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Qu’est-ce que créer ?

Deleuze et l’esthétique
6 décembre 2010

Le lundi 10 janvier, Sara Guindani, enseignante au département d’Arts Plastiques de Paris 8 et


spécialiste de Proust, interviendra durant le cours, pour vous faire un exposé sur Proust et les
signes.

Robert Walser. Pierre Senges insiste trop sur la docilité.


Devenir-anonyme. Cf. Chap Trois nouvelles ou « qu’est-ce qui s’est passé ? », devenir-
intense, devenir-animal, devenir-imperceptible.

Chez Godard, il n’y a pas un signe qui renvoie à un sens. C’est l’association de plusieurs
signes qui renvoie à un sens.
Cette œuvre-monument ne raconte pas d’histoire, elle fait de l’histoire. L’histoire est
habituellement associée à une succession de dates. Or dans les Histoire(s), les époques sont
dispersés et les seules dates vraiment mentionnées vont de 1940 à 1944 et reviennent
inlassablement sur un mode incantatoire. Cette répétition qui scande le film rappelle, conjure
et commémore en même temps. La répétition à l’œuvre impose à l’analyste de revenir sur
certaines figures, bribes de phrases, images et sons récurrents.
Scintillement de références.

Décrypter le tissu infini des références qui traverse le film.


« Baudelaire, décrivant l’expérience du choc parle « d’un kaléidoscope doué de conscience »
(Benjamin, Paris, Capitale du XXe siècle). » Pour saisir l’instant où l’idée se produit à l’écran
comme une étincelle, nous ne pouvons faire l’économie de cette expérience du choc.
Une multitude de détails apparaissent et creusent davantage l’abîme des interférences et des
correspondances déployées par le film, cette « forme qui pense ».
Des images se renvoient, se réfléchissent, se fragmentent, se mêlent, se métamorphosent, se
répètent, s’entrechoquent, se fondent… comme une constellation d’étoiles.
Des clignotements, des surimpressions, des effets d’iris, des volets, des fondus enchaînés, des
enchaînements rapides, des répétitions.
Brochure p 32
L’intempestif selon
Nietzsche
C’est pourquoi la philosophie1 a, avec le temps, un rapport essentiel : toujours contre son
temps, critique du monde actuel, le philosophe forme des concepts qui ne sont ni éternels ni
historiques, mais intempestifs et inactuels. L’opposition dans laquelle la philosophie se réalise
est celle de l’inactuel avec l’actuel, de l’intempestif avec notre temps. Et dans l’intempestif, il
y a des vérités plus durables que les vérités historiques et éternelles réunies : les vérités du
temps à venir. Penser activement, c’est « agir d’une façon inactuelle, donc contre le temps, et
par là même sur le temps, en faveur (je l’espère) d’un temps à venir » [Nietzsche,
Considérations intempestives, 1876]. La chaîne des philosophes n’est pas la chaîne éternelle
des sages, encore moins l’enchaînement de l’histoire, mais une chaîne brisée, la succession
des comètes, leur discontinuité et leur répétition qui ne se ramènent ni à l’éternité du ciel
qu’elles traversent, ni à l’historicité de la terre qu’elle survolent.

1
Nde (« Note de l’enseignant ») : Tout ce qui vaut ici pour la philosophie peut valoir aussi pour l’art.
Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie (1962), Paris, PUF, p. 122-123.

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