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ISSN 1662 – 4599 8 novembre 2010

Horizons et débats
Horizons et débats
10e année
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Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
Edition française du journal Zeit-Fragen

Parcs naturels à la mode UE: N’achetons pas les yeux fermés!


par Marianne Wüthrich, Zurich
En Suisse, les parcs naturels poussent sou-
dain comme des champignons. Il existe
actuellement 30 projets répartis sur tout le
pays. On nous susurre qu’ils servent à mieux
protéger la nature et à préserver l’environne-
ment. Dans ce domaine, laissons agir l’UE
sur son territoire et ne cherchons pas à l’imi-
ter.
La population suisse respecte tant la
nature et l’environnement qu’elle en oubliera
bientôt même la vie réelle, par exemple celle
de ses paysans. Les projets de parcs impri-
més sur papier glacé sentent l’économie
financière néolibérale: il n’y a plus de Suisse
ni de citoyens mais uniquement des bipèdes
soumis luttant pour leur survie, le tourisme
occupant le centre et le reste lui étant subor-
donné. Et cela dans l’intérêt de qui? Des oli-
garques russes, des cheikhs arabes, d’une
classe supérieure chinoise qui, dit-on, aime
tant la nature? Ces messieurs les conseillers
nationaux et conseillers aux Etats qui ont la
haute main sur ces projets devront bientôt
accepter de répondre à la question de savoir
si nous voulons faire des Suisses un peuple
qui se prostitue aux 20% plus riches de ce
monde.
Dans le dos de la population tout entière,
on risque de louer puis de vendre petit à petit
le château d’eau que représente le pays. La
protection de la nature et de l’environnement
en sont les appâts. Et l’on va ruiner les pay-
sans afin qu’ils n’aient plus ni le temps ni la
force de se révolter parce que leur famille
devra exercer une autre profession à temps
partiel ou à temps plein.
Aujourd’hui où dans différentes communes
des Grisons et de Suisse centrale et orien-
tale ont lieu des votations sur l’adhésion à
un «parc naturel», il importe d’attirer l’at- Carte de la Suisse avec les parcs naturels et les cinq espaces métropolitains.
tention de la population et des politiciens (Source: www.admin.ch, infographie roho)
communaux sur ce à quoi ils risquent de
s’engager. Il est encore temps de songer aux
conséquences et de dire non. Après, ce sera beaucoup et qui n’a rien à voir avec le pro- Ce texte paraît anodin mais il soulève de Vendre son âme pour quelques francs
trop tard. gramme de l’UE, soit assimilé – à tort – par nombreuses questions dont on ne parle pas provenant des caisses fédérales?
l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) à la population. Quelles restrictions l’adhé- Pourquoi les communes suisses devraient-
Quand on superpose la carte des parcs natu- aux parcs naturels européens. En effet, les sion au parc naturel entraîne-t-elle? Sur quoi elles se laisser imposer des contraintes qui
rels à celle des espaces métropolitains et des parcs naturels ne sont pas, comme les belles les assemblées et les autorités communales ne leur apporteront probablement pas grand-
grandes régions INTERREG, on constate photos le suggèrent, des paysages vierges ne pourront-elles plus se prononcer à l’ave- chose et auront des conséquences négatives
l’existence d’un patchwork qui couvre tout le mais des territoires habités et cultivés com- nir? Sur l’aménagement du territoire? Sur dont l’ampleur n’est pas encore connue. Appât
territoire suisse. De quoi s’agit-il vraiment? portant de nombreux villages, des exploita- le droit des constructions? Sur l’exploitation numéro un: les aides financières de la Confé-
A-t-on l’intention de contrôler des régions tions agricoles et des PMU. Constitués de agricole des sols? Sur les activités des PME? dération, à vrai dire à condition que les can-
particulières, en particulier celles des res- nombreuses communes, ils dépassent en par- Sur la propriété foncière? Sur la chasse? Le tons et les communes concernés ainsi que
sources en eau? tie les frontières cantonales. Ils servent à parc naturel va-t-il vraiment permettre l’es- d’éventuels sponsors apportent leur contribu-
préparer la fusion des communes et des can- sor économique des communes? D’éventuels tion. Pour les communes, la participation à
Restriction de l’autonomie communale tons. La subordination d’une commune à un avantages dus aux labels «Parc» ou «Produit» un parc naturel suppose des dépenses régu-
et des libertés civiques parc naturel entraîne des restrictions que les attribués par l’OFEV vont-ils être annihilés lières pour une bureaucratie importante qui
Nous devons nous opposer à ce que le Parc citoyens ignorent au moment du vote de l’as- par les millions de frais engendrés par la commence au stade de la préparation, donc
national suisse, auquel la population tient semblée communale: l’autonomie communale bureaucratie? Qui décidera des restrictions? avant que la population ne se soit prononcée.
et les libertés individuelles des habitants sont De quelles voies de recours disposeront les Pour adresser à l’OFEV une demande d’aide
Sommaire de toute façon réduites, mais personne ne sait communes et les citoyens? de la Confédération, la direction de l’associa-
exactement dans quelle mesure. tion du parc devra rédiger de nombreux docu-
Dans le document sur les résultats de la pro- ments et remplir de nombreux formulaires.
L’article 23g de la «Loi fédérale sur la pro- cédure de consultation, on peut lire ceci: Par la suite, il faudra établir régulièrement
«Parcs naturels» – une grande tection de la nature et du paysage», révisée «Les milieux de protection de la nature des rapports (cf. art. 3 à 6 de l’Ordonnance
perte de démocratie directe le 1/12/ 2007, stipule ceci: et du paysage s’opposent à une mise en fédérale sur les parcs). Il faudra naturel-
page 3 1. Un parc naturel régional est un vaste ter- évidence trop prononcée des intérêts de lement un Bureau de développement orga-
ritoire à faible densité d’occupation qui se l’économie régionale tandis que les repré- nisationnel qui s’occupe de la paperasse car
Résultats discutables de la distingue par un riche patrimoine naturel sentants de l’économie rejettent toute pré- la population villageoise a mieux à faire. Il
réunion du Conseil européen et culturel et où constructions et installa- dominance de la protection de la nature et est évident que ce Bureau va en même temps
page 4 tions s’intègrent dans le paysage rural et du paysage. Ils redoutent tout particulière- se charger de l’administration et du contrôle
dans la physionomie des localités. ment que la Confédération ou le parc fixent des communes. Cependant il n’est dit nulle
Présentation du livre d’enfants des restrictions d’utilisation pour l’agricul- part qui, au sein des communes, va contrôler
«Qui est Henry Dunant?» 2. Il a pour objet: ture, la sylviculture et l’économie alpestre que les constructions et l’économie à l’inté-
page 5 a. de conserver et de mettre en valeur la au détriment des entreprises, des exploi- rieur des parcs respectent l’environnement et
qualité de la nature et du paysage; tants et des propriétaires.» (p. 5) sont durables. La bureaucratie envahissante et
b. de renforcer les activités économiques opaque du régime des parcs naturels rappelle
Journée mondiale de l’alimen- axées sur le développement durable Tant qu’on n’aura pas répondu à ces ques- beaucoup celle de Bruxelles; en tout cas, elle
tation: Discours de la conseillère qui sont exercées sur son territoire tions, on ne pourra pas recommander à une ne correspond pas au mode de gestion éco-
fédérale Micheline Calmy-Rey et d’encourager la commercialisation commune d’adhérer à un parc naturel. Nous nome des communes suisses. Le concept de
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des biens et des services qu’elles pro- autres citoyens n’achetons pas les yeux fer-
duisent. més! Suite page 2
page 2 Horizons et débats No 43, 8 novembre 2010

«Parcs naturels à la mode UE …» A cela s’ajoute l’article 6 qui est inhabituel


suite de la page 1 Résolution des familles paysannes du périmètre d’enquête en droit privé et surtout en droit public: «Le
du parc naturel régional «Landschafts- und Kulturraum contrat passé avec le parc ne peut pas être
parc naturel avec la durée de 10 ans du con- Untersee-Seerücken-Thur» du 18 octobre 2010 modifié pendant sa durée de validité.»
trat vient de l’UE. Dans son message, le Con- N’importe quel contrat de travail ou de
seil fédéral se réfère de manière détaillée et bail à durée déterminée peut être résilié avant
enthousiaste à la France, à l’Italie, à l’Alle- A l’attention du gouvernement du can- développement durable. Des contraintes terme pour des raisons particulières. N’im-
magne et à l’Autriche et loue leurs prétendus ton de Thurgovie, du groupe de plani- rédhibitoires lors de l’octroi de permis de porte quel contrat entre particuliers ou entre
«succès» (Message du Conseil fédéral con- fication régionale de Frauenfeld et des construire et les contraintes imposées à communes et canton, n’importe quel accord
cernant la révision partielle de la loi fédérale autorités communales du périmètre la remise à ciel ouvert de ruisseaux ainsi de droit international peut être modifié lors-
sur la protection de la nature et du paysage, d’enquête que d’autres mesures de compensation que les parties le souhaitent, en tout cas en
p. 2023): écologiques sont fréquentes. Suisse. Et nous n’allons pas introduire un
«La majorité des pays européens possèdent Les familles paysannes s’inquiètent La réalisation d’un parc naturel See- droit européen discutable, n’est-ce pas?
des instruments leur permettant de soutenir du fait que les autorités et les respon- rücken fournirait à ces instances un
un développement intégré et durable dans sables de la planification régionale sous- argument de plus en faveur de leurs agis- Introduction des parcs naturels en Suisse
des territoires à forte valeur naturelle et pay- estiment les effets d’un parc naturel sements défavorables à l’agriculture. 11/9/2002-15/1/2003: Procédure de con-
sagère. L’intérêt de ces instruments, compa- régional sur la production agricole dans Le développement de l’économie sultation sur une révision partielle de la Loi
rables à ceux qui sont proposés dans la cette région. rurale tel que le prônent les initiateurs fédérale sur la protection de la nature et du
présente révision, est unanimement reconnu, Une grande partie des terres agricoles du parc naturel serait possible dans le paysage (LPN) relative à la création de parcs
notamment par les populations locales.» du canton de Thurgovie et en particu- canton de Thurgovie également sur naturels ainsi qu’à leur règlementation et à
(Comme si la population des Etats de l’UE lier celles du Seerücken sont soumises à la base du plan directeur et de la nou- leur soutien financier par la Confédération.
avait son mot à dire!) un plan directeur. […] Ce plan permet, velle politique régionale de la Confédé-
D’ailleurs, depuis 1999 existe le Concept conformément à l’art. 16a de la Loi sur ration. L’Ordonnance sur les parcs n’est Mai 2003: Publication des résultats de la
de développement territorial Eurek publié l’aménagement du territoire, la cons- pas nécessaire. procédure de consultation par l’OFEV (con-
par la Commission européenne. Peut-être truction de bâtiments et d’installations Pour les raisons mentionnées ci-des- seiller fédéral responsable: Moritz Leuen-
devrions-nous y jeter un coup d’œil. agricoles dans ces zones. sus, les familles paysannes du périmètre berger, PS)
En outre, le Conseil fédéral mentionne Toutes les restrictions relatives à la d’enquête s’opposent absolument à la Commentaire: Les participants à la con-
le fait que l’OCDE a tancé la Suisse parce création et à la mise en œuvre de ces planification et à la réalisation d’un parc sultation (cantons et associations écono-
qu’elle misait unilatéralement sur l’agricul- projets de construction conformes à l’af- naturel Seerücken. miques et de protection de la nature) n’ont
ture dans les régions rurales. Les parcs natu- fectation de la zone relèvent de la marge évidemment pas été informés de l’invention
d’appréciation des autorités cantonales Associations de conseil agricole
rels permettraient de satisfaire la demande de par Bruxelles des parcs naturels comme nou-
l’OCDE de «relier les initiatives de tous les qui accordent les autorisations. Frauenfeld West, Andreas Hofer vel instrument de pilotage suprarégional. Ils
acteurs d’une région». L’OCDE ferait mieux Nous constatons malheureusement Rheinklingen, Heinz Brauchli n’ont pas appris non plus que l’objectif prin-
de s’occuper des nombreux pays de l’UE qui que cette marge d’appréciation des Seebachtal, Ueli Hagen cipal des parcs naturels était d’intégrer les
ont des problèmes économiques plutôt que autorités, en particulier du département Seerücken, Christoph Guhl communes rurales et de montagne dans un
des campagnes suisses parfaitement déve- Nature et paysage de l’Office cantonal Seerücken West, Hansueli Niederer réseau centralisé et de restreindre l’autonomie
loppées. d’aménagement du territoire est utilisée Thundorf, Ruedi Weber jun. communale. Au lieu de cela, on les a chargés
au détriment de l’agriculture et de son Wäldi-Raperswilen, Daniel Bossart de réfléchir à des questions comme le nom à
Contrats passés entre le parc et donner aux parcs et l’attribution des labels.
les communes – bonjour le modèle suisse! Cependant quelques cantons, plusieurs asso-
L’organisation des parcs naturels rappelle l’Ordonnance fédérale sur les parcs dit autre majorité des communes du parc sont d’accord ciations paysannes cantonales, des partis et
beaucoup celle des espaces métropolitains. chose (cf. encadré). ou si la Confédération n’accorde pas le label des associations économiques, de protection
Les communes passent un contrat avec l’asso- On se moque de nous. On restreint consi- ou les aides financières. (cf. art. 7 et 8 du con- de la nature et de sylviculture se sont pronon-
ciation gestionnaire du parc. Le peuple peut dérablement non seulement les droits démo- trat du Verein Thunersee-Hohgant). Sur cette cés de manière négative.
encore voter sur l’adhésion à un parc au sein cratiques de la population – qui n’a plus rien durée, les communes s’engagent à axer «leurs
de l’assemblée communale, mais après, il n’a à dire après l’adhésion – mais également ceux activités et en particulier celles qui concer- 23/2/2005: Message du Conseil fédéral au
plus rien à dire. du conseil communal des communes con- nent l’aménagement du territoire» sur «le Parlement sur l’adjonction à la LPN de l’ar-
A l’assemblée générale de l’association cernées. Quand, après coup, les communes maintien et le développement de la qualité de ticle 23-e,f,g
siège un conseiller communal (exécutif) par s’en rendent compte, peuvent-elles réaliser la nature et du paysage et la promotion d’une
commune membre, mais il a peu à dire en une grande fusion avec toutes les communes économie durable qui renforce économique- 6/10/2006: Adoption de la révision par l’As-
dehors des élections et des décisions sur le du parc? Y a-t-il là-derrière une intention ment la région du parc et l’espace rural (tou- semblée fédérale
budget et les comptes. C’est pourquoi l’as- cachée? Va-t-on créer des grandes structures risme, artisanat, agriculture et sylviculture).»
semblée n’a généralement lieu qu’une fois imposables, plus proches de l’UE? (art. 3 et 5) 1/12/2007: Entrée en vigueur dudit article
par année (cf. statuts du Verein Thunersee- Il s’agit là d’un engagement important et Commentaire: Etant donné le résultat de la
Hohgant, art. 12 et 16). Les maigres attri- Une nouveauté: de très longue durée, en particulier au vu de consultation faussé par une mauvaise infor-
butions de l’assemblée générale rappellent le contrat sans droit de résiliation la formulation très floue des articles 3 et 5 qui mation, le Conseil fédéral pouvait prétendre
beaucoup celles du Parlement européen. On sait qu’un pays membre peut même sor- permet d’inclure presque n’importe quoi si dans son message au Parlement que la créa-
tir de l’UE. En revanche, une commune ne le Comité de l’association le décide. La véri- tion des parcs naturels «répond[ait] à une
peut pas résilier un contrat avant terme. En le table mission du Conseil communal, pour demande des cantons, des régions et de dif-
signant, elle s’engage pour une période très laquelle il a été élu par le peuple, consiste férents acteurs agissant au niveau régional.»
Ordonnance sur les longue, c’est-à-dire pour 10 ans plus les 2 ans à agir pour le bien de la commune, mais il A propos, quelles sont ces «régions»? En
parcs d’importance nationale de préparation. Les contrats conclus en 2010 ne lui restera probablement plus beaucoup de Suisse, les seuls interlocuteurs souverains de
Art. 20 Préservation et valorisation courent donc jusqu’en 2021 ou au-delà. Une temps pour cela, étant donné qu’il est com- la Confédération sont les cantons et les com-
de la nature et du paysage annulation anticipée n’est possible que si la posé de «miliciens». munes. Les «régions» sont une invention con-
coctée par Bruxelles.
«Pour préserver et valoriser la qualité
de la nature et du paysage d’un parc 1/12/2007: Entrée en vigueur de l’Ordon-
naturel régional, il faut:
Vifs succès économiques des parcs naturels de l’UE?
nance fédérale sur les parcs
[…] Commentaire: Sur la base de cette Ordon-
d. limiter ou supprimer, lorsque l’oc-
mw. Selon le Message du Conseil fédé- région, par exemple grâce à leurs pro-
ral, les 40 parcs naturels régionaux de duits et services locaux. Aujourd’hui, nance qui réglemente l’attribution des aides
casion s’en présente, les atteintes à fédérales et des labels «Parc» et «Produit»,
l’aspect caractéristique du paysage France auraient eu des effets positifs quelque 300 produits sont reconnus.
sur la nature et le paysage, de même Le label a une grande influence sur la
certains politiciens, au niveau local, espè-
et des localités en raison de cons- rent à tort que leur commune retirera certains
tructions, d’installations ou d’utili- que sur le maintien et la création d’em- commercialisation directe et apporte
avantages économiques de sa participation à
sations.» plois et le renforcement de certains aux producteurs une valeur ajoutée.
un projet de parc naturel (cf. encadré).
secteurs économiques. Des succès sem- Le lecteur voudrait bien qu’on lui
blables auraient été obtenus en Italie, fournisse des chiffres prouvant la Allons-nous abandonner l’autonomie com-
Le pouvoir de l’association est entre les en Autriche et en Allemagne. vérité de ces affirmations vagues. De munale et les droits démocratiques des
mains du Comité qui se compose lui aussi de L’affirmation selon laquelle les parcs toute façon, M. Moulinas n’est pas du citoyens au moyen d’un chèque en blanc
conseillers communaux, mais chaque com- naturels auraient entraîné une crois- tout convaincu que la population soit pour des avantages incertains et au prix de
mune n’est pas représentée au Comité (pour sance économique et permis de créer disposée, après 10 ans, à reconduire nouveaux frais payés par les contribuables
le Verein Thunersee-Hohgant, art. 21) ni au des emplois est assez téméraire. Les l’expérience des parcs naturels bien des communes?
Bureau. Celui-ci est formellement subor- partisans de l’UE savent manifestement que ces derniers reçoivent des subven-
donné au Comité mais le danger existe que que c’est, à part les aides étatiques, le tions de l’UE (4% des frais en France, Violation des principes
les conseillers communaux abandonnent l’ad- seul appât avec lequel ils peuvent ten- 450 000 euros pour le parc naturel de de fédéralisme et de subsidiarité
ministration au Bureau car ils ont une acti- ter de faire accepter à la population Strandja en Bulgarie, etc.). Avec la prise en charge par la Confédération
vité professionnelle en plus de leurs tâches au des communes la perte de l’autonomie «Une telle révision du concept de de la protection de la nature et du paysage,
sein de l’exécutif communal. Mais peut-être communale et de leurs droits démocra- parc est soumise à une consultation du on centralise une fois de plus un domaine
que le Comité n’a plus tellement de tâches tiques. public. C’est un défi car il s’agit d’ame- juridique qui, selon la Constitution fédérale,
si le Bureau de développement organisation- Gérard Moulinas, directeur de la ner l’ensemble des communes à renou- relève des compétences des cantons: «Selon
nel se charge des affaires de la commune rela- Fédération [française] des parcs natu- veler leur adhésion à un parc naturel l’art. 78, al. 1, Cst., la protection de la nature
tives au droit des constructions, à l’économie, rels régionaux, déclarait en mars 2005 régional.» et du patrimoine (y compris du paysage) est
au tourisme et à l’environnement (cf. Com- dans la revue de l’OFEV Focus: Ouais! Si l’on doit «amener» les
du ressort des cantons.» (Message, p. 2039)
mission européenne). Le Conseil fédéral justifie sa violation de
L’utilisation de labels est-elle favo- communes à continuer à entretenir les
On a l’impression d’une plaisanterie lors- la Constitution en disant qu’il tient à promou-
rable à l’économie régionale? parcs naturels, le profit ne peut pas
qu’on lit dans un contrat passé avec le parc: voir les parcs d’importance nationale. Et la
«Les droits politiques de la population et Il y a la marque «Parc», qui appar- être très grand. Et n’oublions pas les majorité du Parlement qui a accepté l’abo-
l’autonomie des communes participantes tient à l’Etat. Les parcs naturels régio- frais occasionnés par la lourde bureau- lition d’une compétence cantonale constitu-
n’ont pas été restreints.» (p. ex. à l’article 3-2 naux peuvent l’utiliser pour faire cratie dont les communes devront assu- tionnelle en adoptant la révision de la loi est
du contrat entre les communes du parc et le connaître à l’extérieur l’image de leur mer les frais en grande partie. responsable de la violation délibérée du fédé-
Verein Thunersee-Hohgant). L’article 20 de ralisme et du principe de subsidiarité. •
No 43, 8 novembre 2010 Horizons et débats page 3

«Parcs naturels» – une grande perte de démocratie directe!


Interview de Hans Uhlmann, ancien conseiller aux Etats, Thurgovie
Horizons et débats: Il y a en Suisse diffé-
rents projets de soi-disant parcs naturels,
qui s’étendraient sur des surfaces énormes de
notre pays et qui entraîneraient entre autres
d’importantes restrictions dans les régions
respectives. Avons-nous vraiment besoin de
cela en Suisse?
Hans Uhlmann, ancien conseiller aux Etats:
Je n’y vois aucune nécessité. Les promoteurs
argumentent qu’il serait bien de s’intercon-
necter en faveur du tourisme etc. Quand on
émet des doutes en discutant avec les gens,
comme par exemple le fait qu’il y aurait de nou-
velles obligations, on reçoit comme réponse
que rien ne changera, qu’il ne faut pas s’inquié-
ter. Alors je me demande vraiment pourquoi il
nous faudrait de tels parcs naturels.

Quelles seraient les conséquences pour les


gens habitant dans un tel parc?
A mon avis, cela entraînerait une nouvelle
restriction de la liberté, et en particulier de la
garantie de la propriété. Après avoir soumis
toutes les régions suisses aux lois sur la pro-
tection de la nature et du paysage, sur l’amé-
nagement du territoire et la protection de
l’environnement, je ne comprends pas pour- «Dans la région de l’Oberhalbstein et de l’Albulatal dans les Grisons, on a voté dans quelques communes sur le
quoi il faudrait encore instaurer une instance Parc Ela. Deux des 21 communes qui doivent former le Parc Ela ont voté jusqu’à présent contre l’adhésion, d’autres
supérieure. Un immense effort administra- votations vont encore avoir lieu.» (photo gbh)
tif en serait la conséquence, créant davantage
d’emplois pour les ingénieurs en environne- des parcs, financés en partie par l’UE. Pour- déduire qu’à la fin, il ne resterait rien pour le sibles, pour la population locale. Je ne peux
ment et les ingénieurs agronomes, et pour tou- rait-ce être un motif chez certains partisans propriétaire du terrain ou l’agriculteur. L’ar- que répéter: «Faites obstacle aux mauvais
tes sortes de planificateurs ayant besoin d’une des parcs naturels? gent aurait déjà été dépensé dans la phase de départs!»
nouvelle occupation. Il est évident à mon avis Naturellement c’est une tendance dans certains planification. Ce seront finalement surtout les
que ceci n’est pas du tout nécessaire. cercles, d’occuper de plus en plus de positions- communes qui auraient à payer sans cesse. La population, aura-t-elle encore un mot à
clé et de promouvoir de telles initiatives. Dans dire?
Voyez-vous un arrière-plan politique qui les régions de montagnes, je considère la situa- Comment évaluez-vous la structure d’orga- Non, certainement pas, c’est à nouveau une
expliquerait le fait qu’on veuille recouvrir la tion comme un peu moins dramatique, bien nisation? grande perte de démocratie directe au niveau
Suisse avec de tels parcs? qu’un réveil douloureux puisse arriver encore. Il y a les référendums municipaux, et, malheu- municipal. En outre, avec chaque législation
Bien sûr, il y a dans notre pays diverses for- Ma longue expérience dans le domaine de reusement, les documents ne sont souvent pas dans ce domaine il y aurait une restriction de
ces, qui revendiquent la restriction de la pro- l’amélioration foncière et du remaniement par- très bien étudiés. «La nature est belle, nous la garantie de la propriété. Sur cette lancée,
priété; ce sont avant tout des cercles de gauche cellaire me permet de dire qu’aucune amélio- voulons la sauvegarder», c’est un argument finalement vous ne pourrez plus rien faire ni
et d’écologie qui, fidèles à leur idéologie et ration structurelle n’est plus possible. souvent entendu de la part des promoteurs. définir vous-même en ce qui concerne votre
leurs idées politiques, critiquent l’agriculture Si jamais une base légale ou tout au moins Le réveil et le moment du déclic viennent plus propriété, tout sera réglementé et prescrit.
en prétendant qu’elle exploite trop le sol, tout réglementaire existe, on ne peut qu’aller vers tard, généralement quand il s’agit de payer.
en exigeant en même temps qu’elle développe l’empêchement. Et les gens prêts à participer C’est alors que la question de la contre-valeur Qu’est-ce que cela signifie pour ceux qui sont
de nouvelles idées et produise de manière plus – c’est peut-être méchant de le dire – rece- se pose. Mais il est généralement trop tard. concernés?
rationnelle et efficace. Cela est bien sûr très vraient leur salaire de l’Etat, sans avoir à A ce stade, les quelques centaines de mille Si la culture des terres est à la base du gagne-
contradictoire. La motivation politique vient vivre du labeur pénible de l’agriculture. francs sont dépensés pour le projet, et pour pain, on sera assailli et limité de tous côtés et
pour moi de la gauche écologiste, qui fait tout Dans l’UE, de tels parcs peuvent être ne pas dire, en pure perte. les mesures à prendre seront finalement très
pour atteindre ses buts – qu’ils soient bons décrétés. Une discussion et décision démo- Dans les associations de parc, il est prévu onéreuses. Si un agriculteur donne son assen-
ou mauvais, la question reste posée. Pour moi cratique n’est pas ou guère possible. En outre un conseil d’administration et un règlement timent, il aura un réveil douloureux. Et l’es-
le cas est clair: Nous avons une agriculture le tourisme ne pourrait qu’à peine être attiré qui ne serviraient que de recommandation poir qu’il y ait encore un peu d’argent sera
intacte. Personne ne soigne et cultive mieux par de tels parcs, qui selon les partisans ne au début, mais – et mes expériences avec les anéanti par cette imposture.
la campagne que ceux qui doivent en vivre. changent rien. Voilà des affirmations vides de associations de protection de l’environne- Un, ou même plusieurs labels, rendront
Ce sont en première ligne les paysans. Per- signification. ment en disent long – ces recommandations le pêle-mêle des labels encore plus compli-
sonne n’a intérêt à détruire sa base de vie, seraient reprises par les autorités responsables qué, et le consommateur ou la consomma-
cela serait d’une stupidité achevée! Quel est le rôle de l’Office fédéral de l’envi- de l’application des lois sur l’aménagement trice, ainsi que la branche du tourisme, ne s’y
ronnement? du territoire et sur la protection de la nature et retrouveront plus dans la jungle des labels,
Pour quoi donc ces parcs naturels? En Un rôle déjà très important, mais il est intéres- du paysage, qui s’y entraideraient. En fin de qui sont aujourd’hui déjà très nombreux.
France, en Italie, etc. dans tous les pays de sant de voir qu’ils font preuve d’une certaine compte, les recommandations seraient mises
l’UE existent déjà depuis pas mal de temps retenue du point de vue argent, et l’on peut en en œuvre, avec toutes les conséquences pos- Merci bien de cet entretien. •

«Aucune nouvelle restriction de notre liberté»


Diverses communes refusent les «parcs naturels»
thk. La protection de la nature et son entre- doit être produite chez le citoyen face à ces les communes. Voulons-nous vraiment orien-
Pas de juges étrangers ni tien sont, en Suisse, une évidence pour les «parcs naturels». ter nos communes seulement vers une bulle
d’ambassadeurs de l’UE individus conscients de leur responsabi- Lorsqu’on y regarde de plus près, on cons- touristique et ainsi, vendre notre pays au tou-
lité. On aura du mal à trouver quelqu’un qui tate que chez nous toutes ces exigences sont risme quelle que soit son apparence? C’est
En évoquant les juges étrangers et l’ambassa- ne partage pas cette opinion et c’est pour- déjà remplies sans «parcs naturels», en parti- notre espace vital, et avant tout, nous devons
deur de l’UE, le journaliste Michael Schewski quoi notre pays a cette apparence: un envi- culier au niveau communal: La protection de pouvoir vivre en toute satisfaction. Il faut
aborde d’une manière satirique, souvent plus ronnement entretenu et soigné et une grande notre nature a toujours été la grande préoc- bien le remarquer, la distribution de labels
proche de la vérité qu’une simple information, conscience du fait que ce paysage forme cupation de tous; nous, citoyens, nous orga- incombe à la Confédération. Ce sont les
un problème sérieux qui peut mettre en dan- le fondement de notre vie. Pour les per- nisons ensemble depuis toujours notre vie directives de l’UE, auxquelles nous devons
ger l’existence d’une démocratie directe. sonnes actives dans l’agriculture, il est clair commune; diverses communes se sont unies nous soumettre. Les communes assemblées
Posons la question de manière purement qu’on ne doit en aucun cas détruire sa propre depuis longtemps pour résoudre des ques- dans un parc peuvent de cette manière mieux
satirique en nous rappelant l’épisode du che- base vitale, ses terres, mais garantir sa pré- tions de fond et des problèmes en suspens; être tenues en laisse. On n’en a rien à faire
val de Troie: Qu’en est-il de l’ambassadeur servation pour les prochaines générations. un citoyen libre dans un pays avec une démo- d’«organiser son avenir soi-même». C’est le
europhone Reiterer à Berne? Aujourd’hui, Aucun paysan ne pratique une exploitation cratie directe organise toujours lui-même son cas contraire, on veut dicter aux individus la
un phénomène nouveau âprement discuté fait abusive, finalement, c’est son plus grand avenir en relation avec ses semblables. manière dont ils doivent ou, plutôt et avant
de plus en plus école, à savoir que des orga- capital. tout, ne doivent pas organiser à l’avenir leur
nismes suisses préfèrent porter plainte contre Voulons-nous vendre environnement.
des entreprises suisses, comme actuellement La démocratie directe notre pays au tourisme?
UBS SA, aux Etats-Unis plutôt qu’en Suisse. n’a pas besoin de «parc naturel» Dans les territoires qui appartiennent à ce que «… ne pas se laisser
La Suisse ne dispose-t-elle pas d’une justice à C’est pourquoi il est d’autant plus absurde que l’on nomme parc naturel vivent des individus prendre par les belles paroles»
elle ou est-ce que celle-ci n’est qu’une déco- des parcs naturels doivent être créés à travers dans leurs villages ou petites villes, ils exer- Dans différentes communes qui se trouvent au
ration institutionnelle? Est-ce que, question toute la Suisse, afin de garantir la protection cent ici leur profession, pratiquent un métier et sein d’un périmètre de parc naturel, comme
posée de manière purement satirique, la déca- d’un paysage déjà contrôlé fortement par la se rendent quotidiennement à leur travail. Le on le désigne, des votations ont eu lieu ces
dence de notre conception de l’Etat de droit a protection de la nature et du paysage. Avec terme de parc est ici complètement déplacé et derniers temps. Là, les citoyens des com-
déjà tellement progressé? des termes positifs comme «protection de suggère quelque chose d’autre. Depuis quand munes concernées devaient décider s’ils vou-
notre environnement», «vivre en commun», désigne-t-on comme parc voire parc naturel laient ou non adhérer à l’association de parcs
Hans-Jakob Heitz «relier les communes de parcs», «organiser l’espace vital des êtres humains? et ainsi participer à ce qu’on appelle le con-
Avocat et médiateur de la FSA, soi-même son avenir» et d’autres – toutes ces On avance toujours l’argument du tourisme cept de Parc naturel.
ancien juge du Tribunal administratif expressions rappellent le jargon des ateliers et de la distribution de labels quelconques qui
fédéral, Männedorf (ZH) du futur – une attitude fondamentale positive doivent veiller à un essor économique dans Suite page 4
page 4 Horizons et débats No 43, 8 novembre 2010

Résultats discutables de la réunion du Conseil européen


La solution des problèmes de l’UE nécessite une autre politique
par Karl Müller
L’Union européenne, du moins selon l’ar- la chancelière allemande Merkel et du prési- paru le 30 octobre dernier dans la «Neue Zür- de l’UE et des Etats membres perd de plus en
rêt de la Cour constitutionnelle allemande dent français Sarkozy qui prévoit de priver, cher Zeitung», on peut lire: «Le communi- plus de sa crédibilité. Un nombre grandissant
sur le Traité de Lisbonne, ne doit pas être un pendant une période assez longue, les pays qué du Conseil européen […] nous montre de personnes reconnaissent que leurs socié-
Etat fédéral; elle doit respecter l’autonomie qui ne respectent pas dans leur budget les cri- que la politique de l’UE vise à l’harmonisa- tés sont entraînées dans une mauvaise direc-
des Etats membres qui sont les «maîtres des tères de déficit* du droit de vote dans tous les tion [on pourrait dire également: mise au pas] tion. Parmi ces réalités, il y a encore le fait
traités». La Cour a jugé que l’UE a reçu des organismes européens en ce qui concerne les et à la centralisation.» Et plus encore: le pro- que les citoyens cherchent partout en Europe
pouvoirs juste encore compatibles avec l’auto- questions de l’Union monétaire figure – en jet de priver du droit de vote est inconnu dans à déterminer eux-mêmes leur destin politi-
nomie des Etats membres. dépit des protestations des autres gouverne- les Etats fédéraux: il rappelle les méthodes que.
Cet arrêt est un des piliers de la plainte ments exprimées avant la réunion et de nom- utilisées en dictature.
déposée actuellement contre le «soutien breux articles de presse parus après la réunion La «surveillance de la politique écono- Une autre voie
financier accordé à la Grèce» et contre les – dans le document final du Conseil au titre mique» ne signifierait pas seulement un con- fondée sur la volonté citoyenne
mesures de sauvegarde de l’euro. Les plai- de «mandat écrit» adressé au président du trôle des budgets nationaux et par conséquent Y a-t-il une solution? Sans doute unique-
gnants estiment que la prise en charge des Conseil. une ingérence dans les droits prioritaires, his- ment si l’on part d’une volonté sérieuse des
dettes d’un Etat membre par un autre trans- En décembre 2010, lors d’une nouvelle toriquement et philosophiquement fondés, du citoyens. Il s’agirait notamment de dévelop-
forme l’UE en une communauté de trans- réunion, le Conseil européen prendra les peuple souverain ou de ses représentants dans per une autre Europe fondée sur le droit et
fert impliquant des exigences de péréquation décisions définitives. les parlements. Elle prive les pays encore l’éthique. Il existe des repères dans l’His-
financière. C’est une étape évidente vers un davantage que jusqu’ici du droit de gérer sou- toire, par exemple l’idée d’une «Europe des
Etat fédéral. Or ce n’est pas du tout compa- Modification verainement leur économie. patries» (Charles de Gaulle) – sans hypertro-
tible avec la Loi fondamentale allemande. effectuée dans le dos des peuples Finalement, dans une interview accordée phie bureaucratique liberticide. Une Europe
Alors que la majorité des articles de presse le 29 octobre au «Deutschlandfunk», le pré- où les Etats et les peuples puissent déci-
L’UE veut modifier se concentrent sur la question de savoir qui a sident du groupe parlementaire de la CDU- der de nouveau librement quels traités ils
le «Traité de Lisbonne» imposé sa volonté à Bruxelles et ont recours CSU a expliqué ce que le Conseil veut dire veulent conclure. L’UE actuelle est un pro-
Maintenant l’Union européenne veut modi- à toutes sortes de clichés, on n’évoque pas le lorsqu’il parle d’un «mécanisme perma- duit de l’après-guerre. A l’époque, Les Etats-
fier le Traité de Lisbonne. Dans les conclu- problème constitutionnel et le caractère explo- nent de sauvegarde du marché financier dans Unis, puissance victorieuse, ont voulu que les
sions de la réunion du 29 octobre du Conseil sif des décisions qui sont sur le point d’être toute la zone euro». On envisage de modi- peuples de l’Europe se plient à la volonté de
européen – constitué des chefs d’Etat et de prises. La question ne sera pas débattue large- fier l’article 122 du Traité sur le fonction- Washington et de New York et à cette fin, il
gouvernement, du président du Conseil euro- ment car le président du Conseil van Rompuy nement de l’Union européenne. Celui-ci fallait les mettre sous tutelle.
péen et du président de la Commission euro- a annoncé qu’on adopterait «une procédure prévoyait jusqu’ici une «aide» financière des Les changements qui se produisent dans le
péenne – il est précisé à propos du contenu simplifiée de modification du Traité qui ne Etats membres de l’UE uniquement en cas monde ouvrent de nouvelles voies. Ce serait
d’une telle modification qu’il s’agit de «ren- nécessite pas de référendums» ! (Deutschland- de catastrophe naturelle et d’autres événe- une aubaine pour l’Europe que de devenir
forcer la surveillance de la politique écono- funk, 29 octobre) ments exceptionnels. Il s’agirait maintenant indépendante. Elle le doit si elle veut survi-
mique (des Etats membres)» et «d’instaurer Les modifications prévues doivent être de permettre un transfert financier comme vre. •
un mécanisme permanent destiné à sauve- effectuées relativement vite afin qu’elles puis- dans le cas de la Grèce et de la sauvegarde
* Le déficit annuel ne doit pas dépasser 3% du PIB et
garder la stabilité du marché financier dans sent être ratifiées «au plus tard au milieu de de l’euro. la totalité de la dette publique ne doit pas excéder
toute la zone euro». Même la proposition de 2013» sans consultation des citoyens à l’ex- C’est là reconnaître que ce que les gouver- 60% du PIB, conditions que presque aucun Etat de
piration du soutien accordé à la Grèce et des nements européens ont fait au printemps der- la zone euro ne remplit.
mesures de sauvegarde de l’euro. (Conclu- nier à ce sujet n’avait pas de base légale.
sions du Conseil européen du 29 octobre).
La «procédure de modification simplifiée» Quel avenir pour l’UE?
est réglementée à l’article 48-6 du Traité La voie suivie jusqu’ici mène à une impasse
de Lisbonne, une nouveauté dont on a trop celle de la mise au pas et de la centralisation.
peu débattu compte tenu de son caractère La poursuivre constituerait une atteinte à la
explosif. Karl Albrecht Schachtschneider, liberté, au droit et à la démocratie. On peut
dans sa plainte contre le Traité de Lisbonne, s’attendre à ce qu’elle n’apporte pas de solu-
avait mis le doigt sur ce point névralgique. tion aux problèmes de l’Europe et des Etats
L’article 48-6 permet des modifications hors européens. La tentative d’éviter les questions
procédure habituelle, c’est-à-dire sans réfé- fondamentales de l‘UE est vouée à l’échec.
rendums, lesquels sont obligatoires – par Aucune propagande, aussi habile soit-elle, ne
exemple en Irlande lors de chaque modi- pourra empêcher cela, car, finalement toute
fication – et demandés dans tous les pays politique se heurte aux réalités.
membres. Parmi ces réalités, il y a le fait que le
modèle néolibéral, qui est à la base des trai-
Encore davantage tés de l’UE, a échoué. L’économisme s’est
de mise au pas et de centralisation avéré être une mauvaise théorie, une idéolo-
Les modifications prévues du Traité ne sont gie propagée dans l’intérêt d’une oligarchie.
pourtant pas un détail mais une nouvelle Il ne tient pas compte des hommes, de leur
Un des livres d’auteurs renommés qui ont montré étape vers un Etat fédéral donc une transgres- dignité, et de leurs aspirations à la liberté, à
les nombreux points névralgiques de l’Union sion des conditions mises par l’Allemagne à l’égalité et à la justice. Parmi ces réalités, il
européenne. (ISBN 978-3-942016-35-3) son adhésion à l’UE. Dans un commentaire y a également le fait que la classe politique (ISBN 978-3-492-04671-8)

«Aucune nouvelle restriction …›» du «Parc naturel Urschweiz». Là aussi, il y le canton d’Uri. Bien que le conseil muni- sont absolument justifiés. Ainsi, par exemple,
suite de la page 3 aura dans diverses communes d’autres vota- cipal ait plaidé pour une adhésion au «Parc selon l’Ordonnance sur les parcs d’impor-
tions ces prochaines semaines. La com- naturel Urschweiz», la majorité de la com- tance nationale il est fixé à l’article 20, ali-
Dans la région de l’Oberhalbstein et de mune d’Engelberg s’est retirée avant qu’on mune a voté contre la contribution financière nea d: «[Il faut] limiter ou supprimer, lorsque
l’Albulatal dans les Grisons, on a voté dans ait présenté l’«accord du parc» à la consulta- de 11 000 francs et a empêché ainsi l’affilia- l’occasion s’en présente, les atteintes à l’as-
quelques communes sur le Parc Ela. Deux des tion populaire. Comme on a pu l’apprendre tion à l’association du parc. Même lors de pect caractéristique du paysage et des locali-
21 communes qui doivent former le Parc Ela du côté de l’administration municipale, il y l’assemblée générale de la commune, on ne tés en raison de constructions, d’installations
ont voté jusqu’à présent contre l’adhésion, avait à Engelberg des «doutes et objections s’attendait pas à ce résultat. Il y a eu peu de ou d’utilisations.»
d’autres votations vont encore avoir lieu. critiques» émis par la majorité des représen- votes contre, mais avant tout beaucoup de Avec ça, on se rend compte de la marge
En parlant là-bas avec divers citoyens, tants d’intérêts et des organisations touris- questions ont été posées. Le fait qu’à la fin, de liberté de décision qui restera encore aux
on pouvait entendre différents arguments. tiques concernés. Dans un communiqué du la majorité était contre, montre qu’on a pas communes individuelles.
Cependant, ce sont les doutes devant l’am- conseil municipal il est écrit entre autre: «Il vraiment répondu de manière satisfaisante
pleur des restrictions du droit de la cons- y a eu avant tout d’autres doutes relatifs aux aux questions. Les citoyens de Gurtnellen ne Les «associations de parcs»
truction et de l’utilisation agricole du sol éventuelles directives futures de protection pouvaient pas s’imaginer de se soumettre à sont-elles légales?
qui ont dominé la plupart du temps. L’argu- et à la question de la limite périmétrique du d’autres restrictions. Le conseil municipal de L’autonomie de la commune et la large par-
mentation des partisans, selon laquelle rien parc à Engelberg.» Lors d’une investigation, Beckenried, qui plaide pour un rejet du projet, ticipation politique, qui sont les caractéris-
ne changera après l’adhésion, qu’on peut on a appris que l’accord relatif au parc ne entretient aussi le même sentiment. Dans une tiques centrales de la démocratie suisse, ne
donc approuver sans aucun souci, n’a pas détermine pas clairement les effets qu’il aura déclaration, il retient que «le conseil munici- doivent pas être sacrifiées à une ordonnance
pu convaincre dans les communes de Riom- sur le droit de la construction et de la protec- pal a traité encore une fois et en détail le pro- d’association qui, à la fin, n’autorise plus le
Parsonz et Tinizong. C’est pourquoi un habi- tion du paysage lequel est aujourd’hui déjà jet du parc». Ici, il en a conlu que «le projet citoyen à participer. Après une adhésion de
tant a déclaré: «Pourquoi a-t’on donc besoin très sévère et a empêché récemment l’ins- du Parc naturel Urschweiz manque de préci- la commune à cette association, la souverai-
d’un parc, si tout reste tel quel?» La restric- tallation d’une nouvelle piste de ski. Selon sion». On ne voit pas clairement, quelles obli- neté en matière de décisions n’est plus entre
tion de l’autonomie communale, liée à la l’administration communale, la population gations et restrictions supplémentaires un tel les mains des habitants de la commune, mais
perte de participation directe, préoccupe les a soutenu la décision de retrait du «projet projet implique.» dans celles d’une association supérieure, au
citoyens. «Pourquoi devrions-nous approu- du parc naturel» et le sujet est aujourd’hui Plus loin, il est écrit que «la commune sein de laquelle les membres de l’exécutif,
ver un accord dans lequel il n’est pas clai- classé. politique désire à l’avenir également être sans participation de la population, prennent
rement fixé ce que l’on peut ou ne peut pas libre de toutes restrictions et obligations sup- les décisions. On se pose sérieusement la
faire après. On ne doit pas se laisser prendre «Le projet de parc naturel Urschweiz plémentaires.» Le président de la commune question de savoir si cette procédure est con-
par les belles paroles, sinon on aura perdu manque de précision» précise que «la situation est différente pour forme à la Constitution. Un comportement
notre liberté.» Ce n’est pas seulement l’exemple des deux chaque commune, qu’on ne peut pas décider responsable envers notre pays et notre pay-
communes dans le territoire de l’Oberhalb- pour les autres, que chaque commune doit sage est dans l’intérêt de tous; pour cela, on
Doutes sérieux et objections critiques stein et à Engelberg qui donne l’espoir du réfléchir elle-même si elle veut cela. Toute- n’a certainement pas besoin de «parcs natu-
Dans les cantons d’Uri ainsi que de Nid- retour à la raison, mais aussi le résultat de la fois, dit-il, nous ne pouvons pas l’approuver rels» sur le modèle de l’UE, mais de citoyens
wald et Obwald, il s’agit de la constitution votation de la commune de Gurtnellen dans pour notre commune.» Les doutes émis ici libres et indépendents. •
No 43, 8 novembre 2010 Horizons et débats page 5

Au service de l’humanité
Présentation du livre d’enfants «Qui est Henry Dunant?
Deux enfants découvrent l’histoire d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge»
«Merveilleuse manifestation!», telle a été réfugiée irakienne dont le père a disparu en
l’impression unanime des participants Irak et est recherché par la Croix-Rouge, au
venus de partout, le samedi 30 octobre, jour travers des dialogues que les enfants ont avec
du 100 e anniversaire de la mort d’Henry leurs grands-parents, les lecteurs se rendent
Dunant, assister, dans la Bräkersaal der compte de l’importance inestimable de la
Alten Zwirnerei de Bazenheid dans le Toggen- Croix-Rouge, de son fondateur et du droit
burg saint-gallois, à la présentation du livre international humanitaire. Selon Susanne
d’enfants de Lisette Bors. La grande salle Lienhard, «l’auteure a magnifiquement réussi
était bondée mais même ceux qui ont dû res- à initier avec tact les enfants aux événements
ter debout sont tombés sous le charme. Le mondiaux, par exemple à la question de la
programme, très équilibré et digne, était tout guerre et de la paix. Elle ne se contente pas
à fait adapté à la personnalité du fondateur de parler de la détresse mais montre, grâce
de la Croix-Rouge internationale et du Mou- à l’exemple d’Henry Dunant, comment une
vement du Croissant-Rouge. Outre quelques organisation humanitaire qui soulage les souf-
moments musicaux qui ont touché les audi- frances des hommes dans le monde entier a
teurs par la virtuosité des interprètes, ce sont pu naître de l’idée d’une seule personne. Les
surtout les paroles engagées des intervenants enfants se rendent compte qu’il dépend de
qui ont fait de cette présentation un événe- chaque individu que l’histoire soit faite par
ment inoubliable. les hommes.»

thk. La rédactrice en chef de Zeit-Fragen et De l’homme d’affaires au bon Samaritain


responsable des éditions du même nom, Erika L’ouvrage, disponible aujourd’hui en cinq
Vögeli, a animé la cérémonie. Elle a déclaré langues, se compose de deux parties organi-
de manière émouvante que c’était un honneur sées de manière différente mais étroitement «L’histoire de cet homme est fascinante et émouvante. Il a consacré sa vie à apaiser les souffrances
de publier l’ouvrage de Lisette Bors et une unies par leur contenu. Lorsque Lisa veut en humaines et réalisé ainsi de grandes choses. Aussi son œuvre doit-elle constituer pour les générations
suivantes un devoir, celui de s’engager en faveur de plus d’humanité, en faveur de la vie.» (photo thk)
grande joie pour les collaborateurs du jour- savoir plus sur la Croix-Rouge, son grand-père
nal de rendre ainsi hommage à l’œuvre salu- introduit de manière vivante dans la conver- souffrances. Cette attitude, symbolisée par son histoire est étroitement liée à l’histoire
taire d’Henry Dunant. sation l’histoire d’Henry Dunant et de l’or- l’expression «tutti fratelli» (tous frères) pla- de la Suisse.»
ganisation. Cette seconde partie, illustrée de çait les hommes au centre des préoccupations,
Ce sont les hommes qui font l’histoire nombreuses photos, évoque de manière pré- indépendamment de leur nationalité, de leur Le monde a besoin d’îlots d’humanité
«Par son engagement, a déclaré Erika Vögeli, cise la vie d’Henry Dunant et la création de couleur de peau ou de leur race. L’idée fon- La première Convention de Genève, en 1863,
Henry Dunant a créé quelque chose qui est la Croix-Rouge. C’est l’historien de la Croix- damentale de la Croix-Rouge était née. Elle qui a marqué la naissance du droit interna-
devenu une évidence pour les peuples du Rouge suisse Philippe Bender qui a contrôlé représente aujourd’hui encore l’éthique géné- tional humanitaire, comprenait 10 articles.
monde. Le Mouvement de la Croix-Rouge, cette partie et l’a enrichie de détails histo- reuse du mouvement. Le principe de neu- Aujourd’hui, il y en a 2000. Le droit inter-
fédération internationale constituée d’orga- riques. Dans son exposé engagé et touchant, tralité, élément essentiel de l’identité suisse, national humanitaire engage chaque indi-
nisations actives dans 186 pays, le Comité il a évoqué Henry Dunant et son œuvre. Il permit à la Croix-Rouge de prendre racine vidu à apaiser les souffrances des hommes.
international de la Croix-Rouge, les efforts a tracé avec chaleur et conviction le portrait dans le monde entier. «Le monde a besoin d’îlots d’humanité.» Ils
pour imposer le droit international et le droit du fondateur du plus important mouvement exercent un effet sur tous les hommes, qu’ils
international humanitaire, les Conventions de humanitaire. «Un commerçant de Genève qui La Croix-Rouge soient en guerre ou non. Dans les paroles
Genève, tout cela a débuté grâce à l’initiative voulait investir en Algérie se rend en Italie n’aurait pas été imaginable sans la Suisse de Philippe Bender, qui connaît mieux que
d’un seul homme, Henry Dunant.» L’histoire dans l’espoir d’y rencontrer l’empereur fran- Après ce qu’il avait vécu à Solferino, Dunant quiconque l’histoire d’Henry Dunant, on
de cet homme est fascinante et émouvante. çais Napoléon III pour lui demander une aide se consacra à la diffusion de l’idée de la reconnaissait l’esprit humanitaire de ce der-
Il a consacré sa vie à apaiser les souffrances financière pour son projet algérien». Il ne Croix-Rouge et à son développement. Phi- nier, esprit qui préside toujours aux activités
humaines et réalisé ainsi de grandes choses. rencontre pas Napoléon III mais, au soir du lippe Bender a montré de manière convain- de la Croix-Rouge.
Aussi son œuvre doit-elle constituer pour les 24 juin 1859, il arrive sur le champ de bataille cante comment Henry Dunant, touché par les
générations suivantes un devoir, celui de s’en- abandonné après les combats de la journée souffrances et la détresse humaines, s’est mis Henry Dunant,
gager en faveur de plus d’humanité, en faveur opposant les troupes françaises alliées aux au service de l’humanité et a tourné le dos un modèle pour notre jeunesse
de la vie. «La Croix-Rouge n’a pas supprimé troupes piémontaises à l’armée autrichienne. au commerce. Il a consacré toute sa vie au A la fin de la manifestation, Lisette Bors
les guerres mais la création du Comité inter- Et ce qu’il voit là «lui fait oublier aussitôt son service de l’humanité, une tâche dont chaque a expliqué comment l’idée lui était venue
national de la Croix-Rouge et la signature de projet commercial». Philippe Bender a lu individu est capable. Bender a insisté sur le d’écrire un livre d’enfants sur Henry Dunant
la Première Convention de Genève ont engagé, quelques passages du livre intitulé «Un sou- fait que la Croix-Rouge est aujourd’hui plus et la Croix-Rouge et ce que la personnalité
dans le domaine des relations internationales venir de Solferino» écrit par Dunant à son importante que jamais. «Plus de 80 conflits d’Henry Dunant signifie pour elle. En tant que
et des conflits, un processus visant à placer la retour à Genève et dans lequel il évoque ses sont menés dans le monde», chiffre horrifiant jardinière d’enfants et formatrice de secou-
suprématie du droit au-dessus de celle de la expériences. quand on sait qu’il existe 193 Etats. «80 Sol- ristes, elle a longtemps cherché un ouvrage
force. C’est un processus dans lequel le fait ferinos, 80 conflits dans lesquels des hommes «qui présente l’œuvre d’Henry Dunant d’une
que nous soyons des êtres sociaux doués de Tutti fratelli sont blessés ou meurent, où des innocents manière adaptée aux enfants.» Après de
raison et de conscience morale, dépendant les Ebranlé par la vue des dizaines de milliers de sont tués, torturés, chassés et privés de leur longues recherches, elle a dû constater qu’il
uns des autres et devant s’entraider doit consti- morts et des blessés abandonnés sur le champ dignité. Cela doit nous faire réfléchir et déter- n’en existait pas, ce qui l’a amenée à en écrire
tuer le fondement de notre vie sociale et un de bataille qui hurlaient leur douleur et leur miner notre action, comme ce fut le cas pour un afin de montrer à une génération l’impor-
point de départ dans la solution de nos pro- désespoir, il ne peut pas s’empêcher d’appor- Dunant. Nous avons pour tâche de trans- tance de la Croix-Rouge et de son fondateur.
blèmes.» Et c’est à cela que Lisette Bors veut ter son aide à ces hommes qui souffraient mettre les idées de Dunant.» Elle a commencé par les illustrations et, peu à
contribuer avec son livre. atrocement. «Il n’était pas médecin, mais Ce n’est pas un hasard si la croix rouge, peu, l’histoire s’en est dégagée. Susanne Lien-
L’amie et collègue de l’auteure, Susanne le destin des morts et des blessés l’émeut si symbole de l’organisation, est l’inverse de hard a expliqué que l’auteure avait «peint des
Lienhard, a présenté de manière vivante fort» que ce soir-là, il se mue en bon Samari- la croix blanche du drapeau suisse. Le jeune illustrations riches en couleurs et très sugges-
l’ouvrage qui présente les activités de la tain. Avec des volontaires habitant la région, Etat fédéral d’alors soutint Henry Dunant tives avec un grand souci du détail. Outre
Croix-Rouge. Par le biais de l’histoire il soigne les soldats blessés et les mourants dans son projet car les principes de la Croix- le fait que ces illustrations offrent de nom-
actuelle de deux élèves d’une école enfan- dans des bâtiments des environs et dans la Rouge, l’humanité et la neutralité, étaient breux points de départ pour des discussions,
tine, Lisa et son cousin René, qui passent cathédrale de Castiglione. Il ne fait pas la dif- également des principes de la Confédération. il est important que les enfants aient une
leurs vacances chez leurs grands-parents et férence entre amis et ennemis. Il s’agit uni- «La Croix-Rouge, a déclaré Bender, n’est approche visuelle des questions. Cette réa-
entrent là-bas en contact avec la petite Amira, quement de sauver des vies et d’apaiser des devenue ce qu’elle est que parce que toute lisation empreinte de tendresse reflète l’atti-
tude humaine et optimiste d’Henry Dunant.
Lisette Bors l’a mise en mots et en images.»
Ce qui fascine particulièrement l’auteure
chez Henry Dunant, c’est le fait que grâce à
l’initiative d’un seul homme qui a obéi à ses
sentiments humains, une œuvre ait été créée
qui, malgré tous les obstacles qu’oppose la
réalité, place l’amour du prochain au premier
plan. Elle est particulièrement heureuse de
pouvoir présenter son livre lors du 100e anni-
versaire de la mort du fondateur de la Croix-
Rouge. «Ce livre doit permettre à des enfants
et à des adolescents de faire la connaissance
d’un homme dont il vaut la peine de suivre
les idées afin d’apporter davantage d’amour
du prochain dans le monde.»
Si nous avions aujourd’hui plusieurs
Dunants, le monde serait nettement meilleur.
Il n’y aurait pas 80 Solferinos.
La manifestation a été un point de départ
dans cette direction. Comme l’a dit de
manière émouvante Susanne Lienhard, qui-
conque prend Henry Dunant pour modèle
ISBN 978-3-909234-09-7 «sème une graine d’humanité». •
page 6 Horizons et débats No 43, 8 novembre 2010

Peut-on empêcher les guerres grâce à la «démocratie directe»?


par Siegfried Eder, Bündnis «Neutrales Freies Österreich»
Peut-on empêcher les guerres grâce à la laires soient impératives, et cela quel que peuple face au conflit entre deux pays. Un tel Suisse pour un grand mal, le peuple, selon
«démocratie directe»? C’est une question soit le sujet de l’initiative populaire. Chez cas particulier peut conduire à la neutralité lui, n’étant pas capable de discernement dans
importante, car ce serait une bonne chose nos voisins suisses, il y a même des consul- perpétuelle. Ce n’est pas à confondre avec une les questions de grande portée. Il considère
et nous allons voir comment il faudrait s’y tations populaires obligatoires, où les autori- neutralité d’opinion – ou qu’on ne devrait pas que les peuples sont trop stupides, mais n’ose
prendre. Mais en premier lieu, il faut com- tés sont tenues de soumettre le sujet à leurs marquer de solidarité avec d’autres peuples quand même pas le dire ouvertement.
prendre ce qu’on entend par «démocratie citoyens. Le résultat du vote est alors impé- qui vivent en paix. S’engager en faveur de la démocratie
directe», car cette notion n’est que très peu ratif pour l’exécutif, qui porte bien son nom En français on utilise encore le mot alle- directe, c’est servir la paix, au lieu de don-
connue dans de nombreux pays d’Europe, puisqu’il doit s’exécuter au vu de la décision mand de «Führer» comme injure, on ne lui ner dans la guerre ou de soi-disant mesures
ainsi que dans leurs communes. du peuple. connaît pas d’équivalent linguistique, alors humanitaires, comme le prétendent certains
Il est vrai que depuis le début du XXIe siè- Cette démocratie directe, qui donne le pou- qu’en allemand ce terme reste courant pour esprits tordus, dont même des détenteurs du
cle on s’est intéressé à cette forme de démo- voir au peuple souverain, a été conçue par un toute personne dirigeante, soit en politique, prix Nobel de la paix.
cratie dans quelques régions d’Autriche et certain Jean-Jacques Rousseau qui s’était en économie ou dans d’autres domaines. Il Nous devons exiger l’introduction de la
dans le Tyrol du sud. Toutefois, on semble ne inspiré du modèle de Genève, sa ville natale. n’y a guère que les membres des gouverne- démocratie directe par des lettres adressées
pas comprendre vraiment le phénomène et il Le royaume de France, où régnait le pou- ments, généralement nommés plutôt qu’élus, aux journaux régionaux, nous devons dif-
y a trop souvent des confusions. voir absolu était son opposé. Dans un geste qui sont dénommés hypocritement ministres fuser les idées de Rousseau qui voulait que
Ainsi dans les Länder (provinces poli- de reconnaissance, les Genevois lui ont érigé (du latin: minister = serviteur), alors même ce soit le peuple qui jouisse de la souverai-
tiques) de Salzbourg et de Carinthie on a éta- une grande statue, au milieu du Rhône sur qu’ils servent davantage leurs propres par- neté et pas le tyran de la ville de Graz, celui
bli une «liaison téléphonique directe» vers les une île. Ses idées n’ont guère percé jusqu’au tis que le peuple, ce qui se révèle dans les d’un arrondissement de Vienne ou de la basse
candidats aux élections du Parlement régio- Danube, sauf qu’on croit savoir qu’il souhai- appellations selon les partis: ministre SPÖ, Autriche. Nous n’avons pas non plus besoin
nal, ce qui devait permettre aux citoyens et tait «le retour à la nature». ministre ÖVP. d’un roi soleil. Même dans la Principauté du
citoyennes* de se connecter pour leur poser Dans la mesure où nous souhaitons en Des dirigeants particulièrement futés Lichtenstein, c’est le peuple qui décide de ses
des questions. C’est tout sauf de la démocra- savoir plus, nous devons acheter nous-mêmes décèlent depuis des décennies, à l’aide de leurs impôts et pas «Son Altesse».
tie directe, cela frise la perversion. son livre «Du contrat social»; ce n’est pas services secrets et de leurs réseaux, de préten- Nous devons exiger la démocratie directe
Parmi les confusions, on trouve souvent notre Etat qui nous l’offrirait. Toutefois, toute dues menaces venant d’autres pays, d’autres par des coups de téléphone ou par des entre-
celle qui est faite entre «la consultation popu- jeune apprentie d’une librairie vous trouvera peuples ou d’autres religions (p.ex. le «terro- tiens avec nos députés dans notre propre
laire» et le «référendum populaire» dans des immédiatement ce petit livre. En plus, il ne risme»), afin de pouvoir finalement prétendre circonscription. C’est une préparation impor-
articles de journaux et des lettres de lec- coûte pas cher. que la guerre avait été inévitable. Ils font seule- tante pour le maintien de la paix, à la por-
teurs. Ce fut le cas lors du débat concernant En démocratie directe, la population est en ment semblant de penser à des négociations tée de tous les citoyens, tant les anciens que
le centre de détention des personnes expul- majorité, plus intelligente, plus raisonnable et pour une entente, c’est-à-dire à la paix. les nouveaux (et concernant ces derniers, on
sées à Vordernberg en Styrie. A la radio, il plus économe que les députés dans les parle- Comme on peut s’en rendre compte, il n’y devrait se demander, dans le cas contraire,
ments régionaux ou communaux en démocra- a pas de commune mesure entre les décisions pourquoi ils ont fui leurs pays dévastés par la
tie parlementaire. Quant au Parlement fédéral de ministres et de leurs clans, et celles d’un guerre pour se réfugier chez nous).
de Vienne, on ne peut dire qu’il rayonne d’in- peuple. Au contraire, les peuples sont fonda- Nous devons aussi exiger la démocratie
telligence plus que le peuple dans son entier, mentalement raisonnables et ne se laissent directe, telle que l’entendait Rousseau, ceci
ce qui, finalement, a peu d’importance. Il est pas facilement influencer. lors de débats dans des forums, mais aussi
vrai que nos politiciens ont de la faconde, à Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire partout où l’on peut déposer des commen-
tel point qu’il ne faut pas parler là d’élite, «Weltwoche» (Suisse) s’est exprimé der- taires sur Internet.
mais d’élite bavarde. nièrement comme suit dans le quotidien Ce n’est que dans la démocratie directe
En ce qui concerne la question de majorité/ «Frankfurter Allgemeine» (Allemagne): «La que le peuple peut imposer ses propres déci-
minorité lors des consultations populaires, classe politique, bien soutenue par tous les sions à l’encontre de ses prétendus serviteurs,
Rousseau estime dans son «Contrat social» grand éditeurs des journaux conformistes, ministres, dirigeants et présidents.
que ceux qui se sont trouvés minorisés lors a orchestré une vaste campagne d’intimida- C’est uniquement en démocratie directe
d’une consultation doivent admettre qu’ils tion.» Il entendait par là l’énorme pression que le peuple peut s’exprimer en faveur de la
se sont trompés et accepter la décision de la exercée sur les votants dans son propre pays. paix et contre la guerre! •
majorité. Il n’est donc pas vrai que le peuple Ce qui n’empêcha pas le peuple suisse de (Traduction Horizons et débats)
serait divisé lors de consultations, comme le voter en faveur de l’interdiction de construire * On entend toujours par là les citoyens
prétendent nos politiciens. des minarets, estimant que ces constructions des deux sexes.
On n’a guère à se préoccuper des gou- reflètent une volonté politique qu’ils refusent.
vernants, que ce soit dans les villes ou à la A noter qu’il ne s’agit que des minarets et pas
campagne. Ils ne sont que des exécutifs qui des mosquées.
appliquent ce que la démocratie – directe ou Il est incontestablement risqué pour un Pré-
indirecte – leur dicte au travers des décisions sident ou Premier ministre d’avoir le peuple
«Du contrat social». (photo mad) du législatif. au-dessus de soi lors de prises de décisions
Les idées de Rousseau ont été diffusées importantes. Toutefois, il ne leur devrait pas
était question de référendum populaire – et en dans toute la Suisse par les «sociétés de lec- être difficile de s’en accommoder, dans la
même temps de consultation populaire. Sur ture», ces idées sont devenues entre-temps mesure où ils tiennent compte des volontés
Internet, on pouvait lire que le maire de la des «droits populaires». Qu’on ne s’imagine du peuple. C’est malheureusement assez rare
ville flairait «la chance du siècle pour Vordern- pas que ces droits furent un cadeau, le peuple qu’ils doivent le faire, et c’est bien pourquoi
berg; cependant, si les citoyens éprouvaient dut se battre pour les obtenir. En effet, les ils craignent les votations populaires comme
des réticences, ils pouvaient les faire connaî- élites bavardes ont une forte tendance au pou- la peste.
tre à la mairie dès vendredi». Ceci n’est pas voir et à exercer leur influence, elles ne sont
non plus de la démocratie directe qui rendrait pas des championes de la modestie. Voulez-vous la paix totale?
impérieuse la décision populaire. Les représentants du peuple et du gou- Dans l’affirmative, alors il ne nous faut en
En interrogeant les membres d’exécutifs, vernement ne sont modestes et proches des Europe plus que des petits Etats qui se tien-
du Vorarlberg jusqu’au Burgenland, donc à citoyens que tant que l’épée de Damoclès, nent en un équilibre stable, comme le pré-
travers toute l’Autriche, on reçoit comme que représente la démocratie directe, reste tend Leopold Kohr, le grand philosophe de
réponse qu’il s’agit effectivement «d’élé- suspendue au-dessus de leurs têtes et qu’on la province de Salzbourg. Il faudrait de nom-
ments de démocratie directe», soit les consul- les empêche de prendre seuls des décisions, breux petits pays dont les peuples auraient
tations populaires, les initiatives populaires, et qu’ils sont forcés de présenter leurs projets davantage de droits que leurs représentants. ISBN 3-89-7064162
les pétitions, voire les sondages. – Mais tout au peuple qui est le souverain. Comme déjà évoqué, nous ne voulons pas
ceci ne tient pas, car ni le législateur ni les C’est bien pourquoi on n’assiste pas en parler ici des membres du gouvernement, car
gouvernements ne sont tenus de les respecter.
On ne peut donc une fois de plus pas parler là
démocratie directe aux renversements propres
aux partis dans la démocratie parlementaire
ils ne représentent de toutes façons qu’eux-
mêmes, et pas nous.
Horizons et débats
Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante,
de démocratie directe. indirecte. Bien au contraire, les partis doivent Certes, nous ne jouirons pas rapidement l’éthique et la responsabilité
Il y a pourtant des consultations populaires se concentrer sur leurs projets qu’ils veulent d’une paix totale; toutefois, nous devrions, pour le respect et la promotion du droit international,
dans le pays, mais c’est extrêmement rare. soumettre au peuple, afin de les présenter sous pour le moins, commencer à instaurer dans du droit humanitaire et des droits humains
Il y a en plus un hic: ces consultations doi- leur meilleur jour, plutôt que de n’en pas finir notre propre pays la démocratie directe et
Editeur
vent être ordonnées par le chancelier (Pre- avec les attaques contre les adversaires poli- inciter tout un chacun à engager le débat avec Coopérative Zeit-Fragen
mier ministre) du gouvernement, par le chef tiques et de mener des intrigues. En fait, il ne sa parenté, ses voisins et concitoyens, comme Rédacteur en chef
du gouvernement régional (Land), ou encore devrait pas y avoir d’adversaires politiques le disaient les insurgés, il y a quelques siè- Jean-Paul Vuilleumier
par le maire de la localité. C’est un peu puisque tous ne veulent que le bien du pays et cles, dans le pays au-delà de la rivière Enns, Rédaction et administration
mince pour être taxé de véritable démocra- du peuple, n’est-ce pas? un affluent du Danube. Ils réclamaient déjà Case postale 729, CH-8044 Zurich
tie directe. à cette époque ce qui s’appelait «les liber- Tél. +41 44 350 65 50
Qu’on se souvienne de la consultation Guerre ou paix? tés helvétiques»! Toutefois, tant sa majesté à
Fax +41 44 350 65 51
populaire à propos de la centrale nucléaire Nous en arrivons à la question posée dans le Vienne que le prince électeur à Munich déte- E-Mail: hd@zeit-fragen.ch
Internet: www.horizons-et-debats.ch
de Zwentendorf, au bord du Danube, dans titre. Vous pouvez bien vous imaginer que si naient toujours le pouvoir – à l’aide du noble
la région de basse Autriche. Le résultat fut on demande au peuple d’un certain pays d’en- Pappenheim. Ces trois chefs ont eu des mil- CCP 87-748485-6
IBAN: CH64 0900 0000 8774 8485 6
à l’inverse des espoirs de la classe politique, voyer sa jeunesse à la guerre, il réfléchira à liers de morts sur la conscience. Il faudrait BIC: POFICHBEXXX
cela malgré une propagande intense. Il y eut deux fois et se décidera plutôt pour la paix, encore après coup leur intenter un procès. Imprimerie
aussi une consultation populaire lorsque le au contraire des ministres, des chefs de l’ar- Mais attention. Lors de l’introduction de la Nüssli, Mellingen
comité olympique exigea que la population mée et de leurs généraux. Le peuple s’enga- démocratie directe, nous devons nous méfier Abonnement annuel 198.– frs / 108.– €
le soutienne largement pour les jeux olym- gera plutôt pour la défense du pays au lieu de certains experts qui, bien sûr, y sont oppo-
ISSN 1662 – 4599
piques d’Innsbruck. Là aussi, le résultat ne d’aller à l’aventure dans une guerre d’agres- sés. Ils préfèrent conseiller les politiques
fut pas celui attendu par les groupes de pres- sion ou pour apporter «la démocratie dans plutôt que d’apporter des explications à la © 2010 Editions Zeit-Fragen pour tous les textes et les illustrations.
Reproduction d’illustrations, de textes entiers et d’extraits impor-
sion financiers et les politiques. l’Hindu Kuch». population. Comme par exemple ce polito- tants uniquement avec la permission de la rédaction; reproduction
Mais une véritable démocratie directe Une autre solution s’offre par la neutra- logue autrichien, professeur d’université bien d’extraits courts et de citations avec indication de la source «Hori-
zons et débats, Zurich».
implique justement que les décisions popu- lité militaire pour laquelle peut se décider un rétribué, qui tient les votations telles qu’en
No 43, 8 novembre 2010 Horizons et débats page 7

«La faim n’est jamais fatidique: une politique intelligente


peut combattre la faim et la pauvreté»
Discours de la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, cheffe du Département fédéral des Affaires étrangères, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre

un pays qui est particulièrement dépendante


de réseaux internationaux. Par conséquent,
nous avons un intérêt et une responsabilité
particuliers à maîtriser les problèmes mon-
diaux de la faim et de la pauvreté.
Il y a un mois, le Conseil fédéral a décidé
de présenter un projet d’augmentation de
l’aide publique, jusqu’en 2015, à 0,5% du
produit intérieur brut. Il est prévu d’attribuer
ces moyens supplémentaires pour des tâches
relatives à l’eau et au climat. Cet engage-
(photo thk)
ment améliore en même temps, directement
ou indirectement, la sécurité alimentaire. Le
hd. Le 16 octobre 1945 fut fondée l’Organi- Parlement discutera ce projet de loi dans les
sation des Nations Unies pour l’alimen- mois qui viennent.
tation et l’agriculture (FAO), dans le but
d’assurer l’alimentation de tous les hommes Créer dans les pays en voie
sur cette planète. Depuis 1979, cette journée de développement les conditions qui
est célébrée en tant que Journée mondiale permettent aux gens d’améliorer leur vie
de l’alimentation, afin de rendre attentif au Dans le monde entier, bien des gens ont sans
sort des hommes qui ont faim. De nos jours, doute profité des règles du commerce global.
1,2 milliards de personnes souffrent de la Aujourd’hui, toute une série d’anciens pays en
faim, bien qu’on dispose de suffisamment de voie de développement jouent un rôle impor-
produits alimentaires. «Au Pérou, la Suisse soutient la promotion d’espèces de pommes de terre indigènes. De nouveaux tant sur le marché mondial. Mais beaucoup de
produits à base de patates ont été présentés sur les marchés. Les producteurs ont pu accroître leurs
Le 16 octobre, la Suisse a également célé- revenus.» (photo reuters)
pays du sud ne savent pas profiter des chances
bré la Journée mondiale de l’alimentation de la globalisation. Dans un monde en réseau,
par une manifestation officielle sur la Place basée sur des structures locales et un à l’agriculture des pays en développement l’orientation de notre politique commerciale
fédérale à Berne. Comme la Direction du savoir local. Il faut une politique qui, pas durant ces dernières années. L’année der- influence également les perspectives de pays
développement et de la coopération (DDC) à pas, crée les conditions d’une économie nière, notre travail de coopération au déve- pauvres.
s’occupe plus intensément de cette problé- durable. Comment peut-on s’attendre à ce loppement a engagé environ 200 millions de
matique mondiale et essaye, par beaucoup qu’une famille de petits paysans inves- francs pour une sécurité alimentaire amélio- Chers jeunes gens,
de projets, de réduire la misère et les souf- tisse ses économies dans un domaine et rée et fourni une contribution à un dévelop- Mesdames et Messieurs,
frances des hommes, la Conseillère fédérale des équipements tant que le droit de jouis- pement globalement durable. Le changement climatique crée de nouvelles
Micheline Calmy-Rey dont le Département sance n’est pas assuré? Comment peut-elle Quelques exemples: injustices. Les pays riches sont responsables
coiffe la DDC, a prononcé un discours con- se procurer des semences et des outils sans • en Afrique australe, la Suisse soutient – des émissions de gaz à effet de serre. Mais
cernant la situation alimentaire mondiale avoir accès au crédit? Comment peut-elle de concert avec des agences de dévelop- ce sont les pays en développement qui sont
que nous publions ci-dessous. acheter et vendre des produits si les routes pement d’autres pays – la recherche et la le plus durement frappés par les répercu-
sont impraticables après les pluies? culture d’espèces de haricots résistants au tions.
Chers jeunes gens, Il y a deux ans, les prix des produits alimen- climat. Dans douze pays, environ 10 mil- Si la température globale continue de s’éle-
Mesdames et Messieurs, taires ont explosé. La responsabilité incom- lions de personnes en profitent; ver sans frein, les sécheresses et les inonda-
Celui qui a faim, souffre. Celui qui a faim, bait entre autres à: • la Suisse soutient la recherche internatio- tions augmenteront. En Afrique, il y aura des
désespère. Celui qui a faim, crie en silence. • l'investissement inexistant durant de nale sur le riz. Cela permet – par exemple ruptures de production dans l’agriculture. Par
Aujourd’hui, environ 1,2 milliards d’êtres longues années dans l’agriculture des pays au Laos – à des petits paysans d’accéder à la suite, la pauvreté et la faim augmenteront.
humains ont faim. Un record mondial scan- en voie de développement; des sortes de riz fertiles. En environ quinze Il faut des innovations techniques, écono-
daleux. Un homme sur six n’a pas assez à • les subventions à l’exportation des pays ans, la production de riz a pu être augmen- miques et politiques pour que les familles de
manger. Malgré une année record des mois- industrialisés; tée des deux tiers. petits paysans puissent s’adapter rapidement
sons de blé il y a deux ans. Malgré les leçons • un commerce de matières premières et de • Au Pérou, la Suisse soutient la promotion à un environnement modifié.
tirées de la crise alimentaire de 2008. Dans le produits alimentaires pas suffisamment d’espèces de pommes de terre indigènes.
monde entier, le droit à l’alimentation est de réglementé. De nouveaux produits à base de patates ont Prévoir vaut mieux que guérir
loin le droit de l’homme le plus violé. été présentés sur les marchés. Les produc- Cette devise vaut également pour la politique
La crise alimentaire s’est à nouveau ren- Chers jeunes gens, teurs ont pu accroître leurs revenus. du climat. Accélérer les innovations techni-
forcée. La responsabilité incombe à la crise Mesdames et Messieurs, • Dans bien des pays en voie de développe- ques, poursuivre des buts de politique clima-
financière et économique. Des sécheresses, Une crise alimentaire est catastrophique et ment, la Suisse soutient les conseils agri- tique ambitieux, construire une économie qui
mauvaises récoltes, inondations catastro- entraîne des dommages à la santé de longue coles fournis aux petits paysans et permet ne nuit pas au climat: tout ceci exige de nous
phiques dans les pays en développement: les durée pour des familles pauvres. Que fait la leur mise en réseau mutuelle. tous un effort énorme. Autant national qu’in-
effets du changement climatique se font sen- Suisse? La mondialisation rend des pays, des espaces ternational. Il faut exiger avant tout des pays
tir. A la différence d’autres pays industrialisés, économiques et des sociétés beaucoup plus riches de trouver les moyens d’une croissance
Vingt-quatre coups frappés au clocher. la Suisse n’a pas réduit les moyens attribués dépendants les uns des autres. La Suisse est durable et de réduire massivement l’empreinte
24 000 êtres humains meurent de faim. Jour écologique de nos pas sur notre planète. Il n’y
après jour. Pourquoi ce scandale? Immobi- a pas moyen d’échapper à cette voie.
lité et silence, ici, sur la Place fédérale. Pour
qu’on écoute la question? Horizons et débats Nous ne pouvons atteindre un développe-
ment propre, sûr et global qu’en collaboration
Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité
avec les pays pauvres. Cette action commune
Chers jeunes gens, pour le respect et la promotion du droit international,
est possible si nous respectons les règles du
Mesdames et Messieurs, du droit humanitaire et des droits humains
fair-play:
• au Nigeria, des hommes ont faim parce • fair-play envers les pays pauvres,
qu'ils ne peuvent pas se payer à manger; Abonnez-vous à Horizons et débats – journal publié par une coopérative indépendante • fair-play envers la nature,
• en Haïti, des hommes ont faim par suite L’hebdomadaire Horizons et débats est édité par la coopérative Zeit-Fragen qui tient à son indépendance • fair-play envers les générations mon-
des catastrophes naturelles et à cause d’un politique et financière. Tous les collaborateurs de la rédaction et de l’administration s’engagent tantes.
environnement gravement abîmé; bénévolement pendant leur temps libre. L’impression et la distribution sont financées uniquement par Un engagement persévérant est indispensable
• en Afghanistan des hommes ont faim les abonnements et des dons. La coopérative publie aussi l’hebdomadaire Zeit-Fragen en allemand et le pour que les règles du fair-play soient vala-
parce que des guerres influencent depuis mensuel Current Concerns en anglais. bles, ici et ailleurs.
des années la production et la commercia- La faim est avant tout le résultat d’omis-
lisation des produits alimentaires. Je commande un abonnement annuel au prix de 198.– frs / 108.– € sions politiques. Pour combattre la faim, il
La faim n’est jamais fatidique. Une politique Je commande un abonnement annuel au prix d’étudiants de 99.– frs / 54.– € faut une politique sur laquelle on peut comp-
intelligente peut combattre la faim et la pau- ter et une collaboration au développement
vreté. Je commande un abonnement de 6 mois au prix de 105.– frs / 58.– € qui s’appuie sur des partenariats larges et qui
Pour cela Je commande un abonnement de 2 ans au prix de 295.– frs / 185.– € soutient efficacement les propres efforts dans
• les gouvernements des pays en voie de Je commande à l’essai les six prochains numéros gratuitement. les pays.
développement doivent placer la sécurité Il faut une politique solide pour dévelop-
alimentaire comme but politique primor- Veuillez nous envoyer _____ exemplaires gratuits d’Horizons et débats no _____ pour les per l’espace paysager. Il faut des règles du
dial; remettre à des personnes intéressées. commerce fair-play. Il faut des efforts renfor-
• il faut un droit de regard des citoyennes et cés de politique climatique.
des citoyens. Celui-ci peut le mieux garan- Nom / Prénom: Mani Matter a défini notre tâche de façon
tir que les gouvernements traduisent dans pertinente:
Rue / No:
les faits le droit à l’alimentation. Le prix
Ceux qui vont bien
Nobel indien Amartya Sen a trouvé la for- NPA / Localité: iraient mieux
mule: «Dans les pays où il n’y a ni élec-
si ceux qui vont plus mal
tions, ni opposition, les gouvernements Téléphone: allaient mieux.
n’ont pas besoin de s’occuper des questions
politiques résultant de leur échec à com- Date / Signature: Je vous remercie cordialement de votre enga-
battre la pauvreté.»
A retourner à: Horizons et débats, case postale 729, CH-8044 Zurich, Fax +41-44-350 65 51
gement. •
• Il faut une politique qui renforce les petites Source: www.deza.admin.ch
CCP 87-748485-6, Horizons et débats, 8044 Zurich
exploitations agricoles. Une agriculture (Traduction Horizons et débats)
page 8 Horizons et débats No 43, 8 novembre 2010

Le retour des succédanés de café


«Muckefuck, Plämpel et Hutzelwasser»
par Heini Hofmann
Dans le domaine du café, on ne parle de aussi des enfants et des adolescents. Ce n’est
son ersatz que sur un ton irrévérencieux et pas par hasard qu’on a utilisé ceux-ci pour
il est considéré comme marginal, mais c’est faire de la publicité.
contraire à son importance historique. Car Le pasteur Sebastian Kneipp (1821–1897)
pendant environ 300 ans on buvait bien à Wörishofen en Bavière a recommandé
plus d’«ersatz de café» que de «vrai café en les cafés de santé de céréales, de malt et de
grains» dans les régions de langue allemande glands de chêne et a fait personnellement de
de l’Europe. Actuellement les succédanés de la publicité pour le Kathreiner Malzkaffee
café reviennent. (plus tard fabriqué à Soleure). Le curé-herbo-
riste suisse Johannes Künzle s’est également
Ce qui est aujourd’hui tout naturel, était autre- opposé avec véhémence au café en grains
fois un pur luxe: la consommation de café pur et il a fait de la publicité pour le succédané
grains. D’autant plus que dans les pays euro- de café d’Olten Virgo, fait de céréales et de
péens sans colonies le vrai café était hors de fruits. Le nom de Virgo (latin: vierge) devait
prix pour de larges couches de la population. assurer, joint aux montagnes figurant sur le
De ce fait, depuis qu’on consomme du café en paquet, la pureté du produit.
Europe, on s’est débrouillé avec des matières
de remplacement. Ces succédanés sont deve- Aujourd’hui, c’est un produit de niche
nus – à partir d’une nécessité économique et Des temps de crise causent toujours une aug-
de craintes pour la santé – une partie inté- mentation de la consommation de produits
grante de notre culture de boisson euro- succédanés, par exemple le Blocus continen-
péenne. Elles ont frayé le chemin au café en tal de 1806 à 1813. Pendant les deux guerres
grains depuis le produit de luxe exotique jus- mondiales, le café en grains, aussi bien que
qu’à la boisson incontournable de notre quo- les produits succédanés, étaient des marchan-
tidien. dises rationnées. C’était la cause d’expérimen-
tations toujours plus osées avec des produits
Le café des petites gens «Aecht Franck Caffee-Zusatz» – une des marques d’ersatz (par exemple des bulbes de dahlias).
Les origines du café en grains se trouvent en de succédanés sans doute les plus connues à La Suisse a couvert son besoin en café jus-
Ethiopie. Au début du XVIIe siècle, la culture l’époque. (photo JJM) qu’à la Deuxième Guerre mondiale d’envi-
et la consommation ont été limitées en géné- vraiment concurrencés: La consommation de ron 50% par des succédanés qui sont restés
ral aux régions arabes. Ensuite, ce produit café en grain et celle des succédanés a aug- en mémoire dans les années d’après-guerre
exotique est arrivé en Europe au milieu du menté parallèlement. En 1900 on a produit comme souvenir négatif de la disette.
XVIIe siècle en passant par les colonies cul- mondialement 494 000 tonnes de café torré- C’est seulement depuis le «Wirtschaftswun-
tivant du café (surtout hollandaises et fran- fié, en comparaison en Europe ont été produit der» des années 1950 que toutes les couches
çaises), alors que la plante, ne résistant pas 273 000 tonnes de poudre de chicorée. Le de la population peuvent se payer le café en
au gel, n’a pas pu quitter les pays chauds. Le pionnier de la chicorée était le major Chris- grains pur et ainsi les ersatz ont disparu, mais
vrai café cependant est resté un privilège coû- tian von Heine à Brunswick. En 1769, on lui jamais tout à fait. Aujourd’hui, l’ersatz de
teux. a attribué le monopole de l’Etat avec un sigle café et surtout vendu comme café soluble ou
C’est la raison pour laquelle les publici- de protection. Ça c’est passé ainsi: Pendant la moulu pour les machines à filtre. Il y a même
tés pour les succédanés du café, cultivées en guerre de sept ans, sa femme, une comtesse des essais de reprise, ainsi le Altreier Alpen-
Europe à partir de plantes indigènes, le café du Reich qui avait dû s’enfuir, a été attaquée kaffee (à la frontière Tyrol du sud/Trentino)
des pauvres gens, ont misé sur une symbo- dans sa calèche par des soldats maraudeurs qui est fait de lupins qui, dans le cadre d’un
lique nationale, identificatoire comme par et elle avait subi un choc nerveux. Son méde- projet de l’UE, sont de nouveau cultivés. Des
exemple une usine de chicorée à Renens cin personnel lui a prescrit le jus amer de la prétendus morts reviennent parfois – et qui
avec le héros national Guillaume Tell, «Hil- racine de chicorée. Comme ce breuvage ne sait, peut-être des succédanés de café pour-
ber’s Feigenkaffee» (café de figues) en Les succédanés essayaient de rivaliser: lui convenait pas du tout, elle a eu l’idée de ront redevenir une option en Suisse!
Autriche avec des edelweiss et des rhododen- Linde’s ja – der schmeckt. (photo JJM) sécher la racine, de la torréfier et d’en faire Depuis, le succédané de café s’est libéré
drons ou bien des femmes en costumes natio- une décoction. Ainsi elle a donné à son mari de l’image du produit des gens pauvres. Ce
naux, symboles de produits indigènes, sains, la couleur – a été atteinte par la procédure de l’idée pour un ersatz de café … sont surtout des mélanges de céréales, malt,
proches du peuple. torréfaction, car sans être torréfié l’ersatz ne Lorsque au XIXe siècle des usines de suc- figues, glands de chênes, chicorée et fruits
serait pas buvable. Pour la torréfaction mai- cédané ont poussé comme des champignons, qui sont aujourd’hui un produit de niche bien
Une gamme énorme son on utilisait des pinces à rôtir, des casse- ce sigle a été remplacé par la marque déposée. établi pour des gens qui ne supportent pas la
Des substances de base pour les produits d’er- roles et des tambours à torréfier mais aussi L’exemple le plus connu est la société Hein- caféine ou bien pour des mamans qui allai-
satz pour le café étaient des racines et des de simples bouts de tôle. A chaleur assez éle- rich Franck Söhne, fondé en 1828 à Vaihin- tent, ou simplement par nostalgie. •
céréales, des fruits secs et des noix, ainsi que vée, les produits d’ersatz étaient torréfiés en gen dans le Wurtemberg. Leur enseigne de (Traduction Horizons et débats)
des graines, des noyaux et des légumineuses. les remuant ou tournant constamment direc- marque pour la poudre de chicorée et pour le
Donc à peu près tout ce qui se trouve dans la tement sur le feu. L’art était de reconnaître à Franck Aroma, produit plus tard à Bâle, est
nature a servi à faire du succédané de café. la coloration du produit à torréfier (le brun un moulin à café stylisé devenu légendaire.
Beaucoup de ces substances n’ont pas duré
et ont disparu, comme le souchet comestible,
typique du café) la fin de la procédure et de
l’empêcher de brûler.
En 1885 existaient en Suisse déjà 29 usines
pour le succédané de café.
Un choix de produits
par exemple; bien utilisées jadis, leur goût n’a
Les «nez à café» Café, succédané, plagiat
de succédanés
pas convaincu.
La transformation des produits de succéda- A la fin du XVIIIe siècle, les autorités ont Comme pour tous les aliments et tous les sti- Plantes à racine
nés pour l’emploi privé comprend les étapes essayé désespérément d’interdire la con- mulants, il y a aussi eu des faux en matière de Racines de chicorée, betteraves,
suivantes: Trier et laver des parties de plan- sommation du vrai café, apparemment déjà succédanés du café, des profiteurs sans scru- carottes, pommes de terre, céleri,
tes, couper en morceaux égaux, sécher, torré- assez répandue dans les couches pauvres de pules ont rallongé les succédanés avec des salsifis, racines d’herbe, panais,
fier et moudre. Pour le café de malt, de glands la population. On voulait éviter que le simple substances bon marché ayant des couleurs et cacahuètes, souchet comestible
de chêne et de châtaignes, il fallait les trem- peuple s’appauvrisse tout à fait avec ce breu- des consistances semblables. On y mélangeait
per auparavant. Et dans les noyaux de fruits vage exotique. Ainsi, l’archevêque de Cologne alors de la farine, des biscottes ou du marc Céréales
c’était uniquement la partie tendre, intérieure a annoncé en 1766 que «l’expérience avait de café, mais aussi des racines et de l’écorce Orge, seigle, blé, épeautre, avoine,
qui pouvait être utilisée. montré qu’avec l’utilisation de plus en plus moulus, même de la terre, de la tourbe ou de millet, sagou, sarrasin
Le café de chicorée (café bleu) et d’autres répandue du thé et du café, beaucoup de gens la poudre de tuiles – ce qui a certainement
produits indigènes se trouvaient sur la table passaient du temps à ne rien faire, et que les aidé pour que les succédanés aient la réputa- Graines, noyaux, légumineuses
des paysans et des ouvriers comme les valets et les bonnes et les journaliers étaient tion d’avoir parfois une mauvaise odeur… Glands de chêne, lupins, châtaignes,
pommes de terre et le pain. A travers les tentés de dépenser leurs deniers de façon nui- Les producteurs sérieux se sont protégés au pois chiches, haricots, graines de tour-
générations, ces ersatz de café ont été dûment sible». moyen des marques de produits déposées, de nesols, noyaux de cerises, noyaux
ancrés dans le langage quotidien, avec des Ni la vente, ni la consommation, ni la con- certificats d’authenticité et des recommanda- d’abricots, noyaux de pêches, noyaux
noms parfois narquois ou pudiques comme servation n’étaient permises, même la pos- tions de spécialistes. A partir du XIXe siècle, de pruneaux, noyaux de dattes,
«Blümchenkaffee» (café de fleurs), «Hutzel- session de vaisselle à café restait interdite. les inspecteurs de l’alimentation ont démas- graines de lin, graines de courges,
wasser» (hutzel= ratatiné, ridé), «Mucke- Pour le contrôle, on engageait des gens qui qué les escrocs. Comme le café en grain coû- graines de concombres, graines de
fuck», «Gesundheitskaffee» (café pour la devaient humer l’odeur du café. En Suisse on tait plusieurs fois le prix du succédané, on l’a groseilles, de mûres, caroube,
santé), «Lätsch», «Plämpel», «Schweizer- pouvait entendre également «Kafi Thee und aussi faussé avec des succédanés bon mar- bardane, graines de chanvre,
kaffee» (café suisse), «Wegluegere Kafi» et Leckerli bringed de Bur ums Äckerli» (Le ché. grains de gaillet
bien d’autres. café, le thé et les friandises font perdre les
champs au paysan). Pendant que la noblesse L’aspect de la santé Fruits secs, noix
Procédure de torréfaction important et les bourgeois riches utilisaient pour le vrai La réforme alimentaire au XIXe siècle n’était Figues, pommes, poires, pruneaux,
Bien que les produits de succédanés ou les café de la vaisselle en porcelaine dorée, le pas seulement contre le café en grains, con- abricots, marrons, châtaignes,
mélanges de produits aient pu avoir un goût prolétariat de succédané utilisait de simples tenant de la caféine, mais elle a aussi taxé le noisettes, noix, amandes, faînes,
équilibré, même bon, ils n’ont jamais pu tasses en grès. café de chicorée comme une «eau sucrée de cynorhodon, baies de genièvre,
atteindre le bouquet complet de l’arôme du couleur brune au goût amer». Elle plaidait cerises sauvages
café en grains avec ses presque mille com- L’industrie de la chicorée pour une valeur nutritive plus élevée de cette
posants de goût. Et avant tout, à tous ces De telles interdictions du café ont renforcé la boisson des masses et elle a propagé le café Autres substances
produits remplaçants manquait la substance production des succédanés; une vraie indus- de santé fait de céréales, de malt, de figues, Croûte de pain, malt, marc de raisin,
psychoactive, la caféine. La ressemblance trie d’ersatz a été créée. Mais les produits de glands de chêne et de fruits. Les groupes caramel
avec le café – en ce qui concerne le goût et succédanés et le café en grain ne se sont pas visés étaient, à part les aînés et les malades,

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