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La quadratur e
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Tcing L'Aven~re nuithémAtiqwe
e
Les maths
de l'impossible
la quadrature du cercle I
ËDiTiONS
POLE
EDITIONS .
POLE
les mathématiques
de l'impossible
Sommaire
Impossibles ces figures ?
Littlewood, le mathématicien qui tutoyait l'impossible
La quadrature du cercle
La trisection de l'angle
Impossible est-il géométrique ?
Rapports d'engrenages impossibles:
comment ne pas se casser les dents
Des imaginaires parfois complexes
Quand des systèmes élémentaires sont impossible
Systèmes linéaires impossibles et inverses généralisés
Raymond Queneau et les équations de degré 5
Un découpage paradoxal et néanmoins rigoureux
Théorèmes d'impossibilité relatifs à des élections
Algorithmes numériques impossibles
Le problème impossible
Un problème impossible et néanmoins soluble !
Magiciens de père en fils
Paradoxes et démonstrations paradoxales
Les bijections inattendues
On va faire un petit tour... en base 4
Ces extraordinaires courbes de remplissage
Les jetons bicolores
L'égalité de tous les réels ou le théorème de l'impôt cible
Impossible, même à un Dieu omnipotent ?
Les chaussettes de Ramsey
Les trois dés
En bref
Notes de lecture
Problèmes
Solutions
Ceci n'est pas un cube rance des règles du dessin perspectif. La Renais-
sance a remédié à cette lacune avec en particulier
Tout comme dans les cubes assemblés de Brunelleschi et Alberti, les artistes théoriciens
Reutersvii.rd, le dessin du cube en fil de fer de la perspective, devenue une science avec la
ci-dessous, tracé en 1832 par le cristallo- géométrie projective de Desargues au XVIIe
graphe suisse Louis Albert Necker, est siècle. On a vu par la suite quelques fausses pers-
ambigu. Sans être « impossible », il peut pectives volontaires (William Hogarth, en
faire l'objet d ' une double perception. 1754), mais c ' est au xxesiècle qu'on a cassé
les codes et que sont apparues les perspectives
intentionnellement fausses.
Premières figures
paradoKales
~ ,, ~~ r, ~ .~""~' ~ ·~~ ,, , L'artiste suédois Oscar
Reutersv ard (1915-
2002) est véritablement
le créateur de s pre-
Le cube ambigu de Necker. mières « figures impos-
sibles ». Il dessine en
1934 un assemblage
de cubes à la disposi-
tion p aradoxale . Six
cubes centraux dispo-
sés autour d' une étoile,
le premier en avant-
Un timbre suédois en plan du deuxième, lui-
l'honneur de Reutersvard. mê me e n avant-plan
du troisième .. . le cin-
quième en avant-plan du sixième .. . lui-mê me
devant le premier ! En les reliant, il obtient le
fameux « triangle impossible ». Il fabriquera toute
sa vie d ' innombrables autres images paradoxales ,
Cube impossible. reflets d'objets impossibles.
Montée et Descente.
Maurits Cornelis Escher, 1960.
Rendre ~ossible
l'impossible
Les « figures impossibles » sont certes
impossibles à réaliser concrètement
sans être ou brisées ou tordues. Cepen-
dant, certains se sont obstinés et, pre-
nant la photo sous l'angle convenable ~
é
pour entretenir l' illusion, ils l'ont §.
:::;
fait ! Regardez par exemple ces « repro- --~~--- <
ductions » en Lego® d 'Andrew Lip- Chute d'eau de M.C.
son (www.andrewlipson.com) : on Escher en Lego®
s'y croirait ! par Andrew Lipson.
Impossibles,
ces figures ? (31
l'illusion Penrose
Trois figures En 1958, soit vingt-quatre ans après Reutersvard,
le mathématicien britannique Roger Penrose réin-
La quadrature
du cercle
« Quadrature du cercle » a pris le sens de « problème
impossible ». Pourtant, elle est réalisable ! De manière
approchée, elle correspond au calcul du nombre rt. De façon
exacte, à l'invention de divers instruments ou techniques.
Alors qu'est-ce qui est impossible dans la quadrature ?
our calculer l'aire d'un domaine, De façon générale, pour les Anciens
A
1 1------< >
1
------lc
B
Ile point de coordonnées (1, 0). Les droites et les cercles
du plan possèdent des équations cartésiennes du type
=
ax + by =cet (x - a)2 + (y- b)2 c2 , où les paramètres
a, b et c sont déterminés par opérations algébriques sur
les coordonnées des points définissant ces droites et
ces cercles. Les coordonnées d'un point An de la suite
s'obtiennent donc par résolution de systèmes de la
Duplication du carré : le carré jaune a forme:
une aire double de celle du carré vert.
ax + by = c {ax + by = c
Pour construire le jaune à partir du
{ a'x + b'y = c' ' (x - a')2 + (y - b')2 = c' 2 '
vert, on trace le cercle de centre B
passant par A, il recoupe (AB) en C.
(x-a)2 +(y-b)2 =c
On trace alors les cercles de centres A ou .
{ (x - a')2 + (y - b')2 = c' 2
et C passant par C et A. Ils se coupent
en un point D. On trace la droite (BD).
Elle coupe le premier cercle en En résolvant ces systèmes, on observe que les coor-
un point E. [AE] est un côté du carré données du point An sont solutions d'équations algé-
d'aire double, qui se trouve ainsi briques de degré 1 ou 2, équations dont les coefficients
complètement déterminé. sont obtenus à partir des coordonnées des points A0 ,
A1••• An-l" Cela permet de justifier le résultat de Want-
Sur le papier, une telle construction zel : les coordonnées des points constructibles sont
donne une valeur approchée médiocre. obtenues par succession d'additions, de soustractions,
La précision totale est impossible, sauf de multiplications, de divisions et de passages à la
en idéal. Pour les mathématiciens grecs racines carrés à partir de nombres entiers. Inverse-
comme pour leurs successeurs, derrière ment, il est possible de construire un point dont les
ces objets (règle et compas) se cachent coordonnées soient de la forme ci-dessus.
des concepts. Ceux-ci sont définissables Réaliser la quadrature du cercle revient à construire
de manière abstraite à partir de la notion à la règle et au compas une suite finie de points
de distance , plus court chemin d ' une (An) n;,; 0 dont deux éléments Ak et Am vérifient. Si cette
part et points équidistants de l'autre. quadrature était possible, les coordonnées des points
Dans le monde des idées dont parle Pla- étant des nombres constructibles, rt serait lui aussi un
ton (au IVe siècle avant notre ère), la nombre constructible. En prouvant en 1882 que rt est
construction à la règle et au compas est transcendant, Lindemann établit par la même occasion
exacte. Cette justification est souvent que rt n'est pas constructible: la quadrature du cercle
avancée pour exp liquer l'utilisation est impossible. D. D.
exclusive de ces instruments. Son défaut
La quadrature
·du cercle consiste à 0 1 u
construire, à la
règle et au compas Constructions à la règle et au compas :
et en un nombre si u et v sont constructibles, alors u + v
fini d'étapes, et u - v le sont grâce à une utilisation
un carré de même du compas. Le produit u v l'est d'après
surface. le théorème de Thalès. L'inverse de u se
construit en faisant coïncider u v avec 1
dans la figure du bas.
Si on change les règles, la quadrature
du cercle est possible , soit de façon Par ailleurs , en utilisant les équations
approchée, soit en utilisant d'autres de droites et de cercles, on démontre
moyens que la règle et le compas . que les nombres constructibles sont
• •
a r1sec 100
de l'angle
À l'aide d'une règle et d'un compas, il est assez facile de
séparer un angle en deux parts égales en construisant une
bissectrice. Est-il de même possible de le séparer en trois ?
C'est le problème de la trisection de l'angle, qui date de
l'antiquité grecque.
e nombreux mathématiciens
La trisectrice de mactaurin
Q 0
s
En considérant
=
le triangle OPQ, 2a p.
En considérant
Q 0 le triangle POM, 2p =a+ 8.
/f
··....
·· .....
.....-------·/
MATiiEMATIQu&
.....
,. ,., .,.
Cours de mathématique à H
0
___::.~a:..:::.:-..
. . ._. __ilo-·
Dl J:AaTILLU,ll tr m, OlNlt.
OO L' O• . . PL l~II I.
.--
l'usage de l'artillerie et du
génie, le mathématicien Ber- Considérons le point H (2, 0), puis le point L
.... . • L ~ IUI.
nard Forest de Bélidor ( 1698-
u • 110 1u 1• &
•o,u11oic111 1 d'intersection de l'axe des ordonnées avec la paral-
U DUC D U MA I NS.
"'" L::.:,~1-;_-.;:;• - 176 l) expose une méthode lèle à la droite (AS) passant par H (voir la figure
de construction point par point ci-dessus). La pour coordonnées (0, n). On
....... u .
- Ct.-:-J:::.:~-::.~:· ....
cc.........
....,_
_..,..._... _
.. ..... ,,,,_ ... de la quadratrice de Dinos-
trate, puis il explique com-
peut alors construire le segment [BF], qui a
pour longueur J; . Pour cela, on considère le
ment se servir de cette courbe point M(-1, 0), puis
construite « mécaniquement » pour réaliser la le cercle de diamètre
trisection de l'angle (voir l'article sur ce sujet). [ML]. Dans le tri-
Une représentation paramétrique du support de angle MFL rectangle
la quadratrice de Dinostrate est en F, nous avons
BF2 = BM BL =n.
le texte de Bélidor
Bernard Forest de Bélidor a décrit la construction
point par point de la quadratrice de Dinostrate dans
le texte suivant.
« Pour décrire cette courbe, il faut diviser le rayon
AB en un grand nombre de parties égales ; de
manière que le quart de cercle AT puisse être divisé
en un même nombre de parties égales ; ainsi nous
supposerons que l'on a divisé le quart de cercle en
seize parties égales ; aussi bien que le rayon AB.
Cela posé, après avoir tiré les rayons BC, BD, BE,
BF, etc. l'on tirera par les points G, H, / , K, etc. des
parallèles au demi-diamètre BT, qui allant ren- Autrement dit : longueur (AD) AH
contrer les rayons qui divisent le quart de cercle don- longueur (DF) HK
neront les points L, M, N , 0, etc. avec lesquels on De là à la trisection de l'angle, il n'y a qu'un pas:
tracera la courbe AS, que l'on pourra faire beau- « Supposant que l'on ait tracé sur un morceau de
coup plus juste, en divisant le quart de cercle & et corne ou de carton bien uni, la courbe AD de la façon
le rayon BA en un plus grand nombre de parties égales, qu 'on vient de l'enseigner, on propose de diviser
que l'on n'a fait ici, afin d 'avoir les points L, M, ['Angle OPQ en trois parties égales. Pour résoudre
N, 0 , beaucoup plus près les uns des autres, & que ce Problème, supposant que la courbe accompagnée
le point Rformé par la rencontre du dernier rayon de son quart de cercle AC,jefais l'angle ABE égal
BP, & la parallèle QR, approche le plus près qu 'il à l'angle donné, & au point F, où le rayon BE coupe
est possible du demi-diamètre BT, pour rendre insen- la courbe AD, j'abaisse la perpendiculaire FG sur
sible l'erreur que l'on pourroit faire en continuant le diamètre AB, qui me donne la partie AG, que je
mécaniquement la courbe AR jusqu'à la rencontre divise en autant de parties égales que l'angle donné
du demi-diamètre .» soit divisé . »
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Réaliser le tripoutre
Pour réaliser un tripoutre, on peut commencer
par reproduire, découper et assembler le modèle
en suivant les simples indications de la figure ci-
contre . Si tout se passe bien, vous obtiendrez une
sorte de maquette avec quatre barres (en papier)
à angle droit. Maintenant, il s'agit de se posi-
tionner avec un appareil photo face à la maquette
et de choisir un point de vue, en jouant sur la dis-
tance qui sépare l'objectif de la maquette, afin
de fusionner visuellement la barre supérieure
proche du photographe avec la barre du fond (voir
les différents essais ci-contre) . Il est parfois néces-
saire de rogner l'angle de la barre supérieure (mar-
qué avec un point rouge) pour le faire coïncider
parfaitement avec la barre à l'arrière-plan. Avec
un peu de patience, et beaucoup d'essais, vous
obtiendrez d'excellents résultats ! réel ont une orientation fort différente . Il s'en-
L' illustration ci-dessus montre comment notre suit qu'il est possible de fabriquer de nombreuses
cerveau perçoit un seul et unique triangle ABC alors variantes de la maquette pour atteindre le même
que les droites qui le représentent dans l'espace résultat visuel.
•
mposs1 e
est-il géométrique ?
« Impossible » disaient les géomètres grecs à propos d'une
construction qui ne pouvait se faire à la règle et au compas en
un nombre fini d'étapes. Pourquoi une telle rigueur? Ne peut-
on pas imaginer transgresser les codes et les conventions
pour amadouer l'impossible ?
l est, et cela se démontre, des figures parallèles, et d'un compas à ouverture
Quadrature du rectangle.
domaine du possible et les Grecs aussi avant la théorie de Galois (1830), dévoila
bien que leurs successeurs se sont heur- la clef du mystère de leur construction :
tés à ces nouveaux problèmes : quadra- on ne pouvait, a-t-il démontré, construire
ture du cercle, trisection de l'angle, de polygone régulier à p côtés que si
duplication du cube, construction de l'entier pétait de la forme 2a ou 2a x p 1
certains polygones réguliers ... autant x p 2 x ... x Pn, les P; étant les nombres
de problèmes impossibles à résoudre premiers de Fermat, c'est-à-dire des
avec une règle et un compas. nombres premiers de la forme (2 2' + 1).
Et voilà le mot « impossible » lâché : on Par-delà le triangle équilatéral ou le
a un jour démontré que ces problèmes pentagone, on saura donc construire
qui empêchaient de dormir les géomètres l'heptadécagone, polygone régulier à
grecs étaient insolubles (voir les articles dix-sept côtés, construction d'ailleurs réa-
qui précèdent) ! C'est d'ailleurs un lisée par Gauss lui-même, mais ni l ' hep-
mathématicien français qui apporta en tagone ni le polygone régulier à onze
1837, par le biais de l'algèbre, la preuve côtés.
définitive de leur insolubilité : Pierre-Lau-
rent Wantzel. Il parlait, lui, de« nombres Hppriuoiser l'impossible
constructibles », c'est-à-dire dont on
pouvait, une unité étant donnée sur un Malgré ces constats d'impossibilité, les
axe, construire l'abscisse à la règle et géomètres ont, au fil des âges, redou-
au compas. Inspiré par les résultats du blé d'ingéniosité pour inventer, qui une
mathématicien norvégien Niels Henrik courbe, qui un instrument de tracé méca-
Abel (1802-1829), Wantzel prouva, dans nique pour réussir néanmoins ces construc-
son mémoire Recherche sur les moyens tions que le simple usage de la règle et
de reconnaître si un problème de géo- du compas leur refusait.
métrie peut se résoudre avec la règle et Ménechme (IVe siècle avant notre ère),
le compas, le théorème qui va porter par exemple, disciple de Platon, pré-
son nom : « Tout nombre constructible cepteur avec Aristote d'Alexandre le
x est racine d'un polynôme à coeffi- Grand, sut ramener le problème de
cients entiers et le degré du polynôme construire un cube d'arête y et de volume
minimal admettant x pour racine est une double d'un cube donné d'arête x à la
puissance de 2. » Après cela, exit la tri- recherche de deux moyennes propor-
section de l'angle. Exit également la tionnelles, x et y, telles que
duplication du cube. Exit enfin, quelques 1 X y . d' une part y =.r2
- = - = - , smt
années plus tard, la quadrature du cercle. X y 2
2
Restaient les polygones réguliers. Là, c'est et d'autre part y=- .
X
le mathématicien allemand Carl Frie-
drich Gauss qui, en 1801, donc bien La solution tient donc à l'intersection
'' ,,
'' ;
;
... '\ I
/
\ I
\
I
B
I
I I
s10
I I
1 1
1 B
•
A
1
1
1
•
1 1
I I
Trisection de l'angle au compas 1 'o-
et à la règle marquée. 1 6
1
Rapports d'engrenages
impossibles :
comment ne pas se casser les dents
Les engrenages sont une source inépuisable de problèmes
mathématiques. La reconstitution de la machine d'Anticythère
à l'aide de simples briques danoises conduit entre autres à des
problèmes arithmétiques insoupçonnés.
es briques danoises sont extra- fi l'impossible nul n'est tenu
L ordinaires : elles permettent, à
partir d'éléments standard, la
construction de modèles qui se décli-
Seuls les rapports multiple de 2, 3 et
5 sont possibles à l'aide des éléments
nent à l'infini. En particulier, les Lego® fournis avec nos briques danoises.
Technic (The Lego Group) permettent Comment réaliser alors les rapports de
la construction de presque toutes les la machine d' Anticythère, qui sont 2,
machines mécaniques concevables. À 3,4,5, 10, 15, 19,47, 127,223,235
tel point qu'un Américain, Andrew et 254 ? C'est impossible a priori, et
Carol, a construit chez lui les plus pro- pourtant ...
digieuses machines de l'histoire, à
savoir la machine d' Anticythère et la
machine de Babbage.
La reconstruction de la machine d 'An-
ticythère est particulièrement intri-
gante. En effet, la machine originelle
contient une trentaine de roues den-
tées, avec nombre de dents assez variées.
Or, avec les roues dentées Lego®, nous
n'avons accès qu'à un nombre limité
de roues (pour les engrenages droits,
huit, vingt-quatre ou quarante dents).
Une question se pose alors: comment
faire un rapport de réduction quel-
conque avec les roues Lego®, et est- Roues à huit et seize dents,
ce toujours possible ? pour un rapport 2.
m_ = Z1Z 3 = z_
m_. Z 2Z 4 z_
Le chariot chinois
Pour peu que l'aiguille désigne le Sud Cela dit, trouver les
au départ, c 'est donc une boussole méca- valeurs « qui vont
nique. La légende veut que le chariot bien » revient à
chinois ait été inventé 2 500 ans avant résoudre des équa-
notre ère. Cependant, la première trace tions diophan-
officielle de cette merveille technolo- tiennes , ce qui est
gique date de 200. souvent très diffi-
On peut modéliser le chariot chinois cile (on n'est jamais
comme constitué de deux différentiels assuré de l'existence
(de gauche à droite sur la figure). L' arbre d ' une solution , par
d'entrée du premier est la roue gauche ; exemple) .
l'arbre de sortie du premier est l' arbre Dans notre exemple de base, essayons Le chariot chinois.
d'entrée du second ; l'arbre de sortie du de traiter le rapport 19. Le nombre 19 étant
second est celui de la roue droite. Une premier, il est impossible de l'obtenir
roue engrène entre les deux porte-satel- grâce à des puissances de 3 ou 5. En
lite, elle mesure la différence de rota- partant de la vitesse w, nous allons intro-
tion entre les deux roues . duire un train d'engrenages vers l'en-
Si on part de la roue gauche, on obtient trée du différentiel et vers le porte-satellite
(avec des notations transparentes) : du différentiel, puis essayer de récupé-
W axe_central - W ps 1 =W ps 1 - W roue_gauche · rer w 8 = 19w. L'équation du différentiel
Le mouvement est propagé : W 8 + we = 2wps devient :
Pcintcur Ra,eDroite
Des imaginaires
parfois complexes
Comment bien calculer avec des outils... impossibles ? Au
commencement était le nombre, et le nombre était naturel, et le
nombre était entier. Puis vint le nombre réel, jusqu'à ce que l'on
s'aperçoive qu'un réel n 'estjamais qu'un complexe qui s'ignore !
L
ensemble N des entiers natu-
rels permettait d'associer des de « fau sses » ou « moindres que rien »
nombres à des quantités néces- les solutions négatives d' une équation .
saires à la vie : hommes, distances, mon- À la fin du xvne siècle, Lazare Carnot
naies ... Mais vint la nécessité de partager, écrivait : « Avancer qu 'une quantité
d'où sans doute l'apparition de l'en- négative isolée est moindre que zéro ,
semble des nombres rationnels, qui sont c'est couvrir la science des mathématiques,
représentés par des fractions avec un qui doit être celle de l'évidence, d 'un
numérateur et un dénominateur entiers. nuage impénétrable et s'engager dans
La première utilisation nous vient appa- un labyrinthe de paradoxes tous plus
remment des Égyptiens. L'ensemble "1L bizarres les uns que les autres.» Qu 'au-
des entiers relatifs, qui sont munis d' un raient-ils donc pensé des nombres ima-
signe positif ou négatif, fut ensuite intro- ginaires ou des nombres complexes ?
duit essentiellement pour avoir la possibilité
de résoudre toutes les équations de la Pas si compleKes que ça ...
forme a+ x = b, où x est l'inconnue et
a et b sont des paramètres . Pourtant, les nombres complexes sont nés
Bien que découverts en Chine deux vers 1545 de l'imagination du mathé-
siècles avant notre ère, les nombres néga- maticien italien Jérôme Cardan à l'oc-
tifs furent longtemps acceptés avec réti- casion de la résolution de l'équation
cences par les mathématiciens . Ils ne x (x - 10) + 40 =0. Il trouve deux racines,
commencent à travailler avec qu'au xve 5 + -J-15 et 5 - -J-15, qu'il appelle
siècle, et ils les appellent numeri absurdi « sophistiquées », en faisant remarquer
(les nombres absurdes), en leur refusant que le produit de ces deux nombres
le statut de solution d' une équation. Au donne 40 bien que l'équation soit théo-
xvue siècle, le philosophe et mathé- riquement impossible à résoudre . Cet
outil va vite se révéler très utile dans la tés imaginaires par une construction
résolution des équations du troisième géométrique. Il s' agit d' un nombre réel
degré du type x 3 +px+ q = 0 , en les positif, noté lzl, qui mesure sa« taille »
ramenant à la somme des racines cubiques et généralise la valeur absolue d'un
des deux solutions de l'équation du nombre réel. Le module de z est donné
second degré. par lzl = .Ja 2 + b2 • Tout nombre peut être
Mais le véritable créateur de la théorie représenté dans le plan en traitant a + bi
des nombres imaginaires est Rafaele comme un vecteur de coordonnée réelle
Bombelli qui, en 1572, met en place les a sur l' axe horizontal et de coordonnée
règles de calcul sur ces quantités que l'on imaginaire bi sur l'axe vertical. Ainsi, le
appelle alors « impossibles » avant de nombre complexe A correspondant à
leur donner le nom d' « imaginaires » . 3 + 2i aura un module de 13 et pourra
Il invente deux opérateurs qui, à côté des également être caractérisé par l' angle a
signes+ et -, permettent d'ajouter ou que fait le vecteur OA avec l' axe des
de soustraire des racines de nombres réels . Cet angle est appelé argument et
négatifs. sa tangente a pour valeur b /a.
Il faut cependant attendre les xvmeet lm
XIXe siècles avant que les grands noms
des mathématiques - Euler, Wessel,
Argand et Gauss - ne mettent au point rcosO
z =x + iy
les nombres complexes. Cette extension y
des nombres réels permet enfin à Gauss ,
en 1799 , de démontrer de façon rigou-
reuse une des hypothèses fondamen-
tales de l'algèbre selon laquelle toute r sinO
équation polynomiale de degré n possède
n solutions.
Avec le symbole i, le corps des nombres
complexes se note IC et satisfait aux pro-
priétés d ' un corps commutatif. Il est X
o cosO
la construction
de l'heptagone
Est-il possible de construire à la règle et au com-
pas un heptagone régulier ? Si tel était le cas
alors le nombre x = cos 2rt/ 7 serait constructible.
Le centre d'un heptagone étant aussi l'isobary-
centre de ses sommets, on peut établir l'égalité
suivante par calcul barycentrique sur les abs-
cisses des sommets d'un pentagone de centre O
et dont I est sommet :
C
ertains systèmes sont incompa- Il est possible de le démontrer sans avoir
tibles de manière presque évi- recours à la géométrie . Si la première
dente. Considérons par exemple équation est vérifiée , alors x +y= 2 / 3 ,
le système de deux équations à deux ce qui implique que 2x + 2y =4/3 , qui
3x + 3y = 2 est différent de 3. Le système est donc
mconnues .
{ 2x+ 2y = 3 incompatible .
Il peut être interprété comme la recherche
de l'intersection de deux droites, celles Systèmes d'ordre trois
d'équations 3x + 3y = 2 et 2x + 2y = 3 .
Ces deux droites sont parallèles, car Le cas des systèmes d'ordre 2 est rela-
orthogonales au même vecteur de coor- tivement simple à reconnaître : les pre-
données ( 1, 1) . Elles ne se rencontrent miers membres des deux équations sont
donc pas. Le système est impossible. proportionnels mais correspondent à des
droites parallèles non confondues. Pre-
nons un exemple de trois équations à
2x + 4 y + 2z = 6
trois inconnues : 2x + 3y + 4z = 5.
! 4x +?y+ 6z = 9
/
/
/
/
l
= b1
(S) :
cette équation (c'est-à-dire un vecteur X
tel que AX et B coïncident). Dans ce
am ,1X 1 + am ,2 X2 + ... + am.,.Xn = b"' cas, à défaut de pouvoir trouver un
Si l'on regarde les n inconnues vecteur X pour lequel la différence
x 1, x2 , •. . , xn comme les composantes A X - B s'annule exactement, on peut
d' un vecteur colonne X, les m termes se rabattre sur la recherche d'un éventuel
indépendants b 1, b2 , • •• , bm comme celles vecteur X tel que A X - B soit « le plus
d'un vecteur colonne B, et les coefficients petit possible». Mathématiquement, il
a;J comme les éléments d'une matrice s'agit de trouver X tel que la grandeur
A comprenant m lignes et n colonnes, alors positive (ou norme) IIAX - BII soit
le système (S) prend la forme matricielle minimale, ou, ce qui revient au même,
suivante : de rechercher le minimum du carré
AX = B. de cette norme, qui peut s'écrire
matriciellement sous la forme
la fin d'un système IIAX-B ll 2 = 1(AX-B) X (AX-B)
Illustrons le problème par un exemple
Dans le cas « favorable », celui où élémentaire, celui fourni par le système
m = net A est inversible, de nombreuses linéaire suivant à trois équations (m =3)
méthodes existent pour trouver X en et deux inconnues (n = 2) notées ici
pratique (c'est-à-dire rapidement et avec simplement x et y au lieu de x 1 et x2 :
l
(1 1\ les situations les plus courantes) de résoudre le système
~ ~J
obtenu en annulant les deux dérivées partielles af/ ax et
à la matrice A = af/ ay. On obtient de la sorte un point stationnaire pour
f Un tel point assure le minimum de la fonctionflorsque
celle-ci est convexe. C'est le cas pour l'exemple traité dans
et aux vecteurs X = ( :)
le corps du texte.
l
(x+y-1\ particulier d' un résultat plus général :
si le système linéaire A X = B est
qui est égal à y- 1 J. impossible, alors il possède une meilleure
x -2
approximation de solution (au sens des
Cela équivaut à minimiser la fonction!, moindres carrés) , à savoir le vecteur
en les deux variables x et y, dont les X =A+ B. En particulier, pour tout vecteur
valeurs donnent le carré de la norme , X à n composantes, on a:
soit la fonction définie par : IIA(A+B)- BII s IIAX-BII .
Inverse généralisé
Une matrice carrée A de déterminant non nul possède un et un seul inverse, noté A -i,
qui se caractérise par les propriétés suivantes (ou I désigne la matrice identité comportant autant de
lignes et de colonnes que A) :
d'où évidemment
AA-1 A = AetA- 1 AA- 1 = A- 1 •
Pour voir comment généraliser ce concept au cas de matrices quelconques, analysons un exemple
.
Son mverse G-1 d ,
est onnee par :
G-1
=
1 ( 2
-l
3 -1
-1 \
2
)·
2
On construit ensuite la matrice C suivante : C = G "1 t A = .!.. (l l -l \J
3 1 2 -1 .
X = l(1-a a-1 a\
-P 1+p P
) pour deux réels a et Ppouvant être pris arbitrairement.
Un tel exemple a conduit les mathématiciens Moore et Penrose à introduire la définition suivante. Pour
une matrice A quelconque, comprenant m lignes et n colonnes, on appelle inverse généralisé (ou
encore pseudo-inverse) de A une matrice, notée ici A+, qui possède n lignes et m colonnes et vérifie
les quatre propriétés suivantes : AA+A= A, A+ AA+ =A+, AA+ est symétrique et A+ A est symétrique.
L'inverse d'une matrice carrée de déterminant non nul vérifie ces quatre conditions, de sorte que le
concept de pseudo-inverse généralise bien celui d'inverse d'une matrice régulière. Par ailleurs, toute
matrice (non nulle) possède un inverse généralisé et un seul.
Dans le cas particulier d'une matrice A possédant m lignes et n colonnes, avec m > n, et de rang égal
à n (comme c'est le cas pour les exemples traités dans cet article), on a A+ = (1AAr11A.
Y·[:],A·[H E-[]
modèle (à savoir, Y= À. 0 + À. 1 X) en
« respectant le mieux possible » les
et
données observées.
Idéalement, évidemment, on devrait
(1 X (I) x<2J xiP )\ avoir Y;= À.0 + À. 1X; pour tout i = 1, 2, ... ,
1 2
X {I) x<Zl n. Mais une telle éventualité ne se produit
2 2
M-l: X( I )
n
x<Zl
Il
'\")
x<Pl
n
quasiment jamais. En effet, les n égalités
envisagées ci-dessus forment un système
linéaire (S) den équations, en les deux
inconnues À.0 et À 1, qui est généralement
La méthode classique, dite des moindres impossible.
<:f!:.rr~, c~nsite à~stimer des valeurs Une interprétation géométrique de cette
Àu, .\ , À.z , ... , \ des para mètres de situation est facile à donner. Chaque
manière à rendre minimale la somme couple (x;,Y) peut être vu, dans le plan,
des carrés des résidus, qui est égale à : comme étant le point P; d 'abscisse X; et
d'ordonnée Y;· Le système (S) en question
I" e;
i- 1
= 'EE = '(Y - MA)(Y - MA). est résoluble si et seulement si les n
points P; sont alignés . .. ce qui est
Pour mieux comprendre ce problème, rarement le cas en pratique ! La méthode
considérons le cas particulier où n'est préconisée revient alors à chercher la
l~)
A ( ~ \
1
A = = ff (' A)Y
2
n (x - x\ ( 1 1
= ns; l-x
2
J ) X, X2
X
En recourant encore à des notation s
Son équation est fournie par le théorème usuelles en statistique , à savoir
énoncé précédemment. En effet , la 1 n - 1 n
y=-}: et xy =-}: x;Y; ,
meilleure approximation (au sens des n ;.1 n ;.1
moindres carrés) de la solution de (S) est on dispose alors de cette relation sous
fournie par : forme matricielle :
\i \ 1 ( x2 -x\ ( Y\
l~J
A ( ~\
A (
avec A =
( ~ =~J\
: : et Y =
l( ;~
:
J\ .
l 1 x" Yn
Or, la matrice gramienne G de A est On retrouve ainsi les paramètres de la
donnée par: classique droite_jes moindres carrés, à
G= 1AA savoir la pente Â.1 de-5:ette droite et son
1
x,,
1) li:. ::J\. ordonnée à l'origine \i .En faisant appel
à la covariance, notée s x,y• de la série
double formée des couples (x;,Y;) , définie
1 xn
par Sx.y =.!_!(X; - x )(yi - y)
n i- 1
on obtient effectivement les formule s
(classiques) :
~ s ~ ~
)., = ~ et Ào = y - Â.1:X.
s;
où x désigne la moyenne arithmétique J.B.
l'arriuée des racines énièmes une distinction entre les nombres algébriques.
Il y a ceux qui sont exprimables par radi-
Les équations de degré 3 se résolvent avec des for- caux, c'est-à-dire s'écrivant avec une for-
mules (dites de Cardan) certes plus compliquées que mule contenant un nombre fini d'additions,
celles disponibles pour le degré 2, mais avec, au cœur, de soustractions, de multiplications, de divi-
la même idée : les solutions s'expriment à l'aide des sions et de radicaux. Et il y a les autres, ceux
coefficients de l'équation et d'un nombre fini d'opé- ne s'exprimant pas qu'avec des signes+,-,
rations usuelles (additions, soustractions, multiplications, x, /, et des radicaux. Évariste Galois et ses
divisions et extractions de racines, cubiques ici). Pour successeurs étudient les équations en délais-
le degré 4, c'est analogue! On peut résoudre (c'est-à- sant les solutions au profit des «symétries »
dire ici exprimer par radicaux) les solutions . Entraî- les unissant ou non (c'est l'apport premier de
nés dans une implacable mécanique, nous pourrions la théorie des groupes) et en montrant qu'en
croire que la résolution d'une équation de degré 2 général, à partir du degré 5, elles ne sont plus
repose sur une extraction de racine carrée, que celle d'une résolubles par radicaux.
équation de degré 3 résulte d'une extraction de racine
cubique, puis ensuite entrent en valse les extractions Référence
de racines quatrièmes, cinquièmes, sixièmes, et tutti Galois, le mathématicien maudit.
quanti. Norbert Verdier, Belin, 2011.
Ce n'est pas le cas.
Raymond Queneau et
les équations de degré 5
Pour les équations algébriques polynomiales de degré 1, 2, 3
ou 4, il existe des formules de résolution. Qu'en est-il pour
une équation de degré 5 ? Laissons Raymond Queneau nous
expliquer ce qu'il en est.
« À partir du - Comment?
- En faisant des calculs.
cinquième degré - Mais lesquels ?
rien ne va plus. » - Eh bien, des additions, des soustrac-
tions, des multiplications, des divi-
e narrateur du
L roman Odile, de
Raymond
Queneau (Gallimard,
sions.
-Et encore.
- Il y en a plus de quatre ?
- Je crois.
1937), est un jeune étu- - Ah oui, c'est vrai, il y a encore extra-
diant solitaire exclu de ire une racine, comme faisait le savant
l'université pour avoir Cosinus.
triché à un examen. - Ce qui est l'opération inverse de
Rejeté par sa famille, il l'élévation à une puissance.
passe le plus clair de son [ ... ]
temps à travailler seul - Combien d 'opérations ferez-vous
les mathématiques, sans pour calculer votre inconnue ?
espoir d'être reconnu. - Comment, combien ?
Raymond Queneau Noyant sa morosité dans un bistrot, il - Eh bien oui, combien ?
photographié par discute avec Saxel, le garçon de café. - Est-ce que je sais, moi !
Emmanuel Rudzitsky,
- Un nombre fini ou un nombre infini
dit Man Ray. « Vous savez ce que c'est que résoudre d'opérations ?
une équation ? - Un nombre infini : vous en avez de
- Il me semble. bonnes, est-ce qu'on aurait le temps ?
- Dites-le voir. - Voilà le bon gros sens qui parle. Mais
- Hem. C'est trouver la valeur de l'in- je vous avertis qu'en analyse, par
connue. exemple, on envisage constamment des
De tels exemples ne pouvaient que Les permutations des racines HIE R ONYMI CAR
DAN! , PRAlSTA N TI UIMI MATHS
conforter les mathématiciens du 0
A'.il'.'inaÏ S MAGN"JE,
xvmesiècle dans la certitude que des lU
l VB Rl0VLl8
. . -. Q,,llr _ _ _ •ALOBBRAIC I..
.....___.,..
OPv • l"I.R'l'BC T VM
............ a.-.
méthodes et des formules de résolution L'équation x 3 + 3px + q = 0 a déjà été
des équations du cinquième degré résolue par la formule de Cardan . Mais
devaient exister, et de même, pourquoi adoptons le nouveau cadre de
pas, pour les degrés supérieurs. Lagrange, qui prend en compte toutes
Seulement voilà , personne n'avait les racines (réelles ou imaginaires, dis-
encore trouvé rien de tel pour une tinctes ou confondues). Faisons l'in-
équation à coefficients quelconques . ventaire des propriétés des racines de
Les exemples proposés par Euler cette équation . Le théorème fondamen- Ars Magna ,
étaient construits à partir d' une certai- tal de l'algèbre affirme qu 'elles sont au 1545.
chercher à mieux connaître les Ainsi, peu à peu , les outils se mettent
lois qui règlent la possibilité de en place qui permettront à Abel et à
résoudre les équations en s'attaquant à Évariste Galois de franchir les étapes
des classes particulières. C'est ce que décisives. Abel publie en 1826, dans le
fait Carl Friedrich Gauss, qui montre Journal de Crelle tout nouvellement
que l'équation .x"- 1 + .x"- 2 +... + x + 1 = 0 créé, une Démonstration de l'impossi-
(avec n un nombre premier) est tou- bilité de la résolution algébrique des
jours résoluble par radicaux. Il donne équations générales qui passent le
une méthode précise de résolution qui , quatrième degré. Tout en apportant
Augustin Louis
dans certains cas, fournit aussi la une réponse définitive à un problème
Cauchy
construction de certains polygones fort ancien, il pose deux nouveaux
(1789-1857).
réguliers . Cette méthode est basée sur défis : trouver toutes les équations d'un
le fait que toutes les racines peuvent degré déterminé quelconque qui soient
s'écrire comme puissance de l' une résolubles algébriquement ; juger si
d'entre elles. Ce résultat sera générali- une équation donnée est résoluble
sé par Niels Henrik Abel pour des algébriquement ou non.
équations dont les racines s'expriment
Malheureusement, il mourra prématu-
toutes rationnellement en fonction de
rément en 1829 à l'âge de 27 ans. Son
l'une d'entre elles. Chez Gauss , l'idée
œuvre sera relayée par un autre jeune
de groupe cyclique est à l'œuvre; chez
homme au destin aussi tragique,
Abel , c'est celle de groupe abélien (ou
Évariste Galois. Dans un mémoire inti-
commutatif) ;
tulé Sur les conditions de résolubilité
• continuer à travailler sur l'équa- des équations par radicaux, publié
tion générale du cinquième degré : officiellement seulement en 1846 par
trouver des fonctions de cinq variables Joseph Liouville, Galois pose les bases
prenant peu de valeurs distinctes par d'une théorie générale qu'il applique Évariste Galois
leur 120 permutations possibles . Un aux équations dont le degré est un (1811-1832).
premier résultat est donné par l'italien nombre premier mais qui fonde aussi
Paolo Ruffini qui, par l'examen systé- les deux concepts clés de ce qui est
matique de ces permutations, arrive à devenu la théorie de Galois (celui de
la conclusion que le nombre p de groupe et celui d'extension de corps).
valeurs que peut prendre une fonction
J.-P. F.
rationnelle de cinq variables ne peut
être égal ni à 8, ni à 4, ni à 3. Augustin
Louis Cauchy va s'appuyer sur ce
résultat pour créer sa théorie des sub-
stitutions, première ébauche d' une
étude des groupes de permutations . Il
généralisera le résultat de Ruffini en
démontrant que le nombre de valeurs
différentes d' une fonction non symé-
trique den quantités ne peut s'abaisser
au-dessous du plus grand nombre pre-
mier p contenu dans n sans devenir
égal à 2.
Niels Henrik Abel (1802--1829).
Un découpage
paradoMal et néanmoins rigoureuM
Des « découpages » théoriques conduisent à des résultats
d'autant plus paradoxaux qu'on ne peut pas les visualiser.
Ainsi, on peut démontrer mathématiquement qu'il est
possible de découper une boule en un nombre fini de
morceaux et de les réorganiser, sans déformation, pour
reconstituer deux boules identiques à la première !
Dédoublement de l'infini
..•
réfuter. Cependant, celui-ci est aussi
utile à la démonstration de résultats
mathématiques importants et , surtout,
il a été démontré dans la seconde moi-
tié du xxesiècle qu'il est indépendant
des autres axiomes définissant la théo-
rie des ensembles . Plus précisément, si
l'axiomatique de la théorie des ensembles
n'est pas contradictoire, alors elle ne le
En choisissant l'angle a de sorte qu 'au- sera pas plus si l'on accepte ou si l'on
cun de ses multiples ne soit multiple de réfute cet axiome du choix.
2n (cela revient à choisir a tel que Finalement, en acceptant de manipuler
a!n fl. 0), les segments obtenus par rota- l'infmi, le mathématicien s'éloigne consi-
tion ne se chevauchent jamais. Consi- dérablement de la réalité du monde qui
dérons alors l'ensemble S constitué de l'entoure. Mais comment refuser de mani-
ces segments et découpons le disque D puler l'infini sans perdre la richesse que
en la portion S et son complémentaire dans ce concept a apportée à l'édifice mathé-
D. En faisant subir au morceau S la rota- matique?
tion d'angle a, on libère, sans déforma- D.D.
tion, une place suffisante dans le disque Référence
pour accueillir le segment initial. • Le paradoxe de Banach- Tarski. Marc Guinot ,
Et si le segment est de longueur supé- Aléas , 2002.
rieure au rayon du disque ? Cela ne
change pas grand-chose : il suffit de
découper ce segment en plusieurs
segments plus petits et de reprendre
le protocole précédent avec chacun
d'entre eux !
Les idées qui précèdent ne suffisent pas
pour établir le paradoxe de Banach-
Tarski : il faut également faire usage
d'un résultat parfois contesté, l'axiome
du choix. Celui-ci stipule qu'il est tou-
Non sans humour, cet ouvrage détaille chaque
jours possible d'effectuer, en une fois, point de la démonstration du paradoxe,
une infinité de choix. Plus précisément, la rendant ainsi accessible à un étudiant en
si l'on dispose d'une infinité d'ensembles , deuxième année de licence mathématique.
Tout est sujet la logique (d'Épiménide le Crétois très complet: les bons mots d'Os-
Théorèmes d'impossibilité
relatifs à des élections
Deux théorèmes mathématiques, démontrés respectivement
par Arrow et par Gibbard et Satterthwaite, affirment qu'il
n'est pas possible d'organiser des élections d'une manière
irréprochable lorsque plus de deux candidats sont en présence.
de classer, éventuellement avec ex aequo,
L'économiste tous les candidats d ' une manière ration-
américain Kenneth nelle. En termes mathématiques, le ième
Joseph Arrow votant (pour i = 1, 2, ... , n) établit un
(né en 1921). préordre complet R; sur l'ensemble des
candidats : la personne repérée par
l' indice i peut toujours dire , quels que
soient les candidats x et y, si elle pré-
fère x ày (ce qui se note x R; y) ou bien
si elle préfère y à x (auquel cas on écrit
y R; x). Les préférences sont prises au
sens large : l'indifférence entre les deux
candidats x et y est admise. Par ailleurs,
Le philosophe elles sont supposées réflexives (on a
américain toujours x R; x) et transitives (x R; y et
Allan Gibbard y R; z impliquent x R; z) .
(né en 1942). Il est rare que les classements des n
votants coïncident ! Se pose alors la
question de savoir comment exprimer
un choix collectif en tenant compte des
préférences individuelles. Lorsque le
nombre p de candidats vaut 2 , la règle
classique et simple de majorité peut être
ssayons de décortiquer des sys- employée : chaque électeur est amené à
Un exemple illustrant
l'effet de Condorcet
Supposons que vingt et une personnes soient amenées à
voter pour trois candidats A, B et C. Huit personnes classent
A en première position, sept portent leur premier choix sur
B et les six autres choisissent C. Il serait malheureux d'en
conclure que A, qui a pourtant le plus de voix préféren-
tielles, doit être déclaré« vainqueur », puisque treize per-
sonnes, soit plus de la moitié des électeurs, ont choisi un autre
candidat. Tenons compte non seulement des premiers choix
des votants, mais de leur classement des trois candidats.
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, Parmi les huit votants ayant placé A en tête, deux rangent
marquis de Condorcet (1743-1794). B en deuxième position. Des sept personnes ayant préféré
B, quatre mettent A en deuxième position. Enfin, deux des
candidats dépasse 2, la situation est net- six électeurs ayant classé C en première place situent A en
tement moins claire et peut même géné- deuxième place de leur classement. Ainsi, on dispose de ces
rer une situation paradoxale, appelée données Oes préférences allant de gauche à droite) :
quelquefois l'effet de Condorcet (voir A-B-C : 2 voix,
un exemple en encadré). A-C-B: 6 voix,
B-A-C : 4 voix,
Paradoxes du uote ! B-C-A: 3 voix,
C-A-B : 2 voix,
Il convient donc de rechercher des règles C-B-A: 4 voix.
pour éviter pareil paradoxe . C'est ce Si l'on envisage des « duels », c'est-à-dire des comparai-
qu ' a réalisé Kenneth Arrow dans son sons des scores obtenus deux à deux, alors Al' emporte sur
ouvrage Social Choice and Individual C puisque douze votants (soit plus de la moitié) préfèrent
Values, paru pour la première fois en A à C. De même, C bat B par douze voix contre neuf. On
1951 chez l'éditeur américain John devrait s'attendre, par transitivité, que A devance B dans le
Wtley and Sons. Ce travail valut d'ailleurs classement général, alors que c'est le contraire qui se passe
à son auteur de recevoir, en 1972, le puisque B est classé onze fois avant A !
prix Nobel de science économique. Le Cet exemple simple montre que des choix individuels cohé-
mathématicien-économiste américain rents peuvent donner naissance à un classement général
s'est efforcé de dégager des conditions « bizarre » quand la règle de majorité est employée pour
(encore appelées règles), fort « natu- chaque couple de candidats. En langage mathématique, ceci
relles », selon lesquelles un choix col- équivaut à dire que le choix collectif ainsi obtenu n'est pas
nécessairement transitif, même si chaque choix individuel
l'est. Ce paradoxe, découvert par le marquis de Condorcet
en 1785, est connu sous le nom d'effet de Condorcet.
L'économiste
américain
Mark Allen lectif peut être jugé« raisonnable». Il
Satterthwaite. en a d'abord mis cinq en évidence, puis,
en 1963, a ramené ce nombre à quatre.
Voici une présentation simple et intui-
tive des quatre règles retenues.
•
or1 mes
numériques impossibles
Identifier précisément les possibilités et les impossibilités des
algorithmes est un des buts de la recherche en analyse
numérique. Par exemple, il est impossible d'accélérer toutes les
suites numériques convergentes à l'aide d'un seul algorithme.
Jean·Paul Delahaye de programmer rique, où il permet de comprendre en
est chercheur au Laboratoire
d'informatique fondamentale une machine pour effectuer profondeur pourquoi certaines tâches
de Lille (UMR CNRS 8022)
et professeur à l'université certaines tâches bien définies , ne sont pas envisageables.
de Lille-!.
comme indiquer quelles équations dio-
phantiennes ont des solutions ou n'en Deux résultat d'impossibilité
ont pas (indécidabilité du dixième pro- algorithmique
blème de Hilbert), est liée au fait qu'il
y a moins d'algorithmes que de fonc- Considérons par exemple le problème
tions , et donc que certaines fonctions suivant :
ne sont associées à aucun algorithme .
En effet, il n'existe qu'une infinité dénom- (a) On voudrait, pour chaque suite conver-
brable d'algorithmes (ce sont des suites gente de nombres réels (xn\ (on note
finies de symboles pris dans un ensemble x sa limite et on suppose que, pour
fini) , alors que même en se limitant aux tout entier n, xn ;t; x), construire pro-
fonctions de N dans Nil y a une infinité gressivement une suite (tn),, qui
non dénombrable de fonctions . L' im- converge vers la même limitex, mais
possibilité du calcul de certaines fonc- « plus rapidement », c 'est-à-dire de
tions est le résultat simple d'un « manque façon que t,. - x tende vers Oquand
de programmes ». X11 -X
Il existe cependant un second type de n tend vers l' infini .
résultat d' impossibilité algorithmique (b) On voudrait également que tn ne
dont l'origine est d'une autre nature : dépende que des points X; pour i ~ n,
le « manque d'information disponible autrement dit on souhaiterait que t0
à chaque instant du calcul ». Ce type ne dépende que de x 0 , que t 1 ne
d'impossibilité algorithmique informa- dépende que de x0 et de x 1, que t2 ne
tionnelle est important en analyse numé- dépende que de x0 , x 1 et x 2 , etc.
diamètre. Les
partie » ou « deux choses égales à une
axiomes de base
même troisième sont égales entre
étant vérifiés, les
elles ». Pour Euclide, les demandes
théorèmes en
comme les notions communes sont des
découlant le sont
évidences qui découlent du bon sens
aussi dans cette
commun. Leur démonstration est soit
structure.
inutile , soit impossible : elles doivent
être admises comme telles. Pour rompre le
lien avec l'utilisa-
Quand on parle d'axiome, on pense
tion implicite de
aussitôt à la cinquième demande
notre perception
d'Euclide. Pour les puristes il s'agit
du monde
d' un postulat (ceci n'est bien sûr
physique, David
qu'une question de vocabulaire) . Voici David Hilbert
Hilbert proposera en 1899 un système
son énoncé tel que proposé par (1862-1943).
d'axiomes, plusieurs fois amendé,
Euclide : « Si une droite tombant sur
définissant la géométrie euclidienne. Il
deux droites fait les angles intérieurs
du même côté plus petits que deux
droits, ces droites, prolongées à l'infi-
ni, se rencontreront du côté où les
Axiome et postulat
angles sont plus petits que deux Dans son sens premier, le mot grec à~(roµ.a (axiôrna) signifi-
droits. » Proclos puis John Playfair au ait prix, valeur puis par extension ce qui paraît juste, conven-
xvme siècle en ont trouvé un équiva- able. Aristote l'utilise pour parler d'un principe évident en
lent plus simple : « Par un point pris soi-même servant de base à la démonstration. Plutarque se
hors d'une droite, il ne passe qu'une place, quant à lui, dans le cadre de la logique pour désigner
seule parallèle à cette droite. » les prémisses d'un raisonnement. Suivant l'usage établi par
Proclos au ye siècle, l'habitude fut prise de donner le nom
Contrairement aux autres demandes,
d'axiome aux notions communes du 1er livre des Éléments.
cet énoncé ressemble à un théorème.
Aussi, dès l' Antiquité et jusqu'à la fin Le mot postulat vient du latin postulatum, qui signifie
du xvme siècle, la question se pose de demande, prétention. Il apparaît en français au XVIIIe siè-
savoir s'il peut être démontré. On sait cle sous la plume de mathématiciens travaillant sur
depuis que cela s'avère impossible ; au Euclide; c'est le nom qu'ils attribuèrent aux« demandes»
contraire, sa négation amène à la con- formulées par le mathématicien grec. Il nommait, de
struction de géométries non euclidi- manière plus générale, une proposition, non nécessairement
ennes. Nikolaï Lobatchevski et Janos évidente, que l'on supposait sans pouvoir la démontrer.
Bolyai, chacun de son côté, constru-
isirent des géométries le niant . Des De nos jours, le mot postulat n'est plus vraiment utilisé en
modèles de ces nouvelles géométries mathématiques. Le mot axiome, quant à lui, désigne une
seront proposés par la suite, dans assertion considérée comme vraie dans la théorie étudiée. Il
lesquelles les notions de droites , d'an- n'y a pas lieu de s'interroger sur une quelconque vérité
gles ... ne correspondent plus à celles absolue. On s'intéresse seulement aux conséquences qui en
auxquelles nous sommes habitués. découlent. Cependant, une théorie n'aura d'intérêt que si
Ainsi, dans le demi-plan de Poincaré, elle explique un phénomène qui nous concerne : on ne
une « droite » est un demi-cercle choisit pas comme axiome n'importe quelle assertion !
admettant l'axe des abscisses comme
le statut particulier
des conjectures
Qu'est-ce qui fait la différence entre les mathématiques et
d'autres sciences comme la physique, la biologie ou la
chimie ? Répondre à cette question demande d'approfondir
et de comprendre la structure même des mathématiques.
De la conjecture Conjectures
authéor~me Leonhard Euler
(1707-1783).
« Quand je serai grande, dit une conjecture, la conjecture
Maman dit que je serai un théorème. » Eh oui,
c' est cela, une conjecture : un « bébé-théo- d'Euler
rème », c'est-à-dire un énoncé mathématique
plausible, qui a déjà fait ses premiers pas en Proposée en 1772 par le
passant le cap d'une myriade de vérifications, math é maticie n suisse
mais qui risque encore de trébucher sur un Leo nhard Euler, cette
contre-exemple, qui l'empêcherait à tout jamais conjecture de théorie des
d'accéder au statut de résultat démontré , c'est- nombres prétendait que :
à-dire de théorème. Parmi les nombreux pro- « pour tout entier supérieur ou égal à 2, la
blèmes ayant fait l'objet de conjectures, certains somme de (n -1) puissances énièmes ne pou-
ont donné lieu à une démonstration en bonne vait pas être une puissance énième.»
et due forme. Ils ont alors changé de nom: ils C' était en quelque sorte une généralisation de la
sont devenus théorèmes. conjecture de Fermat. Et Euler d'annoncer: « Il est
certain qu'il est impossible de trouver trois puis-
sances quatrièmes dont La somme soit une puis-
sance quatrième. » L'histoire lui donna tort puisqu'en
1988 le mathématicien israélo-américain Noam
David Elkies mit en évidence le magnifique contre-
exemple suivant :
2 682 4404 + 153656394 + 18 7967(5()4 = 206156734 .
Il trouva même une méthode pour construire dans
le cas de l'exposant 4 d'autres contre-exemples .
Roger Frye trouva, lui, le plus petit contre-exemple
dans cette catégorie :
95 8004 + 2175194 + 4145604 = 422 4814 .
Avant eux, L.J. Lander et T.R. Parl(in avaient déjà
exhibé, en 1966 , le contre-exemple qui tue:
275 + 84 5 + 1105 + 133 5 = 1445 , mais ... il reste une
petite chance, puisque aucun contre-exemple n'existe
(encore) au-delà de l'exposant 5.
Parmi les derniers en date (et les plus populaires)
dans cette catégorie , on trouve la conjecture Imagine un
de Fermat, énoncée en 1641, devenue en 1994 continent dont
théorème de Fermat-Wiles, la conjecture de l'humanité entière
Poincaré, énoncée en 1904 et résolue en 2003
par Perelman, puis validée en 2006. D'autres serait assurée de
se sont avérés impossibles, et on l'a prouvé ; l'existence et auquel on ne
d'autres enfin restent encore à l'état de conjec- trouverait aucun moyen d'accès ;
ture , en attente de véritable preuve. Voici
quelques exemples de ces conjectures, choi-
voilà ce qu'est une conjecture
sies pour leur énoncé compréhensible par tous. mathématique !
Denis Guedj
Tc:ingent:e Hors-série n°49. Les maths de l'impossible
par Élisabeth Busser EN BREF
l'impossible de Gtidel ••
la fin d'un rêue
En 1931, il a été établi qu'il est impossible de bâtir les
mathématiques sur des bases axiomatiques« complètes». Ce
fut un coup de tonnerre dans un ciel serein et positiviste. A
l'origine de ce résultat spectaculaire se trouve un homme: le
logicien autrichien Kurt Godel.
lors que le mathématicien alle- 1. Il existe toujours une droite qui passe
Gode[ ruina les espoirs de Hilbert de Vienne. Ils ont décidé de partir en
guerre contre l'esprit spéculatif et méta-
en démontrant que l'on peut formuler physique qui règne, selon eux, sur la
des propositions indémontrables. pensée.
Les signataires de ce manifeste,que l'on
Frege est abattu par cet exemple qui définira comme le Cercle de Vienne,
remet en cause toute son œuvre ; il exprime sont des philosophes - comme Moritz
son désespoir en termes touchants : « Pour Schlick (1882-1936), l'animateur du
un écrivain scientifique, il est peu d'in- groupe, ou encore Rudolf Carnap - mais
fortunes pires que de voir l 'une des fon- aussi des logiciens - Kurt Gode! , Otto
dations de son travail s'effondrer alors Neurath, Hans Reichenbach- ainsi que
que celui-ci s'achève. C'est dans cette des physiciens .
situation inconfortable que m'a mis une Pour le Cercle de Vienne, seule la
lettre de M. Bertrand Russell, alors que science, fondée sur la démonstration
le présent volume allait paraître . » Frege rigoureuse et le recours aux faits d 'ob-
ne se remettra jamais de ce coup et Rus- servation, peut faire progresser la connais-
sell construira sa propre théorie des sance (voir Mathématiques et
ensembles (la théorie des types) qui lui Philosophie, Bibliothèque Tangente 38,
permettra de s'affranchir du paradoxe. Mais 2010). Les connaissances scientifiques
la question du système complet d'axiome sont de deux ordres : il y a les propo-
restait posée. sitions logiques et mathématiques qui
sont cohérentes en soi et ne sont pas
liées à l'expérience, puis il y a les pro-
positions empiriques, fondées sur les
faits, qui doivent donc être soumises
aux critères de vérification pour être
établies comme vraies. Tout autre dis-
cours sur le monde est dénoncé comme
vide de sens, ou réduit à des faux pro-
blèmes.
Inspirés par ces réflexions et l' arithmé-
tisation de la logique proposée par les
continuateurs de Leibniz et Boole, Gode!
associe à chaque formule, et donc à
chaque démonstration, un nombre de
Godet. À l'aide de cette formalisation,
Les cafés viennois étaient une institution : il trouve qu'il existe, avec au départ un
étudiants et professeurs se retrouvaient dans une atmosphère certain nombre d'axiomes, des propo-
moins compassée que l'Université. sitions arithmétiques qui sont à la fois
vraies et non démontrables. On les appelle
le Cercle de Uienne des indécidables du système formel.
Selon le philosophe Jaakko Hintikka,
La Conception scientifique du monde Gode! a montré que toutes les proposi-
est le titre d'un manifeste qui paraît à tions vraies de l' arithmétique ne peu-
Vienne en 1929. Ce texte émane d'un petit vent être démontrées dans un seul et
groupe de jeunes turcs viennois issus unique système formel donné .
des cénacles que constituent les cafés Cela semble ruiner tout espoir de « corn-
es reuues
inacceptables 1
L'acceptation de nouvelles preuves par la communauté
mathématique est question de consensus. Certaines font
polémique, d'autres sont acceptées un temps ... pour devenir
inacceptables ensuite. Et pour d'autres encore c'est le
contraire ... Où se situent les frontières ?
prémonitoires. Examinons ceux de Leon-
ca1m1 d'une so•e géométrique hard Euler, le génie du XVIIIe siècle ,
Les termes du produit de 1 + x + x2 + ... + x" par 1 - x dont les procédés de validation des résul-
s'éliminant de proche en proche, il est égal à 1 - x"+ 1, tats n'étaient visiblement pas les nôtres
ce qui donne (en remplaçant x par son opposé puis en
divisant par 1 + x six~ -1) : Les calculs surréalistes d'Euler
2 3 1-(-x)"
1-x+ x -x + ... +(-x)" = - ~~
l+x Ailleurs dans ce numéro, vous verrez
Si lxl < 1, le terme x"+t tend vers zéro donc comment Euler « prouve » que
2 3
1-x+x -x + ... = - - .
1 1-1+1-l+l-l+ ... = .!..
l+x 2
La limite en 1 est alors facile à calculer, Avec les théories de l'époque , cette
elle vaut bien 1/2. preuve était inacceptable car Euler y
admet que cette somme a un sens , la
nomme S, avant d'utiliser ce nombre
e11aines preuves sont délirantes, dans des calculs, comme s'il s' agissait
Le théorème le théorème
des quatre couleurs de Poincaré-Perel an
---
r- =;1 Quatre couleurs,
pas moins, pour colorier
cette carte !
Formulée pour la première fois en 1902 par Henri
Poincaré, la conjecture qui portait son nom ne
s'énonce pas simplement.
l -t:- J «Il est possible, en utili- « Toute variété compacte simplement connexe de
le théoreme
de fermat-Wiles Pour les profanes cela signifie que la sphère est le
seul espace de dimension 3 sans trous, ou encore
« Il n'existe pas de nombres entiers x, y, z tels qu ' il est impossible de déformer de manière conti-
que x" + yn =~dès que l'entier n est strictement nue une sphère pour en faire un tore. Le résultat,
supérieur à 2. » mis à prix en 2000 par le Clay Mathematics Insti-
Cet exposé, anodin d ' apparence, cité sans démons- tute, n'a trouvé de démonstration qu'en 2003 (vali-
tration par Fermat au XVIIe siècle, malgré d'in- dée en 2006 par la communauté mathématique),
cessantes recherches de mathématiciens de renom par le mathématicien russe Grigori Perelman qui reçut
pendant plus de trois cent cinquante ans , n' a donné pour cela de nombreux honneurs et distinctions,
lieu à une démonstration achevée qu'en 1995. C'est qu'il refusa d'ailleurs . La démonstration est si
le mathématicien britannique Andrew Wiles qui a récente que Je monde mathématique parlera quelque
donc le droit d ' accoler maintenant son nom à cette temps encore de« conjecture de Poincaré » au lieu
célèbre conjecture devenue théorème. de « théorème de Poincaré-Perelman ».
La lecture de la preuve publiée, sa com- dans le second ouvrage, qui fait que la
préhension et sa traduction en langage propriété erronée ne sert pas , en fin de
formel sont rapides . Ce qui est long , ce compte, dans la preuve ! La réparation
sont les retours en arrière et l'établissement a consisté à corriger la coquille (ce qui
de bases solides et adaptées à la démons- modifie la propriété concernée), puis à
tration. Au final, la traduction sous la ignorer cette propriété car elle ne sert
forme d'une preuve formelle du pre- pas. Au final , c' est sans conséquence
mier des deux volumes a été rapide, sur le résultat. Je signale que dans la
moins d'un an (en 2010). Pour le preuve d'origine, il y avait des erreurs
deuxième tome, cela a pris presque deux beaucoup plus sérieuses : en 1991 , Feit
ans (2011 et 2012) ; il nous manquait une et Thompson ont dû revenir à la charge
formalisation de la théorie algébrique des et étendre leur démonstration (ils démon-
nombres et de la théorie des caractères . traient un cas particulier d ' une pro-
priété, puis l'utilisaient dans un cadre
Quels sont les obstacles que vous avez plus général).
dû surmonter ?
Souvent, en mathématiques, on néglige On entend souvent dire que la lon-
les détails, on « balaie sous le tapis » gueur des preuves formelles est au
pour se focaliser sur les grandes lignes, moins dix fois supérieure à la lon-
les idées générales, les bons concepts. gueur des preuves publiées. Est-ce
On en a un exemple dans la preuve révi- le cas?
sée du théorème des quatre couleurs , Si une preuve formelle fait dix fois la
dans laquelle on trouve, au sujet d'un point taille de la démonstration mathématique
technique, un commentaire du type publiée , c'est qu'il y a un problème
« C'est du folklore, tout le monde sait com- avec la manière dont la théorie sous-
ment ça marche, ce n'est pas très dur mais jacente a été développée, c'est qu'on
c'est assez fastidieux ». Et ce« folk- refait dans la preuve une étape qui aurait
lore», ce point technique, n'est expli- dû être réalisée avant, c'est que quelque
cité nulle part dans la littérature. La chose n'a pas été compris. Par expé-
description mathématique du problème rience, si le travail a bien été fait , la
est incomplète, et il nous a fallu propo- preuve formelle fait à peu près la même
ser une description plus précise. taille que la preuve papier. Effective-
Sinon, au quotidien, on rencontre par- ment, dans un problème de recherche,
fois des petites erreurs. Par exemple, on est sur des facteurs de l'ordre de 2
dans la version révisée du théorème , à 4 , mais guère plus ... Au-delà, il y a
une erreur se glisse entre les deux matière à optimiser. Et par ailleurs, pour
volumes. Une coquille dans une des certains résultats purement algorith-
propriété technique a transformé un H miques, une preuve formelle peut être
en M, malgré tout le soin et l' attention plus courte que la preuve publiée ! Dans
portés par les auteurs de ces deux le cas de Feit-Thompson, par exemple,
ouvrages. Même après trois relectures, une fois qu'on a les bonnes définitions,
je n'avais rien vu. C'est le système Coq tous les théorèmes de la théorie géné-
qui est tombé dessus ! Le souci, c'est que rale des groupes se démontrent en
la coquille se trouvait dans un résultat quelques lignes en Coq, rarement plus
qui devait vraiment être utilisé dans la de cinq lignes en fait.
démonstration. Mais ce qui nous a sau-
vés, c'est qu'il y a une deuxième faute Propos recueillis par É. T.
l'absolutisme de la droite
Un petit exercice paradoxal montre que __........__ nos yeux ne suffisent pas
pour raisonner. Considérons __........__ un triangle ABC
__........__ tel que
'
la longueur
AB vaut 10 cm, l'angle BAC 54° et l'angle ABC 37°. A l'extérieur
__........__
de ce triangle, construisons le point D tel que l'angle BCD vaille
90° et la longueur CD 5 cm. Que peut-on dire des points A,
CetD?
À l'aide d'une règle et d'un rapporteur, nous obtenons la
figure ci-contre. Il semble que les points A, C et D sont
alignés. Mais le mathématicien ne se contente pas de
-
ce cype d'impression, il s'en méfie. Il calcule l'angle
ACB. Comme la somme des angles d'un triangle
__........__
vaut 18o~CB vaut 180° - 54° - 37° = 89°.
A B
L'angleACD n'est donc pas plat, c'est-à-dire
que les points A, C et D ne sont pas alignés. Sur le dessin, les points A, C et D
semblent alignés.
Première phase :
le demi-cercle est dédoublé.
Seconde phase :
nous obtenons une suite de courbes.
7t = 2. Où est l'erreur?
À la limite, la courbe supérieure se confond avec le diamètre ... donc:
Dans la conclusion : une suite de courbes peut converger vers une courbe fixe sans que leurs
longueurs se confondent.
l'échelle de
l' e1eistence mathématique
L'existence est une notion bien plus délicate en mathématiques
qu'en sciences physiques. Les résultats d'impossibilité prouvés
au xx_e siècle semblent imposer une échelle d'au moins quatre
barreaux dans les degrés d'existence mathématique.
Jean-Paul Delahaye est ' E= { {1,2 ,3}, {a,b}, {x,y, z}, {A,B}},
L
existence mathématique est
chercheur au Laboratoire une notion très délicate et on peut extraire au moins un ensemble
d'informatique . discutée depuis bien long- C « en choisissant » un élément dans
fondamentale de Lille temps. La première distinction que l'on chaque ensemble de E.
(UMR CNRS 8022) rencontre entre différents degrés d'exis- Ici C ={2, b, x, A} conviendrait.
et professeur à l'Université tence a créé d'énormes problèmes aux L'axiome du choix permet en effet d'éta-
de Lille-1 mathématiciens du début du :xxe siècle. blir que l'ensemble des nombres réels IR
Elle est due aux objets dont on prouve peut être muni d' un bon ordre. Un bon
l'existence dans l'abstrait (par exemple ordre sur IR est une relation d'ordre telle
dans le système de preuve de la théo- que toute partie de IR possède un plus petit
rie des ensembles), mais qu'on ne sait élément (l'ordre usuel sur IR n'en est
pas définir à titre individuel, c'est-à- pas un, car IR n'a pas de plus petit élé-
dire dont la preuve d'existence ne per- ment). Il est déconcertant que l'axiome
met pas de déduire une caractérisation du choix conduise à prouver qu 'il existe
précise. un bon ordre pour IR, car personne n'a
jamais pu définir un tel bon ordre de
L'embarras du choix manière explicite . Pire, les logiciens
Solomon Feferman et Azriel Levy ont
Les plus beaux exemples de cette situa- réussi à montrer que jamais on ne réus-
tion se manifestent à propos de l'axiome sirait à trouver une formule de la théo-
du choix. Cet axiome affinne que de tout rie usuelle des ensembles qui caractérise
ensemble E d'ensembles non vides, par un bon ordre précis de IR. On est donc
exemple dans la situation où on prouve que quelque
chose existe, mais où on sait par avance
qu'on ne le saisira jamais !
En mathématiques, tous les « il existe » L'axiome du choix a de multiples consé-
ne se valent pas. quences de ce type. En voici une autre.
La caractérisation n'est pas effective, cette logique, à tout ce qui existe cor-
mais elle est possible. Dans le cas du bon respond un programme que l'on peut
ordre de~, il n'est pas possible d'écrire tirer automatiquement de la preuve d 'exis-
une formule logique le définissant et tence. C'est un moyen d'obtenir des pro-
on sait même qu'une telle formule grammes dont on est certain qu'ils sont
n'existe pas. sans erreur.
De manière à éclaircir encore la dis- Ainsi, en mathématiques , (i) on prouve
tinction entre « l'existence sans carac- parfois l'existence d'objets que l'on ne
térisation » et « ) 'existence avec peut même pas caractériser, (ii) on
caractérisation » (qui n'implique ni l'ef- prouve parfois l'existence d'objets que
fectivité ni la calculabilité), considérons l'on peut caractériser mais pas calcu-
l'exemple de la fonction de Youri Matiias- ler. Bien sûr, le mode d'existence mathé-
sevitch. Cette fonction associe à toute matique le plus satisfaisant est celui des
équation diophantienne (équation poly- objets dont on peut prouver l'existence,
nomiale à coefficients entiers dont on que l'on peut caractériser et que l'on
cherche à connaître les solutions entières) peut calculer. C'est le cas du nombre n
le nombre de ses solutions. Par exemple, et de la grande majorité des objets que
elle associe à l'équation x2 + y2 = 8 le les mathématiciens considèrent. Contrai-
nombre 4 car l'équation possède quatre rement à la fonction de Matiiassevitch,
solutions, qui sont (2, 2), (2, -2), le nombre n et les constantes usuelles
(-2, 2) et (-2,-2). La fonction de Matiias- des mathématiques, qu'elles soient
sevitch est parfaitement définie, parfai- rationnelles ou irrationnelles , sont cal-
tement caractérisable, mais Matiiassevitch culables à partir de leur définition . Mais
lui-même a prouvé (en résolvant le là encore il faut attirer l'attention sur
dixième problème de Hilbert) qu ' elle une petite finesse : « être calculable »
n'était pas calculable: aucun algorithme ne signifie pas forcément « être cal-
ne peut déterminer pour chaque équation culé ». Voici un exemple. On sait que
polynomiale à coefficients entiers qu'on pour tous les jeux du type jeu d'échecs
lui confie le nombre de ses solutions ou jeu de dames, il existe une meilleure
entières. La fonction existe, elle est façon de jouer pour celui qui commence
unique, mais, comme dans le cas du et une meilleure façon de jouer pour
couple (a, b), vous ne pouvez pas en celui qui joue en second. C'est un résul-
disposer concrètement. tat classique de la théorie des jeux à
information complète à deux joueurs
Uers des programmes plus sors (voir Théorie des jeux, Bibliothèque
Tangente 46, 2013) . Parfois, la meilleure
Les logiciens ont été très troublés par façon de jouer conduit le premier joueur
cette possibilité de définir des objets à toujours gagner, parfois c'est le second
qu'on ne peut pas calculer, et les intui- joueur qui gagne avec certitude, par-
tionnistes en particulier ont tenté d' y fois les deux joueurs , s'ils jouent bien,
remédier en modifiant la logique qui est font ex aequo à chaque partie. La démons-
à l' œuvre dans le petit raisonnement sur tration de l'existence de ces stratégies
a et b. La logique qu'ils ont obtenue optimales permet en théorie de les
s'appelle la logique intuitionniste. Elle construire : on prouve leur existence en
est maintenant bien étudiée et sert de considérant le graphe complet repré-
base pour la conception de certains logi- sentant toutes les parties possibles (c'est
ciels de programmation. En effet, avec un graphe fini) et en partant des fins de
partie. On marque tous les nœuds du grammation effective de cette idée. Les
graphe selon le joueur qui gagne ou le plus longs calculs que l'on peut envisa-
fait qu ' un nul est possible . Le marquage ger aujourd'hui doivent comporter au
de proche en proche atteint tous les grand maximum 10 23 opérations élé-
nœuds de l'arbre de jeux, ce qui per- mentaires du processeur. Parmi les objets
met à celui qui connaît le marquage de dont on dispose d'une preuve construc-
jouer de manière optimale. On a une tive d'existence et qui sont calculables
preuve constructive de l'existence des au sens du mathématicien, nous devons
stratégies optimales (pour le premier donc distinguer ceux qui nous sont phy-
joueur et le second) et un algorithme siquement accessibles de ceux qui ne le
qui permet de jouer ces stratégies. sont pas . Un autre exemple de ce type
Pourquoi alors ne pas exploiter cette concerne les nombres premiers d'un mil-
preuve et la méthode qui en résulte pour liard de chiffres. On sait qu ' il en existe,
programmer un jeu automatique d'échecs on connaît des algorithmes qui peuvent
impossible à améliorer (ce qui n'est pas les calculer, mais aucun n'est utilisable
le cas de ceux d'aujourd'hui)? Simple- aujourd' hui en pratique. En conséquence,
ment parce que le graphe qu 'il faudrait personne n'a pu jusqu'à présent écrire ou
explorer comporte environ 10 120 arcs, faire écrire à son ordinateur le dévelop-
ce qui rend inconcevable pour très long- pement décimal d'un nombre premier
temps (peut-être définitivement) la pro- d'un milliard de chiffres, et cela bien
•
mposs1 es,
les éuènements de probabilité nulle ?
Les évènements de probabilité nulle sont-ils vraiment
« impossibles » au sens courant du terme ? Eh bien non ! Des
évènements de probabilité nulle, nous en vivons tous les jours
sans nous en rendre compte. Les mathématiques vont nous
aider à lever cette apparente contradiction.
ors qu ' il se retrouve face à type de problème) avec une certaine
De gauche à droite :
Lev Semenovitch Pontryagin
(1908-1988), Pavel Sergueïevitch
Alexandrov (1896-1982) et Andreï
Nikolaïevitch Kolmogorov (1903-1987) .
Le paradoxe de Simpson
En 1973, l'université de Berkeley fut poursuivie Ce tableau ne montre aucune discrimination
pour discrimination envers les filles. L' affaire sem- envers les femmes . Au contraire, le taux d' admis-
blait claire. Parmi les candidates, seules 35 % étaient sion des filles dans le principal département (A)
retenues alors que 44 % des candidatures masculines est nettement supérieur à celui des garçons.
l'étaient. L'étude a été précisée sur les six départe- L'explication vient quand on regarde le nombre de
ments les plus importants, notés ici de A à F. candidatures dans ces départements. Les femmes
semblent avoir tendance à postuler en masse à des
Département Garçons Admis Filles Admises départements très sélectifs. Dans ceux-ci, leur taux
d ' admission est à peine plus faible que celui des
A 825 62 % 108 82 %
hommes . Dans les autres , elles sont plus largement
B 560 63 % 25 68 % sélectionnées que les hommes. Quand on fait la
c 325 37 % 593 34 % moyenne globale, ce sont les départements sélec-
tifs qui ont plus de poids , puisqu'elles y postulent
D 41 7 33 % 375 35 % en masse. Ce paradoxe a été étudié par Edward
E 191 28 % 393 24 % Simpson (né en 1922). Il n'est pas rare, on le
retrouve même souvent.
F 272 6% 341 7%
Ce paradoxe vient de la distribution des âges des femmes testées. Parmi les non-fumeuses, il y a plus de
femmes âgées que dans les fumeuses. Le test a été fait sur 582 fumeuses et 732 non-fumeuses, soit 1 314
en tout, et la répartition présente des irrégularités entre les deux groupes :
Non fumeuses 9% 21 % 17 % 11 % 17 % 16 % 9%
y = j(x)
C
onsidérons la fonction! définie Il est rare qu'ainsi on puisse effective-
parf(x) = (2x + 1)/(x-3) six;t 3. ment calculer une fonction réciproque ,
L'inverser revient à résoudre mais on dispose d'un théorème per-
l'équation y= f(x), soit mettant , dans certains cas, d'affirmer
y = (2x + 1)/(x-3) en x. Cette opération, qu'elle existe.
souvent impossible, est facile dans ce
cas car il s'agit d'une équation du pre- Homéomorphisme et difféomorphisme
mier degré: (y- 2)x- (3y + 1) = 0, qui
a bien une solution unique si y ;t 2, à Les homéomorphismes ne font pas par-
savoir x = (3y + 1) / (y - 2). Cette solu- tie des médecines douces , comme l'ho-
tion définit une fonction méopathie , mais sont une notion
g: g(y) = (3y + 1)/(y- 2) si y ;t 2. mathématique , dont le nom s'explique
Elle vérifie : mieux en dimension deux qu'en dimen-
y = f(x) si et seulement six= g (y). sion un car « être homéomorphes » signi-
Fonctions Autrement dit, g est la fonction réci- fie « avoir la même forme ».
réciproques l'une r
proque de f, ce que l'on note g = 1• Une fonction définie sur un intervalle I
de l'autre. à valeurs dans un intervalle J est un
homéomorphisme de I sur J si elle est bijec-
tive de I sur J, continue sur I et que sa
réciproque est continue sur J. Le théo-
rème suivant permet souvent de montrer
qu'une fonction est un homéomorphisme,
y=f(x) -- -- --- y - - - -- - quand c'est le cas :
Une fonction f continue et strictement
1
1
1
'
1
monotone sur un intervalle I est un
X X= g (y) homéomorphisme de I surf(1).
f '(x) = - -tanx
- - - > O, est de c1asse
(1 + x tanx)2
e sur]- rr,/ 2, ni 2[ et strictement crois-
00
il: f'J .
jacobienne de F, est alors V si, et seulement si, la différentielle de
Fest inversible en tout point (c'est-à-dire
que son jacobien ne s'annule pas) .
De plus, dans ce cas, la différentielle de
la fonction réciproque F 1 est égale à
ax ay l'inverse de la différentielle de F.
Elle est inversible si son déterminant, L'exemple le plus classique est celui
que l'on nomme le jacobien de F, est des coordonnées polaires. Un repère
non nul, soit orthonormé (0, x, y) étant donné, à un
point M du plan on associe ses coor-
af x ag _ af x ag ?'! o. données cartésiennes x et y en projetant
ax ay ay ax M sur les axes. La longueur r =OM et
l'angle() entre (Ox) et (OM) sont des coor-
Les autres définitions sont de même données polaires . La relation entre les
nature même si la notion d'intervalle deux systèmes est donnée par les for-
est remplacée par celle, plus générale, mules x = r cos() et y = r sin ().
:l !!J
( ax ax\ -I+Ce
-rsin e) . arbitraire. La méthode fonctionne exac-
= (:~:: rcose tement de la même façon en dimension
ar ae deux pour les équations aux dérivées
Son jacobien est donc égal à r. Pour . af af
part:Ielles comme - - - = 0, en posant
appliquer le théorème précédent, on se ax av
restreint à l' ouvert u(x,y) =x+ yetv(x,y) =x-ycar la fonc-
U = ]O , + oo[ x ]- :n:, :n:[. L'image de U tion définie ainsi est un difféomorphisme
par Fest le plan privé de l'axe des x de IR 2 . On trouve :f(x, y) = cp(x + y) où
1
négatifs. Le jacobien de Fest r, qui ne <p est une fonction de classe C arbitraire.
s'annule pas sur U, donc F est bien un
difféomorphisme. H . L.
ouverts en dimension
un ou supérieure
Une partie U de IR 2 est dite ouverte si,
pour tout point M de U, il existe un nombre
E > 0 tel que Je disque de centre M et de
rayon E est inclus dans U . Ainsi, IR 2 Jui-
même est un ouvert, mais un disque n'est
ouvert que si on en exclut la frontière.
X= COS t
La fonction
=
explicite y x2 + 1
correspond à une
courbe plane, y=x 2+1 ------
plus précisément
à une parabole. Paramétrage du cercle de rayon 1
utilisant l'angle au centre.
Équation cartésienne
X
Une courbe paramétrée, le cercle en par-
La fonction ticulier, possède en général une équa-
'plicite tion cartésienne, obtenue en éliminant le
y= 1- x 2 paramètre entre les deux équations. Ainsi,
correspond à une y=~ le cercle de centre O et de rayon 1 a
courbe plane, pour équation :x? + y2 = 1. Pour donner
plus précisément à un autre exemple, considérons la courbe
un demi-cercle. X C d'équations paramétriques :
lx-::
2
~:
y =--
2t
Un calcul simple montre que x2 -y2 = 1
pour toute valeur de t différente de O.
aalité entre deux courbes
Considérons un point M, de coordonnées x et y, de l'hyperbole H.
Supposons M dans le premier quadrant, c'est-à-dire que x .!: 0 et
=
y .!: 0. Comme x2 1 + y2 .!: 1, x .!: 1. Pour savoir si M appartient
l)
2
rer que C est bien l'hyperbole H (voir 2
La fonction <I> (t) = f[x(t), y(t)] est dérivable et sa dérivée Les intervalles I et J 2 =]-1, O[ convien-
est égale à : <I> '(t) = àf [x(t), y(t) ] x '(t) + àf [ x(t), y(t) ] y '(t) . nent éJalement et, dans ce cas,
àx ày y = - 1- x 2 • D'un point de vue pure-
La démonstration passe par l'utilisation du théorème des ment géométrique, ce théorème se géné-
accroissements finis. Elle est relativement technique mais ralise ainsi :·Soient C la courbe d'équation
on peut en donner l'idée simplement. La définition de la f (x , y)= 0 et (xü.! y0 ) un point de C où
dérivée partielle implique que, si & est petit, en première gradf(x0 ,y0 ) >" O. Il existe un ouvert U
contenant (x0 , y0 ) tel que l' intersection
approximation,f(x + &, y) - f(x, y) vaut Llx af (x,y).
ax de Cet de U soit une courbe paramétrée.
De même,f(x, y+ y) - f(x, y) vaut Llx af (x,y) . Pour le démontrer, il suffit de considé-
ax rer les deux cas
En décomposantf(x + &, y+ Lly) - f(x, y) af (xo,Yo)"' 0 et af (xo, Yo)"' O.
enf(x + &, y + Lly) - f(x, y+ Lly)+ f(x, y+ Lly) - f(x, y) , ay ax
on en déduit que, six et y sont petits, Dans le premier cas, un paramètre pos-
f(x + &, y + Lly) - f(x, y) vaut Llx àf (x ,y) + Ay àf (x, y). sible est x, dans le second, y.
àx ày
En utilisant, le résultat analogue sur les fonctions x et y, les tracés
x(t + &) - x(t) vaut x'(t) & et y(t + &) - y(t), y'(t)&.
On en déduit que, en première approximation, Dans des cas plus sophistiqués, on mêlera
étude graphique utilisant un logiciel et
<l>(t + &)- <l>(t) vaut [ af (x,y)x'(t) + af (x,y)y'(t) ] M,
ax ax étude théorique pour éclaircir certains
d'où le résultat . Dans le cadre du théorème des fonctions points. Considérons par exemple la
implicites exposé dans le texte, ce résultat permet de mon- courbe d'équation x 4 + 3.x' + y4 + xy =0.
trer que gradf[ x, <p(x)] est bien normale à la courbe L'utilisation d'un logiciel graphique per-
d'équationf(x,y) = O. En dérivantl'expressionf[x, q:,(x)] =0 , met de visualiser son allure. Le seul
point autour duquel cette courbe ne peut
on obtient af
ax [ x, ,P(x) ] + af
ay [ x , ,P(x)] ,P ,(x) = 0, ce qui
être paramétrée est le point où f et son
montre le résultat . gradient s'annulent, c'est-à-dire (0, 0).
Ce point est un point double. L'une des
tangentes en ce point est horizontale ,
Si af ( x 0 , y0 ) .. 0, il existe un intervalle l'autre verticale comme le montre l'étude
ax
de y/x et de x/y quand x et y tendent
ouvert I contenant x 0 et un intervalle vers O. H. L.
ouvert J contenant y0 tels que, pour tout
x E 1, l'équation (en la variable y)
f(x, y)= 0 possède une seule solution,
y= q:,(x), dans J. De plus, cette fonction
q:, est de classe C I sur 1.
Ce résultat ne signifie pas qu'il soit
facile , ni même possible, d'expliciter la Courbe d'équation
fonction q:,, il dit simplement qu'elle x 4 + 3 x3 + y4 + xy = 1
le problème
impossible
Pierre et Serge sont deux mathématiciens géniaux qui habitent
le même immeuble, et que leur concierge tente constamment
de coller. Elle leur soumet un beau matin un problème d'appa-
rence impossible.
Un problème impossible
et néanmoins soluble !
Le mathématicien néerlandais Hans Freudenthal (1905-
1990 ), rédacteur de la rubrique Problème de la revue Nieuw
Archief voor Wiskunde, fit paraître en 1969 une énigme
d'apparence insoluble. Et pourtant, en y réfléchissant un
peu sérieusement ...
e « problème impossible » intro- Mais la première phrase permet d'éliminer
Dans chacun de ces trois cas, le produit 11 (obtenu avec 18 , 24, 28) ,
Pcorrespondant (53n, 97n, 100 x 99) a 17 (obtenu avec 52) ,
une décomposition unique. On peut enfin 23 (obtenu avec 76 , 112, 130),
supprimer la somme S = 51 = 17 + 34, 27 (obtenu avec 50, 92 , 110, 140, 152,
car le produit P = 17 x 34 n'a pas d'autre 162, 170, 176, 182),
décomposition. 29 (obtenu avec 54, 100, 138, 154, 168 ,
Voici donc la liste exhaustive des sommes 190, 198, 204, 208),
possibles à cette étape du crible, avec pour 35 (obtenu avec 96, 124, 174, 216, 234,
chaque somme la liste des produits pos- 250, 276, 294, 304, 306),
sibles pour leur décomposition : 37 (obtenu avec 160, 186, 232, 252, 270,
336, 340),
11 (obtenu avec 18, 24, 28, 30), 41 (obtenu avec 114, 148, 238, 288, 310,
17 (obtenu avec 30, 42, 52, 60, 66, 70, 348,364,378, 390,400,408,414,418),
72), 47 (obtenu avec 172, 246, 280, 370, 442,
23 (obtenu avec42,60, 76, 90, 102, 112, 480, 496, 510, 522, 532, 540, 550, 552),
120, 126, 130, 132), 53 (obtenu avec 240, 282, 360, 430, 492,
27 (obtenu avec 50, 72, 92, 110, 126, 520, 570,592,612,630,646,660,672,
140, 152, 162, 170,176, 180, 182), 682, 690, 696, 700, 702) .
29 (obtenu avec 54, 78, 100, 120, 138, Serge : « Eh bien, moi aussi je les connais
154, 168, 180, 190, 198, 204, 208, 210), maintenant. »
35 (obtenu avec 66, 96, 124, 150, 174,
196,216,234,250,264, 276,286, 294, Pour que Serge puisse conclure , il faut
300, 304, 306), qu'il ne reste plus qu ' un seul produit
37 (obtenu avec 70, 102, 132, 160, 186, correspondant à la somme qu'elle connaît.
210, 232,252,270,286,300,312,322, Ceci n'est le cas que si la somme est
330, 336, 340, 342), 17, auquel cas le produit est 52. Les
41 (obtenu avec 78, 114, 148, 180, 210, nombres de départ sont donc 4 et 13.
238,264,288,310,330,348,364,378,
390,400,408,414,418,420), À noter que Martin Gardner vulgarisa le
47 (obtenu avec 90, 132, 172, 210, 246, problème en l'adaptant et en le simpli-
280,312,342,370,396,420,442,462, fiant, comme à son habitude, dans sa
480,496, 510,522,532,540, 546,550, rubrique du Scientific American en
552), décembre 1979, avec des compléments
53 (obtenu avec 102, 150, 196, 240, 282, en mai 1980. Il parut dans Pour La
322,360, 396,430,462,492,520,546, Science en mai 1980.
570,592,612,630,646,660,672,682, A.Z.
690 , 696, 700, 702) .
.,e:B-
a.
--i
;;,
0
Le magicien et son fils se connaissent tellement .,
3
qu'ils peuvent se communiquer la valeur d'un "'
nombre choisi par un spectateur, rien qu'avec la
présentation de quelques cartes à jouer d ' apparen-
ce ordinaire (voir en page 127) . . . Mais avant de
commencer, un « tour de chauffe » est nécessaire.
Le spectateur choisit un nombre de 1 à 100, dont
il donne la valeur au magicien, en l'absence du
fils. Le magicien sort deux cartes d'un jeu de cin-
quante-deux (et parfois même une seule), qu'il
présente faces visibles sur la table. Le fils du
magicien revient autour de la table et donne le
nombre choisi par le spectateur.
E8pUcation
C
« Il ne saurait y avoir
de vérités premières. Il n'y a Bachelard, la science ne pro- gent qui sort et rentre dans la caisse et
que des erreurs premières.» gresse pas avec des certitudes , les poches des trois amis , ainsi que celle
Gaston Bachelard, Études mais avec des erreurs, petites ou du serveur. D'abord 10 € sort de chaque
grandes .. . que les scientifiques sur- poche des clients , et 30 € rentrent dans
montent. On trouve des exemples ins- la caisse. Le geste de la patronne en fait
tructifs à tous les niveaux, de celui de sortir 5, donc il reste 25 € dans la caisse.
la vie de tous les jours jusqu ' à celui de Des 5 € sortis , l € va dans les poches
la recherche scientifique. de chaque client et 2 dans celle du ser-
veur. Finalement, chaque client a déboursé
le mystère de l'euro perdu 9 € , ce qui fait 27 € en tout. De ces
27 € , 25 sont allés dans la caisse et 2
Trois amis viennent de consommer à la dans la poche du serveur. Le compte
terrasse d'un café. Ils demandent l'ad- est bon et le paradoxe n'est qu'appa-
dition. Le serveur l' apporte. Cela fait rent. L'énoncé propose simplement un
30 € en tout. Chacun donne un billet de mode de raisonnement erroné dont il
10 € et s'apprête à partir quand la patronne est difficile de sortir.
décide de faire un geste commercial, et Considérons la somme
de réduire l'addition de 5 € . Le serveur 1 1 1
S = - + - + .. . + + etc.
prend cinq pièces de 1 € dans la caisse 2 6 n(n -1)
et, ne pouvant les partager en trois, glisse c'est-à-dire la somme des termes
discrètement deux des pièces dans sa 1/ n(n-1) quand n varie de 2 à l'infini,ce
1
poche et rend une pièce de 1 € à cha-
cun des clients.
que l'on note souvent S = I---.
+<X>
n(n - 1)
n-2
Finalement, chacun a payé 10 - 1 = 9 € , Pour la calculer, on remarque que
soit 27 € en tout. En ajoutant les deux 1 1 1
---=----
pièces du serveur, cela fait n(n - 1) n -1 n
3 x 9 + 2 = 29 € . Où est passé le tren- La somme se décompose alors en deux :
tième euro?
Il n'est pas si facile de trouver la faille
S= Î-1- _Î _!_. Les deux sommes
n-2 n - 1 n-2 n
dans ce raisonnement ! Pour la décou- sont celles des inverses des nombres
vrir, il faut en sortir, et se mettre dans entiers, la première de 1 à l'infini et la
4 9
Positifs et négatifs, fini et infini
4 8
3 De la même manière, les ensembles infi-
7 nis N et "11. peuvent être mis en bijec-
2 tion . Pour cela, il suffit de définir un
parcours du second ensemble.
1
1 2 3 4
Établir une bijection entre flil* et N*2
revient à numéroter les points de N* 2 •
l
f(x) = 0 six= 0,
-1+1/xsixE[O, 1].
où à gauche de la flèche figure un nombre et à droite,
son double. Ainsi le tout est égal à la partie ce qui, a
priori, contredit le neuvième axiome d'Euclide :
« Le tout est plus grand que la partie. »
De tels paradoxes expliquent que les mathématiciens
grecs évitaient la notion d'infini. Deux ensembles
finis en bijection ont le même nombre d'éléments,
deux ensembles infinis en bijection sont dits de même
puissance (ou équipotents). Pour l'essentiel, il est
possible de n'en considérer que deux: la puissance
du dénombrable, qui est celle de N, et celle du continu,
qui est celle de R
Bijection de [-1, 1] sur IR.
a.
0
c
enbase4 a
;:;!
0
3
Il:
Dans le tour de la page 119, le spectateur se doute
qu'il y a un truc puisque les deux cartes ont été choi-
sies par le magicien. Pour le tour suivant, ce sera le
spectateur qui choisira les cartes ! Pour compliquer
encore, le nombre choisi sera cette fois entre 1 et 200
(et même 255), mais le spectateur devra alors choisir
quatre cartes parmi un tas que le magicien proposera
(le magicien se contentera de les placer sur la table). magicien a besoin d'un O ou d'un 1 il demande au
Le fils s'éloigne, le spectateur indique au magicien le spectateur de choisir une carte noire, et le magicien
nombre qu 'il a choisi. Ce dernier demande au spec- fait attention à la présenter dirigée avec la dissymétrie
tateur de lui donner une carte (rouge ou noire selon vers le bas (0) ou le haut (1) . Si le magicien a besoin
les cas) , puis une deuxième, une troisième, et une d'un 2 ou d'un 3, il demande au spectateur de choisir
quatrième, la couleur étant toujours imposée par le une carte rouge, et le magicien fait attention à la
magicien . Celui-ci aligne les quatre cartes choisies présenter la dissymétrie vers le bas (2) ou vers le haut
par le spectateur sur la table, le fils revient et trouve (3). Les quatre cartes sont présentées dans l'ordre
la valeur du nombre choisi. correspondant aux coefficients 64, 16, 4, 1 de gauche
à droite par le magicien, et son fils doit être capable
Explication de lire l'écriture cachée ainsi en base 4, puis de faire
la conversion de tête en base 10.
Le tour réussit grâce à deux astuces très différentes, Attention à bien extraire des cartes rouges et noires
ce qui rend très difficile de deviner l'explication. adéquates en quantité suffisante pour constituer un
D'abord il faut connaître la numération en base 4 . Par joli tas de cartes panaché !
exemple, le nombre qui s'écrit 2131 en base quatre
vaut 2x64 + lxl6 + 3x4 + 1 (soit 128 + 16 + 12 + 1 .,,.
@
Ces e1etraordinaires
courbes de remplissage
Il est possible de couvrir le plan tout entier avec des courbes
infiniment minces qui ne se recoupent pas, comme l'ont montré
les mathématiciens de la fin du XIXe siècle, entre autres
résultats spectaculaires. Adorateurs de l'intuition s'abstenir...
out a véritablement commencé
la courbe de Peano
Les quatre premières étapes,
Pi, P 2 , P 3 et P 4 , de la construction
de la courbe de Peano.
À la limite, pour un nombre infini
d'étapes, la courbe, de longueur infinie,
recouvre tout le carré !
.:. l l j .!. 8
les pauages de l'espace
Les pavages de différents espaces
comme la droite, le plan ou l'espace avec
une infinité de courbes simples de
formes variées est un autre sujet d'é-
, ..·il lli llll lllllll lllll li li li lllll 1111111111 1111111111111111 .. ·, tude. Dans ce cas, paver signifie que
= ----= tous les points de l'espace à paver sont
= ==== - ...
recouverts une fois et une seule. Il est
clair que l'on peut paver la droite avec
6 5
des segments semi-ouverts : il suffit
1. Pavages d'une droite avec des segments égaux semi- de les mettre bout à bout !
ouverts, et pavages du plan avec le même type de segments. Sur la figure 1 ci-contre, chaque extrémité
fermée est indiquée par un gros point
et les points de suspension sont en
rouge . Il est cependant impossible de
paver la droite avec des segments fer-
més, même de longueurs différentes ,
car entre deux nombres réels (l'ex-
trémité droite d'un segment et l 'ex-
trémité gauche du segment suivant) il
sera possible d'insérer un nombre infini
non dénombrables de points réels .
John Conway et Hallard Croft ont ensuite
montré qu'il était possible de paver le
plan avec des segments fermés égaux,
comme indiqué sur la figure ci-contre. Le
2. Pavage d'un plan par des segments fermés égaux. pilier central 1 est flanqué de deux piliers
horizontaux 2 et 3 ouverts du côté fini
(le dernier segment n'est pas ajouté , de
façon à se réunir à un côté du pilier ver-
tical sans laisser de point non recouvert) .
Les piliers obliques ouverts du côté fini,
4, 5, 6 et 7, sont ajoutés et d'autres piliers
obliques (8 et 9 et leurs symétriques)
ouverts par les interstices libérés, et ainsi
de suite.
3. Pavage d'un plan par des segments ouverts inégaux. Il est aussi possible de paver le plan
avec des segments ouverts inégaux ,
ples (dit autrement : toute application comme représenté sur la figure 3. Les
bijective d'un segment dans le carré segments de la pile centrale noire for-
est nécessairement discontinue). Toute- ment un rectangle sans côtés ni som-
fois, la courbe du mathématicien améri- mets car les segments du haut et du bas
cain William Fogg Osgood (1864-1943) de la pile sont absents. Le segment le
est continue et ne passe jamais deux plus à droite de la pile de gauche est
fois par le même point. Elle ne recou- présent et celui le plus à gauche est
vre cependant que la moitié du carré. absent. Les segments noirs et rouges
la pendaison impossible
Comment prévoir l'imprévisible? Un condamné
à mort doit être pendu un jour d'une semaine fixée,
sauf s'il devine le jour où la pendaison doit
avoir lieu. « Vous ne pourrez pas me pendre ,
annonce-t-il à ses bourreaux. Le dernier jour
de la semaine, le samedi.je saurai que c'est le
jour où vous allez me pendre, donc je pourrais
vous l'annoncer le matin même. Vous ne pou-
vez donc me pendre le samedi. Comme vous ne
pouvez pas me pendre le samedi, le vendredi
matin je saurai que c'est le dernier jour où vous
pouvez me pendre et je vous l'annoncerai. Donc
vous ne pouvez me pendre le vendredi . . . et ainsi
de suite pour tous les jours de la semaine. »
Hélas, le prisonnier fut bien surpris de voir
entrer le bourreau dans sa cellule ... le mercredi,
par exemple !
Étudié notamment par Quine, ce paradoxe pré-
visionnel (d'origine scandinave ou nord-amé-
ricaine) remonte aux années 1940, avec la
variante d' un « examen surprise annoncé pour
un jour inopiné de la semaine suivante » .
:~ si:i:h:I
qui ne souffrira, je pense, de réponse ni par
oui ni par non : quand vous êtes ivre, battez-
vous votre f emme ? »
5 8
En découpant un carré de côté 8 cm,
on obtient un rectangle de côtés 5 et 13 cm.
Autrement dit : 8 x 8 =5 x 13, soit 64 =65.
Quand 2 = 1 0=1
Partons de l'identité remarquable La somme 1 - 1 + 1 - 1 + 1 - 1 +etc.est pleine de surprises.
(a - b)(a + b) = a2 - b2 • Si nous groupons les termes deux par deux à partir du pre-
En divisant chaque membre de cette mier : (1 - 1) + (1- 1) + (1 - 1) + ... =O.
équation par a - b, Si nous le faisons à partir du second :
a 2 -b 2
nous obtenons a + b = - - - 1 - (1 - 1) - (1 - 1) - (1 - 1) - ... = 1.
a- b
Nous en déduisons que O est égal à 1.
Pour a = b = 1, a 2
=a et b2 =b, Par ailleurs, si nous admettons que
a 2 -b2 S = 1 - 1 + 1 - 1 + ... a un sens et qu'on peut lui appliquer
donc - - = 1
a-b les raisonnements classiques que nous faisons usuellement sur
d'où, en reportant dans l'équation pré- les nombres,
cédente, 2 = 1. S = 1 - 1 + 1 - 1 + ... = 1 - [1 - 1 + 1 - 1 + ...] = 1 - S.
Ce paradoxe cache forcément une erreur. Le nombre S, si c'en est un, est donc solution de l'équation
Ici, elle correspond à une division par zéro, S = 1 - S, ce qui fournit sa valeur: S = 1 /2. Avec cette défi-
puisque le dénominateur de la fraction nition, la somme S n'a aucun sens. La levée classique à ce
considérée vaut O. paradoxe est d' introduire la notion de convergence à partir
de celle d'approximation .
plan sont alignés Pour lui donner un sens, on considère la somme finie de ses
n premiers termes . Un calcul montre qu'elle vaut J - __!___.
2"
Considérons l'hypothèse Hn: n points Quand n augmente le second terme diminue pour devenir
quelconques du plan sont toujours ali- négligeable. Ainsi, cette somme converge vers 1. On peut
gnés. Il est clair que H 1 et H2 sont vraies. voir cette somme comme le résultat du partage d' une quiche
Supposons donc Hn vraie et donnons- selon la règle suivante : le premier prend la moitié, le suivant
nous n + 1 points quelconques du plan, prend la moitié du reste, et ainsi de suite.
Mi, M 2 , ••• Mn et Mn+l · D'après l'hy-
pothèse Hn, les n premiers points Mi, Partage d'une quiche
M 2 ..• Mn sont alignés. Ils définissent en parts réduites
donc une droite D. Pour la même rai- de moitié
son, les n derniers M 2 , M 3 , ••. Mn+ 1 à chaque étape.
sont également alignés, et définissent
une droite l:l.. Si les convives so nt en
Ainsi, les points médians M 2 , ... Mn nombre infini, la quiche sera
appartiennent aussi bien à D qu'à l:l.. entièrement distribuée , ce
Les deux droites D et l:l. sont donc qui donne l'égalité
confondues. Les points M 1, M 2 , ••• Mn l 1 1
-+-+-+ .. . =!.
et Mn+! appartiennent à D, donc sont ali- 2 4 8
gnés ... ce qui prouve Hn+l · Cette méthode est celle qu'utilisait Archimède dans l' Anti-
Ainsi, les points du plan sont tous ali- quité , en évitant l'introduction de l' infini : il montrait que
gnés. Où est l'erreur ? Pour la voir, plus on prenait de termes, plus on s'approchait de 1.
essayez donc d'appliquer le raisonne-
ment pour n = 2 ...
Référence
Explication
Impossible, même à
un Dieu omnipotent 1
On peut se demander si Dieu peutfaire des choses qu'il ne peut
pas faire. Les limites de Dieu résident-elles dans les
contradictions amenées par l'omnipotence ou l'omniscience?
Dans quelle mesure les limites scientifiques sont-elles des
limites absolues ?
Un botaniste, un mathématicien et un aplanir. Pourquoi Dieu ne le pourrait-il
théologien étaient réunis et le botaniste pas?
prétendait avoir trouvé un radiolaire
dont le squelette sphérique siliceux la montagne impossible aconquérir
était pavé d'hexagones . « Impossible,
s'exclama le mathématicien, un théo- Le problème de l'omnipotence divine a
rème de mathéma- été posé par Averroès (1126-1198) et
tique interdit le Thomas d ' Aquin (vers 1224-1274).
recouvrement d 'une Une version du problème posé est :
sphère par des hexa- « Dieu pourrait-il créer une montagne
gones. » « À Dieu, si haute qu 'il ne pourrait monter jus-
qui a créé les lois qu'à son sommet ? » Si Dieu ne peut
mathématiques, rien créer une telle montagne, il n'est pas
n'est impossible ! » omnipotent, et s'il ne peut gravir une
répondit le théolo- telle montagne , il n'est pas omnipotent
gien. non plus.
L'écrivain René Daumal rédige en
Les limites de la 1928 le Mont Analogue. Il évoque une
science sont-elles des montagne sacrée dont la base est
limites pour Dieu ? accessible , mais dont le sommet, tou-
Lui serait-il impos- jours couvert de brumes opaques, est
sible de voyager plus invisible et inatteignable. Les fron-
vite que la lumière, de tières de l'invisible sont visibles et
voyager dans le passé et de le modifier, abordables. La montagne de René
Les radiolaires
de dépasser les incertitudes quantiques, Daumal est un symbole de la recherche
(dessins de
de créer l'Univers à partir de rien ? Les scientifique : ce n'est pas parce que la
Ernst
scientifiques n'aiment pas qu'on leur connaissance totale est impossible que
Haeckel).
oppose des impossibles et ils trouvent nous ne poursuivons pas notre quête de
des moyens de les contourner ou de les compréhension.
les chaussettes
amsey
Le désordre complet est impossible Pourvu que l'on
considère un ensemble suffisamment grand, on peut y
trouver n'importe quel objet mathématique. La théorie de
Ramsey cherche alors à déterminer l'ensemble minimum
qui possède une propriété donnée.
pour chaque dé, le chiffre d des tion est toujours un nombre positif
dizaines est le même sur les six faces multiple de 999 !
(et de même pour le chiffre c des cen- Or, le plus grand résultat de lancer pos-
taines). Mieux encore : sur chaque dé sible est 8 543 + 7 471 + 8 292 = 24 306.
figurent six chiffres des milliers diffé- Le plus petit résultat possible est
rents, et ces six chiffres sont identiques 3 748 + 1 477 + 2 298 = 7 323.
à ceux des unités. De plus, milliers (m) La différence la plus grande possible
et unités (u) sont associés par paires est 24 306 - 7 323 = 16 983. Les diffé-
ayant la même somme : sur le premier rences minimum sont O et 999. On peut
dé, le total m + u est toujours 11 ; sur le obtenir O quand les deux lancers sont
deuxième, ce total vaut 8 ; sur le troi- identiques. On peut obtenir 999 avec
sième, il est égal à 10. deux lancers dont les deux premiers
En conséquence, quand on additionne dés coïncident et dont les troisièmes
les trois nombres du lancer, la somme dés diffèrent entre eux de 999, comme
des trois chiffres des milliers et des par exemple 3 297 et 2 298.
trois chiffres des unités est égale à Les résultats multiples de 999 que l'on
11 + 8 + 10 = 29. peut obtenir sont donc : 0, 999, 1 998,
Ensuite, la somme des trois chiffres 2 997, 3 996, 4 995, 5 994, 6 993,
des dizaines est égale à 4 + 7 + 9 = 20, 7 992, 8 991, 9 990, 10 989, 11 988,
et la somme des trois chiffres des cen- 12 987, 13 986, 14 985, 15 984,
taines est égale à 5 + 4 + 2 =11. 16 983.
Lorsque l'on effectue la somme des
trois nombres affichés sur les trois dés, Lorsque le résultat a quatre chiffres, les
on obtient vingt dizaines et onze cen- chiffres extrêmes ont pour somme 9, et
taines. Les S unités ont été calculées au centre de l'écriture du résultat il y a
mentalement. Il y a donc 29 - S mil- deux 9. Si le spectateur annonce pour
liers. Finalement, la somme totale est: chiffre des unités 3, le magicien calcu-
1000 (29 - S) + llxlOO + 20xl0 + S le 9 - 3 = 6 et annonce pour résultat
= (30-S) x 1000 + 3 x 100 + S. Il suf- 6 993.
fit donc, pour obtenir le total à cinq Lorsque le résultat a cinq chiffres, le
chiffres des trois nombres affichés par chiffre du milieu est toujours 9, le
les trois dés, de juxtaposer : pour les chiffre des dizaines est toujours 8, la
deux chiffres à droite, la somme S des partie formée des deux chiffres de droi-
unités écrite avec deux chiffres ; pour te et la partie formée des deux chiffres
le chiffre du milieu, le chiffre 3 ; pour de gauche ont toujours pour somme 99.
les deux chiffres de gauche, le complé- Si le spectateur annonce pour chiffre
ment de S à 30. des unités 3, le magicien pense à une
fin en 83, calcule 99 - 83 = 16 et
Mais le magicien ne voit pas les dés et annonce pour résultat 16 983.
ne connaît pas les deux totaux. Chacun Dans le cas d'un nombre a trois
des deux résultats peut s'écrire chiffres, le seul résultat possible est
(30 - a)xlOOO + 300 + a et 999, le magicien peut même se dispen-
(30 - b)xlOOO + 300 + b. En admettant ser de demander le chiffre des unités.
que a soit supérieur à b, la soustraction
donne 1000 x (a - b) + (b - a), soit
999 x (a - b). Le résultat de la soustrac-
'
Hnos lecteurs,
rien d'impossible
HS4903 -les pièces t/
14
0 •
.
NS4901- Ce n'est pas possible. En effet, pour HS4909 - Cette solution est unique aux rota-
chacun des deux objets, si l'on plie la feuille en tions et symétrie près et à la couleur des quatre
deux selon la ligne médiane, il y a trois épais- cases marquées par un point d' interrogation,
seurs de papier dans certaines zones. qui peut être inversée.
7 4 1 12 25 10 27 16 19 22
2 13 6 9 30 15 24 21 28 17
5 8 3 14 11 26 29 18 23 20
2.
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Une technique d'élimination des pions dans
une bande de trois cases de large est représen-
tée ci-dessus. Elle permet de ramener le carré
8 x 8 à un carré 2 x 2. Il est ensuite possible
d'éliminer trois des quatre pions de ce dernier
carré. Cette technique est généralisable à tout
carré de pions dont le côté est un nombre non
divisible par 3.
* Tous les titres avec les HS «kiosque ».** Tous les titres avec les HS Bibliothèque. ••• Tous les titres avec les deux HS.
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Publié par les Éditions POLE
SHS au capital de 42 000 euros
Siège social
80 bd Saint-michel - 75006 Paris
Commission paritaire : 1016 K 80883
Dépôt légal aparution
Directeur de Publication et de la Rédaction
Gilles COHEn
Rédacteur en chef adjoint
Herué lEHnmG
Secrétaire de rédaction
Édouard THOmHS
Ont collabtré a ce numéro
Jacques BHIR, Philippe BOULHUGER, Karine BRODSKY,
Élisabeth BUSSER, miche( CRITOn, Thierry DHSSÉ,
Jean-Paul DELHHHYE, Dauid DELHUUHY, Jean-Jacques DUPHS,
Jean-Pierre FRIEDELmEYER, Bertrand HHUCHECORnE,
Ualérie HEnRY, Daniel JUSTEUS, François LHUHLLOU,
Herué lEHUlnG, Jean-Hlain RODDIER, Gianni SHRCOUE,
Dominique SOUDER, Laurent UHn OFFEL,
norbert UERDIER, Hlain ZHLmHnSKI
maquette
Guillaume GHIDOT, natacha LHUGIER,
Claude LUCCHlm, mcolas mURHTOUIC
Photos : droits réserués
Dessins : Julie Lambert [catoune.com)
Hbonnements
abo(ii)poleditions.com
01 47 07 5115 - fax : 01 47 07 88 13
.
t ~ •
Achevé d'imprimer pour le compte des Éditions POLE
sur les presses de l'imprimerie SPEI à Pulnoy (54 France)
Dépôt légal - Novembre 2013
l'impossible
du cercle!
« Mais c'est impossible!»
De tous temps, des esprits inspirés,
créatifs, originaux, ont bousculé les
idées reçues et pensé des objets
«quine devraient pas exister».
Ces inventeurs, qui ont parfois
raison contre la pensée dominante,
sont à la base des grandes
découvertes. Les mathématiques
ne font pas exception: leur histoire
est semée de paradoxes, de preuves
d'impossibilité, d'hypothèses
et de conjectures.
Tout commence avec les problèmes
déliaques: quadrature du cercle,
trisection de l'angle, duplication du
cube, construction de polygones
réguliers à la règle et au compas ...
La question de l'impossibilité se
posera ensuite pour les nombres
imaginaires, pour la résolubilité
par radicaux des équations
polynomiales, en théorie des
ensembles, pour la notion d'infini.
Des conjectures célèbres ont été
résolues ... ou infirmées.
D'autres sont encore à prouver,
des défis qui peuvent rapporter
jusqu'à un million de dollars.
En mathématiques, quand c'est
impossible, on trouve souvent
des pépites !
l:DITIONS.
Prix: 19,80 € POLE