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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Un bilan, des projets : les socialistes


Solidaires et responsables

Parti socialiste Ville de Genève : programme 2011-2015

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Pour une société de la confiance


INTRODUCTION
Notre ville
La société genevoise en 2011
Structure du programme
Pour une société de la confiance et de la solidarité
Propositions phares
1. C ULTIVER LE SENS DE L’APPARTENANCE
Le commun
L’enjeu de la justice sociale
La responsabilité pour l’espace commun
Genève dans l’agglomération
2. PRESENCES DE L’ETRANGER, DE L’ETRANGERE
L’étranger, l’étrangère, chez nous
L’étranger, l’étrangère, en nous
L’étranger, l’étrangère, hors de chez nous
3. C OMBATTRE LES PRECARITES
Précarité économique et sociale
Précarité existentielle
Le sentiment de sécurité
4. POUR DES POLITIQUES DE LA CREATION
Création culturelle et artistique
Création d’entreprises
Soutien à la vie associative, aux clubs sportifs et aux associations socioculturelles
5. H ABITER ENSEMBLE
Logement
Quartiers, parcs et places de jeu
Circulation
Rapports avec les autorités

Pour une communauté urbaine


Vive la Commune
Vive la région
Vive la ville

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

INTRODUCTION

L’Alternative, constituée par les Socialistes, A Gauche Toute et les Verts, est majoritaire en Ville de
Genève depuis maintenant 20 ans. Durant ces années, de nombreuses réalisations ont été
possibles grâce à cette majorité, comme par exemple l’extension des places de crèche, la
promotion de l’économie sociale et solidaire, l’écologie ou encore le soutien aux artistes et aux
institutions culturelles. Le maintien de cette majorité est la garantie que de telles politiques soient
maintenues et développées. Elle est aussi la garantie que les politiques de la Ville continuent de
se réaliser le plus possible à l’écoute de la population en général et non pas seulement de
certains milieux particuliers. Cette majorité a cependant besoin d’un nouveau souffle, et c’est
pourquoi les Socialistes prennent leurs responsabilités en renouvelant leur programme et leur
langage.
Vous lisez le programme électoral pour la période 2011-2015. Il exprime nos projets pour Genève,
autant que nos principes et valeurs. Il est essentiel que les électeurs et les électrices aient une
idée claire non seulement des intentions des partis politiques, mais aussi des valeurs qui sous-
tendent ces intentions. Les Socialistes ont en effet toujours eu le souci, plus que d’autres forces
politiques, de situer leurs propositions dans un contexte global et de les fonder sur une vision
cohérente du monde. A notre époque, ce n’est pas forcément bien vu – on est vite accusé d’être
idéologique – mais c’est néanmoins nécessaire pour que l’action politique soit lisible et cohérente,
et pour permettre aux habitant-e-s de cultiver une confiance suffisante à l’égard des élu-e-s. Il
existe un mauvais usage de l’idéologie, où l’on veut à tout prix que la réalité soit conforme à la
théorie, mais aussi un bon usage, celui qui résulte d’un effort de cohérence et de rigueur
intellectuelle et morale face à la réalité elle-même dans ses complexités et ses paradoxes. Ce
programme tente de suivre le bon usage. Vous en êtes les juges.

Grégoire Carasso
Président

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Notre ville
L’histoire de Genève est singulière. Dès le Moyen Âge, cette ville était un carrefour où des gens
de différentes régions se rencontraient. Suite à la Réforme, elle est devenue un lieu d’accueil pour
les protestant-e-s persécuté-e-s et cette tradition d’hospitalité subsiste jusqu’à ce jour, non
seulement par l’accueil continu des personnes migrantes, mais encore par le droit de vote des
personnes étrangères au plan communal. La Ville de Genève a démontré souvent son état d’esprit
solidaire, mais elle pourrait prendre mieux conscience de la richesse que représente son extrême
diversité culturelle en mettant les communautés présentes sur son territoire en meilleure relation
les unes avec les autres. Nous, les Socialistes, assumons cette histoire et nous nous inscrivons
dans la filiation de celles et ceux qui, dans le passé, ont témoigné des valeurs de solidarité à
l’égard des faibles, d’hospitalité pour les persécuté-e-s et de responsabilité pour le bien commun.
Par son tissu associatif, éducatif, culturel et économique, l’agglomération genevoise est d’une
richesse et d’un dynamisme sans commune mesure avec sa taille réelle. La Ville de Genève est,
au cœur de cette agglomération, la collectivité centrale; si ce dynamisme est donc éminemment
le sien, son envers l’est aussi : déséquilibres du marché de l’emploi, bruit, pollution et nuisances
multiples, précarité sociale et économique, stress quotidien, etc. Ces défis se dressent dans un
contexte particulier pour Genève : c’est l’une des seules agglomérations en Suisse à voir croître sa
population à un rythme soutenu, ce qui pose à notre ville, qui est au cœur d’une agglomération de
800'000 habitant-e-s, des problèmes complexes de mobilité, de transformation profonde des
modes de vie. Le défi actuel est de concilier ce développement économique et démographique
avec la qualité de vie et une distribution équitable des ressources, d’articuler ouverture
internationale et liens de proximité, émancipation individuelle et solidarité.
L’action de la municipalité de Genève doit être située dans ce contexte, et les Socialistes sont
pleinement conscient-e-s des atouts et des défis actuels. Au plan politique et administratif, la Ville
de Genève a des compétences limitées, plus limitées encore que les municipalités d’autres
cantons. Il est cependant essentiel qu’elle puisse continuer d’agir dans la proximité et à l’écoute
de ses habitant-e-s, qu’elle garde ses compétences actuelles et qu’elle en gagne de nouvelles.
Cela dit, au-delà de ces limites administratives, le poids politique de la Ville est tel qu’il lui permet
d’avoir de l’influence sur un certain nombre de dossiers d’importance cantonale, notamment en
matière d’aménagement du territoire, de politique sociale, éducative ou encore culturelle. Nous
souhaitons que les autorités nouvellement élues en 2011 usent de cette influence, dans l’intérêt
non seulement de ses habitant-e-s, mais aussi de ceux de toute l’agglomération.

Pour une société de la confiance et de la solidarité


La société actuelle est une société de la surveillance, comme l’ont souligné plusieurs philosophes
et sociologues. Ceci n’est pas neutre du point de vue des relations sociales: c’est dans l’exacte
mesure où l’on ne connaît plus son voisin ou sa voisine et où on le voit comme une nuisance ou
une menace potentielle que les caméras de surveillance apparaissent et tiennent lieu d’un lien
social en échec. On tombe très vite dans le cercle vicieux dénoncé par beaucoup : plus on
installe de caméras de surveillance, plus on accrédite l’idée qu’il y a du danger dans l’espace
public, et on encourage ainsi la pose de caméras supplémentaires. On ne peut pas prendre à la
légère le fait qu’en quelques décennies la plus grande partie de la ville s’est fermée : presque tous
les immeubles sont désormais dotés de digicode, de plus en plus de parcs sont fermés la nuit,
etc. Il va de soi que cela répond à un besoin de la population de se sentir en sécurité, mais il faut
combattre cette évolution en intégrant les exclu-e-s, en luttant contre la généralisation de la
précarité, en remplaçant le mépris par l’attention aux jeunes en détresse, en associant solidarité,
prévention et répression. La racine de cette méfiance généralisée des un-e-s pour les autres
réside en effet dans les déchirures du tissu social et la perte d’évidence du bien commun.
La société genevoise d’aujourd’hui est marquée par des tensions de plus en plus fortes : un taux
de chômage élevé, des pressions au travail, un cadre de vie caractérisé par des nuisances de
toutes sortes. De plus, on observe un discrédit de l’action publique et une distance qui se creuse
entre la population et les élu-e-s politiques, ce qui se manifeste par des attentes très fortes et

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parfois contradictoires envers les institutions politiques. Ce discrédit est l’autre face d’un
individualisme qui se manifeste de plus en plus, ce qui démontre que l’idée d’une communauté
(au sens de ce qui est vécu comme commun) a perdu de son sens. Les Socialistes font, avec
d’autres, le constat d’une relative dislocation du tissu social, d’une extension de la précarité à
plusieurs niveaux et d’une distance grandissante à l’égard du champ politique. Mais il convient de
ne pas s’y résigner et de chercher, d’abord au plan politique, les moyens d’y porter remède. Les
collectivités publiques ont une responsabilité fondamentale dans cette situation. En proposant par
exemple l’ouverture prolongée des magasins, la droite de ce canton propose des politiques qui
encouragent l’atomisation de la société. Les Socialistes au contraire, avec leurs partenaires,
s’engagent pour que l’action politique soit le plus lisible possible et que toutes les politiques
concourent au renforcement des liens sociaux et à la réduction des inégalités.

Structure du programme
Dans notre système politique, un programme électoral a un statut spécial, d’abord parce qu’aucun
parti ne peut prétendre ou espérer détenir seul le pouvoir, ce qui l’empêche d’appliquer tel quel
son programme, ensuite parce que la politique consiste autant à répondre à l’imprévu qu’à
appliquer ce qui est prévu. C’est pourquoi ce programme expose des principes et des valeurs
dessinant les priorités de l’action des Socialistes, d’où découlent des propositions concrètes.
Nous ne prétendons pas ici à l’exhaustivité, mais nous entendons montrer les principes et les
orientations essentiels qui guideront notre action. Nous avons décidé d’organiser notre
programme en fonction de nos valeurs et de notre perception de la situation actuelle, sans se
laisser brider par les découpages administratifs actuels. Il est structuré autour de cinq motifs qui
permettent à la fois de distinguer des domaines d’action différents et en même temps d’en saisir
les liens et les empiètements. Cet ordre n’indique pas une hiérarchie entre les domaines,
seulement une articulation claire et harmonieuse.
1. L’appartenance au commun
2. Présences de l’étranger, de l’étrangère
3. Combattre les précarités
4. Pour des politiques de la création
5. Habiter ensemble

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1. L’APPARTENANCE AU COMMUN
En tant que Socialistes, nous aimons notre ville et nous nous inscrivons dans la continuité de son
histoire ancienne et récente. Nous sommes fièr-e-s d’appartenir à la communauté genevoise et
notre objectif est que le plus grand nombre possible des habitant-e-s de cette ville puissent
ressentir ce sentiment d’appartenance. Nous ne parlons pas d’identité parce que les identités
disent toujours aussi ce qu’on n’est pas, les identités ont tendance à exclure parce qu’elles
dessinent toujours un dehors à partir duquel elles sont inaccessibles ; l’appartenance par contre
procède toujours d’un choix personnel et surtout, ne dépend pas uniquement de ce qu’on est au
départ, du lieu ou du milieu d’où l’on vient. Appartenir à la société genevoise ne détermine rien de
ce qu’on est, ni d’où l’on vient, ni quelles autres langues on parle, seulement une adhésion à cette
société, à ce lieu, à cette histoire.

Le commun
Genève est une ville diverse qui donne même parfois une impression disparate, comme
dispersée en elle-même, comme si elle avait le vertige de sa propre multiplicité. Si on faisait un
micro-trottoir en demandant aux passant-e-s ce qui fait l’unité des Genevois-e-s, ce qui fait qu’on
peut dire «nous, les Genevois-e-s», on aurait sans doute peu de réponses claires. C’est heureux,
mais il serait tout de même souhaitable qu’on s’interroge sur ce qui constitue le commun des
Genevois-e-s. Le défi est de reconnaître les différences sans pour autant les isoler et risquer ainsi
de créer des ghettos, d’intégrer ces différences et en faire des composantes de la richesse de
notre société sans enfermer les communautés dans leur folklore. Les Socialistes s’engagent à
créer des moments de rencontres et de débats entre toutes les composantes de la société
genevoise afin d’aboutir progressivement à une conception partagée du commun et aussi de ce
qui fait controverse. Le rôle de la politique culturelle dans ce défi est central, dans la mesure où
les productions artistiques contribuent à former le goût collectif. En effet, on ne saurait vivre en
paix les un-e-s avec les autres sans aimer, dans une certaine mesure, ensemble les mêmes
1
choses.
Le commun des Genevois-e-s est d’abord donné par l’histoire de notre ville, une histoire faite de
l’accueil de réfugié-e-s, de solidarité avec les personnes souffrantes et d’ouverture vers le monde.
Une histoire marquée aussi par un esprit d’indépendance, un sens de l’autonomie et une certaine
fierté liée à la prospérité et à la singularité de cette histoire. Le commun, c’est aussi, bien sûr, le
présent, la manière dont notre collectivité répond aux défis actuels, comme le logement, la
mobilité, la formation etc., la manière dont s’organise le partage des ressources et des difficultés, la
manière dont les Genevois-e-s jouissent de leur cadre de vie, de l’environnement et des
infrastructures de la ville. On arrive à cette idée somme toute assez simple que le commun, c’est
ce dont nous pouvons jouir ensemble, et par conséquent aussi ce dont sommes responsables
ensemble. Dans cette perspective, les employé-e-s de la Ville et des organismes subventionnés
par elle devraient avoir une connaissance suffisante des espaces et de l'histoire de Genève.

L’enjeu de la justice sociale


Il n’y a pas de communauté durable et saine si toutes les ressources sont accaparées par
quelques personnes : dans une telle situation, on assiste à la division du corps social et à
l’apparition de comportements individualistes. Dans une société où les inégalités sont trop fortes,
le ressentiment des un-e-s et les peurs des autres sapent les fondements mêmes de la vie en
commun. C’est parce que la justice sociale est la condition d’une communauté véritable que les
Socialistes l’ont adoptée comme principe essentiel de leur action. Si la justice sociale occupe
cette place pour les Socialistes, ce n’est pas pour avoir «le monopole du cœur», comme le
                                                                                                               
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Le philosophe Bernard Stiegler explicite dans son livre La misère symbolique (Paris, 2005) le rôle des industries
culturelles dans la perspective de la paix sociale.

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reprochait Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand en 1974. Certes, la compassion et la


sollicitude pour les plus vulnérables font bien sûr partie de nos motivations politiques, mais notre
souci est d’abord celui de la cohésion et de l’équilibre de la société dans son ensemble, et donc
de la possibilité pour chacun-e de trouver sa place et contribuer au bien-être général. La justice
sociale est une situation dans laquelle chacun-e a la liberté et la possibilité réelle de déployer son
talent et son effort pour enrichir la collectivité. C’est pourquoi les Socialistes proposent à l’échelle
de la Ville de Genève de maintenir et de renforcer les politiques sociales, en partenariat avec le
Canton, par tous les moyens dont elle dispose : politique du logement à travers la mise en œuvre
du nouveau règlement de la Gérance immobilière municipale, la refonte des prestations d’aide
sociale pour cibler les nouveaux besoins d’aide, la refonte du statut du personnel de la Ville, etc.
C’est pourquoi nous proposons
- d’élaborer un cadre de référence cohérent décrivant les valeurs fondamentales
qui inspirent les politiques de la Ville (droits humains, diversité, égalité homme-
femme, développement soutenable et équilibré) ;
- de maintenir une fiscalité favorable aux petites entreprises et aux foyers
modestes ;
- de mener au début de chaque législature une enquête approfondie sur l’état de la
pauvreté et de la précarité dans la société genevoise ;
- d’introduire des mécanismes favorisant l’engagement d’employé-e-s handicapé-e-s
et de bénéficiaires AI au sein de l’administration municipale.
- le maintien de la taxe professionnelle, payée à 70% par les banques, pour financer
les prestations à la population
- l’intensification de la lutte contre la fraude et l’opposition à l’amnistie fiscale,
cadeau inadmissible à la triche des plus riches

La responsabilité pour l’espace commun


Jouir de droits (légaux, sociaux, culturels, etc.) implique aussi des devoirs en contrepartie. Ces
devoirs sont multiples, mais ont pour point commun d’assurer la cohésion de la société. La
fiscalité, par exemple, si elle est ajustée aux capacités contributives de chacun-e, constitue autant
la contribution concrète de chacun-e au bien commun que la manière dont les collectivités
publiques trouvent leur financement. Elle est l’expression réelle de la responsabilité de chacun-e
pour toutes et tous.
Au-delà de ce devoir qui s’impose légalement à tous, les Socialistes encouragent toutes les autres
formes de contribution volontaire à des entreprises collectives: l’engagement dans des
associations humanitaires, culturelles, communautaires, sportives ou encore religieuses. Avoir un
service de la voirie performant ne dispense pas les habitant-e-s de faire usage des poubelles et de
veiller ainsi à la propreté de l’espace public. Nous les Socialistes souhaitons qu’on aille plus loin
dans l’incitation au tri des déchets. Pour éveiller les enfants au sens de la responsabilité pour
l’espace commun, les Socialistes proposent que chaque école de la Ville de Genève prenne en
charge l’entretien et le développement d’un parc public ou d’une place. Que des arbres et des
buissons puissent être plantés, que les enfants et leur famille puissent proposer des
aménagements aux services compétents. De manière générale, le défi est de développer des
espaces publics de proximité susceptibles d’être appropriés par les habitant-e-s.
C’est pourquoi nous proposons
- de confier à chaque école la tâche de maintenir la propreté d’un morceau
d’espace vert;

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- que des objectifs chiffrés soient établis par immeuble pour le tri des déchets, en
collaboration avec les concierges, les régies immobilières et les associations de
quartier;
- que l’on encourage la création d’associations d’immeubles ou de secteur qui
deviendraient des interlocutrices clairement identifiées pour les autorités,
2
Genève dans l’agglomération
Il y a l’appartenance de chacun-e à la ville de Genève, mais il y a aussi l’appartenance de la Ville à
son environnement géographique, Canton, Région transfrontalière, bassin lémanique. Les
Socialistes ont la conviction que la Ville de Genève doit assumer un rôle d’entraînement dans
l’intégration progressive de la Région, en concertation avec les autres partenaires que sont les
Cantons de Genève et de Vaud, les Départements de l’Ain et de la Haute Savoie, la Région Rhône-
Alpes et les communes genevoises, vaudoises et de France voisine. L’enjeu est que Genève
joue effectivement son rôle de ville-centre de la région, qu’elle soit un lieu de rassemblement et
de rencontre : chacun-e doit se sentir autorisé-e à venir (accessible à tou-te-s) et s'y sentir à l'aise
(espaces et commerces pluriels). Pour ce qui est des échanges avec les municipalités des
régions voisines (Grenoble, Lyon, Annecy, Chambéry, Dijon, ainsi que Turin, …), la Ville pourrait
proposer des dispositifs de résidences croisées d’artistes ou d’échanges entre administrations
pour féconder l’action des un-e-s et des autres. Il est en tout cas essentiel de penser l’insertion de
Genève dans son environnement de manière plus large que juste l’espace géographique du
bassin genevois.
On entend souvent que Genève s’ouvre au monde mais ignore son environnement proche ; ce
n’est pas toujours faux, mais cela change petit à petit. Les Socialistes s’engagent pour renforcer
cette évolution, que ce soit en matière d’infrastructures (transports, culture, etc.), d’échanges
socioculturels ou de toute autre manière. On peut penser par exemple à des échanges plus
soutenus dans le domaine scolaire, culturel ou sportif. Cela dit, il y a des obstacles institutionnels à
cette prise de conscience par la Ville de son rôle au cœur de l’agglomération, notamment le fait
que les limites de la ville (au sens de la continuité urbaine) ne coïncident pas avec les limites de la
Ville (au sens de l’autorité municipale). Il est donc nécessaire de réfléchir aux moyens d’instaurer
une instance politique qui corresponde à cette réalité et permette de faire face aux défis
proprement urbains (en matière d’aménagement, de transports, d’équipements culturels et
sportifs, etc.), en coordination avec le Canton.
C’est pourquoi nous proposons
- de réformer la représentation de la Ville et des communes suburbaines dans
l’Association des Communes genevoises et de créer une Communauté de
communes représentant l’agglomération urbaine ;
- d'intensifier le dialogue avec les autorités de l’ensemble des villes suisses ;
- de mener un dialogue régulier avec les autorités municipales de la France voisine,
notamment des villes de la Région Rhône-Alpes.

                                                                                                               
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Ce paragraphe complète le rapport du groupe de travail «Communauté urbaine» présidé par Gérard Deshusses.
Voir l'annexe.

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2. PRESENCES DE L’ETRANGER, DE L’ETRANGERE


Les étrangers et les étrangères établi-e-s depuis plus de huit ans ont le droit de vote au plan
communal. Nous demandons que ce droit de vote soit complété par le droit d’être élu-e, lorsque
la nouvelle constitution préparée par l’Assemblée constituante sera adoptée. Les étrangers et les
étrangères sont donc réellement parmi nous, plus intimement qu’on ne l’imagine. Cette nouvelle
situation nous engage dans la prise de conscience que nous sommes chacun-e toujours déjà un
peu étrangers ou étrangères à nous-mêmes, toujours déjà un peu en décalage avec nous-mêmes
en tant qu’être social. Nous avons chacun-e une part de nous-mêmes qui nous échappe, que
nous avons négligée ou qui, simplement, ne cesse de nous surprendre. Prendre conscience de
cela implique naturellement une responsabilité au plan international, d’abord localement avec les
représentations étrangères et les organisations internationales, et surtout internationalement en
nouant des liens forts avec d’autres villes dans le monde. Il y a donc au moins trois manières
d’avoir affaire à l’étranger ou l’étrangère : l’accueillir chez nous, l’accueillir en nous et le rencontrer
au loin.

L’étranger, l’étrangère chez nous


L’intégration des immigrant-e-s est corrélative de la transformation continue de la société
genevoise. Notre ville a été souvent dans l’histoire un lieu d’immigration, par exemple au début du
e
18 siècle, mais surtout après la Seconde guerre mondiale. Ces dernières années, l’augmentation
démographique est spectaculaire, et cela est dû surtout à l’arrivée d’un grand nombre de
personnes étrangères, des Balkans, d’Amérique latine, d’Afrique, etc. C’est une chance pour
Genève que son immigration soit si diverse. Mais cette situation place le monde politique devant
le défi d’une politique coordonnée d’intégration, nécessitant d’identifier des interlocuteurs et des
interlocutrices représentatifs des communautés immigrantes. L’enjeu est complexe: en
reconnaissant la représentativité des communautés étrangères, on risque d’encourager des
comportements d’enfermement dans l’espace familial et communautaire, ce qu’on appelle
communément le communautarisme. Mais si l’on renonce d’avance à ce type de démarche, on
s’interdit de mener une politique d’intégration ambitieuse et respectueuse. En effet, c’est en
reconnaissant les histoires et les mémoires de chacun-e que notre collectivité s’enrichira et
gagnera en cohérence et en convivialité. En d’autres termes, il s’agit de connaître l'autre au-delà de
ses «stands de nourriture» et ses traditions folkloriques. On n’a que trop eu tendance à réduire la
richesse de notre ville à une richesse de façade ; il faut aller au-delà dans la rencontre et la
compréhension de l'autre.
Dans cette perspective, la position de principe des Socialistes est de régulariser la situation
administrative des personnes immigrées, même si cela ne dépend pas des autorités municipales.
La Ville, cependant, a déjà contribué à l’amélioration de la situation des personnes étrangères sans
papiers en faisant pression pour que les jeunes puissent continuer leur apprentissage, comme
c’est déjà le cas pour les étudiant-e-s. Ainsi, petit à petit, on donne corps à une politique
d’intégration de toutes celles et tous ceux qui participent à la vie de la cité.
La politique d’intégration est complexe : elle passe par des compétences qui appartiennent au
Canton (le travail, l’éducation), mais la Ville peut y contribuer de manière importante. Le
Département des finances et du logement s’est doté récemment, dans le cadre de la Délégation
Agenda 21, d’une structure qui travaille en coordination avec le Bureau cantonal de l’intégration
sur les défis liés à la diversité culturelle de notre ville. En coordination avec d’autres services (p. ex.
celui des sports et le Service social), il convient de lancer des projets favorisant l’intégration
concrète des personnes immigrées dans le tissu social genevois, ou bien de généraliser des
initiatives déjà en route localement telles que l’Ecole des parents, qui permet à des mères
récemment arrivées à Genève et parlant peu ou mal le français d’avancer dans leurs
connaissances en accompagnant les processus d’apprentissage de leurs enfants.

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C’est pourquoi nous proposons


- d’organiser des séances d’information sur le système politique local et national à
l’intention des personnes étrangères établies depuis plus de 5 ans ;
- de généraliser des démarches telles que l’Espace parents-enfants, projet conjoint
de la Délégation à la petite enfance et du Secteur exclusion du Département de
l’action sociale ;
- que Genève adhère au réseau des «Cités interculturelles» du Conseil de l’Europe,
plate-forme d’échanges en matière de gestion de l’interculturalité ;
- de créer une maison des peuples autochtones pour permettre de les loger lors
de conférences internationales et d’échanger avec la population genevoise dans
l’esprit d’un dialogue nord-sud.

L’étranger, l’étrangère en nous


Une ville comme Genève possède des lieux de mémoire, des lieux qui symbolisent et incarnent
les moments décisifs de son histoire, le plus fameux étant bien sûr le Mur des Réformateurs. Ces
lieux et monuments relèvent d’une politique de la mémoire. Les Socialistes souhaitent que l’on
tienne plus fréquemment des discussions sur ces sujets, qui sont rarement abordés pour eux-
mêmes. Quels sont les moments historiques marquants de l’histoire genevoise des 100-150
dernières années ? Quelle signification ces moments ont-ils pour la vie sociale et politique
d’aujourd’hui ? Une telle réflexion s’impose d’autant plus que l’Assemblée constituante élue en
2008 commence à donner ses premiers arbitrages. La Ville peut et doit contribuer à ces débats.
Nous considérons cependant que la politique de la mémoire ne doit pas se limiter à l’histoire
genevoise ; elle doit incorporer aussi les mémoires des communautés qui composent notre ville.
Un grand nombre d’habitant-e-s de notre ville cultivent en effet des appartenances multiples. Dans
cette perspective, il s’agit souvent de monuments commémoratifs offrant aux communautés une
reconnaissance de leur histoire tout en attestant de leur appartenance à notre ville. Il arrive
souvent que des communautés s’adressent aux autorités, notamment municipales, pour
demander la mise en place, en ville, d’un monument, d’une plaque ou d’un autre objet
commémoratif. Les Socialistes souhaitent que ce type de démarche se fasse à l’avenir de manière
concertée, selon une méthode déterminée qui inclue un dialogue ouvert avec les milieux
concernés, une concertation avec les services compétents (Fonds municipal d’art contemporain,
Service d’aménagement urbain, Service du domaine public) et une réflexion rigoureuse sur la
cohérence des aménagements de l’espace public.
C’est pourquoi nous proposons
- la mise en place d’un organe de réflexion et de coordination sur l’art dans l’espace
public et la réalisation d’une étude sur la qualité esthétique de l’espace public
genevois ;
- d’identifier les lieux de l’espace public genevois qui ont joué un rôle dans l’histoire
des peuples.

L’étrange, l’étrangère hors de chez nous


Avec une telle conscience liée à l’étranger, il est clair que la question des relations internationales
de notre ville nous tient spécialement à cœur. De ce point de vue, Genève est pleine de
paradoxes : d’une part, elle est le siège d’un grand nombre d’organisations internationales et en tire
une bonne part de sa prospérité mais, d’autre part, les contacts entre ce monde et la société
genevoise sont rares. Genève est une ville qui prend volontiers position sur de grandes questions
internationales, mais en même temps, elle n’a pas de politique d’intégration et pas non plus de
lignes directrices pour son action en matière de solidarité internationale. Genève est la ville de
Suisse la plus connue à l’étranger, au point qu’un sondage mondial la désignerait sans aucun
doute comme la capitale du pays ; elle-même pourtant cultive peu de relations avec d’autres villes,

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son Service des relations internationales pourrait donc être renforcé et des liens avec les
communautés étrangères vivant dans notre ville devraient être noués.
La présence des organisations internationales et des grandes ONG à Genève est un autre
domaine pour lequel la Ville peut faire beaucoup plus. Jusqu’à présent, l’argument le plus courant
concerne la prospérité que cette présence nous procure ; or une action d’information et de
sensibilisation pourrait être menée sur l’activité même de ces organisations et on pourrait réfléchir
aux expériences et à l’expertise qu’elles sont susceptibles d’apporter à notre société. Dans ce
sens, par exemple, le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme pourrait être associé à un projet
d’animations sur les droits humains dans les quartiers.
C’est pourquoi nous proposons
- de formuler les lignes directrices d’une politique de solidarité internationale de la
Ville ;
- de prendre l’initiative d’un lieu d’exposition et d’animation sur la Genève
internationale, son activité passée et présente ;
- de créer une Maison des Villes, centre d’information et de liaison entre les villes
de Suisse et du monde et le système des organisations internationales.

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3. C OMBATTRE LES PRECARITES


Le problème actuel au plan social concerne autant la distribution des richesses que la stabilité de
la vie. Les travailleurs et les travailleuses sont globalement soumis-e-s à une pression de plus en
plus forte, on change d’emploi fréquemment, ces changements étant souvent entrecoupés de
périodes de chômage. En outre l’inquiétude pour boucler les fins de mois, on est confronté au
stress de s’adapter à de nouveaux environnements de travail, d’être conforme à des codes de
comportement précis, de s’adapter aux changements dans les entreprises ou les administrations,
ou encore de devoir appliquer des procédures parfois mal adaptées aux réalités.
La précarité, c’est la difficulté dans laquelle on se trouve de prévoir notre situation à l’avance. De
quels revenus disposera-t-on l’année prochaine ? Vont-ils suffire ? Couplée au stress de
changements incessants, la précarité est aussi une situation où l’on n’a pas suffisamment de
contrôle sur sa propre vie. La précarité, c’est quand la vie devient une course permanente, où le
repos est un luxe hors d’atteinte et où la nécessité commande les gestes de tous les jours. Bref,
c’est la précarité qui empêche d’entreprendre des projets en son propre nom, que ce soit pour
créer une entreprise, pour fonder une association ou pour toute autre activité épanouissante.
Dans l’idéologie dominante de notre temps, on trouve l’idée d’un individu entrepreneur de sa
propre vie, gérant son «capital humain» depuis sa jeunesse avec le devoir de le faire fructifier le
mieux possible. L’un des inconvénients de cette idée est qu’en cas d’échec, l’individu lui-même
est responsable, et personne d’autre; on efface toute idée de responsabilité collective et de
sollicitude pour les personnes fragiles. Les Socialistes, au contraire, soutiennent que l’on ne saurait
entreprendre que sur le fond d’une situation de sécurité suffisante, que ce soit au plan
économique, social ou encore psychologique. On ne doit donc pas opposer la sécurité sociale et
la capacité d’initiative, comme la droite le fait souvent: la première, loin d’entraver la seconde, la
rend au contraire possible. Ainsi, la précarité est le contraire de la sécurité. C’est pourquoi les
Socialistes on toujours refusé de séparer la sécurité sociale et la sécurité au sens répressif.
L’insécurité économique va souvent de pair avec l’insécurité des biens et la crainte d’être agressé-
e pèse encore plus sur les populations fragiles.
Les personnes fragiles n’appartiennent plus à une seule catégorie sociale: il peut s’agir de jeunes
en difficulté d’insertion professionnelle, de familles à revenus modestes, de personnes âgées dont
la retraite suffit à peine, ou de toute autre personne qui traverse une épreuve telle qu’un deuil, une
dépression ou un moment d’épuisement professionnel («burn out»). En clair, personne n’est
durablement à l’abri durant toute sa vie. Il faut reconnaître que nous passons tous et toutes par des
moments de vulnérabilité et développer, à partir de ce constat, une politique qui reconnaisse et
laisse une place à la fragilité. Cela implique de faire entendre les souffrances multiples et donc de
renforcer l’action sociale et communautaire de proximité. Pour la majorité de la population, ce type
d’épreuve comporte un risque existentiel, celui de perdre la capacité d’affronter l’existence et de
3
vivre une vie bonne .

Précarité économique et sociale


La Ville de Genève n’a pas la compétence légale de mener une politique sociale autonome,
notamment parce que les aides régulières qu’elle verse sont en principe comptées par le Canton
dans le total du revenu de la personne et qu’elles sont donc déduites du total versé par le Canton,
par exemple au titre de l’assistance. C’est là toute la question des 185 francs mensuels versés par
la Ville aux personnes âgées bénéficiant de l’aide du SPC (Service des prestations
complémentaires, anciennement OCPA). Mais la Ville peut verser des aides ponctuelles répondant
à des situations concrètes et déterminées, comme par exemple un déménagement pour un
                                                                                                               
3
Selon la philosophe Jeanne Hersch, la notion de «vie bonne» implique la capacité d’exercer sa liberté de manière
effective, en prenant des initiatives personnelles de manière autonome et responsable.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

jeune en formation, un transfert en EMS, un divorce ou tout autre bouleversement touchant les
personnes élevant seules leurs enfants, ou encore la naissance d’un-e enfant. Toutes ces
situations ont en commun d’être des bouleversements qui fragilisent les personnes et réduisent
leur capacité à affronter les défis du quotidien et qui peuvent mettre en danger un équilibre
financier tendu. Les Socialistes proposent de passer aux actes en mettant en place des dispositifs
d’aide pour ces «virages de la vie», sans attendre la décision concernant les 185 francs mensuels
versés aux personnes âgées et invalides. Nous avons la conviction qu’il faut anticiper l’émergence
de nouveaux besoins d’aide sociale. Ces nouveaux besoins nécessitent aussi que l’on articule
plus fortement l’aspect social et l’aspect économique : il n’y a pas d’un côté une population qu’il
faut assister et de l’autre une population active, qui crée des richesses. Des personnes que l’on
considérait encore récemment comme « perdues » pour le marché de l’emploi en raison de
déficiences physiques ou psychiques peuvent désormais, grâce à l’action courageuse de
plusieurs organisations, trouver une activité qui leur procure un revenu régulier. A l’inverse, des
personnes qui n’ont jamais touché une allocation peuvent se trouver, très rapidement, dans une
situation où une aide leur est indispensable pour pouvoir rebondir.
Une prise en charge très spécifique est nécessaire dans les situations problématiques suivantes:
que ce soit à cause de la perte d’un emploi, d’une situation de chômage prolongé, parce que
leurs revenus ne suffisent pas à faire face à leurs charges ou encore parce qu’ils sont pris au
piège du petit crédit, de nombreux foyers se retrouvent surendettés. Dans un environnement
économique qui met l’accent sur la compétition et qui soumet les travailleurs et les travailleuses à
une pression toujours plus forte, la spirale de l’endettement est un piège qui peut se refermer très
vite. Dans l’éventail des aides sociales, cette question de surendettement ne fait pas l’objet du
traitement spécifique qu’elle nécessiterait. En effet, il s’agit dans la vie concrète des personnes
d’une situation complexe qui exige une prise en charge globale, souvent même avec des aspects
psychologiques, voire psychiatriques.
C’est pourquoi nous proposons
- de constituer un observatoire de la précarité afin de pouvoir anticiper l’évolution
des besoins en matière d’aide sociale ;
- d’ouvrir un bureau d’aide spécifique pour personnes surendettées, en partenariat
avec les institutions déjà actives dans ce domaine ;
- de développer un service d'aide à la réinsertion professionnelle des habitant-e-s
de la Commune, en mettant l’accent sur l’emploi des jeunes et les apprentissages
(initiative pour l’apprentissage) ;
- de mettre en place des outils d’aide sociale ponctuelle et adaptée pour les
jeunes en recherche d’emploi, les jeunes familles, les familles monoparentales ;
- de lutter contre la sous-enchère salariale (salaire minimum, CCT, marchés
publics) ;
- de maintenir les prestations SPC (ex-OCPA) aux personnes âgées ou invalides.

Précarité existentielle
Notre époque est marquée par un sentiment de dégradation: le quotidien devient plus difficile,
l’environnement se dégrade, le pouvoir d’achat s’amenuise, les collectivités s’endettent, et ainsi de
suite. Cette tonalité récurrente alimente la peur de l’avenir et entrave l’initiative individuelle et
collective et la joie de vivre ensemble. Les Socialistes n’ont jamais partagé cette attitude
empreinte de peur et de défiance à l’égard de l’avenir. C’est pourquoi nous nous engageons pour
favoriser les initiatives dans tous les domaines, non seulement d’un point de vue institutionnel,
mais encore dans des espaces considérés habituellement comme des espaces privés. Ce n’est
pas de l’optimisme naïf, c’est la conviction qu’on ne peut entreprendre qu’à condition d’avoir un
minimum de confiance en l’avenir.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Ce climat de défiance à l’égard de l’avenir, ajouté à la pression croissante exercée sur les
personnes pour qu’elles gèrent le plus efficacement leur «capital humain», génère aussi de la
précarité au plan même de l’existence et du corps. Cela se manifeste par des maladies
chroniques de plus en plus fréquentes (p. ex. les fibromyalgies), par des syndromes d’épuisement
professionnel (aussi appelé burn out), ou encore par une fragilité psychique accrue (dépression,
altération de la personnalité, etc.). Ce type de situation, où les forces vitales manquent pour faire
face aux défis du quotidien, sont complexes et nécessitent toujours des compétences diverses
et complémentaires, donc la mise en réseau de services (Canton, Ville). Reconnaître ces
problèmes implique aussi de la part des services publics une politique de prévention et de santé
au travail qui prenne en compte tous les aspects des souffrances au travail.
C’est pourquoi nous proposons
- d’entamer une démarche de prévention et de santé au travail pour les employé-e-
s de la municipalité, à étendre aux entités soutenues par la Ville de Genève ;
- de développer l’action communautaire et les démarches d’entraide de voisinage ;
- d’élaborer un concept pour l’insertion sociale (et professionnelle quand c’est
possible) et pour le logement des personnes en souffrance psychique ou
mentalement handicapées ;
- d’offrir aux employé-e-s des services sociaux des formations spécifiques pour la
prise en charge de personnes en souffrance psychique ;
- de lancer le projet « entourage » destiné à lutter contre l’isolement des personnes
âgées.

Le sentiment de sécurité
Quelles sont les conditions pour que les habitants aient le sentiment de vivre dans la sécurité et la
tranquillité, non seulement d’un point de vue statistique mais dans leur existence de tous les
jours ? Nous ne pensons pas qu’un sentiment d’insécurité soit artificiel et imaginaire ; c’est le
« vécu » et le « ressenti » qui représentent la réalité, et non les statistiques. On peut se sentir
inquiet et avoir peur de traverser la cour de l’immeuble le soir, sans qu’existe la réelle probabilité
d’une agression. Or, cette peur doit être prise au sérieux car elle détermine notre rapport à
l’espace public et à autrui. Si l’on se sent agressé potentiellement, c’est qu’on ne se sent déjà plus
en sécurité. Un tel sentiment, lorsqu’il persiste, empêche durablement celui de sécurité. Nous ne
pouvons limiter notre conception de la sécurité aux situations où la probabilité est faible de subir
des violences.
L’insécurité et la peur se développent dans des situations de pauvreté, de crise économique, de
dangers écologiques, de montée des inégalités. La peur doit être prise au sérieux d’autant plus
que ce sont les personnes les plus fragiles et les plus démunies qui en souffrent le plus. En effet,
ce sont majoritairement les quartiers de logements sociaux hors des villes ou les quartiers
populaires qui sont les plus exposés aux problèmes de sécurité. Les pouvoirs publics sont
responsables de protéger la population, de faire appliquer les lois et de maintenir la paix dans la
cité.
Mais il ne suffit pas de décréter le sentiment d’insécurité légitime, il faut encore répondre à la
question de savoir en quoi consiste réellement ce sentiment et d’où il vient. Pour cela, il faut se
rappeler les propos sur la précarité : la précarité, c’est l’impossibilité de se projeter dans l’avenir de
manière stable et de prendre des initiatives libres et responsables parce que le risque
économique, social, existentiel est vécu comme oppressant. La précarité est une situation de
dépendance à l’égard des circonstances, exactement comme l’insécurité est une situation où l’on
est à la merci d’une agression. La précarité est une situation où l’on est empêché de construire un
chez-soi parce qu’on doit sans arrêt parer au plus pressé, exactement comme l’insécurité est une
menace permanente de perdre la maîtrise de la situation.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

C’est pourquoi nous proposons


- de former les agent-e-s de police municipaux à la médiation culturelle, en lien
avec les services sociaux et les maisons de quartier;
- de renforcer l’action de la police municipale en matière de prévention de
l’insécurité, notamment en mettant en place des lieux de dialogue avec les
Maisons de quartier, les associations de quartier, de commerçant-e-s, etc.
- de développer la coordination entre les différents actrices et acteurs publics de la
sécurité en préservant les missions spécifiques ;
- d’augmenter le nombre de places disponibles dans les foyers d’accueil pour les
victimes de violences conjugales, avec un encadrement social et juridique ;
- d’engager une démarche de rénovation-transformation des bâtiments gérés par la
Ville, en concertation avec les habitant-e-s ;
- de développer la présence de la police municipale dans la rue, les parcs, les
préaux et les cours d’immeuble.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

4. POUR DES POLITIQUES DE LA CREATION


«Il n’y a pas un monde développé et un monde sous-développé, mais un seul monde mal
développé», disait-on souvent dans les années 60 et 70 lorsqu’on s’engageait pour le «Tiers-
Monde». Or cette phrase vaut également pour une société prospère comme la nôtre: en effet,
nous ne considérons pas que Genève a atteint un degré de développement optimal qu’il ne
s’agirait que de maintenir. Cette conception est fausse parce que la vie suppose précisément le
développement, l’innovation, le progrès. Nous nous engageons pour que la Ville poursuive et
renforce ses politiques en faveur de la créativité notamment dans les domaines culturel,
économique et social. Il est faux de maintenir la séparation de l’économique et du culturel,
comme si la création de richesses était une tâche ingrate qui autorise parfois le divertissement; de
même que l’entreprise économique n’est pas forcément une souffrance, la création culturelle
n’est pas non plus du divertissement seulement. La production artistique est créatrice de valeur
par elle-même.

Création culturelle et artistique


La culture, ce ne sont pas seulement des institutions de représentation (de spectacles,
d’expositions, de concerts), mais aussi, et peut-être surtout, c’est du travail de création. De même
que pour les entreprises, les collectivités publiques ont le devoir d’assurer des conditions cadre
favorables à la créativité artistique sous toutes ses formes. Selon un certain nombre d’analystes,
l’origine de la richesse dans notre société vient de la création artistique prise dans un sens large
parce que c’est elle qui en définitive forme le contexte esthétique dans lequel nous vivons. On
tend à oublier que la politique culturelle concerne autant les institutions de conservation et de
médiation (musées, théâtres) que la production d’œuvres nouvelles. Dans le monde actuel, l’image
de l’artiste miraculeusement inspiré créant ses œuvres dans la solitude de son atelier est un
mythe ; les modes de création sont aujourd’hui tributaires des rencontres, des réseaux, des
commandes, des résidences, etc.
Les quatre missions fondamentales de la politique culturelle (création, représentation/exposition,
accès à la culture, conservation) doivent être soutenues par les pouvoirs publics car la culture est
un élément indispensable de la démocratie, elle garantit l’esprit critique et la production d’activités
humaines qui échappent aux lois du marché et favorisent l’émancipation de chacun-e, elle permet
aux citoyen-ne-s d’échanger, de se rencontrer, de vivre ensemble, elle participe à l’éducation et au
rayonnement de notre cité. Les collectivités publiques ont le devoir d’assurer, en partenariat les
unes avec les autres, des conditions cadre favorables à la créativité artistique sous toutes ses
formes.
La création culturelle remplit plusieurs fonctions dans la société : une fonction économique parce
que la culture génère des emplois et des richesses dont la quantité est souvent sous-estimée et
4
que la vie culturelle est un aspect essentiel de l’attractivité de la ville ; une fonction sociale parce
qu’il faut aimer ensemble les mêmes choses pour avoir envie de vivre ensemble ; une fonction
éducative parce que la création artistique forme notre perception du monde ; une fonction propre
enfin, parce qu’on néglige parfois de considérer que l’art possède aussi sa fin en lui-même et n’est
pas toujours un moyen pour autre chose. La droite a tendance à réduire la culture à sa fonction
économique et de prestige, et la gauche, par contraste, appuie parfois de manière trop exclusive
sur la fonction sociale et éducative. Il s’agit pourtant de tenir compte de l’ensemble de la réalité et
fonder une politique culturelle solide à partir de cette vue globale. Au cœur d’une telle politique, il
devrait y avoir une juste et pleine reconnaissance du travail de la création, puisque la culture doit
être créée avant d’être conservée.

                                                                                                               
4
Par ce néologisme, on désigne le désir qu’on peut avoir de s’installer dans une ville, ou d’y rester.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Historiquement, dans le canton de Genève, la politique culturelle relève des communes. C’est
e
ainsi que la Ville a développé son action culturelle et scientifique depuis le 19 siècle et est
devenue la principale collectivité publique culturellement engagée de Suisse, aussi bien en
termes d’institutions patrimoniales (Musées, centres d’art, bibliothèques) et d’investissements que
de budgets consacrés aux subventions et à la création indépendante. Le département de la
culture soutient les institutions rayonnantes dans le domaine scientifique comme le Museum ou
Les Conservatoires et jardins botaniques. Ces vingt dernières années ont vu se développer des
politiques culturelles dans plusieurs communes urbaines du canton et en 1996 le Canton lui-
même inaugurait sa première loi dans le domaine. La création d’un Fonds intercommunal géré par
les communes favorise enfin une véritable politique culturelle intercommunale.
Les Socialistes s’engagent fortement et régulièrement dans le soutien aux institutions culturelles
et scientifiques et dans le renforcement des moyens pour la création indépendante. Notre Parti a
ainsi suivi de près les Forums du RAAC qui ont permis de relayer les préoccupations des artistes,
des acteurs et des actrices culturel-le-s dans des domaines comme le statut social des artistes, le
5
besoin en locaux bon marché ou l’engagement nécessaire de toutes les collectivités publiques
dans les grandes institutions régionales. Dans ces trois domaines, les Socialistes ont amené des
propositions concrètes (locaux pour les artistes au Vélodrome, soutien au Bureau culturel, statut
social, ateliers pour artistes, etc.)
Les Socialistes réaffirment leur volonté de maintenir des activités culturelles diversifiées en Ville et
leur résistance contre la disparition des lieux culturels dans la Cité. Un engagement renforcé du
Canton dans les institutions régionales permettra à la Commune de développer de nouveaux
projets culturels de proximité, d’améliorer les conditions de travail dans les petites et moyennes
institutions, de renforcer les mesures d’accès, de créer de nouvelles manifestations populaires.
Il existe deux institutions dont la Ville est responsable et dont la fonction mérite une réflexion, les
bibliothèques et les musées. Les bibliothèques peuvent aussi être considérées comme lieux de
convivialité et non pas seulement comme des conservatoires de livres : qu’on puisse y boire un
verre, y faire ses devoirs si on est enfant ou adolescent-e. Il y a une réflexion à mener pour
aménager les lieux, mais les enjeux ne sont pas négligeables : il en va de la fréquentation des
bibliothèques, ainsi que de leur appropriation par la population, jeune en particulier, de manière
complémentaire par rapport aux Maisons de quartier. Concernant les musées, une réflexion
approfondie devrait être menée sur l’accessibilité, sur le renouvellement de la muséographie et sur
la convivialité de ces lieux.
C’est pourquoi nous proposons
- de faire avancer rapidement les grands projets d’infrastructures culturelles tels que
la Nouvelle Comédie et le Pavillon de la danse ;
- de partager le financement des grandes institutions avec le Canton, les autres
communes et des acteurs privés afin de permettre l’augmentation des moyens
pour le soutien à la création ;
- d’augmenter les moyens pour le soutien à la création, en particulier ceux qui ne
sont pas affectés à une discipline déterminée (projets pluridisciplinaires) ;
- de favoriser la mise en place de lieux et d’événements de rencontre et
d’échange entre les artistes locaux et étrangers ;
- de mener une véritable politique de coopération culturelle internationale avec
d’autres villes ;

                                                                                                               
5
On peut penser ici aux menaces qui pèsent sur des espaces comme Mottattom à l’Av. Guiseppe Motta et aux
manques de lieux de concerts en particulier pour les jeunes.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

- de développer les coopérations culturelles avec les communes urbaines du


Canton et de la région ;
- de participer à la mise en place de mécanismes permettant d’améliorer le statut
social des artistes ;
- de favoriser l’allongement de la durée de vie des œuvres des arts de la scène
dans notre région afin de permettre un meilleur accès pour les publics et une
amélioration des conditions de travail pour les artistes ;
- de mettre à disposition des espaces destinés à des associations de cultures
émergentes, mais aussi de contribuer à développer de nouveaux espaces
6
culturels et festifs , en veillant à l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.

Création d’entreprises
La production et le commerce de biens et de services est un domaine essentiel où se déploie la
créativité des hommes et des femmes. Les Socialistes se sont toujours engagés pour que le
travail soit une occasion d’épanouissement et non d’épuisement, un lieu de réalisation de soi et
non d’aliénation. C’est à une telle condition que l’économie est performante : de nombreuses
études ont montré que la productivité des entreprises est liée à la qualité de l’espace de travail,
des relations sociales dans l’entreprise et des conditions salariales. La Ville de Genève s’est dotée
au fil des années, grâce notamment aux Socialistes, d’outils pour soutenir la création d’entreprises
et l’activité économique locale. Le principal outil est la Fondetec, dont le capital a été redoté lors
de la dernière législature.
Le principe qui guide l’action des Socialistes en matière économique est de privilégier l’économie
réelle plutôt que l’économie virtuelle. Par là, on entend une économie qui génère des emplois
pour la population locale, qui crée des valeurs d’usage pour les habitant-e-s de la région (biens ou
services), qui favorise l’émergence de nouveaux savoir-faire et la transmission de savoir-faire
traditionnels et, enfin, qui soit d’une diversité la plus grande possible en termes de métiers et
d’activités. En soutenant les petites entreprises, la Ville favorise le développement d’un tissu
économique riche et diversifié, dans lequel les salarié-e-s peuvent développer un lien réel avec
l’outil de production et donc s’épanouir dans leur activité.
Dans cette perspective, le soutien décidé de la Ville au développement de l’économie sociale et
solidaire (ESS) est fondamental. Par cette expression, on entend les services, productions et
emplois dans un secteur économique privé à but non lucratif ou à lucrativité limitée, distinct de
l'économie publique et de l'économie privée à but lucratif. Ancrée sur un territoire donné, l'ESS
appuie son action sur le respect des critères éthiques, sociaux et environnementaux, en mettant
l'accent sur la personne avant le profit. Sa finalité est au service de la collectivité (utilité publique).
Ce type d’emplois est estimé à 20'000 dans le Canton de Genève, soit près de 10% de
l’ensemble des emplois.
La Ville possède des terrains industriels dans le quartier des Charmilles, où il est prévu d’installer un
incubateur d’entreprises actives dans l’esprit de l’ESS, à savoir un espace avec une infrastructure
commune facilitant l’activité des entreprises (cafétéria, crèche, informatique, salle de réunion). Les
Socialistes souhaitent accélérer la mise en place de cet équipement, ce qui paraît d’autant plus
urgent que la situation économique globale reste précaire.
Un autre chapitre important de la politique de la Ville en matière économique concerne
l’agriculture de proximité. Les Socialistes appuient cette politique basée sur le principe de la
souveraineté alimentaire et sur le lien entre production et consommation. Au-delà du soutien à des
associations comme les Jardins de Cocagne ou L’Affaire Tournerêve, nous souhaitons approfondir
la démarche en offrant des débouchés nouveaux pour la production locale.

                                                                                                               
6
Exemples : Ecoquartier Jonction, Réservoir de la Bâtie, Caserne des Vernets, Usine Kugler, etc…

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

C’est pourquoi nous proposons


- la réhabilitation de la zone industrielle des Charmilles pour y mettre en place un
incubateur de petites et de très petites entreprises (Ecopôle), ainsi que des
espaces d’hébergement d’entreprises ;
- de maintenir la diversité des commerces et des cafés au centre ville ;
- de faire en sorte que les repas servis dans les crèches et cuisines scolaires soient
préparés le plus possible avec des produits de l’agriculture locale et de saison ;
- d’apporter un soutien (actions pédagogiques, financement) aux processus de
partage de la connaissance (ex : Fondation Wikipedia) et plus largement
d’encourager les licences de type Creative Commons ;
- de favoriser par tous les moyens dont la Ville dispose la vente directe de produits
issus de l'agriculture locale et de l'agriculture contractuelle de proximité ;
- de développer une ambitieuse politique de formation continue ;
- de créer 300 places d’apprentissage supplémentaires (initiative municipale) ;
- d’introduire des congés paternité et parental ;
- de concrétiser « A travail égal, salaire égal » ;
- de promouvoir les carrières féminines, en particulier de briser le plafond de verre.

Soutien aux associations socioculturelles


Genève est riche d’un grand nombre d’associations qui sont actives dans tous les domaines :
protection de l’environnement, aide sociale, médiation interculturelle, culture, solidarité
internationale, vie de quartier, sports, etc. L’ensemble de ces structures constitue ce qu’on appelle
la «société civile». La Ville cultive depuis longtemps déjà des partenariats avec un grand nombre
d’associations qui sont actives dans les domaines les plus divers. Souvent, ces associations
accomplissent un travail précieux pour la cohésion sociale et le bien-être de la population. On peut
citer en exemple la Maison des médiations, la Fondation Trajets, la Coulou ou encore la Cave 12.
L’un des avantages de la Ville est qu’elle peut agir dans un cadre relativement souple, alors que le
Canton s’est donné des règles administratives si strictes que les associations passent souvent
beaucoup trop de temps à écrire des rapports et à vérifier leur gestion plutôt qu’à accomplir leur
vocation. De plus, il arrive souvent que le travail des associations ne soit pas reconnu à sa juste
valeur ou bien qu’une démarche innovante reste isolée, par exemple dans un quartier, alors qu’elle
pourrait être étendue à toute la ville. Enfin, le manque de locaux de réunion se fait de plus en plus
sentir, et la Ville peut répondre à ces besoins en mettant à disposition des arcades dans les
différents quartiers.
Les enjeux concernant le rapport avec les associations sont donc de deux ordres : d’une part, il
s’agit de préserver la souplesse des relations et la confiance mutuelle qui en est le préalable mais,
d’autre part, il importe de donner un cadre clair à ces relations afin que le travail des associations
soit pleinement reconnu et que, le cas échéant, les expériences qu’elles mènent soient
généralisées à d’autres bénéficiaires. Ce dernier point est nécessaire pour mieux connaître la
politique menée par la Ville, que ce soit par ses propres services ou par délégation.
C’est pourquoi nous proposons
- que l’on se donne une vue d’ensemble sur les associations soutenues par la Ville,
sur les bénéficiaires et les possibilités d’extension de ces démarches ;
- que l’on préserve à tout prix la souplesse et la flexibilité des relations de la Ville
avec les associations, dans un esprit de confiance mutuelle ;
- de soutenir les clubs d’aîné-e-s et de créer une seconde Cité seniors.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Soutien aux associations et clubs sportifs


Parmi les associations, les clubs sportifs jouent un rôle spécial : ce sont des structures de
socialisation des enfants et des adolescent-e-s, complémentaires par rapport à l’école et aux
activités parascolaires ; ce sont des réservoirs de savoir-faire et de compétences à la fois pour ce
qui est des sports pratiqués, mais aussi pour l’organisation des compétitions ; enfin, les clubs
sportifs ont aussi une fonction de représentation de Genève dans le reste de la Suisse. Lorsque le
Servette FC jouait les premiers rôles dans le football professionnel, l’image de notre ville en était
grandie. De même aujourd’hui, les succès du Genève-Servette Hockey Club rejaillissent sur la
fierté que nous avons d’être Genevois-e. Il est heureux qu’un partenariat solide se soit noué entre
le Genève-Servette HC et la Ville et le Canton durant ces dernières années.
Par ailleurs, la pratique régulière d’un sport, que ce soit dans le cadre d’un club ou de manière
individuelle, est un aspect essentiel de la santé publique. Des enquêtes récentes montrent que la
cause principale de l’obésité et du surpoids parmi les enfants genevoi-se-s est à attribuer au
manque de mouvement. Face à cette situation, les Socialistes souhaitent offrir à chaque enfant de
la ville l’adhésion au club sportif de son choix en guise de cadeau d’anniversaire, pour ses 10 ans.
Un aspect moins connu de la pratique du sport concerne l’intégration. Par exemple, des groupes
de personnes immigrées créent des clubs sportifs (p. ex. de football) pour se regrouper et se
mesurer à d’autres clubs locaux. Ainsi, selon un récent article de la Tribune de Genève, 40% des
joueurs de football licenciés à Genève sont d’origine étrangère et 25 clubs sur 64 sont
représentatifs d’une communauté étrangère, comme p. ex. le FC Kosova, le CS Italien ou le CS
Anadolu. Cet aspect de la pratique du sport, qui concerne aussi d’autres disciplines que le football,
doit être reconnu et encouragé, notamment par la mise à disposition de terrains.
Ainsi, que ce soit pour la santé publique, l’intégration, le prestige des grands clubs ou simplement
pour la joie de la pratique du sport, l’action de la Ville est essentielle et devrait être plus visible et
mieux articulée avec d’autres services, comme le Service social ou l’Aménagement.
C’est pourquoi nous proposons
- que la Ville s’engage dans des partenariats clairs et exigeants avec les clubs
sportifs ;
- de promouvoir avec le Canton les filières permettant de concilier le sport d’élite et
les études ;
- que la Ville offre à chaque enfant qui a dix ans durant l’année l’adhésion au club
sportif de son choix ;
- de promouvoir de manière plus décidée la mixité dans les activités sportives ;
- de construire de nouvelles infrastructures sportives modernes (salle multisport et
piscine aux Eaux-Vives) ;
- d’ouvrir les salles de sport au jeunes ;
- de valoriser le sport de rue (« Asphaltissimo », skate-park de Plainpalais, …).

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

5. H ABITER ENSEMBLE
Habiter, c’est avoir un chez-soi. Cela comporte plusieurs dimensions: d’abord le logement propre,
mais aussi le voisinage, l’îlot, la rue, le quartier. Il doit y avoir un plaisir d’habiter, qui ne peut
s’éprouver que si on s’approprie le cadre de vie, si on le fait sien avec ses voisin-e-s. Les
Socialistes s’engagent pour l’accès de tous et toutes à des logements non seulement décents,
mais encore conviviaux, condition essentielle pour qu’on se sente chez soi. Mais le sentiment
d’être chez soi n’est pas complet si la Ville n’offre pas d’espaces communs qui suscitent le désir,
des espaces verts bien entretenus, des places de jeux stimulantes, des voies de circulation et des
trottoirs bien entretenus, etc. Ce n’est pas encore tout : pour avoir le sentiment d’être chez soi, il
faut que les autorités se rendent proches, que les procédures soient faciles et rapides et que, de
manière générale, l’administration soit efficace et humaine, qu’elle applique les règles en tenant
compte au maximum de la situation de chacun-e.
La ville doit offrir à chacun-e – seul-e ou collectivement – la possibilité de se sentir à l'aise, de
développer des relations sociales satisfaisantes et de poursuivre ses projets (professionnels, de
vie, etc.). Offrir les vrais moyens d'une autonomie et d'une valeur sociale. En même temps, il faut
être attentif aux plus vulnérables dans la ville, permettre la coexistence des rythmes différents :
augmenter le nombre de bancs, alterner espaces publics larges et ouverts avec espaces publics
de proximité plus intimes, par exemple, en incitant les habitant-e-s à se réapproprier les cours
d’immeubles plutôt que d’y construire de nouveaux bâtiments.
Au chapitre de la qualité de vie, la politique de la petite enfance est une pièce essentielle. Les
principes socialistes veulent qu’il n’y ait plus à choisir entre la carrière professionnelle et le fait
d’avoir des enfants. Cet objectif est partagé avec d’autres forces politiques, mais ce sont les
Socialistes qui ont réalisé l’objectif ; le bilan de Manuel Tornare force l’admiration dans ce domaine,
et sur la base de son travail, on sera en mesure de satisfaire d’ici peu l’ensemble des besoins de
places de crèche en Ville. L’autre enjeu concerne la reconnaissance pleine et entière des
professions de la petite enfance par la municipalisation des postes de travail concernés. Ce
dossier est également en bonne voie, et les Socialistes s’engagent à ce que cela se fasse dans
les meilleurs délais. En ce sens, il importe évidemment de continuer à augmenter le nombre de
places en crèche afin d’arriver à satisfaire l’ensemble des demandes.

Logement
Le logement est le problème numéro 1 des Genevois-es. Pas de toutes les personnes
cependant; celles qui subissent ce problème sont essentiellement celles qui vivent de leur salaire,
qui n’ont pas des centaines de milliers de francs à la banque pour acheter un logement. Celles qui
appartiennent aux classes moyennes ou populaires. Le Canton n’impose pas de manière assez
volontariste l’intérêt public en expropriant les terrains constructibles ; les projets de construction
ne sont pas assez denses ; les voisin-e-s de futurs immeubles font trop souvent recours. La
volonté politique d’accélérer le rythme de construction de nouveaux logements, en particulier à
loyer modéré, fait défaut. Bref, les causes de blocage sont nombreux et complexes. L’une des
clés pour que les collectivités publiques puissent mener durablement une politique sociale du
logement, c’est qu’elles possèdent, et c’est essentiel, un parc immobilier suffisant et gardent au
moins la maîtrise du sol. Les Socialistes s’engagent pour que le droit au logement, qui figure
d’ailleurs dans la Constitution fédérale, soit effectivement appliqué, même à Genève. Pour la Ville,
cela revient à la mise en place d’une politique foncière, la formulation d’un objectif ambitieux de
logements sociaux dans la ville (20% du parc immobilier total), une action particulière sur le
logement des étudiant-e-s et la garantie de la qualité de l’habitat (notamment en matière
énergétique et phonique).
La Ville, on le voit, peut à la fois peu et beaucoup dans ce contexte: d’une part, elle n’a pas la
compétence d’exproprier ni la capacité de construire seule, mais d’autre part, elle gère un parc
immobilier important à travers la Gérance immobilière municipale (GIM) et elle peut étendre ce

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

parc. Le nouveau règlement de la GIM, élaboré par les services de Sandrine Salerno durant la
dernière législature, est un instrument essentiel qui permet désormais de mener une politique
sociale du logement en ville. La municipalité a créé et financé la Fondation de la Ville de Genève
pour le logement social, qui construit des logements sociaux et a commencé à les mettre sur le
marché. Elle a surtout les capacités financières d’acquérir, voire de préempter, des terrains et des
bâtiments. Souvent d’ailleurs, le budget prévu pour les rénovations et les acquisitions n’est pas
entièrement dépensé à la fin de l’année. La Ville peut faire bien mieux dans ce domaine à l’avenir.
Les Socialistes s’engagent pour que la Ville acquière à l’avenir le plus possible de biens
immobiliers et qu’elle renforce les capacités d’action de la Fondation pour le logement social. La
Ville doit également combattre plus activement les sous-occupations en obligeant, le cas échéant,
les personnes locataires de la GIM à effectuer des rocades lorsqu’elles occupent un logement
trop grand alors que de nombreuses familles souffrent de la pénurie. Enfin, elle doit poursuivre sa
politique d’encouragement aux baux associatifs qui favorisent des expériences de responsabilité
collective de l’habitat, comme c’est le cas déjà pour les immeubles de la rue Lissignol.
C’est pourquoi nous proposons
- d’augmenter les moyens et les capacités de construire de la Fondation de la Ville
de Genève pour le logement social et de renforcer la collaboration avec les
coopératives ;
- de faire usage systématiquement du droit de préemption et de se donner des
objectifs précis en matière d’acquisition de biens immobiliers, aussi à l’extérieur du
territoire de la Ville, dans le but d’assurer des logements à loyer accessible ;
- de mener une politique active pour le logement des étudiant-e-s et des artistes,
en favorisant les coopératives et en aménageant des logements provisoires, tout
en veillant à ce qu’ils ne remplacent pas la construction de logements pérennes ;
- de rénover les immeubles pour améliorer leur bilan énergétique et le quotidien
des locataires.

Quartiers, parcs et places de jeu


Habiter ensemble, cela signifie aussi que l’on connaît ses voisin-e-s, que l’on cultive des liens avec
les autres habitant-e-s de son immeuble, de l’îlot, de la rue. Il n’est pas acceptable que ces liens
soient rares ou fortuits, ou qu’ils se réduisent, dans le meilleur des cas, à un pic-nic partagé lors de
la Fête des Voisins. Or le sentiment d’appartenance dont on a longuement parlé au début est
factice s’il ne s’alimente pas d’un rapport vivant et créateur avec le cadre de vie. Sur cette
question du lien social et de l’appropriation des espaces collectifs, la Ville peut mener une action
plus décidée. L’enjeu est d’encourager la prise de responsabilité collective et individuelle par
rapport au cadre de vie, et nous avons un instrument précieux pour cela : la conclusion de
contrats de quartier. A travers de telles démarches, les habitant-e-s peuvent obtenir des
améliorations tangibles de leur cadre de vie, améliorations qui correspondent à leurs besoins
concrets. Ces contrats devraient pouvoir être négociés à différentes échelles : le quartier, mais
aussi l’îlot ou même l’immeuble.
En tant que parent-e, on sait que notre ville est bien dotée en places de jeu de qualité. Mais en
tant qu’enfant, on sait qu’il est possible de faire mieux, installer des jeux plus originaux, plus drôles
et innovants, sans pour autant sacrifier la balançoire et le toboggan. Il est possible de favoriser la
responsabilisation des habitant-e-s dès l’enfance en invitant les plus jeunes à participer à l’évolution
des parcs et des places de jeux. De telles consultations devraient bien sûr se faire en tenant
compte de la sensibilité et des besoins particuliers des enfants. Elles ont l’avantage d’obliger
différents services de la Ville (en l’occurrence le Service des écoles et celui de l’aménagement) à
collaborer.
Dans les quartiers, il existe des instruments de promotion de la convivialité, dont la Ville est
responsable, en collaboration avec le Canton : les Maisons de quartier jouent un rôle central dans

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

cette perspective. La Ville doit veiller à ce que le financement de ces lieux essentiels reste
suffisant et aussi à ce que les heures d’ouverture et les activités proposées correspondent bien
aux besoins des habitant-e-s.
C’est pourquoi nous proposons
- de systématiser l’encouragement à la création de conseils de quartier et
d’immeubles ;
- des consultations régulières dans les écoles auprès des enfants et des familles
sur les jeux à rénover ou à installer ;
- que les Maisons de quartier soient ouvertes notamment le soir et les fins de
semaine (extension des horaires) ;
- de développer des écoquartiers durables, agréables et participatifs ;
- de stopper la surdensification de certains quartiers afin de préserver une qualité
de vie pour toutes et tous ;
- de créer de nouvelles zones piétonnes.

Circulation
Trop longtemps, le réflexe a prévalu auprès de certains commerçant-e-s, et de la droite qui les
soutient, que les client-e-s doivent pouvoir arriver en voiture le plus près possible de leurs
commerces préférés. On a délibérément ignoré que, par exemple, chaque ville allemande est
dotée d’une très large zone piétonne et que les commerces se portent d’autant mieux qu’ils sont
au cœur de cette zone. Il est faux de dire que la santé du commerce dépend de la possibilité d’y
accéder directement en voiture; au contraire, un commerce situé en zone piétonne profite du fait
que les gens y flânent et sont tentés d’entrer dans les magasins au gré de leur promenade. Il est
nécessaire de mener une action de concertation approfondie avec les commerçant-e-s du centre
ville pour développer une vision commune de l’espace public. Le développement des zones
piétonnes en ville est une démarche essentielle qui devrait rassembler tous les partenaires de la
vie sociale et économique.
Les Socialistes soutiennent les investissements substantiels pour le rattrapage dont souffre
Genève en matière d’infrastructures de transports publics (tram, CEVA). Dans ce contexte, toute
construction d’un grand parking commercial au centre ville représente une régression irréversible.
A contrario, la compensation en sous-sol de places de parking pour les habitant-e-s permet de
libérer de l’espace pour la qualité de vie dans les quartiers. En général, les voitures prennent
énormément de place dans notre ville, où la densité d’habitation est l’une des plus fortes en
Europe. La réappropriation de l’espace urbain par les habitant-e-s passe forcément par la
reconquête des espaces occupés de manière stérile par des voitures simplement stationnées.
Pour ce qui est du développement de l’usage du vélo, chacun-e est d’accord qu’il représente une
alternative commode et écologique à l’usage de la voiture. Cela dit, il manque à Genève un
concept clair de cohabitation des modes de transport en ville: les cyclistes sont tenté-e-s
d’emprunter les voies de tram ou les trottoirs parce les rues sont trop étroites et ne permettent
que rarement aux vélos de rouler en sécurité à droite des voies de circulation. Il est bon que la
Ville encourage l’usage du vélo, électrique ou pas, mais il convient qu’elle travaille, en collaboration
avec le Canton, à une cohabitation moins conflictuelle des différents modes de transport en ville :
voiture, transports publics, vélo, trottinette, marche à pieds. Il faut identifier les rues les plus
dangereuses (comme p. ex. le pont de la Coulouvrenière et le Boulevard Georges-Favon) et
proposer des aménagements durables. En général, il n’est pas tolérable que les bandes cyclables
s’interrompent quelques mètres avant les carrefours.
Bien que la voiture reste, et restera sans doute longtemps, un moyen de transport important, un
tiers des ménages en Ville de Genève n’en possède plus désormais, cette tendance étant
clairement en augmentation. L’enjeu est d’en minimiser l’usage au strict nécessaire, d’étendre le

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

plus possible les systèmes de covoiturage et de favoriser les véhicules à faible consommation.
L’une des clés est de faire en sorte que l’habitat soit dense tout en préservant la qualité de vie ; en
effet, en se logeant à l’extérieur de la ville ou des agglomérations, on est obligé d’utiliser sa voiture
pour se déplacer. La construction d’un réseau efficace de transports régionaux est en marche et
la Ville n’y a qu’une part très limitée, mais elle peut contribuer à rééquilibrer les choses en
supprimant des places de parking en surface au centre ville et en promouvant plus activement le
covoiturage.
C’est pourquoi nous proposons
- que l’on développe un concept global pour que chaque mode de transport
trouve sa place dans l’espace public ;
- que la Ville trace un objectif clair de réduction de la part des transports individuels
motorisés en favorisant le transfert modal au profit de la mobilité douce ;
- de développer largement et rapidement le réseau existant de pistes cyclables ;
- que l’on multiplie les lieux de stationnement sûr pour les vélos, pas seulement
autour des infrastructures, mais aussi dans les quartiers, au pied des immeubles ;
- de sécuriser les trajets scolaires (pédibus et patrouilles scolaires) ;
- faire en sorte de protéger spécifiquement les personnes vulnérables de la route.

Rapports avec les autorités


Habiter une ville et se l’approprier comme la sienne implique aussi un rapport spécifique avec les
autorités et les administrations. Les Socialistes s’engagent pour que ce rapport soit le plus fluide et
le plus fraternel possible. Notre administration municipale sait se rendre proche des attentes des
7
personnes qui s’adressent à elle , et elle doit poursuivre et approfondir cette attitude. La Ville s’est
assurée que les conditions de travail de ses employé-e-s soient les plus justes possibles ; c’est la
condition pour que leurs prestations soient adéquates et efficaces. Le grand avantage de la Ville,
par rapport au Canton, est que ses procédures sont moins lourdes et plus rapides, qu’elle peut
assurer une proximité avec les habitant-e-s dont le Canton s’est coupé en imposant des contrôles
sans fin aux organisations qu’il subventionne.
C’est pourquoi nous proposons
- de mettre en place un portail destiné aux échanges de services et d’informations
entre habitant-e-s et entre habitant-e-s et passant-e-s (touristes et autres personnes
en visite) ;
- d’examiner la possibilité de nommer un ombudsman pour prévenir et gérer les
conflits entre les citoyen-ne-s et l’administration ;
- de créer des espaces de pouvoir pour les habitant-e-s, pouvoir sur leur logement,
leur quartier, leur ville tout en assurant le dialogue avec l'administration.

                                                                                                               
7
Elle jouit en tous cas d’une bonne image auprès de la population en général, selon les enquêtes qui sont menées
à son propos (cf le rapport de l’IDHEAP sur le Service social de la Ville).

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Pour une communauté urbaine

Nous devons à Genève résoudre deux contradictions : celle, fondamentale, entre les
compétences politiques réelles de la commune et le rôle qu'on attend d'elle, et celle,
fonctionnelle, entre la ville politique et la ville physique. Aucune de ces deux contradictions ne
sera résolue par l'un ou l'autre des bricolages institutionnels proposés (par exemple à la
Constituante) par de brillants esprits plus intéressés au dépeçage de la Ville et au maintien d'une
tutelle étroite sur toutes les communes, qu'à l'invention d'un nouvel espace politique
démocratique.

1. Vive la Commune !
Depuis le début des années 1980, les Socialistes tentent d'introduire dans le débat politique
genevois la notion et le projet de communauté urbaine. Des organes de concertation existent
certes au niveau régional franco-valdo-genevois, mais ils ne disposent pas des compétences
politiques nécessaires à leur ancrage dans la réalité, et les communes de l'agglomération n'en
sont souvent que des actrices secondaires. Comme l'écrivait Manuel Tornare en 1988 : se
contenter de "poser les problèmes de la ville en termes d'autonomie communale, c'est donner à
la situation d'aujourd'hui une réponse de notable du XIXe siècle; la gauche a besoin d'un projet
qui aille au-delà. A la réalité de l'agglomération urbaine d'aujourd'hui, la commune seule ne donne
ni réponse ni moyens d'action suffisants, et il nous faut nous libérer d'un cloisonnement
institutionnel obsolète". Pour nous, aujourd'hui, la réponse, c'est la communauté urbaine.

La Commune est le seul espace politique commun à tous les Etats démocratiques. Elle leur
préexiste et est la première et la plus fondamentale des institutions démocratiques. En Europe, le
niveau communal est celui qui possède initialement les compétences les plus larges et les mieux
garanties. Lorsque tel n'est pas le cas (à Genève, par exemple), on est en présence d'une dérive
politique contraire à la logique démocratique. En effet, les communes doivent pouvoir adopter, et
adapter, leurs propres règles pour assurer les services vitaux indispensables à la vie quotidienne
de leurs habitant-e-s et de leurs hôtes de passage. C'est dire qu’il importe de défendre la
commune, son autonomie, sa capacité d'action, voire son existence même lorsque celle-ci est
menacée "d'en haut".

En cette année 2010 à Genève, nous sommes convaincus que de tous les niveaux à considérer
(politiques, institutionnels et administratifs du canton et de la commune), le plus obsolète n’est pas
celui que le réflexe technocratique nous désigne comme tel. Lorsque l’on nous dit qu’à Genève
l’existence parallèle d’un canton centralite et d’une commune de la Ville-centre « pose problème »,
l’évidence s’impose que dans ce canton, trop grand pour être de proximité, trop petit pour
correspondre à la réalité régionale, trop soumis au droit fédéral pour être souverain, et trop
spécifique à la Suisse pour qu’un espace politique régional transfrontalier puisse être créé, le
véritable problème se pose au niveau cantonal, non pas communal.

2. Vive la région
Actuellement, le découpage institutionnel de la région genevoise implique qu'aucune collectivité
publique, et le canton pas plus que les communes, n'a de prise réelle sur l'espace régional. Cet
espace est commun à l'ensemble des habitants de la région, mais chaque collectivité publique
prend des décisions qui ne s'appliquent qu'à son espace propre. Les lois cantonales genevoises
ne s'appliquent qu'au tiers du territoire genevois réel et à la moitié de la population de ce territoire...

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

L'écrasante majorité de la population genevoise vit en zone urbaine -et la vie de la majorité de la
population qui habite en zone "rurbaine" (il n'y a plus de véritable zone rurale sur le territoire
genevois) est déterminée par ces activités professionnelles, culturelles, sociales, urbaines. Les
villages qu'étaient Meyrin, Lancy, Onex, sont intégrés à un tissu urbain continu (il en fut ainsi du
Petit-Saconnex, de Plainpalais et des Eaux-Vives lorsqu'en 1930 ces communes ont été
rattachées à la Ville). Pourtant, la réalité institutionnelle ne prend pas en compte cette réalité
physique : il subsiste un fractionnement horizontal de commune à commune : si un problème
surgit dans un quartier "partagé" entre deux ou trois communes, sa solution doit être négociée
entre les deux ou trois communes concernées. Ce manque de coordination constitue
une perte de temps et de moyens, notamment en ce qui concerne l'aménagement (domaine
dans lequel le problème est encore aggravé par le manque de compétences des communes).
A ce fractionnement horizontal s'ajoute un fractionnement vertical (Ville/canton/Confédération) La
communauté urbaine existe de facto au niveau du tissu urbain, la faire exister au niveau des
institutions pourra restaurer la nécessaire harmonie entre les différentes parties de la ville réelle,
apporter aux habitants une meilleure qualité de vie dans tous les domaines, assurer une pérennité
à certains projets, donner aux communes qui y auront adhéré un poids accru dans leurs rapports
avec les communes françaises et avec le canton, réduire les inégalités des prestations offertes
aux habitant-e-s de communes différentes, et enfin donner une légitimité démocratique à des
décisions qui excèdent le cadre purement communal, et même, puisque la réalité urbaine
genevoise est transfrontalière, le cadre cantonal et national. Si l'élan régional provient des
communes, et en particulier des grandes communes urbaines, la création d'une Communauté
urbaine obligera la République à redéfinir sa relations avec les communes genevoises en général
(au sens restrictif de "communes du canton de Genève"), et en particulier avec les principales
d'entre elles.

Le projet de communauté urbaine, qui implique donc la création d'une entité politique
correspondant à la réalité de l'agglomération, est une réponse aux tentatives de fusion autoritaire
des communes. Fondée sur l'intercommunalité, la Communauté urbaine ne rompt pas le rapport
des citoyen-ne-s à leurs élu-e-s et aux collectivités politiques locales, tout en accordant à ces
collectivités les moyens d'assumer toutes leurs tâches ensemble, en rationalisant les coûts, en
unifiant les efforts et en offrant les mêmes prestations d'une commune à l'autre; en d'autres
termes : en ayant une politique d'ensemble dans tous les domaines où c'est nécessaire et en
donnant les mêmes droits aux habitants des différentes communes.

La défense de la commune nous importe d'autant plus qu’il est nécessaire de construire, en
surmontant la frontière avec la France et la limite avec Vaud, un espace politique régional et
démocratique ne pouvant réellement être construit qu'à partir des communes, puisque cet
espace politique, commun aux Genevois, aux Vaudois et aux Français, est le seul échelon
institutionnel qui leur soit commun. Cet espace politique à construire, c'est celui de la
communauté urbaine. La Ville de Genève en serait certes le centre, puisqu'elle est le centre
historique, géographique, démographique, économique et culturel de la région, mais qui dit
"centre" ne dit pas totalité -ni totalité de la ville, ni totalité de la région. La municipalité de Genève
n'est pas la ville de Genève à elle tout seule, et ne définit pas à elle toute seule la région
genevoise. Une communauté urbaine réunissant toutes les communes de l'agglomération (ce
que ne peut faire le comice rurbain, l'ACG, supposé représenter les "communes genevoises")
répondra à cette réalité, elle fera correspondre la ville politique (la commune de Genève) et la ville
réelle en redonnant sens politique à une réalité urbaine que le découpage institutionnel ne
représente plus. Car la région genevoise existe à tous points de vue (économique, social, culturel,
démographique, géographique), sauf du point de vue politique. Politiquement, cette région est
une addition d'intérêts particuliers et de problèmes qui n'ont pour caractéristique commune que
de buter sur la frontière. La constitution d'une communauté urbaine en tant qu'espace politique
est donc une exigence démocratique, autant qu'une condition de la ville réelle dépassant la ville

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

politique.

3. Vive la ville !
Pour que l'agglomération ait une forme institutionnelle et pour que cette forme soit démocratique,
la Ville réelle (toutes les communes urbaines) doit d'abord disposer d'un pouvoir sur elle-même, et
la Ville politique (la commune-centre) accepter de le partager avec les autres municipalités
urbaines de l'agglomération genevoise, y compris avec celles dont Genève est séparée par une
frontière : c'est le sens du projet de communauté urbaine donnant à la Ville de Genève, aux
grandes communes genevoises, vaudoises et françaises des compétences leur permettant de
maîtriser, ensemble, leur développement et les enjeux qu'elles ont à affronter. L’acquisition de
compétences et de pouvoirs par l'ensemble des communes est en effet une condition à
l'émancipation de la Ville et à la coïncidence entre ville politique et ville réelle. La communauté
urbaine rénove ainsi la démocratie en la faisant coïncider avec l’espace réel où les décisions
démocratiques doivent prendre effet. Travaillant ensemble, les collectivités publiques municipales
et locales seront alors aptes à répondre aux besoins de leurs habitant-e-s et à concrétiser leurs
droits fondamentaux, ce qui reste la mission fondamentale de la commune, et sa seule légitimité.

La communauté urbaine réalisée en 10 points :

1. Affirmer le principe de subsidiarité


Une collectivité publique doit avoir toutes les compétences qu'elle est capable d'assumer, et
qu'une collectivité publique "inférieure" ne peut assumer. A Genève, cela signifie que seules les
compétences qui ne peuvent être assumées par la commune, seule ou avec d’autres
communes, doivent être confiées au canton.

2. Fiscalité : assurer l'égalité devant l'impôt


- unifier, ou du moins encadrer, le taux de centimes additionnels

3. Transports :
- densifier avec les TPG le réseau de transports publics autour du centre-ville, donner aux
communes la maîtrise de leurs voies de circulation
- développer les lignes de transports publics intercommunales et "transversales" (par opposition
aux lignes radiales, du et vers le centre ville)
- développer des lignes infracommunales (lignes de quartier) gratuites
- "municipaliser" le réseau des voies de circulation urbaine : à l'exception des grandes voies
pénétrantes, les rues de la Ville et des grandes communes doivent avoir le statut de voies
communales.

4. Logement : municipaliser progressivement le sol urbain  


- mener une politique commune de densification des zones villas pour le logement social
- développer l'achat de terrains dans les communes qui en disposent, par les communes qui n'en
disposent pas
- user systématiquement du droit de préemption des communes

5. Intégration sociale, intégration des migrants


- développer le soutien intercommunal à des actions (pas clair) et des associations,
indépendamment de leur localisation communale (et de la LIAF)
- cesser de recourir à des polices privées pour des actions qui peuvent être menées sur le

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

domaine public par les polices municipales

6. Santé : la prévention sur le terrain


- soutenir et développer les actions locales de promotion de la santé et de réduction des risques
(à l'exemple d'"Onex Santé")

7. Sécurité : renforcer la police de proximité


- assurer la présence 24 heures sur 24 des polices municipales, développer la coordination (et les
actions communes) entre elles, harmoniser leurs cahiers des charges

8. Maisons de quartiers, Travailleurs sociaux hors murs


- "intermunicipalisation" de la FASE, sur le modèle d'un groupement intercommunal

9. Culture, sport : Faire ensemble


- concrétiser les objectifs du projet de nouvelle loi sur la culture en impliquant toutes les
communes, y compris financièrement
- développer, en réseau, le soutien intercommunal aux activités et aux lieux culturels non-
professionnels, et à leur promotion
- intégrer des espaces culturels, ouverts aux non-professionnels, dans les plans de quartier
- soutenir la pratique, les associations et les lieux du sport amateur

10. Institutions : Créer, dans les faits (à partir d'actions concrètes) puis dans le droit, une
communauté urbaine genevoise à partir des communes et disposant de ressources propres
- Rétablir le droit d'initiative cantonale (parlementaire) des communes auprès du Grand Conseil
- Réformer l'ACG, dans le sens de la communauté urbaine et d'un renforcement du poids des
grandes communes et de la Ville, en fonction de leur population,
- Organiser des réunions communes, délibératives et décisionnaires, des conseils municipaux de
l'agglomération
- Faciliter les collaborations intercommunales, l'établissement de concordats intercommunaux et
la mise en commun de ressources communales
- S'opposer, notamment dans le cadre de la révision de la Constitution genevoise, à toute tentative
de contraindre des communes qui s'y refuseraient à fusionner, ou à éclater, et à toute tentative de
démantèlement de la municipalité de Genève.

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Les Socialistes en Ville de Genève Programme électoral 2011

Parti socialiste Ville de Genève


Rue des Voisins, 15
1205 Genève
www.ps-geneve.ch

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