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UNIVERSITÉ D’ORLÉANS Unité MA501

Département de Mathématiques 2002-2003

Chapitre I

La droite réelle

1 Propriétés caractéristiques de R
Il y a diverses manières de construire l’ensemble des réels R à partir de l’ensemble des
nombres rationnels Q. Nous ne ferons pas cette construction, mais nous contenterons de
rappeler les propriétés caractéristiques de R.

Propriétés algébriques

• R est un corps commutatif ; autrement dit, on a pu définir l’addition et la multi-


plication sur R, qui possèdent des propriétés de commutativité, associativité... De
plus, R contient le corps des rationnels Q, et les opérations sur R étendent celles de
Q.
• R est un corps totalement ordonné, dont l’ordre étend celui de Q ; autrement dit,
quels que soient x, y ∈ R, ou bien x ≤ y ou bien y ≤ x, et cette relation d’ordre
satisfait diverses propriétés de compatibilité avec l’addition et la multiplication.

Propriété de la borne supérieure. Définition. Soit A une partie de R non vide.


On dit que A est majorée s’il existe a ∈ R tel que x ≤ a pour tout x ∈ A. On dit alors
que a est un majorant de A. On définit de même les parties minorées et les minorants.
Une partie qui est à la fois majorée et minorée est dite bornée.
La propriété de la borne supérieure est la suivante :

• Toute partie non vide majorée de R possède un plus petit majorant.

Il est clair que celui-ci est unique. Il est appelé borne supérieure de A, et noté sup A.
On définit de même la borne inférieure d’un ensemble A non vide minoré. On la note
inf A.

Les trois propriétés énoncées sont caractéristiques de R. En particulier, Q possède les


propriétés algébriques, mais
√ ne possède pas la propriété de la borne supérieure : si a est un
irrationnel (par exemple 2), l’ensemble Q∩] − ∞, a[ ne possède pas de borne supérieure.
Théorème (caractérisation de la borne supérieure). Soit A une partie non vide de
R. Pour que le réel a soit sa borne supérieure, il est nécessaire et suffisant que les deux
conditions suffisantes soient réalisées :
a est un majorant de A;

∀ε > 0, ∃ x ∈ A : a − ε < x ≤ a.

Applications. Soit A une partie de R telle que, quels que soient a, b ∈ A, l’intervalle
[a, b] est inclus dans A. Alors A est d’une des formes suivantes :
- A = ∅,
- A = {α}, avec α ∈ R,
- A est un intervalle (fermé, ouvert, semi-ouvert)

1
- A est une demi-droite (fermée, ouverte)
- A = R.
Par extension, on appelle encore intervalle tous les ensembles de ce type.
La propriété de la borne supérieure a beaucoup de corollaires fondamentaux.

1. Toute suite croissante majorée converge.

2. Deux suites adjacentes convergent vers la même limite.

3. L’intersection de toute suite décroissante d’intervalles fermés (pour l’inclusion) est


non vide. Lorsque la longueur des intervalles tend vers 0, elle est réduite à un point.

2 Densité des rationnels


Des propriétés de R on déduit immédiatement le fait que R est un corps archimédien ;
autrement dit, quels que soient x et y strictement positifs, il existe un entier n tel que
nx > y.
Preuve. Posons r = x/y. Il s’agit de montrer qu’il existe n tel que nr > 1. Soit E
l’ensemble des t ∈ R tels que tn ≤ 1 pour tout entier n > 0. Cet ensemble est non vide
puisqu’il contient 0, et majoré par 1. Il possède donc une borne supérieure A. Il suffit de
montrer que A = 0 pour conclure que r ∈ / E, ce qu’on veut démontrer. Supposons que
A 6= 0. Il existe alors s, avec A/2 < s ≤ A, tel que s ∈ E. C’est dire en particulier que,
quel que soit l’entier n > 0,
(2n)s = n(2s) ≤ 1.
2s, qui est plus grand que A, appartient à E. On arrive à une contradiction, et donc
A = 0.
Théorème (densité des rationnels). Quels que soient a < b, il existe au moins un
rationnel dans l’intervalle ]a, b[.
Preuve. on cherche deux entiers p, q tels que q > 0, et

aq < p < bq.

Choisissons q tel que (b − a)q > 1, ce qui est possible puisque R est archimédien. Soit
maintenant p le plus petit entier tel que p > aq. Alors p−1 ≤ aq entraı̂ne que p ≤ aq +1 <
bq, ce qu’on voulait démontrer.
Il résulte du théorème précédent que, quel que soit le nombre réel a, il existe une suite
de rationnels rn qui tend vers a : il suffit de prendre rn dans l’intervalle ]a, a + 1/n[. On
dit encore que Q est dense dans R.

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