Vous êtes sur la page 1sur 16

Année Universitaire 2022-2023

Université Marien NGOUABI


Institut Supérieur de Gestion

COURS DE DROIT DE LA
CONCURRENCE ET DE LA
CONSOMMATION
Cours Préparé et Présenté par :

MAITRE THIERRY MAMIMOUE


DOCTEUR EN DROIT, DIPLOME DE L’ECOLE
SUPERIEURE DE COMMERCE DE PARIS [ESCP]
AVOCAT AU BARREAU DE PARIS & POINTE-NOIRE

AVERTISSEMENTS
Ce cours de Droit à la Concurrence et de la Consommation se veut pratique
et n’a pas le caractère exhaustif d’un Manuel de droit de la concurrence et de
la Consommation et ne saurait dispenser l’étudiant du recours à la recherche
dans les textes de lois, de la CEMAC, de la république du Congo et les textes
subséquents, la législation, textes et règlements en vigueur en dans CEMAC
et en République du Congo, aux ouvrages spécialisés dont la liste
bibliographique a été fournie, pour l’approfondissement du cours et pour les
questions spécifiques.


Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG – Année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 1
CHAPITRE I : DROIT DE LA CONCURRENCE

INTRODUCTION AU NOUVEAU DROIT DE LA CONCURRENCE

Dans le cadre de ce Cours, il sera focalisé pour l’essentiel sur le cas de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

A. Un nouveau règlement pour régir la concurrence dans la CEMAC

Presque vingt ans après l’adoption des règlements CEMAC n° 1/99/UEAC-CM du 25


juin 1999 portant réglementation des pratiques anticoncurrentielles et n°4/99/UEAC-
C du 18 août 1999 portant réglementation des pratiques étatiques affectant le commerce
entre États, le Conseil des Ministres de l’UEAC, vient d’adopter un nouveau Règlement
en matière de concurrence communautaire. Il s’agit du Règlement CEMAC
N°6/19/UEAC-639-CM du 22 mars 2019 relatif à la Concurrence.

Ce nouveau règlement apporte des modifications, dont certaines sont substantielles,


au dispositif communautaire de concurrence jusque-là existant. Quelques-unes
peuvent être relevées :

1. Le règlement unique qui a été adopté se substitue aux deux règlements précédents
qui portaient l’un sur les pratiques des entreprises et l’autre sur les pratiques
étatiques en matière de concurrence. Cette unification est d’autant plus bienvenue
que sur ce plan procédural, le règlement 04 renvoyait au règlement n°1 ce qui
signifiait que ce texte ne se suffisait pas à lui tout seul.

2. Le nouveau règlement prend en compte le remplacement du secrétariat exécutif


par la Commission et de manière plus générale la modification du Traité CEMAC
et de la Convention UEAC intervenue en 2009.

3. Pour ce qui est des organes communautaires de concurrence, le règlement consacre


deux (02) organes :

Ø La Commission, organe de décision et

Ø Le Conseil Communautaire de la Concurrence (CCC), qui remplace


l’Organe de Surveillance de la Concurrence. Comme l’OSC, le CCC joue
un rôle consultatif en matière de concurrence, mais il est aussi chargé
désormais des pouvoirs d’enquête et d’instructions qui incombaient
jusque-là à la commission.

On peut toutefois noter une certaine ambigüité dans l’organisation du


CCC qui dispose de services et d’un Directeur Exécutif et dans ses
rapports avec la Commission. Sur certains points, on pourrait penser
qu’il y a compétence concurrence entre les deux organes.

4. Le règlement apporte d’utiles précisions relativement aux rapports entre les


autorités communautaires et nationales de concurrence : le partage de compétence

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 2
dans l’application du droit communautaire de la concurrence et l’obligation de
collaboration entre ces organes sont institués.

5. Les aspects procéduraux de mise en œuvre des règles de concurrence notamment


le respect du caractère contradictoire des procédures et le droit à l’assistance sont
précisés.

6. Enfin, le règlement maintient la spécificité des procédures relatives aux aides


publiques.

Les autorités communautaires ont dont mis en place un cadre rénové de la concurrence
plus adapté aux exigences de compétitivité des entreprises et de protection des
consommateurs. Mais, le défi reste, comme, pour les textes précédents, celui de
l’effectivité du droit de la concurrence. Vivement que les autorités de concurrence ses
saisissent véritablement de leur rôle dans la protection du marché CEMAC.

On rappelle que la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale


(CEMAC) est ce que l’Union africaine classe parmi les initiatives communautaires
d’intégration. Elle compte six (6) États membres avec plus de 36 millions de
consommateurs.

Créée en 1994, elle entend mettre en place un Marché commun, et dans ce sens elle
dispose d’un certain acquis normatif en droit de la concurrence dont l’an 2019 est le
tournant historique.

En effet, avant 2019, la CEMAC disposait de trois règlements en la matière : une sur les
pratiques anticoncurrentielles, et l’autre sur les pratiques étatiques, adoptés en 1999.
Ces deux premiers règlements avaient été réformés en 2005. En matière de protection
des consommateurs, la CEMAC ne disposait pas d’un texte spécifique.

A partir de 2019, la CEMAC est entrée dans une ère nouvelle à l’issue de la mise en
œuvre du PROJET DE RENFORCEMENT DE LA CONCURRENCE ET DE LA
PROTECTION DES CONSOMMATEURS EN AFRIQUE CENTRALE déclenchée en
2017. Ce projet a abouti par l’adoption de 3 textes par le Conseil des ministres de
l’UEAC en 2019, il s’agit notamment :

En matière de CONCURRENCE :

Ø Règlement n°06/19-UEAC-639-CM-33 du 07 avril 2019 relatif à la concurrence ;

Ø Directive n°01/19-UEAC-639-CM-33 du 08 avril 2019 relative à l’organisation


institutionnelle dans les Etats membres de la CEMAC pour l’application des
règles communautaires de la concurrence.

En matière de CONSOMMATION :

Ø Directive n° 02/19-UEAC-639-CM-33 du 8 avril 2019 harmonisant la protection


du consommateur au sein de la CEMAC.

A partir de ces fondements normatifs, les priorités de la CEMAC en matière de


concurrence et de protection du consommateur ont été redéfinies. La priorité première
est désormais l’appropriation de ces textes par l’ensemble des parties prenantes, dont
l’une des premières est les États membres de la CEMAC.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 3
La Communauté Économique et Monétaire d ‘Afrique centrale (CEMAC) se fixe un
certain nombre d’objectifs fondamentaux dont en particulier le renforcement de la
compétitivité́ des activités économiques et financières de ses États membres, dans le
cadre d’un marché́ ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique harmonisé.

L’objectif poursuivi en relation avec la création d’un marché́ commun basé entre autres
sur la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux entre les
États membres et sur l’institution d’un tarif extérieur commun (TEC) et d’une politique
commerciale commune dans les rapports avec les pays tiers.1 Aussi, pour la mise en
place du marché́ commun, la CEMAC œuvre pour l’institution de règles communes de
concurrence applicables aux entreprises publiques et privées ainsi qu’aux aides
publiques.

Le concept de concurrence auquel fait allusion a surtout vu le jour à partir du 18e siècle
avec l’avènement du libéralisme économique, cette doctrine qui prône en matière
économique la libre entreprise et la libre concurrence et qui est fondée sur la conviction
qu’il existe un ordre naturel réalisé par des mécanismes d’ajustement qui ne peuvent
jouer que dans un contexte de libre jeu des initiatives individuelles. En ce sens, la
concurrence se présente comme un des principes fondamentaux des économies
libérales.

Ainsi, la concurrence peut être sommairement définie comme la compétition entre


entreprises ou commerçants qui se disputent une clientèle. La concurrence pure et
parfaite apparait comme un modelé de référence, une notion d’économie construite
pour les besoins de l’analyse.

Cependant, une telle concurrence n'existe pas dans la pratique. En effet, la concurrence
que l’on retrouve au quotidien ou en d’autres termes la concurrence effective et
praticable est une concurrence imparfaite, une concurrence à laquelle manque une ou
plusieurs conditions de la perfection caractéristiques de la notion de concurrence pure
et parfaite. On observe, en général sur le marché, que les choses ne se passent pas
souvent aussi bien que prévues théoriquement, et que bon nombre de pratiques
tendent à̀ fausser le jeu de la concurrence, qu’il s’agisse des pratiques
anticoncurrentielles ou des pratiques restrictives de concurrence, qu’il s’agisse des
pratiques illicites ou des pratiques déloyales.

DEFINITIONS

Les pratiques anticoncurrentielles sont généralement considérées comme des


comportements souvent durables d’entreprises qui cherchent à̀ organiser les marches
sur lesquels elles interviennent, à faire régner dans les relations qu’elles nouent avec
leurs partenaires un ordre qui favorise leurs intérêts particuliers, en bloquant ou en
faussant gravement la concurrence. Les ententes et les abus de position dominante sont des
exemples typiques de pratiques anticoncurrentielles auxquelles sont fréquemment
rattachées les aides d’État et la création de monopoles et d’entreprises publiques.

Les pratiques restrictives de concurrence se présente comme des comportements


souvent moins durables dont le but est de restreindre la concurrence dans les relations
entre professionnels. En guise d’illustrations de pratiques restrictives de concurrence,
on peut citer l’imposition de prix de revente, le refus de vente, la vente à des prix ou à̀ des

1
Pour plus d’information voire le traité et les institutions CEMAC

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 4
conditions discriminatoires, la revente à perte et le para commercialisme ou les ventes
sauvages

Les pratiques illicites, génératrices de concurrence illicite ou illégale, sont des


comportements prohibes par les lois et règlements. Les pratiques déloyales, créatrices
de concurrence déloyale, sont les comportements contraires aux usages loyaux du
commerce, tels que la création d’une confusion entre entreprises ou produits concurrents et
le dénigrement des entreprises et des produits rivaux.

Face à̀ l’existence ou à la menace permanente des pratiques portant atteinte à la


concurrence, le législateur CEMAC, a élaboré et et défini un nombre de règles les
réprimant, un ensemble de règles régulant ou disciplinant la concurrence.

Ainsi, le droit de la concurrence peut être défini comme comprenant l’ensemble des
dispositions juridiques qui régissent les rapports entre les professionnels dans leur activité́
concurrentielle pour réguler la concurrence.

Afin d’avoir une vue d’ensemble du droit de la concurrence de CEMAC, il convient


d’abord d’examiner, dans un volet I, l’ensemble des règles de fond édictées en la
matière, avant de voir, dans un Volet II, leur mise en œuvre.

I - LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA CONCURRENCE

Parmi les comportements généralement considères comme les plus nuisibles à la


concurrence et devant être combattus en priorité́, figurent en tête les pratiques
anticoncurrentielles, par opposition aux pratiques restrictives de concurrence. C’est
donc en toute logique que le droit de la concurrence de la CEMAC va s’atteler à̀ lutter
contre les pratiques anticoncurrentielles en édictant un ensemble de règles relatives
aux entreprises et aux États. Plus précisément, ces règles se résument en la régulation
des pratiques anticoncurrentielles des entreprises et en la forte limitation des
interventions des États.

I.1 - La régulation des pratiques anticoncurrentielles des entreprises.

Les ententes et les abus de position dominante qui constituent les pratiques
anticoncurrentielles les plus courantes au niveau des entreprises sont celles
habituellement visées par les législations de la concurrence. La CEMAC s’attaque
particulièrement à̀ de telles pratiques, à travers l’interdiction de principe des ententes
et la prohibition des abus de position dominante.

1 - L’interdiction de principe des ententes.

Le législateur CEMAC a par la réforme et les nouveaux règlements régit les pratiques
économiques que sont les ententes, à travers l’édiction d’un principe d’interdiction de
celles-ci et l’acceptation subséquente d’exceptions à̀ ce principe afin de tenir compte
des exigences du développement des pays membres de l’espace communautaire.

1.1) L’édiction d’un principe d’interdiction des ententes.

Le Règlement et la Directive CEMAC de 2019, énoncent que les accords, les associations
et les pratiques concertées entre entreprises sont interdits de plein droit, lorsque ceux-
ci ont pour objet ou pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à
l’intérieur de la CEMAC. C’est textes, consistent en réalité́ à poser le principe
d’interdiction des ententes, à l’image notamment du droit européen et de différents

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 5
droits nationaux de la concurrence, puisque l’entente est classiquement définie comme
un concours de volonté́ entre entreprises autonomes, tel un accord, une décision
d’association, ou une pratique concertée, qui a pour objet ou pour effet de fausser ou
d’entraver le jeu de la concurrence.

La législation CEMAC, récemment adopté précise que la seule existence d’un concours
de volonté́ entre entreprises autonomes ne suffit pas pour qu’il y ait entente prohibée.
Il faut en plus que ce concours de volonté́ ait pour objet ou pour effet de restreindre ou
de fausser la concurrence à l’intérieur de l’Union. L’évaluation de cet effet
anticoncurrentiel, notamment par la Commission de la CEMAC, doit être faite en
utilisant le critère de la part de marché détenue par les parties à la pratique. Plus
précisément, la détermination de cette part de marché nécessite au préalable la
définition précise du « marché en cause » qui apparait comme le résultat de la
combinaison entre « e marché́ de produits en cause » et le « marché géographique en
cause ».

Ainsi son par exemple prohibées :

Ø Les accords limitant l’accès au marché́ ou le libre exercice de la concurrence par


d’autres entreprises (i) ;
Ø Les accords visant à̀ fixer directement ou indirectement le prix, à contrôler le
prix de vente, et de manière générale, à faire obstacle à̀ la fixation des prix par
le libre jeu du marché́ en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse
(ii) ;
Ø Les répartitions des marches ou des sources d’approvisionnement ; les accords
ou pratiques visant à̀ limiter ou à̀ contrôler la production, les débouches, le
développement technique et les investissements ;
Ø Les discriminations entre partenaires commerciaux au moyen de conditions
inégales pour des prestations équivalentes ;
Ø Les subordinations de la conclusion des contrats à l’acceptation, par les
partenaires, de prestations supplémentaires, qui, par leur nature ou selon les
usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.

Il importante de souligner qu’à l’inverse de ces ententes prohibées, d’autres


ententes peuvent être autorisées ou exemptées par les textes de CEMAC qui
admettent l’existence d’exceptions au principe d’interdiction des ententes.

1.2) L’existence d’exceptions au principe d’interdiction des ententes.

Les Textes CEMAC prévoient des exceptions limitées à l’interdiction de principe des
ententes afin de tenir compte de situations spécifiques. Dans cet esprit, il apparait que
la Commission peut autoriser de façon individuelle ou par catégories :

Ø Les ententes qui non seulement contribuent à̀ améliorer la production ou la


distribution des produits ou à̀ promouvoir le progrès technique ou économique
(i) ;
Ø Tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte
(ii),
Ø Mais également n’imposent pas aux entreprises intéressées des restrictions qui
ne sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs (iii),
Ø Et ne donnent pas à̀ ces entreprises la possibilité́ d’éliminer la concurrence pour
une partie substantielle des produits en cause (iv).

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 6
Ces conditions générales des exemptions se retrouvent d’ailleurs au niveau des règles
de concurrence de l’Union Européenne et de certains pays de l’espace UEMOA.

En matière d’exemptions, le législateur de CEMAC estime qu’il faut distinguer les


accords entre entreprises en deux catégories que sont respectivement les accords
verticaux et les accords horizontaux. Pour le législateur, les accords verticaux sont moins
restrictifs de la concurrence que les accords horizontaux.

Les accords verticaux sont définis comme les accords conclus entre deux ou plusieurs
entreprises, dont chacune opère à un niveau diffèrent de la chaine de production ou de
distribution, et qui concernent les conditions dans lesquelles ces entreprises peuvent
acquérir, vendre ou revendre certains biens ou services.

Les accords horizontaux sont compris en tant qu’accords conclus à un même niveau
de production ou de distribution ou, en d’autres termes, en tant qu’accords entre
producteurs ou accords entre détaillants.

2) La prohibition des abus de position dominante.

Comme dans le domaine des ententes, le législateur CEMAC pose le principe


d’interdiction des abus de position dominante. Le Règlement et la Directive, dispose
que sont interdits de plein droit toutes pratiques d’une ou de plusieurs entreprises,
assimilables à un abus de position dominante sur le marché́ commun ou dans une
partie significative de celui-ci.

A travers de telles dispositions, la législation de la CEMAC sur le droit de la


concurrence pose le principe selon lequel pour qu’il y ait abus de position dominante,
il faut d’abord que l’entreprise en question soit en position dominante, et qu’ensuite
cette entreprise exploite de façon abusive une telle position.

1.1. L’existence préalable d’une position dominante

La position dominante est définie comme la situation où une entreprise a la capacité́,
sur le marché́ en cause, de se soustraire d’une concurrence effective, de s’affranchir des
contraintes du marché́, en y jouant un rôle directeur. De nombreux critères sont prévus
pour déterminer l’existence d’une position dominante. Le critère le plus déterminant
pour évaluer l’existence d’une telle position est la part de marché qu’occupe une
entreprise sur le marché́ en cause. Cette part de marché se calcule en tenant compte des
ventes réalisées par l’entreprise concernée et de celles réalisées par ses concurrents.

Lorsque la part de marché ne suffit pas à̀ elle seule pour établir l’existence d’une
position dominante, les instances communautaires doivent recourir à̀ des critères
supplémentaires pour juger de celle-ci, comme les trois critères ci-dessous :

Ø Le degré́ d’intégration verticale de l’entreprise,


Ø La puissance financière de l’entreprise ou du groupe auquel elle appartient,
Ø L’existence de barrières à l’entrée.

Par ailleurs, le législateur CEMAC peut aussi combiner la notion de position


dominante à celle de concentration. A ce propos, les faits ci-après constituent une
concentration :

Ø La fusion entre deux ou plusieurs entreprises antérieurement indépendantes ;

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 7
Ø L’opération par laquelle une ou plusieurs personnes (détenant déjà̀ le contrôle
d’une entreprise au moins) ou une ou plusieurs entreprises acquièrent
directement ou indirectement (que ce soit par prise de participation au capital,
achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre moyen) le contrôle de
l’ensemble ou de parties d’une ou de plusieurs autres entreprises ;
Ø La création d’une entreprise commune accomplissant de manière durable
toutes les fonctions d’une entité́ économique autonome.

1.2. L’exploitation abusive de cette position dominante

Les textes CEMAC indiquent que le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter
de façon abusive une position dominante sur le marché́ commun ou dans une partie
significative de celui-ci est incompatible avec le marché́ commun et est interdit.

Sont également interdites les pratiques assimilables à un abus de position dominante


dont en particulier les opérations de concentration qui créent ou renforcent une
position dominante détenue par une ou plusieurs entreprises, et qui ont comme
conséquence d’entraver de manière significative une concurrence effective à l’intérieur
du marché́ commun.

Ainsi le Règlement et la Directive CEMAC sur la concurrence, mentionne comme


comportements constitutifs d’abus de position dominante les pratiques consistant à̀ :

Ø Imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres


conditions de transactions non équitables ;
Ø Limiter la production, les débouches ou le développement technique au
préjudice des consommateurs ;
Ø Appliquer à l’égard des partenaires commerciaux des conditions inégales à des
prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la
concurrence ;
Ø Subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par des partenaires, de
prestations supplémentaires, qui, par leur nature ou selon les usages
commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats ;
Ø Les opérations de concentrations qui créent ou renforcent une position
dominante détenue par une ou plusieurs entreprises.

APPROPRIATION DES TEXTES PAR LES ETATS MEMBRES.

Concernant cette première priorité, à savoir l’appropriation des textes par les Etats
membres, elle se décline en deux branches.

Il y a, primo, c’est un préliminaire juridique, qui s’inscrit dans l’urgence, à savoir, la


transposition par les Etats membres, de deux normes de directives adoptées en 2019. Il
s’agit, en matière de concurrence, de la Directive n°01/19-UEAC-639-CM-33 du 08 avril
2019 relative à l’organisation institutionnelle dans les Etats membres de la CEMAC
pour l’application des règles communautaires de la concurrence. Et, en manière
de CONSOMMATION, nous pensons à la Directive n° 02/19-UEAC-639-CM-33
harmonisant la protection du consommateur au sein de la CEMAC.

Il y a, secundo, un préliminaire social s’impose d’intensifier la culture de la concurrence


et de la protection du consommateur, pour asseoir les bases de la réception de ces textes
par ses premiers sujets immédiats, à savoir, les entreprises, les consommateurs, les

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 8
Etats membres et la Communauté, lesquels partagent de manière graduelle la
responsabilité de son application.

Ce préliminaire social devient d’ailleurs urgent, car avec l’avènement très proche de la
Zone de libre échange continentale (ZLECAf), les textes de 2019 constitueront pour le
Marché commun de la CEMAC, le seul bouclier en attendant les textes et les institutions
concurrence et consommation de la ZONE.

L’appropriation des textes par les Etats membres s’impose donc comme un préalable,
lequel facilitera la résolution des problématiques posées par la deuxième priorité qui
est, selon nous – l’effectivité des institutions nationales et communautaire en matière
de concurrence et de consommation.

2- DES INSTITUTIONS NATIONALES ET COMMUNAUTAIRE

Les textes de 2019 ont défini une politique institutionnelle qui prend en compte
l’objectif de l’intégration sous régionale. La formalisation de la mise en réseau des
institutions créées, tant en matière de concurrence que de consommation devrait y
concourir.

Au plan institutionnel, en matière de CONCURRENCE, au niveau communautaire,


nous avons la Commission de la CEMAC qui est déjà en place, ainsi que son
Département du Marché commun.

C’est cette Commission que le Règlement n°06/19 a défini comme Instance faitière des
procédures de concurrence. Mais, elle ne pourrait travailler tant que le Conseil
communautaire de la concurrence, organe technique d’enquête et d’instruction dans
les procédures de concurrence n’a pas été installé.

Enfin la coopération entre la Commission et les autorités internes de la concurrence,


laquelle fait de l’échange d’informations une obligation, débouchera sur la mise en
réseau des autorités nationales et communautaire de la concurrence.

Ceci présuppose que les États membres disposent déjà de leurs instances internes de la
concurrence, problématique d’ailleurs largement étudié au cours du déploiement du
projet de renforcement de la concurrence et de la protection des consommateurs en
Afrique centrale.

En matière de CONSOMMATION, la Directive 02/19 définit des organes précis tant


au niveau national que communautaire.

Au niveau national, chaque État membre doit se doter d’une institution publique en
charge des questions de protection des consommateurs, d’un service d’aide juridique
au consommateur et enfin, d’un Conseil national de la consommation.

Ce Conseil sera doté de deux Commissions, la commission des clauses abusives et la


commission de la sécurité des consommateurs. Au niveau communautaire, la
Communauté doit indiquer aux Etats membres une Instance communautaire en charge
de la politique de protection du consommateur et mettre en place un système commun
d’échange d'informations sur les produits dangereux. L’effectivité institutionnelle va
de pair avec la nécessité de formation des acteurs du droit de la concurrence et du droit
de la protection des consommateurs.

3 - LES ACTEURS ETATIQUES ET COMMUNAUTAIRES

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 9
Il faudrait situer la formation des acteurs étatiques et communautaires à un rang de
priorité ex aequo, car ce serait profondément préjudiciable sur le plan de l’efficience
d’installer des institutions dotées de ressources humaines inadéquates tant au niveau
des compétences que de l’expérience.

Cette troisième priorité de la formation des ressources humaines institutionnelles doit


s’accompagner de la sensibilisation et de l’éducation des sujets du droit de la
concurrence et du droit de la protection du consommateur.

S’agissant des EXPERTS ETATIQUES ET COMMUNAUTAIRES, la nécessité


s'accroit de développer une expertise régionale en matière de concurrence et de
protection du consommateur. Il faudrait réitérer dans la foulée, la sensibilisation au
recrutement des seuls experts en matière de concurrence et de protection du
consommateur.

Au sujet des ENTREPRISES ET JURISTES PROFESSIONNELS, l’appropriation des


nouveaux textes, connaissance des procédures de concurrence et de protection du
consommateur leur facilitera la réceptivité des différentes politiques en la matière.

Personnages centraux des deux politiques, les CONSOMMATEURS présentent, au


regard du grand pourcentage d’analphabètes et d’exclus du numérique, un grand
besoin en éducation, formation et sensibilisation sur la réalité de leur protection
juridique.

Pour leur part, les ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE devraient toutes se


sentir concernées par la politique de concurrence et de protection des
consommateurs, du fait de la transversalité des questions de concurrence et de
protection du consommateur. On rappelle que leur lien avec les droits de l’homme a
été établis.

Il s’avère donc nécessaire de les impliquer dans les actions de formation et de


vulgarisation des nouveaux textes, avec force insistance autour de la connaissance des
procédures de concurrence et de protection des consommateurs. Cette insistance
concerne particulièrement les associations de protection des consommateurs comme
les associations et regroupement d’entreprises.

Ainsi, les questions de concurrence et de consommation ont une forte dimension


géographique dès lors qu’on rappelle le sujet de l’intégration sous régionale.

En effet, les facteurs de production circulent d’une Communauté à l’autre, obligeant


ces Communautés à un commencement de dialogue, à défaut d’une véritable
règlementation sur la protection de leurs sujets de droit. Ainsi, avons-nous identifié
l’ouverture sous régionale et continentale comme la quatrième priorité.

OUVERTURE DES MARCHES SOUS REGIONAUX ET CONTINENTAL

En effet, en matière de concurrence comme de consommation, les communautés


africaines n’ont pas le même niveau de protection juridique, ni même, le même niveau
d’effectivité de leurs normes, quand elles existent.

L’ouverture d’un dialogue intercommunautaire permettrait de mettre les bases d’une


intervention commune autour des préoccupations identifiées comme continentales, en
lien avec la concurrence et la protection de leurs consommateurs, comme, la circulation
des produits dangereux, contrefaits et le dumping. Ce dialogue pourrait permettre

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 10
d’organiser ensemble la prise en charge des dangers d’envergure continentale et leurs
conséquences.

L’actualité de la Pandémie du COVID 19 nous offre à cet égard une bonne illustration.
Chaque Communauté a décidé seule de la fermeture de ses frontières, ce qui a abouti
à une restriction des activités de dimension sous régionale notamment dans le
transport aérien, et même une cessation totale de la libre circulation des personnes,
sans une réflexion préalable, qu’un cadre de dialogue intercommunautaire aurait
facilité. Une telle réflexion aurait permis d’en contrôler à la fois la nécessité et les
contours, et pourquoi pas, par une coopération plus poussée, d’envisager, par une
mutualisation des moyens financiers, de prendre en charge les questions touchant à la
protection de la santé de leurs citoyens.

Voilà identifiés, quatre (4) pôles de priorités en matière de concurrence et de protection


des consommateurs pour l'intégration régionale en Afrique.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 11
CHAPITRE II : DROIT DE LA CONSOMMATION

La Directive harmonisant la protection du consommateur au sein de la Communauté


Économique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est un document substantiel
et les aspects prépondérants sont règlementés pour la protection des consommateurs
CEMAC.

Le Traité de la CEMAC et la Convention de l'UEAC tous issus de la réforme du 30


janvier 2009, insèrent effectivement la Directive dans l'ordonnancement juridique de la
CEMAC. Cette Directive répond à une exigence précise du Traité révisé. En effet, selon
son article 21 "Les États membres harmonisent leur position sur toutes les questions ayant une
incidence sur le fonctionnement du marché commun traitées dans le cadre d'organisations
internationales à caractère économique". La protection du consommateur, comme premier
bénéficiaire de la libre circulation des biens et services, fait partie de ces questions.

Attendue depuis de nombreuses années, la Directive harmonisant la protection des


consommateurs dans la CEMAC a été adoptée il y a un an. Elle est intervenue au
moment où deux États de la Communauté disposaient déjà des lois en matière de
protection des consommateurs. C’est le cas du Cameroun – Loi-cadre n°2011/012 du 6
mai 2011 portant protection du consommateur et du Tchad – Loi n° 005/PR/2015 du 4
février 2015 portant protection du consommateur. Les autres États de la communauté
par contre, ne disposent pas encore de législations autonomes en la matière.

Cette Directive, riche de 172 articles répartis en plusieurs titres, comporte de


nombreuses innovations et s’inscrit dans les grandes tendances actuelles de protection
des consommateurs à travers le monde.

La Directive abandonne la notion de professionnel que l’on retrouve dans les


législations nationales et les textes particuliers au profit de celle d’opérateur
économique défini comme : une personne physique ou morale, publique ou privée qui
place ou met à la disposition du consommateur sur le marché, des produits, biens, ou
services dans l’exercice d’une activité habituelle ou organisée.

Le consommateur, l’autre partie essentielle du contrat de consommation est défini


comme toute personne physique qui acquiert pour la satisfaction de ses besoins non
professionnels des produits, biens, ou services qui sont destinés à son usage personnel
ou familial ou à l’usage d’une collectivité. Il est prévu que la notion de consommateur
pourra être étendue aux professionnels, mais, au cas par cas par le juge.

La Directive intègre les droits fondamentaux des consommateurs ainsi que les
principes directeurs de protection des consommateurs adoptés au plan international.
Il s’agit notamment du droit à la santé, à la sécurité, à la protection de la vie privée et
des données personnelles, à l’éducation, à un environnement sain.

Elle prend en compte les nouvelles contraintes imposées par l’évolution technologique
comme les activités du commerce électronique, l’obsolescence programmée, etc. Elle
régit également la question des clauses abusives et, à l’instar d’autres législations,
dresse une liste de 25 clauses qui doivent être considérées comme telles dans les
contrats. Elle introduit par ailleurs la notion d’attente légitime du consommateur et
celle de traçabilité.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 12
Relativement à la mise en œuvre du droit de la consommation, la Directive prévoit la
création d’une instance communautaire en charge de la politique de la consommation.
Elle impose aux États l’institution d’une Commission nationale de la concurrence dotée
d’une commission des clauses abusives et d’une commission de sécurité des
consommateurs.

Tout en favorisant le règlement non judiciaire des litiges de consommation, elle prévoit
le règlement judiciaire mais laisse aux États la latitude dans la fixation des sanctions
pénales, administratives et civiles en cas de violation des règles prévues.

Il revient désormais aux États membres de la CEMAC d’assurer la transposition de


cette Directive. Il s’agira, soit d’adapter leur législation nationale – y compris les textes
sectoriels, lorsqu’elle existe aux nouvelles règles prévues, soit d’adopter une législation
lorsqu’elle n’existe pas encore. Mais, outre la mise en œuvre de la Directive dans les
États, le problème se posera de la mise en harmonie de cette réglementation avec
d’autres textes communautaires qui traitent de certains aspects du consumérisme (ex.
la réglementation en matière de télécommunications).

En optant pour une directive et non pour un règlement comme en matière de


concurrence, une marge de manœuvre est laissée aux États quant au choix des moyens
pour atteindre le résultat. Il faut cependant craindre que dans un domaine devenu très
sensible comme celui de la protection des consommateurs, les États n’y aillent pas au
même rythme. Sans être directement un enjeu pour l’intégration économique comme
le droit de la concurrence, la protection des consommateurs peut contribuer, si elle est
bien assurée, à un plus grand développement de la sous-région.

Cette seule perspective devrait amener les États à se conformer au nouveau dispositif.
Un an après l’adoption de la Directive, il est temps de s’y mettre pour le grand bien des
populations même si entre temps de nouvelles urgences se sont imposées aux uns et
aux autres du fait de la Pandémie du COVID-19.

1. DROITS FONDAMENTAUX DU CONSOMMATEUR ET PRINCIPES


DIRECTEURS

Lequel confère au consommateur en Afrique centrale, le bénéfice de 13 Droits


fondamentaux, à vulgariser comme le plus petit dénominateur commun de couverture
juridique du consommateur il s’agit principalement de : du droit à la santé, à la
sécurité, à la protection de la vie privée et des données personnelles, à l’éducation, à
un environnement sain.

Elle prend en compte les nouvelles contraintes imposées par l’évolution technologique
comme les activités du commerce électronique, l’obsolescence programmée, etc.

Elle régit également la question des clauses abusives et, à l’instar d’autres législations,
dresse une liste de 25 clauses qui doivent être considérées comme telles dans les
contrats.

Elle introduit par ailleurs la notion d’attente légitime du consommateur et celle de


traçabilité.

On notera qu'effectivement, ces principes s'inspirent des standards internationaux, et


spécialement de la Résolution 70/186 des Nations Unies sur la protection du
consommateur du 22 décembre 2015.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 13
2. ÉDUCATION ET INFORMATION DU CONSOMMATEUR

Affirme le principe et les mécanismes de formation et d'information du consommateur.


Mieux, ce dernier voit son éducation imposée aux Etats, et ce, par les voies les plus
appropriées, tenant compte à la fois de la condition des populations des zones rurales
et analphabètes.

Par ailleurs, le consommateur fait l'objet d'une sollicitation toujours plus ingénieuse
des professionnels dans un marché ouvert à la concurrence. Les moyens d'attraction de
la clientèle comme ceux poussant le consommateur à se décider peuvent s'avérer
agressifs ou risqués pour le consommateur.

3. DES PRATIQUES COMMERCIALES ET PRATIQUES DE


COMMERCIALISATION A CARACTERE PROMOTIONNEL

Le règlement apporte un encadrement juridique sur fond d'interdiction aux pratiques


déloyales, illicites, fausses ou trompeuses et aux pratiques commerciales abusives.

L'abus de droit apparait comme une épée de Damoclès sur la tête du consommateur.

4. CONTRATS DE CONSOMMATION

Le règlement en aménageant des règles permettant la conclusion d'un contrat


compréhensible et équilibré par le consommateur, pose un principe d'interdiction
d'une référence de 27 clauses abusives, et tout en créant pour la cause, une Commission
spécialisée.

En effet, force est de constater que le professionnel profite bien trop souvent de sa
position de supériorité́, notamment par l’insertion de clauses abusant de la faiblesse du
consommateur, communément appelées les « clauses abusives ».

Ce phénomène est d’autant plus problématique lorsque le consommateur conclut un


contrat de consommation avec un professionnel faisant partie d’un état membre autre
que le sien.

Il est important de noter que les clauses ayant fait l’objet d’une négociation individuelle
ne rentrent pas dans le champ d’application de la directive. Dans le cadre d’une
négociation individuelle de clauses, le risque qu’elles soient abusives est en effet moins
grand pour le consommateur.

Une clause n’ayant pas été négociée individuellement est une clause, quant à̀ elle, qui
a été rédigée préalablement par le professionnel, sans que le consommateur n’ait pu
exercer une influence sur son contenu. Il s’agit donc typiquement des clauses de
contrats d’adhésion : le consommateur n’a pas d’autre choix que de les accepter. Seul
ce type de clauses ont été visées par le législateur.

En ce qui concerne les contrats dans lesquels seules certaines clauses ont fait l’objet
d’une négociation individuelle, la directive s’applique tout de même aux clauses non
négociées individuellement du contrat s’il peut être considéré́ comme un contrat
d’adhésion dans son ensemble.

Ainsi selon l’UE « Une clause d’un contrat n’ayant pas fait l’objet d’une négociation
individuelle est considérée comme abusive lorsque, en dépit de l’exigence de bonne foi, elle crée

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 14
au détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des
parties découlant du contrat ».

L’indication principale d’une clause abusive est donc le déséquilibre significatif qu’elle
fait peser entre les droits et obligations du consommateur et du professionnel, au
détriment du consommateur.

En outre, une clause contractuelle doit nécessairement être appréciée dans son contexte
contractuel, c’est-à̀-dire en relation avec les autres clauses du contrat, mais également
avec les contrats liés. Prenons l’exemple des clauses pénales. Il est possible que la clause
pénale examinée ne soit pas, à elle seule, considérée comme abusive. Si cependant elle
crée un déséquilibré significatif au détriment du consommateur lorsqu’elle est
considérée conjointement à̀ d’autres clauses pénales du contrat ou à̀ d’autres contrats
en relation avec le contrat principal, il s’agit d’une clause abusive

Un autre critère d’appréciation des clauses abusives dégagé́ par la jurisprudence


européenne est le critère de la proportionnalité́ des sanctions. Lorsque des clauses
contractuelles prévoient une sanction à l’encontre du consommateur en cas de non-
respect d’une obligation, il faut que cette sanction soit proportionnelle à l’obligation
non respectée, c’est-à̀-dire qu’elle soit justifiée « à la lumière de l’importance de l’obligation
incombant au consommateur et de la gravité de son inexécution ». S’il n’en est pas ainsi, cela
peut être un indice quant au caractère abusif de la clause contractuelle.

Le critère de l’unilatéralisme en tant que critère d’appréciation du caractère abusif de


certaines clauses contractuelles. Dans des clauses contractuelles plus précisément,
l’unilatéralisme peut se manifester, d’une part, par une absence de réciprocité́ entre les
droits et obligations des parties, et d’autre part, par l’arbitraire du professionnel

L’exigence de transparence. « Dans le cas des contrats dont toutes ou certaines clauses
proposées au consommateur sont rédigées par écrit, ces clauses doivent toujours être rédigées de
façon claire et compréhensible. En cas de doute sur le sens d’une clause, l’interprétation la plus
favorable au consommateur prévaut. (...) » ces dispositions instaurent une exigence de
transparence en ce qui concerne les clauses contractuelles dans les contrats de
consommation et impose donc aux professionnels de rédiger les clauses contractuelles
de façon claire et compréhensible

Bien que ne fonctionnant pas encore la Directive CEMAC, a prévu que la Commission
de la sécurité des consommateurs, est, avec la Commission des clauses abusives, la
seconde Commission spécialisée dont la Directive impose la création aux États
membres.

La sécurité physique du consommateur constitue effectivement une préoccupation


importante car un acte de consommation peut générer en drame.

5. SECURITE DES PRODUITS ET DES SERVICES

La Directive pose un principe général d'interdiction de mise en circulation des produits


et services dangereux pour la santé des personnes, des animaux et autres composantes
de l'environnement. Des mesures spécifiques d'évaluation de la sécurité et des risques,
ainsi que de traçabilité, sont mises à la charge du producteur et/ou de l'importateur,
sur lesquels pèsent désormais un principe de responsabilité, même sans faute, du seul
fait de la mise sur le marché d'un produit dangereux.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 15
Cependant que vaudrait l'ensemble des droits aménagés dans les Titres précédant, sans
cadre institutionnel d'obédience ?

6. CADRE INSTITUTIONNEL

La Directive impose aux États de se doter :

2. D’une institution publique en charge des questions de protection des


consommateurs ;

3. D’un Conseil National de la Consommation, organisme consultatif


interdisciplinaire et interministériel. Elle invite les Etats à encourager les
Organisations de la Société Civile et particulièrement les associations de
consommateurs, à œuvrer pour l'effectivité des droits ainsi conférés aux
consommateurs.

7. MISE EN ŒUVRE ET SANCTIONS

Pour consolider cette effectivité des droits, préconise l'adoption de mécanismes


juridictionnels et non juridictionnels de règlement des litiges de consommation, tout
en imposant aux États de se doter d'un Service d’aide juridique au consommateur.

Les États sont obligés de prendre des mesures de surveillance du marché.

Un système de mise en réseau des autorités compétentes en matière de protection des


consommateurs doit être institué, pour faciliter la coopération administrative et
judiciaire, et spécialement l'échange d'informations sur les produits dangereux.

Elle invite par ailleurs les Etats membres, chacun souverainement, à définir des
sanctions civiles, administratives et pénales à infliger aux opérateurs économiques
défaillants quant aux prescriptions de la Directive.

La Directive est un acte communautaire ambivalent. Elle prescrit des objectifs à la


Communauté et aux États membres, mais les laisse libres de définir les moyens
coercitifs idoines permettant de les atteindre.

Concernant la Directive harmonisant la protection du consommateur dans la CEMAC,


les Etats membres sont appelés à prendre des mesures législatives et règlementaires
permettant leur transposition.

Le Règlement oblige les états membres, dans le respect d'un délai de diligence d'un (1)
an, après l'entrée en vigueur de la Directive.

Il est prévu une évaluation de son contenu après 5 années d'application, pour permettre
si besoin, des amendements afin de garantir un niveau de protection toujours plus
élevé du consommateur.

Diffusion strictement interdite, doc réservé à ISG –année Universitaire 2022-2023. T3M Page | 16

Vous aimerez peut-être aussi