient réalisées sur des patients hémiplégiques afin de savoir si l’accéléromètre peut être
utilisé sur ces patients. Les fiabilités inter-examinateurs (ICC entre 0.59 et 0.99) étaient
supérieures aux fiabilités intra-examinateurs (ICC entre 0.12 et 0.99).

Plates-formes de force

Les plates-formes de force sont constituées d’un tapis de marche comportant des capteurs
sensibles à la pression des pieds du sujet. Elles permettent d’obtenir les paramètres cinétiques
de la marche mais aussi les paramètres spatiotemporels. Le GAITRite ® est souvent retrouvé
comme outil de type plate-forme de force. Plusieurs études ont étudié sa fiabilité, dont (45) et
(46). La première a recherché la fiabilité des mesures de l’appareil en fonction de la vitesse du
sujet (lente, préférée ou rapide) et la seconde en fonction de l’âge (jeune et âgé). Les
paramètres étudié sont la vitesse de marche, la cadence, la longueur de pas, la durée de simple
appui (gauche et droit) et le pourcentage de double appui (gauche et droit) sur le cycle de
marche pour la première étude et la vitesse de marche, la cadence et la longueur du demi-pas
(gauche et droit), la base de support et l’angulation des orteils (dedans ou dehors) pour la
seconde étude. Les résultats de fiabilité sont bons (ICC entre 0.76 et 0.97) pour tous les
paramètres de la première étude. Ceux correspondant au test passé à vitesse normale sont très
bons (ICC entre 0.84 et 0.97) ainsi que ceux passé à vitesse rapide (ICC entre 0.89 et 0.97).

20
Ce résultat, plus fiable à vitesse rapide qu’à vitesse lente, est intéressant mais ne serait sans
doute pas transposable pour des patients hémiplégiques étant donné que leur défaut de marche
s’accentue avec la vitesse. Il serait intéressant de réaliser une étude là-dessus. La seconde
étude bénéficie également de très bons résultats (ICC entre 0.82 et 0.92) que ce soit pour les
sujets jeunes ou âgés excepté pour le paramètre base de support pour les sujets âgés (ICC
0.49-0.56). Ces études présentent également la limite d’étudier des sujets non hémiplégiques.

Locomètre

Le Locomètre, comme décrit auparavant, permet de mesurer les paramètres spatiotemporels


de la marche. Peu d’études ont recherché sa fiabilité. VALENTINI et al (47) ont analysé la
répétabilité des paramètres spatiotemporels chez des sujets sains et hémiparétiques. Les sujets
ont effectué chacun deux test au locomètre afin d’en calculer la corrélation. Les paramètres
analysés étaient la vitesse de marche, la longueur du demi-pas, la durée de double et de simple
appui. Pour les patient hémiparétiques, ils ont étudié la corrélation entre les deux tests (ICC
over time) et entre les deux côtés (ICC over side). Les résultats sont intéressants : la
répétabilité est meilleure pour le groupe de sujets hémiparétiques (ICC entre 0.75 et 0.93) que
pour le groupe de sujets sains (0.44-0.79). Pour chacun des deux groupes, la vitesse de
marche représente le paramètre le plus fiable, et la longueur du pas ainsi que la durée de
simple appui présentent les valeurs de corrélation les plus pauvres.
Le deuxième article (48) traite de la pertinence des paramètres spatiotemporels chez
l’hémiplégique, étudiés avec le locomètre. Vingt sujets ont effectué le test à vitesse de confort
et à vitesse rapide. La reproductibilité a été évaluée et serait supérieure pour les paramètres
cadence et longueur d’enjambée (=longueur de pas). Cependant cette source est un résumé
d’article, celui-ci n’ayant pas encore été écrit, et donc peu fiable. Cependant les auteurs
soulèvent la nécessité de faire réaliser aux patients hémiplégiques un test à vitesse rapide pour
apprécier leur sensibilité au changement.
Le troisième article (49) explore l’utilisation de l’appareil dans la récupération de la marche
chez des patients hémiplégiques. Les auteurs comparent les données spatio-temporelles
obtenues avec les patients hémiplégiques et celles obtenues avec les sujets sains. Pour chaque
cycle moteur sont calculés : la durée du cycle, la durée des phases de balancement à droite et à
gauche, puis fréquence (=cadence) du cycle et la vitesse de l’avancée du pied. Les sujets
valides ont réalisé 3 passages : 1 à vitesse de marche préférée, 1 à vitesse plus lente et 1 à
vitesse plus rapide. Les patients ont fait le test dans leurs conditions habituelles de marche en
rééducation, 1 test à leur vitesse préférée, et 1 si possible à vitesse plus soutenue. La
reproductibilité et la fiabilité sont mesurées par analyse graphique. Les auteurs en concluent

21
que les tracés sont reproductibles d’un pas à l’autre pour les sujets sains, que la longueur de
l’enjambée est plus variable que la cadence. Les sujets hémiplégiques possèdent une plus
grande variabilité d’un pas à l’autre. Les auteurs concluent que le locomètre permet une
mesure aisée et reproductible de la marche chez des sujets hémiplégiques.
Cette étude ancienne n’utilise pas de calculs statistiques et donc des conclusions de
reproductibilité sont délicates à proposer. Les auteurs ont surtout étudié la marche des patients
hémiplégiques plutôt que le locomètre.

Vicon (Système optocinétique)

Ce système analyse la marche à l’aide de marqueurs rétro-réfléchissants fixés sur les


différents segments du sujet et détectés par plusieurs caméras à éclairage infrarouge. Il
permet d’obtenir une analyse à deux voire à trois dimensions de la marche et d’obtenir les
paramètres cinématiques et spatio-temporels. ÖKEN Ö. et al. (2008) (50) ont analysé la
vitesse de marche, la longueur du demi-pas et la durée de simple appui chez 90 patients
hémiplégiques, chacun ayant réalisé 3 tests au VICON. La vitesse de marche s’est avérée
reproductible (ICC entre 0.72-0.93), la longueur de demi-pas une fiabilité faible à modérée
(ICC entre 0.37-0.75) et la durée de simple appui une fiabilité modérée à bonne (ICC entre
0.57-0.88). Cette étude a effectué plusieurs calculs de répétabilité en fonction de sous-groupes
qu’ils avaient établis (sur le sexe, le côté de l’hémiplégie, le type de lésion ou la vitesse de
marche). Ils ont ainsi pu émettre des conclusions intéressantes : Le sous-groupe des
marcheurs lents avait une variabilité de longueur de demi-pas supérieure à celle du sous-
groupe de marcheur rapides. Le VICON permet d’analyser la marche d’une manière
relativement complète (paramètres cinématiques et spatiotemporels retenus) mais la
répétitivité des paramètres spatiotemporels est modérée à bonne, ce qui limite l’utilisation de
cet appareil dans l’analyse de ces paramètres.

Outil d’Internet : Shaw Gait assessment tool

De nouvelles méthodes d’analyse de la marche se développent, dont la Shaw Gait Assessment


tool. Il s’agit d’un outil disponible gratuitement sur internet qui calcule certains paramètres
spatio-temporels (vitesse et cadence de marche, longueur de demi-pas). Il consiste à appuyer
sur les flèches du clavier de l’ordinateur à chaque pas du sujet (flèche gauche pour pas gauche
et flèche droite pour pas droit). Une étude réalisée récemment (51) a évalué la fiabilité inter -
et intra- examinateur de cet outil sur des patients hémiplégiques, et l’a comparé à une montre-
chronomètre, outil fiable pour la mesure des paramètres temporels selon l’étude (52).

22
Un parcours de marche de 10 mètres a été délimité. Les mesures ont été prises sur 6 mètres
pour limiter les biais d’accélération et de décélération. Les 26 sujets ont réalisés 4 tests
chacun. Les résultats ont été collectés par deux thérapeutes. Les résultats montrent une bonne
fiabilité intra-examinateur (ICC entre 0.94 et 0.98) et inter-examinateur (ICC entre 0.95 et
0.99) pour tous les paramètres. Les examinateurs de cette étude n’ayant fait que le tutoriel
proposé, l’expérience n’est pas requise pour effectuer un test avec cet outil. Cependant cette
étude présente des limites, comme le décrivent les auteurs : La population testée était très
hétérogène en fonction de l’ancienneté de la lésion(0.5 à 66 mois), leur âge (18 à 85 ans) et
les vitesses de marche (0.42m/s à 2.8m/s). Cet outil peut s’avérer intéressant car très rentable
et fiable mais ne propose que peu de paramètres analysés. Il faudrait cependant d’autres
études pour rechercher la fiabilité de ce logiciel, sorti récemment.

Analyse en trois dimensions

Le laboratoire d’analyse du mouvement permet de réaliser l’Analyse Quantifiée de la Marche


(AQM) et constitue le moyen le plus complet dans l’évaluation de la marche : il permet
d’obtenir les paramètres spatio-temporels, cinématiques, cinétiques, et électromusculaires du
sujet. Il nécessite un matériel conséquent : Caméras infrarouges pouvant repérer les capteurs
réfléchissants placés sur le sujet, un systéme de plat-forme de force et un électromyogramme.
Etant principalement utilisé pour l’analyse de la marche des enfants paralysés cérébraux, il ne
figure pas dans le cadre de notre étude.

IV.2. Résultats

Les études de cette revue présentent un niveau de preuve variable de modéré à bon, le nombre
d’éléments participant au niveau de preuve étant de 5 à 10 sur 11 en fonction des études (voir
tableau 5). Les conclusions de ces études peuvent donc être utilisées dans notre travail. Les
résultats de fiabilité des différents articles sont regroupés dans le tableau 6. Nous pouvons
constater que la plupart des outils instrumentaux présentent de bonnes valeurs de fiabilité
(valeur d’ICC élevées) avec toutefois des valeurs de fiabilité intra-examinateur inférieures aux
fiabilités inter-examinateurs, ce qui peut nous interpeller. En effet, on pourrait penser que la
première est plus fiable car elle ne dépend que d’un opérateur. Ainsi, avec l’utilisation des
instruments, les variations inter-individuelles semblent diminuées. De plus, on peut constater
que l’analyse visuelle associée à la vidéo présente une bonne fiabilité, ce qui s’oppose aux
conclusions de certains auteurs sur la fiabilité modérée de l’analyse visuelle. Cependant, il
semble que la perception de mouvements fins constituerait une limite de cette analyse.
L’apport de la vidéo pallie cette limite et constitue un outil d’analyse de la marche fiable, les
23
études présentant des indices de corrélation élevés. Les paramètres spatiotemporels les plus
souvent utilisés sont la vitesse de marche, la longueur de demi-pas, et les durées de demi-pas
et d’oscillation. Les études ne présentent pas toujours les résultats pour chaque paramètre, il
est ainsi difficile de juger de la répétitivité d’un paramètre par rapport à un autre. Au vu des
résultats, nous pouvons cependant affirmer que la vitesse de marche possède une répétitivité
supérieure à la longueur du demi-pas ou à la durée du demi-pas. De nouvelles méthodes
d’analyse se développent et propose une bonne fiabilité, comme la Shaw Gait Assessment
Tool, dont la mise en place est très simple et gratuite mais qui propose un nombre de
paramètres limité.

24
Conclusion : Tableaux récapitulatifs

Tableau 5: Qualité méthodologique des différentes études CI : Critères d’inclusion ; CE : Critères d’exclusion
Etudes Participants Examinateurs Méthode Analyse statistique Résultats Publication
Correspond CI et Descrip Description Object Descriptio Comparais Adaptée Intra et Limites/ Acceptée
ance de la CE tion if n on à un test inter- biais par un
Population établi fiable examinate énoncé comité
ur es
GOODKIN et al (1973) Oui Non Oui Oui Oui Oui Non Non Non Oui Non
(31)
WALL J. et CROSBIE J. Non Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Non
(1997) (38)
MCGINLEY J. et al Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non
(2003) (30)
YOUDAS J.W. et al Non Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Non Oui Non
(2000) (51)
HENRIKSEN et al. (2004) Non Oui Oui Non Oui Oui Non Oui Non Non Oui
(41)
HARTMANN et al. Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
(2009) (42)
HARTMANN et al. Non Oui Oui Non Oui Oui Non Oui Non Oui Oui
(2009) (43)
REID S. et al (2011) (50) Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non
MAYNARD V. et al. Non Non Non Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui
(2003) (39)
MONAGHAN K. et al Non Non Oui Non Oui Oui Non Oui Oui Non Oui
(2005) (40)
BILNEY B. et al. Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui
(2003) (44)
MENZ B. et al (2003) Non Non Oui Non Oui Oui Non Oui Non Non Oui
(45)
VALENTINI F.A.et al Oui Oui Oui Non Oui Oui Non Oui Non Non Oui
(2011) (46)
ÖKEN Ö. et al. (2008) Oui Oui Oui Non Oui Oui Non Oui Non Oui Oui

25
Tableau 6 : Résultats de fiabilité des différents moyens d’analyse de marche

Elément de recherche de Auteurs Paramètres spatiotemporels Résultat de fiabilité (ICC) Score de


fiabilité étudiés fiabilité
( /11)
Observation visuelle GOODKIN R. et DILLER L. Paramètres cinématiques Agrément de 60% à 93% 6
(1973) (33)
WALL J. et CROSBIE J. Durée de longueur de pas, Inter-examinateur : 0.69-0.97 7
Caméra vidéo (1997) (39) Intra-examinateur : 0.29-0.87
MCGINLEY J. et al (2003) Paramètres cinétiques et Intra-examinateur : 0.89 10
(32) cinématiques de la cheville (échelle Inter-examinateur : 0.76
à 11 points)
Chronomètre associé à la vidéo YOUDAS J.W. et al (2000) v, durée de demi-pas G et D, durée 0.88 à 0.97 7
(52) de pas, Lpas, pourcentage de durée
de réception et de propulsion de
double appui D et G, pourcentage de
durée de simple appui D et G,
pourcentage de durée d’oscillation
D et G.
HENRIKSEN et al. (2004) Lpas, L1/2pas, cadence 0.94-0.96 6

HARTMANN et al. (2009) v, cadence, durée ½ pas, L ½ pas, % 0.86-0.99 pour tous les paramètres sauf 8
Accéléromètre (43) durée ½ pas, % L ½ pas pour % durée ½ pas et % L ½ pas :
0.12-0.80.
Intra-examinateur : 0.12-0.99
Inter-examinateur : 0.59-0.99
HARTMANN et al. (2009) v, cadence, durée ½ pas, L ½ pas, % 0.99-1.00 pour tous sauf pour : 8
(44) durée ½ pas, % L ½ pas % durée ½ pas : 0.88-0.98
% L ½ pas : 0.24-0.33
Shaw gait assessment tool (outil REID S. et al (2011) v, cadence, longueur de pas Intra-examinateur : 0.94-0.98 9
d’internet) Inter-examinateur : 0.95-0.99

26
Elément de recherché de Auteurs de l’étude Paramètres spatiotemporels étudiés Résultat de fiabilité (ICC) Score de
fiabilité Fiabilité (/11)
MAYNARD V.et al (2003) v, durée d’appui, durée d’oscillation Intra-examinateur : -0.14 – 0.86 6
Inter-examinateur : 0.69-0.93
Capteurs optiques
MONAGHAN K. et al. (2005) v, durée d’appui, durée d’oscillation Intra-examinateur : 0.86-0.95 6
BILNEY B. et al. (2003) v, cadence, L pas, durée de simple 0.76-0.97 8
appui (G et D) et le pourcentage de
double appui (G et D) sur le cycle de
Plate-forme de force marche
GAITRite® MENZ B. et al (2003) v, cadence, L ½ pas (G et D), la base 0.82-0.92 sauf pour : 5
de support et l’angulation des orteils base support :0.49-0.56
Locomètre VALENTINI F.A.et al (2011) v, L ½ pas, durée de double et de 0.75-0.93 7
simple appui
Vicon ÖKEN Ö. et al. (2008) v, L ½ pas et durée de simple appui v : 0.72-0.93 8
L ½ pas : 0.37-0.75
Durée simple appui : 0.57-0.88
L : Longueur ; % : Variabilité ; ½ :demi ; v : vitesse de marche ; G : Gauche ; D : Droit ; Score de fiabilité : Nombre d’items de niveaux de preuve présents dans
l’étude concernée (voir tableau 5)

27
IV.3. Discussion

Afin d’observer la marche de l’hémiplégique, les masseurs-kinésithérapeutes disposent de


différents moyens et sont confrontés à un choix : quel moyen utiliser à quel moment, à quelle
fréquence et à quelle phase de la rééducation du patient. L’utilisation simple du chronomètre à
mémoire multiple, par exemple, est rapide à mettre en place, peu coûteuse et fiable mais
n’apporte que peu d’éléments. Elle aura son intérêt dans une utilisation régulière d’évaluation.
L’évaluation visuelle de la marche est essentielle car elle est la seule à avoir une vue
d’ensemble du patient (comme le membre supérieur). Elle se fait à chaque séance et permet
de relever les déficits fonctionnels ou posturaux du patient. Elle requiert cependant une
certaine expérience de l’examinateur et reste subjective. L’apport de la vidéo et des échelles
d’évaluation contribue à améliorer la fiabilité de l’observation visuelle.

La revue de ce travail permet d’avoir une vision d’ensemble des outils d’analyse de la marche
et permet de connaître la fiabilité de ces outils. Cependant elle présente plusieurs limites : la
majorité des études (9/14) présente des tests de fiabilité effectués sur des sujets sains
volontaires. On peut supposer qu’il est plus difficile de réunir des patients hémiplégiques pour
réaliser ces tests, et que les protocoles doivent être adaptés à leur pathologie (fatigue,
endurance, nombre de passages limité). Le nombre d’outils à rechercher était important, donc
les analyses de ces derniers peuvent être succinctes et l’ensemble de la littérature n’a pu être
consultée. Seuls les paramètres spatio-temporels étaient étudiés. Or l’analyse de la marche est
plus complète (énergétique, électromusculaire, cinétique, cinématique). Les études n’étant pas
à visée thérapeutique de type randomisé, les échelles de niveaux de preuve (Pedro, Score de
Sackett) n’ont pas pu être appliquées et le score énoncé en fonction des critères de l’ANAES
ne bénéficie d’aucune validation. De plus, toutes les études n’ont pas recherché la fiabilité des
mêmes paramètres spatio-temporels, ainsi l’affirmation de conclusions sur la répétitivité des
paramètres devient difficile. Certaines difficultés ont été rencontrées pendant l’élaboration de
cette revue : les études utilisent généralement les instruments d’analyse de la marche pour
apprécier de l’efficacité d’une prise en charge et non pour étudier leur fiabilité. Les articles
obtenus étaient pour la majorité en anglais et les termes techniques en rapport avec les
instruments étaient difficiles à traduire. L’analyse de la marche est importante pour beaucoup
de pathologies (paralysés cérébraux, Parkinsoniens,…) qui sont retrouvées dans la littérature.
Enfin, les données statistiques étaient difficiles à comprendre, une mise à niveau en
statistiques s’est imposée.
Ainsi, de nombreux moyens d’analyse ont été développés afin d’apporter des données
chiffrées à l’analyse de la marche. Parmi les paramètres spatio-temporels analysés, la vitesse

28
de marche semblerait être un paramètre pertinent dans l’analyse, et sa détermination à chaque
bilan semble être judicieuse dans une optique d’évolution. La plupart des résultats donnés par
ces appareils sont fiables et reproductibles, avec des valeurs de corrélation élevées lors des
différentes études, mais ils doivent être utilisés dans de bonnes conditions et selon un
protocole standardisé pour avoir cette fiabilité. Le locomètre fait partie de ces outils et se
trouve être rapide d’utilisation et fiable.
La pré-étude a permis d’apprécier les avantages et inconvénients de cet appareil. Les données
chiffrées qu’il propose sont intéressantes pour le masseur-kinésithérapeute, qui peut avoir des
données objectives sur la marche de son patient, mais également pour le patient qui a ainsi
une « preuve » de son évolution. Le locomètre peut être utilisé à la fois en tant qu’outil de
diagnostic pour déceler les troubles du mouvement, mais aussi en tant qu’outil d’évaluation
suite à une prise en charge voire même de rééducation par le biofeedback. Son utilisation peut
donc avoir sa place lors d’une interrogation sur une boiterie difficile à expliquer à l’œil nu, en
cas de besoin de données chiffrées des asymétries de marche ou lors d’un examen de suivi
afin de noter l’évolution du patient de manière plus ou moins régulière en fonction des
demandes du patient et des affinités du kinésithérapeute avec l’appareil. Il présente toutefois
des limites : les données chiffrées qu’il donne peuvent vouloir dire plusieurs choses
différentes et l’analyse visuelle est indispensable en complémentarité pour émettre les
conclusions correspondantes, d’où l’intérêt de la vidéo dans le bilan des hémiplégiques. De
plus, il n’est pas adapté à tous les patients car il nécessite une marche sécuritaire sur 10m.
Le courant actuel de demande de preuves médicales et para-médicales de la part des patients
ou des instances supérieures concernant l’efficacité des prises en charge nécessite de justifier
nos actes par des preuves scientifiques, et les outils comme le locomètre peuvent avoir leur
place en apportant des données chiffrées et reproductibles.
De nouveaux outils se développent et renforcent le nombre de moyens disponibles pour
mesurer l’évolution de la marche (outil gratuit d’Internet par exemple) et permettent aux
kinésithérapeutes de réaliser des bilans de plus en plus fiables et plus facilement, mais
imposent un choix à ces derniers en fonction de l’objectif de l’analyse.

29
CONCLUSION

La rééducation de la marche a une place prépondérante dans de nombreuses pathologies, y


compris chez les patients hémiplégiques. Une analyse claire et fiable paraît essentielle dans le
bilan du masseur-kinésithérapeute afin d’apprécier l’évolution réalisée et de rendre compte de
l’efficacité d’un traitement. Nous nous sommes demandé quelle était la fiabilité des outils
d’analyse de la marche et comment ils se plaçaient dans le bilan de marche par rapport à
l’analyse visuelle.
Il s’est avéré que les instruments d’analyse de marche apportent des données spatio-
temporelles objectives et reproductibles, intéressantes de par les données chiffrées, plus
« parlantes », complétant ainsi le bilan visuel, lui-même assez reproductible grâce à l’apport
des différentes échelles existantes et de la vidéo. Les différents instruments nécessitent
cependant pour la plupart un protocole à respecter, alors que l’analyse visuelle requiert une
expérience clinique. Il serait intéressant de mettre en place des protocoles simples adaptés à
chaque appareil, afin de faciliter et d’étendre leur utilisation par les masseurs-
kinésithérapeutes. Le locomètre s’inscrit parmi ces outils comme fiable et rapide à réaliser,
mais nécessitant une analyse visuelle en complément.

Les analyses de la marche par ces appareils fournissent des données que l’examinateur doit
interpréter, et doit vérifier avec son expertise visuelle. Il a aussi un rôle de « second filet » en
vérifiant la cohérence des résultats obtenus par ces appareils.

Il convient aux kinésithérapeutes de choisir l’outil utilisé en fonction des objectifs, des
demandes du patient et de la phase de rééducation.

Le développement d’appareils de plus en plus perfectionnés et de plus en plus précis


répondant à une demande croissante de prouver les actes thérapeutiques pourra demander une
formation spécifique et on peut se demander quelle place aura le bilan visuel de la marche,
aujourd’hui indispensable.

30
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53. RJ. et P. DUCROQUET. La marche et les boiteries: Etude des marche normales et pathologiques.
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34
ANNEXES

Annexe 1: Schéma présentant les principales structures cérébrales impliquées dans


l’organisation de la marche. (13)

Annexe 2 : Tableau présentant les différentes amplitudes articulaires des membres inférieurs
lors de la marche. Les données proviennent de l’ouvrage La marche humaine de VIEL E. (18)

PHASES BASSIN HANCHE GENOU CHEVILLE


Appui Déport latéral de 2- -Flexion de 30° et -Extension (-5°) -Flexion de 80° lors
2.5cm de chaque RL 5-10° à lors de la pose du de l’attaque au sol.
côté. l’attaque du talon. talon. -Extension de 15°
-Extension de 10- -Flexion de 15-20° lors du déroulement
15° et RM de 5-10° pendant l’appui -Flexion de 8° en
au décollement des -Flexion de 7- fin de phase
orteils. 10°lors du d’appui.
décollement des - Pronation de 10°
orteils.
Oscillante -Rotation dans le Flexion de 25-37° Flexion de 60° Extension de 15°
même sens que le -Supination
pied qui avance de modérée.
5-8°
-Abaissement du
côté oscillant de 5-

- Inclinaison
antérieure de l’aile
iliaque de 4° du
côté porteur.
RL : Rotation latérale ; RM : Rotation médiale
Annexe 3 : Schéma présentant les différentes phases du cycle de marche. (18)

Annexe 4 : Schéma illustrant les longueurs de pas et de demi-pas. (18)

Annexe 5 : Schéma présentant les activités musculaires des membres inférieurs en fonction
du moment du cycle de la marche.
CI : Contact initial ; RC : Réponse à la charge ; DA : Début d’appui ; MA : Milieu d’appui ; PPO :
Préphase oscillante ; DPO : Début phase oscillante ; MPO : Milieu de phase oscillante ; FPO : Fin
de phase oscillante (18)
Annexe 6 : Illustration d’une boiterie avec fauchage. (53)

Annexe 7 : Illustration d’une boiterie avec steppage. (53)

Annexe 8 : Présentation de la codification des huit critères d’analyse qualitative de la marche


(VIEL, (18)).
Annexe 9 : Tableau présentant les 10 indicateurs les plus utilisés dans l’EFM selon la
profession. En grisé figurent les indicateurs utilisés par les trois professions. (23)

Annexe 10 : Test des 10 mètres de marche

Annexe 11: Test des 6 minutes de marche


Annexe 12: Test du Time Up and Go
Annexe 13: SØdring Motor Evaluation of Stroke Patient (24)
Annexe 14 : Résultats spatio-temporels obtenus avec le locomètre. Exemple
Annexe 15.1 : Résultats des patients

Durée entre Vitesse %asymétrie %asymétrie %asymétrie de durée


deux passages (km/h) longueur de durée d’appui balancement
(min) demi pas total

1 10 0.83 85 18 51
0.98 9 9 31
2 5 1.52 28 12 26
1.86 26 16 29
3 7 0.61 21 13 66
0.57 10 11 62
4 7 1.35 2 5 10
1.45 19 8 22
5 4 1.46 81 12 29
1.72 78 13 27
6 5 0.82 19 9 28
0.94 22 11 27
7 14 0.62 4 15 54
0.72 11 15 55
8 6 0.81 106 3 11
0.88 108 3 10
9 5 0.63 97 27 71
0.76 89 25 64

Annexe 15.2 :Données et résultats du groupe de volontaires.

Nom Sexe Âge Côté Vitesse % Asymétrie % Asymétrie % Asymétrie durée


fort (km/h) L1/2pas (%) d’appui total balancement (%)
(%)
A Masculin 23 D 5.07 7 2 4
5.71 6 0 1
B Masculin 22 D 3.92 9 0 0
4.37 8 2 1
C Masculin 23 D 4.96 4 5 2
5.54 2 0 1
L1/2pas : Longueur de demi pas
Annexe 16 : Functional Ambulation Classification (Classification de déambulation
fonctionnelle).

Annexe 17 : Echelle d’évaluation de marche adaptée de la Physician Rating Scale.

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