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IDE et présence française en

Malaisie en 2009
20 octobre 2010
© DG Trésor

Le rapport annuel de la CNUCED sur les Investissements Directs Etrangers (IDE) présente un bilan 2009
alarmant pour la Malaisie ; diagnostique tempéré par les autorités nationales, argumentation à l’appui. Le sujet
est délicat sur le fond parce qu’il recèle de nombreux enjeux, et sur la forme puisque plusieurs mode de calculs
coexistent et divergent.
Du fait de son économie très ouverte sur l’extérieur (les échanges représentent 200% du PIB), la Malaisie a subi
brutalement dès l’automne 2008 les effets de la contraction des échanges puis de la frilosité des investisseurs,
tant nationaux qu’étrangers, alors que le taux d’épargne national est demeuré élevé. La politique économique
gouvernementale se concentre désormais sur une dynamisation de l’investissement, qu’il soit d’origine nationale
ou étrangère.
La présence française, assurée par quelques grands groupes, reste limitée par rapport à celle d’autres
partenaires européens du pays. Elle s’est néanmoins accrue récemment grâce à l’avantage comparatif de la
Malaisie dans la région (environnement des affaires moins difficile qu’en Chine, coût d’un bureau régional moins
élevé qu’à Singapour).

Les investissements
étrangers,
nécessaires pour
mener à bien les Un environnement global difficile pour les IDE
changements à l’échelle mondiale
structurels

En raison de la crise, l’économie mondiale s’est contractée de 0,6% en 2009. Dans ce


contexte international morose, les entrées mondiales d’IDE ont chuté de 37% à 1114
1
Mds USD en 2009 (après une baisse de 16% en 2008) . Ce sont les pays développés
qui ont le plus souffert de cette situation, avec une baisse de 44% contre 24% pour les
pays en développement ou en transition.
La part de ces derniers dans les IDE ne cesse d’augmenter : ils représentaient 50%
des échanges mondiaux d’IDE en 2009 contre 20% en 2000 et sont désormais les
principaux acteurs de la relance des investissements.

L’assèchement des capacités de financement et l’instabilité financière générale ont


généré en 2008-2009 un repli important des fusions-acquisitions internationales (-
34%), qui est principalement responsable de la baisse des IDE.

1
Source : Rapport de la CNUCED sur l’investissement dans le monde en 2009, publié le 22 juillet 2010
IDE et présence française en Malaisie en 2009 - 20 octobre 2010 - © DG Trésor

Les investissements
étrangers, Situation en Malaisie :
nécessaires pour les analyses factuelles diffèrent ;
mener à bien les
changements la tendance est toujours descendante
structurels
Selon la CNUCED, cette conjoncture a renforcé de manière alarmante la
IDE entrants en Asie du Sud et tendance à la baisse de ces dernières années des IDE entrants en Malaisie. En
du Sud-est (2000-2009) : termes de stock, la Malaisie (74,64 Mds USD) tient la quatrième place au sein de la
région ASEAN, derrière Singapour, la Thaïlande et l’Indonésie. En 2009, la Malaisie a
accueilli 1,38 Mds USD d’IDE supplémentaires, soit une diminution de 81% par
rapport à l’année précédente.

La Malaisie est en termes d’accueil d’IDE devancée par la Thaïlande (5,9 Mds USD),
l’Indonésie (4,8 Mds USD) et pour la première fois par les Philippines. Cette situation
serait la conséquence de sorties nettes de flux d’investissement (IDE comme
portefeuille) et des rapatriements des bénéfices des entreprises étrangères au lieu de
leur réinvestissement sur place. Selon le Rapport « World Investment » 2010, les IDE
en Malaisie ont chuté de 81% entre 2008 et 2009 : de 7,32 Mds USD à 1,38 Md
USD. La Thaïlande et l’Indonésie ont subi des baisses moins importantes de
respectivement 30% (4,44 Mds USD) et 47% (2,60 Mds USD).

La situation de la Malaisie s’inscrit toutefois dans un contexte mondial pour lequel la


Source : WIR 2010, CNUCED CNUCED affiche un « optimisme prudent » et prévoit un redressement des flux d’IDE
en 2010 et l’atteinte d’un niveau d’avant crise en 2012. Le pays fait en outre son
apparition dans le top 20 des pays les plus fréquemment cités par les
multinationales comme pays d’accueil prioritaire d’IDE entre 2010 et 2012.

Le Ministry of International Trade and Industry (MITI) de Malaisie propose une


référence différente de celle de la CNUCED, mais les tendances répartitives
2
sectorielles, géographiques et pluriannuelles sont similaires. Il avance des entrées
d’IDE en Malaisie à hauteur de 6,2 Mds € dans l’industrie et les services. Toute
particulière qu’elle soit, l’année 2009 demeure représentative de la répartition
sectorielle des IDE entrants en valeur : 87% d’entre eux s’orientant vers
l’industrie et 13% vers les services.

Selon le MITI, l’industrie malaisienne a enregistré en 2009 pour 32,6 Mds RM (8 Mds
€) d’investissements, toutes origines confondues. Ils concernent 766 projets,
3
contre 919 projets d’une valeur de 15,4 Mds€ en 2008 . 60% des projets
d’investissement industriel en 2009 étaient de nouveaux projets et la majorité (67,8%)
était d’origine étrangère. Cette répartition est inversée concernant le secteur des
services où la part des IDE est moindre (8,5%).

Les autorités rapportent que le sous-secteur des services lié aux transports a
bénéficié d’un réel engouement puisque les projets d’investissement ont été multipliés
par 5 en un an. La libéralisation opérée au printemps 2009, qui concernait 27 sous-
secteurs des services dont ceux liés aux transports, pourrait en partie expliquer cette
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tendance. Ces investissements représentent 65 000 opportunités d’emploi dont
Sources : Rapport MITI 2009,
SE Kuala Lumpur environ 3% ouverts aux expatriés.

Les chiffres du MITI, comme ceux de la CNUCED, renseignent sur les valeurs
2
Les destinations géographiques privilégiées par les investisseurs sont par ordre prioritaire l’Etat de Selangor, Johor et Penang.
3
Source : Malaysia International Trade and Industry Report 2009
4
Source : Malaysia International Trade and Industry Report 2009

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IDE et présence française en Malaisie en 2009 - 20 octobre 2010 - © DG Trésor
investies, et non sur le nombre de projets ou sur l’effet levier associé. Or les
investissements industriels sont en général de montants unitaires plus importants que
les investissements dans le secteur des services. Une étude par panel montre que les
pays développés accueillent principalement des IDE dans les services, et inversement
pour les pays en développement. Les autorités monétaires malaisiennes considèrent,
à raison, que la baisse en valeur des IDE industriels en Malaisie est symptomatique
de l’émergence du pays et ne constitue donc pas un motif d’inquiétude.

Les investissements
étrangers,
nécessaires pour Les enjeux et solutions avancées pour des investissements
mener à bien les à plus forte valeur ajoutée
changements
structurels
Les premiers pays investisseurs en Malaisie sont le Japon, Hong Kong, les
ème
Etats-Unis, Singapour et Taïwan. La France se place en 23 position. La
Malaisie est aujourd’hui relativement bien classée dans les études internationales
ième
d’environnement des affaires (23 selon le « Doing Business » de la Banque
Mondiale) et s’emploie à susciter à nouveau l’intérêt des investisseurs nationaux et
étrangers avec pour objectif la montée en gamme de ses produits.

Quelle que soit la source d’information, les flux nets d’IDE en Malaisie sont
actuellement négatifs. Après des années de forte croissance jusqu’à la crise
asiatique de 1997-1998, l’afflux d’IDE en Malaisie s’est tassé, parallèlement aux
investissements privés malaisiens. Une certaine défiance des investisseurs s’est
installée. Les pouvoirs publics ont tenté d’y remédier par une régulation accrue du
fonctionnement économique national. Dans le même temps, les entrepreneurs
malaisiens étaient incités à s’orienter vers l’extérieur dans le cadre de
l’internationalisation de l’économie malaisienne.

En dégradant la position externe de la Malaisie, les flux nets négatifs d’IDE pourraient
constituer un obstacle à l’objectif des autorités de transformer l’économie à travers le
« Nouveau Modèle de Croissance ». L’objectif de sortir de la trappe des pays à
revenu intermédiaire pour doubler le revenu par habitant d’ici 2020 suppose la
mise en œuvre de réformes structurelles d’envergure capables d’orienter le
pays vers des productions à plus forte valeur ajoutée.

Une telle évolution structurelle peut s’accompagner d’un flottement provisoire pendant
la période de transition, où les productions à valeur ajoutée modérée se détournent du
pays, tandis que celles à plus forte valeur ajoutée ont besoin de temps pour s’y
développer.
En Malaisie, un soutien particulier est adressé à l’émergence de l’aérospatial, des
biotechnologies, de la pharmacie et des équipements médicaux. En outre, des
secteurs d’activité déjà importants comme l’électrique et l’électronique, la finance
islamique, le tourisme, sont appelés à monter en gamme. L’objectif affiché est bien
de permettre à l’économie malaisienne de pallier la perte d’attractivité qu’elle subit
en matière de compétitivité prix de ses voisins à bas coûts. Pour autant, il lui faudra un
certain temps avant de pouvoir rivaliser avec l’avancée technologique de Singapour
d’autre part.

Cela se traduit concrètement par des mesures destinées à attirer les


investissements étrangers comme la mise en place du « Foreign Investment
Committee », la révision des accords de protection réciproque des investissements, la
signature d’accords bilatéraux ou régionaux et l’élaboration d’un nouveau régime
d’incitation aux investissements étrangers. Malgré un bilan mitigé pour l’année 2009,

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IDE et présence française en Malaisie en 2009 - 20 octobre 2010 - © DG Trésor
les autorités malaisiennes affichent un optimisme mesuré à moyen et long termes.
Elles estiment un afflux d’IDE à 6,6 Mds€ en 2010, dont un tiers dans l’industrie (selon
le MITI).

Si la diminution des IDE est un réel problème ; la dynamisation des


investissements dans leur ensemble constitue le vrai défi pour les autorités
nationales. Pour inciter les Malaisiens à investir chez eux, le gouvernement s’est
engagé dans la révision du cadre légal régissant la vie des entreprises, l’abaissement
du coût de la conduite des affaires et l’incitation à l’investissement dans certains
secteurs. Ces mesures profiteront également aux investissements étrangers,
mais les autorités espèrent que leur part dans l’ensemble des investissements réalisés
en 2010 s’abaissera à 60% (contre environ 68% en 2009) au bénéfice des
entrepreneurs malaisiens. Ceci s’inscrit en cohérence avec l’ambition de faire du
secteur privé malaisien le moteur de la croissance nationale. Il est également prévu
que 22% des investissements réalisés en 2010 le soient par des intérêts Bumiputras.

Un potentiel
important pour les Les investissements français en Malaisie augmentent et se
investisseurs diversifient mais restent en deçà du potentiel
français

Stocks d’IDE français en Les chiffres de la Banque de France font apparaitre que les stocks d’IDE
Malaisie (en millions) : français en Malaisie sont en forte augmentation : ils représentaient 205 M€ en
2007, 226 M€ en 2008 et 295 M€ en 2009 (soit 43,9% d’augmentation en deux ans).

Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les entreprises dont la présence en
Malaisie est le résultat du rachat d’une holding dans un pays tiers, ni les
investissements réalisés à travers des filiales financières enregistrées dans d’autres
pays européens, ni celles pour lesquelles la valeur de l’actif en Malaisie s’est
considérablement accrue depuis l’investissement initial. Une évaluation conservatrice
faite par le Service économique de Kuala Lumpur indique une valeur de stock
supérieure à 6 Mds€.

Fin 2009, 241 entreprises françaises avaient fait le choix de s’implanter en


Malaisie contre 168 implantations en 2006. Ainsi, en l’espace de 3 ans, la présence
française en Malaisie – ainsi mesurée - s’est-elle accrue de 43,4 %.
Les secteurs privilégiés sont les infrastructures, les transports et les industries (136
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filiales) ainsi que les nouvelles technologies, l’innovation et les services (63 filiales) .
Source : Banque de France Les raisons avancées sont diverses : bonnes infrastructures, main d’œuvre
anglophone, coûts de production compétitifs, localisation stratégique en Asie du Sud
Est, nombreuses incitations fiscales, marché en expansion, etc.

A l’instar de Peugeot, de Lafarge ou d’Alstom, une quarantaine d’entreprises ont


installé leur siège régional en Malaisie, rôle qui était traditionnellement dévolu à
Singapour. Les raisons évoquées sont essentiellement un coût de la vie inférieur, pour
une qualité de vie et d’infrastructures à peu près similaire.
De plus, de nombreuses PME françaises ont délocalisé (totalement ou partiellement)
leurs activités de la Chine vers la Malaisie, où l’environnement des affaires leur
semble plus abordable.

Les investisseurs français restent largement devancés par les Japonais, les

5
Source : « Enquête filiale », Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi

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IDE et présence française en Malaisie en 2009 - 20 octobre 2010 - © DG Trésor
Chinois, les Singapouriens, les Coréens et les Etasuniens, ainsi que par les
Allemands, les Néerlandais, les Norvégiens et les Danois.

Cette relative sous représentation des investissements français en Malaisie pourrait


être corrigée grâce à l’émergence des nouveaux marchés privilégiés par le
gouvernement malaisien dans le cadre du Nouveau Modèle Economique annoncé en
mars 2010 : technologies vertes, tourisme, éducation, finance islamique,
industrie pharmaceutique, pétrochimie, électrique/électronique, huile de palme.

Source : SE de Kuala Lumpur

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de l’utilisation et de l’interprétation de l’information Version du 20 octobre 2010
contenue dans cette publication. Version originelle du 19 mai 2010

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