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N° 343 '‫מסכת עירובין ע"ד – פ‬ TRAITE EIROUVIN 74 – 80 ‫ י"ז כסלו תשס"ו‬,‫בס"ד‬

„ Le Eirouv des cours dans des bungalows „ Le premier Chabbat est déterminant
„ La présence du propriétaire „ Le droit de se servir
„ La définition de la mesure d'une paroi „ Où allumer les bougies de 'Hanouka?
„ Un Eirouv T'houm pour tous les habitants d'une ville „ La salle à manger ou la chambre à coucher

Page 72b – 73a ...‫ האחים שהיו אוכלים‬85b, ‫יש שם תפיסת יד‬
Le "Eirouv des cours" dans des bungalows "Une source de vie"
Toute cour dans laquelle sont rassemblées plusieurs maisons nécessite un Eirouv Toute personne qui passe de
'Hatsérot avant l'entrée du Chabbat, sans quoi les résidents de cette cour ne longs moments dans sa
journée à s'occuper d'apporter
pourraient déplacer des objets d'une maison à une autre, ni même d'une maison à la
de l'aide, de soutenir et parfois
cour ou inversement. De même, il est interdit dans un immeuble de porter d'un même d'entretenir ses
appartement vers la cage d'escalier ! prochains est bien souvent
Les décisionnaires se penchent bien souvent sur les cas des cours d'immenses confrontée à un problème
bâtiments, dans lesquelles de très nombreuses personnes résident, comme par difficile. Très vite en effet, elle
exemple les hôtels ou les hôpitaux. Chacun de ces endroits est un monde à part d’un en arrive à la conclusion
point de vue halakhique, nous allons tenter de découvrir ici le statut exact des suivante : "Je suis tellement
bungalows, ces petites maisonnettes louées par différentes familles. Ces bungalows pris dans ma journée à réaliser
se distinguent des hôtels ordinaires par le fait que chacune des familles qui y résident des Mitsvot et à aider mon
prochain que je n'ai plus un
prend son repas séparément, et non dans une même grande salle à manger. De
seul instant à consacrer à
même, à l’inverse des hôpitaux dans lesquels la nourriture provient tout du moins l'étude". Malheureusement,
d’une seule et même cuisine, chaque famille amène, dans ces bungalows, sa propre cette idée peut amener
nourriture. La question se pose de savoir s’il y aurait un point commun à tous ces également à penser que ces
résidents qui les associe et qui puisse ainsi leur éviter d’avoir à réaliser un Eirouv occupations constituent une
‘Hatsérot. "dispense" à l'étude. Mais
La présence du propriétaire : Et de fait, une large discussion divise les l'histoire qui suit nous montrera
décisionnaires à propos d’un endroit dans lequel le propriétaire résiderait également, combien cela est erroné :
comme c’est le cas dans les bungalows, où le loueur habite bien souvent dans l’une La porte de la maison de Rabbi
des ailes de ces bâtiments. Zannwil Zoucha restait
constamment ouverte. A
Une "mainmise" sur les meubles : La Halakha tranche à ce sujet (85b, et
chaque heure du jour et de la
Choul’han Aroukh 370, 2) que si le propriétaire réside parmi ses locataires, à partir du nuit, on venait des quatre coins
moment où il possède une certaine "mainmise" [textuellement : "Tefissat Yad"] sur les du pays y frapper en espérant y
maisons louées, et qu’il y dépose ses meubles (Michna Beroura ibid. 10 et 11), cette trouver une aide. Chacun
présence dispense un tel emplacement de "Eirouv de cours", du fait que l'ensemble présentait devant le protecteur
du domaine lui appartienne, et qu'il l'utilise à son gré. Cet état de fait résout également des plus démunis son cas
le problème des hôtels, lorsque le propriétaire y établit résidence ; effectivement, il particulier : les uns venaient
détient des effets, les meubles des chambres, dans chaque recoin du bâtiment, ce qui demander de l’aide pour la
constitue le meilleur ascendant qui soit sur sa propriété. libération de leur jeune fils
récemment enrôlé dans l’armée
Et de fait, le Maharchag (responsa 122) ainsi que Rav Moché Feinstein (Iguerot
russe, d’autres se plaignaient
Moché O.H. tome I, 141) jugent la question de cette manière. Pourtant, la majorité des des souffrances que leur
décisionnaires ('Hazon Ich 92 "Techouva", Chemirat Chabbat Kéhilkhata ch. 17 note faisaient subir leurs voisins
58 au nom du Aroukh Hachoul'han, responsa Dvar Avraham t. III, 30, Min'hat Its'hak t. goy, et certains autres étaient
IV, 55 au nom du Maharcham, Chévet Halévy t. II, 54, ainsi que Rav Elyachiv Chlita) de simples Juifs venant
avancent pour argument, qu'en vertu du fait que les meubles de ces hôtels sont eux- demander une aide
mêmes également loués aux locataires, il n'est plus possible de considérer cette substantielle pour remettre leur

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Traité Eirouvin 74 - 80 '‫ פ‬-‫מסכת עירובין ע"ד‬

commerce sur pied. Sans situation comme étant une "mainmise". C'est-à-dire que l'avantage de la
aucune interruption, Reb présence du propriétaire réside uniquement dans le fait qu'il puisse disposer de
Zannwil se déplaçait d’un ses biens déployés dans son immeuble ; si ces derniers sont inclus dans la
endroit à l’autre pour rencontrer location, que lui reste-t-il ?
l’un ou l’autre des seigneurs du
Pour preuve, nous disent ces décisionnaires, si la présence de biens loués
pays. Toute son existence
n’était que bienfaisance et constituait une emprise suffisante du propriétaire sur son immeuble, pourquoi
soutien à autrui. ne pas justifier cela par le simple fait que le bâtiment entier lui appartienne ?!
L’ennui dans une vie si chargée Précisons cependant que cette démonstration n'est vraie que pour une
d’intérêt à l’autre était le fait qu’il location de longue durée – pour plus de trente jours. Si en revanche, il ne
n’avait depuis longtemps plus s'agissait que d'une période plus courte, la présence des autres résidents ne
trouvé un seul instant à serait considérée que secondaire vis-à-vis de celle du propriétaire. Il n'est donc
consacrer à son étude. Il absolument pas nécessaire d'effectuer un Eirouv, ce domaine ne possédant,
s’occupait de problèmes si aux yeux de la Halakha, qu'un unique résident (cf. Choul'han Aroukh O.H. 370,
importants, qui traitaient parfois
8 et Michna Beroura sur place).
même de dangers de mort, qu’il
ne pouvait se permettre de
Il ne nous est pas possible de nous étendre sur les détails de chacun des
s’interrompre dans son œuvre si cas particuliers, comme les hôtels ou les hôpitaux, mais nous préciserons
intense, ne serait-ce qu’un seul néanmoins une indication générale importante à ce sujet.
moment. De temps à autres, il Lorsque tous les résidents d'un immeuble possèdent une chambre
se souvenait des heures particulière pour y dormir, mais mangent dans une même salle, il sont tous
merveilleuses qu’il avait passé à considérés comme les habitants d'une seule et même demeure ; le Eirouv des
approfondir les plus beaux cours n’est donc plus exigé. Dans ce cas, même la présence de personnes
sujets du Talmud et son cœur le entrant dans la catégorie de celles qui invalident la réalisation d’un Eirouv,
poussait à rejoindre les bancs comme les non juifs ou les Juifs renégats, ne serait plus déterminante. En effet,
de la maison d’étude. Mais, bien
le Eirouv n’étant pas exigé, ces personnes ne sauraient l’invalider.
vite, il se rappelait que tout cela
n’était plus que du passé : « Si En revanche, lorsque ces résidents prennent leurs repas séparément, mais
je m’arrête, qui donc aidera ces que la nourriture est préparée dans une seule cuisine, comme cela se voit
pauvres Juifs ? ». fréquemment dans différents hôtels et hôpitaux, cet état de fait associe tous les
La fête de Chavouot approchait. résidents sur la nourriture consommée et constitue en soi un véritable Eirouv.
Rabbi Zannwil Zoucha s’associa Cette idée se retrouve dans la Guemara (71a) qui rapporte, à propos des
aux groupes de ‘Hassidim qui "Chitouf Mévoot", que lorsque les habitants sont associés sur une même
avaient décidé d’aller passer la cruche, il n'est plus nécessaire de réaliser ce "Chitouf", ni même le "Eirouv des
fête aux côtés de leur maître : le cours". Néanmoins, la présence d'une personne invalidant le Eirouv justifierait
"Imrei Emet", le Rabbi de Gour.
ici qu'il ne soit pas permis de porter si ce n'est en leur louant, pour la durée du
On racontait que l'ambiance
auprès du saint homme était en
Chabbat, une partie de leur droit de résidence (Nétivot Chabbat de Rav Blau
ce jour si extraordinaire que l'on Chlita, ch. 31, note 15).
pouvait véritablement ressentir
le don de la Torah, comme le Page 80b, ‫עושין לחי אשירה‬
jour où elle fut donnée au mont La définition de la "mesure d'une paroi"
Sinaï. Rabbi Zannwil passa une Nous allons tenter dans ce passage, de découvrir une démonstration
fête particulièrement pénétrante de Rav 'Haïm Solovetchik de Brisk, grâce à laquelle il établit une
mémorable, et alla prendre
distinction entre deux points halakhiques qui sembleraient de prime abord
congé de son Rabbi et lui
demander sa bénédiction,
similaires en tous points.
comme le voulait la coutume La poutre d'un Mavoï que l'on aurait fabriquée à partir d'un arbre de Achéra
dans le monde des 'Hassidim. [qui servait au culte idolâtre] – lequel est voué à l'incinération, n'est pas valable
Mais voici qu'au moment où selon l'avis de Rav 'Hiya Bar Achi. Cette opinion a été retenue par la Halakha
notre homme se tient devant le (Choul'han Aroukh O.H. 363, 16), conformément au fameux principe selon
Rabbi, celui-ci lui demande lequel "sa mesure s'est résorbée". Cette règle stipule que l'obligation que l'on a
soudain : « Zannwil Zoucha, de détruire cet arbre élimine ses dimensions réelles, comme si dès à présent, il
est-ce que tu étudies ? ». En était considéré comme étant déjà calciné.
sentant la confusion se Malgré cette allégation, Rav 'Hiya Bar Achi affirme pourtant que lorsqu'il
répandre dans tout son corps, il
s'agit du poteau déposé sur le côté de l'entrée de la ruelle, il n'y aurait pas
n’eut d’autre choix que celui
d’avouer à son maître : « J’ai d'invalidité s'il avait été fabriqué à partir d'un tel arbre ! Ces quelques lignes de
très peu de temps pour moi ! ». Guemara nous laissent perplexes, comme le remarquent déjà les Tossefot sur
En entendant la réponse, le place ("Aval") : de la même manière que la poutre placée sur la largeur de
Rabbi le pria de revenir le voir l'entrée du Mavoï doive posséder une épaisseur minimale, il en va de même
une fois que tous les ‘Hassidim pour ce poteau qui doit avoir une hauteur minimale de dix Téfa'him ! Pourquoi
l’auraient quitté. Reb Zannwil ne dirions-nous donc pas que les dimensions du poteau sont considérées
patienta donc dans la pièce d’ores et déjà comme nulles, suite à l’obligation que l’on a de brûler ce bout de
attenante, jusqu’aux petites bois ? (cf. Raavad lois sur Chabbat ch. 17, 12).
heures du matin. Lorsqu’il fut
Rabbi ‘Haïm de Brisk (‘Hidouchei Rabbenou ‘Haïm, Chabbat) intervient
introduit à nouveau devant le
saint homme, il découvrit une
alors pour résoudre cette énigme, en présentant une approche originale sur la
multitude de "Kwitlekh", des définition des dix Téfa’him exigés pour la réalisation de ce Eirouv.
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Nous savons que toute surface entourée d’une cloison haute de dix petits papiers dans lesquels les
Téfa’him est considérée comme un domaine privé. C’est au demeurant la élèves indiquent leurs requêtes,
raison pour laquelle le poteau placé à l’entrée de la ruelle doit être d’une telle déposés sur la table. Après un petit
hauteur, pour lui donner le statut d’une cloison. moment d'attente, le Rabbi le fixa
A présent, tentons d’analyser cette règle : est-il nécessaire que la cloison de ses yeux purs, indiqua du doigt
entourant un tel domaine soit haute de dix Téfa’him, ou bien peut-être l'amoncellement de papiers sur la
faudrait-il que l’endroit soit entouré d’une hauteur de dix Téfa’him ? Si les table et déclara : « Alors Zannwil
deux aspects du problème vous paraissent encore parfaitement identiques, Zoucha, crois-tu que moi, j’ai le
cela ne provient pas d’un manque de compréhension de votre part, mais tout temps ?! ». Il n’ajouta pas mot, mais
l’effet fut à son comble. Le Imrei
simplement du fait que nous ne l’avons pas encore expliqué comme il se doit. Emet, qui avait de très lourdes
Il est possible de comprendre d’un côté que l’on définisse par "domaine charges sur ses épaules, était
privé" tout endroit entouré d'une "cloison". Il nous incombe donc de définir la pourtant réputé pour son incroyable
teneur d'une telle cloison ; nous allons donc ouvrir les livres qui traitent de ce assiduité. Aucun prétexte au monde
sujet et nous y découvrirons que sa mesure minimale doit être de dix ne saurait avoir autant d’impact que
Téfa'him. Nous pourrons par conséquent certifier que lorsque cette barrière ces quelques mots prononcés par
est fabriquée à partir du bois de "Achéra", elle ne saurait en aucun cas remplir lui : « Crois-tu que j’ai le temps ?»
cette fonction : ses dimensions étant aussitôt réduites, elle ne possède donc Et c’est ainsi que le Rambam décrit
pas la mesure minimale requise. Or, sans cloison conforme, il n'y a pas non cette Mitsva : « Chaque homme du
peuple juif… a l’obligation de fixer
plus de domaine privé.
des moments pour l’étude de la
Admettons à présent que pour obtenir un domaine privé, il ne soit pas Torah ». Tout homme, qu’il soit pris
nécessaire d'établir une cloison. Bien plus, il n'y aurait aucune nécessité de par ses affaires ou préoccupé à
disposer d'une "mesure réglementaire de cloison", mais uniquement d'une répandre le bien autour de lui, doit
surface simplement entourée d'une hauteur de dix Téfa'him. Répétons-nous : fixer des moments pour son étude,
aucune cloison n'est exigée, il faut seulement qu'une hauteur de dix Téfa'him et ne peut s’en dégager quelle que
de la superficie du domaine soit encerclée. En nous penchant à nouveau sur soit l’importance de ses
notre cas de figure, nous ne pourrions à présent refuser à une surface occupations. La Torah est l’essence
entourée de bois de "Achéra" le statut de domaine privé ; celle-ci est en effet de la vie, et le peuple juif ne peut
réellement clôturée jusqu'à la hauteur obligatoire. En d'autres termes, il n'est s’en détacher sous aucun prétexte.
pas nécessaire de répondre aux exigences d’une "définition halakhique" de
cloison, mais un état de fait simple et concret suffit pour nous affirmer que
nous avons bien sous les yeux une place clôturée. Le domaine lui-même se Page 79b, ? ‫תרתי‬
doit d'être enclos jusqu'à une certaine hauteur – et il l'est. "Deux lois ?" Cette question qui
A présent, nous dit Rabbi 'Haïm, étant donné que le poteau est là pour revient fréquemment dans la
"murer" l'ouverture, cette fonction est correctement remplie ; la hauteur Guemara peut s'interpréter de trois
minimale de ce poteau exigée ne découlant pas de la définition d'une cloison manières différentes :
halakhique, mais simplement du fait que c'est la manière pratique et concrète A. Lorsqu’un Sage du Talmud
de fermer une ouverture. mentionne deux lois qui semblent
contradictoires, on l’interroge en lui
En conclusion, nous comprenons dès lors que le principe "des mesures
demandant : "deux lois ?",
résorbées" ne signifie pas que l'objet soit matériellement décomposé, mais il "comment peux-tu énoncer deux
lui ôte uniquement la valeur halakhique de sa mesure. lois apparemment contradictoires ?"
B. Lorsque deux lois énoncées
Page 80a, ‫אמר רב נחמן נקטינן אחד עירובי תחומין‬ semblent se répéter, du fait qu'elles
Un Eirouv T'houm pour tous les habitants de la ville proviennent du même raisonnement,
Le Eirouv T'houm – c'est-à-dire l'élargissement des limites d'une ville la Guemara demande : "deux lois
d'une distance de deux mille coudées, se réalise en déposant de la nourriture ?", "quelle était la nécessité de
cette répétition ?"
à l'extérieur de la ville. De cette manière, le propriétaire de ce plat acquiert un
C. Lorsqu'une loi exige deux
nouveau lieu de résidence pour ce Chabbat, et il lui devient permis de se conditions qui semblent superflues,
rendre jusqu'à cet emplacement. la question se pose : "deux lois ?",
Au même titre que pour les autre catégories de Eirouv, l'un des c'est-à-dire que ces deux points ne
habitants peut les réaliser pour l'ensemble d'une propriété, le Eirouv semblent a priori pas nécessaires.
T'houmim peut être également réalisé par une seule personne pour la (Halikhot Olam II, ch. 1, 29).
totalité d'une ville. Avant l'entrée du Chabbat, elle réalisera une
procuration de droit pour tous les habitants et proclamera que toute Page 71b, ‫בסומכין על שיתוף במקום‬
personne intéressée pourra utiliser son Eirouv (Choul'han Aroukh O.H. ‫עירוב‬
413). Le rêve du "Baal Haméfaked"
Dans le livre "Baal Haméfaked",
Néanmoins, il existe une distinction notable entre ces différents l'auteur raconte les faits suivants :
Eirouvin : alors que pour les associations des cours et des ruelles, il suffit Le vendredi 2 'Hechvan 5660
simplement de déposer une quantité de nourriture équivalente à deux (1899), il conclut l'étude du sujet
repas quel que soit le nombre des associés, le Eirouv T'houmim exige une traversé dans ces pages, et acheva
telle mesure de nourriture pour chacune des personnes intéressées. d'écrire ses commentaires. Le
Cependant, il n'est pas nécessaire de déposer deux repas complets pour vendredi soir, il vit en rêve un vieil
chacune d'entre elles, mais simplement un aliment qui puisse servir pour homme, d'une belle apparence,
deux repas, une rondelle d'oignon par exemple serait suffisante pour paré des habits d'Erets-Israël et
agrémenter les deux repas d'une seule personne. coiffé d'un turban turc. L'homme se
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présenta comme étant Rav D'où provient cette différence entre le Eirouv d'un T'houm et les autres catégories
Yossef Karo, l'auteur du "Bet mentionnées ? Le Taz (O.H. 411, 1) explique que la nécessité d'établir un Eirouv dans
Yossef", et lui présenta une une cour découle du fait que plusieurs habitants résident dans un même lieu. Pour
page écrite avec une grande dénouer cette situation problématique, le Eirouv associe les différents résidents sur un
colère. En s'éveillant, il se même repas, et c'est pourquoi la mesure de deux repas est suffisante pour réaliser
démena et trouva finalement cette association. Le problème du T'houm, en revanche, s'applique sur chaque
que le Ba'h et le Taz (387) personne séparément, en fonction de son lieu de résidence et indépendamment des
s'opposait avec véhémence
autres Juifs de la ville. C’est pourquoi il est nécessaire, afin d’établir un Eirouv de
aux propos du Bet Yossef
concernant ce sujet étudié, et T’houm pour une ville entière, de déposer l’équivalent de deux repas pour chacun de
écrivirent même qu'il ses habitants.
s'agissait d'une véritable Concrètement, écrit le ‘Hatam Sofer (responsa O.H. 93), nous avons pour habitude
erreur qui s'était glissé sous de réaliser un Eirouv public en évaluant approximativement le nombre de personnes
la plume de Rav Yossef Karo. qui pourraient en avoir utilité, en le léguant à toute personne intéressée à sortir du
Sur place, l'auteur du Chaar T’houm de la ville.
Haméfaked s'installa et reprit Le premier Chabbat est déterminant : L’une des questions les plus courantes
les données de la question, et posées à ce sujet relève du fait que le plat du Eirouv n’est en général pas changé
s'efforça de toutes ses forces
chaque semaine, mais est conservé pour plusieurs Chabbatot, comme on le fait avec
d'éclaircir les paroles du Bet
Yossef, jusqu'à ce qu'il
des fruits secs qui ne se détériorent pas. S’il en est ainsi, il nous faut bien admettre que
découvrît une explication les personnes l’ayant utilisé le premier Chabbat ont acquis leur part dans ce repas.
satisfaisante… Comment donc serait-il possible de le mettre à la disposition d’autres personnes pour
les semaines suivantes ?
Page 75b, ‫ג' מחלוקות בדבר‬ Il semble évident que la solution à ce problème réside dans le fait que les
"Trois discussions…" responsables du Eirouv établissent comme condition explicite que le Eirouv soit à la
Nous avons l'habitude de disposition des intéressés uniquement pour ce même Chabbat, mais qu’ensuite, leur
comprendre qu'une droit s’annulerait automatiquement. La difficulté se situe à présent à un autre niveau :
"Ma'hlokète" signifie une les décisionnaires se sont en effet opposés pour déterminer si une telle acquisition,
discussion ou une
dans laquelle l’objet reviendrait au premier propriétaire sans aucune intervention de la
controverse entre différents
avis. Pourtant, ce même seconde partie, serait réellement tangible. Et de fait, le Roch (Souca ch. 4, 30) tranche
terme se retrouve dans les que lorsqu’une personne offre un cadeau à son ami, à la condition qu’il lui soit par la
versets comme indiquant : suite restitué, il est impératif de réaliser une procédure d’acquisition afin de remettre
une communauté, un groupe l’objet à son premier propriétaire. Sans cela, nous dit le Roch, la condition ne serait pas
de personnes. Le verset dit remplie et, dans la mesure où le cadeau en dépendait, il se trouverait qu’il n’en fut
en effet (Divrei Hayamim I, jamais un ! Dans notre cas également, si les personnes qui sortent du T’houm ne
27, 1) : « … chaque section restituent pas concrètement le plat du Eirouv, il serait nécessaire d’un déposer un
comprenant vingt-quatre mille nouveau chaque semaine.
hommes ».
Un droit de se servir : Rav Chmouel Halévy Wozner Chlita se penche dans son
Nous voyons par ailleurs
dans notre Guemara, qu’une
livre de responsa (Chévet Halévy t. VI, 44) sur ce problème complexe et écrit que la
loi a fait l’objet de "trois position originale du "Emek Chéela" (132) à ce sujet pourrait résoudre cette difficulté.
discussions", ce qui signifie Selon lui, il ne serait pas nécessaire, pour prendre part au Eirouv, d'acquérir
en réalité que trois groupes véritablement le plat déposé, mais une simple acquisition, s'exprimant ainsi, serait
de Sages ont émis leur suffisante : si la personne concernée souhaitait consommer le Eirouv, personne ne
opinion sur la question. Il ne pourrait l’en empêcher. Celui qui dépose le Eirouv mettant la nourriture à la disposition
peut en effet s'agir de de toute personne intéressée, cette forme d’acquisition permettrait à quiconque de
"controverses", puisque dans s’inclure dans un Eirouv de T’houm. Il n’est donc pas nécessaire de se rendre
ce cas, il n'y a eu réellement "propriétaire" du plat, mais simplement de disposer d'un "droit de consommation". Dès
qu'une seule discussion !
lors, il n'est plus indispensable de restituer le Eirouv, dans la mesure où aucune
Page 73a, ‫מקום לינה גורם‬ acquisition véritable n'a eu lieu auparavant. [Cf. sur place les remarques du Daat Torah
Un loyer double 366 émises à l'encontre de l'avis du Emek Chéela, ainsi que la proposition rapportée
Rabbi David Rappaport, par R. Wozner de permettre, même selon cet avis, le Eirouv d'un T'houm, celui-ci
auteur du "Mikdach David" n'étant que d'ordre rabbinique, en se fondant sur l'avis du Rambam qui admet la
était un grand érudit, réputé restitution d'un objet sans effectuer de véritable acquisition].
pour son assiduité ; il était Le Eirouv du T'houm à Tel-Aviv : Nous avions rapporté dans le feuillet 340 qu'il
penché sur son étude jour et serait nécessaire d'établir un Eirouv de part et d'autre des boulevards de Ayalon, à Tel-
nuit, et ne s'accordait Aviv. Rav Avraham Yehouda Halperin Chlita, Rav de la communauté de Koznits à Tel-
quasiment pas de repos.
Aviv, nous écrit à ce propos qu'il a lui-même réalisé un Eirouv en cet endroit afin de
A un tel point que le non juif à
qui il louait sa maison vint un
permettre aux personnes qui le souhaitent de traverser les deux parties de la ville. Il
jour à se plaindre, réclamant est possible de se renseigner à ce sujet au numéro : (00 972) 50 567 66 57.
que le Rav lui paye un double
loyer. « En effet, dit-il, il utilise Page 74a, ‫מקום פיתא‬
sa maison et ses meubles Où doit-on allumer les bougies de 'Hanouka ?
deux fois plus que de L’un des problèmes qui se posent le plus fréquemment au sujet des lois de ‘Hanouka
coutume, le jour aussi bien consiste à savoir où exactement devons-nous placer la ‘Hanoukiya. La règle stipule en
que la nuit… »
effet que l’on doit allumer les bougies dans l’endroit où l’on réside. Cependant, quels
Traité Eirouvin 74 - 80 '‫ פ‬-‫מסכת עירובין ע"ד‬

sont au juste les critères d’un lieu d’habitat ? Chaque année, cette question est à
nouveau relevée, particulièrement par les étudiants en Yéchiva, qui prennent
leurs repas en un endroit et dorment dans un autre. Où doivent-ils allumer ?
La chambre à coucher ou la salle à manger ? : Ce passage de notre
Guemara est l’un des seuls du Talmud à nous éclairer sur cette définition, qui a
également trait avec les lois sur le Eirouv. Et de fait, pour réaliser un Eirouv de
cours ou celui sur le T’houm, il est indispensable d’établir avec certitude quel est
Liste des cours du Daf l'endroit défini comme étant celui du lieu de résidence. Rav et Chmouel ont
HaYomi en France : débattu dans les pages que nous étudions au sujet d’un homme qui mangerait
dans un endroit et dormirait ailleurs : est-ce le "lieu du pain", l'endroit des repas
Paris
-Rav Seneor (rue pavée)
qui est déterminant, ou bien est-ce le "lieu du coucher" que l'on retiendra ? Il a
-Rav Cahen (Adath Yereïm) été tranché par la Halakha (Choul'han Aroukh 370, 5) que le lieu des repas est le
-Rav Rozenberg (Rue Cadet) plus décisif.
-Rav Abdellak
-Rav Y. Ibgui (Neuilly)
Le parallèle établi entre les lois sur le Eirouv et celles de 'Hanouka nous est
-Communauté du Raincy révélé par le Taz (677, 2) qui rapporte de notre Guemara une preuve pour l'avis
-Rav Lumbroso-Roth (70, rue du Rachba (rapporté dans le Rama sur place). Le Rachba considère en effet
Crimée) qu'une personne qui dormirait dans un endroit et mangerait dans un autre devrait
ème
-R. Zana (Av. F. Faure 15 )
allumer ses bougies de 'Hanouka à l'endroit où il prendrait ses repas, qui
Marseille constitue son lieu d'habitat principal. Le Taz précise cependant que cette loi ne
-Rav Doukan (CDIM, rue du saurait s'appliquer qu'au cas précis où l'on possèderait véritablement deux
Rouet)
-Rav P. Cohen (Birkat Mordekhai) résidences, dans lesquelles les repas et le lieu de sommeil se distinguent. En
-Rav Suissa (Collel) revanche, lorsqu'on est simplement invité à manger chez un ami, il est évident
-Rav Lasry (St. Loup) que le lieu des repas ne serait pas déterminant. Il conclut ce point en ajoutant :
Nice « Bien que j’ai déjà vu plusieurs personnes qui, lorsqu’elles mangeaient chez un
-Rav Mergui (CEJ) ami, lui envoyaient leurs bougies et y allumaient… c’est une véritable erreur, ces
gens ne comprennent pas ce sujet ».
Aix-en-provence
-Rav Nezri (Beth Hamidrash)
De plus, même dans certains cas où les repas sont pris de manière fixe dans
un même endroit, les bougies n’y seront néanmoins pas toujours allumées. Notre
Strasbourg Guemara pose en effet la question au sujet des élèves de Yéchiva, qui prennent
-R. Weill – R. Rozen
-R. Szmerla (Adath Israël)
leur repas chez des particuliers et qui ont leur chambre à coucher dans le
-R. Schwartz (Ets Haïm) bâtiment de leur lieu d’étude. Rav Chéchete tranche que dans ce cas précis,
-R. Benech (Collel) l’endroit où ils dorment sera déterminant, et non la maison de leur hôte. La
Guemara en explique la raison : il est évident que les étudiants, s’il leur avait été
Pour associer ou développer un
nouveau cours, prenez contact ! donné le choix, auraient préféré prendre leurs repas à la Yéchiva, plutôt que
Tel : 00 972 54 789 10 81 dans les maisons d’autres personnes… Cette loi a par ailleurs été tranchée
Fax : 00 972 2 537 74 80 également au sujet du Eirouv d’un T’houm (Choul'han Aroukh 409, 7) ainsi que
Mail : france@meorot.co.il
pour le Eirouv des cours (Choul'han Aroukh 370, 5 dans le Maguen Avraham, le
Peri Meguadim et Biour Halakha au nom des Richonim).
En vue de ces indications, il semblerait que les jeunes étudiants en Yéchiva
doivent allumer les bougies de ‘Hanouka dans la salle où ils partagent leurs
Assurez-vous de repas. Mais dans le cas où le réfectoire se trouverait éloigné de la salle d’étude,
recevoir ce feuillet et les chambres à coucher en seraient proches, il leur faudrait allumer en ce lieu,
puisqu’il est évident que les étudiants auraient préféré prendre leur repas à
chaque semaine en l’endroit où ils dorment. Et de fait, on rapporte que le ‘Hazon Ich aurait indiqué à
confirmant votre des étudiants en Yéchiva d’allumer les bougies dans le réfectoire.
Cependant, certains font mention d’un inconvénient concernant l’allumage
abonnement ! dans un réfectoire : ce lieu est commun à l’ensemble des élèves, et ne désigne
Si l'un des numéros ne nullement un endroit particulier à chacun des jeunes, contrairement aux
chambres qui sont beaucoup plus personnelles. Selon ces avis, il leur faudrait
vous est pas parvenu, systématiquement allumer dans la chambre à coucher (cf. Iguerot Moché O.H.
n'hésitez pas à le tome IV, page 128).
Un autre raisonnement a été avancé pour favoriser l’allumage dans les
signaler à : chambres : les bougies de ‘Hanouka sont dédiées à proclamer le miracle. Or, les
france@meorot.co.il et jeunes se trouvent nettement plus souvent dans l’internat que dans le réfectoire
(Min’hat Its’hak tome VII, 48). Certains soutiennent d’ailleurs que le ‘Hazon Ich
nous vous l'enverrons lui-même aurait conseillé de prendre de préférence les repas durant la période
dans les plus brefs délais de ‘Hanouka dans les chambres à coucher, afin de parer à toute incertitude (cf.
le recueil "Yemei Ha'hanouka p. 64 au nom de Rav 'Haïm Kanyevsky Chlita).

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