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République Islamique de Mauritanie

‫اﻟﺠﻤﮭﻮرﯾﺔ اﻹﺳﻼﻣﯿﺔ اﻟﻤﻮرﯾﺘﺎﻧﯿﺔ‬


Honneur –Fraternité – Justice
Ministère de l’Enseignement ‫ﻋﺪاﻟﺔ – إﺧﺎء‬-‫ﺷﺮف‬
Supérieur, de la ‫وزارة اﻟﺘﻌﻠﯿﻢ اﻟﻌﺎﻟﻲ واﻟﺒﺤﺚ اﻟﻌﻠﻤﻲ‬
Recherche Scientifique ‫ﺟﺎﻣﻌﺔ ﻧﻮاﻛﺸﻮط‬
Université de Nouakchott 2023- 2022 ‫اﻟﺴﻨﺔ‬
Année-2021/2022 ‫اﻟﺮﺳﺎﻟﺔ رﻗﻢ‬
Thèse N°:

Faculté de Médecine, de Pharmacie et


d’Odonto-Stomatologie
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes
au service de neurochirurgie du Centre Hospitalier
National de Nouakchott

THESE
Pour l’obtention du diplôme de
D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le :
PAR
Oumar Moustapha
Né le 17/12/1992 à Boghé (Mauritanie)
MOTS-CLES : Suppurations intracrâniennes, abcès cérébral, empyème
cérébral

JURY
Président :
M. SOUMARE Outouma Professeur Hospitalo-universitaire
Membres du Jury :
M. DIAGANA Mohamedou Boubacar Professeur Agrégé
M. SALIHY Sidi Mohamed Professeur Agrégé
M. SID’AHMED Mohamed Professeur Agrégé
M. LEDOUR Sid’Ahmed Professeur Agrégé

Directeurs de Thèse :
M. KLEIB Ahmed salem Chef de Clinique Assistant
Co-Directeurs de Thèse :
M. SECK Mame Diack Chef de Clinique Assistant
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

LISTE DU PERSONNEL ENSEIGNNANT 2021/2022

PROFESSEURS HOSPITALO UNIVERSITAIRES

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M. MOHAMEDOU Moustapha Médecine interne
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M. MOHAMED BABA Nacer Eddine Anatomo-pathologie
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M. SALIHI Sidi Mohamed Neurochirurgie
M. SID'AHMED TALEB Baba Chirurgie générale
M. SID'AHMED Ledour ORL
M. SID'AHMED Mohamed Anesthésie –réa
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M. SIDI EL WAFI Md Baba Médecine interne
M. SID’ELY Mohamed Mahfoudh Anesthésie –rea
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M. WEDDIH Abdallahi Sidi Mohamed Pédiatrie
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

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CHEFS DE CLINIQUE ASSISTANTS


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M. BA Houleymata Cardiologie
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M. BAH Oumar Mohamed Sidiya Gynécologie-obstétrique
M. BATHILY Cheikh Tijani Chirurgie générale
M. BEZEID Mohameden Pédiatrie
M. BILAL Dah Mohamed Anesthésie –réanimation
M. CAMARA Sirakhé Cardiologie
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M. DAHI Mohamed El Moctar ORL
M. DIAGANA Mohamed Urologie
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M. EL MOCTAR Ahmedou Neurochirurgie
M. EL VILALI Khadijetou Gynécologie-obstétrique
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M. HABIB Mohamed Salem Anesthésie -réanimation
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M. JIDDOU Mohamed Sidi Baba Ophtalmologie
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M. KANE Ahmed Dahara Chirurgie Pédiatrique
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La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

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M. SOULEIMANE Aly Traumatologie orthopédie
M. TFEIL Yahya Urologie
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M. ZEIN Ekhtel Benina Pédiatrie
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Dédicaces et remercîments
‫‪La prise en charge des suppurations Intracrâniennes‬‬

‫أﻗﺴﻢ ﺑﺎﻟﻠﻪ اﻟﻌﻈﻴﻢ‬

‫ي ﻣﻬﻨﺘﻲ اﻣﺘﺜﺎﻻ ً ﻷواﻣﺮ ﷲ؛‬ ‫أن أؤد َ‬ ‫•‬


‫ة اﻹﻧﺴﺎن ﻓﻲ ﻛﺎﻓﺔ ﻣﺮاﺣﻠﻬﺎ ﻓﻲ ﻛﻞ اﻟﻈﺮوف و‬ ‫ن ﺣﻴﺎ َ‬‫ﺻﻮ َ‬‫و أن أ ُ‬ ‫•‬
‫اﻷﺣﻮال؛‬
‫ل ﻣﺎ ﻓﻲ وﺳﻌﻲ ﻹﻧﻘﺎذ اﻟﻨﺎس ﻣﻦ اﻟﻬﻼك و اﻟﻤﺮض و اﻷﻟﻢ‬ ‫و أن أﺑُﺬ َ‬ ‫•‬
‫واﻟﻘﻠﻖ؛‬
‫ﻢ أﺳﺮاَرﻫﻢ؛‬ ‫س ﻛﺮاﻣَﺘﻬﻢ و أﺳﺘَﺮ ﻋﻮراﺗِﻬﻢ وأﻛﺘ َ‬ ‫و أن أﺣﻔﻆَ ﻟﻠﻨﺎ ِ‬ ‫•‬
‫ﻲ أو ﻓﻘﻴٍﺮ‪،‬‬
‫و أن أﺑﺬل رﻋﺎﻳﺘﻲ اﻟﻄﺒﻴﺔ ﻋﻠﻰ اﻟﺪوام دون ﺗﻤﻴﻴﺰ ﺑﻴﻦ ﻏﻨ ‪h‬‬ ‫•‬
‫ﻖ أو ﻋﺪو؛‬ ‫ﺢ‪ ،‬ﺻﺪﻳ ٍ‬ ‫ﺢ أو ﻃﺎﻟ ٍ‬
‫ﺐ أو ﺑﻌﻴٍﺪ‪ ،‬ﺻﺎﻟ ٍ‬ ‫ﻗﺮﻳ ٍ‬
‫ن ﻻ إﻳﺬاﺋﻪ؛‬‫ﻊ اﻹﻧﺴﺎ ِ‬ ‫ﺨﺮه ﻟﻨﻔ ِ‬ ‫و أن أﺛﺎﺑَﺮ ﻋﻠﻰ ﻃﻠﺐ اﻟﻌﻠﻢ و أﺳَ ‪p‬‬ ‫•‬
‫ﻞ ﻓﻲ اﻟﻤﻬﻨﺔ اﻟﻄﺒﻴﺔ ﻓﻲ‬ ‫ﺧﺎ ﻟﻜﻞ زﻣﻴ ٍ‬ ‫و أن أ ُوَ‪p‬ﻗَﺮ ﻣﻦ ﻋ‪u‬ﻠﻤﻨﻲ‪ ،‬و أن أﻛﻮن أ ً‬ ‫•‬
‫ﻧﻄﺎق اﻟِﺒﺮ واﻟ‪u‬ﺘْﻘﻮى‪.‬‬
‫ل ﺷَﻬﻴٌﺪ‬
‫و ﷲُ ﻋﻠﻰ ﻣﺎ أُﻗﻮ ُ‬
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

PLAN
PLAN
I. INTRODUCTION 1
II. MATERIELS ET METHODES 3
II.1. Type d’étude 4
II.2. Durée de l’étude 4
II.3. Lieu de l’étude 4
II.4. Population de l’étude 4
II.4.1. Critères d’inclusion 4
II.4.2. Critères d’exclusion 4
II.5. Collecte des données 4
III. RESULTATS 5
III.1. La fréquence et l’incidence 6
III.2. La répartition selon l'âge 7
III.2.1. Abcès 7
III.2.2. Empyèmes 7
III.3. La répartition selon le sexe 7
III. 3.1. Abcès cérébraux 7
III. 3.2. Empyèmes 7
III.4. Les facteurs étiologiques 7
III.5. Les données cliniques 8
III.5.1. Le délai diagnostic : 8
III.5.2. Le mode d’installation 8
III.5.3. Les signes cliniques 8
III.5.4. Le Score de Glasgow 8
III.6. Examens paracliniques 9
III.6.1. La tomodensitométrie cérébrale 9
III.6.2. Les bilans biologiques 11
III.7. La durée d’hospitalisation 11
III.8. Le traitement 12
III.8.1. Le traitement chirurgical 12
III.8.2. Le traitement médical 12
III.9. Évolution 13
IV. DISCUSSION 14
IV.1. La fréquence et L'incidence 15
IV.2. Le sexe 16
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

IV.3. L’âge 16
IV.4. Étiologies : 17
IV.5. Données cliniques : 18
IV.5.1. Le délai diagnostic 18
IV.5.2. Les Signes cliniques 18
IV.5.3. Le Score de Glasgow 19
IV.6. Les examens paracliniques : 20
IV.6.1. La tomodensitométrie cérébrale 20
IV.6.2. Les bilans biologiques 20
IV.7. Le traitement : 21
IV.7.1. Le traitement Médical 21
IV.7.1.1. Les antibiotiques 21
IV.7.1.2. Les anticonvulsivants 22
IV.7.1.3. Les corticoïdes 23
IV.7.2. Le traitement chirurgical 23
IV.8. Évolution 23
V. CONCLUSION 25
VI. REFERENCES 29
Introduction La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

I. INTRODUCTION
Les suppurations intracrâniennes (SIC) sont des collections abcédées
focales d’origines infectieuses réunissant les abcès cérébraux et les empyèmes
intracrâniens. Les SIC développées au sein du parenchyme cérébral sont des
abcès cérébraux, alors que si elles sont cloisonnées et de sièges extra
cérébrales se sont des empyèmes intracrâniens qui peuvent être en extra ou sous
durales [4].
Une SIC est une urgence neurochirurgicale et elle nécessite souvent un drainage
pour soulager la pression intracrânienne et identifier le germe incriminé.
Une approche multidisciplinaire est primordiale pour la prise en charge
des SIC. C’est une des pathologies neurochirurgicales les plus fréquentes dans
les pays à faibles revenus, notamment l’Afrique sub-saharienne [3].

Le neurochirurgien est le noyau de l'équipe travaillant en étroite


collaboration avec un infectiologue, un microbiologiste et un neuroradiologue.
La formation d'abcès cérébraux intracrâniens est une interaction directe entre la
virulence du micro-organisme incriminé et la réponse du système immunitaire
de l’hébergeur[23].
La symptomatologie clinique dépend des forces impliquées dans l'interaction de
l'organisme hôte, répartition des abcès cérébraux(nombre, taille et siège),
structures cérébrales spécifiques impliquées et le retentissement sur les structures
anatomiques de voisinage impliquant les citernes, les ventricules et les sinus
veineux duraux [23].
L’imagerie moderne, par Tomodensitométrie (TDM) ou Imagerie par
Résonance Magnétique (IRM) a profondément modifié la prise en
charge des SIC par le diagnostic qui est devenu plus précoce, et par la
précision topographique qui est devenu meilleure[22].

1
Introduction La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Les techniques chirurgicales ont progressé grâce aux procédés de repérage. La


réanimation et le traitement contre l’œdème sont devenus efficaces. La
microbiologie permet d’isoler plus facilement les souches permettant un
traitement général et local mieux adapté (5). De même le pronostic s’est
progressivement amélioré par la découverte des différentes familles
d’antibiotiques [1, 2].

L’incidence annuelle sur 100000 habitants des SIC est évaluée à 1,3 aux
états unis d’Amérique et à 3 pour la France. Cette incidence est augmentée avec
le nombre é l e v é d’immunodéprimés par le VIH surtout dans les pays
Africains [10].

En Mauritanie les SIC fréquemment rencontrées en pratique hospitalière


n’ont pas encore fait l'objet d'une étude approfondie.

L’objectif de cette étude est d’évaluer la prise en charge des collections


suppurées cranio- encéphaliques au service de neurochirurgie du
Centre Hospitalier National (CHN) et de comparer nos résultats avec
ceux de la littérature.
1. Objectif Général :
Étudier la prise en charge des SIC au service de neurochirurgie du CHN
2. Objectifs Spécifiques :
a) Déterminer la fréquence des SIC (en fonction du type) au service de
neurochirurgie du CHN.
b) Définir les approches thérapeutiques des SIC au service de
neurochirurgie du CHN.
c) Décrire l’évolution des patients pendant et après leur hospitalisation.

2
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

II. MATERIELS ET METHODES

3
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

II. MATERIELS ET METHODES


II.1. Type d’étude
Il s’agît d’une étude rétrospective sur la prise en charge des SIC au
service de neurochirurgie du CHN à propos 26 cas.

II.2. Durée de l’étude


L’étude s'est déroulé du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2021
II.3. Lieu de l’étude
L’étude est réalisée au service de neurochirurgie du CHN
II.4. Population de l’étude
II.4.1. Critères d’inclusion
Tous les patients qui ont été hospitalisés durant la période de l’étude pour
un prise en charge d'une SIC.
II.4.2. Critères d’exclusion
Nous avons exclu de notre étude les collections suppurées d’origine
tuberculeuse et les dossiers incomplets.
II.5. Collecte des données
Cette enquête a été menée à l’aide d’une fiche d’exploitation pour le
recueil des données (voir Annexe).

4
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III. RESULTATS

5
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III. RESULTATS
III.1. La Fréquence et l’incidence

Sur une période de 3 ans, nous avons colligé 26 cas de suppurations


intracrâniennes, dont 18 patients avaient un abcès cérébral et 8 patients avaient
un empyème cérébral. Les abcès cérébraux représentent 69.2% des suppurations
intracrâniennes contre 30.8% pour les empyèmes.
La fréquence moyenne des :
o Abcès cérébraux est de 6 cas/an
o Empyèmes intra crâniens (EIC) est de 2.66 cas/an
L’incidence des :
o Abcès cérébraux est 0,45 pour 100 000 personnes.
o Empyèmes est 0,15 pour 100 000 personnes.

III.2. La répartition des patients selon l'âge

4 8

3
5
2
3 3 3
1 2 2

0
0-10 11--20 21-30 31-40 41-50 51-60 >60

Figure 1 : répartition des patients selon l’âge

III.2.1. Abcès cérébraux

6
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

La moyenne d'âge des patients est de 35 ans avec des âges extrêmes
de 3 mois et 80 ans.

III.2.2. Empyèmes :
La moyenne d'âge des patients est de 21,12 ans avec des âges
extrême de 13 et 55 ans.
III.3. La répartition des patients selon le sexe
La répartition des patients pris en charges dans notre série pour une SIC selon le
sexe est de 17 hommes soit 65.4% et de 9 femmes soit 34.6 %.

III. 3.1 Abcès cérébraux :


La répartition des patients pris en charges dans notre série pour un abcès
cérébral selon le sexe comprend 10 patients de sexe masculin (55.55%) et 8
patients de sexe féminin (44.44%) avec un sex-ratio de 1.25.

III. 3.2 Empyèmes :


La répartition des patients pris en charges dans notre série pour un EIC est de 7
patients de sexe masculin (87,5%) contre 1 patiente de sexe féminin (12.5) avec
un sex-ratio de 7 hommes / 1 femme.

III.4. Les facteurs étiologiques


Tableau I : répartitions selon les portes d’entrée
Étiologies Effectifs Pourcentage (%)
Oto-rhino-laryngologique (ORL) 11 42.3
Cardiaque 1 3.8
Bucco-dentaire 1 3,8
Inconnu 13 50
Total 26 100

7
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III.5. Les données cliniques


III.5.1. Le délai diagnostic :

Le délai diagnostic dans notre série varie de 1 j à 7 mois pour les


abcès et une semaine à 2 mois pour les empyèmes.

III.5.2. Le mode d’installation

Le mode installation est progressif dans 93 % des cas et le 7% restant est


brutal.

III.5.3. Les signes cliniques


Tableau II : répartitions des patients selon les signes cliniques
Signe cliniques Effectifs Pourcentage (%)
HIC 24 92,3
Fièvre 22 84,6
Trouble de la conscience 12 46.2
Aphasie 11 42,3
Crise convulsive 3 11,5

III.5.4. Score de Glasgow


Le score selon L'échelle de Glasgow (Glasgow coma scale ou GCS).
Tableau III : La répartition des patients selon le Score de Glasgow
Score de Glasgow Effectifs Pourcentage (%)
03-08 4 15
09-12 10 39
13-15 12 46
Total 26 100

8
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III.6. Examens paracliniques


III.6.1. La tomodensitométrie cérébrale

Une tomodensitométrie cérébrale (TDM) était réalisé en urgence pour tous


les patients et deux patients ont eu une imagerie par résonance magnétique
(IRM) voir Figures 2 ,3 et 4.

Tableau IV : La répartition selon la localisation au scanner cérébral


Suppurations Siège Effectif
Abcès
Capsulo-lenticulaire gauche 1
Frontal droite 2
Frontal Gauche 6
Fronto Temporal bilatéral 1
Temporal droite 2
Temporal gauche 4
Temporo-pariétal droite 1
Temporo-pariétal gauche 1
Total 18
Empyèmes
Pariéto-temporal droite 1
Frontal droite 2
Frontal Gauche 3
Fronto-temporo-pariétal droite 1
Fronto-temporo-pariétal gauche 1
Total 8

9
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Figure 2 : Scanner cérébral avec et sans injection : abcès cérébral avec images “en
cocarde” : centre hypodense (pus), limité par la capsule rehaussée par le produit de contraste,
et entouré d’une zone hypodense (œdème périlésionnel).

Figure 3: Scanner cérébral avec et sans injection : hématome sous dural chronique cérébral.
avec images “en cocarde” : centre hypodense (pus), limité par la capsule rehaussée par le
produit de contraste, et entouré d’une zone hypodense (œdème périlésionnel).

Figure 4 : Abcès cérébral typique en IRM.


Axial T1  avec gadolinium : prise de contraste de la capsule: capsule fine hyperintense ,
nécrose centrale hypo-intense, et effet de masse. Axial diffusion : le centre de l’abcès est
hyperintense.

10
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III.6.2. Bilans biologiques

Tableau V : La répartition selon le nombre des leucocytes


Nombre des leucocytes (/ mm3) Effectifs Pourcentage (%)
0-10 4 15,4
10-20 13 50
20-30 5 19,2
Manquants 4 15,4
Total 26 100

Tableau VI : La répartition selon le taux d’hémoglobine (Hb)


Taux de Hb (g/dl) Effectifs Pourcentage (%)
5-10 6 23,1
10-15 15 57 ,7
15-20 1 3 ,8
Manquants 4 15,4
Total 26 100

III.7. La durée d’hospitalisation


Elle est de quelque jour à un mois avec des extrêmes de 1 jour et 33 jours.

Tableau VII : La répartition selon la durée d’hospitalisation


Durée d’hospitalisation Effectifs Pourcentage (%)
< 1 semaine 3 11,5
1 à 2 semaines 9 34,6
2 semaines à 1mois 10 38,5
> 1 mois 4 15,4
Total 26 100

11
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

III.8. Traitement
• Le traitement chirurgical
Tableau VIII : Le type du traitement chirurgical
Suppurations Siège Effectif Abord chirurgical
Abcès
Capsulo-lenticulaire 1 Non
Gauche
Frontal 9 Mini-abord frontal
Temporal 8 Mini-abord temporal
Empyèmes
Pariéto-temporal droite 1 Ponction
Frontal 7 Mini-abord frontal

• Le traitement médical
Le traitement a été instauré par voie parentérale pendant 3 semaines.

Tableau IX : La répartitions des patients selon le traitement médical


Traitement Effectif
Céfotaxime - métronidazole-Aminoside 26
Antalgique 26
Corticoïde 12
Anticoagulants 1
Anticonvulsivants 3
Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) 3

On utilise une céphalosporine de 3ème génération pendant 21 jours


(Céfotaxime), les aminosides pendant 5 jours (la gentamycine) et

12
Résultats La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

un nitro-imidazole (le métronidazole) pendant 15 jours puis relais per os par


les phénicolés (Thiamphénicol, 500 mg Par jour) pendant 4 semaines.

III.9. Évolution
Une guérison sans séquelles est retrouvée dans 92.3% des cas dans notre
série avec une bonne évolution clinique après le traitement (24 cas) et 7.7% sont
décédé soit 2 cas.

13
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

IV. DISCUSSION

14
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

IV. DISCUSSION
IV.1. La fréquence et L'incidence

Abcès cérébraux :
- La fréquence des abcès cérébraux
Dans notre série, les abcès cérébraux ont représenté 18 cas sur les 26
dossiers collectés soit 69.2% des SIC soit une fréquence annuelle de 6
cas d’abcès cérébraux en moyenne. Ce résultat est supérieur à celui
trouvé par Ni YH et al. qui était 2,3 cas par an [24]. Cependant il est
inférieur à celui de la série de Baiz Y qui avait trouvé 9,5 cas par an [4].
- L'incidence des abcès cérébraux
Elle a été estimée à 0,3 à 1,3 pour 100 000 personnes par an mais peut être
considérablement plus élevé dans certains groupes à risque, par exemple, les
patients atteints du VIH/SIDA.
Au cours des 30 dernières années, de nouvelles procédures de diagnostic, telles
que les techniques d'imagerie cérébrale (IRM et TDM) et la biopsie
stéréotaxique, et l'introduction de nouveaux antibiotiques ont considérablement
modifié la prise en charge des patients hospitalisés pour un abcès cérébral ou un
empyème , du moins dans les pays à revenu élevé [10].

Empyèmes intracrâniens :
Dans notre étude on a trouvé 8 cas d’empyème soit 30.8% des SIC soit une
fréquence annuelle de 2.66 cas d’empyème en moyenne.
Dans le travail d’Ouiminga et al. la fréquence était de 44,4 % pour un effectif de
225 cas des SIC (100 cas) [26]. Barry et al. ont trouvé 43.2 % d’empyèmes sur
les 204 cas de SIC colligées [6].

15
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Dans une autre étude de Drame BM l’empyème intracrânien représentait 44,4


% des SIC [14] , de plus, Barakate k a trouvé 17 cas d’EIC sur une période de 9
ans allant de Janvier 1996 à Décembre 2004[5].
L’incidence des empyèmes intracrâniens est de 0,15 pour 100000
personnes.
L’incidence des EIC a été estimée à 3,33 cas par an en moyenne. Sur les 30
cas d’EIC étaient constitués de 23 cas d’empyème sous dural / 7 cas
d’empyème extra dural dont 1 cas mixte. L’âge moyen des patients était de
15,35 ans [11].
IV.2. Le sexe
Dans notre série on a une prédominance du sexe masculin avec 17 hommes
soit 65.4% et 9 femmes 34.6 % ce qui est concordant avec la série de Barry et
al [6] qui ont trouvé 163 Homme (soit 79%) pour 41 Femme (soit 20.09%) [6].
Dans l’étude de Coulibaly HC, il y avait une prédominance masculine avec
19patients de sexe masculin (19h/4f) avec un sex-ratio de 4,75 [11].
Dans l’étude de Toure I le sexe masculin représente 30 cas soit 76,90 % avec un
sexe ratio de 3,33 [28].
Notre résultat est proche de celui de Coulibaly A qui a trouvé 10 cas de
sexe masculin contre 02 cas de sexe féminin[12].
IV.3. L’âge :
Abcès cérébraux
Dans notre série, la tranche d’âge la plus touchée était entre 11 et 20 ans (8 cas,
soit 30.8%). La moyenne d’âge étant de 35 ans avec des extrêmes d’âge de 3
mois et 80 ans ce qui s’explique par le faible nombre de patients pédiatriques
dans notre série.
Notre résultat est identique à la série de Baiz Y qui a trouvé que la moyenne
d’âge était de 25,7 ans et que la tranche d’âge la plus touchée était entre 15 et 30
ans [4]

16
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

L’âge moyen en Afrique subsaharienne était bas comme chez Coulibaly A de


14,25 ans avec des extrêmes de 4 mois à 36 ans [12] de même que pour
Coulibaly H C [11] qui a eu un âge moyen de 15,35 ans.
Empyèmes
La moyenne d'âge est de 21,12 ans avec des âges extrêmes de 13 et 55 ans. La
tranche d’âge la plus représentée était de 10 -20 ans.
Notre résultat est proche de celui de Toure I[28] où la tranche d’âge la plus
représentée était entre 15 et 44 ans, la moyenne d’âge étant 19,40 ans avec des
extrêmes de 6 mois à 60 ans.
La moyenne d’âge est de 22, 34 ans pour les empyèmes avec des âges extrêmes
de 2 mois et 81 ans pour Baiz et al.[4].
De même pour Ouiminga et al. [26] où l’âge moyen était de 21 ans (1 à 73 ans).
L'âge moyen des patients était de 33,6 ans et 70 % étaient des hommes[10].

IV.4. Étiologies :
La porte d’entrée oto-rhino-laryngologique (ORL) est fréquente lors des SIC
vu la contiguïté. Une infection ORL aiguë ou chronique peut être responsable
d’abcès cérébraux et empyèmes intracrâniens. Ce sont des complications graves
pouvant engager le pronostic vital. Par ailleurs, elles peuvent être
responsables de séquelles neurologiques parfois sévères après la guérison[17].
Dans notre série l’étiologie la plus retrouvée est d’origine ORL dans 11 cas
soit 42.3%, buccodentaire dans 1 cas soit 3.8%, cardiaque dans un 1 cas soit
3.8% l’étiologie inconnue dans 13 cas soit 50% des cas.
Une étude rétrospective sur 12 ans allant de 1995 à 2007 réalisée à Sfax en
Tunisie a trouvé 23 patients traités pour des suppurations intracrâniennes dont la
porte d’entrée identifiée était une infection ORL [17].
Baiz Y [4] a trouvé dans son étude que la sphère ORL était la porte d’entrée la
plus fréquente (29,82%), suivie des traumatismes crâniens (21,05%), de même

17
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

que pour Barry et al. [6] ou la Porte d’entrée était dominée par les infections
ORL dans 62% des cas et elle n’était pas identifiée dans 29% des cas.
Greenlee JE et al. [16] ont trouvé que la porte d’entrée des SIC était d'origine
ORL dans 60 à 90% des cas dans la littérature.
Dans l’étude de Kanikom et al. [20] l’origine de l’infection était post
traumatique chez 5 patients (29,41%), locorégionale par contiguïté chez 5
(29,41%) dont 3 (17,65%) à point de départ sinusien et 2 cas (11,76%) d’otite
chronique, hématogène à partir d’une carie dentaire chez 4 (23,53%) tandis
qu’aucune porte d’entrée n’était retrouvée chez 3 patients (17,65%).

IV.5. Données cliniques :


Le délai diagnostic
Dans notre série ce délai varie entre 1 j et 7 mois pour les abcès cérébraux et
entre une semaine et 2 mois pour les empyèmes.
Dans l’étude de Baiz Y [4] le délai de diagnostic allait de quelques jours à
quelques semaines avec des extrêmes de 5 j et 3 mois pour les abcès cérébraux
et une semaine et 2 mois pour les empyèmes. Tewari et al.[27] rapportent un
délai de 2 à 10 jours.
Un long délai a été rapporté dans la littérature par Cudennec et al. [13] ,et
Ouiminga et al. [26] allant jusqu'à 3 mois.
Dans une série pédiatrique Olorunmoteni OE et al. [25] ont trouvé un délai
moyen avant le diagnostic de 12,7 ± 13,4 jours.

Signe clinique

Dans notre série 92.3% des patients présentent une hypertension intracrânienne
(HIC) soit 24 cas, la fièvre été présente chez 22 patients soit 84.6% des cas ; les
troubles de la conscience chez 12 patients soit 46.2% des cas et on a noté que

18
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

l’aphasie été présente chez 2 patients soit 7.7% des cas, et les crises convulsive
chez 11 patients soit 42.3 des cas.

La triade classique : fièvre, maux de tête et déficits neurologiques focaux était


présente chez 131 des 668 (20%) patients. Le taux de létalité est passé de 40% à
10% au cours des 5 dernières décennies, tandis que le taux de patients ayant un
rétablissement complet est passé de 33% à 70%[10]. Dans l’étude de Alliez B et
al. [1] on a trouvé la fièvre dans 19 cas soit 43% ; l’amaigrissement dans 18 cas
(41 % ), l’obnubilation dans 14 cas (32%),le déficit moteur dans 30 cas (68%),
l’aphasie dans 5 cas, l’ HTIC dans 23 cas ( 52%) et la Comitialité dans 12 cas
(27% ). Dans la série de Boumediane E [8], le HIC était présente chez 75,22%
des cas, la fièvre retrouvé chez 46,9% des cas, le déficits moteur a été retrouvé
dans 40,27% des cas et les troubles de la conscience chez 26,54% des cas. Dans
l’étude Drame BM [14] la manifestation clinique la plus dominante était
représentée par des signes d’HIC plus précisément les céphalées dans 36.36%
des cas, accompagnée de fièvre dans 100% des cas, d’hémiplégie dans 18.18%
des cas, de même que les crises convulsives, l’altération de la conscience est
notable dans 27.27% des cas. Dans la série de Barry et al.[6] la fièvre variait de
39 à 40◦C. L’HTIC est retrouvée dans 45% des cas. Les signes de focalisation
sont présents dans 55% des cas. Les crises comitiales représentaient 35% des
cas. Les troubles de la conscience sont retrouvés dans 63% des cas.

Le Score de Glasgow
Dans notre série, les troubles de la conscience ont représenté 53,8% des cas.

19
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Tableau X : répartitions selon les troubles de la conscience


Score de 03-08 09-12 13-15
Glasgow
Toure I [28] 12 3 24
Coulibaly - 7 -
HC[11]
Broalet E[9] - 47 ,2% -
Notre série 4 10 12

IV.6. Les examens paracliniques :


La tomodensitométrie cérébrale
Tous les patients dans notre série ont eu une tomodensitométrie cérébrale en
urgence.
La localisation était frontale chez 9 de nos patients soit 34.6% et en sous durale
chez 6 patients soit 23%, en sous-tentorielle on a 1 cas soit 3.8% temporale 4
patients soit 15.4 % des cas.
Dans l’étude de Barry et al. [6] Sur le plan de l’imagerie, 64 abcès cérébraux
étaient de localisation frontale, 31 abcès cérébraux de localisation temporale, 8
abcès cérébraux de localisation pariétale, 1 abcès cérébral de localisation
occipitale, 2 abcès cérébraux situés dans la fosse postérieure, multiples dans 5
cas et 5 cas d’abcès cérébraux associés à un empyème. Les empyèmes étaient
sous duraux dans 42 cas, extraduraux dans 29 cas et inter hémisphériques dans
16 cas et un cas de latente du cervelet.

La biologie
Dans notre série 79.9 % des patients ont une hyperleucocytose et 23.1% ont
une anémie.

20
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Dans étude Drame BM [14] 4 de ses patients présentaient une anémie soit
36.36% ; 6 de ses patient présentaient une hyperleucocytose à Polynucléaire
neutrophiles (PNN)soit 54.54%
Dans l’étude de Finel E [15] Une hyperleucocytose à prédominance
neutrophiles, est souvent notée lors des SIC. Elle est présente dans 80 à 100%
des cas.
Dans l’étude de Kabré A et al . [19] la fréquence de l’hyperleucocytose à
prédominance PNN est de 42%.
Dans la série de Toure I[28], 19 patients (tout type de suppuration confondu)
faisaient une hyperleucocytose soit 48,71%.

IV.7. Le traitement :
IV.7.1. Le traitement Médical
Le traitement de la porte d’entrée est indispensable, il peut être médical et ou
chirurgical selon la localisation par drainage des cavités sinusiennes et ou
l’emploi d’antibiotiques.

Les Antibiotiques
Dans notre série on a traité nos patients par une céphalosporine de 3ème
génération (Céfotaxime), les aminosides (la gentamycine) et un nitro-imidazole
(le métronidazole) pendant 21 jours puis continuer le relais per os par les
phénicolés (Thiamphénicol, 500 mg par jour) pendant 4 semaines.
L’association céfotaxime, fosfomycine et métronidazole était utilisée en
première intention pour les patients dont la portée d’entrée était otologique[17].
Les recommandations fondées sur la pratique clinique antérieure favorisent un
minimum de 4 ± 6 semaines de traitement si l'abcès cérébral a été excisé ou
aspiré ou 6± 8 semaines, et éventuellement plus longtemps, si le patient a été
traité de manière conservatrice. Plus récemment, il a été proposé que, sur la base
d'un corrélation entre les résultats tomodensitométrique de suivi et les résultats

21
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

cliniques observations, 3± 4 semaines de thérapie parentérale sont adéquat pour


les patients dont les abcès cérébraux ont été excisés et 4± 6 semaines pour ceux
traités par aspiration, avec un minimum de 4 semaines pour les patients recevant
des antibiotiques seuls, en supposant l'absence de lésions se rehaussant en
périphérie au scanner effectué au moment de la sortie[18].
Les durées de traitement utilisées sont largement arbitraires avec la plupart des
experts recommandant au moins 4 à 6 semaines d'antibiotiques, même si les
recommandations publiées en 2000 suggéraient 2 semaines peuvent être
suffisantes chez certains patients[18, 29].
Le traitement empirique le plus courant consistait en :
- Une céphalosporine de troisième génération associée à
métronidazole, qui a été administré dans 490 des 928 patients
(53 %, IC à 95 % 50 % à 56 %).
- Une céphalosporine de troisième génération en association avec du
métronidazole et de la vancomycine ont été administrés à 138
patients (15 %, IC à 95 % 13 % à 17 %).
- D’ autres protocole combinaient du chloramphénicol,
métronidazole et pénicilline (9 %), ampicilline, gentamicine et
métronidazole (9 %), et l'imipénème en monothérapie (4 %) [10].

Les Anticonvulsivants
À l'instar des méningites et des ménigoencéphalites, le traitement antiépileptique
n'est habituel-lement pas indiqué en prévention primaire. Legg et al. ont
préconisé un traitement anticonvulsivant pendant 5 ans pour tous les patients
porteurs d’un abcès cérébral[21]. L'arrêt des antiépileptiques peut être envisagé
lorsque le patient n'a pas eu de crise pendant au moins 2 ans après la chirurgie et
l'EEG ne montre aucune activité épileptique[23].

22
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Les Corticoïdes
L'administration de stéroïdes doit généralement être évitée car elle expose à :
une diminution de la pénétration des antibiotiques ; une diminution de la
clairance bactérienne ; un effet rebond à l'arrêt, comme la plupart des traitements
de l'œdème cérébral à moins que le patient présente des signes de méningite ou
une cytotoxicité disproportionnée ou un œdème cérébral pouvant mettre en jeu
le pronostic vital[23]. Dans l’étude de Brouwer MC et al. Les corticoïdes étaient
administré à 892 des 1 611 patients (55 %)[10].

IV.7.2 Le traitement chirurgical


L'approche standard consiste à drainer l'abcès cérébral. L'abord
chirurgical doit être précoce, avec une ponction à visée diagnostique et parfois
thérapeutique. L'évacuation de la collection se fait spontanément, sans nécessité
de forte aspiration compte tenu de la pression. Un abcès cérébral profond
comme un abcès cérébral thalamique doit être drainé par une procédure
stéréotaxique guidée par la TDM[23].
L'excision complète de l'abcès et de sa coque n'a pas apporté la preuve de
son bénéfice, alors qu'il s'agit d'un geste plus lourd, nécessitant une craniotomie,
et présentant un risque important de dégradation de l'état neurologique. Ce geste
reste indiqué en cas d'abcès à bactéries multirésistantes et/ou en cas d'échec d'un
traitement médicochirurgical bien conduit[7].
En cas de porte d’entrée Orl identifiée le traitement neurochirurgical et
ORL peuvent être séparé , le délai moyen entre les deux chirurgies est de 15
jours[1].

IV.8. Évolution :
Dans notre série 92.3% des patients ont une bonne évolution après le traitement
(24 cas) ; alors que 7.7% sont décédé soit 2 cas.

23
Discussion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

Dans la série de Barry et al. [6] L’évolution été marquée par la guérison dans
90% des cas, et une mortalité dans 10 % des cas.
Dans la série Toure I [28] Guérison 24 (71,72%) Persistance des signes chez 4
patients (10,25%), chez un patient il y a eu une aggravation des signes suivi du
décès (2,56%)
Dans la série de Baiz Y[4] L’évolution clinique a été satisfaisante pour 48
patients parmi les 57 patients soit 84 %. Les complications neurologiques ont été
observées dans 8 cas et 5 décès soit une mortalité de 8,77 %.

24
La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

V . CONCLUSION

25
Conclusion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

V. CONCLUSION
Les suppurations intracrâniennes (SIC) constituent une urgence
médicochirurgicale vitale, leur prise en charge optimale relève d'une
collaboration multidisciplinaire (neurochirurgie, oto–rhino–laryngologie,
biologiste, radiologue ……). La porte d’entrée ORL est
fréquente pour le cerveau vu sa contiguïté. Une infection ORL aigue ou
chronique peut être responsable d’abcès cérébraux et empyèmes intracrâniens.
Ce sont des complications graves pouvant engager le pronostic vital. Par
ailleurs, elles peuvent être responsables de séquelles neurologiques parfois
sévères après la guérison.
Le tableau clinique n'est pas toujours spécifique surtout que la triade de
Bergmann associant syndrome infectieux, syndrome d’hypertension intra-
crânienne et signes de focalisation neurologique est rarement complète, en plus
les examens biologiques sont peu contributifs et la ponction lombaire est
dangereuse.
Ainsi l’imagerie joue un rôle central dans la prise en charge, notamment le
scanner cérébral qui est l'examen clé car il permet de poser le diagnostic,
d'orienter la conduite thérapeutique et de suivre l'évolution. L'IRM garde sa
place dans certaines situations, mais ne doit être pratiqué qu'en complément du
scanner.
Chez le nouveau-né et le nourrisson l'échographie trans-fontanellaire occupe une
place privilégiée dans le dépistage des SIC.
L'étude bactériologique oriente la prescription d’antibiotiques, mais les cultures
stériles sont devenues de plus en plus fréquentes en raison de la
prescription hâtive d’antibiotiques à large spectre avant toute prise en
charge. Le pronostic des patients atteints d’abcès cérébraux s’est
progressivement amélioré au cours des 60 dernières années. Les changements
importants au fil du temps ont été la

26
Conclusion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

modalité de l’imagerie crânienne, la technique neurochirurgicale et le traitement


par les antibiotiques.
Le drainage ou, moins fréquemment, l'excision reste le traitement de choix pour
la quasi-totalité des abcès cérébraux. On peut s’aider de la neuro-navigation si
elle est disponible. Les abcès cérébraux multiples sont mieux traités par
l'aspiration du plus gros pour le diagnostic et des autres s'ils provoquent un effet
de masse.
L'excision complète de l'abcès et de sa coque n'a pas apporté la preuve de son
bénéfice, alors qu'il s'agit d'un geste plus lourd, nécessitant une craniotomie, et
présentant un risque important de dégradation de l'état neurologique. Ce geste
reste indiqué en cas d'abcès à bactéries multirésistantes et/ou en cas d'échec d'un
traitement médicochirurgical bien conduit:
- Pour confirmer le diagnostic,
- Pour obtenir du pus pour le diagnostic microbiologique pour améliorer
l'efficacité de l'antibiothérapie
- Pour éviter la propagation iatrogène de l'infection dans les ventricules.
La prise en charge efficace des patients atteints d'abcès cérébraux dépend
essentiellement du traitement du foyer d'origine de l'infection.
Il existe relativement peu d'indications non chirurgicale des infections
intracrâniennes. En général, elles sont limitées aux patients neurologiquement
peu symptomatiques, ou à ceux qui ne peuvent subir une intervention
chirurgicale pour d’autres raisons, ou les patients qui ont un autre foyer
infectieux plus facilement accessible pour prélever du pus.
On utilise une céphalosporine de 3ème génération (Céfotaxime), les
aminosides (la gentamycine) et un nitro-imidazole (le métronidazole) pendant
21 jours puis relais per os par les phénicolés (Thiamphénicol, 500 mg Par jour)
pendant 4 semaines.

27
Conclusion La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

L'administration de corticoïdes doit généralement être évitée à moins que le


patient présente des signes de méningite ou une cytotoxicité disproportionnée ou
un œdème cérébral pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
Le traitement anticonvulsivant peut être envisagé en cas de crise convulsive
chez tous patient ayant une SIC que l’on peut envisager d’arrêter si le patient n'a
pas eu de crise pendant au moins 2 ans après la chirurgie et que l'EEG ne montre
aucune activité épileptique. Enfin Il faut retenir un diagnostic précoce,
l’isolement rapide d’un germe, et la mise en route d’une antibiothérapie adaptée
et prolongée, sont le meilleur moyen pour obtenir un résultat clinique
satisfaisant. .

28
Références La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

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Résumé La prise en charge des suppurations Intracrâniennes

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