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Réduction des théories et

unité des sciences


Paradigmes de la réduction
1. Nagel (1960)

Source des débats contemporains sur la


réduction :

Ernest Nagel, The Structure of Science,


Hackett, Indianapolis, 1961.
•  Pour Nagel, l'explication est le but primordial de la
science.
•  Premiers chapitres : analyse du concept d’explication
scientifique.
•  Chap.11 : réduction conçue comme une forme
particulière d’explication.
•  "La réduction au sens où le mot est employé ici, est
l'explication d'une théorie ou d'un ensemble de lois
expérimentales établies en un domaine de recherche,
par une théorie qui a été formulée, d'habitude quoique
non de manière invariable, pour un autre
domaine." (1961, p. 338).
Réduction
•  Réduction – outil pour penser l'unification de la
science en un système cohérent.
•  L'intégration ou l'unification des sciences :
processus réel.
•  Pas nécessaire de savoir s’il aboutira un jour.
•  Réductions : accomplissements exemplaires de
la science qui permettent d'approfondir notre
compréhension de certains domaines de
phénomènes.
Exemples classiques
1.  Réduction de la température (d’un gaz) à
une fonction de l'énergie cinétique
moléculaire moyenne.

2.  Réduction des gènes à des segments


d'ADN.

3.  Réduction de l'éclair à une décharge


d'énergie électrique.
Réductions controversées
Antiquité : hétérogénéité radicale du monde
sublunaire et céleste – irréductibilité.

Thèse aujourd'hui caduque : explication


dans un cadre commun.
Physique newtonienne « réduit » les
régularités sublunaires et célestes à une
théorie plus large.
Réductions controversées 2
•  Biologie : doctrine matérialiste ou physicaliste
aujourd'hui admise de manière unanime. Tous
les êtres vivants sont composés uniquement
de parties matérielles.
•  L'ensemble de leurs propriétés est
exclusivement déterminé par les propriétés de
leurs parties ainsi que par leur articulation et
leurs relations mutuelles.
•  Controverse : les théories biologiques,
réductibles à des théories de sciences plus
fondamentales et en particulier la physique et la
chimie ?
Les phénomènes biologiques : "émergents" ?
•  Psychologie : débat analogue
Interprétation de la réduction
La propriété réduite n’est-elle rien d'autre
que la propriété réductrice ?

Confusion entre réduction et élimination.

Au contraire : réduction ne menace ni


l'existence (ni même, selon certains, une
certaine forme d'autonomie des
phénomènes - éclair, gènes).
Deux types de réduction (Nagel)
1. Réductions homogènes
1. Loi de Galilée : chute libre près de la surface
de la terre.
La loi de Galilée devient, dans le cadre de la
théorie de Newton, un théorème.
2. Réduction « newtonienne » des lois de Kepler.
•  Les phénomènes décrits par la théorie réduite
(Galilée, Kepler) et les phénomènes décrits par
la théorie réductrice sont « qualitativement
homogènes » (Nagel p. 339).
•  Les concepts utilisés par la théorie réduite
appartiennent déjà à la théorie réductrice.
2. Réduction hétérogène
Concepts dans la science réduite qui sont
absents de la science réductrice.

Exemple : réduction de la thermodynamique à la


mécanique statistique.

Dérivation des principes de la thermodynamique à


partir des principes de la mécanique plus
hypothèses statistiques.
2. Réduction hétérogène, 2
Impression que la réduction efface des distinctions que la
science réduite avait établi.

Conclusions philosophiques extravagantes :


1.  la température n'est qu'apparence (ou seulement
subjective), alors que la réalité objective ne contient que
des molécules en mouvement.
2.  au contraire, la température est réelle mais les
molécules ne sont pas réelles (anti-réalisme).

Conclusion plus intéressante : deux niveaux de réalité, la


température émerge du mouvement moléculaire.
Unification par absorption
•  Outre l'unification de deux domaines de connaissance
auparavant isolés l’un de l'autre, le but d'une réduction
est l'absorption du domaine de connaissance de niveau
supérieur au domaine de connaissance plus
élémentaire.
•  Déduction des lois de la science réduite aux lois de la
science réductrice.
•  L'idée est de partir uniquement de la connaissance des
lois de niveau plus élémentaire, et de se demander ce
qui est requis pour pouvoir en déduire les lois de la
science plus complexe.
•  Cela est possible à condition de postuler que kT=2E/3.
Unification par absorption 2
" Une comparaison de cette relation (p=2E/3V)
avec la loi de Boyle-Mariotte suggère que cette
dernière loi pourrait être déduite des hypothèses
mentionnées si la température était de quelque
manière reliée à l'énergie cinétique moyenne
des mouvements moléculaires.
Introduisons donc le postulat que kT=2E/3, c'est-à-
dire que la température absolue d'un gaz idéal
est proportionnelle à l'énergie cinétique
moyenne des molécules dont on suppose
qu'elles le constituent" (Nagel 1961, p. 344/5).
Condition formelle centrale
But d'une réduction :

« établir que les lois expérimentales de la


science secondaire ou réduite (et si cette
science possède une théorie adéquate,
cette théorie aussi) sont des
conséquences logiques des hypothèses
théoriques de la science première, où l'on
inclut les définitions
coordonnatrices » (Nagel 1961, p. 352).
Impossible pour les réductions
hétérogènes
« Si les lois de la science secondaire contiennent
des termes qui ne font pas partie des
hypothèses théoriques de la discipline première
(et cela est le cas dans les réductions
hétérogènes) la dérivation logique de la
première à la dernière est, à première vue,
impossible.
Cette affirmation se fonde sur la règle logique
familière selon laquelle aucun terme d'apparaître
dans la conclusion d'une démonstration formelle
si cette dernière paraît pas aussi dans les
prémisses » (Nagel 1961, p. 352/3).
La réduction est néanmoins
possible, à deux conditions :
1.  Condition de connectabilité.
Hypothèses (« pont » ou « de liaison ») qui
établissent des relations appropriées entre les
termes nouveaux de la théorie réduite et des
termes de la science réductrice.

2.  Condition de dérivabilité.


A l'aide de ces hypothèses (condition de
connectabilité) toutes les lois de la science
réduite doivent être logiquement dérivables de
la science première.
Interprétation de la nature de ces
hypothèses « pont »
A. Enoncés analytiques – lien de synonymie.
Peu plausible.

B. Conventions.
Définition coordonnatrice associe une
signification expérimentale à un terme théorique
de la science réduite.

C. Enoncés de fait : énoncés de loi.


Forme logique : conditionnelle ou
biconditionnelle ?

•  Conditionnelle : N est suffisant pour C (où N est un terme de la


science réductrice).
•  Biconditionnelle : N est nécessaire et suffisant pour C.
•  Multiréalisabilité. Si les énoncés de liaison peuvent avoir une
forme simplement conditionnelle, une propriété
multiréalisable C peut être connectée à des propriétés
identifiées par des sciences réductrices: N1, N2, N3.
Forme logique : conditionnelle ou
biconditionnelle ? 2
•  Si les énoncés de liaison doivent être de forme
biconditionnelle, la multiréalisabilité exclut la
connectabilité.

•  Souvent considéré comme un argument


concluant contre la réduction de l'esprit et plus
généralement des sciences dites spéciales, par
exemple la biologie, la géologie ou l'économie.
Forme logique : conditionnelle ou
biconditionnelle ? 3
•  Si les principes de liaison ont une forme
biconditionnelle, la connectabilité seule suffit
pour la dérivabilité.
•  Si les principes de liaison ont une forme
seulement conditionnelle, la seule
connectabilité ne suffit pas pour la dérivabilité.
•  Nagel pose la condition de dérivabilité
comme condition supplémentaire, indépendante
de la connectabilité : plus forte que la
connectabilité, au sens que la dérivabilité
garantit la connectabilité, mais pas l’inverse.
Conditions non formelles pour la
réduction
Conditions formelles n’excluent pas des dérivations ad hoc, triviales et
sans intérêt scientifique des réductions scientifiquement
fructueuses importantes.
•  Il faut que la réduction s'accompagne de réelles avancées
scientifiques : établir des lois nouvelles ou au moins plus
précises.

Exemple : Déduction de la loi de van der Waals - domaine


d'application est beaucoup plus vaste.
Relâcher les hypothèses simplificatrices dans la dérivation de loi de
Boyle-Mariotte:
•  le volume occupé par une molécule est négligeable par rapport aux
distances entre les moléculaires,
•  les seules forces agissant sur les molécules sont les forces
résultant de chocs.
Conditions non formelles pour la réduction
2. La réduction a toujours lieu entre des théories
élaborées à un certain moment dans l'histoire.
•  Les affirmations de déductibilité ou irréductibilité sont
toujours relatives à l'époque.
•  Conséquence : à un certain stade de l'évolution de
certaines sciences la réduction de la science plus
fondamentale peut ne pas avoir des conséquences
fécondes.
•  Exemple: La botanique à un moment où elle est surtout
occupée à établir la catégorisation des organismes
vivants. Si elle essayait d'y parvenir par l'intermédiaire
d'une réduction de la botanique à la chimie et la
physique : perte d'énergie.
•  La réduction s'opère toujours entre des théories, et non
entre les phénomènes entre les propriétés ou entre
les substances naturelles d'elle-même directement.
Survenance
Détermination sans réduction?
•  Le mental survient sur le physique (Donald
Davidson 1917-2003) : concilier la vérité du
physicalisme avec l’irréductibilité du mental au
physique.
•  Si un ensemble de propriétés (par exemple
psychologiques) P survient sur un autre
ensemble de propriétés (par exemple
neurologiques) N,
alors il est impossible que deux objets qui
partagent toutes les propriétés de type N,
diffèrent néanmoins à l’égard de leurs propriétés
de type P.
Survenance 2
Survenance 3
•  La survenance est une relation « superficielle »
de corrélation entre deux ensembles de
propriétés : elle n’indique pas la raison de cette
corrélation.
•  Elle est compatible avec des positions
dualistes : parallélisme et occasionalisme.
•  L’existence d’une corrélation nécessaire
n’implique ni que les propriétés mentales
dépendent des propriétés physiques ni que les
propriétés physiques déterminent les propriétés
mentales.
2. Modèle de la réduction de
Kemeny et Oppenheim (1956)
Modèle adéquat pour les réductions "éliminatrices".

Exemple : la théorie de l'oxydation de Lavoisier réduit la théorie


alchimiste de la combustion en termes de phlogistique.
•  Le paradigme de Nagel ne serait pas applicable à ce cas, parce
que cette réduction conduit à penser que la théorie du phlogistique
était erronée. Il est donc exclu qu'elle puisse être dérivée de la
théorie de la combustion par oxygénation.
•  "élimination" du concept de phlogistique.
•  Il ne peut pas y avoir des principes de liaison ou de connectabilité.

Réduction indirecte, sans mise en rapport directe de ces théories.


•  T1 permet de prédire et d'expliquer tous les faits observables
que permet de prédire et d'expliquer la théorie réduite T2, ainsi que
d'autres faits observables que la théorie réduite T2 ne permettait
pas de prédire et d'expliquer.
3. Critique du modèle de Nagel
par Popper, Feyerabend et Kuhn
•  En général, la réduction s'accompagne de
corrections apportés à la théorie réduite.

•  Celle-ci n'est donc plus la même après


la réduction qu'avant.

•  P, F et K concluent qu’il n'y a pas de


réductions entre théories scientifiques.
Critique du modèle de Nagel par
Popper, Feyerabend et Kuhn 2
Conclusion plus prudente : les réductions historiques ne correspondent pas
exactement, où correspondent seulement approximativement, au modèle
de Nagel.

Exemple : loi de la chute libre de Galilée.


•  Distance parcourue lors de la chute = proportionnelle au carré du temps de
la chute.

d=gt²/2

•  Réduction de cette loi à partir des axiomes de la mécanique newtonienne


ainsi que de la loi de la gravitation universelle ne permet pas de dériver de
la loi de Galilée, mais seulement une approximation.
•  En réalité, l'accélération n'est pas constante au cours de la chute, mais
augmente au fur et à mesure que l'objet se rapproche du centre de la terre.
•  La réduction montre aussi pourquoi la loi de Galilée est
approximativement vraie et a donc pu être considéré comme confirmée
par l'observation.
Modèles alternatifs à Nagel
•  Modèle de Schaffner tient compte du fait
que de nombreuses réductions apportent
des corrections à la théorie réduite
•  Critique de Kim: la réduction selon le
modèle de Nagel est compatible avec des
conceptions dualistes, incompatibles avec
le physicalisme.
•  Recherche d’une conception plus
contraignante de la réduction : Yablo, Kim,
(Jackson et Chalmers).
4. Détermination logique (Yablo)
Yablo, Stephen (1992), Mental Causation, Philosophical Review 101, p.
245-280.

Yablo : Le physique détermine le mental logiquement.

Constat : le rapport entre corps et esprit doit être conçu comme plus étroit que
la seule corrélation nomique.

Hypothèse de Yablo : relation conceptuelle, accessible a priori.

Entre les propriétés mentales et les propriétés physiques sous-jacentes, un


rapport de détermination.

Les propriétés mentales sont des déterminables, au sens logique, des


propriétés physiques qui sont leurs déterminées : analogie avec la relation
de l’écarlate au rouge.
Deux arguments en faveur de la
conception de Yablo
•  Elle résout le problème de l’exclusion
causale.

•  Les propriétés physiques et mentales


relèvent du même genre de propriétés.
Par conséquent, dans la mesure où les
propriétés cérébrales sont matérielles, les
propriétés mentales le sont aussi.
Deux arguments contre la
conception de Yablo
•  On ne peut pas extraire, de manière a
priori, une description d’une propriété
mentale, d’une description de la propriété
neurophysiologique sous-jacente.
•  Il est concevable (non en contradiction
avec nos concepts) que la propriété
mentale soit absente alors que la propriété
neurophysiologique sous-jacente est
présente (cf. « zombies »).
5. Réduction fonctionnelle (Kim)
Jaegwon Kim, Mind in a Physical World,
Cambridge (Mass.), MIT Press 1998,
trad. par F. Athané et E. Guinet, L’esprit
dans un monde physique, Paris, Ithaque,
2014.

Modèle qui impose des exigences plus


fortes à une réduction que le modèle
nagelien.
Réduction fonctionnelle 2
Thèse 1 : Le modèle de Nagel n’est pas trop fort
mais trop faible.
La réduction nagelienne est compatible avec des
« théories dualistes classiques de la relation
corps/esprit, comme par exemple la théorie
spinoziste du double aspect, la doctrine de
l’harmonie préétablie de Leibniz, le parallélisme
ou le monisme neutre » (Kim 2000, p. 8).

Thèse 2 : La conception fonctionnaliste des états


mentaux, jointe à l’hypothèse de leur réalisabilité
multiple, n’entraîne pas leur irréductibilité.
Réduction fonctionnelle 3

Réduction fonctionnelle - trois étapes :


1.  La propriété « macroscopique » M reçoit une
définition fonctionnelle en termes du rôle causal
qu'elle joue. Cette définition prend la forme d'une
quantification existentielle sur les propriétés du niveau
de base qui occupent ce rôle grâce à leurs liens
causaux/nomiques à d'autres propriétés du niveau de
base.
2.  On découvre la propriété P qui réalise la propriété
fonctionnelle M dans les individus de l'espèce S, où P
est une propriété microscopique relativement à M.
3.  On élabore une théorie qui permet de comprendre
comment la propriété P parvient à jouer le rôle
causal indiqué dans la première étape.
Le modèle de la « réduction
logique »
•  Thèse de Kim : La « réduction fonctionnelle » est une
« réduction logique » : dérivation de la théorie réduite sur la
seule base des propriétés et lois du niveau de la base de
réduction.
•  Réduction nagelienne, en accord avec le modèle déductif-
nomologique (ou D-N), n'est pas basée sur la seule
information concernant le niveau de base.
•  Les lois « pont » ne sont pas expliquées.
•  Les propriétés réduites en termes de Nagel sont émergentes.
•  Pour être résultantes, il faut construire une réduction qui ne
fait appel qu’à des informations concernant le niveau de base.
•  Propriété résultante : propriété qui a fait l’objet d’une
« réduction logique ».
•  Dérivation « D-L » (pour « déductive-logique ») des lois de la
théorie réduite.
Deux objections contre l’adéquation
de la réduction fonctionnelle de Kim
Objection 1 : l'adoption de la réduction
logique rend émergentes, et donc
irréductibles, certaines propriétés
clairement réductibles.

Objection 2 : La réduction fonctionnelle ne


satisfait pas les exigences émergentistes
sur la réduction.
Objection 1 contre la réduction
fonctionnelle de Kim
•  Tester la plausibilité de ce modèle pour un cas paradigmatique de
propriété « résultante » : la masse d'un objet complexe.
•  L'information sur la masse d'un objet composé des parties o1 et o2 semble
résulter de la seule information sur les masses m1 et m2 des composantes
o1 et o2.
•  Le calcul de la masse de l'objet complexe semble être une prédiction D-
L : rien en dehors des règles de l'addition semble requis pour déduire, à
partir des masses m1 et m2 des composantes, que la masse du composé
est m1+m2.
•  Kim fait remarquer qu’on ne considère plus l'additivité de la masse
comme un principe a priori, mais plutôt comme « empirique et contingent ».
•  La masse n'est additive – au sens arithmétique - qu'approximativement.
•  La loi de l’addition des masses n'est pas connue a priori, mais obéit à
une loi empirique.
•  Kim a tort d'affirmer que « la masse de cette table peut être dérivée,
logiquement ou mathématiquement, de la masse de chacune de ses
parties, disons le dessus de la table et sa structure ».
•  Il n’est même pas possible de prédire, sur la base de la seule logique,
que le tout a une masse.
Objection 1 contre la réduction
fonctionnelle de Kim, suite
Argument :
•  La masse d'un objet complexe est
réductible, par excellence, aux masses de
ses parties.
•  Or, la réduction logique fait de cette
propriété une propriété irréductible
(« émergente »).
•  Donc, le modèle de la réduction logique
est inadéquat.
Objection 2 contre la réduction
fonctionnelle de Kim
•  Est-il possible, une fois les trois étapes accomplies, de prédire des
occurrences de la propriété M, sur la base des seules informations
portant sur le niveau de base ?
•  Si P est une propriété neurologique, est-il possible de prédire une
occurrence de M à partir de la seule observation de processus
neurophysiologiques qui donnent régulièrement lieu à l'occurrence
de P ?
•  Kim dit oui : après une réduction fonctionnelle « les occurrences de
M peuvent être prédites à partir d’informations concernant
uniquement le niveau de base. » (Kim)
•  Mais: Kim reconnaît que le lien entre propriété réalisatrice et
propriété réalisée n'est pas d'ordre logique :
•  « Le fait qu’une propriété neuronale donnée réalise la douleur, par
exemple, est quelque chose d’empirique. »
•  Le lien de réalisation est connu a posteriori.
Objection 2 contre la réduction
fonctionnelle de Kim, suite
•  La réduction accomplie par la découverte de la propriété
réalisatrice d'une propriété qui avait d'abord été caractérisée
fonctionnellement : « réduction locale » passe par un
ensemble de lois de correspondance restreintes à S, de la
forme S → (Mi ↔ Pi), pour chaque espèce mentale Mi.
•  Lors de la réduction locale, une propriété de niveau plus élevé
est Nagel-réduite relativement à chacun d'un nombre de
domaines S disjoints.
•  Etant donné que la réduction fonctionnelle fait un appel
essentiel aux lois de correspondance locales, il ne s’agit
pas de réduction logique.
•  Il est incorrect de dire que : « celles-ci sont réductrices en ce
sens que les ressources explicatives et prédictives qui sont
mises à profit proviennent exclusivement du niveau réducteur
de base » (Kim).
Conclusion : détermination
nomologique
•  Les propriétés cérébrales sont des propriétés structurées
complexes : ce sont des propriétés « macroscopiques
micro-basées » (Kim 1998). L’individu a possède une
propriété cérébrale C, en vertu du fait que les parties de
a, notamment ses parties neuronales a1, a2,…
possèdent des propriétés microscopiques P11, P12,…,
Pn1…
•  Les propriétés cérébrales P11,… déterminent
également les propriétés mentales de l’individu, en
fonction des lois gouvernant leurs interactions, d’une
manière nomologique.
•  La découverte des lois qui fondent cette
« détermination nomologique » permet de comprendre
la raison pour laquelle les propriétés P surviennent sur
les propriétés des composantes.
Conclusion 2
•  Les propriétés mentales ou cognitives sont des
propriétés réelles au sens où elles ont des pouvoirs
causaux propres, distinctes des pouvoirs causaux des
propriétés des neurones individuels.
•  Conception matérialiste : les propriétés mentales sont
en principe réductibles. La réduction consiste dans la
découverte des lois qui font émerger la propriété
macroscopique.
•  Contre Causey (1977) (et Schaffner), l’identification n’est
pas la seule manière satisfaisante d’interpréter la
possibilité d’une réduction sur le plan ontologique.
Conclusion 3
•  Différence avec la détermination logique (Yablo, Jackson, Kim) : les
lois sont connues a posteriori.

•  Analogie : les lois d’interaction entre les électrons et les protons


d’une molécule déterminent ses propriétés chimiques qui sont des
propriétés réelles de la molécule en tant que tout.

•  La relation entre le physique et le mental est, selon cette


conception, moins étroite qu’une relation conceptuelle. On peut
concevoir l’existence du corps sans l’existence de l’esprit (zombies).

•  Cette relation a la force modale de la nécessité métaphysique : les


mondes où il existe des zombies sont métaphysiquement
impossibles dans la mesure où de tels mondes violent les lois
psychophysiques qui sont métaphysiquement nécessaires comme
toutes les lois de la nature.

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