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Document : Dépêche
Titre : Les nouvelles technologies du bâtiment au Japon
NB : Toutes nos publications sont disponibles auprès de l’Agence pour la Diffusion de l'Information
Technologique (ADIT), 2, rue Brûlée, 67000 Strasbourg (http://www.adit.fr).
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SOMMAIRE
Sommaire _______________________________________________________ 2
Introduction _____________________________________________________ 4
A Le cadre législatif japonais relatif à la construction _________________ 5
I Building Standard Law __________________________________________________ 5
II "Sickhouse Issue" ______________________________________________________ 5
a- Restrictions relatives aux matériaux de finition intérieure: _______________________________ 5
Conditions de mesures: ________________________________________________________________ 5
b- Détermination des indices N2 et N3:_________________________________________________ 6
c- Ventilation ____________________________________________________________________ 6
III Les mesures de protections contre les séismes _______________________________ 6
1) Cadre général ____________________________________________________________________ 6
2) Les codes de conception parasismiques ________________________________________________ 7
3) Le cas des bâtiments anciens ________________________________________________________ 8
4) Avancement de l'application de la loi sur la promotion du renforcement des bâtiments ___________ 9
5) Les mesures post-séisme___________________________________________________________ 10
6) Amélioration des conditions de refuge ________________________________________________ 10
IV C.A.S.B.E.E., une méthode d'évaluation ___________________________________ 10
B Le contrôle des vibrations par système d'amortissement _____________ 14
I Introduction __________________________________________________________ 14
II Les systèmes passifs ____________________________________________________ 14
1) L'isolation de base________________________________________________________________ 14
2) Systèmes à dissipation directe ______________________________________________________ 16
a- Les amortisseurs viscoélastiques __________________________________________________ 16
b- Les dissipateurs par friction ______________________________________________________ 16
c- Les systèmes d'amortissement visqueux ____________________________________________ 18
d- Les amortisseurs visco-élasto-plastiques ____________________________________________ 21
e- Les dissipateurs métalliques______________________________________________________ 22
f-_________________________________________________________________________________ 22
3) Les amortisseurs à dissipation indirecte _______________________________________________ 23
a- Les amortisseurs inertiels à masse (Tuned Mass Damper) ______________________________ 23
b- Les amortisseurs liquides (Tuned Liquid Damper) ____________________________________ 25
III Les systèmes actifs _____________________________________________________ 27
1) Les amortisseurs inertiels actifs (AMD, Active Mass Damper) _____________________________ 27
2) Les systèmes à rigidité variables (AVS, Active Variable Stiffness System) ___________________ 30
3) Les systèmes hybrides ____________________________________________________________ 30
IV Les systèmes semi-actifs ________________________________________________ 36
1) Principe ________________________________________________________________________ 36
2) Les amortisseurs magnéto-rhéologiques _______________________________________________ 38
3) Les amortisseurs à activateurs piézo-électriques ________________________________________ 40
2
V Conclusion ___________________________________________________________ 42
C Les matériaux et systèmes innovants ____________________________ 44
I Les bétons ____________________________________________________________ 44
1) Les bétons hautes performances _____________________________________________________ 44
2) Bétons auto-plaçants ______________________________________________________________ 45
3) Tubes remplis aux bétons __________________________________________________________ 46
II Les Fibres ____________________________________________________________ 48
1) Les fibres dans le béton ___________________________________________________________ 48
2) Plastiques renforcés aux fibres (FRP, Fiber Reinforced Plastics)____________________________ 52
III Respect de l'environnement _____________________________________________ 54
1) Recyclage du béton ______________________________________________________________ 54
2) Les jardins______________________________________________________________________ 55
3) Démolition silencieuse ____________________________________________________________ 56
4) Panneaux solaires ________________________________________________________________ 57
Conclusion _____________________________________________________ 60
Table des figures ________________________________________________ 61
Liens utiles _____________________________________________________ 62
3
Introduction1
Le secteur du bâtiment japonais a pâti des déboires financiers du pays de ces dernières
années. Dans les années 90, la chute des cours boursiers et des prix fonciers a entraîné une
baisse des investissements privés puis publics dans la construction. En dépit des faillites
successives qui ont suivi la crise financière japonaise, la construction reste l'un des secteurs
clés de l'industrie du pays.
Pour les grands constructeurs, les maîtres d'œuvre et même les sous-traitants, le
développement de nouvelles technologies est très soutenu afin de garder un avantage
compétitif dans un secteur où la concurrence est de plus en plus dure. En sus d'une
concurrence accrue, le grand séisme de Kobe en 1995 et le réveil des pouvoirs publics sur
les problèmes liés aux composés organiques volatils ont conduit à une révision de la
"Building Standard Law", texte qui régit les pratiques du secteur de la construction.
L'application des nouvelles normes a entre autres conduit à l'amélioration de la protection
contre les séismes de nombreux bâtiments ce qui a accentué une demande déjà très forte en
systèmes parasismiques pour les bâtiments. En effet, situé sur l'une des zones sismiques les
plus actives de la planète, le Japon engage beaucoup de fonds dans la recherche et le
développement de systèmes de protection anti-sismiques pour les infrastructures et les
bâtiments. Certains des grands chantiers nippons sont équipés des systèmes les plus
modernes, dont les recherches ont débuté il y a parfois plus de 20 ans…
Le parasismique n'est pas l'unique axe de recherche des laboratoires japonais : le respect de
l'environnement et la performance des matériaux de construction sont aussi des enjeux
majeurs pour cette industrie qui se tourne vers la conception de bâtiments plus durables,
plus économiques et plus écologiques.
1
Pour plus d'information sur le marché de la construction, consultez "Le marché du BTP au Japon" publié par la
Mission Economique de Tokyo.
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A Le cadre législatif japonais relatif à la construction
II "Sickhouse Issue"
L'un des récents amendements les plus notoires concerne les composés organiques volatils
(COV), dont une concentration trop importante à l'intérieur des immeubles peut provoquer
des maladies respiratoires, notamment la "maladie des grands ensembles". Les composés
organiques volatils concernés par ce nouvel amendement sont les chlorpyrifos et les
formaldéhydes. Depuis l'entrée en vigueur de cette nouvelle législation le 1er juillet 2003,
l'utilisation de matériaux de construction contenant ces substances est strictement contrôlée.
a- Restrictions relatives aux matériaux de finition intérieure:
L'utilisation de matériaux de construction contenant des chlorpyrifos est dorénavant
strictement interdite. Sont tolérés les matériaux contenant des chlorpyrifos utilisés dans la
construction de bâtiments de plus de cinq ans.
Tous les matériaux de construction contenant des formaldéhydes ne sont pas interdits, leur
utilisation est néanmoins limitée selon leur taux d'émission respectif (θ). Lorsque le taux
d'émission est inférieur à 0,005 mg/m².h, aucune restriction n'est appliquée. Au-delà, les
restrictions suivantes seront appliquées :
Taux d'émission de formaldéhydes (mg/m².h) Restrictions
Type 1 θ > 0,12 Utilisation interdite
Conditions de mesures:
T : 28°C
Taux d'humidité : 50%
Densité de formaldéhyde : 0,1 mg/m3
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Les matériaux de type 2 ou 3 ne peuvent être utilisés comme matériaux de finition
intérieure que dans les pièces d'habitation dont les dimensions correspondent au critère
suivant:
N2S2 + N3S3 ≤ A
c- Ventilation
L'installation d'équipements de ventilation dans les immeubles de bureau ou d'habitation est
désormais obligatoire. La fréquence de ventilation doit être supérieure à 0,5 volume/h dans
les maisons et supérieure à 0,3 volume/h dans les autres types d'immeubles.
1) Cadre général
Le Japon est l'une des régions sismiques du globe les plus actives. Alors que la superficie
de l'archipel et de la région qui l'entoure ne représente que 0,1 % de la surface terrestre, les
séismes qui sévissent dans cette zone produisent 10% de l'énergie produite par tremblement
de terre dans le monde entier. Au Japon, un séisme de magnitude 8 se produit tous les 10
ans et un de magnitude 7 chaque année.
Le Japon connaît régulièrement des catastrophes naturelles dont certaines ont presque mis
le pays en péril. Le séisme de Hanshin-Awaji, dit de Kobe, a réveillé les pouvoirs publics
sur les risques sismiques en rappelant qu'une catastrophe reproduisant le sinistre de 1923
pourrait mettre la deuxième puissance économique mondiale en déroute. Le MLIT
(Minister of Land Infrastucture and Transport) s'est lancé dans un programme de
6
renforcement de la Building Standard Law afin de prendre en compte les leçons tirée du
séisme de 1995, qui a coûté la vie à 6433 personnes. En premier lieu figure la résistance des
bâtiments à l'effondrement : les 110 000 structures écroulées en 1995 sont tenues pour
responsables de plus de 80% des victimes. Le ministère japonais a orienté ses réformes sur
3 grands axes d'amélioration :
- Mettre l'accent sur la prévention en assurant une résistance adaptée des bâtiments –neufs
et anciens– aux séismes, avec une évaluation de cette performance;
- Améliorer les systèmes d'urgence après désastre;
- Prévoir des zones pour les réfugiés.
De tous ces grands axes, les statistiques relevées du séisme de 1995 montrent que c'est
l'amélioration de la résistance des bâtiments et la mise en place de mesures mieux adaptées
mais surtout mieux appliquées qui garantiront un meilleur résultat. Kobe a montré que les
bâtiments construits récemment, sous la contrainte de normes plus sévères, ont dans un
grand nombre de cas réussi à protéger leurs habitants. Cette expérience dramatique a surtout
mis en évidence que les dégâts les plus considérables venaient de bâtiments plus anciens
non soumis aux exigences légales plus récentes. Ainsi, les nouvelles normes portent à la
fois sur les nouvelles constructions et sur les plus anciennes, ce qui a donné lieu à de
nombreuses remises aux normes au cours de ces 10 dernières années.
7
3) Le cas des bâtiments anciens
Les dégâts provoqués en 1995 ont montré les limites de l'emploi d'amendements qui ne
s'appliqueraient qu'aux nouvelles constructions. Une étude menée sur les lieux du désastre a
révélé qu'autour de la gare de Sannomiya à Kobe, 95% des bâtiments à terre avaient été
construits avant 1981. Cette étude met d'une part le doigt sur les risques encourus par les
personnes vivant dans des constructions réalisées avant 1981 et d'autre part sur l'inefficacité
d'une stratégie qui ne reposerait que sur un amendement sur les immeubles récents : sur 44
millions d'habitations recensées au Japon, 21 millions auraient été construites avant 1981. Il
a donc paru nécessaire aux yeux du ministère japonais du territoire d'évaluer les capacités
de résistance de ces constructions et d'obliger ou de promouvoir des réparations ou des
renforcements lorsqu'ils paraissent nécessaires. Après 1995, le MLIT a décidé de renforcer
la loi sur la résistance et la sécurité des bâtiments :
Obligation : Les propriétaires d'écoles, grands magasins… et autres bâtiments publics dont
le nombre d'étages est supérieur ou égal à 3 et la surface totale supérieure ou égale à 1000
m2 doivent faire évaluer les capacités anti-sismiques de leur bâtiment et effectuer les
améliorations nécessaires.
Lignes directrices pour l'évaluation des capacités anti-sismiques et la mise en service de
systèmes de renforcement : le MLIT a rédigé des méthodes d’évaluation des bâtiments et de
renforcement.
Directives et services : Les gouvernements préfectoraux apportent conseils et appuis
(ordres dans le cas de bâtiments publics de surface supérieure à 2000 m2) pour la mise en
place des diagnostics et des mesures de protection découlant de ce diagnostic.
Autorisation : Toutes les modifications apportées à un bâtiment dans le cadre d'une
amélioration de la performance anti-sismique font l'objet d'une approbation spéciale (qui se
rapporte aux amendements de 1998) et qui tient directement lieu de permis de construire
afin de simplifier les procédures.
8
Type de bâtiment Aides pour le diagnostic Aides pour la mise en place
de système de renforcement
Magasins, écoles… Aide de 33% du coût global Aide de 6,6% du coût total
par le MLIT et de 33% par le par le MLIT et de 6,6% par le
gouvernement métropolitain gouvernement métropolitain
Prêts gouvernementaux à
taux d'intérêts préférentiels
Habitations privées Aide de 33% du coût global Aide de 7,7% du coût total
par le MLIT et de 33% par le par le MLIT et de 7,7% par le
gouvernement métropolitain gouvernement métropolitain
Déduction d'impôt
Prêts gouvernementaux à
taux d'intérêts préférentiels
Les enquêtes menées en 2001 ont montré (voir tableaux ci-dessous) que ces nouvelles
directives gouvernementales peinent à entrer en vigueur. Les établissements
gouvernementaux font face à des contraintes budgétaires importantes et les propriétaires
privés semblent être freinés par le coût des mesures à mettre en oeuvre.
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(09/2001, source MLIT) nombre de bâtiments
Bâtiments privés (A) 98 100
(avant 1981, plus de trois
étages et surface sup. à
1000m2)
Diagnostics effectués (B) 3 800 3,9% (B/A)
Renforcement, reconstruction 1 400 36,8% (C/B)
ou démolition requis (C)
Améliorations requises 600
effectuées
Reconstruction, démolition 700
La mise en place d'un outil rationnel de mesure et applicable à tout type de bâtiment est
nécessaire pour évaluer la qualité du bâtiment tant au niveau du service que de
l'environnement. Le CASBEE (Comprehensive Assessment System for Building
Environment Effenciency) est un projet lancé par le gouvernement japonais pour mesurer la
performance environnementale des bâtiments de l'archipel. Dirigé par le professeur
Murakami de l'Université Keio, le projet a abouti après trois ans de développement à un
outil applicable à un large spectre de bâtiments. L'outil a la particularité de considérer la
performance environnementale sous tous ses angles et de bien rapporter l'impact
environnemental du bâtiment à la qualité de service qu'il fournit.
10
Le C.A.S.B.E.E. se base sur le calcul du BEE, le Building Environmental Efficiency, qui
rapporte la qualité du service fournit Q (Buiding Environmantal Quality & Performance), à
l'impact du bâtiment sur son environnement L (Building Environmental Loadings). Pour
obtenir le rapport Q/L, CASBEE fournit une feuille d'évaluation qui permet de mesurer le
plus objectivement possible chacun de ces facteurs. On prend ainsi en compte de façon
concrète et mesurable les aspects positifs (confort, etc…) et négatifs (pollution, etc…) de
chaque bâtiment. La qualité du bâtiment est évaluée autour de trois paramètres : la qualité
de l'intérieur (isolation phonique, confort thermique…), la qualité du service (durabilité…)
et la qualité de l'environnement (paysage…). Pour estimer L, on évalue la capacité du
bâtiment à minimiser son impact sur l'environnement selon trois grands axes : l'énergie
(niveau d'isolation, mesures d'économie…), les ressources et les matériaux (économie
d'eau, emploi de matériaux recyclés…) et l'impact sur l'environnement (bruit, odeur, CO2,
vent, réchauffement…). Chacune de ces catégories est elle-même sub-divisée jusqu'à ce que
l'on puisse obtenir au final des paramètres mesurables objectivement. En consolidant en
fonction des coefficients de pondération, on remonte à une mesure de Q et de L et in fine du
BEE. Tous les résultats sont résumés dans des feuilles de conclusion permettant d'obtenir la
note finale du bâtiment tout en ayant un résumé lisible de ses caractéristiques, ses points
forts et ses points faibles.
11
12
La pondération de chaque sous-catégorie ou même la partition de chaque
catégorie de score peut évoluer avec le temps, au gré des amendements, des
exigences environnementales, des avancées technologiques… Afin d'affiner la
pertinence du système de notation, l'équipe de développement expérimente sur des
projets à taille réelle les outils déjà mis en place. CASBEE, encore en
développement, a pour ambition de proposer des outils applicables à tous les
stades de vie du bâtiment. Mis en œuvre dès la phase de conception, le système de
notation décrit précédemment permet de mettre en place au plus tôt des mesures
pour améliorer la performance du bâtiment.
13
B Le contrôle des vibrations par système d'amortissement
I Introduction
Le Japon développe et met en place une gamme très large de systèmes secondaires
d'amortissement. Face au risque sismique omniprésent mais aussi aux vibrations
créées par le vent, les constructions de plus en plus hautes doivent pouvoir
répondre à des excitations à la fois faibles et permanentes d'une part, et rares et
importantes (séismes graves) d'autre part. Il existe trois classes de systèmes
d'amortissement : systèmes passifs, semi-actifs et passifs.
1) L'isolation de base
Les systèmes d'isolation de base séparent la structure du sol et possèdent une
grande rigidité verticale et une grande flexibilité dans le plan horizontal. Cette
grande flexibilité permet de transmettre les vibrations du sol à la superstructure en
atténuant la fréquence et l'amplitude, soulageant le bâtiment de contraintes trop
violentes. Ces systèmes sont simples de fabrication et il existe plusieurs types
d'isolateurs : à base de caoutchouc, d'élastomère ou par friction, comme l'illustrent
les figures présentées ci-dessous :
Les isolateurs, grâce à leur efficacité, sont devenus des systèmes populaires et très
utilisés, notamment lors des très nombreuses remises aux normes effectuées au
Japon depuis le séisme de Kobe.
14
fig. 2 Isolation de base à Roppongi Hills
La résidence D du complexe de Roppongi Hills et les trois types d'isolateurs installés à sa base
15
fig. 3 Isolation après mise aux normes
L'amitie Shinozaka, un immeuble d'Osaka, a été équipé d'isolateurs en caoutchouc lors de sa mise aux normes en
1998
16
Les dissipateurs par friction utilisent les frottements créés par le glissement entre
deux surfaces pour dissiper l'énergie des vibrations sismiques. Il y a deux familles
de systèmes à friction :
- Les systèmes rigides composés de charnières plastiques (remplaçables après
séisme);
- Les structures croisées dont les parties glissent l'une sur l'autre à des contraintes
prédéterminées.
fig. 5 Atami Korakuen Hotel et les patins de friction utilisés (source Takenaka)
17
fig. 7 L'utilisation de la dissipation par friction chez Sumitomo (Source Sumitomo)
Les systèmes d'amortissement visqueux existent sous deux formes principales. Ils
peuvent dissiper l'énergie des vibrations en appliquant une résistance à la structure
grâce à l'action d'un piston forcée par un fluide.
18
fig. 8 L'amortisseur visqueux qui équipe le Prudential Tower à Tokyo, (source Mori)
L'amortissement peut aussi être produit par des murs composés de matériaux
visqueux qui présentent une résistance aux mouvements horizontaux. Le TV
Shisuoka Media City Building a été de cette façon équipé de 170 murs
amortisseurs sur l'ensemble de ses 14 étages. Les tours B et C des résidences de
Roppongi Hills sont protégées par le même système.
19
20
fig. 9 Murs visqueux de Roppongi Hills
Les résidences (tours B et C sur la photo du haut) de Roppongi Hills sont équipées de murs "visqueux". Sur le
schéma, le mouvement se fait dans le plan de la plaque métallique
21
fig. 10 Relation force/déformation des amortisseurs visco-élastique (VE) et élasto-plastique (EP)
Les tests menés par le laboratoire de recherche montrent que le système global a
pu éliminer les inconvénients de chaque système tout en conservant leurs
avantages respectifs. Dans une configuration analogue au modèle de la figure ci-
dessus, un amortisseur VEP présente les réponses suivantes :
- Sous faible séisme, la partie élasto-plastique (EP) est élastique mais l'énergie
est dissipée par la partie viscoélastique;
- Sous séisme intense, la partie EP fléchit ou glisse et protège le système des
fortes accélérations et protège également la partie visqueuse de fortes
déformations;
- La dépendance à la température est réduite (par rapport à un amortisseur VE)
du fait de l'utilisation combinée des deux systèmes;
- Les déformations résiduelles de la partie élasto-plastique sont absorbées par la
partie VE;
- Inséré dans une structure, l'amortisseur VEP conserve les propriétés qu'il
présente de façon isolée.
22
fig. 12 Le Grand Hyatt de Roppongi Hills
Le détail des dissipateurs, leur position sur le plan et leur insertion dans la structure (source Mori)
23
Un amortisseur à masse (TMD, Tuned Mass Damper) consiste en une masse
située à l'un des étages les plus élevés du bâtiment qu'il équipe et liée à celui-ci via
un ressort et un mécanisme d'amortissement (visqueux ou viscoélastique).
L'inertie créée par le mouvement de cette masse va se transmettre au bâtiment et
réduire les vibrations induites par le séisme. Le mouvement de la masse s'effectue
dans le sens opposé à celui de l'immeuble et avec la même fréquence. Ainsi, situé
au plus haut de la construction, le mouvement pendulaire amortit la déformation et
limite les dommages sur la structure. L'efficacité du système dépend de la valeur
de la masse ajoutée (entre 1/300 et 1/100 de la masse du bâtiment, la réduction
des oscillations est de 1/3), de la possibilité de déplacement du solide, du type de
ressort employé et de la configuration du mécanisme amortisseur qui soutient la
masse. Cependant, les contraintes d'espace empêchent l'emploi d'un TMD
traditionnel qui nécessite souvent le sacrifice d'un étage entier. Ainsi, de
nombreuses alternatives ont été mises en place pour employer les TMD : des
systèmes à plusieurs pendules répartis sur plusieurs étages, à pendules inversés, à
déplacements contraints sur rails…
Les configurations à plusieurs TMD associés en parallèle offrent de meilleurs
résultats à masses égales que les TMD simples. La configuration en parallèle
combine plusieurs pendules avec des fréquences propres différentes et qui se
situent autour de la fréquence de contrôle.
L'emploi d'un héliport ou d'un jardin comme masse secondaire permet de pallier le
problème d'ajout de masse et de rendre le système plus attractif commercialement.
Mori Building a réalisé un jardin de 3650t situé sur le toit pour protéger le
Keyakizaka de Roppongi Hills.
24
fig. 13 Le Keyakizaka et le fonctionnement de son jardin anti-vibrations
Afin de laisser le jardin se balancer, le toit a été relié à la structure via des
amortisseurs viscoélastiques (fluide Binghum) et des isolateurs en caoutchouc.
25
fig. 15 Un amortisseur liquide au banc d'essais (MCC Aqua Damper Literature)
Les TLD exploitent l'inertie créée par le mouvement du liquide et ses impacts sur
son contenant. Sous certaines configurations, les TLD utilisent la viscosité du
liquide et les effets de vagues pour atténuer les vibrations (cas des amortisseurs à
faible volume) a contrario des amortisseurs de gros volume qui exploitent plutôt la
masse du liquide. Dans ce dernier cas, l'utilisation de la masse de liquide
employée n'est pas optimisée et crée une contrainte économique supplémentaire.
Le Shin Yokohama Prince Hotel (SYPH) est équipé d'un ensemble de TLD qui
mesurent 2m de haut. Chaque amortisseur est la superposition de 9 cylindres en
plastique renforcé de 2m de diamètre et 22 cm de hauteur. La dissipation des
vibrations du liquide se fait au travers de 12 filtres répartis symétriquement par
rapport au diamètre. Cette installation a permis de réduire de 50 à 70% la réponse
du bâtiment aux excitations provoquées par les vents violents.
26
fig. 17 Le Sofitel (106m, 26 étages) et son système
En haut de l'hôtel Sofitel de Tokyo ont été installés des TLD à période ajustable.
Le fonctionnement de l'amortisseur se base sur l'oscillation d'une valve actionnée
par les mouvements du liquide, lui-même contraint aux vibrations de son
environnement. Les oscillations se transmettent à un pendule à période variable.
27
aux différents étages. La force de contrôle, mieux contrôlée et adaptée à la
situation, permet l'installation d'une masse plus légère que celle d'un système
passif mais les coûts d'opération et de maintenance rendent ces systèmes au final
beaucoup plus onéreux. Les modes de support de la masse sont identiques à ceux
des systèmes passifs : pendules, porteurs à caoutchouc laminés ou encore
roulements linéaires. Ces systèmes réduisent entre 1/3 et ½ la réponse structurale
aux contraintes venteuses.
fig. 18 L'amortisseur actif de Kajima : masses suspendues par câbles et activateur hydraulique
28
fig. 19 Le Kyobashi Siewa Building et les masses suspendues par câbles. Source Kajima.
29
2) Les systèmes à rigidité variables (AVS, Active Variable Stiffness
System)
Les AVS sont des systèmes développés depuis le début des années 1990 pour
protéger les immeubles contre les tremblements de terre violents. Le système
consiste en un ensemble de bras assemblés en V inversés dont les extrémités sont
reliées aux bords du bâtiment pour atténuer les mouvements transversaux. La
pointe du V est reliée à l'étage supérieur via un dissipateur. Le signal de contrôle
agit sur l'ouverture d'une vanne qui, en variant la pression de liquide, permet
d'exercer une force sur le piston relié à l'étage supérieur. De cette façon, le
dissipateur agit selon la position de la vanne et le système est capable de modifier
sa réponse en fonction de la contrainte exercée. Les V inversés peuvent être
installés en plusieurs configurations : à tous les étages ou uniquement à la base.
30
informations sur le comportement de la structure sont données par un ensemble de
capteurs (accéléromètres, anémomètres…) répartis dans le bâtiment.
Le Ando Nishikicho Building, un immeuble de 14 étages soumis à des vents
violents, a été équipé d'un système hybride de Kajima basé sur un amortisseur
inertiel passif de 18t couplé à un amortisseur inertiel actif de 2t installé près du
toit. Le système est relié au bâtiment par des amortisseurs viscoélastiques et les
mouvements peuvent se faire simultanément sur les deux axes horizontaux. Le
système est capable, en théorie, de répondre à un séisme d'intensité 5 sur l'échelle
japonaise en actif et au-delà en passif. La performance en réponse au vent atteint
58% et 69% en réduction – respectivement – des déplacements et de l'accélération
sur l'axe x et 30% et 52% – respectivement en déplacement et en accélération –
sur l'axe y.
31
fig. 21 Le Nishikicho Building et son système de protection hybride
basé sur un amortisseur inertiel passif couplé à deux masses actives (AMD)
Le concept du système hybride peut tout aussi bien être adapté à un système
directement actif c'est à dire avec une seule masse contrôlée par un système actif
lors d'excitations violentes et laissée libre le reste du temps (mode passif),
économisant grandement la consommation en énergie et les coûts de maintenance.
En cas de panne d'alimentation, ce type d'amortisseur fournirait, comme dans le
32
cas précédant, un minimum de sécurité lors d’un sinistre. Ce type de système
hybride est souvent appelé Tuned Active Damper (TAD).
Le Trigon de Kajima qui équipe le Shinjuku Park Tower de Tokyo est un pendule
non suspendu activé par un moteur électrique. Le mouvement de la masse se fait
grâce à un système de roulement lié au sol via des isolateurs en caoutchouc. Sur
l'axe horizontal, la masse est autorisée à se déplacer de 1 mètre maximum sur
chacun de ses côtés grâce à un contrôle soit motorisé soit libre. Ce système est
remarquable par son adaptabilité, à la fois pour l'encombrement (7,6m x 4,4m au
sol et 3,5m en hauteur) réduit par rapport aux pendules suspendus ou sur rails de
masses équivalentes, et par sa fréquence propre réglable en jouant sur les
espacements (voir figure ci-dessous). Trois de ces pendules ont été installés au
39ème étage de la tour sud du complexe. L'ensemble représente 0,25% du poids de
la structure (environ 330t) et 0,5% du coût d'achat du bâtiment (les coûts
d'exploitation ne sont pas publiés). Les capteurs situés dans le bâtiment
fournissent les informations nécessaires aux excitations appliquées sur la
structure. Lorsque les contraintes dépassent un certain niveau pré-défini, le
contrôle actif se met en marche; en dessous de ce niveau le mouvement est libre.
En dix années de fonctionnement, le bâtiment a subi typhons et séismes et le
33
système a enregistré un score maximal de 50% de réduction en réponse de
structure en 1996 lors d'un typhon. La réduction des déplacements est estimée
entre 33% et 50%.
34
fig. 25 Composants principaux du Trigon
35
fig. 27 Tirgon : Pendule à deux axes
Le principe du pendule virtuel peut être appliqué sur deux axes perpendiculaires
1) Principe
L'objectif des systèmes semi-actifs est le même que celui des systèmes hybrides :
prendre le meilleur des systèmes actifs et des systèmes passifs. Le fonctionnement
se base sur un amortissement passif par dissipation (par friction ou visqueux)
contrôlée c'est à dire, par exemple, en contrôlant la force de friction au cours d'une
réponse à une contrainte. Cette méthode est sensiblement différente des systèmes
hybrides car le contrôle actif ne fournit pas directement l'énergie de réponse
(comme c'est le cas lorsque le système active une masse) et il consomme de
l'énergie uniquement pour l'absorption. De cette façon, ce type de système possède
les avantages d'une réponse active (rapidité de réponse…) en sollicitant moins le
système d'alimentation en énergie du bâtiment. Si plusieurs concepts sont en
développement voire en exploitation, les systèmes semi-actifs peuvent encore être
classés dans la catégorie des technologies émergentes. Le contrôle de l'absorption
s'effectue par application d'un courant électrique ou magnétique sur un liquide ou
un solide qui va accentuer ou diminuer la friction ou la viscosité du système
d'amortissement.
36
fig. 28 Contrôle semi-actif de la friction
Plus la force d'attraction entre les deux plaques extérieures est importante, plus la force de frottement entre les trois
plaques et, in fine, la capacité d'absorption, est grande. Le courant induit une force électromagnétique qui
rapproche les deux plaques extérieures.
La tour Mori, point culminant du complexe de Roppongi Hills, est équipée de 356
amortisseurs semi-actifs visqueux. Les mouvements des renforts diagonaux sont
amortis par le liquide, contrôlé par courant électrique.
37
Dessin du système semi-actif
38
fig. 30 Schéma descriptif du fonctionnement d'un amortisseur MR
39
fig. 31 Structure de 22t et trois étages isolée par consoles en caoutchouc
1
Accélérations m/s2
0,8
0,6 Passif
0,4 Actif
0,2
0
1 2 3
Etage
40
L'institut des sciences industrielles de l'université de Tokyo a effectué plusieurs
tests afin d'évaluer l'efficacité de ce type de système pour le contrôle semi-actif.
Une maquette métallique à un étage de 1150 kg a été soumise aux accélérations
d'une table à vibrations. Le contrôle a été effectué sous trois modes : passif, c'est à
dire sans contrôle électrique, semi-actif holding, c'est à dire avec un coefficient de
frottement proportionnel au potentiel appliqué et semi-actif releasing, c'est à dire
avec une force de frottement dont la valeur est inversement proportionnelle à la
tension appliquée. Le mode releasing possède l'avantage de fournir une friction
maximale lorsque le système électrique est détruit, un cas de figure très probable
en cas de séisme grave, ce qui laisse toujours un niveau de protection minimal à la
structure quelle que soit la situation.
41
fig. 35 Performances du contrôle par activateur piézo-électrique
Soumise à une simulation de séisme, la structure répond mieux en contrôle semi-actif en termes de déplacement (observée au
premier étage de la maquette, vitesses en cm/s et déplacements en cm)
Les systèmes semi-actifs sont prometteurs mais leur utilisation reste marginale et
les données en retour d'expérience sont encore trop peu nombreuses pour évaluer
les performances des ces amortisseurs.
V Conclusion
Les nouvelles normes en matière de protection contre les séismes exigées par les
nouveaux amendements de la Building Standard Law ont très certainement
42
dynamisé le marché des systèmes parasismiques. Cependant, les recherches dans
ce secteur étaient déjà soutenues bien avant 1995 et l'on voit en fonctionnement
ces dernières années des systèmes de contrôle des vibrations dont les principes de
fonctionnement reposent sur des études qui ont débuté il y a parfois 20 ou 30 ans.
La grande disparité des solutions en application à l'heure actuelle sur l'archipel est
aussi l'un des critères marquants du secteur : systèmes hybrides, semi-actifs, actifs
et passifs… aucune solution n'est mise à l'écart et cette richesse est peut être ce qui
caractérise le mieux la politique de recherche japonaise dans ce domaine.
43
C Les matériaux et systèmes innovants
I Les bétons
Le béton traditionnel est lourd et ses performances sont limitées dans le cadre
d'ouvrages comme les gratte-ciel ou les ponts qui sont soumis à des contraintes
importantes. En augmentant la solidité, la quantité de béton à employer peut être
réduite et de cette façon le volume des éléments de structures ainsi que les coûts
de production.
Les bétons hautes performances sont obtenus en mélangeant superplastifiant,
retardateur, cendres volantes, laitier de haut fourneau, et fumée de silice. Le
transport, le placement, la consolidation et le durcissement sont aussi des phases
adaptées pour offrir au matériau les meilleures performances possibles en termes
de résistance à la compression, densité, perméabilité… Les bétons hautes
performances permettent d'obtenir des éléments moins encombrants et aussi plus
économiques sur le long terme. Cette technologie n'est cependant pas très utilisée
en dehors du Japon où de nombreux projets ont vu le jour. Les fabricants japonais
de bétons pré-contraints se préparent à utiliser ces bétons pour fabriquer leurs
nouveaux produits. Les agrégats nécessaires doivent être très résistants et toutes
les zones géographiques ne sont pas nécessairement munies de composants d'une
qualité suffisante.
44
Les bétons hautes performances permettent d'obtenir des éléments moins
encombrants et aussi plus économiques sur le long terme. Cette technologie n'est
cependant pas très utilisée en dehors du Japon où de nombreux projets ont vu le
jour. Les fabricants japonais de bétons pré-contraints se préparent à utiliser ces
bétons pour fabriquer leurs nouveaux produits. Les agrégats nécessaires doivent
être très résistants et toutes les zones géographiques ne sont pas nécessairement
munies de composants d'une qualité suffisante. Les Japonais combinent les bétons
auto-plaçants avec les bétons hautes-performances afin d'avoir à la fois un
matériau résistant, durable et dont les procédures de placement sont grandement
simplifiées.
2) Bétons auto-plaçants
La complexité de certains édifices rend délicat le placement du béton.
Lorsque les barres de renforcements sont trop nombreuses ou que la zone est trop
étroite (cas des ponts par exemple), il devient difficile d'appliquer les méthodes de
vibrations traditionnelles pour le tassement optimal du matériau. Dans de tels cas
de figures, afin de limiter les risques de vide que pourrait causer un mauvais
tassement, l'emploi d'adjuvants spéciaux dans le mélange de ciment, d'eau et
d'agrégats permet d'obtenir un béton auto-plaçant.
Au-delà du cas particulier où l'emploi des méthodes de vibrations est compliqué,
les bétons auto-plaçants offrent plusieurs avantages lorsqu'ils sont employés dans
des conditions courantes : réduction des coûts de main d'œuvre et du temps de
construction et amélioration de la qualité du produit fini.
De plus, le béton auto-plaçant est obtenu sans vibrations, ce qui réduit le phénomène
de ségrégation (phénomène d'usure du béton).
Le Japon emploie les bétons auto-plaçants depuis le début des années 1990 pour
la construction de ponts, de tunnels et de bâtiments. Les formulations du béton
sont différentes et nombreuses et dépendent du projet et des fournisseurs
d'adjuvants. En général, on ajoute au mélange traditionnel un très fort réducteur de
l'eau ou un superplastifiant. De cette façon, sans ajouter d'eau, on obtient un béton
très fluide avec une grande résistance à la compression.
45
Si, dans l'absolu, les bétons auto-plaçants sont bien plus intéressants que les
bétons traditionnels, leur emploi reste encore relativement rare. Aussi, les coûts de
production restent encore trop élevés pour qu’ils puissent être utilisés à la place
des bétons traditionnels dans des ouvrages qui ne représentent pas de difficultés
particulières.
3) Tubes remplis aux bétons
Les C.F.T. (Concrete Filled Tubes) constituent une nouvelle approche dont le
concept repose sur une meilleure application de l'association acier-béton que celle
qui avait été faite jusqu'à présent. Les tubes en acier sont remplis de béton super
résistant, ce qui permet d'obtenir d'excellents résultats en termes de rigidité, de
solidité, d'élasticité, de déformation, de résistance au feu et d'applicabilité. Les
C.F.T. ont déjà trouvé de nombreuses applications au Japon notamment dans la
Tour Mori du complexe tokyoïte de Roppongi Hills. Grâce à l'excellente solidité
des tubes, l'encombrement peut être grandement réduit. Aussi, les C.F.T. se
trouvent particulièrement adaptés aux grandes constructions pour lesquelles
l'économie d'espace et de poids constituent des critères importants.
46
fig. 40 Le Sannomiya Intes
La structure en colonnes remplies de béton ont survécu
au séisme de 1995 (source Takenaka)
Les constructeurs japonais ont déjà utilisé les C.F.T. dans de nombreux projets
dont certains ont connu le séisme de Kobe en 1995. Les performances
parasismiques mais aussi les gains en coûts sont mis en avant pour l'emploi de ces
colonnes remplies au béton. L'usage de structures basées sur les C.R.T. repose sur
les colonnes elles-mêmes mais aussi sur les types de joints colonne/poutre.
Chaque constructeur propose ses propres méthodes, comme celles de Takenaka
présentées ci-dessous.
47
II Les Fibres
Les murs ou colonnes en béton renforcé en fibres sont des produits développés au
Japon pour offrir des systèmes flexibles pour le renforcement contre les séismes.
Facilement insérables dans des bâtiments anciens, ces produits répondent à une
demande importante de solutions adaptables à de nombreux types de constructions
et économiques. Par exemple, le Building Research Institute a effectué des tests
sur des blocs en béton renforcé par barres métalliques et fibres afin de mesurer le
comportement de ce type de produit à des vibrations sismiques. Des blocs de
tailles identiques sous différentes configurations de barres métalliques et de fibres
ont été soumis à des simulations de séismes sur une table vibrante.
48
fig. 43 Blocs renforcés par barres droites et renforts anti-cisaillement
De g. à d., béton simple, béton renforcé avec fibres polymère, béton avec fibres
polymère et métallique
49
simple et économique. A contrario du cas précédent qui ajoute des blocs, il s'agit
ici de transformer des éléments de structure qui existent déjà. Les fibres se posent
très rapidement sur la surface des colonnes à améliorer à la façon d'un emballage
plastique traditionnel (voir photo ci-dessous).
Les feuilles en fibre sont 5 à 10 fois plus résistantes et 4 à 5 fois plus légères que
l'acier et ne posent pas de problèmes en ce qui concerne l'entretien ou la corrosion.
Les rouleaux sont fabriqués à partir de fibres d'aramides ou de carbone et le coût
matière ainsi que la simplicité d'application rendent la solution plus attractive
qu'un élargissement de colonne au béton renforcé ou à l'encastrement de tiges
métalliques.
50
fig. 48 Comparaison des performances des renforcements par carbone, aramide et métal
La méthode a été employée sur plus de 2000 projets de remise aux normes au
Japon, et plusieurs acteurs de l'industrie du bâtiment proposent ce type de
produits.
51
fig. 50 Application de feuilles de fibres par Shimizu
52
renforcés aux fibres commencent à faire leur apparition dans l'industrie du
bâtiment.
Par pultrusion, le plastique renforcé aux fibres est capable de prendre une
multitude de formes différentes tout en conservant une excellente résistance et en
offrant un produit très léger, facilement manipulable et nécessitant peu de
maintenance.
Les F.R.P. sont aussi très capables de remplacer l'acier pour les tendons. En
général, le béton est précontraint avec des câbles en acier pour permettre à
l'élément fabriqué d'être plus résistant aux forces de tension. Du point de vue du
poids, de la résistance en tension, de la flexibilité et de la résistance à la corrosion,
les F.R.P. offrent de meilleures possibilités que les cordons en acier. D'autre part,
comme les plastiques craignent peu l'exposition à l'environnement extérieur, le
processus de post-tension peut être grandement simplifié en laissant les câbles à
l'extérieur ce qui permet de ne pas attendre que le béton s'adapte aux tendeurs.
Que ce soit pour préparer des éléments de structure ou des panneaux, les F.R.P.
offrent de remarquables possibilités. Outres ces performances directes, le faible
besoin en maintenance permet une meilleure maîtrise des coûts des cycles de vie
et les éléments peuvent être facilement fabriqués hors-chantier, ce qui réduit
considérablement le temps global de fabrication tout en améliorant le contrôle de
la qualité. D'autre part, l'utilisation de la pultrusion permet de fabriquer n'importe
quel type de forme (avec une section constante) et de l'adapter directement à
l'élément de structure et à ses connexions. Cependant, ces systèmes sont propres à
chaque concepteur et manufacturier puisque aucun standard n'a encore été mis en
application pour ce type de système. D'autre part, la technologie n'est pas encore
considérée comme mature, et des tests manquent pour faire accepter ce type de
systèmes par tous les codes de constructions mondiaux. Aussi, l'emploi est
53
marginalisé à cause de la diversité des produits proposés, du manque de standards
adaptés et du faible retour sur expérience qui empêchent un développement au
niveau international de la technologie. Or l'usage à grande échelle est nécessaire
pour permettre de réduire les coûts de production des éléments employant les
F.R.P. et d'en faire une technologie économiquement très compétitive.
2
Pour en savoir plus sur le recyclage vous pouvez consulter le rapport "Le recyclage des déchets au
Japon" rédigé publié par le service scientifique de l'Ambassade de France à Tokyo en mai 2004 (ref.
SMM04_060 )
54
Quelques projets ont déjà vu le jour au Japon. Mais le coût de recyclage est très
élevé et l'efficacité environnementale reste encore à démontrer. Dans le cas de la
construction du Fujitsu Solution Square, la totalité des 46 000 tonnes de béton
issues de la destruction du bâtiment ont été recyclées et réutilisées dans la
construction d’un nouveau bâtiment. Ce type de projet représente le savoir-faire
de Shimizu et illustre l'implication environnementale du groupe Fujitsu, mais un
grand pas reste à franchir avant d'aboutir à l'utilisation à grande échelle du
recyclage du béton.
2) Les jardins
Consciente de l'impact environnemental que provoque la destruction des espaces
verts dans les milieux très urbanisés, l'industrie japonaise du bâtiment teste de plus
en plus en grandeur nature l'intégration de jardins et de zones vertes dans les
grands complexes. Positionnés sur les toits, les jardins au sol artificiel ont pour but
de minimiser les émissions de CO2 et de réduire l'effet de serre. De vastes jardins
suspendus ont déjà été construits au Japon, participant à l'amélioration du mode de
vie des citadins tout en servant d'essai pour évaluer l'impact environnemental de
ce type d'installation. Dans le jardin de Roppongi Hills à Tokyo se trouve aussi
une rizière qui, aidée de la réverbération de la tour principale, fournit les
restaurants du complexe en riz.
55
fig. 54 Le jardin de Keyaki-Zaka du complexe tokyoïte Roppongi Hills
Le jardin qui doit contribuer au ralentissement du réchauffement de la planète
fait aussi office de système parasismique et de rizière
L'une des difficultés rencontrées par les constructeurs est de trouver un sol qui
permette au jardin de se développer sans endommager le bâtiment qui le supporte.
Le sol qui soutient la matière verte est synthétique et poreux pour permettre à l'eau
de circuler.
3) Démolition silencieuse
L'approche traditionnelle de la démolition des éléments en béton fait appel aux
explosifs afin de réduire la taille des blocs de pierre ou de béton. Cela implique
des dérangements sonores auxquels il faut ajouter les risques liés aux éclats et aux
ondes de choc. Aussi, la destruction de blocs de béton ou de pierre par des agents
chimiques se présente comme une solution alternative aux explosifs, à la fois
silencieuse et impliquant moins de risques.
56
fig. 55 Fissuration de la roche et du béton
4) Panneaux solaires
Le Japon est l'un des pays les mieux équipés en technologie photovoltaïque. En
2000 les quatre leaders japonais du marché –Sharp, Kyocera, Mitsubishi, Sanyo-
réalisaient 36% des ventes mondiales. Fort d'une volonté très soutenue de la part
57
du METI (Ministry of Economy, Trade and Industry) de développer l'usage de ce
type de technologie, le marché photovoltaïque japonais est très avancé notamment
dans le domaine du bâtiment. Si le marché a été très stimulé dans les années 90
par les programmes fédéraux, c'est sur un marché libre que se fera dorénavant le
développement des panneaux solaires. Maintenant que les fabricants japonais sont
en phase de production à grande échelle, les équipements atteignent en effet un
coût de production suffisamment bas pour se passer de grands programmes
nationaux comme ceux engagés dans les années passées par le gouvernement
japonais.
fig. 56 Comparaison entre pays de l'utilisation de panneaux solaires (en MW, source IEA)
Les toits japonais sont de plus en plus nombreux à être munis de panneaux
solaires. Les constructeurs essaient d'intégrer au mieux ces équipements
volumineux afin de les rendre moins encombrants sans en sacrifier leur efficacité.
58
fig. 57 L’intégration des panneaux solaires par Sumitomo
59
Conclusion
Poussée par une demande de constructions plus sûres, plus durables et qui
respectent mieux l'environnement, l'industrie japonaise du bâtiment et des travaux
publics s'implique dans des recherches variées et inédites. Non seulement la
recherche très soutenue, mais aussi les applications en conditions réelles de
solutions parfois très audacieuses, comme l'intégration de jardins sur les
bâtiments, sont les points forts de la politique technologique menée par l'industrie
du BTP. Cette industrie, si elle a été à plusieurs reprises (quelques fois par son
propre gouvernement) montrée du doigt pour son manque d'efficacité et son
fonctionnement très complexe, sait trouver des solutions technologiques qui sont
à la pointe du progrès et elle se distingue par la richesse des solutions qu'elle
propose.
La recherche dans le BTP a été bouleversée par la crise économique des années
1990 et connaît à l'heure actuelle des transformations importantes causées par la
privatisation progressive de son industrie menée de front par le Premier Ministre
Koizumi. Ces changements organisationnels et stratégiques du secteur devraient
rendre l'industrie du BTP et ses organes de recherche plus efficaces. Ainsi devons-
nous nous attendre à de plus amples changements encore dans le paysage urbain
japonais dans les années à venir.
60
TABLE DES FIGURES
fig. 1 Exemples de systèmes utilisés pour l'isolation isolation.......................................................14
fig. 2 Isolation de base à Roppongi Hills ........................................................................................15
fig. 3 Isolation après mise aux normes ............................................................................................16
fig. 4 Amortisseur viscoélastique ....................................................................................................16
fig. 5 Atami Korakuen Hotel et les patins de friction utilisés (source Takenaka) .........................17
fig. 6 Différentes positions du dissipateur.......................................................................................17
fig. 7 L'utilisation de la dissipation par friction chez Sumitomo (Source Sumitomo) ...................18
fig. 8 L'amortisseur visqueux qui équipe le Prudential Tower à Tokyo, (source Mori) ................19
fig. 9 Murs visqueux de Roppongi Hills .........................................................................................21
fig. 10 Relation force/déformation des amortisseurs visco-élastique (VE) et élasto-plastique (EP)
22
fig. 11 Amortisseur visco-élasto-plastique (VEP) ............................................................................22
fig. 12 Le Grand Hyatt de Roppongi Hills ........................................................................................23
fig. 13 Le Keyakizaka et le fonctionnement de son jardin anti-vibrations.......................................25
fig. 14 Emplacement et détails des suspensions du toit (source Mori).............................................25
fig. 15 Un amortisseur liquide au banc d'essais (MCC Aqua Damper Literature)...........................26
fig. 16 TLD à Yokohama...................................................................................................................26
fig. 17 Le Sofitel (106m, 26 étages) et son système .........................................................................27
fig. 18 L'amortisseur actif de Kajima : masses suspendues par câbles et activateur hydraulique ...28
fig. 19 Le Kyobashi Siewa Building et les masses suspendues par câbles. Source Kajima. ...........29
fig. 20 Configuration d'un système à rigidité variable et schéma de fonctionnement .....................30
fig. 21 Le Nishikicho Building et son système de protection hybride .............................................32
fig. 22 Le Landmark Tower (source M.H.I.) ....................................................................................33
fig. 23 Shinjuku Park Tower (233m).................................................................................................34
fig. 24 Fonctionnement du Trigon.....................................................................................................34
fig. 25 Composants principaux du Trigon.........................................................................................35
fig. 26 Trigon : schémas explicatifs du pendule virtuel....................................................................35
fig. 27 Tirgon : Pendule à deux axes .................................................................................................36
fig. 28 Contrôle semi-actif de la friction ...........................................................................................37
fig. 29 La tour Mori culmine à 238m. ...............................................................................................38
fig. 30 Schéma descriptif du fonctionnement d'un amortisseur MR ................................................39
fig. 31 Structure de 22t et trois étages isolée par consoles en caoutchouc .......................................40
fig. 32 Accélérations maximales observées aux trois étages ............................................................40
fig. 33 La friction contrôlée par actionneurs piézoélectriques..........................................................40
fig. 34 Maquette piezo-électrique......................................................................................................41
fig. 35 Performances du contrôle par activateur piézo-électrique ....................................................42
fig. 36 Comparaison des deux modes de contrôle à tension nulle....................................................42
fig. 37 Le pont Akashi Kaikyo Bridge, achevé en 1997 ...................................................................44
fig. 38 Fureai Plaza Flower Hall (1998, Kagoshima), Takenaka .....................................................45
fig. 39 Meilleure tenue aux vibrations et au feu................................................................................46
fig. 40 Le Sannomiya Intes................................................................................................................47
fig. 41 Joint poutre/colonne chez Takenaka......................................................................................47
fig. 42 La tour Mori, béton renforcé aux fibres de carbone..............................................................48
fig. 43 Blocs renforcés par barres droites et renforts anti-cisaillement ............................................49
fig. 44 Blocs renforcés par barres croisées........................................................................................49
fig. 45 Blocs renforcés par barres croisées et renforts anti-cisaillement ..........................................49
fig. 46 Installation des feuilles de fibres (source Kajima) ................................................................50
fig. 47 Rouleau de fibres de carbone (à g.) et d'aramide (à d.) .........................................................50
fig. 48 Comparaison des performances des renforcements par carbone, aramide et métal .............51
fig. 49 Renforcements d'une colonne existante contre le cisaillement et la flexion.........................51
fig. 50 Application de feuilles de fibres par Shimizu .......................................................................52
fig. 51 Carbon 3-D Fabric..................................................................................................................53
fig. 52 Le cycle de recyclage du béton ..............................................................................................54
fig. 53 Fujitsu Solution Square "né de ses cendres"..........................................................................55
fig. 54 Le jardin de Keyaki-Zaka du complexe tokyoïte Roppongi Hills ........................................56
fig. 55 Fissuration de la roche et du béton ........................................................................................57
fig. 56 Comparaison entre pays de l'utilisation de panneaux solaires (en MW, source IEA)..........58
fig. 57 L’intégration des panneaux solaires par Sumitomo ..............................................................59
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LIENS UTILES
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