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Fractures récentes et anciennes


de la diaphyse humérale
de l'adulte
Recent and late humeral shaft fracture
L. PIDHORZ L. Pidhorz

Résumé Abstract
Les fractures de la diaphyse humérale représentent 5 % de toutes Humeral shaft fractures represent 5% of the fractures.
les fractures. Numerous fractures are orthopedically still treated nowadays
De nombreuses fractures sont encore traitées orthopédiquement (Sarmiento's brace or hanging plaster). The consolidation is obtai-
de nos jours (méthode de Sarmiento ou plâtre pendant), la conso- ned in an average of 10 weeks in more than 94% of the fractures.
lidation étant obtenue dans un délai de 10 semaines dans plus de A malunion lower than 30° of varus or valgus and lower than 20°
94 % des fractures. Un cal vicieux inférieur à 30° de varus ou de of recurvatum or flessum is tolerated aesthetically or functio-
valgus et inférieur à 20° de recurvatum ou de flessum est tolé- nally. The monoinjured patient is the ideal candidate for such a
rable esthétiquement ou fonctionnellement. Le monotraumatisé treatment.
est le candidat idéal pour un tel traitement. The synthesis by plate allows to obtain a consolidation in 11 to
L'ostéosynthèse par plaque permet d'obtenir la consolidation en 19 weeks. The complications are the nonunion (2,8 to 21% accor-
11 à 19 semaines. Les complications sont la pseudarthrose (2,8 à ding to the series), the secondary radial paralysis (6,5 to 12%) and
21 % selon les séries), la paralysie radiale secondaire (6,5 à 12 %) the infection (0,8 to 2,4%).
et l'infection (0,8 à 2,4 %). The synthesis by anterograde or retrograde nail need a knowledge
L’ostéosynthèse par clou centro-médullaire antérograde ou rétro- of the nailing and of the anatomy to avoid the pitfalls of this tech-
grade impose une connaissance de l'enclouage et de l'anatomie nique. The union is obtained in 10 to 15 weeks. The complications
afin d'éviter les complications de cette technique. La consolida- are the nonunion (2 to 17,4%) and the infection (0 to 4%), the
tion est obtenue en 10 à 15 semaines, les complications étant la secondary radial paralysis being less frequent (2,7 to 5%). Close
pseudarthrose (2 à 17,4 %) et l'infection (0 à 4 %) ; la paralysie to the nailing, the Hackethal stacked nailing is still used despite
radiale secondaire est plus rare (2,7 à 5 %). Proche de l'enclouage, its number of complications (nonunion: 5 to 24%; pins migration:
l'embrochage fasciculé de Hackethal est encore utilisé malgré son 6 to 29%) because of its advantages (low cost and no specific
taux élevé de complications (pseudarthrose : 5 à 24 % ; migration ancillary). The union is obtained in 8 to 9 weeks.
des broches : 6 à 29 %) du fait de ses avantages (faible coût et The best way in front of an immediate paralysis of the n. radialis
absence d'ancillaire spécifique). Il permet d'obtenir la consolida- is still source of controversies. In case of important initial displa-
tion en 8 à 9 semaines. cement, of open fracture, of vascular complication or of surgical
La conduite à tenir vis-à-vis de l'atteinte initiale du nerf radial treatment, the consensus is formal: the nerve must be explored.
est encore source de controverses. En cas de déplacement ini- Otherwise, the attitude remains very variable.
tial important, de fracture ouverte, de lésion vasculaire ou de The orthopaedic treatment have a low cost with a low rate of
traitement chirurgical, le consensus est formel : le nerf doit être complications rate to be put in balance with the surgical treat-
exploré. Dans les autres cas, l'attitude est très variable. ments, which are more up to date, but with a higher cost and
Le traitement orthopédique est peu onéreux et son taux de com- more numerous complications.
plications est faible. Les traitements chirurgicaux sont de plus en
plus pratiqués mais ils sont plus coûteux et sources de complica-
tions plus nombreuses.
Key words: Humeral shaft fracture. - Humeral anatomy. - Radial
palsy.
Mots clés : Fracture de la diaphyse humérale. - Anatomie de l'hu-
mérus. - Paralysie radiale.

Conférences d'enseignement 2014


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Introduction l'humérus à 20,7 cm ± 1,2 de l'épicondyle médial et la


quitte 14,2 cm ± 0,6 de l'épicondyle latéral.
Les fractures de la diaphyse humérale (FDH) représentent • Le nerf circonflexe : il entoure de dedans en dehors
5 % de toutes les fractures [1]. Elles sont l'apanage du la face postérieure du col chirurgical de l'humérus
sujet jeune victime d'un traumatisme à haute vélocité ou dessinant un arc de cercle horizontal à 45 mm sous
du sujet âgé lors d'un traumatisme à basse vélocité. le trochiter. Il est plaqué contre la face postérieure de
Les FDH sont définies par un trait situé entre l'inser- l'humérus.
tion du muscle grand pectoral en proximal et l'inser- • Le nerf ulnaire : situé en arrière du septum médial, il
tion distale du muscle brachial en distal [2]. Pour l'AO est proche du bord postéro-médial de la partie distale
(Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen), la de l'humérus, où il peut être lésé lors de l'abord ou de
zone des fractures diaphysaires des os longs est celle l'utilisation des daviers.
située entre les deux carrés épiphysaires [3]. La vascularisation diaphysaire n'est pas homogène.
De nombreuses fractures sont traitées orthopédi- Elle est plus pauvre au niveau du tiers distal ce qui
quement, la consolidation étant obtenue dans un délai expliquerait le plus grand nombre de pseudarthroses
moyen de 10 semaines, faisant de l'humérus un os à ce niveau.
complaisant pour son traitement. L'humérus est surtout soumis à des forces de rota-
Les indications chirurgicales (plaques, clous, broches, tion et en distraction et pas en de compression à l'in-
fixateurs externes) dépendent des écoles et des compli- verse des os du membre inférieur. Les ostéosynthèses
cations immédiates (ouverture ou paralysie radiale). doivent neutraliser la totalité de ces forces de rotation
Toutefois les complications secondaires et tardives des pour procurer la consolidation per primam [8].
ostéosynthèses sont nombreuses (pseud­arthrose, atteinte
radiale secondaire, …) et nécessitent de longs traitements.
Nous éliminerons les FDH sur os pathologique et les Épidémiologie [2, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 14]
fractures sur prothèse d'épaule. La FDH est la troisième fracture diaphysaire des os
longs par ordre de fréquence.
Anatomie L'homme est le plus souvent touché (55 à 63 % des
cas).
L'humérus porte les insertions de nombreux muscles qui L'âge moyen de survenue de cette fracture se situe
expliquent les déplacements des fragments. Sa modélisa- entre 43 et 47 ans avec des extrêmes à 15 et 97 ans,
tion montre une cavité médullaire en forme d'entonnoir, avec deux pics :
dont le grand diamètre proximal, avec une forme relati- • l'homme jeune de 20 à 30 ans à la suite de trauma-
vement circulaire, contraste avec le petit diamètre distal, tismes à haute vélocité (accident de la voie publique,
avec une forme aplatie. Il a une forme en S très allongé chute d'une hauteur élevée ou accident sportif) ;
situé dans un plan oblique en arrière et en dedans, corres- • la femme âgée de 60 à 70 ans à la suite d'un trauma-
pondant à l'axe de rétroversion céphalique [4]. tisme à basse énergie, telle une chute de sa hauteur.
L'humérus présente une torsion axiale, avec deux Le trait de fracture est situé :
faces lisses : antéro-médiale, étendue, et antéro-­latérale, • au niveau du 1/3 proximal dans 15 à 25 % des cas,
moins étendue (zone de passage du nerf radial). le trait étant souvent oblique ;
Ses rapports avec trois nerfs doivent être connus si

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• au niveau du 1/3 moyen dans 49 à 64 % des cas
l'on veut traiter chirurgicalement une FDH [5]. avec un trait souvent transversal ;
• Le nerf radial : il est au contact de la face postérieure • au niveau du 1/3 distal dans 11 à 35 % des cas avec
de la diaphyse, expliquant le nombre de paralysies une fréquence accrue de lésions du nerf radial.
immédiates. Il passe dans une gouttière postérieure La direction du trait est simple dans 56 à 63 % des cas :
oblique de dedans en dehors et de haut en bas sur spiroïde (18 à 29 %), transversale (21 à 32 %) ou oblique
6,5 cm. Il traverse le septum intermusculaire latéral à (11 à 15 %). Il existe un 3e fragment dans 26 à 34 % des
une distance de 16 cm de l'épicondyle latéral de l'humé- cas et la fracture est comminutive dans 10 % des cas.
rus, le rendant vulnérable au déplacement des fractures
du 1/3 moyen et surtout de l'union 1/3 moyen–1/3
inférieur. La variation individuelle de cette distance fait Clinique
définir une zone « dangereuse » située entre 10 à 15 cm
de l'épicondyle latéral [6]. À partir d'une étude cada- Le traumatisé conscient arrive avec un tableau clas-
vérique, Gerwin [7] a précisé la position exacte du nerf sique de traumatisé du membre supérieur. Les compli-
radial : il rentre en contact avec la face postérieure de cations immédiates sont recherchées [2, 4, 9, 11, 14].
Fractures récentes et anciennes de la diaphyse humérale de l'adulte 63

Une paralysie radiale est présente dans 10 à 20 %


des fractures, et est la plus fréquente :
Traitement
• parésie/paralysie de la dorsiflexion du poignet, de Il est adapté aux caractéristiques de la fracture et de
l'extension des doigts au niveau des articulations méta- ses complications et au patient. Dans la série du sym-
carpo-phalangiennes, de l'extension et de l'abduction posium SOFCOT 2003 [4], le traitement avait été
du pouce ; chirurgical dans 78 % des fractures et orthopédique
• hypo/anesthésie de la face dorsale de la première dans 22 %, influencé par un recrutement hospitalier
commissure. et des patients souvent polyfracturés et un effet centre.
L'atteinte radiale doit être signalée au patient et/ou
sa famille et notée dans l'observation. Elle joue un rôle
important dans le choix du traitement et le suivi. La
Traitement orthopédique
fracture est habituellement située au 1/3 moyen ou à Il consiste en une immobilisation d'une fracture non
l'union 1/3 moyen–1/3 distal et à grand déplacement ; déplacée ou réduite, avec ou sans anesthésie.
celui-ci doit être jugé non pas tant sur les radiogra- Ce traitement est l'option de choix de nombreuses
phies (fracture parfois alignée lors du transport ou équipes, malgré les progrès de l'ostéosynthèse. Comme
lors de la réalisation de la radiographie) que d'après le soulignait justement Chauveaux [4], ce traitement
l'importante vélocité du traumatisme. souffre des servitudes de la contention et de l'attente
Chez les patients inconscients, le statut neurologique actuelle des patients.
reste inconnu. Il permet de prendre en charge toutes les fractures de
L'ouverture cutanée, présente dans 2 à 9 % des cas, l'humérus, même en cas de paralysie radiale. Exigeant
est le fait des traumatismes à haute énergie. pour le praticien et son patient auquel il doit être bien
Les lésions des nerfs ulnaire ou médian sont rares, expliqué, il impose un suivi hebdomadaire durant les
observées dans les fractures ouvertes avec important premières semaines, ce qui est contraignant. Il suppose
délabrement musculaire. Il ne faut pas méconnaître l'adhésion du patient. Certains chirurgiens le jugent
une atteinte plexique associée (1,6 à 3 %), totale désuet.
ou partielle. Une paralysie radiale doit faire recher-
cher une paralysie circonflexe, cette association tra-
duisant en général une lésion du faisceau postérieur Plâtre pendant
du plexus brachial ; il s'agit d'un élément important Il s'agit d'un traitement « ancien » comme en attestent
à préciser en préopératoire et avant une anesthésie les publications de De Mourgues [10] ou Babin [15],
loco-régionale. encore qu'il représentait 50 % des traitements ortho-
L'atteinte vasculaire est rare (0,5 à 3 %) : il s'agit pédiques du symposium SOFCOT 2003 [4].
surtout de rupture de l'artère humérale imposant une La réduction de la fracture est obtenue par le poids
prise en charge urgente et coordonnée avec un chirur- d'un plâtre brachio-anté-brachio-palmaire (1 à 1,5 kg).
gien vasculaire. La stabilisation de la fracture est un Le patient doit être valide et éduqué : il doit laisser
préalable à la réparation vasculaire. pendre librement son plâtre et faire des mouvements
L'association à une autre lésion ostéo-articulaire pendulaires de l'épaule, le plâtre reposant sur son tho-
du membre supérieur est observée dans les accidents rax la nuit. L'appareil est porté 6 semaines au minimum.
à haute énergie. La FDH doit être traitée chirurgica- La consolidation est obtenue en moyenne en 52 jours.
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lement en premier afin de traiter une fracture sous- Le taux de pseudarthrose varie de 2 à 5 % [4, 10,
jacente sans risque de lésion secondaire du nerf radial. 15]. Il existe des risques de raideur d'épaule et sur-
tout du coude, ainsi que de douleurs cervicales dues au
Bilan complémentaire poids du plâtre.

Deux radiographies standard orthogonales de face et


profil, prenant l'humérus en entier avec les deux extré-
Brassard de Sarmiento (figure 6.1)
mités permettent d'identifier le type de la fracture. Ce Cette méthode repose sur le fait que :
bilan suffit, sauf en cas de lésions associées. • la pression musculaire induite par l'appareil circu-
Des clichés en traction peuvent être réalisés au bloc laire procure une réduction progressive de la fracture
sous anesthésie s'il existe un doute sur des traits de et maintient son alignement [16] ;
refend, à prendre en considération pour le choix du • les mouvements au niveau du foyer de fracture favo-
matériel. risent la consolidation.
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A B

Figure 6.1. Traitement orthopédique par brassard de Sarmiento


d'une fracture de l'humérus avec 3e fragment sans déficit radial.
A. À l'admission. B. Avec le brassard de Sarmiento à J14.

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C C. Au 3e mois post-traumatique.

Le traitement débute par une immobilisation par un des contractions musculaires régulières dès application
bandage coude au corps permettant un alignement frac- de l'appareil puis secondairement bouger son coude et
turaire, sans recherche d'une réduction « anatomique ». son épaule. Ce traitement initié en urgences est réalisé
Sa durée est en moyenne de 9 [11] à 20 jours [17]. en ambulatoire, sans hospitalisation. Le port du bras-
Secondairement, l'appareil est parfaitement ajusté au sard est nécessaire jusqu'à consolidation obtenue en
bras : résine en consultation ou matériau plastique par 11 semaines (5–22) en moyenne [11, 17, 18].
un orthésiste. Des velcros permettent le resserrage régu- Sarmiento [11] rapportait sur le cliché de face
lier de l'appareil en consultation, idéalement quotidien- 43,7 % de cals en varus > 5° (12 % > à 16°) et 1,5 %
nement mais dans la réalité toutes les semaines. On peut en valgus > 5° (tous inférieur à 16°) et sur le profil
y ajouter un bandage de type « Mayo clinic » pendant 2 16,1 % de cals avec angulation antérieure > 5° (4,8 %
à 3 semaines pour rassurer le patient. Celui-ci doit faire > 16°) et 13,9 % avec angulation postérieure > 5°.
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Zagorski [18] constatait les mêmes pourcentages de Ostéosynthèses par plaque (figure 6.2)
varus ou valgus > 5° dans son étude. Cet auteur retrou-
vait un raccourcissement moyen de 4 mm (0–15), sans Cette technique fiable, bien codifiée, a été utilisée dans
conséquence fonctionnelle. 20,7 % des cas de la série du symposium SOFCOT
Un cal vicieux peut être toléré, car n'entraînant 2003 [4], 30 % de ceux du symposium SOO 1997
aucune séquelle esthétique ou fonctionnelle grâce à la [12], plaçant cette méthode en 2e position. Elle néces-
mobilité de l'épaule : ainsi est toléré un cal de moins site une grande rigueur technique afin de minimiser ses
de 30° de varus ou valgus, moins de 20° de flessum ou complications.
recurvatum. La fonction de l'épaule est normale dans
70 à 88 % des cas, celle du coude dans 76 à 88 %. Les Voies d'abord
cals vicieux en rotation et leur possible retentissement
sur les amplitudes de rotation interne ou externe de Son choix est dicté par la localisation de la fracture,
l'épaule n'ont pas été étudiés. l'état préopératoire du nerf radial et l'expérience du
La consolidation est obtenue dans 94 à 98 % des chirurgien. Le patient est installé en décubitus dorsal,
fractures selon qu'elles intègrent ou non des fractures membre supérieur sur une table à bras, sans garrot.
ouvertes [4, 11, 17, 18]. • Voie médiale dite « des vaisseaux » : elle permet le
contrôle de l'artère humérale en cas de lésion vascu-
laire ; elle est logique pour une plaque car à distance
Autres moyens orthopédiques du nerf radial [4].
• Voie antéro-latérale : la plus utilisée [12], permet le
• Le plâtre thoraco-brachial [15] est historique. Son repérage du nerf radial. La plaque est appliquée sur la
encombrement et les raideurs secondaires l'ont fait partie moyenne de la face antéro-latérale. Le nerf doit
pratiquement abandonner [12]. être disséqué sur la longueur de l'incision et faire l'ob-
• La traction transolécrânienne avec traction au zénith jet d'une attention particulière. Sa position par rap-
peut être utilisée comme traitement d'attente [15]. port à la plaque doit être impérativement notée dans le
• Le bandage coude au corps (Dujarrier ou Mayo compte-rendu opératoire.
Clinic) nécessite des changements réguliers de l'appa- • Une variante décrite par Bezes et rappelée par Dayez
reillage, mal supporté par les patients du fait de sa [19] permet d'appliquer une plaque sur la face médiale
durée (environ 2 mois) ; il ne permet pas de réduction dans les fractures des 2 quarts médians, par une voie
ni de contention satisfaisantes mais peut être imposé
par les circonstances.
L'indication du traitement orthopédique est le
patient mono-traumatisé chez qui il reste une réfé-
rence. La paralysie radiale n'est pas une contre-­
indication. La consolidation est quasi certaine, avec
une déviation angulaire tolérable sur le plan fonction-
nel, sans retentissement sur les mobilités de l'épaule
et du coude, et avec peu de complications. Certains
reprochent l'inconfort de l'immobilisation et sa durée.
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Traitement chirurgical
Ses buts sont l'obtention d'une réduction anatomique,
avec une stabilité autorisant la mobilisation précoce
des articulations adjacentes. Il a toute sa place chez
les polyfracturés ou polytraumatisés, dans les fractures
ouvertes, en cas d'échec du traitement orthopédique et
chez l'obèse. Ses indications se sont élargies au cours
des 20 dernières années sous la pression des patients
désirant un traitement permettant un retour rapide A B
à leur vie courante ou refusant les inconvénients du Figure 6.2. Traitement par plaque verrouillée d'une fracture
traitement orthopédique et acceptant les risques de la très déplacée du 1/3 moyen de l'humérus.
chirurgie. A. À l'admission. B. À consolidation.
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d'abord antéro-latérale curviligne, passant entre les secteur fonctionnel du coude était normal et l'abduc-
muscles biceps brachial et brachial antérieur. Le coude tion de l'épaule normale ou sub-normale dans plus de
est fléchi et le membre placé en rotation externe. Cette 90 % des cas.
voie d'abord autorise l'absence de repérage du nerf
radial. Dans les mains de l'auteur, il n'y avait pas de
complications postopératoires. La consolidation était Plaque verrouillée
obtenue en 80 jours en moyenne, les résultats satisfai- D'après Graves [1], les plaques verrouillées n'offrent
sants dans 89 % des cas. pas d'avantage biomécanique par rapport aux plaques
• Voie postérieure : cette voie réalisée en décubitus conventionnelles, sauf peut-être chez les sujets ostéo-
ventral se heurte à la présence du nerf radial. Gerwin porotiques. Elles n'ont fait l'objet d'aucune publica-
[7] au cours d'une étude anatomique a comparé trois tion spécifique sur les FDH.
voies postérieures et proposé un abord particulier avec
écartement médial des chefs médial et latéral du tri-
ceps par section de la cloison intermusculaire latérale Ablation
sur 3 cm, ce qui autorise un abord de l'humérus sur L'indication d'ablation d'une plaque doit prendre en
26,4 cm ± 0,4 de long. compte un risque de paralysie postopératoire non
• Voies mini-invasives : latérale ou antérieure (plus négligeable.
fiable), elles sont utilisées depuis l'avènement des
techniques mini-invasives. La connaissance exacte de
l'anatomie du nerf radial est indispensable. Enclouage centro-médullaire
• El Ayoubi [20] et al. ont proposé la transposition Développé par Kuntscher dans les années 1940, il a
antérieure du nerf radial à travers la fracture, option été diffusé par Seidel [21]. Le blocage distal de son
utile dans les fractures du 1/3 moyen de l'humérus, clou faisait appel à des ailettes expansives. Depuis le
permettant un gain de longueur de 11 mm, avec une début des années 2000, des clous longs avec verrouil-
détente et une verticalisation du nerf et une ostéosyn- lage distal par vis sont apparus. Ils évitent le télesco-
thèse plus facile. page des fragments et les cals vicieux en rotation. Ils
ont supplanté le clou de Seidel [22] dont le verrouil-
lage distal incertain nécessitait une immobilisation
Plaque conventionnelle complémentaire.
Elle doit être épaisse, assez étroite (4,5 mm), accepter Cette technique impose une connaissance de l'en-
des vis de 3,5 mm et autoriser une compression du clouage et une rigueur technique pour éviter de mul-
foyer de fracture comme les plaques DCP. Le montage tiples complications [21, 23].
doit comporter 6 à 8 prises corticales de part et d'autre
de la fracture.
Dans les séries multicentriques de la SOO et de la Clous antérogrades (figure 6.3)
SOFCOT [4, 12], environ 25 % des patients traités Ils sont introduits par voie trochitérienne sous
par plaque présentaient une paralysie radiale pré­ contrôle radioscopique, patient demi-assis, bras en
opératoire, ayant motivé la plaque. Les complications rétropulsion.
étaient la pseudarthrose (8 % et 21 % respective- Il est important de positionner l'amplificateur de

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ment), une paralysie radiale secondaire (8 % et 12 %), brillance avant l'intervention.
le démontage (1,5 % et 14 %) et l'infection (0,8 % Le point d'introduction est primordial, dans l'axe de
et 2 %). Ces chiffres contrastent avec ceux des séries la diaphyse, à l'aplomb de la jonction tendon-muscle
spécifiques mono-centriques de plaques, telle celle de de la coiffe ou de la jonction cartilage – partie supé-
Paris [14] (pseudarthrose : 5 % ; paralysie secondaire rieure du col anatomique, l'incision se faisant dans le
radiale : 5 %, démontage : 6 % ; infection : 1 %). sens des fibres de la coiffe.
Son étude de la littérature rapportait une moyenne de L'abord à travers la coiffe est l'argument principal
2,8 % de pseudarthroses, 6,5 % de paralysies radiales des détracteurs des clous antérogrades. Le clou doit
secondaires et de 2,4 % d'infections. être suffisamment enfoncé afin d'éviter tout conflit
La consolidation est obtenue en moyenne en 11 à entre son extrémité proximale et l'acromion.
19 semaines. Le verrouillage proximal fait appel à des vis fron-
Les résultats fonctionnels étaient bons et très bons tales ou sagittales. Il doit éviter le nerf circonflexe. Les
dans 96 % des cas pour Nieto [12] et dans 86,3 % vis frontales céphaliques ne doivent pas être trop lon-
pour Paris [14]. Dans la série de la SOFCOT [4], le gues au risque d'être intra-articulaires. En cas d'utili-
Fractures récentes et anciennes de la diaphyse humérale de l'adulte 67

A B
Figure 6.3. Clous centromédullaires mis par voie antérograde.
A. Clou de Seidel mis à foyer ouvert pour désincarcération du nerf radial (paralysie d'emblée). B. Clou verrouillé statique mis à foyer
fermé avec verrouillage distal antéro-postérieur à main levée.

sation d'une vis sagittale, il faut éviter deux écueils : Leur risque spécifique est la fracture de l'extrémité
traverser le tendon du long biceps en avant et léser le inférieure de l'humérus lors de l'insertion comme lors
nerf circonflexe en arrière, lors du forage ou de l'inser- de son extraction.
tion d'une vis trop longue. Butin [25], avec le clou de Marchetti, ne rapportait
Un verrouillage distal transversal peut léser le nerf aucune infection ni paralysie postopératoire, mais 5 %
radial ; le vissage doit être antéro-postérieur. Afin d'évi- de fissures de la corticale postérieure, 5 % de fractures
ter ces complications, un court abord est préconisé. supracondyliennes à l'ablation du matériel et 5 %
Les complications des 19 % d'enclouages du sympo- de pseudarthroses. La consolidation était obtenue en
sium SOFCOT [4] étaient les suivantes : pseudarthrose 10 semaines (6–16).
(17,4 %), infection (4 %) et paralysie postopératoire Apard [26] a utilisé un clou rétrograde verrouillé
(2,7 %). Ces chiffres sont proches de ceux d'Asencio statique. Il relevait 5 % de paralysies postopératoires
(enclouage verrouillé) [13] : pseudarthrose (10 %), régressives en 6 mois, 3,5 % de fractures supracondy-
paralysie radiale postopératoire (2,6 %) aucune liennes et 2 % de pseudarthroses. La consolidation
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infection. était obtenue en 15 semaines (6–28). Le résultat fonc-


La consolidation est obtenue en moyenne en tionnel total était excellent dans 86,6 % des cas.
11 semaines (4-40).
Kurup [24] dans une méta-analyse d'articles com-
parant les plaques conventionnelles et les clous ver- Autres moyens d'ostéosynthèse
rouillés concluait, que malgré un risque majoré de Embrochage fasciculé de Hackethal
douleurs et de raideur de l'épaule, et de la nécessité de [4, 12, 27] (figure 6.4)
retirer le matériel, il n'y avait pas d'argument suffisant
Cet embrochage multiple rétrograde est réalisé à foyer
pour favoriser une des deux ostéosynthèses, même en
fermé par voie sus-olécrânienne, visant à remplir le fût
termes de fonction.
diaphysaire par des broches de Kirschner afin de stabi-
liser la fracture, à faire diverger les broches dans la tête
Clous rétrogrades [25, 26] humérale afin d'augmenter la stabilité du montage et
Ils sont introduits par voie postérieure médiane à bloquer celles-ci en distal afin d'éviter leur migration
transtricipitale. inférieure. Divers variantes sont décrites [28].
68 L. Pidhorz

A B C
Figure 6.4. Traitement par embrochage de Hackethal d'une fracture de l'humérus.
A. À l'admission. B. Postopératoire immédiat. C. Pseudarthrose avec rupture des broches, ne désirant pas de réintervention (radiographie
à 5 ans).

Les complications sont surtout la pseudarthrose Le nombre de complications est à mettre en balance
(24 % pour Lefevre [4], 8 % pour Nieto [12], 7,3 % avec les avantages de ce traitement (faible coût,
pour De La Caffiniere [28] et 5 % pour Gayet [27]) et absence d'ancillaire spécifique, rapidité).
les migrations supérieures ou inférieures des broches On peut considérer qu'il s'agit d'un traitement
(de 6 % [27] à 29 % [28]) qui nécessitent leur ablation orthopédique amélioré, nécessitant un bandage coude
précoce. Les pseudarthroses sont dues à un défaut tech- au corps complémentaire jusqu'à l'apparition des
nique, avec pour Lefevre [4] l'influence néfaste, statis- signes de consolidation.
tiquement significative, d'un écart inter-fragmentaire
supérieur à 3 mm. Les migrations sont secondaires à
un mauvais remplissage diaphysaire et/ou un défaut Fixateur externe [2, 4] (figure 6.5)

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d'impaction de la fracture [4]. En revanche, aucune Ses indications sont rares, se limitant aux fractures
fracture au point d'introduction n'a été relevée dans ouvertes très souillées, avec ou sans complication vas-
toutes ces séries. La fonction de l'épaule était normale culaire (1 à 2,2 % des séries [4, 12]).
dans 87 % des fractures et celle du coude dans 63 % Dans certaines équipes, c'est un traitement d'at-
[4]. tente dans le cadre d'un « damage control » chez le
Gayet [27] rapportait une fonction normale du polyfracturé.
membre supérieur dans 94,4 % des cas, pourcentage Les fiches bicorticales sont insérées sur la face latérale
confirmé par Nieto (92 %) [12]. de l'humérus sous contrôle radioscopique en tenant
La consolidation est obtenue en 8 à 9 semaines compte des rapports nerveux. Les fiches proximales
[4, 27, 28]. doivent être insérées en aval du nerf circonflexe et les
De La Caffinière [28] privilégiait cette technique dans fiches distales doivent éviter la « zone dangereuse » du
les fractures du 1/3 moyen où le remplissage diaphy- nerf radial. Un petit abord évite de léser les nerfs en cas
saire est le plus efficient. Lefèvre [4] déconseillait cette d'insertion dans les zones à risque. On privilégiera les
méthode dans les fractures distales, les fractures com- fixateurs monotube au fixateur type Hoffmann pour
minutives ou bifocales et chez les polytraumatisés. obtenir une stabilité maximale du montage. Le corps
Fractures récentes et anciennes de la diaphyse humérale de l'adulte 69

A B C D
Figure 6.5. Traitement par fixateur externe monoplan d'une fracture ouverte Gustilo 3A avec paralysie radiale d'emblée.
A. À l'admission. B. Fixateur monoplan. C. Au 15e jour. D. Après ablation du fixateur au 3e mois.

du fixateur sera situé le plus prés possible de l'axe de la ce qui permet de connaître son état macroscopique et
diaphyse humérale. Les orifices des fiches doivent faire en cas de nerf continu, palper et stimuler le nerf :
l'objet de soins d'hygiène attentifs. – si le nerf est seulement contus et répond à la stimu-
Le port de l'appareil est de 14 semaines correspon- lation, il est laissé en l'état avec un matériel d'ostéo-
dant au délai de consolidation moyen. Le taux élevé synthèse à distance du nerf,
de pseudarthroses est sûrement du au type de fracture – s'il est vide et non stimulable ou a fortiori sec-
traité c'est à dire les plus complexes. Aucune compli- tionné, une suture directe, une résection-greffe ou
cation radiale postopératoire n'avait été relevée dans un repérage des extrémités facilitant une réparation
la série de la SOFCOT [4]. secondaire est indiqué, selon les compétences du
C'est une technique qu'il faut maîtriser, aux indi- praticien,
cations exceptionnelles et à la technique de pose exi- • dans les autres cas, surveiller l'évolution clinique,
geante en raison du risque de lésions nerveuses. avec un examen électro-myographique vers le 45e jour.
Pour Alnot [29], dans les fractures à grand dépla-
Paralysie radiale cement, l'exploration du nerf doit être systématique.
Dans les fractures peu ou pas déplacées, l'exploration
Elle fait encore aujourd'hui l'objet de controverses tou- nerveuse ne sera programmée qu'en l'absence de récu-
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jours d'actualité. Doit-elle entraîner une exploration pération (en général rapide, en 2 à 6 mois). Dans les cas
systématique du nerf et faire renoncer au traitement dits « intermédiaires », l'intervention est licite en cas de
orthopédique sachant que celui-ci permet d'obtenir la polytraumatisme et de traumatisme à haute vélocité.
récupération spontanée dans 85 à 100 % des cas [1, 4, Les meilleurs résultats des sutures primitives par rap-
17] ? Doit-elle faire pratiquer une ostéosynthèse avec port aux sutures secondaires avec greffe plaident pour
exploration systématique du nerf ? cette attitude.
Cette paralysie doit être recherchée aux différentes La paralysie radiale postopératoire est de bon pro-
étapes du traitement, qui doit être reconsidéré en cas nostic, récupérant rapidement sauf en cas de blessure
de survenue d'une paralysie secondaire. Elle est le plus peropératoire. Alnot [29] estimait que le traumatisme
souvent due à une neurapraxie et exceptionnellement opératoire, même minime, aggrave le traumatisme ini-
une section nerveuse. tial du nerf. Paris [14], dans une étude des taux de
Les recommandations du symposium SOFCOT [4] paralysies après traitement rapportés dans la littéra-
étaient les suivantes : ture, retrouvait un taux moyen de 1,4 % pour le trai-
• en cas de paralysie radiale immédiate : explorer le tement orthopédique, 6,5 % pour les plaques, 1,7 %
nerf en cas d'ouverture cutanée ou de lésion vasculaire, pour les embrochages, 1,9 % pour les clous verrouillés
70 L. Pidhorz

et 1,4 % pour les fixateurs. En cas d'enclouage, il est [31] a rapporté 38 % de non-consolidations lors d'en-
recommandé de repérer le nerf avant d'enclouer [13, clouages verrouillés pour pseudarthrose, ce qui pour-
22]. En cas d'ostéosynthèse par plaque, la position du rait être attribué à un manque de stabilité.
nerf par rapport à la plaque doit être bien précisée. La fixation externe hybride ou de type Ilizarov n'est
En cas de paralysie radiale sans exploration du nerf pas dénuée de complications (lésions nerveuses lors
ou de paralysie secondaire, une surveillance clinique de l'insertion des broches, raideurs, intolérance des
et électrique toutes les 6 semaines est nécessaire, afin fiches, arthrite du coude) et le fixateur doit être porté
de suivre la récupération ou de décider une explora- 6 mois en moyenne [33].
tion nerveuse. L'électromyogramme est inutile dans les L'association d'une paralysie radiale à une pseudar-
jours suivant la fracture. throse doit faire traiter la complication osseuse avant
la lésion nerveuse pour que la récupération nerveuse
Complications tardives puisse se faire dans l'atmosphère la moins inflamma-
toire possible, afin de réduire la fibrose périphérique
Pseudarthrose (figure 6.4C) [29, 32]. Un minimum de 6 à 8 semaines est requis
entre les deux interventions.
On parle de pseudarthrose si la fracture n'est pas La consolidation est obtenue dans 80 % des cas avec
consolidée à 6 mois [2, 32]. Le taux de pseudarthrose un délai de consolidation moyen de 16 semaines [32]
varie de 3 à 20 %. à 33 semaines [12].
Paris [14] retrouvait un taux moyen de 4,4 % pour
le traitement orthopédique, 2,8 % pour les plaques, L'infection
6,3 % pour les embrochages, 5,9 % pour les clous ver-
rouillés et 3,5 % pour les fixateurs. Elle est le fait des traitements chirurgicaux et surtout
Elle serait l'apanage des fractures transversales du des ostéosynthèses par plaque. Paris [14] a rapporté
tiers moyen [32]. un taux moyen d'infection de 4 % pour les plaques,
Elle est favorisée par toutes les imperfections théra- 0,8 % pour les embrochages, 1,6 % pour les clous ver-
peutiques : rouillés et 4 % pour les fixateurs.
• persistance d'un écart inter-fragmentaire, de 6,3 mm Un diagnostic bactériologique est indispensable
± 4,5 mm pour Neuhaus dans le traitement par bras- avant toute antibiothérapie. Le traitement comporte
sard de Sarmiento [30] ; l'ablation de l'ostéosynthèse et une excision des tissus
• insuffisance de rigidité d'une ostéosynthèse infectés suivis par une fixation externe.
par plaque, avec un nombre de prises corticales En cas de pseudarthrose septique, l'ablation du maté-
insuffisantes ; riel associée à une excision des tissus infectés précède
• défaut de verrouillage ou diamètre insuffisant d'un la fixation externe. L'antibiothérapie sera adaptée au
clou ; germe après avis d'un infectiologue. Le traitement est
• remplissage insuffisant du fût diaphysaire par des long et son issue incertaine.
broches.
Son traitement doit être chirurgical, avec une ostéo- Conclusions
synthèse stable associée ou non à une autogreffe.
Certains [32] préconisent l'ostéosynthèse systéma- Les FDH sont souvent traitées orthopédiquement,

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tique par plaque avec greffe osseuse autologue, quel encore que les progrès de l'ostéosynthèse et la pression
que soit le traitement initial. Cette méthode a l'avan- des patients fassent gagner de plus en plus de terrain
tage de contrôler le nerf radial, de permettre la reper- au traitement chirurgical.
méabilisation du canal médullaire et une fixation La consolidation osseuse est plus rapide après trai-
rigide avec une mise en compression de la pseudar- tement orthopédique (9 semaines) qu'après ostéosyn-
throse, au besoin en raccourcissant l'humérus. Le nerf thèse par plaque (11 à 19 semaines).
radial doit être repéré à distance de la pseudarthrose et Le traitement orthopédique est le moins coûteux
faire l'objet d'une libération prudente. car il est ambulatoire, l'hospitalisation initiale non
En cas de pseudarthrose sur clou ou broches, un indispensable, le taux de complications faible (en par-
enclouage sera retenu avec un clou de plus grand dia- ticulier celui de pseudarthrose) et la récupération fonc-
mètre et surtout un alésage afin de stimuler l'ostéo­ tionnelle rapide.
genèse et réaliser ainsi une autogreffe «  in situ 
». L'ostéosynthèse, quelle qu'elle soit, permet d'obtenir
L'enclouage peut également être utilisé en cas de une réduction plus anatomique mais au prix de compli-
pseudarthrose hypertrophique. Cependant, Dujardin cations iatrogènes que sont l'infection, le démontage,
Fractures récentes et anciennes de la diaphyse humérale de l'adulte 71

l'atteinte secondaire du nerf radial et la pseudarthrose. [17] Dufour O, Beaufils P, Ouaknine M, Vives P, Perreau M.

Toutes les ostéosynthèses sont grevées de complica- Traitement fonctionnel des fractures récentes de la diaphyse
humérale par la méthode de Sarmiento. Rev Chir Orthop
tions, et leurs résultats sont comparables. Quelle que 1989 ; 75 : 292–300.
soit la technique choisie, une technique rigoureuse est [18] Zagorski JB, Latta LL, Zych GA, Finnieston AR. Diaphyseal
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