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ISSN 1662 – 4599 1er novembre 2010

Horizons et débats
Horizons et débats
10e année
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Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
Edition française du journal Zeit-Fragen

La guerre d’Obama en Afghanistan


par Albert A. Stahel

Au cours des neuf dernières années, Bob


Woodward, lauréat de deux prix Pulitzer a,
dans ses ouvrages, régulièrement relaté les
décisions du gouvernement Bush concer-
nant les guerres en Afghanistan et en Irak.
Il se fondait sur les informations du premier
cercle des membres de l’équipe gouvernemen-
tale. Aussi attendait-on avec curiosité ce qu’il
allait écrire sur les décisions de l’administra-
tion Obama concernant la guerre en Afgha-
nistan. Il répond maintenant à cette attente
avec son dernier livre Obama’s Wars (New
York, London, Toronto, Sydney, 2010).
Contrairement à ses développements
sur les platitudes politiques du gouverne-
ment Bush, Woodward évoque dans ce livre
avant tout les discussions d’Obama avec son
état-major et ses subordonnés sur la guerre
en Afghanistan. Depuis la nomination du
général Stanley A. McChrystal au poste de
commandant en chef en Afghanistan, les
discussions tournent essentiellement autour
de l’effectif des troupes supplémentaires.
Par exemple: doit-il être de 40 000 soldats –
comme le demande le général – ou seulement
de 20 000, souhait du vice-président Joseph
R. Biden, ou faut-il peut-être adopter un com-
promis: 30 000 hommes? Quelle stratégie
convient-il d’appliquer avec ces troupes sup-
plémentaires. Peut-on vaincre les talibans à
l’aide d’une stratégie de contre-insurrection?
La guerre des Etats-Unis et de leurs alliés «En raison des difficultés financières où se trouvent les Etats-Unis, Obama voudrait mettre fin le plus vite possible à
en Afghanistan doit-elle se limiter à la lutte l’aventure afghane. Il ne veut rien savoir d’une reconstruction du pays.» (photo reuters)
contre les bases d’Al-Qaïda dans les zones
tribales pakistanaises au moyen de drones et ble à l’aventure afghane. Il ne veut rien savoir cutables au magazine Rolling Stone. A juste est tout à fait possible que les talibans repren-
d’unités spéciales? d’une reconstruction du pays. En l’espace de titre, Woodward ne s’attarde pas sur cette nent le pouvoir dans le Sud et l’Est du pays.
Les véritables adversaires dans ces discus- 2 ans, les forces armées afghanes doivent interview. McChrystal est remplacé par le Le «retrait» changera la situation. Les Etats-
sions sont Obama et McChrystal. L’état-major reprendre la responsabilité de la guerre et du général David H. Petraeus, plus docile, qui Unis se débarrasseront de Karzaï, qu’ils
d’Obama, dont font partie le général James pays. Pour cela, il suffit d’affaiblir les tali- quitte le Commandement central, ce qui le soutenaient, ce dernier étant aujourd’hui
L. Jones, conseiller à la sécurité, le chef du bans. Le retrait partiel doit commencer au fait descendre d’un rang dans la hiérarchie impopulaire et pharmacodépendant.
Pentagone Robert M. Gates et la ministre des milieu de 2011. Les Etats-Unis ne peuvent militaire. Il lui appartient d’appliquer la déci- A la fin du livre, on a l’impression que pour
Affaires étrangères Hillary Clinton, sert uni- pas continuer à financer cette guerre. Obama sion d’Obama. C’est ainsi que se dessine un Obama, il ne s’agit plus seulement de cesser
quement de toile de fond destinée à animer le impose sa décision à ses généraux. Le figu- important «retrait» des troupes américaines de jeter de l’argent dans le tonneau sans fond
processus décisionnel. Alors que McChrystal rant Gates n’a plus qu’à acquiescer et à trans- régulières d’Afghanistan. Comme le cancer de l’Afghanistan. Il veut avant tout que son
veut vraiment reconstruire l’Afghanistan et mettre la décision d’Obama. représenté par le Pakistan et Al-Qaïda sub- pays puisse sauver la face en Asie grâce à une
développer les forces armées afghanes avec Dans une vidéoconférence, Obama siste, le remède de Biden atteindra son objec- pseudo-victoire et se tourner ensuite vers ses
l’aide de l’armée et de la police et que pour explique sa décision à McChrystal: il ne veut tif. On intensifiera la guerre contre les zones vrais problèmes géopolitiques, par exemple
ce faire, il veut vaincre les talibans, Obama plus entendre parler de poursuite de la guerre tribales au moyen de drones et de comman- l’affrontement avec la Chine. Machiavel
poursuit, avec les troupes supplémentaires et de contre-insurrection. Manifestement, dos de tueurs, escalade qui est d’ailleurs déjà n’écrivait-il pas dans Le Prince qu’on ne doit
de 30 000 hommes, des objectifs politiques McChrystal ne se montre pas suffisamment en cours. jamais abandonner l’idée de la guerre, qu’il
et non pas militaires. En raison des difficul- compréhensif. Peu après, il est révoqué. Jusqu’à ce «retrait» prochain, les forces faut y penser encore plus en temps de paix
tés financières où se trouvent les Etats-Unis, Probablement que c’est là la raison de sa armées américaines perdront encore des sol- qu’en temps de guerre? •
Obama voudrait mettre fin le plus vite possi- révocation et non pas ses déclarations dis- dats en Afghanistan. A la fin du «retrait», il Source: www.strategische-studien.com, 18/10/10

«Plan B: partition de facto de l’Afghanistan»


ou: Réédition de la stratégie Kissinger
as. Le 13 septembre dernier, l’ambassa- Elle correspond en outre aux intérêts poli- Nam du Nord et son port Haiphong par Maintenant, ce sont avant tout des
deur Robert D. Blackwill, senior fellow tiques et à la politique intérieure des USA 200 bombardiers B-52G. 15 000 tonnes de B-1B qui bombardent les bases des tali-
d’Henry A. Kissinger pour la politique (IISS News, septembre 2010, p. 14). bombes furent larguées. Cette attaque bans en Afghanistan et leurs voies d’accès
étrangère, membre du Council on Foreign Depuis la publication du livre de Bob avait pour objectif de forcer la déléga- depuis le Pakistan. On cherche officielle-
Relations, a présenté un exposé à l’In- Woodward «Obama’s War», il est clair tion adverse à revenir à la table de négo- ment à forcer les chefs talibans à négo-
ternational Institute for Strategic Stu- que les Etats-Unis vont sortir du bour- ciations, et le but fut atteint. Le Viêt-Nam cier avec le gouvernement Karzaï, ce qui
dies de Londres au sujet de la partition bier de la guerre d’Afghanistan à partir du Nord conclut le 23 janvier 1973 un devrait permettre le retrait des Etats-Unis
de l’Afghanistan. Il a défendu la thèse du milieu de 2011. Mais ce retrait ne doit accord avec les Etats-Unis qui permit à et de leurs alliés sans nouvelles pertes.
du gouvernement Obama selon laquelle pas nuire aux intérêts américains. Ce sont ceux-ci de retirer leurs troupes du Viêt A quoi va mener cette stratégie? Kaboul
la stratégie de contre-insurrection était d’autres qui paieront la note. Manifeste- Nam du Sud. va-t-il subir le même sort que Saigon et
condamnée à l’échec. ment, on assiste là à une réédition de la Ce n’est pas le gouvernement sud-viet- être occupé par les talibans? Ce ne sont
Il a proposé comme autre solution la stratégie vietnamienne d’Henry A. Kissin- namien du président Nguyen Van Thieu pas Karzaï et ses petits copains qui paie-
partition de fait de l’Afghanistan par les ger. mais la population du Viêt-Nam du Sud ront la facture. La victime sera malheu-
Etats-Unis et leurs alliés. Le Sud pach- Le 13 décembre 1972, la délégation qui paya le prix de cet accord. En octobre reusement la population qui a, au cours
toune serait abandonné aux talibans. nord-vietnamienne et son allié le Viêt- 1973, Kissinger reçut, avec son adversaire des dernières décennies, déjà beaucoup
Grâce à leur Armée de l’air et à leurs For- cong quittèrent la table des négociations nord-vietnamien Le Duc Tho, le prix Nobel souffert des guerres, que ce soit dans le
ces spéciales, les Américains, avec la col- de Paris où l’on discutait de la fin de la de la Paix. En avril 1975, le Viêt-Nam du Sud en raison de l’oppression exercée par
laboration de leurs alliés et de l’Armée guerre du Viêt-Nam. Le président amé- Sud et sa capitale Saigon furent envahis les talibans et les trafiquants de drogue
afghane, libéreraient le Nord et l’Ouest ricain de l’époque, Richard Nixon, sur le par les troupes nord-vietnamiennes et ou au Nord à cause de la domination des
des djihadistes et conserveraient ces ter- conseil de son ministre des Affaires étran- peu après le Sud fut réuni au Nord par seigneurs de la guerre.
ritoires. Selon Blackwill, la partition de gères Kissinger, fit, du 18 au 29 décembre la force. De nombreux Sud-Vietnamiens Source: www.strategische-studien.com
facto est la meilleure solution possible. 1972, bombarder Hanoi, capitale du Viêt- durent fuir leur pays. du 18/10/10
page 2 Horizons et débats No 42, 1er novembre 2010

L’Union européenne ignore la bonne foi


La peine de mort fait-elle son retour?
par Dietrich Antelmann
hd. L’article suivant nous vient d’Allemagne. dans ses accords commerciaux qui présen- doivent être considérées comme faisant par- tions d’application, ni le Parlement européen
Là-bas, beaucoup de personnes sont mani- tent des avantages pour les deux parties et tie de la Charte. Conformément au titre VII, ni les parlements nationaux seraient impli-
festement tout à fait conscientes de ce que respectent le droit international. art. 72 (7) du Traité de Lisbonne, les expli- qués.
l’UE n’est ni un projet de paix ni une struc- Ce qu’a déclaré Horst Köhler, de manière cations, rédigées pour faciliter l’interpréta- La Cour constitutionnelle allemande a
ture axée sur les idées de liberté, d’Etat de un peu alambiquée, au retour de son dernier tion de la Charte, doivent être dûment prises renoncé à examiner l’anticonstitutionnalité
droit et de démocratie. Et la majorité des voyage présidentiel en Afghanistan, n’avait en compte par les tribunaux de l’Union euro- de ces droits de l’homme négatifs car, sinon,
Allemands préférerait sortir le plus vite pos- rien d’extraordinaire; c’était depuis long- péenne et les Etats membres. On constate ici le Traité de Lisbonne, avec ses graves défi-
sible de l’UE et passer d’une oligarchie des temps assez évident: «J’estime cependant une nette contradiction avec l’abolition de cits démocratiques et le traitement de faveur
partis et d’un centralisme bureaucratique à que d’une manière générale, nous sommes en la peine de mort garantie à l’article 102 de accordé aux puissances financières et éco-
une démocratie directe. On a peine à imagi- train, et avec nous toute la société, de com- la Loi fondamentale et avec le Protocole no nomiques, n’aurait plus été défendable. On
ner que certains veuillent faire l’inverse. prendre qu’un pays de l’importance de l’Al- 13 du 3 mai 2002 à la Convention de sau- a trouvé un artifice permettant de réduire un
lemagne, avec sa conception du commerce vegarde des droits de l’homme et des liber- tant soit peu la mise à l’écart des parlements
La peine de mort est-elle définitivement abo- extérieur et sa dépendance par rapport à cela, tés fondamentales relatif à l’abolition de la nationaux, c’est-à-dire une loi d’accompa-
lie en Allemagne, comme le stipule la Loi doit savoir qu’en cas de doute, et au besoin, peine de mort en toutes circonstances (Con- gnement européenne. Cette loi, maintenant
fondamentale ou va-t-elle faire son retour? les engagements militaires sont nécessaires seil de l’Europe). promulguée, doit entre autres empêcher que
La Loi fondamentale permet aux soldats pour sauvegarder nos intérêts, par exemple Pour tromper l’opinion, les explications le Conseil européen soit seul à décider d’un
de tuer uniquement pour se défendre. Mais assurer la liberté des voies commerciales, sur la Charte, qui figuraient encore dans la engagement de la Bundeswehr. Le repré-
depuis la réunification, ce principe a été par exemple empêcher des instabilités régio- version refusée du Traité établissant une Loi sentant allemand au Conseil européen doit
assoupli. Depuis, l’Allemagne participe acti- nales qui réduiront certainement nos chan- fondamentale pour l’Europe, ont disparu du auparavant demander l’accord du Bundes-
vement à la lutte armée contre les «voyous», ces en matière de commerce, d’emplois et de Traité de Lisbonne. On les trouve dans le tag. Dans leur déclaration sur l’adoption du
les «pirates», les «terroristes», les «islamis- revenus.» Journal officiel de l’Union européenne du 14 Traité de Lisbonne, les gouvernements des
tes»: elle ne se contente pas de les priver de La transformation de la Bundeswehr d’une décembre 2007. L’ancien vice-président de pays concernés ont, au point 17, insisté sur la
leur pouvoir de nuisance, elle leur ôte la vie. armée défensive destinée à la protection de la la Convention constituante de l’Union euro- primauté du droit communautaire, mais l’ar-
Pendant la guerre en Yougoslavie, l’Armée de population en une armée soumise à l’écono- péenne Giuliano Amato a déclaré, en juin tifice a été efficace: La Cour constitutionnelle
l’air a bombardé un pays non-aligné; main- mie et prête à intervenir dans le monde entier 2007, que les chefs de gouvernement étaient allemande a déclaré le Traité conforme à la
tenant, la Marine lutte contre les «pirates» ne traduit pas toute la vérité. La Bundeswehr tombés d’accord pour rendre le texte difficile Loi fondamentale. •
au large de la Somalie et des troupes terres- prévoit également d’intervenir à l’intérieur à lire afin que les réformes fondamentales Source: Ossietzky. Zweiwochenschrift für Politik/
tres ont pris position en Afghanistan: l’Unité du pays dans un but dont les militaires et les ne sautent pas aux yeux et que l’on évite la Kultur/Wirtschaft, no 14/15 du 24/7/10,
des forces spéciales (KSK) s’exerce à tuer politiques en charge de la Défense préfèrent demande de référendum dans les Etats mem- pp. 512–514
de manière ciblée. D’autres cibles sont envi- ne pas parler, celui de protéger les riches et bres (communication de la députée euro- (Traduction Horizons et débats)
sagées. Des soldats de la Bundeswehr sont les grands groupes fraudeurs du fisc con- péenne Sahra Wagenknecht dans le magazine
en train d’apprendre le persan parlé en Iran, tre la population qui, elle, paie ses impôts. marx21 du 21 septembre 2007).
pays riche en pétrole. En effet, la peine de mort et le fait de tuer Dans la plainte déposée auprès de la Cour
Les intérêts que défend le pouvoir mili- en cas d’«insurrection» et d’«émeute» per- constitutionnelle allemande, par laquelle le
taire n’ont pas fondamentalement changé mettent de se défendre efficacement contre député au Bundestag Peter Gauweiler (CSU)
depuis les guerres mondiales déclenchées une population qui n’est plus disposée à tout voulait faire constater que le Traité de Lis-
par l’Allemagne au siècle passé. En1940, accepter. bonne était incompatible avec la Constitution Convention des Alpes:
dans un document du Service géologique
impérial, on pouvait lire: «Il est absolument
Dans les «explications» relatives à la
Charte des droits fondamentaux de l’Union
allemande, son mandataire, le professeur Karl
Albrecht Schachtschneider expliquait qu’«on
«Anschluss» à l’UE
nécessaire de s’emparer des réserves pétro- européenne qui ont été formulées sous la pré- peut voir des émeutes et des insurrections Cela nous rappelle 1938. En tant que simple
lières du Proche-Orient pour assurer l’ap- sidence de la Convention chargée de l’éla- également dans certaines manifestations». citoyen de la R.F.A., j’aimerais mettre en
provisionnement de l’Europe.» En 1993, boration de la Charte et actualisées sous la Selon le Traité de Lisbonne, l’utilisation garde les Suisses. Tous les droits des citoyens
Klaus Naumann, inspecteur général de la responsabilité de la présidence de la Conven- d’armes à feu mortelles dans de telles situa- suisses, dont nous sommes déjà privés en
Bundeswehr et promoteur des engagements tion européenne, on peut lire ceci à propos tions ne serait pas une violation du droit à Allemagne, se perdent peu à peu en utili-
militaires contraires au droit international de l’article sur le «droit à la vie»: «La mort la vie. En outre, les autorisations de l’Union sant comme prétexte la région des Alpes.
– «pour défendre les intérêts allemands» – n’est pas considérée comme infligée en viola- européenne dans le domaine de la politique Soit la Suisse reste indépendante et ne se
déclarait de manière lapidaire: «Il existe au tion de cet article dans les cas où elle résulte- étrangère et de sécurité commune suffiraient laisse pas dicter quoi que ce soit par l’étran-
monde deux monnaies: le pouvoir économi- rait d’un recours à la force rendu absolument pour introduire la peine de mort dans l’intérêt ger, soit l’intégration dans l’UE, que beau-
que et les moyens militaires pour l’imposer.» nécessaire […] pour réprimer, conformé- de l’efficacité des missions ou de la défense. coup ne veulent pas, sera rapidement scellée.
Quand quelqu’un nourrit à ce point impré- ment à la loi, une émeute ou une insurrection. [Il s’agit ici de la liste de «missions» euro- Il ne faut pas s’engager dans de telles discus-
gné des ambitions traditionnelles de grande […] Un Etat peut prévoir dans sa législation péennes conformément aux articles 42, 43 et sions, au contraire, il faut leur mettre une fin
puissance, il ne pense pas qu’il y a une troi- la peine de mort pour des actes commis en 222 du Traité de l’Union européenne, nda] sans attendre.
sième «monnaie», la raison économique, temps de guerre ou de danger imminent de Si par exemple le Conseil européen faisait
celle que pratique la Chine, par exemple, guerre […].» Ces formulations «négatives» usage de l’autorisation de fixer des disposi- Veronika Knapp, Güntersloh

Les ombres projetées par la guerre


par Ursula Felber
La guerre en Irak est officiellement terminée. leur travail n’a pas été seulement un gagne- lui a expliqué: «Les hommes emportent mes Sarajevo avait la réputation d’une ville
C’est ce que le gouvernement américain vient pain mais une occupation leur permettant affaires mais ce n’est pas du vol car ils n’ont où vivaient des hommes de toutes cultu-
de déclarer. On est tenté de croire au retour d’oublier le traumatisme de la guerre et de rien eux-mêmes, ils ont également dû quit- res, de toutes langues et de toutes religions,
à la vie normale, mais les terribles expérien- l’exode. Après la guerre, les femmes sont ter leur foyer. Il n’y a à vrai dire pas de dif- des Serbes, des Croates, des Bosniaques,
ces faites pendant la guerre, la violence, les retournées dans leur ville de Gorazde où, férence entre eux et moi.» Elle a demandé à et ils ne faisaient pas de distinction entre
souffrances, marquent le présent. Nous ne par ce travail, elles soutiennent la population ces hommes si elle pouvait aller chercher le eux. Même pendant la guerre, Amina par-
pouvons guère imaginer ce que la guerre qui souffre encore des plaies infligées par les portrait de son père et quelques documents. tageait son pain avec les Serbes. La guerre
représente: les traces profondes qu’elle laisse événements. Elle a trouvé tous les papiers. Finalement, est une tragédie. A l’époque, c’était l’ins-
dans les cœurs des hommes. Lors d’une exposition à Berikon (AG), elle a offert du chocolat à la petite fille serbe. tinct de survie qui animait les hommes et
Iren Meier, correspondante d’alors pour les Une rencontre qui restera à jamais gravée après la guerre, il a fallu qu’ils réinventent
La guerre en Bosnie, qui a eu lieu dans Balkans, a raconté ce qu’elle a vécu en Bos- dans sa mémoire, manifestation de la dignité leur vie. Amina, elle, avait toujours des sen-
les années 1990, a quitté la une des jour- nie. Après le traité de Dayton, elle a ren- humaine. Les guerres sont voulues. La guerre timents de culpabilité parce qu’elle vivait
naux depuis longtemps. Nous avons oublié contré à Sarajevo des personnes pour qui la de Bosnie a également été planifiée à l’étran- et que d’autres mouraient. Elle est deve-
ce qui s’est passé à l’époque, et les généra- guerre et l’après-guerre représentaient un ger et menée par des armées étrangères. Les nue médecin parce qu’elle voulait aider les
tions futures n’en sauront pas grand-chose. défi énorme. Nous autres Occidentaux avons hommes ne veulent pas la guerre. Pour finir, gens. Aujourd’hui elle est fière d’avoir lutté
L’exposition Bosna-Quilt, visible dans divers déploré cette guerre, il est vrai, mais de Iren Meier a dit que les Balkans, ce n’est pas pour sa dignité, pour le droit à la vie. Elle
endroits de Suisse, nous montre comment les loin. Les hommes, les femmes et les enfants loin de chez nous. L’Europe se resserre de se demande pourtant si elle est nationaliste.
femmes bosniaques ont survécu à la guerre avaient à l’époque le sentiment d’être seuls. plus en plus. La jeune génération porte en Elle aime Sarajevo, son pays et elle lutte
et à l’après-guerre. En 1993, pendant cette Iren Meier a observé, à bien des endroits, ce son cœur les expériences de la guerre. Elle pour sa dignité. Quand elle se compare aux
guerre, la peintre Lucia Feinig-Giesinger a sentiment d’abandon. Ainsi, on l’a accueillie s’est demandé comment les jeunes organise- jeunes Occidentaux, elle n’a pas le senti-
découvert la technique du patchwork. Elle et à Sarajevo en lui disant: «Nous ne pensions ront l’avenir. ment d’avoir manqué quelque chose car elle
d’autres femmes bosniaques se sont réunies pas que vous étiez encore en vie.» Elle a Ensuite, Amina, une femme méde- a fait des expériences qui l’on enrichie. Elle
à l’atelier de patchwork du foyer pour immi- eu aussi une rencontre qu’elle n’a jamais cin bosniaque, qui avait 11 ans lorsque trouve que la guerre a fait reculer la Bosnie
grés du Vorarlberg. Aucune d’entre elles ne oubliée. Elle se rendait en taxi avec une Bos- la guerre a éclaté, a évoqué les expérien- de 10 ans. Son pays manque encore de struc-
connaissait cette technique auparavant et niaque vers la périphérie de Sarajevo pour ces qui l’ont marquée. Pendant trois ans tures démocratiques. Elle souhaite retrouver
elles ont pu la découvrir toutes ensemble. Le voir la maison de cette femme. Aucune des et demi, elle a vécu sans eau ni électricité. un jour la société multiculturelle, l’égalité
visiteur de l’exposition apprend des choses deux ne savait pas ce qui les attendait. Arri- Tous les jours elle se rendait à l’école, ce en droits de tous les groupes ethniques qui
sur la guerre, la violence, les souffrances, les vées non loin de la maison, elles ont observé qui était très dangereux. Un jour, elle eut existaient avant la guerre.
peurs. On ne peut même pas exprimer avec des hommes qui emportaient tout le mobi- une idée subite: De l’autre côté de la rue, le Mais il y a beaucoup à faire. Les jeunes
des mots ce qu’elles ont vécu. Elles tradui- lier, les tableaux, la vaisselle – que la femme soleil brillait. Elle changea de trottoir. Peu ne s’intéressent guère à la politique. Amina
sent leurs sentiments avec des couleurs, des avait reçue en cadeau pour son mariage, après, derrière elle, à l’ombre, une grenade a conclu en demandant à ses auditeurs de ne
dessins, des motifs. Ces œuvres d’art, créées 25 ans auparavant, ses vêtements! La journa- a explosé. Elle pensa que c’était le destin. pas avoir de préjugés à l’encontre des Bos-
à petits points d’aiguille ont apporté à ces liste s’attendait à ce que la Bosniaque éclate Elle aime se souvenir de l’époque qui pré-
femmes des moments de joie. Pendant l’exil, en sanglots. Pourtant elle est restée calme et cédait la guerre. Suite page 3
No 42, 1er novembre 2010 Horizons et débats page 3

Lettre ouverte à Tony Blair


leader, mais pas celle d’un homme d’Etat. J’étais tous les jours témoin de ce que
Vous auriez pourtant pu, même a posteriori, vous et deux gouvernements US manigan-
amener la vérité en plein jour. Au lieu de cela, çaient pour l’Irak: un régime de sanctions
vous répétez à l’envi tous les arguments con- dur et sans pitié qui punissait les fausses per-
nus, à savoir pourquoi les sanctions étaient sonnes. Vos conseillers ont dû vous dire que
ce qu’elles devaient être, pourquoi la peur de votre politique avait pour conséquence qu’un
Saddam Hussein était plus forte que la crainte Irakien devait se contenter de pauvres 51
de franchir la ligne entre la politique de puis- cents par jour pour vivre. Vous avouez que
sance et le souci des hommes et femmes, 60% des Irakiens dépendaient totalement des
pourquoi l’Irak s’est finalement transformé importations que les sanctions permettaient.
en une poubelle pour êtres humains. Au lieu Mais dans votre livre, vous ne racontez nulle
de cela, vous vous cramponnez au diktat de part que votre gouvernement et celui des
la libération de l’Irak de Bill Clinton de 1998 USA bloquaient et retardaient régulièrement
et à la détermination de George W. Bush de d’immenses livraisons qui étaient nécessai-
Hans von Sponeck est un ancien adjoint le réaliser. res à la survie des gens. Au milieu de l’an-
du Secrétaire général des Nations Unies. Vous vous présentez comme quelqu’un qui née 2002, des biens d’une valeur de plus de
Il a travaillé pendant plus de trente ans voulait suivre la voie tracée par les Nations 5 milliards de dollars furent retenus. Pas un
pour cette organisation. De 1998 à 2000, Unies. Je n’en suis pas si sûr. Est-il vraiment seul pays membre du comité des sanctions
il a été le coordinateur humanitaire des faux de dire que, si vous aviez vraiment cette des Nations Unies n’a soutenu votre politi-
Nations Unies pour l’Irak. Il a démis- intention, ce n’était que pour des raisons tac- que. Les archives des Nations Unies regor-
sionné pour protester contre la politique tiques et justement pas parce que vous vou- gent de ces preuves. J’ai vu l’effondrement
de sanctions de l’ONU. liez protéger le rôle de l’ONU, de juger seul du système d’éducation irakien, qui autrefois
de la justification des actions militaires? La faisait la fierté du pays. Et les conditions du
liste est longue, très longue, de ceux qui refu- système de santé étaient tout aussi désespé-
sent votre façon d’agir et celle de votre gou- rées. En 1999 il n’y avait dans ce pays plus ISBN 978-1845452223
ef. Depuis début septembre, le livre «A Jour- vernement, durant les treize ans de sanctions, qu’un seul appareil de rayons X en état de
ney» («Un Voyage») de Tony Blair est dans de l’invasion et de l’occupation de l’Irak. marche. Des maladies oubliées depuis long- Hasmy Agam, l’ambassadeur de Malai-
le commerce. Dans ses Mémoires, il défend Elle contient les noms de l’Unicef et d’autres temps se répandaient à nouveau en Irak. sie auprès des Nations Unies, fit les remar-
longuement sa décision de 2003 de partir agences des Nations Unies, de Care, Caritas, Vous refusez d’avouer que vous et votre ques suivantes à ce sujet: «Quelle ironie
en guerre contre l’Irak avec les Américains. Médecins internationaux pour la prévention politique aurait quoi que ce soit à voir avec que précisément la politique qui doit pri-
En janvier déjà, devant la commission d’en- de la guerre nucléaire (International Phy- la crise humanitaire en Irak. Vous argumen- ver l’Irak de ses armes de destruction mas-
quête sur la guerre en Irak, devant laquelle il sicians for the Prevention of Nuclear War tez même que le gouvernement irakien était sive soit devenue elle-même une arme de
a défendu durant plus de six heures la guerre IPPNW), du Secrétaire général des Nations seul responsable de la mortalité infantile des destruction massive». Le Secrétaire général
d’Irak et où il n’a pas prononcé un mot de Unies Kofi Annan, et de Nelson Mandela. moins de cinq ans, qui à l’époque était une lui-même fit des remarques très critiques sur
regret pour les innombrables femmes, hom- Et n’oubliez pas les centaines de milliers des plus fortes au monde. Je vous en prie: la situation humanitaire en Irak. Lorsque je
mes et enfants qui sont morts de mort vio- de personnes qui sont descendues dans la lisez les rapports de l’Unicef, lisez ce que publiai mes réserves dans un article de jour-
lente depuis l’invasion de l’Irak, il maintient rue en Grande-Bretagne et dans le monde l’Américaine Carol Bellamy, qui à l’époque nal, votre ministre Hain répondit ce que le
cette ligne de défense dans toute la partie entier pour protester contre votre politique. présidait cet organisme, écrivit à ce sujet au monde pouvait entendre venant toujours de
médiane de son livre. En Angleterre de nom- Sommes-nous tous des naïfs, victimes de Conseil de sécurité. Pas un seul collaborateur Londres et Washington: Tout cela est la faute
breuses protestations et manifestations ont eu la propagande chimérique d’un dictateur? de l’ONU qui s’occupait sur place de cette à Saddam. Hain était votre allié loyal. Lui
lieu lors de la sortie du livre. Un Anglais sur Vous prétendez que les faits parlent pour crise ne partagera votre point de vue «que et d’autres membres du gouvernement bri-
quatre voit en Blair un criminel de guerre. vous et vos supporters – la «coalition des l’Irak était libre d’acheter autant de nourri- tannique m’ont catalogué comme subjectif,
Et les Anglais savent aussi bien que tout le volontaires» comme vous les appelez. Vos ture et de médicaments» que le gouvernement trahissant mon mandat, pas à la hauteur de
monde que jusqu’à présent on n’a demandé remarques dédaigneuses sur Clare Short, de Saddam permettait. J’aimerais qu’il en fût ma tâche. James Rubin, alors porte-parole du
de rendre des comptes ni à Tony Blair ni à une femme courageuse, qui pour protester ainsi. En juillet dernier, un diplomate qui ministère américain des Affaires étrangères,
un autre responsable, selon les principes de démissionna en 2003 en tant que ministre représentait alors la Grande-Bretagne dans l’a formulé ainsi: «Cet homme à Bagdad est
Nuremberg et selon les exigences de la cons- de l’aide au développement, démontrent le comité des sanctions des Nations Unies payé pour travailler, pas pour parler!»
cience universelle. clairement qu’elle figure chez vous sur une quand j’étais à Bagdad, a dit: «Les fonc- Denis Halliday, mon prédécesseur à Bag-
Le comte Hans von Sponeck, qui dirigea autre liste. Vous invitez les adversaires de tionnaires et les ministres britanniques con- dad et moi-même fûment plusieurs fois empê-
à Bagdad, de 1998 à 2000 le programme votre politique irakienne à faire une pause et naissaient très précisément les conséquences chés de nous exprimer devant le Conseil de
des Nations Unies «Pétrole contre nourri- à réfléchir. Je vous prie de faire exactement négatives des sanctions. Mais ils préféraient sécurité. Une fois la Grande-Bretagne et les
ture», a rapporté et analysé dans son livre de même. Ceux parmi nous qui étaient en accuser le régime de Saddam d’être incapa- USA adressèrent une lettre commune au
«A different kind of war» de façon détaillée Irak ont vécu la misère et la souffrance que ble d’appliquer le programme Pétrole contre Secrétaire général dans laquelle ils insistaient
les conséquences désastreuses des sanctions votre politique a causées. Les représentants nourriture». pour dire que nous n’avions pas suffisam-
imposées pour la population irakienne. Il des Nations Unies sur place n’étaient pas Aucune personne ayant toute sa tête ne ment d’expérience avec les sanctions et que
réagit au livre de Tony Blair par une lettre «accaparés par le régime du dictateur». Nous défendra la manière de manier les droits de par conséquent nous ne pouvions en rien con-
ouverte que nous publions ci-après. étions «accaparés» par le défi de combattre l’homme de Saddam Hussein. Votre critique à tribuer au débat. Ils avaient peur des faits.
Sa lettre ouverte a déjà été publiée dans la souffrance humaine qu’une politique cet égard est parfaitement justifiée. Mais vous Nous vivons des temps difficiles et vous
plusieurs médias anglophones, germano- fondamentalement fausse que deux Etats vous bornez à cette partie de l’épouvantable avez contribué à les rendre telles. La struc-
phones et arabophones. avaient provoquée – celle de votre pays et celle histoire. Vous citez Max van der Stoel, l’an- ture de la sécurité internationale est sérieu-
des USA – et de la lâcheté de bien d’autres cien ministre des Affaires étrangères des Pays- sement affaiblie, le Conseil de sécurité a
au Moyen-Orient, en Europe et ailleurs. Ces Bas et chargé extraordinaire pour les droits échoué à résoudre les crises de façon paci-
Cher Monsieur Blair, pays auraient pu faire la différence, mais ils de l’homme en Irak à l’époque où j’y étais, fique et il existe une monstrueuse morale
Vous ne me connaissez pas. Pourquoi le en ont décidé autrement. Les faits parlent lorsqu’ il condamne le mépris des droits de double dans les débats de savoir dans quelle
feriez-vous? Mais peut-être auriez-vous dû pour nous, pas pour vous. l’homme par Saddam. Mais vous passez à des- direction notre monde devrait s’engager. Un
faire ma connaissance et celle d’autres col- Voici quelques-uns de ces faits. Si l’on sein sous silence trois faits utiles: van der Stoel ancien Premier ministre britannique – «un
laborateurs des Nations Unies qui, alors en avait accordé à Hans Blix, le contrôleur n’avait plus mis les pieds en Irak depuis 1991 grand, politicien de rang mondial et pas seu-
Irak, se donnaient du mal, lorsque vous enta- d’armes des Nations Unies, les trois mois et il s’appuyait sur des rapports de seconde lement un leader de son pays» comme vous
miez votre politique irakienne. Dans vos qu’il demandait, vos plans auraient peut-être main; son mandat se limitait à l’appréciation vous décrivez vous-même dans votre livre,
Mémoires, les alinéas consacrés à l’Irak ont été contrariés. Vous-même et George W. Bush des violations des droits de l’homme par le ne devrait en fait pas avoir le temps pour
confirmé mes craintes. C’est l’histoire d’un avez craint cela. Si vous aviez respecté le droit gouvernement irakien et excluait donc des rap- des talk-shows à la télé. Vous en avez décidé
international, vous n’auriez, en 1998 lors de ports donnant d’autres raisons, par exemple les autrement. J’ai vu le show – et c’était bien
l’opération desert fox, jamais osé autoriser les sanctions. Son successeur Andreas Mavrom- un show. Vous vous sentiez manifestement
attaques à partir des deux zones d’interdic- matis, ancien ministre des Affaires étrangères mal à l’aise. Tout ce que vous et votre com-
«Les ombres projetées par la guerre» tion de vol. Ces attaques devaient prétendu- de Chypre, reconnut immédiatement le carac- pagnon d’armes Bush avez planifié pour
suite de la page 2 ment protéger de Saddam Hussein les Kurdes tère partisan de ce mandat des Nations Unies l’Irak a échoué, à la seule exception d’avoir
au Nord et les Chiites au Sud, mais elles ont et il étendit le cadre de ses rapports aux sanc- fait tomber Saddam. Découragé et lâchement,
niaques. La guerre en Irak est terminée, offi- tué des civils et détruit des installations civi- tions, comme étant un problème essentiel des vous avez préféré parler dans ce talk-show de
ciellement. Pour les hommes, c’est le retour les et ont finalement servi de préparation à la droits de l’homme. Ce fut une correction très l’Iran comme nouvelle menace.
à la «normale». Mais rien ne sera plus jamais guerre projetée. importante. Que vous aimiez entendre cela ou non,
comme avant. Ils gardent vivantes en eux Je sais que nos rapports de Bagdad concer- Dans votre livre, vous ne mentionnez vous avez sacrifié les Nations Unies et la voie
les terribles expériences de la guerre, ils ont nant les destructions causées par ces attaques même pas Celso Amorim, le ministre des de la diplomatie sur l’autel d’une alliance
le sentiment d’être abandonnés, d’avoir été ont déclanché beaucoup de colère au siège affaires étrangères brésilien, qui était alors égoïste avec le gouvernement Bush. C’est là
trompés. Ce sentiment restera à jamais pro- du gouvernement de Whitehall. Lors d’un le représentant permanent de son pays aux l’héritage de votre politique irakienne. Vous
fondément ancré dans leur coeur. entretien que j’ai eu en 2004 avec Robin Nations Unies. Peut-être parce qu’il était avouez dans votre livre que «ici ou là, quel-
En Afghanistan, des attentats sont com- Cook, votre ministre des Affaires étrangè- un des rares diplomates qui essayait, contre ques erreurs ont été commises». Dans un pas-
mis tous les jours. En Somalie, la guerre qui res de l’époque, j’ai appris qu’au sein même toutes les tentatives de désinformation, d’éta- sage, vous écrivez que «les services secrets se
dure depuis deux décennies devient de plus de votre cabinet de sérieuses réserves furent blir la vérité sur les conditions déplorables sont trompés et nous aurions dû nous en excu-
en plus brutale. En Occident, nous nous indi- émises contre vos intentions. La résolution dans l’Irak de la fin des années 90? Quand ser – et je l’ai effectivement fait». Le pilier
gnons, mais à distance. N’oublions pas ceux 688 de 1991 a attribué le pouvoir au Secré- Amorim présida le Conseil de sécurité, il exi- central de vos arguments en faveur d’une
qui vivent dans des régions en guerre. Ren- taire général des Nations Unies – et à per- gea une nouvelle évaluation de la situation invasion de l’Irak s’effondre et vous traitez
dons-leur leur dignité. • sonne d’autre – de protéger les droits et les humanitaire. Ses conclusions furent incontes- cela comme une note de bas de page. Votre
besoins des gens. Elle ne constituait pas une tables. «Même si l’ensemble de la misère en refus de simplement reconnaître les faits est
On peut visiter l’exposition à justification aux zones d’interdiction de vol. Irak ne peut être attribué à des facteurs exter- une raison pour laquelle les «hommes de
- Rapperswil du 29 octobre au 3 décembre Par son acceptation de la résolution 688, le nes, particulièrement aux sanctions, les Ira- bonne volonté» sont pareillement boulever-
- Feldkirch du 5 au 7 novembre gouvernement britannique s’engageait en fait kiens ne souffriraient pas d’un pareil manque sés et persistent à exiger qu’on vous demande
Pour de plus amples informations, veuillez consulter à respecter la souveraineté et l’intégrité terri- sans les mesures du Conseil de sécurité et les de rendre des comptes. •
le site www.bosnaquilt.at toriale de l’Irak. conséquences de la guerre». (Traduction Horizons et débats)
page 4 Horizons et débats No 42, 1er novembre 2010

Allemagne

Davantage d’humanisme au lieu


de l’économisme et d’une campagne électorale
par Karl Müller

Lorsque Martin Neff, chef du département


de l’économie du Crédit Suisse, a déclaré fin
juillet lors d’une conférence, que sa corpo-
ration s’était fondée pendant 20 ans sur de
mauvais modèles, notamment celui l’«homo
œconomicus», qui tient trop peu compte de la
nature humaine, nombreux ont été ses audi-
teurs qui ont souhaité que cette façon de voir
fasse le tour du monde financier et que la
crise, qui nous a menés au bord du gouffre,
déclenche un retour en arrière.
Malheureusement, il suffit de jeter un
coup d’œil sur les pages économiques des
quotidiens pour comprendre que ce n’est pas
encore le cas, mais que, bien au contraire, on
continue dans les sphères dominantes de vou-
loir à tout prix faire de gros profits, leurs cer-
veaux étant plombés.
Ce que la «Neue Zürcher Zeitung» a rap-
porté des conclusions d’un rapport sur les
analyses actuelles des conséquences des pro-
jets de politique monétaire de la Banque cen-
trale américaine (FED) et d’autres banques
d’émission rejoint les avertissements de
Joseph Stiglitz et d’autres experts. (cf. Hori-
zons et débats no 40 du 18 octobre)
«De plus en plus de personnes mettent en
garde contre le relâchement continu de la
politique monétaire par les banques centrales Vue du Rhin prise depuis le Rocher du dragon près de Königswinter. «Reconnaître la dignité humaine exige que l’on s’en-
des Etats-Unis, du Japon, de la Grande-Bre- gage sur d’autres voies: arguments solides, volonté de redistribution, compréhension, réconciliation, plus d’humanisme
tagne et finalement de la zone euro [...] qui afin de placer l’être humain au centre des préoccupations, d’assurer un espace suffisant à tout ceux qui vivent dans le pays
et de ne pas utiliser les gens comme un moyen pour atteindre un but. C’est ainsi que l’on trouvera des solutions aux problè-
pourrait déclencher une crise profonde du
mes de l’heure.» (photo caro)
système monétaire. [...] Selon eux, le dollar
et d’autres monnaies pourraient s’effondrer. On préfère la diversion. Par exemple on vement. L’expression ‹pour le bien de tous› ce soit, qui peut améliorer les choses. «L’hon-
L’économie réelle ne reçoit que peu de se demande comment est mené le débat sur se serait appliquée à Winston Churchill pen- nêteté que nous dicte notre conscience»
cette masse d’argent; ce sont les Trésors l’immigration et l’intégration. Ils sont nom- dant la Seconde Guerre mondiale, et aussi à (Reuter), exige autre chose qu’une lutte des
publics qui en profitent, de même que l’éco- breux, y compris le Président fédéral, à Charles de Gaulle lors de la crise algérienne. classes. L’histoire allemande des deux siècles
nomie financière et les spéculateurs. Même la rappeler l’importance inéluctable de l’immi- Si la question avait été posée correctement, passés regorge de telles luttes, mais aussi de
«Neue Zürcher Zeitung» du 14 octobre écrit gration et la nécessité de se serrer les coudes. dans un sens historique: ‹un chef qui, avec leurs victimes. Chacun doit maintenant réflé-
«qu’on joue avec le feu» et que les victimes Mais qu’est-ce qui assure la cohésion d’un son parti et ses sections d’assaut aurait terro- chir au passé de manière critique.
seront, une fois de plus, les populations. pays? Cette question ne reçoit que de maigres risé la population›, le pourcentage aurait été Pourquoi maintenant cette attaque con-
réponses. Il est inacceptable de réduire le pro- réduit, mais les têtes savantes n’auraient plus tre le monde bourgeois? Même en admettant
Les responsables de la crise financière blème de l’immigration et de l’intégration eu d’ennemi.» que le sens «bourgeois» s’est perdu pendant
n’ont pas eu à répondre de leurs actes aux futurs besoins de main-d’œuvre. C’est les années de prospérité et les deux décen-
Ces jeux criminels de la haute finance ne sont une façon très allemande de s’en tenir à la La redistribution, la compréhension nies de néolibéralisme – avec ses dérégu-
nés ni spontanément ni d’une situation de vision économiste. Sans compter qu’on se et la réconciliation feraient mieux lations et la mondialisation – ce n’est pas
crise. Tant Joseph Stiglitz que Nouriel Rou- heurte à un tabou quand on veut évoquer les l’affaire qu’une campagne électorale là qu’il faut chercher les causes de la crise
bini en ont beaucoup parlé. En mai dernier le causes culturelles du développement démo- Ezard Reuter, ancien président du conseil financière. Alors pourquoi maintenant? A un
film documentaire «Inside Job» de Charles graphique des 45 dernières années et ce qu’il d’administration de Daimler-Benz, person- moment où la haute finance et ses spécula-
Ferguson a mis en lumière les dessous de la faudrait faire pour le modifier de manière res- nalité éminente, fils du très réputé maire de teurs ne semblent pas comprendre la menace
crise financière mondiale. Ferguson a inter- ponsable. Berlin de l’après-guerre, vient de publier un et que la prochaine crise se prépare?
rogé de nombreuses personnes impliquées Il n’est pas certain que supprimer l’évoca- nouveau livre souvent cité et intitulé «L’heure A-t-on déjà oublié que les marchés des
dans cette crise. Selon le «Financial Times tion de Dieu dans la Constitution – comme le des hypocrites. Comment les gestionnaires et capitaux ont été dérégulés par les gouverne-
Deutschland» du 17 mai, lors de la première suggèrent certains dans le débat sur l’intégra- les politiciens se moquent de nous. Polémi- ments socialistes?
du film au festival de Cannes, il aurait acquis tion – et donner à cette Constitution un tour que.» On ne peut qu’approuver une grande Reconnaître la dignité humaine exige que
la conviction que la plupart de ses interlocu- résolument laïque, soit d’un grand secours. partie des idées exprimées ici sur les con- l’on s’engage sur d’autres voies: arguments
teurs savaient parfaitement à quel jeu dange- Même les réponses traditionnelles ne sont séquences de la crise financière de ces der- solides, volonté de redistribution, compréhen-
reux, mais payant, ils jouaient sur les marchés pas sans poser de nouvelles questions dans le nières années et de ses répercussions. Mais sion, réconciliation, plus d’humanisme afin
financiers. monde d’aujourd’hui. Que faut-il faire pour à la fin de son livre, dans l’antépénultième et de placer l’être humain au centre des préoc-
Quasiment personne n’a dû répondre de que les populations qui vivent dans un Etat, l’avant-dernier chapitres, il révèle que toutes cupations, d’assurer un espace suffisant à tout
ses actes. Bien au contraire. Nombreux sont comme l’Allemagne, prennent conscience les hypocrisies énumérées dans le livre n’ont ceux qui vivent dans le pays et de ne pas utili-
ceux qui, ayant provoqué ce séisme dans le qu’elles sont composées de citoyens et de qu’une origine: la volonté des gens d’être des ser les gens comme un moyen pour atteindre
système financier mondial, sont toujours en citoyennes qui doivent résoudre ensemble bourgeois. un but. C’est ainsi que l’on trouvera des solu-
place – même au niveau gouvernemental. des problèmes, des différends, voire des con- Il s’en prend avec vigueur aux deux siècles tions aux problèmes de l’heure. •
Par exemple Larry Summers, jusqu’il y a flits de façon pacifique, sans violence? Est- passés, menant sa polémique contre «les arti-
peu aux Etats-Unis (conseiller du Président ce que le «patriotisme constitutionnel», dont sans établis», «les familles d’entrepreneurs
américain), ou Jörg Asmussen en Allema- il est si souvent question, la maîtrise de la qui ont réussi», «les secrétaires d’Etat fia-
gne (secrétaire d’Etat au ministère fédéral
des Finances). Ferguson qualifie encore le
langue allemande et la demande sur le mar-
ché du travail peuvent suffire? Ou faut-il que
bles», «les pharmaciennes établies». Selon
lui, tout ce monde souffrait d’une arrogance
Horizons et débats
Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante,
gouvernement Obama de «gouvernement de tous ceux qui vivent ou veulent vivre en Alle- intellectuelle […], qui donnait le frisson. On l’éthique et la responsabilité
Wall Street». Quant aux décisions de l’UE magne fassent plus, beaucoup plus, aussi en a affaire au «bourgeois» dans le mauvais sens pour le respect et la promotion du droit international,
concernant la Grèce et d’autres candidats à guise de préparation pour les générations à du terme, mais pas au citoyen. Le bourgeois du droit humanitaire et des droits humains
hauts risques, elles sont surtout favorables à venir? est un «sujet», selon Heinrich Mann. Il est
Editeur
la haute finance. Il semble bien qu’on ne souhaite pas ce coupable d’injustice sociale. Ce n’est que Coopérative Zeit-Fragen
genre de réflexion. C’est ce qu’on peut remar- dans les premières années après la Seconde Rédacteur en chef
Economisme allemand, quer en lisant l’argument de «mise à mort», Guerre mondiale que la République fédérale Jean-Paul Vuilleumier
politique allemande avancé par la Friedrich-Ebert-Stiftung, allemande fut vraiment une république des Rédaction et administration
et manœuvres dilatoires allemandes proche du parti socialiste, dans sa dernière citoyens. Ce n’est qu’après la fin du gouver- Case postale 729, CH-8044 Zurich
Cependant la crise a fait croire que le sys- étude, à la suite du débat lancé par le livre de nement socialiste de Helmut Schmidt qu’est Tél. +41 44 350 65 50
Fax +41 44 350 65 51
tème de pouvoir mondial avait subi un échec Thilo Sarrazin, intitulée «Le centre en crise. apparue à nouveau la volonté d’être des bour-
et que cela ouvrait la porte à un renouveau. Positions d’extrême-droite dans l’Allemagne geois en Allemagne. Les bourgeois, ce sont E-Mail: hd@zeit-fragen.ch
Internet: www.horizons-et-debats.ch
On assiste effectivement à des réflexions de 2010». Elle met en garde contre le fait que «les millions d’investisseurs du monde entier
stratégiques, voire à des surprises. Les ser- de plus en plus d’Allemands, y compris au qui veulent participer lorsque la roulette du CCP 87-748485-6
IBAN: CH64 0900 0000 8774 8485 6
vices secrets reprennent du poil de la bête et centre, adoptent une pensée d’extrême-droite, casino des marchés financiers distribue ses BIC: POFICHBEXXX
on peut s’attendre à de nouvelles surprises. le tout reposant sur des questions douteuses. dons bienvenus et fait en sorte qu’on puisse Imprimerie
Le gouvernement allemand s’appuie – dans La «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du s’enrichir sans effort.» Nüssli, Mellingen
la pure tradition de l’Empire – sur sa force 14 octobre a mis le doigt sur la plaie: «Dans Les partis gouvernementaux actuels sont Abonnement annuel 198.– frs / 108.– €
économique pour asseoir son pouvoir et pro- les sondages ce sont les questions et non les du côté des bourgeois et de leur conception
ISSN 1662 – 4599
cède à des sondages un peu partout dans le réponses qui peuvent inquiéter. En demandant de la vie. Mais, Monsieur Reuter, est-ce la
monde. si on souhaite un ‹chef› capable d’agir pour solution? Peut-on espérer mieux d’une cam- © 2010 Editions Zeit-Fragen pour tous les textes et les illustrations.
Reproduction d’illustrations, de textes entiers et d’extraits impor-
Mais on se garde bien de poser la ques- le bien de tous en régnant de façon autori- pagne électorale en faveur du SPD, dont vous tants uniquement avec la permission de la rédaction; reproduction
tion de savoir comment les Allemands sou- taire, il ne faut pas s’étonner que plus de 13% êtes membre? A mon avis, ce n’est pas une d’extraits courts et de citations avec indication de la source «Hori-
zons et débats, Zurich».
haitent vivre. des personnes interrogées répondent positi- campagne électorale, pour quelque parti que
No 42, 1er novembre 2010 Horizons et débats page 5

Autriche

Il est temps de se libérer (du génie génétique)


par Klaus Faißner*
Même s’il est réjouissant qu’on ait enfin lancé
le débat quant au marquage des produits ani-
maux contenant des OGM, ce sont des faits et
des actes clairs au lieu de belles paroles dont
nous avons besoin. Ensemble nous allons
libérer l’Autriche du génie génétique.

93% des Autrichiennes et des Autrichiens


ne veulent pas d’OGM dans leur assiette.1
En 1997, plus de 1,2 million de citoyens se
sont prononcés en faveur de l’interdiction du
génie génétique – aucun plébiscite hors-par-
tis n’a jusqu’à présent obtenu autant de sou-
tien. Mais qu’en est-il du débat ouvert par le
ministre de la Santé Alois Stöger concernant
le marquage de produits animaux?
Profitons de l’occasion pour clarifier les
points principaux de la discussion et d’expri-
mer des revendications claires.
Les faits
• Suite à l’opposition massive de la popu-
lation, on n’a encore jamais (au moins
officiellement) cultivé de plantes généti-
quement modifiées en Autriche.
• Mais: chaque année, des milliers de tonnes
de soja génétiquement modifié (soja GM)
servent à l’alimentation animale (avant tout
aux porcs et aux poules). En 2009, ce furent
exactement 500 000 tonnes ou 95% du
soja qui ont servi à nourrir des animaux.2 Le modèle de la Suisse: Elle n’a pas seulement réalisé l’interdiction de toute production commerciale d’OGM, mais elle a aussi banni le soja
Mais il y a assez de soja conventionnel sur GM de la liste des fourrages importés: 99,99% des fourrages importés ne contiennent pas d’OGM. (photo thk)
le marché mondial pour couvrir le besoin
entier en nourriture animale de l’UE. l’UE, est scandaleuse: Les produits ani- • Imprimez les coupons «Bioniere»12 • En plus il faut obtenir le soutien de l’Alle-
• En d’autres termes, presque tous les Autri- maux sont exceptés et il n’est pas néces- annexés (recto et verso), remplissez-les et magne en matière de marquage des produits
chiens mangent à contre-cœur de la «viande saire de déclarer une pollution OGM déposez-les auprès du patron de la succur- animaux sur tout le territoire de l’UE. •
GM» (ou des «œufs GM») – sauf ceux qui jusqu’à 0,9% – depuis le 1er janvier 2009, sale de votre supermarché. Si des centaines (Traduction Horizons et débats)
n’utilisent que des produits biologiques ou c’est aussi le cas pour les produits bios et des milliers de clients revendiquent de
marqués «garantis sans OGM». Car on et garantis sans OGM.8 Là, il faut faire la volaille sans OGM, le commerce ne tar- 1
www.lebensministerium.at/article/articleview/
peut déceler dans les produits animaux marche arrière. dera pas à réagir! 82475/?SectionIDOverride=110
des parties de plantes GM qui ont été utili- • L’Autriche officielle se défend contre un • Confrontez les décideurs avec les faits. Ce 2
Données du ministère de l’agriculture autrichienne
sées comme nourriture pour ces animaux.3 marquage des produits animaux pour tous sont les actions qui comptent, pas les belles publiées dans: top agrar Österreich 10/2010,
www.topagrar.at
Ainsi nous ne mettons pas seulement en les pays de l’UE! Selon la ministre alle- paroles. Présentez-leur, à chaque occasion,
danger notre santé4, mais nous soutenons mande de l’Agriculture, Ilse Aigner (CSU), l’article premier de la Constitution fédérale
3
pressetext.com/news/100819001/gentech-pflanzen-
verseuchen-milch-und-tiere/?phrase=gentechnik
également l’industrie du génie génétique.5 le gouvernement allemand, qui soutien le autrichienne: «L’Autriche est une Répu- 4
Selon l’étude de la scientifique russe Irina Ermakova
• Bien qu’on ne cultive pas de plantes géné- génie génétique (!), se trouve seul avec blique démocratique. Son droit émane du 55,6% des jeunes rats, dont les mères avaient mangé
tiquement modifiées en Autriche, on peut sa revendication d’un tel marquage.9 Les peuple».13 du soja GM pendant la grossesse, sont morts. Chez
nourrir les animaux avec 24 (!) diffé- ministres Stöger (SPÖ) et Berlakovich • Réfléchissons à la revendication d’un plé- des groupes de référence le taux s’élevait à 7 et
rents OGM. Ce sont à côté du soja GM (ÖVP) sont responsables des questions biscite au sujet d’une interdiction des OGM 9%. Pour de plus amples informations consultez
(3 espèces) le maïs GM (18 espèces), le concernant le génie génétique. – 32 ans après Zwentendorf, il serait grand l’ouvrage de Klaus Faißner «Wirbelsturm und Flä-
chenbrand. Das Ende der Gentechnik»
colza GM, la betterave sucrière GM et la • Le modèle de la Suisse: Elle n’a pas seu- temps de créer une «loi anti-OGM» com- 5
www.regnum.ru/english/526651.html. En outre,
pomme de terre GM (1 espèce par sorte). lement réalisé l’interdiction de toute pro- parable à la «loi anti-nucléaire», ne pensez- une nouvelle étude démontre la nocivité de l’insec-
On peut y ajouter 6 espèces de coton GM duction commerciale d’OGM, mais elle vous pas? ticide Roundup utilisé pour le soja et le colza GM
qu’on a également admis en tant que nour- a aussi banni le soja GM de la liste des etc.; www.keine-gentechnik.de/news-gentechnik/
riture animale. On ne sait pas, si ces plantes fourrages importés: 99,99% des fourrages Revendications news/de/22576.html
génétiquement modifiées sont déjà arrivées importés ne contiennent pas d’OGM.10 • Réalisation prompte du plébiscite sur le 6
Klaus Faißner «Wirbelsturm und Flächenbrand»
en Autriche et si oui, on ne connaît pas les Trois facteurs ont rendu cela possible: La génie génétique de 1997 ce qui correspon- www.gentechnikverbot.at
quantités.6 souveraineté, la démocratie directe (c’est- drait à l’interdiction générale des OGM en 7
www.gentechnikfrei.at/
• En Autriche, on donne à manger aux ani- à-dire que les citoyens peuvent exiger des Autriche – même si la justice (ou l’injus- 8
Klaus Faißner «Wirbelsturm und Flächenbrand.
maux de telles quantités gigantesques de soja votations populaires quand ils le dési- tice) de l’OMC et de l’UE ne le permet pas. Das Ende der Gentechnik»
GM uniquement parce qu’on n’a pas besoin rent) et la conscience des gens de la pré- Cela veut dire: 9
www.topagrar.at/home/index.php?option=
de les déclarer. Il existe déjà un marquage ciosité des denrées alimentaires. Neutres, • Pas de produits OGM dans nos assiet- com_content&task=view&id=2010&Itemid=17;
www.bild.de/BILD/politik/2010/07/18/ilse-
facultatif;7 un sceau étatique supplémen- libres, sans OGM et autonomes – voilà des tes (pas non plus par le biais des fourra- aigner/landwirtschaftsministerin-sagt-womit-wir-
taire, comme le ministre Stöger le propose, revendications valables pour nous autres ges!) wegen-hitze-rechnen-muessen.html
ne changerait donc rien à la situation. aussi!11 • Pas de brevets sur la vie 10
voir: www.gentechnologie.ch/pdfs/Import_2007.pdf
• La réglementation obligatoire concernant • Pas d’OGM dans nos champs (cette 11
Formulaire en vue du plébiscite «Hors de l’UE»
les OGM, valable dans tous les pays de Activités revendication est probablement déjà réa- sous: www.webinformation.at/material/Unter-
• Achetez, notamment s’il s’agit de viande et lisée). stuetzungserklaerung_direkte_Demokratie.pdf
* Klaus Faißner est l’auteur du livre «Wirbelsturm d’œufs, des produits biologiques ou mar- • Si ces revendications ne sont pas possibles, 12
www.bioniere.org/PDFs/Gentech-frei%20Geflueg
und Flächenbrand. Das Ende der Gentechnik». qués «garantis sans OGM». Le meilleur il est inévitable, pour la protection de nos el%203%20Abschnitte.pdf
Commande: info@gentechnikverbot.at produit pour le plus petit prix n’existe pas. bases vitales, de quitter l’UE. 13
www.wienerzeitung.at/linkmap/recht/verfassung1.htm

Saviez-vous que • des plantations de soja génétique- duit et ce qui se trouve dans les rayons
• la volaille normale est élevée avec ment modifiés, utilisé pour l’alimen- des supermarchés. C’est pour cela que
de la nourriture contaminée par des tation animale, éradiquent de plus nous devrions, avant tout lors de l’achat
OGM? en plus les forêts équatoriales? de volaille, nous assurer que celle-ci ait
• le poison de ces OGM n’est pas éli- • la volaille nourrie sans OGM ne coû- été nourrie biologiquement ou qu’elle
miné dans l’estomac des animaux terait que quelques centimes de porte le label «garantis sans OGM».
(A. Moser, professeur d’université) plus? Nous boycotterons la «volaille GM», jus-
et termine donc dans votre assiette? Nous, les citoyens, décidons de ce qui qu’à ce que le commerce réagisse!
• d’année en année 550 000 tonnes doit se trouver dans nos rayons! Heu- Nous vous prions de compléter le talon ci-
de soja génétiquement modifié sont reusement, ce sont finalement nous, les dessous et de le déposer lors de vos prochains
importées en Autriche? citoyens, qui déterminons ce qui est pro- achats à la caisse de votre supermarché!

Question à la direction du supermarché: de la volaille sans OGM


Je vous prie de m’informer quand je pourrais acheter de la volaille sans OGM chez vous.
Ma famille est prête à débourser ces quelques centimes supplémetaires pour préserver les forêts équatoriales et notre santé.
_______________________________ _______________________________
nom et prénom rue et numéro

_______________________________ _______________________________
adresse E-mail code postal / lieu
page 6 Horizons et débats No 42, 1er novembre 2010

Réflexions sur la faim et la sécurité alimentaire


A l’occasion de l’exposition «Die Welt im Topf»
au musée Rosgarten de Constance
par Urs Knoblauch, Fruthwilen

L’exposition spéciale remarquable «Die Welt grand-mères (qui sont d’ailleurs toujours très visiteur est incité à se rappeler l’époque de Des milliers ont quand même dû quitter
im Topf – kleine Kulturgeschichte der Küche bien utilisables), des cubes de bouillon his- ses grands-parents et de ses ancêtres dans leur patrie à cause de la faim, «en Europe ont
am Bodensee» [Le monde dans une marmite toriques de Maggi, des paquets de soupe à laquelle la plupart de la population était com- commencé les grands mouvement d’émigra-
– petite histoire culturelle de la cuisine dans l’avoine, des auto-cuiseurs et de vieilles affi- posée de paysans, où il y avait encore plus tions». Il n’y avait pas assez de nourriture et
la région du lac de Constance»] au musée ches de l’«Exposition suisse pour l’agricul- d’exploitations paysannes et pas encore de fri- de possibilités d’existence: «Entre 1750 et
Rosgarten de Constance, présente une thé- ture, l’exploitation forestière et le jardinage» gidaire ni d’entreprises de logistique ni d’ali- 1800, la population du continent européen a
matique actuelle et importante. Elle incite en 1900 à Frauenfeld ou du cépage «Müller- ments du monde entier. passé de 50 millions à 180 millions d’habi-
à la réflexion sur la consommation, la faim Thurgau», le tourisme naissant, les nouveaux Ainsi une représentation montre l’offre tants. Au milieu du XIXe siècle, on en était
et la sécurité alimentaire dans notre monde. moyens de transport et l’hôtellerie avec ses au marché pendant le Concile de Constance déjà à 266 millions. Des cercles scientifiques
Elle attire le regard vers l’importance de cures de petit-lait, ses tables exclusives et les en 1414. Dans un récit du moine saint-gal- ont jugé nécessaire, face à ce développe-
l’agriculture, des économies nationales sai- menus riches sont présentés dans l’exposition lois Ekkehard IV sur les habitudes de table ment, de stabiliser l’agriculture qui ne don-
nes et vers nos habitudes alimentaires. et le catalogue. au monastère de l’an 1000, le lecteur ou le nait alors que peu de rendement, peu variée
Les vieux livres de recettes, écrits par des visiteur apprend: «Les petits oiseaux cap- et vulnérable, par des réformes sur des bases
L’exposition remarquablement bien instal- cuisinières et des ménagères, sont particuliè- turés au collets ne nuisent à personne» et scientifiques.» Ce fut donc une bénédiction
lée pour les familles et les adolescents nous rement intéressants. Un trésor et une culture «pour mille petits poissons cuits» le moine que l’époque des Lumières, de pair avec les
donne des aperçus précieux de l’origine et la riche d’un savoir qui découle de l’expérience demande la bénédiction de Dieu. Le pois- idéaux chrétiens, aient de nouveau mis au
préparation des aliments des alentours du lac pratique. Dans ces vieux livres de cuisine l’on son joue un rôle central dans la région du lac centre la raison, la recherche scientifique et
de Constance et des pays qui l’entourent, la apprend aussi des choses sur le quotidien qu’on de Constance, mais il a aussi une significa- les efforts sociaux pour la liberté, la fraternité
Suisse, l’Allemagne et l’Autriche, mais aussi oublie trop facilement de nos jours. «L’abat- tion symbolique dans la religion chrétienne et l’égalité sans le régime féodal et en direc-
des influences interrégionales. Tobias Engel- tage, le découpage, plumer et préparer, étaient avec le pain, le vin et l’huile. Les moines tion de la démocratie. «A cette époque, des
sing, directeur des musées communaux de la des étapes d’un quotidien dans la cuisine sans de Saint-Gall vivaient sans viande pendant hommes éclairés aux idées de réformes, des
ville de Constance et curateur de l’exposition, frigidaire et sans glace.» Le plus important 140 à 160 jours par an et ils ont développé élites citadines ont fondé des sociétés d’agri-
historien et auteur du catalogue, écrit: «Sur c’était toujours de travailler de façon écono- une riche variété de mets de poissons. Le culture et d’économie. A côté de nombreuses
les voies internationales du commerce par- mique. L’homme des Lumières et théologien jus de fruits thurgovien faisait partie de leur sociétés de formation et de lecture, des acadé-
courant la région du lac de Constance a été réformé J. A. Pupikofer constate: «Le Thur- table ainsi que le vin. La célèbre «Moste- mies et des sociétés de réforme, ces ‹patriotes
importé, depuis les ports européens d’outre- govien a l’habitude d’une nourriture solide.» rei» (pressoir pour le cidre) Möhl d’Arbon économiques› se sont voués tout spéciale-
mer et par les cols alpins, tout ce qui était en Au catalogue s’ajoute aussi un petit livret de montre des bouteilles de cidre historiques et ment à la réforme de l’agriculture. Sans être
vogue ailleurs dans le domaine culinaire: des recettes issues de recettes familiales et de vieux des ustensiles. Elle fait partie des nombreux freinés dans leur ardeur par des seigneurs
épices, du sucre, du chocolat, du café, des livres de cuisine de l’ancien chef-cuisinier du sponsors de l’exposition. Dans le jardin du féodaux, des hauts fonctionnaires, des pas-
fruits exotiques, des nouilles, du riz, des vins Château de Wolfsberg à Ermatingen (CH). monastère on a planté du chou, du poireau, teurs, des commerçants, des médecins et des
et beaucoup d’autres choses. Depuis la Réfor- A part les nombreux textes historiques inté- de l’ail, du melon, des courges, des petits fabricants se sont mis à fonder de telles asso-
mation, la région du lac de Constance est deve- ressants, les illustrations et les ustensiles de cui- pois, des lentilles et de la laitue, la salade ciations dans tout le pays: En 1746 a été créée
nue une terre d’immigration mouvementée à sine, les mets et différentes cultures de table, le de l’époque. Le lait, le fromage, le miel et à Zurich la ‹Physikalische Gesellschaft› qui
partir des pays de la monarchie autrichienne. catalogue et l’exposition bien fréquentée (pro- des gâteaux faisaient aussi partie du menu. s’est changée plus tard en ‹Naturforschende
Des régents prévoyants y ont installé depuis le longée jusqu’au 30 décembre) nous incitent à «Il faut boire du lait de chèvre cru», parce Gesellschaft› avec sa ‹commission économi-
XVIIIe siècle des réfugiés et des migrants tra- la réflexion sur l’agriculture et nos habitudes qu’il est très sain, recommande Ekkehard que›, orientée vers l’agriculture. En 1759, à
vailleurs de la Suisse et de la France révolu- alimentaires. Comment est-ce que cela s’est qui est décédé en 1036 et a laissé un livre Berne, a été fondée, inspirée par le ‹Café lit-
tionnaire. Ainsi sont arrivés au bord du lac de passé chez nous, dans la famille, dans la com- «Casus monasterii Galli» avec beaucoup téraire› du réfugié italien Felice, la ‹Oekono-
Constance des maîtres-cuisiniers de France, mune, au village, en ville dans le canton ou d’anecdotes. Les monastères des Bénédic- mische Gesellschaft›. Au début des années
des cuisinières bohémiennes, des vendeurs de bien dans le Land? Beaucoup d’aspects géo- tins étaient aussi connus pour leurs riches 1760, des groupes semblables se sont formés
marrons de Slovénie, des marchands de sala- graphiques, historiques culturels et humains jardins d’herbes aromatiques et d’épices qui à Fribourg, Bâle, Soleure, Bienne et aux Gri-
mis italiens, et ils ont apporté leurs recettes et ont pu être éclairés. Quelques aspects de la thé- étaient utilisées pour l’alimentation aussi sons. En 1767 est apparue la ‹Reformierte
leurs secrets de cuisine.» matique seront exposés dans cet article. bien que pour la médecine. toggenburgische Moralische Gesllschaft›
Dans cette exposition richement documen- Il vaut la peine, de jeter un regard sur les [Société morale réformée du Toggenbourg].
tée et dans le catalogue, des relations histo- Apprendre à penser historiquement règles simples de l’ordre de Benoît de Nursie Dans ses rangs on trouve le paysan, ouvrier
riques et culinaires multiples se révèlent. A Ce qui est précieux dans l’exposition, c’est sur le Mont Cassin et la vie laborieuse, médi- textile et écrivain Ulrich Bräker, connu par
part des ustensiles de cuisine du temps de nos qu’elle dirige le regard vers l’histoire. Le tative et culturellement très riche de la com- son roman autobiographique ‹Le pauvre
munauté du couvent. Une règle de vie très homme du Toggenbourg›.»
importante: «Etre généreux dans les petites Avec l’influence du philosophe français
choses, mais veiller sévèrement à donner à la Jean-Jaques Rousseau, la vie naturelle à la
vie harmonie et précaution.» Benoît n’aimait campagne a pris plus de valeur face à la vie
pas les sanctions drastiques pour des fau- dans les milieux citadins, ce qui a renforcé
tes qui étaient habituelles alors et non plus la paysannerie. Mais les élites citadines et
la prière excessive et des ruminations exci- les fabricants émergents ont essayé d’élar-
tées derrière les murs du monastère. «Il a gir leurs privilèges et ont propagé l’idée des
proposé un modèle d’harmonie se compo- reformistes de planter davantage de pommes
sant du service spirituel pour la communauté de terre, de céréales et de légumes, cepen-
des moines, de travaux manuels réguliers et dant avec l’intention d’assurer l’ancien ordre
d’une vie matériellement modeste.» des taxes avec la dîme des paysans pour les
En savoir un peu plus de cette conception seigneurs des villes. Mais les «patriotes éco-
de vie, la lecture ou une visite dans l’église nomiques» zurichois ont quand même atteint
d’un monastère serait certainement salu- un succès décisif avec leur engagement pour
taire en nos jours d’indifférence et de sur- la pomme de terre. «Ce tubercule venant du
consommation. Beaucoup de ces mœurs de Pérou, de la Bolivie et du Nord du Chili,
table monastiques ont aussi été la coutume importé dans la deuxième moitié du XVIe
des citoyens des villes moyenâgeuses de la siècle en Espagne, Irlande et Angleterre,
région du lac de Constance. «Les baies de la n’a été connu jusqu’au XVIIIe siècle pres-
région, fraîches ou en confiture et marmelade, que uniquement que comme plante médi-
arrivaient depuis les forêts et les jardins dans cinale ou comme plante de décoration dans
les marchés des villes autour du lac de Cons- les jardins des princes.» En Suisse, en peu
tance.» Mais on y trouvait aussi une grande d’endroits uniquement, des essais de cul-
pauvreté. ture de la pomme de terre furent entrepris.
Ulrich Bräker se rappelle la première culture
Les bienfaits de la paix, dans sa jeunesse à la fin des années 1730 et
des Lumières, des sociétés de lecture plusieurs sources en témoignent: «En 1740,
et de la pomme de terre Johann Ludwig Meyer de Knonau/Weinin-
Une grande partie de l’exposition et du cata- gen dans le canton de Zurich a fait les pre-
logue attire l’attention de manière impres- miers essais de culture et il a propagé, aussi
sionnante sur les grandes famines. 1816 était comme membre de la commission écono-
une année spécialement dure, il a plu pen- mique, la construction de machines à pom-
dant 122 jours et neigé pendant 35 jours. mes de terre, avec laquelle on pouvait faire
La population était affamée par de longues de la farine panifiable à partir de pommes
années de pressions, de destructions, de de terre séchées.» Il comptait parmi les pion-
pillages des guerres napoléoniennes. La niers de la culture bénéfique de la pomme de
renaissance de l’industrie du textile dans la terre, tout comme Hans Blarer de Wartensee
région du lac de Constance, et surtout dans avec son domaine agricole près de Oberengst-
les cantons de Suisse orientale, a donné ringen, le maire Johann Conrad Heidegger
un nouvel espoir. C’est uniquement par les et le paysan modèle Jakob Gujer, connu sous
grands efforts communs de quelques per- le nom de «Kleinjogg». Car dans les années
sonnes responsables, des scientifiques, des terribles de la famine de 1770/71 «les propo-
églises et avant tout des paysans, que la faim sitions des économistes zurichois autour de
a pu être vaincue par la culture de la pomme
Catalogue de l’exposition (ISBN 978-3-929768-25-1) de terre. Suite page 7
No 42, 1er novembre 2010 Horizons et débats page 7

«Réflexions sur la faim …» ment de la culture


suite de la page 6 de la pomme de
terre et le «Plan
leur président, médecin de la ville Hans Cas- Wa h l e n » d a n s
par Hirzel, sont tombées dans une terre fer- toute la Suisse, la
tile. Ainsi les couches de population pauvres population a pu
et sans terre ont eu la possibilité de s’assu- être ravitaillée suf-
rer contre la famine en cultivant la pomme fisamment. Mal-
de terre dans leur jardin. «Avec des exposés gré une nourriture
théoriques pour les intellectuels sachant lire, rationnée, on a
des discussions avec les paysans et par des même pu aider les
concours bien rémunérés, les théoriciens et enfants victimes
réformistes citadins ont essayé de convaincre de la guerre qui
la population campagnarde des bienfaits de avaient faim. Cet
cette culture des champs inconnue.» effort humanitaire
A part la culture de la pomme de terre, les impressionnant,
«patriotes économiques» ont aussi fait de la trop peu connu, de
propagande pour la culture de trèfle et l’ali- la population suisse
mentation du bétail à l’écurie en été. Pendant et de la Croix-
les années de famines en 1770/71, la pomme Rouge est passé
de terre s’est répandue dans toute l’Europe, sous silence par
mais à peine la famine surmontée, ce tuber- les «historiens du
cule magnifique, qui peut être préparé de Rapport Bergier».
diverses manières, a été dévalorisé et pré- Au-delà du lac,
senté comme met des pauvres. Les gros pay- dans les villes et
sans n’aimaient pas cette concurrence à la villages allemands,
culture lucrative du blé. Les réformistes cita- on a organisé la
dins se voyaient confrontés ainsi à toute une «Schweizerspei-
série d’adversaires et de dangers spéculatifs sung»: en bateaux
à propos du tubercule. Mais la vérité, la rai- des enfants alle-
son et l’information se sont fait jour: «L’un mands ont été
des propagandistes éloquents pour la pomme amenés en Suisse
de terre était le pasteur réformé David Trach- pour pouvoir reprendre des forces. Des pho- monde, les gens souffrent de la faim et meu- des coopératives villageoises pourraient ainsi
sel de Trüllikon. Pendant l’année de famine tographies et des documents montrent ces rent, bien que l’humanité soit capable de les créer une vie digne et construire des écoles,
de 1770, il a essayé de convaincre ses compa- faits dans l’exposition, ainsi que le travail nourrir tous. des installations sanitaires et des infrastruc-
triotes du nouveau légume des champs. Dans de recherche précieux et les publications de Les prix hauts ou bas souvent manipu- tures simples. Les expériences du DDC du
son livre de propagande il a créé pour des l’historien allemand Bernd Haunfelder. lés, sujets aux intempéries ou aux mauvaises CICR et de la coopération moderne pour le
paysans riches et pauvres des menus parmi récoltes, les aliments qui se raréfient comme développement le confirment.
lesquels on trouve entre autre la préparation Retour à la simplicité et à l’économie le blé ou le maïs, cotés en bourse et qui ne L’exposition et le catalogue peuvent être
de la pomme de terre simplement ‹bouillie› individuelle et nationale saine sont plus accessibles aux paysans dans les recommandés de tout cœur, pour de grandes
avec du sel, la salade de pommes de terre C’est avec le travail infatigable des paysans, pays pauvres, jettent une lumière crue sur familles, des écoles et des adolescents. On
avec du vinaigre et de l’huile et le pâté de des associations, des professions et avec les l’urgence de cette thématique. La dépendance peut y apprendre des choses importantes sur
pomme de terre aristocratique.» Il a eu du soins et la responsabilité des communes, des grandissante des pays d’importations et la les grands-parents et les ancêtres. Que nous
succès pendant l’année de crise de 1770, cantons et de la Confédération ainsi que de baisse constante du nombre des exploitations ayons en Suisse encore la possibilité d’avoir
également dans les cantons de Thurgovie, personnalités individuelles et les progrès de agricoles sont très alarmantes. Pour cette rai- des tables bien garnies et une grande offre de
Saint-Gall et Schaffhouse. «Un des premiers la science et de la technique d’élaboration, son, le Rapport sur l’agriculture mondiale de nourriture n’est pas une évidence. Profitons
cultivateurs de pomme de terre à l’ouest du des églises et de la solidarité de la population 2008 de l’ONU, du FAO, de la Banque mon- de l’occasion de réfléchir et d’agir raisonna-
lac de Constance aurait été le patricien saint- qu’il a été possible de produire une nourri- diale et de l’Unesco représente une grande blement et humainement. •
gallois Zollikofer qui a introduit le nouveau ture saine pour tout le monde. Une nourri- bénédiction. Il est possible, avec des petites et L’exposition du musée Rosgarten de Constance a été
fruit des champs en 1760 au-dessus d’Erma- ture simple comme la pomme de terre, une moyennes exploitations agricoles, mais aussi prolongée jusqu’au 30 décembre 2010, elle est ouverte
tingen. Dans une chronique de Saint-Gall on soupe, du lait, du jus de pomme, du pain, du avec de grandes entreprises honnêtes et des de mardi à vendredi de 10 à 18 h, le dimanche et les
peut lire à la fin de la famine: «La pomme de fromage, de la salade, des légumes ou des réformes, de créer dans le monde entier un jours fériés de 10 à 17 h. Fermé le lundi.
terre, à peine estimée comme fourrage pour pommes deviennent de ce point de vue très approvisionnement autonome et des marchés Tél. +49 7531 900 246, www.rosgartenmuseum.de ou
les bêtes» a quand même eu une «recon- précieux. L’aperçu des menus des gens pau- régionaux, et de les augmenter de telle sorte Städtische Museen Konstanz
naissance méritée à travers l’épreuve de la vres ou aisés du XIXe siècle nous fait réali- que personne ne doive avoir faim, qu’il y ait Source: Recettes tirées de Traditionelle Gerichte
der Bodenseeregion. Aus Familienüberlieferung und
misère». ser avec quelle folie nous nous comportons du travail pour tout le monde et que les quar- alten Kochbüchern, actualisé par Fridolin Berchtold,
Pendant la Seconde Guerre mondiale, éga- aujourd’hui, quant à la nourriture et aux mon- tiers de misère disparaissent dans les métro- ancien Chef de cuisine du Château de Wolfsberg,
lement, en temps de détresse, avec l’élargisse- tagnes de dettes. Dans beaucoup de pays au poles. De petites exploitations familiales et Ermatingen (CH)
page 8 Horizons et débats No 42, 1er novembre 2010

Sommet de la Francophonie à Montreux:


le G 192 prime sur le G 8 et le G 20
hd. Du 22 au 24 octobre 2010, la Suisse a organisé et pré- d’une région linguistique et d’une culture. Selon Sarkozy, le Dans son souci de donner à l’OIF une importance poli-
sidé le XIIIe Sommet de la Francophonie et a repris pour système financier en vigueur jusqu’ici, d’inspiration anglo- tique accrue, la Présidente de la Confédération Doris
deux ans la présidence de l’Organisation internationale saxonne, a précipité le monde dans la dernière crise éco- Leuthard a précisé dans son discours d’ouverture que le
de la Francophonie (OIF) qui fête cette année ses 40 ans nomique mondiale et poussé de nombreux habitants des monde n’est plus disposé à accepter la suprématie exclusive
d’existence. Etats pauvres d’Afrique et d’autres pays en développement de clubs puissants mais ne représentant qu’une petite mino-
A la suite des efforts de l’Assemblée générale de l’ONU au bord de l’abîme. rité de pays, c’est-à-dire le G 8 et le G 20.
en faveur d’un G 192, le Sommet a envoyé un nouveau signal Pour Abou Diouf, Secrétaire général de l’OIF, réélu pour Nous reproduisons ci-après des extraits de déclarations
en faveur de la démocratisation et du multilatéralisme dans un troisième mandat, les propositions du G 20 ne sont légiti- relatives à ce Sommet.
toutes les relations internationales et contre la suprématie mes que si elles servent les intérêts des 172 Etats.

«Le G 192, j’y crois» «Transcender les clivages des groupes


Extrait du discours de Nicolas Sarkozy, Président de la République française,
du 23 octobre 2010
régionaux et politiques»
Extrait du discours de Doris Leuthard, présidente de la Confédération lors de l’ouverture
[…] Mais quels sont ces chantiers déci- dont nous avions déjà parlé au sommet de du XIIIe Sommet de la Francophonie
sifs qu’il nous faut faire avancer dès l’année Québec.
2011? Depuis lors, la Banque mondiale a adopté La Francophonie s’emploie à faire vivre et à cophonie dans la gouvernance mondiale et
Le premier, c’est celui de la réforme une réforme importante et le FMI est engagé, renforcer la diversité culturelle et linguisti- son influence au sein des enceintes interna-
du système monétaire international. Qui, non sans débats vigoureux, dans la sienne. que, si chère à nous les Suisses. Avec notre tionales. Pour cela, certaines questions doi-
aujourd’hui, pourrait se lever pour me dire Mais enfin, nous représentons le tiers des allemand, notre italien, notre romanche et vent être posées sans détour:
que l’instabilité des changes ne fait pas peser Etats membres de l’ONU, qu’est-ce qui nous notre français, nous vivons en permanence Comment la Francophonie peut-elle nous
une lourde menace sur la croissance mon- empêche de porter ensemble, devant l’As- cette diversité qui a forgé, dans mon pays, permettre de transcender les clivages des
diale? Est-ce que l’on va continuer à se faire semblée générale, la réforme indispensable cet esprit de respect mutuel indispensable à groupes régionaux et politiques pour peser
des reproches, à s’envoyer des anathèmes, à des Nations Unies pour adapter l’organisa- une coexistence pacifique entre personnes de sur la réforme du Conseil de sécurité de
dénoncer des attitudes unilatérales alors que tion aux réalités du XXIe siècle? Nous avons divers horizons. […] l’ONU?
ne nous sommes pas capables de définir un changé de siècle, peut-on réfléchir à un chan- Parmi les défis que j’ai mentionnés, nous Dans le même état d’esprit, comment la
système multilatéral? Nous nous en sorti- gement de gouvernance? en avons retenu trois qui nous semblent prio- Francophonie peut-elle mieux peser sur le
rons tous ensemble ou nous échouerons tous Est-il normal qu’il n’y ait aucun mem- ritaires, et pour lesquelles nous pensons que G 8 et le G 20 afin d’éviter qu’un nombre res-
ensemble. bre permanent du Conseil de Sécurité éma- la Francophonie est à même d’apporter des treint d’Etats prenne, en dehors des instances
La France propose d’aborder ce débat nant de l’Afrique? Un milliard d’habitants, réponses en tant qu’acteur majeur des rela- internationales reconnues, des décisions qui
sur le système monétaire international sans dans trente ans deux milliards d’habitants, tions internationales. concernent l’ensemble de la communauté des
tabou. Mais qui peut contester que Bret- qui n’ont pas de représentation permanente. Premièrement, nous aurons à préciser la Nations? […] •
ton Woods c’était en 1945, à une époque C’est un scandale. place que nous souhaitons donner à la Fran- Source: www.admin.ch
où, au fond, il y avait une monnaie et une Est-il normal qu’il n’y ait pas de représen-
grande économie. Les choses n’ont-elles tant permanent du continent sud-américain au
pas changé depuis 1945? Devons-nous nous Conseil de sécurité? Pas un seul! Est-il nor-
attacher à un système qui a vécu et qui ne mal qu’un pays comme l’Inde, qui sera bien- «Nous, francophones, défendons une manière de penser,
fonctionne plus ou devons-nous avoir le tôt le pays le plus peuplé du monde, n’y soit de lire le monde, d’envisager le progrès de l’humanité»
courage d’imaginer ensemble, en se coor- pas? Et même, est-il normal que des pays par Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale, présidente du département fédéral
donnant, comment on peut créer les bases soient absents alors qu’ils pèsent dans l’éco- des Affaires étrangères, présidente du Conseil des ministres de la Francophonie
d’un nouveau système monétaire interna- nomie du monde – je pense au Japon, je pense
tional? à l’Allemagne –, parce que leurs dirigeants Penser en français au sein du gouverne- Les langues, dans leur diversité, véhi-
A quoi sert de parler de stabilité si l’insta- avaient fait le mauvais choix au moment de ment, c’est adopter un lieu de pensée culent l’élaboration et la transmission des
bilité des changes s’étale aux yeux du monde la Seconde guerre mondiale? Nous som- différent de celui de mes collègues alé- savoirs, dans les lettres comme dans les
entier chaque jour qui passe? mes au XXIe siècle, nous ne sommes plus au maniques, au-delà des clivages politiques. sciences. L’expérience suisse dit bien que
Il y a un deuxième chantier que la France XXe siècle. Avec un bagage culturel francophone, la défense d’une langue n’implique pas
souhaite ouvrir, c’est celui de la volatilité J’ai entendu, Madame la Présidente, votre j’aborde un problème différemment, d’emblée l’affrontement avec les autres
extravagante des prix des matières premiè- inquiétude sur le fait qu’un petit nombre j’évoque d’autres références, j’ai une langues. La Francophonie se fait l’écho
res. d’Etats prendraient en main la résolution de autre perception de la réalité nationale de la même devise: elle n’est pas une
Qui ne se souvient des «émeutes de la problèmes qui concernent, vous avez raison, et internationale. La force de la Suisse «gendarmerie» linguistique qui oppose-
faim» à Haïti ou en Afrique quand les prix tous les Etats du monde. Mais alors ayons le est là, dans sa capacité de penser en plu- rait le français à d’autres idiomes, mais
de certains produits alimentaires ont bruta- courage d’aller jusqu’au bout. Le G 192, j’y sieurs langues. elle combat les risques de l’unilinguisme.
lement explosé en 2008? Est-ce qu’on a déjà crois, mais à condition qu’il ait le courage La Suisse est formée de parties consti- Pourquoi utiliser un piètre anglais de col-
oublié cela? Combien faudra-t-il d’émeutes, de prendre des décisions! Et le système qui tutives – les cantons –, non d’une majorité loque s’il est possible de dire les choses
de guerres, de drames pour que nous compre- consiste à dire: «on ne prend de décision que et de minorités. Et le français est l’une des en français, la précision, la sensibilité et
nions que nous ne pouvons pas laisser faire si tout le monde est d’accord», c’est un sys- composantes de l’identité suisse, ni plus la subtilité en plus?
cela? On vient me dire: «mais c’est la loi du tème qui est condamné parce que c’est un ni moins importante que l’allemand, l’ita- La langue française colporte tout un
marché». Non justement, ce n’est pas la loi système qui fera le lit de l’immobilisme, du lien ou le romanche. Ainsi, ce n’est pas la héritage, littéraire et philosophique, qui
du marché, c’est la loi de la spéculation, c’est conservatisme et donc, à l’arrivée, de ceux Suisse romande mais la Suisse entière qui détermine aujourd’hui les rapports entre
la loi du refus de la transparence, c’est la loi qui ne veulent rien faire. Nous n’avons pas le fait partie de l’Organisation internatio- les êtres humains. Que seraient la démo-
de l’intérêt de quelques-uns sans que per- choix. Si nous voulons garder ce système, il nale de la Francophonie (OIF). Cela nous cratie, la liberté, les droits humains –
sonne ne puisse dire où vont des milliards de faut le réformer et la réforme intérimaire du distingue du Canada ou de la Belgique, annoncés par Rousseau dans le «Contrat
dollars qui sont soustraits aux Etats, aux pro- Conseil de Sécurité, je le dis, elle est indis- représentés par leur gouvernement fédé- social» – sans l’apport intellectuel franco-
ducteurs et aux pays? Cette situation ne peut pensable. ral mais encore par le Québec, le Nou- phone? Les idées des Lumières, dont nous
pas durer parce qu’elle générera des guerres Je poserai également un quatrième sujet veau Brunswick et la Wallonie. sommes si fiers, ne sont-elles pas intime-
et des affrontements. qui est passionnant et qui concerne la Fran- La Suisse possède donc une place ment liées à la langue française? Le fran-
A-t-on déjà oublié les conséquences dra- cophonie au premier plan, c’est celui des emblématique au sein de la Francopho- çais n’a-t-il pas servi à Senghor pour nous
matiques pour l’économie mondiale des financements innovants. Il y a quelque chose nie […] parce qu’elle incarne l’horizon conduire vers la compréhension entre les
hausses brutales des prix du pétrole et du auquel je suis très attaché et qui à mes yeux multilingue que représentent justement peuples? Nous, francophones, défendons
gaz, suivies de baisses tout aussi rapides? compte plus que tout, c’est le respect de la les Etats de l’OIF. Nous mettons notre une manière de penser, de lire le monde,
Avec un prix du baril de Brent, qui en quel- parole donnée. Quand on n’est pas d’accord, expérience institutionnelle, fédéraliste, d’envisager le progrès de l’humanité.
ques mois, passe de 40 à 140 dollars. Et il faut dire non; quand on est d’accord il faut respectueuse des particularités, au ser- Avec notre français, avec nos français,
n’opposons pas les pays consommateurs dire oui; mais on ne peut pas dire oui et faire vice de ce grand dessein qu’est la pro- nous contribuons à une mondialisation
d’énergie et les pays producteurs d’énergie, non. Vous voulez savoir où je veux en venir? motion de la diversité culturelle, tout plurielle. L’espace culturel francophone
ils ont en vérité le même intérêt: des prix Je m’explique. en sachant que renforcer la présence du doit, en Suisse et dans le monde, défen-
trop bas de l’énergie sont une catastrophe, A Copenhague, nous avons apposé notre français dans le monde c’est, en retour, dre son aire d’influence.
mais des prix trop élevés et c’est la mort signature sur un document qui prévoit renforcer le multilinguisme suisse. Source: Le Temps du 20/10/10 (extraits)
pour tout le monde. Là encore, ayons le cou- 100 milliards à partir de 2020 pour l’Afri-
rage de dire que le marché ne fonctionne que et pour les pays les plus pauvres. Qui va
pas, parce que les prix des matières premiè- oser dire à l’Afrique que nous serons au ren-
res sont pris en otage par des mouvements dez-vous de ces sommes colossales en fai- courants migratoires et en affrontant, avec le la séance tout de suite et profiter de Mon-
spéculatifs que personne ne maîtrise. C’est à sant simplement appel à nos budgets qui sont changement climatique, de véritables guerres treux! Je n’ai pas compris que les sommets
nous de prendre les voies et les moyens pour tous, sans exception, en déficit? Si on veut qui seront les guerres de la faim et les guer- ne devaient servir qu’à parler des sujets qui
qu’au minimum il y ait la transparence sur la tenir notre parole – et il faut la tenir – à l’en- res de l’eau. n’intéressent personne. La question du déve-
formation des prix et sur l’arrivée des béné- droit de l’Afrique, alors il faut poser la ques- Nous n’avons pas le choix. Nous ne pou- loppement est un sujet majeur, absolument
fices considérables qui sont réalisés. tion des financements innovants. Peu importe vons pas, quelles que soient les conséquences majeur. […] •
Alors qui osera dire que le sujet est trop que ces financements innovants soient une de la crise, réduire notre aide
difficile et qu’il vaut mieux ne rien faire? Qui taxe sur les transactions financières, une taxe au développement. La question
peut penser que quand on n’évoque pas les sur les containers de bateaux, une taxe sur des financements innovants est
sujets difficiles, il ne vous rattrapent pas de les connections internet. Mais qui ne voit une question centrale. Je sais
la pire des façons? que si nous ne donnons pas les moyens aux qu’elle divise entre nous mais
Le troisième chantier que la France sou- pays les plus pauvres de construire les fon- enfin, mes chers amis, si nous
haite faire progresser et je ne me lasse- dements de leur croissance, c’est nous, les ne parlions que des sujets sur
rai pas de plaider en faveur de ce chantier, pays les plus riches, qui serons les premiers lesquels nous sommes sponta-
c’est celui de la gouvernance mondiale, à payer la facture en ne maîtrisant pas les nément d’accord, on peut lever

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