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Filière « Sciences Economiques et Gestion »


SEMESTRE 4 – Ensembles 3 et 4

SUITE DU COURS DE DROIT COMMERCIAL

Professeur Kenza Chakir

ANNEE UNIVERSITAIRE 2019-2020

UH2 – FSJES AIN CHOCK


Cours de droit commercial – Filière SEG – Semestre 4 – Ensembles 3 et 4
Professeur Kenza Chakir – Année universitaire 2019/2020
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PARTIE 2. LE COMMERÇANT
CHAPITRE 1. LA QUALITÉ DE COMMERÇANT

***
Section 2. Les types de commerçants

Chaque personne physique ou morale dispose d’un patrimoine qui est unique et universel. Par
l’exercice d’une activité commerciale, le commerçant est amené à prendre des risques
financiers, juridiques qui peuvent mettre en péril son patrimoine personnel (ses biens familiaux,
son logement, son argent etc.). Ainsi, le commerçant engage son patrimoine. Cependant, les
risques pris par le commerçant auront un poids différent selon qu’il exerce son activité en tant
que personne physique (§1) ou en tant que personne morale (§2) et ce choix a une influence
directe sur son patrimoine personnel.

Paragraphe 1. Le commerçant personne physique

Une entreprise est une unité économique, juridiquement autonome, organisée pour produire des
biens ou des services pour le marché. Le commerçant peut décider d’exploiter son entreprise
en tant que personne physique et développer l’activité en son propre nom. C’est le cas du
commerçant épicier ou du pharmacien. Dans cette hypothèse, il va engager le seul patrimoine
dont il dispose : son propre argent ou sa voiture personnelle.
Ainsi, le patrimoine du commerçant personne physique va regrouper des éléments d’actif et de
passif concernant sa vie personnelle mais également des éléments de sa vie professionnelle.

Exemple 1. Le commerçant peut financer le démarrage de son activité en investissant


son argent personnel pour acheter des équipements et du matériel.
Exemple 2. Le commerçant peut également utiliser sa voiture pour ses déplacements
professionnels.
Le patrimoine du commerçant personne physique aura donc à l’actif sa maison familiale,
sa voiture, sa maison et au passif de son patrimoine les loyers du local dans lequel il exerce son
activité et les dettes qu’il aura contractées auprès de ses fournisseurs.

Par voie de conséquence, si le commerçant n’honore pas ses engagements et qu’il ne paye pas
ses dettes, l’actif de son patrimoine répondra de tout le passif. Cet actif qui inclut les éléments
de sa vie personnelle sera engagé à titre de garantie pour les créanciers.
Ainsi, par exemple, s’il ne parvient à payer ses fournisseurs ou à rembourser le crédit
contracté pour démarrer son activité, les créanciers pourront saisir les éléments d’actif de son
patrimoine, lesquels peuvent être des éléments personnels (maison familiale, voiture
personnelle, argent personnel etc…).

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Paragraphe 2. Le commerçant personne morale

Pour limiter le risque lié à l’exploitation de son activité commerciale et protéger son patrimoine
personnel, le commerçant peut opter pour la création d’une personne morale, sous forme de
société. Dans ce cas, ce sera la société elle-même qui aura le statut de commerçante. L’activité
commerciale sera développée sous la dénomination de la société.
Cette société disposera d’un patrimoine qui lui sera propre et distinct de celui de l’entrepreneur
personne physique. Ce dernier pourra être associé ou actionnaire de la société qu’il aura créée
ou même gérant/dirigeant.

Par conséquent, les risques de l’activité commerciale seront supportés par la personne morale,
par la société elle-même, puisque c’est elle qui s’engage et c’est elle qui sera redevable des
dettes contractées auprès des tiers. En cas de faillite, les créanciers pourront saisir les éléments
d’actif du patrimoine de la société pour être désintéressés et payés.

Précision n°1.
Nous avons pu voir dans l’introduction qu’il existe différentes formes de sociétés (sociétés à
responsabilité limitée -SARL/SA- et sociétés à responsabilité illimitée -SNC/SCA-).

Dans certaines sociétés, comme la société en nom collectif (SNC) ou la société en commandite
par actions (SCA), la responsabilité des associés est illimitée. Les associés sont alors
indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales. Cela signifie que si le
patrimoine de la société ne suffit pas à payer les dettes contractées par la société, les
créanciers pourront se faire payer sur les patrimoines personnels des associés.

Néanmoins, cette responsabilité illimitée ne change rien au fait que les deux patrimoines ne
se confondent pas : celui de l’entrepreneur qui a crée la société et le patrimoine de la société
restent séparés et distincts l’un de l’autre.

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CHAPITRE 2. LES CONSEQUENCES QUALITÉ DE COMMERÇANT

Acquérir la qualité de commerçant a pour conséquence de soumettre la personne, physique ou


morale, au statut de commerçant c’est-à-dire aux règles du droit commercial (Section 1). Ces
règles sont plus contraignantes que celles prévues par le droit civil (dahir des obligations et des
contrats du 12 août 1913 « D.O.C »).
L’acquisition de la qualité de commerçant impacte également les rapports du commerçant avec
les tiers, qu’ils soient commerçants ou non-commerçants (Section 2).

Section 1. Les obligations du commerçant

L’acquisition de la qualité de commerçant permet de disposer d’un certain nombre de droits et


soumet le commerçant à des obligations très strictes.
D’une part, au titre de ses droits, le commerçant bénéficie de la propriété commerciale
et plus généralement du statut des baux commerciaux (voir Partie 3, Chapitre 1, Section 1,
Paragraphe 1 – III. Le droit au bail). Il peut réaliser des opérations sur son fonds de commerce
(voir Chapitre 2 de la Partie 3).
D’autre part, le commerçant est soumis à de nombreuses obligations. Il a d’abord
l’obligation d’ouvrir un compte bancaire auprès d’un établissement de crédit (article 18 du Code
de commerce). Ensuite, le commerçant a l’obligation d’établir des factures (article 4 de la loi
n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur. Cependant, les obligations
majeures du commerçant demeurent celles qui se rapportent à la publicité légale (Paragraphe
1) et à la comptabilité (Paragraphe 2).

Paragraphe 1. L’obligation de publicité au registre du commerce

La publicité légale se fait au du registre du commerce (I) et comprends plusieurs types


d’inscriptions concernant le commerçant (II).

I. Le registre du commerce
A. Définition

Le registre du commerce est un support de publicité qui a pour but de faire à toute personne qui
y a intérêt l’existence, les caractéristiques et le devenir des entreprises et sociétés commerciales.
Il fournit les renseignements sur le statut des commerçants, leur activité et l’identité de leurs
exploitants (gérants, dirigeants, propriétaire de fonds de commerce, gérant libre etc).

B. Organisation du registre du commerce

D’après l’article 27 du Code de commerce, le registre du commerce est composé d’un registre
central (2) et de plusieurs registres locaux (1).

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1) Le registre local
Le registre local est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal de commerce dans le ressort duquel
se situe le siège de la société ou l’établissement principal du commerçant. Lorsqu’il n’y a pas
de tribunal de commerce dans ce ressort géographique, le registre local est tenu par le secrétariat
greffe du tribunal compétent.

L’article 30 du Code de commerce dispose que toute inscription au registre du commerce d’un
nom de commerçant ou d’une dénomination commerciale doit être demandée par voie
électronique à travers la fenêtre dédiée dans la plateforme électronique de création et
d’accompagnement d’entreprises au secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de
l’établissement principal du commerçant ou du siège de la société créée.

Ce registre est placé sous la surveillance du président du tribunal ou d’un juge désigné par le
président du tribunal chaque année à cet effet.

Toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié conforme des inscriptions
qui sont portées au registre du commerce ou un certificat de radiation d’une société du registre
du commerce.

2) Le registre central

- L’organisation du registre central

Le registre central est tenu par le ministère chargé de l’industrie et du commerce à l’Office
Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC). Le registre central est public
et ouvert à la consultation.

Il est subdivisé en deux sous registres : l’un pour les personnes physiques, l’autre pour les
personnes morales. De même, chaque registre est divisé en autant de volumes qu’il y a de
tribunaux.

- Les fonctions du registre central

Le registre central a trois fonctions (article 33 du Code de commerce) :


 Centraliser, pour l’ensemble du Royaume, les renseignements portés dans les registres
locaux avec une reference au register local sous lequel le commerçant ou la société est
immatriculé ;

Pour ce faire, chaque secrétaire-greffier des tribunaux compétents transmet au registre central
un exemplaire des déclarations qu’il a enregistrés au cours du mois précédent, aux fins
d’immatriculation, de modification ou de radiation.

 Délivrer les certificats et copies relatifs aux inscriptions qui y sont portées (noms des
commerçants, les denominations commerciales et les enseignes);
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Le registre central du commerce peut être consulté par le public à travers la plateforme
électronique de création et d’accompagnement d’entreprises par voie électronique (article 32
du Code de commerce).

 Publier annuellement un recueil des noms des commerçants, denominations


commerciales et enseignes qui lui sont transmis.

3) Le regroupement dans un registre électronique du commerce

Avec la promulgation de la loi n°88-17 du 9 janvier 2019 relative à la création et à


l’accompagnement d’entreprises par voie électronique, il a été créé un registre électronique du
commerce à travers lequel sont tenus les registres locaux du commerce et le registre central
précités (article 27 du Code de commerce).

Ce registre électronique est créé à travers le plateforme électronique créée par la loi n°88-17.

II. Le contenu de l’obligation de publicité du commerçant

L’obligation de publicité du commerçant regroupe l’immatriculation au registre du commerce


ainsi que l’inscription de tout évènement, acte ou contrat qui impacte la situation juridique du
commerçant. Ainsi, les inscriptions au registre du commerce regroupent les immatriculations
(A), les inscriptions modificatives et les radiations (B).

Encore une fois, il est à noter que les inscriptions au registre électronique du commerce sont
effectuées à travers la plateforme électronique de création et d’accompagnement d’entreprises
par voie électronique.

A. L’immatriculation au registre du commerce


1) La procédure d’immatriculation

- Délai pour l’immatriculation au registre du commerce

Dès le début de son activité, tout commerçant, personne physique et morale, marocaine ou
étrangère, qui exerce une activité commerciale sur le territoire du Royaume doit se faire
immatriculer au registre du commerce (article 37 du Code de commerce).

Le commerçant dispose d’un délai de trois mois pour se faire immatriculation au registre du
commerce. Ce délai commence à courir :
-Pour les personnes physiques, à partir de l’ouverture de son établissement
commercial ou de l’acquisition d’un fonds de commerce ;
-Pour les personnes morales, à partir de leur constitution, c’est-à-dire à partir de la
signature du contrat de société.

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- Déclaration d’immatriculation

L’immatriculation au registre du commerce suppose un écrit : la déclaration d’immatriculation,


laquelle est fournie par le registre de commerce sous forme de modèle contenant des mentions
différentes selon qu’il s’agisse d’un commerçant personne physique (il s’agit du « Modèle 1»)
ou d’un commerçant personne morale (il s’agit du « Modèle 2 »).

Cette déclaration doit être remplie par le commerçant lui-même (personne physique) ou par le
gérant/dirigeant de la société (personne morale). C’est ce que précise l’article 38 du Code de
commerce qui dispose que l’immatriculation du commerçant au registre électronique du
commerce ne peut être requise que sur la demande du commerçant ou à la demande de son
mandataire muni d’une procuration écrite qui doit être obligatoirement jointe à la demande.

Ainsi, le Modèle 1 comporte tous les éléments permettant d’identifier la personne physique :
-nom, prénom, date de naissance, nationalité ;
-l’activité exercée, le siège de son entreprise, l’origine du fonds de commerce et l’enseigne s’il
en possède ;
-la date du certificat négatif pour l’inscription du nom commercial.

Le Modèle 2 comporte les éléments permettant d’identifier la personne morale :


-identification des associés/actionnaires ;
-dénomination sociale et l’objet de la société ;
-siège social ;
-forme juridique adoptée, montant du capital social etc.

La déclaration doit être remplie, signée et légalisée en trois exemplaires originaux.

2) Les effets de l’immatriculation au registre du commerce

- L’obtention d’un numéro au registre du commerce

L’immatriculation a pour effet d’attribuer au commerçant un numéro d’immatriculation au


registre de commerce, lequel devra figurer sur tous les documents commerciaux (factures,
lettres, bons de commande, devis, prospectus etc). A partir de ce numéro d’immatriculation,
toute personne peut faire une demande auprès du registre de commerce afin d’obtenir un extrait
de la « fiche d’identité » du commerçant, personne physique ou morale. Ce « modèle 7 »
contient toutes les informations relatives au commerçant (adresse/siège social,
dénomination/nom commercial etc.).

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- Présomption de la qualité de commerçant et opposabilité

Les personnes physiques ou morales immatriculées au registre de commerce sont présumées,


sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant. Par ailleurs, les mentions -faits et actes-
devant faire l’objet d’une publicité au registre du commerce ne sont opposables aux tiers que
s’ils sont publiés.

B. Les inscriptions modificatives et la radiation du registre du commerce

1) Les inscriptions modificatives

Tout changement ou modification se rapportant aux faits devant faire l’objet d’une inscription
sur le registre du commerce doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative. La
déclaration modificative (le « Modèle 4 ») doit être remplie avec la mention des modifications
devant être enregistrées et elle doit être accompagnée des pièces justificatives.

Exemple. Une société décide de changer sa dénomination sociale deux ans après le
début de son activité. Pour que cette modification soit opposable aux tiers, le gérant ou le
dirigeant de la société doit déposer une déclaration modificative (appelée le « modèle 4 »)
auprès du registre du commerce avec tous les renseignements nécessaires et les pièces
justificatives relatives au changement de dénomination sociale (notamment le procès-verbal de
l’assemblée générale extraordinaire de la société ayant décidé le changement de dénomination).

2) La radiation du registre du commerce

La radiation correspond à la suppression de l’immatriculation du commerçant du registre du


commerce. Cette radiation intervient en cas de cessation de l’activité commerciale, de décès du
commerçant ou de dissolution de la société.
De manière concrète, afin d’être radié du registre de commerce, une demande de radiation doit
être faite auprès du registre du commerce. C’est l’objet de la déclaration de radiation (il s’agit
du « Modèle 4 »).
Cette demande de radiation peut être faite par le commerçant lui-même, ou par ses héritiers (en
cas de décès) ou par le liquidateur d’une société (en cas de dissolution de société) ou par les
gérant/dirigeants de société.

3) Sanctions du non-respect de la publicité légale

Le non-respect des règles de publicité commerciale est sanctionné pénalement.


D’une part, le commerçant qui ne se fait pas immatriculer au registre de commerce encourt une
amende de 1000 à 5000 DH s’il n’y remédie pas dans un délai d’un mois à compter de la mise
en demeure adressée par l’administration.
D’autre part, toute indication donnée de mauvaise foi lors de l’immatriculation ou d’une
inscription modificative, ou le défaut d’une mention requise sur les documents commerciaux
est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et / ou d’une amende de 1000 à 50.000 DH.
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Paragraphe 2. L’obligation de tenir une comptabilité

Les obligations comptables des commerçants sont imposées par les articles 19 et suivants du
Code de commerce. Elles sont régies par la loi n°9-88 du 25 décembre 1992 modifiée par la loi
44-03 du 14 février 2006.
La comptabilité permet à l’administration fiscale de pouvoir exercer un contrôle sur les
déclarations d’impôts fournis par le commerçant et en cas d’irrégularités de procéder à des
vérifications fiscales ; en outre, elle permet au commerçant de contrôler et de maîtriser le
fonctionnement de son entreprise, son évolution financière et le rapport avec ses partenaires
commerciaux/clients ; et enfin, elle permet aux créanciers de pouvoir être informés de la
solvabilité de l’entreprise. Ainsi, la comptabilité suppose de tenir plusieurs livres comptables
(I) et lorsqu’elle est régulière, la comptabilité a une valeur probante (II).

I. Le contenu de l’obligation

A) Le support de l’obligation : les documents comptables

Les commerçants doivent procéder à l’enregistrement des mouvements qui affectent l’actif et
passif de l’entreprise (article 1 er de la loi n°9-88). La comptabilité du commerçant a pour objet
les livres comptables (1) et les comptes annuels (2).

1. Les livres comptables

-Le livre-journal : tout commerçant doit obligatoirement tenir un livre-journal où il enregistre


toutes les opérations réalisées jour après jour, de manière chronologique. Cette inscription doit
mentionner l’origine, le contenu de l’opération et l’imputation du mouvement enregistré ainsi
que les références et pièces justificatives.

-Le grand livre : ce livre reprend les écritures du livre-journal avec une ventilation entre les
différents comptes tenus par le commerçant (comptes de stocks, de fournisseurs,
d’immobilisations etc).
-Le livre d’inventaire : ce livre constitue un relevé de tous les éléments d’actif et de passif du
patrimoine de l’entreprise et mentionne la quantité et la valeur de chacun d’eux à la date de
l’inventaire. Ce document permet de contrôler l’existence et la valeur de ces éléments au moins
une fois par exercice (12 mois).

2. Les comptes annuels

Pour compléter les livres comptables, le commerçant doit également tenir états de synthèse
annuels sur la base du contenu des livres comptables. Ces états de synthèse comportent :

- le bilan : ce document, présenté sous forme de tableau à deux colonnes, décrit


séparément les éléments de l’actif et du passif du patrimoine de l’entreprise ;

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- le compte de produits et charges ( “CPC” ) récapitule les produits et charges de


l’entreprise et fait apparaître, après imputation des amortissements et des provisions, le
résultat de l’exercice : positif ou négatif, bénéfice ou perte ;

- l’état des soldes de gestion décrit la formation du résultat net et celle de


l’autofinanement;

- le tableau de financement ( “TF” ) met en evidence l’évolution financière de


l’entreprise au cours de l’exercice en décrivant les ressources dont elle a disposé et les
emplois qu’elle a fait de ces resources ;

- l’état des informations complémentaires complete et commente les informations par


les tous les autres documents cités ci-dessus.

B) Présentation et conservation des documents comptables


1. La présentation des documents comptables

Le livre journal et livre d’inventaire sont cotés c’est-à-dire que les numéros des pages vont de
la première à la dernière feuille et ils sont paraphés (un signe y est apposé) par le greffier du
tribunal de commerce du siège où se situe l’entreprise.
Chaque livre reçoit un numéro répertorié par le greffier sur un registre spécial.

Le commerçant doit enregistrer les opérations de manière chronologique et continue sur les
livres, sans altération ni blanc. En cas d’erreur, il doit corriger par des écritures nouvelles, il ne
peut raturer ou gratter l’erreur.

2. La conservation des documents comptables

Les documents comptables et les pièces justificatives (factures, bons de commande etc) doivent
être conservés pendant dix ans. Les originaux des correspondances reçues et les copies des
correspondances envoyées doivent également être conservés pendant dix ans.

II. Les sanctions du non-respect des obligations comptables

L’absence de comptabilité, une comptabilité fictive ou incomplète sont des faits sanctionnés
par la loi. Il s’agit comme par exemple faire disparaître des documents comptables de
l’entreprise ou de manipuler la comptabilité de sorte à augmenter frauduleusement le passif.

A. Les sanctions fiscales

Lorsque les documents comptables ne respectent pas les normes prescrites par la loi 9-88,
l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à l’administration fiscales de les rejeter. Elle
procédera alors à une évaluation arbitraire et forfaitaire de l’impôt qui devra être payé par le
commerçant.

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B. Les sanctions pénales

Tout dirigeant d’une entreprise individuelle ou à forme sociale qui aurait tenu une comptabilité
fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de la société ou qui
n’aurait pas tenu de comptabilité alors que la loi en fait l’obligation est coupable de
banqueroute. Cette dernière est une infraction pénale punie par une peine d’emprisonnement
allant d’un an à cinq ans et / ou d’une amende de 10.000 à 100.000 dirhams.

III. La preuve comptable en cas de litige


1. Dans les rapports entre commerçants

En cas de litige, la comptabilité régulièrement tenue fait preuve entre commerçants à raison des
faits et actes de commerce qu’elle retrace. Elle constitue une preuve également en faveur du
commerçant qui tient cette comptabilité (article 232 du Code de commerce).

2. Dans les rapports entre commerçants et non commerçants

A l’égard des non commerçants, la comptabilité ne fait pas preuve contre eux. Un tiers non
commerçant peut faire valoir contre le commerçant le contenu de sa comptabilité même si celle-
ci est irrégulièrement tenue. A l’inverse, le commerçant ne peut invoquer les documents
comptables contre un non-commerçant.

Section 2. L’application d’un régime spécifique aux actes de commerce

Il est appliqué aux actes de commerce les règles prévues par le droit commercial (Paragraphe
1). Parfois, ces actes sont passés entre commerçants et particuliers non-commerçants et, dans
ce cas, le régime juridique applicable est spécifique (Paragraphe 2).

Paragraphe 1. L’application des règles du droit commercial

Les actes de commerce bénéficient de règles spécifiques dans la mesure où certaines règles du
droit commun des actes civils apparaissent inadaptées aux besoins du commerce. Ces règles
concernent aussi bien l’exécution des actes de commerce (II) que le contentieux commercial (I
et III).

I. Le principe de la liberté de la prevue

En droit civil, le régime de la preuve est réglementé. Ainsi, par exemple, la preuve par témoins
n’est pas admise pour les obligations qui ont pour objet une somme d’argent dont la valeur
dépasse 10.000 dirhams. De même, la preuve par écrit doit revêtir des formes particulières
pouvant aller jusqu’à l’exigence d’un acte authentique.

En droit commercial, ce formalisme est écarté puisqu’il peut être handicapant pour le
commerçant qui est appelé à passer de nombreux contrats pour exercer son activité. Par

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conséquent, en matière commerciale, la preuve est libre. Tous les moyens sont admis pour
prouver les obligations commerciales : oral, écrit, l’écrit électronique etc.

II. Le principe de la solidarité passive

La solidarité est une garantie qui va sécuriser les échanges commerciaux. En droit commercial,
la solidarité est passive c’est-à-dire qu’elle est présumée entre les commerçants. En effet, la
solidarité n’a pas besoin d’être prévue dans le contrat commercial pour être appliquée (article
335 du Code de commerce).
La solidarité signifie que lorsque plusieurs commerçants ont contribué au même acte de
commerce, l’un d’eux peut être appelé au paiement pour tous les autres. Il devra payer le
montant total de la somme due au créancier et il pourra ensuite, réclamer aux autres débiteurs
la part qu’il a payé à leur place.

Exemple. Messieurs A, B et C sont commerçants, ils vendent des fruits et légumes. Ils
ont chacun un commerce différent situé dans des endroits différents à Casablanca. Pour obtenir
des prix intéressants, ils décident de passer une commande ensemble chez un fournisseur de
tomates. La commande est d’un montant de 1000 dhs. Mais il s’avère que le fournisseur de
tomates n’est pas payé dans les délais.
Le principe de la solidarité permet au fournisseur de choisir parmi les commerçants A,
B et C celui qui est le plus solvable et lui demander le paiement de la totalité du montant (1000
dhs).
Celui qui a payé pourra, après avoir versé la somme au fournisseur de tomates, demander
aux autres commerçants de lui rembourser ce qu’il a payé à leur place.

III. La compétence des tribunaux de commerce

- Conditions de la compétence des tribunaux de commerce

Les tribunaux de commerce, créés par la loi n°53-95, sont compétents pour connaître :
- Des actions relatives aux contras commerciaux ;
- Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
- Des actions relativs aux effets de commerce ;
- Des différents entre associés d’une société commerciale ;
- Des différends à raison du fonds de commerce.

Ainsi, tous les litiges relatifs aux commerçants passés à l’occasion du développement de leur
activité professionnelle sont portés devant les tribunaux de commerce. Le tribunal de commerce
a vocation à traiter des litiges entre commerçants de façon rapide et simple, toujours dans le
souci de répondre aux besoins spécifiques du commerce : le besoin de rapidité et de sécurité.

Cependant, les tribunaux de commerce sont compétents uniquement pour les demandes dont
la valeur excède 20.000 dirhams. Par conséquent, si l’objet du litige est le paiement d’une
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créance dont la valeur est inférieure ou égale à 20.000 dirhams, la demande doit être portée
devant le tribunal civil.

- Prescription de l’action commerciale

Le droit commercial se différencie également du droit civil en ce qui concerne la prescription.


La prescription est un principe général de droit qui désigne la durée au-delà de laquelle une
action en justice n’est plus recevable. Ainsi, une fois que le délai fixé par la loi pour agir en
justice expire, l’action est éteinte. C’est la prescription extinctive.
En droit civil, cette prescription est de quinze ans, sauf cas particuliers (article 387 du
Dahir des obligations et des contrats).
En droit commercial, il y a un besoin de rapidité car les choses évoluent rapidement,
il ne faut donc pas handicaper les relations commerciales en faisant peser sur les parties un
risque judiciaire pendant une durée aussi longue que celle prévue par le droit civil. Ces
impératifs expliquent qu’en droit commercial, la prescription extinctive est de cinq années
seulement. Cela permet aux parties d’avoir un délai suffisant pour agir en justice, après
réflexion et tentative de règlement amiable sans pour autant handicaper les relations
commerciales.

Paragraphe 2. Le cas particulier des actes mixtes

Les actes juridiques qui mettent en jeu un commerçant et un particulier sont appelés « actes
mixtes ». La notion d’acte mixte (I) implique une application distributive des règles civiles et
des règles commerciales (II).

I. La définition de l’acte mixte

Les actes conclus entre un commerçant et un non-commerçant constituent des actes mixtes.
L’acte mixte présente un caractère civil à l’égard de l’une des parties et un caractère commercial
à l’égard de l’autre. En effet, beaucoup d’actes de commerce, par nature ou par accessoire, sont
conclus entre commerçants et particuliers non-commerçants. Cette situation est
particulièrement courante et rassemble la plupart des échanges quotidien dits de consommation.
Par conséquent, l’acte mixte présente une double nature juridique.

Exemples. L’achat de biens de consommation pour un usage privé.


La commande de prestations de service pour un usage privé : plomberie,
électricité, abonnements etc.

II. Les règles applicables aux actes mixtes : le principe de la distributivité

- Le principe de la distributivité

Le régime d’un acte mixte repose sur l’application distributive des règles applicables. Il en
résulte que chaque partie se voit appliquer les règles imposées par la nature, civile ou
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commerciale, que revêt l’acte à son encontre (article 4 du Code de commerce) : les règles du
droit commercial s’appliquent aux commerçants et les règles du droit civil s’applique au
particulier.

- L’application du principe de distributivité

En cas de litige entre les parties, l’application du principe de distributivité a des conséquences
sur les règles applicables.
Ainsi, en matière de preuve, le non-commerçant peut invoquer le principe de la liberté de la
preuve et il peut donc prouver l’acte juridique qui a été accompli ou le fait juridique qui a eu
lieu par tous moyens. Tandis que le commerçant est obligé de respecter les règles du droit civil.

De même, en en ce qui concerne le tribunal compétent, si c’est le particulier non-commerçant


qui souhaite intenter une action en justice contre le commerçant, il a l’option de porter l’affaire
devant le tribunal de commerce ou le tribunal civil. Dans le cas contraire, si c’est le commerçant
qui souhaite intenter une action en justice contre le particulier, il ne peut la porter que devant le
tribunal civil.

UH2 – FSJES AIN CHOCK


Cours de droit commercial – Filière SEG – Semestre 4 – Ensembles 3 et 4
Professeur Kenza Chakir – Année universitaire 2019/2020
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