Vous êtes sur la page 1sur 170

0

.....

La perfectio n
Bibliothèque

L ' caventure fflc&théfflcatique

Tangente Hors-série n° 36

La perfection laite courbe

!;OITIONS.
POLE

© Éditions POLE - Paris 2009


Toute représentation, traduction, adaptation, publication ou reproduction , même partie lle , par tous
procédés et sur tous supports, en tous pays , fa ite sans autori sation préalable , est illic ite et exposerait
le contrevenant à des poursuites judic iaires. Référence : lo i du 11 mars 1957 .
ISBN: 9782848841052 ISSN: 0987-0806 Commission paritaire: 1011 K 80883
ProchaineIDent
dans la Bibliothèque Tangente

EDITIONS.
POLE
Le cercle

Sommaire
DOSSIER Cercles entre eux
Le cercle, ou la perfection faite courbe, est à l'origine de
problèmes millénaires : décimales de ,i;, constructions à la
règle et au compas, quadratures ... A l'origine d'invariants
fascinants (angles inscrits, puissance d 'un point... ), le
cercle n 'a pas fini de nous faire rêver !

La mesure du cercle
Un théorème de Thalès ou de Pythagore ?
Cercles : des courbes qui ne manquent pas d'aire
Un invariant de Steiner
Les faisceaux de cercles
Des chaînes de théorèmes
Arcs-en-ciel
Constructions au compas seul

DOSSIER
Catalogue de cercles
Dès que trois points ne sont pas alignés, ils sont sur un
m ême cercle. On comprendra pourquoi les cercles « cata-
logués » sont souvent construits à partir de points remar-
quables d'un triangle. Les mathématiciens ont eu le
temps d'en répertorier des milliers au cours de la longue
histoire de cette figure mythique.

Le cercle inscrit dans un triangle


Quand on ne peut plus dire « Neuf points, c'est tout »
Le théorème des sept cercles
Le cercle osculateur
La formule de Brahmagupta
Les cercles de Villarceau
Le théorème du pivot

(suite du sommaire au verso)


Droites et cercles
De nature apparemment différente, la droite et le cercle
entretiennent des relations privilégiées. Comment tra-
cer un cercle ? Que nous apprend le cinquième postulat
d 'Euclide ? Comment couper équitablement une pizza ?
Si l'on sait tracer une droite sur un écran d'ordinateur,
sait-on pour autant tracer un cercle ?

Point(s) trop n 'en faut


Des étoiles et des ronds
Tracé : de la droite au cercle
Enquête sur la lunule
Parts de pizza équitables
Contre l'aversion de l'inversion

l •X•f}i IM;j Le cercle dans toutes ses dimensions


Des cercles aux formes inhabituelles en passant par les
dimensions supérieures, petit tour d 'horizon de varia-
tions autour du cercle. En général, elles donnent lieu à
de remarquables représentations visuelles.

Les cercles du tore


Petit tour en polygonie
Les cercles de Manhattan
Le disque de Poincaré
Les fibrations de Hopf

Hors dossiers

Le cercle dans l'art


Quand la quadrature du cercle ... est possible !
Le who's who des cercles
16, 23 , 63 , 77 , 82, 87, 109, 11 8, 11 9, 124, 126, 153 , 158
En bref
5, 9, 14, 15, 33, 37, 56, 83, 125 , 137, 14 1
Problèmes
Solutions des problèmes

Ta.ngente Hors série n° 36. Le cercle


par Bertrand Hauchecorne EN BREF

la symbolique du cercle
Pour les anciens, le cercle était la figure parfaite par
excellence. Il roule, il tourne, il limite aussi. Aussi est-il
chargé d'une forte symbolique: notion de borne, d'éga-
lité ou de mouvement cyclique. On le retrouve ainsi en
littérature ou dans certains épisodes historiques.
De nombreux objets en prennent la forme, en général
pour des raisons pratiques : la roue, le cerceau ...

En littérature
Dans la Dil'ine comédie, Dante raconte son
voyage en enfer en compag nie de Virgile. Il se
rend success ive ment dans ne uf cercles co ncen-
triq ues où les pécheurs sont placé en fo ncti o n
de le ur deg ré dans le vice. Dans le premier, o n
y tro uve les g rand s penseurs païe ns de
l' Antiquité comme Socrate. Platon et Eucl ide.
'étant pas chrétiens, ces ho mmes, d ' une gran-
de va leur morale. ne peuvent accéder au para-
di . Dans les cerc les sui va nts, se tro uvent suc-
cessivement les lu xuri e ux, les gourmands, les
avares, les colére ux, les hérétiques, les violents
et les tro mpeur . Le voyage se termine par le
ne uviè me cercl e, au plus profond de la terre
avec les traitres parmi le quels Brutus et Jud as.

Le Premier Cercle d' Alexandre Soljenitsyne


dresse une critique sans appel du système sovié-
tique. Il décrit la vie des scientifiques ou intellec-
tuels de haut niveau empri sonnés dans le camp de
Mavrino pour ne pas avoir suivi les consignes du
régime. L'auteur a choi i le titre de ce roman par
analogie au premier cercle de Dante.

Le Cercle de craie caucasien. œ uvre maîtresse de Berto lt Brecht, raconte la lutte de deux femmes, la
mère adoptive et la mère naturelle, désirant chacune la garde d ' un enfant. Un ce rc le est tracé au sol et
chacune doit tirer de son côté . L' enfan t est placé au centre; il sera remi s à ce lle qui parviendra à le sor-
tir du cercle. L' hi stoire se termine bien puisqu 'en fait, comme dans le j ugement de Salo mo n, celle qui
refuse l'épreuve po ur ne pas brutaliser l'enfa nt en aura la garde .

Hors-série n° 36. Le Cercle Tangente


PASSERELLES par Marie-José Pestel

ans 'ar
La sphère et le cercle jouent sans doute un rôle particulier
( central ?) dans le lien qui unit mathématiques et art. Est-ce
parce qu'ils ont longtemps été symboles de la perfection ?

epuis toujours, les formes géo- constructions purement mathématiques

D métrique semblent des signes


universels et leurs agence-
ments dans la nature comme dans l'art,
et expression artistique alimentent la
réflexion autour du double questionne-
ment : les mathématiques créent-elles
qu'il soit populaire ou savant, sont de l'art ou l'art alimente-t-il les mathé-
extrêmement variés. Les liens étroits matiques?
qui unissent objets, formes ou
Une source d'émotion
Certains objets mathématiques sont-
ils des œuvres d'art en eux-mêmes ?
L' artiste doit-il les interpréter ou ne
cachent-ils pas des ingrédients esthé-
tiques qui en font des objets d'art ?
À ce titre, la sphère et le cercle jouent
ans doute un rôle particulier (ose-
rons-nous dire central ?). Ils sont le
prototype de ces objets mathéma-
tiques qu ' on rencontre dans la nature
ou les musées, et qui «j ettent un pont
entre le monde de l 'abstraction et le
monde visuel, entre le temps de la
méditation et l 'immédiateté de la
perception». Ce n' est an doute pas
un hasard i Platon prend le dodé-
caèdre régulier pour symboliser

Ta.ngente Hors-série n°36. Le cercle


l'univers. Ce solide proche de la sphère des manuscrits celtiques d ' Irlande et
fascine. Installer l'univers tout entier d ' Écosse de la période chrétienne
dans un modèle sphérique fut l' un des insulaire.
idéaux des philosophes scientifiques
pendant des millénaires . Le carré pour Plongeons dans le monde mythique
la Terre, le cercle pour le ciel, ce sym- des Mandalas, Kolam ou autres roues
bolisme se trouve dans bien des cul- de la fortune dont les exemples pour-
tures. Gérard Chamayou a réalisé, avec raient à eux seuls remplir un numéro .
la Géode à Paris, le rêve de bien des Bien des civilisations ont cherché par
architectes : une structure sphérique ces formes symétriques à traduire leur
pour unir le ciel et la Terre. sentiment religieux et une certaine
conception du monde. Mandala est un
Les formes les plus simples : les lignes, terme sanskrit qui signifie cercle et par
les surface et les volumes se rencon- extension sphère, environnement et
trent partout dans la nature et leur sim- communauté. Il peut désigner les
plicité même provoque une émotion formes qui dans toutes les cultures et à
esthétique. Qui n 'a été sensible à toutes les époques ont servi à représen-
l' image presque parfaite de cercle ou ter l' ordre universel et la puissance
de sphère d ' un lac, d ' une fleur, d ' un divine. C'est un outil de méditation,
cristal, d ' un arc-en-ciel ? Pourquoi les qui apporte connaissance de soi ou
rond dan l'eau sont-ils ronds, le bien simplement un peu de beauté.
bulles de savon sphériques ? Ces
images sollicitent l' artiste qui som-
meille en chacun de nous.
C'est sans doute ce qu 'évoquent aussi
ces magnifiques tableaux d 'art et
nature, œuvres d 'art que l'on peut créer
avec quelques é léments naturels :
feuilles, cailloux mousses, able et qui
paraissent encore plus belles si on
songe à leur vie éphémère.

Hnthropologie du cercle

C'est peut-être pour cela que sont nées Ainsi, la « Roue de la médecine amé-
autour du cercle diverses expressions rindienne » est composée de quatre
artistiques . rayons : quatre pour les quatre saisons,
Pensons aux rondes et autres figures les quatre points cardinaux, les quatre
chorégraphiques en danse tradition- âges de la vie (quatre collines à gravir,
nelle, classique ou moderne. celles de l' enfance, de la jeunesse, de
Évoquons ! 'art celte, seul vestige de la maturité et de la vieillesse) . C'est la
cette civilisation, qui voit le triomphe roue du temps, cyclique ou perpétuel
du cercle et des formes courbes. Cette renouvellement dans un mouvement de
fois , les motif: qui dominent, tels les création et de dissolution.
entrelacs, font davantage appel à l'abs- Autre exemple, autre temps, autre cu l-
traction. Cette tendance atteint son ture, et pourtant la symbolique reste
apogée à travers les enluminures très proche : la roue de la fortune de la

Hors-série n° 36 Le cercle Ta.n9ente


PASSERELLES Le cercle dans l'art

cathédrale d ' Amiens. Avec la rosace en (cirque ou arène), est le produit de


son centre, e lle compte sans doute deux efforts : concentration ver le
parmi les plus belles du monde. La centre et rayonnement vers la circonfé-
rosace, le cercle et la roue représentent rence.
le monde en état de rotation et on On peut aussi parler de Kupka, à qui le
désir d'expan ion rayonnante. musée d'art Moderne de la ville de
Paris a consacré dernièrement une
Dans l'art moderne exposition. Cet artiste a été un des pre-
miers à avoir, au Salon d 'automne de
Si je devais résumer cette beauté de la Paris en 19 12, présenté des peinture
forme sphérique en une œuvre, je choi- entièrement abstraites. Aux sources de
sirais ce chef d'œuvre de calligraphie la vocation de ce peintre originaire
qu'est « l e cercle de Zen ». Cet d ' une petite ville de Bohême orientale,
« unique trait de pinceau qui est à le ... spiritisme. Initié dès son enfance,
l 'origin e de toutes il fait preuve de dons de médium qu 'i l
choses », comme exploitera, notamment pour financer
l'écrivait au xvrn• ses études dans une école d'art locale,
siècle Shitao, grand dont l'enseignement consiste à repro-
peintre chinois, invite duire des motifs issus de l'art décoratif
à retrouver une unité populaire, en particulier la broderie, où
primordiale et à porter dominent les dessins de cercles et
un autre regard sur le d 'entrelacs.
monde sensible.
Cette autre lecture du Ces quelques exemples, qui portent
monde, nous allon la témoignage de l' importance du cercle
retrouver dans l'évo- dans l'art moderne, ne ont que des
lution de la peinture pistes de réflexion ur les premiers
dans ces deux derniers peintres abstraits. Bien d 'autres ont
iècles. L'œuvre poursuivi leur recherches dans cette
devient davantage direction : Vasarely, Morellet. ..
Les cercles sont
création de l'esprit que simple repré-
nombreux dans
sentation du monde extérieur. Une conclusion en forme de regret, car
les œuvres de
L'abstraction s'affirme et l'inspiration l'exposition le Louvre invite Pierre
Kandinsky.
va chercher ses sources dans la géomé- Boulez est fermée depui février. L'art
trie. Jusqu 'à faire de la géométrie un musical aussi peut évoquer le cercle (et
art en lui-même. Dans son ouvrage plus généralement le trait). Car l' hom-
« Point, ligne, plan » sous-titré mage qui était consacré à ce grand
« Grammaire des formes », Kandinski musicien tissait des liens inattendus
cherche à définir l'importance du point entre les études inachevées d ' Ingres, de
comme unité primordiale. Paul Klee Klee ou de Kandinsky et les partitions
parle de « lignes actives, promenade de Boulez, avec leurs notes minu cules,
sans but particulier », puis du cercle biffures et autres annotations.
« comme preuve des formes en mouve-
ment, celle qui n'apparaît qu'avec la M.-J. P.
suppression de la pesanteur, la dispari-
tion des amarres terrestres ». Pour
Delaunay, le cercle, du latin circulus

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


par Hervé Lehning EN BREF

les inuentions de la roue


Stonehenge en
Angleterre. le ravon
Le déplacement de
pierres plates de des charrons
cette taille 'ex-
plique par l'utilisa- Les roues des chariots doi-
tion de rondin de vent obéir à la définition
bois pour les faire que nous connaissons du
rouler : des roues cercle. Autrement dit, il faut
avant la roue. avoir découvert la notion de
rayon et donc de compas, le
plus simple étant une corde de longueur constan-
Faut jamais rien prendre pour acquis te que l'on fixe au centre. D'autres contraintes
Parce que tôt ou tard s'exercent. Les roues des chariots doivent être
La roue tourne
cerclées avec du métal, les essieux doivent être
Et ça sert a rien de courir
solides, etc. Le tour du potier demande moins de
Zaho, La roue tourne
prouesses techniques, puisqu'un axe suffit.
Comme dans ces paroles d'une chanson de Zaho, la
Les restes archéologiques donnent raison à notre
roue évoque le mouvement. C'est sa principale origi- théorie. Les premières évidences de chariots à
nalité : la roue tourne. Avant même l'Âge de pierre, roues datent de 3 ooo ans avant Jésus-Christ
l'homme a remarqué que les pierres rondes étaient (voir« L'étendard d'Ur » ). Les roues étaient alors
plus faciles à déplacer que les pierres plates, car elles pleines. Il fallut plusieurs centaines d'années pour
roulent presque naturellement. Pour les plates, il faut qu'elles soient remplacées par des roues à rayons.
trouver un stratagème. Par exemple, des rondins de Certains archéologues pensent néanmoins que la
bois que l'on glisse sous elles. Cette invention se perd roue a été inventée avant le tour, que les vestiges
dans la nuit des temps. nous trompent car les roues fabriquées en bois
ont disparu alors que les poteries en céramique
Même si nous n'en avons aucune trace, le traîneau à
sont parvenues jusqu'à nous. Force est de consta-
rondins est le seul instrument expliquant des construc-
tions comme Stonehenge ou les pyramides égyp-
ter qu'une telle théorie est invérifiable, sauf à
tiennes. Il s'agit de l'ancêtre de la roue. Cependant, un voyager dans le temps. De plus, les concepts
saut conceptuel est nécessaire pour inventer la roue nécessaires pour envisager les deux objets invi-
véritable : le cercle a un centre ! tent à leur donner tort.

L'étendard d'Ur (2 700 ans avant


Jésus-Christ) est un petit coffre de
bois incru té. Son nom vient de sa
fonction supposée. li aurait servi
d'étendard. Le panneau de l'une de
ses faces (nommé « guerre ») montre
des chariots tirés par des équidés,
sans doute des onagres.

Hors-série n° 36. Le Cercle Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning

Quand la quadrature du cercle ...



poss1 e !
La quadrature du cercle est synonyme de problème impos-
sible. Il est pourtant facile de construire un carré d e m êm e
aire qu'un cercle donné. Pourquoi ce mythe ? La question tient
aux instruments autorisés.

uarrer un cercle consiste à dans l'adoption d ' une règle du jeu très

Q
C
construire un carré de même
aire que celle du cercle.
on le verra ci-dessous, c'est
d'une simplicité enfantine ! Alors
pourquoi l'expression « quadrature du
particulière. Pour des raisons plus éso-
tériques que mathématiques, les
anciens Grecs désiraient que les
constructions en général, et la quadra-
ture en particulier, soient réalisées sous
cercle » a-t-elle pris le sens de « pro- deux conditions : de façon exacte et à
blème insoluble »? L'explication tient la règle et au compas. Ces instruments
n 'étant que d'une préci sion
relative, par « exacte » il faut

Une construction comprendre : « dans le monde


des idées ».

de Ramanuian
Le génial Indien Srinivasa Ramanujan (1887-1920)
Une quête de deux millénaires
et... le cruel uerdict !
a proposé plusieurs approximations de la quadra-
ture du cercle. En 1913 (dans le .Journal of tire Pendant deux millénaires, les
Indian Matlwmatical Society), il propose une géomètres ont tenté de réaliser
« solution » qui mène à la valeur approchée bien
la quadrature à la règle et au
connue :J55/ 11:J pour :r (six décimales exactes). En compas, jusqu'à se convaincre
1914, il propose une autre construction géomé- que c'était impossible.
trique approchée (plus compliquée) à la règle et au
compas. Cette « quadrature du cercle » conduit .) Effectivement, si on respecte
une valeur approchée de :1 égale .'t (2 14:J/ 22) 0 ·:!\ les règles du jeu, la quadrature
qui possède huit décimales correctes. est impossible. Pourquoi ? Cela
E.T. tient à un invariant subtil des

Ta.ngente Hors-série n°36. Le cercle


Deux quadratures On peut en déduire deux quadratures du cercle.
La première est mécaniste : elle consiste à

grâce à la spirale construire la spirale d'Archimède puis sa tan-


gente en A pour en déduire :rc. On reprend alors

d'Archimède l'idée du cercle qui roule pour terminer.


La seconde quadrature se fait à la règle et au
compas, mais elle est approchée. On construit
La recette pour obtenir une spirale d'Archimède un point M de la spirale proche de A, puis la
est très simple : sécante (AM), approximation de la tangente
On fait tourner une droite à vitesse angulaire en A.
uniforme autour d' un point 0,
Sur cette droite, on fait glisser un point à vitesse Pour le voir, on considère les sécantes (AM), où
constante. M est un point de la courbe « proche » de A.
Cette définition mécaniste penn.e t de la tracer de L'idée est de considérer la limite (si elle existe)
manière continue à l' aide d'un instrument de cette sécante (AM) quand M tend vers p
adapté. A en restant sur la courbe.

Construction
mécanique
j Si nous notons a l'angle

OM = OA :n:-a
ÔAM,

d'une
:n:
pirale &-----------'"'""------------0
d' Archimède. puisque les longueurs OM et
Les flèches montrent la rotation de la droite OA sont proportionnelles aux
et le glissement du point sur cette droite. angles parcourus par la
droite tournant autour de O
On peut aussi tracer cette spirale point par point. (dans la génération de la
Si deux points A et B d'une spirale de centre O spirale).

-
sont donnés, on obtient un autre point en traçant
la bissectrice de OAB, puis la moyenne des lon-
gueurs OA et OB sur celle-ci. En itérant ce pro-
Dans le repère (0 ; A ; P), A
les points A, M et Pont pour La ta11ge111e en A
coordonnées respectives est la limite de la
O

cédé, on peut tracer une infinité de points entre (OA ; 0), (OM cos Cl ; sécante (AM)
A et B. Ces constructions peuvent être réalisées OM sin a) et (0 ; OP). On quand M tend
à la règle et au compas. détermine OP en écrivant vers A en restant
que A, M et P sont sur la spirale.
Quel lien entre la spirale d'Archimède et la qua- 8 alignés:
drature du cercle ? Elle permet de construire Je
nombre n à travers l'une de ses tangentes. Plus OP = OA :n: - a sina
1t - 1t - Cl COSCl
précisément, la tangente en A coupe la droite
(OB) en un point C tel que : OC / OA = n. Lorsque a est petit, sin a se confond
avec a et cos a avec 1. On en déduit que
Construction de points d'une spirale OP tend vers 1t quand a tend vers 0,
d'Archimède à la règle et au compas. donc que P tend vers un point B tel que
La droite (AB) est une approxima· OB = 1t OA.
tion de la tangente en A à la spi-
rale, et le rapport OB I OA une
approximation de :n:.
A 0

Hors-série n° 36 Le cercle Ta:ngente


SAVOIRS Quand la quadrature ...

construit à la règle et au com-


pas, ni sa racine carrèe, ce qui
prouve l'imposs ibilitè de la
quadrature du cercle avec ce
deux instruments. Mais il
re te le plai sir d'en inventer
d ' ingénieuse , ne respectant
pas les règle du j eu, bien sûr.
Et cet article ne 'en privera
pas !

Une première règle du Jeu :


l'approximation

Si cercle et carré partagent le


même centre, le problème
consiste à ajuster le carré afin
que les zones bleues et j aunes
aient même aire.
Visuellement, il semble pos-

1 1
sible d ' obtenir une quadra-
ture du cercle approximative.
La réa li sation est cependant
moins facil e qu ' il n'y paraît.
constructions à la règle et au compa . Il L' œil permettra d ' obtenir une précision
transparaît dans la construction de la de que lques pourcents, mai s guère
racine carrée d ' un nombre (voir plus mieux. Un petit calcul peut améliorer
loin) . Si nous partons d ' une longueur la précision . Si le cercle a pour rayon
1, toutes les longueurs construites sont R, son aire e t égale à n R2. Comme
racines d' une équation polynomiale à l'aire d' un carré de côté A est égale à
coeffici ents enti er . En 1882, Carl A2, il s'agit de construire A tel que
Loui s Ferdinand von Lindemann A 2 = n R 2, soit NR= ../n. La fi gure
( 1852- 1939) montra que la quadrature ci-de u a été obtenue ainsi, en utili-
est impossible, en prouvant que n est sant 3, 14 comme approximation den.
un nombre transcendant, c'est-à-dire Pour un résultat visuellement satisfai-
solution d 'aucune équation polyno- sant, inutile de chercher à fa ire mieux !
miale à coefficients enti ers.
Le nombre n ne peut donc être

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


Réduction du problème : Si AH = R et HB = n: R, il vient:
éliminer la racine carrée CH = Vn R. La quadrature à la règle et
au compas est donc possible si nous
Le problème se ramène donc à savons construire un segment de lon-
construire un segment de longueur Vn gueur n: fois celle d ' un segment
fois celle d' un segment donné. Cette donné!
racine peut sembler gênante, mais elle
ne complique pas la tâche. Il est facile Cercle qui roule se quarre
de construire la racine carrée d' un
nombre. Pourquoi ? Essentiellement La longueur n: R est la moi-
grâce au théorème de Pythagore. En tié de la circonférence du ~
introduisant une relation du type : cercle de rayon R. Pour la
a 2 + b2 = c2 entre les côtés d'un triangle construire, il suffit de faire
facile à construire, il permet la rouler (à plat et sans glisser)
construction de la racine carrée de le cercle d' un demi-tour.
a 2 + b2. Le reste est affaire de gymnas-
tique. En faisant rouler un cercle d' un demi-
tour, son point de contact avec le sol
parcourt sa demi-circonférence, c' est-
à-dire n: fois son rayon.

En principe, nous
avons décrit notre
quadrature du cercle,
il ne nous reste plus
A H 0 qu 'à la réaliser. C'est
Co nstru cti on d ' un e r aci ne ca rrée. ce que nous avons fait
Da ns ce tte fi gure, dan le schéma ci-
le th éorème d e Pytha gor e contre.
s'a ppli q ue t r ois l'ois.
D' autre idées de qua-
Considérons la configuration de la drature (ne respectant
figure ci-contre. Le théorème de pas les règles du jeu)
Pythagore s'applique aux trois tri- sont possibles. Par exemple, de nom-
angles rectangles : ABC, AHC et BHC. breux instruments ont été inventés
ous en déduisons les trois égalités : pour construire n: par un moyen méca-
AC 2 = AH 2 + CH 2, CB 2 = CH 2 + HB 2 nique . Ainsi , un in trument permettant
et AC 2 + CB 2 = AB 2 . de tracer une pirale d 'A rchimède
En additionnant les deux premières et (voir encadré) conduirait à une
en tenant compte de la dernière et de quadrature.
l' égalité AB = AH + HB , nous obte-
nons: H. L.
(AH + HB) 2 = AH 2 + 2 CH 2 + HB 2 .
Un peu d'algèbre simplifie le calcul :
(AH + HB) 2 = AH 2 + 2 AH . HB + HB 2,
donc
CH2 = AH. HB.

Hors-série n° 36 le cercle Tangente


EN BREF par Hervé Lehning

Cercles uicieux
le vice londamental du cercle
Dans ses Éléments, Euclide définit l'égalité de deux figures de
la façon suivante:« Les grandeurs qui s'ajustent les unes sur
les autres sont égales entre elles. » Comment ajuste-t-il les
grandeurs ? En les déplaçant, bien sûr. La notion de corps
rigide est dissimulée derrière cette définition de l'égalité.
Qu'est-ce qu'un corps rigide sinon un corps conservant les
distances entre ses points? Euclide définit l'égalité à partir
d'elle-même. Cette situation est classique. Le vice fondamen-
tal du cercle vicieux est l'autoréférence.

Je postule Àmort les cercles


doucie suis vicieux!
En dehors des mathématiques, les cercles Comn1ent briser ces cercles
vicieux sont foison . On pourrait citer le fameux vicieux?
« Je pense donc je suis » de Descartes mais,
bien que ce « donc » soit troublant, il ne s'agit Seule la raison sans préjugé
pas d'un raisonnement déductif, plutôt d'une
constatation , d'un postulat à la manière de celui
peut permettre d'en sortir.
d'Euclide. Descartes met la pensée et le doute Dans un monde idéal,
au cœur de son existence. L'analogie avec l'étude de la logique, des
Euclide ne s'arrête pas là. Il existe des philoso- mathématiques et de la
phies non cartésiennes, comme il existe des philosophie pourrait y aider.
géométries non euclidiennes. Des philosophies
où le doute n'existe pas, où seule la certitude
Dans le nôtre, nous pouvons
règne. Ainsi , la plupart des discours de combat seulement proposer ce
sont des cercles vicieux. L'adversaire a tous les slogan : « À mort les cercles
défauts. On examine sa dernière action , que l'on vicieux ! et lonb'Ue vie à leurs
explique par ces défauts supposés .. . ce qui jus- victimes. »
tifie notre opinion , et nos représailles.. . qu'il
interprétera de même. Les exemples sont
« légion », dans le passé , le présent et, soyons
pessimiste, le futur.

Tc:ingent:e Hors-série n°36. Le cercle


par Hervé Lehning EN BREF

Cercles uertueuH
Cercles vertueux :
l'hommage du la vertueuse
vice à la vertu ? récursivité
Le vice des cercles vicieux n 'est On ne peut définir un objet en lui faisant
pas celui que suggère Eugène
référence. Cette assertion souffre d'une
Ionesco dans La Cantah·ice chau-
ve , mais celui d 'un raisonnement exception apparente : les définitions récur-
circulaire, qui prouve... cc qu' il sives . Considérons celle de la factorielle :
suppose. Curieusement, il est La factorielle d'un nombre n est égale
comparable aux cercles que les
à 1 si n =0, à n fois la factorielle
économistes disent vertueux. En
den - 1 sinon .
voici l'archét)1>e : « Économiser
rend riche, être riche permet Cette définition semble autoréférente
d'économiser. » Le cercle ver- la fonction factorielle est définie à partir
tueux est enclenché, et on devien- d'elle-même . Dans ce cas, le principe de
dra riche, par la volonté d'écono-
récurrence rend cette méthode licite. Il est
miser. L' idée n'est pas fausse,
mais le raisonnement n 'est-il pas facile de calculer les valeurs successives
vicieux '! L'hypothèse conduit à de la fonction factorielle à partir de la règle
elle-même , et vice versa. Les énoncée : 0 ! = 1, 1 ! = 1, 2 ! = 2, 3 ! = 6,
cercles vertueux sont-ils un hom - 4 ! =24, 5 ! = 120, etc. De façon générale ,
mage du vice à la vertu ? Peu
si la factorielle den - 1 est définie, celle de
importe, cette expression n 'est
qu 'une opportuniste, qui veut n est son produit par n, elle est donc bien
s'approprier la gloire authentique définie. Par récurrence , la factorielle est
du « cercle vicieux » . ainsi définie pour tout valeur de n.
L'autoréférence n'est donc pas toujours
paradoxale, même s'il convient de s'en
méfier.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles

le cercle de
vanlamoen
Si l'on trace les trois médianes d 'un triangle,
celles-ci le divisent en six petits triangles.
Lorsque l'on construit les cercles circonscrits
à ces six petits triangles, leurs six centres
sont situés sur un même cercle appelé
« cercle de Van Lamoen », du nom de son
découvreur, le mathématicien néerlandais
Floor van Lamoen né en 1966.

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


SAVOIRS par Francis Casiro

la mesure du cercle
Hl-Kashi dans les pas d'Hrchimède
Aujourd'hui la course aux décimales de ,c permet de calibrer les gros ordinateurs.
Au xve siècle, al-Kashi déterminait les seize premières décimales du « nombre
d'Archimède » avec un exceptionnel brio calculatoire.
our les anc iens Grecs, la qua-

P drature d'une surface du plan


réside dans la possibilité d ' une
construction à la règle et au compas
d' un carré de même aire que la surface
considérée. On sait, depuis les travaux
de Pierre-Laurent Wantzel (1837) et de
Karl von Lindemann ( 1882) que la
quadrature du cercle est impossible.
Archimède de Syracuse (- 287, - 212)
fut un quadrateur de génie. Sa détermi-
nation de l'ai re d 'un segment de para-
bole (« Tout segment limité par une
droite et par une parabole est équiva-
lent aux quatre tiers du triangle ayant
même base et même hauteur que le
segment de parabole. ») est un étour- Archimède,
dissant all iage de rigueur et d ' imagina- de Gi useppe Patani a ( 1780- 1852).
tion mathématiques.
Dans son traité la mesure du cercle,
Archimède ramène la quadrature du
« Une démonstratwn définitive a rejeté panni cercle à la rectification de sa circonfé-
les rêves l'antique ambition de la quadrature du rence (c 'est-à-dire à trouver un triangle
rectangle dont un côté de l' angle droit
cercle. Heureux les géomètres, qui résolvent de coïncide avec le rayon du cercle et
temps à autre telle nébuleuse de leur système ; dont l' autre côté, la base, a pour lon-
mais les poètes le sont moins ; ils ne sont pas gueur le périmètre du cercle).
encore assurés de /'impossibilité de quarrer toute Archimède présageait-i l en son temps
que la quadrature du cercle éta it une
pensée dans une forme poéti.que. »
chimère?
Pau/Valéry On trouve, dans l'Almageste (écrit

Ta.ngente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

La médersa de
deux siècles plus tard) , ce commen- Autrement dit, 7t/4 ::::::: 11 / 14.
Samarcande.
taire de Claude Ptolémée : « J 'aurais
fa it ce tra vail (la quadrature du cercle) Proposition III : l e p érimètre de tout
si je n 'avais pas compris, comme j e l 'ai cercle vaut le triple du diamètre aug-
souvent dit, qu 'il est impossible de trou- menté de moins de la septième partie,
ver au moyen des procédés décrits ici, mais de plus des dix soixante et onzième
un segment de droite exactement égal à parties du diamètre.
la circonférence du cercle et que, pour
10 l
qui cherche à s 'approcher de près (de Autrement di t 3 + - < rr < 3 + - .
' 71 7
la valeur exacte) les indications don -
nées ici par Archimède suffisent. » Les palimpsestes se grattent, les rou-
Le « indications données par leaux s' égarent, les bibliothèques brû-
Archimède », évoquées par Ptolémée, lent, la mémoire de l'homme s ' efface.
sont les deuxième et troisième propo i- La philosophie et la science antique ont
tions de la Mesure du cercle : été préservées, perpétuées et magnifiées
Proposition II : l e rapport de l 'aire du par la civilisation arabe qui, de Cordoue
cercle au carré de son diamètre est celui à Bagdad, a prospéré du VIIIe au x,ve
de Il à 14. siècle.

Hors-série n° 36 Le cercle. Tcingente


SAVOIRS La mesure du cercle

Al-Kashi , dan s les pas d ' Archimède, e n leçon s pa rti c uli è res , exerçant épi-
poursui vit la quête sans fin aux déci- sodique m e nt la mé dec in e, a l-K as hi
males de 7t. fi nit par c roi ser, à Sa ma rcande, la
route du « Prince astronome », le sul-
Un érudit uagabond ta n Oulo ug h Beg. Le te mps de la pré-
carité et de l'affli ction est consommé.
On ne sait pas quand il est né, ni quand A l-Ka hi , da ns les lettres à son père ,
il est mort. Les archi ves locales de chante les louanges de son mécène ( «
Kas han , sa v ille na ta le, s ig nale nt sa Il connaît pa r cœur l'essenti e l du g lo-
présence e n 141 O. U n an plus tard, il ri e ux C ora n et réc ite c haque jo urs
écrit son pre mi e r traité . Ghi yath a d- deux nouvea ux c hapitres e n présence
Din Jamshid de zéla te urs du Sa int Li vre et a uc une
M as uud a l-Ka hi e t un as tronome, erre ur n 'est commise. Il n ' ignore ri en
fou de ca lcul. Ses Kh aqani Zij (Tables de la g ra mma ire a ra be et sa c a lli gra-
du grand Kh an), ré di gées e n 1414, phi e est a ns défaut. Il m aî tri se le
re pre nn e nt, corri ge nt e t c ompl è te nt Canon e t ses conna issances so nt
les Ilkh ani Zij, g ra nd cl ass iqu e de g randes en log ique, rhéto rique e t é lo-
l'astronomi e arabe, écrit de ux s iècl es que nce . Il co nnaît à la pe rfec ti o n les
plu s tô t pa r N as ir al-Oin a l-Tus i. Éléments d 'Euc lide et c ulti ve to utes
Comme ncent a lors les a nnées de pé ré- les bra nc he de m a thé m atiques . Sa
g rin a tion s ur les che min s de Pe r e. pui ssa nce e n calcul m e nta l est sa ns
Viva nt de peu, monnaya nt son savoir égale [ . .. ]. »)

la figure d'al-Kashi

A 0 I B

et J dés ig ne nt respecti ve m e nt les éga l à la mo itié de ! 'ang le BOC, ce


pieds des perpendicula ires menées du qui entraîne que les deux ang les BAC
somme t D du dodécagone sur (A B) et BOO sont éga ux et les tri a ng les
e t du centre O du cerc le sur (AC). AOJ et DO! semblabl es . En fa it, ces
Les tria ng les DA I et A DB sont sem- deux trian g les rectang les sont isomé-
bl a bl es, ubséque mme nt AB!b2 trique (l eur hypo ténuse est un rayo n
b?!AI, ce qui peut encore s'écrire du cerc le).
- b 22 = AB .Al = 2( 1 + OI). (*) Par conséquent, 201 = 2AJ = b 1•
D 'autre pa rt, d ' après le théorèm e de Il reste à reporter cette va leur dans (*)
l'ang le a u centre, l' ang le BAC est pour obteni r: b/ = 2 + b 1•

Tcingent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

Al-Kashi enseigne dès lors à la


médersa de Samarcande au côté du Bibliogrnphil'
célèbre astronome Qadi -zadeh Roumi,
participe à la création de l' observatoire Dt! lu 111e.\111·e t/11 Ct!rde. i\n:himèdc,
de Samarcande, et publie en 1427 son tra duc tion de F. Pcy rard .
ouvrage majeur, le Miftah al hi ab (La
clé de / 'arithmétique). .lam.\ ftitl al-Kt1.\ fti Calculating Ge11i11s,
Glen , an Brumml'lcn , l 99X .
l'algorithme d'al-llashi
A lettl!I' 11f .Ja111sftitl al- /111,fti to fti.\
C ' est dan son Traité sur la circonfé- filfha. E. S. lùnnl'dy, Oricn talia 29.
rence de 1424 que al-Kashi calcule une 1%0.
va leur de 7t avec 16 décimale exactes.
L'idée initiale est celle d'Archimède :
approcher le cercle de rayon unité par Un côté a donc pour longueur a 1 = 1 et la
un polygone régulier inscrit ayant un première approximation de 7t en découle :
grand nombre de côtés. n : : : : 3. (C'est la valeur biblique du
Toute la difficulté réside dans le calcul nombre d ' Archimède : « Il fit la mer
de la longueur commune des côtés du de fonte. Elle avait dix co udées d 'un
polygone. bord à / 'autre, une forme entièrement
Al-Kashi commence par l'hexagone ronde, cinq co udées de hauteur, et
régulier inscrit car son périmètre est très un e circonférence que mes urait un
facile à calculer. Ce polygone est en effet cordon de trente coudées. »
la réunion de six triangles équilatéraux. Livre des rois 7 : 22- 27).

Hors-série n° 36 Le cercle. Tcingente


SAVOIRS La mesure du cercle

L'étape suivante consiste à doubler le Un nouvel appel à Pythagore fournit


nombre de côté et à déterminer la lon-
gueur d'un côté d ' un dodécagone
régulier.
Al-Kashi a alors la riche idée de tracer En multipliant par 6, on obtient le
la figure suivante : résultat
1t ::::: 3, 10582 ...

Al-Kashi ne renonce pas malgré la


médiocrité de l'approximation. Arrivé à
ce stade, il fait la simple mais géniale
remarque que sa formule n'est pas
propre à l'hexagone et au dodécagone ;
elle reste vraie pour tout polygone
régulier dont on double les côtés.
La considération des deux suites

et d 'y dénicher la remarquable rela-


tion :
permet donc d ' obtenir de proche en
proche une suite de valeurs capturant
(Pour la démonstration , lire l'encadré de mieux en mieux la valeur de 1t.
la figure d 'al-Kashi.) Pour n = 96, il retrouve la va leur
Le diamètre du cercle qui vaut 2 est d' Archimède 1t = 3, 14103 ... Mais il va
l'hypoténuse du triangle rectangle dont plus loin. Son propos est de déterminer
les deux autres côtés ont pour longueur « le diamètre de ! ' univers en ne e
b 1 et a 1• trompant pas plus que l'épaisseur d' un
D'après le théorème de Pythagore, crin de cheval », ce qui d 'après ses
estimations nécessite de connaître 1t
b1 = 2 2 -a~= /3 ::::: 1,73205... avec 16 décimales exactes.
Il calcule, calcule, calcule.
et par la formule d'a l-Kashi : Et trouve 1t = 3, 1415926535897932 ...
Le polygone as ocié a 805 306 368
b2 = ~::::: 1,93185... côtés !
F.C.

TC1.ngente Hors-série n° 36 Le cercle


par Michel Criton EN BREF

le who's who des cercles A

les cercles de Yiu


Soit ABC un triangle dont aucun angle ne vaut
60°. A', B' et C' sont les symétriques respectifs
des sommets A, B et C dans la symétrie ortho-
gonale par rapport au côté opposé à chacun
d'eux.
Les cercles circonscrits aux triangles ABC',
AB'C et A'BC passent tous les trois par l'ortho-
centre du triangle ABC.
Il en est de même des cercles circonscrits aux
triangles AB'C', BA'C' et CA'B', qui sont appe-
lés« cercles de Yiu ».
Pédagogue, Paul Yiu est auteur de nombreux ouvrages, dont certains sont disponibles en
ligne, comme A Tour of Triangle Geometry, P. Yiu , Department of Mathematical Sciences ,
Florida Atlantic University, 52 pages, 2004.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Francis Casiro

Un théorème de Thalès
ou de Pythagore ?
Deux diamètres d'un cercle sont toujours les diagonales d'un rectangle. Ce théo-
rème démontré par Thalès de Milet, le premier grand mathématicien de l'histoire,
inaugure l'étude des propriétés angulaires du cercle.
iogènc Laërce , dans Vies, un cercle et qui intercepte un diamètre

D Doctrines et Sentences des


philosophes illustres, écrit :
« Selon Pamphile, [Thalès] apprit de
e t droit).
La démonstration repose sur les propo-
sitions cla siques :
Égyptiens la géométrie, inscrivit dans • dans un triangle isocèle, le angles à
un cercle le triangle rectangle, et pour la base sont égaux ;
cette découverte immola un bœuf. • la somme des ang les d ' un triangle
D'autres, comme Apollodore le calcula- vaut un angle plat.
Tha lès de Milet. tew; attribuent cette invention à Avec les notations de la figure, les tri-
Gravure d'Ambroise Pythagore. » De Thalès ou de Pythagore, angles AOC et COB sont isocèles en O
Tardieu. cette découverte s'énonce précisément (OA = OC = OB = rayon).
ain i : si [AB] est un diamètre d'un D ' où 2a + 2~ = 1t, et le résultat.
cercle, pour tout point C du cerc le La réciproque du théorème est vraie :
autre que A ou B , le triangle ACB est l'hypoténuse de tout triangle rectangle
rectangle en C (tout angle inscrit dans est un diamètre de son cercle circonscrit.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

le théorème de l'angle inscrit et celle des angles obtus (« supérieurs »


à un droit) .
La proposition xx du livre m des Éléments Euclide, dans sa démonstration (voir
d 'Euclide énonce une généralisation du encadré), raiso~r une figure où
« théorème de Thalès » : l'angle inscrit BAC est aigu et exa-
Dans le cercle, l 'angle au centre est mine deux situations suivant le cas où
double de l 'angle inscrit, quand ils inter- le point diamétralement opposé à A
ceptent la même portion de la circonfé- appartient ou pas au « petit » arc BC.
rence. Il est curieux que ce théorème ait
impunément traversé deux millénaires
(jusqu'aux premiers coups de boutoir
de Moritz Pasch et David Hilbert à
la fin du XIXe siècle) alors qu'il
tombe manisfestement en défaut
quand l'angle inscrit est obtus .

Ce remarquable théorème sou lève une


difficulté qui tient en un mot : angle.
La définition donnée par Euclide ( Un
angle est l 'inclinaison mutuelle de deux
lignes qui se touchent dans un plan et
qui ne sont point placées dans la même
direction) est malcommode. A C
L' angle géométrique ne vaut guère Comme l'écrivait, en 1895, Louis
mieux . (C'est un objet dont tout le Gérard, dans le Bulletin des science
monde pense avoir une intuition claire mathématiques et physiques :
mais qui reste relativement mal identi- « Dans les questions où interviennent
fié : est-ce un secteur angulaire ? une des angles de cette nature, il faudrait
classe de secteurs superposables ? un passer en revue tous les cas possibles ;
nombre positif qui mesure l' « inclinai- on s'en dispense presque toujours et
son » d ' une paire de droites de même on se contente d'examiner le cas de la
origine?). figure qu 'on a sous les yeux. »
Tenon -nou -en pour l' instant à cette Pour sauver la simplicité de ! 'énoncé
vague notion d 'angle géométrique. d ' Euclide, pour s'exempter de l'exa-
Elle a se héros : l'angle nul , l'angle men des différents cas de figure , il faut
droit, l'angle plat, l' angle plein . Elle a nécessairement perfectionner la notion
es classes laborieuses : ce ll e des d 'angle . Un moyen coûteux mais effi-
angles aigus(« inférieurs» à un droit) cace est d'introduire, par exemple, un

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


1
SAVOIRS Un théorème de Thalès

Soit le cercle (ABC), que l'angle BÊC soit au [EB], l'angle BAB sera ég~ à_l'an~ EBA;
centre de ce cercle, que l'angle BAC° soit à la donc la somme des angles EAB et EBA est le
circonférence, et que ces deux angles aient pour double de l'angle fü [prop. 5.1 : dans un tri-
base la même portion de la circonférence BC : angle lsodle, les angles à la base sont ~aux] ;
je dis que l'angle BÊC est double de l'angle ~ l ' ~ E Fest égal à la somme des angles
m. EAB et EBA [prop. 32.1 : la somme des angles
~triangle vaut un angl!__e_l_!t] ; donc _!'8!!_gle
BEF est double de l~e EAB. L'angle FEC est
double de l'angle FAC, par la même raison ;
donc l'angle total BÊC est double de l'angle
total i3Ac.
Que l'angle BAC change de position et qu'il
D devienne SOC ; conduisez la droite (DE) et
prolongez-la jusqu'en O. Nous démontrerons
semblablement que l'angle ÔËc est double de
l'angle GOC; mais l'angle GÊB est double de
l'angle GDB: donc l'angle restant BÊC est le
double de l'angle restant BOC.
Donc dans le cercle, l'angle au centre est
double de l'angle à la circonférence, quand ils
ont pour base la même portion de la circonfé-
Conduisez la ligne (AE), et prolœgez-la jusqu'en rence;
F. Puisque le segment [EA] est égal au segment ce qu'il fallait démontrer.

Tc:ingente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

objet relativement ophistiqué : l'angle


orienté de demi-droites.
Avant toute chose, on oriente le plan
euclidien (pour tout cerc le, le sens de
parcours est dit direct ou positif s ' il est
contraire à celui des aigui ll es d'une
montre).
Un couple de deux demi-droites de même
origine (Ox, Oy ) détermine ~ e
orienté de demi-droites, noté (Ox, Oy).
(Attentio~uple (Ox, Oy) n'est pas
l'angle (Ox, Oy), mais un représentant
de cet angle, de même qu'une cerise
mûre est un représentant de la couleur
rouge ; d 'autre part, en général, (Ox, Oy)
et (Oy, Ox) déterminent des angles dif-
férents).
Il s'agit maintenant de mesurer un
angle orienté. a - 21t
Pour cela, on trace un cerc le de rayon
I muni de l'orentiation héritée de celle En notant (OA ,~ ne mesure de
du plan. Ce cercle coupe (Ox) en A et l'angle orienté (OA , 08), le théorème
(Oy ) en 8. Fixons en A l'extrémité d'un de l' angle inscrit s' écrit:
fil imaginaire, de longueur infinie, et Soit un cercle de centre O passant
enroulons-le sur le cercle en faisant un par les points A et B. Pour tout point
nombre quelconque de tour . En partant M du cercle distinct de A et B, on a :
de A pour arriver en 8 , toute longueur de (OA, OB) = 2(MA, MB) (21t).
fil , comptée positivement, si on a tourné
dans le sens direct, et négativement dans M
le sens con~st appelée une mesure
de l'angle (Ox, Oy ), en radians.
Comme un tour utilise une longueur de
fil égale à 21t, on en déduit que, si a est
une mesure de l' angle, toute autre
mesure est la forme a + k21t où k est 2(MA. MB) • (OA. 0 8) mod )60"
0
2(M"A. M 8 ) • (OA. OB) mod 360"

un entier relatif. (La mesure apparte- (MA. MB) • t (OA. 0 8 ) mod 180'

nant à ] - 1t, 1t) est appe lée l~ re (M ' A. M "BJ· f coA.00) ,nod 180"
(MA . MB ) • (M 'A, M 'B) mod 180°
principale de l'angle orient~Oy).)
Pour finir, l' angle orienté (Ox, Oy ) est
la c lasse de tous les couples de demi-
droites de même origine ayant le
même ensemble de mesures.
Toute cette lourde machinerie permet
de munir l'ensemble des angles orien-
M' 8
tés d ' une structure « naturelle » de
groupe additif (autrement dit, on a une (Pour une ébauche de démonstration ,
bonne addition pour les angles). voir l'encadré de la page 23.)

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS Un théorème de Thalès

Cas singuliers D'après le théorème de l'angle inscrit :

Que dev ient le théo-


rème précédent
(CA, CD) = t (OA, OB) mod n: et

1
quand le po int
M coïncide
(DA, DB) =
2 (OA, OB) mod n:.
avec ! ' un des Nous avons donc :
deux points (CA , C D) = (DA, DB) mod n:.
Aou B ? Il est fac il e de vo ir que, réc iproque-
Co mm e ment, si, pour quatre points di stincts A,
chaque fo is B, C et D, nous avo ns
que l' on (CA, CD) = (DA, DB) mod n:,
approche d ' un alors les points A, B, C et D appartien-
point catastro- nent à un même cercle .. . ou sont alignés.
phique, il vaut Plus précisément, si
mieux prendre la (CA, CD) = (DA, DB) mod n:
tangente. et si (CA, C B) i- 0 mod n:, a lor les
Dans ! ' identité : po ints A, B, C et D ont cocycl ique .
(OA, OB) = 2(MA, MB) mod 21t, Pour conclure, demandons-nous quel
on rempl ace par exempl e M par A en e t l'ensemble des points du plan pour
convenant que (AA) désigne la tangente lesquels on voit un segment [AB] sous
en A au cercle de centre O qui passe par un ang le constant a.
A et B. Et le résultat reste vrai : M
(OA, OB) = 2(AA, AB) mod 21t.

Cocyclicité

Considérons quatre points di stincts A,


B, C, D appartenant à un même cercle
de centre O .
c

Si on se restreint aux angles orientés de


demi-droites et à un réel a non multiple
de n:, la répon e varie selon que l'on
me ure le angles modulo n: ou 2n:.
D' B F. C.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

Esquisse d'une démonstration du théorème


de l'angle inscrit (et de l'angle au centre)
Soient A, B et M trois points deux à deux distincts sur un cercle
de centre O. On a (OA, OB) = 2(MA, MB) mod 21t.
Dans cette démonstration, on confond, sans ri sque de caco- M
phoni e ou d ' inconséquence, un angle orienté de demi -
droites et une de ses mesures ; on remplace par
exemple l'angle plat par 1t, l'angle droit direct par
rrJ2, l'angle droit indirect par - rc/2 ou 3rc/2, l'angle
nul par Oou 21t .. .
Les triangles AOM et BOM étant isocè les en 0 ,
on a les éga lités d ' angle orientés :
(MA , MO) = (AO, AM)
et (MO, MB) = (AB , AO).
La relation de Cha les permet d 'écrire
(OA , OB) = (OA, OM ) + (OM , OB).
La somme des angles orientés d ' un tri angle étant
éga le à l' angle plat, nous avons
(OA, OM) = 1t - (AM , AO) - (MO, MA)
= 1t + (AO, AM) + (MA, MO) B
= 1t + 2(AO, AM) mod 21t
(en vertu du ré ultat : (RS , RT) = - (RT, RS) mod 21t).
De même, (OM , OB) = 1t - 2(80, BM) = 1t + 2( BM, BO) mod 21t.
En addditionnant membre à membre les deux dernières égalités trou-
vées, nou obtenons :
(OA , OB) = (OA , OM) + (OM , OB)
= 1t + 2(AO, AM) + 1t + 2(BM , BO)
= 2[(AO, AM) + (BM, BO)] mod 21t.
D' où, finalement,
(OA, OB) = 2[(MA, MO) + (MO, MB)] = 2(MA, MB) mod 21t.

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning



des courbes qui ne manquent pas d'aire
A périmètre constant, quelle est la courbe fermée dont l'inté-
rieur est d'aire maximale ? Le cercle, bien sûr ! Point de
départ, un résultat qui semble naturel mais est largement
dépassé par ses conséquences : le triangle d'aire maximale
inscrit dans un cercle est équilatéral.

e suis allé trop loin Une belle preuue

J Avec mon souci d'ordre.


Rien ne peut plus entrer. Commençons par analyser le premi er
problème, en considérant un triangle
Eugène Guillevic, ABC d ' aire maximale inclus dans un
« Le triangle équi latéral », disque O. Nul doute, A, B et C sont ur
Euclidiennes le cercle limitant D.
Ce genre d ' argument est insuffi sant
Comme le suggère Eugène Guillevic pour vous? Qu ' à cela ne tienne, sup-
( 1907 - 1997) dans son poème, le tri- posons qu ' il n' en soit pas ainsi . On
angle équi latéral est allé trop loin . Il peut alors agrandir le triangle, comme
s'est fait indépassable, le poète le sent. le montre la figure .
Qu'il s'agisse de maximiser l'aire ou le
périmètre, c'est lui qu 'on rencontre.
Quand on ne se contente pas de poésie,
quand on aime les certitudes, il reste à
le prouver. Avec élégance, si pos-
sible ...
c

La régularité réalise-t-elle tous


Les optima?
B

Ta.ngent:e Hors-série n°36. Le cercle


1

1
DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

Si A n'est pas sur le cercle, on opère un Sans l'utiliser, nous pouvons toutefois
premier agrandissement du triangle établir que tout triangle inscrit dans un
ABC en A'BC. Il suffit de prolonger le cercle est d 'aire inférieure à celle d ' un
côté [AB] , il coupe le cercle en A' : le triangle équilatéral inscrit dans le
triangle A'BC est d'aire supérieure. même cercle. Pour cela, partons d'un
CQFD : le troi côtés A, A' triangle quelconque et
B et C sont donc ur le construisons une suite de
cercle. trois triangles d 'a ires crois-
santes aboutissant à un tri-
Supposons maintenant angle équilatéral.
que les côtés ne soient
pas tous égaux. Par On part d ' un triangle ABC
exemple que AB < AC. non équilatéral. Un de ses
L'aire du triangle est angles (par exemple A) est
égale à la moitié de la strictement inférieur à 60°.
base BC multipliée par la hauteur AH . On porte alors un angle de 60° en ce
On peut à nouveau agrandir le triangle, point et on obtient un nouveau triangle
C'
comme le montre la figure ci-contre. ABC ' . Son aire est supérieure car a la
même base AB et une hauteur allongée.
Si AB < AC, on remplace A par l'inter- On considère alors A' à l'intersection
section A' de la médiatrice de [BC] et de la médiatrice de BC' et du cercle. Le
du cercle. La hauteur augmente et donc triangle A' BC' est d ' aire supérieure à
l'aire ... C'est contraire à l' hypothèse. celle de ABC et il est équilatéral (il est A'
i ocèle et possède un angle de 60° en
Donc AB = AC : les côtés du triangle vertu du théorème de l'angle inscrit).
d'aire maximale sont tous égaux. Il
s' agit d ' un triangle équilatéral. On Inégalité isopérimétrique
remarque de plus que les triangles
équilatéraux inscrits dans le cercle se Sans cette réciproque, la démonstra-
déduisent l' un de l'autre par rotation. tion était à la fois belle et insuffisante.
Ils ont tous même aire. Sa beauté tient à sa simplicité bien sûr,
mais surtout aux possibilités de géné-
Un zeste de masochisme ralisations qu'elle contient.
Le principe utilisé dans sa démonstra-
Le résultat vous semble correct ? En tion permet de démontrer que le poly-
toute rigueur, cette preuve est insuffi- gone à N côtés d'aire maximale inclus
sante. Pourquoi ? Tout simplement dans un disque est le polygone régulier.
parce qu'elle repose sur une hypothèse Ce même type de raisonnement va per-
non prouvée, celle de l'existence d ' un mettre de démontrer, de façon certes
triangle d'aire maximale. En fait, on insuffisante, ce qu'on appelle l'inéga-
peut la démontrer à l'aide d ' un théo- lité isopérimétrique.
rème qui relève des mathématiques
supérieures : toute fonction continue L'essentiel est de savoir répondre au
(ici , la fonction qui à un triangle asso- problème suivant :
cie son aire) sur un fermé borné (l'en-
semble des triangles inclus dans le Parmi les triangles de périmètre P,
disque) admet un maximum. quel est celui d'aire maximale ?

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Cercles : des courbes qui ...

Comme précédemment, admettons Le rapport P2/A pennet d 'éliminer


Ag randisse ment qu ' un tel triangle existe. Ce résultat est 2
R : P = 4Ntan n: .
de l'a ire du démontrable avec le principe de conti- A N
tria ngle si nuité cité plus haut. Nous considérons L' inégalité : tan x ,!: x valable pour
AB < AC . donc un triangle d'aire maximale ABC, O s x s n / 2 pennet de conclure :
et upposons que AB < AC. P2 <!: 4 n: A .
A' L'ensemble des point M tel
que le périmètre de BCM Du polygone au cercle
oit égal à celui de ABC
est une ellip e. En considérant les courbes comme de
polygones de côtés infinitésimaux, on
Le point où la hauteur montre que cette inégalité s'étend à
est maximale est situé sur toutes les courbes, et que la courbe fer-
médiatrice de [BC] . En mée de périmètre donné d 'a ire maxi-
toute rigueur, cette propriété est à male est le cercle. Cette propriété se
prouver mais elle découle des symé- retrouve dan les plans des villes forti-
Partie généra - tries de l'ellipse. Le triangle de péri- fiées du Moyen Âge. Les remparts
tri ce d ' un poly- mètre P d 'aire maximale est donc le tri- coûtaient cher. On essayait donc d 'en
gone r égulier : angle équilatéral. minimiser la longueur, tout en maximi-
son aire et son Notre preuve se généralise au poly- sant la surface de la ville. En plaine,
périmètre sont gone à N côté de périmètre Pet d ' aire l' idéal est une fonne circulaire.
égau x à 2 N foi s maximale : il ' agit du polygone régu-
la lon gueur AB et lier. En calculant l'aire et le périmètre De façon plus prosaïque, on retrou ve
l' aire ABO. Les d ' un polygone régulier à N côtés, nous cette propriété dans les yeux d'un
deux s'ex prim ent en déduisons une inégalité intéres- bouillon ou, en dimension trois, dans
en fon ction du sante. En fonction du rayon R du cercle les bulles de savon. Les yeux du
ra yon du ce rcle circonscrit, l'aire A vaut : bouillon comme les bulles de savon
circo nsc rit R. A = NR 2 cos n: sin n: minimisent leurs périmètres, ce qui
N N donne un cercle dans le premier cas,
A B et le périmètre : P = 2 R 2 sin n: une sphère dans le second .
(voir la figure) . N
H.L.

Vue aé rienn e d 'Uzès


(Ga rd ). Les rempa rts
ont dis pa ru ma is
sont fa cil es à
dev iner, ca r il s sont
rempl acés pa r des
bouleva rds bordés de
plata nes. Un ce rcle
0 en per s pecti ve se
d ev in e.

Tcingent:e Hors-série n°36. Le cercle


par Gilles Cohen EN BREF

faire le tour du cercle


Dans un plan, une métrique est un moyen de bien mesurer la distance entre deux
points. Dans un tel plan, un cercle C est défini par un point Q (son centre) , et un
nombre réel R (son rayon). C est l'ensemble des points M dont la distance au
centre Q est égale au réel R. Dans le cas d 'une distance dite euclidienne, le cercle
ressemble à la figure que nous connaissons tous. Mais, comme le montre l'article
Les cercles de Manhattan en page 138, sa forme peut être radicalement
différente pour d 'autres distances.
Des points
Équation cartésienne et des cercles
ou paramétrique Par trois points non alignés A, 8 , C, il
passe un et un seul cercle , appelé
Dans un plan euclidien rapporté ù un rcpérc ortho- cercle circonscrit au triangle ABC . Son
nonné. l'équation d'un cercle ( · est la relation entre centre est le point d'intersection des
les coordonnées .r et r d'un point M qui caractérise méd iatrices des trois côtés du triangle
l'appartenance de :VI au ccrc le ( ·. Celle rel al ion est (concourantes , dans la mesure où
donc une condition llL'Ccssairc cl sullisantc pour que chaque médiatrice est l'ensemble des
M appartienne ù ( ·. Dans le L'as d'un cercle de centre points à égale distance de deux des
Q (a: h) et de rayon R. die exprime que le carré de
sommets).
la distance de Q ù M.(\ <1) : : • (r h):::. est égal au Ainsi , un cercle peut être entièrement
carré du rayon . R:::. défini par trois points non alignés .
(x - a )2 + (r - 1,) 2 = R 2 est l'équation cartésienne du
En généralisant cette définition , on peut
cercle ( ·. considérer qu 'une droite n'est rien
d'autre qu'un cercle de rayon infini.
On constatera (\oir article en page 2-1) que l'expres-
sion (.r Cl) ::: • (r hl : : R:: . appelée 1111i.11w1ce du Passons maintenant de trois à quatre
1wil11 .\/ /JCII' r111111ort <111 c!'rcl!' ( ·. caractérise la posi-
points. Un quadrilatère convexe ABCD
tion de tout point M (r : r) par rapport au cercle C : est inscriptible dans un cercle si la
si elle est nulle. le point \1 est sur le cercle. si elle est somme de deux de ses angles opposés
négaliYc. \1 est ù l'intérieur du di.11/II<' défini par le sont supplémentaires (de somme un
cercle. si elle est positi,c. \1 est ù l'extérieur. angle plat). Ce résultat est une consé-
quence du théorème de l'angle inscrit
On peul aussi. en relation a, ~·c le c!'rcl<' trigo11111111 ;- (voir article en page 24 ). B
(1oir en pagL' 37). rcprL'scntcr les points d'un
tril1111·
cercle de maniérc paramétrique. I.~· 1111ra1111;lr<' u d'un
point M du ccrcle sera l'angle polaire (angle de la
demi-droite hori1011tale a, cc le rayon Q\1 ). cc qui
permet d'écrire le couple d'équations paramétriques : La somme des deux
.r a R cos u angles en jaune est de
{ r · h • R sin 11 .
180° : ABCD est
inscriptible.
Quand u ,aric entre O cl 2:-r. l'cnscmhle du cercle est
ainsi décrit.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Francis Casiro

Un inuariant de Steiner
ou la puissance d'un point par rapport à un cercle
La puissance d'un point par rapport à un cercle traduit la distance relative d'un
point à un cercle: positive, le point est à l'extérieur du cercle ; négative, il est à l'in-
térieur ; nulle, il est sur le cercle.
acob Steiner, fi gure remarquable Seul le point de vue change : on pa se

J de la géométrie a llemande du
XIXe siècl e, publia, en 1826, un
long articl e intitulé Einige geome-
d ' une proposition sur une fi g ure à la
mi se en place d ' une re lation entre un
point et un cercle .
trische Betrachtungen (Quelques Mai s qu 'en est-il exactement ?
observations géom étriques). li y défi-
nit la puissance d ' un point par rapport La puissance d'un cercle
à un cercle (Potenz des Puncts).
Ri en de vraiment neuf sous le sol e il Les deux acteurs principaux sont un point
géométrique. Ste iner reprend et refor- M et un cercle r (M peut être à l' exté-
Jacob Steiner mule les propositions xxxv1et xxxv11 rieur du cercle, à l'intérieur du cercle ou
(1796-1863). du li vre 111 des Éléments d ' Euc lide. sur le cercle). Une droite passant par M
coupe le cercle en A et B. La remarquable
propriété énoncée par Euclide est la sui-
vante :
le produit MA x MB e t constant

Ta.n9ent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

(il est indépendant de la droite choi -


A'
ie). (Voir l' encadré Démonstration de
la propriété fondamentale.)
Quand M est à l' extérieur du cercle, la
droite sécante peut être une des deux tan-
gentes menées de M au cercle (les points
A et 8 sont alors confondus avec le point
de contact T). Le produit MA x M8 est
alors égal à MT2. On en déduit aisément
que
MA x M8 = OM 2 - 0T2 =s2 - R2
(où s est la distance de M au centre du
cercle).
Si M est à l'intérieur du cercle, on trouve
que
MA x M8 = - (s2 - R2) .
On peut unifier ces deux résultats en utili-
sant le mesures algébriques (di tances
signées) :
avec les notations précédentes, on
appelle puissance du point M par rap-
port au cercle r , le produit des mesures
algébriques de MA et M8 , et noté
Pr(M). Ce produit est indépendant de la
droite choisie ; cet invariant vaut tou-
A'
jours OM 2 - R 2 :

Réciproquement, considérons quatre


points non alignés A, 8 , C, D.
Supposons que les droites (AB) et (CD)
se coupent en un point M vérifiant
MA ·MB = MC ·MD ·
Alors les points A, 8 , C et D sont cocy- Pour M fixé MA x MA'= MB x MB' = MC x MC'.
cliques.
Pour le voir, traçons le cercle passant
par A, 8 et Cet notons D' le point d ' in- la puissance commune de l'orthocentre
tersection de ce cercle avec la droite
(MC). D'après le théorème de la puis- On montre faci lement que l'ensemb le
sance d ' un point, de points ayant la même puissance par
rapport à deux cercles non concen-
-- - - -, triques est une droite appelée axe radi-
M A •M B = M C ·M D ·
cal des deux cerc les (cet axe,
Nou avons donc perpendiculaire à la ligne des centres ,
passe par les point d ' intersection quand
M D' = M D et D' = D· les deux cercles sont sécants).

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS Un invariant de Steiner

Cons id ' rons un triangle ABC et tra-


çons les cercles r AB et r AC de dia-
mètres re pectifs [AB] et [AC].
Soit A' le second point d' intersection de
r AB et r AC- Il est clair que (AA') est l'axe
r
radical des deux cercles AB et AC- r
Mai s en vertu d ' un théorème dû à
Thalès (tout angle inscrit dan s un
cercle qui intercepte un diamètre est un
C angle droit) , on voit que (AA') est une
hauteur du triang le ABC.
L'orthocentre d ' un triangle a donc la
même puissance par rapport aux troi s
cercles ayant pour diamètres les côtés
de ce triangle.
F.C.

Démonstration de la propriété fondamentale


Soit M un point extérieur au cercle r de centre En vertu du théorème de Pythagore,
O et de rayon R. Menons du point M une MT 2 = OM 2 - OT 2.
sécante au cerc le ayant A et B pour points de On a donc MA x MB = s 2 - R2 (où s est la dis-
concours. Traçons auss i, de M , une tangente tance de M au centre du cercle).
(MTT') à ce cercle. Le produit MA x M B ne dépend pas de la
écante au cercle, mais seulement du point M.
Supposons maintenant le point M intérieur au
cercle et considé-
ron deux
cordes [AB]
et [CD]
écantes en
M.
li est clair
M que les tri-
angles MAC
et MDB sont
D'aprè le théorème de l'angle inscrit, les angles semblables (égali-
(AB, AT) et (TB, TT') sont égaux. En passant aux tés des angles en jeu).
supplémentaire , on voit que (AT, AM) = (TM, TB). Il s'ensuit que MA/MD = MC/MB
Les triangles MAT et MTB, outre ces deux angles et MA x MB = MC x MD .
égaux, ont en commun l'angle (MA, MT) ; ils À nouveau, le produit MA x MB ne dépend pas de
sont donc semblables. la sécante au cercle, mais seulement du point M.
En prenant A et B diamétralement opposés, on
O d'd . MA MT voit que
n en e u1t que M T = M ,
8
MA x MB = (OA - OM) x (OB + OM)
soit MA x MB = MT 2. = - (s2 - ?) .

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


par Édouard Thomas EN BREF

le cercle trigonométrique
Une représentation Considérons le plan euclidien, muni d'un repère orthonormé.
Un cercle unité est un cercle dont le rayon est égal à 1. Un
qui respire l'unité cercle unité particulier est alors celui centré sur l'origine du
repère : c'est le cercle trigonométrique. Son utilisation en
mathématiques est multiple : il permet l'étude des fonctions
trigonométriques, la visualisation de propriétés géométriques, ou encore la représentation des nombres
complexes de module 1.

Tout point M du cercle sera caractérisé par son angle polaire 8, angle
que forme le vecteur de base GA avec le ray on vecteur DM. Les pro-
jections C et S de M sur les axes ont pour mesure algébrique respec-
tivement le cosinus et le sinus de l' angle 8, tandis que la trace T de
la demi-droite [OM) sur la verticale issue de A figure sa tangente.

Derrière cette apparente profusion de notions se cache en fait. . .


l'unité.
Par exemple, on visualise d' un seul coup d ' œil que la propriété fon-
damentale (cos x)2 + (sin x)2 = 1, valable pour tout nombre réel x,
n' est en fait qu'un cas particulier du théorème de Pythagore. Par
ailleurs, vue sous l' angle de l'analyse complexe, cette propriété est
Le ce rcl e tri gonom étriqu e. encore plus évidente, puisqu ' elle traduit le fait que tout point du
OC représe nte le cos inu s, cercle trigonométrique est à une distance l de l'origine du repère :
OS r eprése nt e le sinus,
1 = [eùl = [cos x + i sin x[ = Vcos 2x + sin2x
AT représe nte la tan ge nte
de l'angle e.

Angles et mesures d'angles


Un angle est un objet mathématique qui s'apparente à une rotation. Une
unité choisie, un même angle peut être représenté par plusieurs valeurs,
séparées par des multiples de la période, qui correspond à un tour complet.
Ainsi, un tour complet de cercle mesure 360 degrés ( 0 ) , 2:1t radians (rad) ou
encore 400 grades, gradians ou gons (gr).
Pour passer d'une unité ~i une autre, une simple règle de trois permet de
convertir degrés en radians ou en grades. Le grade est l'unité légale de
mesure d'angle en topographie et en géodésie ; le degré reste traditionnel-
lement utilisé en navigation et en aéronautique ; le radian est utilisé en
mathématiques et en physique.

Hors-série n° 36. Le cercle TanQente


SAVOIRS par André Bellaïche

les faisceauM de
Aujourd'hui disparue des programmes, la notion de faisceau
de cercles reste d'actualité: ils sont un exemple de « famille à
un paramètre de courbes algébriques » . Ces termes s ont
aujourd'hui courants en géométrie algébrique et en physique
théorique.
Le faisceau de cercles de points limites
A et B est l'ensemble des lignes de
ni veau de la fonction qui , au po int M
du plan , assoc ie MA/MB (M distinct
de B) . En d'autres termes, c'est l'en-
semble des ce rc les d 'éq uati on
MA/MB = k, où k > O.
On obtient le cercle de rayon nul {A}
pour k =0, et le cerc le de rayon nul
{B} pour k infini . Quand le paramètre
k prend la valeur 1, on n' obtient pas un
cercle mais une droite : la médiatrice
de [AB] . Il n'est pas tout à fa it évident
Faisceau de cercles out démarre avec une défini - que , pour k distinct de 0, 1 ou oo ,
de points de base
Aet B. T tion des plus naturelles. Soient
A et B deux points distincts du
plan . Le faisceau de cercles de points
l'équation MA/MB = k définisse un
cercle. Ce résultat e t dû à Apollonius.
li fut te llement fasc iné par sa décou-
de base A et B est l' ensemble des verte qu ' il proposa d 'adopter l' équa-
cercles passant par A et B . Chacun de tion MA/MB = k comme nouve lle
ces cercles est parfaitement défini par défi nition des cercles. Aujourd'hui , on
le choix de son centre C sur la média- démontre très simplement le résultat
trice de [AB]. Le cercle du faisceau d ' Apollonius en passant en coordon-
dépendent donc d ' un paramètre réel : nées. On peut év iter ce recour à la
l'abscisse du point C sur la médiatrice géométrie analytique (et vérifier que
de [AB] munie d ' une origine. les centres des cerc les en question sont

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

Faisceau de cercles de points limites Un faisceau de cercles tangents.


Aet B.

tous alignés) en écri vant l'équation ceaux à points limites. Enfin, s' ils sont
sous la forme MA 2 -k2MB 2 =0, et en tangents, on obtient un troisième type de
fa isant usage d ' une identité connue des faiscea u : le faisceau de cercles tangent .
élèves de terminale sc ientifique :
Puissance d'un point par rapport
aMA 2 + ~MB 2 à un cercle
=(a+ ~)MC 2 + aCA 2 + ~CB2,
Dans l'enseignement secondaire des
où C dé igne le barycentre des points années 1900- 1970, on tenait à év iter
A et 8 de poids respectifs a et ~ · tout usage des coordonnées en géomé-
trie. On pe ut par exemple diss imuler
Une définition unifiée l'usage des coordonnée en remplaçant
le premier membre de l'équation d ' un
On obtie nt une défi nition unifiée cercle par l'express ion OM 2 - R2 qui a
regroupant les deux types de faisceaux la même valeur, pourvu que l'équation
en partant de deux cercles r et r· du cercle commence par x2 + y2. Mai s
d 'équations x2 + y2 + ax + by + c =0 et on all ait encore plus loi n dans la di ss i-
x2 + y2 + a'x + b'y + c' = O. mul ation en employant l'express ion
Les cercles du fa isceau engendré par équivale nte de puissance d'un point
r et r · sont les cerc les d 'équation par rapport à un cercle. Voyons de
a(x2 + y2 + ax + by + c) + a' (x2 + y2 + quoi il s'ag it.
a'x + b'y + c') =0 (avec a+ a ' ~ 0). r
Soit un cercle de centre O et de rayon
Comme cette équation peut auss i bien R, et so it M un point du pl an .
s'écrire x2 + y2 + ax + by + c + (a'/a) Lor qu ' une droite (D) passant par M
(x2 + y2 + a'x + b'y + c') = 0 , il n'y a coupe le cercle en de ux points Pet Q ,
en réalité qu ' un seul paramètre, le rap- le produit MP.MQ ne dé pend pas de la
port À = a'/a. Mais il ne faut pas droite choi sie. C 'est la valeur de ce
oublier de donner à À la vale ur oo si on produit qui est appelée puissance du
veut retrouver le cercle r ·. point M par rapport au cercle r , et
r r·
Si les cercles et se coupent en deux notée Pr(M). La démonstration de l' in- La puissance de M
points distincts A et 8 , on retrouve les variance du produit MP .MQ utili se la par rapport au
faisceaux à points de base. S'i ls ne se propriété de 1'angle inscrit et les tri- cercle ne dépend
rencontrent pas , on retrouve les fais- angles semblables. pas de Pet Q.

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Les faisceaux de cercles

En prenant pour (D) une droite pas ant Orthogonalité


par le centre de r , on montre que
Pr(M ) = OM 2 - R2 . On voit , grâce à On dit que deux cercle sont orthogo-
cette relation , ou par un passage à la naux s' il s se coupent orthogonalement ,
limite, que lorsque M est extérieur au c'est-à-dire qu ' ils se coupent et que les
cercle, on a Pr(M) = MT2, où T est Je tangentes aux po ints d ' intersectio n
point de contact de l' une des tangentes sont perpendiculaires. Une condition
menées de M au cercle . néce aire et uffisa nte pour que deux
Définition de la On défini ssa it auss i l' axe radical de cerc les r et r ', respecti vement de
puissance de M deux cercles r r·
et par la condition centres O et O ' et de rayo ns R et R',
à l' aide d ' une Pr(M ) = Pr ·(M) . Le faisceau F engen- soient orthogonaux est que R2 + R' 2 -
tangente au cercle dré par les cerc les r r·
et était vu 00' 2 = O. Si les cercles ont pour équa-
passant par M. co mme l' ensemble des cerc les r À, tion .x2 + y2 - 2ax - 2by + c = 0 et x 2 +
d 'équation Pr(M) + ÀPr ·(M ) = O. y2 - 2a 'x - 2b'y + c' = 0 , alors:
En remplaçant le cerc les r et r ' par
deu x cercles quelconques C et C' du 00' 2 -R 2 -R' 2 =2aa' + 2bb'-c-c' .
fa i ceau F, on obtient toujours le même
fai ceau. De plu , les cercles C et C ' Cette condition montre qu ' un cercle
o nt le même axe radical que et r r· : e t orthogonal à tous les cerc les d' un
on peut donc appeler cette droite l'axe fa isceau F s' il est orhogonal à deux
radical du fa isceau F. On peut con idé- d 'entre eux. Le para mètres a, b et c
rer l' axe radical comme le cercle dégé- des cerc les orthogonaux aux cercles de
néré du fa isceau , obtenu pour À= - 1. Il F sont donc le solutions d ' un système
est notable que tous les points de l' axe d 'équations linéaires du type
radical ont la même pui ssance par rap-
port à tous les cercles du fa isceau. 2a 1a + 2b 1b- c 1 - c =0 et
Tout cela est presque immédiat , géo- 2a 2a + 2b 2b - c2 - c =0.
métriquement , dans le cas des fa is-
ceaux à po ints de base. L' idée est de Si l'on vo it (a, b, c) comme un point de
rendre év idente ! ' égalité IT = IT' dans !R 3 les cercles orthogonaux aux cerc les
la fi gure ci-dessous. de F correspondent à une droite de IR 3 .
En paramétrant cette droite, on voit
On peut considérer l'axe radical comme que ce cercles forment un nouveau
le cercle dégénéré du faisceau. fa isceau F', appelé le fa isceau ortho-
gnal à F. La sy métrie de la relation
d 'orthogonalité fait que l' orthogonal
de F' est F. On parle donc de deux fai s-
ceaux orthogonaux.

Géométriquement , les cercles du fai s-


ceau orthogonal au fa isceau de points
de base A et B s'obtiennent ainsi : on
prend comme centre un po int M de
l'axe radical (la droite (A B)) situé en
dehors du segment [AB ], et comme
rayon ) pF(M) où PF(M) est la puissan-
Visualisation d ' une propriété des faisceaux de cercles. ce de M par rapport à n' importe quel

Tcingente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

cercle du fa i ceau F. On voit faci le-


ment que les cercles ainsi obtenus sont
les cercles du fa i ceau à points limites
A et B.

fonctions complexes

Une intéressante connex ion ex iste


entre fa isceaux et fonctions de
variables complexes. Le choi x d ' une
repère orthonormé permet d ' identifier
le pl an au pl an complexe. On observa
alors que les deux fa isceaux , à points
de base A et B et à points limites A et
Un cercle orthogonal à tous les cercles d'un faisceau.
B, sont liés à la même fonction : le pre-
mier est défi ni par « l(z - a)l(z - b)I
est une constante » , le second par
« Arg((z- a)/(z- b)) est une constante »
(cela se vo it en utili sant la propriété de
l'angle inscrit).

Deux faisceaux orthogonaux (cas à points de base).

Deux faisceaux de lignes orthogonales.

C 'est en fai t un résultat général : sif est


un po lynôme ou une fonction ratio n-
nelle de la variable complexe z (ou
même une fonction analytique) , les
li gnes de niveau « Re .ftz) e t constan-
te » et les lignes de niveau « lm fi z) est
constante » fo rment deux faisceaux de
lignes orthogonales. Et de mê me pour
les li gnes de niveau « !/(z)I est constan-
te » et « Argfiz) est constant » . Deux faisceaux orthogonaux (cas tangent).

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Les faisceaux de cercles

Polaire d'un point • So it r un cercle d ' un fa isceau à


points limites A et B , et soie nt I et J
On dit que deu x points C e t D d ' une les points d ' inte rsection de r avec la
droite sont conjugués harmoniques par droite (AB). Alors I et J sont conjugués
rapport à de ux points A et B de la harmo niques par ra ppo rt à A et B.
mê me droite si on a : • Soit ABC un triang le, et so ie nt I le
po int o ù la bissectrice intérieure en C
CA/CB= - DA/DB. coupe (AB), J le point où la bissectrice
extérieure en C coupe (AB ). Alors I et
La re lation de conjugaison harmonique J sont conjugués par rapport à A et B .
reste valable i l' on échange A e t 8 , ou • Soit r un cercle du plan , de centre O
C et D, ou s imultané me nt ces de ux et de rayon R , et soie nt A et B de ux
couples. Si K est le milie u de [CD], la point du plan . Supposons que la droite
re lation de conjugai son harmonique (AB) coupe le cerc le en P et Q. Alo rs A
s'écrit auss i : e t B sont conjugués harmoniques par
rapport à P et Q si et seule ment o n a :
KA.KB =KC 2 =KD 2•
Voic i quelques situations où inte rvient - -
OA.OB= 2
R.
cette notion.
Ce tte re lation a un sens mê me si la
droite (AB ) ne re ncontre pas le cercle.
On la pre nd do nc comme dé finiti o n :
deux points A et B sont conjugués par
--+ --+ ?
rapport au cercle r s i OA .08= R-.

E nfin , de ux points A et B sont conju-


gués par rapport à r s i le cercle de di a-
mè tre [AB] e t orthogona l à r . C 'est
une définition qui a plu aux inspecte urs
géné raux de l'époque car e lle ne fa it
interve nir ni le produit scala ire, ni les
IA/IB =JA/JB =CA/CB. a bsc isses de points d ' inte rsec tion
éventue lle me nt imaginaires, ma is e lle
a fait le malheur de génération de can-
didats au baccalauréat. Essayez-donc
avec ça de dé montrer les ré ultats qui
sui vent, immédiats avec le produit ca-
laire et les coordonnées ...
L'ensemble des conjugués d ' un po int
donné G est une droite, cette droite est
appe lée la polaire de G par rapport au
cercle. Si G est extérie ur au cercle, la
polaire de G est la droite qui joint les
points de contact des tangentes au
cercle me nées de G .
Polaire de A, pied de la polaire de A et autres points Voyons ma intenant que lques résultat
conjugués de A. a musants. So it ABC un tri ang le.

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

Appelons cercle d 'Apollonius du côté


[AB] le cercl e MA/MB = CA/CB.
r
Alors les troi s cerc le d ' Apollonius du
tri angle ABC appartiennent à un même
faisceau à points de base P et Q . Le
cercle c irconscrit à ABC est orthogonal
aux troi s cercles d 'A polloniu s, il
appartient donc au faisceau à points
A
limites P et Q . De même, son centre est
situé sur la droite (PQ). Soit RST le tri-
angle formé par les trois tangentes en
A , B et Cau cerc le c irconscrit ((ST) est
tangente en A , etc.). Les droites (AR),
(BS), (CT) sont concourantes en un
point appelé point de lemoine du tri- A et 8 sont conj ugués par rapport au cercle r.
angle, lui au si situé sur la droite (PQ) .
Enfin , la médi atri ce de [PQ], s ur
laq uelle se trouvent les centres des
trois cercles d ' Apollonius, est la polai-
re du point de Lemoine par rapport au
cercle circonscrit.

Tous les faisceaux sont à points


de base
Avec les nombres complexes, on s'est
habitués à considérer qu ' une équation
du second degré à coefficients réels a
non pas 2, 1 ou O solution( ) suivant le
cas , mais toujours deux o lutions :
réell es ou complexes, di stinctes ou
confondues . Grâce au même principe
de générali sation , sans lequel il n'y
aurait pas de géométrie algébrique
moderne, on peut dire qu ' une droite et
un cercle quelconques e coupent tou-
jours en deux points réel di stincts,
réels confondus, ou imaginaires. De la
même façon , on peut considérer que
tous les faisceaux sont des faisceaux à
points de base.
Les cercles du faisceau à points-limites
A(- a , 0) et B(a, 0) ont pour équation
générale (x + a)2 + y2 + À((x - a)2 + y2)
=O. Ils pa sent tous par les deux points
P (0, ia) et Q(O , - ia) de l'axe (Oy). On Illustration de propriétés du cercle d 'Apollonius
montre réc iproquement qu ' un cercle du triangle ABC.

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Les faisceaux de cercles

ou une droite qui passe par ce po ints Allons plus lo in encore : s i A et B ont
appartie nt au fa isceau . Le fa it d 'avoir deux points du paraboloïde P, corres-
sur (Oy) des po ints à coordo nnées pondant à deux po int du plan , la droite
complexes ne do it pas gêne r. On pe ut (F) qui le joint est le fa isceau à point
considé rer que le pla n ~ 2 est conte nu limites A et B , tandis que le fa isceau à
dans un e nsemble plus grand , C 2 . M a is po ints de base A et B est l'intersection
cette inte rve ntion des complexes tout à (F') des plans tangents en A et B . La
fait diffé re nte ! Plus haut , o n avait convex ité mo ntre que ce fa isceau ne
ide ntifié le plan ~ 2 à C ; ic i on cons i- contient pas de cercle de rayon nul.
dère le pla n ~ 2 comme conte nu dans
un e nsemble C 2 plus grand . Il semble sur la figure c i-dessus que F
Quant aux fa isceaux de cercles tan- est constituée de « deux morceaux ».
ge nts, o n pe ut cons idé rer qu ' ils sont En fa it , il manque à F son axe radica l :
défini s par un point double, un point les cercles qui dégénèrent en droites
double é tant lui -mê me défi ni par un sont re présentés par des points à l'in fi-
point P et une droite (~) passant par P : ni . Les deux moitiés de F sont donc
on dira qu ' une courbe passe par le raccordée par l' infini.
point double si e lle passe par P et que
sa tangente e n P est (~). Enfin , les droites (F) et (F') sont conju-
g uées par rappo rt au paraboloïde P :
Point de uue moderne c hac une est l'ensemble des point s
conjug ués de to us les po ints de l'autre
Assoc ions au cerc le d 'équation .x2 + y2 par rapport à P. La défi nition des points
-2ax-2by + c =0 le po int (a, b, c) de conjug ués via la conjugaison harmo-
3
~ . L'équatio n s'écrit e ncore (x - a)2 + nique est le mê me que dan le cas du
(y- b)2 =a 2 + b2 - c . Ce n'est vraiment cercle. Analytiquement, la conditio n
l' équation d ' un cerc le que i a 2 + b 2 po ur que (a, b, c) e t (a', b', c') soie nt
- c ~ O. Sinon , il s'agit d ' un cercle de conjugué s'obtie nt comme dans les
rayon imaginaire. L'espace des cercles situations simil aires d 'orthogona lité:
est donc représenté par la partie de e n dédoublant l'équati on de P, soi t
l'espace située au-dessous du parabo- a 2 + b2 - c = O. Un terme carré comme
loïde d 'équation c =a 2 + b 2 . Les po ints a 2 est re mplacé par aa', un terme rec-
du paraboloïde re présentent les cercles tang le comme ab e t re mplacé par
de rayon nul. Un faisceau F est une \h(ab' + ba '), un te rme du pre mier
droite dans cet espace : les droites qui degré comme c est re mpl acé par
ne rencontrent pas P sont les fa isceaux lh(c + c'). On retrou ve la conditio n
à points de base ; les droites qui re n- d ' orthogonalité de de ux cerc les:
contrent P sont les faisceaux à points 2aa' + 2bb' - c - c' =O.
limtes ; les droites ta ngentes à P ont
les fa isceaux de cerc les ta nge nts. Nous vous proposons une applicatio n,
L'ensemble de cercles qui passent par un « théorè me des six cercle », que
un point donné (a, b) du plan est le c ite M a rce l Berger da n on li vre
plan tange nt à P au point correspondant Géométrie vivante.
(la convex ité de P mo ntre pourquo i
l'ensemble des cercles passa nt par Dans la figure de quatre cercles c i-
deux points est une droite qui ne re n- après, si les quatre points a, b, cet d
contre pas P). sont sur un mê me cercle , alors il en est

Tc:ingente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

c
Intérieur de P
(ensemble des cercles de rayon imaginaire pur)

Paraboloïde P
(ensemble des cercles de rayon nul)
b
Plan tangent en B
Faisceau à points-limites (ensemble des cercles passant par le point 8)
A etB

Intersection des plans tangents


en A et B
Extérieur de P (faisceau à points bases A et B)
(ensemble des vrais cercles)

L 'ESPACE DES CERCLES

Interprétation géométrique moderne.

de même automatiquement pour les


quatre autres po ints e ,J, g eth . On peut
démontrer cec i « à la main » avec les
notions classiques de pui ssance par
rapport à un cercle et d'axe radical.
Cependant , la démonstration concep-
tue ll e, due à Adrien Douady
( 1935- 2006), est fulgurante : dans
l'espace des cercles , l'ensemble des
cercles passant par deux points donnés
forme une droite. Alors, si no quatre
cercles ont pour noms p, q, r et s , l'hy-
pothèse du théorème e t que le droite
(D) = (pq) et (D') = (rs) ont un point
comm un x. Ces deux droites sont donc
dans un même plan et donc de nou veau
les droites dé finie par (ps) et (qr) se
rencontrent en un point y : c'est le
cercle recherché !
Certaines propr iétés se démontrent aisément avec
A. B. le cadre conceptuel moderne.

Hors-série n° 36. Le cercle Ta.ngente


SAVOIRS François Lavallou

Des chaines
eoremes
I '

Alors que tant peinent à produire des théorèmes, William


Clifford réussit à lui seul la prouesse d'en établir des infinités.
Ces « chaînes de théorèmes », qui ont fasciné ses
contemporains, trouvent actuellement des interprétations
surprenantes.
« chaîne de théorèmes » , nous nous
proposons d ' itérer un des théorèmes de
Miquel (pages 94 à 96) ... à l'infini !

De ffiiquel à Clifford

L'artic le Théorèmes de géométrie


d' Auguste Miquel présente trois théo-
rèmes. Le théorème du pivot (de l'ar-
ticle en pages 94 à 96) correspond en
fa it à la seconde réc iproque du premier
de ses trois théorèmes. lntéressons-
nous à son deuxième théorème.
Considérons quatre droites du plan

L
Deuxième théorème e XIXe siècle fut sans conteste la dans une config uration quelconque ,
de Miquel. période la plus prolifique en c' est-à-dire telle que toute droite coupe
théorèmes de géométrie cl as- les autres en troi s points di stinct .
sique. Parmi le nombreux mathémati- Nous noterons 0 1, les droites et A,, 4 le
ciens qui apportèrent leur contribution à point d ' intersection des droites o,, et
ce magnifique jeu de construction , nous Dq' avec bien sûr les indices variant de
nous intéresserons à ... Auguste Miquel, I à 4 . Troi s points di stincts défini ssant
dont les théorèmes à base de cercles un cercle unique , nous noterons, par
nous serviront de point de départ. exemple , C 1_2_3 le cercle circonscrit au
À l' instar de Clifford (voir encadré), triangle T 1.2.3 défini par les droites Dl'
premier mathématicien à construire une 0 2 et 0 3 (c'est-à-dire par les points

Ta.ngent:e Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

A1.2 , A 13 et A2.3). Nous sommes alor


en mesure d'appliquer le « théorè me
William Kingdon Cllllonl (1845-18191
source » de notre construction , le théo- Enfant précoce, William excellait en mathéma-
rème du pivot : la dro ite 0 4 coupant les tiques, mais aussi en littérature et en gymnastique.
côtés du triangle T 1.2.3 aux po ints Al .4, Influencé par les travaux de Riemann, il étudia la
A2.4 et A3.4, les cercles c ( I ) = C2.3.4, géométrie non-euclidienne et émit le premier l'idée
c(2) = C 1.3.4 et c(3) =C 12.4 sont concou- d'une relation entre énergie, matière et courbure
rants. Muta tis mutandis , nous pouvo ns spatiale. Il généralisa les quaternions avec les
procéder de même avec n ' importe biquaternions pour étudier le mouvement sur cer-
quelle droite OP et en concl ure que les taines surfaces connues maintenant comme
quatre cercles C(p) sont concourant en espaces de Clifford-Klein. Il est l'un des fondateurs
un po int M l.2.).4 (vo ir la fig ure de l'algèbre géométrique (algèbre de Clifford). En
Deuxième théorème de Miquel) que tant que philosophe, il s'intéressa aux conditions
nous nommerons point de Miquel . Cec i d'émergence d'une découverte scientifique et déve-
constitue le de uxième théorè me de loppa le concept de substance mentale. On lui doit
Miquel, po int de départ de notre série. les termes produit scalaire et produit vectoriel et
Selon le pays et l'époque, ce po int également un livre pour enfants : The little people.
remarq uable s'est vu attribué de nom-
breux noms : po int central de quatre
droites, centre optique d ' un quadrilatè- Clifford fut le premier à mettre en évidence
re complet , po int de Steiner ou encore cette succession infinie de théorèmes.
point de Wall ace. Pour l'anecdote ,
signalons que ce point de Mique l est le Pour n (impair) droites copl anaires , on
foyer de la para bo le tangente aux obtient un cercle C,, dé fini par n po ints
quatre droites. Nous noterons K 4 cette M,,_1 de la config uration K,,_ 1.
co nfig urati o n constituée de qu atre La démonstration se fa it simplement
droites et du point de Mique l assoc ié . par récurrence .
Continuons le processu ! Avec c inq
droi tes , on constitue c inq jeux de Des chaînes à la chaîne
quatre dro ites, c'est-à-dire c inq confi-
gurations K4 qui nous donnent cinq En utili sant l' inversion (voir encadré) ,
points de Miquel, qui ont la bonne idée nous simpli fions la présentation . Les
d 'être cocycl iques (il s appartiennent au droites sont transformées en cerc les et
cercle de Miquel) : la série continue ! nos fig ures ne contiennent ainsi que
Ajo utons une droite supplé mentaire, des po ints et des cercles . Par exemple,
l'on constate que les cercles de Mique l la fig ure c i-après correspond à une
issus des six config urations K5 pos- config uration identique à celle de la
sibles sont concourant . Nous voyons fig ure précéde nte tra nsformée par
ainsi apparaître cette uccession infinie inver io n. Les droites sont transfor-
de théorèmes que Cliffo rd fut le pre- mées en cercles concourants au pôle.
mier à mettre en év idence . Il la présen- Dans ce cas particulier, les cercles ont
ta de la faço n sui vante, en di stinguant tous le même rayon , ce qui rend la
la parité du nombre de droites initial. fig ure symétrique : les objets possé-
T héorème: dant des indices supplémentaires sont
Pour n (pair) droites coplanaires, on images l' un de l' autre par la symétrie
obtient un po int M,,, intersection de n de centre I. En particulier, le po int de
cercle C,,_1 de la configuration K,,_1. Miquel est le ymétrique du pô le O .

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Des chaines de théorèmes

123

Inversion. La fi gure ci-dessus est construite à par- Un esprit observateur aura remarq ué
(Image de la tir de quatre cercles de rayo n R et que pour quatre po ints sur le cercle 0 ,
figure précédente concourants au pôle O. En lui appli- les orthocentres des quatre triangles
par inversion qu ant le princ ipe de dil ata- qu ' ils produisent , correspondent aux
de pôle O.) tion-contraction, on obtient une confi- points à tro is indices et sont cocy-
guration duale (voir la fi gure sui vante) . cliques sur le cercle C 1.2.3.4 · Ce théorè-
Il s'agit de remplacer les cercle par me sembl e dG à Jacob Ste iner
leur centre et les points par un cercle de ( 1796- 1863) . En ajoutant un cinquiè-
rayon R centré sur eux. La fig ure obte- me po int , on entam e une chaîne de
nue admet auss i un centre de symétrie, théorèmes. L'addition d ' un point sur le
et cette foi s-c i les cerc les ont un cerc le O induit alternati vement l 'ex is-
nombre pair d ' indice et les po int un tence d ' un po int et d ' un cercle, et pour
nombre impair. Ces deux fi gures peu- n. po ints sur ce cercle apparaissent au
vent être complétées en itérant le pro- total 2 11 - 1 po int et 2 11 - 1 cercles. De
cessus de construction, tout en restant nombreuse autres constructions génè-
du ales l' une de l'autre. rent des infinités de théorèmes. La pre-
mière vari ante semble celle de William
La fi gure c i-dessus, tout comme la Kingdo n Cli fford ( 1845- 1879) en
fi gure précédente, est constituée de 1871 . Pui s vient la contribution du
huit cercles, huit po ints, quatre points mys térieux G . de Lo ngc hamps en
par cerc le et quatre cercles par point. 1878, qui s' intéressa à la généalog ie

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

23

12 234

1
1
1
\
\
'
''
''
-----
0 34

14

des centres des cercles circonscrits de cercles circonscrits pour une configu- Dual de la
la figure de Clifford . On constate sur la ration K4 , ils sont cocycliques avec le figure précédente
prem iè re fi gure que , pour quatre point de Mique l. Avec une droite sup- par dilata-
droites initiales, les centres des quatre pl é mentaire , ces c inq cercles sont tion-contraction.
cercles circon scrits sont cocycliques concourants au point de de
avec le point de Miquel. Une cinquiè- Longchamps L et leurs centres o,, défi-
me droite donne cinq cercles qui sont nissent le cercle de Morley de centre O.
concourant et ainsi de uite . .. Nou pourrions cumuler ad libitum les
points et cercles en suivant les procé-
le pentagramme dures couplées de Clifford et de de
Longchamps , mais nous nous conten-
Pour illu strer la ri chesse de ces terons de montrer quelques propriétés
constructions, considérons da n la peu connues découvertes par John
chaîne de Clifford une configuration Wentworth Clawson ( 1881 - 1964) au
K5 , c'est-à-dire cinq droites en posi- début du xx• siècle . Notons par les
tions quelconques (voir la fi gure page lettres p , q, r, set t toute combinaison
sui vante). Nous avons vu que les cinq des indices de I à 5. Alors, les droites
points de Miquel MP sont cocycliques MpAq,r' MqAp,. et M,Ap,q sont concou-
(il s sont situés sur le cercle de Miquel rantes au point Ps., du cercle de Miquel .
de centre M). Si nous considérons, Pui squ ' il y a dix façons de prendre
avec de Longchamps, les centres des deux indices parmi cinq, le cercle de

Hors-série n° 36. Le cercle TC1.n9ent:e


SAVOIRS Des chaînes de théorèmes

Al2

A 15
''
''
''

A23

Pentagramme de Miquel contient seize points remar- propre contribution aux propriétés du
Clifford-Miquel. quables. De plu s , le point de de pentagramme, et démontré le « théorè-
Lonchamps L et le centre du cercle de me de cinq cercles de Lebesgue ».
Miquel sont inverses l' un de l'autre par Très vite des générali sations furent
rapport au cercle de Morley. Nous fa ites e n dimension trois avec des
avons donc: OM .OL= OO~, quel que sphè res. John Hilton Grace
soit p . ( 1873- 1958) construisit des ensembles
de points et de sphères en partant de six
Une histoire sans fin ou sept sphères possédant un point
commun . On dé montra un peu plus
Après Ste ine r, Willi am Wall ace tard que cette séquence 'arrête avec
( 1768- 1843), Miquel, Clifford , de ne uf sphères e t qu 'en dime nsion
Lon gch amps et Frank Morl ey quatre, il est inutile d 'essayer avec plus
( 1860- 1937), les précurseurs, l' intérêt de huit hypersphères possédant un
pour ces chaînes de théorèmes est resté point commun . En partant de sept
vivace. Ainsi, Henri-Léon Lebesgue hypersphères, M.L. Brown trouva une
( 1875- 194 1) a compilé un grand configuration symétrique de 576 points
nombre de démonstrations du théorè- et 56 hypersphères, et Harold Coxeter
me de Miquel- Clifford . Il a apporté sa ( 1907-2003) nota la coïncidence avec

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

23

12

1
1
- - - -().. 24
I '

34

14

un polytope de la septième dimension branche des mathématiques associée Structure


qui pos édait 576 sommets et 56 cel- au traite ment des images . octaédrique des
lules. Cette remarque permit à Michael Cet article ne présente qu ' une petite sommets de la
Longuet-Hi gg in s (né e n 1925) de partie des propriétés associées à ces figure Inversion.
démontrer, en 1972, que, dans une chaînes de cercles. Le mathématiques
chaîne de Cli ffo rd , la fi gure obtenue à étant une science largement expéri -
partir de n cercles passant par un point mentale, nou vous conseillons d ' utili -
est isomorphe à un polytope de dimen- ser votre logiciel de géométrie pour
sion n. Pour l' exemple , les sommets de joue r avec ces confi guration s de
l'octaèdre de la fi gure ci-dessus corres- cercles et décou vrir que , là où il y a de
pondent aux points d ' intersection des la chaîne, il peut y avoir du pl aisir !
cercles de la fig ure Inversion , et les
face correspondent aux cercles pas- F. L.
sant par leurs sommets. L'ex iste nce
d ' un pol ytope garantit ce lle de la
configuration de cercles associée, ce
l'inversion
qui simplifi e con sidérabl e me nt les L'inversion de centre (ou pôle) 0 et de rapport k
démonstration , et fournit en prime fait correspondre au point M le point image M' sur
l' ensemble de ses symétries . Enfin , ce la droite OM tel que OM.OM' = k. Cette transfor-
configurations de cercle ont permi mation conserve les angles. L'image d'un cercle est
tout récemment de donner une inter- un cercle si le pôle lui est extérieur, et une droite si
prétation géométrique des propriétés le pôle appartient au cercle. Dans ce cas, la droite
de certaines équations de géométrie est parallèle à la tangente au cercle en O.
di ffé renti elle di scrète , nouvelle

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Herv · L hning

Des cercles
dans le ciel

ous connaissez sans doute le montagne ou à bord d' un avion.

Arc-en-ciel. L'ordre des


couleurs (bleu, vert,
Vce poème.
phénomène météoro logiqu e
dont
Il
parl e Victor Hugo dans
apparaît quant il pl eut
Que l' arc soit proche ou éloigné, l' angle
sous lequel on le voit e t toujours le
même, presque 90°. En fait, il s'agit de
jaune et rouge) est so us le so le il. Dans votre enfance, l' intersection du cône de sommet vous-
toujours le même. peut-être avez-vous rêvé de rejoindre même, d 'axe, la droite vous joignant au
le pi ed de l'arc ? C ' est impossible. soleil, et de demi-angle au sommet 42°, et
N'en soyez pas déçu, car tout est pos- d'un plan orthogonal à l'axe. Ce plan est
sibl e dans les pays qui n'existent pas! situé au niveau du mur d'eau.

Illusion d'optique

Un arc-en-ciel n' apparaît que si vo us


regardez la pluie, le dos au sole il. Le
phénomène est possible avec une autre
source lumineuse, mai s e lle doit tou-
Le pied de jours être derrière vous, et l'eau, devant
l'arc-en-ciel vous. L' arc est une illusion d 'optique
est le pays des qui apparaît entre vous et le mur d'eau.
Seule la Terre empêche de voir un cercle
fées. entier, ce qui est possible en altitude, en Cercle en ciel vu d'un avion.

Ta:ngente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX
Description d'un arc en
ciel. Il s'agit de l'inter-
section du cône dont
l'axe est la droite entre
le soleil et l'observa-
Pluie
teur, et l'angle au
centre égal à 42°, et
Soleil
d'un plan orthogonal à
l'axe. Une partie du
cercle n'est pas visible
car située sous la
Terre.

Couleurs est dévié sui vant un ang le con stant de


40 à 42 °, qui vari e sui vant la coul eur.
Contraire ment à une idée reç ue, le Bi en entendu , cette dév iation ne
blanc n'est pas une absence de couleur, touche qu ' une petite partie des rayons
mais la compos ition de toutes les cou- lumin eux, ma is e ll e suffit pour créer Déviation des rayons
leurs . Cette idée est nature ll e pour les 1'arc-en-ciel. solaires sur une goutte
photographes, car il s utili sent le mode . - - - . d'eau.
rayon solaire incident
RVB (Rouge, Vert, Bleu). Essayez ! ré fracti on
Défini ssez une couleur en saturant les
trois : vous obtiendrez du blanc. li n'en
est pas de même pour les in fogra phe , ---
..... ----
qui util isent le mode C MJN (Cyan, réfrac ti on
Magenta, Jaune, o ir). Les coul eur rayon solaire réfléchi
que nous percevons correspondent aux
longueurs d 'onde des rayons lumineux. Parfoi , un second arc-en-ciel est visible
Quand un rayo n lumineux traverse un à l'extérieur du premier, sous un angle
mur d ' eau, il est dév ié (diffracté) sui - de 50° environ . Il est dû à une réflex ion
vant un angle variant de 40 à 42° selon uppl émentaire dans la goutte d ' eau.
la longueur d ' onde, donc la coul eur. Les coul eurs sont inversées par rapport
Ainsi, la lumière bl anche est décompo- au premier. En principe, le phénomène
sée. On obti ent le spectre lumineux peut provoquer d ' autres arc dont les
entier mais on ne reconnaît général e- couleurs s'a ltem ent, ma is ceci est très
ment que quatre à sept coul eurs, qui rarement observable.
apparaissent dans l' ordre sui vant : H.L.
rouge, orange, j aune, vert, bleu, indigo,
violet. ,.,,211-. .......
Un simple jet d'eau suffit pour créer
Réflexion et réfraction un arc-en-ciel. Le soleil ne doit pas
dans une goutte d'eau être trop haut (pas plus de 42° au des-
sus de l'horizon) et dans votre dos.
Dans l'arc en ciel, la lumière du sol eil Bien entendu, l'arc vous semblera
est ré fl échi e et ré fractée à l' inté ri eur très proche si le jet d'eau se trouve à
des goutte lettes d ' eau. C haque ra yon quelques mètres de vous.

Hors-série n° 36 Le cercle. Ta.ngent:e


SAVOIRS par Michel Criton

Constructions
au compas seul
Les constructions à la règle et au compas sont la base de la géométrie depuis
/'Antiquité. C'est seulement au XV/f siècle que Georg Mohr a pu démontrer que le
compas seul pouvait suffire. Mais cette idée n'a pu être diffusée largement qu'un
siècle plus tard avec Mascheroni.

n 1672, le mathématicien l'élément de base : l'hexagone régulier


E danois Georg Mohr ( 1640-
1697) démontre dans son
ouvrage Euclides danicu le théorème
La con truction de base est une con truc-
tion que tous le enfants connai ent :
suivant : toute construction géométrique celle d ' une rosace, qui fournit les som-
réalisable à l'aide de la règle et du com- mets d'un hexagone régulier ur un cercle


pas peut être obtenue à l'aide du compas donné.
eut. Le livre de Mohr fut malheureuse-
ment ignoré et tomba dans l' oub li. Ce
n'est qu'en 1928 qu ' un étudiant en
retrouva un exemplaire chez un bouqui-
niste de Copenhague.
li faudra attendre 125 ans après la D 00 A
démon tration de Mohr pour qu ' un
Italien, l' abbé Lorenzo Mascheroni
( 1750-1800), redécouvre ce théorème et
le publie dans sa Géométrie du compas
(Geometria del compassa, 1797). Ce tra-
vail de Mascheroni jouira d'une publicité
inespérée grâce à . .. Napoléon Bonaparte.
En effet, le général Bonaparte, lors de sa Cette construction permet d 'obtenir le
campagne d' Italie, rencontra Mascheroni point diamétralement opposé à un point
et eut plusieurs entretiens avec lui à pro- quelconque d'un cercle. Elle permet éga-
pos de son livre. C'est ainsi qu ' en lement de doubler, de tripler. .. une lon-
décembre 1797, Bonaparte proposa des gueur, en utilisant toujours la même
problèmes de construction au compas aux ouverture de compas.
mathématiciens français Lagrange et
Laplace, qui lui auraient alors dit : « Nous
attendions tout de vous, général, excepté
lA construction de base est
des leçons de mathématiques. » une rosace.
Tangente Hors-série n° 36 Le cercle
DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

La longueur AD est
double de AB.
A 00 B
c D

deux cercles des cordes proportionnelles


Quatrième proportionnelle à leurs rayons. On note que cette
construction exige que l'on ait c < 2a.
Yoyon comment on peut construire la Le domaine des construction au compas
quatrième proportionnelle à trois Ion- seul a continué à susciter des recherches
tout au long du XIXe siècle. Un livre,
publié en 1925 et dû à Alain Quemper
(1867-1929), marqui de Lanascol, a fait
le point sur l'état de ce recherches.
C'est ainsi qu'tme nouvelle construction de
la quatrième proportionnelle à trois lon-
gueurs a, b et c données a été trouvée par le
mathématicien allemand Richard Güntsche
(1861 - 1913) en 1905.
On trace le cercle de
centre O et de rayon a et
le cercle de centre A et de
rayon b qui se coupent en
a
B et C. On place un point
b P sur le cercle de centre
c O et de rayon a tel que
CP = c. On détermine le
gueurs données à l'aide du compas seul. symétrique du point A
Dans cette construction, due à Mascheroni, par rapport à (PB) en tra-
on trace deux cercles concentriques de çant le cercle de centre B a
rayons respectifs a et b. On choisit ensuite et de rayon b et le cercle b
un point A quelconque sur le cercle de de centre P et de rayon c
rayon a, puis on place un point B sur ce [PB]. Les cercles de rayon b et de centres A
même cercle tel que AB = c. On termine la et A' se recoupent en D. CD est la quatrième
construction en traçant deux cercles de proportionnelle recherchée. En effet_........_
les
centres A et B et de même rayon quel- points B, D et Pétant alignés, l'angle PBC
conque r, qui coupent le cercle de rayon b est inscrit dans les deux cercles de centres O
en quatre points. Deux de ces quatre points, et A et de rayons respectifs a et b, détermi-
X et Y par exemple, sont distants de d, qua- nant ainsi des longueurs CP = c et CD pro-
trième proportionnelle de longueurs a, b portionnelles à a et b.
et c. Pour le montrer, il suffit de vérifier Cette construction a ensuite été simplifiée
que les triangle AOX et BOY ont isomé- par Dubouis (Journal de mathématiques
trioues,
_........_ ce oui
_........_entraîne l'égalité des angles élémentaires, 1897).
AOB et XOY qui sous-tendent sur les M. C.

Hors-série n° 36 Le cercle. Tc:ingente


EN BREF par Édouard Thomas

Les fondions Le problème


trigonométriques « usuelles » de Napoléon
Dans la mémoire collective, les fonction s trigonométriques
Un cercle est tracé sur une feu/lie de
« u uclles » sont le sinus sin, le cosinus cos et la tangente tan papier. Vous disposez d'un compas
(qui a bien év idemment notre préférence !). Le cosinus et le (Il n'est pas ouvert à la bonne dimen-
sinu c dédui ant l' un de l'autre via cos(n/2 - x) = sin x ou sion). Comment retrouver le centre
sin(n/2 - x) = cos x, on pourrait tout à fait sc pas cr de l' une de ces du cercle 1
deux fonctions (x étant un réel quelconque).
Voilà le problème que Lorenzo
Toutefois, par tradition, on conserve l'usage de sin et de cos. Mascheroni (1750-1800) résout en
Parfoi , on voit poindre le nez de la cotangente cotan, qui n'est 1797. Napoléon Bonaparte rencontre
Mascheroni lors de la campagne
autre que l' inverse de la fonction tangente (lorsq u'elle ne s'annule
d'Italie. De retour en France, il propose
pas . ..). On oublie alors que l' inverse du sinus (re pectivcment du
une solution personnelle à ce problè-
cosinus), lorsque ce dernier ne 'annule pas, porte un nom , à savoir
me, auquel son nom est désormais
la cosécante cosec (respectivement la sécante sec). attaché.
La fo nction inverse dont il vient d 'être question ici ne doit pas être
confondue avec la fo nction réciproque, définie dés que la fonction Le problème est trivial avec un com-
de départ est bijective sur un intervalle. Ainsi, la réciproque du pas et une règle (on construit simple-
sinus est l'arc sinus arcsin, celle du cosinus est l'arc cosinus arc- ment les trois médiatrices d'un triangle
co , et l'on dé finit de même les fonctions arc tangente arctan, arc quelconque inscrit dans C). Voici une
cotangente arccotan, arc sécante arcscc et arc cosécante arcco ec. construction qui ne fait pas usage de la
règle. Avos compas I
Soient A et F deux points de C non dia-
métralement opposés. Le cercle C1 de
centre A passant par F recoupe C en G.
Les cercles de centres F et G passant
0 "'2
·• par A se coupent en A et O (en vert). Le
cercle C' de centre O passant par A
coupe C1 en B et O. Enfin, les cercles
·""- -1 de centres B et D passant par A se cou-
pent en A et en E, centre de C. Saurez-
Foncti on arcs in Fo nc ti o n s in vous le démontrer ?
S ur l' inter va ll e [-rr12 ; rr12] en pa rticuli er, le sinu s d éfinit une
bij ec ti on, dont l' inve r se es t noté Ar cs in , d éfini s ur [-1 ; 1] . Référence : L. Mascheroni, Géométrie
du compas. Manom, Coubron, 197
pages, 1802.
Et, de nos jours, qui connaît encore le cosinus verse cosv (complé-
ment à I de sin), le sinus verse sinv (complément à I de cos), l'ha-
versinus haversin (moitié du sinu verse), l'havercosinus havercos
(moitié du cosinus verse) ou l'exsécante exsec (sec - 1) ? Ces fonc-
tions ont pourtant eu leur heure de gloire en trigonométrie, analyse
harmonique, navigation, géodésie ou a tronomie. Toute ce fonc-
tions trouvent une interprétation géométrique simple grâce au
cercle trigonométrique.

Ta:ngen'f:e Hors-série n°36. Le cercle


SAVOIRS par Francis Casiro

le cercle inscrit
dans un triangle
Il existe un et un seul cercle intérieur à un triangle donné et tangent aux trois côtés
du triangle. Ce cercle est aussi le plus grand cercle que le triangle puisse contenir.

maginons Zig et Puce se déplaçant distants de deux côtés du triangle. Si Zig

I à l'intérieur d'un triangle ABC de


façon à être à chaque instant équi-
est parti du sommet A, a trajectoire coïn-
cidera avec la bissectrice « intérieure » de
l'angle en A. Si Puce e t parti du sommet
A
B, ses pa suivront la bi sectrice « inté-
rieure» de l'angle en B. Triangle non aplati
oblige, ils finiront par se croiser. Ce point
de rencontre I e trouve alors à la même
di tance r de chacun des côtés du triangle.
Autrement dit, le cercle de centre I et de rayon
r est tangent aux trois côtés du triangle ABC.
Nous avons donc les résultats élémentaires
mais néanmoins remarquables suivants :
• les bissectrices intérieures d' un tri-
angles sont concourantes ;
B c • il existe un point à égale distance des
trois côtés d' un triangle ;
• le cercle de centre le point de concours
A des bissectrice intérieure et tangent à
un côté du triangle est aussi tangent aux
deux autres côtés.
Ce cercle est inscrit dans le triangle ABC.
Tout cercle contenu dans un triangle est
contenu dans un disque inclus dan le tri-
angle et tangent à au moins deux côtés
du triangle. Ce disque, s'il ne l'est déjà,
peut être agrandi et translaté de façon à
être tangent aux troi côtés. En un mot,
le cercle inscrit dans un triangle est le
plus grand cercle que le triangle puisse
contenir.

Ta.ngente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER: CATALOGUE DE CERCLES

le rayon du cercle Inscrit Un sangaku de la préfecture d'lwate

En posant a = BC, b = CA, c = AB, l'aire On considère un tri angle ABC rec-
du triangle ABC est donnée par : tangle en A. On mène la hauteur [AH]
aire(ABC) = aire(AIB) + aire(BI C) + de longueur h et on trace le cercle
aire(CIA) inscrits respecti vement dans les tri-
angles A BH , AH C, AB C de rayons
= -1 cr+ -1 ar+ -1 br respecti fs r" r 2, r 3 .
2 2 2
A
=pr
où p est le demi-périmètre et r le rayon du
cercle inscrit.
À l' aide de la fo rmule de Héron, on en
déduit que:

r= j ( p-a)( p;b)( p-c) .

La simplissime fo rmule
Aire(ABC) = pr B H a c
prend to ute sa saveur lorsqu ' o n On a alors h = r 1 + r 2 + r 3•
co nstate qu ' une dro ite passant par le Les tri angles A BH, AH C, A BC sont
centre du cercle inscrit bissecte le péri- semblabl es entre eux. Nous en dédui-
mètre du triangle A BC si et seulement sons, avec les notation de la fi gure :
si elle bi ssecte l' aire de ABC.
BH _ AH _c et AH _ CH = b
A c b a c b a·

c2
D' où : BH = - ;
a
ci> b2
AH= - ·CH= - .
a ' a

c
De plus, à l' aide de la fo rmul e li ant
(L' aire « orange » aire, demi -périmètre et rayon du cercle
inscrit, nous trouvons
bc:2
r 1(a + b + c) = - ,
a
éga le l'aire « bl eue »
d:>2
r2(a + b + c) = - a ,
VC X r + UC X r
2 2
ria + b + c) = be.
si et seul ement si
AV + AB + BU = VC + UC = p) .

Hors-série n° 36 Le cercle. Tc:in9ente


SAVOIRS Le cercle inscrit

Un sangaku magnifique

La seule référence au sangaku connu sous le nom de « vieux théoréme japonais »


se trouve dans le livre de Roger Johnson Advanced Euclidean Geometly (Dover
Edition, 1960, première publication : 1929).
-------- Toute autre recherche s'est avérée vaine (en particulier, il ne
figure pas sur le très riche site japonais Japan ese Temple
Geometly Problems).
Ce sangaku est-il une invention de Johnson ou le
·emple qui l'abritait a-t-il été détruit lors de l' indu -
trialisation forcenée du Japon ? Quelle que soit la
réponse, ce sangaku est un pur joyau.
Soit un polygone convexe à n côtés inscrit dans un
cercle (C). On choi it une triangulation du poly-
gone et on trace les cercles inscrits dans le tri-
mgles. La somme des rayons des cercles inscrits est
.ors indépendame de la triangulation choisie.
0ient O le centre du cercle (C) et R son rayon .
. our chacun des n- 2 triangles (Tk) de la triangulation ,
(C) est son cercle circonscrit.
Notons, Ok, " Ok, 2 , Ou les projetés orthogonaux du point O sur
les côté du triangle (Tk).
Rappelons que la distance signée ook,; [les valeurs algébriques sont omises] est néga-
tive si, et eulement si, le segment [OOk,;] est contenu dans l'extérieur du triangle (Tk).
D'après le théorème de Carnot, pour chaque triangle (Tk) ( 1 < k < n - 2), nous avons
OOk. 1 + OOk. 2 + OOk. 3 = R + rk, où rk est le rayon du cercle inscrit dans (Tk).
La somme des rayons des cercles inscrits dans les triangles de la triangulation
(C) peut donc s'écrire :
L k rk = L k (OOk, 1 + OOk. 2 + OOk, 3) - (n - 2)R.

Dans la somme précédente , la distance signée


OOk,; intervient une seule fois et de manière
positive i Ok, ; appartient à un côté du poly-
gone ; notons-la alors dk ; elle intervient deux
fois, une foi de manière po itive , une fois
de manière négative lorsque Ok. ; appartient
à une des diagonales du polygone ; la contri-
bution finale de ces distance e t donc nulle.
Finalement,

La somme L,krk est donc bien indépendante de la


triangulation choisie.
F. C.

Tc:&n9ent:e Hors-série n° 36 Le cercle


Le « vieux théorè me j aponais » met e n jeu un polygo ne
convexe in scriptible dans un cercle, polygo ne que l'on trian-
gule en traçant un certain nombre de ses diagonales.
Pour toute triangul ati on, on calcule la somme des rayo ns des
cercles inscrits dans les triangles de la triangul ation du poly-
gone. Et merveille des merveilles, cette somme est touj ours la
même!

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS Le cercle inscrit

le point de Bergonne
Soit un triangle ABC admettant le point I comme centre du cercle inscrit. Notons IA, 18 , le les
points de contact de ce cercle respectivement aux côtés [BC], [CA] et [AB].
Les céviennes (AJA), (BI 8 ) et (Clc) sont alors concourantes ; G, ce point de concours, est appelé
le point de Gergonne du triangle ABC.
En effet, les deux triangles rectangles I IAB et I lcB sont congruents puisque l IA = I 18 = r (rayon
du cercle inscrit).
Il s'ensuit que BJA = Bic.
Nous avons de même AI 8 = Ale et CIA = CI 8 .
Les produits Alex BJA x CI 8 et AI 8 x CIA x Bic sont égaux, ce qui , en vertu du théorème de
Céva, implique le concours des trois céviennes (AJA), (Bl 8 ) et (Clc)-
Joseph Diez Gergonne a publié ce résultat en 1818 dans le tome IX des Annales des
Mathématiques pures et appliquées. Michel Chasles affirme, dans son Aperçu historique sur l 'ori-
gine et le développement des méthodes en géométrie ( 183 7), que le « point de Gergonne » avait
été découvert antérieurement par Jean de Céva dans le tome Il de De lineis rectic se invicem
secantibus, statica constructio, écrit en 1678.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


par Michel Criton EN BREF

le who's who des cercles


Les cercles d'Yff
Les cercles d'Yff d'un triangle sont trois cercles ayant un point commun et
tels que chacun d'eux soit tangent à deux côtés du triangle (éventuellement
prolongés).
Les rayons des cercles d' Yff sont donné

par les formules p 1 = rR et p 2 = rR


r+R R-r
où r et R désignent les rayons respectifs des cercles
inscrit dans le tri - A

angle ABC et cir-


conscrit au triangle
ABC.
L' Américain Peter
Yff a passé une
grande partie de sa
carrière (de 1951 à 1986) à Beyrouth. Il est auteur de nombreux
problèmes portant sur la géométrie et les groupes finis.

Hors-série n° 36 Le cercle Ta:ngent:e


, ACTIONS Par Michel Criton

le théorème
des cercles inscrits égaux
Nous avons publié ce défi sans solution dans la version théma-
tique ( vendue en kiosque) de ce numéro hors série.
'appel fait aux lecteurs de curiosités géométriques de Davi d

L Thématique de Tangente nous


a valu un très abondant courrier,
particulièrement intéressant. Nous pou-
We ll s (éd. Eyrolles, 1996) un étonnant
résultat intitulé « Théorème des cercles
inscrits égaux » .
vons citer Pierre Daniel et Gérard « Les rayons partant d' un sommet X sont
Decauyère, de Rochefort (Charente- choisis de sorte que les triangles XAB ,
Maritime ), Dominique Duboi s, de XBC, XCD, etc. aient tous des cercles
Carca sonne (Aude), Yves Durand, de in crit de même rayon. Il s'ensuit alors
Mons (Belgique), Michel Ertlen, de La que les triangles XAC, XBD, XCE, etc.
Seyne-sur-Mer (Yar), Claude Fabre, de ont également des cercles inscrits de
Berlin (Allemagne), Claude Jobin, de même rayon. De façon similaire, les tri-
Brissac-Quincé (Maine-et-Loire), Jean angles XAD, XBE, XCF, etc. auront des
Lefort , David Lesellier, Gabriel cercles inscrits de même rayon, tout
Maynard, de Charbonnières- les-Bain comme les triangles XAE, XBF, etc. »
(Rhône), Jean Moreau de Saint-Martin,
de Paris, Jean-Claude Ract, de Mercury L'auteur ne fournit ni réfé rence,
(Savoie), Jean-Paul Roux , d 'U nieux ni démonstration , mai s propose de
résoudre déjà le sangaku de la figure en
(Loire) et Jean Vincent, de Pierrefeu-du-
page 65.
Yar (Yar). Voir également d 'autre
démonstrations élémentaires à l'adre e
De nombreux lecteur nous ont propo-
http ://www.reunion .iufm.fr/recherche/
sé la solution classique sui vante.
irem/ pip.php?article 148 .
Posons r le rayon de chacun des de ux
Rappelons l'énoncé du pro- cercles, BC = a, AM = x, BM = d,
blème, paru dan le Bulletin MC = e et p = (a + b + c)/2.
n° 481 de l' APMEP (page On sait que l'aire d ' un triangle est
258-260), rubrique Exercice éga le au produit de son demi -périmètre
de-c i, de-là de Serge Parpay. par le rayo n de son cercle inscrit. On a
""
, ., .f . . . ,,_ donc Aire(ABM) = r . (x + d + c)/2,
.L. .. . ; -: .A..'. ....111. On trou ve dans le Aire(ACM) = r . (x + b + e)/2 . Or, les
Dictionnaire Pengu in des tri angles ABM et ACM aya nt même

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES
hauteur, le ra pport de le urs aires est ordre) te ls que les A

éga l au rapport de le urs bases d et e. cercles inscrits dans les


On a donc, en rempl açant e par a - d, tri ang les OA;A;+ 1 o nt
(x + b + d)l(x + c + a - d) = d/(a - d), même rayo n (0 étant un
d'où l' on ti re d = a(x + b)/(2x + b + c). ( 1) point donné extérieur à
Dans le triangle A BC, on a : (D)). Il s'ag it de montrer
d = a(x + b)l(2x + b + c) que le rayon du cercle
et dans le tri angle ABM : inscrit OA;A;+,,, dé pend B M c
x2 = c2 + d2 - 2cdcosB, de m mais non de i.
a
d 'où x2 = c2 - ad+ b2d!a + c2d!a + c/2.
Exprimer, en fonc-
En rempl açant d par I' expres ion (1 ), Par hypothèse, les triangles OA;A;+i
tion de a, b, c, la
on arrive à x 2 =(b + c + a)(b + c - a)/4 , ont en commun le rayon r de leurs longueur de la tan-
qui fo urnit : cercles inscrits et la haute ur h abaissée
gente commune
de O sur la droite (D). Dans un tel tri-
[AM] aux deux
x = J_ J (b + c + a )(b + c - a ) ang le, le cercle inscrit et le cercle
2 cercles inscrits
ex inscrit dans l'angle 0 , qui touchent
sachant qu'ils ont
= Jp (p - a ). D en M; et N; respecti ve ment, se cor-
le même rayon.
re po nde nt par une ho mo théti e de
Plusieurs lecteurs ont ensuite utilisé centre O et de ra ppo rt
cette relation pour passer du cas des n (h - 2r)/h, car l'homothétique de (D)
« premiers » cerc les de rayons égaux est la tangente (T ) au cercle inscrit, à
aux n - 1 cercles « de ni veau supé- di stance 2r de (D) et h - 2r de O . Ce
rieur » et montrer qu ' ils ava ient aussi rapport est auss i le rapport r/ r ' des
des rayons égaux, sans aller jusqu 'à rayon du cercle inscrit et du cercle
établir une récurrence. Ils utili sent tou ex inscrit.
la trigonométrie et ne proposent pas de Nous avo ns, c lassiquement :

l •[ l
démonstration par la géométrie pu re.
OA; + A;A;, 1 - OA;, 1
Un lecteur cependant, C laude Fabre,
met l' acce nt sur une tra n fo rmation A,M, , A,. ,N, , [ ÔAA, OA,. ,A,, ,
qu' il qualifie de « fasci nante » et qu i
pourrait être la clef géométrique de ce 2
prob lème. Cette tra nsformati on fa it
passer du triangle ABM au tri angle
~:: :;::,: : ~\: qu,n~it:s
. , ,
,: -~:·[+;;;t]an 2
.

AMC, le po int A étant invariant et la sont en progression geome-


trique, avec pour raison u = hl(h - 2r),

l
base [BM] s'appliquant ur la base
[MC] par une tran lation ui vie d ' une
dilatation-contraction dans le rapport Pui sque t r+
.
I
= tan
[
OA •+
. 1A •+
2
. 2 = -r
r'
tan [OA;ÏÇ] =
2
-h- t 1..
/7 - 21'
e/d. Les demi -périmètres des de ux tri-
angles varient dans le même rapport, Lorsque l' on prend dans la suite (t) un
d'où l'égalité des rayons des cerc le
terme sur m, on obtient une progres-
inscrits. Jean Moreau de Saint-Martin
sion géométrique de raison u,,,, et on en
fo urnit la olution sy nthétique sui van-
te, qui fa it (très) peu appe l à la trigono- tire le rayo n r,,, du cercle inscrit dans le
métrie. trian bole OA I.A1+m
. : rm = (1- u- )h / 2,
111

qui est bien indé pendant de i. Le résul -


Huec un peu de trigonométrie ... tat est établi.

On trace une droite (D) où sont mar- M.C.


qués des po ints Ai, A 2 ... (dan cet

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS par François Lavallou

la parabole
des cercles inscrits
En complément de la solution au problème posé dans Le théorème des cercles ins-
crits égaux, nous nous proposons d'utiliser quelques propriétés élémentaires, mais
peut-être oubliées, de la parabole afin d'établir une solution constructive originale.
' article des pages précédentes encore en choisissant un premier côté, et

L utilise le théorème de Dandebn


pour montrer l'existence d' une
suite de tangentes en progression géomé-
enfin le rayon du cercle inscrit, ou un
econd côté. On constate que l'essentiel de
la figure est détem1iné par le choix du som-
trique. La solution, élégante car concise, est met et de la base. lntéres ons-nous donc à
liée au fait que, en prenant un tenne sur n la parabole, seule conique « point-droite »
d'w1e telle suite, on conserve une suite (donc« tordue»). Nous rappelons en enca-
géométrique. Cette méthode constate, mais dré quelques propriétés oubbées (ou même
ne dévoile mallieureusement pas la struc- ignorées) des paraboles (voir ci-<lessous).
ture intime de ce problème très épuré. Appliquons nos fraîches connaissances à
un couple de deux cordes focales. Pour
Départ au bal une corde focale [AA'] donnée, choisis-
sons un rayon r et le point b tel que JA
Quels degrés de liberté avons-nou pour = KJ = r; b = a.p/(p - r). Le calcul nous
une telle construction? On place d'abord donne b' - a' = - a'r/p = r cot( cp (a')) ce
le sommet de nos futurs triangles, puis on qui implique que J'b' = K'J' = r. Puisque
trace leur base. Notre libre arbitre s'exerce les tangente (IZ) et (IY) sont respective-

Propriétés des paraboles [AA'] et [BB']). Le cercle C(A; F) de centre A et


Soitp la distance FO = OO (h/2 de l'article page 64). passant par le foyer est donc tangent en a à la direc-
Prenons la tangente au sommet O (origine) pour axe trice. Son homologue, de centre A', est tangent à
des abscisses. Une parabole est le lieu des points à (ab) en a' et tangent à C(A; F) en F. La perpendi-
égale distance d'un point (le foyer F de la première culaire en F à la corde focale [AA1 est alors l'axe
figure en page 53) et d'une droite, la directrice (ab). radical de ces deux cercles et coupe donc la direc-
Le triangle FAa est donc isocèle, ce qui pennet de trice en Z, milieu du segment [aa'] (pour avoir la
construire la tangente en A qui doit passer par TA> même puissance par rapport aux cercles). Les tan-
d'abscisse a/2. Notons que cette tangente est aussi gentes en A et A' se coupant en Z sur la directrice, il
bissectrice en A et en Z. On déduit facilement de la est facile de montrer qu'elles ont perpendiculaires
définition son équation: y= x2!4p. Une corde focale et que le cercle de diamètre [AA'] est tangent à la
est un segment défini par deux points de la para- directrice en z. L'orthogonalité des tangentes
bole et passant par le foyer F (comme les cordes in1plique celle de leur perpendiculaire (Fa) et (Fa').

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES ENTRE EUX

ment parallèles, pour des raisons d 'ortho-


gonalité, aux segments [Fa'] et [Fb], le tri-
angle constitué par l' accolement des
triangle a' b'K' et abK e t semblable au
triangle ZJY. Nous savons que Z et Y sont
les milieux respectifs de [aa'] et [bb'] , et
par suite 2YZ = (b - a) + (b' - a'). Le fac-
teur de similitude de nos deux triangles
e t donc 2, et le centre I du cercle inscrit
du triangle FZV se situe sur la droite (JJ'),
« d'altitude r », c'e t-à-dire « translatée de a b c d Z Y X
la directrice der unités vers le haut». angle. La perpendiculaire en Y donne le
second centre n oc, et la droite (Ob) l'abs-
Débat-Parole au bar aPaul cisse c du point suivant. « Réunir deux tri-
angles » consiste à éliminer un point de la
Concluons à l' aide de la seconde figure. parabole, le point B par exemple. Les
Nous avons choisi notre sommet F et points A et C déterminent alors une nou-
notre ligne de base qui déterminent une velle valeur r 2 du rayon du cercle inscrit
parabole. Le premier côté [FZ] définit la comme étant « l'altitude » de la droite
corde focale (AA'] comme lui étant per- (Oa) en c.
pendiculaire au sommet F. Les deux tan- On retrouve bien sûr que
gentes associées sont les bissectrices des tane (b))/tan(~a)) = pl(p - r)
angles en Z. L' intersection de la tangente et que la suite des tangentes est géomé-
(ZA') avec la droite« d'altitude r 1 » déter- trique. La notion de cercle inscrit est inti-
mine le centre Q 06 du premier cercle ins- mement liée aux bissectrices internes et
crit. L' intersection de la droite (Oa) avec externes qui sont orthogonales, et c'est
cette droite r 1 nous donne l'abscisse b du pourquoi la parabole apparaît puisque sa
point B, générateur du second côté. La courbe orthoptique, lieu des points depuis
tangente en B se construit facilement en lesquels elle est vue sous un angle droit,
traçant la droite (BQaJ, qui coupe la direc- est une droite.
trice en Y, dernier sommet du premier tri- F. L.

Le triangle aFa' étant rectangle, on en déduit la


relation suivante entre les ab ci es des points A et
A' : a. a' = - 4p2. Alors : y(a)/a = a/4p = - pla' et
le point A, 0 et a'
sont alignés (de
même pour A', 0 et
a par symétrie).
Notons encore que
tan(9(a)) =
2tan(~a)) = 2p I a I
en un point a.
p

a b' D Z y a b

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS par Élisabeth Busser

Quand on ne peut plus dire


« 9 points, c'est tout »
Connu sous le nom de « cercle d'Euler », le fameux « cercle des
neuf points » n'a pas fini d'enrichir son patrimoine de
nouveaux points remarquables, pour le bonheur des
amateurs de géométrie.
e uf po ints connu s s ur un du titre d ' un o uvrage écrit en latin en

Page d 'ou ve rture


d e l' a rticl e
N mê me ce rcle, c 'est déj à beau-
coup ! Si c'est Eule r qui a vu
les six premiers, d 'autres géomètres en
1765) l'alignement, dans un tri angle,
de l'orthocentre, du centre de gravité et
du centre du cercle circonscrit. Il ava it
d 'E uler ont ajouté. L' ordre de ces apports his- utilisé ! ' algèbre pour ca lculer les dis-
So lutions f aciles toriques, bien qu ' un pe u a narchique, tances mutuelles de ces trois po ints et
de problèmes importe peu. Ce qui compte urto ut, ce prouver ains i leur alignement sur ce
diff iciles de sont ces magnifiques résultat de géo- qu ' on a appe lé de pui s ... la droite
géom étrie. métrie du triangle établis çà et là. d 'Eul er.
Faisons le tour des hôtes Focalisant ensuite on attention ur le
du « cercle des neuf tri a ng le form é pa r le pieds des
-41-1.,.... ••• points » e n justifi ant ha ute urs d ' un tri ang le (tri angle
SOLV 10 F A CILI leur place, puis éten- « orthique ») et le triangle des milieux
l'f;<laJUUTVJI Q_\"ORVIID.ul Gf.O!l6TU-
C0.VIII DtnlOW œvJt. do ns la collection. Ira-t- des côtés (triangle « complémentaire »
AeOo r• elle jusqu 'à l' infini ? ou « médian »), il prouve qu ' ils ont
1. 1' I' LB & O.
même cercle circonscrit : voilà le cercle
Des six points d'Euler des six points mis en place !
aux neuf points C'est le cercle « orthique », dont il
mon tre qu ' il est confo ndu avec le
Eul e r, qui é ta it e ntre cercle médian. Voilà le résultat d ' Euler.
autres un re marquable Il ne semble pas qu ' il soit allé jusqu' à
géomè tre, avait déj à déterminer ni le centre ni le rayon du
démontré, dans « Solu- cercle et la dénomination même de
tions fa ciles de pro- « cercle des six points » est due au
blèmes difficiles de mathématic ien irlandais John Casey
géométrie » (traduction ( 186 1).

Tangente Hors-serie n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

On donnera it aujourd'hui de la cocy-


clicité de ces six points une démonstra-
ti o n beaucoup moin s calculatoire
qu ' Euler (vo ir encadré page sui vante). Points de Fermat
S' il ex iste sur la « paternité mathé ma- Si, dans un triangle ABC, on construit extérieu-
tique » de ce cercle, que l ' hi toire rement trois triangles équilatéraux sur les côtés
retiendra, san s doute à tort, sous le [AB], [BC], [CA], de sommets respectifs C', A',
nom de « cercl e d'Euler », quelques B', les droites (AA'), (BB'), (CC') sont concou-
controverses, il e mbl e néa nmoin s rantes au premier point de Fermat F1 • C'est,
qu'on doi ve à Brianc hon et Poncelet entre autres propriétés, celui qui rend minimale
( 182 1) la première démonstration com- la somme MA+ MB + MC.
plète le concernant et à Oiry Terquem
( 1842) la dénomination « cercle des Le deuxième point de Fermat F2 est obtenu en
neuf points ». construisant les trois triangles équilatéraux,
tournés vers l'intérieur, autour du triangle ABC.
Et plus si affinités

On a trouvé par la suite bien d' autres


points sur ce cercle des ne uf points. Le
premier à avoir fait mention d 'autres B'

points remarquabl es de ce cercle est Je


mathématicien allemand Ka rl
B '\ A'
Feuerbach, qui redécouvre en 1822 les \

I ' '\
\
ne uf points précédents e t leur e n \
\ I \
\
adjo int, après démon tration, quatre \ I' '\
\
I'
1
autres : les point où le cercle d' Euler \
\
I
\ I
est tangent au cercle inscrit d ' une part A' I
I

I
(dont Je centre est l' intersection de
bissectrice inté ri eures du trian g le
ABC), aux troi cercles exinscrits
d'autre part (dont les centres sont les
intersections d ' une bi ssectrice inté- c·
rieure et de deux bi ssectrices exté-
rieure du triangle ABC). On com-
prend maintenant pourquoi le cercle
des neuf points 'appelle en Allemagne
« cercle de Feuerbach».
Les points de
L'innovation apportée par Feuerbach
Feuerbach,
ajoute d' ailleurs bien d 'autres points
quatre points
au fameux cercle. En effet, les triangles
supplémentaires
ABC, ABH (d 'orthocentre C), BCH
- =---:!J,L::::---~ - -7"'--~ -..::::,,--sur le cercle des
(d'orthocentre A) et ACH (d'ortho-
neuf points.
centre 8), ayant en commun les pi eds
de Jeurs hauteurs, ont même cercle de
ne uf points, (c'). Ce de rni e r est
donc tangent aux cercles inscrits et

Hors-série n° 36 Le cercle T,u~gente


SAVOIRS Quand on ne peut plus ...

9 points sont désormais 25 ! Et ce n ' est

Une démonstration pas tout !

« moderne »
Nous venons de voir que chacun des
points issu du quadruplet A, B, C, H
est orthocentre du triangle formé par
Pour démontrer que les pied des hauteurs et des les trois autres : on dit que ces quatre
médianes sont sur le même cerc le, une transformation points sont orthocentriques. On sait
comme l' homothétie va nous simplifier la tâche. Le alors qu'il existe une famille d'hyper-
centre de gravité G du triangle ABC étant situé aux boles équilatères (c ' est-à-dire dont les
deux tiers de chaque médiane à partir du sommet, l ' ho- asymptotes sont perpendiculaires) pas-
mothétie h de centre G et de rapport -1 /2 transforme sant par ces quatre points, dont les plus
chaque sommet en le milieu du côté opposé, donc le connues sont celle de Kiepert et celte
cercl e (c) circonscrit au triangle ABC en le cercle de Jerabek. Le mieux, c'est que les
médian, (c '), passant par les milieux des côtés et de centres de toutes ces hyperboles sont
rayon moitié de ce lui de (c) . On peut préciser le centre aussi sur le cercle de neuf points du
de (c '). L' homothétie h transforme en effet les hauteurs triangle ABC, d ' où la présence
du triangle ABC en ses médiatrices, donc l'orthocentre d'autres points remarquables sur ce
H en centre O du cerc le circonscrit (c) . 0, lui, est trans- cercle !
formé en O ', milieu de [OH] puisque OO'= !oH. Il y en a d'autres encore, plus anecdo-
2 tiques, comme le milieu du egment
Par ailleurs, la projec- [F if2 ] formé par les deux points de
tion orthogona le sur Fermat (voir encadré page précédente)
(BC) transforme H en du triangle ABC. Et ce n'e t toujours
1, pied de la hauteur pas fini !
issue de A, 0 en A'
milieu de [BC] et O' Le cercle des neuf points contient
en I' milieu de [IA']. même une infinité de points remar-
O ' appartient donc à la quables ; c'est tout simple : on a
médiatrice de [IA'] et démontré qu'il était l' image par l' ho-
O ' I = O'A'. Les pieds
mothétie de centre H et de rapport I
1, J, K des trois hau- 2
teurs sont donc eux aussi sur le cerc le médian (c').
du cercle circonscrit (c) au triangle
ABC. Cela signifie tout simplement
Il existe par ailleur une autre homothétie h ·, de rapport
que tout point P de (c) a son image P '
positif cette fois , qui transforme (c) en (c') :
- ( - sur . . . le cercle des neuf points, et cette
comme HO'= - HO , h · a pour centre H. Elle trans- image n ' est rien d'autre que le milieu
2
du segment [PH]. En plus des points
forme les sommets A, B, C du triangle en les milieux
précédents, une infinité de points
respectifs a,~. y des segments [AH], [BH] et [CH], qui
remarquables s' ajoute au cercle (c ' )
sont donc eux aussi ur le cercle (c'). Le cercle « des
qui , du coup, ne mérite plus son nom
ix points » en contient maintenant neuf!
de cercle des neuf points.

exin crits à ces trois triangles supplé- E. B.


mentaires, ce qui ajoute 3 x 4 = 12
points de plus au cercle (c '). Les

Tangente Hors-série n°36. e cercle


Le cercle des 9 mathématiciens
Plusieurs érudit , tous férus de géométrie, ont Charles Briancbon (1785 - 1864). C'est à ce
jalonné l'histoire du cercle des neuf points. Neuf mathématicien français, spécialiste de géométrie
d'entre eux se sont spécialement distingués, lais- projective, qu'on doit une démonstration de
sant dans l'histoire leur trace sous fonne d'un l'existence du cercle des neuf points, parue dans
résultat qui pennit à d'autres de faire encore de les Annales de Gergonne en 1821.
nouvelles découvertes.
Jean-Victor Poncelet (1788 -1867), mathéma-
Leonhard Euler (1707 - 1783). Personne ne ticien et ingenieur français sorti de
pré ente plus le grand mathématicien bâlois Polytechnique en 1810, participe à la campagne
dont l'influence fut énorme dans tous les de Russie et c'est en prison qu'il reconstitue de
domaine des mathématiques. En tant que géo- tête les cours de géométrie de Carnot et de
mètre, il a été Je premier à avoir l'idée de regrou- Monge. Avec Brianchon, il fait mention expli-
per le trois points remarquables du triangle : cite des « neuf points » dans les Annales de
centre de gravité, orthocentre et centre du cercle Gergonne (volume XI) en 1821.
circonscrit sur une droite. On lui prête aus i J in-
tuition initiale du cercle des six points. Sa Karl Feuerbach (1800 - 1834), mathématicien
démarche allait donner un point de départ et une allemand, d'abord étudiant brillant puis diplômé
ouverture à la future « géométrie du triangle». précoce, est véritablement le géomètre décou-
vreur du cercle des neuf points. Les coïnci-
Benjamin Bevan, ingénieur civil anglais, spé- dences de recherches n'étant pas rares, il publia
ciali te de la construction de canaux, posa par son ré ultat en 1822, un an après celui de
ailleurs en 1804 la que tion : « Montrer que Le Brianchon et Poncelet sur le même thème. Sa
centre O du cercle circonscrit à im triangle ABC contribution particulière, celle qui lui valut la
est le milieu du segment joignant le centre 1 du notoriété, fut cependant d'adjoindre quatre
cercle in ·crit au cenh-e du cercle circonscrit du points aux neuf que le cercle comptait déjà : le
triangle excentrai et que le rayon de ce cercle contact de ce cercle avec le cercle inscrit (point
est le double de celui circonscrivant ABC. » Il de Feuerbach) et avec les troi cercles exinscrits.
laissa son nom au « point de Bevan » d'un tri-
angle, centre du triangle des centres des cercles Oiry Terquem (1782 - 1862), polytechnicien
exinscrits (triangle excentrai). On pense qu'il lui aussi, édita et dirigea les Nouvelles Annales
connaissait déjà la cocyclicité des oeuf points. de Mathématiques. Connu pour ses travaux de
géométrie, c'est à lui que revient en 1842 la
John Whitley fut, peu après B. Brevan, l'un des dénomination « cercle des neuf points ». n
«pionniers» de la publication d'un résultat sur publie une seconde preuve analytique des résul-
« Les propriétés caractéristiques du cercle des tats de Feuerbach et généralise la notion de
neuf points » dans la revue Gentleman :S cercle des six points en remplaçant hauteurs et
Mathematical Companion de 1808. médianes par des céviennes, droites passant par
les sommets du triangle.
Henri Brocard (1845 - 1922). Ce géomètre
français, qui eut une vision moderne de la géo- John Casey (1820 - 1891), mathématicien et
métrie du triangle, donna sans doute le nom de profes eur irlandais, le premier à donner un
« cercle d'Euler » au « cercle des six points » nom à ce cercle dont tout le monde parlait sans
initial. le nommer. Il l'appela tout simplement ...
« cercle des six points».

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


1

SAVOIRS par Francis Casiro

Le théorème des 7 cercles


d'Euelyn, money-Coutts et Tyrrell
Construisons une chaÎne de six cercles, chacun tangent à ses deux voisins, et tous
tangents intérieurement à un septième cercle. Que peut-on dire de pertinent sur les
six points de contact de la chaÎne au grand cercle ?

1 re te encore de pépites à trouver Coutts et J. A. Tyrrell et publié dans leur

1 dans le filon surexp loité de l'an-


tique géométrie euclidienne !
Le théorème des sept cercles, ujet de cet
brochure The Seven Circ/es Theorem
and Other New Theorems.

artic le, date eu lement de 1974. li fut Un concours Inattendu


découvert par C. Evelyn, G. B. Money-
Traçons une chaîne de six cercles véri-
fiant le contrainte uivantes : chaque
cercle est tangent extérieure-
ment à deux cerc le de la
chaîne et est aus i tangent inté-
rieurement à un eptième grand
cerc le (voir la figure ci-contre).
Notons re pectivement Ap A 2,
A 3 , A 4 , A 5 et A 6 les six points
de contact des « petits » cercles
avec le « grand » cerc le.
Le surprenant théorème de
sept cercles énonce alor que
les trois droites (A 1A4), (A 2A 5)
et (A 3A 6) sont coucourantes.
(Le mathématicien amateur ou
chevronné ressent toujours un
frisson délicieux quand urg it ,
d'un contexte banal , un aligne-
ment de points ou un concours
de droites. li est dans la nature
du géomètre d 'éprouver une
certaine affinité pour ces
cho es-là.)

Ta.ngente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

Po ur dém ontre r de faço n é lé m e ntaire Supposo ns to ut d ' a bord les cordes


le théorè me des sept cerc les, no us [A D], [B E], [C F] concourantes a u
all ons éta bli r de ux résulta ts pré limi- point 1.
naires. Le premie r donne un cri tè re de Les tri a ng les BAI et IED so nt e m -
concours de droites qui est une adapta- blables (leurs angles sont égaux deux à
tion du cé lèbre théorème de Céva aux deux) . Il en résulte que
cordes d ' un cerc le. Le second est un AB/DE = !N IE.
lemme technique qui autorise le ca lcul Pour des raisons s imilaires, no us trou-
de la lo ngueur d ' une corde. vo ns les proportio ns :
EF/BC = IF/18
Céua dans les cordes C D/FA = IC/ IA
IC/ IE = 18/IF.
Giovanni Céva fut le premier à propo- En multipli ant m embre à me mbre ces
ser, en 1678 , une conditio n nécessa ire quatre égalités, no us obtenons le résul -
et suffisa nte caractéri sant le concours ta t annoncé.
de certa ines droites pa a nt pa r les A
so mm ets d ' un tri a ng le. On do it à
H.S.M. Coxete r un c ritè re a na log ue
pro pre a ux cordes d ' un cerc le. No u
l' appeleron le théorème de Céva pour
les cordes; il s'énonce ain i : F
Soient A, 8 , C, D, E et F le sommets
d' un hexagone convexe inscrit dans un
cercle.
Les cordes [A D] , [B E] et [C F] sont
concourantes si et seul ement si
c
A B · C D · EF = BC · DE · FA.
(S ur la fig ure , le « produit des cordes
ro uges » est éga l a u « produit des
cordes bleues ».)

A
Étudi o ns ma inte na nt la réci -
proque (c'est e ll e qui œ uvre
da ns la pre uve du théorè m e
des sept cercles).
F Suppo o ns do nc que :
A B · C D · EF =
BC · DE · FA.

c
---------
ABC , CDE , EFA -
Au moins l' un des troi s a rcs
-------
a une long ueur in fé ri e ure à
cell e d ' un de mi -ce rc le . Nous
po uvo ns, san pe rte de géné-
ra lité, ass um e r pa r exempl e
qu 'i l s'agit de l' arc CDE .

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS Le théorème des 7 cercles

Noton I le point d'intersection des Avec les notations et les indications de


cordes [BE] et [CF] et prolongeons [Al] la figure, le lecteur parviendra à démon-
de façon à intercepter le cercle à nou- trer aisément que les triangles IDE et
veau au point U (point U qui appartient IBA sont semblables, de même que le
nécessairement à l'arc CDE). triangles BIQ et BEC, et les triangles
La partie directe nous permet d' affir- AIP et AOC.
mer que Nous en déduisons que
AB · CU · EF = BC · UE · FA.
AB lA lB
ce qui , combiné avec l'hypothèse de
DE JE ID
départ
(AB · CD · EF = BC · DE · FA.), puis, achant que DE = 2R,
donne
-AB · -AB - -lA · -lB - -lA · -lB
CD CU 2R 2R JE ID ID JE
DE UE
PA QB p q
Si Une coïncide pas avec D, nous suppo- =- ·- = -- · --
CP CQ R -p R -q
serons qu'il appartient à l'arc DE (l'argu-

le théorème des sept cercles


ment est identique pour l' arc OC).
Nous avons CD < CU et DE > UE. Nous sommes maintenant prêts à démon-
Par conséquent, trer le théorème des sept cercles.
Revenons à la figure initiale (r; dési-
CD < CU. gnera le rayon du cercle dont le point
DE UE
de contact est A;).
Résultat qui contredit l' idendité obte-
nue précédemment. Posons c( rj = R i;_ ,
-i;_
Le point U n'était donc qu'un pseudo-
nyme du point D. et convenons que
A 7 = A 1 etr7 = r 1•
Une bonne longueur de corde

Considérons deux cercles


tangents (P) et (Q) de
centres respectifs P et Q qui
sont tangents intérieurement
à un troisième cercle (C) de
centre C. Ers., __
A et B sont les points de
contact de (P) et (Q) avec D
(C). Si R, p et q désignent
les rayons respectifs des
cercles (C), (P) et (Q), nous
avons:

AB 2 pq
4R 2 (R - p)(R -q))°

Tcingente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

D' après le lemme préparatoire,

(A 6A 1·A 2A3° A4As}2 =


64R6c(r 6)c(r 1)c(r2 )c(r3)c(r4 )c(r 5)
= (A 1A2·A3A4 ·A5Ai .
D' après le théorème de Céva pour les
cordes, [A6A3] , [A 1A4] et [A 2A 5] sont
concourantes.

Uariante

Le théorème des 7 cercle reste vrai si la


chaîne des six cercles tangent est tan-
gente extérieurement au septième cercle.

le théorème des six cercles

On doit à la triplette Evelyn, Money-


Coutts et Tyrrell un autre théorème
intriguant sur une chaîne de cercles
tangent .

Hors-série n° 36 Le cercle. Tangente


SAVOIRS Le théorème des 7 cercles

Partons d ' un tri ang le A BC et traçons Surpri se!


un cercle (C 1) tangent aux côtés (A B) À la sixiéme étape nou retro uvons le
et (BC). cercle initial (C 1).
Construi sons alors un cerc le (C 2 ) tan- Autrement dit, dans un triangle, to ute
gent au cerc le (C 1) et aux côtés (BC) et chaîne de cerc les tangents à ses deux
(CA). voisins et à des pa ires success ives de
Répéton l'étape précédente avec (C 2) , côtés du triang le ne peut conteni r au
(CA) et (AB). plus que six cercles.
Poursui vo ns. F.C.
A A

B C B c
A A

B C B c
A A

B C B c
A

B c

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


le who's who des cercles
Les cercles d'Archimède,
de Bankoll, de Schoch et de woo
Archimède a étudié une figure qu'il appelle « l'arbe-
los » (littéralement le « tranchet de cordonnier »)
formé d'un demi-cercle de diamètre [AC] évidé de
deux demi-cercles plus petits de diamètres [AD] et
[OC]. Archimède a démontré que l'aire de l'arbelos est
égale à celle d'un disque de diamètre [BD], où (BD)
D
c est perpendiculaire à (AC) et
B est sur le grand demi-
cercle. Il a aussi démontré qu'en inscrivant deux cercles
dans les deux parties de l'arbelos séparées par [BD],
on obtient deux cercles égaux appelés depuis
« cercles d'Archimède ». Le plus grand disque qui
contient les deux cercles d'Archimède a une aire Ao-- - - - - -___.,.,,o.,,,' - - - --n c
égale à celle de l'arbelos. D

En 1974, le mathématicien américain Leon Bankoff (1908-1997) trouve un troisième


cercle égal aux deux cercles d'Archimède. Il obtient ce cercle en inscrivant un cercle
dans l'arbelos, puis en faisant passer un cercle par les trois points de tangence (en
rouge sur la figure).

En 1978 (mais publié en 1999), Thomas Schoch


met en évidence un autre cercle d'Archimède
obtenu en traçant deux demi-cercles de rayons
[AD] et [CD] passant par O. Le cercle tangent à
ces deux cercles et au grand demi-cercle de l'ar-
A belos (en rouge sur la figure) n'est autre qu'un
cercle d'Archimède. Ce cercle a son centre sur
une droite appelée droite de Schoch. Si l'on
trace deux cercles centrés sur (AC), passant par B et de rayons proportionnels à ceux
des deux petits demi-cercles de l'arbelos, et si l'on construit un cercle « archimédien »
tangent extérieurement à ces deux cercles, son centre sera situé sur la droite de
Schoch. Le premier cercle est le cercle de Schoch et les autres sont des cercles de
Woo , du nom de Peter Woo, de l'université de Biola (La Mirada, Californie).

Référence : The Archimedean Circles of Schoch and Woo, Hiroshi Okumura and
Masayuki Watanabe, Forum Geometricorum, 4, pp. 27-34, 2004.

Hors-série n° 36 Le cercle 'J:'a.ngent:e


SAVOIRS par Hervé Lehning

Quand un cercle « épouse >> une courbe :

le cercle osculateur
Une courbe « ressemble » localement à un cercle, de rayon
plus ou moins grand. Et même s 'il s 'agit d'une droite, ne peut-
on pas parler de rayon infini ? Préciser cette idée vague passe
par la notion de cercle osculateur.
Épouser : une question de limite
sculare, osculare,

O O beata peccatrix
Sigismondo d'lndia,
Motet pour deux voix
Malgré la force des images, ces défini-
tions manquent de précision mathéma-
tique. Elles décrivent bien l'objet cher-
ché, mais de manière intuitive, et per-
Le verbe latin osculare signifie mettent difficilement le calcul.
« caresser », ou « baiser » dans le sens Oublions donc la poésie des baisers
d'embrasser. Dan la citation ci-des- mathématiques et précisons la notion
sus, Sigismondo d'lndia l'utilise dans de cercle osculateur. Pour cela, suivons
le sens mystique des moines du Moyen l'exemple de la tangente. S' il s'agit
Âge. Même si pour eux il s'agit de bien, également, de la droite qui
s'approcher de la divinité et non d'une épouse le mieux la courbe C au voisi-
courbe, cette citation éclaire malgré nage du point A, elle se définit de
tout le sens mathématique « d'oscu- façon plus propre au calcul comme
Définition de la lare ». Il s' agit d ' épouser, de se fondre position limite (si elle existe) de la
tangente en A jusqu'à se confondre. Le cercle oscula- droite sécante (AM) quand M tend
comme limite teur en un point d'une courbe est celui , vers A en restant sur C. La fusion
de la sécante (AM). parmi les cercles qui lui sont tangents, (locale) avec la courbe ne s' opère qu 'à
qui épouse le mieux sa la limite.
forme. Dans ce sens, il Passons au cas du cercle. Pour bien
serait logique d ' utili- épouser une courbe C en un point A, un
ser le terme de « droite cercle doit donc avoir la même tan-
osculatrice » pour gente T, ce qui nous restreint aux
- --=-- ...._=-_,,_____T désigner la tangente. cercles tangents en A à T. Ces cercles
A sont centrés sur la normale en A à T et

Ta.ngente Hors-serie n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

passent par A. Il en existe une infinité. Si on note x et y les coordonnées


Cependant, si M n'appartient pas à T, de M dans le repère défini sur la
un seul le contient. Le cercle oscula- figure, l' ordonnée w du centre Q
teur en A à C est la position limite de du cercle osculateur au sommet O
ce cercle quand M tend vers A en res- de la parabole est entièrement
tant sur C. déterminée par la relation
Bien entendu, de même qu'une droite OQ 2 = QM 2 , soit:
est sa propre tangente, en tout point, le w2 =x2 + (y-w)2 d 'où :
cercle o culateur à un cercle est lui- x2 y
W= - +- . T
même. 2y 2 A

Cercle osculateur : La limite de w est donc celle du rapport


Définition du
l'eKemple du sommet d'une parabole x2 quand les coordonnées x et y du
2y cercle osculateur
en A comme limite
Considérons la parabole P de foyer F et point M tendent vers 0, M restant sur la
du cercle tangent
de directrice D, c'est-à-dire l'ensemble parabole.
en A à C passant
des points équidistants de F et D. Pour
par C.
chercher le cercle osculateur en son Cette formule est générale, elle ne
sommet 0 , nous con idérons un point dépend pas de la courbe considérée. En
M quelconque, C le cercle tangent en se plaçant dans le repère mobile d ' ori-
O à la parabole P passant par M et Q gine le point A de la courbe Cet d' axes
son centre. li s'agit de trouver la limite la tangente en A et sa normale, s' il
de Q lorsque M tend vers O. existe une relation simple entre x et y,

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


Le cercle osculateur
la question se ra mène à Pour être plus concret, imaginez-vous
c un banal ca lcul de en voiture sur une route en lacets.
limite ! Depuis un point fi xe A jusqu 'à M,
votre véhicule parcourt une distance s
Q Revenons au cas de la pendant que ses roues tournent d ' un
parabol e pour la an gle a.
concréti ser, et cher-
chons le lien entre x et Si x et y sont les coordonnées de M
F y, c'est-à-dire son dans le repère ci-des us, s est éga l à
équation . Elle s' obtient Vx2 + y2 donc « équi va ut » à x (est éga l
o.__=-~~~-+~~ en introduisant la dis- à x augmenté d ' une quantité « négli-
~~~~~~-'--~~~~~-
O tance p de F à D (appe- geable » par rapport à x. En effet, le
H lée le paramètre de la ra pport Y tend ve r O pui sque la
X
parabole) et en écri vant tangente en A est l'axe des abscisses.
Le cercle o cula- la relation : MH 2 = MF2, soit :
teur est entière- Dans une v i ion dynamique de la
2 2
ment défini par la y + L= x2 + y - L, on obtient courbe, le point M, et donc ses coor-
2 2 données x et y, dépendent du temps t.
limite du point Q,
sur l'axe (OF), à l'équation de la parabole: 2 p y= x 2. Les mathématic iens ont généra li sé
égale distance de cette approche en fa isant dépendre M
OetM. La limite cherchée est donc égale à p . d ' un « paramètre » t, qui peut être le
Le centre du cercle osculateur au som- temp ou n' importe quoi d 'autre. Le
met de la parabole est le symétrique de vecteur tangent en M a alors pour coor-
ce sommet par rapport au fo yer ! données x' et y ', les déri vées de x et y
par rapport à ce paramètre.
La tan gente de l'angle a (ang le que fa it
la tangente en M avec la tangente en A)
est donc éga le au rapport Y, et a équi
X

vaut à cette même quantité (car tan u


équi vaut à u quand u tend vers 0). Le
Q rapport 5 équi vaut ainsi à xx ' .
a y'
F
D 'après la Règle de l 'Hospital, la
Cercle osculateur limite de cette quantité est la même
0 que cell e du rapport de primitives
au sommet d'une D
s'annulant en A (voir l'encadré« règle
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

parabole.
Le calcul du rayon de courbure de l' Hospital »), c'est-à-dire que c'e t
la limite de x1 , qui vaut R comme
2y
Le cercle osculateur en un po int est nous l'avons déjà vu.
éga lement appelé le cercle de courbure
en ce point, son centre le centre de
Le rayon de courbure en A est donc la
courbure et son rayon R, le rayon de
limite du rapport ~ quand M tend
courbure.
vers A, comme si la courbe était un
En ce po int, la courbe e comporte cercle de rayo n R.
comme si elle était un cercle de rayon R.

Ta:ngente Hors-série n°36. Le cercle


Cette formule s' interprète également
comme un rapport de dérivées :
s comme a sont fonctions du temps (ou
du paramètre) t. Si a est l'instant où Si la courbe est un
le point M est en A, d'après la formule cercle, son rayon
Q
des accroissements finis , s équivaut à est le rapport entre
s'(a) (t - a) et a à a ' (a) (t - a). la longueur d'un
La limite cherchée est ponc égale au arc et son angle.
, . , s a
rapport des denvees : a\a) .

Si on considère maintenant que c'est a


qui joue le rôle du paramètre, on
constate que le rayon de courbure est
égal à la dérivée de s par rapport à a, A
. R ds
soit: = da · vitesse, qui se dérive comme un pro-
duit : f = v'T + vT' . Comme précé-
Nous obtenon ainsi une autre méthode demment, nous notons a l'angle du
pour déterminer le cercle o culateur en vecteur f' avec l'axe des abscisses, se
un point. coordonnées sont cos a et sin a. La
Dernière remarque : l'orientation de la dérivée de f' par rapport à a est donc
courbe, qui dépend du sens de variation le vecteur de coordonnées - sin a et
du paramètre, induit une orientation du cos a. Autrement dit, il s'agit du vec-
repère mobile. Les valeurs des fonctions teur N , qui se déduit de T par la rota-
qui interviennent sont donc algébriques, tion d 'angle 90°. La dérivée de T par
c' est-à-dire peuvent être négatives. rapport au temps est donc sa dérivée
Donc, le rayon de courbure aussi, qui est par rapport à a, soit N, multipliée par
l'ordonnée du centre de courbure dans ce la dérivée de a par rapport au temp .
repère mobile. Son signe donne tout sim- Le calcul du rayon de courbure donne
plement la concavité de la courbe au a'= s' = v
R R.
point A.

Hccélération centripète On en déduit : r= v'T + v2 N.


R'
Une autre conséquence tient au calcul Comme dans le cas d ' un mouvement
de ! ' accélération d'un point M se circulaire, l'accélération se compose
déplaçant sur une courbe. Avec les de l'accélération numérique, dérivée
notation s précédentes, sa vitesse de la vitesse numérique, le long de la
numérique v est la dérivée de s par rap- tangente, et de l'accélération centri-
port au temps. Sa vitesse vectorielle à pète, le long de la nom1ale, dirigée vers
l'instant t est alors donnée par la for- le centre de courbure et valant v2.
mule : V = v T où le vecteur T est uni- R
taire ( de longueur 1). Autrement dit, en ce qui concerne le cal-
Par ouci d ' économie, nous écrivons cul de l 'accélération, un point mobile
cette relation : V = v T en sous-enten- sur une courbe se comporte comme s 'il
dant que chacune des valeurs doit être était sur un cercle de rayon R.
pri e à ! ' instant t.
L' accélération est la dérivée de la
H. L.

Hors-série n° 36 Le cercle Tc:ingent:e


EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles


les théorèmes de Ptolémée...
Dans son Almageste, le géomètre alexandrin
Claude Ptolémée (vers 90 ; vers 168) établit le
théorème suivant : Dans un quadrilatère
convexe inscrit dans un cercle, le produit des
diagonales est égal à la somme des produits ...etdeCasev
En 1888, le mathématicien irlandai John Casey
des côtés opposés.
AC x BD = AB x OC + AD x BC. ( 1820- 189 1) publie la généralisation suivante du
c théorème de Ptolémée.

Étant donné un cercle (q, soient quatre cercles


(Cl), (C2), (C3) et (C4) deux à deux disjoints et
tangents intérieurement à (q. Si l'on considère
les six longueurs des tangentes extérieures de
ces quatre cercles pris deux à deux, on a la rela-
tion suivante (voir la figure):
NP x MQ = EF x IJ + GH x KL.

Il suffit de fai re tendre les rayo ns des quatre


« pet its ce rc les » vers O pour retrouver le
théorème de Pto lé mée.

JohnCasev.

Tc:ingente Hors-série n ° 36 Le cercle


1

par François Lavallou 1


EN BREF

Un cercle en Oualie
Quand les ailiers du Stade français aplatissent la
gonfle dans le coin de l'en-but adverse, ils
posent un int6ressant probllme de F(>métrie. Il
s'agit, pour transformer l'essai, de faire passer
un ovale de cuir entre deux lignes verticales. Le
buteur peut choi ir l'endroit de sa tentative, à
condition qu'il se situe sur la perpendiculaire
(Â) à la ligne de but passant par le point d'essai.
Si l'on considère le cercle unique passant par le
point de tentative choisi et les deux embases des une certaine distance de sécurité par rapport à la
poteaux, l angle 9 sous lequel sont vus les ligne de but pour éviter de se faire contrer par la
=
poteaux est tel que sin(9) dlR, où d représente horde adverse. Il ne peut non plus s'approcher
le demi-écartement des poteaux (2,8 m) et R le trop près pour pouvoir surpasser facilement la
rayon du cercle. Pour se faciliter la tâche, notre barre transversale située à trois mètres de hau-
demi d'ouverture doit donc chercher à minimi- teur, et ses capacités physiques limitent son éloi-
ser la taille du cercle. La position optimale est gnement. Sans tenir compte des conditions
alors atteinte lorsque le cercle est tangent à la météorologiques et psychologiques, l'ensemble
droite (Â). L'ensemble de ces positions permet- de ces contraintes définit le positionnement opti-
tant d'ouvrir l'angle de tir au maximum est une mal représenté par la courbe bleue. Le charme
hyperbole équilatère d'équation i2-y2 = cP (en du rugby provient d'une rupture de symétrie
rouge sur la figure), où x représente la distance effectuée sur une sphère !
à l'axe du terrain et y la distance à la ligne d'en-
but. Le buteur-calculateur doit de plus maintenir Remerciements au staff technique de l'Aire Ona.

Hors-série n ° 36. Le cercle Ta.ngente


SAVOIRS par Francis Casiro

la formule de Brahmagupta
pour les quadrilatères inscriptibles
ConnaÎtre les longueurs des côtés d'un quadrilatère ne permet pas en général de
déterminer son aire. Si on suppose en plus que le quadrilatère est inscriptible
dans un cercle, la réponse devient positive et la formule, trouvée par
Brahmagupta, est particulièrement élégante.

uatre egments de longueurs quadrilatère comme un appareil consti-

Q
s
respecti ves a, b, cet d étant
donnés, il est touj ours lo i-
ourvu que chac un e des lon-
gueurs soit inféri eure à la somme des
trois autres, de construire un quadrila-
tué de quatre barres rigides articulées à
leurs extré mités et ass ujetti es à rester
dans un même pl an, on constate que
notre appareil n'a ri en de ri gide,
contra irement à, par exemp le, un
tè re convexe dont les lon gueurs des assemblage de troi barre .
côtés sont a, b, cet d. Il s'ensuit que l' aire d ' un quadrilatère
convexe ne peut être déterminée par la
seule do nnée des longueurs de ses
côtés.
Il nous fa ut aj outer une contrainte pour
ass urer la ri gidité du quadril atère et
a
e pérer ré oudre notre problème de
quadrature.
lmpo ons, par exemple, à notre quadri-
latère convexe d 'être inscriptible dans
un cercle.
b Deux angles oppo és d' un tel quadrila-
tère A BCD doi vent être supplémen-
taire .
Sur la piste des Indiens Si AB = a est donné, alors AD prend
! ' une des va leur b, c ou d (on rappelle
Év idemment, une te lle solution n'a qu 'en vertu de la convex ité et de I' in-
ri en d ' unique. Si on imag ine notre éga lité triangulaire, chacune des lon-
gueurs a, b, cet d doit être infé rieure à
la somme des trois autres).
Deux quadrilatères ayant des côtés égaux deux On se conva inc assez rapidement que
à deux n'ont pas nécessairement la même aire. l'on a les six configurations suivantes:

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

Il Ill
A A A

c
V A IV A VI A

r
Les quadril a tères 1 e t V sont isométriques (on passe de l' un à l'autre pa r une
symétrie g li ssée). De même pour II et IV et llI et VI. On comme nce à se doute r
qu e nos s ix quadril a tè res ont la mê m e aire, ce que confirme, par e xe mpl e, le
découpage sui va nt qui transforme I en III :

A A A A

L' analyse précédente suggère donc que l'aire d ' un quadrilatère convexe inscrip-
tibl e est to ta le me nt déte rminée pa r la donnée des long ue urs a, b, cet d de ses
côtés et que, de plus, elle est une fonct io n symétrique de a, b, cet d.
Si on fa it tendre un ommet vers un autre sommet du quadrilatère, l'aire du qua-
drilatère Aire 0 va se transforme r en aire d ' un triang le A ireT et on co nnaît, grâce à
la fo rmul e de Hé ron, l'expression de AireT en fonction des côtés :

A ireT(a, b, c) = j t (t -a) (t- b) (t - c) où l = t (a + b + c).

On soupçonne donc que Aire 0 (a, b, c, 0) = Aireia, b, c)


et, symétrie oblige, qu ' un bon candidat pour la fo rmu le cherc hée e t

Aire0 (a, b, c, d) = ./(t - a) (t -b) (1-c) (t - d ) où t = t (a + b + c+ d) .

Hors-série n° 36 Le cercle. Tc:ingente


SAVOIRS La formule de Brahmagupta

Démonstration de la formule de Brahmagupta


Partons de la formule bien connue qui donne l' aire d ' un triangle ABC :

aire(ABC) = (1 /2) . AB. AC . sin BAC.


Avec les notations de la figure et en notant K
l'aire du quadrilatère convexe ABCD, nous
avons (avec l'aide du théorème de l'angle inscrit) :
K = aire(BAD) + aire(BCD)

D
= f pqsin 8 + rs in(n - 8) .

K= t sin 8 (pq + rs),

d'où: 4K2 = {I - cos 2 8)(pq + rs)2. (*)


La formule d'al-Kashi , appliquée aux tri
angles BAD et BCD, donne
c BD 2 = p 2 + q2 - 2pq cos 8
=? + s 2 - 2rs cos(n - 8).
D'où: 2(pq + rs) cos 8 = p2 + q2 - ? - s2.
En reprenant la formule (*), nous obtenons

4 K2 = (pq + rs)2 _ l(p2


4 + q2 _ ? _ 5 2) .
Soit l 6K 2 = 4(pq + rs) 2 - (p 2 + q2 _ ? - s2)2
= [2(pq + rs) - p 2 - q2 + ? + s 2][2(pq + rs) + p2 + q 2 - ? - s 2]
= [(r + s)2 - (p - q) 2][(p + q) 2 - (r - s)2]
= (p + q + r - s )(p + q + s - r)(p + r + s - q)(q + r + s - p).

Et, en notant t le demi-périmètre de ABCD, (t = l{p + q + r + s)),


2
16K2 = 16(t - p)(t - q)(t - r)(t - s),
soit
K = ~ (t - p )(t - q )(t - r )(t - s ).

Cette formule a été découverte et démontrée par le brillant mathématicien indien


Brahmagupta (598-668) et consignée dans son Brâhma Sphuta Siddhânta (Traité cor-
rigé de Brahma), écrit en l'an 628 de notre ère.
Une autre façon de rigidifier un quadrilatère e t d ' imposer les longueurs pet q des
diagonales. La formule de Bretschneider donne alors l'aire du quadrilatère convexe :

j( t - a) ( t - b) ( t - c) ( t - d) -± (ac+ bd+ pq) (ac+ bd - pq) .

Si pq = ac + bd, le quadrilatère est inscriptible (théorème de Ptolémée) et on retouve la


formule de Brahmagupta.
F. C.

T4n9ente Hors-série n° 36 Le cercle


par Michel Criton EN BREF

le who's who des cercles


les cercles de Stammler
Lorsqu'on trace le cercle circonscrit E à un triangle ABC, E
détermine sur les droites (AB), (BC) et (CA) des cordes de lon-
gueurs respectives c, a et b, où a = BC, b = AC et c = AB.
Il existe trois autres cercles intercep-
tant, sur les droites (AB), (BC) et
(CA), des cordes de longueurs respec-
tives c, a et b. Ce sont les cercles de o.
Stammler. Les centres de ces trois
cercles forment un triangle équilaté-
ral appelé triangle de Stammler.
Ludwig Stammler, qui a découvert
cette propriété, a effectué sa carrière
d'enseignant chercheur à l'université
allemande Martin-Luther de Halle-
Wittenberg.

les cercles de Clifford


Soient C 1, C 2, C 3 et C 4 quatre cercles passant
c, par un même point P. Soit P;J l'autre point
d ' intersection des cercles C; et Cj (; et j dis-
tincts variant entre l et 4). Soit enfin C ;J,k le
cercle passant par les trois points P;J, Pj.k et
Pk.i" Alors le quatre cercles C 1.2.3' C 1,2.4 ,
C 1.3.4, et C 23 ,4 passent par un même point P 1. 2_3.4 . Ce théorème a été établi par le
mathématicien anglai s William Kingdon Clifford (1845- 1879). Il se généralise
ainsi : si l' on considère un cinquième cercle C 5 , les cinq points P 1. 2.3.4, P 1.2 ,3 _5 ,
P 1.2,4_ 5 , P u.-1.5 et P2 _3 ,4_ 5 sont sur un même cercle C 1.2 .3 ,4 _5 . En ajoutant un sixième
cercle, on peut énoncer un troi sième théorème ... Voir l' article en page 46.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning

les cercles

1 arceau
Un tore est une surface engendrée par rotation d'un cercle
autour d'un axe. Si, par chaque point, vous pensez qu'il passe
exactement deux cercles, ceux que l'on voit en long et en large,
vous avez ... tort. Deux autres se situent en travers.

U
n tore est la surface engendrée même , par chaque point M du tore, il
par rotation d ' un cercle autour pas e deux cercles tracés sur la surface
d ' un axe de son plan . Nous du tore. L' un est itué dan le plan
considérons le cas où le cercle ne coupe mé rid ie n , pa sant par M et l' axe,
pas l'axe, le tore est alors dit « à coll ier ». l' autre est itué dan le plan parallè le,
L'objet o bte nu resse mb le à une passa nt par M et orthogonal à l'axe.
chambre à air. D'après sa construction
l'esprit de Descartes

Un plan bitangent est un plan tangent


en deux po ints. Sa trace dans un pl an
mé ridi en correspond aux d ro ites
tangentes intéri e ure me nt aux deux
cerc les méridiens.
Antic ipons les ca lcul s sans les effec-
tuer, à la manière de Descartes. Pour
cela, pl açons-nous d 'abord dans un
...... -, ; /---------------- -------
repère (0 , x, y) d ' un pl an méridien,
...... __ ~,:---'
(Oz) étant l'axe de révolution, que
nous comp létons par un axe (Oy).
Comme pour toute surface de révolu-
tion , l'équation du tore se déduit de
ce lle de sa mérid ienne en y remp laça nt
La définition du tore implique deux fa milles de cercles tracés x2 par x2 + y2 (voir l'encadré Équation
sur la surface (en bleu et en rouge). d 'une surface de révolution). On corn-

88 Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

Les deux fam illes « simples » de cercles engendrant le tore.

Équation d'une surface de révolution


Considérons la méridienne d'une surface de révolu-
tion dans le plan (0, x, z) où (Oz) est l'axe de révolu-
tion. Du fait de la symétrie par rapport à (Oz), son
équation s'écrit sous la forme .f(x2, z) = o .
Considérons un plan méridien (O, Q, z). La méri-
Plans bitangents au tore. dienne y a la même équation, soit.f{Q2 , z) = o. Un
point M de coordonnées x, y et z appartient à la sur-
mence donc par déterminer l'équation face si et seulement s'il appartient à la méridienne
d' une méridienne. Dans ce cas, elle est située dans le plan méridien passant par M. Comme
composée de deux cercles symétriques Q2 =x2 + y 2 , on en déduit l'équation de la surface:
par rapport à l'axe (Oz). Un cercle a
une équation de degré deux donc la .f(x2 + y 2, z) = o.
mérid ienne a une équati on de degré

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Catalogue de cercles

Section d'un tore quatre, produit des deux première . On ont deux ellip es symétriques. Cette
par un plan bitan- en déduit que le tore a également une re marque dans le tyle de Re né
gent. Il est facile de équation cartés ienne de degré quatre. Descartes ( 1596- 1650), in venteur de
voir deux ellipses, Si ces calculs non effectués vous fru - la géométrie analytique, a sans doute
plus délicat de trent , nous en verrons le détail plus été fa ite bien avant qu ' Yvon Vill arceau
réaliser que ce loin . Ce ré ultat sur le degré de l'équa- (1 8 13- 1883) écri ve son article sur les
sont des cercles. tion du tore est indépendant du choix quatre famjlles de cercles engendrant
du repère, car les formul es de change- le tore ( 1848).
ment de repère sont de degré 1.
Considérons maintenant l' intersection Sections du tore
du tore avec un plan quelconque P. On
peut choisir un repère (0 ,x,y, z) tel que Les sections du tore par un plan bitan-
P soit le plan de coordonnées (0 , x, y). gent sont des cercles portant le nom de
L'équation de l' intersection du tore et Vill arceau, qu ' il les ait découverts ou
de P s' obtient en posant z =0 dans son non. C 'est une constante en mathéma-
équation . Il s'ag it d ' une courbe de tiques, une notion porte rarement le
degré au plus quatre. Dans le cas d ' un nom de celui qui l' a découverte.
plan bita ngent , on «voit » qu 'elle se Nous allons maintenant effectuer les
décompose en deux courbes sy mé- calcul s imaginés ci-dessus. Pour cela,
trique . La considération de leur degré nous nous plaçons d 'abord dans le
as ure que ce sont de ux coniques. repère « naturel » adapté à son axe de
Comme elles sont bornées, ces courbes révolution , puis nous changeons de

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

repère pour nous placer dans un plan


bitangent. Pour l' introduire de façon RotaUon d'un repère
naturelle , nous notons a son ang le avec
l' horizontale.
M
z ----------------------
/

Les deux repères utilisés.


Le troisième axe est perpendiculaire Pour étudier les formules de changement de repè-
au plan de la page. re, il est nécessaire d'introduire les vecteurs uni-
taires sur les axes, soit T etT pour le repère (0, x, z).
Dans le repère (0 , x, y), l'équation du
cercle engendrant le tore est :

(x - R) 2 + i = R 2sin 2 o..
....
OM = .:n + 7J.
..
Le point M a pour coordonnées x et z signifie que :
.....

Si nous tournons ce repère d'un angle a, nous


Nous pouvon l'écrire : obtenons un nouveau repère (0, X, Z). Les vecteurs
x2 + i + R 2cos2 o. - 2Rx = O.

Le cercle ymétrique par rapport à


l'axe (Oz) a pour équation :
.. ..
unitaires sur les axes vérifient :
.
....1 =1 cosu+J sinuetJ.... =-1 sinu+J...cosu
x2 + i + R2cos2 o. + 2Rx O. = puisque Ï et J se déduisent de T par rotations
d'angles a et a + 1t/2.
La méridienne du tore est la réunion de
ces deux cerc les, elle a donc pour Dans le nouveau repère, oit: = XÏ + Ü. En utili-
équation : sant les formules précédentes, nous obtenons :

[x2 + i + R 2cos 2 o. - 2Rx] oit:= xcfcosu +f sinu) +Z(-fsinu + Tcosu)


[x2 + i + R 2cos 2 o.+ 2Rx] =0

qui se simplifie en :
....
d'où:
. .... ..
Nous en dédui on l'équation du tore
....
Or : OM = .:n + 7J
. .
OM = (Xcosu - Zsmu)1 + (Xsinu + Zcosu}j .

en remplaçant l'axe (Ox) par l'axe donc, par unicité de la décomposition


méridien et donc x2 par x2 + y2 : sur la base {T,f},

[x2 + y2 + i + R 2cos 2 o.] 2 x = Xcosu + Zsinu, z = -Xsinu + Zcosu.


- 4R2(x2 + /) =O.

Hors-série n " 36. Le cercle Ta.ngente


SAVOIRS Catalogue de cercles

y = Y. En substituant x, y et z par ces


valeurs dans l'équation du tore , nous
obtenons son équation dans le repère
(0 , X , Y, Z). Son intersection avec le
plan bitangent (0 , X, Y) est alors don-
née en posant Z = 0, d'où :

[Xi+ yi + Ricosi a]i


- 4Ri(xicosi a + Yi) = O.

L' identité:

[Xi + yi + Ricosi a]i =


[Xi + yi - Ri cosi a]2
+ 4Ricosi a(Xi + Yi)

permet de mettre l' équation sous la


Cercles de Changement de repère fo rme :
Villarceau dans
l'espace. Le changeme nt de repère con iste en [Xi + yi - Ricosi a]i = 4Rivisin 2 a
une simple rotation d 'angle a . Les for-
mules de changement de coordonnées qui se décompose en :
(vo ir l'encadré Rotation d 'un repère)
sont donc: xi+ yi - Ricosi a=± 2RYsin a.

x = Xcos a + Zsin a, Ce sont les équations de deux cercles


z = - Xsin a + Zcos a . de rayon R :

Les ordonnées sont inchangées, soit : xi+ (Y ± Rsin a)2 = R2

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES
y

Mais où sont
les preuves d'antan ?
Quiconque a regardé une route droite
devant lui sait que deux droites parallèles
se coupent... à l'infini. Il est bien plus
subtil de réaliser que les cercles passent
tous par deux points fixes, appelés points
cycliques pour cette raison. Ne les cher-
chez pas autour de vous, ils sont à l'infini
Cercles de Villarceau dans le plan. et imaginaires ! Pas très rigoureux tout
cela, direz-vous. Erreur ! Rien de plus
(vo ir les deux fi gures Cercles de rigoureux que la géométrie projective.
Vil/arceau dans le plan et Cercles de Elle permet aussi des démonstrations à la
Vil/arceau dans l'espace). poésie indépassable, comme celle-ci
concernant les cercles de Villarceau
les quatre cercles (voir la figure Section d'un tore par un
plan bitangent) :
Chaque cercle de Vill arceau coupe tous Le tore coupe le plan de l'infini suivant
les méridiens comme tous les paral- l'ombilicale comptée deux fois. Ainsi, son
lèles. On en déduit fac ilement que intersection avec le plan bitangent est
chaque fa mille couvre le tore e ntier et une quartique dotée de quatre points
donc que, par chaque point du tore, il doubles qui, de ce fait, dégénèrent en
passe un cercle méridien, un cercle deux coniques. Comme elles se recoupent
parallèle et deux cercles de Yi li arceau. aux points cycliques, il s'agit de deux
cercles. CQFD.
H . L.

Une notion porte rarement


le nom de celui
qui l'a découverte.

Les deux cercles de Villarceau


(en rouge) passant par un point
du tore traversent à la fois le
cercle méridien (en vert) et le
cercle parallèle (en jaune) qui
passent par ce point.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Francis Casiro

la théorème du Piuot
et les cercles concourants d'Huguste miquel
Il existe un mathématicien fantomatique qui hante les ouvrages de géométrie et
dont le plus haut fait d'armes est le célèbre « théorème de Miguel ». Rendons à
César ce qui est appartient à Auguste... Miquel, humble régent à Nantua, qui, de
1838 à 1846, découvrit ces petites merveilles.

ans son a11iclc Théorèmes de « Soient troi s points M, N , R s itués

Q
m
géométrie, publié dans le troi-
sième volume du Journal de
atiques pures et appliquées de
Liou ville (1838), Auguste Miquel
respectivement ur les côtés (DE) ,
(EF) , (OF) d ' un triangl e DEF. Alors
les cerc les circonscrits à DMR, MEN
et NFR sont concourants. » Ce résultat
énonce : « Trois points M. N. R étant pris porte , depuis 1949, le nom de théo-
respectivement sur chacun des côtés rè me du pivot (Higher Course
d 'un triang le DEF ; si l 'on fa it passer Geometry, H. G . Forde r). Pour une
une circonférence de cercle par chaque preuve voir ! ' encadré Démonstration
sommet et par les deux points qui se trou- du théorème du pivot en page 96.
vent sur les deux côtés qui aboutissent à On ne sait rien de la vie d ' Auguste
ce sommet ; les trois circonférences Miquel. On ne connaît ni la date de sa
D ainsi obtenues se couperont en un naissance, ni celle de sa mort.
même point/. » Il fut régent ( impie professeur sous
L'énoncé moderne est plus l'Ancien Régime) à Nautua, près de
conci : Genève, puis professeur de collège à
Castres. Seuls ses six mémoires publiés
dans le Journal de Liouville, de 1838 à
1846, dévoilent l' anonymat de cet obscur
géomètre. Comble de malchance po t-
hurne, un double fantomatique, A Miguel,
né d' une coquille hispanisante, hante les
E textes des meilleurs auteurs.

Les cercles de miquel

Dans son Mémoire de géométrie


(1844), A. Miquel énonce le théorème :
« lorsque quatre circonférences de

Tc:ingent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CATALOGUE DE CERCLES

cercle tracées dans un même plan se cou- PURF..S E'l' APPLIQUUs.

pent consécutivement deux à deux sur une


même circonférence de cercle, les quatre ieMOIRE DE GÉOMETRIE ,
autres points d 'intersection de ces mêmes Pu ! I. A,onn lllQCEL .
circonferences se trouvent sur une sixième ( 01u1.1 ~u; .. ,RT1a. J

circonférence de cercle. » ,n GU:S CURVtLIGNF.S. l~Ttl\Sl'.C'T10NS DES CER.l.1.ES r.r or.s SPHÏ-:1\ F. •.

Soient donc quatre cercles C 1, C 2, C 3, C4,


1.
Let L' les intersections de C 1 et C2, K et
l.>--,rns la pre mi,:re partie de ce M" rn oire t uoir le tome IX de~ Jour ·
K' celles de C 2 et C 3, J et J' celles de C 3 et nal . pa.ge <J.n , , j'ai prou ,·é que, lonque quatrt" circonférences d e c:C'rc lt'
1rnch'& 111r 1111 phrn lie co u pent con~ utivcmcn t cieux à deux sur tlllt'
C4, et enfin I et l' cettes de C 4 et C 1• mt•mf" rirconfêrr.110! lie cercle, les q un t re :mlt't'1 point.Il cl'intenec:tio 11
.i ... ~ nu'·m'3', drcxm fércnca se 1ro11,·rn t :-nr une 1isH•m r circ::onférenct
Si les points L, K, I et J sont cocycliques, 1lf' t.:l"rclf' . Je vais faire voir q ue crtte propo1ition N t ~ncore ,•raie lor11-
•11,.,. l:1 tig11re 4;"St traœf! sur 11ne 111rfacir de i1phèn". A111)•ravllnl , je dt~-
il en est alors de même des points L', K', moutrrrni le thl"ottme 11uh·a11l tle M. (..u~naud d' Aumont : L 1,rs1111 'tm
l' et J'. •11vulrila.1èrr, )Ôrmd 1,111· lfl mr/nce ,fwu, 1pl1tlc par q1111 l rt' tire, ,1,.
,·rrrlr, e,t inscrit ti ,me CÎletmjti~nu, ln somme de ,J,,u:i: m115/,s op-
En effet, /"•Jl.1 ~., t égale t\ celleclcs deux nutr,s. Soien t , en effet , nh, lx:, cd~ ,f,.
1.... An..,; de œrcle qu i forment le {(l• aclrilatcre mscri l à l;'I circon(érent..'f•
(L'I', L'K') = (L'I', L'L) + (L'L, L'K') ,,1,,.,1; il n t éwident que la M>nune cln trois ongles formâ A chncm, d,·
,1,1 ·i- somme ts dans l' intérieur de cc llP circonfêrcnœ eiir !!gale i. dtu,
mod 7t ll11ttlt·11 droits; do11c ln somme Je,s 1ix :a ngles fonnk :1ux son11net1 op-
(>054.~ ,r et c est ~le à la i.omme tltt 1ix a111res angles formés a 11x poin ts
= (1 I', IL) + (KL, KK') mod 1t 1, ··t ,/i n'tra nch:1n1 de pnrl cl d ',wtrc les angle1 qui son t égaux com me

= (1 I', lJ) + (IJ, IL) 11,~ 111,~1riquPS, un a la AOnuue des a11glei1 n + c du qu:u.lr1l1 UCrt' c11r,·1-
ltp:11~ t.1,a!c • la som me des deux autres h ~ tl.
+ (KL, KJ) + (KJ , KK') mod 1t Pour démontrer la r•\Ciproquc tlu tliéort' mP pri'ttllcnt , su ppoM.)11:io
1p1'on ail un quadrihu Cre c urviligne A' ln .v 1y {filJ · 1 de la pre.rniërt"
= (J1', J'J) + (J'J , J'K') mod 7t p.1r1ie tlt1ns l~neJ la aom o1c de deu x angle. opposés so11 f'ga le à celle
,lt~ 1lt'u x au lrea; f1 isons pauer nn4" circonft!rcncc de oerclf" par le:1t
(puisque (IJ, IL) = (KJ, KL) mod 1t) 1rc,1s points A' , 0 ', C, et prolongeons IN aro de i:trcl t'&uOisa1.nment i

= (J1', J'K') mod 1t. 4'1··

Que devient le théorème des ix cercles de


Miquel quand l'un des points d ' intersec-
tion s'éloigne indéfininiment?
« lmaginon », par exemple, le point K' à
l' infini . Les cercles passant par K' devien-
nent des droites : (KJJ'), (KLL') et
(L'l'J'). Les trois autres cercles (KLJ),
(LL'I'), (l'J'J) restent des cercles et
passe par le point 1. On retrouve ain
le théorème du pivot. Les
deux résultats de Miquel
ont donc des facettes
différentes d' un même
théorème dont le
cadre « naturel » est la
droite projective com-
plexe. Mais ceci e t
une autre histoire.

F.C.

Hors-série n° 36 Le cercle. Ta.ngente


SAVOIRS Le théorème du pivot

Démonstration du théorème D
du pivot
Deux cercles sécants ont un ou deux point
d' inter ection.
Quand il existe, notons I le second
point d'intersection (autre que R) des
cercles circonscrits aux triangles
MDRetNFR.
D'après le théorème de l' angle ins-
crit (relatif aux angles orienté de
droite):
(IM, IR) = (DM, DR) mod 1t ;
E
(IR, IN) = (FR, FN) mod 1t.
Sachant que (DR, FR) = 0 mod 1t
(D , R, F alignés), en additionnant
membre à membre, nous trouvons
(IM, IR) + (IR, IN) =
(DM, DR) + (DR, FR) + (FR, FN) mod 1t,
qui s'écrit, à l' aide de la relation de Chasles,
(IM, IN) = (DM, FN) mod 1t.
Comme (DM, FN) = (EM, EN) mod 1t,
nous avons (IM, IN) = (EM , EN) mod 7t.
L' angle (EM , EN) n'étant pas nul, le théorème de l'angle inscrit permet d ' affirmer que les points
M, E, N et I sont cocycliques et que I est commun aux trois cercle (MOR), (RFN) et (NEM) .
Quand le point I n ' existe pas, les cercles (MOR) et (RFN) sont tangent extérieurement au point
R. En notant (RR) cette tangente commune, nous avons d' aprè le théorème de l'angle inscrit:
(DM , DR) = (RM , RR) mod 1t et (FR, FN) = (RR, RN) mod 1t.
Additionnons membre à membre ces deux égalités :
(DM, DR) + (FR, FN) = (RM, RN) mod 1t.
La somme des angles d'un triangle est l'angle plat:
(DR, DM) + (FN, FR) + (EM, EN) = 0 mod 1t.
En additionnant membre à membre les deux dernières égalité , nou obtenons :
(EM, EN) = (RM, RN) mod 1t.
D ' après le théorème de l'angle in crit, le points E, E
M, R et N appartiennent à un même cercle et les trois
cercles (MDR), (RFN) et (NEM) ont concourants.

D F

T"ngent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER

Point(s) trop n'en faut


Des étoles et des ronds
Tracé : de la droHe au cerde
Enquête sur. la lunule
.
ACTIONS par Élisabeth Busser

Par un, deux, trois, quatre points ou plus : il passe toujours


des cercles ! Et parfois même une infinité. Voici un mode
d'emploi de quelques constructions de cercles.

onstruire un cercle pa sant par Un ou deux points : trop peu

C un point ou par deux, oui , mai


quel cercle ? Par trois points ?
Alors là, d 'accord ! Et par quatre, pui s
Par un point O fixé pa sent bien sû r
une infinité de cercles , n'ayant a
cinq points? Trop , c'est trop . .. prio r i aucune propriété particulière ...
quoique ...
c,
Un géomètre anglais du nom de
Clifford ( 1845- 1879) a par exemple
établi une surprenante propriété d' une
famille de cercles (c;) de même rayon
R passant tous par un même point O .
Elle se démontre avec des calcul s
simples sur les nombres complexes.
Prenez trois de ces cercles , c;, cj et c k :
eh bien, leur inter ections autre que
0 , prises deux à deux, notées (iJ) , Uk)
et (ik) ont évidemment ur un même
cercle - notons-le (ijk) - mais il est de
rayon R. Premi er résultat. Prenez
maintenant quatre cercles, c;, cj' c k et
c1 : il s permettent de défi nir, pri s trois à
troi s , quatre cercles du type (ijk).
Cho e ex traordinaire, ce quatre
JI./ cercles passent par un même point , que
c, nou pourron noter (ijkl) . Deuxième
Cercles de Clifford.
ré ultat. Continuons : cinq cercles vont

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

conduire à définir, pri s quatre à quatre, être équidistant des troi s points 0 , A et Faisceau à points
cinq points du type (ijkl) . .. qui seront B , rien de plus simple: il est à l' inter- de base O et A.
sur un même cercle , noté (ijklm), qui section des trois médiatrices des côtés
plu s est de rayon R, troisième résultat ! du triangle OAB . Sa con truction se
Et ainsi de suite : six cercles vont faire fait donc aisément. Quant au calcul de
définir six points du type (ijklm ) qui on rayon R, il e t un « avatar » de la
passeront par un même point. .. Voir formule dite des sinus. En effet, dans le
l' article en page 46 . triangle OAB ,
Par deux points O et A fixés passent là
AB BO OA
encore une infinité de cercles, tou s 2
si n AOB = sin MO = sinOBA = R
centrés sur la médi atrice de [OA]. Il s
défi ni ssent ce qu ' on nomme un « fais- est une relation qui permet de calculer
ceau de cercles » . Il s'agit ici d ' un cas R en fonction des angles et des côtés
particulier : le fa isceau à points de base du triangle.
O et A (voir l' article en page 38) . Ce cercle, circonscrit au triangle OAB ,
possède de nombreu ses propriétés.
Trois points, c'est bien Prenez par exemple un point M quel-
conque sur ce cercle, projetez- le en P
Par trois points, 0 , A et B fi xés et di s- ur (BC) , en Q sur (CA) et en R sur
tincts, fini de jouer avec une infinité de (AB) : les trois points P, Q , R sont ali-
cercles : il ne pa se qu ' un seul cercle , gnés sur la droite dite droite de Simson
le fa meux cercle circonscrit au triangle assoc1ee au point M. De même des
OAB . Pour trouver son centre, qui doit symétriques de M , point quelconque

Hors-série n• 36. Le cercle Ta.ngente


ACTIONS Point(s) trop n'en faut

pour quatre points 0 , A, B et C. Le


cercle n'existe pas fo rcément. En fa it ,
un tel cercle exi ste uniquement si les
quatre points vérifient une condition
bien particulière de cocyc licité: (OB ,
OC)= (AB , AC) , où (OB , OC) désigne
l'angle orienté des droites (OB ) et
(OC), défini modulo n . Cela signifie
que si O et A sont du même côté de la
droite (BC) , les angles BAC et WC
sont égaux. Si O et A ont de part et
Cercle circonscrit
d 'autre de (BC) , les angles BAC et
au triangle OAB.
HOC sont supplémentaires. Il existe
une autre condition à laquelle un qua-
du cercle circonscrit au tri angle OAB , dril atère ABCD est inscriptible. Elle
par rapport aux côtés du triangle OAB , porte sur les longueurs des côtés et des
sont alignés, cette fo is sur la droite de di agonales : c'est le théorème de
Steiner du point M . Pto lé mée (Ile siècle après J .-C.).
« ABCD est inscriptible à la seule
Quatre points, oui, mals... condition que ACx BC = ABxCD +
ADxBC » .
Si on peut toujours construire un cercle Le fa it que quatre points soient cocy-
passant par troi s points non alignés cliques (en langage savant) ou que le
quelconques, il n'en est pas de même quadril atère ABCD soit inscriptible (en

Droites de Simson
et de Steiner
du point M.

Droite de Steiner
deM
Q'
P'

··········· Droite de Simson


deM

Tcingente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

/
c
8

Sltuadon I Sllu.tlon l

langage clair) e t source de nombreux DBC =BIM car dans le triangle rec- Quatre points
problèmes de géométrie , dont certains tangle BIC , MI = MB = MC. De plu , cocycliques
sont très spectaculaires, comme celui SIM =DIH comme angles opposés par (situation 1 et
des cordes perpendiculaires. situation 2).
Imaginez donc un cas particulier de le so mmet et 6ÎH. = 90' - HÎA , les
quadrilatère inscriptible ABCD, dans cordes [AC] et [BD] étant perpendicu-
lequel les cordes [AC] et [BD] soient laires. Ainsi, 6Aè = 90' - HÎA et le tri-
perpendiculaire en un point 1. Eh angle AIH est rectangle en H .
bien , la médiane (IM ) du triangle ICB
est la hauteur (IH ) du triangle IAD . Pour savoir si cinq points ou plus sont
Surprenant, non ? cocycliques, on applique plusieurs fois
la condition de cocyclic ité de quatre
Pourtant, la démonstration est rapide : points. C 'est simple, non ?
6Aè = DBC puisque le quadrilatère
ABCD est inscriptible . Par ailleurs, E.B.

Cordes
perpendiculaires.

Hors-série n° 36. Le cercle Tc:ingente


SAVOIRS par Hervé Lehning

Des étoiles
et des ronds
His toriquement, les mathématiciens se sont intéressés aux constructions des
polygones réguliers convexes dans le but de calculer le nombre 1t, ou ses
approximations. Les mêmes procédures permettent la construction des étoiles.

Pour faire une étoile à cinq branches Étoile à cinq branches


Ou à six ou même davantage
Il faut d'abord faire un rond La construction de l'éto il e à cinq
Pour faire une étoile à cinq branches ... branches est plus complexe. Si R est le
Un rond ! rayon du cercle, le côté du pentago ne
Robert Desnos, régulier est égal à 2 R sin 1t/5.
l a géométrie de Daniel ( 1939)

o ur fa ire une bo nne éto il e, à

P cinq o u six bra nches, le


mi eux est de l' ins-
crire dans un cerc le. Oui ,
____,.....__

ma is comment fa ire en
utili sa nt seulement une
règle et un compas ? Il se
trouve que le problème est
id entique à celui du par-
tage ... d ' une tarte !

Étoile à six branches

La plus simple à construire


est l'éto ile à six branches.
Ell e correspond au partage
d ' une tarte en six parts égales.
Pour cela, il suffi t de tracer six cercles
de même rayon que le premier. Chacun
La bonne
détermine le centre du sui vant, comme Construction d'une étoile à six branches, dite
étoile est-elle le montre la figure ci-contre. étoile de David. L'étoile se décompose finale-
constructible ? ment en deux triangles équilatéraux.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

Les nombres de Fennat


Pierre de Fermat (1601-1665) pen-
sait que tous les nombres de la forme
2 2 n + 1 étaient premiers. C'est bien
le cas pour n variant de O à 4 (3, 5,
17, 257, 65537 sont premiers), mais
ce résultat est faux pour n variant de
5 à 32 lpar exemple,
2 2 + 1 = 641 X 6 700 417).
Pour les suivants, la question reste
ouverte. Le problème de déterminer
si un nombre de Fermat est premier
ou non se complexifie dès que la
valeur de n augmente. Le nombre de
Fermat correspondant à n = 33 com-
porte dix chiffres. Dans la pratique,
le résultat de Gauss peut donc se
résumer de la façon suivante : le
polygone à N côtés est constructible
si N est le produit d'une puissance de
2 et de nombres distincts parmi 3, 5,
17, 257 et 65537.

En utilisant le développement de sin 5x


en fonction de sin x, on montre que
sin rc/5 est solution de l' équation :
. 1T
Rsm
16 x 5
-
3
20 x + 5x = O. 5
En posant X = x 2, on obtient une équa-
tion du second degré. En la résolvant, on
trouve la valeur du côté du pentagone : Moitié d'un côté d'un pentagone régulier.
Le rayon R du cercle se projette sous l'angle
Rj s-/ s. complémentaire de ,r/ 5.

Une telle quantité peut se construire à la


règle et au compas. Pourquoi ? Tout
simplement parce que la racine carrée .
L' expression R j s- rs
2
est donc
d' une quantité qui peut être construite à
la règle et au compas peut elle aussi celle d ' une quantité constructible. En
l' être (voir l' article Quand la quadra- guise d'exemple, la figure ci-après
ture du cercle est possible, en page 10). montre une construction de l' étoile à
li en est de même si l' on ajoute, cinq branches. On remarque la
retranche ou divise deux quantité
constructibles. construction de la quantité R Jf (sur le

Hors-série n° 36 Le cercle Tc:1.n9ent:e


SAVOIRS Des étoiles et des ronds

Construction d'une étoile à


cinq branches.

côtés i et seulement si N était le produit


d ' une puissance de 2 et de nombres de
Fennat di stincts (voir l' encadré Les
nombres de Fermat). Nous obtenons
côté en bas à droite) car elle est basée ainsi un tableau des premières valeurs de
sur le triangle rectangle de côtés R et R/2 N pour lesquelles le polygone régulier à
qui, d 'après le théorème de Pythagore, a N côtés est constructible.

'
une hypotenuse . 1e a' RJs .
ega 3 4 5 6 7 8
2
Un peu de patience suf- c c C C NC C
fit pour décrypter le reste de la fi gure. 9 10 11 12 13 14
NC C NC C NC NC
nombres de Fermat
15 16 17 18 19 20

Les mêmes principes appliqués à l'étoile C C C NCNC C


à sept branches donnent une équation du Tableau des polygones réguliers constructibles
troisième degré : (N) ou non (NC).
64 X 3 - 11 2 X 2 + 56 X - 7 = O.
Cette équation exige l' extraction d ' une Bien entendu, les polygones non construc-
racine cubique irréalisable à la règle et au tibles à la règle et au compas (et en un
compas. Quand on augmente le nombre nombre fini d'étapes) sont constructibles
de côtés, l'étoile peut être constructible à par d 'autres moyens. Par exemple, pour
la règle et au compa , ou non . En 1801 , construire un heptagone, il suffit de mesu-
Friedrich Gauss a démontré qu ' on pou- rer un angle de 72° avec un rapporteur !
vait construire un polygone régulier à N H. L.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

Étoiles et svmbolisme
L'étoile à cinq branches était l'un des symboles de Byzance, avec le croissant lunaire.
Les deux ont été repris par les Turcs après la conquête de Constantinople (1453). Les
deux symboles ont ensuite conquis le monde musulman, et ornent un certain nombre
de drapeaux de pays à majorité musulmane. L'étoile à cinq branches était aussi le sym-
bole de l'ex-URSS. Faut-il y voir un autre héritage de Byzance? Le chiffre 5 est porteur
de nombreux symboles : nos cinq sens, les cinq continents, les cinq piliers de ce que
l'on veut...
L'étoile à six branches orne le drapeau d'Israël. On lui donne le nom d'étoile (ou de
bouclier) de David, mais le roi David ne l'utilisait probablement pas car elle n'apparaît
dans le judaïsme que vers le VIIe siècle avant Jésus-Christ.
Dans le judaïsme, elle symbolise les six jours de la semaine, avec le shabbat au centre.
Elle est également l'un des symboles occultes des francs-maçons, où elle représente-
ra it une sorte de dualité (bien-mal, jour-nuit,
mâle-femelle...) car elle est formée de deux triangles
équilatéraux inversés. On retrouve l'étoile à six
branches associée à d'autres symboles dans toutes
sortes de mouvements ésotériques, dont certains sont
peu fréquentables.
Quant aux shérifs des États-Unis d'Amérique (et
d'ailleurs). leurs étoiles sont le plus souvent à six
branches, mais parfois aussi à cinq.

Drapeau de la Turquie. Les deux


symboles utilisés (croissant et
étoile à cinq branches) étaient
déjà ceux de Byzance.

*
Locomotive du Transsibérien
ornée de l'étoile rouge à cinq
branches.

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning

Tracé •

de la droite au cercle
Pour tracer une droite ou un cercle à la main, il suffit d'une
règle et d'un compas. Mais comment font les ordinateurs qui
n 'ont ni mains, ni règle, ni compas?

L
a meilleure façon de marcher, prendre certaines aberrations. Nous
C'est encore la nôtre, commençons par un algori thme de
C'est de mettre un pied devant tracé d' un segment car il explique le
l' autre, type de méthodes utilisées. Nous le
Et d' recommencer devons à Jack Elton Bresenham, né en
Auteur anonyme, la meilleure faço n 193 7 et professeur d 'i nformatiq ue
de marcher américan.

Cette chanson, que tous les scouts ou Une grille de pixels


éclaireurs ont chantée un jour, décrit le
principe de récursivité. Inuti le d' ima- Si nous négligeons la question des cou-
giner à l' avance chacun des pas pour leurs, l'écran d' un ordinateur est di visé
aller de Paris à Brest. Partez dans la en un certain nombre de « points »,
bonne direction et vous arri verez ! Un comme une gri lle de bataille navale.
grand nombre d'a lgorithmes sont fon- Dans le jargon de l'informatique, on
dés ur cette idée. C'est le ca pour parle de pixels. Leur nombre varie sui-
ceux qui permettent de générer un seg- vant le mode de la carte graphique uti -
ment de droite ou un cercle. A priori, il li ée. En mode SVGA (Super Video
est inutile de savoir comment ils sont Graphies Array), il s'agit de 640 x 480
construits pour les utiliser. Cependant, mai s d 'autres vont bien au-delà.
cette connaissance permet de corn- Chaque pixel est repéré par es deux
coordonnées, que nous notons x et y
selon l' usage. Il a huit voisins ' il n ' e t
La récursivité est au cœur des
pas au bord de l' écran .
algorithmes graphiques.

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

Cette zone se détermine au moyen des


trois tests suivants :
· h > 0 qui permet de situer la zone à

-
gauche ou à droite de l' axe vertical,
· k > 0 qui permet de situer la zone à
5 gauche ou à droite de l'axe horizontal ,
· lhl > lkl qui permet de situer la zone
par rapport aux axes diagonaux,
où h et k sont les accroissements des
6 coordonnées entre les extrémités du
Un pixel est repéré par deux nombres segment.
entiers. Ici, nous avons noirci le pixel de
coordonnées (6 ; 5). Les coordonnées À chaque pas, nous devons donc choi-
d' un pixel sont celles de son centre. sir entre deux pixels. Comment faire ?
Le plus raisonnable est de retenir le
Pour tracer un segment, inutile d ' avoir point « le plus proche » de la droite à
une idée nette de la totalité dès le tracer. Cette notion peut sembler floue.
départ ! Pour aller de l'origine à l'ex- En fait, elle est très précise. Si l'équa-
trémité du segment, nous quittons le tion de la droite est J (M) = 0, il suffit
premier pixel et noircissons l'un de ses de comparer les valeurs absolues de
huit voisins. Lequel ? Pour le savoir, J (M) en ces deux pixels et de choisir
nous vison l'extrémité, et choisissons celui pour lequel elle est la plus petite.
le pixel le plus proche de l'axe de L' algorithme de tracé d'une droite est
visée . Nous en déduisons notre premier ainsi bien cerné, même s'il reste à
pas. Ensuite, comme en marchant, l' écrire ou la coder dans un langage de Tracé d'un segment
nous récidivons jusqu'à ce que nous programmation. de droite.
ayons atteint le but. En informatique,
une telle méthode est dite récursive.

Uiser le but

Nous pouvons simplifier cette idée car,


si chaque point a huit voisins, deux
seulement sont à retenir pour le pas
suivant, comme le montre la figure sui-
vante :

Suivant la région où se situe la direction de S,


les seuls voisins à retenir ont été grisés sur la
figure.

Hors-série n° 36 le cercle Tangente


1

SAVOIRS Le cercle osculateur

Dans la pratique, l'algorithme donne


un segm ent de droite « en escalier », ce
qui ne se voit pas à 1'œil nu si la taille
des pixels est suffisamment petite.

Cas du cercle
---------·-- -·
Pour adapter l'a lgorithme de
Bresenham au cas du cercle, nous nou
Le cercle se déduit limitons d 'abord à l' un de ses arcs
de son arc en traits (voir la fi gure ci-contre). Une fois
pleins par plusieurs celui-ci tracé, trois symétri es suffi sent
symétries. pour obtenir le cercle entier.

Nous partons du point Tracé d' un cercle. Le premier octant (en


s upéri eur pour a ller foncé) est reproduit par symétrie.
vers celui situé à droite.
De même que précé- petite. Cependant, on peut noter un
demment, à chaque autre défaut en traçant des cercles
étape, nou s devons
choisir entre deux sui-
va nts possi bles. Pour
concentriques.

..
11 ....
cela, nous examinon si
le milieu entre ces deux
pixels est au-de sus ou
en des ou du cercle.
-- -- -- -
--
On peut choi sir --
-- --
--
l'équation du
cercle f (M) = 0 de
sorte que l' inéqua-
..•• ..••
tion f (M) .!: 0 cor-
responde à l 'exté- Irrégularités dans le tracé de cercles
rieur du cerc le. Le concentriques avec l'algorithme de
milieu M entre les Bresenham.
deux pixels est au-
dessus du cercle si Ces irrégularités impliquent des résul-
et seulement si/(M) .!: O. L' algorithme tats étranges (même dans les version
Pour choisir entre de tracé d'un cercle e t maintenant suf- optimisées de l'algorithme), en parti-
les deux pixels sui- fisamment détaillé pour être codé si culier quand on fa it tourner des figures
vants, nous exami- nécessaire. comportant des cercles.
nons si leur milieu
est en dessous ou L' ada ptation de l' algorithme de H.L.
au-dessus du cercle. Bresenham donne un cercle « en esca-
lier », ce qui ne se vo it pas à l'œi l nu si
la taille des pixels est suffisamment

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


par Michel Criton EN BREF

le who's who des cercles


Les cercles de Lucas
On peut inscrire un carré dans un triangle de trois façons.
Ces trois carrés déterminent les points I , J , K, L, M, N sur
les côtés du triangle (voir la figure). Les cercles cir-
conscrits aux triangles AML, BNI et CJK sont appelés
cercles de Lucas, car ils ont été étudiés par le mathéma-
ticien français Édouard Lucas (1842-1891).
Ces cercles sont deux à deux
A A
tangents et tangents inté-
rieurement au cercle
circonscrit au tri-
M ... ··.
angle ABC. ·>·: ·· :: ...

../··..
.
·· .. \
B

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS par François Lavallou

Enquête
sur a unu e
L'espoir de réussir l'impossible quadrature du cercle fut
entretenu par le calcul de surfaces délimitées par des arcs de
cercles : les lunules. Ces croissants de lune ne nécessitent que
le théorème de Pythagore pour être quarrés.

ommençons par la pl us belle triangles rectangles qui n'ont besoi n

C des démonstrations du théorè-


me de Pythagore , car ne faisant
appel à aucun calcul. La somme des
que d ' un angle aigu commun pour être
identiques, à l'échelle près. Ainsi la
seule hauteur d ' un triangle rectangle
angles d ' un triangle étant égale à un qui ne se confonde pas avec un de ses
angle plat, il suffit que deux triangles côtés le partage en deux triangles qui
aie nt de ux angles ide ntiques pour lui sont se mbl ables. Cette simple
qu ' ils soient semblables en forme . La remarque est riche de conséquences.
tâche est grandement facilitée pour les
Pythagore

Continuons notre effort de réflex ion


san calcul. Par simple découpage, on
démontre fac ilement que la surface
d ' un triangle est égale au demi-produit
d ' un de ses côtés et de la hauteur issue
du sommet opposé. Cette formule est
(censée être) connue de tou depui s le
collège, voire le primaire . Ce qu ' il fa ut
en retenir, c'est que la surface est pro-
portionnelle au produit de deux lon-
gueurs caractéristiques du triangle. Ou ,
B a H c ce qui e t équivalent , au carré d ' un de
ses côtés, l' hypoténuse pour un tri -
Les lunules et le théorème de Pythagore. angle rectangle , par exemple .

Tc:1:n9ente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES
1

Voyons la fig ure. Nous sommes en pré-


sence de troi tri angles rectangle em- li t1•b111 d'lrclll•èdl
blables, dont deux con tituent le troi-
sième . L' aire du tri angle ABC est donc en haut du monument [la tombe
« [ ...]
égale à la somme des aires des deux tri- d'Archimède] il y avait une sphère avec un
angles créés par la hauteur AH , et par cylindre. Or, en parcourant des yeux toutes
uite le carré de ! ' hypoténuse a de les tombes, qui sont très nombreuses à la
ABC est égal à la somme de carrés sortie d'Agrigente, j'aperçus une petite
des hypoténuses des deux plu petit colonne qui émergeait à peine des buissons,
triangles rectangles, c' e t-à-dire à la sur laquelle se trouvaient les figures d'une
somme des carré des côtés b et c : sphère et d'un cylindre. [...] C'est ainsi que
2
a 2 = b 2 + c . L' élément fondamental de la plus illustre cité de la Grande Grèce,
cette démonstration du théorème de jadis même la plus savante, aurait ignoré le
Pythagore est de savoir que la surface tombeau de son concitoyen le plus intelli-
d' un tri angle , et donc d' un polygone gent si un homme d'Arpinum ne le leur
par triangulation , est proportionnelle avait pas révélé. »
au carré d ' une de ses dime nsions Cicéron, Tusculanes
caractéristiques .

Hippocrate de Chlos

On prête à Hippocrate de Chias (vers


Une des plus grandes
- 470 ; ver - 4 10) la démonstration iertés d'Archimède fut
par exhau tian , qui e t un argument de le calcul du volume
continuité , de la générali ation de cette
d'une sphère.
remarque aux cercle : le rapport des
surfaces de deux cercles est égal au
carré du rapport de leurs rayons. Il
étend cette propriété aux segments de
cercle urface comprise entre un arc Hippocrate de Chlos
de cercle et sa corde. Pour la suite ,
nou noteron S(a) la surface d ' un Né à Chios vers -470, il meurt à Athènes
cercle de rayon a. S(a) e t donc pro- vers -410. Victime, selon les sources, de
portionnelle à a 2 de sorte que , pour pirates ou escroqués par les douaniers
un triangle rectangle d ' hypoténu e a bizantins, il débarque à Athènes vers -430.
et de côté b et c , nou s avons Il y découvre les mathématiques, ce qui lui
S(a) =S(b) + S(c) . Sur l' illustration , le permet de survivre en donnant des cours de
demi-cercle de diamètre a est donc géométrie. Souvent dénommé Ibicrate pour
égal en surface à la somme des sur- ne pas être confondu avec Hippocrate de
faces de demi-cercles de diamètre b et Cos, le père de la médecine, il passe pour
c. Pui que deux quantité égale aux- avoir été l'auteur de la première compilation
quelles on retire une même quantité d'éléments de géométrie, un siècle avant
sont encore égales, la somme s 1 + s2 Euclide. On lui doit la proportionnalité entre
de surfaces des deux lunule e t égale la surface d'un cercle et le carré de son
à la surface du triangle rectangle (par rayon, des études sur la duplication du cube
soustraction des urface corre pon- et la détermination de l'aire de trois lunules.
dant à l' intersection colorée du grand

Hors-série n° 36. Le cercle Tcingente


SAVOIRS Enquête sur la lunule

Hrchlmède rate
ElhausUon Continuons à illustrer le lien originel
entre le théorème de Pythago re et le
La méthode d'exhaustion d'Eudoxe fut déve- cercle. Une des plus grandes fiertés
loppée par Archimède (vers -287 ; -212) d ' Archimède fut le calcul du volume
pour démontrer des résultats sur les aires et d ' une sphère, dont il fit graver un des-
les volumes. Elle évite le concept d'infini- in sur a tombe . Sa méthode est en sub-
ment petit et d'infiniment grand que les tance illustrée ur la figure ci-des ous.
Grecs rejetaient depuis Zénon. E lle représente la coupe dans un plan
Cette méthode nécessite la conjecture du de symétrie d ' un tronc de cy lindre
résultat et ne permet que de le vérifier : on (vert) de rayon R et de hauteur R ,
prouve l'égalité de deux grandeurs en mon- d ' une demi-sphère (noire) de rayo n R
trant, par un raisonnement par l'absurde, et d ' un tro nc de cône in versé (rouge)
que leur différence est plus petite qu'aucune de hauteur R et de demi -angle au som-
grandeur donnée. La méthode d'exhaustion, met 45°. Un pl an horizontal coupe cha-
aux calculs parfois compliqués, sera utilisée cun de ces volume de révolution selon
jusqu'à l'arrivée du calcul infinitésimal. un cercle de rayon respecti vement a, b
et d . Puisque le demi -angle au sommet
du cône est de 45°, le plan de coupe
d 'altitude c coupe le cône selon un
demi -cercle de diamètre a avec les cercle de rayon d = c. La fig ure illustre
demi-cercles de diamètres b et c). =
que a 2 b2 + c2 en utili sant le théorè-
me de Pythagore. Le plan horizontal
Nous venons de démontrer simplement , coupe donc le cy lindre ui va nt un
en sui vant les traces d ' Hippocrate, cercle dont la surface S(a) est égale à la
qu ' une surface dé limitée par des lignes somme des surfaces des cercles obte-
courbes peut être quarrée. Il réussit par nus par intersection avec la phère et le
la suite à calculer la surface de tro is cône: S(a) = S(b) + S(c). Cette rela-
lunules seules. Ces étude entretien- tion , étant indépendante de la cote du
dront pendant des siècle l' illusion de plan de coupe, est valable pour les
pouvoir réaliser la quadrature du cercle volumes en entier. Précurseur du calcul
(voir l'article en page 10). intégral, Archimède prouve ai nsi que
v.,,....-f·v-.+v,,.,.Co nn aissant depui s
Eudoxe le volume d ' un cône, il en
déduit le volume de la sphère :

Ronds de serulette

Avec les mêmes outil s et la même pro-


cédure, voyo ns un dern ier exemple ,
celui du rond de serv iette. Il s'agit de
calculer le volume de cet objet ax isy-
métrique o bte nu par ! 'év ide mment
La construction d'Archimède. cy lindrique d ' une sphère et dont on ne

Ta:ngent:e Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

lunules quarrées
Hippocrate réussit l'exploit de réaliser la quadrature
de trois lunules, surfaces comprises entre deux
circonférences de cercles sécantes en forme de
ménisque. Il sera établi bien plus tard (par Martin
Johan Wallenius, en 1766) qu'il n'existe que cinq
lunules quarrables. Les trois lunules d'Hippocrate
correspondent aux figures suivantes.

Un rond de serviette. B

connaît que la hauteur H. Avec les


notations de la figure, un plan perpen-
diculaire à l'axe de symétrie coupe la
sphère su ivant un cercle de rayon f
variab le et le cylindre sui vant le cercle
de rayon b con tant. La surface du rond AC 2 = AB 2 + BC2 et s = s 1 + s 2 , donc la surface de
de serviette interceptée par ce plan est la lunule est égale à celle du triangle.
donc S(j) - S(b). En utilisant le théorè-
me de Pythagore, nous avons :

S(a) =S(b) + S(c) et S(c) =S(d.) + S(e).


Par suite,
S(j) =S(a) - S(e) =S(b) + S(d) ,
ce qui implique que S(j) - S(b) = S(d.).
Quel que soit le plan de coupe, la sur-
face du rond de serviette interceptée AD 2 =AB 2 + BC2 + CD2 = 3AB2 ets=s1 +s2 +s3'
est donc égale à la surface S(d) qui cor- et donc la surface de la lunule est égale à celle du
respond à la surface de coupe de la trapèze.
sphère en pointillée, de rayon H/2. Par
le même principe d'intégration que
celui développé par Archimède, on en
déduit que le volume de notre rond de
serviette est ~H'.

On remarquera que l'ensemble de ce D


calcu ls de surfaces et volumes ne
demande que la compréhension pro- Si AB= BC = CD et si AE 2 = 3 AB 2 /2, on montre
fonde de la notion de surface, sans que les segments s et t sont semblables et, par
avoir besoin de connaître l'expression suite : t 1 + t2 = s 1 + s 2 + s 3 . On en déduit que la sur-
exacte de la surface d'un cercle ! face de la lunule est égale à la somme des surfaces
des triangles ABE, BEC et ECD.
F.L.

Hors-série n° 36. Le cercle Tc:ingent:e 11


SAVOIRS par Francis Casiro

Parts de pizza équitables


Les pizzas mathématiques sont des disques parfaits. Leur découpe en parts
équitables révèle quelques propriétés remarquables du cercle.
renez une pi zza destinée à Une démonstration plus élémentaire est

P deux personne . Choisissez au


hasard un point P à l'intérieur
de la pizza et découpez 8 parts de sorte
proposée en encadré à la page 116. Elle
repo e sur un découpage subtil du disque
découvert par Lany Carter et Stan Wagon.
que deux traits de coupe successifs
passant par P fassent un angle de 45 °. Pizza : second seruice
Donnez à chaque personne une part sur
deux en alternant les choix. On est en Considérons n points régulièrement espa-
droit d'affirmer que le partage est équi- cés sur un cercle (n étant pair et stricte-
table. Autrement dit, sur la figure ci-des- ment plus grand que 2). Joignons ces
ous, l'aire des quatre secteurs rouges points à un point P arbitraire à l' intérieur
e t égale à l'aire des quatre secteurs du cercle (n = 8 sur la figure ci-dessous).
jaunes. As

A,,
Colorions alternativement en rouge et
jaune les différents secteurs obtenus.
À nouveau, pour ce découpage de notre
pizza mathématique, l'aire des part
rouges est égale à 1'aire des parts jaunes.
Curieusement, ce résultat trouvé et démon-
Ce très joli résultat fut découvert en 1967 tré par Murray Seymour Klamkin
par L.J. Upton (Problem 660, in (1921 - 2004) tire son origine d'une commu-
Mathematics Magazine n° 40). nication cafouilleuse du théoréme d'Upton.
La démonstration la plus courte utilise La démonstration de Klamkin donnée
le calcul intégral et les coordonnées en encadré utilise la notion de produit
polaires. vectoriel.

Tcingent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

le puzzle de la pizza

' ' '


-------'o '--- --------
, : ',
'

On considère les quatre cordes passant par M, On trace les segments bleu . Chacun d ' entre
deux cordes successives faisant un angle de eux est parallèle à l'un des quatre diamètres tra-
45 °. On trace quatre diamètres pas ant par le cé au préalable.
centre O du cercle, chaque diamètre étant paral-
lèle à l'une des corde . En partant du point M,
on construit une suite de symétriques orthogo-
naux par rapport aux diamètres, comme indi-
qué sur la figure.

On constate que : d + a' + e' +f' + h' + g + c' + b =


a = a', b = b', c = c', d = d', e = e',f = f' , g = g' c + b' + e + h +f' + g' + d' + a.
eth = h'. L' aire« verte » est bien égale à l'aire « rouge ».

Hors-série n° 36 Le cercle. Tcingente


SAVOIRS Parts de pizza équitables

Deux théorèmes en un
Le lemme de la pizza
Soit n un multiple de 4. Considérons un Soient deux cordes [AC] et [BD]
point arbitraire Q à l' intérieur d ' un d ' un cercle, perpendiculaires et
cercle. Traçons n cordes équiangu laires concourantes en P.
passant par Q et notons A i, A 2, . . . , A 2,, AJors
le points d ' intersection de ces cordes PA 2 + PB 2 + PC 2 + PD 2
avec le cercle (voir la figure pour n = 4). e t toujours égal au carré du dia-
Prenon s maintenant un autre po int mètre d.
arbitra ire P à l' intéri eur du cercl e et
traçons les segments [PA il, [PA 2 ] . ..
PB - PD
[PA 211 ]. Colori ons a lternati vement les
secteurs obtenus en bleu et jaune.

PC - PA

En effet, le théorème de Pythagore


permet d'écrire :
(PA + PC) 2 + (PB - PD)2 = d 2,
(PB + PD)2 + (PC - PA) 2 = d2 .
En additionnant membre à membre,
on obtient la relation annoncée :
PA 2 + PB 2 + PC 2 + PD 2 = d2•

A lors l'aire des parts bl eues est éga le à Si Q coïnc ide avec le centre O du
l'aire des parts j aunes . cerc le, o n obti ent le deux ième théo-
Ce troi siéme théorème de la pizza est rème de la pizza , découve rt pa r
dû à Stanl ey Rabinowitz (né en 1947). Klamkin .
Si P coïnci de avec Q, o n retro uve le F.C.
premi er théorème de la pi zza , ce lui
d 'Upton.

Ta:n9ent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

On rappelle que l' aire d' un triangle est égale à la moitié de la longueur du produit La preuve
vectoriel de deux vecteurs définis par les sommets du triangle.
Il est c lair que le théorème de Klamkin era démontré s ' il l' est pour la pizza de
« rognée» ci-contre (on a enlevé huit lunes identiques).
Ici , l'aire jaune S vaut Klamkln
s= 10 PA l (\ PA 2 li + Il PA 3 (\ ~ Il + ... + Il ~ (\ PAa Il) . Ag

Mais tous les produits vectoriels sont colinéaires et de même sens :

Si O désigne le centre du cercle, on voit que

- -
PA k I\ PA k+ 1 = (-PO+ (-
OA k) I\ PO+ -
OA -)
k+ 1

-
= PO (- - -)
I\ 0 A k + 0 A k+
1 +
- --
0 A k I\ 0 A k+ 1 ,

(On rappelle que uI\ u= Ô).


Il s'ensuit que

s= 1 1 PO (\ ( Mi+ OA 3 + ... + ~+ DA';+ ~+ ... + Ms)+ t Il ,


où i est un vecteur indépendant de P.
Mais

donc -o A 1 + -O A 2 + ... + -O A 8 = ..0 et S = 21 t


11 ... 11 .

L'aire jaw,e S est donc indépendante du point P. Lorsque Pest en 0 , S vaut exactement
la moitié de l'aire de l'octogone-pizz.a rognée. Le théorème de Klamk:in en résulte.

Et si la pizza est carrée ?

1
-
Si la pizza est carrée, le
théorème d ' Upton reste
vrai . E n e ffet, il suffit de
vérifier que
x( l - 2x - y ) +y( l - x - y )
X x+y 1- 2\' - )' = xy + (x + y )( 1 - 2x - y ).

Hors-série n° 36 Le cercle. Ta.ngen-te


EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles


Théorèmes des trois cercles de Monge
Deux théorèmes faisant intervenir trois cercles sont attribués
au mathématicien Gaspard Monge (1746-1818). Le plus
connu fait intervenir trois cercles deux à deux disjoints, ainsi
que les tangentes communes à ces cercles pris deux à deux. 0

Monge a démontré que les points M, Net P obtenus en traçant


ces tangentes (voir la figure) sont alignés.

Gaspard Monge.

.. ............ .

De plus, si l'on trace les tangentes intérieures des


cercles pris deux à deux, on obtient trois points A, B
·· et C tels que Me (BC), Ne (AB) et P e (AC) (voir
la figure).

Un autre théorème attribué à Monge (David Hilbert,


Grundlagen der Geometrie, 1903) concerne trois cercles
deux à deux sécants. Ce théorème est connu sous le nom
de théorème des trois cordes.
[AB], [CD] et [EF] sont les cordes déterminées respec-
tivement par les intersections des cercles (C 1) et (C 2) ,
(Ci) et (C3) et (C3) et (C 1). Monge a démontré que ces
cordes sont concourantes.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


par Michel Criton EN BREF

Le who's who des cercles


Les cercles de SoddV
Soient trois cercle deux à deux tangents. On peut tracer deux
cercles tangents, l'un intérieurement et l'autre extérieurement,
à ces troi cercle . On appelle ce deux cercles les cercles de
Soddy. On note ~ le rayon de (q (i compris entre 1 et 4), et
r4 le rayon de (C'J.

Frederlck SlddV nan-19561,


Prix Nobel de Chimie en 1921.

dimension 3, démontrée en 1916 par


Coolidge. En 1936, Soddy redécouvre
cette figure et la relation associée, qu'il
appelle joliment kissing circ/es et
Le rayons des cercles de ces deux quadruplets vérifient les l'énonce sous la forme d' un poème
relations suivantes, connues ous le nom de relations de (The Kiss Precise, publié dans La revue
Soddy- Descarte : Nature, poème complété un an plus
2 tard par Thorold Gos et qui considère
1 + 1 + 1 + 1 _ 1( 1 + 1 + 1 + 1 ) des hypersphères en dimension n).
R21 R22 R23 R24 2 R1 R2 R3 R4 '
Il existe de nombreu es démonstrations
de cette propriété.
..!.. = .!.(__!__ + __!__ + __!__ - .1.)2
__!__ + __!__ + __!__ + Certaines utilisent des inversions, par-
R2l R22 R2
3~
2 2 R
l
R2 RJ - q r. .
fois avec de la géométrie analytique, du
L'origine de ce problème e t attribuée à Apollonius. On cite calcul matriciel ou de la trigonométrie.
ensuite François Viète (en 1603). Descartes donne une Une démonstration attribuée à Philip
preuve de La relation entre les rayons des quatre cercles en Beecroft ( 1842) utilise la formule de
J643, dans une lettre à la princesse Élisabeth de Bohême. Héron, qui exprime l'aire d'un triangle
En J886, Lachlan énonce La généralisation du théorème en en fonction des Longueurs de ses côtés.

Hors-série n° 36 Le cercle. Tcingent:e


SAVOIRS par François Lavallou

Contre l'auersion
de l'inuersion
Nécessitant peu de connaissances, l'inversion est une transformation qui a dis-
paru des programmes scolaires. Découverte tardivement par Jacob Steiner en
1824, elle est indispensable pour résoudre les problèmes traitant de cercles
tangents.
1 est possible de présenter l' in- respondant à l' interception d ' une

1 version et d'en montrer la puis-


sance sans mentionner le groupe
circulaire, ni les homographie , ni
droite issue d'un point O du plan avec
un cerc le (C) donné sont tel que le
produit OA .OA ' est constant et indé-
même les nombres comp lexes . La pendant de la droite choisie.
notion d'ang le inscrit permet de défi- Ce produit P c (O) est appelé depuis
nir la puissance d'un point par rapport Steiner la puissance du point O par
à un cercle à l'aide de l'inusable théo- rapport au cercle et a pour valeur
rème de Thalès, ce qui nous amène à la P c (O) = d 2 - R 2 où d est la distance du
notion d'inversion (voir articles pages point O au centre O du cercle C de
24 et 34). Nous possédons en effet tous rayon R. La simi larité e t alors nette
les é léments pour définir une inversion avec l'inversion i, la transformation invo-
depuis Euclide : les points A et A' cor- lutive qui , à tout point M, fait corres-
pondre le point M' = i(M) (et M = i(M'))
(C) sur la droite avec son pôle, telle que
OM .O M' = k . Du fait de cette analo-
gie manifeste, on appelle puissance de
l 'inversion cette constante k, que nous
supposerons positive pour simplifier.
T Dans le cas contraire, il suffirait de
composer notre résultat avec une
symétrie de centre O .

lnuarlance
Soit M un point d ' un cercle (voir la
La dualité est figure ci-contre). Considérons son
image M' = i{M) , appelée homologue
un processus
par l'inversion de centre O et de rap-
0 mathématique port k, ainsi que N l'autre point de ce
récurrent. cercle sur la droite (OM).

Tcingente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : DROITES ET CERCLES

Nous avons Cercles de Soddy


- - - -, k -- --
OM .OM = - (- ) OM .ON , Un grand intérêt de l' invers ion est de
PC O
laisser l'ensembl e des droite et des
cercle stabl e et de co nserver les
d' où OM ' = - 2-k- -2 ON . angles qu ' il s font entre eux. En parti -
d - R culi er, des ce rcles tangents, c ' est-à-
Une inversion est donc une homothétie dire fa isant un angle nul entre eux,
particulière pour les cercles (pri s dans auront des image elles au i tangentes
leur globalité !) lorsque le centre n ' est entre elles (voir Bibliothèque Tangente
pas situé sur le cercle obj et (d = R). En 35 , page 84, l'inversion et l 'Arbelos).
particuli er, l' inversion laisse globale- Pour illustrer la dualité entre deux pro-
ment invariant le cercle pour lequel la bl èmes images l' un de l'autre par
pui ssance du pôle est éga le au rapport in version , considérons les cercl es de
d' inversion (cercle C de la premi ère Soddy (fi gure ci-dessous).
figure), et invariant point par point le Il s' agit de résoudre le dixième pro-
cercle d ' inversion de centre O et de blème d ' Apollonius de Perga, qui
rayon Jîkl (en pointillés). Les points consiste à construire les cercles tangents
invariants d' une fig ure par inversion à trois cercles donnés. Ici , les troi s
correspondent donc à leurs points d ' in- cercl es initiaux C " C 2 et C 3 sont tan-
tersection avec ce cercle d' inversion. En gents entre eux. Les solutions sont le
particulier, le cercle invariant C inter- cercle C 4 qui les borde extérieurement
cepte le cercle d' inversion aux points de et le cercle C 5 qui les borde intérieure-
contacts T des tangentes i sues du pôle ment. Comment déterminer les caracté-
O. Tout cercle anallagmatique (inva- ri stiques de ces cercles C4 et C 5 ?
riant par inversion) est donc orthogonal Con sidérons l' in vers ion de pôle 0 ,
au cercle d' inversion. . ... --. ....
.......... Inversion (pôle O et cercle d'inversion
en pointillés noirs) des cercles de Soddy.
0
.
1

....•'
,' :

.C' 2
j

......
'1
..''
1

O C 's,,,/:

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Contre l'aversion de l'inversion

point de tangence des cercles C 1 et C2, parfa itement déterminé. li suffi t alors
qui laisse g lobalement in vari ant le de déterminer leur homologue (pui que
cercl e C 3 . Son cercle d ' inversion est l' inversion est involutive) pour obteni r
représenté en pointill és noirs. Les centre et rayon de deux cercle de
homologues C' 1 et C' 2 des cercles C I Soddy ! Des cas de fig ure plus symé-
et C 2 sont les droites parallèles à la tan- triques, ou plus simples quand l' un des
gente en 0 , c 'est-à-dire perpendi cu- cercles est rempl acé par une dro ite,
laires au egment des centres [O 10 2 ] , pennettent une résolution rapide de ce
et tangentes au cercl e C 3 . On vérifi e problème non trivial.
que chacune d 'entre elles pa se bi en
par le point d ' intersection de son mohr dualité
cercle obj et et du cercle d ' inversion.
Les homologues C' 4 et C' 5 des cercles Cette dualité est un process us mathé-
C 4 et C 5 cherchés sont alors parfa ite- matique récurrent. Si l' on peut changer
ment défini s, pui squ ' il s doi vent être un probl ème compl exe en un autre
tangents à C' 1, C' 2 et C' 3 = C 3 . Il s ont plus simpl e au moyen de tra nsforma-
même ra yon que C 1 et leur centre est tions qui con servent les caractéri s-

Théorème de Ptolémée
Con sidérons les deux coupl es de points cocy-
cliques (A ; A') et (B ; B') de la première fi gure de
l'article. Il s homologues dans l ' inver ion de centre
O et de rapport k. En di visa nt la relation
OA .OA ' =OB.OB ' = lkl par OA. OB, et en
tenant compte de la similitude des tri angles OAB
----- -----
et OA'B' (puisque les angles O BA et OB ' A ' ont
----- ' (théorème
le même angle supplémentaire ABB
de l'angle inscrit)), nous obtenons :
1 1
OA ' OB ' A B 1 kI
OB OA AB OA .OB . ( l )
Pour le quadrilatère inscriptible ABCD de la fi gure
c i-contre, une inver ion de pôle A transforme le
cercle en une droite parall èle à la tangente au
cercle en A.
Les poi nts B, Cet D appartenant au cercle, leurs homologues B', C' et D' sont donc alignés et véri-
fi ent la relati on ( 1) que nous écrivons :
Ik I B'D' B' c ' c ' D' B' c ' + c ' D'
AB .AC .AD BD .AC BC .AD CD .AB BC .AD + CD .AB
La condition nécessa ire et suffisa nte pour que les points B', C' et D' so ient ali gnés (c'est-à-dire
B' D' = B'C' + C'D') e t donc que
BD . AC = BC . AD + CD . AB.
Nous venons d 'établir le théorème de Ptolémée :
Pour qu'un quadrilatère convexe soit i11scriptible dans 1111 cercle, il faut et il suffit que le pro-
duit des diagonales soit égal à la somme des produits des côtés opposés.

Ta:ngente Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER: DROITES ET CERCLES
1

tiques fo ndamentales, on augmente ses Mohr). On peut également citer, panni


chances de comprendre l' essence les résultats anci ens, le théorème de
même du probl ème . La dua lité Ptolémée . Ain si que tous les pro-
point- droite (où les points et le blèmes constitués de cercles tangents :
droi tes sont permutés) a été initi ée en Archimède , Coxeter, Farey, Ford ,
géométri e proj ecti ve par Poncelet. Ell e Miquel, Pappus, Woo . . .
pennet de ré oudre des problèmes plu Le pori sme de Steiner, qui cons iste à
topo logiques (a lignements, intersec- étudi er les cerc les tangents à de ux
tions) que métrique (di stances) : les cercles , non tangents, non conce n-
théorèmes de Céva et Ménélaüs se cor- triques et dont l' un est inc lus dans
respondent par cette dualité. l' autre, e t ramené par inversion au cas Porisme : sens 1,
L' inve rsion , qui conserve les ang les générique de de ux cercles de base corollaire; sens 2 (plus
entre les droites- cerc les, est un cas concentriques. Les théorèmes de tan- actuel). problème
particuli er des transfo rmation homo- gence de Feuerbach entre les cercl es indépendantdes
graphiques. Les exemples de démons- inscrits et ex inscrits d ' un triang le et conditions initiales.
trati ons allégées ( do nc embel Iies) par son cercle d 'Eul er sont simplifi és par
l' inve rsion pullulent. Pui sque les cette transformation. L es cyc lides de Anallagmatique (du
dro ites peuve nt être transform ées en Dupin sont obtenues par inve rs ion grec a/lagma, change-
cercle par une inve rsion (s i le pô le lui d ' un tore . Quand vos exercices de ment) : seditd'une
est ex téri eur), tout point constructibl e cercles qui se touchent ne tournent pas courbe globalement
à la règle et au compas peut se fa ire rond, pensez à l' inversion ! invariante
avec le compas seul (théorème de F. L. par inversion.

Problème d'Apollonius
Dès le troisième sièc le ava nt Jésus-Chri st, Apoll onius de Perga se pose la
questi on sui va nte , dans l'ouvrage (ma lhe ureuseme nt pe rdu ) Traité des
contacts : construi re un cercle à partir de contraintes qui consistent à passer
par un po int ( P), être tangent à une droite (0 ) ou à un cerc le (C) . Françoi s
Viète ré out di x de ces problèmes en 1600 dan s son Apollonius Gallus. Ainsi,
le problème 1 ( PPP) consiste à fa ire passer un cercl e par trois points (cercle
circonscrit) et le probl ème 2 (000) a po ur so lutions les cercl es in scrits et
ex inscrits du triangle détenniné par les tro is droites. Le plus difficile d ' entre
eux, aux dires de Pappus, est le di xième (CCC) que ré out Viète et qui era
généra lisé par Descartes en 1643. En notant k la courbure d ' un cercle (inverse
du rayo n), il énonce la relation sui va nte entre les courbures de quatre cercles
tangents entre eux : ( k 1 + k 2 + k 3 + k 4) = 2(k ~+ k ; + k ~+ kD .
2

Pour trois cercles donnés, les courbures des cercles de Soddy sont donc :
k4 = kl + k2 + k3 ± 2j kl k2 + k2k3 + k3k1.
Une dro ite est un cerc le de courbure null e et le signe re latif des courbures
correspond aux tangences intérie ure(+ ) ou extéri eure(- ) des cerc les entre
eux (voir auss i en page 11 9).

Hors-série n° 36 Le cercle. Tc;ingente


EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles


le cercle de Conwav
Soit un triangle ABC. On prolonge les
trois côtés, d'une longueur égale à BC à
partir du sommet A, d'une longueur
égale à AC à partir du sommet B et
d'une longueur égale à AB à partir du
sommet C. On obtient ainsi six points M er-~ -+-~ c
-1}-~-"-''r't-\'-~---''Q.-~ ~ ---o
1, J, K, L, M, N qui sont cocycliques.
Le cercle obtenu, appelé cercle de
Conway du nom du célèbre mathémati-
cien John Horton Conway, a le même
centre que le cercle inscrit dans le triangle 'J
ABC.

le cercle d'Apollonius
L'ensemble des points dont le rapport des distances à deux
points fixés est constant est un cercle appelé cercle
d 'Apollonius. Il doit son nom au mathématicien grec
Apollonius de Perga (vers - 262 , vers - 190).

Étant donnés deux points fixés A et B et une constante posi-


tive k différente de 1, un point M appartient au cercle
d'Apollonius défini par A, B et ksi , et seulement si ,
M MA/MB =k .
Les points A, B. 1, J (où I et J sont les points
d'intersection du cercle avec la droite
(AB)) constituent alors une division
harmonique de rapport k.
I
B

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


par Hervé Lehning EN BREF

le postulat d'Euclide
Géométrie en terrain le cinquième postulat
courbe d'Euclide
Examinons la géométrie d'Euclide sans Dans sa version moderne, « le » postulat d'Euclide
« le » postulat en nous plaçant sur une
s'énonce : « Par un point du plan , il passe une et une
sphère. Le plus court chemin entre deux seule parallèle à une droite donnée. » Il a suscité un
points est obtenu en suivant l'arc de grand grand nombre de « démonstrations » en cercles
cercle entre eux. vicieux. Elles sont dues à une incompréhension du
problème. Pour traduire des idées provenant du
Sur une sphère, deux
monde sensible, tout en évitant d'être trompé par ses
grands cercles se
sens, Euclide inventa la méthode axiomatique : tous
coupent toujours.
les théorèmes doivent provenir de raisonnements
Autrement dit, deux
fondés sur un ensemble de définitions et d'axiomes
droites ne sont
ou postulats. Ces derniers sont des résultats consi-
jamais parallèles ! Le
dérés comme évidents, par exemple : « Par deux
postulat d 'Euclide y
points, il passe au moins une droite . » L'idéal est de
est faux. On démon- Ligne droite
réduire ces axiomes au minimum . Aucun ne doit pou-
tre que la somme des sur une sphère
voir être démontré à partir des autres . Le postulat
angles d'un triangle
des parallèles est différent des autres. Il est facile de
est supérieure à 180°. Pour vous en
le penser démontrable, même si Euclide y a échoué.
convaincre, prenez un globe terrestre
Deux mille ans de recherches infructueuses permi-
miniature, deux points sur l'équateur et
rent d'en douter.
dessinez le triangle formé avec l'un des
Au XIX 0 siècle, Lobatchevski proposa plusieurs
pôles. La somme de ses angles est égale à
modèles de géométrie vérifiant les axiomes
180° plus l'angle au pôle, elle est donc
d'Euclide précédant le postulat, dans lesquels celui-
strictement supérieure à 180°. Si nous
ci est faux . Le plus simple est sans doute la géomé-
nous plaçons sur une surface différente
trie sphérique (voir l'encadré « Géométrie en terrain
comme un col de montagne, la somme
courbe » ). De nos jours, ces résultats sont reconnus
des angles d'un triangle devient inférieure
par l'ensemble de la communauté mathématique .
à 180°.
Pourtant, des démontreurs du postulat continuent à
Nous avons publier. Leur argument est toujours en cercle
ainsi plusieurs vicieux : sans s'en rendre compte , ils introduisent un
modèles de nouvel axiome, anodin mais équivalent au postulat
« plan » selon pour démontrer celui-ci , par exemple : « Dans un tri-
les axiomes Un triangle près angle, la somme des angles est égale à 180°. »
d 'Euclide sans d'un col de montagne Cette propriété est fausse dans les géométries non
« le » postulat. euclidiennes.
Dans certains, celui-ci est vrai , dans Toute « démonstration » du postulat d'Euclide
d 'autres, il est faux. Il ne peut donc être contient un cercle vicieux , ou une autre erreur de rai-
prouvé à partir des autres axiomes ! sonnement. Il est indémontrable puisqu 'il existe des
géométries non euclidiennes vérifiant tous les autres
axiomes d'Euclide.

Hors-série n° 36 Le cercle Tcingent:e


EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles


les cercles de Maltani
En 1803, le mathématic ien italien Gi an
Francesco Malfatti ( 173 1- 1807) pose le pro-
blème suivant :
Soit un triangle ABC Étant donné un prisme de marbre dont la base
et soit il un point de est un triangle rectangle, comment découper
Brocard de ce tri- dans ce prisme trois colonnes cylindriques
angle. (il est tel que dont le volume total soit maximal ?
les angles orientés Le problème se ramène à un problème plan :
fiA'iî. fioc" et "ocA comment tracer trois cercles deux à deux non
soient tous les trois sécants à l' intérieur d' un tri angle rectangle, de
égaux à un angle a ; A B telle sorte que la somme de aires des trois
on obtiendrait un autre point de Brocard en di sques soit la plus grande possible ? Le pro-
considérant les angles orientés QBA, "ficlî et blème, gé nérali sé à un tri angle quelconque, est
fiÂC".) désormais connu comme le problème de
Le lieu décrit par le point C lorsque la base [AB] Malfatti. li fa ut noter que le même problème
et l'angle a sont fixés e t un cercle appelé cercle apparaît dans certain s sangakus japonais, et
de Neuberg. Joseph Neuberg (184~1926) était qu ' il est assoc ié au mathématicien japonais
un mathématicien luxembourgeois qui se fit Chokuyen Naonobu Ajima ( 1732- 1798).
naturaliser belge. Il présida l'Académie royale Toujour en 1803, Malfa tti donne sa ns
de Belgique à partir de 1911. démonstration, ni méthode de construction,
Il existe six cercle de Neuberg as ociés aux une soluti on où les trois cercles sont tangents
deux points de Brocard et aux trois sommets du deux à deux (voir fi gure). Cette so luti on sera
triangle. considérée comme optimale du rant 126 ans.

Jacob Steiner ( 1796- 1863) donn era une


B construction effective des cercles de Malfatti en 1836.
Mais en 1929, deux mathémati ciens, Hyman Lob (mort en 194 1) et Herbert William
Richmond ( 1863- 1948), montrent que la soluti on proposée par Malfatti n'est pas
toujours optimale. En effet. dans le cas simple du triangle équil atéral, la
soluti on suivante est meilleure que celle de Malfatti .

En 1967, Michae l Goldberg montre


graphiquement que la soluti on de
A......::::..,._.:::...._ .....:::::- ,.....::::.......- - - - - -~ C Malfatti n'est jamais ce ll e
A d'aire maximale. La preuve
complète sera trouvée en
1990, puis publiée en 1992 (en russe) et 1994 (en anglais),
par Vi ctor Abra mov ich Zalga ller (né en 1920) et
G.A. Los'.

Tcangenf:e Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER

Les cerdes du tore p. 128


Petit tour en polygonie p. 134
Les cerdes de Manhattan p. 138
Le disque de Poincaré p. 142
Les librations de Hopf p. 148

Des cercles aux formes inhabituelles en passant par les


dimensions supérieures, peti tour d'horizon de variations
autour du cercle. En général, elles donnent lieu à de
remarquables représentations visuelles. Le cercle,
autrement.
SAVOIRS par Jean-Jacques Dupas

les cercles
du tore
Le tore est un objet familier, souvent mentionné à cause de
son trou, mais peu cité pour ses propriétés géométriques
remarquables. Voici une promenade purement visuelle au
pays du tore, où le cercle joue un rôle primordial.

renons un cercle (en rouge sur

P l'image), et appelons son rayon


le rayon mineur. Dessinons un
axe vertical qui ne coupe pas le cercle,
et appelons rayon majeur la distance
du centre du cercle à l'axe.

~ · -
Faisons tourner le cercle autour de
l'axe vertical, le cercle commence à
générer une figure . L'enveloppe de
tous ces cercles, quand le premier par-
court une circonférence, est un tore.

~2 Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

Par construction, nous avons une pre- Le tore que nous venons d'obtenir est
mière famille de cercles sur ce tore : un tore à collier non nul, car le « trou »
notre cercle de départ, et ses images par tant apprécié des topologistes est bien
la rotation. Par analogie avec la terre, visible. Géométriquement, un tel tore
nous pouvons les appeler les méridiens possède un rayon mineur strictement
du tore (ici en jaune, espacés de 20°). inférieur à son rayon majeur. Si le
rayon mineur est égal au
rayon majeur, on obtient un
tore à collier nul :

Une deuxième famille de cercles est


une conséquence de notre construction
: tout point du cercle de départ, en tour- Pour un tore à collier nul (ici coupé en
nant autour de l'axe vertical, dessine deux), les deux cercles de la coupe sont
un cercle (ici en bleu). Toujours par tangents.
analogie, appelons-le un parallèle. Si le rayon mineur est strictement plus
Chacun de ces cercles se situe dans un grand que le rayon majeur, on obtient
plan parallèle aux autres cercles {ils un tore croisé (ici coupé en deux) :
sont ici espacés de 20°).

Hors-série n° 36 Le cercle Tcingente


SAVOIRS Les cercles du tore

Tore partagé

Revenons à notre tore à collier non nul


« coupé en deux ». Considérons un
plan bitangent, c'est-à-dire un plan
tangent en deux points du tore (dont
nous voyons ici la trace en vert) :

On remarque que les deux cercles se


coupent aux deux points de tangence
du plan avec Je tore. Ces cercles sont
les cercles de Vil/arceau, du nom de
Yvon Villarceau (1813- 1883), qui a
prouvé leur existence au xrxe siècle.
Cependant, ces cercles étaient déjà uti-
lisés par les architectes, comme en
témoigne la sculpture présente dans
Puis coupons le tore complet par ce l'escalier du musée de la cathédrale de
plan. La partie supérieure de la coupe Strasbourg (œuvre de Hans Tho man
est bordée par deux cercles (on les Uhlberger, vers 1578).
devine ici en vert et en orange) :

Sur la partie inférieure de la coupe, les


deux cercles apparaissent intégrale-
ment (l'un en orange, l'autre en vert).

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

On montre que les cercles de En faisant tourner le plan bitangent


Villarceau ont tous le même rayon, autour de l'axe vertical, on obtient
égal au rayon majeur du tore. Le cercle deux familles de cercles qui couvrent
en orange peut aussi être obtenu complètement le tore. Et en regardant
comme l' intersection du tore (en (« du dessus ») les cercles de
rouge) avec la sphère (en vert) de Villarceau d ' un tore à collier nul, nous
rayon le rayon majeur du tore et de obtenons une figure que les lecteurs
centre le centre de symétrie du tore, des Éditions POLE connaissent bien !
décalé d'un rayon mineur « vers
l'avant ». Cette intersection produit
aussi le cercle rouge.

De même, le cercle vert est à l'intersec-


tion d'une autre sphère (toujours en
vert), de rayon le rayon majeur du tore,
et de centre le centre de symétrie du
tore, décalé d' un rayon mineur « vers
l'arrière ». Cette intersection produit
aussi le cercle bleu

Hors-série n° 36 le cercle Tangente


SAVOIRS Les cercles du tore

On démontre qu 'en tout point du tore Les cercles de Villarceau sont des loxo-
passent quatre cercles : un méridien, un dromies du tore : ils coupent tous les
parallèle, et deux cercles de Villarceau. méridiens et tous les parallèles avec un
C'est le théorème de Vil/arceau. angle constant.

Des propriétés
comme s'il en pleuuait

Les propriétés de ces cercles inattendus


sont nombreuses. Déjà, ils se répar-
tissent en deux familles (les cercles
«verts» et les cercles« orange»). Puis,
deux cercles quelconques de la même
famille ne se coupent jamais et sont
entrelacés (ici deux cercles « verts »),
alors que deux cercles quelconques de
familles différentes se coupent tou-
Ensuite, toute sphère (en vert) conte-
jours en deux points.
nant un cercle de Villarceau
(par exemple le cercle en
orange) coupe les autres cercles
de la même famille (cercle en
rouge) sous un angle constant.
Les cercles sont dits paratac-
tiques (du nom de cette pro-
priété de parataxie).

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER: LE CERCLE DANS TOUTES ...

Le tore est-il la seule figure ou en


chaque point passent quatre cercles ?
La réponse est non . Pour cette pro-
priété, le tore n'est qu'un cas particu-
lier d'une surface plus générale : la
Villarceau
cyclide de Dupin. Mais c'est une tout Antoine-François-Jose ph
autre histoire . .. Yvon Villarceau. Astronome
né à Vendôme en 1813, mort
J.-J. D. en 1883. En 1837, il entre à
l'École centrale des arts et
manufactures, et il en sort le
premier dans la section de
mécanique. L'originalité de
ses premiers travaux attire
l'attention d'Arago, qui le fait
entrer en 1846 à l'Obser-
vatoire de Paris en qualité
d'astronome. Il est nommé en
1855 membre du Bureau des
longitudes et élu en 1867
membre de l'Académie des
sciences.

Hors-série n° 36 Le cercle Tc:in9ente


SAVOIRS par François Lavallou

Petit tour en

on1e
Les polygones réguliers correspondent à une partition réguliè-
re de la circonférence d'un cercle. Liés naturellement aux symé-
tries, ils ont été étudiés depuis les débuts de l'humanité, et vous
pensez tout savoir d'eux. En êtes-vous vraiment certain(e)?
,.,,
tymologiquement, un polygone constitué de polygone sont des poly-

E est un être mathématique à plu-


sieurs angles. Un polygone
régulier ne serait donc qu'un polygone
èdres et pour générali er aux dimen-
sions supérieures la notion de corps
constitué d'arêtes et de sommet , on
plan dont tous les angles sont égaux. parle de polytopes pour reprendre la
Le rectangle illustre que ceci ne suffit dénomination établie par Alicia Boole-
évidemment pas : il est aussi nécessai- Stott ( 1860- 1940). La deuxième
re que tous les côtés soient égaux. On dimension nous offre une infinité de
retrouve dans les mots latins triangle et polygones réguliers, ce qui e t excep-
quadrilatère cette hésitation entre tionnel puisque la nature n' alloue que
angles et côtés pour caractériser les cinq polytopes réguliers à notre espace
figures géométriques planes. usuel à trois dimensions (les fameux
L'indiscemabilité des sommets fournit solides de Platon), six en dimension
une autre définition : un polygone quatre et seulement trois pour les
régulier d' ordre n est un polygone glo- autres dimensions. Cette pléthore de
balement invariant par une rotation polygones réguliers du plan a capté
d'angle 2rt!n. Il est donc inscriptible très tôt ! 'attention des géomètres, mais
dans un cercle, mais on doit ajouter la semble présenter moins de défis que
convexité à cette définition si on veut les polyèdres. Les propriétés de symé-
éviter les polygones étoilés. trie inhérentes à la répartition régu-
lières des sommets sur le cercle amè-
Existence et construction nent nature llement à la notion de
des polygones réguliers groupe qui ne furent pourtant étudié
qu'au xrxe iècle.
Pour la troisième dimension, qui nous La première préoccupation des « poly-
est tout aussi habituelle, le solides gonistes » fut de créer leurs objets

Ta.ngente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

d'étude avec les outils de base de la


construction géométrique : la règle et
le compas. On continue cette éducative la représentation
tradition en apprenant à l' école élé-
mentaire à construire les plus faci les géométrique des
d ' entre eux : le triangle équi latéral , le
carré et tous leurs « descendants »
nombres complexes
obtenus par bissection de leurs angles, Un po int M du plan peut être détem1iné par ses coordon-
dont ! ' hexagone. Mais peu de lycéens nées cartésiennes ou ses coordonnées pola ires (p, e),
peuvent ajouter à cette liste le penta- couple (module, argument). Pour fac iliter les« ca lcul s»
gone, suivant courageusement les sur ces couples, on leur assoc ie class iquement une affixe
traces de Gauss qui réussit à 17 ans la compl exe, le nombrez = x + iy = p(cos(8) + i sin (8 }), où
construction de l 'heptadécagone ( 17 i2 = - l.
côtés). Encore moins savent qu ' il est Pour all éger les écritures, nous noterons
impossible de construire un heptagone z = (p, 8) = (1
:1, arg(:)), avec la lo i multipli cati ve bien
à ! ' aide de ces seuls outils. Il fa llut connue des élèves de Termin ale : :.: ' = (pp', e + 8').
attendre la théorie des corps de Galois L'algèbre n'est qu ' une méthode pour obtenir le résultat
pour démontrer que seuls sont d ' un ca lcul : qu ' importe le chem in, pourv u qu ' il so it
constructibles les polygones réguliers fac ile ! Les nombres compl exes que nous considère ro ns
dont l' ordre (le nombre de côtés) est un pour fig urer les sommets d ' un polygo ne réguli er sont de
produit d ' une puissance de 2 et de modu le 1, z = ( 1, 8) . Les mult iplier consiste donc simple-
nombres de Fermat (nombres premiers ment à ajo uter leur argument. En pa11iculi er, :''= ( 1. 11 8).
de la forme : 2 2" + 1 ). Avec l'expres ion de lz - 11ca lcul ée géométriquement
sur la fi gure c i-contre, vo us avez tou les éléments pour
les complexes pour montrer suivre les ca lculs en fin d 'a rti cle.
leurs propriétés métriques
Il existe un fort et intéressant contraste
en géométrie classique entre la simpli-
cité des énoncés et la difficulté de la
démonstration . Le travail de Descartes,
complété par l' emploi des nombres
complexes, a initi é une irréversible
algébrisation de la géométrie. La com-
plexité a été transférée aux outil dont
X
la puissance pennet d'échafauder de 0
« plus simples » démonstrations. Nous
nous contenterons d'utiliser des pro- autres spineurs pour en être
priétés élémentaires des nombres com- convaincus !
plexes (voir encadré) pour démontrer
quelques relations métriques dan les Un polygone régulier d'ordre n inscrit
polygones. Ne vous méprenez pas ! Le dans le cercle de rayon I centré à I' ori-
qualificatif« complexe» associé à ces gine est invariant par la rotation
nombres illustre leur structure, compo- d'angle a,, = 21tln. En utilisant les
sition de deux nombres réels, et non notations introduites dans l' encadré
une difficulté à le utili er. Allez étu- « Représentation géométrique des
dier les quaternions, octonions et nombres comp lexes », nous all ons

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Petit tour en polygonie

métriques remarquables annoncée .

le produit Con idérons un point courant M(z)


du cercle unité : z = ( 1, 8). Tenant

des distances d'un compte de la symétrie du problème,


on argument peut 'écrire fJ = x · a,,,

sommet aux autres


Pour obtenir le produit Qn des distances d'un sommet
avec O s x s 1, an rien perdre en
généralité.
Calculon le produit Pn(x) des di -
aux autres, il suffit de prendre la dérivée en 8 = 0 de tance d(M, S,) de ce point aux om-
l'expression précédente : met Sk du polygone régulier d'ordre n.
Pn<x) = 2.sin(m) = 2.sin(n8 /2), ce qui nous donne : Par définition Pn(x) est une fonction
Qn= n. En considérant un 2n-gone comme composé de paire, périodique de période I et
deux n-gones décalés d'un angle 'Jtln (voir figure où P,,( 1 - x) = P,,(x).
n = 5), le sommet S du 2n-gone est à la fois sommet du Pui que d(M. S,) = lz - zkl, P,,(x) e t
n-gone (en rouge) et milieu d'un arc de l' autre (en bleu). égal au produit des module de
Nous avons donc Q1n = Qn ·Pn(l /2) et nous retrouvons (z - zk), donc au module de leur
le fait que Pn(l /2) = Q1n /Qn= 2. produit.
Par uite, P,,(x) = lz,, - 11
Puisque I z - z1c 1= 2·1sin (x(k - x)lnl, les résultats précé- = 2.sin(arg(z")/2) = 2. in(nx) pui que
dents correspondent aux deux formules suivantes, arg(z'') = n.x.a,,= 2nx.
2n- l • Ii
/c-1
sin[ x(\- x) ]- sin(m)
urpri e, le résultat est indépendant
de n, et ne dépend que de la po ition

et n
n- 1 . [ ,de ]

1c-1
smn - -2n
n
---l , qut· seraient
·
relative du point M ur l'arc de cercle
délimité par un côté du polygone !
Lorsque le point courant e itue à un
bien difficiles à établir avec des sommet (x = 0), le produit est bien
méthodes purement géométriques. Avis aux am:teurs ! sûr nul. Mai d 'autre ré ultat ont
plu inattendu . Ain i, quel que oit
le polygone régulier choi i ur le
démontrer des propriété urprenantes ! cercle unité, i on place le point M au
Si on po itionne un ommet en milieu d'un arc (x = 1/2), le produit de
z0 = ( 1, 0) = 1, le affixe des autre di tance de M aux ommets du poly-
ommets ont : gone e t égal à 2 : P,,( 1/2) = 2.
zk = (1, ka,,) = zf, avec k = 1, ... , n -1. Et i le nombre de côté e t impair, on
On con tate par le calcul, mais aussi en déduit
géométriquement, que z;
= 1 quel que (11 - 1)/ 2

soit k. Les affixes de onunets du I l d(M,S*)=I.


polygone régulier ont donc les racines k-l
nèmcs de l' unité, pui que corre pondant Autre valeur remarquable
aux n racine di tincte de l'équation : P,,(/16) = P/516) = 1
z" - 1 = O. P,,(114) = P,,(3/4) = 2,
La décompo ition du polynôme s'écrit P,,(113) = P,,(2/3) = 3 ...
n-1 Étonnant, non ?
z'' - 1 = TI
k-0
(z - zk), factori ation qui
F. L.
va être à la ba e des propriété

Tangent:e Hors-série n°36. Le cercle


Par G. Cohen et É. Thomas

lnfatigables auadrateurs Parfois, les « solutions » proposées permettent


d'obtenir une valeur (numérique ou algébrique)
Qu'ont en commun le cardinal Nicholas de approchée de n. Ainsi , John Parker obtient en
Cusa , l'humaniste Joseph Scaliger, l'astronome 1851 la valeur approchée 3,141594269. En
Longomontanus, le mathématicien Grégory de 1914, T.M .P. Hughes propose une « solution» .
Saint Vincent, le philosophe Thomas Hobbes et qui aboutit en fait à la valeur approchée
le physicien François Quesnay ? Comme des 3,14159292035.
milliers d'autres scientifiques professionnels ou Mais parfois aussi, les « solutions » proposées
amateurs , ils ont cru détenir une méthode pour sont complètement farfelues : en 1860, James
quarrer le cercle . Les quadrateurs (ces ama- Smith « trouve » la valeur 3,125 et refuse de
teurs acharnés qui ont tenté de résoudre la qua- reconnaître que sa méthode est erronée, mal-
drature du cercle) semblent avoir de tout temps gré la démonstration fournie par Auguste de
existé. Nombre d'entre eux ont passé des Morgan , William Whewell et William Hamilton !
années entières à essayer de quarrer le cercle , D'ailleurs de Morgan recevra quantité de « solu-
au cours des 2,5 derniers millénaires. En 1755, tions » ... A sa mort en 1871 , Charles Dodgson
inondée de « solutions », l'Académie des (Lewis Carroll), en tentant de poursuivre le
sciences et ensuite la British Royal Society patient travail de réfutation de son collègue,
décident de ne plus les étudier, persuadées que mettra progressivement au point une méthode
le problème est impossible. de calcul pour approximer n.
Certains quadrateurs déposè-

Cerdes dans l'espace rent un brevet pour protéger


leur construction (Edward
Goodwin en 1889), voire ten-
L'équivalent d'un n•rclc dans l'espace (ensemble des points à
tèrent de faire voter une loi
égale distance R d'un centre Q), c'est une sphère. En coupant
pour légitimer leur « solution »
une sphl'l'C par 1111 plan, on obtient un ... cercle, dont le centre
(Indiana Pi Bill de 1897).
est le projeté orthogonal du centre de la sphfrc Q sur cc plan.
D'autres en revanche seront
Le rayon de cc cercle n'est R (on dit <1uc c'est un grt11ul cercle) persuadés de l'impossibilité
que si le plan passe J>ar Q. de la construction . L'éditeur
Charles-Joseph Panckoucke
L'intersection de deux sphfrcs est également un cercle appar- (1736-1798) en est un
tenant à un plan pcrpl•ndiculairc au segment joignant les deux exemple intéressant : il réus-
centres des sphl'n's, wgmcnt sur le<1ucl se trou\'c le centre du sira à faire publier en 1765
ccrck intersection. une preuve erronée.

Lorsqu'on \'eut, sur le plan euclidien, aller d'un point à un


autre par le plus court chemin, cc chemin est unique et c'est
un segment de droitl' (axiome d'Euclide). ;\fais qu'en est-il du
plus court chemin entre deux points A l't B de la surface d'une
sphfrc de Cl'ntre Q '! Sauf s'ils sont alignés, A, B et Q déter-
minent 1111 plan l'i le plus petit des deux arcs Mi" du grand
cercle de cc plan (centré en Q) passant par A et B donne le che-
min k plus court. Lorsqul' A l't B sont diamétraux, il y a une
infinité de façons d'aller de A il B l'Ïa un grand cercle.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning

les cercles de
Le long des rues de Manhattan, la distance n 'est pas celle des
oiseaux et la géométrie des cercles ne ressemble pas à celle
des plaines isotropes. Petit itinéraire à la découverte de la
métrique des taxis.

a distance usuelle corre pond Elle corre pond à une nouvelle modé-

L au vol des oiseaux, ou à notre


marche quand aucun obstacle
ne la contrarie dans nulle direction,
lisation des trajet po sible entre deux
points d ' un quadrillage. De l'origine O
au point M de coordonnées x et y, la
comme dans les plaines isotropes. distance, longueur du plus petit chemin
Plan de
Quand on se déplace, comme à possible entre les deux points, est éga le
Manhattan.
à I x 1 + 1 y I et non à la
Les déplacements
e faisant le long
racine carrée de x2 + J.
des rues, la dis-
Comme on le con tate sur
tance usuelle n'y
le dessin ci-contre, les tra-
a pas cours.
jets entre O et M sont
constitués de lignes bri-
sées parallèles aux axes, et
les plus courts d'entre eux
ont pour longueur minimale
I x 1 + 1 y J. « Les plus courts »,

car il n 'y a pas unicité d ' un tel


chemin.

Quand les cercles sont des carrés


Manhattan , le
long des lignes Le cercle de centre O et de rayon R est
d ' un quadrillage, la constitué des points M de coordonnées
distance n'est plus la même. x et y tels que : 1 x J + J y J = R. Cet

Ta:ngente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES .•.

ensemble e t symétrique par rapport Plu précisément, si deux cercles ont


aux deux axe et leurs bi sectrices, des rayon distincts, on passe de l' un à
puisque la quanti té est inchangée si on l'autre par une homothétie (la compo-
remplace x et y par ± x et ± y, ou ± y et sée d' une homothétie et d' une transla-
± x. li suffi t donc d'en tracer la partie tion est une homothétie). Le centre de
correspondant à x 2: 0 et y 2: 0 pour en cette homothétie se détermine géomé-
déduire le reste. Cette partie a pour triquement comme montré sur la
équation : x +y= R, qui est celle de fi gure. Son rapport est égal
la droite passant par les points au rapport des
( 1, 0) et (0, 1). Le cerc le est rayon .
donc le carré de sommet les
0
points de coordonnées
Pa'isage d'un cercle
(± R, 0) et (0, ± R). Si les deux cercles ont
1anhaUan à un
même rayon, on passe de
autre par homothé-
Cercle de centre O 1' un à l'autre par une transla-
tie, si leurs rayons
et de rayon R à Manhattan. tion . Nous retrouvons ainsi une
sont distincl'i.
propriété des cercles au sens usuel.
À Manhattan, les cercles sont donc
carrés. Malgré ce changement de Conuexlté et équation polaire
fo rme, ils con ervent plu ieurs pro-
priétés des cercles usuels. En particu- Une autre propri été commune aux
lier, le cercle de centre O et de rayon R cercles usuels et à ceux de Manhattan
se déduit de celui de centre O et de est la convex ité des disques qu ' il s déli-
rayon I par l' homothétie de centre O et mitent. Plus précisément, si deux
de rapport R. De même, le cercle de points P et Q appartiennent au disque
centre A et de rayon R se déduit de délimité par le cercle de centre O et de
cel ui de centre O et de rayon R par la rayon R alors le segment PQ est tout
tran lation de vecteur OA. entier incl us dans le di que. Pour sim-
plifier l'expres ion, nous dirons que le
Autrement dit, les cercle se déduisent cercle est convexe, même si en réa lité
tou du cercle C de centre O et de seul le disque qu ' il délimite l'est.
rayon 1 (appelé cercle unité) par la
composée d' une homothé- Les cercles Manhattan partagent une
tie et d' une translation. autre propriété avec les cercles usuels,
qui concerne leur équation dite
M « polaire ». Considérons une demi-
y droite tournant autour de O. Elle est
entièrement caractérisée par (' angle
qu 'e lle fa it avec l'axe Ox, que l'on
appelle son angle polaire. Cette demi-
droite coupe le cercle usuel comme
celui de Manhattan en un et un seul
point M. La longueur OM est constante
(éga le à R) dans le cas du cercle usuel
et vari e avec l dans
le cas de celui de
0 X
Manhattan, ce qui

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Les cercles de Manhattan

donne : r = r (t) où r(t) est une fonction La propriété ( 1) est indi spensable pour
continue ne s'annulant pas. le passage d ' un cercle à l'autre, la (2)
Plus préci sément : r(t}= I IR I pour la convex ité.
COS/ + inti Chaque norme est entièrement défini e
mais cette expression importe peu pour par son cercle unité C. Plus précisé-
notre propos. Cette équation est dite ment, soit V un vecteur non nul ,
( 'équation polaire du cercl e de d ' après la propriété ( 1), la demi droite
Équation polaire Manhattan. Sa seule donnée permet de de vecteur directeur V coupe C en un
du cercle usuel el le tracer, elle le caractérise entière- point unique, c'est-à-dire qu ' il ex iste
du cercle de ment. À > 0 unique tel que À V E C. Puisque :
Manhattan. II J... V Il = 1, la norme de V est donnée
la taxi-distance est par : 11v11 =l .
associée li une norme. À

Ce deux propriétés (pas- Caractérisation du cercle unité


sage d ' un cerc le à l' autre
par homothétie ou transla- li reste une que tion essentielle : com-
X
tion et convex ité des ment reconnaître qu ' une courbe est le
di ques) se généralisent cercle unité d ' une certaine nonne ?
aux di stances associées à D' après ce qu i précède, elle do it être
une notion de longueur convexe et admettre une équati on
( ou norme) des vecteurs. polaire r = r (t) où r est une fo nction
Plus préci sément, une norme sur les continue de période :n: ne s'annulant
vecteurs est une application qui , à tout pas. Cela peut sembler étonnant : la
vecteur V du plan, associe un nombre réciproque est vraie ! Autrement dit,
positif Il V Il j ama is nul , sauf si les cercles assoc iés à des normes peu-
V = 0 , et vérifiant : vent prendre un grand nombre de
1) si on multiplie un vecteur par une formes différentes.
constante k, on multiplie sa norme par I k 1,
2) II U + V Il s II U Il+ II V llque l' on H.L.
nomme l' inégalité triangulaire car elle
généralise cell e-ci .

La longueur de
U + V est inférieure
à la somme des
0

longueurs de U el V.
U+V V

Cette courbe est un


cercle unité pour
une certaine norme.

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


Par H. Lehning et É. Thomas

le centre des potiers


La poterie a été inventée pendant la
Stonehenge en
Préhistoire , en plusieurs endroits Angleterre.
(Asie Mineure, Afrique saharienne , Le déplacement de
Sibérie orientale, Japon, etc.), à des pierres plates de
époques différentes (entre 20 000 et cette taille s 'ex-
plique par l'utilisa-
8 000 ans avant Jésus-Christ). Une
révolution dans les formes a lieu en la roue tion de rondins de
bois pour les faire
Mésopotamie, vers 3 500 ans avant
Jésus-Christ. Les vases deviennent
tourne rouler : des roues
avant la roue.
réguliers , le tour a été inventé. Inutile Faut jamais rien prendre pour acquis
d'en découvrir un seul pour le certifier. Parce que tôt ou tard
Une telle régularité est impossible sans La roue tourne
cet outil (voir la figure « L'utilisation du Et ça sert a rien de courir
tour »). Zaho, La roue tourne

Avoir remarqué qu'un objet rond tourne Comme dans ces paroles d'une chanson
.' utili ation du ne suffit pas pour l'inventer, il est de Zaho, la roue évoque le mouvement .
our donne des nécessaire d'avoir compris autour de C'est sa principale originalité : la roue
rm es parfaite- quoi. Pour fabriquer un tour de potier tourne. Avant même l'Âge de pierre,
1ent ronde . primitif, il est cependant inutile d'avoir l'homme a remarqué que les pierres
découvert la définition du cercle , rondes étaient plus faciles à déplacer que
comme ensemble des points à égale distance de les pierres plates, car elles roulent
son centre. Il en est de même de la poulie , dont presque naturellement. Pour les plates, il
l'usage est nécessaire pour concevoir la faut trouver un stratagème. Par exemple,
construction des pyramides. li s'agit d'un inter- des rondins de bois que l'on glisse sous
médiaire conceptuel entre le tour du potier et la elles. Cette invention se perd dans la nuit
roue du charron . On peut penser que son inven- des temps.
tion s'intercale entre les deux. La notion de rayon
y est importante , mais pas autant que dans la
Même si nous n'en avons aucune trace, le
roue des charrons. traîneau à rondins est le seul instrument
expliquant des construc-
tions comme Stonehenge
ou les pyramides égyp-
tiennes. Il s'agit de l'ancêtre
de la roue. Cependant, un
Le cercle a tellement fasciné qu'il est impossible de dres-
saut conceptuel est néces-
ser une liste d'ouvrages de référence sur le sujet.
saire pour inventer la roue
Mentionnons néanmoins la sortie annoncée, fin 2009,
véritable : le cercle a un
du prochain ouvrage événement de Marcel Berger (né
en 1927, il est l'un des plus grands experts de la géomé- centre!
trie). Cc livre, Géométrie vivcmte ou l'ltchelle de
Jacol, (chez Cassini, 974 pages), comporte un chapitre
consacré au cercle (chapitre II, pages 75 à 166).
L'ouvrage s'adresse à un public très averti.

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS par Élisabeth Busser

le disque de Poincaré :
tout un monde
Henri Poincaré n 'est pas l'inventeur de la géométrie
hyperbolique, ni même du disque qui porte désormais son
nom, mais ses travaux sont d'une riches se et d'une fécondité
extraordinaires dans ce domaine.

ans son livre La Science et Offrons-nous un voyage au cœur du

D l 'Hypothèse ( 1902) , Henri


Poincaré imag ine des être
vivant dans un disque où les bord
di sque de Poincaré à travers les mots
de ce grand savant du début du xxc
siècle:
deviennent vite in access ibles. Leur « Supposons un monde renfermé dans
perception de l' espace sera it tout [un grand cercle] et soum is aux lois
autre que la nôtre : ils seraient le habi- suivantes : La température n'y est pas
tants d ' un espace non-euclidien et leur uniforme ; elle est maxima au centre,
géométrie erait « hyperbolique ». et elle diminue à mesure qu'on s'en
éloigne, pour se réduire au zéro abso-
lu quand on atteint [le cercle] où ce
De même qu'elle a ses droites,
monde est renfermé.
cette géométrie non euclidienne Je précise da vantage la loi suivant
a aussi ses angles. laquelle varie cette température. Soit R
le rayon [du cercle] limite; soit r la
Rt fl•rt I t distance du point considéré au centre
Le présent article a été écrit à l'occasion d'une conférence de [ce cercle]. La température absolue
d'Étienne Ghys à la Bibliothèque nationale de France le sera proportionnelle à R2 - ? .
15 mars 2006 (Henri Poincaré et le monde non eucli- Je supposerai de plus que, dans ce
dien). Il s'inspire librement d'un chapitre intitulé monde, tous les corps aient même coef-
Poincaré et son disque, paru dans l'ouvrage collectif ficient de dilatation, de telle façon que
L'Héritage scientifique de Poincaré sous la direction de la longueur d'une règle quelconque
Éric Charpentier, Étienne Ghys et Annick Lesne, soit proportionnelle à sa température
éditions Belin, Paris, 423 pages, septembre 2006. absolue. Je supposerai enfin qu 'un
objet transporté d'un point à un autre,

7'a.ngente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

dont la température est différente, se


mer immédiatement en équilibre calo-
rifique avec son nouveau milieu.
Rien dans ces hypothèses n'est contra-
dictoire ou inimaginable.
Un objet mobile deviendra alors de 1854 Naissance à Nancy. Son père était professeur
plus en plus petit à mesure qu 'on se de médecine. Son cousin Raymond sera
rapprochera [ du cercleJ limite. Président de la République.
Observons d'abord que, si ce monde 1871 Baccalauréat (avec un o en composition
est limité au point de vue de notre géo- scientifique mais une mention Assez Bien !)
métrie habituelle, il para ftra infini à 1873 Entre major à l'&ole Polytechnique ;
ses habitants. reçu également à l'ENS.
Quand ceux-ci, en effet, veulent se rap- 1879 Devient Ingénieur du Corps des Mines et sou-
procher [du cercle] limite, ils se refroi- tient deux thèses de mathématiques dont l'une
dissent et deviennent de plus en plus sur « Les proprihés des fonctions d~ies par
perirs. Les pas qu 'ils font sont donc les équations aux dhivks partielles ».
aussi de plus en plus petits , de sorte Devient chargé de cours universitaires à Caen.
qu'ils ne peuvent jamais atteindre [le 1880 Obtient le Grand Prix de sciences
cercle] limite. Mathématiques de l'Académie des Sciences.
Si , pour nous, la géométrie n'est que 1881 Commence à enseigner à la Sorbonne où il
l'étude des lois suivant lesquelles se restera jusqu'à sa mort. Se marie la même année.
meuvent les solides invariables ; pour naura quatre enfants, trois filles et un fils.
ces êtres imaginaires , ce sera l'étude 1886 Obtient la chaire de physique mathématique.
des lois suivant lesquelles se meuvent 1887 Entrée à l'Académie des Sciences.
les solides déformés par ces diffé- 1892 Débute la rédaction des Méthodes nouvelles
rences de température dont je viens de de la mécanique céleste.
parler.[ ... ] 1896 Chaire de mécanique céleste.
Qu 'on me permerre, pour abréger le 1902 Publie La Science et l'Hypothàe, traitant
langage, d'appeler un pareil mouve- à la fois des géométries non euclidiennes,
ment dépl acement non euclidien. Ainsi de mécanique et de physique.
des êtres comme nous, dont l'éducation 1905 Publie La Valeur de la science.
se ferait dans un pareil monde, n'a u- 19o8 Publie Science et Méthode et
raient pas la même géométrie que entre la même année à
nous. [Si ces êtres imaginaires] fon- l'Académie Française,
dent une géométrie, [. ..] ce sera la au fauteuil de Sully
géométrie non euclidienne . » Prudhomme.
1912 Mort à Paris.
Ce di sque , où évo lue déjà si bien
Poincaré, et que nous appelleron Poincaré, homme
désormais « disque de Poincaré», e t de science génial
tout simplement le disque unité du plan et éclectique,
complexe , privé de son bord . C'est le a publié en trente
di sque unité« ouvert », sur lequel on a ans trente volumes
défini une distance « hyperbolique » et plus de cinq cents
permettant de trouver la courbe « la notes, articles ou
plus courte » (au sens de cette di stan- mémoires divers.
ce) joignant deux points.

Hors-série n• 36. Le cercle Tcingent:e


SAVOIRS Le disque de Poincaré ...

Promenades sur le disque de Poincaré fixées Zo et z1• Il ex i te en effet l' une


des isométries précédentes,!, qui trans-
Avec la définition choisie pour la distan- forme Zo e n O et z 1 en x, réel entre O et
ce, la courbe (unique) minimisant la lon- 1. La géodésique cherchée n'est rien
gueur hyperbolique entre O et le point d 'autre que l'image du segment [O , x],
d'ab cis e x du segment [O; 1[ est le dirigé suivant un rayon, par l' isométrie
rayon [O ; x] . Sa longueur hyperbolique réc iproque def. La géodés ique sera un
est: arc de cercle orthogonal au cercle-

.r: ~ . ..!.1nl+x unité (ou un diamètre) .


1-t
2
2 1- x
• De même qu 'e lle a ses « droites »,
cette géométrie a auss i ses « angles » :
Elle tend vers l' infini lorsque x tend les « angles hyperboliques » sont les
vers 1. On retrouve là l'impossibilité angles euclidiens des tangentes aux
d 'atteindre le bord , qui se retrouve arc de cercles.
ainsi infiniment é loigné du centre, Nous avons là un magnifique contre-
comme la fiction de Poincaré Je laissait exemple à l'ax iome d'Euclide: deux
entendre. droites étant para llèle lor qu'elles
Qui dit di stance dit également isomé- sont non sécantes, étant donné troi s
trie , transformation conservant les dis- points A , B , C à l' intérieur du disque
tances. Le di sque de Poincaré a lui de Poincaré , il ex iste une infinité de
aussi ses isométries qui forment un droites pas ant par C et parallèles à la
groupe pos édant une propriété spécia- droite passant par A et B. Ce sont
le : étant donnés deux points quel- certains arcs de cercles passant par Cet
conques Zo et z 1 du disque de Poincaré, orthogonaux au bord du disque.
l' une des transformation s du groupe
envoie l' un sur l'autre, ce qu'on traduit les triangles selon Poincaré
en disant que le di sque de Poincaré est
homogène. La géométrie du disque de Poincaré a
Cette dernière propriété va ervir à bien sfir es triangles et la liste de leurs
déterminer les géodésiques du di sque , propriétés e t longue. Un triangle est
ses « droites », autrement dit les ici défi ni par trois point et trois seg-
courbes qui minimi ent les longueurs ment géodés iques. Il a, comme d'ha-
hyperbolique entre deux extrémités bitude, troi s angles et une aire . Ce qui
va changer, c'est la omme des angles
du triangle : dans cette géométrie, elle
Un tri81aa1e est inférieure à 180°. Pour vous en
hyperbolique et convaincre, pl acez par exemple l' un
. . trois bauteun. des sommets au centre du disque et
n comparez les angles du triangle ainsi
obtenu avec ceux du triangle euclidien
de mêmes sommets.
Nous aurons également dans ces tri-
angles des bissectrices, pui squ 'on sait
partager un angle en deux, des média-
trices et des médianes, pui squ' on sa it
définir l' éga lité de deux longueurs, des
hauteurs pui squ 'on sait défi nir l'ortho-

Tc:ingente Hors-série n°36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

gonalité . Les hauteurs, par exemple,


sont concourantes .
En ce qui concerne les aires, le résultat
le plus célèbre de géométrie hyperbo-
lique est dû à Gauss : L'aire d'un tri-
r
angle dont les angles sont a, /3. est ;c
- (a+ f3 + y). Ceci signifie en particu-
lier que l'aire d' un tri angle est bornée
par n: . Voilà une géométrie où le tri-
angles peuvent être auss i grands qu 'on
veut , mais où leur aire reste bornée !
Autre conséquence : le rayon du cercle
inscrit dans un triangle est lui aussi
borné. En géométrie hyperbolique,
chaque côté d 'un triangle n'e t donc
pas très éloigné de la réunion des deux
autre . On dit que les triangles sont fins.

Cette propriété a permi à Gromov,


mathématicien contemporain français
d'origine russe, professeur associé à
l' IHES , de donner la définition d' un
espace métrique hyperbolique. Un
espace E muni d ' une métrique (distan-
ce) d est, pour Gromov, hyperbolique
si tous le triangles sont fin s, c'est-à-
dire s' il ex iste une constante 8 > 0 telle
que, pour tout triangle , chacun des
côtés oit à une di stance inférieure à 8
de la réunion des deux autres. Ainsi, la
réunion des troi côtés d ' un triangle est
proche d' un Y. Cette propriété se géné-
ralise à toute partie finie (formée de n Dire que le triangle ABC est
points) , qui peut être approchée par un rectangle en A en géométrie
arbre avec une erreur égale à euclidienne, c'est dire que A est le pied
l008 x Inn , qui ne dépend donc que du de la hauteur issue de C , c'est-à-dire
nombre de points. Cela signifie que si que A est le point de la droite (AB) le
on veut, dans le di sque de Poincaré, plus proche de C.
des figures formées d ' un grand nombre Dire la même cho e en termes de géo-
de points très éloignés les uns des métrie « sur un arbre », c'est dire que
autres , le résultat est proche d ' un arbre. le plus court chemin pour aller de B à
Le disque de Poincaré, vu de loin , res- C passe par A, autrement dit que
semble donc à un arbre . BC =AB+ AC.
Pour en revenir aux triangles, cette Traduit sur le disque de Poincaré, cela
conception du di sque de Poincaré donne BC "' AB + AC. Voil à une
donne au théorème de Pythagore une expres ion « sans carré » du théorème
express ion très spéciale. de Pythagore !

Hors-série n• 36. Le cercle Tangente


SAVOIRS Le disque de Poincaré ...

modèles et uisuallsations
Nous venons de vo ir que , de loin , le
di sque de Poincaré ressemblait à un
arbre. C'est une première tentati ve de
visualisation de cet espace très spéc ial.
Bien d 'autres modè les ont cours et la
littérature mathématique abonde de
tentati ves d ' illustrations de la géomé-
trie hyperbo lique .
Le premier qui vient à l' e prit porte lui
au i le nom de Poincaré: c ' est le
demi-plan de Poincaré. Il s'agit de
l' en emble des nombre complexes z
dont la partie imag inaire est stricte-
ment positive : rien de plus fac ile à
visuali e r. Le géodés iques de cet
ense mbl e sont les demi -cerc les ou
les demi-droites orthogonaux au bord .
Le c inquième postul at d ' Euclide n'e t
pas valable non plu dan cette géo-
métrie : par un point extérieur à une
géodés ique , on peut mener une infi nité
de géodé iques qui ne rencontrent pa
celle-ci.
Si l'on veut maintenant visualiser une
surface comme plongée dans l'espace
euc lidien, se pose le problème de ce
que le mathématiciens appe llent l 'im-
mersion isométrique du d isque de
Poincaré dan l' espace euclidien.

Il s' agit en fait de définir une applica-


tion q> du di que D dans l' espace eucli-
dien de dimension 3 te lle que la lon-
gueur hyperbolique d ' une courbe tra-
cée dans D oit égale à la longueur
euclidienne de la courbe image par q> .
Be ltrami ( 1835- 1900) est parvenu
localement à réali ser un tel plonge-
ment. Con idérant une surface de révo-
lution d ' équation r = F(z) dan un sys-
tème de coordonnées cylindriques, il a
cherché F pour que la surface soit i o-
métrique au di que de Poincaré. Il est
arrivé à la résolution d ' une équation
différentielle du econd ordre dont une

Tangente Hors-série n"36. Le cercle


DOSSIER : LE CERCLE DANS TOUTES ...

solution est une courbe appelée tractrice.


C'est la courbe suivie par un objet tiré
par une corde (d'où son nom) de lon-
gueur constante et dont l' extrémité
libre se déplace sur une droite. La tractrice
En faisant tourner cette courbe autour En faisant tourner cette courbe autour de l'axe des abs-
de l'axe des abscisses , on obtient la cisses, Oil obtient la lraCtriœ de r6volution, appeMe
tractrice de révolution, appelée pseu- pseudosphère. Beltrami a ainsi CODSbUit un lllCdle
dosphère. Beltrami a ainsi construit un local du disque de Po~ c'est~ un morœau de
modèle local du di sque de Poincaré swface isorœtrique à un morœau du disque.
c'est-à-dire un morceau de surface iso-
métrique à un morceau du disque .

Il n' ex iste cependant pas de po sibilité


de plonger isométriquement par une
application deux fois différentiable le
disque dans l'espace euclidien: c'e t
Hilbert (1862- 1943) qui l'a démontré .
Nash (mathématicien contemporain,
né en 1928) a toutefois démontré qu ' un
tel plongement isométrique est réali-
sable, mais seulement de manière une
fois différentiable . Le modèle de
Beltrami illustre ces ré ultats avec sa
si ngularité liée au point de rebrousse-
ment de la tractrice . Pseudospbère
Quelle est alors l'allure d ' un plonge- La pseudosp~ est une surface poss&lant une
ment comme celui de Nash ? Beltrami , courbure gaussienne n6gative constante.
toujours lui , en a construit quelques Ses équations paramétriques sont :
modèles en papier qui sont devenus de =
.r seda " cos I'
véritables origami hyperboliques. 1=sedausln r
{
L'un d'eux est par exemple construit à z=11-bmh11
partir de triangles équilaté raux en
papier collé par un côté de manière avec II e R et• e (0, 23t].
que chaque triangle soit entouré de 7
autres : voilà une belle approximation
d' un morceau du di sque de Poincaré, Que de développements pour un simple
un peu comme on pourrait paver le disque! Et encore, nous n'en avons
plan (de manière exacte) avec des tri- exploré qu ' une infime partie puisque ce
angles équilatéraux assemblés par 6 disque « a une famille nombreuse» .
autour d' un même ommet, ou une Concluons avec le grand géomètre
sphère (de manière approchée) avec Coxeter, qui disait , citant HamJet : « Je
ces mêmes triangle as emblé par 5 pourrais être enfermé dans une
autour d ' un so mmet. On a mê me coquille de noix et me considérer
essayé de construire un modèle de comme Le roi d 'un espace in.fini. »
di que de Poincaré au crochet, un cro-
chet. .. hyperbolique, bien ûr ! E.B.

Hors-série n° 36. Le cercle Tc:ingente


SAVOIRS par Jean.Jacques Dupas

les fibrations
de Hopf
Mystérieuse quatrième dimension .. . Son étude semble bien futile. Pourtant, les
dimensions supérieures révèlent des structures fascinantes qui défient notre
imagination. Exemple avec les fibrations de Hopf, qui ont marqué le xxe siècle.

ou t commence avec la notion objets unidimensionnel . Sont-il équiva-

T de dimension. Un point est un


objet de dimension 0, car sur
un point nous n'avons besoin d'aucun
lents ? À première vue, non ! Mais en
regardant de plus près, on peut trouver une
opération qui, à chaque point du cercle C,
paramètre pour se repérer, le point est associe un point de la droite D (exemple :
un monde auto-suffisant. Une droite la projection stéréographique). On choisit
est de dimension 1, car avec un seul un point ur C (le pôle) ; à tout autre point
paramètre tous les points de la droite de C, on associe l'intersection de la droite
sont localisables. Un plan est de issue du pôle passant par ce point et de la
dimension 2, car il faut deux para- droite de projection D.
mètres (comme l'abscisse et l' ordon-
née, une fois qu'un repère est fixé)
pour entièrement le parcourir. Dans ce
plan de dimension 2, des objets de
dimension 1 existent comme la droite
ou le cercle. Le cercle est bien de
dimension 1, car en faisant varier un
seul paramètre nous pouvons l' explorer
dans son ensemble. C ' est pour cela que
Projection stéréographique du cercle (en
l'on le note S 1, « S »comme« sphère».
rouge) sur la droite (en bleu).
C'est l' ensemble des points situés à une
distance donné (le rayon) d'un centre. De même, en dimension 3, notre
Et « 1 » comme une sphère « à un para- espace a trois dimension (il est pos-
mètre». sible d ' atteindre tous les points de l'es-
Le cercle et la droite sont donc deux pace avec trois coordonnées). Dans cet
espace, on définit la sphère ordinaire
Les fibrations de Hopf ont de nombreuses (notée S2 : nous savons que deux para-
mètres, comme la longitude et la lati-
applications en physique. Il est ainsi prouvé
tude, permettent de s ' y repérer ; cela
que l'étude de la quatrième dimension n'est permet d'y définir des parallèles et des
pas qu'un pur exercice intellectuel ! méridiens).

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


Projection stéréographique

Dans l'espace, la proj ection téréogra-


Heinz HOPI
Le mathématicien Heinz Hopf (19
phjque permet de passer de la sphère S2 novembre 1894; 3 juin 1971) est
au plan, et réciproquement. L' invention né à Grabschen, près de Breslau,
de la projection stéréographique ordi- en Allemagne (aujourd'hui
naire est attribuée à Apollonius de Perge Wroclaw en Pologne). Dès son plus
au 111• siècle avant J.-C. Elle fut utilisée jeune âge, il semble très doué pour
par l'astronome Hipparque au 11° siècle les mathématiques. En 1913, il
avant J.-C. pour la cartographie et pour entre à l'université Friedrich
l' invention de l'astrolabe. L' idée était de Wilhelms de Breslau, où il a, entre
« mettre le globe terrestre à plat ». Cette autres, Max Dehn pour professeur.
projection est aussi à la base mathéma- En 1914 ses études sont interrom-
tique des astrolabes planisphériques pues, puisque Hopf s'engage dans l'armée. Blessé plusieurs fois, il
(projection de la voûte céleste). reçoit la Croix de fer en 1918. En 1920, Hopf déménage à Berlin
pour continuer ses études mathématiques ; il soutient son doctorat
en 1925 sous la direction de Ludwig Bieberbach. Puis il rejoint David
Hilbert, Richard Courant. Carl Runge et Emmy Noether à Gôttingen.
Il y rencontre Paul Alexandrov, l'ami d'une vie. De retour à Berlin en
1926, Hopf donne un cours de topologie combinatoire. Il passe l'an-
née suivante à Princeton. Anouveau à Berlin en 1928, Hopf tra-
vaille avec Alexandrov, sur une suggestion de Courant. sur un livre
de topologie qui sera publié en 1935.
En 1931, Hopf succède à Hermann Weyl à !'École polytechnique
Projection stéréographique de la sphère (en fédérale de Zürich. En 1942, suite à la confiscation de ses biens par
rouge) sur le plan (en bleu). les nazis, il demande la nationalité suisse. Président de l'Union
mathématique internationale de 1955 à 1958, il est surtout connu
La projection stéréographique est remar- du grand public pour ses extraordinaires fibrations.
quable : en général, elle transforme les
cercles en cercles et les cercles passant
par le pôle en droites. Elle modifie les sont nécessaires au repérage . Une
distances, mrus conserve la topologie glo- sphère unité S 3 peut être définie .
bale des objets. Le mathématicien alle- Remarquons déjà que cette sphère est
mand Victor Schlegel (J 843- 1905) a projetable dans notre espace, ce qui va
d'ailleurs utilisé cette propriété en proje- nous permettre de visualiser ce qu'il
tant stéréographiquement les polyèdres s'y passe. Réciproquement, tous les
en graphes (les diagrammes de Schlegel), objets de notre espace à trois dimen-
afin de les étudier dans le plan. sions peuvent être « remontés » sur la
Avant d'étudier la quatrième dimension, sphère S 3 . Par analogie, il faut trois
il faut être familier de la gymnastique paramètres pour parcourir S 3 .
qui permet de passer d' une sphère S 2 au Mais 3 = 2 + ! .
plan et réciproquement. Fixons deux paramètres (c'est-à-dire
choisis ons un point dans le plan , ou
Quatrième dimension un point sur la sphère S 2), et un para-
mètre restant libre. Nous obtenons un
En route pour la quatrième dimension ! objet unidimensionnel sur S3. Est-il
Dans cet espace, quatre coordonnées possible que cet objet soit un cercle ?

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Les fibrations de Hopf

Eh bien oui ! Ce sont les fibrations de De plus , deux d 'entre eux ne se cou-
Hopf Heinz Hopf ( 1894- 1971) a mi s pent jamais et so nt entre lacés. Pour
en évidence un paramétrage de la les voir il suffit de faire une proj ec-
sphère S3 qui , à chaque point de la tion stéréographique dan s notre
sphère S2, associe un cercle (donc une espace tridimen s ionnel. Celui-ci est
sphère S 1) sur la sphère S3 • Ces cercles donc rempli de cercles entre lacés ,
ont des propriétés extraordinaires. pui sque la projection stéréographique
Déjà, ils couvrent complètement la transforme les cerc les en cercle et
sphère S3 . conserve la topologie. Cette structure
de l'espace « fibré» de cercles donne
son nom à l'ensemb le : on parle de
fibrations.
Illustrons autrement cette propri été
d 'entrelacement. Chaque point de la
sphère S2 donne un cercle. Choisissons
tous le parallèles de la sphère S2 : ils
vont former un tore dans la dimension
4. Ce tore va se projeter en un tore à
collier non nul dan l'espace (pour
toute la suite, il est uggéré de prendre
connaissance de l' article en page 128).
Les tores ainsi obtenus sont les tores de
Clifford. Le mathématicien William
Kingdon Clifford (1845- 1879) les a
découverts au XIXe siècle.

Les fibrations de Hopf


(les cercles ont été
tronqués pour plus de
visibilité près du
centre).

Quelques fibrations de
Hopf.

Tc.ingent:e Hors-série n° 36 Le cercle


DOSSIER : CERCLES DANS L'ESPACE

Un tore constitué de cercles de Villarceau. Un faisceau des cercles.

Nous reconnais on que le tore se projette la cyclide de Dupin


suivant une des familles de ses cercles de
Yillarceau. Or, ceux-ci ont justement cette Sur un tore à collier, nous avons vu que
propriété d'entrelacement. l'on peut définir pour tout point quatre
fami lles de cercles : un cercle de
Villarceau (la fibration de Hopf), son
symétrique, un méridien et un parallèle.
Retournons maintenant dans la quatrième
dimension. Ces quatre cercles existent
toujours. Faisons tourner la sphère S3 sur
elle-même : le tore existe toujours avec
ses quatre cercles (puisque les rotations,
fussent-elles quadridimensionnelles,

Deux tores (les cercles de la même couleur


forment un tore). Un plan de coupe (en gris) Wllllam Cllllord
permet de montrer que les cercles d'un tore William Clifford (4 mai 1845 ; 3 mars 1879) fut un mathématicien
d'une même couleur sont entrelacés. et philosophe anglais, fondateur de la géométrie algébrique avec
Hermann Grassmann. Il fut apparemment le premier à suggérer que
Par ailleurs, si l'on considère deux la gravitation pouvait être une conséquence de la géométrie ; de ce
parallèles sur la sphère S2, ils définis- fait, il fut un précurseur des travaux d'Einstein. Il était un géomètre
sent deux tores. Or ces tores sont d'une extrême originalité et fécondité et est à l'origine des termes
entrelacés, donc leurs cercles le seront produit scalaire et produit vectoriel.
aussi. Les projections des tores de
Clifford sont entrelacées, car on
montre que la coupe de ces tores par
un plan vertical contenant 1'axe du tore
donne des méridiens (on les devine sur
la figure précédente). Ceux-ci forment
un faisceau de cercles, c'est-à-di re une
fami ll e de cerc les vérifiant la relation
suivante (voir artic le en page 38) : le
carré du rayon majeur moins le carré
du rayon mineur est constant.

Hors-série n° 36 Le cercle Tangente


SAVOIRS Les fibrations de Hopf

conservent le distances). Enfin effec- ous obtenon une cyclide de Dupin . Et


tuons à nouveau une projection dans l'es- nous avon démontré du même coup
pace.Qu'avons-nous obtenu? qu 'en tout point de la cyclide de Dupin
pas ent quatre cercles. Remarquons enfin
qu ' une inversion (voir article en page
120) nous aurait pennis de pas er du tore
à la cyciide sans sortir de la dimen ion 3.
Mai elle ne nous aurait pas permi de
montrer que les cercles de Villarceau ne
sont que des cas particulier de fibra-
tions de Hopf.

La chaîne des transformations opérées.

Le m llllffllfl p,tœdent. &yll'lt subi une rotltlon dlns Il qm,-


triffllt dimension, devient une cydJde de Dupin.
Deux cyclides de Dupin.

Une cycl ide de Dupin


Rélérences et ses quatre familles de cercles.
François Lavallou, La vue en stfréo, Bibliothèque Tangente 35,
page 35, 2009.
Les fibration de Hopf existent égaie-
Le film Dimensions, à l'adresse
ment en dimen ion supérieure. Elles ont
http://www.dimensions-math.org/Dim_fr.htm •
de nombreu e application en physique
H.S.M. Coxeter, Regular Complex Polytopes, Cambridge
(notamment en mécanique quantique). JI
Un iversity Press, 224 pages, 1991 .
est ainsi prouvé que l'étude de la qua-
Marcel Berger, Les cercles de Vil/arceau, Pour la Science 292,
trième dimension n'est pas qu'un pur
page 90, février 2002.
exercice intellectuel !
Marcel Berger, Géométrie, Nathan, 5 volumes, 1977.
J ...J. D.

Tangente Hors-série n° 36 Le cercle


par Michel Criton EN BREF

le who's who des cercles


le cercle de Tavlor
Soient ABC un triangle, HA' H8 et
He les pieds des hauteurs respective-
ment issues de A, B et C.
En construi sant les perpendicul aire
aux côtés passant par les points HA,
H8 et He, on obtient ix points HA.B•
H8 .e, He.A• HB.A' H .B et HA. . Ces
six points appartiennent à un même
cercle appelé cercle de Taylor du
tri angle AB C. Henry Martyn
Tay lor ( 1842- 1927) est un
mathématicien anglais (à ne pa
confo ndre avec Brook Taylor
dont le nom est resté attaché à
des formules d'analyse bien
connues) qui a étudié le
problème en 1882.

Cette configurati on aurait été préa la-


blement abordée en 1877 par le
Français Eutari s (pseudonyme d' un
certain M. Restiau, professeur au
collège Chaptal à Pari s), puis par le
mathémati cien belge Eugè ne
Catalan en 1879.

Hors-série n° 36. Le cercle Ta.ngent:e


JEUX & PROBLÈMES par Michel Criton

Niveau de dilficullé
) tri·s facik

Jeux et t/
t/t/
t/t/t/
t/t/t/t/
focik
pas facik
diflicik
très dillicilc

problèmes
HS3601 - Quel carnaual ! (Kc) ont re pectivement centrés en A,
en B et en C. Le cercles (KA) et (K8 )
Un fabri cant de confettis veut sont tangents extérieurement, et il s
connaître la ma e de papier récupé- sont tous deux tangents intérieurement
rable pour chaque tai lle de confe tti s au cercle (Kc).
fabriqués (voir la fi gure ci-contre). Le
Quelle est la longueur du rayon du
troi carrés ont pour côté a.
cercle (Kc) ?
Aidez-le, en donnant, en fonction de
a, pour chacun des trois cas, l'aire de
HS3604 - Cercle sur l'échiquier t/t/
papier qu'il reste une fois les confet- Mathia a des iné un échiquier ur une
tis enlevés. fe uille de papier. li prend en uite son
compas et trace un cercle qui pas e à
l' intérieur de plusieur case de l' échi-
quier (le des in montre un exemple où
le cercle traver e onze ca es de l'échi -
qu ier).
Si Mathias choisit bien le centre et le
rayon de son cercle, combien de cases
peut-il traverser, au maximum ?

HS3602 - les siK cercles t/

Montrez que si ix cercles ont un point


en commun, alor l'un de six cercles
doit contenir entièrement un rayon
d' un autre cercle.

HS3603 - le triangle et les cercles


t/t/

Le périmètre d' un triangle ABC est


égal à 30 cm. Les cercle (KA), (K8 ) et

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


JEUX & PROBLÈMES

HS3605 - les ndisques vv HS3608 - les quatre cercles vv


n disques en papier de rayon 1dm sont Sur la fi gure ci-dessous, le troi s petit
posés sur un plan de te lle sorte qu ' il s cerc les ont chac un une surface de
pa sent tous par un même point et que 30 cm 2 et sont deux à deux tangents.
ce point se trouve strictement à l' inté- Le grand cercle est tangent à chac un
ri eur du doma ine couvert par les des trois petit .
di sques . Ce domai ne est un « polygo- Calculer la surface jaune en cm 2 •
ne » à côtés curviligne .
Trouvez son périmètre.

HS3606 - C'est tangent v


Trois cercles de centres respecti fs A, B
et C et de rayons respectifs 1 cm, 2 cm
et 3 cm sont tangents deux à deux.
Quelle est l'aire du triangle ABC ?

B
0

HS3607 - les trois cercles vvv


Le cercles de centres 0 1' 0 2 et 0 3 ont
deux mètres de di amètre.
La droite (D) est tangente au cercle
de centre 0 3, c'e t-à-dire que (0 3T)
est perpendiculaire à (AT).
Quelle est la longueur, en mètres,
de BC?

Hors-série n° 36. Le cercle Tangente


JEUX & PROBLÈMES

HS3609 - Partage du cercle


vvv
Sur un cerc le de lo ngueur
24 cm, on place des points de
faço n que les arcs de cercle
co mpri s e ntre deux po ints
con éc utifs mesurent tous 2 cm
ou 3 cm. De plus, en joignant
deux points quelco nq ue , on
n'obtient j amais un diamètre du
cercle.
Combien d' arcs de cercle de D Ivoire D Or
longueur 3 cm sont détermi-
nés par les points placés sur le
cercle? Un demi -cercle de diamètre AB = 4 ;
trois dem i-cercles de diamètres [AC],
[CD] et [DB] tels que AC =CD = DB .
HS3610 - la polka des disques vvv Cette fig ure s ' appe ll e le sa linon
d' Archi mède (l ittéralement « cave à
Deux di que (A de centre O et B de
sel » d'Archimède).
centre P), tangents extérieurement, pra-
Isidore Fèvre a complété ce salinon par
tiquent le mouvement de danse suivant,
le cercle de di amètre [EF] pour obtenir
qui comprend deux temp . A commen-
le de sin du bijou.
ce par rouler sur 8 , dan le sen de
aiguilles d' une montre, de faço n
que son centre ait tourné d' un
angle a stri cte me nt compri s E
entre 0° et 180° autour du point
P. Ensuite, c'est au tour de B de
rouler autour de A, dan le sen
des aiguilles d' une montre, d' un
angle a /2 autour du point O.
Les partenaires effectuent di x
mouveme nts complets de cette
danse, après quoi ils se retrou-
vent pour la première fo i glo- A
bale ment dans leur pos ition de
départ.
Donnez la valeur de l' angle a
en degrés. F

HS3611 - le bijou de Belinda fram- Le Prof lia Ransor affi rme que le ali-
Heto vv non et le cercle de diamètre [EF] ont la
Isidore Fèvre a ciselé pour son amie même aire.
Belinda Fram-Heto le bijou chry élé- li affirme aussi que les quatre pétales
phantin dont les caractéristiques sont d' ivoire sont d'aires égales.
données par les dessin ci-dessous.
Démontrez ces deux affirmations.

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


« Cette croi..x est bien fluette, dit-il.
HS3612 - SI, c'est possible ! vv
- Elle occupe tout de même plus du
La figure est formée de deux demi- quart de la surface du carré, rétorque
cercles centrés sur [AB]. La corde l'orfèvre.
[CD] est tangente au petit demi-cercle, - Vous exagérez, c 'est à peine si elle en
parallèle à la droite (A B), et mesure occupe le cinquième ! »
14 cm.
Sauriez-vous dire qui a raison ?

HS3614 - la place de Lembach vvv

A 0 B

Quelle est l'aire de la partie bleue ?

HS3613 - Une nouuelle croiK de malte


vv
L'Ordre de Malte désire instituer une
?•
nouvelle décoration . Son Grand Maître
a confié à un orfèvre le soin d ' imaginer
la croix correspondante.
Grand organisateur à Lembach des fes-
Lorsque ce dern ier revient avec la pro-
tivités de I' An née mondiale des mathé-
position ci-dessous, le grand maître
matiques , Émi le Le Bon e t charoée, de
n'est guère sati sfait.
placer le mât du drapeau du Rallye
mathématique d 'Alsace au centre de la
place circulaire de son vi llage.
Il ne dispo e pour cela que d'une règle,
de longueur infinie, non graduée et à
côtés parallèles, et d'un crayon.
Comment doit-il procéder ?

Hors-série n° 36. Le cercle Tcingent:e


1
EN BREF par Michel Criton

le who's who des cercles


Le cercle de Vecten
So it un triang le ABC. Si l'on construit tro is car-
rés extérieurement sur les côtés du tri angle, les
centres O A• 0 8 et Oc des carrés fo rment un tri-
ang le appelé triangle de Vecten (ce tri angle
est le tri angle extérieur; on obtiend ra it le tri-
angle intérieur de Vecte n en construi sant le
trois carrés vers l' intérie ur du triang le). Le
cercle circonscrit au triang le de Vecten est le cercle
extérieur de Vecten . De nombreuses propriétés sont
liées à cette fi gure. Par exemple, l'aire du tri angle de
Vecten est égale à celle du triang le A BC augmentée de
2
(a 2 + b + c 2)18. où a = BC, b = AC et c = AB . Ûc
On a peu d 'éléments sur la vie de Vecten. Ce mathé matic ien
fra nçai fut professe ur de mathématiques spéc iales au lycée
de Nîmes.
Il publia vingt-deux articles dans le Journal de Gergonne
dans les années 18 10- 1820 .

Cercles de réflexion
Le cercle est un symbole d'C:•galité puisque tous ses
points jouent le même rôk• et sont C:•quidistant du
centre. Vers le milieu du XVIIIl' siècle, l'utilisation du
mot « cercle » devient courante pour désigner un
groupe de personnes se ri•unissant dans un salon
pour discuter d'un thème. Ils deviennent au début du
XIXl' siècle de véritables associations au point que
l'historien Maurice Agulhon (né en 1926) affirme que
« le cel'ele est JJOUr ln France ce C/U 'est le cluh clans
l'unfoers l,ritcmnique ». Ils jouent un rôle important
dans l'évolution de la politique frall(;aist• dt• l'i·poquc.

Ta.ngent:e Hors-série n°36. Le cercle


• •• • ••••• Tangente le magazine Les hors-séries thématiques • • • •
des mathématiques • •. • 4 lois par an, les hora·oérlff Thématiques
,Œfi!l!f.!!OM'9I (format " kiosque") pour explorer un sujet
Ces numÈros dêau mol~s s~ages explorent
un grand dossier de savoir ou de culture
mathÈmatiques.
Oemlera perus :
Les Transformations,
Le Cercle
Les Algorithmes
Ce sont de magnifiques ouvrages dêen
moyenne 160 pages (prix unitaire 19,60 ), Disponibles
nchement illustrÈs, approfondissant le sujet • chez votre marchand de journaux
du dernier numÈro des HS Thènaliquesde - ou avec l'abonnement PLUS.
Tangente (HS çkiosqueé).
Disponibles Pour nos lecteurs les plus
- chez votre libraire curieux, les articles des
• avec l 'abonnement SUPERPLUS 'Tllènatiques de Tangente sont
* un prix exceptionnel (33% de rÈducfion) . repris et complÈtÈs dans les hors·
sèries de la Biblioth ~ue '/fngente.

• • • • • • • • • • • Tange te Sup
6 numÈros par
qui veulent aller plus loin. Ils tra
*
, destinÈs
des dossiers du
Tangente Éducation • • • •
Nouvelle formule trimestrielle
damier Tsngentet un rweau supÈrieurL - - -- - dNtlnée eux enulgnants
et initient aux grandes da la science. pour aborder des thèmes de pÈdagogie
variÈs (les manuels scolaires, es TICE, lêerreur
les examens, les programmesÉÉ).
NOUVEAU ! Abonnement de soutien
~------------------------------------------------ -------------------- -------------------- -
codif : POLE HS36
Bulletin d'abonnement à retourner à:
Espace Tangente - 80 , bld Saint-Michel - 75006 PARIS
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom ... ................. ... .
Établi ssement ........ .. ........... .. ..... . ....... . .. . . . ..... . . .. . . ..... . . . .. . .
Adresse ................................... . ................................. .
Code Postal . . . . . . . . . . . . . Yi lie . . ... . .......................................... .
Profess ion .......... .. ................ E- mail .............. . ................. .

Oui, je m'abonne à HORS MÉTROPOLE

* Réduction de 2 €/an en cas d'abonnement à Tangente


** Donne droit à tous les titres Total à payer
Je joins mon paiement par (établissements scolaires, joindre bon de commande administrati f):

O Chèque (uniquement payable en France)


O Carte (à partir de 30 €) numéro : 1 1 1 1

Date et Signature: Expi ration le: ........ ./ ........ .


SOLUTIONS par Michel Criton

Solutions
HS3601 HS3604
Dans les trois cas, l'aire du papier restant est L' intérieur de l'échiquier contient sept lignes ver-
égale à a2 ( 1- n). ticales et ept lignes horizontales. Un cercle peut
4
couper au plus deux fo is chaq ue li gne, ce qui
HS3602 donne un max imu m de vingt-huit poi nts d' inter-
section distincts entre le cercle et les lignes inté-
Soient I le point commun rieures de l'échiquier. Si le cercle ne
aux six cercles et 10" passe par aucun sommet du quadrillage,
102, 103, 104, 105, 106 ce que l'on pe ut touj ours réa li ser
les six rayo ns aboutissant moyennant un dépl acement du centre,
au point 1. Il ex iste deux ou une modification du rayo n, aussi
de ces rayons 10; et IOj (i mi nimes soient-ils, chaque intersection
di ffé rent dej) formant un correspond au passage d ' une case dans
ang le in fé rieur ou égal à une autre. Le cercle peut donc théori-
60°. Alors celui de ce que me nt traverse r au max imum 28
deux cercles ayan t le plus cases . Le des in ci-contre mo nt re
grand rayo n contient un rayon de l'autre. qu' une te lle solution ex iste.

HS3603
Si RA> RB et Re désignent les rayo ns respecti f
des cercles (KA), (KB ) et (Ke), o n a :
AC = Re - RA> BC = Re - RB,
et AB = RA+ Ra. On peut donc écrire:
Re - RA + Re - Ra + RA + RB= 30cm,
oit 2Re = 30cm d 'où Re = 15cm.

Tc:ingente Hors-série n°36. Le cercle


SOLUTIONS

HS3605 HS3608
Soit i compri s entre I et 4. La longueur de l' arc Désignons par r le rayo n d ' un petit cercle, et par
B;B;+~ est égale à la mesure de l'ang le 1ff51J::i. R le rayon du grand cercle.
D'après le théorème de l'ang le inscrit, la mesure R = OG =OH + HA + Ap.

-- --
de cet angle est égale à la moitié de celle de Les quatre petits tri ang les équilatéraux ont pour
1' angle B/B;+ 1• La somme des quatre angles côté r.
B/Bi+I est égale à 2n:. Le périmètre demandé est
.[3 .[3
donc auss i égal à 231:. On a OH = - r, HA 3 = -2 r.
6 .

2
D'oùR = -{3 r+ -{3 r+r= r(I + -{3 l·
6 2 3
Or n? 30. Donc l'aire cherchée e t égale à :
2
n:?((1 +2m)2-3)-2n:r (2-{3- 1) / 3

o it 20(2 3 - 1), environ 49,3cm 2.

HS3606
On a AC = 4cm, AB = 3cm et BC = Sem. Le tri -
angle ABC est donc un triangle rectang le en A et
son aire e t égale à AB x AC/ 2 = 6cm 2.

HS3607
On peut appliquer le théorème de Pythagore dans
le triangle 0 2 HC, où H e t le pied de la hauteur
issue de 0 2 ur BC :
HC 2 = 1 - 0 2H2.
En appliquant le théorème de Thalès, on obtient : HS3609
0 2H = A0 2 = 3
0 3T A0 3 5 On peut décomposer 24 de
cinq faço ns :
Donc 0 2H = 3 24 = 12 X 2
5 24 = 2 X 3 + 9 X 2
et HC 2 = 1 - 9 = 16 24 = 4 X 3 + 6 X 2
25 25
La première et la cinquième sont incom-
d'où HC = 4 . patibles avec l' obligation de n' avoir aucun
5 di amètre en jo ignant les poi nts disposés sur
Le triang le B02C étant isocèle, le cerc le. Nous avons donc seulement à exami-
BC = 2HC = 8/5 = l ,60m. ner les trois autres cas.

Hors-série n° 36. Le cercle Tcingent:e


SOLUTIONS
Le deuxième et le quatrième condui ent chacun po 1t1on ne dépend que des rayons des de ux
aux solutions représentées ci-dessous. di sques et de la va leur de a).
3 2 3 3 b
2 2 On doi t donc avoir :
2 2
2 2
3
c 1
3 ~a = 2krr., avec 3 nt .- 2k 'rr. pour n
< 10
2 2 3 d
3 h
2 2 3 L'égalité c i-dessus donne (en degrés) a= 24 k0 •
3 2 e
g Il fa ut donc déterminer les valeurs de k comprises
e ntre 1 et 7, pour leque lles l'égalité se produi t
Par contre, on peut montrer que la tro isième abou- pour la prem ière fois.
tit à une impossibilité. En effet, on a alor di x arcs La valeur k = 1 convient,
de cercle (quatre de 3cm et six de 2cm). Traçons k = 2 ne convient pas,
une ligne séparant ces arcs en deux ensembles de car 3 x 5 x 48 / 2 = 360,
ci nq arcs (voir fig ure page précédente). Si un côté k = 3 convient,
contient quatre arcs de 3c m (abcde par exemple), k = 4 ne convient pas,
l' autre (jghij) ne contient que cinq arcs de 2cm, et car 3 x 5 x 96 I 2 = 720,
on peut grouper trois de ces ci nq arcs de 2c m avec k = 5 ne convient pas,
deux arcs de 3cm (ab ou bien de, puisque abcde car 3 x 2 x 120 I 2 = 360,
ne contient qu ' un seul arc de 3cm). Si un côté k = 6 ne convient pa ,
contient un seul arc de 3c m (abcde par exemple), car 3 x 5 x 144 / 2 = 1080,
l' autre (jghij) en contie nt trois. Nous avons a= 2 k = 7 convient.
ou e = 2. Pour des raisons de symétrie, on peut Le probl ème possède do nc tro is solutions
supposer a = 2. Si j = 3, alors l' une des sommes l'ang le a vaut 24°, 72° ou 168°.
j+a+b+c+~ i+ j + a + b + ~h + i + j+
a + b ou g + h + i + j + a vaut 12 (si ce n'est pas
le cas de la pre mière, e = 3 et b = c = d = 2).
Si j = 2 et i = 3, alor l' une des sommes i + j + a
+ b + cou h + i + j + a + b ou g+ h + i + j + a
vaut 12. Si j = i = 2 eth = 3, alors l' une des
sommes h + i + j + a + b ou g + h + i + j + a
vaut 3.
Enfi n, si un côté contient deux arcs de 3cm, al ors
la somme des longueurs des arcs de ce côté vaut
12cm.
Les point pl acés sur le cercle déterminent donc 2
arcs de 3cm ou 6 arcs de 3cm.
HS3610
Si l'on ne tient pa compte de la rotation des
d isque sur eux- mêmes, on peut raisonner comme
s' il s'agis ait d ' un système de deux di sques tan- HS3611
gent assemblés l'un à l'autre de faço n rigide.
Les deux déplacement successifs composant un Soi t R = OA = 2 cm. Le rayon des petits cercles
mouvement consti tuent une rotatio n du système est R/3. Ai re de salimon = 4 rr.R2 = 16 rr.R2
d'angle - 3a / 2, et dont le centre est le po int W, 9 9
intersection des médi atrices de [PP 1] et de [OO 1]
et Aire du disque = rr.( 2f )2 = 16 rr..
(voir fi gure : ce centre de rotation est fi xe ; sa 9

Tangente Hors-série n°36. Le cercle


JEUX & PROBLÈMES
Par ymétrie, le demi-cercle et le demi-sal inon
HS3614
sont d ' aire égale. Grisons la partie
commune aux deux fig ure . Le deux pétales sont
les compléments d ' ai re
égales de la partie grisée. Les quatre pétales sont
donc d 'aires égales .

HS3612
~
M'
~'--
~ ~ s
Un placement de la règle permet de tracer deux
A 0 B parallè les dont la distance est la largeur de la
règle. Il est donc fac ile de tracer des parallè les
On peut déplacer le petit demi-disque et le centrer équidi stantes. L' intersection de deux bandes de
en O sans modifier !faire de la partie bleue. mê me largeur est un losange dont on sait que les
diagonales sont perpendiculaires .
On a alors ID 2 = R2 - ?.
Ces considérations condu isent fac ilement à une
On en déduit l' aire de la zone colorée en bleu :
solution. On trace une sécante quelconque (Al) au
2
cercle. On peut déterminer des points M et M '
Aire bleue= :n: (R2 - ,2) = :n:10 - 49:n: équidi stants de A sur cette sécante en la coupant
2 2 - 2
par des parallè le équidi -
tantes. En plaçant alors la
règle dan les deux pos itions
HS3613 telles que l'un de ses bords
passe par M et l'autre par M ',
on obtie nt un losange dont
En choisissant a comme demi-diago- [MM '] est une diagonale. La
nale du grand carré, l' aire de ce grand seconde di agonale de ce
carré est 2a2. L' aire de deux branches losange est perpendicul air e à
de la croix est donc égale à l' aire du (AI). Elle recoupe ai nsi le
grand carré moins les deux quart de cercle en un point J diamétra-
disques de rayon a et ma in le deux lement opposé au point 1. En
quart de di sque de rayon construi sant un second dia-
mètre de cette faço n, on obtient le centre du
a (Y2 - 1), soit 2a - (:n:/2) [a 2 - a 2(Y2 - 1)2].
2
cercle.
L'aire des quatre branche de la croix est donc le
double : 4a 2 - 2a 2 - :n:[a 2 - a 2(Y2 - 1)2] . Après
simpli ficatio n d 'écriture, il vient que cette ai re est
égale à 2a 2[2 - :n: (2 - Y2 )]. Le rapport de la croix
au carré est donc 2 - :n: (2 - Y2 ), soit 0, 16 par
excè , ce qui est infé rieur à 0,20 .
Le Grand Maître a donc raison.

Hors-série n° 36. Le cercle Tcin9ente


Tangente .Hors-série ·r; 0 36
Le cercle

Ta.ngente
est publié par Les Éditions POLE
sns au capital de 40 ooo euros
Siège social :
80 bd Saint-fflichel - 75006 Paris
Commission paritaire : 101 l K80883
Dépôt légal à parution

Directeur de PubUcation
et de la Rédaction
Gilles COHEn

Secrétaire de rédaction
Édouard rnomns

Ont collaboré à ce numéro :


Hndré BfUHÎCHE, Élisabeth BUSSER,
Francis CHSIRO, michel CRITOD,
Jean-Jacques DUPHS, Bertrand HHUCHECORDE,
François LHUHLLOU,
Herué LEHDIDG, marie-José PESTEL

ftbonnements
Tél.: 01 47 07 5115 - fax: 01 47 07 8813

maquette
Claude LUCCHIDI
Guillaume GHIDOT

Photos : droits réserués


Achevé d'imprimer
pour le compte des Editions POLE
sur les presses de l' imprimerie Louis Jean
05000 GAP
Imprimé en France -
Dépôt léga l 427 - Octobre 2009
cercle
faite courbe
Depuis Ératosthène, Ptolémée,
Apollonius ou Archimède,
le cercle est, sans aucun doute,
l'un des objets géométriques
les plus familiers.
Compagnon discret de notre
quotidien, il est à la fois
porteur de remarquables
propriétés mathématiques
et d'une puissance esthétique
sans égale.

Mais que sait-on réellement du


cercle ? Que cache-t-il derrière
cette apparente simplicité?
Le connaît-on aussi bien qu'on
pourrait le croire? Pas si sûr...

Faisceaux, puissance d'un point,


symétrie, grands théorèmes
de la géométrie, Poincaré, Euler..•
il n'est pas un thème dont le
cercle soit absent. Et cet
inlassable objet d'étude fait
toujours l'objet de travaux, qu'ils
soient ludiques ou académiques.
Des cercles, on en découvre
tous les jours !

EDITIONS.

Prix: 19,80 €
POLE

Vous aimerez peut-être aussi