Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Partages et allocations équitables

Exercices et Problèmes
Michel Lemaître
Avril 2016

Partage de coûts
1. I [15 ] Goudronner un chemin commun. Quatre maisons sont disposées le long d’un chemin qui donne
accès à une route principale :
A BC D
e ee e

Les distances à la route principale sont les suivantes. Anne : 0.2 km ; Béatrice : 0.9 km ; Catherine : 1.0 km ;
Denise : 2.9 km. Les habitantes désirent goudronner le chemin. Il en coûte 1 ke pour goudronner 0.1 km de
chemin. Le coût total est donc de 29 ke. Comment partager le coût total entre les quatre habitantes ? Vont-elles
contester le partage ?
2. I [30 ] Courrier postal sur un réseau. Les maisons d’Alfred, Berthe, et Camille sont reliées par un
réseau routier privé à l’entrée (E) du village, où la Poste dépose le courrier chaque jour ouvrable. Le réseau est
tel que EA = EB = 1000m, AC = BC = 800m, AB = 900m (Camille n’est n’est pas reliée diretement à E).
Plutôt que d’aller chercher chaque jour leur courrier en E, elles décident de recourir à un service commun de
distribution du courrier. L’employé vient chaque matin en E, effectue sa tournée pour remettre le courrier dans
chaque maison, et revient en E. Le coût du service est proportionnel à la longueur de la tournée. Le problème
est de partager équitablement le coût du service.
Calculez le coût total à partager et les stand-alone costs de toutes les coalitions (sous-ensembles d’agents).
Déterminez le noyau (stand-alone core). Calculez la solution de Shapley. Cette solution satisfait-elle le stand-
alone test ? Appartient-elle au noyau ? L’agrément va-t-il tenir ?
Mêmes questions pour une variante du problème : il s’agit de partager équitablement l’installation d’un cable
informatique sur le même réseau. Le coût est proportionnel à la longueur du cable installé.
Facultatif : écrire un programme calculant la solution de Shapley dans le cas général.
3. I [10 ] Solution de Shapley.
1. Rappeler la définition d’une fonction de coût sous-additive.
2. Rappeler la définition du stand-alone test.
3. Démontrer que lorsque la fonction de coût est sous-additive, la solution de Shapley satisfait toujours le
stand-alone test.

Partage continu (objets divisibles)


4. I [15 ] Choix de l’emplacement d’un équipement commun.

Deux villes A et B décident de construire en commun un hôpital. Il


A’ s’agit de déterminer l’emplacement de cet hôpital, sachant qu’il peut
ville A être placé n’importe où sur l’une des deux routes qui relient A et B,
1 km sauf sur le segment CB (segment impropre à la construction mais cir-
C culation possible). Il s’agit de proposer un emplacement «équitable».
5 km
Les villes sont d’égale importance. Il n’y a pas de compensation mo-
s e g m e nt int e rd it E
nétaire possible.
2 km Quelles sont les alternatives ? Quels sont les critères ? Représenter les
alternatives dans l’espace des critères. Quel est le dilemme ? Quelles
ville B B’ alternatives vous paraissent raisonnables ?

1
5. I [35 ] Partage de temps : la radio. Cinq employés (e1, e2, ... , e5) travaillent dans un espace commun
(un magasin, une salle de sport ...) où la radio est diffusée. Cinq stations différentes (s1, s2, ... , s5) peuvent
être diffusées, mais bien sûr une seule à la fois. Les préférences des employés sont représentées dans le tableau
suivant :
s1 s2 s3 s4 s5
e1 1 0 0 0 0
e2 0 1 0 0 0
e3 0 0 1 1 0
e4 0 0 0 1 1
e5 0 0 1 0 1
dans lequel 0 signifie je n’aime pas et 1 signifie j’aime. Notez que les trois derniers employés sont assez flexibles
puisqu’ils acceptent deux stations. Le directeur de l’établissement doit décider du partage du temps entre les cinq
stations, c’est-à-dire déterminer : t1 , t2 , ..., t5 avec tk ≥ 0 et t1 + t2 + · · · + t5 = 1, où tk est la fraction du temps
consacrée à la station k. Calculez les solutions préconisées par l’utilitarisme classique (somme), l’égalitarisme
(min / leximin), et la fonction de Nash (produit). Commentez chaque solution, son adéquation à la situation,
son équité.

Partage d’objets indivisibles


6. [10 ] Allocation d’un rein. A quel receveur potentiel, parmi un ensemble de trois receveurs en attente,
allouer le rein d’un donneur ?

receveurs succès urgence attente


A 10 2 3
B 5 1 0.5
C 20 5 1.5

— succès : espérance de survie après transplantation


— urgence : espérance de survie sans transplantation
— attente : temps d’attente déjà écoulé.
7. [15 ] Partage d’un héritage sans compensations monétaires. Anne, Bernard et Cécile reçoivent en
héritage : un piano, une voiture, une bibliothèque, et une tondeuse à gazon. Ils souhaitent se les répartir sans
avoir recours à des compensations monétaires. Leurs préférences s’expriment dans le tableau suivant (chacun a
réparti 10 points sur les objets).
p v b t
Anne 2 3 3 2
Bernard 2 3 4 1
Cécile 0 4 2 4
Combien chacun est-il en droit d’attendre (en points) ? Quelle répartition (allocation) est la plus équitable ?
Est-elle efficace (Pareto-optimale) ? Vont-ils pouvoir s’entendre ?
8. I [35 ] Tests et ordres de bien-être social sur une instance. On se place dans le modèle de partage
de lots d’objets indivisibles avec préférences numériques additives. Nouvelles héritières, Anne, Berthe et Camille
doivent se partager quatre objets o1 , o2 , o3 , o4 . Le tableau suivant représente leurs préférences : elles ont réparti
chacune 20 points sur l’ensemble des objets.

o1 o2 o3 o4
Anne 6 6 1 7
Berthe 1 3 9 7
Camille 8 0 4 8

Donner, pour cette instance


a) une allocation proportionnelle (= qui satisfait le test de proportionnalité)
b) une allocation sans envie (= qui satisfait le test d’absence d’envie) ; satisfait-elle le test CEEI ?
c) une allocation qui maximise l’ordre induit par la fonction somme (utilitarisme classique)
d) une allocation qui maximise l’ordre induit par la fonction min
e) une allocation qui maximise l’ordre leximin (égalitarisme)

2
f) une allocation qui maximise l’ordre induit par la fonction de Nash (produit).
Pour somme, leximin et Nash, on indiquera si l’allocation est Pareto-optimale.
9. I [5 ] Deux agents. On se place dans le modèle de partage de lots d’objets indivisibles avec préférences
numériques additives. Montrer que si le nombre d’agents est réduit à deux, le test de proportionnalité est
équivalent au test d’absence d’envie.

10. I [5 ] Compatibilité entre proportionnalité et Pareto-optimalité. On se place dans le modèle


de partage de lots d’objets indivisibles avec préférences numériques additives. Montrer que, pour une instance
donnée, s’il existe une allocation proportionnelle, alors soit elle est Pareto-optimale, soit il existe une allocation
Pareto-optimale et proportionnelle qui la domine.
11. [15 ] Compatibilité entre test CEEI et Pareto-optimalité. On se place dans le modèle de partage
de lots d’objets indivisibles avec préférences numériques additives. On dit que les préférences d’un agent i sont
strictes lorsque des parts distinctes ont pour lui des utilités distinctes. Formellement : pout tout x, x0 sous-
ensembles d’objets, {x 6= x0 } ⇒ {ui (x) 6= ui (x0 )}. Montrer que si les préférences de tous les agents sont strictes,
alors une allocation qui satisfait le test CEEI est Pareto-optimale. Aide : raisonner par l’absurde en considérant
une allocation satisfaisant le test CEEI et non Pareto-optimale (donc dominée).

12. Échelle des tests. On se place dans le modèle de partage de lots d’objets indivisibles avec préférences
numériques additives. Les exercices suivants montrent que les quatre tests d’équité vus en cours (test maxmin,
test de proportionnalité, test d’absence d’envie, test CEEI) s’impliquent en chaîne. Montrer que
a) [7 ] toute allocation qui satisfait le test CEEI est sans envie.
b) I [5 ] toute allocation sans envie (i.e. qui satisfait le test d’absence d’envie) est proportionnelle.
c) [7 ] toute allocation proportionnelle (i.e. qui satisfait le test de proportionnalité) satisfait aussi le test maxmin.
d) Les questions suivantes ont pour but de montrer, avec les résultats précédents, que les quatre tests d’équité
peuvent servir à caractériser la "difficulté d’équité" d’une instance. [5 ] Expliquez pourquoi. Attention : ne
pas confondre ’instance’ et ’allocation’.
Trouver
e) [60 ] une instance possédant une allocation sans envie mais n’admettant aucune allocation CEEI.
f) I [10 ] une instance possédant une allocation proportionnelle mais n’admettant aucune allocation sans envie.
g) I [5 ] une instance possédant une allocation qui satisfait le test maxmin mais n’admettant aucune allocation
proportionnelle.
h) [R] une instance pour laquelle aucune allocation ne satisfait le test maxmin.

Partage mixte (objets indivisibles + monnaie)


13. Partage d’un tableau avec compensation monétaire. Manipulations. Anne et Béatrice viennent
d’hériter de leur oncle qui leur lègue un tableau en commun. Elles décident que l’une d’elles le prendra et
donnera à l’autre une compensation monétaire. Reste à savoir qui prend le tableau et de combien doit être la
compensation monétaire. Elle vont chercher de l’aide chez un notaire et vous êtes ce notaire. Vous commencez
par demander à chacune ses préférences. Celles-ci s’expriment en terme des utilités que chacune peut tirer des
différentes décisions possibles. Anne est très attachée au tableau et serait prête à payer 10 ke pour l’avoir (elle
est indifférente entre les deux situations avoir le tableau ou 10 ke). Béatrice n’est pas attachée au tableau, et
si elle l’avait, elle le revendrait aussitôt pour 4 ke, valeur marchande du tableau.
a) I [5 ] Tracez, dans l’espace des utilités de nos deux agents (en abscisses l’utilité d’Anne, en ordonnées celle de
Béatrice), le domaine des décisions possibles (qui possèdera le tableau et de combien sera la compensation).
On admettra que la compensation est toujours positive, elle qu’elle ne peut excéder la valeur du tableau
pour celle qui la verse. Indiquez les points remarquables. Visualisez la compensation.
b) I [3 ] Au vu du graphique précédent, vous pouvez déjà indiquer qui devrait obtenir le tableau, au nom d’un
principe vu en cours. Enoncez ce principe et dites qui prend le tableau.
c) I [7 ] Il faut maintenant décider du montant de la compensation monétaire. Vous proposez en premier lieu
d’utiliser le test de proportionalité vu en cours. Rappel : si n agents sont concernés par une décision commune,
qui doit être équitable, pour passer ce test, chaque agent i doit obtenir une utilité valant au moins autant que
sa «juste part proportionnelle». Cette juste part est définie par ûi /n, où ûi représente l’utilité maximale de
l’agent i en stand alone, c’est-à-dire s’il était le seul agent concerné par le problème. Déterminez l’ensemble
des décisions qui passent le test de proportionnalité. Montrez-le sur le graphique précédent.

3
d) I [3 ] Le test précédent n’est pas assez discriminant pour aboutir à une décision unique. Un test plus exigeant
est alors proposé : celui de l’absence d’envie. Rappel : une décision est sans envie si chaque agent pense qu’il a
reçu un lot qui à ses yeux, vaut au moins autant que chacun des autres lots (de sorte qu’il n’envie aucun autre
agent). Déterminez l’ensemble des décisions sans envie (qui passent le test de l’absence d’envie). Montrez-le
sur le graphique précédent. Ce nouveau principe est-il plus discriminant que le précédent ?
e) I [2 ] Les deux tests précédents ne permettant pas de proposer une décision unique, le notaire a recours à
un paradigme qu’on peut appeler «équité comme ajustement». Selon ce paradigme, on choisit une situation
initiale (réelle ou hypothétique) jugée équitable pour toutes les parties, et on ajuste de manière équitable
— par des incréments égaux d’utilités — cette situation initiale de telle sorte qu’elle devienne une décision
admissible. En prenant comme situation initiale la situation d’ignorance totale dans laquelle aucune des deux
n’a le tableau, déterminez la décision qui en résulte. Comment se situe-t-elle par rapport aux domaines des
décisions respectant les tests de proportionnalité et d’absence d’envie ?
f) I [2 ] Même question si on prend comme situation de départ celle (hypothétique) dans laquelle toutes deux
possèdent entièrement tableau.
g) I [3 ] Même question si on prend comme situation de départ celle (hypothétique) dans laquelle on tire au
sort le possesseur du tableau (c’est-à-dire chacune possède le tableau avec la probabilté 1/2). Quel est le lien
entre cette décision et le test de proportionnalité ?
h) [15 ] La procédure de partage précédente (quelle que soit la décision finalement retenue) a un défaut majeur :
elle est susceptible de manipulations. En effet, rien n’oblige les agents à révéler leurs véritables préférences.
Par exemple Anne pourrait prétendre que le tableau vaut pour elle seulement 5 ke, de manière à rendre une
moindre compensation monétaire à Béatrice. On dit qu’une procédure de partage résiste aux manipulations si
elle oblige les agents à révéler leurs véritables utilités, sous peine d’être pénalisés. Il n’existe pas de procédure
résistante aux manipulations pour tous les problèmes de partage, mais il se trouve qu’il en existe une pour
notre problème. C’est une procédure décentralisée, de type «jeu». Sans se concerter, chaque agent indique
sous pli scellé son évaluation du bien (chacun ignore ce que l’autre a inscrit). L’agent qui a inscrit le plus
fort montant emporte le bien et verse la moitié du montant inscrit à l’autre.
A quelle décision aboutit cette nouvelle procédure ? Comment se situe-t-elle par rapport aux principes utilisés
précédemment ? Montrer que cette procédure résiste aux manipulations, si chacun est ignorant des utilités
de l’autre (et ne prend aucun risque).
i) [20 ] Supposons maintenant que Anne et Béatrice connaissent parfaitement leurs utilités véritables réci-
proques. A quelle décision va aboutir la procédure de jeu précédente ?
14. [30 ] Procédure de Knaster : un exemple. Albert, Brice et Charles reçoivent en héritage une maison,
une voiture de sport quasi-neuve, un tableau des ancêtres et du cash. Ils décident d’utiliser la procédure de
Knaster pour se partager l’héritage. Voici leurs offres monétaires, en ke. Calculez le partage : à qui revient
chaque objet et quelles sont les compensations monétaires ? Calculez la valeur (en monnaie) reçu par chacun à
ses yeux et le pourcentage en valeur reçu par chacun par rapport à la valeur totale à ses yeux et concluez. Le
partage est-il sans envie ?
maison voiture tableau cash
Albert 350 52 2.5 30
Brice 400 43 3 30
Charles 375 20 1 30
15. I [15 ] Proportionnalité de la procédure de Knaster. Montrer que la procédure de Knaster vue en
cours satisfait le test de proportionnalité (chaque agent reçoit au moins sa juste part proportionnelle). Pour
cela, calculez le montant du surplus monétaire partagé par le médiateur et montrez qu’il est toujours positif ou
nul. Aide : considérez les valeurs moyennes et maximales des offres monétaires de chaque objet.
16. I [45 ] Procédure de Knaster vs Adjusted Winner. [Brams & Taylor, 1996].
objet offres de Bob offres de Carol Bob et Carol sont en instance de divorce. Ci-contre
1 Bateau 1000 300 voici les offres monétaires qu’ils donnent sur leurs
2 Moteur 1000 300 biens communs. Calculez la solution de partage selon
3 Piano 150 1000 la procédure de Knaster. Puis transformez les offres
4 Ordinateur 75 1000 monétaires en points et calculez la solution de par-
5 Fusil de chasse 300 200 tage selon la procédure Adjusted Winner. Concluez.
6 Outils 150 300
7 Tracteur 1500 100
8 Fourgon 1000 1000
9 Moto1 1000 1000
10 Moto2 1000 1000

Vous aimerez peut-être aussi