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Eléments d’histoire de

l’arithmétique

mardi 20 septembre 2011


Eléments
d’histoire de
l’arithmétique
Margarita Philosophica, de Gregor Reisch (1508)

mardi 20 septembre 2011


Arithmétique
S. f. (Ordre encycl. Entend. Raison, Philos. ou Science, Science de la Nat. ou
des êtres, de leurs qualités abstraites, de la quantité, ou Mathémat. Matth.
pures, Arithmétique.) Ce mot vient du grec, nombre. C'est l'art de démontrer,
ou cette partie des Mathématiques qui considere les propriétés des nombres.
On y apprend à calculer exactement, facilement, promptement. Voyez
NOMBRE.

Jean Le Rond d’Alembert, Art. Arithmétique de l’Encyclopédie (2e moitié XVIIIe siècle).

mardi 20 septembre 2011


Nous appelons Arithmétique l’étude élémentaire des propriétés des nombres
entiers et des nombres rationnels, établies avant le XVIIIe siècle, et Théorie
des nombres les développements nés des recherches précédentes à partir de ce
XVIIIe siècle. Mais il n’y a pas de frontière bien précise entre ces deux
domaines.

Jean Itard, Arithmétique et Théorie des nombres, Que sais-je ? 1963

L' Arithmétique a un domaine qui lui est propre, la théorie des nombres
entiers : cette théorie n'a été que très légèrement ébauchée par Euclide et
n'a pas été cultivée par ses successeurs (à moins qu'elle n'ait été renfermée
dans les livres de Diophante dont l'injure du temps nous a privés); les
arithméticiens ont donc à la développer ou à la renouveler.

Pierre Fermat, 1657

mardi 20 septembre 2011


Nous appelons Arithmétique l’étude élémentaire des propriétés des nombres
entiers et des nombres rationnels, établies avant le XVIIIe siècle, et Théorie
des nombres les développements nés des recherches précédentes à partir de ce
XVIIIe siècle. Mais il n’y a pas de frontière bien précise entre ces deux
domaines.

Jean Itard, Arithmétique et Théorie des nombres, Que sais-je ? 1963

L' Arithmétique a un domaine qui lui est propre, la théorie des nombres
entiers : cette théorie n'a été que très légèrement ébauchée par Euclide et
n'a pas été cultivée par ses successeurs (à moins qu'elle n'ait été renfermée
dans les livres de Diophante dont l'injure du temps nous a privés); les
arithméticiens ont donc à la développer ou à la renouveler.

Pierre Fermat, 1657

mardi 20 septembre 2011


Mathematical Subject
Classification 2010
• « arithmetic » n’est pas une division
principale
• apparaît dans des titres de sous-division
(« models of arithmetic » (03C62, dans
Mathematical Logic), «arithmetic
functions» (11K65), dans Number
Theory, ...)

mardi 20 septembre 2011


Un exemple de classification des
mathématiques
Les Pythagoriens ont jugé bon de diviser la science mathématique entière en quatre
parties. Ils ont rattaché l’une à la quotité [«combien nombreux»], l’autre à la quantité
[« combien grand »] et ont établi chacune de ces parties en double […] Ils ont ainsi
convenu que l’arithmétique considère la quotité en elle-même ; que la musique la
considère par rapport à une autre ; que la géométrie considère la quantité comme
étant immuable et que la sphérique la considère comme se mouvant sur elle-même.
[…]
Mais certains, tels que Géminus, prétendent, au contraire, diviser la science
mathématique d’une autre manière. […] Ils déclarent que l’arithmétique et la
géométrie sont les deux premières et plus importantes parties de la mathématique qui
traitent des choses intelligibles, et que les six parties de la mathématique ayant leur
fonction dans les choses sensibles sont la mécanique, l’astrologie, l’optique, la
géodésie, la canonique et la logistique. Par contre ils pensent que la tactique ne doit
pas être comptée, […] ils pensent encore davantage que ni l’histoire, ni la médecine ne
sont des branches de la mathématique […]

Proclus, Commentaires sur le Premier Livre des Eléments d’Euclide, Prologue


(trad. P. ver Eecke),Ve s.

mardi 20 septembre 2011


Enumération des sciences,
d’après al-Fârâbi (IXe s.)

• La science du langage
• La science de la logique
• La science des préliminaires
• La science de la nature
• La science du divin
• La science de la société
mardi 20 septembre 2011
La science des préliminaires
• Arithmétique (pratique, théorique)
• Géométrie (pratique, théorique)
• Optique
• Astronomie, astrology
• Musique (pratique, théorique)
• Science des poids
• Science des machines, mécanique

mardi 20 septembre 2011


Relations entre classifications
et développement des mathématiques

• compliquées !
• parfois classifications suivent le changement
(ou certains changements)
• parfois informent, voire contraignent en
partie le développement
• nombres : interactions entre arithmétique,
géométrie et analyse (=>nombres réels),
arithmétique et algèbre, analyse, géométrie
=> complexes), etc.
mardi 20 septembre 2011
Catalogue of Scientific
Papers 1800-1900

mardi 20 septembre 2011


Arithmétique dans les Eléments
d’Euclide ?

• Euclide (-3e s., Alexandrie)


• Eléments : 13 livres
• Manuscrits complets du 9e s.,
fragments antérieurs
• Livres 1 à 6= géométrie plane (et
rapports entre grandeurs), Livres 7 à
9 = «arithmétique», Livre X =
incommensurables, Livres XI-XIII =
géométrie solide
mardi 20 septembre 2011
Arithmétique dans les Eléments
d’Euclide ?
Début du livre VII (trad. Peyrard)

mardi 20 septembre 2011


Euclide : ΣΤΟΙΧΕΙΑ (Éléments) – Livre VII, Prop. 1

Deux nombres inégaux étant proposés et le plus petit étant


retranché du plus grand de façon réitérée et en alternance, si le
reste ne mesure jamais le reste précédent jusqu’à ce qu’il
reste une unité, les nombres initiaux seront premiers entre eux.

Texte établi par Heiberg, trad.Vitrac

mardi 20 septembre 2011


Trad. Peyrard

mardi 20 septembre 2011


Nombre: se dit vulgairement dans l’arithmétique d’une collection ou assemblage d’unités ou
de choses de même espèce.

M. Newton définit plus précisément le nombre, non pas une multiplicité d’unités comme
Euclide mais le rapport abstrait d’une quantité à une autre de même espèce, que l’on prend
comme unité ; d'après cette idée, il divise les nombres en trois especes, savoir, nombres
entiers, c'est-à-dire, qui contiennent l'unité ou certain nombre de fois exactement & sans
reste, comme 2, 3, 4, &c. , nombres rompus ou fractions (voyez FRACTION), & nombres
sourds ou incommensurables, voyez INCOMMENSURABLE.

Les nombres commensurables sont ceux qui ont quelque autre nombre qui les mesure, ou qui
les divise sans aucun reste.

Les nombres commensurables sont proprement les seuls et vrais nombres. En effet, tout
nombre renferme l’idée d’un rapport... et tout rapport réel entre deux quantités suppose une
partie aliquote qui leur soit commune... √2 n’est pas un nombre proprement dit, c’est une
quantité qui n’existe point et qu’il est impossible de trouver. Les fractions même ne sont des
nombres
commensurables que parce que ces fractions représentent proprement des entiers [en prenant
les parts pour véritable unité].

Art. Nombre, Encyclopédie de (Diderot et) d’Alembert, 2e moitié XVIIIe s.

mardi 20 septembre 2011


Thèmes arithmétiques
• Apparition des nombres • Autres types de nombres
entiers abstraits, systèmes (négatifs, fractions,
métrologiques décimaux, complexes, ...)

• Noms des nombres • Opérations ? Analogies ?

• Systèmes numériques • Classements des entiers


(nombres figurés, carrés,
• Opérations sur les entiers premiers, ...), propriétés
(lesquelles ? comment ?)
• Problèmes dont les
• 0, 1 ? Définitions de N solutions sont des nombres

mardi 20 septembre 2011


EGYPTE

-3300 à -300

Etiquettes, seulement
quelques Papyri conservés
(Moscou, Rhind, ...)

Tables, problèmes

syst. num. : base 10


Réf. : J. Ritter, Chacun sa vérité, in M. Serres,
Eléments d’histoire des sciences, Bordas, 1989, p. 39-61

mardi 20 septembre 2011


PAPYRUS RHIND

Copie vers -1600 par un


scribe («Ahmès») d’un texte
du Moyen Empire (c.
-1800)

Tables (2 x inverses, ...) et


problèmes

mardi 20 septembre 2011


Titre du pRhind

Original

mardi 20 septembre 2011


Titre du pRhind
m xt
tp-Hzb n hAt ! rx ntt nbt znkt […] SAt nbt jw jzt grt
zpXr•n•tw Sfdw pn m HAt-zp 33 Abd 4 Ax[t Xr Hmn nzw-]bjt æA-Wzr-Ra
dj anx m znrt r Sz
n jzwt jry m haw n[zw-bjt Nj-MA]at-[Ra] jn Sz JAH-mz zpXr znn pn

Traduction dans les choses,


1L’excellente méthode afin d’entrer ! de savoir toute chose qui

existe, [toute] obscurité, […] tout secret. Or


2on a recopié ce rouleau en l’an 33, mois 4 d’et[é, sous la Majesté du

roi de Haute et] de Basse Égypte Apophis Ier, doué de vie,


conformément à l’écrit
3des temps anciens, fait au temps du r[oi de Haute et de Basse Égypte

Amen-]m[-hat]. C’est le scribe Yah-mes qui a recopié ce livre.

mardi 20 septembre 2011


mardi 20 septembre 2011
pRhind 26

mardi 20 septembre 2011


pRhind 26

Une quantité; son 4 lui a été ajouté. Elle est devenue 15.
Calcule à partir de 4. Tu feras leur 4 : 1. Total: 5.
Calcule à partir de 5 pour trouver 15.
\1 5
\2 10
3 en résultera

Calcule à partir de 3, 4 fois.


1 3
2 6
\4 12
12 en résultera

La quantité 12 1 12
Son 4 3
4 3
Total 15
mardi 20 septembre 2011
pRhind 27

mardi 20 septembre 2011


pRhind 27
Une quantité. Son 5 lui a été ajouté. Elle est devenue 21.

[Calcule à partir de 5. Tu feras leur 5 : 1. Total 6.]

[Calcule à partir de 6 pour trouver 21.]

[ ]
[Calcule à partir de , 5 fois.]
La quantité
Son 5
Total 21

mardi 20 septembre 2011


pRhind 27

mardi 20 septembre 2011


pRhind 34

mardi 20 septembre 2011


pRhind 34
Une quantité, sa 2 et son 4 lui ont Vérification
été ajoutés. Elle est devenue 10.

[Calcule à partir de , pour


trouver 10.]

Total

Le reste est



8
4
4
2
2
1
c’est 14


7
Total : la quantité Total 21

mardi 20 septembre 2011


Difficultés et Tables

Tout choix d’une technique mathématique facilite


certaines opérations mais rend difficile d’autres.
Pour résoudre les difficultés les plus grandes, on
utilise ici des tables.
Le pRhind contient deux tables :
‘2 : N’ (doublement des fractions impaires)
‘2/3’ (les 2/3 d’une fraction).

mardi 20 septembre 2011


La table 2 : N

pUC 32159 (Lahun)

mardi 20 septembre 2011


HISTOIRE DES SCIENCES
MATHÉMATIQUES
MASTER MATHEMATIQUES ET APPLICATIONS :
ENSEIGNEMENT ET FORMATION

mardi 27 septembre 2011


Eléments
d’histoire de
l’arithmétique
Margarita Philosophica, de Gregor Reisch (1508)

mardi 27 septembre 2011


Nous appelons Arithmétique l’étude élémentaire des propriétés des nombres
entiers et des nombres rationnels, établies avant le XVIIIe siècle, et Théorie
des nombres les développements nés des recherches précédentes à partir de ce
XVIIIe siècle. Mais il n’y a pas de frontière bien précise entre ces deux
domaines.

Jean Itard, Arithmétique et Théorie des nombres, Que sais-je ? 1963

L' Arithmétique a un domaine qui lui est propre, la théorie des nombres
entiers : cette théorie n'a été que très légèrement ébauchée par Euclide et
n'a pas été cultivée par ses successeurs (à moins qu'elle n'ait été renfermée
dans les livres de Diophante dont l'injure du temps nous a privés); les
arithméticiens ont donc à la développer ou à la renouveler.

Pierre Fermat, 1657

mardi 27 septembre 2011


ARITHMÉTIQUE
Terminologie confuse : arithmétique, arithmétique
supérieure/avancée, théorie des nombres

Selon les auteurs : problèmes concernant les nombres


entiers, les nombres entiers et rationnels, « leurs
généralisations » (ex : points à coordonnées rationnelles sur
des courbes, …)

Plus ou moins proches d’autres domaines (algèbre, analyse,


combinatoire, probabilités, ...)

Ex: Cours d’arithmétique, de J. P. Serre (1970),

mardi 27 septembre 2011


Problème historique des origines : où commencer ? On
pourrait lier à des problèmes actuels de théorie des
nombres en cours toutes les civilisations, cultures,
époques, … (ex : fractions égyptiennes, théorème des
«restes chinois», …). Mais pas nécessairement le même
objectif, le même contexte, les mêmes alternatives (ex:
fractions égyptiennes : pb de calcul numérique dans un
monde sans «autres nombres» => pb théorique sur les
entiers)

mardi 27 septembre 2011


Problème historique des origines : où commencer ? On
pourrait lier à des problèmes actuels de théorie des
nombres en cours toutes les civilisations, cultures,
époques, … (ex : fractions égyptiennes, théorème des
«restes chinois», …). Mais pas nécessairement le même
objectif, le même contexte, les mêmes alternatives (ex:
fractions égyptiennes : pb de calcul numérique dans un
monde sans «autres nombres» => pb théorique sur les
entiers)

mardi 27 septembre 2011


On part in medias res : XVIIe s. et on
cherche à comprendre les sources, les
pratiques, les résultats

choix du XVIIe s. : lien avec le programme


du secondaire (diviseurs, nombres premiers,
théorèmes de Fermat, de Bezout, ...) !

mardi 27 septembre 2011


PIERRE FERMAT (16??-1665)

Magistrat aisé à Toulouse


(et à Castres)

Contact avec les cercles


savants (Bordeaux, Paris),
correspondance avec
Mersenne, Descartes,
Pascal, Roberval, ...

mardi 27 septembre 2011


PAS SEULEMENT FERMAT
Marin Mersenne

Bernard Frenicle de Bessy

André Jumeau de Sainte-Croix

René Descartes

Blaise Pascal

William Brouncker

John Wallis

John Pell etc...

mardi 27 septembre 2011


PIERRE FERMAT (16??-1665)

Magistrat aisé à Toulouse


(et à Castres)

Contact avec les cercles


savants (Bordeaux, Paris),
correspondance avec
Mersenne, Descartes,
Pascal, Roberval, ...

mardi 27 septembre 2011


utilisation de l’algèbre pour optique
résoudre des problèmes de
géométrie et décrire des théorie des nombres
courbes

calcul de centres de
gravité, aires, volumes

problèmes d’extrema

probabilités

mardi 27 septembre 2011


LES DÉCOUVERTES DE FERMAT
«SUR LES NOMBRES»
Petit théorème de Fermat : p un nombre premier, a entier
premier à p, p divise ap-1 -1.

Grand «théorème de Fermat» (démontré en 1994...) : n entier


≥ 3, x, y, z, des entiers non nuls, alors xn+yn=zn est impossible

Tout nombre premier impair de la forme 4n+1 est somme de


deux carrés (et seulement ceux-ci), autres résultats sur les
formes (tout nombre est somme de quatre carrés)

Solutions rationnelles «en nombre infini» de certaines


équations à coefficients rationnels

mardi 27 septembre 2011


Presque pas de démonstrations publiées ou diffusées par lui
(mais il annonce plusieurs fois qu’il les a !)

Deux preuves connues «par descente infinie»

«Méthodes» de résolution, parfois expliquées par ses


correspondants (ex: Jacques de Billy, qui en publie sous le
titre de Inventum Novum …après la mort de Fermat) ou
laissées dans ses notes sur Diophante, elles aussi publiées
après sa mort

mardi 27 septembre 2011


QUELQUES SOURCES DE
FERMAT

Livres VII à X des Eléments d’Euclide et leurs commentaires

Les Arithmétiques de Diophante et leurs commentaires ou


réécritures

Fragments d’autres recherches (en particulier arabes) à


travers divers traités (Fibonacci, Stifel, Cardan, etc.)

mardi 27 septembre 2011


mardi 27 septembre 2011
Commentaire de Bachet

Traduction de Bachet
Observation de Fermat

mardi 27 septembre 2011


ARITHMÉTIQUE EUCLIDIENNE

«Est unité ce selon quoi chacune des choses existantes est


dite une. Et un nombre est la multitude composée d’unités.
Un nombre est une partie d’un nombre, le plus petit du plus
grand, quand il mesure le plus grand».

mardi 27 septembre 2011


Est unité ce selon quoi chacune des choses existantes est
dite une. Et un nombre est la multitude composée d’unités.
Un nombre est un diviseur d’un nombre, le plus petit du
plus grand, quand il divise le plus grand.

mardi 27 septembre 2011


ARITHMÉTIQUE EUCLIDIENNE

Définitions de la parité, de nombre premier (mesuré par une


seule unité), premiers entre eux, nombres carrés, cubes,
parfait (égal à la somme de ses diviseurs).

Les nombres sont représentés par des segments

Structure par définitions, axiomes, théorèmes, preuves


(fournit modèle de preuve). Un exemple simple :

mardi 27 septembre 2011


Prop. 23: Si deux nombres sont premiers entre eux, le nombre
qui mesure l’un d’entre eux sera premier avec celui qui reste
A C
B D
Soient deux nombres premiers entre eux A, B, et qu’un certain
nombre C mesure A. Je dis que C et B sont aussi premiers
entre eux.

Car si C et B ne sont pas premiers entre eux, un nombre


mesurera C, B. Qu’il les mesure et soit D. Puisque D
mesure C et que C mesure A, le D mesurera donc aussi A.
Mais il mesure aussi B; donc D mesure A, B, qui sont
premiers entre eux, ce qui est impossible. Donc aucun
nombre ne mesurera les nombres C, B. Donc C, B sont
premiers entre eux. Ce qu’il fallait démontrer.

mardi 27 septembre 2011


Prop. IX.20 : Les nombres premiers sont plus nombreux
que toute multitude de nombres premiers proposée.
A
B
C D
E F

Preuve (esquisse) : Soit A, B, C trois nombres premiers,


DE le plus petit nombre mesuré par les trois (=ppcm), DF
l’unité, alors EF est premier ou non. Dans le premier cas,
c’est fini, sinon soit G un nombre premier le mesurant, si
G= A, B ou C, alors G mesure DE, or G mesure EF, donc
G mesure DF l’unité, absurde.

mardi 27 septembre 2011


ARITHMETICA DE DIOPHANTE

Diophante a vécu entre - 150 et 350 environ...

2 ouvrages connus : les Arithmétiques et le Traité sur les


nombres polygonaux

13 livres annoncés au début des Arithmétiques : 6 en grec


dans des copies du XIIe-XIVe siècles = ceux connus à la
Renaissance en Europe, 4 traduits en arabe par Qusta ibn
Luqa au IXe siècle et retrouvés en Iran dans une copie du
XIIe s., c. 1970 !).

Nombreuses traductions, adaptations, pillages …

mardi 27 septembre 2011


Arithmetica : collection de résolutions en
nombres rationnels de problèmes

Utilise des abréviations pour désigner un


nombre inconnu et ses puissances. Par
exemple : pour arithmos (nombre),
pour le carré

mardi 27 septembre 2011


Il se peut que la matière paraisse plus
difficile qu’elle ne l’est parce qu’elle n’est pas
encore connue, et que les débutants
désespèrent de réussir. Elle te deviendra
cependant facile à comprendre, grâce à ton
zèle et à ma démonstration ; car l’ambition
jointe à l’enseignement mène rapidement à
la science.

Diophante à Dionysius, Livre I des


Arithmetiques, trad. Ver Ecke

mardi 27 septembre 2011


Exemple, I. 28: Trouver deux nombres dont
la somme et la somme des carrés sont
données. Il faut toutefois que le double de la
somme des carrés des nombres excède d’un
carré le carré de la somme des nombres.
Proposons donc que la somme des nombres
forme 20 unités et que la somme de leurs
carrés forme 208 unités.

mardi 27 septembre 2011


Il faut toutefois que le double de la somme
des carrés des nombres excède d’un carré le
carré de la somme des nombres.

Diorisme (=conditions de possibilité


d’un problème)

mardi 27 septembre 2011


Proposons donc que la somme des nombres
forme 20 unités et que la somme de leurs
carrés forme 208 unités.

Problème toujours traité sur un exemple numérique

mardi 27 septembre 2011


Solution
Que la différence des nombres soit 2 arithmes. Que le plus grand soit 1 arithme,
augmenté de nouveau de la moitié de la somme des nombres, c’est-à-dire de 10
unités et que le plus petit nombre soit 10 unités moins 1 arithme ; ce qui établit de
nouveau que la somme des nombres est 20 unités, et que leur différence est 2
arithmes. Il faut encore que la somme des carrés des nombres forme 208 unités.
Mais la somme de leurs carrés forme 2 carrés d’arithme plus 200 unités. Ce que
nous égalons à 208 unités et l’arithme devient 2 unités. Revenant à ce que nous
avons posé, le plus grand nombre sera 12 unités, le plus petit nombre sera 8 unités,
et ces nombres satisfont à la proposition.

Autrement dit : on cherche X et Y, avec X+Y=20 et X2+Y2=208. On pose X-Y=2x et


aussi X =x+10 et Y = 10-x (ce qui est possible). Alors X2+Y2 = 2 x2+200 = 208, donc
x=2, ce qui donne X = 12 et Y =8.

mardi 27 septembre 2011


mardi 27 septembre 2011
CLAUDE GASPARD BACHET DE
MÉZIRIAC

poète, grammairien, mathématicien

Membre fondateur de l’Académie


française en 1634

Edition, traduction, commentaires 1581-1638


des Arithmétiques de Diophante

Problesmes plaisans et delectables


qui se font par les nombres

mardi 27 septembre 2011


>ROBLEMES
P L A I S A N S ET
DELECTABLES, QVI
se font par les nombres.
Tarticrecueillis dediuers Autheurty partieìnuentex.
de nottueau auec leur démonstration.
I»ar CLAVDE GASPAR BACHET,$icut
deMcziriac.
SecondeEdition,reutue, etrri£ie>fo Augmentée de plusieurs
de
propositions,& plusieurs Problèmest par
lemefme Attthtur.
Trts-vtitepourtoutesforte*depersonnescurietiscs,qui
scsentent
fieMathématique.
<ic{'Arithmétique,

A LTONy
Chez PIERRE RIGAVD & ASSOCIEZ > ÏU6
Mercière, au coing de ru'c Ferondiere, à
l'Enseignedc UFort$r|§

mardi 27 septembre 2011


mardi 27 septembre 2011
Du côté des algébristes
Problème : Trouver un triangle rectangle
en nombres (a, b, c), a2 + b2 = c2, tel que
c et a + b soient des carrés.
Pour engendrer un t.r.n.:
a = 2pqd, b = d(p2 − q 2)
c = d(p2 + q 2)
avec p et q premiers entre eux, p > q, p−q
impairs.
Donc on veut une solution x, u, v de
1 + x 2 = u2
1 + 2x − x2 = v 2

avec x = q/p < 1.

mardi 27 septembre 2011 1


Méthode ordinaire (Diophante) :
u2 − v 2 = (u − v)(u + v) = x(2x − 2)
On identifie les facteurs afin d’éliminer les
termes constants :
Ceci conduit ici à : u = 32 x − 1,
donc x = 125 (> 1!), u = 13 , v = 17 .
5 5
Dans l’Inventum novum. . . , on pose
p = X + 5, q = 12;
on obtient

169 + 5746X + 169X 2 = U 2


169 + 10X + X 2 = V 2

La méthode ordinaire échoue encore.

mardi 27 septembre 2011


Méthode de Fermat: On identifie les
facteurs afin d’éliminer les termes en X 2.
U 2 − V 2 = (U − V )(U + V )
= BX(AX + 5736 B ),
soit A = 12, B = 14.
On a alors :
2048075 2372159
X= ,U = ,
20566 1582
2165017
V = ,
20566
donc p = 2 150 905, q = 246 792
et une solution pour le triangle rectangle
en nombres :

a = 1061652293520
b = 4565486027761
c = 4 687 298 610 289

mardi 27 septembre 2011


Si l'aire d'un triangle est un carré, sont donnés deux bicarrés dont la différence est un carré. Il
s'ensuit que sont également donnés deux carrés dont la somme et la différence sont des carrés.
Par conséquent, est donné un nombre égal à un carré, somme d'un carré et du
double d'un carré, avec la condition que les deux carrés qui le composent, fassent un carré.
Mais si un nombre carré est composé d'un carré et du double d'un carré, son
côté est également composé d'un carré et du double d'un carré, comme nous pouvons le
prouver facilement. On en conclura que ce côté est la somme des deux côtés de l'angle droit
d'un triangle rectangle, l'un des carrés le composant formera la base, et le double carré la
hauteur.
Ce triangle rectangle est donc formé par deux nombres carrés, dont la somme et la
différence sont des carrés. Mais on prouvera que ces deux carrés sont plus petits que les deux
premiers dont on a supposé que la somme et la différence soient des carrés. Donc, si sont
donnés deux carrés dont la somme et la différence font des carrés, on donne par là même, en
nombres entiers, une somme de deux carrés jouissant de la même propriété et inférieure. Et
par le même raisonnement, sera ensuite donnée une autre somme plus petite trouvée par la voie
de la précédente, et toujours en continuant indéfiniment se trouveront des nombres entiers de
plus en plus petits de même apparence. Ce qui est impossible, puisqu'un nombre entier étant
donné, il ne peut y avoir une infinité de nombres entiers plus petit que lui. La marge est trop
étroite pour recevoir la démonstration complète et avec tous ses développements.

mardi 27 septembre 2011


Un programme pour l’arithmétique

L'Arithmétique a un domaine qui lui est propre, la théorie des nombres entiers: cette
théorie n'a été que très légèrement ébauchée par Euclide et n'a pas été cultivée par ses
successeurs (à moins qu'elle n'ait été renfermée dans les livres de Diophante dont
l'injure du temps nous a privés); les arithméticiens ont donc à la développer ou à la
renouveler. Fermat, 1657

Une méthode, la descente infinie : preuve de DFT, n= 4


Une différence de deux puissances quatrièmes ne peut être un carré.

u4-v4 =w2
(*) u2 + v2=s2 et u2 - v2=t2
t2 + 2v2=s2 et t2 + v2=u2
Point clé : m2 + 2n2=s
A partir de là, manipulations algébriques => une nouvelle solution plus petite
des équations (*)
On recommence : suite strictement décroissante d’entiers solutions de (*),
impossible dans N, d’où contradiction

mardi 27 septembre 2011


FERMAT ET SES CORRESPONDANTS

Vous m’avez envoyé 360 duquel les parties aliquotes sont au même nombre comme 9 à 4 et moi je
vous envoie 2016 qui a la même propriété. Fermat à Mersenne, 20 février 1639

La seconde question [de M. de Saint-Martin] est celle-ci : un nombre étant donné, déterminer
combien de fois il est la différence des côtés d’un triangle qui ait un quarré pour différence de son
petit côté au deux autres côtés. le nombre qu’il donne est 1 803 601 800. Je réponds qu’...il y a 243
triangles qui satisfont à la question.
Fermat à Mersenne, début 1643

Nous sommes icy à d’autres spéculations a scavoir donner quelques distances qu’on voudra entre
nombres donnés dans laquelle distance ou différence il ne se rencontre aucun nombre premier ; par
exemple donner 100000000000 nombres qui se suivent immédiatement dont nul ne soit premier. C’est
une chose effroyable que cette spéculation des nombres tant pour la difficulté que pour l’immensité. Et
je crois que Dieu est si immense que si nous envisagions un seul rayon de son immensité, nous
mourrions tout soudain ou d’effroy ou d’admiration et desesperation
Mersenne à Christiaan Huygens, 8 décembre 1646

mardi 27 septembre 2011


L'organisation de l'arithmétique
dans le cercle de Mersenne
• distinction classique entre problèmes et théorèmes (cf.
Proclus)
• Mersenne réclame des problèmes (transformation de
théorèmes en problèmes pour la correspondance)
"C'est contre le stile des Géomètres de proposer aux autres
des questions qu'ils ne peuvent soudre eux-
mêmes" (Descartes)
• évolution des échanges: problème, nombres, règles et
méthode

mardi 27 septembre 2011


Diviseurs et nombres
premiers
Partie aliquote = diviseur propre
s(k) : somme des parties aliquotes (ex: s(9)=1+3=4)

Nombres parfaits: s(k) =k (ex: 6, 28)

Nombres abondants : s(k) > k


(ex: "sous-double", s(k) =2k)

Nombres déficients : s(k) < k


(ex: puissance d'un nombre premier)

Euclide IX. 31: Si p =1+2+…+2k est premier, alors 2kp est parfait.

mardi 27 septembre 2011


Sous-doubles en progrès
•1631: Mersenne demande s'il existe d'autres sous-doubles que
le très connu 120: bof ?
•1636 : Fermat donne 672
•1638 : Sainte-Croix donne 523 776, Descartes 1 476 304 896
•1640 : Frenicle et Fermat échangent règles et exemples
•164? : Explications aux nouveaux-venus, étude de 2 -1:
k

“Je supplie votre Révérence de me donner l’intelligence de


cette question et de m’enseigner aussi la méthode pour trouver
des nombres parfaits” (Thibaut à Mersenne, 18 décembre
1646)

mardi 27 septembre 2011


Le petit théorème
de Fermat
Juin 1640 ("fondements des nombres parfaits")

Si k est composé, 2k-1 l'est aussi.


Si k (impair) est premier, 2k-2 est un multiple de 2k.
Si k (impair) est premier, et si p est un diviseur premier de 2k-1,
alors 2k divise p-1.

Octobre 1640

Si p est premier, pour tout a premier à p, p divise un des nombres


ak-1, où k divise p-1 (et tous ses multiples).

C'est le petit théorème de Fermat: ap-1 1 (mod p)

mardi 27 septembre 2011


Il m’importe de vous dire le fondement sur lequel
j’appuie les démonstrations de tout ce qui concerne
les progressions géométriques, qui est tel : Tout
nombre premier mesure infailliblement une des
puissances -1 de quelque progression que ce soit et
l’exposant de la dite puissance est sous-multiple du
nombre premier donné -1; et après qu’on a trouvé
la première puissance qui satisfait à la question,
toutes celles dont les exposants sont multiples de
l’exposant de la première satisfont tout de même à
la question.

Fermat à Frenicle, 18 octobre 1640

mardi 27 septembre 2011


…pour des applications
rapides
• Ecrit: 'Il n'y a pas de nombres parfaits de 20 chiffres'

• Le candidat euclidien pour k=37 n'est pas parfait, autrement


dit 237-1 n'est pas premier

• Seulement quelques diviseurs à tester:

•2x37+1= 75 (non premier),


•4x 37+1= 149 (ne donne pas un diviseur),
•6x 37+1= 223: donne 2 -1 =223x 616 318 177
37

mardi 27 septembre 2011


Factorisation
Pour factoriser un entier n, Fermat propose de
chercher à mettre n sous forme x2-y2=(x+y)(x-y).
Donc de chercher si x2-n est un carré, en testant
les entiers x (à partir de √n).
Ex : 2 027 651 281 = 46061 x 44021

mardi 27 septembre 2011


Du côté des arithméticiens
Un nombre étant donné, déterminer combien
de fois il est la différence des (plus grands)
côtés d'un triangle qui ait un quarré pour
différence de son petit côté aux deux autres
côtés. Le nombre qu'il donne est 1 803 601
800.
Pour engendrer un Triangle rectangle en
nombres
a=2pqd, b=d(p2-q2), c=d(p2+q2)
avec p et q premiers entre eux, p>q, p-q
impair.
La condition devient: a<b<c
b-a= d(p-q)2 -2q2) carré
c-a=d(p-q)2 carré
d'où d= carré et (p-q)2 -2q2=carré (=u2)
La différence des (grands) côtés est c-b=
d(2q2), d'où N=2q2=(p-q-u)(p-q+u)

mardi 27 septembre 2011


Si une décomposition de N en deux facteurs
est fixé, q est fixé, donc p, donc le triangle.
Il est facile de voir que les deux facteurs
doivent être pairs, sans facteur impair
commun, N doit être de la forme 8 x carré.
Le nombre de triangles dépend de la
décomposition de N en facteurs premiers.
ex: M=2(2a)2 , a impair premier
d=1 N= 2. 4a2 ou 4. 2a2
d=4 impossible
d=a2 N= 2.4
d=(2a)2 impossible
d'où 3 triangles
Plus généralement si M= 2(2xyz…)2, où x, y ,
z… sont r facteurs premiers impairs, on trouve
3r triangles solutions.
D'où ici:
1 803 601 800=2(2.3.5.7.11.13)2,
on trouve bien 35=243 triangles.

mardi 27 septembre 2011


Un problème de Fermat posé à Frenicle et Saint-Martin

Trouver un triangle rectangle en nombres (entiers) dont


l’hypoténuse et la somme des deux petits côtés soient des carrés
(d’entiers)

a2+b2 =c2 tel que c=x2 et a+b=y2 a, b, c, x, y entiers.

Plus petite solution

a=1 061 652 293 520


b= 4 565 486 027 761
c= 4 687 298 610 289
Ici, la méthode de Fermat est algébrique

mardi 27 septembre 2011


XVIIIE SIÈCLE

Le symbolisme algébrique cartésien s’impose

Leonhard Euler (1707-1783) démontre et généralise beaucoup


de propositions de Fermat.

Exemple : (petit) théorème de Fermat pour n quelconque


(avec la fonction indicatrice d’Euler)

Début de la théorie des formes quadratiques à deux


variables et à coefficients entiers par Joseph-Louis Lagrange
(1736-1813)

mardi 27 septembre 2011


L. Euler (Académie de Saint-Petersbourg, de Berlin), 74 volumes d’Oeuvres

J.L. Lagrange (premier prof.


d’analyse à Polytechnique,
sénateur, Comte sous
l’Empire)

Adrien-Marie Legendre (1752-1833), Académie de Paris

mardi 27 septembre 2011


Retour à la théorie
• "Une des meilleures têtes
mathématiques de
l'Europe" (Poinsot, 1807)

• contributions fondamentales
en théorie des nombres,
analyse, géométrie
différentielle, astronomie,
géodésique,…

• 1801: Disquisitiones
arithmeticae et prédiction de
l'emplacement de Cérès
Carl Friedrich Gauss
(1777-1855)
mardi 27 septembre 2011
Recherches arithmétiques
• Vos Disquisitiones vous ont mis
tout de suite au rang des plus
grands géomètres (Lagrange,
1804)

• Mr Gauss a traité d'une manière


entièrement nouvelle toute cette
théorie [ des nombres] dans un
ouvrage singulièrement
remarquable dont il nous est
impossible de donner une idée
parce que tout y est nouveau,
jusqu'au langage et à la notation
(Rapport de l’Ac. des sciences à
Napoléon)

mardi 27 septembre 2011


• Congruences
• Formes quadratiques
• Application 1:
factorisation

• Application II:
inscription d'un
polygone régulier
dans un cercle

mardi 27 septembre 2011


Congruences
• Si n divise a-b, on dit que a et b sont congrus
modulo n, on écrit a≡ b (mod n)

• congruences égalités
• étude des puissances 1, a, a , a , a ,…d'un
2 3 4

entier modulo n, (a, n) =1 (petit th. de Fermat,


racines primitives)
• étude des équations aux congruences ;
théorème fondamental dans le cas quadratique
(loi de réciprocité)

mardi 27 septembre 2011


Formes quadratiques
Exemples : x2+y2, 3x2+10xy+y2
En général : ax +2bxy+cy , avec a, b, c entiers
2 2

• Question 1: quels nombres sont représentés par une


forme donnée ? Est-ce que 21 est somme de deux
carrés ? Est-ce que 60n+11 divise3x2-5y2 ?

• Question 2 : classer les formes à changement de


variables (inversible) près

x=ux'+vy', y=u'x'+v'y', avec u, u', v, v' entiers et uv'-u'v=±1


Notion d'invariant, le déterminant b2-ac;
nombre de classes de déterminant fixé ;
bons représentants de chaque classe,
composition de formes , etc.
mardi 27 septembre 2011
Polygone régulier
inscriptible dans un cercle
• Dès l'Antiquité, triangle, carré, pentagone
inscrits dans un cercle à la règle et au compas.
• Gauss donne des conditions sur le nombre de
côtés n pour que cette inscription soit
possible : si n premier, on doit avoir n-1 =2m
(et m=2 ), donc n doit être un «nombre de
k

Fermat» (3, 5, 17, 257, 65537) ; en général, n


doit être produit de 2 et de premiers distincts
m

2m'+1
• La preuve utilise la théorie des congruences
pour recoder les points
mardi 27 septembre 2011
Polygone régulier inscriptible
dans un cercle
A0 point (1,0)

A1 point (cos 2π/5, sin2π/5)

A2 point (cos 4π/5, sin4π/5)

A3 point (cos 6π/5, sin6π/5)

A4 point (cos 8π/5, sin8π/5)

http://les-mathematiques.u-strasbg.fr/phorum/read.php?f=2&i=286850&t=286850
mardi 27 septembre 2011
Polygone régulier
inscriptible dans un cercle
• Nouveau codage des points à l'aide d'une racine
primitive modulo 5 : si (k, 5)=1, k=2 mod 5.
k'

A0 (1,0) e 0iπ/5 a0 a0 A'0


4
A1 (cos 2π/5, sin2π/5) e 2iπ/5 a1 a2 A'4
1
A2 (cos 4π/5, sin4π/5) e4iπ/5 a2
a2 A'1
3
A3 (cos 6π/5, sin6π/5) e 6iπ/5 a3 a2 A'3

2
A4 (cos 8π/5, sin8π/5) e 8iπ/5 a4
a2 A'2
mardi 27 septembre 2011
Polygone régulier
inscriptible dans un cercle
• Le nouveau codage incite à regrouper A'4
certains points :
1 3 5 1 A'1
a2 —> —> a2 a2 =a2
2 4 6 2
a —> a —> a =a
2 2 2 2

• a2+1
+a2 3
,a 2 2
a
sont racines2 4

d'une équation quadratique, donc


A'3
constructibles à la règle et au A'2
2 4
compas: a + a =cos 2π/5=(√5-1)/4
2 2

•On en déduit tous les sommets Ai


mardi 27 septembre 2011 A'1
Primalité et factorisation

• Le problème où l'on se propose de distinguer les nombres


premiers des nombres composés et de décomposer ceux-ci
en leurs facteurs premiers, est connu comme un des plus
importants et des plus utiles de toute l'Arithmétique…
Aussi nous ne doutons pas que les deux méthodes suivantes
dont nous pouvons affirmer la brièveté et l'efficacité
d'après une longue expérience , ne plaisent aux amateurs
de l'Arithmétique. (R. A., art. 329)

mardi 27 septembre 2011


Primalité et factorisation
• 1ère méthode : Principe : si n est un carré x2 modulo M,
c'est un carré modulo m, pour tout m diviseur de M. Donc
1) on liste les restes ni de carrés mod M, 2) on exclut les m
pour lesquels un ni ne marche pas. Ex. pour M= 997331 :
les résidus ni = -6, 13, -14, 17, 37, -53 permettent déjà à eux
seuls d’exclure tous les m<127 et on trouve 997331 = 127 .
7853.

• 2ème méthode : Essayer d’écrire M comme diviseur de


formes quadratiques x2 +Dy2 et utiliser la théorie de ces
formes. Un ex donné par Gauss : M=4272943 est premier
(il utilise M= (1113)2 +286(103)2 =x2 +286y2)

mardi 27 septembre 2011


mardi 27 septembre 2011
mardi 27 septembre 2011
Algorithme dʼEuclide pour
le calcul du PGCD.

Congruences dans Z. On montrera lʼefficacité du langage


des congruences. On utilisera les notations : a≡b (n)
ou a≡b (modulo n), et on établira les compatibilités avec
lʼaddition et la multiplication.

Nombres premiers.  Reconnaissance de la primalité dʼun


entier.
On démontrera que lʼensemble des nombres
premiers est infini.
Existence et unicité de la décomposition en produit
de facteurs premiers.

Théorème de Bézout.

Théorème de Gauss

Exemples simples dʼéquations diophantiennes.

Applications élémentaires à la cryptographie.

Application : petit théorème de Fermat.

mardi 27 septembre 2011


Algorithme dʼEuclide pour le calcul du PGCD.

Congruences dans Z. On montrera lʼefficacité du langage


des congruences. On utilisera les notations : a≡b (n) Euclide (c. -300)
ou a≡b (modulo n), et on établira les compatibilités avec
lʼaddition et la multiplication. Diophante (?)
Nombres premiers.  Reconnaissance de la primalité dʼun
entier. Pierre Fermat
On démontrera que lʼensemble des nombres
premiers est infini.
(?-1665)
Existence et unicité de la décomposition en produit
de facteurs premiers.
Etienne Bézout
Théorème de Bézout.
(1730-1783)
Théorème de Gauss

Exemples simples dʼéquations diophantiennes. Carl Friedrich


Applications élémentaires à la cryptographie. Gauss (1777-1865)
Application : petit théorème de Fermat.

mardi 27 septembre 2011


Algorithme dʼEuclide pour le calcul du PGCD.

Congruences dans Z. On montrera lʼefficacité du langage


des congruences. On utilisera les notations : a≡b (n) Euclide (c. -300)
ou a≡b (modulo n), et on établira les compatibilités avec
lʼaddition et la multiplication. Diophante (?)
Nombres premiers.  Reconnaissance de la primalité dʼun
entier.
Pierre Fermat
On démontrera que lʼensemble des nombres (?-1665)
premiers est infini.
Existence et unicité de la décomposition en produit
de facteurs premiers.
Etienne Bézout
Théorème de Bézout. (1730-1783)
Théorème de Gauss

Exemples simples dʼéquations diophantiennes. Carl Friedrich


Applications élémentaires à la cryptographie.
Gauss (1777-1865)
Application : petit théorème de Fermat.

mardi 27 septembre 2011


Difficultés

• Attribution d’un résultat à un auteur ?


• Enoncés vs preuve vs preuves
• Symbolisme, formulation
• Importance variable accordée à un résultat,
un domaine

mardi 27 septembre 2011


HISTOIRE DES SCIENCES
MATHÉMATIQUES
MASTER MATHEMATIQUES ET APPLICATIONS :
EDUCATION ET FORMATION

mardi 4 octobre 2011


L’algèbre est un Art de
parfaitement et precisement
nombrer. Et de soudre tous
problesmes arithmetiques et
géométriques de possible
solution par nombres
rationaux ou irrationaux …
L’algèbre requiert l’industrie
imaginative : et pour ce elle
subtilie l’esprit e le garde de
s’apensantir et de devenir las.

mardi 4 octobre 2011


Ne serait-il pas possible de renfermer dans
une même formule ou une même expression
générale toute la suite des calculs que demandent
les problèmes d’un même genre, de telle manière
qu’on en put tirer, par de simples traductions ou
substitutions numériques, la solution de chaque
problème particulier ? On a inventé cet art
étonnant et c’est l’objet de l’Algèbre.
Cette Science qu’on appelle encore Analyse ou
Méthode de décomposition, compare donc
ensemble des grandeurs, considérées dans l’état
d’abstraction et de généralité. Elle fait sur ces
grandeurs les mêmes opérations que
l’Arithmétique fait sur les nombres.

mardi 4 octobre 2011


« L’algèbre, à proprement parler, est
l’analyse des équations ».

Plan de l’ouvrage :

Théorie générale des équations et


leur résolution numérique
Théorie des fonctions symétriques
et des déterminants
Propriétés de entiers nécessaires
dans la théorie de la résolution
algébrique des équations
Théorie des substitutions
Résolution algébrique des équations

mardi 4 octobre 2011


Leçons d’algèbre moderne,
P. Dubreil et M.- L. Dubreil-
Jacotin
1961
Lois de composition
Groupes
Génération des groupes
Anneaux, Corps
Ensembles ordonnés
Axiome de Zorn
Anneaux noetheriens
Compléments de théorie des Emmy Noether, Marie-Louise Dubreil-Jacotin,
groupes Paul Dubreil, 1931 (source: Mac Tutor Arch.)

Espaces vectoriels
Corps, équations algébriques

mardi 4 octobre 2011


• c. -2000 : résolution algorithmique de problèmes du
type : «une grandeur et son quart donne 15» …

• c. -300 : Euclide : Enoncés du type : «Une longueur étant


donnée, le rectangle de cette longueur par une partie est
égal au rectangle des parties augmenté du carré de la
première partie.
• Diophante : abréviations pour inconnue, ses puissances,
solutions rationnelles positives à des problèmes
particuliers

• => Mais pas de classification des problèmes en tant


qu’équations !

• IXe s., al-Khwārizmī : classifications par types d’équations,


résolution dans le cas quadratique (>0)

mardi 4 octobre 2011


Mūḥammad ibn Mūsā
al-Khwārizmī
• fl. IXe s. (remercie calife
al-Ma’mūn), très peu
d’infos fiables...

• travaille dans la « Maison


de la sagesse » à Bagdad

• astronome,
mathématicien

• plusieurs livres connus


par les biobibliographies
arabes

mardi 4 octobre 2011


• Kitāb al-jabr wa-al-muqābala (Livre de la restauration et
de la comparaison) (restent plusieurs manuscrits en
arabe ≥13e s., trad. latines dont Gérard de Crémone au
12e s.: De algebra et almuchabola... )

• Kitāb al-ĵām` wa-al-tafrīq (livre de réunion et de


séparation) (perdu)

• al-ḥ'isāb al-Hindi ( «Calcul indien ») (éditions latines, XIIe


s.)

• Zīj al-Sindhind (Tables astronomiques)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Image-Al-Kitāb_al-
muḫtaṣar_fī_ḥisāb_al-ğabr_wa-l-muqābala.jpg

mardi 4 octobre 2011


Kitab al-jabr …
• Tradition de lexicographie, linguistique combinatoire, etc...
=> classification d’éléments abstraits

• « J’ai voulu que [ ce livre] enferme ce qui est subtil dans le


calcul et ce qui en lui est le plus noble, ce dont les gens ont
nécessairement besoin dans leurs héritages, leurs legs, leurs
partages, leurs arbitrages, leurs commerces, et dans tout ce
qu’ils traitent les uns avec les autres lorsqu’il s’agit de
l’arpentage des terres, de la percée des canaux, de la
mensuration, et d’autres choses relevant du calcul et de ses
sortes. » (Al-Khwarizmi. Le commencement de l’algèbre, éd.,
trad., comm., par R. Rashed, Paris : Blanchard)

mardi 4 octobre 2011


• définition des termes primitifs : chose (al-shay’),
carré (mal), nombre, ….

• distingue 6 genres (ex : carrés + racines égaux à


nombre, …)

• opérations : transposition/restauration (al-jabr) et


opposition/réduction

• algorithmes de résolution

• preuves, «cause» des algorithmes (par la géométrie


euclidienne)

• résolution de problèmes, mesures et héritages

mardi 4 octobre 2011


• Nombreux développements (cf. Histoire des
sciences arabes, t. II) : Abu Kamil, Thabit ibn
Qurra, as Samawal, etc.

• Travail sur les procédures de résolution, en


particulier liens avec Eléments d’Euclide,
livre II

• étude des quantités irrationnelles avec


algèbre

• traduire les problèmes de géométrie en


algèbre
mardi 4 octobre 2011
• Rque : Qusta ibn Luqa traduit Arithmetica de Diophante
sous le titre «Art de l’algèbre» c. 870…

• al-Karagi (10-11e s.) : application des lois de l’arithmétique à


l’organisation de l’algèbre => polynômes et fractions
rationnelles

• Omar al-Khayyam (11e s.): classification des équations


cubiques, obtention de racines d’équations cubiques par
voie géométrique (intersection de courbes)

• Sharaf al Din al-Tusi (12e s.) : classement par nombre de


solutions, résolution numérique et construction
géométrique de solutions

• al-Qalasadi, Dévoilement de la science de l’arithmétique


(15e s.) : symbolique algébrique plus développée

mardi 4 octobre 2011


Un cube plus quelque nombre de côtés
égal un nombre
(version modernisée et simplifiée)

Extrait d’al Khayyam, Traité d’algèbre et d’al muqabala, p. 162


ment anachronique
é est :

AB= a
BC= b

est l’équation
1) Ramener de cetteà parabole.
l’équation x3+a2x=a2b
en résolvant le pb géométrique : si un parallépipède de
base carrée est donné, construire sur une base carrée
cercle etdonnée
à la parabole, satisfont
un parallélipède [deàvolume]
: égal. Wednesday, March 24, 2010

2) Construire l’intersection du cercle x2+y2=bx et de la


parabole x2=ay

mardi 4 octobre 2011


Et en Europe occidentale?
• Leonard de Pise (Fibonacci) : Liber abbaci (1202), Liber
quadratorum (1225) : 1er et 2e degrés, approximation des racines

• Regiomontanus : 15e s : symbolisme

• Luca Pacioli : Summa der Arithmetica, Geometria, Proportioni e


Proportionalita (1494) : synthèse imprimée pour enseignement
incluant équations

• Nicolas Chuquet : Le triparty en la science des nombres (1484),


équations, exposants, application à des problèmes de géométrie

• Scipione de Ferro, c. 1500 : formules pour résoudre certaines


équations cubiques (transmise à un élève Fiore)

• Adam Ries, Coß, c. 1550 : symboles «cossiques» utilisés dans les


formules de résolution d’équations de degré ≤4

• Pedro Nunes : Libro de Algebra en Arithmetica y Geometria, c. 1550

• Robert Recorde : The Whetstone of Witte, etc...


mardi 4 octobre 2011
Girolamo Cardano (1501-1576)

• médecin, ingénieur,
mathématicien,
philosophe, astrologue, …
• 1539-1550 : querelle sur
les équations cubiques avec
Tartaglia
• 1545 : Ars magna, sive de
regulis algebricis
• 1575 : De vita propria liber
(autobiographie)
mardi 4 octobre 2011
Le dessein et le désir de perpétuer mon nom se sont
présentés à mon esprit aussi précocement que j’ai été lent
à les réaliser...Je voudrais que l’on sache que j’existe, non
que l’on reconnaisse ma valeur. Pour ce qui est de ma
postérité, je n’ignore pas comme la chose est complexe et
combien peu nous pouvons prévoir. Aussi autant qu’il était
possible ai-je vécu pour moi-même, tout en dédaignant le
présent dans l’espoir de l’avenir. Donc s’il peut y avoir une
excuse à mon dessein, ce serait que mon nom survive, de
quelque façon que ce puisse être.
Ma vie, trad. J. Dayre et E. Wolff,

mardi 4 octobre 2011


La querelle des équations
cubiques !
• Sources : les oeuvres et lettres des protagonistes (publiées au 16e ou
rédécouvertes >19e)

• Scipione del Ferro, prof. math. Bologne, c. 1520: sait résoudre certains cas
des équations du 3e degré, transmis à Antonio Maria del Fiore

• Fior défie Niccolo Fontana «Tartaglia» (Venise) en 1535, et perd

• Cardano (Milan) invite Tartaglia mars 1539, obtient solutions (en vers) en
promettant de ne pas les publier (dit T.)

• 1543, Cardano apprend que del Ferro avait des solutions pour le 3e degré.

• 1545 : Ars magna : publie solutions de Tartaglia et d’autres (ex : autres cas,
preuves,équations du 4e degré par son élève Ludovico Ferrari)

• 1546-1550 : Représailles de Tartaglia : Quesiti et inventioni diverse (1546), Le


riposte a Ludovico Ferrari (1547-48)

mardi 4 octobre 2011


L’arithmétique, je l’ai étudiée toute entière, ainsi que les
chapitres de ce qu’on appelle l’algèbre et toutes les
propriétés des nombres, surtout de ceux qui ont un
rapport de similitude entre eux. J’ai donné de mes
découvertes et de ce qui était connu avant moi un exposé
aisé ou admirable, ou les deux ensemble.

mardi 4 octobre 2011


Ars magna, ch. XI
• cube + nombre de choses = nombre
• Donne historique (del Ferro, Fiore,
Tartaglia, lui-même a trouvé preuve avec
beaucoup de difficultés)
• Preuve (géométrique)
• Règle
• Exemples
mardi 4 octobre 2011
Résolution de x3+px=q selon Cardan, Ars magna, livre XI

Thursday, March 25, 2010 22

mardi 4 octobre 2011


• Cardan mentionne les nombres négatifs
comme solutions

• preuves géométriques
• pas de formule générale unique
• cas irréductible non traité
• mention de solutions imaginaires dans un
problème

mardi 4 octobre 2011


Rafael Bombelli
• 1572 : Algebra (incomplet)

• A connaissance de Diophante
qu’il adapte dans son livre

• Intègre nombres «complexes»


dans sa résolution (complète)
des équations cubiques : «piu di
meno» (√-1), «meno di meno» (-
√-1). : «meno di meno via meno
di meno fà meno»

• défend l’algèbre comme


discipline théorique

mardi 4 octobre 2011


François Viète
(1540-1603)
• études de droit à
Poitiers, avocat, puis
(1573) Conseiller au
Parlement de Rennes,
(1580) maître des
requêtes au Parlement
de Paris (et déchiffre
lettres secrètes pour
Henri IV c. 1589)

• c. 1564, secrétaire de la
famille (protestante)
Soubise-Parthenay, puis
précepteur de Catherine
de Parthenay
mardi 4 octobre 2011
Problème d’Adrianus
Romanus
Du temps d'Henri IV, un Hollandais, nommé Adrianus Romanus, savant aux mathématiques, mais non pas tant
qu'il croyait, fit un livre où il mit une proposition qu'il donnait à résoudre à tous les mathématiciens de l'Europe ;
or, en un endroit de son livre il nommait tous les mathématiciens de l'Europe, et n'en donnait pas un à la France.
Il arriva peu de temps après qu'un ambassadeur des États vint trouver le Roi à Fontainebleau. Le Roi prit plaisir à
lui en montrer toutes les curiosités, et lui disait les gens excellents qu'il y avait en chaque profession dans son
royaume. « Mais, Sire, lui dit l'ambassadeur, vous n'avez point de mathématiciens, car Adrianus Romanus n'en
nomme pas un de français dans le catalogue qu'il en fait. -- Si fait, si fait, dit le Roi, j'ai un excellent homme :
qu'on m'aille quérir M. Viète. » M. Viète avait suivi le conseil, et était à Fontainebleau ; il vient. L'ambassadeur
avait envoyé chercher le livre d'Adrianus Romanus. On montre la proposition à M. Viète, qui se met à une des
fenêtres de la galerie où ils étaient alors, et avant que le roi en sortît, il écrivit deux solutions avec du crayon. Le
soir il en envoya plusieurs à cet ambassadeur, et ajouta qu'il lui en donneroit tant qu'il lui plairait, car c'était une
de ces propositions dont les solutions sont infinies.
Historiettes, Tallemant de Réaux (milieu 17e s.)

45x − 3795x3 + 95634x5 − 1138500x7 + 7811375x9 − 34512075x11 + 105306075x13


− 232676280x15 + 384942375x17 − 488494125x19 + 483841800x21 − 378658800x23
+ 236030652x25 − 117679100x27 + 46955700.x29 − 14945040x31 + 3764565x33
− 740259x35 + 111150x37 − 12300x39 + 945x41 − 45x43 + x45 = N, N un nombre fixé (d’après : Wikipédia,
Art. François Viète)

mardi 4 octobre 2011


Oeuvres sur l’algèbre
• In artem analyticem Isagoge (Introduction à
l’art analytique), 1591
• Zeteticorum libri quinque (Cinq livres des
Zététiques), 1593
• De recognitione et emendatione aequationum
(De la reconnaissance et amélioration des
équations) (post. 1615)
• Ad logisticem speciosam Notae priores
(Premières notes sur la logistique spécieuse)
(pst. 1631)
mardi 4 octobre 2011
Projet de Viète
• analyse vs synthèse : 2 approches dans l’art des mathématiques.
La synthèse part des principes connus et arrive par déduction au
résultat ; l’analyse suppose le résultat connu et le décompose
jusqu’à comprendre ce qu’il est. Pour Viète, l’analyse est la vraie
méthode de découverte des Anciens, cachée sous la présentation
synthétique euclidienne. L’algèbre est sa méthode privilégiée. Elle
permettra de «résoudre le problème des problème … : ne laisser
aucun problème non résolu».

• 3 parties : Zetetique : mise en équation ou proportion des


grandeurs cherchées dans un problème en fonction des connues
(se divise en logistica numerica, sur les nombres, et logistica
speciosa, sur les grandeurs). Poristique : traitement des énoncés
sur les équations. Rhétique ou Exegétique : résolution des
équations, ie construction des solutions

• Références de Viète : grecques exclusivement ! cf. aussi son


vocabulaire
mardi 4 octobre 2011
• Notation par lettres (A, B, C, ... pour 5
inconnues). Ex : A quadrato-cubus pour A
ou 1QC. Loi des homogènes.

• Nombreux procédés de transformation des


équations nouveaux (ex : anastrophe
=division par un terme de type E-U, U
racine), considération de relations entre
racines et coefficients (climactica
paraplerosis), …

mardi 4 octobre 2011


mardi 4 octobre 2011
René Descartes
(1596-1650)
• noblesse, études
au collège de La
Flèche, soldat,
mathématicien,
philosophe...

• TRES grande
influence...

• Discours de la
Méthode (1637),
accompagné de
Les Météorites, La
Dioptrique et La
Géométrie

mardi 4 octobre 2011


La Géométrie
• Résoudre les problèmes de géométrie = donner des
constructions des solutions

• «Méthode» : choisir des lignes (=segments) à partir desquels


exprimer le problème sous forme d’équations. La solution
peut être : des points en nombre fini ou un «lieu»
géométrique.

• Inclut un nouveau traitement des équations (notations,


réduction à des formes standards, relations entre coefficients
et racines, nombre de racines d’une équation de degré n, etc.)

• Redéfinit un corpus de courbes à étudier (celles associées à


une équation, «courbes algébriques» pour nous). Définies ici à
l’aide d’ «équerres», avec une classification spéciale. Etude de
normales à une courbe, etc...

mardi 4 octobre 2011


Problème de Pappus
On cherche le lieu des points P tels
que le rapport d1d2:d3d4 soit donné.
En choisissant habilement des axes
de référence, Descartes montre que
le lieu des points est toujours une
conique

mardi 4 octobre 2011


mardi 4 octobre 2011
Brève esquisse (peu)
chronologique
• Développement de la théorie des équations : classifications,
solutions par radicaux, solutions numériques approchées,
solutions par intersection de courbes. Polynômes et fractions
rationnelles, calculs (//ceux sur les nombres).

• Problème de la résolution par radicaux : bloque après 4 !


(preuve par Abel c. 1828), ex :X5 - 3X - 1=0

• =>Résoudre par d’autres fonctions que les «radicaux»

• => Trouver et caractériser des classes d’équations résolubles


par radicaux

• =>Comprendre pourquoi cela bloque et quand («théorie de


Galois», groupe d’une équation)

mardi 4 octobre 2011


• Vers les structures (groupes, anneaux et corps) fin 19e s.
Master Mathématiques et applications :
Enseignement et formation.

Histoire des sciences mathématiques 1

Eléments d’histoire de l’analyse 1/2 :


« Calcul différentiel et intégral : sa naissance,
sa diffusion et la question de ses fondements »

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 1


Plan du cours (1/2)
Introduction – lieux de science et circulation des savoirs au XVIIIe siècle :
-  Les lieux de science : les académies
-  Les correspondances
-  Les journaux et périodiques

I. La naissance d’un nouveau calcul


1. Un long héritage...
2. Le calcul fluxionnel newtonien
3. Le calcul différentiel et intégral leibnizien
4. La polémique sur l’invention du nouveau calcul

II. La diffusion et le triomphe du calcul leibnizien


1. Les premiers pas du calcul différentiel et intégral en Europe
2. Son introduction à l’Académie des sciences de Paris
3. Son application à différents problèmes méchaniques
4. L’algorithmisation de la science du mouvement

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 2


Plan du cours (2/2)
III. La question des fondements
1. La résistance de l’Académie royale des sciences de Paris
2. L’Analyste de Berkeley (1734)
3. Le Treatise of Fluxions de Maclaurin (1742)
4. L’article « Calcul différentiel » de D’Alembert dans l’Encyclopédie
5. La Théorie des fonctions analytiques de Lagrange (1797)
6. La synthèse de François-Sylvestre Lacroix (1797-1798)
7. Cauchy et l’effort de rigueur en Analyse

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 3


Introduction (1/3) – Les lieux de science : les académies
  La Royal Society de Londres : existe depuis 1661, elle ne reçoit aucun financement
de la couronne et vit des cotisations de ses membres (qui devinrent fort nombreux).

  L’Académie royale des sciences de Paris :


-  Créée par Colbert en 1666. L’Observatoire de Paris naît en 1667 sous l’impulsion
de l’Académie.
-  Le 20 janvier 1699, Louis XIV lui attribue son premier règlement. Elle reçoit le
titre d’Académie royale et est installée au Louvre. Elle fonctionnera avec ce
règlement jusqu’en 1793, date de sa suppression par la Convention.

  Au XVIIIe siècle, les Académies se multiplient en Europe : l’Académie de Berlin,


créée en 1700 sous l’impulsion de Leibniz, reconnue en 1711 et réorganisée par
Frédéric II en 1744 ; l’Académie de Petersbourg, créée en 1724, accueille de
nombreux savants étrangers (Daniel Bernoulli, Euler) ; l’Académie de Turin (où
Lagrange fait ses débuts), les Académies de Bologne, de Lisbonne, de Göttingen,
d’Edinburgh, etc.
  En France, on assiste de même à la naissance de nombreuses académies en
Province (Montpellier, Lyon, Toulouse, etc.), de l’Académie de Marine de Brest, etc.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 4
Introduction (1/3) – Les lieux de science : les académies

Jean-Baptiste Colbert présentant les membres de l’Académie royale des sciences à


Louis XIV (H. Testelin, d’après une gravure de Lebrun)
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 5
Introduction (2/3) – Les correspondances

Le réseau de correspondance de D’Alembert (1717-1783)


[document réalisé par I. Passeron]
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 6
Introduction (2/3) – Les correspondances

Le réseau de correspondance d’Euler (1707-1783)


[document réalisé par S. Bodenmann]
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 7
Introduction (3/3) – Les journaux et les périodiques
  L’impressionnante masse de travaux scientifiques des académiciens (en particulier) se
traduit par une multiplication des journaux, gazettes, revues et publications périodiques.
  Les périodiques académiques :   Les journaux :

Fondées en 1665, les Les volumes de Le Journal des savants naît en


Philosophical Transactions l’Histoire de l’Académie 1665. Il traite de
correspondent à la première royale des science de mathématiques, de philosophie
revue strictement scientifique. Paris. naturelle, d’histoire, etc.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 8
I. La naissance d’un nouveau calcul

Gottfried Wilhelm Leibniz Isaac Newton


(1646-1716) (1643-1727)

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 9


Un long héritage...
  Le calcul différentiel : détermination des tangentes associées à une courbe donnée.
-  méthodes analytiques de Fermat et Descartes (XVIIe siècle).
-  méthode géométrique d’Isaac Barrow (XVIIe siècle).

  Le calcul intégral : détermination des aires comprises sous une courbe donnée.
-  la méthode d’exhaustion : Eudoxe de Cnide, Euclide, Archimède, Thabit ibn
Qurra, Ibn Al-Haytham...
-  au XVIe siècle, Simon Stevin et Luca Valerio omettent le double raisonnement
par l’absurde, Kepler abandonne les procédés classiques, Cavalieri, Roberval et
Grégoire de Saint-Vincent développent la méthode des indivisibles.
-  les méthodes de quadrature de Fermat et de Pascal au XVIIe siècle.

  La découverte du calcul différentiel et intégral tient également à la constatation que


ces deux calculs forment deux opérations réciproques :
-  Isaac Barrow est le premier à reconnaître ce lien, mais son approche géométrique
l’empêche d’en tirer parti.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 10
Un long héritage...
Gottfried Wilhelm Isaac Newton
  Indépendamment l’un de l’autre, Newton et
Leibniz (1646-1716) (1643-1727)
Leibniz réordonnent et systématisent
l’ensemble de ces résultats.
  Ils inventent des procédés algorithmiques de
calcul facilement utilisables.
  Ils identifient et manipulent le problème des
tangentes comme le problème inverse des
quadratures, et vice-versa.
  La généralité de leurs méthodes va permettre
à l’analyse infinitésimale de devenir une
branche autonome, indépendante de la
géométrie.
  Leurs travaux dans ce domaine ne sont pas
dénués de considérations métaphysiques (dans
le cadre de leurs tentatives de justification du
nouveau calcul)...
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 11
I.1. Le calcul fluxionnel newtonien (1/3)
  Entre 1664 et les années 1690, Newton élabore trois versions du calcul
infinitésimal :
1669 – Il communique son De analysi per aequationes numero terminorum infinitas
à quelques mathématiciens anglais (mais ne le publiera pas avant 1711)
Il y énonce trois règles :

Règle 1 :

Règle 2 :

Règle 3 :

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 12


I.1. Le calcul fluxionnel newtonien (2/3)
1670-1671 – Rédaction du De methodis serierum et fluxionum (publié en 1736 !)
Newton définit un algorithme de calcul d’inspiration cinématique :
•  cet algorithme s’applique à des quantités qui « fluent » au cours du
temps (le mouvement d’un point génère une ligne, celui d’une ligne une
surface, etc.)
•  les quantités générées par ce mouvement sont appelées les « fluentes »
•  les vitesses instantanées correspondantes sont appelées « fluxions »
•  les « moments » correspondent aux incréments infiniment petits par
lesquels les quantités augmentent au cours de chaque intervalle
infinitésimal de temps.

avec o un intervalle infinitésimal de temps (notations


introduites par Newton dans le courant des années 1690).

1670-1671 – Dans le courant des années 1670, Newton prend ses distances avec la
« nouvelle analyse » et abandonne le calcul des fluxions « analytique »
au profit d’une géométrie des fluxions sans infiniment petits.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 13
I.1. Le calcul fluxionnel newtonien (3/3)
1680 (env.) – Newton compose le Geometrica curvilinea
Il y introduit la méthode des « première et dernières raisons » et
propose, grâce à elle, une reformulation du calcul des fluxions. Les
Notion de quantités considérées sont géométriques et ne sont plus infinitésimales.
limite d’un
rapport de
deux
quantités

1687 – Publication des Principia mathematica philosophiae naturalis


Les Principia contiennent un exposé du calcul des fluxions (le premier
à être publié par Newton !) proche de celui du Geometrica curvilinea.
1691-1692 – Rédaction du De quadratura curvarum (publié en 1704)
Le traité contient une version analytique du calcul exposé dans le
Geometrica curvilinea et les Principia.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 14
I.2. Le calcul différentiel et intégral leibnizien (1/2)

-  Texte court, elliptique et confus (publié à la hâte


  « Nova Methodus pro par crainte d’une indélicatesse de Tschirnhaus)
maximis et minimis, itemque -  Introduction de la différentielle (« differentia »)
tangentibus, quae nec fractas, et de sa notation
nec irrationales quantitates
moratur, et singulare pro illis -  Enoncé des principales règles de la différentiation
calculi genus », Acta -  Introduction du quotient dy/dx pour exprimer la
Eruditorum, octobre 1684. pente de la tangente en un point d’une courbe.

-  Le mémoire traite du problème des quadratures


-  Il est inspiré d’un mémoire de John Craig
  « De geometria recondita
consacré aux quadratures et utilisant la notation
et analysi indivisibilium
atque infinitorum », Acta différentielle introduite par Leibniz en 1684
Eruditorum, juin 1686. -  Leibniz y introduit le symbole d’intégration et
définit les opération de « sommation » et de
« différentiation » l’une par rapport à l’autre.

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 15


I.2. Le calcul différentiel et intégral leibnizien (2/2)

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 16


I.3. La polémique sur l’invention du nouveau calcul
  La querelle est initiée par Nicolas Fatio de Duillier, proche de Newton, dans son
Linea brevissimi descensus investigatio geometrica (1699) :
« Convaincu par l’évidence des faits, je reconnais que Newton fut le premier et de
plusieurs années le plus ancien inventeur de ce calcul. »

  Excessivement longue et violente, elle implique de nombreux proches des deux


savants et gagne le terrain des mathématiques en 1713, suite à l’implication de Jean
Bernoulli par Leibniz, qui répondait lui même à une accusation de plagiat émanant de
John Keill, proche de Newton (en 1711).
  Un comité de la Royal Society est nommé pour arbitrer la dispute. Il tranche en
faveur de Newton, qui préside l’institution depuis 1703 et rédige lui-même le
compte-rendu (publié de façon anonyme en 1715) :
« Il faut […] qu’il [Leinitz] renonce au droit qu’il prétend avoir à la méthode
différentielle de M. Newton en tant que second inventeur : les seconds inventeurs
n’ont pas de droit ».
  Elle finit par prendre des accents nationalistes, s’élargit aux newtoniens s’opposant
au leibniziens puis aux Britanniques contre les Continentaux…
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 17
II. La diffusion du calcul leibnizien
Gottfried Wilhelm Jean I Bernoulli
Leibniz (1646-1716) (1667-1748)

Jacques Bernoulli
(1654-1705)

Guillaume de
l’Hospital Pierre Varignon
(1661-1704) (1654-1722)

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 18


II.1. Les premiers pas du calcul différentiel et intégral en Europe
  Dans une lettre du 15 décembre 1687, Jacques Bernoulli
demande des précisions à Leibniz sur son nouveau calcul.
  Leibniz, en voyage en Allemagne, en Autriche et en Italie,
met trois ans à répondre... Jacques Bernoulli, de même que
son frère Jean, s’initient donc seuls entre 1687 et 1690.

Jacques Bernoulli Jean I Bernoulli


(1654-1705) (1667-1748)

  En contact étroit, Leibniz, Jacques et Jean Bernoulli


appliquent le nouveau calcul à différents problèmes lancés
sous forme de défis (d’abord aux cartésiens par Leibniz,
puis à la communauté savante en général par l’un des trois
géomètres).
  Les trois savants sont rejoints par le Marquis Guillaume
de l’Hospital après son initiation au nouveau calcul par
Jean Bernoulli à l’occasion du voyage de ce dernier à Paris
à l’hiver 1691-1692.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 19
II.2. L’introduction du calcul à l’Académie royale des sciences de Paris
  Guillaume de l’Hospital entre à l’Académie des sciences de
Paris en juin 1693. En mai et août 1693, puis en juin 1694, il
soumet trois mémoires utilisant – sans les détailler – les
méthodes du calcul leibnizien.
  En juin, juillet, septembre et novembre 1695, Pierre de
Varignon fait la lecture de quatre mémoires utilisant le nouveau
calcul.

Pierre Varignon
  En juin 1696, Guillaume de l’Hospital (1654-1722)
publie le premier traité de calcul
différentiel : l’Analyse des infiniment petits
pour l’intelligence des lignes courbes.
  Suite à cette parution, Sauveur présente
le même mois le nouveau calcul devant
l’Académie.
Guillaume de l’Hospital
(1661-1704)
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 20
II.3. Le nouveau calcul appliqué à des problèmes méchaniques
  A partir des années 1690, les rares savants initiés au nouveau calcul (Leibniz, Jean
Bernoulli, Jacques Bernoulli, Guillaume de l’Hospital et Varignon) se soumettent
différents problèmes sous forme de défis par l’intermédiaire de journaux, de
périodiques, ou dans le cadre de leur correspondance (Huygens y participe aussi le plus
souvent, mais sans utiliser le calcul différentiel et intégral, auquel il reste réfractaire).

  Une large part de ces problèmes a pour objet la détermination de trajectoires décrites,
sous certaines conditions, par des corps en mouvement :
-  le problème de la courbe isochrone : détermination de l’équation de la courbe
suivie par un corps décrivant des espaces égaux en des temps égaux.
-  le problème de la courbe brachystochrone : détermination de l’équation de la
courbe décrite entre deux points dans le temps le plus bref par un corps soumis à
la pesanteur.
-  le problème de la caténaire ou de la « chaînette » : détermination de la courbe
formée par un fil suspendu à ses extrémités et soumis à la pesanteur (donc à son
propre poids, réparti de façon uniforme).
-  le problème de la tractrice (courbes aux tangentes égales), etc.

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 21


II.3. Le nouveau calcul appliqué à des problèmes méchaniques
Le problème de la courbe isochrone
  En septembre 1687, Leibniz lance un défi aux cartésiens :
« Trouver une ligne de descente, dans laquelle le corps pesant descend uniformé-
ment, et approche également l’horizon en temps égaux. L’Analyse de Messieurs les
cartésiens le donnera peut-être aisément. »
(Nouvelles de la République des Lettres, 1687, p. 956)

  Octobre 1687 : publication d’une première


solution par Christiaan Huygens ne faisant
pas usage du calcul différentiel et intégral.
  Avril 1689 : Leibniz publie sa solution
mais n’y a pas explicitement recours au
nouveau calcul.
Solutions en deux parties :
  Mai 1690 : solution de Jacques Bernoulli -  1ère partie : le problème physique est
(1ère apparition du terme « intégration ») ramené à un problème de géométrie
-  2e partie : résolution de ce problème
  1690 [?] : solution de Jean Bernoulli grâce au calcul différentiel et intégral.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 22
II.3. Le nouveau calcul appliqué à des problèmes méchaniques
Le problème de la courbe brachystochrone
  En juin 1696, Jean Bernoulli lance un nouveau défi :
« Datis in plano verticali duobos punctis A et B, assignaremobili M viam AMB, per
quam gravitate sua descendens, et moveri incipiens a puncto A, brevissimo tempore
perveniat ad alterum punctum B. »
(Acta Eruditorum, juin 1696, p. 269)

  Dans sa lettre du 16 juin 1696, Leibniz fait parvenir une


solution à Jean Bernoulli.
  Publication des solutions de Jacques Bernoulli, Jean
Bernoulli et Guillaume de l’Hospital dans le numéro de
mai 1697 des Acta Eruditorum.
  Toujours des solutions obtenues en deux étapes :
-  1ère étape : le problème physique est ramené à un La courbe cherchée
problème de géométrie est un arc de
-  2e étape : résolution de ce problème grâce au cycloïde…
calcul différentiel et intégral.
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 23
II.4. L’algorithmisation de la science du mouvement
  Dans deux mémoires présentés les 5 juillet et 6 septembre 1698, Pierre Varignon
élabore le concept de « vitesse dans chaque instant » :

(Registres manuscrits des procès-verbaux de l’Académie royale des


sciences de Paris, t. 17, f. 298 v° - 299 r. [« 1er mémoire »])

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 24


II.4. L’algorithmisation de la science du mouvement
  Le 30 janvier 1700, Varignon présente un nouveau mémoire intitulé « Manière
générale de déterminer les forces, les vitesses, les espaces, et les temps… ».

  Il y traite de la question des forces centrales introduites par Newton dans ses
Principia (1687) et de l’accroissement de vitesse (i.e. de l’accélération) qu’elles
produisent :

(Histoire et mémoires de l’Académie royale des sciences. Partie mémoires,


année 1700 (1703), p. 23.)
  Varignon se repose, ce faisant, sur les concepts physiques de vitesse et
d’accélération instantanés introduits par Newton dans ses Principia.
Il traduit, en quelque sorte, la physique newtonienne en langage leibnizien !
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 25
III. La question des fondements

Georges Berkeley Jean Le Rond


(1685-1753) D’Alembert
Augustin-Louis Cauchy
(1717-1783)
(1789-1857)

Colin Maclaurin
(1698-1746) Joseph-Louis Lagrange
(1736-1813)

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 26


III.1. La résistance de l’Académie de Paris à l’introduction du nouveau calcul

  En février 1697, Philippe de La Hire (1640-1718) présente un court mémoire


intitulé « Remarque sur l’usage qu’on doit faire de quelques suppositions dans la
méthode des infiniment petits » :
-  sans précautions, la « méthode des infinis » peut conduire à des erreurs
-  la « géométrie ordinaire » (ou « géométrie des anciens ») demeure un garde
fou nécessaire.

  D’autres savants partagent les doutes de Philippe de La Hire, en particulier


l’abbé Bignon, le père Gouye, l’abbé Gallois et Michel Rolle.

  Le 6 août 1697, Varignon écrit à Jean Bernoulli :


« M. le Marquis de l’Hospital est encore à la campagne de sorte que je me
trouve seul ici chargé de la défense des infiniment petits, dont je suis le
vray martyr tant j’ay desja soutenu d’assauts pour eux contre certains
mathématiciens du vieux stile, qui chagrins de voir que par ce calcul les
jeunes gens les attrapent et même les passent, font tout ce qu’ils peuvent
pour la décrier, sans qu’on puisse obtenir d’eux d’écrire contre ».
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 27
III.1. La résistance de l’Académie de Paris à l’introduction du nouveau calcul
  Le 17 juillet 1700, le débat débute avec la lecture d’un mémoire de Michel Rolle
critiquant le manque de rigueur des concepts et principes fondamentaux du calcul
différentiel et intégral leibnizien.
  En l’absence du Guillaume de l’Hospital, Pierre Varignon prend la défense du
nouveau calcul et répond à Rolle dans un mémoire présenté les 7 et 11 août 1700.
  Dans quatre autres mémoires, Michel Rolle tente de montrer, à partir de l’étude
de plusieurs exemples de courbes, que le nouveau calcul conduit à l’erreur…

Registres
manuscrits des
procès-verbaux
de l’Académie
royale des
sciences de
Paris, t. 20, f.
183 r° - v°
(séance du 21
mai 1700)

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 28


III.1. La résistance de l’Académie de Paris à l’introduction du nouveau calcul
  Les trois difficultés soulevées par Michel Rolle contre le nouveau calcul dans son
premier mémoire du 17 juillet1700 (d’après la réponse de Varignon) :
  « Difficulté I. Si en geometrie il y a des infiniment grands, infinis les uns des
autres ; et des infiniment petits, infiniment les uns des autres ».
« L’Analyse ordinaire ne traite que des grandeurs finies : celle-ci pénètre jusques
dans l’infini même. Elle compare les différences infiniment petites des grandeurs
finies ; elle découvre les rapports de ces différences : et par là elle fait connoitre
ceux des grandeurs finies qui comparées avec ces infiniment petits sont comme
autant d’infinis. On peut même dire que cette Analyse s’étend au-delà de l’infini :
car elle ne se borne pas aux différences infiniment petites ; mais elle découvre les
rapports des différences de ces différences, ceux encore des différences troisiemes,
quatriemes, et ainsi de suite, sans trouver jamais de terme qui la puisse arrêter. De
sorte qu’elle n’embrasse pas seulement l’infini ; mais l’infini de l’infini, ou une
infinité d’infinis. »
(Guillaume de l’Hospital, Analyse des infiniment petits, préface, p. 1-2)

  « Difficulté II. Si une grandeur plus ou moins sa différentielle, peut estre


prise pour egale a cette même grandeur ».
  « Difficulté III. Si les différentielles sont des zéros absolus ».
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 29
III.2. L’Analyste de George Berkeley (1734)
  Dans l’Analyste (1734), George Berkeley reprend l’essentiel des
critiques de Michel Rolle concernant le manque de rigueur, mais vise
à la fois le calcul fluxionnel de Newton et le calcul leibnizien :
« Je ne discute en rien vos conclusions, mais seulement votre logique
et votre méthode. Comment démontrez-vous ? De quel objet vous
occupez-vous et les concevez-vous clairement ? Avec quels principes
progressez-vous ? Quel en est la validité ? Et comment les mettez-
vous en œuvre ?
Georges Berkeley
[…] (1685-1753)
En vérité, on doit reconnaître que les mathématiciens modernes ne considèrent pas ces
points [les fluxions et les infinitésimaux] comme des mystères, mais comme conçus
clairement et maîtrisés par leurs esprits étendus. Ils n’hésitent pas à dire qu’à l’aide de
cette nouvelle analyse, ils peuvent pénétrer jusque dans l’infini lui-même, qu’ils peuvent
même étendre leurs vues au-delà de l’infini.
[…]
J’admets qu’on puisse créer des signes pour dénoter quelque chose ou rien ; et que, par
conséquent, dans l’expression primitive x + o, o a pu représenter, soit un incrément, soit
rien. Mais alors, quoi que vous lui fassiez représenter, vous devez raisonner en
conformités avec notre convention et ne jamais recourir à une ambiguïté. »
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 30
III.3. Le Treatise of Fluxions de Maclaurin (1742)
  Dès la parution de l’Analyste, de nombreux mathématiciens choqués répondent aux
attaques de Berkeley. Parmi eux, James Jurin, John Walton et Benjamin Robins.
  Maclaurin décide également de répondre en rédigeant un ouvrage identifiant et
démontrant rigoureusement les fondements du calcul des fluxions :
« C’est pourquoi, dès que cette pièce [l’Analyste] fut tombée entre mes mains, (et
avant que j’eus connaissance des Ouvrages que d’autres avoient entrepris pour la
réfuter), je formai le dessein de démontrer ce élémens à la manière des Anciens, et
de ne les appuyer que sur un petit nombre de principes incontestables, par les
démonstrations les plus rigoureuses. »
(Traité des fluxions, trad. par le Père Pézenas,1749, préface, p. ix.)

  Le Treatise of Fluxions de Maclaurin paraît en 1742.

  Premier Livre : « Sur les Fluxions


des Grandeurs Géométriques »
  Second Livre : « Sur le calcul dans
la méthode des fluxions » Colin Maclaurin
(1698-1746)
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 31
III.4. L’article « Calcul différentiel » de D’Alembert dans l’Encyclopédie

« M. Newton […] n'a jamais regardé le calcul différentiel


comme le calcul des quantités infiniment petites, mais comme
la méthode des premieres & dernieres raisons, c'est-à-dire la
méthode de trouver les limites des rapports. Aussi cet illustre
auteur n’a-t-il jamais différentié des quantités, mais seulement
des équations ; parce que toute équation renferme un rapport
entre deux variables, & que la différentiation des équations ne
consiste qu'à trouver les limites du rapport entre les différences
finies des deux variables que l'équation renferme. Jean Le Rond
[…] D’Alembert
(1717-1783)
Quand une fois on l’aura bien comprise, on sentira que la supposition que l'on y fait
de quantités infiniment petites, n'est que pour abréger & simplifier les raisonne-
mens ; mais que dans le fond le calcul différentiel ne suppose point nécessairement
l'existence de ces quantités ; que ce calcul ne consiste qu'à déterminer algébrique-
ment la limite d'un rapport de laquelle on a déjà l'expression en lignes, & à égaler ces
deux limites, ce qui fait trouver une des lignes que l'on cherche. Cette définition est
peut-être la plus précise & la plus nette qu'on puisse donner du calcul différentiel. »
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 32
III.5. La Théorie des fonctions analytiques de Lagrange (1797)
  Dans sa Théorie des fonctions analytiques, publiée en 1797,
Lagrange tente de fonder le calcul différentiel et intégral sur la
base d’une approche radicalement différentes celles de Leibniz,
Newton et Maclaurin, D’Alembert et Euler...

... réduire le calcul différentiel et intégral à l’algèbre


en se dégageant, comme l’indique le titre complet de
l’ouvrage, « de toute considération d’infiniment petits
Joseph-Louis Lagrange
ou d’évanouissants, de limites ou de fluxions ». (1736-1813)

  Il évacue les notions de limite et d’infiniment petit pour ne conserver que celles de
fonction (« continue », dans le sens qu’Euler donne à ce terme) et de séries entières.

  Pour Lagrange, tout fonction d’une variable x considérée en x+i au lieu de x (avec
i quantité quelconque) peut être développée en une série entière

dans laquelle les coefficients p, q, r... sont de nouvelles fonctions de x, dérivées de


la fonction f(x) et indépendantes de i (il s’agit de la formule de Taylor...).
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 33
III.6. La synthèse de François-Sylvestre Lacroix (1797-1798)
  L’approche de Lagrange n’est pas rigoureuse car elle ne permet pas, en l’absence de
la notion de limite, de démontrer la convergence des séries.
  Les analystes du XIXe siècle rejetteront le développement en séries de Taylor
comme fondement du calcul différentiel et intégral, mais reconnaîtront néanmoins la
pertinence de l’approche de Lagrange en ce qu’elle :
-  aura permis, dans la droite ligne d’Euler, à faire de la fonction le concept
central de l’analyse,
-  constitue un tournant théorique dans la recherche de fondements rigoureux.

  Autre signe d’un désir partagé de fonder le calcul différentiel et intégral : la


parution en trois volumes, en 1797 et 1798, du Traité du calcul différentiel et du
calcul intégral de François-Sylvestre Lacroix, qui rassemble une synthèse très
complète des travaux des savants du XVIIIe siècle dans le domaine de l’Analyse...

Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 34


III.7. Cauchy et l’effort de rigueur en analyse
  Le mathématicien tchèque Bernard Balzano (1781-1848) est le premier à donner une
définition claire des des notions de base du calcul différentiel et intégral (la limite, la
continuité d’une fonction, sa dérivabilité et le lien entre continuité et dérivabilité), mais
ses travaux passent inaperçus...
  Dans son Cours d’analyse (1821), son Résumé des leçons sur le calcul infinitésimal
(1823) et ses Leçons sur le calcul différentiel et intégral (1829), Cauchy fonde le calcul
différentiel et intégral sur la notion de limite, dont il fait un concept arithmétique :
« Lorsque les valeurs successivement attribuées à un même
variable s’approchent indéfiniment d’une valeur fixe, de
manière à finir par en différer aussi peut que l’on voudra,
cette dernière est appelée la limite de toutes les autres ».

  Il définit en terme de limites les notions d’infiniment petit (suite


convergente ayant zéro pour limite), de continuité, de dérivée
d’une fonction continue (limite du taux d’accroissement), mais
n’explicite pas le lien entre continuité et dérivabilité.
  La notion de limite lui permet également de donner une Augustin-Louis Cauchy
première définition précise de l’intégrale... (1789-1857)
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 35
III.7. Cauchy et l’effort de rigueur en Analyse
  Cauchy adopte, pour ce faire, l’approche leibnizienne consistant à interpréter l’aire
sous une courbe comme une somme de rectangles. Soit une fonction f définie et
continue sur un intervalle [x0, X], il subdivise l’intervalle en n sous-intervalles x1-x0,
x2-x1, ..., X-xn-1 et démontre que la limite de la somme

lorsque la longueur du plus grand sous-intervalle tend vers zéro existe si la fonction f
est continue sur l’intervalle [x0, X] : « cette limite est ce que l’on appelle une intégrale
définie ».
  Cauchy se penche également sur la question de la convergence des
séries : « Avant d’effectuer la sommation d’aucune série, j’ai dû
examiner dans quels cas les séries peuvent être sommées, ou, en
d’autres termes, quelles sont les définitions de leur convergence ; et
j’ai à ce sujet établi des règles générales qui me paraissent mériter
quelques attentions » (Cours d’analyse, 1821, Introduction, p. v).
  Cet effort de rigueur sera poussé à son terme par le mathématicien
allemand Karl Weierstrass, qui donne notamment une définition en Karl Weierstrass
termes « de deltas et d’epsilons » de la notions de limite. (1815-1897)
Le mardi 8 novembre 2011 Master Enseignement 36
Master Mathématiques et applications :
Enseignement et formation.

Histoire des sciences mathématiques 1

Eléments d’histoire de l’analyse 2/2 :


« L’histoire du concept de fonction au
XVIIIe siècle et le problème des cordes
vibrantes »

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 1


Plan du cours (1/2)
Introduction : -  l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1772)
-  la question de l’organisation des savoirs mathématiques
-  mathématiques pures et mathématiques mixtes.

I. Emergence et premières définitions du concept de fonction


1. L’émergence de la notion de fonction (XVIIe et première moitié du XVIIIe siècles)
2. Les définitions eulériennes du concept de fonction (1748 et 1755)
II. La querelle des cordes vibrantes
1. La naissance du calcul différentiel et intégral de fonctions de plusieurs variables
2. Le problème des cordes vibrantes : mise en équation moderne du problème
3. Le problème des cordes vibrantes avant D’Alembert (1ère moitié du XVIIIe siècle).
4. Le mémoire de D’Alembert de 1747
5. La polémique entre D’Alembert et Euler sur la question des solutions admissibles
6. Daniel Bernoulli et la question du développement en séries trigonométriques
Conclusion : la naissance de l’analyse harmonique
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 2
Introduction (1/3) – L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765)

« Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la


surface de la terre; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous
vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous; afin que les
travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succèderont ;
que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et
plus heureux; et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre
humain. » (Diderot, article ENCYCLOPÉDIE)

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 3


Introduction (1/3) – L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765)
  D’Alembert, art. GÉOMÈTRE, t. VII (celui de l’art. GENÈVE et de l’interdiction) :
« Faites naître, s'il est possible, des géometres parmi ces
peuples ; c'est une semence qui produira des
philosophes avec le tems, & presque sans qu'on s'en
aperçoive. L'orthodoxie la plus délicate & la plus
scrupuleuse n'a rien à démêler avec la Géométrie. Ceux
qui croiroient avoir intérêt de tenir les esprits dans les
ténebres, fussent-ils assez prévoyans pour pressentir la
suite des progrès de cette science, manqueroient
toûjours de prétexte pour l'empêcher de se répandre.
Bientôt l'étude de la Géométrie conduira à celle de la
méchanique ; celle-ci menera comme d'elle-même &
sans obstacle, à l'étude de la saine Physique ; & enfin la
saine Physique à la vraie Philosophie, qui par la lumiere
générale & prompte qu'elle répandra, sera bientôt plus
puissante que tous les efforts de la superstition; car ces
efforts, quelque grands qu'ils soient, deviennent inutiles
dès qu'une fois la nation est éclairée. »
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 4
Introduction (1/3) – L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765)
  1745 – Association de libraires pour traduire la Cyclopaedia or an Universal
dictionary of arts and sciences d'Ephraim Chambers (2 vol., 1728). Gua de Malves,
académicien, organise le travail.
  1747 – Diderot et D’Alembert remplacent Gua de Malves et mettent en place un
projet plus ambitieux (35 volumes au final, dont 17 de textes)
  1749 – Diderot emprisonné à Vincennes (suite à la parution de sa Lettre aux
aveugles), puis libéré.
  1751 – Parution du premier tome contenant le Discours préliminaire de
D’Alembert ainsi que le « Système figuré des connaissances humaines ».
  1752 – Violentes attaques des jésuites et des jansénistes suivies d’un arrêt du
conseil d’Etat. La publication reprend cependant.
  1759 – Après une violente campagne, nouvelle interdiction (définitive), suivie
d’une condamnation papale.
  1765 – Parution des dix derniers volumes de textes, sans privilège et sous une
adresse étrangère (+ onze volumes de planches publiés entre 1765 et 1772).
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 5
Introduction (1/3) – L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765)

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 6


Introduction (2/3) – L’organisation des savoirs mathématiques

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 7


Introduction (3/3) – Mathématiques pures et mathématiques mixtes
  D’Alembert, art. MATHÉMATIQUE OU MATHÉMATIQUES (Encyclopédie, t. X,
1765) :

« Les Mathématiques se divisent en deux classes ; la première, qu’on appelle Mathé-


matiques pures, considère les propriétés de la grandeur d’une manière abstraite : or la
grandeur sous ce point de vue, est ou calculable, ou mesurable ; dans le premier cas,
elle est représentée par des nombres, dans le second, par l’étendue ; dans le premier
cas les Mathématiques pures s’appellent Arithmétique, dans le second Géométrie. […]
La seconde classe s’appelle Mathématiques mixtes ; elle a pour objet les propriétés de
la grandeur concrette, en tant qu’elle est mesurable ou calculable ; nous disons de la
grandeur concrette, c’est-à-dire de la grandeur envisagée dans certains corps ou sujets
particuliers. […] Du nombre des Mathématiques mixtes sont la Méchanique, l’Opti-
que, l’Astronomie, la Géographie, la Chronologie, l’Architecture militaire, l’Hydro-
statique, l’Hydraulique, l’Hydrographie ou Navigation, &c. »

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 8


I.1. L’émergence de la notion de fonction
  A la fin de la 1ère moitié du XVIIe siècle, Fermat et Descartes appliquent l’algèbre à
la géométrie et introduisent une relation de fonctionnalité par l’intermédiaire des
équations algébriques :
  Fermat, dans son Ad locos et solidos isagoge (écrit en 1637, publié en 1679) :
« Aussitôt que deux quantités inconnues apparaissent dans une ultime égalité,
il y a un lieu et le point terminal de l’une des deux quantités décrit une ligne
droite ou courbe. »

  Descartes, dans sa Géométrie (1737) :


« Prenant successivement infinies diverses grandeurs pour la ligne y, on en
trouvera aussi infinies pour la ligne x, et ainsi, on aura une infinité de divers
points tels que celui qui est marqué C, par le moyen desquels on décrit la ligne
courbe demandée. »
-  Descartes fait pour la première fois le lien entre une équation en x et y et la
dépendance entre deux quantités variables.
-  Il restreint cette relation fonctionnelle aux courbes « géométriques » (c’est-
à-dire algébriques) et en exclut donc les courbes « méchaniques » (c’est-à-
dire transcendantes).
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 9
I.1. L’émergence de la notion de fonction.
  A la fin du XVIIe siècle, la notion de fonction en tant qu’objet mathématique n’est
pas encore isolée. Il faudra, de fait, attendre le milieu du XVIIIe pour en avoir une
première définition.
  Néanmoins, l’introduction de la méthode de développement en séries entières (par
Mengoli, Mercator et Newton) va permettre de représenter analytiquement les
courbes transcendantes laissées de côté par Descartes :
-  Dans le Logarithmotechnia (1668), Nicolas Mercator parvient à calculer l’aire
sous l’hyperbole grâce à la réduction en série géométrique de 1/(1+x) puis à son
intégration terme à terme.
-  Isaac Newton obtient le développement en séries entières des fonctions sinus,
cosinus, des fonctions trigonométriques inverses, etc.

  De nouvelles courbes transcendantes sont ainsi découvertes et leur étude se


popularise.

  Leibniz, qui développera une dizaine d’années plus tard le calcul différentiel et
intégral à partir de la géométrie des courbes, introduit pour la première fois le terme
de « fonction » dans un manuscrit d’août 1673, non publié et intitulé « la Méthode
inverse des tangentes ou à propos des fonctions ».
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 10
I.1. L’émergence de la notion de fonction
  L’introduction du calcul différentiel et intégral par Leibniz et Newton va donner
une place prépondérante au problème de recherche des lois de variations de quantités
inconnues, permettant ainsi à la relation de fonctionnalité de devenir un objet
mathématique à part entière.

  En 1718, suite à une correspondance nourrie avec Leibniz, Jean Bernoulli donne
une première définition de la notion de fonction :
« On appelle fonction d’une grandeur variable une quantité composée de
quelques manières que ce soit de cette grandeur variable et de constantes. »

  Cette définition ouvre la voie à celle donnée par Euler quelques trente années plus
tard…

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 11


I.2. Les définitions eulériennes de la notion de fonction (1748, 1755)
  Dans son Introductio in analysin infinitorum, publié en 1748, définit la fonction
comme :
« une expression analytique composée d’une manière quelconque de
cette quantité variable et de nombres ou de quantités constantes. »
  Le terme « analytique » désigne ici une expression obtenue à partir d’une
combinaison d’opérations et de modes de calcul connus (opérations algébriques
usuelles, exponentielle, logarithme, passage d’un arc à ses lignes trigonométriques),
certaines de ces opérations pouvant être itérées un nombre infini de fois.
  Partant de là, Euler établit une classification des fonctions sur la base des opérations
et modes de calcul utilisés :
« Je les ai d’abord divisées en algébriques et transcendantes. Les premières
sont composées de quantités variables combinées entre elles par les opérations
ordinaires de l’algèbre, et les secondes dépendent d’autres opérations ou des
mêmes combinaisons que les précédentes, mais répétées une infinité de fois ».
  Il considère que toute fonction peut être développée en série.
  Dans son application du concept de fonction à la géométrie, il distingue les fonctions
« continues » (une seule expression analytique !) des fonctions « discontinues »…
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 12
I.2. Les définitions eulériennes de la notion de fonction (1748, 1755)

Extrait de l’Introductio in
analysin infinitorum
d’Euler (1748)

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 13


I.2. Les définitions eulériennes de la notion de fonction (1748, 1755)
  Dans ses Institutiones calculi differentialis, publiés en 1755, Euler fait état d’une
évolution significative de sa définition de la notion de fonction :

« Si des quantités dépendent d’autres quantités de telle manière que si les


autres changent, ces quantités changent aussi, alors on a l’habitude de nommer
ces quantités fonctions de ces dernières ; cette dénomination a la plus grande
étendue et contient en elle-même toutes les manières par lesquelles une quantité
peut être déterminée par d’autres. Si, par conséquent, x désigne une quantité
variable, alors toutes les autres quantités qui dépendent de x de n’importe
quelle manière, ou qui sont déterminées par x, sont appelées fonctions de x ».

Comment s’explique cette évolution de la définition


eulérienne du concept ?...

Leonhard Euler
(1707-1783)
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 14
II.1. La naissance du calcul différentiel et intégral de fonctions de plusieurs variables
  La naissance du calcul différentiel et intégral de fonctions de plusieurs variables
résulte d’un processus entamé à la fin du XVIIe siècle par les recherches de Leibniz,
Jean I, Jacques I et Nicolas Bernoulli sur les familles de courbes dépendant d’un
paramètre.
  Le travail est continué par Euler qui, dans deux mémoires présentés en 1734 devant
l’Académie de Pétersbourg (et publiés en 1740), parvient à la formulation d’un critère
(dit « critère d’Euler ») assurant l’équivalence entre une équation aux différences
partielles (EDP) du 1er ordre et la « différentielle complète » associée :

est une
« différentielle complète »…
… c’est-à-dire telle qu’il existe une fonction
y(x,t) vérifiant :

  Clairaut est le premier à en faire usage dans le cadre d’une application à un problème
physico-mathématique. Fontaine et lui retrouveront ce critère de façon indépendante
d’Euler à la fin des années 1730.
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 15
II.1. La naissance du calcul différentiel et intégral de fonctions de plusieurs variables
  Dans la foulée, D’Alembert généralise l’application du calcul
différentiel et intégral de fonctions de plusieurs variables à la mise
en équation de phénomènes physiques en « mathématisant » les
milieux continus : problèmes des « cordes vibrantes » et de
l’élasticité, écoulements (mécanique des solides) et résistance des
fluides (mécaniques des fluides / hydrodynamique).

  Il s’attaque conjointement à la question de l’intégration des EDP


obtenues en tenant compte des caractéristiques physiques des Jean Le Rond
problèmes étudiés (conditions initiales et conditions aux limites) : il D’Alembert
est, en cela, considéré comme le fondateur de la théorie des EDP. (1717-1783)

  Avec D’Alembert, Euler, Lagrange, Laplace, Condorcet, Monge contribueront au


développement de la théorie des EDP dans la seconde moitié du XVIIIe siècle en
suivant des diverses approches : géométrique, physico-mathématique ou purement
mathématiques (étude de classes d’EDP).
  Ces travaux seront à l’origine de nombreuses discussions et questionnements sur la
notion de fonction : définition de la notion, « continuité », développement en séries
polynomiales et trigonométriques, sauts de courbure, etc.
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 16
II.2. Le problème des cordes vibrantes : méthode moderne de mise en équation
Problème : équation du mouvement longitudinal d’une corde d’amplitude y(x,t), de
masse linéique µ, de longueur l, fixe en ses deux extrémités A et B (dans l’hypothèse
de petites vibrations et en négligeant la force de pesanteur)

Soient : -  dx un élément infinitésimal de cette corde,


-  T(x,t) le module de la force de tension au point (x,y(x,t)) à l’instant t (force
exercée par la partie droite de la corde sur la celle de gauche),
-  et α(x,t) l’angle entre la
force de module T(x,t) et
l’axe horizontal

  Hypothèse des petites


vibrations (α <<1) :

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 17


II.3. Le problème des cordes vibrantes : méthode moderne de mise en équation
  L’application du principe fondamental de la dynamique à l’élément dx (de masse
µdx) donne :
  Suivant l’axe des x :

d’où l’on déduit que :


  Suivant l’axe des y :

c’est-à-dire, sachant que :

  L’excursion y(x,t) de la corde vérifie donc l’équation :

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 18


II.3. Le problème des cordes vibrantes avant D’Alembert
  Le problème des cordes vibrantes est abordé au début du XVIIIe siècle.
  Jusqu’en 1713, les recherches concernent essentiellement le calcul du temps de
vibration d’une corde tendue fixe entre deux extrémités.
  En 1713, Brook Taylor (1685-1731) publie un mémoire intitulé « De motu nervi
tensi » (dans les Philosophical Transactions) dans lequel il est le premier à tenter de
déterminer la courbe que forme une telle corde au cours de ses oscillations :
-  il utilise, pour cela, le calcul différentiel et intégral (mais ne manipule encore
que des fonctions d’une variable)
-  il conclut que la corde forme une sinusoïde (la « compagne de la cycloïde ») à
chaque instant.
  Le problème des cordes vibrantes est ensuite abordé par Jean Bernoulli et Euler
sans qu’ils ne parviennent à l’équation générale du mouvement.
  D’autres problèmes lié à celui des cordes vibrantes font également l’objet de
recherches mathématiques : le problème de la courbe élastique, le problème des
lames vibrantes, le problème d’une corde chargée de poids suspendue par l’une de ses
extrémités, etc.
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 19
II.4. Le problème des cordes vibrantes : le mémoire de D’Alembert de 1747
  Dans le volume de l’Histoire de l’Académie des sciences et belles-lettres de Berlin
pour l’année 1747, D’Alembert publie un mémoire intitulé « Recherches sur la
courbe que forme une corde tendue mise en vibration », dans lequel :

  Il établit l’« équation aux dérivées partielles » gouvernant le mouvement de la


corde (avec y(x,t) l’excursion du point de la corde d’abscisse x à l’instant t) :

ou en posant

  Il parvient à l’expression générale de la solution en utilisant notamment le


« critère d’Euler » :
et
  Il pose :
pdt+qdx est une « différentielle
complète » (exacte)

  Puis : pdx+qdt est une « différentielle


complète » (exacte)
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 20
II.4. Le problème des cordes vibrantes : le mémoire de D’Alembert de 1747
  Il parvient ainsi à un système de deux « différentielles complètes » :
p +q fonction de x + t
p – q fonction de x – t
d’où il déduit l’expression générale de la solution au problème :

  Il considère deux types de conditions initiales… et montre que y(x,t) est alors
(+ fixité des extrémités en A et en B) : complètement déterminée :

-  corde en position rectiligne (position d’équilibre) par la courbe de la vitesse


et vitesse non nulle : « corde frappée » initiale de la corde

-  corde écartée de sa position d’équilibre et vitesse par la courbe de la position


nulle : « corde pincée » initiale de la corde

- cas mixtes
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 21
II.4. Le problème des cordes vibrantes : le mémoire de D’Alembert de 1747
  Dans les deux cas (corde « pincée » ou « frappée » respectivement), les
conditions initiales et les conditions aux limites (fixité des extrémités en A et B)
imposent que la « courbe génératrice » (vitesse initiale ou position initiale de la
corde respectivement) soit impaire et 2l-périodique.
  Exemple – cas de la « corde pincée » :

fixité de la corde au point A


fixité de la corde au point B
figure initiale de la corde
(pour x dans [0,l])
vitesse initiale nulle avec φ impaire et 2l-périodique

  Dès ce mémoire, D’Alembert est par ailleurs conscient que l’équation des cordes
vibrantes gouverne également le problème de la propagation du son...

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 22


II.5. Le problème des cordes vibrantes : désaccord entre D’Alembert et Euler
  En 1748, Euler présente à son tour un mémoire intitulé « Sur la vibration des
cordes » et très proche de celui de D’Alembert (il reconnaît d’ailleurs explicitement
la priorité de ce dernier).
  En 1750, D’Alembert présente une addition à ses recherches de 1747. Il y réagit au
mémoire d’Euler et ajoute une condition pour que la solution soit admissible : il faut
que :
« les différentes figures de la corde vibrante [soient] renfermées
dans une seule & même équation. »

  Ce point de désaccord entre les deux savants est issu de leurs conceptions
respectives de la notion de fonction :

D’Alembert associe le mot Euler conçoit une fonction comme


de fonction à une expression une courbe donnée arbitrairement
analytique (c’est-à-dire graphiquement)

Contrairement à Euler, D’Alembert rejette les fonctions


changeant d’expression, c’est-à-dire les « fonctions
discontinues » dans le sens du XVIIIe siècle.
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 23
II.6. Le problème des cordes vibrantes : le mémoire de Daniel Bernoulli (1753)
  En 1753 (toujours dans HAB), Daniel Bernoulli Daniel
publie deux mémoires sur le sujet. Dans le premier Bernoulli
(1700-1782)
des deux, intitulé « Réflexions et éclaircissemens sur
les nouvelles vibrations des cordes exposées dans les
mémoires de l'Académie de 1747 & 1748 » :
-  il reproche à D’Alembert et Euler d’avoir admis
de nouvelles courbes (autres que la sinusoïde de
Taylor) « dans un sens tout-à-fait impropre ».
-  il établit sans calcul l’expression générale de la solution sous la forme d’une
combinaison de vibrations simples (c’est-à-dire de fonctions sinusoïdales du type
(avec α(t) une fonction du temps t, n un entier et l la longueur de la
corde), de telle sorte que :

-  il affirme avoir ainsi présenté « ce que les nouvelles vibrations de Mrs


D’Alembert et Euler ont de physique ».
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 24
II.6. Le problème des cordes vibrantes : la réponse d’Euler (1753)
  Dans un mémoire présenté en 1753, Euler entreprend de montrer que toutes les
courbes représentant les vibrations de la corde ne sont pas forcément comprises dans
l’équation exhibée par Daniel Bernoulli. Il y rejette également la restriction imposée
par D’Alembert dans son mémoire de 1750.

Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 25


Conclusion : la naissance de l’analyse harmonique
  Dans sa Théorie analytique de la chaleur (1822), Fourier exhibe
la décomposition en série qui porte son nom. Il y affirme que toute
fonction d’une variable peut être représentée sous forme d’une
série trigonométrique.
  Dans son mémoire de 1829 « Sur la
convergence des séries trigonométriques... », Lejeune Dirichlet
(1805-1859)
Dirichlet démontre la proposition de Fourier et
précise sous quelles conditions une fonction Joseph Fourier
arbitraire sur un intervalle fini donné peut être (1768-1830)
développée en série de Fourier.
Bernhard Riemann
  Les recherches de Dirichlet vont exercer une (1826-1866)
influence profonde sur la théorie de
l’intégration et conduiront à l’émergence de la
notion de convergence uniforme.
  Dans sa thèse d’habilitation de 1854, Riemann développe une
théorie de l’intégration plus générale que celle de Cauchy afin de
pouvoir développer en séries de Fourier des fonctions présentant
une infinité de discontinuités…
Le mardi 15 novembre 2011 Master Enseignement 26
HISTOIRE DES SCIENCES
MATHÉMATIQUES
MASTER MATHEMATIQUES ET APPLICATIONS :
ENSEIGNEMENT ET FORMATION

vendredi 25 novembre 2011


Éléments d’histoire
de la géométrie

vendredi 25 novembre 2011


Pour rappel...

vendredi 25 novembre 2011


Calculs sur des figures

BM85194 Papyrus Rhind

vendredi 25 novembre 2011


Les Eléments d’Euclide

• Euclide (-3e s., Alexandrie)

• Eléments : 465 propositions en


13 livres

• Manuscrits complets du 9e s.,


fragments antérieurs

• Livres 1 à 6= géométrie plane


(et rapports entre grandeurs),
Livres 7 à 9 = «arithmétique»,
Livre 10 = incommensurables, Euclide imprimé en arabe, extrait de
l’article de F. Acerbi in
Livres 11-13 = géométrie solide http://images.math.cnrs.fr/Euclide.html

vendredi 25 novembre 2011


• Livres I et II: triangles et parallélogrammes
• Livres III et IV: cercles et polygones
réguliers inscrits

• Figures caractérisées par leur forme, leur


grandeur, leur position

vendredi 25 novembre 2011


Structure

• définitions « descriptives » (ex : une ligne est une


longueur sans largeur)

• demandes ou postulats (ex : qu’il soit demandé de


mener une ligne droite de tout point à tout point)

• notions communes ou axiomes (ex : le tout est


plus grand que la partie)

• propositions, théorèmes et constructions (ex :


égalité des triangles, pentagone régulier inscrit
dans un cercle)

vendredi 25 novembre 2011


• autres objets : ex : étude de courbes
• liens avec autres domaines (astronomie,
optique géométrique, mécanique, ...), le
problème des axiomes

• comment intégrer mouvement, infini ?


• mélange calculs et géométrie
• étude de contraintes particulières
(géométrie de la règle)

vendredi 25 novembre 2011


La Géométrie

D’abord géométrie =science des figures /arithmétique =science des nombres. Mais
aussi : continu/discret

Importance du modèle euclidien => le fondement de la rigueur mathématique est


géométrique.

De plus : la géométrie donne une représentation du monde (cf : Galilée, L’Essayeur,


1623 : « [le grand livre de l’univers ] est écrit dans le langage des mathématiques, et
ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques»)

MAIS....

vendredi 25 novembre 2011


Comme il y a beaucoup de sciences particulières qui ont rapport à la
Géométrie, il y a des personnes qui la considèrent comme le principe général
de toutes les sciences. Et parce que la Géométrie est assez agréable à cause des
figures qui tombent sous l’imagination, il se trouve assez de gens qui la
préfèrent inconsidérément…. Ils s’imaginent même que les démonstrations
géométriques par lignes sont les seules véritables, à cause de qu’elles se font
comme sentir à l’esprit.
... Il est, ce me semble, évident que ce nombre √20 est beaucoup plus connu
que la soutendante d’un angle droit [=hypoténuse du triangle], dont les côtés
sont 2 & 4. Car on sçait au moins que √20 vaut environ 4 1/2. ...Les Géomètres
n’ont presque rien découvert en Géométrie sans l’usage des proportions....
L’Analyse est infiniment plus féconde que les figures pour découvrir les
véritez, & il est comme impossible, si l’on n’emprunte son secours, de
résoudre en Géométrie une infinité de problèmes.

vendredi 25 novembre 2011


Car quel moyen d’imaginer tout ce long enchaînement de lignes & de
figures embarrassées, & de voir distinctement tant de différens
rapports, avant que scavoir d’où dépend immédiatement une
résolution que l’on veut découvrir. N’est-ce pas là ce qu’on pourrait
justement appeler des rompemens de teste ? Nous en avons un
exemple tout visible dans la personne de Monsieur Paschal. Car on
croit qu’il n’est mort si jeune, que, que pour n’avoir pas assez ménagé
les forces et l’étendue de son imagination. Les grands efforts qu’il étoit
nécessairement obligé de faire pour imaginer & pour déméler ce
nombre prodigieux de lignes & de figures embarrassées, & pour les
embrasser d’une seule vuë luy attirèrent cet épuisement général du
cerveau, qui l’enleva dans la force de son âge.
On ne doit pas craindre le même danger des sciences qu’on explique
ici.
Jean Prestet, 1689

vendredi 25 novembre 2011


c. 1637 : La Géométrie (Descartes) et Ad locos planos et solidos
Isagoge (Fermat) => géométrie analytique, équations de
courbes

1639 : Brouillon project d’une atteinte aux événemens des


rencontres du cône avec un plan (Desargues) : coniques étudiées
comme projections d’un cercle, point à l’infini...

XVIIe-XVIIIe : coordonnées (dont polaires), étude de


nombreuses courbes, singularités, intersection de courbes, ...

vendredi 25 novembre 2011


Les coniques comme intersection d’un plan et d’un cône
(illustrations d’après Wikipedia, art. Coniques)

vendredi 25 novembre 2011


Géométrie projective

1794 (Ecole normale de l’an III) : Leçons de géométrie


descriptive de Gaspard Monge : «Le premier [objectif] est de
représenter avec exactitude sur des dessins qui n’ont que
deux dimensions les objets qui en ont trois…»

1822 : Traité des propriétés projectives des figures (Jean-Victor


Poncelet) : cherche à trouver les propriétés «indestructibles
par l’effet de la projection» (ex : alignement des points),
distingue propriétés métriques (longueur, angles,...) et
projectives ; utilise principe de continuité, de dualité
vendredi 25 novembre 2011
Jean Victor Poncelet (1788-1867)
Entre à Polytechnique en 1807

Lieutenant du génie dans la Grande armée,


campagne de Russie en 1812. Fait prisonnier, il
met au point principes de la géométrie projective

1822: Traité des propriétés projectives des figures

1824: nouvelle roue hydraulique (prix de


l’Académie)

1825: cours de mécanique à l’Ecole d’Artillerie et


du Génie de Metz

1834 : Académie des sciences, cours de mécanique


à la Sorbonne

1848: général, directeur de l’Ecole polytechnique

vendredi 25 novembre 2011


Agrandir les ressources de la simple Géométrie, en généraliser les conceptions
et le langage ordinairement assez restreints, les rapprocher de ceux de la
Géométrie analytique, et surtout offrir des moyens généraux propres à
démontre et à faire découvrir, d'une manière facile, cette classe de propriétés
dont jouissent les figures quand on les considère d'une manière purement
abstraite et indépendamment d'aucune grandeur absolue et déterminée, tel est
l'objet qu'on s'est spécialement proposé dans cet Ouvrage. De telles propriétés
subsistent, avons nous dit, à la fois pour une figure donnée et pour toutes ses
projections ou perspectives; on a donc dû les distinguer de toutes les autres par
le nom générique de propriétés projectives, qui en rappelle, de manière abrégée,
la véritable nature.
Poncelet

vendredi 25 novembre 2011


Géométrie projective

En France : Gergonne, Chasles, etc.

En Allemagne: von Staudt, Plücker, etc.

En Angleterre : Cayley, Salmon, etc.

=> notion de birapport, discussion sur la dualité, nouvelle


classification des courbes algébriques, etc.

vendredi 25 novembre 2011


Michel Chasles (1793-1880)

Entre à Polytechnique en 1812 (prof.


en 1841)

Mémoire sur la dualité et


l’homographie (1837)

Chaire de géométrie supérieure à la


Sorbonne (1846)

Académie des sciences (1851)

Traité de géométrie supérieure (1852)

vendredi 25 novembre 2011


Qu’on prenne une figure quelconque dans
l’espace, et l’une des propriétés connues ; qu’on
applique à cette figure une transformation, et qu’on
suive les diverses modifications (...) qu’éprouve le
théorème qui exprime cette propriété, on aura une
nouvelle figure, et une nouvelle propriété de cette
figure, qui correspondra à celle de la première. Ces
moyens (...) sont de véritables instruments, que ne
possédait point l’ancienne géométrie, et qui font le
caractère fort distinctif de la géométrie moderne.

Michel Chasles, Aperçu historique sur l’origine et le


développement des méthodes en géométrie (1837)

vendredi 25 novembre 2011


Théorème de Pascal
vendredi 25 novembre 2011
Dualité
• Si on prend 6 points A, B, C, • Si on prend 6 lignes a,b ,c , d,
D, E, F sur un cercle e, f tangentes à un cercle

• les droites joignant A, B et D, • les points à l'intersection de a


E se coupent en P et b, et d et e sont la droite p

• les droites joignant C, B et F, • les points à l'intersection de c


E se coupent en Q et b, et f et e sont la droite q

• les droites joignant A, F et D, • les points à l'intersection de a


C se coupent en R et f, et d et c sont la droite r

• Les points P, Q, R sont alignés • Les droites p, q, r se coupent


sur une droite l en un point L

vendredi 25 novembre 2011


Théorème de Brianchon
vendredi 25 novembre 2011
Formules de Plücker
• Courbe algébrique plane P(x,y)=0
• ordre de C : degré n de l'équation
• classe de C : nombre maximal t de
tangentes menées à C d'un point
• d = nombre de points doubles
• r = nombre de points de rebroussement de
1ère espèce
• i = nombre de points d'inflexion
• On a t=n(n-1)-2d-3r et i= 3n(n-2)-6d-8r
vendredi 25 novembre 2011
Quelques conséquences
accent mis sur les transformations entre figures, étude
explicite de certaines transformations et de leurs effets

distinction entre divers types de propriétés (métriques, etc...),


invariantes ou non par certaines transformations

réflexion explicite et technique sur la généralité, la rigueur,


l’intuition en mathématiques (et les moyens mathématiques
de les garantir)

débats sur les relations entre géométrie et analyse

vendredi 25 novembre 2011


Postulat des parallèles

1ers postulats d’Euclide : on peut mener une ligne


droite de tout point à tout point ; on peut
prolonger en ligne droite un segment ; on peut
décrire un cercle à partir d’un centre et d’un
intervalle ; les angles droits sont tous égaux.

5e postulat : si une droite tombant sur deux


droites fait les angles intérieurs et du même côté
plus petits que deux droits, les deux droites,
indéfiniment prolongées, se rencontrent du côté
où sont les angles plus petits que les deux droits.

vendredi 25 novembre 2011


Nombreuses tentatives de l’Antiquité au 19e
siècle pour le prouver à partir des autres, ou
trouver des postulats équivalents plus
simples etc.

Exemples : 1) pour toute droite D et tout point P n’appartenant pas à D, il existe


une unique droite D’ parallèle à D passant par P dans le plan contenant D et P.
(«axiome de Playfair»)

2) La somme des angles d’un triangle est égale à deux droits.

3) Etant donné un point à l’intérieur d’un angle, il existe au moins une droite D
passant par ce point qui coupe les deux côtés de l’angle.

vendredi 25 novembre 2011


Géométrie non euclidienne

Les essais de preuve par l’absurde n’aboutissent à aucune


contradiction => existe-t-il une géométrie alternative,
«étrange géométrie, tout à fait différente de la nôtre, …
entièrement conséquente en elle-même» (Gauss) ?

c. 1825-1830 : indépendamment : Nikolai Ivanovich


Lobatchevski et Janos Bolyai exposent une géométrie
logiquement cohérente où la somme des angles d’un triangle
est inférieure à π (infinité de parallèles à une droite passant
par un point extérieur)

vendredi 25 novembre 2011


Il est incroyable que cette obscurité obstinée, cette éclipse
éternelle, cette tare dans la géométrie, le nuage éternel sur la
pure vérité puisse être supporté. [… Mais] tu ne dois pas tenter
d’approcher le problème des parallèles. Je connais ce chemin
jusqu’à sa fin. J’ai traversé cette nuit sans fin, qui a éteint toute
lumière et toute joie de ma vie. Je t’en conjure, laisse de côté cette
science des parallèles ...Je pensais me sacrifier au nom de la
vérité, j’étais prêt à devenir un martyr qui enlèverait cette tare de
la géométrie et la retournerait purifiée à l’humanité. J’ai
accompli des travaux monstrueux, énormes... J’ai tourné le dos
quand j’ai vu qu’aucun homme ne pouvait atteindre le fond de
la nuit. J’ai tourné le dos inconsolé, me plaignant moi-même et
toute l’humanité...
Wolfgang Bolyai à son fils Johann

vendredi 25 novembre 2011


Géométrie différentielle
1827 :Disquisitiones generales circa
Courbure
superficies curvas (Recherches >0
générales sur les les surfaces courbes),
Courbure
C. F. Gauss : étude intrinsèque des <0
surfaces, autrement dit
indépendamment de leur plongement
dans l’espace à 3 dimensions ;
introduction de : Courbure = 0
(géométrie
ds2=dx2+dy2+dz2=Edp2+2Fdpdq+Gdq2, euclidienne)
p et q coordonnées locales, intrinsèques

notion de courbure (intrinsèque)

vendredi 25 novembre 2011


Géométrie différentielle
1854 : Über die Hypothesen, welche der Geometrie zu Grunde ligen
[Sur les hypothèses qui servent de fondement à la géométrie],
Bernhard Riemann

Riemann étudie les «multiplicités» (=aujourd’hui, variétés) : espaces à


n dimensions, n quelconque, avec un élément de longueur ds, tel que
ds2=ΣΣ aijdpidpj qui permet de mesurer la distance entre deux points
proches.

Riemann réalise un modèle de géométrie non euclidienne (avec


somme des angles d’un triangle >180°) sur la sphère : les «droites»
sont les cercles passant par les pôles. La consistance de cette géométrie
est assurée par la géométrie euclidienne.
vendredi 25 novembre 2011
1868: Saggio d’una
interpretazione della geometria
non euclidea (Essai d’une
interprétation de la géométrie
non euclidienne) Eugenio
Beltrami interprète localement la
géométrie de Bolyai («astrale») et
Lobatchevski («imaginaire»)
comme celle d’une pseudo-
sphère, les «droites» étant les
géodésiques.

vendredi 25 novembre 2011


Dessin montrant plusieurs géodésiques
«parallèles» à une géodésique (r) donnée,
passant toutes par un point P (d’après Cours Insa Lyon)

vendredi 25 novembre 2011


Felix Klein
• 1865-66: Université de Bonn pour étudier
physique et mathématiques
• 1868: Thèse de géométrie dirigée par Plücker en
1868
• 1870-71 : voyage à Paris avec Lie
• 1872 : Poste à Erlangen (programme
d'Erlangen)
• 1875 : Professeur à Munich, nombreux étudiants
• 1880-86: Professeur à Leipzig, concurrence
avec Poincaré sur les fonctions automorphes
•1886: Professeur à Göttingen, travail
administratif intense (Mathematische Annalen,
Encyclopädie der mathematischen
Wissenschaften) 1849-1925

jeudi 12 novembre 2009


vendredi 25 novembre 2011
Dans le domaine géométrique également, le développement mathématique moderne
prit en Allemagne son point de départ de l’influence française....L’intérêt se dirigea
vers la géométrie algébrique. ... Je voudrais indiquer deux oppositions qui ont été
d’une importance décisive dans ce développement. La première est la séparation
entre les traitements analytique et synthétique de la géométrie. Les défenseurs de
chaque direction mettaient leur honneur à ne travailler qu’avec leurs outils
spécifiques....La géométrie analytique a pour elle les algorithmes confortables qui
permettent les plus vastes généralisations, mais qui conduit aussi facilement à
perdre des yeux l’objet propre de la géométrie : la figure et sa construction. Avec la
géométrie synthétique menace en revanche le danger que l’esprit reste prisonnier du
cas spécial considéré ou d’un nombre restreint de possibilités. Ce qui est à louer dans
le traitement synthétique est la conscience claire de la racine vivante de toute
géométrie, la joie de la forme ([Freude an der Gestalt]). Un développement sain se
servira des deux méthodes ...
L’autre opposition dont je voudrais parler est moins dans la nature des choses...Je
parle de l’opposition des écoles, des cliques, tout le vaste domaine de la polémique
scientifique...dans notre cas il s’agit du combat entre le tenant de la géométrie
synthétique Steiner, appuyé par Jacobi et son cercle, et Plücker.
Felix Klein, Vorlesungen über die Entwicklung der Mathematik im 19. Jahrhundert, 1926

vendredi 25 novembre 2011


Agenda de Felix Klein

Préserver l’unité des


mathématiques (contre la
distinction arithmétique
générale vs géométrie et
physique)

Préserver le lien avec les


sciences physiques et la
technique

jeudi 12 novembre 2009


vendredi 25 novembre 2011
Des géométries aux groupes

S’appuyant sur des idées de Cayley, Klein montre comment


englober la géométrie euclidienne et les géométries de
Riemann et de Bolyai-Lobatchevski dans la géométrie
projective : celle-ci est la «géométrie absolue»

1872 : Considérations comparatives sur les recherches


géométriques modernes (= «programme d’Erlangen»)

vendredi 25 novembre 2011


Programme d’Erlangen
«La plus essentielle [des notions] est celle de groupe de
transformations de l’espace»

«Il y a des transformations de l’espace qui n’altèrent en rien


les propriétés géométriques des figures...Si l’on remplace [ce]
groupe principal par un groupe plus étendu, une partie
seulement des propriétés est conservée»

Programme : Etant donnée une multiplicité et un groupe de


transformations, en étudier les êtres au point de vue des
propriétés qui ne sont pas altérées par les transformations

vendredi 25 novembre 2011


• Changer le point de vue:
– s’intéresser aux groupes de transformation de l’espace plutôt qu’aux
figures.
• Toute géométrie peut être conçue comme:
– Un espace et un groupe de transformation qui agit sur cet espace
[Euclide: plan et groupe des isométries].

Groupes Posi- Direc- Orien- Distance Angle Paral- Colli-


tion tion tation lélisme néarité
Identité
Translations
Déplacements
Isométries
Similitudes
Gr. affine
Gr. projectif
21/05/2009 Révolutions du 19e siècle 39

Propriétés invariantes par quelques sous-groupes


du groupe projectif (d’après J. Peiffer et A. Dahan, Routes et dédales)
09
vendredi 25 novembre 2011
Géométries non euclidiennes
Aussi hors du champ des spécialistes !

Ex : «Si Dieu existe vraiment et si vraiment il a créé le monde, alors, comme nous
savons tous, il l’a créé en accord avec la géométrie euclidienne et il a créé l’esprit
humain avec la conception de seulement trois dimensions spatiales. Et pourtant il
y a eu et il y a encore des mathématiciens et des philosophes...qui doutent que
l’univers entier ..était créé seulement selon la géométrie euclidienne et ils osent
même rêver que deux lignes parallèles qui selon Euclide ne se rencontre jamais
sur terre, puissent se rencontrer quelque part à l’infini.» (F. Dostoievsky, Les Frères
Karamazov)

Problème de la liberté, du réalisme, de la vérité, etc...

Approche générale de Riemann en dimension n encore hors du programme de


Klein

vendredi 25 novembre 2011


Vers de nouveaux fondements

Plusieurs problèmes : géométries non euclidiennes, mais aussi nouveaux types


d’objets en analyse (fonctions nulle part dérivables, ...). Sur quoi fonder ? Nombres
entiers ? Nouveaux principes géométriques ? Rapport entre mathématiques et
monde naturel ? Nature des objets mathématiques par rapport à l’expérience ?

Nombreuses propositions

1899 : Grundlagen der Geometrie (Fondements de la géométrie), David Hilbert.


Pour lui, l’axiomatisation est la solution : axiomatiser un domaine permet de voir
clairement les problèmes et les voies de développement. La vérité mathématique
est dans la cohérence des relations entre objets, dans la déduction logique à partir
des axiomes.

vendredi 25 novembre 2011


Grundlagen der Geometrie

Notions de base non «définies» : point, droite, plan

Plusieurs groupes d’axiomes

Des changements d’axiomes produisent d’autres géométries


(y compris dans le rapport entre droite et nombres réels =>
géométries non archimédiennes, géométries finies, etc.).

Discussion sur le rapport des axiomes entre eux


(indépendance, consistance, etc.) => logique mathématique

vendredi 25 novembre 2011


Euclide Hilbert
Un point est ce dont il n’y Convention: Concevons trois
systèmes d’êtres : ... points, …
aucune partie
droites, …plans...Qu’ils aient entre
Une ligne est une longueur eux certaines relations mutuelles :
«sont situés», «entre »....[décrits]au
sans largeur
moyen des axiomes

notions communes : les ex : si A, B, C désignent trois points


choses égales à une même sur une droite, et si B est situé entre
A et C, il l’est aussi entre C et A.
chose sont aussi égales
entre elles

vendredi 25 novembre 2011


HISTOIRE DES SCIENCES
MATHÉMATIQUES
MASTER MATHEMATIQUES ET APPLICATIONS :
ENSEIGNEMENT ET FORMATION

jeudi 1 décembre 2011


Éléments d’histoire
de la géométrie

jeudi 1 décembre 2011


La Géométrie

D’abord géométrie =science des figures /arithmétique =science des nombres. Mais
aussi : continu/discret

Importance du modèle euclidien => le fondement de la rigueur mathématique est


géométrique.

De plus : la géométrie donne une représentation du monde (cf : Galilée, L’Essayeur,


1623 : « [le grand livre de l’univers ] est écrit dans le langage des mathématiques, et
ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques»)

MAIS....

jeudi 1 décembre 2011


Les coniques comme intersection d’un plan et d’un cône
(illustrations d’après Wikipedia, art. Coniques)

jeudi 1 décembre 2011


Michel Chasles (1793-1880)

Entre à Polytechnique en 1812 (prof.


en 1841)

Mémoire sur la dualité et


l’homographie (1837)

Chaire de géométrie supérieure à la


Sorbonne (1846)

Académie des sciences (1851)

Traité de géométrie supérieure (1852)

jeudi 1 décembre 2011


Qu’on prenne une figure quelconque dans
l’espace, et l’une des propriétés connues ; qu’on
applique à cette figure une transformation, et qu’on
suive les diverses modifications (...) qu’éprouve le
théorème qui exprime cette propriété, on aura une
nouvelle figure, et une nouvelle propriété de cette
figure, qui correspondra à celle de la première. Ces
moyens (...) sont de véritables instruments, que ne
possédait point l’ancienne géométrie, et qui font le
caractère fort distinctif de la géométrie moderne.

Michel Chasles, Aperçu historique sur l’origine et le


développement des méthodes en géométrie (1837)

jeudi 1 décembre 2011


Quelques conséquences
accent mis sur les transformations entre figures, étude
explicite de certaines transformations et de leurs effets

distinction entre divers types de propriétés (métriques, etc...),


invariantes ou non par certaines transformations

réflexion explicite et technique sur la généralité, la rigueur,


l’intuition en mathématiques (et les moyens mathématiques
de les garantir)

débats sur les relations entre géométrie et analyse

jeudi 1 décembre 2011


Un exemple :l’inversion

Soit O un point du plan et k une constante. L’inversion de


pôle O et de puissance k est la transformation plane P ->P’,
telle OP.OP’=k et O, P, P’ alignés.

«inverse de O» ? : point à l’infini

équations :
x' = kx/( x² + y² ) y' = ky/( x² + y² )

droite se transforme en cercle !

d’après http://jellevy.yellis.net/
jeudi 1 décembre 2011
Postulat des parallèles

1ers postulats d’Euclide : on peut mener une ligne


droite de tout point à tout point ; on peut
prolonger en ligne droite un segment ; on peut
décrire un cercle à partir d’un centre et d’un
intervalle ; les angles droits sont tous égaux.

5e postulat : si une droite tombant sur deux


droites fait les angles intérieurs et du même côté
plus petits que deux droits, les deux droites,
indéfiniment prolongées, se rencontrent du côté
où sont les angles plus petits que les deux droits.

jeudi 1 décembre 2011


Nombreuses tentatives de l’Antiquité au 19e
siècle pour le prouver à partir des autres, ou
trouver des postulats équivalents plus
simples etc.

Exemples : 1) pour toute droite D et tout point P n’appartenant pas à D, il existe


une unique droite D’ parallèle à D passant par P dans le plan contenant D et P.
(«axiome de Playfair»)

2) La somme des angles d’un triangle est égale à deux droits.

3) Etant donné un point à l’intérieur d’un angle, il existe au moins une droite D
passant par ce point qui coupe les deux côtés de l’angle.

jeudi 1 décembre 2011


Géométrie non euclidienne

Les essais de preuve par l’absurde n’aboutissent à aucune


contradiction => existe-t-il une géométrie alternative,
«étrange géométrie, tout à fait différente de la nôtre, …
entièrement conséquente en elle-même» (Gauss) ?

c. 1825-1830 : indépendamment : Nikolai Ivanovich


Lobatchevski et Janos Bolyai exposent une géométrie
logiquement cohérente où la somme des angles d’un triangle
est inférieure à π (infinité de parallèles à une droite passant
par un point extérieur)

jeudi 1 décembre 2011


Il est incroyable que cette obscurité obstinée, cette éclipse
éternelle, cette tare dans la géométrie, le nuage éternel sur la
pure vérité puisse être supporté. [… Mais] tu ne dois pas tenter
d’approcher le problème des parallèles. Je connais ce chemin
jusqu’à sa fin. J’ai traversé cette nuit sans fin, qui a éteint toute
lumière et toute joie de ma vie. Je t’en conjure, laisse de côté cette
science des parallèles ...Je pensais me sacrifier au nom de la
vérité, j’étais prêt à devenir un martyr qui enlèverait cette tare de
la géométrie et la retournerait purifiée à l’humanité. J’ai
accompli des travaux monstrueux, énormes... J’ai tourné le dos
quand j’ai vu qu’aucun homme ne pouvait atteindre le fond de
la nuit. J’ai tourné le dos inconsolé, me plaignant moi-même et
toute l’humanité...
Wolfgang Bolyai à son fils Johann

jeudi 1 décembre 2011


Géométrie différentielle
1827 :Disquisitiones generales circa
Courbure
superficies curvas (Recherches >0
générales sur les les surfaces courbes),
Courbure
C. F. Gauss : étude intrinsèque des <0
surfaces, autrement dit
indépendamment de leur plongement
dans l’espace à 3 dimensions ;
introduction de : Courbure = 0
(géométrie
ds2=dx2+dy2+dz2=Edp2+2Fdpdq+Gdq2, euclidienne)
p et q coordonnées locales, intrinsèques

notion de courbure (intrinsèque)

jeudi 1 décembre 2011


Géométrie différentielle
1854 : Über die Hypothesen, welche der Geometrie zu Grunde ligen
[Sur les hypothèses qui servent de fondement à la géométrie],
Bernhard Riemann

Riemann étudie les «multiplicités» (=aujourd’hui, variétés) : espaces à


n dimensions, n quelconque, avec un élément de longueur ds, tel que
ds2=ΣΣ aijdpidpj qui permet de mesurer la distance entre deux points
proches.

Riemann réalise un modèle de géométrie non euclidienne (avec


somme des angles d’un triangle >180°) sur la sphère : les «droites»
sont les cercles passant par les pôles. La consistance de cette géométrie
est assurée par la géométrie euclidienne.
jeudi 1 décembre 2011
1868: Saggio d’una
interpretazione della geometria
non euclidea (Essai d’une
interprétation de la géométrie
non euclidienne) Eugenio
Beltrami interprète localement la
géométrie de Bolyai («astrale») et
Lobatchevski («imaginaire»)
comme celle d’une pseudo-
sphère, les «droites» étant les
géodésiques.

jeudi 1 décembre 2011


Dessin montrant plusieurs géodésiques
«parallèles» à une géodésique (r) donnée,
passant toutes par un point P (d’après Cours Insa Lyon)

jeudi 1 décembre 2011


Felix Klein
• 1865-66: Université de Bonn pour étudier
physique et mathématiques
• 1868: Thèse de géométrie dirigée par Plücker en
1868
• 1870-71 : voyage à Paris avec Lie
• 1872 : Poste à Erlangen (programme
d'Erlangen)
• 1875 : Professeur à Munich, nombreux étudiants
• 1880-86: Professeur à Leipzig, concurrence
avec Poincaré sur les fonctions automorphes
•1886: Professeur à Göttingen, travail
administratif intense (Mathematische Annalen,
Encyclopädie der mathematischen
Wissenschaften) 1849-1925

jeudi 12 novembre 2009


jeudi 1 décembre 2011
Dans le domaine géométrique également, le développement mathématique moderne
prit en Allemagne son point de départ de l’influence française....L’intérêt se dirigea
vers la géométrie algébrique. ... Je voudrais indiquer deux oppositions qui ont été
d’une importance décisive dans ce développement. La première est la séparation
entre les traitements analytique et synthétique de la géométrie. Les défenseurs de
chaque direction mettaient leur honneur à ne travailler qu’avec leurs outils
spécifiques....La géométrie analytique a pour elle les algorithmes confortables qui
permettent les plus vastes généralisations, mais qui conduit aussi facilement à
perdre des yeux l’objet propre de la géométrie : la figure et sa construction. Avec la
géométrie synthétique menace en revanche le danger que l’esprit reste prisonnier du
cas spécial considéré ou d’un nombre restreint de possibilités. Ce qui est à louer dans
le traitement synthétique est la conscience claire de la racine vivante de toute
géométrie, la joie de la forme ([Freude an der Gestalt]). Un développement sain se
servira des deux méthodes ...
L’autre opposition dont je voudrais parler est moins dans la nature des choses...Je
parle de l’opposition des écoles, des cliques, tout le vaste domaine de la polémique
scientifique...dans notre cas il s’agit du combat entre le tenant de la géométrie
synthétique Steiner, appuyé par Jacobi et son cercle, et Plücker.
Felix Klein, Vorlesungen über die Entwicklung der Mathematik im 19. Jahrhundert, 1926

jeudi 1 décembre 2011


Agenda de Felix Klein

Préserver l’unité des


mathématiques (contre la
distinction arithmétique
générale vs géométrie et
physique)

Préserver le lien avec les


sciences physiques et la
technique

jeudi 12 novembre 2009


jeudi 1 décembre 2011
Des géométries aux groupes

S’appuyant sur des idées de Cayley, Klein montre comment


englober la géométrie euclidienne et les géométries de
Riemann et de Bolyai-Lobatchevski dans la géométrie
projective : celle-ci est la «géométrie absolue»

1872 : Considérations comparatives sur les recherches


géométriques modernes (= «programme d’Erlangen»)

jeudi 1 décembre 2011


Programme d’Erlangen
«La plus essentielle [des notions] est celle de groupe de
transformations de l’espace»

«Il y a des transformations de l’espace qui n’altèrent en rien


les propriétés géométriques des figures...Si l’on remplace [ce]
groupe principal par un groupe plus étendu, une partie
seulement des propriétés est conservée»

Programme : Etant donnée une multiplicité et un groupe de


transformations, en étudier les êtres au point de vue des
propriétés qui ne sont pas altérées par les transformations

jeudi 1 décembre 2011


• Changer le point de vue:
– s’intéresser aux groupes de transformation de l’espace plutôt qu’aux
figures.
• Toute géométrie peut être conçue comme:
– Un espace et un groupe de transformation qui agit sur cet espace
[Euclide: plan et groupe des isométries].

Groupes Posi- Direc- Orien- Distance Angle Paral- Colli-


tion tion tation lélisme néarité
Identité
Translations
Déplacements
Isométries
Similitudes
Gr. affine
Gr. projectif
21/05/2009 Révolutions du 19e siècle 39

Propriétés invariantes par quelques sous-groupes


du groupe projectif (d’après J. Peiffer et A. Dahan, Routes et dédales)
09
jeudi 1 décembre 2011
Géométries non euclidiennes
Aussi hors du champ des spécialistes !

Ex : «Si Dieu existe vraiment et si vraiment il a créé le monde, alors, comme nous
savons tous, il l’a créé en accord avec la géométrie euclidienne et il a créé l’esprit
humain avec la conception de seulement trois dimensions spatiales. Et pourtant il
y a eu et il y a encore des mathématiciens et des philosophes...qui doutent que
l’univers entier ..était créé seulement selon la géométrie euclidienne et ils osent
même rêver que deux lignes parallèles qui selon Euclide ne se rencontre jamais
sur terre, puissent se rencontrer quelque part à l’infini.» (F. Dostoievsky, Les Frères
Karamazov)

Problème de la liberté, du réalisme, de la vérité, etc...

Approche générale de Riemann en dimension n encore hors du programme de


Klein

jeudi 1 décembre 2011


Vers de nouveaux fondements

Plusieurs problèmes : géométries non euclidiennes, mais aussi nouveaux types


d’objets en analyse (fonctions nulle part dérivables, ...). Sur quoi fonder ? Nombres
entiers ? Nouveaux principes géométriques ? Rapport entre mathématiques et
monde naturel ? Nature des objets mathématiques par rapport à l’expérience ?

Nombreuses propositions

1899 : Grundlagen der Geometrie (Fondements de la géométrie), David Hilbert.


Pour lui, l’axiomatisation est la solution : axiomatiser un domaine permet de voir
clairement les problèmes et les voies de développement. La vérité mathématique
est dans la cohérence des relations entre objets, dans la déduction logique à partir
des axiomes.

jeudi 1 décembre 2011


Grundlagen der Geometrie

Notions de base non «définies» : point, droite, plan

Plusieurs groupes d’axiomes

Des changements d’axiomes produisent d’autres géométries


(y compris dans le rapport entre droite et nombres réels =>
géométries non archimédiennes, géométries finies, etc.).

Discussion sur le rapport des axiomes entre eux


(indépendance, consistance, etc.) => logique mathématique

jeudi 1 décembre 2011


Euclide Hilbert
Un point est ce dont il n’y Convention: Concevons trois
systèmes d’êtres : ... points, …
aucune partie
droites, …plans...Qu’ils aient entre
Une ligne est une longueur eux certaines relations mutuelles :
«sont situés», «entre »....[décrits]au
sans largeur
moyen des axiomes

notions communes : les ex : si A, B, C désignent trois points


choses égales à une même sur une droite, et si B est situé entre
A et C, il l’est aussi entre C et A.
chose sont aussi égales
entre elles

jeudi 1 décembre 2011

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