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Le système de comptabilité
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16 SYSTÈMES D’INFORMATION DE GESTION POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE
Plan
comptable
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ÉCRITURE
Grand
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Les bailleurs de fonds exigent souvent que les institutions de microfinance leur four-
nissent des rapports détaillés sur l'emploi des fonds qu'ils leur octroient (enca-
dré 2.1, page 18). Comme on le verra ci-après, le plan comptable peut être struc-
turé de façon à faciliter la présentation de ces rapports. L'important est de créer
des numéros de compte analytiques. Les techniques exposées dans l'exemple qui
suit peuvent être utilisées dans le cadre d'un système de comptabilité par origine
des fonds informatique ou manuel, même si l'exemple en question suppose l'uti-
lisation d'un système informatisé. La structure du plan comptable a été simplifiée
dans un souci de clarté mais aussi pour présenter une méthode différente.
ESSOR, une institution fictive de microfinance située en Afrique de l'Est, vient
de recevoir des fonds de la NewSystems Foundation, qui doivent lui permettre
de moderniser son système informatique, de rémunérer les informaticiens et
d'acheter de nouveaux logiciels de comptabilité et de tenue des comptes clients.
18 SYSTÈMES D’INFORMATION DE GESTION POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE
ENCADRÉ 2.1
Dispositions novatrices prises avec les bailleurs de fonds
Il peut être difficile de tenir une comptabilité par origine des fonds, même en em-
ployant les techniques décrites ici. Lorsqu'une institution compte un grand nombre
de bailleurs de fonds, l'emploi d'un système de comptabilité par origine des fonds peut
considérablement alourdir la charge de travail administratif et les frais d'exploitation.
Afin de réduire cette charge, certaines institutions de microfinance ont convenu
avec leurs bailleurs de fonds de regrouper toutes les ressources que ces derniers leur
fournissent et d'en assurer le suivi dans un fonds unique. Bailleurs de fonds et insti-
tutions de microfinance devraient envisager de recourir davantage à ces pratiques.
TABLEAU 2.1
Extrait du plan comptable d'ESSOR
La conception du plan comptable est, pour chaque institution, une décision fon-
damentale. La structure et le niveau de détail du plan en question déterminent en
effet le type d'informations que les gestionnaires de l'institution pourront obte-
nir et analyser. Il faut donc que ces derniers définissent clairement leurs besoins
et trouvent un juste milieu. Un plan comptable trop peu détaillé ne fournit pas
d'informations suffisamment précises pour qu'il soit possible de produire les in-
dicateurs complexes nécessaires à un suivi adéquat des opérations. À l'inverse, ten-
ter de rassembler des données volumineuses à un niveau de détail trop poussé im-
plique la création d'un nombre de comptes excessif : le service de la comptabilité
est alors submergé de travail et ne peut produire l'information suffisamment ra-
pidement pour qu'elle serve à prendre des décisions, ou la présente à un niveau
de détail tel que la direction ne peut identifier et interpréter correctement l'évo-
lution de la situation.
Presque tous les indicateurs financiers utilisés dans les rapports de système
d'information de gestion sont fondés, au moins partiellement, sur des informa-
tions enregistrées conformément au plan comptable. Il incombe donc à la direc-
tion de décider des indicateurs qu'elle souhaite suivre et de s'assurer que le plan
comptable permet de les calculer.
Le plan comptable doit avant tout répondre aux besoins de la direction. Si ces
derniers sont satisfaits, les besoins, généralement moins détaillés, des organismes
de financement, des responsables de la réglementation et des auditeurs le seront
aussi. Il peut toutefois arriver que des organismes de réglementation exigent des
institutions qui relèvent de leur compétence qu'elles utilisent un type précis de
plan comptable.
20 SYSTÈMES D’INFORMATION DE GESTION POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE
TABLEAU 2.2
Exemple de structure de plan comptable
ABCC-DD-EE-FF, où :
ABCC = compte
A = type de compte (actif, passif ) DD = programme
B = groupe (caisse, portefeuille, à recevoir) EE = agence
CC = comptes individuels FF = source de financement
munes (par exemple, caisses, encours et charges à payer). Les deux chiffres sui-
vants caractérisent certains comptes appartenant à la catégorie considérée : les
caisses principale et secondaire, le compte courant n° 1 et le compte courant n° 2
sont ainsi tous des comptes appartenant à la classe des disponibilités de la catégorie
des comptes d'actif.
Ce groupe de quatre chiffres est suivi de deux groupes de deux chiffres et de
deux groupes d'un chiffre. Ces groupes peuvent être placés dans n'importe quel
ordre et ne comporter qu'un chiffre au lieu de deux si l'on n'envisage pas de pous-
ser très loin la décomposition du groupe en question5. Dans notre exemple, le
premier groupe à deux chiffres indique les coûts par programme. Les programmes
sont décomposés en programmes de crédit, d'épargne, de formation et de com-
mercialisation. Comme toutes les opérations ne peuvent pas être identifiées par
type de programme, deux chiffres sont réservés pour désigner les comptes de bilan
(00), et les comptes d'activité ou les frais généraux du siège qui ne sont pas liés à
un programme (01). Les frais de personnel liés à un programme donné sont af-
fectés du code de ce programme. Les coûts encourus au titre de plus d'un programme
peuvent être répartis de façon proportionnelle entre les programmes, mais une
telle opération complique considérablement l'encodage des opérations et devrait
par conséquent être réalisée le moins souvent possible.
Le deuxième groupe à deux chiffres permet de séparer les recettes et dépenses
par agence, de la même manière que les codes des programmes. Il est généralement
plus facile de ventiler les coûts par agence que par programme, car les agences ont
en général des immobilisations et des employés qui leur sont spécifiquement af-
fectés ; elles peuvent également avoir une liste déterminée de clients et de prêts.
Le groupe de chiffres suivant permet de suivre les recettes et les dépenses par
origine (voir le point 2.4.2). Là encore, 0 identifie un compte de bilan et 1 la tré-
sorerie générale pour les ressources non associées à un bailleur de fonds donné. Les
autres codes caractérisent chacun un bailleur de fonds différent.
Quelques exemples de la manière dont fonctionne cette structure sont pré-
sentés ci-après :
● Si 1012 identifie le compte en banque, destiné aux prêts, le code 1012-00-01-21
caractérise les ressources détenues au siège (code 01) qui ne peuvent être affectées
qu'à des opérations de crédit et qui ont été fournies par l'USAID (code de
bailleur de fonds 21). Comme ce compte bancaire est un compte de bilan, 00
est le code du programme.
● Si 4120 identifie les commissions perçues sur les prêts, le code 4120-12-11-01 ca-
ractérise le produit des commissions sur les prêts aux particuliers (code de pro-
gramme 12) de l'agence 1 de la région centrale (code d'agence 11) qui sont af-
fectées au fonds de trésorerie générale (code de bailleur de fonds 01).
● Si 5212 identifie les rémunérations du personnel, le code 5212-31-21-31 ca-
ractérise les salaires versés au personnel chargé de la formation à la gestion
(code de programme 31) dans l'agence 1 de la région nord (code d'agence 21)
au moyen des ressources versées par la BID (code de bailleur de fonds 31).
22 SYSTÈMES D’INFORMATION DE GESTION POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE
Comptes de passif
2400 Emprunts à payer, long terme 2600 Produit constaté d'avance, programme
2420 Emprunts à payer, banque 1 2610 Intérêts constatés d'avance
2422 Emprunts à payer, banque 2 2620 Commissions constatées d'avance
2430 Emprunts à payer, autres 2622 Commissions sur prêts constatées
2450 Bail à payer d’avance
Comptes de produits
Comptes de charges
Tous les systèmes de comptabilité établis pour les institutions de microfinance doi-
vent produire au minimum les informations comptables suivantes :
● Compte de résultat
● Bilan
● Tableau de flux de trésorerie
Pour plus de précisions sur la présentation type de ces informations comp-
tables, le lecteur est prié de se reporter à la section modèles de rapport.
Notes
1. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les principes comptables, le lecteur
est invité à se rapporter à un ouvrage de comptabilité ou au manuel du Comité internatio-
nal de normalisation comptable (International Accounting Standards Committee - IASC).
26 SYSTÈMES D’INFORMATION DE GESTION POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE
2. Certains bailleurs de fonds préfèrent que les ressources qu'ils procurent soient versées
dans un compte bancaire distinct, comme nous l'avons fait dans le présent exemple pour des
raisons de simplicité. Il est toutefois possible de n'utiliser qu'un seul compte bancaire pour
tous les bailleurs de fonds si le système de comptabilité par origine des fonds fonctionne
correctement. Ce compte bancaire unique serait alors subdivisé en trois composantes distinctes
dans notre plan comptable, par exemple 1010 (solde général), 1010A (solde pour le bailleur
de fonds A) et 1010B (solde pour le bailleur de fonds B). La somme des soldes relatifs aux
différents bailleurs de fonds doit être égale au solde du compte bancaire.
3. Certains programmes comptables plus perfectionnés permettent d'utiliser des ca-
ractères génériques pour désigner une série de numéros plutôt que des chiffres précis.
4. La structure proposée ici se fonde sur les travaux de Tony Sheldon, conseiller fi-
nancier de Women's World Banking.
5. Dans ce cas, on peut obtenir dix niveaux de séparation au moyen uniquement de
caractères numériques. Certains logiciels permettent également d'utiliser les lettres de l'al-
phabet, auquel cas on peut avoir jusqu'à 36 niveaux de séparation (26 lettres et 10 chiffres).