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La convergence lithosphérique : contexte de la formation des chaînes de

montagnes
notion

Exercices

Une partie des terres émergées est formée de chaînes de montagnes, anciennes ou toujours en cours de surrection.
L'exemple des Alpes permet d'étudier la formation d'une chaîne de collision dans un contexte de convergence
lithosphérique. Les traces d'un ancien domaine océanique y témoignent de sa fermeture par subduction.

La lithosphère continentale a une altitude variable

1. Les traces d'un ancien océan


Dans les Alpes, le mont Chenaillet est formé de roches basaltiques en forme de coussins, qui rappellent les pillow lavas des dorsales
océaniques. Sous ce basalte, se trouvent successivement des gabbros et des péridotites : il s'agit d'une série ophiolitique, vestige
d'une lithosphère océanique de 155 Ma charriée sur le continent.
Certaines régions des Alpes présentent des affleurements de roches sédimentaires riches en fossiles marins témoignant de l'ancien
domaine océanique:
Les calcaires à Rudistes (mollusques bivalves) ou à Orbitolines (animaux unicellulaires) des massifs du Vercors et de la
Chartreuse témoignent de récifs coralliens dans une mer peu profonde et chaude.
Les radiolarites du Chenaillet sont formées par l'accumulation de squelettes en silice de radiolaires, des animaux planctoniques
unicellulaires. Elles témoignent d'un océan de grande profondeur.

Dans la zone dauphinoise, près de Bourg d'Oisans, des blocs basculés (Taillefer, Belledonne, Rochail, les Grandes Rousses) et
séparés par des failles normales sont recouverts de formations sédimentaires rappelant les dépôts anté-rift, syn-rift et post-rift des
marges passives. Ce sont les vestiges de la naissance d'un océan.

La sédimentation caractéristique de la naissance d'un océan

Vestiges de marges passives dans les Alpes


Il y a −205 Ma (Trias), des sédiments (anté-rift) se déposent sur le socle : des micaschistes et des granites du Primaire. Les sédiments
du Jurassique se déposent en même temps que le rift océanique se met en place : ce sont les sédiments syn-rift. Ils forment des grès,
des marnes ou des calcaires. Ces sédiments contiennent des ammonites, des bélemnites, qui étaient des animaux vivant en pleine
mer. Ce relief en création était donc sous-marin. Les sédiments datés de −140 Ma se déposent, l'épisode de rifting est terminé : ce
sont les sédiments post-rift. Il y a formation de croûte océanique.

2. Une cause de la subduction


La lithosphère océanique est formée de croûte océanique (basaltes et gabbros, densité 2,9) et de manteau lithosphérique (péridotites,
densité 3,3). La densité globale de la lithosphère océanique dépend des épaisseurs relatives de croûte et de manteau. La limite avec le
manteau asthénosphérique est une limite physique qui définit le comportement plus ou moins ductile des péridotites : l'isotherme
1 300 °C. En s'éloignant de la dorsale, la lithosphère océanique se refroidit, l'isotherme 1 300 °C s'enfonce et le manteau
lithosphérique s'épaissit : la densité de la lithosphère océanique augmente au cours du temps.

Détail de la structure d'une lithosphère océanique

Évolution de la lithosphère océanique au cours du temps


La masse volumique moyenne d'une lithosphère océanique de 100 km d'épaisseur (dont 5 km de croûte) s'écrit :
ρ− moy = (5ρ−croûte + 95ρ−manteau lithosphérique)/100.
Avec ρcroûte océanique = 2,9.103 kg.m−3, ρmanteau lithosphérique = 3,3.103 kg.m−3.
Entre 30 et 50 Ma, la lithosphère océanique devient plus dense que l'asthénosphère (densité 3,25) et peut plonger par subduction, si
les conditions y sont favorables. Ceci explique qu'il n'existe pas de lithosphère océanique plus ancienne que 200 Ma.
Lors de la subduction, les basaltes et gabbros sont transformés en éclogites éclogites (roches métamorphiques de masse volumique ρ
= 3,3.103 kg.m −3) sous l'effet d'une augmentation de la pression, ce qui augmente la masse volumique de la lithosphère et renforce
son enfoncement dans l'asthénosphère.

3. La collision
Lorsque l'océan séparant deux continents s'est refermé, une fois la croûte océanique entièrement subduite, les deux masses
continentales s'affrontent. Entre eux subsiste la « suture » de matériaux océaniques. L'essentiel de la lithosphère continentale continue
de subduire, mais la partie supérieure de la croûte s'épaissit par empilement de nappes dans la zone de contact entre les deux
plaques.
La structure interne de la chaîne et l'épaississement de la croûte peuvent être étudiés par un profil Ecors (étude de la croûte
continentale et océanique par réflexion et réfraction sismique). Un réflecteur sismique est une ligne observée sur un profil sismique,
montrant des différences de propagation des ondes sismiques. Ces différences de vitesses permettent de mettre en évidence les
charriages et les chevauchements. Les minéraux de la lithosphère océanique et des sédiments, portés à de plus hautes pressions et
températures, se transforment à l'état solide : c'est le métamorphisme.

Carte des Alpes


Le métamorphisme associé
On peut dater les événements métamorphiques et les placer dans un diagramme afin de tracer un trajet pression-température-temps et
reconstituer une partie de l'histoire de la chaîne de montagnes.

Diagramme pression/ température montrant les domaines de stabilité de quelques associations de minéraux caractéristiques
des métagabbros (d'après sujet Bac S 2005)

Zone turquoise caractérisée par la


présence de glaucophane :
domaines de schistes bleus.
Zone rouge caractérisée par la
présence de grenat : domaine des
éclogites.

Le diagramme de stabilité des minéraux du métamorphisme est un graphique qui permet de visualiser dans quelles conditions de
pression (donc de profondeur) et de température les minéraux peuvent exister. Les domaines de stabilité des différents assemblages
de minéraux ont été déterminés expérimentalement en laboratoire, en les soumettant à des pressions et des températures croissantes.
Le diagramme peut être découpé en faciès métamorphiques (schistes verts, schistes bleus, éclogites…) qui n'indiquent pas la nature
de la roche, mais les conditions de pression et de température faisant apparaître des associations minérales caractéristiques.
Ainsi, les minéraux du métamorphisme observés dans une roche permettent de reconstituer les conditions auxquelles elle a été
soumise au cours de l'histoire de la chaîne de montagnes.
Dans le domaine interne des Alpes, le métamorphisme a une intensité croissante de l'ouest vers l'est. La pression augmente avec la
profondeur, la température également. Ainsi, des roches prélevées en Vanoise ont pu être soumises à une pression de 11 kbars, une
température de 390 °C à une profondeur de 33 km, et des roches prélevées au mont Viso (zone de fort métamorphisme), une pression
de 21 kbars, une température de 550 °C à une profondeur de 63 km.
Dans les zones de subduction, les roches soumises à la forte augmentation de pression et à un gradient de température d'une
augmentation de 10 °C par kilomètre d'enfoncement se transforment : les basaltes et les gabbros deviennent des schistes bleus et des
éclogites (métamorphisme de haute pression – basse température).
Le quartz soumis à des pressions supérieures à 30 kbars (90 km de profondeur) devient de la coésite, minéral trouvé dans le massif
italien de Dora Maira. Ce sont des roches correspondant au socle primaire, soumises à de profondes transformations lors de la
subduction de l'océan Alpin.

4. L'histoire des Alpes


Au début de l'ère secondaire, les sédiments du Trias se déposent horizontalement.
L'histoire des Alpes commence par la mise en place d'un fossé d'effondrement continental, prélude du futur océan Alpin. Une mer de
faible profondeur s'engouffre. Au Jurassique, l'océanisation proprement dite est en marche : l'océan Alpin sépare l'Europe de l'Afrique.
De la lithosphère océanique est créée vers −140 Ma au niveau d'une dorsale, l'océan est en expansion. Les marges de l'océan sont
passives, des sédiments post-rift témoignant de l'arrêt du rifting se déposent. La datation paléontologique de roches contenant des
fossiles marins, indique que l'ouverture océanique (accrétion) s'est déroulée du Jurassique (−170 Ma) au Crétacé supérieur (−70 Ma),
avec une vitesse d'expansion de l'ordre de 1 cm/an.
Au Crétacé inférieur, l'océan Alpin a atteint sa taille maximale (1 000 km de largeur estimée). Au Crétacé supérieur, la fermeture de
l'océan s'enclenche par subduction. Après disparition de l'océan, la marge continentale européenne est entraînée à son tour dans la
subduction, puis la collision proprement dite débute aux alentours de −35 Ma. Un vestige de croûte océanique a échappé à la
subduction, ce sont les ophiolites : les nappes ophiolitiques (Chenaillet) viennent reposer sur le domaine briançonnais de la marge
européenne. La collision continentale entraîne un épaississement de la croûte important, qui se traduit par des reliefs et une racine
crustale profonde. La subduction de l'océan Alpin est accompagnée de volcanisme associé (Stromboli, etc.).

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