Vous êtes sur la page 1sur 17

Semestre 6 : droit public (droit en français)

Matière : pensée politique contemporaine

Remarques

Il ne faut pas se contenter des séances, vous avez le droit de se référer à


toutes références qui traitent des ces questions objet de notre cours.

Je vous souhaite la réussite et qu’Allah vous protège

Les premières séances ont porté sur deux axes :

- Le moyen âge, notamment les pensées de : Thomas d’Aquin et Saint


Augustin
- L’humanisme : les pensées d’ Erasme, de La Boétie et Thomas Moore

Après ces séances : nous allons étudier deux autres axes :

- L’absolutisme
- Le contractualisme (la philosophie des lumières)

 L’absolutisme :

La doctrine absolutiste est l’héritage du moyen âge fondé par le Pape et par le
roi sur la base d’éléments théologique. L’expression du ‘’pouvoir absolu ‘’ est
employé dès le XVI siècle. Comme elle puise ses justifications juridiques du
droit impérial romain.

Le paradigme de représentant de Dieu a servi d’alibi pour les monarchies de


droit divin. Ce paradigme s’est affirmé avec la généralisation de l’étude du droit

1
romain dans les universités. Ainsi, le juriste Beaumanoir écrit ‘’Ce qui plaît à
faire plaisir doit être tenu pour la loi’’.

Le passage du féodalisme à l’absolutisme doit être associé aux changements


socio-économiques et politiques qui ont caractérisé l’époque de la renaissance.
L’absolutisme atteint son apogée à la suite de la guerre de 30 ans. Il s’agit en
effet d’une série de conflits qui ont déchiré l’Europe de 1618 à 1648.

Ces guerres ont été marquées sur le plan religieux par l’affrontement entre
protestants et catholiques et sur le plan politique par l’affrontement entre
féodalité et absolutisme. Ce dernier est lié aux périodes de centralisation
politique et militaire caractérisées par la consolidation de la souveraineté
territoriale des Etats.

Jacques Ellul a révélé quatre caractéristiques communes au concept


d’absolutisme :

- Le pouvoir se conçoit lui-même comme étant sans limites


- Le pouvoir se fonde sur une valeur absolue comme Dieu
- L’Etat représente le bien
- Le pouvoir est stable et invariable

Il importe de souligner que les acquis de la renaissance et la révolution


scientifiques ont remis en cause les valeurs du régime féodal. Ce qui allait
engendrer une crise de légitimation contribuant à l’instabilité politique et
favorisant les guerres.

Il en résulte que le pouvoir royal s’est affirmé progressivement en Europe entre


le XIII et XVIII siècles.

Bossuet est l’un des théoriciens de l’absolutisme. Selon cet auteur, l’autorité
royale absolue a quatre caractéristiques :

2
- Elle est sacrée
- Elle est paternelle
- Elle est absolue
- Elle est soumise à la raison divine

Le roi exerce l’intégralité des pouvoirs que le droit romain a attribué autrefois à
l’empereur.

 Jacques Bossuet (1627-1704)

Il est le principal inspirateur de la doctrine de la monarchie divine et


présente la concentration des pouvoirs dans les mains du roi comme une
nécessité. Pour Bossuet, le pouvoir royal est directement octroyé par
Dieu. Ce pouvoir est l’incarnation du dessein divin.
C’est ainsi que la volonté du roi ne saurait connaître aucune entrave. Sa
puissance est absolue.
Il appartient aux sujets de lui obéir fidèlement sans discernement.
Bossuet emploi à distinguer le pouvoir royal par le fait qu’il sert à faire le
bien, à combattre l’injustice et à protéger les plus humbles telle que
l’enseigne la parole du Christ.
Selon cet auteur, le roi est soumis à la moral et au droit naturel, mais il est
absolu par rapport à la contrainte, n’y ayant aucune force/ou puissance
capable de forcer le souverain. Lorsque le prince a jugé , il n’y a pas
d’autre jugement.
On doit obéir au prince par principe de religion et de confiance. Mais les
rois doivent respecter leur propre puissance et ne l’employer que pour le
bien public. Autrement dit, ils respectent leur puissance parce que ce n’est
pas leur puissance, mais la puissance de Dieu dont il faut user saintement
et religieusement.

3
Ceci explique pourquoi la parole du roi est puissante et personne ne peut
dire pourquoi faites-vous ainsi ? Les rois sont sacrés par leur charge.

 Robert Filmer (1604-1646)

Robert Filmer donne le sentiment d’être avant un légitimiste. Il a connu


l’horreur de la guerre civile et apparait comme étant avant tout épris d’ordre.
Toute révolution est pour lui est une erreur.

En Angleterre, la thèse est ardemment défendue par Robert Filmer qui a


identifié la monarchie à un « bien divin » qui aurait été transmis aux rois par
l’intermédiaire d’Adam. Ce don justifie le droit du souverain de faire ce qu’il
veut dans tous les domaines de la vie commune.

Selon cet auteur, le modèle paternel est le modèle de toute autorité légitime et
cette autorité s’est transmise depuis Dieux aux Hommes par l’intermédiaire
d’Adam, père de tous les hommes et ainsi de suite, par filiation, jusqu’à
aujourd’hui.

L’obligation politique se ramène à une allégeance totale envers l’autorité


patriarcale du prince. Le pouvoir est donc un bien patrimonial transmissible qui
donne tout pouvoir à celui qui le détient. La particularité de l’autorité paternelle
se distingue de toutes les autres formes par sa bienveillance. Ainsi, le meilleur
régime politique est celui du roi qui prend souci de ses sujets comme des
enfants.

La monarchie est donc l’origine de tous les régimes politiques. En ce qui


concerne les autres institutions notamment le parlement et le pouvoir judiciaire
ne sont que des instruments pour faciliter le gouvernement du roi.

4
 Jean Bodin : théoricien de l’Etat souverain (1530-1596)

Jean Bodin a mis au point une théorie de l’Etat souverain qui est une des
principales sources de la tradition constitutionnelle. Il défend l’autorité de l’Etat
en proie à la guerre civile. C’est ainsi qu’il a énoncé la théorie de la souveraineté
et de l’autorité absolue de la puissance publique. Pour Bodin, la souveraineté ne
peut résider que dans un prince parce qu’elle est la puissance absolue et
perpétuelle de l’Etat.

Qu’est ce que la souveraineté ?

Pour Bodin, elle est la capacité de donner et casser les lois. Le contenu peut
avoir été élaboré par des jurisconsultes, ou par la coutume, mais le souverain
seul donne aux lois leur forme même de lois, donc leur force obligatoire.

Il faut confier le commandement à un ou quelques hommes qui puissent se


comporter dans la guerre comme des monarques absolus. Autrement dit,
nommer des exécutants de la politique de l’Etat est un attribut fondamental de la
souveraineté

Considérant la souveraineté est le pouvoir de faire les lois, Bodin cherche une
légitimité très solide au pouvoir. L’auteur était partisan d’une monarchie
modérée, mais le massacre de la Saint Balthémy en 1572, a infléchi
radicalement la pensée de Bodin et lui fait subir ce qu’on a appelé un ‘’tournant
absolutiste’’. Sa méthode est essentiellement juridique car elle est pénétrée de
droit romain. Plusieurs fois dans ses livres, il a affirmé que les juristes et
constitutionnalistes de son temps doivent prendre le droit romain comme norme.

Selon l’auteur, le critère du droit de gouvernement est la conformité aux lois de


la nature. Ces lois ordonnent une hiérarchie des biens parce qu’elles sont la
manifestation de la loi éternelle établie par Dieu. L’homme n’est pas soumis à
l’homme mais plutôt à Dieu par la médiation de ceux dont le devoir est de

5
l’aider à assumer le projet de Dieu. Pour Bodin, le prince n’est tenu de rendre
compte qu’a Dieu.

Les limites de la souveraineté sont la loi divine et la loi naturelle.

Il a plaidé en faveur de l’existence d’un sénat pour éclairer le prince. Au sein


de sénat, il doit y avoir liberté et pluralité de parole. Selon Bodin le sénat est
établi pour donner avis à ceux qui ont la souveraineté.

Bodin a contribué à forger le concept d’Etat nation moderne. Sur le fond, il


pense que l’Etat doit avoir une structure hiérarchique où tout puise être rapporté
à une autorité fondamentale. Il est contre le régime mixte où les pouvoirs
également souverains sont censés se faire équilibre, ne peut en réalité que
déboucher sur l’anarchie.

La souveraineté est perpétuelle, illimitée. Une puissance peut être souveraine,


doit être absolue.

Il pense que toute division de la souveraineté est un danger. Il marque sa


préférence pour la monarchie où la souveraineté a des meilleures chances de
demeurer indivise. La monarchie est naturelle dans l’Etat, comme le père dans
la famille, la tête dans le corps.

L’Etat bodinien est une monarchie hiérarchisée et homogène dont l’ordre sera
garanti par l’existence d’une autorité royale souveraine, indivise et une.

Il pense que le gouvernement du monarque doit être autoritaire et cela dans


l’intérêt même du peuple : « la rigueur et sévérité d’un prince est plus utile que
sa trop grande bonté ».

Ainsi, le pouvoir royal absolu est indispensable pour pouvoir distribuer les
charges et bienfaits publics selon la juste harmonie.

6
Le triomphe du principe de souveraineté met en exergue la figure royale qui
résume le concept de souveraineté, parce que le roi apparait comme le garant de
la souveraineté

Mais, Bodin a oublié que parmi les inconvénients de la monarchie absolue que
la personnalité d’un prince peut hasarder son Etat et ses sujets s’il est belliqueux.
Dans ce cas la souveraineté aura de malheur.

Pour Boudin, la politique trouve sa valeur et sa qualité dans un ordre supérieur,


métaphysique et religieux. Le critère du droit de gouverner est la conformité
avec les lois naturelles.

 Machiavel (1469-1527) : l’émergence de la raison d’Etat

L’analyse de Machiavel va contribuer à désenchanter le monde en promouvant


une vision des réalités politiques débarrassées des scrupules juridiques et
moraux.

Machiavel a séparé les choses politiques de toutes les autres, et de toute


considération religieuse ou morale.

Le but de Machiavel est de dégager des lois permanentes de la vie politique et


qui rejettent les illusions de tous les idéalismes. En raison de son réalisme,
Machiavel a été présenté comme le père fondateur de la science politique
moderne.

Machiavel a été humilié par la faiblesse de son pays devant les envahisseurs
français et espagnols. C’est ainsi qu’entre 1520 et 1525 a contribué à organiser
la résistance de sa patrie contre les ennemis. Il a institué les règles de la raison
7
d’Etat à travers l’homme d’Etat ; c'est-à-dire un roi absolu national qui dispose
de tous les procédés pour parvenir à ses fins. Il a admiré le blanc-seing donné
par les français à leur roi qui incarne la nation. Cette dernière est une personne
abstraite supérieure aux individus qui la composent et purement séculier.

Le souci majeur qu’avait porté Machiavel est de restituer à l’Italie san grandeur,
et ce but ne se réaliser qu’à travers un Etat puissant incarné par la figure d’un
prince immoral.

Son époque fut politiquement troublée et l’Italie divisée en petits Etats instables.

Ceci explique pourquoi la défense de la patrie implique que l’attitude politique


se pense comme être indépendante de la morale traditionnelle. La politique est
nécessaire de se concevoir parfois au-delà du bien et du mal classiques. Dès lors,
le bon responsable politique n’est plus nécessairement celui qui s’accommode
aux modèles utopiques d’une certaine idée du bien. Il faut dépasser la vie
politique traditionnelle.

Selon Machiavel, l’efficacité politique exige de nous une conversion dans la


manière de voir le monde. La politique doit toujours s’exercer à partir d’une
réalité concrète singulière sur laquelle elle agit dans le but de la transformer.
D’autant que la réalité politique est essentiellement conflictuelle, c'est-à-dire
qu’elle consiste dans l’affrontement de forces antagonistes.

L’avenir d’un Etat dépend de trois facteurs :

1- La nécessité : les choses se déroulent selon certaines attentes


2- La fortune : la chance ou le hasard est dû à la complexité des
événements qui les rend invisible
3- La Virtû, c’est la force de celui qui est capable d’imposer ses lois

Machiavel : à la différence de ses contemporains ne décrit pas la nature du


gouvernement mais les moyens de conservation du pouvoir. La pensée de

8
Machiavel reflète les mutations fondamentales qui transformèrent l’Europe du
XVI et XVIII siècles et qui ouvrirent de nouvelles perspectives à la manière par
laquelle les hommes réfléchissent à la chose politique. Celle-ci est désormais
sécularisée et inspirée par la logique des intérêts plutôt que par celle d’une vérité
ou d’une valeur métaphysique ou morale.

Pour Machiavel, l’activité politique est l’activité la plus grave sur laquelle
repose le destin du peuple.

Le pessimisme de Machiavel s’explique par la vision qu’il porte de la nature


humaine. Sa vision pessimiste peut être liée à l’instabilité, à l’insécurité et à la
violence qui a caractérisé l’Italie de son temps.

Il pense que les hommes sont par nature ingrats, changeants, dissimulés avide de
gagner. Tous les hommes sont des tyrans en puissance. La différence entre
l’homme ordinaire et le tyran est que le premier a moins de moyens que le
premier de satisfaire des vices fondamentales identiques.

La nature humaine a quelque chose de bestial. Machiavel a établi une


distinction entre :

- Gouverner par des lois ce qui est humain


- Gouverner par la force ce qui est propres aux bêtes.

Pour Machiavel, la nature humaine ne se définit par opposition à la nature


animale, comme le pensaient les moralistes de l’antiquité.

Le prince a deux façons de combattre l’une avec les lois, l’autre avec la force.
C’est ainsi que l’homme politique devra user de violence et de dissimulation.

Machiavel conseille les hommes politiques de gouverner selon le pragmatisme


puisqu’il n’y pas de principes juridiques ou moraux. Tout gouvernement pour

9
gérer un Etat, est contraint dit-il d’agir contre sa parole, contre la charité, contre
l’humanité, contre la religion.

Il considère que la supériorité de la crainte comme instrument de pouvoir parce


que le mieux pour un gouvernement est d’être craint qu’aimé. Il s’ensuit que
pour calmer le peuple, le gouvernement ne doit pas hésité à lui désigner un bouc
émissaire qui servira d’échappatoire à ses pulsions agressives.

Dans le livre ‘’Le prince’’, Machiavel s’est montré royaliste, et dans son livre
‘’Les discours’’, il a plaidé en faveur d’un régime républicain.

L’Etat machiavélien devrait être dirigé par des hommes dont le pouvoir sera
discrétionnaire et que ne se laisseront brider par des considérations juridiques ou
morales. Au demeurant, Machiavel pense que la république n’est plus une bonne
formule pour l’Italie de son temps.

 L’approche contractuelle.

La théorie contractuelle voit la naissance de l’Etat comme relevant d’un contrat


conclu entre des volontés humaines afin de sortir d’un état appelé « état de
nature ».

• Hobbes, les hommes devraient conclure un pacte qui va instituer un


Etat garant de l’ordre. Le pouvoir absolu de l’Etat (Léviathan) va
d’ailleurs sa légitimité dans la garantie de la sécurité individuelle.
• Jean-Jacques Rousseau le Contrat social (1762) a pour but de rendre
le peuple souverain, et de l’engager à abandonner son intérêt
personnel pour suivre l’intérêt général, Car la société est gérée par la
volonté générale.
• John Locke, les hommes entrent dans l’état civil par un contrat
d’association (consentement mutuel) et un contrat de soumission
conditionnel, Le contrat de soumission au gouvernement est dissout

10
dès que la majorité considère ce gouvernement comme inadéquat,
c’est-à-dire incapable d’assurer la sécurité.
-
 Hobbes (1588-1679)

Dans un traité ‘’Elément de la loi naturelle et politique’’, il a écrit qu’il


« existe une inséparable connexion entre la puissance souveraine et la
puissance de faire des lois ».

Selon l’approche de Hobbes, l’homme est gouverné par des mécanismes du type
‘’stimulus – réponse’’. Il s’agit de la psychologie mécaniste qui est une sorte
de ‘béhaviorisme’’. L’exigence vitale de préserver son propre être est donc le
moteur qui explique tous les comportements.

Dans l’état de nature, les hommes sont dans une guerre de chacun contre
chacun. C’est pourquoi il ne peut y avoir aucune activité sociale productive ou
une activité industrieuse.

La première loi de nature est se conserver, c’est pour se conserver que l’homme
fait la guerre. Hobbes plaide en faveur d’une force arbitrale qui devrait être
créée par un contrat ou association.

Il faudra que la force arbitrale qu’on va créer soit unique pour tous les hommes
pour qu’il n’y ait pas de recours arbitrale imaginable contre l’arbitraire.

Le contrat n’est passé entre les citoyens et le souverain mais entre chacun et
chacun. Mais le souverain est un être d’une autre nature que chacun d’entre eux.

Le Léviathan est un nom d’un monstre biblique qui, bien qu’il soit moins qu’un
Dieu, est plus qu’un homme. C’est à ce titre que Hobbes l’appelle ‘’Dieu
mortel’’.

11
Le pouvoir de ce Léviathan souverain est illimité, Il n’a pas de droit ou de
morale au dessus, c’est lui qui définit le droit et la morale.

Le Léviathan possède toutes les marques de souveraineté. Il rend justice, décide


la guerre et la paix, choisit conseillers et ministres, distribue les hommes et les
rangs.

Le contrat conclu entre les hommes fonde la société politique. Par cette
convention, les individus renoncent à leur pouvoir personnel pour les mettre
entre les mains d’un seul qui dispose dès lors du pouvoir souverain.

Le léviathan publié en 1651, part d’une anthropologie pessimiste faisant de


l’homme ennemi pour les autres hommes. Il conclut la nécessité d’un Etat fort.
D’emblée, Hobbes refuse la définition traditionnelle de l’homme comme animal
politique doué de parole et de raison. Il choisit de le caractériser par la passion
et l’insatisfaction qui le poussent à toujours désirer plus, par crainte de perdre ce
qu’il possède déjà.

Les lois de la nature : l’homme est mû par l’amour de soi et conserver sa vie.
Pour Hobbes, le contrat social est un contrat d’association des individus qui se
réunissent pour ne plus former qu’un gouvernement.

C’est un contrat de soumission par lequel les individus consentent à renoncer à


leur droit individuel naturel au profit d’un gouvernement d’un seul, en
contrepartie de la sécurité de leur personne et de leurs biens.
En toute hypothèse le contrat social est bien une aliénation des droits
individuels au profit du souverain qui disposera seul d’un pouvoir absolu.

L’Etat souverain cumule à la fin le pouvoir et le pouvoir religieux. Selon


Hobbes, la finalité de la religion est de rendre les hommes mieux aptes à
l’obéissance, aux lois, à la paix, à la charité et à la société civile. Il juge que la

12
monarchie est plus apte que la démocratie ou aristocratie à garantir la paix et la
sécurité.

Le marché est clair, la sécurité contre la liberté. Le grand bénéfice que trouve
l’homme en renonçant à l’état de nature, c’est l’institution d’un veilleur de nuit,
c'est-à-dire la possibilité de dormir en paix.

Le Léviathan est une machine de pouvoir douée d’une force extraordinaire


fabriquée par l’artifice des hommes. La philosophie de Hobbes n’est pas une
apologie de la tyrannie, elle définit l’espace du pouvoir abstrait et impersonnel
qui est très exactement l’espace de l’Etat moderne.

Le léviathan est un monstre régulateur, médiateur entre l’homme et lui-même.


L’obligation d’obéir est conditionnée par la sécurité et la protection. Ce sont les
droits inaliénables : la sûreté et le droit à la vie.

L’état de nature était un état de guerre et de violence, condamne l’homme à une


existence quasi animale, sans culture sans civilisation.

Pour Hobbes, l’Etat de nature doit être dépassé par le l’Etat/Léviathan qui est
destiné à mettre fin à la barbarie naturelle.

A l’état de nature, chacun jouit certes d’une liberté totale, mais comme elle n’est
garantie pas rien, cette liberté est illusoire puisque chacun est exposé à la
violence de tous les autres.

Dans le gouvernement d’un Etat bien établi, chacun voit sa liberté garantie par la
loi et par toute la force publique. En passant à l’état civil nous ne limitons nos
libertés que l’exacte mesure exigée par la sécurité de chacun.

Le contrat proposé par Hobbes est une convention despotique.

 John Locke (1632-1704)


13
Il est allé plus loin que Hobbes en plaidant en faveur d’un Etat politique
« consensuel » où le pouvoir du monarque est fondé sur le consentement de
tous les citoyens anglais. Dans ‘’le traité sur le gouvernement’’, John Locke
expose la théorie des vrais principes du gouvernement civil ; ceux du
libéralisme.

l’homme vit naturellement dans l’état de liberté, L’état de nature est déjà
un état de société où la raison s’impose à tous. Dans cet état, l’homme a
deux pouvoirs : celui de faire ce qu’il juge nécessaire pour sa sécurité et sa
conservation.

J. Locke par ici de ‘’trust’’, est un acte de confiance qui repose sur
l’adhésion libre et volontaire des individus.

Le passage de la loi naturelle à la propriété se fait par le droit. En effet, la


propriété privée est nécessaire pour le consentement de la vie et l’exercice
de sa dignité humaine. L’homme est l’unique propriétaire de sa personne et
de son corps. Il jouit d’un droit de propriété exclusif. Il est également
propriétaire de son travail.

Locke énonce ainsi trois droits fondamentaux :

1) droit à la vie et à fonder une famille


2) droit à la liberté
3) droit à la jouissance de ses biens

Ces droits définissent un domaine d’inviolabilité de la personne humaine.

Locke pense que Le pouvoir politique doit juste être au service de la société
pour corriger les éléments qui tendraient à lui nuire, L’Etat est un instrument et
son rôle est réduit aux intérêts civils et temporels des hommes. Il doit protéger la
vie, la liberté et les biens.

14
Le contrat social crée une communauté seule détentrice de tous les pouvoirs. Le
pouvoir législatif est le pouvoir suprême. Mais ce pouvoir est dépendant de la
communauté ; seule cette dernière a le droit de désigner les instances législatives
et le droit d’en contrôler l’exercice. La hiérarchie des pouvoirs consiste alors à
soumettre le pouvoir exécutif au pouvoir législatif puisque que celui-ci est le
pouvoir suprême et l’expression de la volonté d’une communauté. Le souverain
est le mandataire de la nation, qui peut toujours lui reprendre le pouvoir s’il en
abuse.

Le pouvoir judiciaire est un pouvoir fédératif, qui a le droit de faire l guerre ou


la paix. Il est essentiel pour l’unité de l’Etat fondé sur le ‘’truste’’.

Locke a reproché à l’Etat absolutiste de faire des hommes serviles qui préfèrent
se soumettre à une autorité qu’ils craignent seulement parce qu’elle les protège.
Le contrat social est donc une convention qui permet à l’homme de donner une
partie de sa souveraineté au nouveau pouvoir. L’homme a le droit de résistance
lorsque le pouvoir manque à ses devoirs ou trahison d’un magistrat qui exerce la
force en dehors du droit.

La société civile est le moyen pour l’homme de mieux assurer la protection de


ses droits naturels, et le droit positif n’est qu’un moyen de protéger ces derniers.
C’est de conserver leurs propriétés que les hommes s’unissent en communauté
et se soumettant à un gouvernement.

 Jean Jacques Rousseau (1712-1778)

La philosophie de Rousseau est bâtie autour de l’idée que l’homme est


naturellement bon et que la société le corrompt. L’homme doit être gouverné par
des lois découlant de la volonté générale exprimée par le peuple.

15
Rousseau est le premier à conférer la souveraineté au peuple. Il a critiqué la
pensée politique de Hobbes et de Locke. Pour Rousseau, les systèmes politiques
basés sur l’interdépendance économique et sur l’intérêt conduisent à l’inégalité
et à l’égoïsme et finalement à la société bourgeoise.

Seule une convention fondamentale peut légitimer l’autorité politique et


permettre à la volonté générale du peuple d’exercer sa souveraineté. Le contrat
social garantit l’égalité et la liberté entre les citoyens. Dans ce contrat
chacun renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. La
légitimité du pacte social repose sur le fait que ce pacte est la condition de
l’existence de ses droits naturels.

Selon Rousseau, il existe trois types de lois :

1- Les lois politiques relatives à l’Etat lui-même


2- Les lois civiles qui régissent le rapport des membres entre eux ou
envers l’Etat
3- Les lois criminelles relatives aux sanctions liées aux désobéissances
aux autres lois.

Remarque Générale

Les pensée de Hobbes, Locke et Rousseau relève de l’approche


contractuelle

conçoit l’Etat comme le contenu d’un bien commun déterminé par


consensus entre personnes autonomes.

le contractualisme libéral est en effet que le pouvoir soit au service de la


liberté individuelle sous ultime et inviolable de toute souveraineté. le
contractualisme à tendance étatiste soutient que la liberté est suspendue aux
actes du souverain, L’Etat n’est viable qu’à la condition de disposer d’un

16
empire total sur ses sujets. La volonté de l’Etat est générale dans son
contenu et sa destination.

contractualisme libéral l’Etat est un mal nécessaire. L’Etat est indispensable


pour empêcher que l’opposition des intérêts et des représentations du monde ne
dégénère en conflit violent.

17

Vous aimerez peut-être aussi