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Transport des matières radioactives.

Sûreté et réglementation

par Jean-Christophe NIEL


Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées
Docteur en physique de l’Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris)
Chef du Département d’évaluation de la sûreté à l’Institut de protection et de sûreté
nucléaire (IPSN)

1. Transport : flux et risques...................................................................... BN 3 845 - 2


1.1 Flux ............................................................................................................... — 2
1.2 Risques ......................................................................................................... — 2
1.3 Défense en profondeur ............................................................................... — 3
1.4 Typologie des colis ...................................................................................... — 3
1.5 Au-delà du colis ........................................................................................... — 4
2. Élaboration de la réglementation du transport............................... — 4
2.1 Origine des recommandations sur le transport par l’AIEA....................... — 4
2.2 Processus de révision des recommandations à l’AIEA............................. — 4
2.3 Des recommandations de l’AIEA aux réglementations modales ............ — 5
3. Réglementation du transport en France............................................ — 7
3.1 Organisation de la sûreté du transport ...................................................... — 7
3.2 Principes de la réglementation................................................................... — 7
3.3 Nouvelles recommandations de l’AIEA adoptée en 1996......................... — 8
3.4 Cas du transport aérien............................................................................... — 8
3.5 Cas du transport maritime .......................................................................... — 8
4. Transport de l’hexafluorure d’uranium .............................................. — 9
5. Incidents et accidents de transport ................................................... — 9
5.1 Déclaration des incidents et accidents....................................................... — 9
5.2 Quelques incidents ...................................................................................... — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BN 3 845

a sûreté du transport des matières radioactives, c’est-à-dire la prévention


L des accidents et la limitation de leurs conséquences, s’appuie, comme dans
les autres domaines de la sûreté nucléaire, sur une logique de défense en
profondeur : le colis et ses conditions d’utilisation offrent la première ligne de
défense, le moyen de transport et sa fiabilité la seconde. En cas de défaillance de
l’une et de l’autre, l’industriel et les pouvoirs publics mettent en place des
moyens d’intervention pour maîtriser la situation, ce qui constitue la troisième
ligne de défense. Plus précisément :
— la conception sûre des colis de transport de matières radioactives conduit
à dimensionner ceux-ci afin de limiter les rejets et les rayonnements à des
valeurs suffisamment faibles pour que l’impact radiologique sur le public et les
travailleurs soit mineur dans les conditions d’utilisation prévues ou acciden-
telles. La conception sûre est nécessaire pour rendre inoffensives toutes les opé-
rations ultérieures réelles de transport ;

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— la réalisation sûre de toutes les activités pratiques des transports, depuis la


fabrication des emballages jusqu’à leur démantèlement en passant par le
contrôle des conteneurs chargés, la manutention, l’arrimage, le respect des
règles de circulation, etc., vise à éviter les conséquences des aléas du transport
depuis les non-conformités jusqu’aux accidents. Elle s’appuie en grande partie
sur la mise en œuvre de systèmes d’assurance-qualité et de contrôle ;
— la capacité à intervenir et l’efficacité des interventions effectuées en cas
d’anomalie, d’incident et d’accident se déclinent en deux principes :
• la gestion de crise, qui fait l’objet de consignes de sécurité et de plans
d’urgence élaborés par les transporteurs, et de plans de secours spécialisés
élaborés par les pouvoirs publics. Elle doit être préparée pour que les moyens
nécessaires pour limiter les conséquences d’une crise soit disponibles et opé-
rationnels,
• la démarche de retour d’expérience, qui doit permettre d’éviter la répétition
des événements et de réduire leurs conséquences potentielles, par des actions
d’amélioration des deux autres lignes de défense, la conception et les procé-
dures d’exploitation.
Il est important de rappeler que le transport a lieu sur la voie publique, c’est-à-
dire, au plus près des individus, que les accidents de transports sont possibles
n’importe où et que leur gravité peut être très variable. Aussi, la sûreté repose-t-
elle, en premier lieu, sur le colis, c’est-à-dire l’emballage et son contenu, qui doit
résister aux conditions de transport envisageables, normales, incidentelles et
accidentelles, conditions qui peuvent varier d’un mode de transport à l’autre.

1. Transport : flux et risques

1.1 Flux

Annuellement, il circule en France, par voie terrestre, maritime ou


aérienne, 300 000 colis de matières radioactives. Les deux tiers
contiennent des radio-isotopes qui, pour l’essentiel (90 %), sont des
produits pharmaceutiques radioactifs et des isotopes pour la recher-
che médicale. Les colis de matières radioactives représentent 2 %
des colis de matières dangereuses transportées en France. À titre
d’exemple, la société CIS-Bio international expédie 180 000 colis
radioactifs à usage biomédical par an (pour le diagnostic in vitro, la
médecine nucléaire ou la radiothérapie) (figure 1), dont 130 000 par
voie terrestre, 50 000 par avion et quelques unités par voie mari-
time. Les colis transportés annuellement et faisant l’objet d’une
autorisation de l’administration parce que potentiellement les plus
dangereux (dits de type B ou fissiles) sont au nombre de 20 000. On Figure 1 – Colis exempté à usage médical
compte de l’ordre de 300 transports annuels pour les combustibles
neufs destinés au centrale nucléaires d’EDF, 450 pour les combusti-
bles irradiés (dont les deux tiers vers l’usine COGEMA de la Hague duits pharmaceutiques à plus d’une centaine de tonnes pour des
et un tiers en transit international par la France à destination de la châteaux de combustibles irradiés, leur activité s’étendre de quel-
Grande-Bretagne), une dizaine pour le combustible MOX et une cin- ques milliers de becquerels à 1015 becquerels, leur contenu peut
quantaine pour la poudre d’oxyde de plutonium. être liquide, gazeux ou solide, etc. Les transports de ces colis sont
Dans le monde, le nombre de colis de matières radioactives trans- souvent internationaux, peuvent concerner des radioéléments
portés annuellement, tous modes de transport confondus, est de expédiés dans le monde entier ou des combustibles irradiés prove-
l’ordre de dix millions. nant du Japon, d’Allemagne, de Suisse, etc. L’étude des statistiques
montre que l’on peut s’attendre, en moyenne, en France à un acci-
dent pouvant avoir des conséquences significatives par an.

1.2 Risques Les risques présentés par les transports de matières radioactives
différent de ceux des installations en ce que, d’une part, l’initiateur,
très souvent l’accident de transport, est difficilement maîtrisable,
Les colis de transport de matières radioactives sont très divers, d’autre part ces matières circulent au plus près du public. La philo-
ainsi leur masse peut varier de quelques kilogrammes pour des pro- sophie de la sûreté du transport des matières radioactives découle

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Figure 2 – Essai de chute de 9 m sur un conteneur (30B et sa coque)


de matières radioactives

de ces deux constats comme il a été exposé dans l’introduction. Les


conséquences potentielles sur l’environnement ou sur les individus
d’un accident sont la contamination interne ou externe et/ou l’irra-
diation, auxquelles pourraient s’ajouter les conséquences liées aux
autres propriétés des matières transportées.
Exemple : c’est le cas des transports d’hexafluorure d’uranium
naturel dont le risque prépondérant est de nature chimique (formation
d’acide fluorhydrique en cas de contact de l’hexafluorure d’uranium
avec l’eau ou avec l’humidité ambiante). Figure 3 – Emballage FS 47 pour le transport d’oxyde de plutonium

Divers phénomènes peuvent conduire à la perte du confinement


ou de la protection radiologique ou à la perte de la sous-criticité :
— un impact mécanique (figure 2) ; L’application du deuxième principe explique pourquoi la masse
— un incendie ; du colis appelé « FS-47 » (figure 3) et destiné au transport du pluto-
— une explosion consécutive à un dégagement d’hydrogène par nium soit de 1,4 t pour une quantité de plutonium transportée de
radiolyse ; 14 kg, cet emballage devant garantir le confinement de la matière,
— une entrée d’eau dans l’emballage ; assurer la radioprotection et prévenir tout risque d’accident de criti-
— une interaction chimique entre constituants du colis ; cité.
— un dégagement thermique non maîtrisé. Les règles imposées aux colis, formulées en terme d’objectifs à
atteindre plutôt que de méthodes à suivre pour atteindre ces objec-
tifs, visent à prévenir les dommages susceptibles de porter atteinte
1.3 Défense en profondeur à l’intégrité des fonctions de sûreté du colis (confinement, protec-
tion contre les rayonnements, dissipation thermique, protection
mécanique, ...), dans les conditions normales, incidentelles ou acci-
dentelles. Elles concernent en premier lieu la conception du colis.
Les principes de sûreté qui s’appliquent aux transports des Elles visent à limiter les nuisances pour les travailleurs du transport,
matières radioactives et dont découle la réglementation sont les le public et l’environnement, en condition normale comme acciden-
suivants : telle à un niveau très faible. Toutefois, il est impossible de soumettre
— la sûreté repose essentiellement sur le colis, qui est l’unité un colis à des tests représentatifs de toutes les situations envisagea-
destinée à l’expédition et qui comprend la matière et son bles, notamment les accidents, aussi ces règles sont basées sur des
emballage ; essais normalisés, suffisamment sévères pour couvrir ces situa-
— le degré de sûreté apporté par le colis est adapté au danger tions, et suffisamment synthétiques de façon à permettre leur réali-
potentiel de la matière transportée. sation, leur reproductibilité et leur analyse critique, notamment par
l’autorité compétente.

Une des conséquences de ces deux principes est que n’importe


quel mode de transport peut être utilisé et n’importe quel itinéraire 1.4 Typologie des colis
emprunté dès lors que la matière est transportée dans un emballage
adapté. Ce principe, très général, est partiellement remis en ques-
tion dans le cadre du transport maritime ou aérien des matières les La réglementation encore en vigueur jusqu’en 2001 (cf. § 3.3)
plus dangereuses, dont le plutonium. En effet, dans un cas il est divise les colis en deux grandes catégories :
demandé au navire de participer à la sûreté du transport, dans — ceux pour lesquels le contenu radioactif, y compris vis-à-vis du
l’autre c’est le degré de sûreté du colis qui doit être renforcé. Toute risque de criticité, est limité de sorte que les conséquences en cas
matière ayant une grande quantité d’activité devrait être transportée d’accident soient suffisamment faibles pour être acceptables. Il
par voie aérienne dans un colis dit de type C, conçu pour cette caté- s’agit des colis qui sont, d’une part, non fissiles (la quantité de
gorie de transport. Cette innovation a été introduite dans la dernière matière fissile est inférieure à 15 g), et, d’autre part, soit d’activité
révision des recommandations de l’AIEA (Agence internationale spécifique suffisamment faible (ils sont de type industriel), soit
pour l’énergie atomique) qui ont été approuvées en septembre 1996 d’activité totale contenue suffisamment faible (ils sont de type
et sont applicables pour les règlements modaux (c’est-à-dire selon excepté ou de type A) ;
le mode de transport : routier, ferroviaire aérien, ou maritime) à — les autres colis. Il s’agit de ceux qui sont fissiles (présentant un
compter du 1er janvier 2001. Ces aspects seront développés au risque de réaction nucléaire non contrôlée sous certaines condi-
paragraphe 2.2. tions) ou de type B (contenant une activité importante).

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Il est utile de donner quelques ordres de grandeur : 2.1 Origine des recommandations
— au-dessus de 10 mg de cobalt 60 ou 8 mg de plutonium issu du sur le transport par l’AIEA
retraitement de combustible irradié à 33 000 MWj/t dans un réacteur
à eau sous pression, un colis de type B est nécessaire, a contrario
quelle que soit la quantité d’uranium naturel transportée le colis Le conseil économique et social du l’ONU émet depuis 1956 des
peut être de type A ou industriel le type B n’étant alors évidemment recommandations pour le transport des matières dangereuses et les
pas nécessaire ; regroupe dans ce qu’on appelle son Livre orange. Les matières dan-
gereuses y sont regroupées par classe, les matières radioactives
— les limites pour définir le caractère fissile d’une matière sont étant dans la classe 7.
plus complexes, toutefois comme indiqué ci-dessus, avec moins de
15 g de matière fissile le colis n’est pas considéré comme fissile. Plus précisément, le Conseil économique et social des Nations
unies a chargé en 1959 l’AIEA d’élaborer les recommandations rela-
Tous les types de colis doivent conserver leurs fonctions de sûreté tives aux matières radioactives en accord avec le statut de l’Agence.
en conditions normales et incidentelles. Les colis de type B ou fissi- En effet, l’article 6 du traité du 26 octobre 1956 créant cette Agence
les, potentiellement les plus dangereux, doivent de plus les conser- stipule que celle-ci a notamment pour attribution « d’établir ou
ver en situation accidentelles. d’adopter, en consultation et, le cas échéant, en collaboration avec
les organes compétents des Nations unies et avec les institutions
Les caractéristiques principales auxquelles doivent obéir les colis spécialisées intéressées, des normes de sécurité destinées à proté-
sont décrites au paragraphe 3.2. ger la santé et à réduire au minimum les dangers auxquels sont
exposés les personnes et les biens (y compris de telles normes pour
les conditions de travail) et de prendre des dispositions pour appli-
quer ces normes à ses propres opérations, aussi bien qu’aux opéra-
1.5 Au-delà du colis tions qui comportent l’utilisation de produits, de services,
d’équipement, d’installations et de renseignements fournis par
l’agence ou à sa demande ou sous sa direction ou sous son contrôle,
Les conditions normales, incidentelles et accidentelles étant défi- et de prendre des dispositions pour appliquer ces normes, à la
nies et représentées par des épreuves normalisées (cf. § 3.2), la demande des parties, aux opérations effectuées en vertu d’un
sûreté repose essentiellement sur le colis et sa capacité à résister accord bilatéral ou multilatéral ou, à la demande d’un État, à telle ou
aux agressions internes ou externes. Cela étant, dans une logique telle des activités de cet État dans le domaine de l’énergie
de défense en profondeur (cf. § 1.3), des mesures complémentaires atomique ».
sont prévues par la réglementation. C’est ainsi que, pour le trans-
port routier, les chauffeurs doivent obligatoirement suivre une for- La première édition des recommandations date de 1961 ; elle cou-
mation. Le chargement de colis de matières radioactives avec vrait a priori tous les modes de transports (terrestre, aérien et mari-
d’autres produits dangereux, comme des explosifs par exemple est time). Depuis, ces recommandations ont été révisées en 1964, 1967,
interdit. La contamination des véhicules doit être surveillée de 1973, 1985 et récemment en 1996. Ces révisions ont impliqué les
même que l’irradiation des colis et du véhicule de transport. Ces États membres et les organisations internationales concernées. À
mesures concernent également des dispositions de prévention con- l’occasion de la première révision de 1964, le Conseil des gouver-
tre les incendies et l’affichage des consignes d’urgence en cas neurs a autorisé le Directeur général de l’Agence à appliquer ces
d’accident. Par ailleurs, un document descriptif doit accompagner recommandations aux opérations réalisées par l’Agence elle-même,
tout transport de matières radioactives. Les transports routiers doi- par exemple à l’occasion du transport de matières radioactives vers
vent également être équipé de moyens de radiocommunication. ou depuis l’un de ses centres de recherche. Le Directeur général a
Enfin, pour faciliter l’intervention de la Sécurité civile en cas d’acci- également été autorisé à proposer ces recommandations comme
dent, un avis préalable de transport indiquant les dates et les itiné- base des réglementations internationales et nationales.
raires prévus, ainsi que la nature de l’envoi, doit être adressé au Dès 1969, ces recommandations étaient effectivement adoptées
ministère de l’Intérieur, à la direction de la Défense et de la Sécurité par de nombreux États membres dans leur propre réglementation
civile au moins trois jours avant l’expédition pour les transports les ainsi que par la plupart des organisations internationales impliquées
plus actifs (3 000 fois plus que la quantité de radionucléides néces- dans le transport de matières radioactives.
sitant un colis de type B). Il faut noter que depuis le 1er janvier 2000,
en application d’une directive européenne, toute entreprise dont
l’activité comporte des transports, des opérations de chargement ou 2.2 Processus de révision
déchargement de matières dangereuses (en particulier radioactives)
doit désigner un conseiller à la sécurité dont le rôle sera d’aider le des recommandations à l’AIEA
chef d’entreprise à la prévention des risques pour les personnes, les
biens ou l’environnement inhérents aux activités précitées. L’AIEA est dotée d’une petite cellule pour le transport des matières
radioactives, au sein de la section de la sûreté radiologique, qui
dépend de la division de sûreté. Elle exerce l’activité de secrétariat
et de coordonnateur aux différentes réunions organisées dans le
2. Élaboration domaine des transports. L’organe qui définit les grandes orienta-
de la réglementation tions et les problèmes à traiter est le SAGSTRAM (Standing Advi-
sory Group on the Safe Transport of RAdioactive Material), devenu
du transport TRANSSAC depuis le 1er janvier 1996 (Transport Safety Standards
Advisory Committee), qui réunit généralement une fois tous les
deux ans, et une fois par an en période de révision, les représentants
La réglementation du transport des matières radioactives entre des autorités compétentes de chaque pays pendant une semaine.
dans le cadre des réglementations relatives au transport des mar- Afin de mettre en œuvre les décisions du TRANSSAC, l’AIEA dis-
chandises dangereuses, mais elle présente certaines particularités pose de plusieurs structures : des comités techniques, des groupes
concernant l’organisation internationale et l’aspect technique. Ces de consultants, d’un comité de révision. La démarche de l’AIEA, qui
transports sont soumis à une réglementation d’origine internatio- vise à obtenir un consensus international, technique et politique,
nale dont le caractère multimodal (intéressant tous les types de consiste à identifier les problèmes soulevés ou non traités par la
transports) fixe des normes sur les emballages et la manière de les réglementation internationale et à les résoudre en adaptant cette
utiliser. réglementation. Parmi les évolutions récentes, on peut noter le

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transport aérien de matières radioactives en grandes quantités ou France a ratifié cet accord le 2 février 1960, l’a rendu public par
de matières de faibles activités spécifiques. décret no 60-794 du 22 juin 1960 (Journal officiel du 6 août 1960) et
Exemple : il est possible de rappeler le processus d’élaboration de l’a appliqué le 29 janvier 1968.
la dernière révision des recommandations de l’AIEA (les groupes de Les États actuellement adhérents à cet accord sont les suivants :
consultants ne sont pas mentionnés) initié par un comité de révision en l’Allemagne, l’Autriche, le Bélarus, la Belgique, la Bosnie-Herzégo-
1991. Des comités techniques se sont réunis du 27 juin au 1er juillet vine, la Bulgarie, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, l’Ex
1994, du 15 mai au 19 mai 1995 et du 12 juin au 16 juin 1995. Des comi- République Yougoslave de Macédoine, la Fédération de Russie, la
tés de révision se sont réunis du 10 au 14 juin 1991, du 17 au 21 mai Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, le Liech-
1993, 10 au 14 octobre 1994 et du 25 au 29 septembre 1995. Le SAGS- tenstein, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la
TRAM, remplacé par le TRANSSAC au 1er janvier 1996 s’est réuni du Pologne, le Portugal, la République Fédérale de Yougoslavie, la
2 décembre au 6 décembre 1991, du 6 mars au 10 mars 1995 et du République Tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la
26 février au 1er mars 1996. L’ACSS a été consulté par voie épistolaire Slovénie, la Suède, la Suisse. Ces États adhérents sont tenus
en mars 1996. Le Conseil des gouverneurs a approuvé les recomman- d’appliquer pour leurs transports internationaux de marchandises
dations le 9 septembre 1996. dangereuses, les annexes A et B de l’accord qui constituent le règle-
ment de transport proprement dit. Chaque État est également tenu
Par ailleurs les États sont invités en permanence à proposer leurs
d’accepter les transports internationaux en provenance d’autres
amendements et, en particulier, à partir de la mise en place du
pays lorsque ces transports sont conformes aux prescriptions du
comité de révision, pour les amendements à la réglementation sur
règlement international. Il peut toutefois imposer à tout transport
le fond.
international des règles nationales de circulation dans la mesure où
l’ADR ne prévoit rien.
L’annexe A traite du classement des matières et objets dangereux,
2.3 Des recommandations de l’AIEA de leur emballage, de l’étiquetage des colis et du document de
aux réglementations modales transport qui doit accompagner les envois. Elle concerne principale-
ment le chargeur. L’annexe B contient les prescriptions relatives au
matériel de transport et aux modalités d’acheminement des mar-
Les recommandations de l’AIEA une fois adoptées sont intégrées chandises. Si elle concerne aussi le chargeur, elle intéresse cepen-
dans les réglementations modales internationales. Les principales dant principalement le transporteur.
réglementations intéressant la voie terrestre, maritime et aérienne
sont décrites ci-après. Le Conseil européen a édicté le 21 novembre 1994 une directive
stipulant que les États membres de l’Union européenne devaient
incorporer l’ADR dans leur réglementation nationale au 1er ianvier
2.3.1 Transport terrestre 1997.
Concernant le transport des matières radioactives, le Parlement
Le transport terrestre est essentiellement composé de deux
européen a demandé en 1982 à la Commission de créer un groupe
modes de transport qu’il s’agit de distinguer, le transport routier
de travail permanent appelé le SWGSTRAM (Standing Working
(figure 4) d’une part, et le transport ferroviaire d’autre part.
Group on the Safe Transport of Radioactive Material). L’objectif de ce
groupe, qui est composé d’experts des États membres, est
2.3.1.1 Transport routier
d’appuyer, d’une part, ces derniers dans le processus de révision
L’accord européen relatif au transport international des marchan- des recommandations de l’AIEA et, d’autre part, d’aider à une appli-
dises dangereuses par route (ADR) a été élaboré sous l’égide du cation correcte et harmonieuse de ces recommandations au sein de
Comité des Transports intérieurs de la Commission économique l’Union européenne. Ces experts donnent aussi des avis sur les
pour l’Europe de l’Organisation des Nations unies (ONU-CEE-CTI) et questions que la Commission peut se poser concernant les trans-
signé à Genève le 30 septembre 1957. ports de matières radioactives et sur les travaux qu’elle souhaite
Il comporte le texte de l’accord proprement dit ainsi que son pro- engager sur ce sujet.
tocole de signature, une annexe A relative aux matières et objets
réglementés et une annexe B intéressant le matériel de transport. La 2.3.1.2 Transport ferroviaire
L’existence du règlement concernant le transport international
ferroviaire des marchandises dangereuses (RID) date du 1er janvier
1893, lorsqu’est entrée en vigueur la première convention interna-
tionale pour le transport des marchandises par fer (CIM). Il constitue
aujourd’hui l’annexe I des règles uniformes de la CIM intégrées
dans la convention relative aux transports internationaux ferroviai-
res du 9 mai 1980 (COTIF).
Trente-six États ont signé la convention et adhérent par consé-
quent au RID : l’Albanie, l’Algérie, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgi-
que, la Bulgarie, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la
France, la Grèce, la Hongrie, l’Irak, l’Iran, l’Irlande, l’Italie, le Liban, le
Liechtenstein, le Luxembourg, le Maroc, Monaco, la Norvège, les
Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la
Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Suisse, la Syrie, la Tchéquie, la
Tunisie et la Turquie.
Les dispositions contenues dans le RID, s’appliquent à tous les
transports internationaux de marchandises dangereuses par chemin
de fer. Celui-ci comporte trois parties : les prescriptions générales,
les prescriptions particulières aux diverses classes et les appendices
techniques, qui traitent notamment du classement et de l’énuméra-
tion des matières, de leur emballage, de l’étiquetage des colis, du
Figure 4 – Schéma d’un LR 54 : citerne de transport d’effluents document de transport également nommé lettre de voiture, du
liquides radioactifs matériel de transport, etc.

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La directive de 1994 demande également l’incorporation du RID assujettissement, fait notamment l’objet de soins particuliers. Inver-
dans les réglementations nationales au 1er janvier 1997. Le SGW- sement les aspects relatifs à la conception et la qualification des
TRAM est également compétent pour le transport ferroviaire. emballages de transports ont été supprimés car il ne présentent pas
d’intérêt pour l’équipage ou l’armateur.
2.3.1.3 Réglementation française Après avoir longtemps possédé une réglementation propre, la
Depuis le 1er juillet 1997, la France applique, conformément à la France a totalement harmonisé ses textes selon les prescriptions du
directive incitant au rapprochement des réglementations nationales code IMDG et elle y fait désormais référence explicitement dans ses
du transport des marchandises dangereuses avec l’ADR et le RID, textes. L’arrêté du 23 novembre 1987 précise dans son article 411-
une version particulièrement harmonisée de l’ancien règlement 1.02 que « les règles applicables, pour le transport des marchandises
pour le transport des marchandises dangereuses par route et par fer dangereuses, sont celles contenues dans le code maritime interna-
(RTMDR et RTMDF). tional des marchandises dangereuses (code IMDG) ». Applicable en
théorie aux seuls navires battant pavillon français, cette réglementa-
Ce sont les arrêtés dits ADR et RID qui, s’ils contiennent encore
tion est également suivie par les navires empruntant les eaux terri-
des spécifications nationales notamment pour la classe 7 précédem-
toriales françaises.
ment évoquée, tendent à coordonner les normes applicables sur le
territoire national avec les dispositions contenues dans les règle- À la suite de pressions d’associations écologistes, Greenpeace
ments internationaux. possède notamment le statut d’observateur à l’OMI, cette dernière a
décidé en avril 1992 de créer un groupe de travail mixte rassemblant
l’OMI, l’AIEA et le PNUE (Programme des Nations unies pour l’Envi-
2.3.2 Transport par voie de navigation intérieure
ronnement) chargé d’examiner le transport de combustibles irra-
Il convient de noter également le contexte du transport de mar- diés, du plutonium ou des produits vitrifiés. Celui-ci a certes conclu
chandises dangereuses par voie de navigation intérieure. Deux qu’aucune des informations ou données disponibles ne pouvait
réglementations internationales existent : mettre en cause les critères des colis tels que définis par l’agence de
Vienne, mais il s’est prononcé pour l’établissement de règles com-
— le règlement pour le transport de matières dangereuses sur le plémentaires propres aux navires, qui permettraient de s’assurer
Rhin (ADNR) dans sa dernière révision, adopté par la résolution que l’on ne dépasse jamais les conditions accidentelles prévues au
1998-II-27 de la Commission centrale pour la navigation du Rhin à sein des recommandations de l’AIEA. En conséquence le
Strasbourg le 26 août 1998 ; 4 novembre 1993, l’OMI a adopté la résolution A 748 (18) qui adopte
— les dispositions européennes relatives au transport internatio- un recueil de règles pratiques pour la sécurité du transport de com-
nal des marchandises dangereuses par voie de navigation inté- bustible nucléaire irradié, de plutonium et de déchets fortement
rieure (AND), suite à la résolution no 223 du Comité des transports radioactifs en fûts à bord des navires (dits INF d’après l’anglais irra-
intérieurs de la Commission économique pour l’Europe de l’Organi- diated nuclear fuel). Le texte définit trois catégories en fonction du
sation des Nations unies, en date du 6 février 1976, sont régulière- danger de la matière transportée et donne des prescriptions notam-
ment mises à jour ; la dernière révision est intervenue en 1997. ment sur la stabilité après avarie, la protection contre l’incendie, les
En France, c’est le code du domaine fluvial et de la navigation dispositifs d’assujettissement, le matériel de radioprotection devant
intérieure qui réglemente le transport des marchandises sur les être à bord ou le plan d’urgence. La France, qui a voté la résolution
voies de navigation intérieure et qui concerne donc les matières de l’OMI, a rendu obligatoire ce recueil, par arrêté du 8 janvier 1996,
désignées par la classe 7. pour les navires battant pavillon français.
En ce qui concerne le transport de marchandises dangereuses,
celui-ci est complété par l’arrêté du 17 décembre 1998, modifiant 2.3.4 Transport aérien
l’arrêté du 12 mars 1998, dit « arrêté ADNR », relatif au transport des
marchandises dangereuses par voies de navigation intérieures (J.O. Les principes généraux qui régissent le transport aérien interna-
du 1er janvier 1999), qui étend les prescriptions applicables au trans- tional des marchandises dangereuses figurent dans l’annexe 18 de
port sur le Rhin à toutes les voies de navigation intérieure. En effet, la convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale
il a été considéré que le degré de sûreté obtenu par l’application de intitulée Sécurité du transport aérien des marchandises dangereuses.
l’ADNR était supérieur à celui garanti par la mise en œuvre des L’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), fondée
recommandations ADN. par la convention de Chicago de 1944, édite depuis 1982 des instruc-
tions techniques (OACI - IT) pour la sécurité du transport aérien des
2.3.3 Transport maritime matières dangereuses qui sont revues tous les deux ans. Les ins-
tructions techniques complètent les prescriptions fondamentales de
La réglementation concernant la sûreté du transport maritime des l’annexe 18 et contiennent les dispositions détaillées nécessaires à
marchandises dangereuses est fondée sur le chapitre VII de la con- la sécurité du transport aérien international des marchandises dan-
vention dite SOLAS (Save Our Life at Sea). En effet, cette conven- gereuses. Il ne s’agit que de recommandations, mais un arrêté de
tion, qui fut publiée pour la première fois en 1929, a adopté en 1960 1987, reposant sur le code de l’aviation civile, leur donne valeur
dans son chapitre VII la classification déjà évoquée des matières légale en France pour les transports tant nationaux qu’internatio-
dangereuses de l’ONU comprenant les matières radioactives. Ce naux. La publication de ces textes est du ressort de la Direction
chapitre très succinct renvoie aux recommandations rédigées par générale de l’aviation civile du ministère des Transports.
l’OMI (Organisation maritime internationale), organe spécialisé de Les instructions techniques sont constamment actualisées par un
l’ONU fondé en 1948 par une convention entrée en vigueur dix ans groupe d’experts de l’OACI. À cette fin, le groupe d’experts sur les
plus tard. Ces recommandations sont rassemblées dans le code marchandises dangereuses se réunit périodiquement pour étudier
IMDG (International Maritime Code for Dangerous Goods) et sont les observations formulées par les États et les organisations interna-
dépourvues de valeur juridique obligatoire. Elles sont cependant la tionales intéressées, examiner les modifications éventuellement
référence en matière de transport de matières dangereuses par voie apportées aux recommandations du comité d’experts des Nations
maritime. unies en matière de transport des marchandises dangereuses et de
Une révision du code IMDG intervient tous les deux ans. La der- l’AIEA, et préparer des éditions révisées des instructions techniques.
nière version est entrée en vigueur le 1er janvier 1995. La classe 7 Les amendements recommandés par le groupe d’experts sur les
(matières radioactives) reprend les recommandations de l’AIEA en marchandises dangereuses sont examinés par la commission de
les présentant sous forme de fiches légèrement différentes : l’arri- navigation aérienne. Le conseil de l’OACI étudie ensuite, en vue de
mage, au sens maritime du terme c’est-à-dire la répartition des mar- son approbation, la version amendée des instructions techniques et
chandises à l’intérieur du navire et non leur attachement, appelé autorise sa publication.

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La réglementation du transport aérien des marchandises dange-


reuses a été conçue dans le même esprit que les recommandations
du comité d’experts des Nations unies en matière de transport des
marchandises dangereuses et le règlement de transport des matiè-
res radioactives de l’AIEA. La dernière révision des instructions tech-
niques de l’OACI est entrée en vigueur au 1er janvier 1997. Les
nouvelles recommandations de l’AIEA (cf. § 3.3) seront intégrées
dans la révision des instructions techniques de l’OACI en 2001.

3. Réglementation
du transport en France

3.1 Organisation de la sûreté du transport

En France, depuis le 11 juin 1997, la Direction de la sûreté des ins- Figure 5 – Essai de résistance au feu sur conteneur d’hexafluorure
tallations nucléaires (DSIN) des ministères chargés de l’Environne- d’uranium
ment et de l’Industrie est en charge de l’élaboration de la
réglementation de la sûreté du transport des matières radioactives à
usage civil et de sa mise en œuvre, avec l’appui technique de l’Insti-
tut de protection et de sûreté nucléaire. Cette responsabilité était Les colis destinés à des contenus potentiellement moins dange-
auparavant exercée par le ministère chargé des Transports qui con- reux (parce que moins radiotoxiques ou contenant moins de
serve la responsabilité de l’élaboration de la réglementation plus radioactivité) doivent également subir des épreuves normalisées
générale du transport des matières dangereuses, au travers notam- moins sévères, représentatives des conditions de transport de rou-
ment des conventions et accords internationaux, et donc de la cohé- tine ou incidentelles. Il s’agit des colis industriels, dont l’activité spé-
rence avec celle du transport des matières radioactives. Pour cifique et les taux de lixiviation sont faibles ainsi que des colis de
l’inspection des activités de transports de matières radioactives, type A dont le contenu radioactif est faible.
comprenant toutes les étapes, conception, fabrication maintenance Les colis non fissiles industriels ou de type A ne sont pas suppo-
des emballages, chargement, transport, déchargement, organisa- sés résister à des situations accidentelles ; toutefois, ils doivent
tion, etc., la DSIN s’appuie aussi sur les directions régionales de résister à certains incidents rencontrés dans les opérations de
l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE). manutention ou de stockage. Ils sont donc soumis aux épreuves
suivantes :
— exposition à un orage important (hauteur de précipitation de
3.2 Principes de la réglementation 5 cm/h pendant au moins 1 h) ;
— chute sur une surface indéformable d’une hauteur variable
selon la masse du colis (maximum 1,20 m) ;
Au regard de la grande variété des colis transportés, l’AIEA a — compression équivalente à 5 fois la masse du colis ;
défini une typologie des colis fondée sur l’activité totale du contenu — pénétration par chute d’une barre 1,4 kg d’une hauteur de 1 m
transporté. En fonction de son type, les prescriptions auxquelles sur le colis.
doit correspondre un colis sont plus ou moins contraignantes. À l’issue de ces épreuves, il ne doit pas y avoir perte de matière et
Les colis pour réaliser les transports potentiellement les plus dan- la dégradation de la protection radiologique doit être inférieure à
gereux sont soit les colis de type B (nécessaire, par exemple pour 20 %.
transporter plus de 8 mg de plutonium ou 10 mg de cobalt 60), soit Les colis exceptés ne sont soumis à aucune épreuve de qualifica-
les colis dits fissiles (nécessaires dès que la matière transportée tion, ils doivent toutefois respecter un certain nombre de spécifica-
peut donner lieu à une réaction critique non contrôlée). Avant tions générales comme, par exemple, un débit de dose maximal à la
l’entrée en vigueur des nouvelles recommandations de l’AIEA, ce surface inférieur à 0,005 mSv/h.
sont ces colis qui subissent les épreuves de qualification les plus
L’expertise de la conception d’un colis est structurée par une ana-
sévères. Elles concernent les aspects mécanique, thermique et
lyse fonctionnelle qui identifie les composants importants pour la
l’immersion. Un même exemplaire du colis doit être soumis à
sûreté et les exigences de performances exigées dans les conditions
l’épreuve mécanique puis à l’épreuve thermique ; celui-ci ou un
d’utilisation prescrites par la réglementation. Il faut notamment :
nouvel exemplaire peut être soumis aux effets de l’épreuve
d’immersion : — connaître les matières transportées et les risques associés ;
— prendre en compte les fonctions requises et les performances
— l’épreuve mécanique comprend un essai de chute d’une hau- à garantir dans les conditions imposées ;
teur de 9 m sur une surface indéformable (figure 2) et un essai de — inventorier les composants devant garantir de telles
perforation sur un poinçon d’une hauteur de 1 m ; performances ;
— l’épreuve thermique comprend un essai de résistance à un feu — vérifier l’existence des justifications des performances des
totalement enveloppant standardisé avec une température de composants dans les conditions imposées ;
flamme minimale de 800 ˚C pendant 30 min (figure 5) ; — vérifier le contenu des justifications apportées : bien-fondé des
— l’épreuve d’immersion consiste à immerger le colis pendant hypothèses, représentativité du modèle, validité de la méthode
8 h à 15 m de profondeur (200 m pour les combustibles irradiés). d’analyse, acceptabilité des résultats de performances.
Ces épreuves doivent être réalisées dans des stations conformes Exemple : le plutonium en quantité suffisante doit être transporté
aux critères techniques recommandés par l’AIEA. Ils sont positifs si dans un colis de type B et respecter, entre autres, des performances
le relâchement de radioactivité ou le niveau d’irradiation répondent de confinement en conditions normales de transport et en conditions
aux critères de réussite prévus dans le règlement. accidentelles de transport.

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Ainsi, les composants de confinement doivent conserver leur épreuve de perforation ou de déchirure et une épreuve d’immersion
fonction dans ces conditions. à 200 m. À l’issue de ces essais, le colis doit encore assurer les fonc-
tions de confinement de la matière, de radioprotection et de sûreté-
Exemple : les vis de fixation des couvercles doivent rester serrées,
criticité.
les joints élastomères ne doivent pas dépasser leur température limite
d’utilisation en pointe, etc., compte tenu des conditions réglementaires Les exigences des colis de type C visent à prévenir la dispersion
de choc, de feu, etc. des matières et les débits de dose élevés. Les matières présentant
un risque de dispersion limité et n’étant que faiblement irradiantes
peuvent être transportées par voie aérienne dans des colis de
type B. Ces matières sont dites matière faiblement dispersable, ou
3.3 Nouvelles recommandations LDM (Low Dispersable Material) et sont soumises pour leur qualifi-
de l’AIEA adoptée en 1996 cation à une épreuve de résistance à un choc à grande vitesse (90 m/s
sur une cible indéformable), à une épreuve thermique poussée
La nouvelle édition des recommandations de l’AIEA en 1996, qui (800 ˚C pendant 1 h) et à un test de lixiviation.
fait suite à l’édition 1985, a été renommée ST - 1 et inclut un certain Le ST - 1 impose de nouvelles exigences aux colis contenant de
nombre d’évolutions concernant notamment : l’hexafluorure d’uranium. Ils doivent notamment résister à une
— la nouvelle définition des valeurs d’exemption en fonction de épreuve thermique (800 ˚C pendant une demi-heure).
la composition isotopique de la matière transportée ;
— les programmes de radioprotection pour les activités de
transport ; 3.4 Cas du transport aérien
— le modèle de colis de type C pour le transport par voie
aérienne de grandes quantités d’activité ;
Les risques liés au transport aérien de matières radioactives
— le concept de matière faiblement dispersable et irradiante
(notamment le plutonium) ont posé question, en particulier aux
(LDM : Low Dispersable Material) pour le transport aérien ;
États-Unis, car les risques induits par un accident aérien sont plus
— les colis contenant de l’hexafluorure d’uranium.
importants que pour un accident terrestre. Les États-Unis ont été les
Les recommandations du ST - 1, bien que ne constituant pas un premiers à développer un règlement national pour le transport de
règlement directement applicable, seront intégralement reproduites plutonium par avion. Par ailleurs, lors du retour du plutonium issu
dans les recommandations applicables par mode de transport, qui du retraitement de la France vers le Japon le transport aérien avait
seront à leur tour transposées ou référencées dans les réglementa- été évoqué.
tions nationales. Leur mise en application doit intervenir, pour le
La qualification des colis de type C passera par des essais réalisés
mode routier dans l’ADR à partir de juillet 2001 (de manière faculta-
sur au moins trois spécimens.
tive pour une durée de 18 mois), pour le mode ferroviaire avec le
RID à partir de janvier 2001 (de manière facultative pour une durée Les épreuves prévues pour les colis de type B sont complétées,
de 12 mois), pour le mode aérien dans les Instructions Techniques entre autres, par des épreuves :
de l’OACI à partir de janvier 2001, et le mode maritime dans le code — d’ensevelissement, pour garantir l’absence de risque lié à
IMDG à partir de janvier 2001 (de manière facultative pour une l’échauffement (une bonne évacuation thermique) ;
durée de 12 mois). Il est à noter que la multimodalité des recom- — d’impact sur une cible indéformable à la vitesse de 90 m/s ;
mandations est réduite dans le ST - 1 avec l’introduction notam- — de tenue à un incendie de 800 ˚C pendant 1 h ;
ment des modèles de colis de type C et des matières de type LDM — de perforation par une chute de 3 m sur un poinçon.
qui sont spécifiques au mode aérien.
Les seuils d’exemption pour l’activité totale ou l’activité spéci-
fique des matières transportées ont été redéfinis en fonction de la 3.5 Cas du transport maritime
radiotoxicité de chaque isotope. Ces seuils sont cohérents avec ceux
spécifiés dans les documents de référence internationaux, comme Le transport des matières dangereuses par voie maritime obéit au
par exemple les International Basic Safety Standards for Protection code maritime international des marchandises dangereuses élaboré
against lonizing Radiation and for the Safety of Radiation Sources sous l’auspice de l’Organisation maritime internationale. Cette ins-
émis par l’AlEA et l’OMS. Ils remplacent l’ancienne valeur unique de tance a adopté, en novembre 1993, un code pour la sûreté du trans-
70 Bq/g qui avait l’inconvénient de couvrir quatre ordres de gran- port de combustible nucléaire irradié, de plutonium et de déchets de
deur d’écart de risque engagé, selon le radionucléide considéré. haute activité dans des emballages à bord des navires, dit code INF.
Le ST - 1 requiert un programme de radioprotection pour les acti- Ce code classe les navires transportant les matières radioactives en
vités de transport, dont la forme dépend de l’importance et de la trois catégories et impose des exigences plus ou moins importantes
nature des expositions et qui doit être constamment tenu à la dispo- en fonction de la classe. Ces exigences s’appliquent, en particulier :
sition de l’autorité compétente. Ainsi, les programmes doivent tenir — à la stabilité du navire ;
compte des niveaux de doses individuelles annuelles : — à la protection incendie ;
— moins de 1 mSv/an (pas d’exigence particulière) ; — au contrôle de la température dans les espaces de
— entre 1 et 6 mSv/an (suivi au poste de travail ou suivi chargement ;
individuel) ; — à la structure des navires ;
— plus de 6 mSv/an (suivi individuel). — à l’arrimage de la cargaison ;
Dans le but de couvrir le cas des accidents aériens graves pour les — à l’équipement électrique ;
colis contenant de grandes quantités d’activité, des exigences de — aux équipements et aux programmes de protection
sûreté d’un nouveau type de modèle de colis, appelé type C, ont été radiologique ;
définies dans le ST - 1. Les colis devront satisfaire des exigences — à la formation et à l‘entraînement des équipages ;
spécifiques aux colis de type C, dès lors que l’activité de leur — au plan d’urgence sur le navire.
contenu dépasse 3 000 fois l’activité nécessitant l’usage d’un colis Les navires transportant le plutonium et les combustibles irradiés
de type B. appartiennent à la classe la plus contraignante. Il faut noter que bien
Le modèle de colis de type C doit satisfaire tout d’abord les qu’il ne s’agisse que de recommandations, la France les a rendues
mêmes exigences que le modèle de colis de type B, et doit ensuite obligatoire pour les navires battant pavillon français par arrêté
résister à des épreuves supplémentaires, telles qu’une épreuve de ministériel de janvier 1996. Par ailleurs, certains pays souhaiteraient
résistance au choc à grande vitesse (90 m/s sur une cible indéforma- que ces recommandations soient complétées par des recommanda-
ble), une épreuve thermique poussée (800 ˚C pendant 1 h), une tions relatives :

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— à la réalisation d’études d’impact en cas de naufrage ; favoriser ce retour d’expérience. Ces données sont aussi transmises
— au suivi des navires INF ; à l’AIEA afin d’alimenter la base de données internationale EVTRAM
— à la récupération des colis immergés en cas de naufrage. (Event in the Transport of Radioactive Material).
En cas d’incident ou d’accident de transport de matières radioac-
tives susceptible d’affecter la sûreté, les industriels, les expéditeurs
ou les transporteurs impliqués doivent le plus rapidement possible
4. Transport de l’hexafluorure faire une déclaration auprès de l’autorité compétente. Cette déclara-
d’uranium tion doit être établie en renseignant un formulaire permettant de
collecter les informations relatives à l’événement, 60 à 70 paramè-
tres peuvent ainsi être renseignés et sont complétés par un résumé
L’interaction expertise-recherche en appui de la réglementation de l’événement.
est illustrée par l’exemple qui suit.
Les nouvelles exigences relatives aux colis contenant de l’hexa- Les événements sont répartis en accident, incident et non-
fluorure d’uranium sont issues d’une réflexion entamée à la suite de conformité :
l’accident du cargo français le Mont-Louis, en 1984. — un accident de transport de matières radioactives implique
L’expertise plus précise des conséquences des accidents (impact, des colis chargés de matières radioactives et entraînant des con-
incendie) mettant en cause un de ces colis a alors conduit à s’inter- séquences importantes, par exemple, une dispersion de matiè-
roger sur leur intégrité en cas d’incendie ; en effet l’hexafluorure res radioactives ou une exposition effective, supérieures aux
d’uranium, solide à la température ambiante, fond autour de 60 ˚C limites autorisées en routine, un dommage important au véhi-
pour générer un mélange solide, liquide, gaz au fur et à mesure que cule ou au colis, une victime, une menace importante pour la
la température augmente jusqu’à entraîner une surpression interne sûreté ;
susceptible de faire éclater le conteneur. C’est pourquoi l’IPSN (Ins- — un incident de transport aurait pu avoir mais n’a pas eu
titut de protection et de sûreté nucléaire) a proposé d’introduire des conséquences importantes réelles telles celles entrant dans
dans les recommandations de l’AIEA des exigences de tenue à la définition d’un accident, par exemple, un colis retrouvé intact
l’incendie, comparables à celles applicables aux colis de type B. En sur la voie publique est un incident car révélateur d’une perte
parallèle à cette action de nature réglementaire, l’IPSN a coordonné antérieure qui aurait pu avoir des conséquences graves si le
et exécuté dans ses installations un programme de recherche inter- contenu du colis avait été retiré de son emballage ;
national d’étude du comportement des grands colis de transport — une non-conformité est le non-respect, lors d’un transport,
d’hexafluorure d’uranium dans un incendie. Ce programme avait de la réglementation des transports de matières radioactives en
pour objectif d’acquérir les connaissances nécessaires à la réalisa- vigueur et des documents administratifs applicables.
tion d’un code de calcul permettant d’expertiser, dans le futur, les
demandes des industriels pour les colis devant répondre à de nou-
velles exigences. Le programme expérimental a débuté en 1990, il En 1997, il y a eu 118 événements répertoriés en France
s’est achevé le 13 juin 1996 par le sixième essai de simulation d’un (4 accidents, 10 incidents et 104 non-conformités) et en 1998, il y a
incendie sur un conteneur prototype rempli d’hexafluorure d’ura- eu 74 événements (15 accidents, 9 incidents et 50 non-conformités).
nium, instrumenté et placé dans un four sous vide. Les informations Dans la mesure où ce système de déclaration est récent, il est pré-
déduites de ces essais ont permis d’élaborer un code de calcul simu- maturé d’exploiter statistiquement ces données. Néanmoins, on
lant le comportement de l’hexafluorure d’uranium dans les condi- peut signaler que sur ces 19 accidents, on compte :
tions d’un incendie. Les simulations appliquées aux conteneurs dits — le naufrage par 3 000 m de fond d’un cargo transportant trois
48Y (les plus fréquemment utilisés dans le monde avec un parc de colis de type B contenant 5 sources de césium 137 ;
100 000 conteneurs et un trafic de 10 000 transports par an) mon- — trois accidents de camionnettes sur autoroute transportant des
trent, d’une part, qu’il se pourrait que ces conteneurs ne résistent colis à usage médical (23 colis) et un gammagraphe, deux des acci-
pas à l’épreuve d’incendie réglementaire, d’autre part, que la pré- dents ont entraîné une contamination du lieu de l’accident ;
sence de protections thermiques aux extrémités des conteneurs
— 13 accidents de manutention dans les aéroports impliquant au
limite la cinétique de montée en pression à l’intérieur des conte-
total 18 colis, un seul de ces 18 colis impliqués a perdu son
neurs. Le comportement ultime des conteneurs 48Y en température
contenu ;
et en pression a aussi été étudié par un programme expérimental
pour compléter, par une approche thermomécanique sur le conte- — un accident de chemin de fer en gare de triage où trois conte-
neur, l’approche thermophysique sur le comportement de l’UF6 neurs de nitrate d’uranyle ont été légèrement endommagés ;
dans le conteneur. Les modalités de prise en compte du risque lié à — une tempête occasionnant des dégâts importants sur des
l’hexafluorure d’uranium est exemplaire des interactions qui lient conteneurs contenant de l’U3O8.
recherche, expertise et réglementation dans le domaine de la sûreté. Afin de permettre au public et aux médias d’évaluer l’importance
Les propositions d’évolution réglementaire faites par la France à d’un accident de transport de matières radioactives, la France a
l’AIEA, appuyées par ce programme expérimental, ont été adoptées adapté l’échelle internationale des événements nucléaires (INES),
au niveau international. applicables aux installations nucléaires, aux transports des matières
radioactives.
L’échelle INES est applicable à des événements se produisant
5. Incidents et accidents dans toutes les installations nucléaires associées à l’industrie
nucléaire civile et aux événements survenant pendant le transport
de transport de matières radioactives à destination et en provenance de ces ins-
tallations. Bien que l’échelle n’ait pas été conçue spécifiquement
pour une application au transport de matières radioactives en géné-
5.1 Déclaration des incidents et accidents ral, des indications sur le classement des événements survenant
pendant le transport sont données dans le manuel INES.
Dans l’introduction, l’importance du retour d’expérience a été L’échelle INES a sept niveaux. Elle prévoit d’appliquer successive-
évoqué comme moyen de faire progresser la sûreté du transport des ment trois types de critères (incidence hors site, incidence sur site,
matières radioactives. En France, la collecte et la centralisation des dégradation de la défense en profondeur) et de retenir le plus péna-
informations concernant les incidents et accidents a pour objectif de lisant afin de définir le niveau de classement d’un incident.

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Les transports considérés ayant lieu sur la voie publique, seuls les — de 1 par million de vols plus 0,5 par milliard d’avions-
critères incidence hors site et dégradation de la défense en profon- kilomètres) ;
deur sont à prendre en compte (le cas du transport sur site, pour — de 0,1 par million de bateaux-kilomètres.
lequel les dispositions peuvent être différentes de la réglementation Selon ces hypothèses, on peut s’attendre théoriquement, pour le
du transport sur la voie publique, peut être examiné par application trafic français, à un accident sévère par an impliquant un transport
directe des critères de l’échelle INES applicables aux installations, de matières radioactives par route, un tous les trente ans par fer,
ou par l’application des critères de la dégradation de la défense en moins d’un par siècle par air et un tous les huit ans par mer.
profondeur).
Les incidents et accidents de transports de matières radioactives
Comme pour les événements survenant dans les installations, le sont recensés en France. Il s’agit de l’ensemble des faits ayant per-
classement des événements sur la base des incidences hors du site turbé un transport, que la matière ait été ou non impliquée dans
tient compte des incidences radiologiques à l’extérieur du colis de l’événement. Depuis 1975, on observe une dizaine d’événements en
transport, exprimées en terme de quantité d’activité rejetée ou moyenne par an. Le plus souvent, il s’agit d’accidents de la circula-
d’exposition du public. Il faut cependant noter que dans le cas du tion. Dans près de la moitié des cas, le colis n’a pas été endommagé.
transport, le mode de relâchement de l’activité peut être sensible- Dans un cas sur cinq environ, il a subi un dommage superficiel (car-
ment différent de ce qui est susceptible de survenir dans les installa- ton d’emballage déchiré, boîte déformée sans perdre son étan-
tions. chéité...). On note également des disparitions temporaires ou non de
■ S’agissant du classement au titre de la dégradation de la colis de radio-isotopes.
défense en profondeur, deux cas généraux peuvent se présenter. En moyenne, moins d’un événement par an a, ou aurait pu avoir,
● Premier cas : il y a dégradation de la défense en profondeur (le des conséquences significatives. Cette valeur est cohérente avec
non-respect d’une procédure par exemple), mais il n’y a pas d’acci- celle fournie statistiquement, qui indique en moyenne un peu plus
dent de transport. Cette dégradation aurait pu aggraver les consé- d’un événement grave par an.
quences d’un accident de transport s’il était survenu (concept des ■ Accident de Montpellier
conséquences potentielles). Le classement prend alors en compte le
niveau d’atteinte des fonctions de sûreté. Lorsque les conditions Une collision entre un train et un tracteur à bagages qui traversait
d’exploitation approuvées sont respectées, le classement reste au la voie ferrée en gare de Montpellier a eu lieu le 21 septembre 1983.
niveau 0. Des colis radioactifs de type A expédiés par l’ORIS se trouvaient
Pour mémoire, les fonctions de sûreté à prendre en compte sont : dans les bagages : sept boîtes en carton contenant divers radioélé-
ments et deux fûts contenant chacun un générateur de technétium
— le confinement (couvercle, orifices, joints d’étanchéité, joints
de type ELUMATIC, le tout d’une activité totale « commerciale » de
soudés, protection mécanique, protection thermique...) ;
15 milliards de becquerels (30 milliards de becquerels au départ de
— le refroidissement (ailettes de refroidissement...) ;
Saclay).
— la protection radiologique (plomb, résines, plâtre...) ;
— la protection contre le risque de criticité (aménagements inter- Grâce à leur faible masse, les boîtes en carton ont subi peu de
nes...). dommages et n’ont donné lieu à aucune dispersion de matière
radioactive. En revanche, deux colonnes chromatographiques con-
● Second cas : il y a dégradation de la défense en profondeur ini-
tenant du molybdène 99 ont été expulsées des colis et l’une d’elle,
tiée par un accident de transport. Le classement prend alors en en se brisant, a contaminé la cabine de la motrice et le ballast de la
compte la gravité de l’accident de transport (intensité de la sollicita- voie ferrée.
tion des fonctions de sûreté), la dégradation des fonctions de sûreté
(état après l’accident) et la durée nécessaire pour recouvrer une Les opérations de contrôle de contamination ont porté sur
situation normale (durée appréciée en fonction des données de con- 291 personnes ; 19 ont accusé une réaction positive, qui ne s’est pas
ception des fonctions de sûreté : tenue dans le temps). révélée significative.
La dégradation de plusieurs fonctions de sûreté occasionnée par La contamination qui en est résultée n’a pas été alarmante du fait
un accident du type le plus grave sera classé au niveau 3. Le main- des faibles quantités transportées et de la courte période radioactive
tien du respect des conditions d’exploitation approuvées après un des radioéléments. Les moyens de décontamination mis en œuvre
accident du type le moins grave sera classé au niveau 0. ont été importants ; deux voies ferrées ont été neutralisées pendant
une journée et la motrice a fait l’objet d’une décontamination.
Cet incident a suscité une réflexion en collaboration entre l’ORIS
5.2 Quelques incidents et l’IPSN sur la sûreté du transport des colis de type A étayée par
une étude du comportement des colis de générateurs de technétium
Plus de 300 000 colis radioactifs sont transportés chaque année et des colis radiopharmaceutiques. Ces études n’ont pas montré la
en France par route, fer, air ou mer. Inévitablement, ce trafic est sou- nécessité de modifier la conception des colis, la sûreté en cas d’acci-
mis à des incidents ou accidents de transport. dent étant, avant tout, assurée par la limitation de l’activité transpor-
tée. Toutefois, le concept du système de fermeture a été modifié.
On peut évaluer le trafic annuel :
Une étude menée en parallèle sur la sûreté du transport de géné-
— par route à 5 millions de véhicules-kilomètres (10 000 trans- rateurs de technétium dans le tunnel du Mont-Blanc a abouti à la
ports par an de 500 km en moyenne) ; conclusion que la quantité d’activité transportée par véhicule devait
— par fer à 0,6 million de wagons-kilomètres (1 200 wagons, être limitée au 1/3 de l’activité transportée dans un colis de type A.
500 km) ;
■ Accident du Mont-Louis
— par air à 2 millions d’avions-kilomètres (1 000 avions,
2 000 km) ; Le 25 août 1984, à 15 km au large d’Ostende, le cargo français
— par mer à 1,5 million de bateaux-kilomètres (300 bateaux, Mont-Louis, appartenant à la CGM (Compagnie générale maritime),
5 000 km). coulait après avoir été abordé par un transbordeur. Reposant par
15 m de fond à marée basse sur un banc de sable, le navire conte-
Les statistiques d’accidents de transport de matières dangereuses nait notamment 30 conteneurs industriels de type 48Y remplis
indiquent que la probabilité d‘occurrence d’un accident sévère (fai- d’hexafluorure d’uranium d’enrichissement inférieur à 1 %, repré-
sant l’objet d’un rapport par la force publique, ce qui ne signifie pas sentant une masse totale de 350 t d’UF6. Sur les 30 conteneurs, 21
pour autant que le colis soit endommagé) est : appartenaient à la COGEMA et 9 à la COMURHEX. Compte tenu de
— de 0,2 par million de véhicules-kilomètres par route ; la nature de la cargaison, la décision fût prise de procéder, le plus
— de 0,05 par million de wagons-kilomètres ; rapidement possible, au repêchage des conteneurs d’UF6 afin de

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Seule la jupe extérieure, qui empêche le contact manuel de la


paroi de l’emballage, est endommagée ; un premier contrôle de
débit d’équivalent de dose ne révèle aucune anomalie.
Les vérifications effectuées le lendemain confirment qu’il n’y a
pas de perte d’intégrité de la protection biologique.
L’irradiateur est alors rapatrié à l’ORIS qui vérifie le bon état de la
mécanique de mise en service des sources, répare la jupe endom-
magée, quelques jours plus tard, l’appareil est réexpédié vers la
Zambie.
L’ORIS a instauré depuis un système de permanence et
d’astreinte, en liaison avec les systèmes existants, permettant à tout
transporteur ou service de sécurité de joindre dans un bref délai un
agent ORIS capable d’informer et de conseiller en cas d’incident, et
de déclencher, si nécessaire, un plan d’action approprié.
■ Incident sur l’emballage dit SV 27
Le 19 mars 1987, à Saclay, dans les locaux d’OSIRIS, réacteur
expérimental du Commissariat à l’énergie atomique, une anomalie
de montage a été décelée avant le chargement d’un emballage
Figure 6 – Récupération des conteneurs d’hexafluorure d’uranium
« SV 27 ». Une anomalie de montage analogue avait conduit à une
après le naufrage du Mont-Louis, en 1984
sortie partielle de la source (aiguille d’iridium 192) en 1982. Cette
anomalie de montage fait correspondre la position ouverte du
barillet avec l’indication « fermé » de la manivelle de commande du
récupérer la matière. La récupération de l’ensemble des barillet. Il s’agit en fait d’un montage défectueux de la manivelle,
30 conteneurs s’est déroulée dans des conditions difficiles à cause celle-ci pouvant occuper quatre positions sur le carré de manœuvre.
d’une situation météorologique défavorable (figure 6). Les conte-
neurs se sont tous révélés étanches, à l’exception d’un dont la vanne Ces emballages, utilisés au Centre d’Études nucléaires de Greno-
avait été déformée, entraînant une entrée d’eau d’environ 50 litres ble, à Siloé, avaient été restitués à l’ORIS sans avoir subi les modifi-
et d’un autre accusant une perte de masse bien que sans fuite appa- cations pour être mis en conformité avec le certificat d’agrément
rente à la vanne. délivré par le ministère chargé des transports.

À la suite de cet accident l’AlEA a recommandé de tenir compte à En effet en 1982, l’ORIS avait mis en place un système de détrom-
la fois des risques chimiques (dégagement d’acide fluorhydrique page, interdisant tout montage incorrect de la manivelle de com-
possible) et radioactifs de cette matière. Par ailleurs, de nouveaux mande du barillet. L’ensemble de son parc d’emballages avait été
protège-vannes et capots amortisseurs de chocs ont été mis au révisé, à l’exception de celui utilisé à Grenoble, contrairement à la
point pour ces emballages, et des études sur l’arrimage ont été demande effectuée par l’ORIS. Cette société ne s’étant pas assurée
menés par l’IPSN et la société belge TRANSNUBEL. de l’exécution de la modification demandée et n’ayant pas contrôlé
l’emballage à son retour à Saclay, l’emballage incriminé n’était donc
Enfin, un conteneur-enveloppe, dont le rôle essentiel est d’assurer pas conforme au certificat d’agrément, contrairement aux déclara-
le confinement de la matière en cas de fuite accidentelle sur un con- tions de cette société au moment de la demande de prorogation du
teneur d’UF6, a été acquis par l’établissement de COGEMA de Pier- certificat d’agrément.
relatte au cours du mois de septembre 1985. Ce conteneur, de
conception identique à celui acheminé sur le lieu du naufrage du Afin d’éviter le renouvellement de ce type d’anomalie, l’ORIS a
Mont-Louis, pourra être utilisé pour tous les emballages de trans- mis en place une procédure de maintenance des emballages, en
port d’hexafluorure d’uranium actuellement en usage dans l’indus- associant à chaque emballage une fiche suiveuse et une fiche de
trie nucléaire française, en cas de doute sur leur intégrité. contrôle détaillant les caractéristiques d’entretien spécifiques. Ces
documents permettent de consigner les modifications des emballa-
■ Perte d’une source de cobalt ges pour chaque modèle utilisé et reflètent ainsi l’évolution des cer-
En gare de Dijon, en mars 1985, une source radioactive scellée de tificats d’agrément.
près de 2 milliards de becquerels de cobalt 60 a été retrouvée avec ■ Accident de circulation de Lailly en Val
l’aide du Centre du Commissariat à l’énergie atomique de Valduc, en
dehors de son emballage, dans un camion de transport. Le 15 juin 1987, un accident de circulation a eu lieu sur une route
départementale, impliquant un transport d’éléments combustibles
Il est apparu que cet incident résultait directement de manque- irradiés venant de la centrale de Saint-Laurent A et se dirigeant vers
ments à la réglementation relative au transport des matières la gare de la Ferté-Saint-Aubin. L’emballage était de type B et pesait
radioactives : environ 60 t dont 5 t de combustible. La responsabilité du transport
— le sceau de sécurité réglementaire n’avait pas été apposé sur était assurée par la COGEMA.
l’emballage ; Pour laisser passer une voiture qui doublait son camion, le chauf-
— la déclaration d’expédition n’avait pas été établie ; feur a fait une manœuvre qui a légèrement déporté la remorque sur
— l’étiquette « radioactive » semble n’avoir pas été collée sur le le côté droit de la chaussée. Le bas-côté de la route s’est affaissé
conteneur (ce point n’a pu être établi clairement). sous le poids et la remorque a basculé vers le fossé. L’emballage, qui
était simplement posé et maintenu par des cornières-guides sur le
Ces manquements sont de la responsabilité de l’expéditeur. plateau de la remorque, a basculé et est tombé dans le fossé,
■ Incident à l’aéroport de Roissy s’enfonçant de plus de 1 m dans la terre.
Le 2 février 1987, à la suite d’une fausse manœuvre lors des opé- La situation a entraîné l’intervention des divers services. La gen-
rations de « palettisation », en vue du chargement sur un avion darmerie, renforcée d’éléments de l’armée, a assuré le bouclage et
cargo mixte, un irradiateur IBL 600, contenant 3,6 x 1015 Bq la sécurité du chantier. La cellule mobile d’intervention radiologique
(3,6 millions de milliards de becquerels) de cobalt 60, bascule et fait du service départemental d’incendie et de secours a effectué les
une chute d’environ 50 cm sur la piste. L’irradiateur devait être expé- mesures radiologiques permettant de vérifier l’absence de risque
dié par ORIS-Industrie, société fabriquant l’irradiateur, vers la Zam- d’exposition et de contamination. L’installation, par les pompiers,
bie. d’un PC mobile, muni de moyens radioélectriques et équipé de

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lignes téléphoniques par les PTT, a assuré la continuité des liaisons ■ Contamination d’emballages de transport de combustible
avec les diverses autorités concernées. irradié
Les moyens techniques, diligentés par la COGEMA, n’ont pu être Chaque année, environ 200 colis contenant des combustibles irra-
acheminés qu’après d’importants délais liés à la nature même des diés quittent les centrales nucléaires d’EDF à destination de l’usine
matériels de levage et de terrassement ; en particulier, la grue de retraitement COGEMA de La Hague. Ces colis sont presque tous
venant de Limoges est arrivée près de 30 h après l’accident ; une transportés par rail jusqu’au terminal ferroviaire de Valognes, pro-
fois sur place, leur mise en œuvre a permis d’évacuer l’emballage. priété de COGEMA, puis, une fois déchargés, continuent leur route
Cet accident de circulation sans conséquence radiologique a été par camion jusqu’à l’usine de La Hague, située à 30 km. Depuis le
spectaculaire par l’importance du matériel concerné : convoi excep- début des années 1990 au moins, il a été constaté par COGEMA, à
tionnel, remorque de grande dimension, colis de 60 t, mise en place l’arrivée à Valognes, une contamination surfacique d’un pourcen-
d’une grue automobile de 350 tonnes. tage important de colis et de wagons de transport. Ainsi, en 1997,
35 % des convois utilisés par EDF présentaient une contamination
■ Exposition d’un réceptionniste
surfacique, en au moins un point, supérieure à la limite réglemen-
En juillet 1990, la filiale américaine de la société ClS-Bio Interna- taire fixée à 4 Bq/cm2 ; le niveau maximal correspondait à un point
tional (ORIS) a reçu une source d’iode 131 contenue dans un flacon de contamination atteignant une valeur de 8 000 Bq/cm2, à l’inté-
brisé provenant de son site de Saclay. Cet état de fait ayant été cons- rieur d’un wagon, partie inaccessible au public. Ces faits n’avaient
taté, le colis a alors été réexpédié à Saclay, avant d’être ouvert, mais pas été communiqués aux autorités de contrôle, ni au public.
sans alerter le destinataire du colis à Saclay.
Ce dépassement n’a pas eu de conséquences sanitaires pour le
Le 23 juillet le réceptionniste de Saclay ouvrit ce colis sans pré- public et les travailleurs. Néanmoins, le transport de ce type de
caution particulière et reçut une dose de l’ordre de 0,6 mSv à la thy- matières a été suspendu pour ne reprendre qu’au début de l’année
roïde. 1999, après qu’EDF et COGEMA aient présenté à l’autorité de sûreté
Depuis le service retour-client a été réorganisé de manière à un plan d’action sur le nombre de points de mesure de contamina-
considérer à priori tout colis comme suspect. tion, sur la propreté radiologique des zones de déchargement des
■ Accident lors d’un déchargement de colis de emballages et sur la généralisation des bonnes pratiques sur les
combustibles irradiés dans le port de Cherbourg sites EDF.
Le 17 décembre 1991, dans le port de Cherbourg, au moment ■ Naufrage d’un porte-conteneurs au large des Açores
d’une rupture de charge, alors que le colis de combustible irradié
quittait un navire pour être chargé sur un wagon, l’une des deux Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1997, le porte-conteneurs MSC
chaînes auxquelles était suspendu le colis a cédé. Le colis s’est Carla, d’une longueur de 280 m avec double paroi et double fond,
retrouvé dans une position oblique, heurtant le pont du navire. Il a s’est brisé en deux lors d’une tempête de force 11-12 sur l’échelle
fallu 6 heures pour le remettre à l’horizontale et le charger sur son Beaufort au large des Açores (l’échelle d’intensité des tempêtes
wagon. Cet incident n’a eu ni conséquence matérielle pour l’embal- maritimes va jusqu’à 12, il s’agit donc d’une tempête très impor-
lage ni conséquence radiologique. La COGEMA a réalisé sur le port tante). Ce navire reliait le Havre aux États-Unis et transportait plus
de Cherbourg un engin de levage spécifique à ses besoins. de 1 400 conteneurs dont l’un contenant trois irradiateurs à usage
médical pour un hôpital de la région de Boston (États-Unis). Les
■ Chute d’un conteneur d’hexafluorure d’uranium dans le trois irradiateurs contenaient cinq sources scellées de chlorure de
port du Havre césium.
Le 22 mars 1996, lors du déchargement de conteneurs d’hexafluo-
rure d’uranium, dit 48Y, dans le port du Havre, l’un de ces conte- La partie arrière du navire a été remorquée jusqu’à un port des
neurs a chuté d’une hauteur de 4 m sur un conteneur de même type. Açores, la partie avant, contenant les irradiateurs, a coulé, le
La chute est la conséquence d’une défaillance électromécanique du 30 novembre 1997, par 3 000 m de fond. L’équipage a pu être sauvé.
palonnier de déchargement. Les mesures de contamination effec- Le risque de remontée des sources dans un filet de pêche est a
tuées par les pompiers du Havre et le CEA ont conclu à l’absence de priori nul, en effet, les techniques de pêches employées dans ces
contamination. Afin de s’assurer de l’absence de risque et de la léga- zones n’atteignent pas plus de 2 000 m de profondeur. Par contre, à
lité du transport, le Procureur de la République a requis l’expertise 3 000 m de fond, sous les effets conjugués de la pression et de la
technique de l’IPSN. Après examen du conteneur qui a chuté et de corrosion, le chlorure de césium va, tôt ou tard, diffuser dans l’envi-
celui qui a reçu l’impact, légèrement endommagés, l’IPSN a conclu ronnement. Des études montrent, en effet, que la corrosion peut,
au maintien de l’intégrité de ceux-ci. dans certaines conditions, conduire à la perte d’étanchéité des cap-
■ Déraillement de trois wagons transportant des combus- sules de chlorure de césium au bout de deux mois.
tibles irradiés
Aussi, les conséquences d’un rejet instantané des 330 TBq (330 x
Le 4 février 1997, dans une zone d’aiguillage proche de la gare 1012 becquerels) de chlorure de césium contenu dans le navire ont
d’Apach, à proximité des frontières allemande et luxembourgeoise, été étudiées. Les calculs, réalisés à l’aide d’un modèle de dispersion
trois wagons spéciaux chargés, chacun, d’un colis de combustibles marine, conduisent pour un individu du groupe critique, se nourris-
irradiés, provenant de la centrale d’Emsland (Allemagne) et à desti- sant essentiellement de produits de la mer issus des eaux contami-
nation de Sellafield, déraillent à la suite de la rupture d’un rail. Le nées, à une dose efficace de 5 x 10−12 Sv/an. Même avec un grand
déraillement s’est produit à faible vitesse (28 km/h) et un des trois facteur d’incertitude, les doses maximales pour un individu du
wagons s’est incliné fortement sans toutefois basculer. Les trois groupe critique apparaissent non significatives.
wagons ont été remis sur les rails au bout de 24 heures et ont pu
être acheminés vers Dunkerque. Pour gérer l’accident, le préfet de la Des contrôles périodiques de contamination de l’eau de mer et
Meuse a mis en place une organisation de crise afin de coordonner des poissons sont réalisés sous le contrôle des autorités portugai-
l’action des différents intervenants. L’IPSN a dépêché auprès du Pré- ses. Une réflexion a été engagée pour examiner si les performances
fet un expert afin de s’assurer de l’intégrité des colis et de la possi- des colis sont compatibles avec les éventuelles opérations de récu-
bilité de les acheminer vers Dunkerque. Bien que les colis n’aient pération qui pourraient être décidées dans le cas d’un colis reposant
pas subi de dommages apparents, ils ont dû subir une révision com- au fond de la mer à des profondeurs intermédiaires (entre 200 et
plète avant leur réutilisation. 2 000 m).

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