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Pauwels-Bergier - Le Matin Des Magiciens PDF
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Le futur antérieur
I
et l’acide chlorhydrique.
Johann Rudolf Glauber (1604-1668) trouva le sulfate
de sodium.
Brandt (mort en 1662) découvrit le phosphore.
Johann Friedrich Boetticher (1682-1719) fut le
premier Européen à faire de la porcelaine.
Blaise Vigenère (1523-1596) découvrit l’acide
benzoïque.
Tels sont quelques-uns des travaux alchimiques qui
enrichissent l’humanité au moment où la chimie
progresse(20). À mesure que d’autres sciences se
développent, l’alchimie semble suivre et souvent
précéder le progrès. Le Breton, dans ses Clefs de la
Philosophie Spagyrique, en 1722, parle du magnétisme
de manière plus qu’intelligente et fréquemment anticipe
sur les découvertes modernes. Le Père Castel, en 1728,
au moment où les idées sur la gravitation commencent à
se répandre, parle de celle-ci et de ses rapports avec la
lumière dans des termes qui, deux siècles plus tard,
feront étrangement écho à la pensée d’Einstein :
« J’ai dit que si l’on ôtait la pesanteur du monde, on
ôterait en même temps la lumière. Du reste la lumière et
le son, et toutes autres qualités sensibles sont une suite
et comme un résultat de la mécanique et par conséquent
de la pesanteur des corps naturels qui sont plus ou
moins lumineux ou sonores, selon qu’ils ont plus de
pesanteur et de ressort. »
Dans les traités alchimiques de notre siècle, on voit
apparaître fréquemment, plus tôt que dans les ouvrages
universitaires, les dernières découvertes de la physique
nucléaire, et il est probable que les traités de demain
mentionneront les théories physiques et mathématiques
les plus abstraites qui soient.
La distinction est nette entre l’alchimie et les fausses
sciences comme la radiesthésie qui introduit les ondes
ou des rayons dans ses publications après que la
science officielle les a découverts. Tout pourrait nous
inviter à penser que l’alchimie est susceptible
d’apporter une contribution importante aux
connaissances et aux techniques de l’avenir basées sur
la structure de la matière.
« Cher confrère,
« Il n’y a rien à faire donc avec The Great God Pan
à Paris ? Si c’est ainsi, je suis vraiment marry, pour le
cas de ce livre assurément, mais surtout parce que
j’avais des espérances à l’égard des lecteurs français ;
je croyais que si on goûtait The Great God Pan dans
ses vêtements français et trouvait ça bon, il y aurait
peut-être là mon public trouvé ! Ici, je ne puis rien faire.
J’écris, j’écris toujours, mais c’est absolument comme
si j’écrivais dans un scriptorium monastique du Moyen
Âge ; c’est-à-dire que mes œuvres restent toujours dans
l’enfer des choses inédites. J’ai dans mon tiroir un petit
volume de très petits contes, que j’appelle Ornaments
in Jade. “C’est charmant que votre petit livre-là, dit
l’éditeur, mais c’est tout à fait impossible.” Il y a aussi
un roman, The Garden of Avallonius , quelque chose de
65 000 mots. “C’est un art sine peccato, dit le bon
éditeur, mais ça choquerait notre public anglais.” Et à
ce moment, je travaille sur un livre qui restera, j’en
suis sûr au même île du Diable ! Enfin, mon cher
confrère, vous trouverez quelque chose de bien tragique
(ou plutôt tragi-comique) dans ces aventures d’un
écrivain anglais ; mais, comme j’ai dit, j’avais des
espérances de votre traduction de mon premier livre. »
Il écrit :
« Les faux messies que nous avons vus jusqu’ici
n’ont fait que des prodiges d’une qualité fort inférieure,
et les voix qui les ont suivis n’étaient probablement pas
bien difficiles à séduire. Mais qui sait ce que nous
réserve l’avenir ? Si l’on réfléchit que ces faux messies
n’ont jamais été que les instruments plus ou moins
inconscients entre les mains de ceux qui les ont
suscités, et si l’on se reporte en particulier à la série de
tentatives faites successivement par les théosophistes,
on est amené à penser que ce ne sont là que des essais,
des expériences en quelque sorte, qui se renouvelleront
sous des formes diverses jusqu’à ce que la réussite soit
obtenue, et qui, en attendant, ont toujours pour résultat
de jeter un certain trouble dans les esprits. Nous ne
croyons pas, d’ailleurs, que les théosophistes, non plus
que les occultistes et les spirites, soient de force à
réussir pleinement par eux-mêmes une telle entreprise.
Mais n’y aurait-il pas, derrière tous ces mouvements,
quelque chose d’autrement redoutable, que leurs chefs
ne connaissent peut-être pas, et dont ils ne sont pourtant
à leur tour que les simples instruments ? »
C’est aussi l’époque où un extraordinaire
personnage, Rudolph Steiner, développe en Suisse une
société de recherches qui repose sur l’idée que
l’univers tout entier est contenu dans l’esprit humain et
que cet esprit est capable d’une activité sans commune
mesure avec ce que nous en dit la psychologie
officielle. De fait, certaines découvertes steineriennes,
en biologie (les engrais qui ne détruisent pas le sol), en
médecine (utilisation des métaux modifiant le
métabolisme) et surtout en pédagogie (de nombreuses
écoles steineriennes fonctionnent aujourd’hui en
Europe) ont notablement enrichi l’humanité. Rudolph
Steiner pensait qu’il y a une forme noire et une forme
blanche de la recherche « magique ». Il estimait que le
théosophisme et les diverses sociétés néo-païennes
venaient du grand monde souterrain du Mal et
annonçaient un âge démoniaque. Il se hâtait d’établir,
au sein de son propre enseignement, une doctrine
morale engageant les « initiés » à n’user que de forces
bénéfiques. Il voulait créer une société de
bienveillants.
Nous ne nous posons pas la question de savoir si
Steiner avait tort ou raison, s’il possédait ou non la
vérité. Ce qui nous frappe, c’est que les premières
équipes nazies semblent avoir considéré Steiner comme
l’ennemi numéro un. Les hommes de main du début
dispersent par la violence les réunions des steineriens,
menacent de mort les disciples, les obligent à fuir
l’Allemagne et, en 1924, en Suisse, à Dornach, mettent
le feu au centre édifié par Steiner. Les archives
flambent, Steiner n’est plus en mesure de travailler, il
meurt de chagrin un an plus tard.
Il écrivait :
« La théorie de la glace éternelle n’est pas seulement
une œuvre scientifique considérable. C’est une
révélation des liaisons éternelles et incorruptibles entre
le cosmos et tous les événements de la terre. Elle relie
aux événements cosmiques les cataclysmes attribués
aux climats, les maladies, les morts, les crimes, et
ouvre ainsi des portes toutes nouvelles à la
connaissance de la marche de l’humanité. Le silence de
la science classique à son propos ne s’explique que par
la conspiration des médiocres. »
LE FANTASTIQUE INTÉRIEUR
e π+1=0
t
Cette relation, qui accouple le réel à l’imaginaire et
constitue la base des logarithmes naturels est une
évidence. Dès qu’on l’explique à un étudiant de
« spéciale », il ne manque pas de déclarer qu’en effet,
« cela crève les yeux ». Pourquoi a-t-il fallu tant de
pensée, pendant tant et tant d’années, pour aboutir à une
telle évidence ?
En physique, la découverte de la nature ondulatoire
des particules est la clé qui a ouvert l’ère moderne. Là
aussi, il s’agit d’une évidence. Einstein avait écrit :
l’énergie est égale à mc , m étant la masse et c la
2
Hf = mc 2
I – RAMANUJAN
II – CAYCE
Edgar Cayce est mort le 5 janvier 1945, se refermant
sur un secret qu’il n’avait lui-même jamais percé et qui
l’avait effrayé toute sa vie. La fondation Edgar Cayce à
Virginia Beach, où s’emploient des médecins et des
psychologues, poursuit l’analyse des dossiers. Depuis
1958, les études sur la clairvoyance disposent en
Amérique de crédits importants. C’est que l’on songe
aux services que pourraient rendre, dans le domaine
militaire, des hommes capables de télépathie et de
précognition. De tous les cas de clairvoyance, celui de
Cayce est le plus pur, le plus évident, et le plus
extraordinaire(111).
Le petit Edgar Cayce était très malade. Le médecin
de campagne était à son chevet. Il n’y avait rien à faire
pour tirer le garçonnet hors du coma. Or, brusquement,
la voix d’Edgar s’éleva, claire et tranquille. Et
pourtant, il dormait. « Je vais vous dire ce que j’ai. J’ai
reçu un coup de balle de base-ball sur la colonne
vertébrale. Il faut me faire un cataplasme spécial et me
l’appliquer à la base du cou. » De la même voix, le
garçonnet dicta la liste des plantes qu’il fallait
mélanger et préparer. « Dépêchez-vous, sinon le
cerveau risque d’être atteint. »
À tout hasard, on obéit. Le soir, la fièvre était
tombée. Le lendemain, Edgar se levait, frais comme
l’œillet. Il ne se souvenait de rien. Il ignorait la plupart
des plantes qu’il avait citées.
Ainsi commence l’une des histoires les plus
étonnantes de la médecine. Cayce, paysan du Kentucky,
parfaitement ignorant, peu enclin à user de son don, se
désolant sans cesse de n’être pas « comme tout le
monde », soignera et guérira, en état de sommeil
hypnotique, plus de quinze mille malades, dûment
homologués.
Ouvrier agricole dans la ferme d’un de ses oncles,
puis commis dans une librairie de Hopkinsville,
propriétaire enfin d’un petit magasin de photographie
où il entend passer paisiblement ses jours, c’est contre
son gré qu’il va jouer les thaumaturges. Son ami
d’enfance, Al Layne, et sa fiancée Gertrude useront
leurs forces à le contraindre. Nullement par ambition,
mais parce qu’il n’a pas le droit de garder son pouvoir
pour lui seul, de refuser d’aider les affligés. Al Layne
est malingre, toujours souffrant. Il se traîne. Cayce
accepte de s’endormir : il décrit les maux de base, dicte
des remèdes. Quand il se réveille : « Mais ce n’est pas
possible, je ne connais pas la moitié des mots que tu as
notés. Ne prends pas ces drogues, c’est dangereux ! Je
n’y entends rien, tout cela est de la magie ! » Il refuse
de revoir Al, s’enferme dans son magasin de photos.
Huit jours après, Al force sa porte : il ne s’est jamais si
bien porté. La petite ville s’enfièvre, chacun demande
une consultation. « Ce n’est pas parce que je parle en
dormant que je vais me mettre à soigner les gens. » Il
finit par accepter. À condition de ne pas voir les
patients, de crainte que, les connaissant, son jugement
soit influencé. À condition que des médecins assistent
aux séances. À condition de ne pas recevoir un sou, ni
même le plus mince cadeau.
Les diagnostics et les ordonnances faits en état
d’hypnose sont d’une telle précision et d’une telle
acuité, que les médecins sont persuadés qu’il s’agit
d’un confrère camouflé en guérisseur. Il se limite à
deux séances par jour. Ce n’est pas qu’il redoute la
fatigue : il sort de ces sommeils très reposé. Mais il
tient à rester photographe. Il ne cherche absolument pas
à acquérir des connaissances médicales. Il ne lit rien,
demeure un enfant de paysans, doté d’un vague
certificat d’études. Et il continue à s’insurger contre
son étrange faculté. Mais dès qu’il décide de renoncer
à l’employer, il devient aphone.
Un magnat des chemins de fer américains, James
Andrews, vient le consulter. Il lui prescrit, en état
d’hypnose, une série de drogues, dont une certaine eau
d’orvale. Ce remède est introuvable. Andrews fait
publier des annonces dans les revues médicales, sans
résultat. Au cours d’une autre séance, Cayce dicte la
composition de cette eau, extrêmement complexe. Or,
Andrews reçoit une réponse d’un jeune médecin
parisien : c’est le père de ce Français, également
médecin, qui avait mis au point l’eau d’orvale, mais en
avait cessé l’exploitation cinquante ans plus tôt. La
composition est identique à celle « rêvée » par le petit
photographe.
Le secrétaire local du Syndicat des Médecins, John
Blackburn, se passionne pour le cas Cayce. Il réunit un
comité de trois membres, qui assiste à toutes les
séances, avec stupéfaction. Le Syndicat Général
Américain reconnaît les facultés de Cayce, et l’autorise
officiellement à donner des « consultations
psychiques ».
Cayce s’est marié. Il a un fils de huit ans, Hugh Lynn.
L’enfant, en jouant avec des allumettes, fait exploser un
stock de magnésium. Les spécialistes concluent à la
cécité totale prochaine et proposent l’ablation d’un œil.
Avec terreur, Cayce se livre à une séance de sommeil.
Plongé dans l’hypnose, il s’élève contre l’ablation et
préconise quinze jours d’application de pansements
imbibés d’acide tannique. C’est une folie pour les
spécialistes. Et Cayce, en proie aux pires tourments,
n’ose désobéir à ses voix. Quinze jours après, Hugh
Lynn est guéri.
Un jour, après une consultation, il demeure endormi,
et dicte coup sur coup quatre consultations, très
précises. On ne sait à qui elles peuvent s’appliquer :
elles ont quarante-huit heures d’avance sur les quatre
malades qui vont se présenter.
Au cours d’une séance, il prescrit un médicament
qu’il nomme Codiron, et indique l’adresse du
laboratoire, à Chicago. On téléphone : « Comment
pouvez-vous avoir entendu parler du Codiron ? Il n’est
pas encore en vente. Nous venons de mettre au point la
formule et de trouver le nom. »
Cayce, atteint d’une maladie incurable qu’il était
seul à connaître, meurt au jour et à l’heure qu’il avait
fixés : « Le cinq au soir, je serai définitivement guéri. »
Guéri d’être « quelque chose d’autre ».
Interrogé en état de sommeil sur la façon de
procéder, il avait déclaré (pour ne se souvenir de rien
au réveil, comme d’habitude) qu’il était en mesure
d’entrer en contact avec n’importe quel cerveau humain
vivant et d’utiliser les informations contenues dans ce
cerveau, ou ces cerveaux, pour le diagnostic et le
traitement des cas qu’on lui présentait. C’était peut-être
une intelligence différente, qui s’animait alors en
Cayce, et utilisait toutes les connaissances circulant
dans l’humanité, comme on utilise une bibliothèque,
mais quasi instantanément, ou tout au moins à la vitesse
de la lumière et de l’électromagnétique. Mais rien ne
nous permet d’expliquer le cas d’Edgar Cayce, de cette
façon ou d’une autre. Tout ce que l’on sait fermement,
c’est qu’un photographe de bourgade, sans curiosité ni
culture, pouvait, à volonté, se mettre dans un état où son
esprit fonctionnait comme celui d’un médecin de génie,
ou plutôt comme tous les esprits de tous les médecins à
la fois.
III – BOSCOVITCH
PARADOXES ET HYPOTHÈSES
SUR L’HOMME ÉVEILLÉ
Pourquoi nos trois histoires ont déçu des lecteurs. – Nous ne savons
rien de sérieux sur la lévitation, l’immortalité, etc. – Pourtant
l’homme a le don d’ubiquité, il voit à distance, etc. – Qu’appelez-
vous une machine ? – Comment aurait pu naître le premier homme
éveillé. – Rêve fabuleux mais raisonnable sur les civilisations
disparues. – Apologue de la panthère. – L’écriture de Dieu.