Assesseur
Conclusion................................................................................................................................75
Bibliographie ..........................................................................................................................78
Table de matières....................................................................................................................84
I
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à :
II
REMERCIEMENTS
III
- Tous les percepteurs de taxes de marchés de la commune rurale de Karofane pour leur
disponibilité ;
- Tous les commerçants et populations enquêtés au cours de ce travail ;
- Et enfin, tous mes amis et camarades de promotion durant tout mon cursus scolaire et
universitaire; mention particulière à SOULEY ISSOUFOU Maman Sani (doctorant),
MAHAMAN OUMAROU Napiou et LAOUALI IBRAHIM Hamissou pour lectures.
IV
CITATION DU DOCUMENT
V
SIGLES ET ABREVIATIONS
CL : Collectivité Locale
CR : Commune Rurale
CT : Collectivité Territoriale
VI
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
VII
LISTE DES TABLEAUX ET PHOTOS
TABLEAUX
PHOTOS
VIII
INTRODUCTION
Pays sahélien de l’Afrique de l’ouest au climat aride, le Niger couvre une superficie de
1 267 000 km². Il présente un taux d’accroissement naturel de l’ordre de 3,9% et un indice
synthétique de fécondité qui tourne autour de 7,6 enfants par femme en âge de procréer depuis
le recensement de 2012 (USAID, 2014). Ce qui prédispose le pays à un doublement de sa
population à moins d’un quart de siècle selon les projections de l’Institut National de la
Statistique (INS, 2013). En 2013, le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) classe le Niger parmi les pays caractérisés par un niveau de développement très bas
avec un Indice du Développement Humain (IDH) de 0,304 le situant au 186ème rang ex-æquo
sur 187 pays. D’ailleurs, le revenu brut par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) est de
701 dollars US en 2012 (UNDAF 2014-2018). Et cela, en dépit des multiples interventions de
l’Etat et de ses Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Pour accélérer les initiatives du
développement, le Niger, à l’instar de la Communauté Internationale, s’est imposé la politique
de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Cependant, malgré
les efforts fournis, à la date de 2015 fixée pour atteindre ces objectifs les résultats tant
attendus n’ont pas été au rendez-vous. Devant une telle situation, ces objectifs demeurent
encore irréalistes car ils s’expriment de nos jours en termes de challenge.
Face à des tels défis, plusieurs programmes et quelques plans de développement ont vu le jour
dont le dernier est le plan de développement économique et social (PDES) 2012-2015. Ce
plan a été le résultat d’une collaboration de plusieurs acteurs et concernent divers domaines.
En effet, le PDES a connu comme domaines prioritaires la résilience (sécurité alimentaire et
nutritionnelle, gestion environnementale, prévention et gestion des risques ou des
catastrophes), le développement social, le capital humain et la gouvernance. Cette dernière
intéresse la recherche menée avec une forte implication dans les initiatives de développement
en temps de démocratie.
1
les collectivités sont devenues des principaux porteurs des initiatives de développement de
leurs entités respectives. Mais, le manque ou l’insuffisance des ressources mettent
quotidiennement les autorités locales dans une situation de plaidoyer. Par contre, toutes
considèrent que l’alternative est dans la mobilisation des ressources internes propres à chaque
collectivité. En effet, une telle solution devient un double défi pour lequel il faut promouvoir
d’un côté le développement et de l’autre, recouvrer les taxes locales. Dans cet ordre d’idée,
du point de vue développement, l’objectif est d’améliorer les conditions socio-économiques
des populations tandis que la mobilisation des ressources internes est axée sur les gisements
fiscaux disponibles. Mais, ceux-ci dépendent essentiellement du potentiel imposable de ladite
collectivité.
Ce potentiel lui-même est tributaire des activités économiques de la localité. En effet, trois
activités principales sont identifiées dans la commune rurale de Karofane. Il s’agit de
l’agriculture, de l’élevage et du commerce ; secteurs qui font face respectivement à des
difficultés tels que l’irrégularité des pluies en raison du changement climatique, la dégradation
du cheptel en l’absence du fourrage et le caractère instable de l’économie de marché. Toutes
ces contraintes placent les populations de cette commune dans une paupérisation progressive.
Ce qui impacte significativement sur le niveau de mobilisation de ses ressources fiscales
internes. Ce niveau demeure faible au regard des données de recouvrement recueillies. Mais
bien que ces ressources soient peu recouvrées, il ressort que leur gestion se heurte à des
« normes pratiques » c’est-à-dire à une gestion qui s’écarte plus ou moins de ce qu’elle doit
être du point de vue des textes réglementaires. Pour ce faire, ce travail est structuré en deux
parties dont chacune est composée de trois (3) chapitres.
La première partie décrit le cadre théorique de cette recherche. Elle décline le cadre théorique
de la recherche (la revue de littérature, la problématique, les objectifs, les hypothèses de la
recherche et le cadre d’interprétation). Elle traite également le cadre pratique de la recherche
(méthodes, techniques et outils, les difficultés rencontrées) et clôt avec la présentation de
l’espace de l’étude. La deuxième partie elle, expose les stratégies par lesquelles les ressources
fiscales de la commune rurale de Karofane sont mobilisées et les acteurs qui y sont impliqués.
Elle traite aussi du recouvrement des ressources fiscales de ladite commune et aborde la
gestion des ressources recouvrées sous l’angle de planification et de l’exécution des dépenses
en rapport avec le budget.
2
PREMIERE PARTIE
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
4
1.2 Revue de la littérature
La littérature existante autour de cette thématique a permis de faire le point sur les théories et
les manières par lesquelles les travaux antérieurs l’ont appréhendée. Pour cela, les points de
vue des chercheurs sur la gouvernance, les collectivités territoriales et sur la fiscalité en
rapport avec la participation, la mobilisation et le recouvrement constituent les principaux
axes de cette revue de littérature.
1
Elle a été mise en veille par le régime d’exception de 1974 à 1989
2
Ce niveau n’est pas encore opérationnel. C’est le modèle communal qui est également mis en œuvre
5
élus plus de pouvoir de décision tandis que, la décentralisation administrative leur offre la
possibilité de répartir les fonctions selon les besoins en services publics. Mais, la
décentralisation financière, quant à elle, vise à transférer des ressources (ressources fiscales
propres et subventions de l’Etat) et permettre une autonomie de leur gestion à un niveau
inférieur que celui de l’Etat. Pour autant, « la décentralisation politique pour pouvoir
s’exercer doit s’accompagner de la décentralisation administrative et financière »
(DEMANTE et TYMINSKY, 2008 : 4).
En théorie, la décentralisation vise à promouvoir une coopération plus étroite entre les
prestataires et les utilisateurs des services de l’Etat. Cela devrait permettre d'identifier et de
répondre aux besoins de la population plus efficacement qu’en passant par le gouvernement
central. En raison de ce lien plus direct, le contrôle des citoyens vis-à-vis de leurs gouvernants
devrait devenir plus grand (OUEDRAOGO, 2006).
Par ailleurs, condition presque sine qua none, la décentralisation est aussi une réorganisation
de l’Etat en un « système de coresponsabilité » entre les institutions de gouvernance au niveau
local, régional et national (VAILLANCOURT, 2013). Cependant, il demeure impératif de
cerner c’est qu’un Etat décentralisé. Celui-ci est par définition un Etat où le pouvoir est
partagé entre le gouvernement central et les collectivités locales. Toutefois, la décentralisation
reste une notion difficile à définir car elle renvoie à des arrangements institutionnels d’une
très grande variété (DAFFLON, et MADIES, 2008).
6
Qu’il s’agisse de la déconcentration, de la délégation ou de la dévolution, toutes constituent
des types de décentralisation (pour le détail de ces 3 notions, voir annexe I). Cependant, de
tous ces types, la dévolution correspond le mieux à la perception actuelle de la
décentralisation (VAILLANCOURT, 2013). Par contre, vue sous cet angle, la
décentralisation, tout comme la dévolution, a pour objectif principal d’accroître l’efficacité
« allocative »3 et d’assurer une « bonne gouvernance » (DAFFLON. et MADIES, 2008).
Il est vrai que la gouvernance était confrontée à d’énormes difficultés au plan international et
national mais, c’est au niveau local qu’elle en a connu davantage. Il s’agit de l’existence
des « types sociaux locaux » tels que les « relations de proximité », les « micro-identités
collectives », les « conflits de faction ou de personnes », les « alliances » ou les « haines
ancestrales ou personnelles », le poids de l’ « interconnaissance » et les « rapports
tributaires » entre personnes (OLIVIER DE SARDAN, 2009). Des telles difficultés se
répercutent sur la décentralisation avec plus d’ampleur. Elles occasionnent des manques à
gagner pour les communes. Mais, la plupart d’entre elles ont du mal à mobiliser les ressources
financières nécessaires à leur fonctionnement car incapable de pouvoir convaincre leurs
administrés de l’intérêt à payer les impôts (SOULEYMANE SADDI, 2008). C’est alors qu’on
constate, comme le démontre ADJI (in SOULEYMANE SADDI, 2008 :1), « peu de
ressources, mais trop de problèmes à gérer ».
3
Ces auteurs utilisent la notion d’ « efficacité allocative » pour faire cas de la situation où les autorités devraient
adapter l’offre de biens collectifs aux préférences locales.
4
Ce sont des problèmes comme l’inexistence ou l’absence d’infrastructures et le manque du personnel qualifié
capable d’animer l’arène locale.
7
la gouvernance locale affecte la gouvernance fiscale en général ou la fiscalité en particulier
dans les pays en développement. Or, la fiscalité de ces pays connaît un problème de
recouvrement faute de dialogue ou de négociation entre gouvernants et gouvernés. A cela
s’ajoute, pour le cas du Niger, la « ruralité » et l’immensité du pays avec un large secteur
informel.
Dans le cadre d’un tel sujet, il a été constaté une forte tendance à développer le contexte de la
décentralisation et les personnes qui l’ont caractérisé. Par ailleurs, peu d’éléments rendent
compte du fossé qu’il y a entre les dirigeants locaux et leurs administrés. Egalement, peu
d’aspects ont montré que la baisse du recouvrement des recettes, l’importance du coût élevé
de l’installation de ces nouvelles institutions et leur équipement en personnel et en
infrastructure sont les principaux défis de la décentralisation. Ainsi, ces difficultés ont
constitué des véritables freins pour le bon fonctionnement des entités décentralisées.
8
veut mettre en œuvre des politiques touchant la structure sociale, économique ou politique
d'une communauté5.
Des divers modes de gouvernance locale développés par OLIVIER DE SARDAN (2009),
c’est le « mode chefferial » qui indique explicitement la place du pouvoir local traditionnel.
En effet, il faut souligner que les chefferies6 ont « partout servi d’auxiliaires à l’Etat
colonial ». Elles ont joué un « grand rôle » pour la paix coloniale en assurant l’interface entre
le despotisme colonial et les populations. Aussi, ces chefferies traditionnelles ont-elles en
charge le règlement des conflits, la collecte des impôts et la mobilisation des populations dans
le cadre des actions du développement. A cet effet, le processus de décentralisation a été
révélateur de ce poids dans la vie politique nigérienne (MAHAMADOU, 2004). Par ailleurs,
il est à constater selon cet auteur que les chefferies administratives ont été défaillantes. Elles
ont donné lieu à des tares comme le « patrimonialisme », la « confusion des pouvoirs »,
l’ « ostentation aristocratique », la « corruption et la prédation », le « clientélisme », les
« rivalités intestines », la défense d’une certaine « idéologie aristocratique et patriarcale ».
Une autre lecture importante est celle de BRUNO et DE LEGGE, (2002) (in DEMANTE &
TYMINSKY, 2008) sur les pouvoirs locaux. Pour ces auteurs, les populations, en l’absence
des structures étatiques fonctionnelles au niveau local, acceptent les structures traditionnelles.
Celles-ci sont aux jeux des citoyens « les détenteurs légaux » du pouvoir local. Néanmoins,
les hommes acceptent les structures modernes lorsque celles-ci améliorent leurs conditions de
vie.
Au Niger, les élections de 2004 ont été le point de départ d’une large communalisation avec
213 communes rurales (DGDD, 2011 (i)). Dans ces communes, l’Etat est faiblement
représenté. Ce faisant, la communalisation place la mairie au centre de la construction de
l’Etat au niveau local sous la supervision de la préfecture. Celle-ci garantit au maire d’une
commune rurale la mise à disposition du personnel, le versement de la subvention de l’Etat et
la validation des décisions du conseil municipal. En partie c’est la préfecture qui gère les
fonds de la commune (OLIVIER DE SARDAN, 2009).
Par contre, les collectivités territoriales, en prenant en charge les intérêts des groupes
respectifs, incarnent leur caractère de personne morale. Dans ce cas, les actes des agents élus
5
C’est le cas des initiatives de lutte contre le sida, de la mise en place des programmes de vaccination, des
réformes foncières et de l’entretien des routes, etc.
6
Elles sont comprises dans le sens de chefferies administratives
9
ou non d’une collectivité locale sont imputables non pas à ces agents mais à la collectivité
elle-même. Celle-ci a la capacité d’agir en régulateur (BLANC et BRUNO, 1994).
Dans les communes rurales ce sont les Secrétaires Généraux (SG) qui sont souvent les agents
qui jouent pratiquement tous les rôles de régisseurs des recettes et des dépenses, d’agents de
l’Etat, de collecteurs et de conseillers du maire (BALTISSEN et HILHORST, 2004). Mais,
des commissions sont également mises en place par le conseil municipal pour pouvoir répartir
les tâches et donner des responsabilités « officielles » à certains conseillers qui n’ont pas été
élus maire ou vice-maire. Cependant, ces commissions n’ont presque jamais fonctionné faute
des per-diems de réunions. Aussi, les contre-informations, le manque de dévouement de
certains conseils et le travail au rabais des commissions communales constituent-ils les
différents problèmes des communes nigériennes (MAHAMADOU et MAHAMAN, 2008). En
outre, des problèmes fonctionnels s’explicitent par l’aristocratisation manifeste du maire du
faite de l’analphabétisme de la grande majorité des conseillers ou de la méconnaissance de
leur rôle dans le fonctionnement de la commune (MAHAMADOU et MAHAMAN, 2008).
Pour outiller les élus locaux sur la gestion communale, des séries de formations ont été
organisées7 à cet effet. Malgré ces formations, la trésorerie est restée sous le régime d’unicité
de caisse pour le meilleur contrôle des finances locales. Mais, cette mesure de sécurisation des
fonds communaux va constituer un obstacle majeur pour les mairies. Ces dernières sont donc
tenues de verser l’intégralité des recettes à l’agent du trésor de la préfecture (OLIVIER DE
SARDAN, 2009). Ces précautions ne sont pas très bien appréciées par les nouvelles autorités
locales. Celles-ci demandent plus de responsabilité. Or, une des responsabilités des acteurs
communaux est d’engager le dialogue avec les populations pour régler les problèmes liés à
l’incivisme fiscal, au recrutement des agents subalternes et à la viabilité synergique entre
différents acteurs locaux (BALTISSEN et HILHORST, 2004). Par contre, celle de l’Etat est
de renforcer la capacité des administrations communales, d’évaluer ou d’auditer la gestion des
communes par l’imposition de résultat (BALTISSEN et HILHORST, 2004).
7
Ces formations sont tantôt organisées par l’État à travers l’école nationale d’administration et de la magistrature
(ENAM) tantôt par des partenaires au développement.
8
Représentation du Niger
10
à un « fonctionnement au strict minimum » (MAHAMADOU et MAHAMAN, 2008) avec un
budget à deux sections : la section fonctionnement (avec les recettes constituées des
ressources de l’Etat et des redevances de production de l’exploitation du patrimoine de la
commune) et la section investissement (avec des recettes constituées des recettes temporaires
ou accidentelles) (SAKHO, 1996).
Par ailleurs, le système fiscal nigérien est fondamentalement déclaratif. Selon AMADOU,
(2011), il est constitué d’impôts de diverses natures que l’on peut regrouper sous forme
d’impôts sur les revenus, d’impôts sur les biens et services, sur les droits d’enregistrement et
de timbre. En effet, les impôts sur les revenus sont composés de l’impôt sur les bénéfices9,
de l’impôt unique sur les traitements et salaires10, de la taxe immobilière11, de la contribution
des patentes12, de l’impôt sur les valeurs mobilières, de la taxe sur certains frais généraux
d’entreprises 13 et la taxe d’apprentissage.
En revanche, on constate avec DEUTSCHER (2008) que par rapport au système fiscal, c’est
l’approche technique qui supplante le consensus entre Etat et citoyens. Or, c’est ce consensus
constitue la base d’un modèle démocratique qui garantit la transparence. Celle-ci favorise un
environnement fiscal viable comme ce fût le cas en Europe de l’Ouest et en Amérique du
Nord du commun accord entre les gouvernants et les contribuables (OCDE, 2008). En dépit
du consensus entre le fisc et les citoyens, les impôts demeurent « contraignants » car le
contribuable qui ne s’en acquitte pas en court une amende.
9
ISB : prélevé sur les revenus des entreprises commerciales et industrielles ainsi que sur les professions non
commerciales.
10
L’IUTS : impôt sur les revenus des personnes physiques tirés de l’exercice de professions salariales
11
ISRF payé par les personnes physiques et morales propriétaires d’un bien immobilier
12
IMF : un droit d’exercice payé par les contribuables exerçant des activités commerciales, industrielles,
artisanales ou libérales
13
Impôt assis sur le montant des cadeaux, des frais de réception et sur certains avantages accordés aux
dirigeants des entreprises (véhicule, logement, domesticité)
11
Dans son ouvrage les caractéristiques du système fiscal nigérien, AMADOU (2011 : 2-3)
explicite que « les impôts sur les biens et services regroupent la taxe sur la valeur ajoutée 14,
les droits d’accises15, la taxe sur la publicité commerciale extérieure sur les affiches,
placards, panneaux et enseignes lumineuses, les taxes sur les recettes de loterie et les jeux de
hasard … ».
Aussi, le système fiscal nigérien est composé, selon la classification administrative, des
impôts directs et indirects (INS, 2008). En effet, les impôts directs sont ceux assis sur un
capital ou un revenu (impôt cédulaire (concernant une catégorie de revenus) sur les bénéfices
industriels et commerciaux (IC/BIC)), l’impôt cédulaire sur les bénéfices non commerciaux
(IC/BNC) et les taxes foncières. Quant aux impôts indirects, ils sont assis sur l’emploi d’un
capital ou d’un revenu c’est-à-dire ils sont payés à l’occasion de l’acquisition d’un bien ou
d’un service, les impôts sur les revenus, le patrimoine, les bénéfices et gains en capital, les
impôts et taxes intérieures sur les biens et services (INS, 2008). Pour taxer ces secteurs, les
contribuables ne doivent pas être à la marge des décisions les concernant par souci
d’inclusion.
Pour cela, la négociation est presque indispensable dans la mesure où elle permet une certaine
efficacité dans la collecte des impôts. L’objectif est d’amener les contribuables à consentir au
paiement de l’impôt. Un tel consentement permettra aux autorités locales de renforcer le
système administratif afin de mobiliser, collecter et gérer les ressources de leurs collectivités.
Aussi, cette acceptation offre-t-elle aux autorités locales la possibilité d’élargir leur champ
d’action16 (OCDE, 2008). Pour ce faire, ce sont les services techniques et financiers de l’Etat
qui initient les autorités municipales dans la gestion des ressources de leur commune. Or ces
services ne sont ni techniquement ni psychologiquement préparés à apporter l’appui
nécessaire aux communes dans l’identification, la mobilisation et la gestion des ressources
internes (BALTISSEN et HILHORST, 2004). D’où la nécessité d’une politique fiscale qui
intègre les défis de la fiscalité locale.
14
La TVA est un impôt indirect qui frappe la consommation des biens et services. Elle est perçue lors de
l’importation des biens ou la vente à l’intérieur du territoire national. C’est un impôt qui frappe les opérations
portant sur la plupart des biens et services à l’exception des produits de première nécessité (farine, lait, produits
du cru) : 19%)
15
Opérés sur certains produits(les tabacs et cigarettes ; les boissons ; les noix de cola ; les corps gras
alimentaires) importés ou fabriqués sur le territoire nigérien), la redevance minière (opéré sur les exportations
des substances minières telle que l’uranium)
16
Il s’agit des procédures de recrutement, de formation et de gestion de personnels chargés de la mobilisation et
de la collecte des impôts.
12
Selon LEIDERER et WOLF (2007) cette politique englobe, dans son acceptation, les recettes,
les dépenses publiques, les stratégies et instruments destinés à financer les déficits
budgétaires. Elle permet aussi de déterminer l’assiette fiscale d’un pays. En France par
exemple, la fiscalisation est soumise à un vote au niveau local et chaque commune explicite
ses domaines taxables (CHARLOT, 2011). Mais, le plus souvent l’opacité s’installe en
entraînant le doute, l’inquiétude et le refus de payer les impôts par les citoyens.
17
Par les effets directs de l’impôt, les citoyens consentissent à payer l’impôt
18
Pour effets intermédiaires, l’Etat promet la prospérité des citoyens, le développement de l’administration
fiscale et la fourniture des services de base
13
La participation constitue à la fois un enjeu et une méthode dans la recomposition de l’action
publique. Ce faisant, elle concerne la représentation qu’a un individu du politique, des
institutions et du rapport qu’il y entretient. Elle est aussi le mécanisme par lequel les
interactions entre individus se développent pensent BRUNO et DE LEGGE, 2002 (in
DEMANTE et TYMINSKY, 2008). Cela est très capital pour la mobilisation des ressources.
C’est alors que dans le cadre de la gouvernance fiscale, le processus de la mobilisation des
ressources est multi-acteurs. Ce principe est compris comme un ensemble de démarches,
permettant aux développementistes de promouvoir une synergie entre les acteurs locaux.
Cette approche peut donc se comprendre comme étant la mise en relation entre acteurs locaux
concernés par la mobilisation des ressources financières locales. Mais, une telle mobilisation
pose la problématique même de la gestion de ces ressources (BALTISSEN et HILHORST,
2004). Toutefois, la mobilisation fiscale connaît, comme partout ailleurs, des difficultés.
Celles-ci sont en partie dues au développement du secteur informel et au faible taux de
monétarisation de l’économie du pays (INS, 2008). Pour y faire face, plusieurs initiatives ont
vu le jour. C’est le cas notamment de la SDRP (stratégie durable de réduction de la pauvreté).
Au Niger, la mobilisation des ressources financières locales passe par des mesures relatives à
l’amélioration du taux de pression fiscale, au renforcement des recouvrements sur le secteur
informel, à la limitation des exonérations et à l’élargissement de l’assiette fiscale (SOULEY,
2009). Ainsi, l’accent doit être mis sur les causes des faiblesses des finances publiques. Pour
DIOP, (2004) (in NTUMWA, (2009), la centralisation de la chaîne fiscale, l’insuffisante
fiabilité des rôles résultant d’un nombre important de petites cotes et des cotes irrécouvrables,
le non-respect de l’annualité des recensements, l’insuffisance de l’adressage et l’absence d’un
marché immobilier transparent du foncier constituent les causes de l’étroitesse des recettes
fiscales d’une part. D’autre part, les finances publiques sont caractérisées par la faible
capacité contributive ou l’insolvabilité des contribuables en milieu rural. Aussi, sont-elles
victimes financièrement des dégrèvements, des exonérations, des exemptions ou des
réductions des recettes. Tandis que, du point de vue sociopolitique, ces finances publiques
sont caractérisées par les réticences des populations dues à l’insatisfaction par rapport aux
services obtenus.
Surtout un autre plan, la préparation, l’adoption, le contrôle et la gestion des fonds d’une
collectivité constituent les principaux mécanismes de mobilisations des ressources définis par
le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT). Ce code est règlementé par des
14
ordonnances prises sous forme de décret en conseil de ministres (SAKHO, 1996). A cet effet,
la mobilisation vise à promouvoir les activités de communication sociale sur les droits et
devoirs du citoyen et sur le rôle de l’impôt dans la vie de la commune (PAGLRM, 2009). Or,
cette mobilisation dépend de l’investissement qui est fait. Dans le contexte soviétique, c’est
l’investissement dans le secteur primaire qui a constitué le point de décollage de l’engagement
de populations au paiement d’impôt (ALLEN ROBERT, 1998). Néanmoins, ce qui a
beaucoup manqué dans les « pays du Sud » nous dit LEFEBVRE (2002). Outre cet aspect, le
recensement fiscal constitue un véritable défi pour ces pays selon COMBY (2011) (in
VAILLANCOURT, 2013). Un tel travail permettra d’identifier les nouveaux arrivants et
revoir la valeur imposable des anciens habitants. Or, tout cela dépend du revenu des
populations. Par contre, le niveau de revenus des ménages ruraux est significativement maigre
(NTUMWA, 2009). Ainsi, de manière succincte le contenu théorique de la documentation
utilisée autour de la gouvernance fiscale et la mobilisation des ressources internes des
collectivités locales.
Pour autant, les raisons historiques, politiques ou culturelles en rapport avec le détournement
et la dilapidation des fonds provoquent la méfiance et le refus des populations à coopérer. Ce
qui entraîne un faible recouvrement. Aussi, dans les économies à très bas revenus, les unités
imposables sont-elles petites tandis que les coûts de recouvrement sont élevés. Ce qui
s’explique par le caractère saisonnier et irrégulier des revenus des personnes et par le fait que
les contribuables ruraux sont peu répertoriés (OCDE, 2008). Malgré tout, quels que soient la
forme de gestion et le degré de participation des citoyens à la mobilisation des ressources
fiscales, les outils et mécanismes d’appui aux communes ne seront transférables et
exploitables que s’il y a des cadres compétents pour prendre le relais dans les services de la
mairie : une régie fonctionnelle.
Ainsi, l’on retient que la gouvernance est une notion polysémique, la décentralisation un
concept à géométrie variable et la fiscalisation est un phénomène coercitif et non consensuel.
Au-delà, cette phase de la recherche a permis non seulement l’imprégnation de la thématique
et des grandes démarches autour des questions de décentralisation, de gouvernance et des
15
finances locales mais aussi, l’appréhension du contexte général et spécifique du sujet traité.
Cela a été capital pour situer le problème de recherche (voir questions centrale et subsidiaires)
tout en facilitant le choix fin des aspects à investiguer (tels que les types de ressources,
d’acteurs, de stratégies, des modes de gestion, etc.)
16
conduit l’Etat à une inefficacité d’action au niveau local. Les populations locales qui se
sentaient ignorées par l’organe central se sont peu à peu désintéressées de l’administration
nationale au point de la qualifier de prédatrice. Secundo, dans les années 80, ces Etats se sont
engagés dans une mission de relance de l’économie et de création des conditions du
développement à travers des programmes de développement intégré. Dans ces programmes,
d’importants moyens étaient utilisés. Mais, les détournements, l’inadéquation des méthodes
d’interventions et les abus de pouvoirs n’ont conduit ces programmes qu’à des échecs. Tertio,
vinrent les années 90 avec leur panoplie de revendications et la tenue des conférences
nationales notamment en Afrique francophone. Celles-ci appellent à l’expression
démocratique, à la représentativité et à l’implication des populations dans la prise des
décisions les concernant (DEMANTE et TYMINSKY, 2008). Enfin, ces différentes périodes
ont eu pour conséquence la mise en place de la décentralisation.
Pourtant, la décentralisation présente des légères nuances entre pays francophones et pays
anglophones. Du point de vue définition, le concept de décentralisation, dans les pays
d’inspiration française, s’identifie à un transfert de fonctions. Indépendamment, dans les pays
anglophones, il se traduit par la notion de dévolution ou de délégation des services à un
« exécutif élus » (DEMANTE & TYMINSKY, 2008).
A l’instar d’autres pays africains, au Niger également, les mêmes difficultés minent le
système fiscal (AMADOU, 2011). En plus, par rapport à la fiscalité nigérienne, on constate
que l’approche technique prime sur le lien entre le fisc et la relation Etat-citoyens. On trouve
la même inspiration dans les écrits de DEUTSCHER (2008). Mais, quelques légères nuances
s’observent au sujet de recouvrement fiscal. Il s’agit de l’absence d’une culture favorable au
19
Presque tous les secteurs paraissent prioritaires
17
paiement fiscal (notamment civisme), de l’ « ignorance » quasi-totale des populations sur
l’importance de payer les impôts et ses corolaires et, la concurrence déloyale. Celle-ci
favorise le développement des activités économiques et financières informelles. Dans ce pays
également, le caractère du régime économique est un facteur qui limite les opportunités de
prélèvement fiscal (LEMIEUX, 1993). L’exemple le plus concret de cet état de fait est
l’important flux de circulation monétaire via le mécanisme traditionnel. En outre, la
méconnaissance de l’importance du fisc fait que les contribuables préfèrent des faveurs des
agents pour régler en demi-tarif au lieu de payer les taxes dans leur intégralité.
Toutefois, l’espace décentralisé est le lieu où s’expriment toutes les différentes entraves liées
au faible recouvrement des impôts. A ce niveau, quelques faiblesses peuvent être constatées.
Il s’agit de la méconnaissance des populations de l’importance des ressources, la quête de
faveur par les contribuables et la régulation des modalités de recouvrement par des logiques
sociales et sociétales par les percepteurs. De même, l’absence de réalisations concrètes est un
facteur déterminant dans le refus de paiement de l’impôt. A cela s’ajoute l’absence de
l’implication des populations. Ainsi, telles sont les difficultés auxquelles les services de
recouvrement sont confrontés. Compte tenu de cette situation, il est tout à fait judicieux de
jeter un regard particulier sur la question de mobilisation des ressources fiscales internes.
Celles-ci constituent l’atout indispensable pour le fonctionnement administratif des instances
locales. Bien que l’objectif de mobilisation des ressources soit loin d’être satisfaisant, la
question de leur gestion se pose avec acuité.
Pour autant, la gestion des ressources mobilisées est l’un des principaux outils qui permet la
viabilité et la visibilité du fonctionnement des administrations locales. Ce qui se définit
implicitement en termes de mode communal de gestion axé sur le système de négociation.
Celle-ci permet aux autorités de renforcer l’administration pour mobiliser, collecter et gérer
l’impôt afin d’élargir leur champ d’action c’est-à-dire, les procédures de recrutement, de
formation et de gestion de personnels chargés de la mobilisation et de la collecte des impôts
(OCDE, 2008). La gouvernance fiscale, en suscitant des inquiétudes sur la mobilisation des
ressources et leur gestion, implique la formulation de la question centrale de recherche
comme suit : quelles sont les stratégies développées dans la commune rurale de Karofane
pour mobiliser et gérer les ressources fiscales ?
18
En quoi consiste la mobilisation des ressources fiscales de la commune rurale de
Karofane ?
Qu’est-ce qui détermine la gestion des ressources mobilisées dans la commune rurale
de Karofane ?
Modèle d’analyse
La première idée qui découle de la question de la gouvernance fiscale, est celle de la gestion
des ressources financières mobilisées car, elle constitue l’ensemble de stratégies de gestion de
ces ressources. Tout de même, la gouvernance fiscale renvoie à l’étude des liens existants
entre la fiscalité, l’État et la société. Elle tente de cerner le point de vue du contribuable-
citoyen sur ses obligations fiscales. C’est aussi la mention faite par la sociologie de l’impôt ;
une branche de la sociologie qui cherche à construire une vision de la fiscalité et de l’impôt en
se penchant sur le lien connexe avec les faits sociaux. En effet, elle constitue un ensemble de
stratégies allant dans le sens de gérer un bien public. À partir de la notion de « commune
rurale », l’étude de la gouvernance fiscale au niveau de cette commune consiste à s’interroger
19
sur les stratégies de gestion et les manières par lesquelles l’autorité communale amène les
populations à coopérer et à participer à la mobilisation des ressources fiscales.
Ces ressources couvrent un large domaine. Elles sont pour la plupart constituées des impôts,
des patentes et de diverses taxes. Cependant, dans beaucoup de localités, ces ressources
internes peuvent englober d’autres types de fonds tirés des initiatives locales de participation à
l’émergence de la municipalité à travers l’appui financier de ses « ressortissants ». Sans cette
distinction, la notion des ressources internes et de leur mobilisation dans les entités
administratives décentralisées peut signifier exclusivement la capacité économique d’une
commune ou le revenu par tête de ses habitants.
20
En effet la mobilisation des ressources fiscales locales demeure l’un des défis majeurs pour les communes qui
doivent jouer leur rôle d’acteur central du développement local. Il est évident qu’aucune commune ne dispose de
ressources au prorata des besoins de ses administrés.
20
Toutefois, selon cet auteur, l’expérience personnelle ou sociale influe sur la capacité du
contribuable à s’acquitter de ses obligations fiscales. En plus, d’autres mobiles entrent en jeu
dans ce processus. Il peut aussi s’agir de l’effet de la sensibilisation, de la participation ou
même de la répression. À cela fait suite, la perception ou la représentation de l’administration
locale et du pouvoir traditionnel dans la gestion de « biens publics ». Ce qui amène à penser
directement à un modèle théorique qui prendra en compte des concepts de base tels que :
l’expérience personnelle, l’expérience sociale, la sensibilisation, l’implication des
populations, le mode répressif, les perceptions populaires de l’administration, la
représentation sociale de l’administration, et l’action du pouvoir traditionnel.
L’objectif ici est de trouver de manière lucide une perspective théorique capable d’aider à
élucider le réel que constituent la mobilisation et la gestion des ressources fiscales de la
commune rurale de Karofane. Pour parvenir à cette fin, l’analyse thématique dans le sens
indiqué par Pierre PAILLE et Alex MUCCHEILLI (2005) semble le meilleur procédé. En
effet, cette forme d’analyse procède par « thématisation ». Celle-ci constitue l’opération de la
transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu
analysé en prenant en compte l’objectif de la recherche. Pour ce faire, deux (2) démarches
s’imposent. Il s’agit de la démarche en continu et de la démarche séquentielle. Ce sont ces
démarches qui ont permis d’extraire (le sens des informations obtenues) et d’attribuer une
signification aux données en rapport avec leur contexte.
Budget : d’origine anglaise dérivé du vieux français bugette qui signifie petite bourse,
le budget est définit comme un acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et
les dépenses de l’Etat (SUAVET, 1975). Il est non seulement défini comme un état
annuel des dépenses et recettes publiques prévues (36 dictionnaires et recueils de
correspondance) mais aussi un document qui prévoit et autorise, pour l’année, les
dépenses et les recettes d’une personne ou d’un État (HCRAD i, 2005). Chacune de
21
ces définitions prend en charge la dimension prévisionnelle des recettes et des
dépenses de manière générale. Néanmoins, de manière particulière, le budget est
compris comme une prévision annuelle en recettes et en dépenses d’une collectivité
territoriale.
Collectivités territoriales : à partir des différentes lectures faites, certaines définitions
des collectivités territoriales mettent l’accent sur la dimension territoire et taille de la
population tandis que d’autres s’appesantissent sur l’autonomie de gestion ou
l’autonomie financière. Par contre, de manière isolée, ni les unes ni les autres ne
définissent ce concept tel qu’il est perçu empiriquement. Par ailleurs, au-delà d’avoir
une définition qui intègre à la fois ces deux aspects ; il est préférable de trouver une
qui traduit de manière fondamentale ce que le concept de collectivité territoriale
voudrait signifier. Ce faisant, on retient que les collectivités territoriales « …sont des
groupements humains géographiquement localisées sur une portion du territoire
national auxquelles l’État a conféré la personnalité juridique et le pouvoir de
s’administrer librement par des autorités élues » (loi n° 2008-42 du 31 juillet 2008
citée dans DGDD/DCPND, 2012 : 17).
Dépense communale : de manière générique, une dépense renvoie à l’argent employé
pour se procurer quelque chose (36 dictionnaires et recueils de correspondance). Mais,
le concept de dépense communale renferme l’obligation de répondre à une procédure
qui consiste en une situation du sujet (ordonnateur) et de l’objet (ce pour quoi elle est
engagée et imputée). C’est en ce sens qu’elle désigne le résultat d’un engagement,
d’une liquidation, d’un ordonnancement ou mandatement de l’ordonnateur communal
(le maire ou le secrétaire municipal) matérialisés par des documents ou des pièces
justificatives réglementaires (HCRAD ii, 2005). En l’absence de pièces justificatives
dans beaucoup de dépenses de la commune rurale de Karofane, ce concept se limite au
résultat du fonds de la commune utilisé pour un besoin ou un service sur demande de
l’ordonnateur.
Gouvernance : de toutes les définitions passées en revue concernant la position du
concept à la fois sur la délivrance (OLIVIER DE SARDANT, 2009), sur la notion
phare des idéaux de la banque mondiale (BANQUE MONDIALE, 1992) et sur la
terminologie d’envergure (BOISIVON, 2005), il y a une qui donne une
compréhension similaire au paysage nigérien de décentralisation. C’est celle de
CHARLICK (1995). Il l’a définit comme « (…) un processus par lequel des sociétés gèrent
leurs affaires publiques en stimulant et en structurant un consensus normatif sous-jacent selon des
22
règles basées sur le sens du bénéfice mutuel ou réciproque ». Cependant, le concept de lui-
même traduit une nouvelle manière de gérer les affaires publiques ou privées. Dans
certains cas le concept de gouvernance est utilisé dans le sens de la première définition
et dans d’autres, il est développé du point de vue de la deuxième notion.
Impôt : ce concept renferme non seulement plusieurs définitions extraites de lectures
menées (impôt comme expression de solidarité au pauvre pense LEROY, 2009). Il
renferme aussi une définition empirique. Cette dernière le désigne par
« le prélèvement obligatoire opéré par l’Etat et les collectivités pour la couverture des
dépenses publiques (salaires, investissement) » (receveur municipal, entretien du 14/03/2014).
Bien que ces propos explicitent la notion d’impôt, il ne faut pas perdre de vue le fait
qu’elle présente un caractère général. Particulièrement dans le contexte de la
décentralisation, il faut voir le prélèvement fiscal qu’opèrent les collectivités
territoriales dans les limites de leurs prérogatives. Aussi, faudrait-il distinguer le sens
empirique du concept impôt d’avec sa signification technique. Empiriquement, l’impôt
a une connotation limitative à bodo ou lanho (en langue hausa) qui est le résultat du
prélèvement de la taxe municipale pour les campagnes et la taxe de voirie pour les
villes. Tandis que sa signification technique englobe non seulement cette proportion
empirique du concept mais aussi d’autres types de taxes.
Patente : dans sa définition générique, ce concept renvoie à un impôt annuel dû par
les commerçants, les industriels, les artisans (36 dictionnaires et recueils de
correspondance). Autrement dit, la patente est définie comme un impôt direct payé par
les imposables ci-dessus. En effet, « le but de cet impôt est de taxer un revenu en
fonction de l’outil de travail » (VAILLANCOURT, 2013 : 12). Dans le cadre de ce
travail, la patente renvoie au prélèvement annuel opéré sur les charrettes vouées à
l’exploitation commerciale, les taxi-motos et les boutiques en activité.
Potentiel imposable : de manière succincte, le potentiel imposable (ici d’une
collectivité) c’est tout (population, ressources physiques, matérielles et activités
économiques), ce qui fait objet de prélèvement fiscal (BOISIVON, 2005). Il ressort de
cette définition une signification vague du concept qui l’apparente à la base imposable
ou à l’assiette fiscale. Cette dernière constitue la base sur laquelle est appliquée le taux
de l’impôt pour obtenir le montant dû par une personne ; cela peut être un revenu, le
prix d’une transaction, d’un patrimoine (HCRAD i, 2005). Néanmoins, le potentiel
imposable est ici considéré comme ce sur quoi le fisc se base pour fixer un impôt
donné en fonction du volume de la base imposable.
23
Redevance : c’est le prix acquitté par un usager pour un service public dont le
montant est proportionnel au montant rendu (BOISIVON, 2005). Cependant, la
définition générique de ce concept est plus éclairante puisque l’objectif assigné à cette
rubrique (définition de concept) est de permettre de dépasser les écueils de
compréhension. Ainsi, la redevance est la somme versée à échéances périodiques en
contrepartie d’un avantage concédé contractuellement (36 dictionnaires et recueils de
correspondance). Pour ce cas précis, la redevance est perçue comme le prélèvement
fait par la DGI via sa direction départementale de Bouza sur les compagnies de
téléphonie mobile et les grands domaines de l’exploitation commerciale disponibles
dans la commune rurale de Karofane.
Ressources internes : ce concept renvoie à la notion de ressources propres qui sont le
plus souvent larges et variées. Cela suppose qu’elles sont constituées des taxes
directes, indirectes et rémunératoires. Pour le cas de la commune rurale de Karofane,
en l’absence des fonds d’appui à la décentralisation et à la péréquation, les ressources
internes sont l’équivalent des ressources fiscales mobilisables et mobilisées.
Voici sémantiquement l’angle sous lequel ces concepts sont compris dans la conduite de ce
travail afin de partager la même compréhension d’avec les lecteurs et lecteurs-correcteurs.
24
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre traite des méthodes, des techniques et des outils utilisés pour collecter et analyser
les données recueillies. Il intègre aussi les manières par lesquelles la recherche documentaire
a été menée, l’aspect concerné par l’enquête exploratoire, le recours à la technique
d’échantillonnage et la portée des difficultés rencontrées dans la réalisation de ce travail.
Quant à l’enquête exploratoire, elle a été essentiellement caractérisée par des entretiens
exploratoires. Ces entretiens ont été conduits à la Direction Générale des Impôts (DGI) de
Niamey et à la DGDD. Ils ont permis de disposer des informations générales sur les
ressources fiscales des communes rurales et les responsables de leur gestion respectivement
auprès du receveur et de l’expert en décentralisation.
25
2.3 Échantillonnage
Le mot « échantillon » peut prendre une double signification. Au sens strict ou opérationnel, il
désigne exclusivement le résultat d’une démarche visant à prélever une partie d’un tout bien
déterminé en vue de mener des enquêtes. Au sens large, il désigne le résultat de n’importe
quelle opération visant à constituer le corpus empirique d’une recherche à partir d’une
population-mère (PIRES, 1997). Pour ce travail, c’est la technique à plusieurs degrés qui est
utilisée avec deux sous techniques complémentaires dont l’échantillon par choix raisonné21 et
l’échantillon en boule de neige. Le premier donne la possibilité d’identifier les groupes
stratégiques et le second offre l’occasion d’atteindre les individus constitutifs d’un même
groupe stratégique. A l’issue de la recherche, le tableau suivant précise les groupes
stratégiques et le nombre de personnes rencontrées :
21
Cette technique se base sur des individus qui se distinguent d’autres selon certaines caractéristiques.
26
mobilisations et de gestion des ressources de la commune, les points forts et les défis de la
commune, etc. Ces guides ont été administrés aux autorités communales et coutumières.
L’enquête par questionnaire elle, a été conduite à l’aide des questionnaires (annexe III) en
administration indirecte auprès des percepteurs, des conseillers municipaux, des commerçants
et des contribuables. Ils ont porté sur l’identité, la connaissance de la commune, les ressources
de la commune, la gestion de ces ressources et la gouvernance communale.
L’observation directe a été faite au moyen d’une grille (annexe IV). Par ailleurs, la grille a
regroupé les aspects observables comme les échanges entre acteurs lors de trois (3)
rencontres. Il s’agit de la rencontre entre autorité communale et chefs de villages, autorité
communale et commerçants du chef-lieu et autorité communale et intermédiaires de la filière
vente des animaux.
la difficulté à trouver dans la littérature scientifique ce qui est essentiel pour ce travail
dans la mesure où tout paraît important pour le jeune chercheur. Face à cette difficulté
et en dehors des conseils sollicités, le gisement théorique puisé dans la lecture de
STOCKINGER (1992) a été d’un grand avantage. En effet, cet auteur énonce de
manière schématique ce qu’il faut chercher. Il s’agit de :
- former une liste pertinente ordonnée d’énoncés en un langage standardisé (repérage-
regroupement des informations) ;
- regrouper ces énoncés suivant un principe d’homogénéité sémantique soit autour des
thématiques existantes soit autour des nouvelles ;
- regrouper ces catégories thématiques sous forme d’une configuration en lien avec une
théorie ;
27
- chercher à voir si cette théorie est valide à l’ensemble du corpus.
la difficulté à harmoniser les différentes étapes de la recherche en sciences sociales.
Ici, ce sont l’itération et conseils qui sont permis de surmonter une telle difficulté.
Ce chapitre a mis en lumière les méthodes, les techniques et les outils utilisés. Mais
l’échantillonnage a concerné deux types d’échantillon dont le « choix typique » et le « boule
de neige ». Par ailleurs, les difficultés susmentionnées ont été rencontrées et positivées
enrichissant significativement ce travail.
28
CHAPITRE III : PRESENTATION DE L’ESPACE D’ETUDE
Ce chapitre présente d’abord la commune rurale de Karofane en mettant plus l’accent sur ses
aspects économiques. Ensuite, il donne un bref aperçu de l’institution communale dans son
mode de fonctionnement et enfin, les attributions du personnel de la mairie à partir des postes
déjà disponibles.
22
Cuirs et peaux, poterie et vannerie
29
l’existence des foyers de production à rendement compensatoire à partir des systèmes de
production agricole identifiables (très connus dans la zone).
- système de culture pluviale qui est pratiqué dans toutes les exploitations agricoles de
la commune. Ce système de culture est tributaire de la pluviométrie. Les produits
agricoles cultivés dans cette commune sont le mil, le sorgho, le niébé et l’arachide ;
- système de culture de contre saison. Il s’agit des cultures de décrue et des cultures
irriguées. En décrue les populations cultivent le manioc, les calebassiers, les courges,
les patates douces et les cultures irriguées concernent le riz, l’oignon, la laitue, le
choux, la tomate, etc.
- Il y a aussi la culture de la canne à sucre à Régaou, Kankara et à Galba.
30
important marché animé par les acheteurs internes et externes. Ce qui constitue un avantage
dans le recouvrement fiscal à double effet c’est-à-dire la taxe est payée par l’acheteur et
l’intermédiaire (communément appelé dillali) lors de l’achat ou de vente de ces animaux.
En définitive, ces quatre principales activités économiques constituent des véritables sources
de revenus des populations de la commune rurale de Karofane.
Les mouvements des populations, une stratégie pour faire face à des obligations fiscales
Dans la commune rurale de Karofane, les mouvements des populations sont marqués par les
entrées (immigrations) et les sorties (émigrations). Ce phénomène est très préoccupant. Il
touche la plupart de personnes au niveau de tous les villages de la commune. Ces
mouvements s’effectuent à l’intérieur du territoire national (Konni, Maradi, Arlit, Niamey) ou
à l’extérieur (Nigéria, Algérie, Côte d’Ivoire, Cameroun, Ghana, Amérique et les pays
européens). Dans la commune rurale de Karofane, l’exode constitue la seconde alternative
pour tirer des revenus après les récoltes. Les revenus tirés (de cet exode) et ramenés aux
villages varient en fonction de l’expérience, de l’âge et de la chance de « l’exodant ». Ces
revenus se situent entre zéro et plusieurs millions de francs. Ils sont utilisés soit dans le
commerce ou l’embouche soit dans le paiement de la taxe municipale. En effet, certains
migrants payent l’impôt pour toute leur grande famille (famille élargie) tandis que d’autres
appuient leurs parents dans le paiement de cette taxe.
31
3.3 La mairie, une minimalité de fonctionnement
Institution administrative locale, la mairie de la commune rurale de Karofane dispose pour
son fonctionnement d’un organe délibérant (composé de douze membres élus dont une
femme), d’un exécutif communal (composé du maire et de son adjoint) et d’un domaine
technique constitué du district agricole, des services communaux de l’élevage et de
l’environnement, des services de formations sanitaires et des administrations scolaires. Dans
le cadre de son exercice, l’organe délibérant est composé de trois commissions dont la
commission économique et financière, la commission chargée du développement
communautaire et la commission culturelle et sociale. Quant à l’exécutif communal, il est
l’organe qui s’occupe de l’exécution des décisions prises au niveau du conseil municipal. Le
domaine technique est l’organe qui s’occupe du fonctionnement régulier de la mairie. Il
dispose de cinq agents permanents dont celui du secrétaire général, du secrétaire municipal,
du receveur et du service d’état civil (avec deux agents). En outre, la mairie emploie un
planton et plusieurs auxiliaires.
Depuis sa création en 2004, la commune rurale de Karofane n’a pas pu disposer d’un local
pour abriter le service en tant que tel de cette jeune institution. En effet, c’est l’ancien
magasin (voire photo de la page de garde) de la coopérative (mais aménagé) qui est retenu
pour servir de siège. Après cet emménagement en 2005, trois espaces du magasin sont
équipés pour servir de bureaux : un premier pour le maire, un second pour le secrétaire
général et un troisième pour l’agent d’état civil. Le receveur et le SM n’ont pas encore de
bureaux équipés. Ils ont chacun une table et une chaise avec quelques documents de travails
devant eux.
Par rapport à la répartition des tâches administratives, les rôles sont indiqués comme suit :
32
Le secrétaire municipal : le SM a pour tâche administrative le remplissage de l’ordre
de recette. Après remplissage, il transmet cet ordre au receveur municipal pour
notification. En plus, il a à sa charge l’élaboration des mandats sur instruction du
maire. Mais, il ne traite pas de la question d’enregistrement de la taxe municipale.
Le receveur municipal : le travail du receveur municipal consiste d’abord à participer
à la mobilisation des ressources et à inciter les autorités communales à maximiser les
campagnes de sensibilisation pour une hausse du recouvrement fiscal. Ensuite, le
receveur sert de comptable ; il est cumulativement responsable de la gestion financière
de la collectivité pour laquelle il est affecté.
L’agent de l’état civil : il s’occupe de l’enregistrement des naissances, des décès et
des mariages en délivrant les différents actes d’état civil. C’est le service le plus utilisé
mais très lent en raison de l’absence du signataire (seule la maire en avait la
prérogative à la date de la recherche).
A l’instar des communes du Niger, la commune rurale de Karofane est à son deuxième
conseil municipal. Le premier mandat a duré de 2004 à 2009 et le deuxième a vu le jour en
2011. Mais, par rapport au fonctionnement, l’assiduité est une qualité rare dans une
administration où les salaires tombent comme de la pluie au désert. Dans la plupart des cas,
c’est le système de permanence qui est fait. Cette permanence est tantôt assuré par le SG
tantôt par la SM. Néanmoins, de manière régulière, aucun agent n’est ponctuel et permanent.
Cela est illustré par les propos suivants :
Ce problème de fonds avait eu des graves conséquences sur le rythme de travail et sur
l’instance de prise de décision que sont les sessions. En effet,
« Les sessions qui sont prévues chaque trois mois ne se tiennent que chaque six mois. Ce qui fait que,
au lieu de tenir quatre sessions ordinaires, la commune de Karofane ne tient que deux sessions
ordinaires» (conseiller municipal, entretien du 29/03/2014 à Maissassap).
Pour pallier ce retard de tenue des sessions, les conseillers ont convenu de la tenue des
sessions à crédit. C’est alors que cette résolution a affecté le consentement des agents
33
permanents qui eux aussi ont continué à travailler à crédit. Par contre, ces agents, à l’exemple
de l’ancien SM, considèrent que
« Travailler au sein de la mairie de Karofane est une sorte de frustration au quotidien car vous faites
le travail pour lequel vous n’avez pas d’attribution. Vous avez constamment le sentiment d’être
exploité » (Entretien réalisé le 30/03/2014 à Karofane).
Hormis ces difficultés, les appartenances politiques, l’analphabétisme des conseillers et leur
manque de motivation ont été des véritables carcans qui ont miné le fonctionnement de
l’administration communale. En effet,
Aussi, les interventions de l’Etat et de ses partenaires en matière de gestion des crises
alimentaires ont-ils aggravé ce problème en ce que certains élus locaux considèrent que c’est
la mairie qui définit les zones d’interventions des projets tandis que d’autres pensent que c’est
parce qu’ils ne sont pas du même bord politique que le maire que leurs zones ne sont pas
concernées. En effet, ces difficultés étaient propres aux premières autorités. Se servant de
cette expérience, les nouvelles autorités avaient développé des stratégies consistant à appeler
les populations cibles à respecter la limitation des zones déficitaires à travers des campagnes
de sensibilisation conduites par des relais (conseillers). Pour redynamiser ces stratégies,
« Les récipiendaires par village sont priés d’accepter de prévoir dans leur part ce qu’on pourrait
redistribuer aux personnes qui n’ont pas bénéficié de l’aide. Ce plan de prévention de crise
interpersonnelle a été approuvé par beaucoup de village » (maire de la commune rurale de
er
Karofane, entretien réalisé le 1 /04/2014.).
Ensuite, pour ce qui est de l’analphabétisme, il représente 63,64% (soit 4 conseillers instruits
sur 11). Ce handicap, comme pense madame le maire, a fait que certains conseillers n’étaient
pas enclins à chercher à comprendre comment se fait ce travail de représentation pour lequel
ils sont élus. D’autres quant à eux, craignent le premier officier communal affirme cet
enquêté :
« Il y a des conseillers qui ont peur de la maire par ce qu’elle leur dit qu’elle va les enlever »
(président de la commission économique et financière de la CR/K, entretien réalisé le 7/04/2014)
34
Se voyant comme des « jeka nayi ka ne » (des moins que rien) et des personnes dont les
points de vue sont moins pris en compte que ceux du personnel permanent de la mairie, les
conseillers ont lâché prise. Ce qui a pour conséquence la démotivation. C’est en ce sens qu’un
enquêté dit ceci :
« Nous ne sommes pas motivés parce que nos points de vue ne sont pas pris en compte dans le
travail » (conseiller, entretien du 29/03/2014).
En plus du point de vue des agents permanents et des élus locaux, il est nécessaire d’examiner
le fonctionnement de la mairie du point de vue des populations. A ce niveau, deux grandes
perceptions sont identifiées. Certaines personnes considèrent que le fonctionnement de la
mairie est « acceptable » car variable en fonction de l’âge de cette administration. D’autres,
pour leur part estiment que,
« L’égoïsme, l’arrogance et l’absence d’entente entre les différents acteurs qui sont la cause du
dysfonctionnement » (commerçant, entretien réalisé le 19/03/2014).
« Les propositions nous viennent toujours d’en haut et le vote c’est juste la formalité. C’est en tout
cas le consensus qui prévaut » (entretien du 20/03/2014).
Pour bien de cas, les conseillers ne contestent pas les propositions dictées car disent-ils,
« Ce sont eux qui ont fait l’école et ce sont eux qui comprennent les textes » (conseiller municipal,
entretien du 28/03/2014).
Autrement dit ces conseillers sont passifs, observateurs et suiveurs en cas de prise de
décisions. C’est ce qu’affirme le second responsable de la mairie :
« Les conseillers ne réagissent pas lors des débats. Ils observent seulement et dès que l’un entre d’eux
parle tous disent la même chose. Et ils n’ont pas le courage de contester ce qui n’est pas bien »
(entretien réalisé le 27/03/2014).
«Les conseillers sont comme des volants de voiture. Ils sont au service de celui qui détient la clef »
(habitant de Karofane, entretien du 8/04/2014).
35
3.4 Les élus locaux, des acteurs peu formés
Depuis l’installation officielle de la deuxième mandature, la commune rurale de Karofane a
bénéficié de très peu de formations en matière de renforcement des capacités des élus locaux.
Certains conseillers qui ne sont pas à leur premier mandat avaient suivi en 2005 une formation
autour d’un document en langue intitulé « Tsari yanki yanki dangance da commune ». Ce
document a été élaboré en 2003 par le cabinet du Premier Ministre. Néanmoins, d’autres sont
à leur premier mandant. Ceux-là ont bénéficié de deux formations : l’une à la fois sur la
discipline au travail et sur les droits et devoirs du conseiller en 2011 à Tahoua et l’autre sur
la gestion, le respect du personnel et la répartition des tâches administratives en 2013. Cette
deuxième formation, organisée par ONUFEMMES, a regroupée trois communes dont
Karofane, Azarori et Madaoua.
Certes, il y a eu ces formations mais, les conseillers municipaux disent n’avoir jamais suivi de
formation sur la gestion financière de leur commune et le rôle des conseillers dans celle-ci. A
cet effet, affirme le président de la commission économique et financière,
« Les conseillers s’intéressent moins à la gestion parce qu’ils ne savent pas comment elle doit être
faite » (Entretien réalisé le 07/04/2014).
36
DEUXIEME PARTIE
37
CHAPITRE I V: STRATEGIE DE MOBILISATION DES RESSOURCES
FISCALES DANS LA COMMUNE RURALE DE KAROFANE
Désignation Catégories
Impôt et taxes propres à la - Taxe de voirie ou municipale ;
commune - Taxe sur taxi-motos, charrettes exploitées à des fins
lucratives ;
- Taxe sur le commerce de bétail ;
- Taxe sur les appareils de jeux et distraction
- Taxe d’occupation des hangars.
Taxes indirectes - Contributions des patentes ;
- Taxe sur l’exploitation des carrières ;
- Taxe sur les colporteurs et marchands ambulants ;
- Taxe de stationnement et vente sur les marchés
aménagés ;
- Taxe de stationnement et vente sur les trottoirs et les
places autres que les marchés ;
- Taxe de d’abattage des animaux de boucherie ;
- Taxe sur la production agricole marchande ;
- Taxe sur les spectacles et divertissements sur les
marchés ;
- Taxe sur le droit de sortie de véhicules de transport ;
- Taxe de présentation des animaux ;
38
Taxes rémunératoires - Frais de gardiennage de fourrière pour animaux et
véhicules ;
- Frais de produit de cession des services de santé,
d’agriculture, des ressources animales et de
l’environnement ;
- Frais de signatures et d’établissements des actes.
Source : budget de la CR/K
Mais, ce sont la taxe municipale, la patente ou la taxe synthétique, la taxe de marché (étalage,
abattage, présentation et identification des animaux, taxe gare routière, etc.), la redevance
(réseaux de téléphonie mobile et NIGELEC), la taxe d’exploitation des carrières, et la taxe
d’occupation des hangars qui constituent les ressources fiscales mobilisées de la commune
rurale de Karofane. Le prélèvement de ces taxes se présente comme indiqué dans le tableau
ci-dessous :
Néanmoins, d’autres ressources ne sont pas taxées ou le sont peu. Il s’agit des carrières qui
servent de fabrique de brique et la carrière d’exploitation du gypse de Taraourao. En dehors
de toutes ces
« (...) ressources ordinaires, existent aussi des ressources extraordinaires. Ce sont des ressources
perçues par voie d’erreurs lors de règlement des différends ou de la vente aux enchères des produits
des fourrières » (receveur municipal, entretien du 14/03/2014).
39
4.2 Les acteurs de la mobilisation des ressources internes, caractéristiques
et stratégies
La commune rurale de Karofane a un budget prévisionnel largement dominé (représentant
83,47%) par les ressources fiscales comme indiquées dans ce tableau :
Mais, ces ressources ne sont pas disponibles dans la caisse de la mairie. Par conséquent, elles
sont à mobiliser. Pour cela, quatre acteurs clés en sont impliqués. Ces acteurs sont constitués
en acteurs actifs (les autorités communales et les chefs traditionnels) et passifs (les
populations et commerçants) de la chaîne de mobilisation fiscale. Chaque acteur a sa propre
caractéristique. Celle-ci dépend du rôle que joue chacun dans sa sphère de compétence et pour
cela, il développe une ou plusieurs stratégies.
Les autorités communales, des acteurs impulsifs pour le paiement des ressources fiscales
Le secrétaire général, sous la vigilance du maire, est le coordinateur des activités techniques
de la mairie. Il se charge de la mobilisation des ressources de la commune sous l’impulsion du
receveur municipal. Pour ce faire, ce sont des sensibilisations communautaires qui sont
organisées à travers des AG villageoises et des sorties foraines dans les marchés. Ces deux
types de sensibilisations s’identifient à deux catégories de taxes. En effet, la sensibilisation
communautaire est faite en faveur de la taxe municipale et les sorties foraines sont organisées
dans le cadre du recouvrement de la taxe de marché.
Pour le premier type, les assemblées villageoises sont tenues dans les villages qui payent peu
ou qui payent en retard la taxe municipale. Elles sont le plus souvent tenues au début de
chaque année après élaboration du nouveau budget. A ces AG participent, en plus du
personnel clé de la mairie, les conseillers et les services techniques communaux. Ces
40
assemblées portent sur la présentation sommaire de l’exercice budgétaire de l’année écoulée
et de celle en cours. En effet, cela vise à montrer et/ou démontrer aux populations
l’importance des ressources fiscales pour le fonctionnement de leur commune et les travaux
réalisés. L’occasion est aussi saisie pour demander l’engagement des contribuables au
paiement de la taxe municipale communément appelée « lanho » et de la taxe synthétique
appelée « patenti ». En plus, les villages qui sont à jour dans le paiement de cette taxe sont
cités en exemple pour amener les autres villages à leur emboîter le pas. A la fin de la
présentation, les participants posent des questions. Ils trouvent également des réponses tantôt
convaincantes tantôt non. Néanmoins, les villages qui n’ont pas été touchés sont pris en
charge par le conseiller de la zone. Celui-ci relaye la mairie dans le cadre de cette
sensibilisation. Les conseillers, selon le vice maire, font leurs sensibilisations dans les
mosquées, chez les chefs de villages et les bouches à oreilles. Ces sensibilisations sont faites
en Assemblée Générale (AG). Celle-ci porte sur l’importance de l’impôt dans les ressources
de la commune. Lors de cette AG, le conseiller explique le fait que les réalisations sont
fonction des ressources mobilisables (en cas de prévision) et mobilisées (en cas d’exécution).
Pour renforcer le travail des conseillers, l’exécutif communal a organisé une rencontre à
laquelle ont pris part les chefs traditionnels de toute la commune. Cette rencontre a constitué
en quelque sorte le bilan sommaire de l’exercice budgétaire de l’année 2013, la présentation
du budget 2014 et la sollicitation de la collaboration des chefs de villages dans le
recouvrement de la taxe municipale. C’est la maire qui a ouvert la séance et a saisi l’occasion
faire la présentation budgétaire. En cas de complément d’information, c’est le vice maire qui
en est chargé. Le secrétaire général, quant à lui, a fait la prise de notes. Tous les trois points
inscrits à l’ordre du jour ont suscité des questions-réponses entre chefs coutumiers et autorités
41
Maissassap. Ils sont cités comme des bons exemples en matière de recouvrement car ils ont
consécutivement eu des témoignages pendant trois ans à compter de 2010. Cette rencontre a
débouché sur un consensus qui détermine la fixation du calendrier de recouvrement et du
redoublement d’efforts pour les chefs coutumiers et faire des investissements pour les
autorités municipales.
Les sorties foraines (second type) sont organisées suite au constat de stagnation du taux de
recouvrement. Elles sont donc faites dans le but de diagnostiquer les problèmes de
recouvrement afin d’envisager des solutions. A cet effet, c’est le SG qui en assure la
présidence de cette activité lorsque la maire est surchargée. Il est accompagné des membres
de l’organe délibérant disponibles, du SM, du RM et des éléments de la garde nationale de
Bouza. Ce diagnostic constitue une sorte d’enquête auprès des commerçants et revendeurs.
Cette enquête porte sur le rapport entre commerçants et percepteurs de taxe. Après cela, un
constat se dégage : les percepteurs ne travaillent pas convenablement et les commerçants
réclament des faveurs ou des arrangements. Des telles sorties ont des incidences positives sur
le recouvrement fiscal affirme le secrétaire général :
« Je me rappelle lors d’une sortie au marché de Karofane nous avons mobilisé plus de 700000 alors
que le marché n’est pas comme il est maintenant. Cela est dû au fait que les commerçants et
percepteurs savent que nous sommes dans le marché. Mais, dès que les percepteurs sont seuls le
recouvrement est faible » (secrétaire général de la mairie, entretien réalisé le 14/03/2014).
« Nous utilisons des canaux comme le communiqué radiophonique, les crieurs publics et les
affichages publics essentiellement au niveau du chef-lieu de la commune pour sensibiliser les
populations» (maire de la commune, entretien réalisé le 1er/04/2014).
« En tant que chef, nous avons pour mission de mobiliser nos roturiers au paiement de l’impôt. Pour
cela nous convoquons les personnes âgées et nous utilisons les crieurs publics pour communiquer le
début de ce paiement ou demander l’appui du chef de canton » (chef du village de Takaraoua,
entretien réalisé le 12/04/21014).
43
des imposables qui leurs sont rattachés). Ce jour, c’est petit à petit que les contribuables
viennent payer l’impôt. En effet, certains viennent d’eux-mêmes tandis que d’autres sont
ramenés par le « dogari sarki» (vigile) lorsque le « gwonto » remarque qu’ils ne viennent
pas. Ce recouvrement assisté est une forme d’incitation dans la mesure où les contribuables ne
veulent pas voir chez eux un vigile sous prétexte que c’est une humiliation. En se référent à
cela, la mobilisation pour être effective doit passer par l’amélioration du taux de pression
fiscale (SOULEY, 2009).
« Amener les gens à s’acquitter de leur devoir fiscal ce n’est pas le seul apanage des autorités
communales ; il faut plusieurs acteurs dont nous population, les contribuables de tout genre, les
chefs traditionnels et les adultes qui prendront la relève demain » (entretien du 10/03/2014).
Autrement dit, la mobilisation c’est affaire de tout le monde. Ainsi, pour améliorer la
coopération entre commerçants et autorité
Photo N°5 : rencontre entre exécutif communale une rencontrée bipartite s’est tenue le 31
communal et les commerçants du mars 2014 à la mairie de Karofane. Cette rencontre a
chef-lieu
eu pour objet de discuter avec les commerçants de
Karofane de la nécessité de payer la taxe journalière.
Deux jours avant cette rencontre, le secrétaire
général de la mairie a écrit des invitations qu’il a lui-
même amené aux commerçants. Environ 2/3 des
commerçants et revendeurs avaient pris part. C’est
madame la maire qui a présidé la rencontre. Elle a
commencé d’abord par remercier l’assistance pour
Source : photo prise par ALASSANE avoir accepté de répondre à son invitation. Ensuite,
ISSOUFOU le 31/3/2014
44
elle a rappelé les caractéristiques (ambiance, service insalubre, électrification publique, etc.)
qui distingue Karofane des autres villages de la commune. Enfin, elle a dit que la mairie a
beaucoup de choses à faire pour toute la commune et qu’elle ne peut pas subventionner un
privilège (salubrité des places publiques et leur électrification). Pour cela, la mairie demande
aux commerçants et revendeurs de payer une taxe journalière de 50 à 100 FCFA. A la fin de
son intervention, madame la maire a demandé aux participants ce qu’ils en pensent. Quelques
personnes ont pris la parole et tous ont montré la nécessité de la salubrité des places publiques
et l’électrification des grandes voies. Ce qui a fait qu’ils ont accepté de payer cette taxe et
aussitôt un collecteur a été choisi et un commerçant qui doit veiller à la collecte de cette taxe.
Cette nouvelle taxe constitue une petite cote. Or, les petites cotes posent toujours un problème
de mobilisation dans la mesure où elles démotivent leur percepteur (DIOP, 2004).
« Beaucoup de mains pour former une seule main capable de répondre à l’attente de tout le monde et,
cette main c’est la mairie » (maire, entretien réalisé le 1er /04/2014).
Mais, l’éparpillement de la population constitue une limite pour une meilleure incitation au
paiement fiscal (DIOP, 2004). En plus, le manque de l’annualité de recensement occasionne
non seulement le faible enregistrement des nouveaux contribuables mais aussi la suppression
des sortants de la catégorie des imposables (en raison de migration définitive ou de décès)
(DIOP, 2004). Ce qui traduit aux yeux des populations un détournement des dispositifs
fiscaux (BOISIVON, 2005).
45
4.3 La redevabilité, une contrainte pour l’incitation au paiement fiscal
La stratégie qui consiste à sensibiliser les contribuables sur le civisme fiscal n’aboutit qu’à un
recouvrement passable des ressources fiscales malgré que certaines taxes sont ancrées dans
les habitudes des concernées. Depuis plusieurs années, les contribuables s’acquittent de leurs
devoirs fiscaux sans se préoccuper de ce que devient l’argent qu’ils payent. Mais, dans un
contexte de décentralisation, les différentes sensibilisations des sociétés civiles ont permis à
ces populations de comprendre à quoi servent l’impôt et les taxes. En effet, elles ont appris
que c’est pour financer les services de base. Cependant, lorsque ces contribuables ne reçoivent
pas de réalisations ils pensent que l’argent est détourné. Ce qui constitue un véritable
handicap dans le recouvrement. D’où, le sentiment d’un déplacement conceptuel d’une
décentralisation qui consiste en une production des biens et services au profit de la population
(LE MEUR, 2001).
En plus, il existe d’un double préjugé sur les autorités coutumières et municipales affirme cet
enquêté,
« Nous soupçonnons les autorités municipales de détourner l’argent qui est versé dans leur caisse et
nous négligeons le recouvrement. Elles, aussi, nous soupçonnent d’avoir gardé l’argent recouvré avec
nous et c’est ça qui fait que même quand nous leur disons que nous ne l’avons pas reçu de la
population elles ne nous croient pas» (chef du village de Djankadami, entretien réalisé le 4/04/2014).
Outre cet aspect, les chefs non instruits sont confrontés à un problème de gestion des matrices.
Ces chefs n’acceptent pas le paiement si ce n’est dans l’intégralité car, disent-ils
« Nous sommes obligés d’associer des enfants ou des personnes lettrées pour nous écrire les noms
des personnes qui ont payé l’impôt moyennant des petites récompenses. Et, ces récompenses sont à
notre charge» (Chef du village de Takaraoua, entretien réalisé le 12/03/2014).
46
Par contre, par rapport à la taxe municipale (par ailleurs la plus importante de toutes les
ressources fiscales), la mise à disposition des matrices et la limitation de la prolifération des
chefs au niveau d’un même village sont les jalons d’une bonne mobilisation. En effet, certains
chefs soulignent que la livraison des matrices est faite avec retard tandis que d’autres ne
pressent pas leurs administrés de crainte qu’ils s’allient à un autre chef.
Sommes toutes, la commune rurale de Karofane dispose des atouts fiscaux recouvrables. Pour
cela, les stratégies de mobilisation sont développées dans une synergie d’action entre les
autorités communales, les autorités coutumières, les percepteurs et les contribuables de tout
genre. Cette synergie a permis d’insuffler en chaque acteur le devoir de payer l’impôt qu’il
devait à la commune ou qu’il doit recouvrer auprès d’autrui.
47
CHAPITRE V : Le recouvrement des ressources fiscales, acteurs,
stratégies, contraintes et défis
Ce chapitre explicite les manières par lesquelles les ressources fiscales sont recouvrées et
versées à la caisse de la commune. Ces deux activités sont exécutées par des acteurs bien
identifiés dans la sphère de pouvoir qui leur est conféré. Mais, pour le recouvrement des taxes
de marché et impôts, plusieurs stratégies ont été identifiées. Pour la plupart, elles constituent
un frein à la bonne marche du recouvrement. Ce dernier fait face à quelques contraintes
temporelles, intra-personnelles, politiques, démocratiques et souvent celles qui sont inhérentes
au domaine imposable lui-même.
« ... lorsque nous apprenons ou que nous constatons que les roturiers ont de l’argent après vente
d’animaux ou que leurs enfants leurs ont envoyé que nous nous présentons à eux pour leur demander
de payer l’impôt. En ce moment, ils payent comme si ils ne pourront jamais refuser de payer »
(entretien réalisé le 6/04/2014).
Lorsque ces stratégies se révèlent inefficaces ou qu’elles tardent à être identifiées donnant
ainsi lieu à un imperceptible acquittement, les chefs de villages font appel au chef de canton
pour les épauler. C’est en ce sens qu’affirme un chef,
« Nous faisons appel au chef de canton pour mettre à notre disposition des vigiles » (Chef de village,
entretien du 14/03/2014).
48
Par ailleurs, le recouvrement de l’impôt ou son paiement est un évènement lointain dans les
consciences des citoyens nigériens en général et ceux de la commune rurale de Karofane en
particulier. Avant la décentralisation la taxe municipale était payée de force. De nos jours, son
paiement est consensuel mais reste tout de même obligatoire. Toute cette souplesse n’a pas
incité les contribuables à pouvoir s’acquitter de ce devoir car, nous dit un chef de village,
« Il est très difficile, de nos jours qu’un roturier paye l’impôt de son gré. Il attend toujours qu’il en
soit contraint » (entretien réalisé le 04/04/2014).
En dehors de la perception de la taxe municipale, il y a des chefs qui recouvrent des taxes
secondaires. Ces chefs sont souvent présidents des associations ou des coopératives. C’est
notamment le cas du chef du village de Djankadami qui s’occupe de la collecte de la taxe sur
l’oignon commercialisé sur les sites de production de son village. Le montant de
« La taxe sur l’oignon est 250 FCFA par sac. Ce montant est redistribué entre la mairie (150 FCFA),
la coopérative (50 FCFA) et les dockers (50 FCFA). Au début de la récolte de cet oignon, ce sont 2
camions qui sont chargés par jour et vers la fin un seul en deux jours » (entretien réalisé le
4/04/2014).
Ainsi, se sont déclinés le rôle et les stratégies que les chefs de village développent dans le
cadre du recouvrement fiscal de la taxe principale ou secondaire.
49
convié tous les douze agents pour une réunion qui a porté sur les modalités du travail de
collecte et l’importance des ressources à recouvrer.
Après ce débriefing, les percepteurs se sont mis à travailler dans les domaines taxables tels
que l’étalage, la présentation et l’identification des animaux, l’abattage, le droit de sortie des
véhicules, la patente, etc. Toutefois, l’exécution de cette tâche a connu beaucoup de difficultés
dont les plus représentatives sont liées aux perceptions du métier de percepteur. Ces
perceptions changent selon l’angle retenu pour les observer. En effet, pour les concernés
c’est-à-dire les percepteurs eux-mêmes, c’est un métier qui exige de la « patience », de la
« diplomatie », de l’ « indulgence » et le plus souvent de « rigueur ». Pour, les responsables
de la mairie, c’est l’organe moteur qui garantit le fonctionnement de la collectivité. Du côté de
la population, c’est un métier plein de risque ou exercé par des « malhonnêtes gens » et pour
les commerçants c’est un pactole pour ceux qui l’exercent.
En outre, dans l’exercice de leur activité, le travail de collecte des taxes confronte les
percepteurs à des attitudes transversales dans la mesure où un seul percepteur peut être
identifié dans plusieurs pratiques (OUMAROU, 2011). Ces attitudes sont au nombre de sept
et permettent ainsi de catégoriser ces percepteurs. Il y a en effet :
A chacune de ces catégories, correspond une attitude particulière ou imbriquée. D’abord pour
les deux premières catégories, on note que
« Les percepteurs changent de train de vie au rythme de l’importance du marché. Ils sont redevables
aux partis politiques et aux personnes qui les ont placés » (commerçant à Karofane, entretien réalisé
le 19/03/2014).
50
« Certains collecteurs ne versent pas l’argent aussitôt recouvré ou même le lendemain. Ils vont payer
2 ou 3 petits ruminants pour rentrer tranquillement chez eux. C’est la semaine prochaine qu’ils vont
liquider ces animaux pour payer les taxes utilisées au cours du marché passé. Tandis que, d’autres
font des mois sans se présenter à la mairie. Et si la mairie décide d’aller recouvrer l’argent mobilisé,
ça ne garantit même pas le carburant nécessaire à ce déplacement » (ancien maire, entretien du
16/03/2014).
Ensuite pour les trois autres catégories, les percepteurs méconnaissent l’importance des
ressources qu’ils ont la charge de recouvrer pour le fonctionnement de la commune. Enfin,
pour les deux dernières catégories, elles sont constituées des « bienveillants » comme le
souligne un percepteur
« Il y a des collecteurs qui sont bienveillants pour des raisons sociales et ceux qui cherchent à
maximiser leur rentabilité par conciliation » (collecteur de taxe de présentation d’animaux. entretien
réalisé le 28/03/2014).
Au fonds, toutes ces pratiques se matérialisent par des faveurs ou des arrangements. La
nature de sociabilité locale elle-même tend à légitimer l’accord des faveurs. En effet, quelques
collecteurs affirment que
« C’est toujours dans ton service que tu peux être utile à quelqu’un » (percepteur de la taxe d’étalage,
le 18/03/2014).
Cette façon de faire est le point commun de presque tous les percepteurs. C’est ainsi que
même lorsque les contribuables ne demandent pas des faveurs, le poids de la connaissance
l’oblige. C’est notamment ce qu’affirme un collecteur :
« Je ne saurais être dur avec les gens que je connais » (percepteur de la taxe synthétique, entretien
réalisé le 19/03/2014).
En plus,
« Il arrive souvent que nous sautons nos proches ou nos beaux-parents » (percepteur de la taxe
d’étalage, le 18/03/2014).
En effet,
« Les percepteurs sont fils ou neveux à certains commerçants suite aux alliances de mariages, ils ne
peuvent pas prendre de l’argent de n’importe qui. Il y a des traitements de faveur qui s’imposent »
(contribuable, entretien du 07/04/2014).
51
Si certains percepteurs, comme on vient de le voir, accordent des faveurs, d’autres font des
arrangements. Les arrangements se font de différentes manières selon que c’est le percepteur
lui-même qui les propose ou que c’est le contribuable qui le demande. En ce qui concerne les
contribuables,
« Celui qui abat 2 têtes de petits ruminants peut vouloir payer 300 FCFA et souhaiter que je
considère qu’il a abattu un seul pendant que le prix par tête est de 200 FCFA ce que j’accepte »
(percepteur de la taxe d’abattage, entretien réalisé le 02/04/2014).
Pour ce qui est des percepteurs, plusieurs stratégies sont développées. Parmi ces stratégies, il
y a le recours au mode d’encaissement du montant de la taxe sans donner le reçu de celle-ci :
« Certains percepteurs font tout pour ne pas donner des reçus aux commerçants pour avoir de
l’argent qu’ils pourront comptabiliser pour eux-mêmes » (planton à la mairie, entretien du
15/03/2014).
En plus, les uns trouvent souvent du tout cuit c’est-à-dire le cas des commerçants qui
méconnaissent l’importance du reçu (de la taxe). Ces derniers payent sans prendre la taxe car
disent-ils :
« Qu’est-ce que nous allons en faire avec » (contribuable et ancien percepteur, entretien réalisé le
05/04/2014).
Cependant, les autres percepteurs divisent une taxe en deux pour la donner à deux
contribuables en prélevant le montant initial de la taxe sur chaque partie. Cela se fait
également pour la taxe synthétique mais sous une autre forme. Celle-ci peut être négociée en
demi-tarif comme indique cet enquêté :
« Pour la patente de 13 500 FCFA l’acquéreur peut négocier. Il donne 8000 FCFA et je lui donne
celle de 6 500 FCFA. Si c’est celle de 6 500 FCFA il donne 5000 FCFA et il a la patente de 3 500
FCFA » (percepteur de la taxe synthétique, entretien réalisé le 19/03/2014).
Ce sont-là les attitudes propres au métier de percepteur de taxes. Pour la plupart, ces
pratiques entravent le bon recouvrement des ressources fiscales et elles perdurent encore du
fait de :
« L’absence de sanction, l’acceptation des réductions et la politisation des services communaux ont
contribué à pérenniser ces mauvaises pratiques » (ancien percepteur, entretien du 05/04/2014).
52
5.2 Niveau de recouvrement fiscal et son explication
Le recouvrement fiscal, une collecte situationnelle
En 2014, le budget de la commune rurale de Karofane s’élevait à 67. 164. 000 FCFA.
Cependant, la période de 2005 à 2013 était caractérisée par un déficit budgétaire comme
l’indique le tableau ci-dessous :
On peut retenir de ce tableau que le recouvrement des recettes fiscales évolue en dents de scie
du fait des contraintes liées au métier et à la pratique des percepteurs. Toutefois, le taux de
recouvrement de 2005 est le plus bas en termes de mobilisation en raison de « la famine ».
Celui de 2010 est le plus élevé. Cette hausse est due au fait que c’était la transition militaire.
Par ailleurs, c’est celui de 2013 qui est le plus faible au regard de la prévision et du
recouvrement. Pour les autorités coutumières et municipales, cette baisse est la conséquence
directe du recouvrement partiel de la taxe municipale. C’est aussi ce que dit un enquêté,
53
« Chaque fois que je demande l’intervention du chef de canton pour le recouvrement assisté de la
taxe municipale, il me dit va vers le marché pour chercher l’argent car les roturiers n’en ont pas ; la
campagne n’a pas été bonne » (entretien du 1er /04/2014).
Du point de vue type de taxes, la situation de l’année 2013 se présente comme suit :
54
FCFA. Ce montant est obtenu à partir du cumul des budgets mobilisés sur plusieurs années
divisé par le nombre des années retenues. En termes de pourcentage, c’est l’équivalent de
40,37%23 le taux de mobilisation annuel du budget de la commune rurale de Karofane.
« Pour le marché de Karofane uniquement, la moyenne pondérée de la taxe hebdomadaire est de 315.
250 FCFA malgré la faible volonté des percepteurs et de ceux qui les ont recrutés. C’est cette
moyenne qui est utilisée dans les prévisions » (receveur municipal, entretien réalisé le 14/03/2014).
Tableau N°7 : recouvrement de la taxe de marché par semaine du mois de février 2014
En plus, sur ce marché l’occupation des hangars se fait au moyen d’une fiche d’occupation
annuelle. Celle-ci coûte 1000 FCFA. Quant aux deux marchés secondaires la somme
hebdomadaire recouvrée est inférieure ou égale à 15 000 FCFA.
23
C’est la somme des pourcentages divisée par le nombre d’années retenues
55
Tableau N°8 : recouvrement hebdomadaire des taxes de marché
Il ressort de ce tableau, d’un côté, le plus bas niveau et de l’autre le niveau le plus élevé de
recouvrement. Toutes ces deux situations s’expliquent par la taille du marché en offre et en
demande ; au regard de quoi le recouvrement est appréciable. C’est le constat d’un chef du
village pour qui il n’y a pas de faible recouvrement mais de faible versement en affirmant que,
« Il n’y a pas de faible recouvrement mais de faible versement car ce ne sont pas les commerçants et
revendeurs qui ne payent pas. Ce sont leur collecteurs qui prennent la moitié du montant du reçu de
la taxe pour ne pas donner celle-ci. Cela les permet de gagner beaucoup d’argents pour leur propre
compte » (chef du village de Takaraoua, entretien réalisé le 12/03/2014).
Si la taxe de marché connaît un recouvrement satisfaisant, la taxe gare routière ou taxe droit
de sortie de véhicule communément appelée « droit » est très peu perçue. Cela s’explique par
le fait que
« Les chauffeurs qui payent ce droit ne sont pas nombreux car l’imposition de celui-ci est liée au
montant de chargement. Ce montant doit être de plus de 7 500 FCFA pour les véhicules et de plus de
15 000 FCFA pour les camions. Mais, les ‘‘yan kamisho’’ (convoyeurs) ne me communiquent pas le
montant de chargement. Les chauffeurs eux-mêmes ne se font pas enregistrer parce que leur syndicat
ne collabore pas avec la mairie. Mais, des tentatives de bonne collaboration sont en cours avec
renouvellement du bureau syndical » (percepteur de droit de sortie de véhicule, entretien du
02/04/2014).
56
Toutefois, toutes les taxes connaissent une stagnation du montant de recouvrement ; lequel
montant est variable en fonction de la durée du collecteur dans le domaine. C’est ce qui fait
dire à la secrétaire municipale
« Au tout début, chaque collecteur est bon mais, plus il dure moins il verse ; excepté un seul du fait de
son intégrité morale et de son honnêteté dans le métier» (entretien réalisé le 02/04/2014).
Sommes toutes, on retient que la taxe municipale est recouvrée à 10% seulement presque
chaque année. Néanmoins, c’est la taxe du marché qui est recouvrée de fois en débordant les
prévisions comme souligne le responsable communal :
« La taxe de marché est recouvrée par exemple l’année passée à environ 110% » (maire, entretien du
01/04/2014).
recouvrées. Ces recettes ont commencé par être encaissées à la préfecture de Bouza dans le
mairie qui s’en est occupé. C’est auprès de cet agent que les percepteurs et chefs de villages
versent leurs recettes. Avec sa prise de service, le RM devient l’agent auquel s’adressent désormais
les percepteurs de taxes via la SM. Celle-ci comptabilise les carnets de chaque percepteur et
57
lui dit ce qu’il doit verser au receveur (après avoir retranché sa remise24). Pour sa part, le
receveur porte le montant sur la dernière partie utilisée de la souche et encaisse la somme.
Par contre, pour ce qui concerne les chefs de villages il y a quelques nuances. Certains parmi
eux remettent l’argent recouvré au chef secteur (et celui-ci verse à la mairie) tandis que
d’autres partent directement chez le receveur. Celui-ci leur établit une quittance indiquant le
montant versé et ce qui reste à verser.
« Les commerçants et revendeurs nous supplient sur nos origines ou sur notre coloration
politique pour ceux qui nous connaissent » (percepteur de taxe, entretien réalisé le 28/03/2014)
« Lorsque le marché n’est pas florissant les commerçants vendent peu leurs articles. Pour cela ils
s’autorisent à demander des faveurs au percepteur en lui disant par exemple ils n’ont pas eu de
clients. Et le percepteur continue parce que lui-même il le constate » (ancien secrétaire municipal,
entretien du 30/03/2014).
« Le départ des animaux des terroirs villageois vers l’azawak on constate la baisse du rendement des
agents qui s’occupent du recouvrement de la taxe de présentation et de celle d’identification des
animaux » (président de la commission affaires économiques et financières, entretien réalisé le
07/04/2014).
« Maintenant il y a des nouveaux chefs de villages qui sont créés. Ce qui fait qu’il y a 2 à 3 chefs au
sein d’un même village. Cela a occasionné la faible collecte de l’impôt car lorsque tu demandes un
24
Celle-ci est de 10%
58
roturier il va te dire qu’il est avec l’autre chef de village» (représentant du chef de groupement
touareg, entretien du 03/04/2014).
Les causes relatives à la taxe municipale (avec plus de 22 millions d’impayés, comme indiqué
dans l’annexe V) sont :
Un aspect peu perceptible mais très capital dans l’explication de la faiblesse du recouvrement,
c’est la connaissance des prévisions budgétaires. De manière indirecte,
« Les percepteurs apprennent ce qui a été budgétisé au titre des recettes fiscales du marché et tous
savent que c’est très minime au regard des potentialités du marché. Dans ce cas chaque percepteur
peut faire son calcul de façon simple. Il le fait à la base de leur nombre qui est 12. Il considère qu’il
peut apporter 10. 000 FCFA par marché et il y a 52 semaines par an. Ce qui lui fait un total de 520
000 FCFA. Lorsqu’il multiplie cette somme de recouvrement minimum par le nombre de percepteurs
il trouve 6 240 000 FCFA (520 000 x 12) par an pendant que la mairie a prévu un peu plus de 3
millions. C’est ça qui explique le montant stationnaire du recouvrement des percepteurs »
(commerçant, entretien réalisé le 10/04/2014).
« La taille ou l’importance du marché est tributaire de bonne campagne agricole et du bon état de la
route » (entretien du 15/03/2014).
« Nos populations sont disciplinées. Elles payent facilement l’impôt. C’est parce qu’elles sont encore
rurales et parce qu’elles craignent l’autorité » (chef du village de Kouroutou, entretien réalisé le
03/04/2014).
59
Tandis que
« Les autres payent par civisme et parce qu’ils souhaitent voir les services de base améliorés »
(commerçant, entretien du 19/03/2014).
Il y a également ceux qui payent parce qu’ils sont contraints ou parce qu’ils veulent des
réalisations dans leur village. Par contre, ceux qui ne payent pas sont dans un état qui
s’explique différemment en fonction des acteurs. Pour les commerçants, ce sont l’ignorance,
l’absence d’équité dans la manière de traiter les pairs et le favoritisme sur la base de la
coloration politique qui expliquent ce non-paiement. En effet, l’illustration d’une telle
situation se trouve dans ces propos :
« Vous n’imaginez pas que je puisse payer la patente lorsque la boutique de mon voisin est plus
grande que la mienne et qu’on lui demande de payer le même montant que moi ou d’ailleurs moins! »
(Commerçant, entretien réalisé le 19/03/2014).
« Certains ne payent pas l’impôt parce qu’ils ne savent pas ce que ça devient après » (chef du
village, entretien réalisé le 20/03/2014).
D’autres sont manipulés par les opposants (politiques) qui les incitent à ne pas payer l’impôt
car ils veulent que les autorités actuelles échouent. Tout de même,
« Ceux qui sont du même bord politique que les autorités communales n’en payent pas » (chef du
village de Goundroum, entretien du 14/03/2014).
60
Enfin, les maigres ressources ou le faible revenu des imposables expliquent en partie le non
paiement de l’impôt comme en témoigne les cas suivants :
1er cas : c’est un père de famille qui habite à Takaraoua que j’ai rencontré avec les enfants de
ces quatre fils qui sont en migration depuis presque 2 ans. Depuis leur départ, le vieux n’a
reçu aucune commission venant d’eux. Cette grande famille dispose pour sa survie de moins
d’un sac de 25 kg, sorgho et maïs compris. Dans ce ménage, seule la bouillie permet à tous de
faire quelques louches pour assouvir la faim. C’est dans cette situation que j’ai trouvé ce
vieux-là pourtant je viens chercher l’impôt qu’il n’a pas payé. S’il n’a pas ce que je suis venu
chercher, j’ai le devoir de l’amener chez le chef de village. En dépit de sa situation, j’ai décidé
de le conduire. Quand il a compris mon intention, il a pris ma main et il m’a fait rentrer dans
sa chambre où il garde avec soin les céréales qui lui restaient pour toute la famille. Malgré
cela, je n’ai pas pu obéir à ma conscience qui me dictait de ne pas l’amener. Je lui ai alors dit
que je ne pourrai pas le laisser et qu’il devait me suivre. Lorsque nous nous sommes dirigés
vers la sortie de la maison une de ses belles filles, prise de honte devant une telle humiliation,
m’a supplié à le voir en privé et je le lui ai autorisé. Aussitôt sortit de la case, le vieux a souri
puis il m’a dit « na kubuta » (je suis sauvé). La belle fille lui a donné 5000 qu’elle a
longtemps gardé jalousement. Malgré cet effort, il lui restait 600 FCFA. Ainsi, j’ai été obligé
de lui les compléter (vigile du chef de canton chargé de sécurité du recouvrement assisté,
entretien du 14/03/2014).
2ème cas : c’était à Kouinakou ; là aussi, j’ai rencontré un chef de famille qui m’a avoué qu’il
ne peut pas payer l’impôt. Je l’ai menacé de prendre son bétail et il m’a répliqué : « emportes-
le si tu trouves même si c’est une poule ». Il m’a dit mon enfant ; « j’ai presque un an je n’ai
pas touché de ma main 500 FCFA même sous forme de commission. Ne m’amène pas chez le
chef du village, je ne saurais le regarder ». C’est comme ça je l’ai laissé pour dire que je ne
l’ai pas trouvé. (vigile du chef de canton chargé de sécurité du recouvrement assisté, entretien
du 14/03/2014).
Ainsi,
« L’extrême pauvreté, caractérisée par deux jours un repas, limite tout courage d’un
recouvrement forcé. Dans des telles circonstances, s’acquitter de l’obligation fiscale n’est
pas chose facile » (chef du village de Taraorao, entretien réalisé le 06/04/2014).
61
Le recouvrement, un chemin épineux
Le recouvrement des ressources fiscales fait face à certaines difficultés dans la commune
rurale de Karofane. En effet, selon la base d’imposition, chaque taxe présente une difficulté
particulière.
« Nous avons considéré ces impayés comme des crédits que les chefs de villages devaient à la
commune. Pour le paiement de ces crédits, une stratégie a été élaborée. Elle consiste à ce que le
montant à verser soit comptabilisé pour payer le manquant de l’an passé et c’est le reliquat (s’il y a
eu) qui sera affecté pour l’année en cours » (SG, entretien du 14/03/2014).
Pour autant, les chefs sont encore « peu coopératifs » pense l’ancien maire (entretien du
16/03/2014). On note, en outre, que le lancement de la collecte de la taxe municipale est fait
Pour la patente, les propriétaires de charrettes refusent de coopérer en disant que leurs
charrettes sont destinées à des travaux de maisons et non à l‘exploitation commerciale.
« (...) Lorsque vous insistez, vous recevez toute sorte d’invectives et souvent même des coups. Ça je ne
me donne pas envie de continuer » (percepteur de la patente, entretien du 19/03/2014).
Pour la taxe d’abatage, l’agent percepteur de cette taxe fait cas des propos suivants :
« Il y a ceux qui nous disent d’amener à nos parents l’argent que nous avons pris avec eux. Des
telles insultes résultent de la mauvaise gestion de l’abattoir pour le marché de Karofane et de
l’absence d’infrastructure pour les marchés de Maissassap et d’Abalo. Tu vois, c’est normal qu’on
soit insulté lorsque qu’on vient prendre la taxe » (percepteur de la taxe d’abattage des animaux,
entretien du 02/04/2014).
Par contre,
62
En plus, pour celle des petits ruminants,
« Les intermédiaires contestent toujours le nombre de têtes que nous leurs attribuons. Donc, nous
réglons ça à l’amiable et de manière consensuelle avec des faveurs car il ya des intermédiaires qui ne
payent pas la taxe parce que pour eux même l’Etat a fini avec eux. Ce sont des personnes rayées de la
liste des imposables » (percepteur, entretien réalisé le 28/03/2014).
Si les uns sont incapables de faire plusieurs tours pour recouvrer une taxe, d’autres choisissent
de résoudre le problème à leur manière. Parmi ceux-là, il y a des percepteurs qui donnent la
taxe (précisément la taxe synthétique ou professionnelle) crédit pensant éviter l’évasion
fiscale car la patente est
L’objectif visé est de garder les acquéreurs dans la circonscription communale sur avance ou
sur détention de cette taxe en prélude au paiement. En effet, d’un côté, l’usager s’en sort
lorsqu’il la montre aux collecteurs d’autres communes et de l’autre il reconnait la faveur qui
lui a été faite et dont il devrait payer le montant. Cependant, la patente varie de 3 500 FCFA à
plus en fonction de l’importance du domaine de taxation.
63
« Lorsqu’on a à sa charge la propriété de l’abattoir et la mise à disposition de l’eau à ses frais et que
cela n’est pas remboursé au versement, il est bien évident que l’on gère la taxe à sa manière »
(percepteur, entretien réalisé le 02/04/2014).
« Nous ne voulons pas être dans la situation de dette ou dans celle où la population dira qu’elle a
payé dans l’intégralité son impôt. Par exemple, un groupe se présente chez toi avec pour mobile le
paiement de l’impôt mais c’est une seule personne qui va payer son impôt. Les accompagnateurs
lorsque tu leur demanderas, ils te diront qu’ils ont payé le jour où un tel (le monsieur qu’ils avaient
accompagné) avait payé» (chef du village, entretien réalisé le 12/03/2014).
« La dégradation du tissu économique, la pauvreté et les crises alimentaires récurrentes avec report
de la date de paiement» (chef secteur, entretien du 14/03/2014).
« Nos proches trouvent insensé que nous leur demandons de payer la taxe. Pour éviter des
mésententes, nous les sautons intentionnellement » (conseiller et collecteur de taxe à Maissassap,
entretien réalisé le 29/03/2014).
Choix des moments favorables au recouvrement des taxes stratégiques, un défi pour la
commune
Ce défi réside dans le choix des moments favorables au recouvrement des taxes stratégiques
que constituent l’impôt et la taxe de marché. Il s’agit généralement des périodes de récoltes et
des fêtes religieuses affirme un percepteur en ces termes :
« C’est pendant la période des récoltes (récolte des cultures pluviales, de contre saison et de décrue)
et des moments des fêtes religieuses que nous recouvrons plus d’argent» (percepteur, entretien réalisé
le 28/03/2014).
64
« Les taxes de présentations et d’identifications des animaux sont en augmentation pendant la période
de soudure du fait que le bétail est vendu pour l’achat des céréales » (ancien maire, entretien du
16/03/2014).
65
CHAPITRE VI : DE LA GESTION DES RESSOURCES RECOUVREES
Ce chapitre expose la gestion des ressources fiscales recouvrées dans la commune rurale de
Karofane. Pour ce faire, un rappel de la règlementation et de son application est
indispensable. En effet, l’objectif visé par ce contexte juridique est d’indiquer la manière par
laquelle la gestion financière de cette commune est faite. En outre, il détaille les acteurs et les
stratégies qui permettent de saisir les modes qui entourent cette gestion. Mais, cette dernière a
donné lieu à plusieurs commentaires exprimés sous forme de perceptions.
Par ailleurs, la gestion de ces collectivités territoriales est basée sur l’exécution du budget
(opérations budgétaires, opérations de recettes et de dépenses), la reddition de comptes et le
contrôle de gestion. Pour cela, deux agents en sont chargés. Il s’agit du président du conseil
municipal qui est le maire (en qualité d’ordonnateur) et du receveur (en tant que comptable
direct du trésor). Pour sa part l’ordonnateur est assisté par le secrétaire municipal (SM).
Celui-ci est le responsable des activités matérielles du maire. L’ordonnateur prescrit
l’exécution des recettes, liquide les dépenses et en ordonne le paiement. Ce paiement est fait
par le receveur sous le cadrage d’un certain nombre de lois. Celles-ci précisent qu’aucun
paiement ne peut être effectué ni comptabilisé sans émission préalable d’un mandat daté et
signé par l’ordonnateur car la comptabilité des collectivités territoriales donne lieu à
l’élaboration d’un compte administratif et d’un compte de gestion. En effet, le compte
administratif décrit les opérations de constatation des droits acquis contre les débiteurs et de
l'engagement, la liquidation et le mandatement des dépenses budgétaires. Il est adopté par
délibération du conseil de la collectivité après clôture de l’exercice auquel il se rapporte. Par
66
contre, le compte de gestion, en étant sincère, exhaustif et fiable tant en recettes qu'en
dépenses, doit ressortir la situation en début de gestion sous la forme de balance d'entrée, les
opérations de débit et de crédit de la balance générale des comptes, le développement des
opérations effectuées au titre du budget et le résultat de l'exercice. Etablis à la fin de
l’exercice budgétaire, ces deux types de comptes font objet de vérification de concordance
mutuelle par l’organe délibérant. Une copie de ces comptes est transmise à l’autorité de tutelle
pour information. Celle-ci est accompagnée de la délibération y afférente, du compte de
gestion du receveur et du budget de l’exercice auquel le compte se rapporte.
Comme prévue par les textes, la gestion de la commune rurale de Karofane répond à quelques
exigences. Il s’agit de l’émission des mandats, du paiement des mandats dont la légalité a été
prouvée, des justifications des dépenses et des comptes rendu de gestion.
67
Emission et paiement des mandats
Dans l’exercice des fonctions communales, madame la maire en tant que responsable de
l’exécutif se charge de l’exécution des décisions prises par l’organe délibérant. Cet organe,
conformément aux inscriptions budgétaires, statue sur les dépensent engageant la trésorerie de
la commune. Ces éventuelles dépenses donnent lieu à
« Un appel interne de fonds ; lequel appel est exprimé sous forme d’un mandat. (Pour cela), la maire
instruit son secrétaire municipal pour élaborer ce document. Ce dernier comporte l’objet de dépense,
le montant nécessaire à cette fin et le secteur du budget concerné par l’activité à exécuter » (RM,
entretien réalisé le 14/04/2014).
Après élaboration, le mandat est transmis au receveur pour paiement. Mais celui-ci doit
vérifier la conformité.
« S’il constate que ce mandat est conforme, il le paye en cas de disponibilité de ressource ou ne le
paye pas en raison d’inadéquation ou d’insuffisance. Si c’est l’insuffisance dans l’élaboration, le
receveur me fait des observations. Je corrige et je le lui ramène » (SM, entretien réalisé le
02/04/2014).
« Tous les mandats émis par la commune rurale de Karofane sont envoyés à Tahoua pour le contrôle
de conformité. Après ce contrôle, ils sont renvoyés à Bouza pour paiement » (ancien SM, entretien
réalisé le 30/03/2014).
Mais, avec le transfert de l’autonomie de gestion, les mandats sont désormais émis, vérifiés et
payés au niveau local depuis la mise à disposition du receveur municipal. En effet, le
paiement de ces mandats est fait en remplissant deux conditions. Ils sont d’abord enregistrés
par le receveur. Ensuite, ce dernier vérifie leur conformité à la ligne budgétaire concernée. Et
enfin, il vérifie si cette ligne budgétaire supporte l’imputation qui en sera faite. Après cette
vérification, le receveur déclare recevable et payable le mandat. Aussitôt déclaré valable, il
engage le paiement. Les tableaux, ci-dessous, présentent la situation des dépenses faites de
2005 à 2013 :
68
Tableau N°9 : situation des dépenses générales de la partie ordinaire et extraordinaire du
budget de la CR/K
Années Prévus Recouvrés Dépensés dans Dépensés dans Pourcentage
et le l’investissement de dépenses
dépensés fonctionnement 45% effectuées
55%
2005 28.160.070 9.206.234 8.176.810 1.029.424 100%
2006 28.565.816 14.976.883 12.895.804 2.081.079 100%
2007 37.690.930 20.318.793 17.301.476 3.017.317 100%
2008 41.563.060 17.868.083 16.114.680 1.753.399 100%
2009 40.819.844 15.017.828 12.693.764 2.324.064 100%
2010 45.285.877 27.495.379 24.910.429 2.584.950 100%
2011 45.600.000 23.097.823 18.463.823 4.634.000 100%
2012 61.259.700 28.991.331 22.827.615 6.163.716 100%
2013 56.792.312 14.911.079 12.867.325 2.043.754 100%
2014 67.164.000 - - - -
Source : situation générale du budget de la CR/K
Pour plus de détail sur les dépenses effectuées, il est présenté ci-dessous les tableaux
illustratifs non seulement sur la partie ordinaire mais aussi extraordinaire du budget 2013 de
la commune rurale de Karofane.
69
recouvrement
Remise et primes 4.000.000 1.384.183 1.384.183 2.615.817 34,60%
Fêtes et réceptions 851.684 279.700 279.700 572.184 32,83%
Biens de chefferie 170.000 100.000 100.000 70.000 58,82%
Etat civil 1.000.000 1.000.000 1.000.000 0 100%
Police et sécurité 300.000 25.800 25.800 274.200 8,6%
Activités sportives 250.000 220.000 220.000 30.000 88%
Eclairage public 200.000 18.150 18.150 181.850 9,07%
Hygiène et salubrité 147.856 110.000 110.000 37.856 74,39%
publique
Protection civile 150.000 70.000 70.000 80.000 46,66%
Sapeur pompier 20.000 20.000 20.000 0 100%
Transport /éducation 100.000 65.250 65.250 34.750 65,25%
CEG-jardin 200.000 80.000 80.000 120.000 40%
d’enfants et fêtes
scolaires
Assistance publique 100.000 45.000 45.000 55.000 45%
TOTAL 25.447.576 12.810.537 12.810.537 12.637.039 50,34%
Source : compte administratif 2013 de la CR/K
NB : on constate que le montant global dépensé dans la partie extraordinaire du budget est
égal au montant global des dépenses détaillées pour la même section.
70
Entre justifications des dépenses et compte rendu de gestion
Dans le but d’assurer une comptabilité sujette à la transparence (OUEDRAOGO, 2006), la
justification des dépenses constitue une étape importante dans la gestion des affaires
financières communales. Elle intervient lorsque le montant alloué est dépensé. Cette
justification est un bref ou large détail sur
« Comment l’argent a été dépensé. Elle est faite par l’ordonnateur qui a engagé la dépense. Mais, ici
nulle ne dresse des justifications de dépenses et personne ne répond à ma sollicitation pour des
détails liés à l’émission des mandats à plus forte raison celles liées aux dépenses» (receveur
municipal, entretien du 14/03/2014).
« L’objectif visé est de créer la confiance entre administrés et administrateurs » (représentant du chef
de canton de Bouza, entretien du 6/1/2016).
C’est pour cela que la commune rurale de Karofane organise chaque année des rencontres
avec les chefs de villages et les populations soit à travers des assemblées villageois soit au
moment des sessions ordinaires ou extraordinaires. Mais, ces rencontres ont une faible portée
en ce sens qu’elles sont jugées d’être faites justes pour la forme affirme un enquêté en ce
terme :
« C’est fait pour ne pas dire qu’on n’a pas fait » (représentant du chef de groupement, entretien
réalisé le 4/04/2014).
71
économiques et financières pour un contrôle à l’interne. Au moment de ce contrôle, il a été
constaté
« La perte d’une somme importante d’argent. Nous avons voulu traiter l’affaire de manière
consensuelle mais le receveur n’a pas reconnu les faits qui lui étaient reprochés. J’ai personnellement
saisi le préfet de Bouza qui a contacté un inspecteur de Tahoua pour un contrôle. Ce contrôle a
débouché sur une plainte qui a conduit le receveur en prison mais il a été relâché après le paiement
des dommages par ses frères » (ancien maire, entretien réalisé le 16/03/2014).
Par contre, le second évènement est relatif au fait que « le second receveur est carent » (SG,
entretien réalisé le 14/03/2014) et au refus de paiement des mandats non conformes. Pour ce
cas précis,
« Je ne peux pas payer des mandats dont la conformité n’est pas prouvée » (RM, entretien du
14/03/2014).
Ce problème était en examen au niveau de la préfecture. Cependant, aucune partie n’a accepté
d’en faire des commentaires. Mais, des tels problèmes posent
« ... un véritable problème de gouvernance, de gestion des fonds de la commune de Karofane qui a
une maire battante et des potentialités fiscales. Cela a occasionné la démission du receveur. En
attendant la mise à disposition d’un autre receveur j’ai nommé la comptable de mon service comme
receveur de Karofane » (préfet de Bouza, entretien réalisé le 6/1/2016).
A côté de cette contrainte majeure, il en existe une qui est mineure. Celle-ci est relative au
paiement des mandats fictifs comme en témoigne quelques enquêtés,
« J’avais eu à élaborer des mandats de mission à l’intérieur et à l’extérieur de la commune mais ces
missions n’ont eu lieu que sur papiers » (ancien SM, entretien du 30/03/2014).
Aussi,
« Beaucoup de mandats sont-ils payés pour des dépenses qui n’ont jamais eu lieu et la commission
financière n’a jamais été impliquée dans l’autorisation ou le suivi des dépenses » (conseiller
municipal, entretien réalisé le 29/03/2014).
« Quelqu’un qui n’est pas é ne peut pas être er. Avant de dire que le conseiller conseille quelqu’un
d’autre, il faut qu’il soit lui-même conseillé. C’est pour ça leur efficacité se limite à la participation
aux sessions dans le but d’avoir leurs perdiems » (représentant chef de canton de Bouza, entretien du
6/1/2016).
72
6.5 La gestion des ressources fiscales, une diversité de perceptions
En dépit des contraintes évoquées ci-dessus, la gestion des ressources fiscales de la commune
rurale de Karofane est perçue différemment à partir des points de vue des interviewés. Pour
les conseillers, il s’agit simplement d’une gestion d’information des dépenses à exécuter ou en
cours d’exécution. De ce fait, ils fustigent le fait qu’ils sont consultés avant l’émission de
mandat mais on ne leur dit pas comment l’argent a été dépensé.
« On nous dit seulement le montant global. Nous ne contestons pas la dépense parce que même si
nous le faisons ça sert à rien car ce sont eux qui décident » (conseiller municipal, entretien réalisé le
29/03/2014).
En plus,
« En dehors de la présentation budgétaire, au même titre que les populations, nous-mêmes conseillers
ne sommes pas informés de la gestion et personne ne nous fait de compte rendu de gestion »
(conseiller municipal, entretien du 20/03/2014).
Ainsi, du point de vue de certains conseillers la gestion des ressources de cette commune est
perçue comme entorse au principe comptable. C’est ce qu’affirme un enquêté :
« Dans cette commune on ne respecte pas les textes en matière de gestion. Je suis à la commission
financière depuis 2005 et si je devrais en faire un bilan ‘’sai dai a bari da Allah tunda ba a kiyaye
doka’’ (on ne peut que prier Allah car il n’y pas de transparence) » (président de la commission
affaires économiques et financières, entretien du 7/4/2014).
« Il n’y a jamais eu de compte rendu de la gestion financière de la commune. Et, lorsque vous vous
intéressez à ça ce sont vos camarades conseillers qui vont vous détester en disant que vous êtes une
personne à problème» (conseiller municipal, entretien réalisé le 29/03/2014).
Néanmoins, constatnt l’implication partielle des élus locaux, les chefs de villages ne se
sentent pas obliger de savoir plus sur la gestion financière de la commune. En effet, affirment-
ils
« Nous chefs de villages n’attendrons rien comme compte rendu » (chef de village, entretien réalisé le
6/04/2014).
73
Du côté de la population enquêtée, la mairie ne rend pas compte de la gestion des ressources
fiscales qu’elle a recouvrées. Les uns voient à travers ce manque de compte rendu comme
une sorte de
Ou comme
« Une activité louche et floue de gestion financière» (chef secteur, entretien réalisé le 15/03/2014).
A partir du budget de 2013, il ressort deux principales sections dont la partie ordinaire (pour
le fonctionnement) et la partie extraordinaire (pour l’investissement) représentant
respectivement 55% et 45%. Mais la nomenclature fiscale est peu appréhendée par les acteurs
actifs de l’élaboration du budget du fait de la technicité et de la rigidité de la procédure. En ce
sens le dessein est porté sur la conformité des instructions préétablies du budget. Ce qui fait
que, la planification ou du moins la répartition est faite suivant les postes budgétaires qui ne
font pas objet de justification avec l’allocation des grandes ressources. C’est le cas de la
section ordinaire du budget avec un taux d’exécution de 50,34%. Cependant la section
extraordinaire est faiblement allouée avec un taux d’exécution de 14,96%. Pourtant, c’est elle
(basée sur l’investissement) qui constitue la trace visible de la gestion de la commune et le
gage de confiance (entre autorités communales et populations) ou de « conditions politiques »
comme pense François Vaillancourt (2013). Cela est peut être dû au fait que la commune
rurale de Karofane n’a pas encore eu le financement du fonds de péréquation.
74
malheureusement ce dernier n’a jamais été établi en raison des différends entre l’ordonnateur
et l’exécuteur de paiement. En substance, c’est ce qui se dégage de l’étude de la gestion des
ressources recouvrées de la commune rurale de Karofane.
Indépendamment, le fait que la comptabilité des collectivités locales se présente par domaine
(par exemple indemnités de sessions, transport, hygiènes et assainissement, charges sociales
ou assistance, etc.) est un frein pour la vérification de l’exactitude des dépenses. Cela oblige à
se contenter des montants de dépenses agrégés.
75
CONCLUSION
76
municipale en les sensibilisant sur l’importance des ressources ou en les informant du début
de la collecte. Mais malgré cela, on constate quelques cas d’incivisme fiscal entrainant un
recouvrement passable du fait du manque de réalisation. Pour y remédier, les autorités
communales envisagent des sensibilisations qui incluent des programmes d’activités, seul
gage de collaboration des populations. Par ailleurs, on retient dans le cadre de la mobilisation
des ressources fiscales de la commune rurale de Karofane la mise en lumière des stratégies
consistant à des sensibilisations généralisées (auprès de toute la population) ou catégorielles
(concernant des acteurs spécifiques) d’incitation au paiement fiscal dans une diversité
d’acteurs. Par conséquent, la première hypothèse selon laquelle la mobilisation des ressources
fiscales de la commune rurale de Karofane consiste en une synergie d’actions entre les
autorités municipales, les chefs de villages et les percepteurs dans leurs domaines respectifs
est corroborée.
Indépendamment, dans le cadre de la seconde orientation de cette recherche, il ressort que les
recettes versées constituent la base servant à engager les dépenses de la commune.
Néanmoins, pour leur recouvrement, deux principaux acteurs sont identifiés. Il s’agit des
chefs coutumiers et des percepteurs. Les premiers recouvrent la taxe municipale misant sur
des stratégies d’incitation dans le respect, la connaissance des réalités propres à chaque
village ou par recouvrement assisté. Les seconds eux, sont très actifs pour la collecte des
diverses taxes de marché. Ces taxes connaissent, dans le cadre de leur recouvrement des
contraintes telles que:
77
À cette situation s’ajoutent les déficits céréaliers structurels et le manque de ressources ou le
faible revenu des contribuables ruraux. Ce qui occasionne un recouvrement en dents de scie
même si par contre la taxe de marché connaît un recouvrement satisfaisant. En termes de
défis de recouvrement, on retient la limitation de la prolifération des chefs au sein d’un même
village, la livraison des matrices à temps et la forte implication des percepteurs pendant les
récoltes et les fêtes religieuses pour une meilleure collecte des recettes. Bien que pas
recouvrées au prorata des besoins des autorités municipales, ces ressources connaissent une
gestion qui respecte peu les principes de transparence qui doivent émaner de la justification
des dépenses effectuées. Les seuls mérites de cette gestion sont le respect partiel (il a été
constaté des dissensions et de mandats fictifs) de la conformité de mandat et l’élaboration
d’un compte administratif à la fin de l’exercice budgétaire. Cela confirme la seconde
hypothèse selon laquelle, De toutes les normes comptables (justification et compte de
gestion) seuls la vérification de la conformité des mandats et l’établissement d’un compte
administratif déterminent la gestion des recettes fiscales de la commune rurale de Karofane.
Du reste, la gestion des ressources générées dans la commune rurale de Karofane est teintée
de manque de clarté, d’activité louche ou floue du point de vue des personnes enquêtées dans
leur majorité. Toutefois, en l’absence d’un compte de gestion de la même année de référence
(notamment 2013) pour examiner et déceler l’exactitude des dépenses faites, on peut déduire
de cette gestion qu’elle porte des germes de réussite lorsqu’elle promeut la reddition de
compte. Par ailleurs, ce travail ne constitue qu’une ébauche dans l’étude de la gouvernance
fiscale des collectivités territoriales car, il en rapporte un regard peu exhaustif au moment où
la commune rurale de Karofane bénéficie de la création d’un marché à bétail. Dans la mesure
où ce marché constitue une grande machine fiscale sujette à moins de fuite de recettes ; on
serait tenté de compléter cette étude en menant des réflexions autour de :
78
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au Mali : contraintes et stratégies pour améliorer la situation, Ministères de la promotion de
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83
Table des matières
Sommaire .................................................................................................................................... I
Dédicace .....................................................................................................................................II
Remerciements ........................................................................................................................ III
Citation ...................................................................................................................................... V
Sigles et abréviations ................................................................................................................ VI
Liste des tableaux et photos .................................................................................................. VIII
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
84
3.2 Les activités économiques, quelle place dans les ressources de la commune ? ................. 29
Une production agricole favorable à la fiscalité communale .................................................. 30
L’élevage, un secteur à double avantage fiscal ....................................................................... 30
Le commerce, une activité en plein essor économique et fiscal ............................................... 31
Les autorités communales, des acteurs impulsifs pour le paiement des ressources
fiscales ..................................................................................................................................... .40
Les chefs traditionnels, une mobilisation en-deçà des attentes ............................................... 43
Les commerçants, des acteurs passifs de mobilisation fiscale ................................................ 44
Les populations, des acteurs contributeurs .............................................................................. 45
4.3 La redevabilité une contrainte pour l’incitation au paiement fiscal ................................... 46
4.4 Programmation d’activité, une incitation au paiement fiscal ............................................. 46
85
Le recouvrement, un chemin épineux ....................................................................................... 62
L’effectivité du recouvrement, un combat de longue haleine ................................................... 63
Choix des moments favorables au recouvrement des taxes stratégiques, un défi pour la
commune................................................................................................................................... 64
6.1 De la règlementation en vigueur dans le code général des collectivités territoriales ......... 66
6.2 De l’application de la règlementation dans la commune ................................................... 67
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 79
ANNEXES
Glossaire ...................................................................................................................................... i
Les guides d’entretien ................................................................................................................ ii
Les questionnaires ..................................................................................................................... iv
Tableau de répartition de la population de la commune rurale de Karofane ........................... xii
Tableau des impayés des chefs de villages ............................................................................. xiii
86
ANNEXES
I. GLOSSAIRE
Assiette fiscale ou base d’imposition : c’est une base sur laquelle est appliquée le taux de
l’impôt pour obtenir le montant dû par la personne ; ça peut être un revenu, le prix d’une
transaction, d’un patrimoine (HCRADi, 2005).
Déconcentration : elle intervient lorsque certaines compétences de prise de décision sont
accordées à des agents de l’administration publique exerçant dans une circonscription
territoriale déterminée et placés sous l’autorité du gouvernement central. Les agents de cette
administration sont appelés des relais administratifs de l’État (DAFFLON, B. et MADIES, T.,
2008 : 15).
Délégation ou relation d’agence : elle désigne le transfert de pouvoir et de responsabilité de
l’État central à des entités souvent semi-autonomes dans un domaine de responsabilité bien
défini. Ici on parle des agents délégués par l’État central (DAFFLON, B. et MADIES, T.,
2008 : 15).
Dévolution : elle consiste en un transfert de compétences et des responsabilités à des personnes
morales de droit public élues par des administrés (DAFFLON, B. et MADIES, T., 2008 : 16).
Engagement : c’est l’acte par lequel l’ordonnateur crée ou constate à la charge de la
collectivité une obligation dont résultera une dépense (HCRAD ii, 2005 : 8).
Impôt exclusif : c’est un impôt pour lequel un seul niveau du gouvernement peut exploiter et
dont il perçoit l’intégralité du produit fiscal (DAFFLON, B. et MADIES, T., 2008 : 44).
Impôt direct : un impôt direct lorsque l’impôt ou la taxe est directement perçu sur le revenu des
personnes physique et morale (HCRADi, 2005)
Impôt indirect : un impôt est dit indirect lorsqu’il est dû à l’occasion d’un évènement, d’une
manifestation ou d’une activité qui se produit de manière spontanée et périodique. De manière
prise, l’impôt indirect est un impôt dont le contribuable est préalablement connu. Il est
composé de la taxe sur colporteurs et marchands ambulants (taxe foraine) et de la taxe sur les
marchés (journalière ou hebdomadaire) (HCRADi, 2005)
Impôt synthétique : c’est un régime d’imposition forfaitaire auquel sont soumis tous les
contribuables (VAILLANCOURT, F., 2013 : 12).
Liquidation : elle consiste à constater et à arrêter le montant définitif de la dépense et donc des
droits de créanciers (HCRAD ii, 2005 : 9).
i
Mandatement ou mandat : constitue une pièce libellée de sorte qu’il permet au comptable
d’effectuer le paiement de la dépense au véritable créancier par imputation sur le crédit adéquat
(HCRAD ii, 2005 : 11).
Ordonnancement : c’est l’acte administratif par lequel l’ordonnateur donne au comptable
(receveur) l’ordre de payer une créance liquidée à la charge de la commune (HCRAD ii, 2005 :
11).
Recettes extraordinaire : ce sont des ressources composées pour l’essentiel des produits de
l’aliénation des biens du domaine et du patrimoine dont la vente des parcelles, des recettes
diverses (les dons, les legs, les fonds de concours, etc.), des prélèvements sur les emprunts
(BOISIVON, J.P, 2005 :8).
Rôle : c’est un document administratif à caractère financier qui comporte la liste des
contribuables d’un impôt donné (BOISIVON, J.P, 2005 :9).
II. LES ENTRETIENS
Identité et qualification
Aperçu de l’institution : historique et structuration
Les grandes politiques municipales
Le fonctionnement de la commune
Les compétences de la commune
Les capacités financières de la commune
Les sources de financement de la commune
Les recettes fiscales de la commune
La mobilisation des recettes fiscales
Les stratégies et modes de gestion des ressources financières de la commune
Les points forts et les défis de la commune
Commentaires sur le fonctionnement des services et commissions de la commune
Identité et qualification
Présentation du service et attributions du SG
Les objectifs du service
Fonctionnement du service
ii
Les ressources financières internes de la commune
Le rôle du SG dans la gestion financière de la commune
La mobilisation des ressources financières
Les acteurs de la mobilisation des recettes fiscales
La gestion des ressources financières mobilisées
Commentaire sur le fonctionnement de la commune
Situation de recouvrement
Les points forts et les défis du service
Commentaire sur la mobilisation, le recouvrement et la gestion des ressources fiscales
Identité et qualification
Présentation du service et attributions du receveur
Les objectifs du service
Fonctionnement du service
Les ressources financières internes de la commune
La mobilisation des ressources financières
Les acteurs de la mobilisation des recettes fiscales
La gestion des ressources financières mobilisées
Commentaire sur le fonctionnement de la commune
Situation de recouvrement
Les points forts et les défis du service
Commentaire sur la mobilisation, le recouvrement et la gestion des ressources fiscales
Identité et qualification
Présentation du secrétaire municipal
Le mode de fonctionnement du secrétariat municipal
Les sources de l’approvisionnement financier de la commune
Les points forts et les défis dudit service
La gestion du fonds de la commune
Commentaire sur le fonctionnement et la gestion communale
Appréciation de la situation de recouvrement
iii
Commentaire sur la mobilisation des ressources financières
Participation populaire à la mobilisation des recettes fiscales
Commentaire sur le développement de la commune
III. LES QUESTIONNAIRES
3.1 Questionnaire
I. Identité
1. □ Age :
2. □ Sexe : □ M □ F
3. □ Niveau d’instruction
□ Primaire
□ Secondaire
□ Supérieur
□ Alphabétisé
□ Coranique
□ Autres à préciser………………………………….
4. □ Profession :
iv
III. les ressources de la commune
v
V. Gouvernance communal
3.2 Questionnaire
I. Identité
1. □ Age :
2. □ Sexe : □ M □ F
3. □ Niveau d’instruction
□ Primaire
□ Secondaire
□ Supérieur
□ Alphabétisé
□ Coranique
□ Autres à préciser………………………………….
4. □ Profession :
vi
6. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des autorités communales ?
vii
- Sur le plan politique ;
- Sur le plan économique
2. Brèf, quel changement y-a-t-il eu depuis que cette circonscription est devenue commune ?
3.3 Questionnaire
I. Identité
1. □ Age :
2. □ Sexe : □ M □ F
3. □ Niveau d’instruction
□ Primaire
□ Secondaire
□ Supérieur
□ Alphabétisé
□ Coranique
□ Autres à préciser………………………………….
4. □ Profession :
5. Domaine de collecte :
viii
III. La collecte
IV. Versements
V. Gouvernance communale
3.4 Questionnaire
I. Identité
1. □ Age :
ix
2. □ Sexe : □ M □ F
3. □ Niveau d’instruction
□ Primaire
□ Secondaire
□ Supérieur
□ Alphabétisé
□ Coranique
□ Autres à préciser………………………………….
4. □ Profession :
V. Gouvernance communal
xi
V. LES IMPAYES DES CHEFS DE VILLAGES
N° VILLAGE Chef de village 2008 2009 2010 2011 TOTAL %
1 KAROFANE ALASSANE ISSOUFOU 439600 373180 171800 510100 1494680 6%
2 SABON GARI ADA NOUHOU 513500 497700 0 686000 1697200 7%
3 KOUINAKOU HOUZEIHATA MAHAMAN 134300 137600 61582 425600 759082 3%
4 KOUROUTOU GABASS MOUSSA SOULEYMANE 43800 60000 84500 187600 375900 2%
5 KOUROUTOU YAMMA TANKO ABARCHI 0 0 0 379800 379800 2%
6 TARAOURAO I ABOUBACAR MAIDADJI 353200 558800 337800 986300 2236100 10%
7 TARAOURAO ZOUKOURI MAHAMAN HKACHE 143100 170800 0 328300 642200 3%
8 DAMA IDI MAHAMADOU HALILOU 106400 195300 0 469000 770700 3%
9 DAMA ZOUKOURI ISSA IMINI 40400 270000 0 316400 626800 3%
10 DAMA BOURDI HAMA ILLO 0 0 0 168700 168700 1%
11 TAKARAOUA ALKASSOUM HAMIDAN 66300 131900 16800 214800 429800 2%
12 DJANKADAMI ANGOUA ELH ILLA TANKARI 0 55700 235200 290900 1%
13 DJANKADAMI ELH BAHARI ALASSANE 71500 39850 41950 177100 330400 1%
14 REGAOU ABDOU BAHARI 87300 0 0 460600 547900 2%
15 WAKAWA MIKO KADI 102700 0 0 207100 309800 1%
16 KOUKA ISSA BAKI 0 0 0 483000 483000 2%
17 LEYMATAOUA MAHAMAN ZAKARI 0 0 0 226100 226100 1%
18 FOTINGUEL MOUSSALE MAHAMADOU 70800 33600 0 104400 0%
19 EDRI MAHAMAN SADDI NAREGA 211500 116700 0 402500 730700 3%
20 GOUNDROUM HACHIMOU SADDI 300200 76800 0 452200 829200 4%
21 MAI EROUFA AYOUBA ALHOUSSEINI 0 80550 0 316400 396950 2%
22 GALBA ALMAHADJIR CHEKARAOU 0 130800 169030 445500 745330 3%
23 EDRI DAN DADJI DAOUI ANGO 59100 0 0 81900 141000 1%
24 BAWALE NAYOUSSA HAROUNA 168800 0 124120 280000 572920 2%
25 GUIDAN DJARIRI MAHAMADOU ZAKARI 0 0 123130 206500 329630 1%
26 TAGUIBO MAHAMAN HANAR 114800 269800 153600 298900 837100 4%
27 TAGANA MARAFA FOUROUGE 260700 81300 104200 157900 604100 3%
28 ANGOUA ABDOUL KADER ICHAFAGUI 75100 241300 199300 270300 786000 3%
29 TOYAMANA III AHMED ALGABIT 210600 92400 47500 109200 459700 2%
30 KEL AZAR I BOUDOUA MOUSSA 104300 50200 34900 75600 265000 1%
31 KEL AZAR III MOHAMED OUREKEL 66500 49000 49700 50400 215600 1%
32 KEL TARAZERENE MOHAMED WOURTARENE 34500 77000 79100 42000 232600 1%
33 ICHIRIFANE WARZAGANE MOHA 46300 60200 63000 63000 232500 1%
34 ZOURMANI ELH ABOULHASSANE BAHARI 30200 22100 0 94500 146800 1%
35 TASCHEL ALHADER GABDA 32100 15400 16800 16800 81100 0%
36 EDRI MAHAMAN ISSA DJIBRINA 14700 22400 0 44100 81200 0%
37 ICHIRIFANE ZONGON KOUROUTOU
ABDOUL KADER ALASSANE 0 0 0 74200 74200 0%
38 ANGOUA ZANGON BAKATAMOHAMED AHAMED 0 0 0 32600 32600 0%
39 ANGOUA ZANGON HAMO TANKO 22100 88200 58200 88200 256700 1%
40 KANKARA I SAIDOU CHADOU 0 0 0 346500 346500 2%
41 KANKARA ELH SADDI NAREGA 87500 283900 168000 343500 882900 4%
42 IGAYAWANE IV ALHADER MOHAMED 21700 22400 27300 28000 99400 0%
43 TOYAMANA I DE LOUBE ABDOULAYE ALFAZAZI 69600 92400 102200 108500 372700 2%
44 TOYAMANA II ELH ICHA TAMBARI 21700 34300 60200 61600 177800 1%
45 KEL AZAR AYAWANE AHMED MOCTO 22000 36400 49100 72100 179600 1%
46 INOUSLOUMANE ABDOULKADER GOUMOUR 60000 72100 72800 73500 278400 1%
47 IBROUBATT ABDOU AWAHISS 67900 55300 32200 71400 226800 1%
48 KEL GRETT I DE KORE GOUMOUR AMANE 12600 12600 17500 25200 67900 0%
49 TADADA OUHMOUDOU BOUDAL 17500 14000 0 65800 97300 0%
50 ZANGON TAKARAOUA HAMID ALLOU 57400 28100 23900 61600 171000 1%
51 ZANGON KOUROUTOU ABDOU BARHE 13300 0 0 13300 26600 0%
52 ZANGON MOHAMED MOHAMED OUHMOUDOU 59500 61600 0 65800 186900 1%
53 ZANGON OUHOUMOUDOU BACHAR OUHOUMOUDOU 0 0 0 34300 34300 0%
4435100 4711680 2490212 11435500 23072492 100%
22684392
xii
VI. RECAPITULATIF DES RESTES A RECOUVRER DE LA TAXE MUNICIPALE
xiii
27 28/03/2014 ALKA Alassane Collecteur 0 0 1 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
28 28/03/2014 OUMAROU Amadou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
29 28/03/2014 ISSA Alio Collecteur 0 0 1 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
30 29/03/2014 Marché de Maissassap 0 0 0 0 0 0 Observation 0 1 0
31 29/03/2014 ALASSANE Mahamadou Conseiller 1 0 0 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
32 29/03/2014 ISSOUFOU Sani Conseiller 1 0 0 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
33 29/03/2014 NAYOUSSA Issa Conseiller 1 0 0 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
34 30/03/2014 AYO Laouali Ancien SM 0 0 0 0 1 Entretien 1 0 0
35 31/03/2014 ADO Issa Conseiller 1 0 0 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
36 31/03/2014 ILLIASSOU Zabeirou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
37 31/03/2014 ADAMOU Chaiboulé Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
38 31/03/2014 Reunion d'institution de la taxe journalière 0 0 0 0 0 0 Observation 0 1 0
39 01/04/2014 IBRAHIM Bassirou Commerçant 0 0 0 0 1 0 Questionnaire 0 0 1
40 01/04/2014 SAIDOU Souleymane Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
41 01/04/2014 ADAMOU Mariama Maire de karofane 0 1 0 0 0 0 Entretien 1 0 0
42 01/04/2014 ADMMOU Zakari Collecteur 0 0 1 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
43 02/04/2014 ADAMOULE Moutari Collecteur 0 0 1 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
44 02/04/2014 ALIO Fati SM mairie 0 1 0 0 0 0 Entretien 1 0
45 02/04/2014 BILETCHE Adamou Collecteur 0 0 1 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
46 03/04/2014 Reunion en prélude à l'occupation du marché à bétail 0 0 0 0 0 0 Observation 0 1 0
47 03/04/2014 MAHAMAN Souleymane Représenatant/groupement 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
48 03/04/2014 ABARCHI Tanko C.village/kouroutou 0 0 0 1 0 0 Entretien 1 0 0
49 03/04/2014 MAHAMAN Houzeihatou C.village/kouyinakou 0 0 0 1 0 0 Entretien 1 0 0
50 04/04/2014 ALASSANE Bahari C.village/djankadami 0 0 0 1 0 0 Entretien 1 0 0
51 04/04/2014 ADAMOULE Oudou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
52 04/04/2014 SALAO Ounounou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
53 04/04/2014 YAHAYA Modi Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
54 05/04/2014 ASSO Abda Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
55 05/04/2014 OUMAROU Ibro Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
56 05/04/2014 YAHAYA Adada Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
57 05/04/2014 ZABEIROU Mahamadou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
58 06/04/2014 DJAHADI Aboubacar Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
59 06/04/2014 MAIDADJI Alio Chef du village/taraouraou 0 0 0 1 0 0 Entretien 1 0 0
60 06/04/2014 Rencontre avec les chefs de villages 0 0 0 0 0 0 Observation 0 1 0
61 07/04/2014 ISSOUFOU TANIMOUNE CONSEILLER 1 0 0 0 0 0 Questionnaire 0 0 1
62 07/04/2014 ALI Assoumane Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
63 07/04/2014 ABDA Mahamadou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
64 08/04/2014 ALASSANE Tchito Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
65 08/04/2014 ABDOU Kadri Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
66 08/04/2014 OUMAROU Ibro Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
67 09/04/2014 NAYOUSSA Mahamane Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
68 09/04/2015 Dogo Saidou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
69 09/04/2014 ZABEIROU Doua Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
70 10/04/2014 ABDOU Ibrahim Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
71 10/04/2014 SAIDOU Moussa Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
xiv
72 10/04/2014 IBRAHIM Ango Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
73 11/04/2014 ARAGA Illiassou Population 0 0 0 0 0 1 Questionnaire 0 0 1
Total 9 5 8 9 6 30 0 17 6 50
xv