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INTRODUCTION
Comme le suggère le grand liturgiste jésuite Robert F. Taft, dans l’un des ses ouvrages
sur l’histoire de la divine liturgie de saint Jean Chrysostome :
Trois phases historiques caractérisent les études et les recherches qui ont trait aux
relations entre le culte juif du premier siècle de notre ère et celui issu du christianisme :
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Robert Francis TAFT, A History of the Liturgy of St. John Chrysostom. Vol. V. The Precommunion Rites, Roma,
Pontificio Istituto Orientale, 2000, coll. “Orientalia christiana analecta” 261, p. 43 ; c’est nous qui traduisons.
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- fin du XVIIe s. Certains historiens du culte 2 , dans le monde protestant,
commencent à avoir l’intuition qu’il existe une relation entre les pratiques liturgiques
juives et celles du christianisme naissant.
Compte tenu de cette évolution, il peut être important de décrire les foyers de vie juive
qui ont permis l’émergence et la formation de ces modèles de prière.
1.2. Les foyers du culte et des pratiques religieuses juives au premier siècle
Trois centres caractérisent et animent la pratique religieuse juive du Ier siècle de notre
ère : le Temple (avant l’année 70), la synagogue et la maison.
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Campegius VITRINGA (1659-1722).
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Frederick Edward WARREN (1842-1930).
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Gregory DIX (1901-1952), auteur d’un ouvrage fondamental pour la connaissance de l’histoire du culte
chrétien, et notamment de l’eucharistie : The Shape of Liturgy, Westminster [London], Dacre press, 1945. Dans
,
cet ouvrage l’auteur met en relation les pratiques juives et les pratiques chrétiennes.
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Walter FRERE (1863-1938) ; Frederick GRANT (1891-1974) ; LOUIS FINKELSTEIN (1895-1991).
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Joseph (Hans) HEINEMANN (1915-1977).
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Hatpiylah ḃitqẇpat hatanaʾiym whaʾamŵraʾiym : ṭiybah ẇdpẇseyha [La prière dans la période des Tanna’im
et des Amora’im : sa nature et ses modèles], Yerẇšalayim, Maʾgnes, haʾẇniybersiyṭah haʿibriyt, 1964 ; 19662 ;
trad. angl. : Id., Prayer in the Talmud : Forms and Patterns, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1977, coll.
“Studia Judaica. Forschungen zur Wissenschaft des Judentums” 9.
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1.2.1. Le Temple
Durant ces fêtes, des foules se pressaient au Temple et, les sources que nous possédons
laissent penser que les gens y priaient individuellement, pendant que les prêtres
accomplissaient le culte sacrificiel dans les cours intérieures du Temple. Durant la liturgie, les
lévites chantaient des psaumes (1 Ch 6,31-33 ; Ne 7,1.44), chant qui voyait la participation du
peuple par des acclamations, des refrains ou des litanies (1 Ch 16,36 ; Ps 135 ; 106, 1). Selon
les sources rabbiniques, l’absence de chant des psaumes aurait rendu invalide un sacrifice.
Une description de la liturgie du Temple nous est donnée par les écrits de Ben Sira (Si
50,1-21) : son de trompettes et prosternation du peuple. D’autre part, on sait qu’aux heures
des sacrifices quotidiens, le peuple de Jérusalem faisait halte et priait ou bien, si on était loin,
on s’associait par la prière, en se tournant vers la cité sainte (Dn 6,10).
1.2.2. La synagogue
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proclamation du texte avec des bénédictions. La cérémonie se structurait de la manière
suivante :
Les écrits du Nouveau Testament pourraient être considérés comme le fruit de cette
activité communautaire de lecture et de commentaire de la Torah.
1.2.3. La maison
La prière domestique juive au Ier siècle semble présenter une certaine stabilité, quant
aux thèmes et à la structure. Cela est moins vrai en ce qui concerne les textes qui y sont
employés, puisque il y avait interdiction de mettre par écrit les prières. La prière quotidienne
juive comportait la récitation de prières dont la forme était établie depuis longtemps :
D’autres prières pouvaient être récitées lors des repas quotidiens (bénédictions,
Berakhot) ou en concomitance des sacrifices du Temple, du shabbat (prière de sanctification,
Kiddush) et des jours solennels (Seder de la Pâque).
La maison n’avait pas de lieu particulier destiné à la prière. Celle-ci était encadrée,
pour ainsi dire, par la posture corporelle : station debout, bras étendus, orientation vers
Jérusalem. De plus, la pratique de l’allumage des lampes apparaît comme un usage
typiquement domestique, bien attesté à cette époque, ayant pour fonction d’inaugurer
l’observance du shabbat.
En parlant des foyers du culte et des pratiques religieuses juives au premier siècle,
nous avons déjà nommé, sans pouvoir nous y arrêter, certaines prières propres à ces lieux et à
ces pratiques. Nous allons donc décrire davantage ces différentes prières, afin de mieux saisir
quelles formes pouvait prendre la prière dans la tradition juive, à cette époque.
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Stefan C. RIEF, « The Early History of Jewish Liturgy », dans : Paul F. Bradshaw, Lawrence A. Hoffman, éd.,
The Making of Jewish and Christian Worship, Notre Dame (Indiana), University of Notre Dame press, 1991, coll
“ Two liturgical traditions” 1, p. 109-136.
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1.3.1. La Berakah, le Shema, la Tefillah
- Berakah
Forme principale de la prière juive au premier siècle, la berakah dérive son nom du
verbe barak (« bénir »).
Dans sa structure la plus simple, elle se présente comme une brève formule
doxologique ayant pour référence Dieu : « Béni soit le Seigneur à jamais » (Ps. 88,2). Dans
une structure plus développée, elle prend la forme d’une acclamation plus longue, introduite
par une proposition relative qui a pour fonction d’expliciter les actions de Dieu : « Béni soit le
Seigneur, qui nous a délivrés des mains des Égyptiens et de la main de Pharaon » (Ex 18,10).
Sur la base de cette deuxième forme, elle peut se structurer de manière tripartite,
suivant un modèle bien établi :
- Shema
Le Shema (« Écoute ») est, originairement, une affirmation de foi qui tire son incipit
du premier des trois passages du Pentateuque qui le composent (Dt 6,4 ; Dt 11, 13-21 ; Nb
15,37-41). Au premier siècle de notre ère, avant même la destruction du Temple, il prit la
forme d’une prière qui devait être récitée quotidiennement à l’aube et avant de se coucher.
- Tefillah
La Tefillah (« prière ») était encore dans une période de gestation au Ier siècle de notre
ère si bien que, à cette époque, elle avait une longueur variable et développait une variété de
thèmes. Les prototypes le plus anciens sont ceux que l’on retrouve dans le texte hébreu de la
Sagesse de Ben Sira (Si 51,12 ; 36,1-17) ; elle est mentionnée dans Dn 6,10.
Connue aussi sous le nom de Amida (prière dite « debout ») et de Shemoneh Esreh
(« Dix-huit » bénédictions), elle se présente, plus tard, comme une série de dix-huit
bénédictions de demande. Chacune de ces dix-huit sections séparées termine par une courte
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bénédiction – le nombre des sections, les thèmes qu’elles développent et l’ordre qu’elles ont,
furent fixés à la fin du premier siècle de notre ère.
La Tefillah devait être dite trois fois par jour (matin, après-midi et soir).
Rien ne dit, par contre, que les psaumes étaient employés au cours du culte synagogal.
C’est seulement vers le VIIIe siècle qu’on en fait mention.
La récitation de bénédictions lors des repas est une pratique acquise au premier siècle
de notre ère. Quand le père de famille ou celui qui présidait la table prononçait une
bénédiction, il récitait de mémoire, ou improvisait dans un cadre traditionnel. Cette
bénédiction se plaçait avant (kiddush) ou après (birkat ha-mazon) le repas.