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NOTICE HISTORIQUE.

XXXVI]
)
de ce peuple, telles que eelle de der;otus _, expression déja usitée en Espagne du temps de
la république, et qui passa de la a Rome. Tite-Live parle souvent des der;oti ou dévoués
a Sertorius 1
, et les Espagnols, dont nous avons eu déja l'occasion d'admirer la fidélité et le
dévouement , montroient ces qualités distinguées dans leurs écrits comme dans leurs actions.
Une autre expression non moins attachante est celle de carus suis et pius in suos dans les
inscriptions de la Bétique , et la formule termina tive de la plupart des pierres sépulcrales,
Sit tihi terra levis_, qui n'étoit presque usitée que dans les inscriptions espagnoles, et sur
laquelle nous donnerons des détails.
Ainsi les arts eurent en Espagne le men1e éclat que dans les plus b elles parties de l'empire
romain ; ils participerent a sa gloire, et souffrirent bientót de sa décadence. Apres les
regnes des deux Théodose tout ce colosse immens·e se dé tacha par parties, et n e laissa bieotót
plus que le souvenir de sa puissan ce et de sa grandeut passées.

INVASION DES PEUPLES DU NORD.


..
Ro ME avoit régné sur le monde p endant onze cent soixante ans; elle avoit enlevé a la
Grece ses arts, a l'Asie ses rich esses, aux peuples barbares leur liberté; et seule, au milieu
de ses nombreux esclaves, elle ne voyoit plus de peuples qu'elle put lionorer du nom de
ses ennemis. Qu'est devenue cette puissan ce terrible ? quelle main a pu disperser ces légions
formidables? ou sont ces remparts devant lesquels la fortune d'Annibal avoit échoué ? lls
ne sont plus! Des torrents de peuples barbares, jusqu'alors inconnus, ont inondé les cam-
pagne du Latium , et r enversé e n un moment les.,... eh.efs-cl'reuvre n.ccumulés des siedes;
d'obscurs habitants du Canease, d es Scythes errants, ont h érité des législateurs du monde,
et forcé les peuples a recommencer l'édifice pénible de la civjlisation. Evenement mémo-
rable dans l'histoire des hommes, et dont il seroit i~utile de chercher les causes dans les
derniers temps de l'empire romain.
Les príncipes de la destruction des états se forment lentement avec eux, et précedent
de bien loin leur ruine, semblables a ces commotions souterraines qui annoncent long-
temps d'avance l'irruption des volcaos : les éléments sont les memes dans les révolutions de
tous les pays; et c'est en s'ap_puyant de leur éternel exemple que le philosophe pourroit
éclairer ses contemporains sur !'avenir , et que le sage apprendroit du moins, comme l'a dit
un auteur moderne' a céder a ce mouvement irrésistible qui emporte l'univers' et a mé-
diter en silence sur les causes de la ruine et de l'élévation des empires.
De tout le continent de l'Europe l'Espagne fut la derniere contrée ou les peuples du
nord porterent leurs armes : long- temps ils se bornerent aux provinces fr'o ntieres de

(t) Florez, lib. m, c. 22; Plutarque, in Sertorio. Semblahles Neque adhuc hominum memoria, repertus est quisquam, qui eo
aux soldarii des Gaules, ces dévoués s'engageoient a défenclre interfecto, cujus se amiciti<e dei'OPisset, mori recusaret. Cres. Gal.,
leur chef, et a ne pas luí survivre. L es généraux. en avoient ordi- lib. m' cap. 32.
nairement quelques uns, mais Sertorius en compta plus de 1nille.
l. t

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