Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Avocat à la Cour
Ancien secrétaire de la Conférence
2. Afin d’actualiser l’information de la Cour, je vous prie de trouver ci-joint les dernières
décisions du Ministre de la justice concernant la mise à l’isolement de Ilich Ramírez
Sánchez, pour les mêmes motifs mécaniques depuis le 15 août 1004, à quelques variations
près :
Il est notable de constater que sur le plan des examens médicaux essentiels à l’évaluation
de la compatibilité de l’état de la personne avec la mise à l’isolement, le gouvernement
français fait preuve d’une désinvolture coupable.
En effet, la décision du 24 avril 2005 a été prise sans avis médical (mentionné avis non
joint, avec la précision manuscrite : « sans objet »)
La décision du 17 octobre 2005 vise un avis médical joint mais dont copie n’a pas été
remise au requérant.
Entre ces deux décisions une procédure de prolongation de mise à l’isolement a été
diligentée mais la copie de la décision n’est pas en possession du requérant. Par contre il
avait obtenu directement du médecin, copie de son avis dans lequel il indiquait qu’il
« n’était pas compétent pour définir le retentissement des conditions de détention sur son
état psychologique », évoquant en outre les doléances du requérant « face aux difficiles
conditions de détention en isolement total ».
Cette attitude est d’autant plus grave qu’il s’agit d’un prisonnier maintenu à l’isolement
total depuis le 15 août 1994, soit depuis 11 ans et 4 mois et demi, à l’exception d’une
période entre le 17 octobre 2002 et le 7 mars 2004 (14 mois) et qui souffre d’un diabète né
de ses conditions d’emprisonnement.
3. Un recours pour excès de pouvoir a été formé devant le Tribunal administratif contre
une décision de prolongation de mise à l’isolement en date du 17 février 2005.
Par jugement du 15 décembre 2005, le Tribunal administratif a annulé cette décision pour
non respect de la procédure fixée par l’article D 283-1 du Code de procédure pénale.
Malgré cette violation des garanties prévues par la loi à l’égard de la personne
emprisonnée, le tribunal décidait in abstracto, pour les mêmes motifs stéréotypés que ceux
relevés dans les décisions du gouvernement, que la mise à l’isolement de Ilich Ramírez
Sánchez était fondée, rejetant l’existence d’un quelconque préjudice.
D’autre part, doit être écartée l’argumentation du gouvernement portant sur une non
justification du règlement effectif des frais et honoraires des avocats, ce qui selon lui, ne
rendrait pas recevable les demandes au titre de la satisfaction équitable.
En effet, les notes de frais et honoraires des avocats constituent des factures exigibles, sauf
contestation par le client, ce qui n’est pas le cas, d’autant plus que les tarifs appliqués sont
très modérés.
Il sera en outre rappelé à nouveau que les seules communications de Ilich Ramírez Sánchez
depuis le 15 août 1994, sont celles qu’il entretient avec ses avocats et épisodiquement
celles avec le personnel de l’ambassade de son pays, les demandes de visites d’autres types
lui étant refusées par le gouvernement.
Compte tenu de la durée de la mise à l’isolement total du requérant, il est certain que la
fréquence de ces seules visites, nécessitées par les procédures en cours – alors que copie
des dossiers lui est refusée – permet de diminuer les effets de la destruction organisée,
physique et mentale, contre la personne.