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Faculté de Médecine de Nouakchott
Mauritanie
Article Original
Les Fractures Du Rachis Cervical En Mauritanie : Epidémiologie Et Prise En Charge.
Epidemiology and management of Cervical Spine Fractures in Mauritania.
Auteurs :
AhmedSalem Kleib1,2*, Cheikh Elmoustaph Erebih3, Dah Mohamed Billal4, Roughaya Teyib Ebatt5, Ahmedou
El Mokhtar Eleit6, S. Memou6, Sidi Salem Memou6, Sidi Mohamed Salihy6, Outouma Soumare5
Auteur correspondant : AhmedSalem Kleib, MD Department of Neurosurgery
Faculté de Médecine, Université de Nouakchott AlAasriya,
BP 5026, Nouakchott, Mauritanie.
Email : remyk@yahoo.fr
Affiliation des auteurs :
1 Department of Neurosurgery, Université de Nouakchott AlAasriya, BP 5026, Nouakchott, Mauritanie.
2 Department of Neurosurgery, CHRU Bretonneau, Tours, France
3 Department of Orthopaedic Surgery Nouakchott, Mauritania
4 Department of Anesthesiology, Nouakchott, Mauritania;
5 Centre Hospitalier des Specialités. Department of Neurosurgery
6 Department of Neurosurgery, Centre Hospitalier National de Nouakchott
Article Info Résumé
Soumis : le 04/01/2019 Introduction :
Accepté : le 18/06/2019
La fracture du rachis cervical (FRC) est souvent associée à des accidents de la route ou
des chutes. Elle est associée à une morbidité et une mortalité importantes. L'objectif princi‑
pal de cette étude est de déterminer, l'incidence de la FRC en Mauritanie, le pro il épidémio‑
logique et également d'é valuer le traitement chirurgical de ces patients.
Matériels et méthodes :
Une étude rétrospective sur une période de 5 ans allant du 1er aoû t 2011 au 31 juillet
2016, chez des patients présentant un traumatisme de la colonne cervicale (TCC).
Résultats :
Au total, 77 patients atteints de FRC ont été inclus dans l'étude. L'â ge moyen était de 42,5
± 13,8 ans, avec une fourchette de 15 à 80 ans, et le ratio hommes / femmes était de 3,8: 1. Le
groupe d’â ge le plus touché est 16‑25 ans (n = 20; 26%). La première cause était l’accident de
la voie publique (n = 60; 80%). Le taux d'incidence des fractures du rachis cervical en Mauri‑
tanie est estimé à 1,84 / 100 000. Le niveau lésionnel vertébral le plus atteint est C5‑6 et C6‑7.
Les lésions associées étaient les suivantes: traumatisme thoracique: (n = 9; 12%) et trauma‑
tisme crâ nien (n = 7; 9%). Le traitement conservateur a été réalisé chez 21 patients (27%). le
traitement chirurgical a été réalisé chez 46 patients (n = 46; 60%). Dix patients (13%) sont
décédés avant d'avoir été opérés. Quarante‑six patients ont été opérés (60%). Nous avons ob‑
servé un incident à type d’erreur de niveau et une complication à type de istule œso‑tra‑
chéale. Les patients ont été revus à un mois et à six mois, avec un control radiologique et une
é valuation par l'échelle de dé icience ASIA.
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Conclusion :
La colonne cervicale est le segment de la colonne vertébrale le plus souvent lésés. Cette
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étude est utile pour pré venir et gérer les traumatismes.
Mots clés : rachis cervical • traumatisme • épidémiologie • Mauritanie
Abstract
Introduction :
Cervical spine fracture (CSF) is often caused by road accidents and falls. They are asso‑
ciated with signi icant morbidity and mortality. The primary goal of this retrospective study
is to determine the incidence of Traumatic cervical spine fracture (CSF) in Mauritania, the
epidemiological pro ile and also to evaluate the surgical management of these patients.
Materials and Methods :
A retrospective study of CSF over a 5‑year period of time from August 1, 2011 to July 31,
2016, involving patients who have a cervical spine trauma (CST).
Results :
A total of 77 patients with CSF were included in the study. The mean age was 42.5±13.8
years, with a range of 15–80 years, and the male/female ratio was 3.8:1. The most affected
age group is 16‑25 years old (n = 20, 26%). The most common mechanisms of injury were
motor vehicle accidents (MVA) (n=60; 80%). The incidence rate of cervical spine fractures
in Mauritania is estimated at 1.84 / 100,000. The common distribution of vertebral lesions
is C5‑6 and C6‑7. The associated lesions were, thoracic trauma: (n= 9; 12%) and head injury
(n= 7; 9%). The conservative treatment was performed in 21 patients (27 %). The Surgical
treatment was performed in 46 patients (n= 46; 60%). Ten patients (13%) died before they
reach surgery. Forty‑six patients were operated (60%). We reported one error of level, and
one oeso‑tracheal istula. All Patients were seen again at one month and at six months eva‑
luated by ASIA impairment scale, and radiologically.
Conclusion :
The cervical spine is the most commonly injured spinal segment in Mauritania. This do‑
cumented study could be useful in preventing and managing trauma by giving us clues and
general insights into trauma.
Mots clés : Cervical spine • trauma • epidemiology • Mauritania
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gestion des traumatismes et des troubles de la co‑ taux d'incidence des fractures du rachis cervical en
lonne verté brale en Mauritanie. Nous rapportons Mauritanie est estimé à 1,84 / 100 000. La distribu‑
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cette sé rie ré trospective des FRC sur une pé riode de tion commune des lé sions verté brales est ré sumé e
5 ans allant du 1er aoû t 2011 au 31 juillet 2016, chez dans la Figure 2. Les lé sions associé es é taient les
des patients victimes d’un traumatisme de la co‑ suivantes : traumatisme thoracique : (n=9; 12%) et
lonne cervicale (TCC). Tous les patients â gé s de 15 traumatisme crâ nien (n=7; 9%). Le traitement
conservateur a é té ré alisé chez 21 patients (27%).
ans ou plus ont é té inclus. Le diagnostic de fracture a
Le traitement chirurgical a é té effectué chez 46 pa‑
é té é tabli sur des critè res cliniques et radiologiques.
tients (n=46; 60%). Le temps moyen entre le jour de
Nous avons noté les caracté ristiques é pidé miolo‑
l'hospitalisation et le jour du traitement chirurgical
giques des patients: â ge, sexe, circonstances de la é tait de 11,35 jours ± 16,28 avec des extrê mes de 1 à
survenue du traumatisme, transport, dé lai entre 59 jours. Un collier cervical a é té utilisé chez des pa‑
l’accident et la chirurgie, statut neurologique des pa‑ tients en pré et postopé ratoires dans le but de
tients selon l’é chelle ASIA (American Spinal Injury l'immobilisation du rachis cervical pendant 45 jours.
Association), le traitement et l'é volution. Nous avons L’é chelle de dé icience ASIA, (é chelle modi ié e de
utilisé le logiciel IBM SPSS Statistics 20.0 (IBM Corp. Frankel) qui est une é chelle rapide multimodale (dé ‑
Armonk, NY, Etats‑Unis) pour l'analyse statistique icience, incapacité ) universellement utilisé e pour
classer les blessé s mé dullaires en caté gories fonc‑
Résultats tionnelles et pronostiques, a é té utilisé e pour é va‑
Soixante‑dix‑sept patients ayant une FRC ont é té luer l’é tat neurologique de tous nos patients (Figure
inclus dans l'é tude. L'â ge moyen é tait de 42,5 ± 13,8 3). Dix patients (13%) sont dé cé dé s avant d'avoir
ans, avec des extrê mes de 15 ans et 80 ans, et le ra‑ é té opé ré s. Quarante‑six patients ont é té opé ré s
tio hommes / femmes é tait de 3,8: 1. Le groupe d’â ge (60%). Les dé cè s sont dus à des troubles neuro‑vé ‑
le plus touché est celui des 16‑25 ans (n = 20; 26%) gé tatifs, respiratoires et hé modynamiques. Nous
(Figure 1). Les principales causes é taient les avons observé une erreur de niveau et une istule
accidents de la voie publique (AVP) (n = 60; 80%), œso‑traché ale. Tous les patients ont é té revus à un
les chutes d’animaux (n = 8; 10%), les accidents du mois et à six mois, é valué s selon l'é chelle de dé i‑
travail (n = 5; 6%), le chute de hauteur (n = 3; 3%) cience ASIA et radiologiquement (Figure 4). Dix pa‑
et en in la plongé e en eau peu profondes (n = 1; 1%). tients sont dé cé dé s des suites de troubles
Le transport des patients du lieu de l'accident vers neuro‑vé gé tatifs, respiratoires et hé modynamiques
les hô pitaux s’est fait par des volontaires non‑initié s et douze patients sont dé cé dé s en postopé ratoire
aux premiersgestes de secourisme et au ramassage (15%). Quarante et un patients (53%) é taient en bon
des TCC. Cependant, le transfert des patients entre é tat neurologique (ASIA E), une pseudarthrose de
les hô pitaux ré gionaux et la ville de Nouakchott a é té l’odontoı̈de et deux patients souffrant de douleur
effectué par ambulance mé dicale (n = 8; 10%). Le neuropathique.
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Figure 2 : Ré partition selon le
niveau lé sionnel.
Figure 4 : Fracture de type
Hangmann et instabilité C2‑3.
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pale cause de morbidité et de mortalité dans de dans les pays de l'hé misphè re nord, notent au cours
nombreux pays[7]. Les é tudes sur l'é pidé miologie du des derniè res dé cennies une augmentation de l'â ge
TCC sont rares par rapport aux publications é pi‑ mé dian des patients traumatisé s de la colonne verté ‑
dé miologiques sur les traumatismes de la colonne brale [14,15], où les chutes sont la principale cause
verté brale en gé né ral[5,8–10]. La FRC est fré quente de traumatisme; ils repré sentent 49,7% des cas, sui‑
et constitue un problè me de santé publique en Mau‑ vis des accidents de la route [10]. La fré quence des
ritanie comme le con irme la pré sente é tude : l'â ge fractures verté brales causé es par des chutes
moyen des patients é tait de 39,6 ± 15,4 ans, avec des accidentelle d’une hauteur é levé e a diminué , tandis
extrê mes de 15 ans et de 80 ans. Le groupe d’â ge le que la fré quence des fractures causé es par des
plus touché est celui des 16‑25 ans et repré sente chutes d’une faible hauteur non intentionnelles a
26% des cas. On note des variations dans la litté ra‑ augmenté [5,10,16]. Nos ré sultats ont indiqué que
ture. L'â ge moyen des patients traumatisé s à la co‑ les lé sions les plus fré quentes se situent au niveau
lonne cervicale varie de 42 à 56 ans [5, 9, 10]. Le de C5 et C6. Cependant, Uche Eo et al.[17] ont signa‑
groupe d'â ge le plus touché est celui des 46‑90 ans lé une incidence é levé e de C5 dans 38,4% des cas,
qui s'explique par le grand nombre de personnes suivie de C6 dans 17,9% des cas. Nos donné es
â gé es, plus susceptibles de se blesser avec l'â ge et la montrent que, selon la classi ication ASIA, les grades
perte d'agilité [5, 10]. La pré dominance masculine a E (40%) et A (40%) é taient majoritaires au cours de
é té observé e chez les patients (79,2%). Le sex ratio notre é tude, ce qui s'explique par la cause du trau‑
est de 3,8 en faveur des hommes. Cela pourrait matisme. Dans notre é tude, 9% des patients pré sen‑
s'expliquer par le fait que les hommes conduisent taient un traumatisme crâ nien modé ré ou grave
plus de vé hicules que les femmes et par l'extrê me concomitant. Ce faible nombre de traumatismes crâ ‑
prudence des femmes face aux dangers, quels qu'ils niens modé ré s et graves observé s dans notre sé rie
soient. En outre, d'autres é tudes dans diffé rents pays est trè s probablement lié au traumatisme à haute
avec des cultures diffé rentes ont é galement montré é nergie qui conduit à une association de fracture de
les mê mes ré sultats [11]. L'incidence des TCC dans la colonne cervicale et de lé sions crâ niennes. Les vic‑
la population gé né rale reste inconnue, tandis que times dé cé daient avant d'arriver à l'hô pital. Les
l'incidence dans diffé rentes sous‑populations, telles traumatismes crâ niens et la colonne cervicale sont
que les patients des centres de traumatologie, les hô ‑ é troitement lié s [18,19]. Le traitement conservateur
pitaux, les villes et les pays ont é té publié es[5,12,13]. a é té ré alisé chez 21 patients (27%). Dans notre sé ‑
Dans notre é tude, l'incidence des TCC est de 1,84 / rie, un traitement chirurgical a é té ré alisé chez 46
100 000 par an. Ce taux est faible par rapport aux patients, soit 59,74% des cas. Le dé lai moyen de chi‑
é tudes pré cé dentes et s’explique par la gravité de rurgie é tait de 11,35 jours ± 16,28, avec des ext‑
nos accidents de la route et des dé cè s sur les lieux de rê mes de 1 à 59 jours en fonction de l'é tat
l’accident ou lors du transport qui ne igurent pas neurologique du patient et de la disponibilité du ma‑
dans notre é tude. Tous nos patients ont d’abord é té té riel d'osté osynthè se. Dans l'é tude d'Uche Eo et al.
transporté s au centre de santé le plus proche par des [17] la duré e entre le traitement chirurgical et le
volontaires non‑initié s aux premiers gestes de se‑ traumatisme variait de huit heures à 265 jours
courisme et au ramassage des TCC. Cette dé faillance (moyenne de 121,7 ± 3,9 jours à 95% à un intervalle
du transport est responsable de la sé vé rité neurolo‑ de con iance à 95%) et de 25,5 ± 1,1 jours pour une
gique. Plusieurs é tudes ont rapporté la ré duction de ré duction ouverte à 70,3 jours. ± 2,1 jours pour la
la souffrance de la moelle é piniè re grâ ce à l'organi‑ traction seule à 257 ± 7,8 jours chez les patients trai‑
sation du transfert mé dical des patients. Les cir‑ té s avec un collier cervical [17]. Nous pensons,
constances du traumatisme sont dominé es par les comme Glennie et al. [20], que les raisons du retard
AVP. Cela est dû au non‑respect, des rè gles de sé curi‑ de la prise en charge chirurgicale é taient en rapport
té routiè re, des limitations de vitesse, au mauvais avec la disponibilité de la salle opé ratoire, le trans‑
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port des patients du lieu de l’accident, ou d'autres Conclusion
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centres, l'é tat de santé des patients, le manque de La fractures du rachis cervical (FRC) est une pa‑
ressources et de la disponibilité du chirurgien sur thologie courante dans la population jeune et en
appel. Dix patients (13%) sont dé cé dé s aprè s la chi‑ pleine activité . Cette é tude documenté e pourrait ê tre
rurgie. Les dé cè s sont dus à des troubles respira‑ utile pour pré venir et gé rer les traumatismes en
toires et hé modynamiques neuro‑vé gé tatifs. Ces nous fournissant des indices et des informations gé ‑
patients avaient initialement une té traplé gie com‑ né rales sur les traumatismes. Identi ier les per‑
plè te. Cela pourrait s'expliquer par le manque de sonnes à risque de lé sion de la colonne cervicale
plate‑forme technique pour assurer des soins peut aider à dé velopper des attitudes et des poli‑
adé quats aux patients de notre service et par les tiques nationales visant à ré duire la mortalité . Elle
conditions dans lesquelles les blessé s sont transpor‑ contribuera au contrô le et à la pré vention des trau‑
té s du lieu de l'accident à l'hô pital. Tous nos patients matismes dans notre pays et à la mise en œuvre de
ont é té mobilisé s tô t et ont reçu une hé parine de bas protocoles de gestion des traumatismes de la co‑
poids molé culaire et une kiné sithé rapie pré coce. Au‑ lonne verté brale a in d’utiliser nos ressources plus
cun de nos patients n'a eu une complication throm‑ ef icacement.
boembolique.
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