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Le Soir Jeudi 10 décembre 2009 Le Soir Jeudi 10 décembre 2009

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forum 19

Le visiteur du Soir
Stoemp flamand
Ezio Mauro « Un jour, en 1992, à Arcore, Geert Buelens
Berlusconi m’avait tout dit… »
« La Repubblica », antidote à Berlusconi
Poète et professeur de littérature néerlandaise moderne à Utrecht

onnaissez-vous Silvio Berlus- mairie de Milan, car on en parlait à

C coni ? Ezio Mauro nous con-


fie ceci avant de quitter la ré-
daction, ce récit de sa première
l’époque. La mairie de Milan ? Mon-
sieur ne se déplace pas pour si peu.
“Non, me répond-il. J’ai l’intention BHV
rencontre avec Il Cavaliere, l’indus- de lancer un parti reaganien, qui
triel et l’homme d’affaires qui de- aura la majorité absolue, et de de-
Le directeur de « La Repubblica » est l’invité du « Soir ». Il raconte Berlusconi, l’« anomalie » italienne,
le « populisme » qui monte, et son journal, engagé et droit dans la tempête.
PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE BERNS ET DAVID COPPI
vait conquérir l’Italie. Edifiant.
« C’était en 1992. J’étais alors di-
recteur de La Stampa (NDLR : jour-
nal au centre-droit, spécialisé en
économie, détenu par la famille
venir le chef du gouvernement en
Italie.“ Bon. La conversation se pour-
suit. Je m’en vais. Je quitte Arcore.
Monsieur Agnelli m’appelle au télé-
phone : “Tiens, ce Silvio Berlusconi,
expliqué
Il Cavaliere :
grandeur
Agnelli, elle-même à la tête du
groupe Fiat). Silvio Berlusconi me re-
çoit chez lui, dans sa résidence à
Arcore, près de Milan. Il est très sé-
ducteur, comme avec tous ses inter-
qu’est-ce qu’il t’a raconté ?“ Je lui
dis, en gros : “Pas grand-chose“…
Vous connaissez la suite. Sa percée
fulgurante dans le paysage politi-
que italien, et son avenir de chef du
aux étrangers
locuteurs directs. Il me parle en con- gouvernement… Il avait tout dit à a nomination d’Herman tu constitue une partie impor-
et décadence
é à Milan le 29 septem-
fiance. Il est tenté par la politique. Je
lui demande s’il compte briguer la
Arcore. Je ne l’avais pas cru. » ■
D.B., D.Ci L Van Rompuy comme pre-
mier président du Conseil
européen a suscité, à l’étranger,
tante de votre identité.
Historiquement parlant, ce
sont d’ailleurs surtout les fran-

N bre 1936, Silvio Berlus-


coni commence sa car-
rière comme entrepreneur aux yeux de beaucoup l’opposition
un intérêt subit pour le petit
pays complexe sur la mer du
Nord. Ces dernières semaines,
cophones qui ont plaidé contre
le bilinguisme généralisé en Bel-
gique. A force d’œuvrer pour
dans le bâtiment dans les an- effective à Berlusconi. Lui qui le rap- j’ai pu expliquer les bizarreries une Wallonie unilingue et lin-
nées soixante. En 1978, il se lan- pelle au respect de la Constitution. de l’Etat belge à des citoyens guistiquement homogène, ils
ce dans la télévision, crée « Tele- « Fini et les siens testent en ce mo- des Pays-Bas, d’Allemagne, de ont à coup sûr créé une Flandre
Milano », puis fonde la « Finin- ment s’il est possible d’influencer le Pologne, de Hongrie, de Répu- unilingue. Suivant cette logi-
vest », société mère d’un grou- parti de Berlusconi de l’intérieur, de blique tchèque et des Etats- que, BHV peut aussi être scindé
pe multimédia. En 1980, Cana- le réorienter avec son leader. On est Unis, entre autres. Les plus cou- sans compensations pour les
le 5, Italia 1, Rete 4, ses télévi- dans cette phase. Mais pour ma part, rageux d’entre eux souhai- francophones dans ce domaine
sions privées, s’imposent en Ita- je pense qu’entre eux, Fini et Berlus- taient même que je les éclaire – ce qu’implique d’ailleurs la
lie. En 1986, il achète le club de coni, la dynamique est celle de la rup- sur la question de Bruxelles-Hal- reconnaissance d’une frontière
foot Milan AC. En 1989, il entre ture. » Vilvorde. En ce qui concerne cet- linguistique.
chez l’éditeur Mondadori. La « dynamique », pour Berlusco- te dernière, ce n’était de toute Par ailleurs, mes interlocu-
Pendant ce temps, la Démo- ni, est aussi judiciaire, et elle prend évidence pas possible avec des teurs étrangers trouvaient très
cratie chrétienne, le Parti com-
Ezio Mauro est né en 1948, à un tour dramatique. Final, peut- mots uniquement. Pour expli- curieux que les communes où
muniste et le Parti socialiste,
Dronero (Piémont). Actuel direc- être. Car après les affaires de corrup- quer BHV, vous n’avez pas seule- vit une population à grande ma-
qui structuraient le paysage po-
teur de « La Repubblica », il a tion, le chef du gouvernement est ment besoin de beaucoup de jorité francophone dussent
litique italien, s’effondrent au
commencé sa carrière en 1972 à mis en cause par un repenti de la courage, de temps et de bonne rester officiellement unilingues
début des années nonante.
la « Gazzetta del Popolo », à Tu- Mafia, Spatuzza, qui, en prétoire, en volonté, mais surtout d’une néerlandophones. Les princi-
L’opération « Mains propres »
rin. Il collabora ensuite à « La procès à Turin, a parlé de collusion craie et d’un tableau noir (ou un pes sont importants dans la vie,
emporte les uns pour corrup-
Stampa » (de 1981 à 1987), puis entre l’ancien homme d’affaires et stylo et du papier). Cela témoi- mais la réalité du terrain ne
tion ; le Mur de Berlin retombe
à « La Repubblica ». En 1990, il l’organisation criminelle au début gne assurément de l’intelligen- peut pas être davantage niée.
© DOMINIQUE RODENBACH.

sur le PCI. Berlusconi surgit


retourne à « La Stampa », où il des années nonante, quand lui dé- ce particulière de mon public, Tant mes étudiants que ces étu-
avec « Forza Italia ». C’est le dé-
est nommé codirecteur, puis di- butait en politique et que la Mafia mais il sembla qu’il était bien diants étrangers comprenaient
but de son épopée en politi-
recteur. En 1996, il prend la di- orchestrait ses attentats contre les
rection de « La Repubblica »,


que. Il devient chef du gouver- juges… Ezio Mauro, là non plus, ne
succédant au fondateur Eugenio
nement pour la troisième fois
Scalfari.
franchit pas la ligne rouge : « Spatuz- BHV scindé, cela ne serait pas la
(après deux défaites électora- za, après qu’il a fait ces terribles dé- fin du calvaire, mais le début
les, en 1995 et 2006, face à Pro- clarations, a été couvert par les d’une autre façon de se parler. »
di) en 2008, à la tête du « Peu- mportant : les balises. A la fin de un pays où le principal parti d’opposi- ralliement d’une « communauté » marquera le temps du reflux pour terrain d’expansion « dans une Euro- populisme tire parti des difficultés de près de six mois, de dix questions Ezio Mauro précise : « Mais atten- grands chefs mafieux en prison. Com-
ple de la liberté », qui ramasse
Forza Italia, l’Alliance nationale
de Gianfranco Fini et La Ligue
I l’entretien, Ezio Mauro insiste :
« Vous l’avez compris, la situation
est grave mais je considère que l’Ita-
tion de centre-gauche, le Parti démo-
crate, est faible, beaucoup de gens di-
sent que l’opposition, c’est Repubbli-
qui se mobilise « contre un certain
pouvoir » : c’est via le quotidien que
Roberto Saviano, auteur de l’ouvra-
La Repubblica ? « Notre couverture
des événements, nos investigations
ont drainé une participation citoyen-
pe fragile, celle de sociétés comple-
xes tentées par les grandes simplifica-
tions ». A la Sarkozy ? « Lui, c’est un
la démocratie. S’il y a des problèmes
de chômage, de salaire, d’école, etc.,
alors, pour les gens, la “valeur d’usa-
embarrassantes au chef du gouver-
nement, auquel il a refusé obstiné-
ment de répondre, « sinon, à la fin,
tion, je n’ai jamais pensé que les
gens qui votent Berlusconi sont
moins intelligents que les autres. Ber-
me s’il y avait une stratégie de l’orga-
nisation pour déstabiliser l’Etat. Agit-
il pour le compte de la Mafia ?
possible d’expliquer BHV aux
étrangers. Et ils purent aussi
certes la peur des Flamands
d’une francisation accrue de la
du nord d’Umberto Bossi. lie a les ressources pour réagir. Sa dé- ca, alors que nous, nous ne faisons ge Gomorra, consacré à la camorra ne, cette “communauté“ dont je par- professionnel de la politique, c’est dif- ge” de la démocratie baisse, et le po- à sa façon, dans un livre publié par lusconi est un sujet formidable, n’ou- Soyons très prudents. Attendons en comprendre les deux points de périphérie bruxelloise, mais il
Berlusconi est poursuivi en mocratie a l’énergie nécessaire. » Le que du journalisme. » Ezio Mauro as- napolitaine et à l’origine d’un film lais, et cela au nom de valeurs qui férent, même s’il y a des éléments de pulisme se place. » Mondadori, maison d’édition sous bliez pas qu’il a monté en très peu de cela la vérité qui sera judiciaire. » vue (je simplifie, bien sûr, il exis- leur semblait illusoire de pen-
justice pour corruption, fraude directeur de La Repubblica parle de sène : « D’abord les nouvelles, l’infor- palmé à Cannes, a lancé une péti- vont rester pour le futur. » Un inves- populisme. » En Italie, ceux qui critiquent Ber- son contrôle », celui-ci ne se conten- temps une opération politique extra- Et, au-delà, celle politique. On en- te davantage que deux points ser qu’une application stricte
fiscale, faux bilan, collusion « perte de qualité de la démocratie », mation, ensuite vient le reste. » Mê- tion contre les projets de loi berlus- tissement. En fait de « populisme » à l’italien- lusconi sont accusés de « salir le tera plus de stigmatiser « ceux qui ordinaire. » tend le directeur « engagé » : « La de vue sur BHV en Belgique ; de la loi linguistique pourrait
avec la Mafia. Il est rattrapé en ou encore d’« anomalie » pour dési- me s’il prolonge aussitôt : « Il y a coniens en matière de procédures Question : quel tort Berlusconi ne, Ezio Mauro parle de l’« hégémo- pays ». La Repubblica en premier. salissent le pays », mais il attaquera Divisée, repliée la plupart du gauche doit être capable de décliner une des causes du pétrin BHV changer quelque chose à cette
avril dernier par l’« affaire » Noe- gner le conflit d’intérêts incarné par une polarisation en Italie entre, d’un judiciaires accélérées, qui visent à fait-il à l’Italie ? « Pensez aux lois sur nie culturelle » à droite, qui a succé- Une accusation qui porte dans cer- le journal en justice. temps sur ses querelles internes, et défendre ses valeurs et ses idéaux est que nous partons du princi- réalité. Un élargissement de Bru-
mi Letizia, du nom d’une jeune un chef de gouvernement à la tête côté, La Repubblica, de l’autre, Il le mettre à l’abri définitivement des mesure, ad personam comme on dit. dé dans son pays à celle, historique, tains milieux. Un « simplisme » au- Leader populiste, le « charisme » l’« alternative » à gauche, celle no- sous une forme moderne. Le propos pe que tous les Flamands pen- xelles ou l’instauration d’un bi-
fille à l’anniversaire de laquelle d’une puissance financière et qui Giornale, à droite, agressif, quoti- poursuites dans une série d’affaires En fait : le pouvoir exécutif veut utili- de la gauche, jusqu’à la fin des an- quel Ezio Mauro oppose simple- de Silvio Berlusconi s’arrête néan- tamment d’un Parti démocrate bal- dépasse l’Italie. Le XXe siècle était le sent la même chose sur le sujet, linguisme officiel dans certai-
il prend part, s’attirant les fou- détient ou contrôle les principaux dien de la famille Berlusconi. Et si la de corruption : « Une pétition signée ser le pouvoir législatif pour contrô- nées quatre-vingt, sous l’influence ment : « On peut aimer son pays et moins aux frontières transalpines ; butiant, tarde à se dessiner. Et, très siècle de la social-démocratie ; elle même chose pour les franco- nes communes de la périphérie
dres de son épouse, Veronica, médias du pays. Mais il ne franchit télévision est un peu une agora mo- par plus de 500.000 personnes avec ler le pouvoir judiciaire. » Et, davanta- du plus puissant parti communiste ne pas être dans la majorité au pou- ailleurs, le personnage est raillé sou- paradoxalement, c’est Gianfranco ne semble pas capable de passer phones, il existe bien plus d’opi- peut donc être bien plus sérieu-
qui demande le divorce et ex- pas la ligne rouge, comme ceux derne vouée au grand public, la ba- lesquelles nous établissons des rela- ge que le conflit d’intérêts, plus en- d’Europe. « Berlusconi domine cultu- voir. Aimer son pays dans le respect vent, on le trouve « ridicule ». Ezio Fini, membre éminent de la majori- dans le XXIe. Le discours de la gauche nions variées… même ma pro- sement envisagé.
pédie une lettre-brûlot à La Re- qui, en Italie, dénoncent ce qu’ils ap- taille politique, elle, se fait dans les tions, notamment en leur envoyant core que l’instrumentalisation du rellement maintenant. Il a pour lui le des règles de la démocratie. C’est ce Mauro : « Car c’est en Italie que les té berlusconienne, celle du « Peu- est aujourd’hui une langue morte, du pre considération sur la ques- Ce que mes interlocuteurs ne
pubblica, où elle l’accuse no- pellent « il regime » (« le régime »), journaux. » un document audio où Roberto Sa- pouvoir législatif, ou la négation du “sens commun“ en Italie, dont il est le que nous faisons. » gens ont voté pour lui, et ceux-là ne ple de la liberté », ancien président passé, alors que ses valeurs et ses tion n’est pas totalement uni- comprirent absolument pas,
tamment de fréquenter des mi- désignant par là un « berlusconis- Journal-mais-un-peu-plus, La Re- viano explique sa démarche. » Est-ce principe de séparation des pou- plus grand producteur, le plus grand Après le scandale Noemi (lire ci- veulent rien entendre à ce qu’ils con- de l’Alliance nationale (héritière du idéaux sont fondamentaux pour la voque). c’est comment un pays comme
neures. Suivront les scandales me » (terme jamais employé par pubblica s’est mué en une sorte de à dire que l’après-Berlusconi, qui voirs, « il y a là derrière un modèle de consommateur, et qui s’est répandu contre) et la publication par La Re- sidèrent comme de simples “criti- parti néofasciste), actuellement pré- société moderne. » Moderne com- Premièrement, ils comprirent la Belgique pense pouvoir survi-
des « escort girls » dans ses rési- Ezio Mauro lors de notre entretien) « réceptacle », comme le point de s’annonce comme une libération, populisme ». Modèle qui trouve un partout. » Ezio Mauro y revient : « Le pubblica, tous les jours pendant ques“ qui l’empêchent de travailler. » sident de la Chambre, qui incarne me La Repubblica. ■ que BHV est un véritable problè- vre avec un système qui fait en
dences privées. Ses tentatives qui aurait fait quitter déjà à l’Italie le me. Dans la situation actuelle, sorte que les politiques desti-
de faire voter des projets de lit de la démocratie, pour les rives le principe d’égalité est violé, et nés à diriger le pays ne soient
lois pour « abréger » les procé- de l’autocratie, voire plus. ce n’est pas admissible dans un plus élus que par leur seule
dures judiciaires. Implacable mais mesuré, Ezio pays démocratique. Ils compri- communauté linguistique. L’in-
La Repubblica enquête, dé-
nonce. Le journal d’Ezio Mauro
pose « dix questions » à Berlus-
coni, relatives à ses récits con-
Mauro n’est pas dans le scénario du
pire, mais dans celui du grave. A
commencer par le conflit d’inté-
rêts : « L’homme politique qui est pas-
Un récit et un manuel couronnés par le Prix du livre européen rent aussi les sensibilités parti-
culières qui existent des deux
côtés de la frontière linguisti-
que. Les néerlandophones ont
troduction d’une circonscrip-
tion électorale fédérale semble
la logique même. Et l’accroisse-
ment de la compréhension mu-
tradictoires à propos de ses sé dans l’histoire comme le plus ttention à la troisième année », aurait mis en dont le soussigné – placés chaque année sous la land est un petit bijou sur un sujet qui, osons-le, Avec sa plume froide, presque chirurgicale, qui vie Goulard. L’Europe pour les nuls est évidem- eu un sentiment de subordina- tuelle des langues, leur culture
liens avec Noemi. Berlusconi at-
taque le journal en Justice. Il ex-
horte les industriels à ne plus
grand ennemi de la presse, Richard
Nixon, n’avait pas une petite partie
des moyens de communication et de
A garde Jacques Delors, l’inspirateur du Prix
du livre européen, à l’attention des organi-
sateurs de cette encore jeune récompense littérai-
présidence d’une personnalité emblématique de
la culture européenne : cette année, ce fut au tour
d’Ezio Mauro, le patron du quotidien italien La Re-
ne promettait pourtant pas d’ameuter les foules :
la Tchécoslovaquie d’avant la chute du Mur.
L’auteur, reporter réputé du quotidien polonais
n’en donne que plus de relief au caractère ici ab-
surde, là cruel ou émouvant de ces « contes
réels », Szczygiel emmène le lecteur dans une pro-
ment récompensé pour sa qualité pédagogique –
expliquer l’Europe n’est pas chose facile – et pour
la masse d’informations qu’un lecteur peu averti, Gottland
tion vieux d’un siècle et demi
dans ce pays. D’éminents fran-
cophones considéraient la lan-
et leur histoire colle tout aussi
bien, pour les mêmes raisons,
avec un Etat fédéral. Les ten-
acheter d’espaces publicitaires pression dont dispose Berlusconi » re : « C’est souvent la troisième édition qui est diffici- pubblica, qui a du reste profité de son passage Gazeta Wyborcza, est amoureux des Tchèques et menade aux tréfonds de l’âme tchèque : en fait, et même un lecteur averti, peut y trouver. Même MARIUSZ SZCZYGIEL gue des Flamands comme un sions entre les entités fédérées
dans le journal. Les ventes de avec son groupe éditorial (Monda- le à passer. » Le mauvais augure ne s’est pas véri- à Bruxelles pour jouer au visiteur du Soir (lire ci- de leur langue… Avec Gottland – jeu de mots ins- un voyage dans l’universalité de nos petits (sou- si ce livre est visiblement conçu avant tout pour Actes Sud, dialecte inférieur, inapte à être surviennent certes dans d’au-
La Repubblica progressent. Ber- dori), ses télévisions privées, sans fié, puisque les lauriers 2009 ont bel et bien été dessus). piré par le nom d’un chanteur, Karel Gott – Szczy- vent) ou grands (plus rarement) sentiments, lors- un lecteur français, sinon franco-centré. Au tra- 279 pages, utilisé au tribunal, au gouverne- tres Etats fédéraux, mais lors-
lusconi est dans les cordes. ■ compter sa maîtrise des chaînes pu- décernés, mercredi, dans l’enceinte du Parlement Après un essai fougueux de Guy Verhofstadt sur giel a tissé un chapelet de petits récits, pour en qu’ils sont mis à l’épreuve d’un système totalitai- vers de ce livre, qui est plus un manuel qu’un es- 21 euros. ment, dans l’enseignement ou que – comme en Belgique –,
D.B., D.Ci bliques de la RAI. européen à Bruxelles. Les lauréats : le journaliste les Etats-Unis d’Europe en 2007, puis une somme faire une exploration, mi-journalistique mi-histori- re. Et on ne peut s’empêcher, à la lecture de Szczy- sai, le jury a aussi couronné une familière des cou- dans les sciences (l’ignorance c’est toujours le 1 contre 1, cela
A la tête de 460 journalistes dissé- polonais Mariusz Szczygiel pour Gottland, une ex- historique magistrale sur l’Europe depuis 1945 du que, de l’esprit tchèque sous le régime communis- giel, de déceler une filiation avec son prestigieux loirs européens : Sylvie Goulard fut une conseillè- est toujours d’actualité : aujour- ne peut aboutir qu’à l’impasse
minés en dix sites régionaux en Ita- ploration de l’âme tchèque sous le communisme, Britannique Tony Judt en 2008, ce sont deux ou- te. On voyage de l’histoire de la famille Bata (les prédécesseur polonais, Ryszard Kapuscinski, l’au- re du président de la Commission européenne Ro- d’hui encore, la plupart des fran- structurelle. Si tantôt, enfin,
lie, fort d’un tirage de plus de et l’eurodéputée libérale française Sylvie Goulard vrages d’un genre encore différent que le jury a chaussures) à celle d’une chanteuse tchèque dont teur fétiche de tous les grands reporters mon- mano Prodi, elle préside la section française du cophones, y compris des intel- BHV est scindé, cela ne serait
500.000 copies quotidiennes, et affi- pour un manuel, L’Europe pour les nuls. primés cette année-ci. Deux ouvrages, car pour la Goebbels était tombé éperdument amoureux, en diaux. Mouvement européen, et elle a été élue cette an- L’Europe pour les Nuls lectuels, parlent de cette lan- pas la fin du calvaire. Ce pour-
chant « des ventes dopées avec Ber- Ce prix a été institué afin de récompenser des première fois, les organisateurs du prix ont décidé passant par les subterfuges utilisés par la nièce de La catégorie essais de l’édition 2009 compre- née au Parlement européen sur les listes du Mo- SYLVIE GOULARD gue comme le « flamand » en rait être le début d’une autre
lusconi, soit + 4 à 6 % chaque mois ouvrages, publiés dans quelque Etat membre de de distinguer deux catégories : romans et essais. Franz Kafka pour éviter qu’on ne l’identifie. Jus- nait quant à elle des ouvrages extrêmement va- dem français. Sylvie Goulard a produit déjà plu- Editions Générales First, lieu et place du néerlandais). La manière de se fréquenter pour
par rapport à l’an passé, avec des l’Union européenne, qui « promeuvent les valeurs C’est – bizarrement – un récit qui n’est aucune- qu’à ce morceau d’anthologie : le récit de la cons- riés, y compris une (trop) originale Constitution eu- sieurs essais sur l’Europe et la construction euro- 526 pages, fixation parfois obsessionnelle, les différentes communautés
pics selon l’actualité », Ezio Mauro se de l’Europe et contribuent à mieux incarner l’Union ment un roman, ni même une fiction, qui est sorti truction/destruction de la plus grande statue de ropéenne en vers. Après de longs et animés débats péenne, et cette œuvre antérieure n’a pas été tota- 22,90 euros. pour les observateurs, de nom- entre elles. ■
décrit comme le directeur d’un jour- auprès des citoyens ». Le jury est constitué de jour- vainqueur incontesté de la catégorie romans, et Staline au monde, à Prague, dont personne n’a ja- teintés d’une certaine frustration, une majorité du lement étrangère au souhait du jury de récompen- breux Flamands sur la langue, y
nal, avant tout, mais un peu plus nalistes d’une quinzaine de journaux européens – même de l’ensemble des deux sélections. Gott- mais parlé, et surtout pas les Pragois… jury s’est dégagée en faveur de l’ouvrage de Syl- ser ce travail. ■ JUREK KUCZKIEWICZ est pour quelque chose : tout Traduit du néerlandais par Fabienne
www.repubblica.it quand même – malgré lui ? « Dans ce pour quoi vous avez combat- Trefois.

1NL www.lesoir.be

09/12/09 19:50 - LE_SOIR du 10/12/09 - p. 18

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