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Revue internationale de droit

comparé

Note sur l'évolution de la compétence du Comité judiciaire du


Conseil privé.
Charles d'Eszlary

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d'Eszlary Charles. Note sur l'évolution de la compétence du Comité judiciaire du Conseil privé.. In: Revue internationale de
droit comparé. Vol. 4 N°1, Janvier-mars 1952. pp. 35-41;

doi : https://doi.org/10.3406/ridc.1952.9480

https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1952_num_4_1_9480

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NOTE SUR L'ÉVOLUTION DE LA COMPÉTENCE

DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ

Chargé
Charles
de Recherchas
D'ESZLARY
au C. N. R. S.

L'origine du Conseil Privé — comme celle de tant d'autres organes


juridiques anglais — remonte au Moyen âge. Son ancêtre fut la Curia
Regis (1), dans laquelle quelques conseillers intimes du roi {King in
Council) ont, sous sa présidence, exercé un contrôle sur l'administration
el la juridiction (2).
Cette compétence assez large au commencement diminua plus tard,
quand le Parlement anglais fut définitivement établi. A l'époque des
Tudor et des Stuart, bien qu'il ait gardé sa compétence originale sur
l'administration de la juridiction, son importance fut insignifiante. Son
intervention était depuis longtemps requise pour l'exécution de nombreux
actes politiques (adoption des ordonnances en conseil par exemple) (3).
Le moment le plus marquant de son existence fut le Star Chamber
Act, en 1640, qui priva le Conseil Privé même de son droit originaire de
surveillance ultérieure, ne lui laissant que le jugement de quelques cas
d'origine anglaise au sens strict.
Mais la situation juridique, fixée dans la règle de droit selon laquelle
la compétence du Conseil Privé ne s'étend pas au-delà des Channel
Islands, est seulement apparente. En effet cet organe a finalement rendu
justice, depuis la Charte de Georges 1er en 1726, sur toutes les colonies
et sur toutes les plantations du roi d'Angleterre. Jusqu'à présent le
Comité Judiciaire du Conseil Privé a reçu les appels des cours
ecclésiastiques des îles de la Manche, de l'île de Man, des colonies et des
possessions ainsi que des tribunaux anglais établis par les traités en pays étran-

(1) L'entourage particulier de sapientes, de conseillers et de juges


auxquels Henri II réservait la décision... fut peut-être le premier germe... de la
Curia Regis ». William Stubbs, Histoire constitutionnelle de V Angleterre,
Paris, 1913, T. II, p. 307.
(2) Ivor W. Jennings et C.-M. Joung : Constitutional Laws of the British
Empire, Oxford, 1938, p. 37.
(3) A. Lawrence Lowell, Le Gouvernement de l'Angleterre, Paris, 1910, t. I,
p. 95.
36 COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIBE DU CONSEIL PRIVÉ

gers (1). Le bien-fondé de cette compétence du Conseil Privé fut


d'ailleurs reconnue judiciairement plusieurs fois (2).
Le Conseil Privé de nos jours ne se réunit jamais en corps si ce n'est
pour quelques cérémonies. Dès le xvna siècle ses attributions effectives
furent exercées par ses comités.
Le plus célèbre, comité du Conseil Privé est certainement le Comité
Judiciaire qui fait fonction de cour d'appel dans certains procès. Il fut
établi définitivement par le Judicial Committee Act de 1833, qui lui a
donné en même temps son nom actuel. Sa compétence est, dans les gran
des lignes, déterminée par l'article 3 de cet Act : tous les appels et toutes
les plaintes qui étaient jusqu'alors portés devant le roi, ou le conseil de
Sa Majesté, le sont désormais devant le Comité Judiciaire du Conseil
Privé (3).
Quelques années après, le Judicial Committee Act de 1844 a élargi
cette compétence à tous les jugements, sentences, « décrets » et ordres
rendus dans n'importe quelle colonie ou possession du Commonwealth
britannique.
Le Foreign Jurisdiction Act en 1890 a complété à nouveau la
compétence du Conseil Privé en autorisant indirectement la « Reine en son
Conseil » (Queen in Council) à statuer sur tous les jugements rendus par
les organes judiciaires de l'Empire britannique.
En 1926 Lord Cave a ainsi résumé la compétence du Conseil Privé :
un appel peut être adressé au Souverain de toutes les parties du
Commonwealth britannique. Comme source du droit (4), il peut faire défense à
l'application injuste du droit (administration of the law). Cette tâche est
exercée pour le Royaume Uni par le King in Parliament : c'est la base de
la juridiction d'appel de la Chambre des Lords. Au contraire cette
fonction est exercée pour les Dominions par le King in Council, c'est-à-dire
par le Conseil Privé (5).
Lord Haldane en 1929 a très justement remarqué que le Conseil
Judiciaire joue le rôle d'une Imperial Court dont la compétence s'étend à
l'Empire britannique tout entier.
C'est à cette époque que la compétence du Conseil Judiciaire du
Conseil Privé a atteint sa plénitude'.

(1) Ainsi la Chambre des Lords n'est pas la seule cour en dernier ressort de
l'Angleterre. Bien que les personnels de la Chambre des Lords et du Conseil Privé
soient presque identiques, leurs compétences sont toutes différentes.
(2) Fryer v. Bernard (1724), Attorney General v. Stewart (1816).
(3) « All appeals or complaints in the nature of appeals whatever, which
either by virtue of this Act, or of any law, statute or custom, may be brought
before His Majesty or His Majesty in Council from or in respect of the
determination, sentence, rule or order of any Court judge or judicial ojjicer... shall from
and after the passing of this Act be referred by His Majesty, and that such
appeals, causes and matters shall be heard by the said Judicial Committee, and
a report or recommendation thereon shall be made to His Majesty in Council for
his decision as heretofore... »
(4) « ...il 3' a bien quelques fonctions executives qui appartiennent
juridiquement à la Couronne en Conseil, c'est-à-dire au Roi agissant sur Favis de son
Conseil Privé. » A. Lawrence Lowell, op. cit., T. I, p. 27.
(5) J.-P. Eddy, India and the Privy Council. (The Law Quarterley Review,
Londres, 1950, vol. 66, p. 209).
COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ 37

Avant la deuxième guerre mondiale (1938) on pouvait présenter devant


le Conseil Privé :
a) A la demande des parties, tous les jugements des Cours
Suprêmes, dont l'objet du litige dépassait une certaine somme (£ 500) ;
b) A l'initiative de n'importe quelle Cour Suprême, toutes les affaires
dont la présentation devant le King in Council lui paraissait
souhaitable (1).
Malgré sa large compétence, le nombre des affaires portées devant
le Conseil Privé fut assez réduit. Les espèces furent spéciales (affaires
d'Eglise (2), décisions de principe, questions de procédure, etc.), n'ayant
trait que rarement au droit pénal (3). Le Conseil Privé eut ainsi à
connaître de quelques centaines de décisions seulement. De grands procès
ont été terminés grâce à son intervention, certains eurent un
retentissement mondial.
Lord Watson a très exactement observé, à propos des affaires jugées
par le Conseil Privé, que <t Sa Majesté ne veut pas s'occuper de toutes
les affaires civiles ou pénales mais parmi elles seulement de celles qui
ont violé les formalités de la procédure ou celles dont l'injustice flagrante
a violé les principes du droit naturel t> (4).
Le Conseil Privé se compose d'un Président qui est le Lord
Chancelier nommé par le roi et de membres également nommés par le roi
sur la recommandation du Lord Chancelier.
Le Lord Chancelier préside non seulement l'ensemble du Conseil
Privé, mais aussi son Conseil Judiciaire.
En pratique, les ministres sont généralement Conseillers Privés (5)
et de cette façon l'influence du gouvernement est assurée dans toutes
les affaires du Conseil Privé.
Selon VAppelate Jurisdiction Act de 1929 le Comité Judiciaire n'est pas
composé d'un nombre constant de membres. Il comprend le Lord
Chancelier, des Law Lords de la Chambre des Lords et des Conseillers Privés
britanniques des Dominions et des Indes (par exemple le Chief Justice
de l'Afrique du Sud, ou un juge de la Cour Suprême d'Australie, etc.).
Il n'y a pas de trace au xvnr3 siècle de membres du Conseil Privé
assurant une représentation spéciale des colonies. Les juristes des
colonies obtinrent seulement au xixe siècle l'honneur de pouvoir être
Conseillers Privés et de représenter en cette qualité leurs patries au sens étroit.
Autrefois le Conseil Privé n'appliquait que le droit anglais dans ses
décisions et il a eu, de cette façon, la plus grande importance dans la
propagation du droit anglais. En effet les organes judiciaires inférieurs
des colonies — pour que leurs jugements ne fussent pas modifiés
ultérieurement en Conseil Privé — rendaient généralement leurs décisions
selon le droit anglais, et non selon le droit propre à chaque colonie.

(1) J'.-P. Eddy, op. cit., p. 208.


(2) Les votes des membres du Conseil Judiciaire de Conseil Privé sont dans
ces affaires décisifs aussi. Les évêques et archevêques ne siègent dans les séances
du Comité Judiciaire qu'en qualité d'assesseurs avec simple voix consultative.
(3) « No appeal lies as of right in a criminal case, but special leave to appeal
may be given. » Ivor-W. Jennings et C.-M. Joung, op. cit., p. 37.
(4) J.-P. Eddy, op. cit., p. 212.
(5) La différence formelle entre le Cabinet et le Cru «eil Privé est que le
prämier est convoqué par le premier ministre, le dernier par le greffier du conseil
(clerk).
38 COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ

Mais ce succès de l'ordre juridique anglais ne fut qu'éphémère.


L'ignorance de la coutume et du droit local provoqua aux colonies
une réaction très forte, malgré la ressemblance qui pouvait exister entre
les ordres juridiques coloniaux et le droit anglais. Pour éliminer ces
difficultés le Conseil Privé commença à appliquer les différents droits
locaux dès le xix* siècle.
On trouve ainsi dans sa compétence une affaire australienne qui
relève du droit coutumier en vigueur en Angleterre, une autre qui relève
du droit franco-romain appliqué au Canada, une troisième qui exige la
connaissance du droit hollando-romain de la Guyane ou du Cap, une autre
encore qui porte sur le droit hindou ou musulman de l'Inde, et on
trouverait encore beaucoup d'autres exemples en parcourant la longue liste
des possessions britanniques répandues à la surface de la terre (1).
Après la prise en considération des droits locaux, de nouvelles
difficultés ont encore surgi à propos du fonctionnement du Conseil Privé.
La population du Commonwealth britannique — sauf celle de
l'Angleterre — n'était pas satisfaite de ce système selon lequel la juridiction
n'appartenait, au premier et au deuxième degrés, qu'à des organes
judiciaires coloniaux, alors qu'au troisième degré les affaires étaient
tranchées par le Conseil Privé fort éloigné des colonies. On accusa même le
Comité Judiciaire de ne pas connaître assez bien la nature des problèmes
coloniaux, et on souligna que même dans le proche passé les spécialistes
coloniaux n'étaient que faiblement représentés parmi ses membres (2).
Cette tendance — qui voulut assurer le règne des droits locaux et
introduire une juridiction appartenant complètement à des organes
coloniaux — s'est continuellement renforcée pendant les dernières années
et facilita de façon très significative la diminution de compétence du
Conseil Privé. Au début, cette tendance n'eut aucun résultat, car les
Parlements coloniaux n'avaient pas le droit de changer ou de supprimer le
pouvoir de la juridiction de la Couronne anglaise. Le changement de cette
compétence royale ne pouvait s'effectuer que par la voie constitutionnelle,
c'est-à-dire par un Act, préparé, discuté et promulgué par le Parlement
anglais (3).
Le désir de séparer les juridictions coloniales de la juridiction
anglaise, et par ce fait de supprimer complètement la compétence
coloniale du Conseil Privé, a été réalisé quand les anciennes colonies
britanniques se sont transformées en Etats indépendants.
Cette transformation avait commencé en 1900 sous le règne de la
reine Victoria par le Commonwealth of Australia Act (4), qui a unifié
les peuples de New South Wales, Victoria, South Australia, Queensland,
Western Australia, Tasmania et New-Zeeland en une fédération. Ce
développement se continua en 1909 par le South Africa Act (5), qui établit
une union entre Cape Colony, Natal, Transvaal et Orange River Colony.

(4) Â.-Lawrence Lowell, op. cit., T. II, p. 577-578.


(2) R.-Mac Gregor Dawson, The government of Canada, Toronto, 1949, p. 464.
(3) II y avait eu plusieurs tentatives pour supprimer la compétence du
Conseil Privé par les Parlements coloniaux, mais elles n'ont pas été acceptées par
le Parlement anglais. Par exemple, le Canada, en 1838, n'a pas reconnu la
compétence du Conseil Privé dans les affaires criminelles. En 1926, le Conseil Privé
a regardé cette décision comme ultra vires dans l'affaire Nadan v. The King
(A.C. 482).
(4) 63 et 64 Vict. c. 12.
(5) 9 Edw. VII. c. 9.
COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ 39

Selon le British North American Act (1) de 1867 l'indépendance du


Canada ne fut au début qu'une apparence, mais cette constitution
fondamentale fut complétée en 1915 (2), 1940 (3), 1946 (4), et 1949 (5).
Conséquence de ces amendements, Québec, Ontario, New Brunswick, Nova
Scotia (1867), Manitoba (1870), British Columbia (1871), Prince Edward
Island (1873), Alberta et Saskatchewan (1905), New Fundland (1949) se sont
unis, et le Canada, cette ancienne colonie britannique, est devenu un
pays quasi indépendant. Cette tendance à la séparation a été
complètement réalisée pour les Indes Britanniques (6), dont l'indépendance a
commencé par le Government oft India Act (7) en 1935, et dont la cons-
titutionnalité définitive a été votée le 26 novembre 1949 par l'Assemblée
Constituant© (8). Selon cette Constitution entrée en vigueur le 26 juin 1950,
les anciennes Indes britanniques se sont transformées en une République
démocratique souveraine, qui demeura, malgré sa forme constitutionnelle,
au sein du Commonwealth britannique.
L'indépendance politique des anciennes colonies anglaises ne s'était
pas effectuée parallèlement avec l'acquisition de l'indépendance de leur
juridiction : ces deux sortes d'indépendance ont eu une évolution
différente.
Tantôt une ancienne colonie devenue politiquement indépendante a
gardé la compétence du Conseil Privé et tantôt une colonie politiquement
insuffisamment développée a rejeté la compétence de l'organe judiciaire
supérieur de la mère patrie.
Par exemple, selon la constitution canadienne il y a quelques années
encore (1938), le Conseil Privé rendait généralement la justice. Au
contraire, en Australie, cette tâche était remplie par VAustralian High
Court (9) car Y Act de la Fédération australienne (article 74) avait déjà
limité le droit d'appel devant le Comité Judiciaire du Conseil Privé (10).
L'influence du Conseil Privé avait son importance la plus profonde
aux Indes britanniques, où l'indépendance était moindre que dans
d'autres grandes colonies anglaises. Les relations entre les Indes
britanniques et le Conseil Privé ont été régularisées par le Regulating Act dès 1774,
qui fut d'ailleurs le premier essai pour établir un gouvernement
britannique. Cet Act a donné un droit de contrôle au roi en son conseil [His
Majesty in Council) sur toutes les décisions prises par n'importe quel
organe judiciaire indien (11).

(1) Brit. Stat. 30 Vict. c. 3.


(2) Brit. Stat. 5-6 George V. c. 457.
(3) Brit. Stat. 34 George VI. c. 36.
(4) Brit. Stat. 10 George VI. c. 63.
(5) Brit. Stat. 12-13 George VI. c. 22.
(6) Les Indes Britanniques ne sont qu'une partie des Indes du point de vue
géographique. Celles-ci comportent en outre plusieurs Etats, dont les souverains
dépendent plus ou moins de la Couronne britannique (lvor-W. Jennings et C.-M.
Joung, op. cit., p. 274).
(7) Brit.Stat. 25 et 26 George V. c. 42.
(8) J.-P. Eddy, op. cit., p. 210.
(9) Ivor-W. Jennings et C.-M. Joung, op. cit., p. 214.
(10) W. Anstey Wynes, Legislative and Executive Powers in Australia, Sydney,
Melbourne, Brisbane, 1936, p. 86.
(11) « ...within such time, in such manner, and such cases and on such
security as His Majesty in the. said Charter shall judge proper and reasonnahJ* tö
be appointed and prescribed. »
40 COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ

Dans la législation britannique, le Statute of Westminster de 1926,


augmentant l'autonomie des anciennes colonies, fut très important en ce
qui concerne l'adoption de droits locaux. Bien qu'il ait été complété plus
tard par le Colonial Laws Validity Act, sa réglementation n'a pas créé une
situation égale pour tous les ordres juridiques coloniaux. Cette situation
Irrégulière ne fut supprimée qu'en 1949 par le texte général du
Constituent Assembly Act, dont le nom populaire fut VAbolition of Privy
Council Jurisdiction Act. Cet Act apparaissait nécessaire depuis longtemps, car
la compétence du Conseil Privé n'était pas fixée également à travers le
Commonwealth britannique. C'était déjà un anachronisme que la
juridiction des anciennes colonies britanniques, transformées en Etats
indépendants, soit exercée à l'échelon suprême par un organe judiciaire anglais,
qui est du point de vue de la souveraineté un organe d'un Etat étranger.
Selon le Constituent Assembly Act de 1949 dans les Etats du
Commonwealth britannique, devenus presque complètement
indépendants (Eire, Canada, Seuth-Africa, Indes) la justice est rendue à tous les
degrés de juridiction par des organes judiciaires locaux (Provincial
Courts, County Courts au premier degré, High Courts, Courts of Appeal,
Exchequer Courts en appel, Federal Courts et Supreme Courts au degré
supérieur) (1).
Mais cette diminution de la compétence du Conseil Privé ne signifie
Das la cessation complète de son rôle. Excepté en ce qui concerne les
pays sus-mentionnés elle s'étend actuellement comme autrefois sur tout,
le reste des colonies et possessions de l'Empire britannique.
Le Constituent Assembly Act de 1949 a été complété dans la même
année par {'Enlargement of Jurisdiction Act entré en vigueur le 18
février 1950. Ce texte a voulu compléter non seulement la règle antérieure,
mais même essayer de résoudre les problèmes délicats nés de la
promulgation du premier. Ainsi par exemple VEnlargement Jurisdiction Act
déclare à propos des Indes que le Pakistan reste sous la juridiction
suprême du Conseil Judiciaire de Conseil Privé et que la compétence de
la Supreme Court of India ne s'étend pas sur ce pays (2).

Le Conseil Privé a donc perdu beaucoup de sa compétence. Ce fait


semblerait prouver la régression du droit anglais, car le territoire où il
règne désormais n'est plus qu'une partie de l'ancien.
Mais ce n'est là qu'une apparence !
Dans le Commonwealth britannique on rend justice actuellement
encore selon le droit anglais et les ordres juridiques locaux sont
toujours influencés par le contenu de celui-ci. Dans l'Empire britannique il
n'existe pour le moment aucune tendance cherchant à assurer la supréma-

(1) Le Constituent Assembly Act a supprimé ultra vires la possibilité des


appels au Conseil Privé en 1949 : dans l'avenir, les affaires judiciaires, au degré
supérieur, seront de la compétence exclusive de la « Supreme Court of Canada »
(R.-Mac Gregor Dawson, op. cit., p. 465).
(2) J.-P. Eddy, op. cit , p. 215.
COMPÉTENCE DU COMITÉ JUDICIAIRE DU CONSEIL PRIVÉ 41

tie des droits locaux vis-à-vis du droit anglais. A ce point de vue les
aspirations nationales ne sont que secondaires : les spécialistes savent bien,
en effet, que les droits locaux souvent moins évolués ne peuvent pas
remplacer le système connu et perfectionné du droit anglais. Si les Cours
Suprêmes des anciennes colonies anglaises adoptent les nobles traditions
du Conseil Privé, la diminution de la compétence du Conseil Privé ne
signifiera pas l'affaiblissement, mais le renforcement du prestige du droit
anglais. Car, en réalité, au lieu d'un Conseil Privé représentant l'esprit
juridique anglais, il y aura quatre Cours Suprêmes pénétrées de ce
même esprit, et qui n'exerceront pas leurs fonctions loin des Dominions
à Londres, mais seront les représentants sur place du droit anglais.

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