DU VENDREDI 2 AU DIMANCHE 4 SEPTEMBRE 2022

JA CH-1211 GENÈVE 8

L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T.

WWW.LECOURRIER.CH N°163 | 155e année | CHF 4.00

OUÏGHOURS
WEEK-END

L’ONU confirme 11

12
SOLIDARITÉ Portrait de Suzanne
Miller, jeune retraitée du syndicalisme
international.

RELIGIONS A Genève, un prêtre

des crimes
partage son parcours de croyant
et d’homosexuel.

le MAG

NICOLAS WEFERS
RICHARD BELL /
L’art sous
la polémique
23 ART Collaborative et inclusive,
la documenta 15 navigue dans
les marges du système de l’art.

26 BD Le Bestiaire désenchanté
de Marcel Barelli interroge
notre rapport aux animaux.

27 CINÉMA Entre drame et fantastique,

Léa Mysius soigne les brûlures de
l’amour dans Les Cinq Diables.

KEYSTONE

VAUD

9 La haute commissaire aux droits de l’homme, Michelle

Bachelet, a dénonce de «possibles» crimes contre
La création d’un Conseil de
la magistrature est proposée
l’humanité au Xinjiang dans un rapport publié hier. Pékin en votation le 25 septembre
est furieux et accuse Washington d’être à la manœuvre. 4
GENÈVE
Le Grand Conseil débat de
éditorial
P
lusieurs municipalités genevoises ou régies pu- acteurs publics consistant à se fournir en courant durable,
bliques font la grimace. Comme l’a relevé la Tribune certes plus cher, mais qui aurait assuré un débouché à deux initiatives fiscales, dont
PHILIPPE BACH
de Genève, elles ont commis la coûteuse erreur de une époque où nos barrages, trop chers dans ce marché une issue de la gauche
se fournir en électricité sur le marché libéralisé plutôt libéralisé, menaçaient de partir en faillite.
que sur celui régulé. Une possibilité qui est offerte aux On entend des gémissements, maintenant que la dou- 5
ÉLECTRICITÉ: gros consommateurs depuis l’adoption en 2007 par les
Chambres fédérales de la Loi sur l’approvisionnement
loureuse est présentée et qu’elle va plomber pour des
années les budgets. On rappellera que cette libéralisation
LES en électricité (LApEl). Pendant plusieurs années, cela
a permis à ces collectivités publiques de réaliser des
voulue par la droite patronale a été imposée au bas peuple
par une caste politique se serrant les coudes. En 2002,
PARTENARIAT

APPRENTIS économies; mais avec l’envol des prix, cet avantage sera
mangé en quelques mois seulement.
la seule fois où la question a été posée au Souverain
avec la Loi sur le marché de l’électricité (LME), celui-ci a

SORCIERS
Savoir qui a pris cette inepte décision d’aller sur le refusé cette libéralisation. Comme il se doit, l’ouvrage a
marché spéculatif reste enveloppé d’un nuage de mys- ensuite été remis sur le métier avec deux ou trois susucres
tère. On peut d’ailleurs poser la question de sa confor- pour le solaire et, illico presto, la bureaucratie syndicale,

3 mité avec le droit supérieur, à savoir la Constitution

genevoise. Acheter du courant bradé, c’est encourir le
risque d’acquérir du kilowatt électronucléaire. Ou issu
de centrales au charbon, ce qui est problématique en
termes de lutte contre le réchauffement climatique.
Que des municipalités, de gauche de surcroît, aient cédé
aux sirènes du marché pour réaliser quelques économies
mérite une enquête. Des manquements sont à pointer.
Le fait que tout cela a été réalisé en catimini montre bien
qu’une certaine mauvaise conscience était de mise. On eut
été en droit d’attendre une certaine exemplarité de ces
politique et environnementale des partis de gauche a
soutenu le dispositif de la LApEl plutôt que de lancer un
nouveau référendum.
Nous payons aujourd’hui cette crasse inconséquence.
Celles et ceux qui versent des larmes de crocodile feraient
bien de s’en souvenir. Comme pour la privatisation de
La Poste, la libéralisation du marché de l’électricité
portait en elle ces dérives. Qu’ensuite certaines et cer-
tains aux exécutifs se soient senti pousser des ailes de
boursicoteur·euses du kilowatt n’est que la cerise sur cet
indigeste pâtisserie. I

9HRLEME*beadfb+[A\P Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Vaud : vaud@lecourrier.ch |Neuchâtel: neuchatel@lecourrier.ch | Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | malettre@lecourrier.ch
Le quotidien Le Courrier paraît 5 fois par semaine. Il est édité à Genève par la Nouvelle Association du Courrier (NAC), association sans but lucratif | Direction, administration et rédaction à Genève : 3, rue de la Truite, CP 112, 1211 Genève 8
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 LE COURRIER
2 REGARDS VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022

LE COURRIER
Le gouvernement lance sa campagne visant à réduire la consommation d’énergie
Passation
de témoin
à la tête du
Courrier

Eva Fernandez et Kate Reidy. LDD

Chère lectrice, cher lecteur,

Vous ne lisiez qu’une fois par an-

née (ou presque) sa signature dans
nos colonnes: lors de la présenta-
tions de nos comptes annuels, au
début de l’été. Son rôle de l’ombre
n’était pas moins crucial au bon
fonctionnement de ce quotidien.
Eva Fernandez, notre directrice ad-
ministrative, nous quitte après sept
années passées à ce poste.
Une tâche ardue qui comprend
la gestion quotid ienne d’une
équipe de 35 personnes, le suivi
budgétaire dans un environne-
ment économique de plus en plus
difficile – les médias sont en crise –,
les toujours délicates opérations de
recherche de fonds, les liens avec
nos fournisseurs, nos prestataires
et nos partenaires, et des cam-
pagnes de promotion menées avec
CHRONIQUES AVENTINES peu de moyens. Eva a choisi de le-
ver un peu le pied et de retourner à
ses montagnes neuchâteloises.
Qu’elle soit ici remerciée pour le
chaque fois que la Comédie de Ge- missions de médiation et de transmis- ment dispensé rue de Montchoisy; citons aussi l’in- travail accompli.

A nève voit sa direction être mise au

concours point le risque – dans les
milieux concernés – de se contenter de
sion. Les délibérations nourries entre
professionnel·les du plateau comme de la
coulisse ont par ailleurs conduit l’ANC à
procéder à l’inventaire des personnes déplorer l’excessive personnalisation des
susceptibles d’être intéressées et de directions ou le travestissement tendan-
soupeser leur aura respective. Devrait ciel de la culture en communication. Il y
primer, selon nous, la réévaluation du a là des pistes propices pour penser un
sens d’une telle institution à notre MATHIEU théâtre majeur et complémentaire de
époque. MENGHINI* scènes comme celles de Carouge ou Vidy.
Le moment est ainsi propice au rappel La nouvelle Comédie est advenue dans
des importants travaux réalisés par l’Association un contexte profondément crisique: citons le puis-
pour une Nouvelle Comédie (ANC) pendant une sant développement des pratiques techno-cultu-
vingtaine d’années en bonne intelligence avec les relles, la fragilisation d’un certain légitimisme
autorités; car, oui, l’objectif de l’ANC ne tenait pas culturel, le brouillage entre missions publiques et
privées, la précarisation des professions cultu-
relles, l’atomisation des trajectoires, les alarmes
tervention de la comédienne Christelle Mandalaz
lors d’une assemblée générale d’AVVEC, le travail
citoyen réalisé à l’invitation de l’Université popu-
laire La Marmite autour du thème de l’humanité,
la collaboration avec les médiatrices de Destina-
tion 27 visant à diminuer les impacts sociaux des
violences domestiques, les ateliers d’écriture ani-
més par l’écrivaine Mélanie Chappuis en lien avec
le Salon du livre et avec le concours de la roman-
cière Leila Slimani, etc. A chacune de ces occur-
rences, la prise en charge psychologique et sociale
se voit transcendée par l’activation des capacités
des personnes opprimées et, symétriquement, l’es-
pace public enrichi par l’imaginaire de ces «sans
écoute».
Dans le social donc, mais également auprès de
Eva Fernandez s’est dépensée
sans compter, notamment dans le
cadre des festivités, en 2018, du
150 e anniversaire du Courrier ou
encore du chantier en cours du pro-
chain déménagement de notre ré-
daction genevoise dans de nou-
veaux locaux, au sujet duquel nous
vous informerons très bientôt.
Pendant quelques semaines, ses
activités ont été «tuilées» avec la
personne qui lui succède, et qui est
officiellement entrée en fonction ce
jeudi. Kate Reidy a été choisie par le
comité de la Nouvelle Association
du Courrier (NAC), l’organe éditeur

Comédie démocratiques et écologiques, etc. Ces différents

constats donnent une nouvelle verdeur aux vues
de l’ANC – laquelle évoquait, par-delà le rayonne-
conseils de quartier, de syndicats, dans le champ
de la pédagogie, etc. se nichent maints partenaires
possibles pour les lieux d’art et de culture, les com-
du journal, et a rejoint l’équipe du
Courrier. Ancienne de l’Usine et
d’Etat d’urgence, codirectrice du
ment attendu, la nécessité d’inscrire densément pagnies, maintes occasions de donner du souffle à Festival Black Movie entre 2003 et
à la seule érection d’un nouvel écrin. Un rapport de cette scène en son territoire, d’irriguer celui-ci en la vitalité sociale, de donner de la chair à la vie dé- 2021, puis cheffe du Service cultu-
2013 sur les missions, le budget et la gouvernance profondeur. Instrument (semi-autonome) de la col- mocratique. Maintes occasions d’emploi, aussi rel du Département de la culture et
de l’institution des Eaux-Vives concentrait le fruit lectivité, la Comédie doit défendre une politique de bien! Evidemment, nul n’est obligé de s’adonner à de la transition numérique de la
de longs échanges auprès de plusieurs dizaines de l’esprit, exalter les corps, entretenir un travail quo- ce type d’engagements; n’empêche, ils constituent Ville de Genève de 2021 à 2022, il
consulté·es à Genève, en Suisse et à l’étranger et tidien du sens et du sensible. Le culte de la co-pré- des gisements d’expériences remarquables pour lui appartiendra d’assurer la relève.
concluait notamment à l’intérêt de produire autre- sence et celui de l’attention font du théâtre le site acérer sa vision du réel, jauger de sa souplesse for- Son expérience dans la culture al-
ment, de penser collectivement la création, l’action privilégié de la résolution possible de bien des melle et ajuster son adresse. Les exemples histo- ternative ne sera pas de trop pour
culturelle et le sens d’une telle scène publique dans contradictions plus haut énumérées. riques des Trétiakov et autres Brecht sont édifiants. canaliser une équipe qui pousse
la Cité. La pratique théâtrale que nous défendons doit Ce n’est là qu’un volet de l’action attendue de la parfois la créativité dans certains
Dans la plupart des théâtres, les équipes (celles être collective dans son principe et communau- Comédie, mais l’ensemble de ses missions gagne- retranchements. Nous ne pouvons
ordinairement décrites dans les plaquettes de sai- taire dans son adresse. Plus qu’aucun autre pays, rait à favoriser une culture en quête de sens plutôt que la remercier de relever ce rude
son) sont majoritairement administratives et tech- la Suisse est constellée d’associations à buts so- que de diversion, vectrice de citoyenneté plutôt que défi. Et lui assurer que cette aven-
niques. L’ANC a donc considéré avec faveur l’hypo- ciaux, environnementaux, culturels et sociocultu- de distinction, déployant en chacun de nous une ture est certes semée d’embûches,
thèse d’une présence permanente d’artistes (comé- rels; elles peuvent devenir les vectrices d’une poli- attention sensible et étonnée sur notre présence mais apporte également son lot de
dien·nes, dramaturges, scénographes, auteur·ices, tique résolue d’infusion de tous les domaines de la individuelle et collective au monde. Soyons atten- satisfactions. Fabriquer un quoti-
étudiant·es de La Manufacture, assistant·es et sta- vie. Des exemples de partenariats possibles existent tifs aux visées de cette institution en l’absence des- dien indépendant est aussi source
giaires divers), renouvelée suivant un tournus dont aujourd’hui déjà. Mentionnons ainsi le cas quelles nous assisterions à la stricte intronisation de plaisir, de joie et même, osons le
le rythme serait à définir pragmatiquement, nichée d’AVVEC (anciennement Solidarité Femmes). Au de l’ordonnatrice ou de l’ordonnateur de nos mot, de f ierté. Merci pour la
au cœur même de l’institution afin de constituer service des victimes de violences en couple, cette réjouissances post-prandiales. confiance et bienvenue à bord,
un répertoire original, de renforcer la recherche association s’est vue approchée par la dramaturge Kate.
artistique fondamentale, de contribuer à la profes- Valérie Poirier à l’occasion d’Un conte cruel – pièce * Historien et praticien de l’agir et de l’action culturels, PHILIPPE BACH,
sionnalisation de la scène romande et d’élargir les nourrie de récits de bénéficiaires de l’accompagne- (mathieu.menghini@lamarmite.org). Rédacteur en chef
LE COURRIER FOCUS 3
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022 RÉGION

Depuis 2009 à Genève, Ville, canton et régies publiques s’approvisionnent en électricité sur le marché
libre plutôt que régulé. Si cela a permis des économies pendant plusieurs années, ce n’est plus le cas

CAPRICIEUSE LOI DU MARCHÉ

LOUIS VILADENT
Energie X Il semblerait que le
marché de l’électricité soit deve-
nu fou ces derniers mois, à tel
point que son prix a augmenté
de 360% en une année, comme
l’affirmaient les Services indus-
triels genevois (SIG) ce mer-
credi. La facture sera d’abord
douloureuse pour les consom-
mateur·trices qui payeront, en
2023, respectivement 22% et
50% de plus à Genève et dans le
canton de Vaud.
Pour les gros clients, dont
la consommation annuelle dé-
passe les 100 000 kWh par an
et par site, c’est une autre his-
toire. Depuis 2009, ils peuvent
choisir de s’approvisionner di-
rectement sur le marché libre,
ce qui modifie la manière de
déterminer le prix. Il n’est plus
défini annuellement par le dis-
tributeur, mais directement
par le cours volatil de la bourse.
Cela peut engendrer des écono-
mies lorsque les prix sont bas.
Mais lorsqu’ils s’envolent, les
pertes peuvent être également
importantes.
Comme le révélait la Tribune
de Genève la semaine passée, tel
est le cas de la Ville de Genève,
qui alimente 75% de ses sites via
le marché libre, et qui a présenté
un surcoût de 12 millions dans
son budget énergie 2023 – élec-
tricité incluse –, soit une aug-
mentation de 200% par rapport
à son budget énergie 2022.
Imprévisibilité totale
Mais la Ville de Genève n’est
pas la seule à se retrouver dans
l’embarras. La commune de
Vernier affirme être également
touchée par la problématique,
bien qu’elle n’accepte de com-
muniquer aucun chiffre pour
le moment. «Nous avons pré-
venu les gros consommateurs
du canton au moment où les
prix ont commencé à grimper,
mais certains ont trop attendu,
espérant que les prix baisse-
raient par la suite, ce qui n’est
pas arrivé», explique Christian
Brunier, directeur général des
SIG.
D’autres communes, même
au régime libre, ont préféré la
carte de la prudence, à l’ins-
tar de Lancy, qui a assuré un
contrat à prix fixe en 2020, et
jusqu’en 2025. Il n’y aura donc
pas d’augmentation importante
de la facture d’électricité d’ici
La Ville de Genève alimente 75% de ses sites via le marché libre. KEYSTONE
là, «mais nous ne pouvons pas
prédire quel sera l’état du mar-
ché au moment de conclure de
nouveaux contrats», explique
Salima Moyard, maire de la
commune.
Toujours en jouant la pru-
dence, la Ville d’Onex a même
d’emblée refusé de passer au
régime libre. Malgré cela, la
municipalité sera, comme les
consommateur·trices indivi-
duel·les, sujette à la hausse de
tarifs des SIG. «Nous prévoyons
25% en plus pour le budget
électricité de 2023, soit envi-
ron 100 000 francs de plus»,
explique Maryam Yunus Ebe-
ner, conseillère administrative
chargée de l’Aménagement.
Nicolas De Saussu re,
porte-parole des HUG, indique
lui aussi qu’«un surcoût consé-
quent est prévu pour l’année en
cours», mais qu’il est «trop tôt
pour le déterminer compte tenu
de la variation des prix». Selon
Alberto Velasco, député socia-
liste et vice-président de la com-
mission des finances du Grand
Conseil, «ce qui est presque cer-
tain c’est que les député·es de-
vront prochainement voter sur
un crédit supplémentaire lié à
cette augmentation».
«Toutes ces
institutions
publiques
auraient dû
savoir que la
société libérale
est une société
à haut risque»
Alberto Velasco
Les TPG et l’aéroport ont
de leur côté pu négocier des
contrats d’approvisionnement
à terme jusqu’en 2024, leur per-
Pour le canton, le passage ron 1,8 million de francs par fixe lui permet actuellement mettant d’éviter l’actuelle flam-
au marché libre en 2010 lui année, d’après Roland Godel, d’éviter les fluctuations tari- bée des prix. Au-delà, les deux
aurait permis de réaliser des porte-parole du Département faires, mais seulement jusqu’à régies publiques anticipent une
économies à hauteur d’envi- des infrastructures. Un contrat fin 2023. «Au-delà, il est dif- forte hausse.
ficile de faire des scénarios, Face à cette perspective, les
tant la situation est volatile et HUG soutiennent que la sortie
PRUDENCE VAUDOISE les perspectives incertaines», du régime régulé n’était «pas
poursuit Roland Godel. Et Mau- une erreur d’appréciation, car
Dans le canton de Vaud, la plupart des gros consommateurs s’en ro Poggia, président du Conseil cela a été bénéfique pendant de
sont tenus aux tarifs régulés depuis 2009. Pour la Ville de Lau- d’Etat, d’ajouter que «les coûts nombreuses années». Un avis
sanne, cela n’empêchera toutefois pas une augmentation considé- vont difficilement rebaisser» qu’Alberto Velasco ne partage
rable des tarifs en 2023. Xavier Company, conseiller municipal et d’ici aux prochaines négocia- pas: «Toutes ces institutions pu-
directeur des Services industriels lausannois (SIL), explique que tions de contrats. bliques auraient dû savoir que la
ceux-ci grimperont de l’ordre de 26 à 35%. Le Centre hospitalier société libérale est une société à
universitaire (CHUV), qui bénéficie également des tarifs régulés Régies publiques haut risque, et qu’un bien public
des SIL, subira tout aussi fortement cette augmentation «qui se concernées comme l’électricité est beaucoup
fera ressentir dès 2023 et se prolongera également en 2024», Hôpitaux universitaires de Ge- trop important pour être boursi-
indique Catherine Cossy, sa porte parole. SKN ET LVT nève, aéroport et transports coté sur des marchés dont le but
publics genevois ont aussi opté premier n’est que de générer des
pour le marché libre dès 2009. profits à court terme.» I

LA LIBÉRALISATION EN QUESTION Les explications

La flambée des prix sur le marché de
l’énergie pousse de nombreux acteurs
à remettre en cause le principe même
de libéralisation. «Tout comme l’eau,
l’électricité ne devrait jamais être
soumise aux lois du marché», affirme
Christian Brunier, directeur général
des Services industriels genevois (SIG).
Pour son homologue lausannois et
conseiller municipal Xavier Company,
«la Ville et les Services industriels ont
toujours été fortement et ouvertement
opposés à la libéralisation du mar-
ché de l’électricité, dont les prémices
initiées il y a quelques années en
montrent aujourd’hui l’aberration.»
Pour Eliott Romano, de l’Insti-
tut des sciences environnementales
de Genève, «il ne faut toutefois pas
oublier que depuis 2009, les grands
consommateurs qui s’approvision-
naient sur le marché libre ont bénéfi-
cié de conditions de fourniture parfois
plus avantageuses que celles des tarifs
régulés». Et d’ajouter qu’«en fonction
des volumes de production propres
de chaque Service industriel, ces der-
niers doivent également recourir au
marché pour s’approvisionner afin de
satisfaire la demande de leur client».
Pour pallier la hausse des prix,
une solution consisterait selon
lui à une meilleure redistribution
des profits: «Sachant que les pro-
ducteurs ont pu faire des résultats
exceptionnels depuis 2021 du fait
de la hausse des prix de marché, il
conviendrait d’instaurer un système
pour redistribuer une partie de ces
bénéfices aux consommateurs au-
jourd’hui impactés.» Il rappelle aus-
si que «lorsque les prix de marché
étaient au plus bas en 2015-2016,
les producteurs hydrauliques ont
obtenu le versement d’une prime
fédérale pour couvrir le différentiel
entre leurs coûts de production et les
prix de marché».
Il est difficile de prédire l’évolu-
tion de la conjoncture géopolitique,
mais la question reste de savoir com-
ment la Confédération et les cantons
pourraient éviter une telle situation
à l’avenir. «Les investissements mas-
sifs dans le solaire et dans l’énergie
éolienne sont indispensables», es-
time Elliot Romano, ajoutant qu’il
faudrait aussi améliorer la capacité
de stockage saisonnière de la Suisse
qui, en l’état actuel, ne pourrait
emmagasiner qu’une petite part du
surplus de production si les éner-
gies renouvelables venaient à se
développer. SKN ET LVT
de la Ville de Genève
La dérégulation n’est pas réputée pour être
une politique de gauche, et pourtant la déci-
sion semble avoir été prise par de nombreux
exécutifs communaux rose-vert. Selon Al-
fonso Gomez, conseiller administratif en Ville
de Genève, «les documents retrouvés laissent
croire que la Confédération a fait pression à
l’époque pour que les gros consommateurs
passent au marché libre». L’exécutif munici-
pal aurait alors «certainement décidé de le re-
joindre en se disant qu’il y serait contraint par
la suite». Contrairement a ce qui a été indiqué
par la direction générale des SIG, le magistrat
estime que «les contrats et les conventions de
l’époque n’indiquent pas clairement que cette
décision serait un voyage sans retour». LVT

4 VAUD
Superordinateurs restaurés
Patrimoine X Le Musée Bolo,
dédié à l’informatique, à la
culture numérique et aux jeux
vidéos, se lance dans la res-
tauration de deux superordi-
nateurs «Cray», les premiers
supercalculateurs de Suisse. Ils
doivent ensuite être exposés au
public au sein du musée héber-
gé sur le site de l’EPFL.
Ces deux superordinateurs,
datant des années 70-80, ont
été utilisés à l’époque par le
CERN à Genève et l’EPFL à Lau-
sanne. Ancêtres des micro-or-
dinateurs, ces «tout premiers
Le peuple vaudois doit se prononcer sur la création d’un Conseil de la magistrature
Une justice sous contrôle?
S CANTO
ON N monde de la culture, a annon-
TI
A
AL
VOT
ES
25 septembre
2022
JEAN-FRANÇOIS SCHWAB
Justice X Le peuple vaudois est
invité à se prononcer le 25 sep-
tembre sur la création d’un
Conseil de la magistrature. Ce
nouvel organe de surveillance
de la justice cantonale passe en
votation car il implique une mo-
dification partielle de la Consti-
tution. L’UDC et la gauche radi-
cale s’y opposent.
Ce scrutin est l’ultime étape
d’un laborieux processus enga-
gé dès 2012 et qui a mûri à par-
tir de 2015, fait de longues an-
nées de consultations et de trois
grands débats ce printemps au
Grand Conseil. Déjà en vigueur
dans les autres cantons ro-
mands, un tel Conseil suprême
et indépendant de la magistra-
ture est censé garantir la sépa-
ration des pouvoirs, en évitant
au maximum l’intrusion de la
politique dans la surveillance
de la justice.
Dans le canton de Vaud, il
avait en partie été réclamé à la
suite des tensions nées entre le
pouvoir judiciaire et le législatif
après l’assassinat de Marie près
de Payerne en mai 2013, dans
l’affaire dite «Claude D.»
Minirévolution
Après consultation auprès des
milieux concernés – autorités
judiciaires, pouvoir législatif, as-
sociations de juristes et avocats,
partis politiques, milieu aca-
démique –, le projet du Conseil
d’Etat a encore été revu et corri-
gé par les députés, tant en com-
mission qu’en plénum. Au vote
final le 31 mai, la création d’un
Conseil de la magistrature (CM)
a été approuvée par 87 voix pour
et 41 contre. Une minirévolution
en terres vaudoises.
Jusqu’au bout, l’U DC, la
gauche radicale, les Libres et
quelques voix PLR frondeuses
ont critiqué et refusé un tel or-
gane. Sa composition, sa lour-
deur, son coût, son rôle ainsi
que la perte de contrôle et de
compétence du Grand Conseil
ont donné lieu aux discussions
les plus intenses.
Globalement, les opposants
estiment que le système actuel
supercalculateurs de Suisse,
qui pèsent des tonnes, étaient
les plus rapides du monde à
l’époque», a écrit hier le Musée
Bolo dans un communiqué. Ils
rejoignent deux autres Cray,
déjà acquis par le musée. Ce-
lui-ci dit chercher «au moins
25 000 francs» pour assurer la
restauration de ces machines.
Le musée souhaite aussi pré-
senter une nouvelle exposition
temporaire, consacrée à l’his-
toire de ces superordinateurs et
de leur inventeur, l’Américain
Seymour Cray. ATS
Le Palais de justice de Montbenon. Un Conseil vaudois de la magistrature coûterait 350 000 francs par an, estime le Conseil d’Etat. KEYSTONE
fonctionne bien et que l’effica-
cité de la justice vaudoise est
reconnue. Autre argument: la
surveillance de la justice ne doit
pas être une sphère réservée
uniquement aux juristes. L’UDC
a déjà annoncé qu’elle mènera
campagne contre ce projet.
Les partisans du projet (PLR,
PS, Verts et Vert’libéraux) ont
mis en avant, eux, l’objectif de
faciliter et de simplifier le sys-
tème actuel, jugé peu transpa-
rent et trop complexe avec des
compétences enchevêtrées. Le
modèle adopté s’inspire en outre
largement de la pratique des
autres cantons.
Neuf membres
Les neuf membres du CM exer-
ceraient la surveillance admi-
nistrative et disciplinaire de
la justice vaudoise. Ils donne-
raient aussi un préavis au par-
lement lors de l’élection de juges
cantonaux, du procureur géné-
ral et de ses adjoints.
Diminuer la taille des logements
Energie X Si l’on veut réduire
l’impact environnemental des
bâtiments d’ici à 2050 en Suisse,
il faudra impérativement dimi-
nuer la taille des logements,
selon une étude de l’EPFL. Une
combinaison de mesures de la
part des locataires et des pro-
priétaires s’impose.
Dans sa thèse, Margarita
Agriantoni, du Laboratoire
d’économie urbaine et de l’envi-
ronnement, a simulé plusieurs
scénarios qui se déroulent sur
trente ans, entre 2020 et 2050.
«C’est un enjeu
majeur
sur le bon
fonctionnement
de la démocratie
de notre
canton»
Christelle Luisier
La Suisse, pays de locataires à
58%, a vu la surface habitable
moyenne de ses logements aug-
menter progressivement ces
dernières années. Il en va de
même pour la surface par per-
sonne en mètres carrés.
Cette dernière valeur est
directement liée à l’impact en-
vironnemental d’un bâtiment.
Aujourd’hui, un appartement
de 100  mèt res ca r rés pa r
exemple est construit et chauf-
fé de la même manière qu’il
soit habité par deux ou quatre
Jusqu’ici, cinq autorités de
surveillance et six organes par-
lementaires gardent un œil sur
la justice du canton. Avec ce
nouveau CM, le Grand Conseil
perdrait de ses compétences,
même s’il conserverait la haute
surveillance via sa commis-
sion thématique des affaires
juridiques.
La surveillance disciplinaire
de l’ensemble des magistrats
(juges de première et deuxième
instances ainsi que procureurs)
passe donc en revanche au CM,
tout comme la surveillance ad-
ministrative du Tribunal canto-
nal et du Ministère public.
Le conseil serait composé
de deux membres du Tribu-
nal cantonal, d’un magistrat
de première instance, de deux
membres du Ministère public,
d’un ancien bâtonnier des avo-
cats vaudois, d’un avocat et de
deux membres de la société ci-
vile. Ils seraient tous élus pour
cinq ans par le parlement et ré-
person nes, a i nd iqué h ier
l’Ecole polytechnique fédérale
de Lausanne (EPFL) dans un
communiqué. C’est donc cette
surface par personne que l’on
doit impérativement diminuer
à long terme pour obtenir des
logements plus écologiques. Or
aujourd’hui, c’est tout l’inverse
qui se produit, déplore Marga-
rita Agriantoni, citée dans le
communiqué.
Selon el le, «i l faut u ne
combinaison de mesures de
la part des locataires et des
éligibles une fois, parmi les can-
didats proposés par les autorités
ou institutions concernées.
Hier devant la presse, la
conseillère d’Etat chargée du
dossier, Christelle Luisier, a dé-
fendu le projet. «C’est un enjeu
majeur sur le bon fonctionne-
ment de la démocratie de notre
canton qui vise une séparation
des pouvoirs et une dépoliti-
sation de la justice», a-t-elle
avancé.
La ministre a aussi argué que
l’indépendance du Ministère pu-
blic par rapport au pouvoir exé-
cutif sera accrue et que l’aspect
politique de l’élection des magis-
trats sera atténué. Elle a évalué
le coût annuel d’un tel CM à
350 000 francs, en se basant sur
le budget d’autres cantons.
Si le peuple dit oui le 25 sep-
tembre, l’entrée en vigueur du
CM interviendra dès le 1er jan-
vier. En cas de refus, le projet
«tombera tout simplement à
l’eau», a dit Mme Luisier. ATS
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
propriétaires». Promouvoir la
conscience environnementale
des locataires est essentiel,
mais les propriétaires doivent
également changer leurs habi-
tudes de construction.
«Quelques mètres carrés de
moins suffisent à avoir un réel
impact écologique. De manière
plus globale, on doit repenser
notre système de valeurs qui
affirme encore aujourd’hui que
plus c’est grand, mieux c’est»,
conclut la spécialiste. 
ATS
Un journée
au musée pour
les élèves
Morges X Plus de mille élèves
morgiens passeront mardi une
journée entière dans les musées
et théâtre de la ville. L’objectif
consiste à les sensibiliser au
cé la Ville de Morges, parlant
d’une première dans le canton
de Vaud.
En tout, ce sont 1080 élèves
de 1P à 8P, issus de l’établisse-
ment scolaire Morges Est, qui
sont concernés. Chaque classe
suivra un parcours différent
avec une visite et une à deux
activités adaptées à sa tranche
d’âge.
Le Château de Morges, le Mu-
sée Paderewski, l’Expo Fonda-
tion Bolle, le Musée Alexis Forel,
la Maison du dessin de presse,
l’Espace 81 ou encore la Mai-
son de la rivière ouvriront leurs
portes aux élèves. Tout comme
les Théâtres de Beausobre et des
Trois p’tits tours.
«L’objectif est de permettre
à tous les enfants d’avoir un
accès à la culture et de stimu-
ler l’envie de pousser les portes
des lieux culturels en dehors
du cadre scolaire», poursuit le
communiqué.
Parrainé par la Ville de
Morges, le transporteur MBC et
l’Association scolaire intercom-
munale de Morges et environs,
cette sortie a été initiée par
Myriam Corthésy, directrice
de Morges Est, et d’Adélaïde
Zeyer, directrice du Château de
Morges et ses musées. ATS
LAUSANNE
BILAN DU PLAN CANICULE
Activé du 1er juin au 31 août,
le Plan canicule de la Ville de
Lausanne s’est matérialisé
avec environ 140 contacts té-
léphoniques et une vingtaine
de visites à domicile. Plus de
15 500 courriers ont aussi été
adressés aux personnes les
plus vulnérables. La Ville, qui
tire un bilan «positif» de cette
opération. ATS
ROUTES
DEMANDE DE CRÉDIT
Le Conseil d’Etat vaudois sou-
met au Grand Conseil une de-
mande de crédit d’étude de
395 000 francs pour la réha-
bilitation de deux tronçons de
1 km et 1,6 km entre Ollon et
Villars. Ils se situent sur la
route cantonale entre les ha-
meaux de Forchez et de
Huémoz. ATS
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
Le Grand Conseil s’est penché hier soir sur deux initiatives fiscales, dont une émanant de la gauche.
Aucune des deux n’a trouvé grâce aux yeux de la majorité parlementaire
L’initiative de la gauche chahutée
CHRISTIANE PASTEUR
Fiscalité X Le Grand Conseil
était saisi hier soir de deux ini-
tiatives fiscales, dont une éma-
nant de la gauche. Au terme
d’un débat souvent animé, au-
cun des deux textes n’a trouvé
grâce auprès d’une majorité de
parlementaires.
Le Grand Conseil n’a pas dé-
joué les pronostics. Après l’ini-
tiative «pour une contribution
temporaire de solidarité sur
les grandes fortunes», ce fut
au tour de son contre-projet,
concocté par le Conseil d’Etat,
d’être balayé par la droite. La
majorité rose-vert de l’exécutif
avait validé les fondamentaux
de l’initiative lancée par la
gauche et les syndicats deman-
dant une contribution de soli-
darité de 2,5‰ sur les fortunes
de plus de 3 millions de francs
afin de faire face aux effets de
la crise. Seule différence avec le
texte original: le Conseil d’Etat
suggérait une durée de cinq ans
au lieu de dix. Diminuant donc
de moitié les rentrées fiscales
escomptées: 200  millions de
francs à l’Etat et 50 millions aux
communes sur dix ans, selon les
chiffres de l’administration.
Scénario cousu
de fil blanc
Le thème était sensible, chaque
camp a déroulé sa partition
selon un scénario cousu de fil
blanc. Alexandre de Senarclens
a d’emblée évoqué «une catas-
trophe qui videra les caisses du
canton avec le départ des gros
contribuables» ainsi qu’une
«attaque en règle contre les en-
trepreneurs». «Comment une
ministre de l’Economie peut-
elle soutenir une initiative qui
va détruire nos emplois?» s’est
étranglé le député PLR. Son col-
lègue du Centre Xavier Magnin
a enchaîné: «Cette augmenta-
tion est massive pour 9% des
contribuables qui partiront sous
d’autres cieux.» Christo Ivanov
(UDC) a attaqué «les fossoyeurs
de l’économie genevoise».
En face, Pierre Eckert (Les
Vert·es) a parlé d’un «coup de
Une expérience d’habitat collectif menacée
Ville de Genève X Si leur re-
cours en justice est balayé, les
sept habitant·es d’une villa au
chemin de la Petite-Boissière
pourraient être évacués dès
le 31 décembre. Particularité:
leur bailleur n’est autre que la
Ville de Genève, ont-ils et elles
dénoncé hier. Pour les loca-
taires, qui s’acquittent d’un
loyer de 4500 francs par mois
hors charges, la situation est
«absurde» en l’absence d’un
plan localisé de quartier (PLQ).
La maison, propriété de la
Société privée de gérance, est
louée à la Ville, qui l’a sous-louée
en 2012 à d’ancien·nes squat-
teur·euses de la villa Freundler.
Cela «sans problèmes», a affir-
mé Gahla, résidente. Selon les
actuel·les habitant·es, depuis,
«les échanges avec la Ville ont
Sans surprise, les débats ont abouti à un clivage gauche-droite classique. KEYSTONE-A
LA BAISSE DE L’IMPÔT SUR LES VÉHICULES BOIT LA TASSE
Le Grand Conseil s’est opposé par 77 voix
contre 17 à une initiative de l’UDC visant à
diviser par deux l’impôt sur les véhicules.
Ce texte soutenu par le MCG avait été lancé
en réaction aux difficultés de se déplacer en
transports individuels au bout du lac, diffi-
cultés attribuées à la création de nouvelles
pistes cyclables. Le député MCG Sandro Pis-
tis a dénoncé «une fiscalité punitive» à l’en-
été f luides et cordiaux». Les
problèmes seraient survenus à
la nouvelle législature, en 2020.
«Nous avons cherché un inter-
locuteur durant une année,
sans succès, a déploré Anabelle.
La démarche s’est soldée par
la résiliation, sans même une
«Nous avons
discussion.» cherché
Motif principal invoqué par un interlocuteur
la Ville, d’après le collectif: un durant
certain nombre d’occupant·es
actuel·les ne sont pas signa- une année,
taires du bail originel, dont le
but serait de loger les ancien·nes
sans succès»
occupant·es de la villa Freun-
dler. Une multitude d’autres
prétextes, comme le mauvais
entretien du jardin, ont égale-
ment été mis en avant, selon ce
qui nous a été rapporté. A ces
arguments a été opposé le fait
contre des automobilistes qui ont toujours objectifs environnementaux du canton. Un
moins d’espace pour circuler. «C’est une contre-projet qui tiendrait compte de la puis-
des taxes auto les plus élevées de Suisse», sance, des émissions de CO2 et du poids des
a ajouté son camarade François Baertschi. véhicules est demandé par le Conseil d’Etat.
Un argument balayé par le conseiller d’Etat Les députés ont accepté par 68 voix contre 23
Serge Dal Busco: «On est exactement dans et 6 abstentions le principe d’un contre-pro-
la moyenne.» jet. Les débats se poursuivront en commis-
De manière générale, la gauche a fustigé une sion où l’initiative a été renvoyée.  rappelé que la minorité de droite
initiative «passéiste» qui va à l’encontre des
que le bail spécifiait clairement
le but associatif du modèle et
prônait un habitat participatif.
L’ancien magistrat Rémy Pa-
gani, venu en soutien, s’est dit
étonné «qu’un gouvernement
de gauche enclenche ce type de
procédure. Je n’en vois pas la
finalité».
C’est surtout au niveau de
la temporalité que se situe l’in-
compréhension. «Le PLQ n’est
pas entré en force. Une fois
partis, la maison restera vide
durant de longues années», a
souligné Gahla. Interpellé, le
Anabelle Département de l’aménage-
ment a précisé que le plan lo-
calisé avait été «approuvé par
le Conseil municipal en avril
2019». La Ville espère une adop-
tion au premier semestre 2023.
Ensuite, s’il entre en force, les
ATS
travaux pourraient débuter en
2026.
En attendant, «laissez-nous
payer», revendique une ban-
derole sur la façade. «On veut
continuer ce projet de vie col-
lective», a soutenu Charlotte.
Les membres du groupe ont
insisté sur la difficulté actuelle
de trouver une nouvelle maison
«avec nos profils». «On veut bien
partir, mais on doit pouvoir se
reloger ailleurs», a affirmé Joël.
Ils et elles ont assuré s’être en-
gagé·es à libérer les lieux pour
les travaux. Contactés afin de
justifier la rupture de bail, les
Département des finances et de
l’aménagement ont renvoyé au
Secrétariat général, qui a indi-
qué ne pas pouvoir répondre
dans les délais impartis.  associations. BPZ
MARIA PINEIRO
GENÈVE 5
pouce temporaire» qui «ne tou-
chera pas les épargnants ordi-
naires ni les propriétaires de
villas et les petites entreprises
familiales». L’initiative prévoit
en effet un triplement des dé-
ductions pour ne pas pénaliser
les petits propriétaires et les
artisans. Le canton de Genève
est celui qui connait les plus
grandes inégalités de fortune,
a insisté Jean Batou (Ensemble
à gauche).
«Qui a 3 millions
sur un compte
en banque?»
Sylvain Thévoz
Le socialiste Sylvain Thévoz,
a dénoncé le «récurrent chan-
tage à la fuite», un discours jugé
«éculé et dogmatique». «Qui a
3  millions sur un compte en
banque? Avec l’inflation et l’aug-
mentation du prix de l’énergie,
les gens sont dans l’angoisse
de ne pas pouvoir boucler leurs
fins de mois», a-t-il encore lan-
cé, avant de dénoncer, sous les
huées, le «clientélisme» et les
«gens qui font de l’argent avec de
l’argent» sur les bancs d’en face.
«Soutien à la classe
moyenne»
Le conseiller d’Etat Thierry
Apothéloz a appelé de ses vœux
un débat «de meilleure tenue»
en commission fiscale. Sur la
forme, il a rappelé que l’initia-
tive était conforme au droit. Sur
le fond, elle devrait soutenir la
classe moyenne et les finances
publiques impactées par le Co-
vid en permettant de «stabiliser
les comptes et l’endettement,
maintenir les prestations pu-
bliques dans l’éducation, la
santé et la sécurité, développer
des mesures notamment pour le
climat et soutenir la population
face à l’inflation».
Dernière à prendre la parole
sur le sujet, Nathalie Fontanet a
du Conseil d’Etat n’avait pas sou-
tenu le texte, sous les applaudis-
sements nourris de son camp. I
SALVADOR
PAROLES DE RÉSISTANCE
De la répression des gangs à
celle de l’ensemble de la
population pauvre et des
opposant·es politiques, le
Salvador s’enfonce depuis
trois ans dans un état d’ex-
ception permanent. La syndi-
caliste et avocate Sonia Urru-
tia exposera la situation com-
plexe traversée par son pays
depuis l’élection en 2019 du
président autoritaire et popu-
liste Nayib Bukele. La repré-
sentante du Bloc de résis-
tance et de rébellion popu-
laire (BRP) s’exprimera le
lundi 5 septembre à Genève,
à l’invitation de l’Association
de solidarité Nicaragua-El
Salvador et du Secrétariat
Amérique centrale, dès
18 h 30 à la Maison des

6 RÉGION
Aveugle de naissance, informaticienne, mère et championne de ski, Natacha de Montmollin
est la preuve que l’on peut tout faire sans la vue. Elle propose des ateliers pour «voir autrement»
Entendre et toucher l’invisible
JULIE JEANNET
Portrait X Natacha de Mont-
mollin touche le monde pour
qu’il lui apparaisse. Sa vision
se compose via l’épiderme. Le
jaune, c’est la chaleur du soleil
sur sa peau. Le vert, le chatouil-
lement de l’herbe sous ses or-
teils. En écoutant les paysages,
elle se crée des plans tactiles et
auditifs. Son regard bleu pastel
transperce mais elle ne verra
jamais le spectre des couleurs.
La Neuchâteloise est aveugle en
raison d’un manque d’oxygène
à la naissance.
Avec sa société, Step 2 Blind,
elle propose aux autres de «fer-
mer les yeux pour mieux regar-
der». Un moyen de partager sa
vision, qu’elle construit du bout
des doigts. Repas dans le noir,
balades, ateliers de cuisine ou
visites de musées les yeux ban-
dés. On peut tout faire sans voir
est son credo. Natacha de Mont-
mollin est informaticienne,
mère de trois enfants et multiple
championne de ski. Elle a no-
tamment remporté la médaille
d’or aux Jeux paralympiques
d’Alberville en 1992.
«Mon h istoi re est toute
simple, je veux juste vivre
comme tout le monde. J’ai été
la première élève aveugle à être
intégrée à une classe normale
en Suisse», relate cette bat-
tante. Elle hérite de la ténacité
de sa mère – qui n’a pas hésité
à déposer plusieurs recours au
Tribunal fédéral pour que sa
fille puisse bénéficier d’un ma-
tériel scolaire adapté. Depuis
bientôt cinquante  ans, cette
femme énergique tente de faire
sauter les préconceptions sur les
personnes non voyantes. Sur
sa chaîne Youtube, elle raconte
comment procéder pour faire
un feu, jouer aux échecs, utili-
ser un ordinateur, reconnaître
l’argent ou lire l’heure sans voir.
Et d’expliquer que son téléphone
lui lit les messages et les e-mails
et qu’il mentionne la lettre du
clavier sur laquelle elle appuie,
afin de composer les messages.
«Quand on ne veut pas suivre
les sentiers balisés, on se heurte
Assistant de sécurité licencié
pour des messages haineux
Genève X Le Tribunal fédéral
déboute un assistant de sécurité
publique genevois licencié après
avoir publié des messages hai-
neux sur Facebook. L’homme a
été engagé en mai 2011 par
l’Etat de Genève et affecté dès
décembre à la police internatio-
nale. En 2016, l’un de ses collè-
gues, d’origine tunisienne, s’est
plaint de son comportement au-
près de la hiérarchie.
Ces publications et com-
mentaires s’en prenaient aux
musulmans, aux gitans et
aux juifs. On pouvait y lire des
phrases telles que: «J’ai la so-
lution Kalachnikov très simple
et très efficace!!! (Gitans de m.)
Très belle journée!!!» L’intéres-
sé a contesté être l’auteur de ces
messages et avancé qu’un faux
Non voyante,
Natacha de
Montmollin
propose des
ateliers pour
développer la
richesse des
autres sens,
notamment
des repas dans
le noir mais
également des
balades
sensorielles,
des visites de
musées ou des
ateliers de
cuisine les
yeux bandés.
JJT
parfois à des gens sceptiques
qui ont peur qu’on leur donne
plus de travail, image-t-elle. J’ai
eu la chance de rencontrer les
bonnes personnes au bon mo-
ment. Les gens qui nous font
avancer sont parfois ceux qui
nous mettent des bâtons dans
les roues», glisse-t-elle dans un
sourire. La sportive se rappelle
d’un prof de gym qui ne voulait
pas d’handicapé·es dans la salle.
«Il m’envoyait faire de la corde à
sauter dans les vestiaires et me
donnait des punitions en classe,
alors que je faisais déjà du ski
en compétition à l’époque, se
remémore-t-elle. Je ne pouvais
compte à son nom avait été créé
afin de lui nuire.
Après appel, l’assistant de sé-
curité a été condamné en 2021
à une peine pécuniaire de 180
jours-amendes avec sursis pour
discrimination raciale par la
Cour de justice genevoise. Au-
paravant, il avait été licencié en
2019 «pour motif fondé, à savoir
l’inaptitude à remplir les exi-
gences de son poste».
Dans un arrêt publié hier, le
Tribunal fédéral rappelle que
le canton de Genève a fixé des
devoirs à l’endroit du personnel
de la fonction publique. Celui-ci
doit notamment s’abstenir de
tout ce qui peut porter préjudice
à l’Etat. Des règles précises ont
été aussi édictées concernant
l’usage des réseaux sociaux. ATS
«Les gens
qui nous font
avancer sont
parfois ceux
qui nous
mettent
des bâtons
dans les roues»
Natacha de Montmollin
PRIX DU POLAR
ALAIN BAGNOUD
RÉCOMPENSÉ
Alain Bagnoud est le lauréat
du Prix du polar romand
2022. L’écrivain valaiso-ge-
nevois est récompensé pour
son roman De la part du ven-
geur occulte, paru aux édi-
tions BSN Press. L’auteur de
63 ans a été préféré aux deux
autres finalistes, Marie-Chris-
tine Horn pour Dans l’étang
de feu et de soufre et Cathe-
rine Rolland avec Les Inexis-
tants. Son prix, doté de
3000 francs, lui a été remis
hier soir au Casino de Morges,
en lever de rideau du festival
Livre sur les quais. Le roman,
qui se déroule à Genève,
plonge le lecteur dans les mi-
lieux de la politique, de l’art
contemporain et des affaires.
ATS
pas trouver de meilleure moti-
vation que celle de lui prouver
que j’étais capable de gagner des
compétitions.»
Faire ses preuves
au quotidien
Les critiques les plus acerbes,
elle les a essuyées en devenant
mère. «Le plus dur c’était quand
les enfants étaient petits. Les
gens ne pouvaient pas imagi-
ner que je puisse m’en occuper
sans la vue. C’est fatiguant de
devoir prouver tous les jours ce
dont on est capable, sur le plan
professionnel ou familial. Grâce
à l’anticipation et beaucoup de
Du bon usages des cases jaunes
Genève X L’utilisation abusive
des cases de stationnement ré-
servées aux livraisons porte
préjudice aux professionnels.
Le Département genevois des
infrastructures (DI) est dé-
terminé à en restaurer le bon
usage. Une action de sensibili-
sation sera menée dès lundi par
le Service du stationnement de
la Fondation des parkings. Elle
sera suivie d’une intensification
des contrôles.
Les cases jaunes, dites «de
livraison», sont des emplace-
ments interdits au parcage, de
jour comme de nuit, ont rappe-
lé hier le canton et la Fondation
des parkings dans un commu-
niqué. Destinées prioritaire-
ment aux professionnels, elles
permettent l’arrêt de véhicules
pour charger, décharger des
concentration, je m’en suis tou-
jours sortie.»
Elle apprend par cœur la
configuration des places de jeux
et fait en sorte que ses enfants
restent dans son champ d’audi-
tion. «Même quand on ne ran-
geait pas notre chambre, elle le
savait toujours», rapporte Mé-
line, qui a aujourd’hui 18 ans,
dans un sourire. Sa maman
pratique et enseigne l’écholo-
calisation. «Quand un son ar-
rive contre un objet, il revient
sous forme d’information», dé-
taille-t-elle. Grâce au bruit, elle
comprend à quelle distance se
trouve un objet et quelle est sa
marchandises ou laisser mon-
ter et descendre des passagers.
S’il n’est pas permis d’y
stationner, une tolérance de
vingt minutes était jusqu’à pré-
sent appliquée par les services
de contrôle du stationnement.
Force est toutefois de constater
que ces cases ne sont pas utili-
sées à bon escient et sont sou-
vent occupées par des véhicules
privés pendant une longue
durée.
Aussi, les tolérances sur ces
cases seront modifiées et les
contrôles renforcés, dès le 10
octobre.
Pour les véhicules de profes-
sionnels, la durée d’arrêt tolérée
reste de vingt minutes au maxi-
mum, au-delà desquelles l’utili-
sateur s’expose à une verbalisa-
tion. Cette durée peut être dou-
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
forme. Une technique que son
entreprise transmet aussi dans
le cadre d’ateliers. «Les gens
arrivent en peu de temps à sa-
voir par exemple dans un cou-
loir si les portes sont ouvertes
ou fermées. C’est un moyen de
développer de nouvelles com-
pétences. C’est utile au quo-
tidien, nous avons ainsi plus
d’informations.»
Fermer les yeux pour
mieux regarder
C’est justement sa vision à por-
tée de tympans et de doigts que
l’entrepreneure cherche à trans-
mettre via Step2Blind. «Ce n’est
pas juste se mettre dans la peau
d’un·e aveugle mais de parta-
ger la richesse des autres sens
avec les voyant·es», explique-t-
elle. «Dans une société où l’on
court tout le temps, lorsque les
gens ont les yeux bandés, ils
ralentissent, communiquent
et collaborent différemment»,
témoigne-t-elle. Sans la vue,
certains a priori s’effacent, ac-
corder sa confiance devient
nécessaire.
Step2Blind propose des ate-
liers dans les entreprises pour
consolider le travail d’équipe,
intervient dans les écoles ou
dans le cadre de manifestations.
Une balade sensorielle aura lieu
samedi à Chambrelien (NE)
dans le cadre des 111 ans de la
Fédération suisse des aveugles,
si la météo est clémente.
En fermant les yeux, les
portes d’un autre monde s’en-
trouvrent. Lors d’un repas dans
le noir, un homme lui confie
qu’il a eu un échange très in-
tense comme il en a rarement
avec un autre participant. Alors
que s’il avait vu sa tête, jamais
il ne se serait assis à côté de lui.
Natacha de Montmollin relate
aussi sur son site internet, le
commentaire d’une adolescente
rencontrée dans une école:
«Avec vous, on n’a pas besoin
d’avoir des complexes. On peut
être moche ou boutonneux,
vous ne nous regarderez pas de
travers.» I
Dates des événements sur
www.step2blind.ch
blée après accord avec l’agent
en charge du contrôle, en cas
de chargement/déchargement
de marchandises conséquent.
Pour les privés en revanche,
seul le chargement/décharge-
ment de marchandises ou l’em-
barquement/débarquement de
passagers est autorisé sur ces
emplacements. Tout particu-
lier qui ne démontre pas qu’une
telle activité est en cours est
susceptible d’être amendé selon
les règles suivantes: 40 francs
pour un stationnement jusqu’à
2 heures, 60 francs entre 2 et 4
heures, et 100 francs au-delà de
4 heures.
Ce renforcement des
contrôles sera précédé, durant
tout le mois de septembre, d’une
campagne de sensibilisation sur
le terrain. ATS
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022 SUISSE 7

Violence entre bandes rivales GENÈVE L’Helvète se sent patraque

Neuchâtel X L’agression sur-
venue mardi au Locle devant
une école professionnelle, où un
jeune homme a été légèrement
blessé au visage et à une main
par un objet tranchant, est liée
à un contentieux entre deux
bandes. «Un des auteurs a été
identifié et arrêté, tandis que
plusieurs personnes ont été ap-
préhendées», a indiqué hier la
police neuchâteloise.
Une altercation s’est produite
mardi vers midi entre cinq per-
sonnes et un étudiant âgé d’une
vingtaine d’années, domicilié
dans le canton de Berne. Si les
faits se sont produits devant et à
l’intérieur d’un bâtiment du
Centre professionnel neuchâte-
lois, l’institution et ses élèves ne
sont pas concernés par le phé-
nomène des bandes, a précisé la
police. Cette dernière a ajouté
que ces «violences émanent
d’un nombre restreint d’indivi-
dus, pour la plupart désocialisés
et souvent imperméables aux
mesures d’insertion». Des inter-
dictions de périmètre seront
édictées.
L’activité des bandes a connu
des épisodes intenses ces trois
dernières années. Le 26 sep-
tembre 2021, une altercation
entre deux bandes rivales, l’une
neuchâteloise, l’autre de Bienne
et Fribourg, avait fait un mort et
un blessé grave à Lausanne. Un
jeune Loclois de 20 ans avait
perdu la vie. ATS
DISPARUS DANS L’ARVE
Une femme de 29 ans a dis-
paru dans l’Arve hier aux
alentours de 11 h à la hau-
teur de la station de pompage
de Vessy (GE). Un homme,
non encore identifié, lui aurait
prêté secours, disparaissant
lui-aussi dans la rivière. ATS
TERRORISME
DEUX HOMMES ARRÊTÉS
Deux hommes ont été arrêtés
et quatre perquisitions ont été
menées dans les cantons de
Genève et Vaud. Les prévenus
sont soupçonnés de participa-
tion ou soutien à l’Etat isla-
mique, selon le Ministère pu-
blic de la Confédération. ATS
Sondage X Les gens se sentent
en moins bonne santé que pen-
dant la pandémie.
Le bien-être des Suisses a souf-
fert ces deux dernières années.
Selon une étude publiée hier,
35% des adultes se sentent dé-
sormais en mauvaise santé ou
malades. Ce taux est plus élevé
qu’au plus fort de la pandémie
de coronavirus.
Les effets de la crise sanitaire
se font toujours plus sentir, se-
lon la troisième étude de l’insti-
tut de recherche Sotomo. Alors
qu’en 2020, 22% des personnes
interrogées disaient ne pas se
sentir complètement en forme
ou même malades, elles étaient
27% en 2021 et 35% lors du der-
nier sondage en juin dernier.
Les chercheurs parlent d’une
«nation souffrante». La pandé-
mie est aujourd’hui moins au
centre de l’attention, alors que
la perception de la santé est
moins bonne qu’avant.
«La pandémie est passée d’un
événement aigu et visible à un
fardeau chronique et insidieux
pour la santé publique», selon
l’étude. Pour près de 5% des son-
dés, une infection au Covid-19 a
été la pire expérience de mala-
die de leur vie. Lors des deux
études précédentes, ces pour-
centages s’élevaient respective-
ment à 0,3% et 1,8%.
La peur des pandémies en
général a également augmenté
depuis l’apparition du corona-
virus. Alors qu’en 2020, 38%
des personnes i nter rogées
considéraient une pandémie
comme un danger durable pour
la santé, elles sont désormais
52%. Le Covid long est en outre
pris beaucoup plus au sérieux,
44% des sondés jugeant qu’il est
sous-estimé.
La pandémie semble avoir da-
vantage sensibilisé la popula-
tion aux maladies et à leurs
conséquences. Par rapport aux
années précédentes, moins de
gens pensent que l’on va trop
vite chez le médecin. ATS

Les contributions entre cantons pour les étudiants «exilés» sont diminuées. Des mesures pourraient suivre

Rentrée morose pour certaines Unis

ARIANE GIGON, ZURICH
Solidarité X Au moins huit
cantons universitaires tirent la
langue cette année. En cause:
les contributions intercanto-
nales versées pour compenser
les coûts des étudiants venant
d’autres cantons diminuent, en
moyenne suisse, de 4%. C’est
une conséquence du nouvel Ac-
cord intercantonal universi-
taire (AIU) entré en vigueur au
début de l’année.
Pour l’Université de Zurich,
la plus grande de Suisse (près
de 26 000 des 127 000 imma-
triculations pour tout le pays),
la diminution de revenus s’élè-
vera à 3,5 millions de francs
par  année. Près de 12 000
personnes viennent d’autres
cantons, dont 2400 d’Argovie,
qui n’a pas d’université. Or ce
canton, comme tous les autres,
paye désormais moins pour la
compensation de ses étudiants
«exilés».
Fin du bonus «migratoire»
La baisse générale des contribu-
tions n’était pourtant pas l’ob-
jectif premier de la révision du
précédent accord, qui datait de
1997. Il s’agissait surtout de
supprimer le rabais dit «migra-
toire» accordé à six cantons
pour compenser le fait que leurs
étudiants ne revenaient pas
après avoir obtenu leur diplôme.
Trois avaient droit à une réduc-
tion de 10% (JU, VS et UR), trois
autres de 5% (GL, GR, TI).
Des études menées au milieu
des années 2010 avaient toute-
fois montré que la plupart des
cantons subissent ce phéno-
mène, et pas seulement les six
bénéficiaires. De plus, la Péré-
quation financière et réparti-
tion des tâches entre la Confédé-
ration et les cantons (RPT)
contient aussi des compensa-
tions dans ce domaine.
Couverture trop élevée
La baisse générale des tarifs
(voir ci-contre) suit une autre
logique, rappelle Francis Kaeser,
responsable des finances de la
Conférence suisse des direc-
teurs cantonaux de l’instruc-
tion publique (CDIP). «Les tarifs
de 1997 n’étaient pas basés sur
les coûts réels, explique-t-il.
Avec l’augmentation du nombre
Les universités suisses vont devoir sortir leur calculette face à la baisse de la contribution pour les «exilés». KEYSTONE-ARCHIVES
d’étudiants au fil des années, le
taux de couverture des coûts n’a
cessé d’augmenter, dépassant
même 90% en 2021. De ce fait,
les cantons universitaires rece-
vaient légèrement trop. Le nou-
vel AIU corrige cela en visant
un taux de couverture de 85%.»
Pour assurer une transition en
douceur, l’augmentation sera
progressive.
En fin de compte, en juin
2019, seuls les cantons de Fri-
bourg, Genève, Neuchâtel et
Vaud ont rejeté le nouvel ac-
cord, les deux Bâle s’abstenant.
La ratification est en souffrance
dans les cantons du Jura et de
Neuchâtel, mais prévue ces pro-
chains mois.
Des factures alourdies
Le Grand Conseil fribourgeois
l’a ratifié au printemps (La Liber-
té du 26 mars 2022), sans ca-
cher sa colère. Le législatif a
ensuite demandé au Conseil
d’Etat de compenser la perte
provoquée par l’AIU (1,33 mil-
lion à payer, au lieu d’un gain
positif de 1 million de francs).
Pour le canton du Jura, dont
environ 700 jeunes étudient à
l’extérieur, la facture s’alourdit
malgré la baisse des tarifs,
puisque le rabais migratoire dis-
paraît. La hausse est estimée à
5%, précise Marie-Christine Sa-
ner, du Département de la for-
mation, de la culture et des
sports.
Dans le canton de Neuchâtel,
dont l’université accueille
quelque 1800 étudiants d’autres
cantons, le nouvel accord indui-
ra une perte estimée à quelque
400 000 francs. Le solde reste
toutefois positif puisque le
nombre de Neuchâtelois étu-
diant à l’extérieur, un millier
environ, est plus faible. «Avec la
700 000  francs en 2022, de
1,4 million en 2023, 2,1 mio en
2024 et 2,8 mio ensuite», in-
dique Géraldine Falbriard,
porte-parole de l’UNIL.
Quel impact?
REPÈRES Pour des universités qui doivent
X ÉTUDIANTS financer de nouvelles branches
D’AILLEURS et de nouveaux champs de re-
Quelque 60% cherche, tout en faisant face à la
des accrédita- concurrence en Suisse mais
tions à l’Uni de
Fribourg sont le aussi avec des institutions à
fait de personnes l’étranger, ces baisses de reve-
d’autres cantons. nus ne passent pas comme une
Cette proportion lettre à la poste. D’après les esti-
est de mations établies par la CDIP
48% à Zurich,
42% à Berne, en 2019, huit cantons «y per-
38% à Bâle daient». Leur nombre pourrait,
et 30% à en réalité, être plus grand, Vaud
Lausanne. n’ayant pas été compté dans
X TARIFS cette liste.
Les cantons
paient les tarifs
suivants,
par étudiant
et par année:
Sciences
humaines:
9720 francs au
lieu de 10 600.
Sciences exactes
et médecine
(deux premières
années):
23 350 francs au
lieu de 25 700.
Formations
cliniques en
médecine:
«L’Université de
46 700 francs,
au lieu de
Lausanne devra
51 400. certainement
renoncer
à des projets»
Géraldine Falbriard
«L’Unil devra certainement
renoncer à certains projets,
mais elle n’augmentera pas la
taxe pour les étudiants», ras-
péréquation financière entre la sure Géraldine Falbriard. Du
Confédération et les cantons, côté de l’Université de Zurich, la
notre canton touche entre porte-parole Melanie Nyfeler
200 et 300 millions de francs. Il précise que «les pertes de reve-
faut s’en souvenir quand on nus de l’AIU ne peuvent pas
évoque une perte hypothétique être compensées par d’autres
de 400 000 francs due à l’AIU», sources de revenus, pour le mo-
souligne Jérôme Amez-Droz, se- ment. D’autres mesures, no-
crétaire général du Départe- tamment au détriment de l’en-
ment de la formation, de la digi- s ei g ne me nt , dev r ont êt r e
talisation et des sports. prises.»
L’Université de Lausanne «Cet accord est indispensable
(Unil) a aussi fait ses calculs: à la libre circulation des étu-
«Etant donné la progression diants dans notre pays, conclut,
prévue, et avec un nombre de son côté, Jérôme Amez-Droz.
d’étudiants constant, nous pré- Il contribue aussi à la richesse
voyons une diminution de de la Suisse.» I

8 INTERNATIONAL
Les motos doivent payer pour se garer
Paris X Dans les rues de la
capitale française, motos et
scooters paient désormais leur
stationnement.
Après avoir tant espéré que la
Ville de Paris fasse machine ar-
rière, les utilisateurs des deux-
roues motorisés sont tenus,
depuis hier, de payer leur sta-
tionnement dans la capitale. La
mesure est difficile à digérer
pour les motards.
Désormais, pour garer son
deux-roues motorisé dans les
rues de Paris, il faut s’acquitter
TENSIONS
POUTINE À KALININGRAD
Le président russe Vladimir
Poutine s’est rendu hier à Kali-
ningrad. Cette enclave russe,
coincée entre des pays membres
de l’Otan, est au cœur des ten-
sions entre Moscou et les pays
occidentaux autour du conflit en
Ukraine. ATS
Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont pu atteindre le site de Zaporijia
Visite à la centrale sous haute tension
NELLY DIDELOT
Guerre en Ukraine X Les 4x4
blancs des Nations Unies sont en-
fin arrivés à la centrale nucléaire
de Zaporijia hier après-midi, près
de six mois après que l’armée
russe s’en est emparée. A leur
bord, 14 inspecteurs de l’Agence
internationale de l’énergie ato-
mique (AIEA) engoncés dans
des gilets pare-balles flambant
neufs. Après des semaines de
négociations pour obtenir un ac-
cès aux installations nucléaires,
situées à quelques kilomètres de
la ligne de front et régulièrement
bombardées, ils ont débuté leur
tournée pour estimer l’état de
la centrale, la plus puissante
d’Europe.
Un des réacteurs à l’arrêt
Su r ses si x réacteu rs de
1000 mégawatts, seuls deux
fonctionnent encore régulière-
ment. La semaine dernière, ils
se sont arrêtés à deux heures
d’intervalle après de nouveaux
bombardements et le déclen-
chement du système de sécurité
d’urgence. Pour la première fois
de son histoire, la centrale a été
déconnectée du réseau, faisant
craindre le pire.
Les hommes de l’AIEA vont
tâcher d’estimer les dégâts. Leur
trajet vers Enerhodar, la petite
ville où sont situées les installa-
tions nucléaires, leur a donné un
avant-goût de la complexité et de
la dangerosité de la situation. Le
convoi a été contraint de s’ar-
rêter au check-point ukrainien
de Novooleksandrivka quelques
kilomètres avant le front, quand
les abords de la route menant à
Enerhodar ont été bombardés.
«L’activité militaire s’est intensi-
fiée dans cette zone. Après être
arrivés jusqu’ici, nous ne nous
arrêterons pas», a indiqué le chef
de l’AIEA, Rafael Grossi, avant
de repartir.
de trois euros, dans le centre de
la capitale, et de deux euros
dans les arrondissements exté-
rieurs, s’il s’agit d’un véhicule
thermique.
Les résidents peuvent eux
bénéficier d’un tarif préféren-
tiel: la carte annuelle vaut
22,50 euros, auxquels s’ajoute
0,75 euro par jour de stationne-
ment. Un pass professionnel est
aussi proposé et la gratuité est
appliquée pour les deux-roues
motorisés (2RM) électriques et
pour les 2RM handicap.
VIOL
ELLE ACCUSE UN TALIBAN
Une jeune afghane a affirmé,
dans une vidéo postée sur les
réseaux sociaux, qu’un haut res-
ponsable taliban l’a battue, vio-
lée et épousée de force. Des ac-
cusations démenties par le
membre du régime islamiste
fondamentaliste. ATS
Il a fallu des semaines de négociations pour que l’AIEA obtienne un accès aux installations nucléaires. KEYSTONE
Des tirs nourris d’artillerie,
dont témoignent plusieurs
vidéos, ont aussi ébranlé En-
erhodar ce matin. Côté russe,
on affirme avoir repoussé une
tentative ukrainienne de s’em-
parer de la centrale. Les récits
évoquent une opération com-
mando menée par 60 hommes
qui auraient tenté de traverser
le Dniepr, qui coule au bord de
la centrale, en hors-bord, ou
une opération amphibie. Au-
cune preuve n’a été avancée
et le timing de cette hypothé-
tique action la rend difficile-
ment crédible.
Mais pour tous, il est obliga-
toire de s’enregistrer sur un
site en ligne, ouvert fin juin.
Mardi, quelque 10 250 de-
mandes avaient été accordées,
selon la mairie.
«Il faut sortir de cette exemp-
tion dont ont bénéficié finale-
ment les scooters et les motos.
C’est une mesure difficile, qui
demande un effort significatif
mais qui est essentielle, pour
(…) la lutte contre les pollu-
tions», rappelle l’adjoint écolo-
giste en charge des mobilités à
Paris, David Belliard.
VACCINS
FEU VERT EN EUROPE
Le régulateur européen des mé-
dicaments a approuvé les pre-
miers vaccins de Pfizer/BioN-
Tech et de Moderna contre le
Covid-19, adaptés au variant
Omicron. Ils pourraient être utili-
sés en vue d’une campagne de
rappel cet hiver. ATS
«J’ai vu
les principales
choses que
j’avais besoin
de voir» Rafael Grossi
Christophe (qui ne souhaite
pas donner son nom) a profité
des dernières heures de gratui-
té. Mécontent mais résigné, ce
banlieusard qui vit au sud de
Paris, a pour habitude de venir
avec son deux-roues sur son
lieu de travail, dans le centre de
la capitale. A partir de mainte-
nant, «ce sera un maximum de
télétravail pour ne plus venir à
Paris», dit-il. «Cette mesure a
un coût prohibitif. La journée,
c’est au minimum 40  euros
quand on est non-résident.
C’est pas viable». ATS/AFP
MONDE
244 MILLIONS PRIVÉS D’ÉCOLE
244 millions d’enfants ne vont
toujours pas à l’école dans le
monde. Ce chiffre, bien qu’en
baisse constante depuis plus
de vingt ans, reste préoccu-
pant, a fait savoir l’Unesco
hier, jour de rentrée scolaire en
France. ATS
Côté ukrainien, les services
de renseignement évoquent des
frappes au mortier et des tirs
d’hélicoptères d’attaque menés
par l’armée russe contre une
ville dont elle a pourtant le
contrôle. En bombardant Ene-
rhodar, les Russes cherchent à
inciter l’AIEA à «créer l’image
que le Kremlin souhaite», celle
d’installations atomiques ci-
blées par l’armée ukrainienne,
estime le renseignement.
La conséquence de ces nou-
velles frappes a été immédiate.
Le réacteur numéro 5 a de
nouveau été mis à l’arrêt par
LA LIBERTÉ | VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
Varsovie veut être indemnisée
2e guerre mondiale X La Po-
logne a estimé hier le coût fi-
nancier des pertes de la Se-
conde Guerre mondiale à mille
trois cents milliards d’euros
(1271 milliards de francs). Le
président du parti au pouvoir a
déclaré qu’il allait «demander à
l’Allemagne de négocier ces
réparations».
Des réclamations rejetées
quelques heures plus tard par le
gouvernement allemand qui a
estimé que la question des répa-
rations polonaises est «close».
Le chiffre de 6,2 trillions de zlo-
tys a été communiqué lors d’une
LAC TCHAD
TUÉS PAR BOKO HARAM
Des djihadistes du groupe Boko
Haram ont tué des pêcheurs ni-
gérians et en ont kidnappé
d’autres sur la rive nigérienne du
lac Tchad. Le nord-est du Nigeria
est confronté à une insurrection
djihadiste qui a fait plus de
40 000 morts depuis 2009. ATS
l’enclenchement du système de
sécurité d’urgence. La dernière
ligne électrique qui mène à la
centrale a été endommagée et
les générateurs lancés pour
compenser. Seul le sixième ré-
acteur est toujours en fonction.
Que verront exactement les
inspecteurs de l’AIEA de tout
cela? Les circonstances de leur
mission demeurent floues. Hier
matin, les services de renseigne-
ment du Ministère ukrainien
de la défense s’inquiétaient que
tous les employés de la centrale
ne soient pas autorisés à être
présents pour la visite. «Le site
LE COURRIER
conférence consacrée à la pré-
sentation d’un rapport sur les
pertes de la Pologne lors de la
Deuxième guerre mondiale.
Sur ce total «une partie très
importante est la compensation
pour la mort de plus de 5,2 mil-
lions de citoyens polonais», a
souligné Jaroslaw Kaczynski,
chef du parti Droit et Justice au
pouvoi r. Selon le rappor t,
2,1 millions de citoyens polo-
nais ont été déportés pour tra-
vaux en Allemagne na zie.
Chaque travailleur a travaillé
en moyenne deux ans et neuf
mois. ATS/AFP
TIGRÉ
OFFENSIVE CONJOINTE
Les autorités de la région re-
belle du Tigré ont accusé hier
les armées éthiopienne et éry-
thréenne d’avoir lancé une of-
fensive «conjointe» depuis l’Ery-
thrée. Celle-ci aurait déclenché
«une guerre totale» dans le nord
de l’Ethiopie. ATS
est dans une situation critique,
car les occupants n’autorisent
pas certains employés, notam-
ment responsables de la sécurité
incendie, à y entrer», notent-ils
dans un communiqué de presse.
Visite prolongée
«Nous avons pu rassembler
beaucoup d’informations. J’ai vu
les principales choses que j’avais
besoin de voir», a rassuré Rafael
Grossi après une visite d’environ
trois heures. «Nous avons vu le
travail dévoué du personnel et
de l’encadrement. En dépit de
circonstances très, très difficiles,
ils continuent de travailler avec
professionnalisme.»
Dans une vidéo filmée par
un média russe loyal au pou-
voir, deux hommes de l’agence
contournent des véhicules
militaires barrés du sigle Z
installés dans la centrale,
confirmant les rapports des
services de renseignement oc-
cidentaux et ukrainiens qui
considèrent qu’elle est utilisée
par les Russes comme un site
militaire. Plusieurs représen-
tants de l’AIEA devraient pou-
voir rester plusieurs jours sur
le site. La date du 3 septembre a
été avancée par Rafael Grossi,
qui espère négocier une pré-
sence permanente de l’agence
à Enerhodar.
En attendant un rapport
plus complet de l’AIEA, Mos-
cou continue à faire planer
des menaces voilées sur la cen-
trale. «L’Union européenne doit
prendre ces jours-ci une déci-
sion importante: délivrer, ou
non, des visas aux Russes. Mais
les radiations n’ont pas besoin
de visa pour traverser les fron-
tières. Si quelque chose arrive
à Zaporijia, il ne sera plus ques-
tion de visas, de passeports ou
de frontières», a lâché hier Ma-
ria Zakharova, la porte-parole
du Ministère des affaires étran-
gères russe. © LIBÉRATION
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022 INTERNATIONAL 9

Le rapport de dernière minute de l’ONU confirme officiellement les persécutions contre les Ouïgours

Des crimes reconnus par l’ONU

THIERRY JACOLET

Chine X «Crimes contre l’hu-

manité», «tortures», «stérili-
sations et avortements forcés»,
«détentions arbitraires»: l’ONU
met officiellement des mots sur
les persécutions menées par
la Chine à l’encontre des mi-
norités musulmanes et turco-
phones du Xinjiang. Dans un
rapport longtemps attendu, le
Haut- Commissariat de l’ONU
aux droits de l’homme (OHCHR)
dresse un réquisitoire accablant.
Publ ié mercred i soi r, i l
confirme ce que les ONG, les
chercheurs et autres acteurs
de la société civile s’évertuent à
dénoncer depuis 2017: les Ouï-
gours, mais aussi les minorités
kazakhes, kirghizes et tadjikes
principalement sont victimes
d’une politique d’arrestations et
d’incarcérations systématiques,
d’assimilation et d’exploitation
à grande échelle.
«Surpris en bien»
«Il fallait que l’ONU se pro-
nonce pour donner une vision
officielle et qu’il n’y ait pas
seulement le point de vue de la
société civile», salue Michael
Ineichen, chargé de plaidoyer
chez Amnesty International
Suisse. «L’OHCHR reste une
voix crédible en matière des
droits humains, même s’il y a
eu des retards dans la publi-
cation. Nous sommes surpris
en bien car nous n’y croyions
plus.» Mieux vaut tard que
jamais.
Maintes fois reporté, ce rap-
port dormait dans les tiroirs
du bureau de Michelle Bache-
let, commissaire aux droits
de l’homme, alors qu’il devait
être finalisé en automne 2021.
Vivement critiquée pour avoir
constamment épargné la Chine
– malgré les nombreuses révé-
lations depuis 2017 –, elle a
attendu le dernier jour de son
mandat de quatre ans pour
se débarrasser de la patate
chaude.
Une machine à broyer
Au g ra nd soulagement du
Conseil mondial des Ouïgours,
à Munich. «Le contenu du rap-
port prouve la gravité de la si-
tuation», apprécie Zumretay Ar-
kin, responsable du plaidoyer au
sein de la faîtière. «Il est solide
et couvre une myriade de viola-
tions des droits de l’homme sur-
venant au Turkestan oriental
(autre nom du Xinjiang, ndlr).
Il ne fait toutefois que reprendre
les mêmes points que les experts
de l’ONU ont soulevés depuis de
nombreuses années.»
Pas de révélation, mais une
description détaillée de la terri-
fiante machine à broyer chinoise
en terres ouïgoures, sur la base
de documents officiels, des ré-
sultats des recherches d’ONG,
de journalistes, de chercheurs,
des témoignages, des images
satellites… A commencer par
le système carcéral alimenté
par des arrestations massives
sous couvert de lutte contre le
terrorisme.
Si 1 à 1,8 million d’Ouïgours
et de membres d’autres minori-
tés musulmanes ont été parqués
d’après les récentes études, le
rapport de 46 pages ne corro-
bore pas ces chiffres. Il évoque
un «schéma de détention arbi-
traire à grande échelle» au Xin-
jiang «au moins de 2017 à 2019»
dans des établissements sécu-
risés. Ce que Pékin a toujours
présenté comme des «centres
de formation professionnelle»
destinés à déradicaliser les ha-
bitants. Si la Chine certifie qu’ils
ont été fermés, l’ONU estime
«qu’il y a eu une évolution vers
des incarcérations formelles»
afin de continuer à maintenir
en détention un certain nombre
de personnes.
«Le rapport
est solide
et couvre
une myriade
de violations
des droits
de l’homme»
Zumretay Arkin
La réduction des naissances
par la stérilisation forcée no-
tamment est un autre rouage
essentiel dans ce système totali-
taire: le taux de natalité s’est ef-
fondré dans la région dès 2017.
Pour l’ONU, les témoignages de
première main de femmes sont
jugés crédibles. Parmi les autres
ressorts de cette politique de la
terreur institutionnalisée: la
criminalisation des activités
liées à la religion, la torture, le
système de surveillance orwel-
lien, les disparitions forcées ou
la séparation des familles.
Un langage prudent
En revanche, le document de
l’ONU reste plus prudent sur le
nouveau rouage révélé ces der-
nières années: le travail forcé
dont profitent les entreprises
occidentales. Certains éléments
des programmes d’emploi au
Xinjiang «semblent» présenter
des «éléments de coercition» et
nécessitent des «clarifications»
de la part de Pékin.
Autre bémol: l’ONU hésite à
ranger les politiques d’assimi-
lation, d’exploitation et d’inter-
nement massif des minorités
turcophones au Xinjiang dans
la catégorie des crimes contre
l’humanité. «L’ampleur de la
détention arbitraire et discri-
minatoire de membres des
Ouïgours et d’autres groupes
à prédominance musulmane
(…) peut constituer des crimes
internationaux, en particulier
des crimes contre l’humanité»,
nuancent les conclusions du
rapport que Pékin a qualifié de
«farce».
Enquêtes à prolonger
Elles laissent Zumretay Arkin
sur sa faim: «Nous nous atten-
dions à un langage plus fort
dans le rapport, et à voir des
«crimes contre l’humanité»,
et non des «crimes possibles
contre l’humanité», ce qui est
plus faible qu’espéré». La qua-
lification de crimes contre l’hu-
manité a pourtant été retenue
par nombre de juristes jusque-
là. «Même s’il y a des critiques
fortes à l’égard de Pékin dans
le rapport, l’ONU n’a pas pris
de risque avec le langage juri-
dique», souligne Hanna Bur-
dorf, doctorante en études
ouïgoures à l’Université de New-
castle. «Elle n’a pas condamné
la Chine ni évoqué la création
de tribunal.» Autant dire qu’il
n’y a aucune trace du mot «gé-
nocide», alors que plusieurs
pays ont porté cette accusation
comme le Gouvernement amé-
Une
manifestation
appelant
à boycotter
les Jeux
Olympiques
d’hiver de
2022 à Pékin
en début
d’année
à Bruxelles:
désormais,
il n’y a pas
que les ONG
qui dénoncent
la situation
au Xinjiang.
KEYSTONE
ricain ou l’Assemblée nationale
française.
Le rapport porte le tampon du
bureau des droits de l’homme de
l’ONU. Essentiel pour amplifier
la résonance des accusations
contre Pékin. «Ce document
crédible peut être utilisé pour
faire pression sur la Chine et in-
citer les gouvernements, les en-
treprises mondiales et d’autres
acteurs à agir», espère Zumre-
tay Arkin. «C’est important, car
nous sommes enfin entendus.»
Il sera présenté au Conseil des
droits de l’homme en priorité,
comme base de discussion en
vue de futures mesures.
L’heure des comptes a-t-elle
sonné? Pour Amnesty Interna-
tional, le Conseil des droits de
l’homme de l’ONU doit en profi-
ter pour lancer une investigation
exhaustive sur les crimes com-
mis par Pékin. «C’est le bon mo-
ment pour que l’OHCHR mette
en place un mécanisme indépen-
dant international afin de docu-
menter et d’enquêter plus à fond
sur ce qui se passe au Xinjiang»,
appuie Michael Ineichen. I

«LA SUISSE DOIT REPRENDRE LES SANCTIONS»

L’ONU a appelé la communauté interna-
tionale à agir. La Suisse fera-t-elle sa
part? «La Confédération pourrait déjà
commencer par reprendre les sanctions
de l’UE contre les dirigeants chinois et
certains dirigeants d’entreprises direc-
tement impliqués dans les crimes au
Xinjiang», suggère le conseiller national
vert Nicolas Walder. Une question qui
doit être discutée «avec toute l’attention
qu’elle mérite», relève Fabian Maien-
fisch, porte-parole du Secrétariat d’Etat
à l’économie (Seco). «Le Conseil fédéral
n’a pas encore pris de décision à ce su-
jet, mais il est profondément préoccupé
COMMENTAIRE
par les rapports faisant état de graves
violations des droits de l’homme en
Chine.» Mettre la Chine devant ses responsabilités
Autre moyen de pression défendu à
Il était moins une pour Michelle destinées à torpiller, sinon discréditer encourager la communauté interna-
gauche: la suspension de l’accord de
Bachelet. La controversée commis- le rapport. Si l’ancienne présidente tionale à rebondir au plus vite sur
libre-échange de la Suisse avec la Chine
saire aux droits de l’homme a fait pu- chilienne redore un peu son image, cette reconnaissance inédite des
tant que la situation ne s’améliore pas au
blier le rapport sur les crimes commis son bilan restera entaché par son persécutions au Xinjiang pour lancer
Xinjiang. «La Suisse importe des pro-
par Pékin contre les Ouïgours et les «silence» au sujet de la politique de d'autres enquêtes afin de mesurer
duits hors taxes issus de camps de travail
autres minorités au Xinjiang à treize la terreur menée par la Chine envers l’ampleur des crimes et mettre la
de cette région», déplore-t-il. «Il ne faut
minutes de la fin de son mandat. Ul- les minorités. La visite alibi au Xin- Chine devant ses responsabilités.
pas avoir peur de la Chine. Des actions
time pirouette qui lui permet de tenir jiang en mai dernier avait compromis Elle a beau réfuter toutes les accusa-
sont prises dans la plupart des pays dé-
ses engagements, tout en s’épar- un peu plus sa crédibilité. Le docu- tions, la réalité des crimes est désor-
mocratiques, comme la Grande-Bre-
gnant d’assurer un pénible service ment choc publié in extremis mercre- mais établie. Encore faut-il pouvoir
tagne. Et Pékin n’a pas pris de sanctions
après-vente. Ce qui en dit long sur di ne permettra pas de rattraper rendre la justice à laquelle ont droit
commerciales contre Londres.» TJ
les pressions insupportables de Pékin le temps perdu. Il doit en revanche les Ouïgours. THIERRY JACOLET
 LE COURRIER
10 INTERNATIONAL VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022

Les Californien·nes sont prié·es par les autorités de ne pas charger leurs voitures électriques

Un réseau électrique à bout de souffle

Californie X Les Californiens
ont été sommés de ne pas char-
ger leurs voitures électriques.
Ce afin de ne pas accabler da-
vantage un réseau d’électricité
vieillissant, mis sous tension
par une redoutable vague de
chaleur.
La semaine dernière, l’Etat
avait annoncé bannir la vente
de voitures neuves à essence
à partir de 2035. Des tempé-
ratures atteignant 44 degrés
étaient attendues dans la ban-
lieue de Los Angeles, au mo-
ment où un dôme de chaleur
surplombe l’Ouest américain.
La météo étouffante devrait
mettre sous pression un réseau
électrique déjà très sollicité, no-
tamment pendant les heures
les plus chaudes, quand les
systèmes de climatisation – in-
contournables aux Etats-Unis –
fonctionnent à plein régime.
Sujet sensible
«L es consom mateu rs sont
priés de réduire leur utilisa-
tion d’énergie entre 16h et 21h,
quand le système est le plus sous
tension, car la demande reste
élevée et qu’il y a moins d’éner-
gie solaire disponible», a déclaré
l’American Public Power Asso-
La Californie
a annoncé
la semaine
passée bannir
la vente de
voitures
neuves à
essence à
partir de 2035.
KEYSTONE
ciation, organisme qui repré-
sente les services publics.
Les trois principales mesures
recommandées: régler le ther-
mostat à 25 °C, éviter d’utiliser
les gros appareils et de charger
les véhicules électriques, et
éteindre les lumières inutiles, a
précisé l’organisme. L’électricité
est un sujet sensible pour l’Etat,
dont les infrastructures sont
vétustes.
Les entreprises d’électricité
demandent régulièrement aux
foyers de limiter leur consomma-
tion pendant certaines heures,
quand les panneaux solaires
cessent de produire de l’électri-
cité alors que la demande reste
élevée, en raison de la chaleur.
Mais l’appel à ne pas charger
sa voiture électrique a été large-
ment moqué sur les réseaux so-
ciaux, au moment où l’Etat met
en avant ce type de véhicules.
«La Californie vient de rendre
obligatoires les véhicules élec-
triques ET demande aux habi-
tants de ne pas les charger entre
16h et 21h?» a ironisé le séna-
teur républicain Tom Cotton
sur Twitter.
Le 25 août, les autorités ca-
liforniennes avaient annoncé
que les voitures neuves vendues
devraient être à «zéro émission»
polluante à partir de 2035 au
plus tard. La décision avait été
perçue comme un tournant
pour l’industrie des voitures
électriques, la Californie repré-
sentant un marché important
pour l’automobile et pouvant
influencer les normes natio-
nales ou internationales.
Alerte «chaleur
excessive»
Le Service météorologique
américain (NWS) a publié une
alerte «chaleur excessive» pour
la majorité de la Californie ain-
si que dans certaines parties de
l’Arizona et du Nevada. «Des
températu res da ngereuse -
ment chaudes sont attendues»
jusqu’à dimanche soir, a préve-
nu le service météo, mettant en
garde contre les risques sani-
taires posés par la canicule.
«Ceux qui n’ont pas accès
à un système de climatisation
adéquat et fiable et à une source
d’hydratation sont les plus à
risque, mais une grande partie
de la population est susceptible
d’en subir les effets.» La nuit
n’apportera que peu de répit,
les températures ne passant pas
sous la barre des 26 °C dans de
nombreux endroits.
Dans le sud de la Californie,
les vagues de chaleur ne sont
pas inhabituelles en septembre,
mais un mercure au-dessus de
37 °C est considéré très chaud,
même pour une région réputée
pour son ensoleillement qua-
si permanent. Cette vague de
chaleur intervient alors que des
pans entiers du sud-ouest du
pays ont récemment été frappés
par des orages d’une rare inten-
sité et des pluies torrentielles.
La désertique vallée de la
Mort a été inondée, et une per-
sonne est décédée après avoir été
entraînée vendredi par une crue
dans le parc national de Zion, en
Utah, célèbre pour ses falaises de
roche rouge et ses canyons.
Les scientifiques mettent en
garde depuis des années sur
l’impact du réchauffement cli-
matique, provoqué notamment
par le recours aux énergies fos-
siles et l’émission de gaz à effet de
serre, et qui apparaît désormais
au grand jour pour des millions
de personnes. Les vagues de
chaleur sont de plus en plus ex-
trêmes, tandis que des tempêtes
qui étaient auparavant des phé-
nomènes météo rarissimes de-
viennent plus intenses et plus
fréquentes. ATS/AFP

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Chères lectrices, chers lecteurs,

Régulièrement, je reçois des lettres de femmes. Elles me disent à
quel point elles sont épuisées d’avoir jonglé pendant des décen-
AU
DÉMANTÈLEMENT
DE L’AVS
nies entre leur travail et la garde de leurs enfants. Elles m’écrivent
qu’elles ont peur de la retraite car leur rente ne suffira pas pour
aller à la piscine avec leurs petits-enfants. Pour elles, et pour toutes
les autres femmes, je m’engage avec conviction pour un « non » aux
deux projets de loi sur l’AVS.
Les femmes devront désormais travailler plus longtemps, cotiser
le 25 septembre
plus et recevoir une année de retraite en moins. Cela signifie pour
chaque femme une perte de rente d’environ 26’000 francs. Pour-
tant, la retraite pose déjà des problèmes existentiels à nombre
d’entre elles. Les femmes ont des rentes inférieures de près de
40 % à celles des hommes, car elles gagnent moins et s’occupent
davantage du ménage et de la famille. Il est simplement injuste de
les pénaliser davantage !
Parallèlement, le projet AVS prévoit également une augmentation
de la TVA. Et ce, dans une situation économique où le pouvoir
d’achat des gens est déjà fortement sous pression. Résultat : nous
C h aq u e
payerons toutes et tous plus pour moins d’AVS !
Les sondages montrent que la votation sera serrée. D’où mon
appel : votez aujourd’hui ! Rappelez à toutes les personnes de votre voix
ménage de voter. Ensemble, nous pouvons empêcher ce déman-
tèlement.
co m p t e !
Un grand merci pour votre engagement

Mattea Meyer, coprésidente du PS Suisse

pssuisse.ch/avs
Compte pour les dons IBAN : CH25 0900 0000 3052 0786 8
RELIGIONS Un prêtre partage son HISTOIRE VIVANTE Il y a 500 ans, leMAG Collaborative et inclusive,
parcours de croyant et d’homosexuel à les rescapés de l’expédition de Magellan la documenta 15 à Kassel navigue dans
l’occasion d’une soirée œcuménique. 12 bouclaient leur tour du monde. 17 les marges du système de l’art. 23

SOLIDARITÉ
WEEK-END CULTURE
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
11

Retraitée d’une fédération syndicale internationale depuis peu, Suzanna Miller continue sa bataille
pour l’organisation des travailleur·euses et le respect de leurs droits dans le monde

Œuvrer à fédérer le travail

CHRISTOPHE KOESSLER
Portraits (V) X Suzanna Mil-
ler a la solidarité chevillée au
corps. «Si ce n’est pas nous, qui?,
nous dit le titre d’un ouvrage
récent1. C’est comme ça que je
me sens. On ne peut pas se repo-
ser et attendre que d’autres
agissent pour nous. On doit
faire partie du mouvement»,
confie la syndicaliste qui vient
de prendre sa retraite à la fin de
l’année dernière. A 64 ans, pas
question de tout arrêter pour
elle qui a œuvré ardemment ces
trente dernières années au sein
de plusieurs fédérations syndi-
cales internationales actives
dans la solidarité avec les tra-
vailleuses et travailleurs des
pays du Sud.
Sous le seul patronage d’un
cèdre du Liban séculaire qui
jouxte son coloré appartement
versoisien invitant au voyage, la
douce polyglotte a accepté – un
peu à contrecœur, humilité
oblige, mais avec le sourire – de
nous entretenir de son parcours
et de son regard sur la coopéra-
tion. Née aux Philippines en
1957, d’un père suisse et d’une
mère philippino-espagnole eux-
mêmes élevés dans ce pays, Su-
zanna Miller ne rejoint la
Suisse, en bateau, qu’à l’âge de
12 ans. L’intégration ne se passe
pas sans heurts: «Les enfants du
quartier se montraient plutôt
moqueurs à notre égard, nous
qui ne parlions pas français. A
l’école, un enseignant avait at-
taché la main gauche de ma pe-
tite sœur derrière son dos pour
lui apprendre à écrire de la
main droite, elle qui est gau-
chère», se souvient-elle.
Contestation globale
à Genève
Rebelle invétérée, rétive à toute
forme d’injustice et d’autorita-
risme, elle quitte la maison fa-
miliale à l’âge de 16 ans et étu-
die à «l’école autogérée»2 de
Genève, un collège alternatif.
Pendant ses études universi-
taires – en sémiologie, linguis-
tique, littérature hispano-amé-
ricaine et anthropologie –, elle
se lance corps et âme dans le
mouvement squat genevois qui
prend son essor dans le quartier
des Grottes: «Il s’agissait à la fois
de revendiquer des logements
pour les étudiants et les jeunes,
mais aussi de sauver ce quartier
populaire et vivant menacé de
démolition, et de créer et de
vivre ensemble une culture al-
Les yeux de Suzanna Miller s’illuminent à l’évocation des batailles menées par les fédérations syndicales internationales. CÉDRIC VINCENSINI
ternative», rappelle-t-elle, avant
d’aller mettre à l’abri sa batterie
de bicyclette électrique mena-
cée par la pluie.
Au- delà de ces objectifs
concrets, on était en présence
d’un mouvement global de
contestation, dont Genève a été
l’un des épicentres: «Nous re-
vendiquions le droit de vivre
différemment et en collectivité.
Le quartier avait mis sur pied
u ne c rè che, de s sa l le s de
concert, des épiceries, un centre
pour les femmes, brutalement
fermé par la police. Nous cher-
chions des alternatives à l’ordre
établi et à l’égoïsme helvétique.
Nous étions une jeunesse, très
nombreuse et organisée, qui ne
voulait pas d’une Genève des
banques des assurances, des
militaires et des flics.» La créa-
tion de l’Usine, le sauvetage des
Bains des Pâquis et la conquête
des coopératives et associations
de l’Îlot 13 figurent parmi les
résultats de ces mobilisations.
Modifier les rapports
de pouvoir
A cette époque Suzanna Miller
voyage aussi beaucoup en Amé-
rique latine – Bolivie, Pérou et
Equateur – et elle œuvre active-
ment à Genève au sein de plu-
sieurs comités de solidarité avec
le continent. «La fin des années
1970 et le début des années
1980 étaient très violentes. On
voyait des tanks à La Paz et à
Lima et une misère noire dans
les bidonvilles de carton-paille
écrasés de chaleur que nous tra-
versions», se souvient-elle. Son
approche de la coopération est
horizontale, politique et mu-
tuelle. «L’écrivain uruguayen
Eduardo Galeano l’a bien for-
mulé: la charité se pratique de
haut en bas, humilie celui qui la
reçoit et n’altère pas les rela-
tions de pouvoir alors que la so-
lidarité est horizontale et vise
un changement structurel.»
Son action à elle passe par
exemple tout autant par l’achat
d’uniformes scolaires pour que
«La solidarité
est horizontale
et vise un
changement
structurel»
Suzanna Miller
les enfants boliviens puissent
aller à l’école que par la dénon-
ciation de la violence d’Etat en
Colombie avec les familles des
disparu·es politiques. Soutien
matériel, appui organisation-
nel, relais auprès des Nations
unies, traductions, les formes de
la coopération sont multiples.
«Améliorer leur situation enri-
chit aussi la nôtre. Nous appre-
nons tellement par exemple de
la manière dont les Latino-Amé-
ricains prennent soin les uns
des autres.»
Rétrospectivement, ces lon-
gues années d’engagement en
faveur de l’Amérique latine ont-
elles fait une différence? «On
aimerait toujours contribuer
davantage. Mais je ne regrette
pas un seul instant d’y avoir mis
tout mon cœur. Avec le soutien
de notre comité, ma sœur Vicky
et son compagnon ont créé les
premiers collectifs organisés de
travailleuses domestiques en
Bolivie, qui ont ensuite essaimé
dans tout le pays et se sont fédé-
rés. En 2006, l’une de ces em-
ployées de maison, Casimira
Rodríguez, est devenue la mi-
nistre de la Justice du gouverne-
ment d’Evo Morales. Puis, en
2019, l’Organisation internatio-
nale du travail (OIT) a enfin
adopté la Convention 189 proté-
geant les travailleuses et tra-
vailleurs domestiques», raconte
Suzanna Miller parmi d’autres
exemples d’évolutions positives.
Syndicats mondiaux
C’est donc assez naturellement
que la militante pentalingue
prend sa place dans les fédéra-
tions syndicales internationales
au début des années 1990. Des
structures méconnues qui es-
saient de contrebalancer la
mondialisation du capital. Su-
zanna Miller est d’abord enga-
gée à la Fédération des travail-
leurs des plantations, avant
d’intégrer celle du bâtiment et
du bois, puis celle des métallur-
gistes. Cette dernière fusionne-
ra avec la Fédération des tra-
vailleurs des mines, de la chimie
et de l’énergie et celle des tex-
tiles, de l’habillement et du cuir
pour former en 2012 Industriall
Global Union. Basée à Genève,
elle représente 50 millions de
travailleurs et travailleuses de
17 secteurs dans 140 pays.
«C’est assez enivrant de s’expri-
mer à l’OIT au leur nom»,
s’émeut-elle aujourd’hui. La
syndicaliste a surtout pour
tâche d’élaborer des projets de
manière participative avec des
syndicats du Sud, programmes
surtout financés par des organi-
sations des pays scandinaves.
Tant pour renforcer leurs capa-
cités et leur base militante que
pour mener des luttes efficaces.
«Il s’agit de les aider à se déve-
lopper, de les mettre en réseau et
de leur permettre de prendre
leur place sur le plan internatio-
nal, explique-t-elle. Je n’étais
pas souvent à Genève.»
Retenir les victoires
Les fédérations négocient aussi
des «accords-cadre mondiaux»
contraignants par lesquels les
multinationales s’engagent à
respecter les droits fondamen-
taux du travail partout dans
le monde. Ces syndicalistes
sans frontières soutiennent
également avec succès des
luttes concrètes sur le terrain,
comme celle des ouvrières et
ouvriers de Sandak/Bata li-
cencié·es au Mexique à la fin
des années 2010 et celle des
travailleur·euses informel·les
des chantiers navals de démo-
lition en Inde. «Grâce à des
plaintes que nous avons dépo-
sées à l’OIT, dénonçant publi-
quement le régime corrompu
de ‘contrats de protection’ au
Mexique, une entente vénale
entre le parti au pouvoir, les
gouvernements locaux et les
syndicats corrompus qui empê-
chait tout lutte syndicale, nous
avons contribuer à obtenir une
avancée majeure. Le nouveau
gouvernement a élaboré une
réforme de la loi du travail qui
permet désormais la libre syn-
dicalisation de tous les travail-
leurs au Mexique.» Les yeux de
Suzanna Miller s’illuminent
à l’évocation de ces batailles:
«En Colombie, un jeune diri-
geant d’un syndicat affilié à
Industriall vient d’être nommé
vice-ministre du Travail par
le nouveau gouvernement de
Gustavo Petro, c’est extraordi-
naire!»
Retraite militante
Véritable passion pour elle, son
travail, mené tambour battant
ces dernières années, ne s’est pas
arrêté avec l’arrivée de la re-
traite. Elle contribue bénévole-
ment à un vaste projet de forma-
tion gratuite en ligne pour aider
les syndicats à recruter de nou-
veaux membres et à encadrer et
à stimuler les militant·es sur le
terrain. Ce programme nova-
teur, Organising for power, mis
sur pied par la fondation alle-
mande Rosa Luxembourg, est
extrêmement prometteur selon
elle: «En Tanzanie, un syndicat
affilié nous a dit que grâce à ces
cours il a réussi à conquérir
10 000 membres en l’espace
d’un an seulement. Cela me
donne une telle joie d’entendre
ça», s’enthousiasme-t-elle, avant
de nous bombarder de conseils
de lecture sur ces thématiques.
Si Industriall a perdu une syndi-
caliste redoutable à la fin de l’an-
née dernière, les syndicats du
Sud ont gagné une militante
expérimentée et motivée. I
1
If not Us Who? Un ouvrage collectif en
anglais (2021) sous la direction de
Dario Azzelini, qui traite de l’engagement
des travailleurs et des syndicats partout
dans le monde pour la démocratie face
au retour à l’autoritarisme, édition
Fondation Rosa Luxembourg.
www.rosalux.de/en/publication/
id/44046/if-not-us-who
2
Créé en 1976 dans la mouvance de
1968, l’«école autogérée» ou le «collège
autogéré», de son nom officiel la
Mutuelle d’études secondaires, est un
établissement privé qui prépare des
étudiants au bac international.
SÉRIE D’ÉTÉ – PORTRAITS
Elles et ils ambitionnent de
changer le monde. Littéralement,
puisque ces militant·es, bien
qu’ancré·es en Suisse romande,
consacrent leur énergie à créer
d’autres rapports entre les peuples,
à diffuser la solidarité par-delà les
frontières. Souvent méconnu·es sur
leurs terres, ces internationalistes
sont les héroïnes et les héros de
notre série d’été. CO
12 RELIGIONS LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
WEEK-END

Pour aider à faire évoluer la situation des personnes LGBTIQ en Eglise, un prêtre partage son parcours
de croyant et d’homosexuel à l’occasion d’une soirée œcuménique

«La vérité vous rendra libre»

DOMINIQUE HARTMANN

Genève X Concilier homosexualité

et engagement dans l’Eglise catho-
lique, est-ce possible aujourd’hui?
Christophe* en est convaincu. Et son
parcours de prêtre le démontre. A
condition toutefois «de ne pas faire
d’histoires». Il participait hier à une
rencontre coorganisée par l’Antenne
LGBTIQ protestante et la Pastorale des
familles de l’Eglise catholique romaine
de Genève. La soirée était  intitulée
«Prêtre, gay et heureux!» «J’ai peut-être
encore besoin de m’en convaincre»,
commente Christophe.
Ce prêtre en paroisse reconnu par
ses pairs a aussi choisi de garder l’ano-
nymat: «Certains paroissiens sont plus
exclusifs que d’autres.» Dans l’espace
public, la discrétion reste de mise aussi
– comme pour les prêtres hétérosexuels
ne respectant pas strictement leur vo-
cation de célibat. «Mon évêque ne sou-
haite pas que je devienne le ‘curé des
homos’», ajoute-t-il dans un sourire. Il
a toujours été transparent vis-à-vis de
ses supérieurs. Ce qui lui a aussi valu
des réactions violentes. «Pour certains,
elles peuvent constituer un tsunami…»

La confession pour parloir

On devine que son parcours n’a pas
été sans heurts. Comment concilier
vocation religieuse et respect de soi
quand une part vitale de ce «soi» est
encore honnie dans de trop nombreux
cercles catholiques et par l’institution?
La salutaire capacité d’adhésion à lui-
même, Christophe la doit notamment
à sa formation ignatienne: «Dans la
logique d’Ignace de Loyola, il est im-
possible de ne pas se dire à soi-même.
La spiritualité jésuite, qui prône une
pleine acceptation de l’autre et de ses
différences, a été déterminante dans
son parcours de libération puisqu’il
pourra, apprenti prêtre, évoquer
ouvertement son homosexualité avec
ses formateurs.» Dans un séminaire
diocésain, comment est-ce vécu? Le
seul espace est souvent la confession:
«La sexualité y est presque toujours au
centre, observe le prêtre, mais ce lieu
n’est absolument pas approprié pour
évoquer de telles questions qui ne se
résolvent pas à coup de Pater noster.»
A tel point que Christophe confie à
d’autres confrères «plus adéquats» de
proposer ce sacrement. Lui-même opte,
le cas échéant, pour un accompagne-
ment sur la durée.
Il finira pourtant par quitter le
service de prêtre actif, confronté à la
difficulté de cacher la belle évidence
d’un amour partagé. Il s’engage avec
son ami, pointe au chômage, en-
dosse un nouveau métier. Mais la
relation s’achève, Christophe est tou-
jours prêtre, de cœur et d’âme. A son
«Le vrai problème remonte à la conception de la sexualité que l’Eglise défend toujours. Elle est fondamentalement hétérosexuelle et procréatrice, même s’il y a eu quelques
progrès sur ce dernier point», explique Christophe*, prêtre et gay. KEYSTONE
étonnement, son retour dans l’Eglise
est salué: «Bienvenue, on a besoin de
gens comme toi.» Il sera pourtant outé
en pleine séance de travail par un col-
lègue. «Un mal pour un bien, au final»,
sourit Christophe, qui y gagne un peu
plus de liberté.
Espoirs de changement
Mais pourquoi choisir aujourd’hui
d’évoquer plus ouvertement son homo-
sexualité alors qu’il a vécu toute une
vie de prêtre harmonieuse sans (trop)
se cacher? Peut-être parce que Chris-
tophe a chevillée au corps cette convic-
tion biblique: «La vérité vous rendra
libre.» Peut-être surtout parce qu’il
constate la difficulté de l’Eglise institu-
tionnelle à évoluer sur ces questions.
L’accueil inconditionnel que promet
celle-ci reste limité aux relations in-
terpersonnelles. Les gestes liturgiques
bénissant les unions homosexuelles,
par exemple, ne sont pas même envi-
sagés. Christophe renchérit: «On en
est officiellement encore bien loin. Le
vrai problème remonte à la conception
de la sexualité que l’Eglise défend tou-
jours. Elle est fondamentalement hé-
térosexuelle et procréatrice, même s’il
y a eu quelques progrès sur ce dernier
point.» Concernant l’homosexualité,
hommes et femmes continuent à être
identifiés à leurs actes – répréhensibles.
Il en résulte une culture du secret qui
a d’ailleurs pu aider à ne pas dénoncer
des auteurs d’abus, comme le pointait
en 2019 Sodoma, le livre du journaliste
Frédéric Martel.
«Le pape s’est donné trois missions
ém i nem ment i mpor ta nt e s ma i s
pas celle-ci, regrette Christophe. Il
se concentre sur l’assainissement
des finances vaticanes, la réforme
de la Curie et l’amélioration du
rôle des laïcs, hommes et femmes,
dans l’Eglise. Ce dernier point, du
moins, pourrait contribuer à faire
avancer formellement la question
de la sexualité.» Au niveau pastoral
local, en revanche, des paroisses
innovent, comme en Autriche, en
Suisse ou en Italie, et mettent en
place des bénédictions pour couples
homosexuels. Des antennes d’Eglise
pour personnes concernées LGBT ont
été ouvertes. Il rappelle aussi l’action
– saluée par le pape – du prêtre jésuite
James Martin qui accueille explici-
tement les gays et lesbiennes en pa-
roisse, comme le font aussi d’autres mi-
nistres d’Eglise, prêtres ou religieuses.
«Nous avons changé d’époque, évalue
Christophe. Les révélations d’abus
auront au moins permis, dans l’Eglise,
de faire la part de la pédophilie et celle
de la sexualité adulte.»
En Suisse romande
Qu’en est-il en terres romandes? Au
niveau du diocèse, une pastorale
LGBTIQ a failli voir le jour avec la
bénédiction de Mgr Morerod. Sur les
quatre cantons du diocèses, deux sont
entrés en matière, Vaud et Genève,
ce qui a donné lieu notamment à la
rencontre de jeudi. Engagé dans un can-
ton voisin il y a quelques années, Chris-
tophe crée avec un collègue laïc et gay
un espace de retrouvailles, d’échanges
et de discussions pour les agents et
agentes pastorales LGBT. Le groupe
se réunit dans les locaux paroissiaux:
«Symboliquement, c’était reconnaître
ce groupe au même titre que tous les
autres.» Il le nomme Charamsa, du
nom du prêtre polonais qui décida à la
veille du synode sur la famille de 2015
de quitter publiquement la prêtrise pour
vivre sa relation amoureuse au grand
jour1.
L’espoir du changement, pour
Christophe, vient beaucoup des jeunes
engagés en paroisse. Il cite cette jeune
fille de 14 ans, servante de messe, qui
considérait comme urgent de «dégen-
rer les ministères» dans l’Eglise. «Leur
langage et leur convictions sont aux
antipodes de ce que l’Eglise a connu
jusqu’ici.» Plus globalement, Christophe
observe que les femmes comme les
personnes homosexuelles, victimes du
système patriarcal de l’Eglise, voient
aujourd’hui leur statut évoluer. A
Genève, la représentante de l’évêque est
une femme laïque. Christophe parie sur
un «signe analogue pour les gays. Mais
à quand et lequel?» I
*prénom d’emprunt
1
Krzysztof Charamsa sera par la suite démis de
ses fonctions auprès du Saint-Siège et interdit de
célébrer la messe.

L’Eglise réclame justice aux multinationales

Droits humains X L’Eglise
catholique d’Afrique du Sud ré-
clame justice pour les victimes
des abus des puissantes multi-
nationales dans le pays.
Il s’agit d’anciens ouvriers
qui travaillaient dans des
mines d’or et de charbon et
qui souffrent maintenant de
diverses maladies en lien avec
leur activité. «Lorsque les mul-
tinationales et les entreprises
nationales décident de donner
la priorité au profit, plutôt qu’à
la dignité humaine, ce sont les
plus pauvres des pauvres qui
sont le plus affecté», a rappelé
le Père Muyebe, directeur de
la Commission justice et paix
(CJP) de la Conférence des
évêques catholiques d’Afrique
du Sud (SACBC). Il a ajouté que
certains mineurs d’Afrique du
Sud ont des taux parmi les plus
élevés de maladies pulmonaires
au monde. Dans une déclara-
tion intitulée Nous sommes aux
côtés des pauvres, lorsque les mul-
tinationales violent leurs droits
humains, publiée le 23 août
Plus de 300
familles ont
perdu des
proches
2022, le directeur de la CJP, le
Père Stan Muyebe, a indiqué
qu’en 2017 et 2018, plus de 300
familles ont perdu des proches.
Différentes interventions
en justice ont déjà été menées
par la Commission. En 2019,
la CJP et le Denis Hurley Peace
Institute (DHPI), une fondation
de soutien aux personnes en
situation de conflit, ont mené
une médiation entre des an-
ciens mineurs atteints de sili-
cose et leur ancien employeur.
La médiation était importante
pour favoriser une décision de
la Haute Cour de justice qui
devait approuver ou non un ac-
cord de règlement se montant à
4 milliards de rands (229 mil-
lions de francs suisses). Ce n’est
pas la première fois que l’Eglise
catholique sud-africaine prend
fait et cause pour les travailleurs
pauvres. En 2017, plus de 1000
personnes sont tombées ma-
lades après avoir consommé de
la viande infectée par la listeria.
La majorité des victimes étaient
pauvres, et cette viande un ali-
ment abordable. CATH.CH
SUR NOTRE SITE
LE COE VEUT-IL GARDER
MOSCOU ET SÉDUIRE
L’UKRAINE ?
Alors que la 11e Assemblée
du Conseil œcuménique des
Eglises (COE) se tient à Karls-
ruhe, la présence des repré-
sentants de l’Eglise orthodoxe
russe aux côtés de la déléga-
tion ukrainienne interroge.
Lire l’article de Protestinfo.
CO
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
SWISS CHAMBER CONCERTS 13
PARTENARIAT

www.swisschamberconcerts.ch
VOXMUSICA 22 23 |

Cher Public,

La voix, source de toute musique, fait onduler l’air, bouger

les corps, danser nos cellules. Elle appartient à la multitude
des vibrations qui inondent tous les niveaux de l’univers.
La grande inspiration et expiration qui la sous-tend nous
ramène à nos origines, au souffle qui a enfanté la nature et
pénètre notre intimité par-delà toute pensée et parole.

Chaque voix est reconnaissable entre toutes et celles qui

composent notre saison VOXMUSICA sont parmi les plus
étincelantes, tranchantes et singulières du moment. Nous
sommes fiers de les accueillir année après année, fiers
qu’elles participent à nos concerts multiformes qui allient
beauté et découverte, plaisir et connaissance, avec l’ardente
implication de nouvelles générations d’interprètes.

Pour qu’une voix soit entendue toutefois, il en faut une autre

qui fasse silence et écoute. Et il faut que cette voix – en
apparence muette – devienne un véritable partenaire le
temps du concert. Dans ce moment de partage, aussi
éphémère que merveilleux, toutes ces voix intérieures se
rejoignent soudain en un grand chœur vibrant et intense
que l’on appelle communément le public. Ce dernier, notre
public, est loué par tous nos interprètes, habitués pour-
tant aux salles les plus prestigieuses ; tous s’enthousias-
ment de la qualité de votre écoute : attentive, curieuse,
bienveillante.

Ainsi, à vous toutes et tous, auditeurs fidèles et nombreux,

je tiens à dire ici un immense MERCI !!! Merci de votre con-
fiance : votre présence est la plus gratifiante des récom-
penses que nous puissions espérer après tant d’années
d’effort constant à vous présenter la musique vivante
d’aujourd’hui et de tous les siècles !

DANIEL HAEFLIGER
Directeur artistique
SWISS CHAMBER CONCERTS

ABONNEZ-VOUS!
14 SWISS CHAMBER CONCERTS LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
PARTENARIAT

VOX 2
SW
CHAM
VOXBEETHOVEN
Samedi 1er octobre 2022 u 19h30
CONC
Conservatoire u Genève
BOCCHERINI u MOZART
MARTIN u HOLLIGER u DAYER
BEETHOVEN

VOXMOZART
Lundi 7 novembre 2022 u 19h30
Conservatoire u Genève
MOZART u CRAWFORD-SEEGER u GAUDIBERT
SCIARRINO u VASSENA u CAPLET

VOXSCHUBERT
Mardi 6 décembre 2022 u 19h30
Conservatoire u Genève
SCHUBERT
 LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
SWISS CHAMBER CONCERTS 15
PARTENARIAT

22 23 |

WISS
MBER
CERTS VOXHOLLIGER
Jeudi 19 janvier 2023 u 19h30
Conservatoire u Genève
HOLLIGER u JOLIVET
MOESCHINGER u LEHMANN
VOGEL u BIRTWISTLE u WAGNER

VOXDEBUSSY
Jeudi 23 mars 2023 u 19h30
Conservatoire u Genève
ROUSSEL u RAVEL u BRAUN
DEBUSSY u DAYER u JONGEN

VOXSCHNITTKE
Vendredi 26 mai 2023 u 19h30
Conservatoire u Genève
BACH u MENDELSSOHN BARTHOLDY
MOZART u ZEHETMAIR u SCHNITTKE
16 SWISS CHAMBER CONCERTS LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
PARTENARIAT

SWISS CHAMBER ACADEMY

VOXQUATUORACORDES

Samedi 10 juin 2023 19h30u

Salle Franz Liszt Conservatoire Genève

u u

Grand concert de quatuor à cordes avec les chefs-d’œuvre du répertoire

interprétés par les finalistes issus des Masterclasses de l’Académie 2023

La Swiss Chamber Academy a fait ses preuves depuis sa première édition en

2014 et son succès est incontestable. Chaque saison, quelque 80 étudiants par-
ticulièrement talentueux venus du monde entier et choisis dans les grandes écoles
de musique sont invités à suivre des cours d’interprétation et une intense phase
de répétitions. Ce travail d’encadrement aboutit à plusieurs concerts d’abonne-
ment dans les domaines du quatuor à cordes, des ensembles à cordes et à vents
ainsi que du chant. En résonnance avec les valeurs développées par les SCC
depuis plus de 20 ans, les participants explorent le répertoire classique et con-
temporain sous l’égide d’artistes réseautés aux plus grandes scènes mondiales
tels Heinz Holliger, Thomas Zehetmair, Julian Prégardien, pour ne citer qu’eux.

Les SCC s’engagent ainsi en faveur de la promotion des jeunes musiciens par un
dialogue continu entre les générations, les incitant à la recherche de l’excellence,
au respect de l’œuvre et à l’écoute la plus intense possible de l’autre.

SWISS CHAMBER SOLOISTS

HEINZ HOLLIGER hautbois JULIAN PRÉGARDIEN ténor
THOMAS ZEHETMAIR violon SARAH WEGENER soprano
ILYA GRINGOLTS violon LARS VOGT piano
DANIEL HAEFLIGER violoncelle FELIX RENGGLI flûte
et bien d’autres ...

INFORMATION et RÉSERVATIONS ENTREES Les guichets sont ouverts 1h avant

geneve@swisschamberconcerts.ch CHF 30.- le début de chaque concert.
Tél.: +41 22 347 05 12 CHF 20.- AVS/AI/chômeurs/ Les places ne sont pas numérotées.
abonnés COURRIER
CHF 10.- étudiants

www.swisschamberconcerts.ch
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
Il y a 500 ans s’achevait le premier tour du monde de l’histoire. Une expédition largement idéalisée
Magellan, au-delà de la légende
PASCAL FLEURY
Exploration X Le 6 septembre
1522, il y a juste 500 ans, les res-
capés de l’expédition de Fernand
de Magellan bouclaient (sans
lui!) le tour du monde par l’ouest,
après une épopée de trois ans
extrêmement éprouvante. Di-
recteur de recherches au Centre
de recherches internationales de
Sciences Po, à Paris, Romain
Bertrand raconte cet incroyable
périple dans un récent ouvrage¹,
démêlant la réalité du mythe.
Entretien.
Magellan est entouré d’une aura
de légende. On est bien loin
de la réalité…
Romain Bertrand: La légende de
Magellan l’emporte toujours sur
le personnage historique. Mais à
peu près tout ce qu’on croit sa-
voir sur lui est faux. A commen-
cer par le fait qu’il ait accompli le
tour du monde. Il est mort aux
deux tiers du périple. Il n’était
pas non plus le «découvreur»
érudit qu’on imagine, le savant
humaniste parti à l’assaut des
mers pour connaître le vaste
monde. Non, Magellan n’était
qu’un petit soldat de métier issu
de la noblesse de terroir.
Il sert d’abord le roi du Portugal?
Oui, il s’embarque pour l’océan
Indien comme surnuméraire en
1505 et participe à la prise de
Malacca. En 1513, il est blessé au
genou à la bataille d’Azemmour
au Maroc – il boitera toute sa vie
– et perd son plus beau cheval. Il
tente d’obtenir un dédommage-
ment, mais le roi Manuel Ier re-
fuse, ce qui le jette dans une co-
lère noire. Il décide alors de
quitter le Portugal pour l’Es-
pagne, à l’automne 1517.
A Séville, il retrouve
des expatriés portugais…
La légende veut que Magellan ait
été un pauvre immigré inconnu
en arrivant à Séville. On peut en
douter, sachant que deux ans
plus tard, il est placé par le roi
Charles Quint à la tête de la plus
puissante armada jamais affré-
tée pour une expédition au long
cours. Dès son arrivée, il s’insère
dans le réseau des nobles exilés
politiques portugais. Parmi eux,
Rui Faleiro, un cosmographe qui
passe sa vie à compulser des
cartes marines. Leur recherche
porte sur un éventuel passage
par l’ouest vers l’Asie. Car depuis
le traité de Tordesillas, en 1494,
le monde est divisé en deux. L’est
est réservé aux Portugais, l’ouest
aux Espagnols (lire ci-contre).
Lorsque Magellan assure
pouvoir rejoindre les îles aux
épices par l’ouest, en passant
par la «mer du Sud», son projet
séduit aussitôt les grands finan-
ciers. Tout le monde est prêt à
miser gros pour gagner l’Asie.
L’expédition prévoit un aller-re-
tour par la même route. Il n’est
pas question de tour du monde.
La flotte quitte l’estuaire du
Guadalquivir le 20 septembre
1519. L’expédition est énorme!
En termes de tonnages et de
nombre d’hommes, l’expédition
est trois fois plus importante que
celle de Christophe Colomb en
1492. Elle compte cinq navires,
un équipage cosmopolite de
242 hommes et des dizaines de
Au printemps 1521, l’expédition atteint les Philippines. Fernand de Magellan est tué alors qu’il se lance à l’assaut de l’îlot de Mactan. DR
tonnes de provisions. Magellan
étant un transfuge du Portugal,
certains Espagnols craignent
une nouvelle trahison. Le roi lui
impose trois capitaines espa-
gnols et l’oblige à partager le
commandement avec Juan de
Cartagena, un homme assez
belliqueux.
Cette situation est-elle gérable?
Elle provoque de vives tensions
qui vont mener à une mutinerie
en avril 1520 au large de la baie
de San Julian (Argentine). L’Es-
pagnol Cartagena tente de
prendre le commandement de
force en lançant ses marins à
l’assaut de la nef de Magellan. La
mutinerie est réprimée très vio-
lemment, les meneurs châtiés et
leurs corps démembrés. Car-
tagena est abandonné sur une
plage déserte avec un prêtre, un
baril de vin et un autre de bis-
cuits. Plus tard, dans la glaciale
Patagonie, une nef déserte et re-
tourne à Séville. Un autre navire
fait naufrage.
Magellan trouve finalement un
passage vers la «mer du Sud»…
Magellan la rebaptise Pacifique.
L’océan se révèle même trop pa-
cifique: la flotte va errer des jours
LE TOUR DU MONDE DE MAGELLAN
Sanlúcar
Départ: 20 septembre 1519
Arrivée: 6 septembre 1522
1494 Traité
de Tordesillas
Baie de Rio
de Janeiro
Détroit
Por
de Magellan
Esp
tug
agn
al
e
HISTOIRE VIVANTE 17
WEEK-END
entiers, faute de vent. La traver- sée dure trois mois et vingt jours, soie, de la porcelaine chinoise. touché par des flèches et des
mais les cas de scorbut restent Autre choc pour les Espagnols, lances.
limités. La chance des marins, la découverte que l’islam est déjà
c’est d’avoir consommé du céleri là, alors qu’ils viennent de chas- C’est la débandade. Les deux
sauvage en Patagonie, une ser les musulmans de la pénin- bateaux restants prennent
plante très riche en vitamine C. sule Ibérique. Cette double pré- la route pour Séville…
sence chinoise et musulmane La Victoria, commandée par
L’équipée tombe sur l’île de Guam. leur fait comprendre que ces so- Juan Sebastian Elcano, réussit à
Cela se passe très mal… ciétés sont connectées depuis rentrer directement à Séville, en
Magellan se comporte comme longtemps au reste du monde. La coupant sans se faire voir à tra-
un conquistador. Lorsque les in- mondialisation ne les a pas at- vers l’Asie portugaise. L’autre
digènes s’emparent d’un canot, tendus pour s’y développer. nef, la Trinité, va essayer de ren-
il fait massacrer plusieurs insu- trer par la route du Pacifique
laires. On est loin du mythe du Magellan tente alors de sceller mais est capturée par les Portu-
grand découvreur humaniste. des accords avec les autorités gais. Le 6 septembre 1522, les
Plus tard, ce sera le viol de jeunes insulaires. Cela lui sera fatal… marins de la Victoria ne sont plus
dames d’honneur dans la rade Sur l’île de Cebu, Magellan pro- que 21, dont trois Asiatiques,
du sultanat de Brunei, puis des pose un traité de paix et de dé- lorsqu’ils retrouvent l’Espagne.
massacres aux Philippines et fense mutuelle au rajah Hu- Finalement, il y aura 90 survi-
l’enlèvement de pilotes dans le mabon, qu’il convertit à la foi vants, rentrés en plusieurs va-
«Il y avait un Sud-Est. Il y avait un grand sil- chrétienne. Pour le convaincre, gues, sur les 242 du départ.
lage de sang derrière les nefs de il lui vante la supériorité mili-
grand sillage Magellan. taire des Espagnols. Le roi de La Victoria débarque en très
de sang derrière Arrivés aux Philippines,
Cebu prend Magellan au mot, se
plaignant d’un ennemi sur l’îlot
mauvais état. Comment
son arrivée est-elle perçue?
les nefs les Espagnols découvrent qu’ils voisin de Mactan, le seigneur de L’expédition est perçue comme
guerre Lapu-Lapu, qui refuse un échec commercial, écono-
de Magellan» ne sont pas en terre inconnue…
Jusque-là, ils avaient croisé des son autorité. Magellan se lance mique et humain. Mais aussi
Romain Bertrand populations qui pouvaient être alors à l’assaut de Mactan avec comme un immense succès poli-
dites «sauvages», les Indiens tu- 60 hommes. Or l’île est entourée tique. Elle va être utilisée à des
pinambas au Brésil, les Tehuel- d’une barrière de corail qui em- fins de propagande par les Espa-
che de Patagonie, les Chamorros pêche les nefs d’approcher à por- gnols, en mettant en valeur la
de Guam. Aux Philippines, il y a tée de canon des plages. Tom- découverte d’une nouvelle route
des rois, des palais, des villes for- bant sur plusieurs centaines de vers l’Asie et la réussite du pre-
tifiées, des bijoux en or, de la guerriers, il est mortellement mier tour du monde. Mais la
même année, Hernan Cortès
s’empare du Mexique. Dès lors,
LE MONDE DIVISÉ EN DEUX pour rejoindre l’Asie, les Espa-
gnols préféreront partir des
Le 7 juin 1494, l’Espagne et le Portugal s’accordent pour fixer la côtes mexicaines plutôt que de
limite entre leurs «domaines respectifs» au méridien passant à passer par l’inhospitalier détroit
370 lieues à l’ouest des îles du Cap-Vert. Pour les Portugais, qui de Magellan. La fameuse route
bénéficient du trafic d’esclaves et d’ivoire sur les côtes d’Afrique et n’a déjà plus aucun intérêt d’un
1529 Traité de celui des épices et des perles sur les côtes asiatiques, ce traité point de vue économique… I
de Saragosse
est une excellente opération. Pour les Espagnols, qui n’ont pas ¹ Romain Bertrand, Qui a fait le tour
Mactan encore conquis le Mexique (Cortès y débarquera en 1521), cela ne de quoi? – L’affaire Magellan, Editions
rapporte pas grand-chose, mis à part quelques Indiens aux Antilles Verdier, 2020.
Cap de Bonne- et des champs de canne à sucre. L’idée que Magellan vend au roi
Espérance d’Espagne, c’est qu’il y a un passage par l’ouest vers l’Asie. Et que HISTOIRE VIVANTE
les îles Moluques, riches en épices, pourraient se trouver dans les
Iles Moluques
eaux espagnoles. Magellan a dû s’en convaincre auprès du cosmo- Radio: lu-ve: 13h30
graphe Rui Faleiro, lors de leurs calculs de la position de l’antimé- TV: L’incroyable
l
ga ne périple de Magellan
tu ridien. Sur place, l’un des pilotes de l’expédition calculera que Di: 20h55 Ma: 0h25
r
LIB/FC
g
Po
pa malheureusement ces îles tombent du côté des Portugais. Ce qui
Es
Voir le documentaire dès maintenant
fera sombrer Magellan dans le désespoir et la mélancolie. PFY
histoirevivante.ch
18 ANALYSE
WEEK-END
Désormais en position de force tant en République d’Irlande qu’en Irlande du Nord, le Sinn Féin
promet de soumettre la question de l’unité de l’île d’Emeraude au vote avant dix ans.
Deux Irlandes, un parti
DANIEL FINN *
Politique X Les élections législatives
nord-irlandaises, qui se sont tenues
le 5 mai dernier, ont consacré en fan-
fare les deux années fastes que vient de
connaître le Sinn Féin. Devenu le pre-
mier parti de la République d’Irlande au
terme des élections générales de février
2020, au cours desquelles il a évincé les
deux formations de centre droit qui se
partageaient les leviers du pays – Fine
Gael et Fianna Fáil –, le parti indépen-
dantiste constitue à présent aussi la
principale force politique d’Irlande du
Nord, où il est parvenu à détrôner son
adversaire historique, le Parti unioniste
démocrate (DUP). C’est la première fois
depuis la création de la province bri-
tannique d’Irlande du Nord, en 1921,
que les indépendantistes supplantent
les unionistes. Sous l’égide de deux
femmes, qui ont rejoint le parti au cours
du processus de paix des années 1990,
Mme Mary Lou McDonald en République
d’Irlande et Mme Michelle O’Neill en Ir-
lande du Nord, le Sinn Féin bouscule la
vie politique irlandaise dans des pro-
portions qui auraient été jugées incon-
cevables en 2019.
Pour comprendre les ressorts de ce
tour de force, et appréhender les difficul-
tés qui s’annoncent, il est nécessaire de
revenir sur les périodes de crise et d’im-
mobilisme que le Sinn Féin a dû sur-
monter dans son histoire récente. A la
veille du krach financier de 2008, l’ère
d’optimisme ouverte par le cessez-le-
feu de l’Armée républicaine irlandaise
(IRA) en 1994 semblait marquer le pas.
Au Sud, le Sinn Féin espérait un succès
aux élections générales de 2007, en vue
de conclure une alliance gouvernemen-
tale avec Fianna Fáil. Au lieu de quoi
il subit une déconvenue cinglante et
perdit un des cinq sièges qu’il détenait.
«Alors qu’en Irlande du Nord le Sinn
Féin est à présent le parti attrape-tout
qui domine le camp nationaliste, dans
la République il était, et apparemment
restera, un parti de niche situé à l’ex-
trémité gauche et ardemment républi-
caine du spectre politique», notait un
éditorialiste conservateur1.
Au Nord, l’année 2007 paraissait
de meilleur augure. Après des négo-
ciations fructueuses avec le DUP d’Ian
Paisley, couronnées par l’accord de
Saint-Andrews (par lequel le Sinn Féin
acceptait de reconnaître la légitimité
de la force de police locale, et le DUP
de partager le pouvoir avec les natio-
nalistes), M. Gerry Adams et Martin
McGuinness battirent campagne pour
leur parti aux élections législatives. Le
Sinn Féin consolida sa position de force
dominante au sein du camp nationa-
liste, creusant l’écart avec son principal
concurrent, le Parti social-démocrate
et travailliste (SDLP). Il parvint à s’en-
tendre avec le DUP et à former un gou-
vernement de coalition qui, à rebours
de ses fragiles prédécesseurs, tiendrait
presque une décennie entière.
Toutefois, en dépit de ces succès, l’ob-
jectif principal du Sinn Féin – la réuni-
fication de l’Irlande – restait toujours
inaccessible. En signant l’accord du
Vendredi saint en 1998, Adams et Mc-
Guinness avaient concédé aux Britan-
niques le maintien de leur tutelle sur
l’Irlande du Nord aussi longtemps que
les électeurs ne se seraient pas majori-
tairement prononcés pour l’indépen-
dance. Mais, à l’approche du dixième
anniversaire de cet accord, aucun signe
ne laissait augurer un tel basculement.
Pour la première
fois depuis
la création de
la province
britannique
d’Irlande du Nord,
les indépendantistes
supplantent
les unionistes
Exclu de la formation du gouverne-
ment à Dublin, le Sinn Féin se voyait
contraint de gouverner le plus petit ter-
ritoire du Royaume-Uni aux côtés de ses
ennemis de toujours, sans le moindre
espoir de changement constitutionnel à
l’horizon. Selon une étude consacrée au
Sinn Féin par le politologue Kevin Bean
aux lendemains des deux élections de
2007, le mouvement républicain tout
entier était aux prises avec un «senti-
ment d’effondrement et de fin2».
Quinze ans plus tard, le vent a tourné.
En République d’Irlande, le score du Sinn
Féin a grimpé en flèche, passant de 10%
en 2011 à 14 % en 2016, puis à 24,5%
en 2020. Sortie intacte de la pandémie
de Covid-19, la popularité du parti natio-
naliste lui donne d’excellentes chances
de diriger le prochain gouvernement. En
2021, les sondages lui prêtaient 31 % des
intentions de vote, loin devant son plus
proche concurrent, Fine Gael. Dans le
même temps, l’arrimage de l’Irlande du
Nord au Royaume-Uni a été fortement
ébranlé, au point que le scénario d’un
vote majoritaire en faveur de la réunifi-
cation n’a plus rien de farfelu. La respon-
sabilité de ce retournement de situation
incombe pour l’essentiel aux dirigeants
du Parti conservateur et du DUP. Leurs
choix hasardeux au cours et aux len-
demains du référendum de 2016 sur le
Brexit ont eu pour effet de diviser le camp
unioniste et d’ériger des barrières doua-
nières en mer d’Irlande3. Giflé dans les
urnes et humilié par la victoire du Sinn
Féin, le DUP a payé cher ses errements.
Au Nord comme au Sud, ce tournant
politique majeur a cependant une cause
plus profonde, liée à la crise de 2008 et à
la cure d’austérité de dix ans qui s’est en-
suivie. C’est particulièrement flagrant
au Sud, où les conséquences sociales de
la récession ont largement contribué
au discrédit des partis de centre droit.
Au Nord, l’impact de la crise financière
mondiale s’est traduit par la volonté de
certains dirigeants de Londres, comme
Boris Johnson, de mener campagne
pour le Brexit, répandant l’instabilité
politique depuis le cœur du Royaume-
Uni jusqu’à ses périphéries.
Le Sinn Féin n’aurait pas acquis la
position avantageuse qui est la sienne
aujourd’hui sans ce bouleversement
politique de grande ampleur. Encore
lui fallait-il saisir l’occasion qui se pré-
sentait. Parmi les partis ou dirigeants
contestataires européens propulsés
sur le devant de la scène politique par
la crise de 2008, la plupart avaient déjà
perdu pied lorsque le Sinn Féin a balayé
les conservateurs à Dublin.
L’objectif prioritaire du Sinn Féin
consiste à en finir avec la partition de
l’Irlande. Cette aspiration à l’unité n’a
rien d’inhabituel dans le paysage po-
litique irlandais. Le Sinn Féin la par-
tage avec le SDLP, qui fut le parti na-
tionaliste le plus important d’Irlande
du Nord avant que l’IRA ne dépose les
armes, ainsi qu’avec les formations
gouvernementales traditionnelles d’Ir-
lande du Sud, à commencer par Fianna
Fáil, Fine Gael et le Parti travailliste.
Avant que le Sinn Féin ne s’engage
dans le processus de paix des années
1990, il était facile de définir en quoi ce
parti se distinguait des autres branches
du nationalisme irlandais, au Nord
comme au Sud. Tout d’abord, il consi-
dérait que le soutien majoritaire de la
population n’était pas une condition
préalable à un changement constitu-
tionnel en Irlande du Nord. Ensuite, il
défendait la légitimité de ce que l’IRA
appelait la lutte armée, et que ses adver-
saires qualifiaient de terrorisme.
L’accord du Vendredi saint a brouillé
ces lignes de fracture. Rallié au proces-
sus de paix, le Sinn Féin en fut quitte
pour condamner les groupes républi-
cains dissidents qui refusaient de dépo-
ser les armes. Soutenant à contrecœur
le nouveau Service de police d’Irlande
du Nord (PSNI), il exhorta ses sympa-
thisants à coopérer avec les forces de
l’ordre dans un effort commun pour
juguler les violences paramilitaires.
Non content de proscrire la violence
comme modalité d’action politique,
l’accord du Vendredi saint invalidait la
ligne républicaine traditionnelle, selon
laquelle une majorité nationaliste sur
la totalité du territoire irlandais devait
l’emporter sur la majorité unioniste
en Irlande du Nord. Dans la première
partie du document, consacrée aux
questions constitutionnelles, l’unité ir-
landaise est décrite comme une cause
légitime, mais qui ne peut triompher
qu’«avec l’accord d’une majorité de la
population d’Irlande du Nord».
Le Sinn Féin a fini par s’accommoder
de ce principe que, pour mettre fin à la
partition du pays, il lui faudra gagner
par référendum la majorité des suffrages
dans le Nord. Cette concession place le
parti sur le même terrain politique que
ses rivaux nationalistes plus modérés.
Le drapeau
du Sinn Féin
à Belfast
lors de la
campagne
pour les
élections
legislative
de mai 2022.
KEYSTONE
Néanmoins, son «irlandité» sans fron-
tière, étendue sur les deux territoires,
continue de le distinguer clairement
de Fianna Fáil dans le Sud ou du SDLP
dans le Nord. Tout indique qu’un gou-
vernement dirigé par le Sinn Féin pour-
suivrait l’objectif de l’union irlandaise
avec une ardeur que n’a jamais ma-
nifestée Fianna Fáil. La forte présence
du Sinn Féin dans les deux Parlements
irlandais constitue un fait politique nou-
veau. Dans son incarnation moderne,
le parti n’a commencé à s’extraire de
l’orbite de l’IRA qu’au début des années
1980. Il s’est ensuite établi comme la
deuxième formation nationaliste d’Ir-
lande du Nord, et comme le quatrième
parti toutes tendances confondues.
M. Adams souhaitait combiner sa
forte implantation dans le Nord avec
une présence politique dans le Sud,
mais les campagnes du Sinn Féin
en République d’Irlande eurent peu
d’impact avant que l’IRA ne rende les
armes. En 1997, le parti obtient 2,5%
des voix et son premier siège (sur 170)
au Dáil, le Parlement de la République.
La même année, il obtient deux des dix-
huit sièges réservés à l’Irlande du Nord
à l’Assemblée de Westminster, en rai-
son d’un score de 16% aux élections. Le
Sinn Féin se retrouve alors en position
de force pour porter la voix de l’indé-
pendantisme. Une fois délivré du poids
d’avoir à soutenir la nouvelle cam-
pagne, fort impopulaire, de l’IRA, il
devient la bête noire du SDLP, son seul
rival. Fort d’une base militante solide,
d’une direction soudée et d’un message
clair, consistant à plaider pour la réu-
nification chaque fois qu’il en a le loisir,
le parti parvient sans mal à convaincre
une majorité de nationalistes qu’il est
le mieux à même de défendre leurs in-
térêts dans les négociations de paix et
dans le nouveau système politique au-
quel elles donnent naissance. De 2007
à 2017, le score électoral du Sinn Féin
atteignait en moyenne 26%. Cette an-
née, il est monté jusqu’à 29%.
En République d’Irlande, le contexte
politique et les règles de la compéti-
tion entre partis sont évidemment
tout autres. Comme le reconnaissait
M. Adams dans les années 1980, la
sympathie pour les nationalistes du
Nord ne suffirait jamais à assurer la
croissance électorale du Sinn Féin dans
le Sud. Aussi fort soit-il, l’attachement
des Irlandais du Sud à une Irlande unie
n’a jamais influé sur leurs intentions
de vote. En 1983, M. Adams expliquait
que le Sinn Féin devait se positionner
comme opposition de gauche aux partis
dominants et à leurs «politiques moné-
taristes thatchériennes4». Cette straté-
gie ne porta pas ses fruits aussi rapide-
ment que M. Adams l’avait espéré. En
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
2007, le Sinn Féin était encore consi-
déré comme un petit parti, comparable
aux Verts, loin derrière les poids lourds
Fianna Fáil et Fine Gael. S’il bénéficiait
d’une certaine audience à Dublin et à
Cork, elle était sans commune mesure
avec les mobilisations populaires que
le parti pouvait susciter à Belfast ou à
Derry. Mais la crise financière a rebattu
les cartes. Au Sud, l’électorat du Sinn
Féin a quasiment quadruplé de 2007 à
2020, et pourrait bien enfler encore lors
du prochain scrutin. Dans les deux par-
ties de l’île, entre un quart et un tiers
de la population soutient désormais le
Sinn Féin. Il fait à ce titre figure d’excep-
tion : nulle autre formation politique
dans l’Europe moderne n’a jamais bé-
néficié d’un pareil soutien dans deux
Etats à la fois.
Le parti entre à présent dans une
nouvelle phase, qui déterminera sa ca-
pacité à s’imposer ou non comme une
force de gauche. Le Sinn Féin a toujours
répété que la réunification irlandaise
constituait son objectif cardinal, auquel
les autres sujets – notamment sociaux
et économiques – devaient rester subor-
donnés. Pourtant, la cause nationaliste
n’est pas nécessairement contradictoire
avec les politiques progressistes défen-
dues par le Sinn Féin en vue d’élargir sa
base dans le Sud. Les détracteurs de l’in-
dépendance font volontiers valoir que,
dans l’hypothèse d’une rupture avec le
Royaume-Uni, la population d’Irlande
du Nord perdrait l’accès aux soins pu-
blics du National Health Service (NHS),
et qu’elle a donc tout intérêt à préserver
le statu quo. A supposer cependant que
le Sinn Féin accède au pouvoir à Dublin
et parvienne à bâtir un système de san-
té plus robuste et égalitaire que celui en
place aujourd’hui, un tel argument per-
drait beaucoup de sa substance. Même
si la direction du Sinn Féin accordait
plus d’importance à l’unité irlandaise
qu’à une politique de gauche, rien ne
garantit que les électeurs du Sud parta-
geraient ce sens des priorités. Aussi fa-
vorables soient-ils à la réunification, ils
attendent avec impatience des progrès
tangibles sur les sujets sociaux qui les
ont portés initialement vers le Sinn Féin,
comme la santé ou le logement.
La prochaine élection générale en Ré-
publique d’Irlande doit se tenir au plus
tard en 2025, et il paraît peu probable
qu’un référendum d’autodétermination
se tienne avant. Dans le Nord, les votes
en faveur du camp nationaliste ont at-
teint les 40% cette année, légèrement
plus que le total des voix unionistes. S’y
ajoute un bloc de partis non alignés, ni
unionistes ni nationalistes: le Parti de
l’Alliance, sa composante principale,
est arrivé troisième aux élections avec
13,5% des voix. Alors que, dans le Sud,
Mme McDonald suggère qu’une consul-
tation sur la frontière pourrait avoir
lieu au cours des cinq années à venir,
son parti n’entend pas se précipiter sur
l’option d’un référendum tant que ses
chances de succès restent incertaines.
Le Sinn Féin ambitionne rien de
moins que de changer les frontières
d’un pays d’Europe de l’Ouest, un ex-
ploit qu’aucun parti n’a su accomplir
depuis la fin de la guerre froide, ni en
Ecosse ni en Catalogne, ni au Pays de
Galles ni au Pays basque. C’est assuré-
ment un immense défi. I
*Auteur de One Man’s Terrorist. A Political History
of the IRA, Verso, Londres, 2019.
1
«Predicting election outcome a precarious en-
deavour», The Irish Times, Dublin, 2 juin 2007.
2
Kevin Bean, The New Politics of Sinn Féin,
Liverpool University Press, 2007.
3
Lire «Quand le Brexit rapproche les deux
Irlandes», Le Monde diplomatique, juillet 2021.
4
Cf. Michael Farrell, «We have now established a
sort of Republican veto», Magill, Dublin, 30 juin
1983.
Paru dans Le Monde diplomatique de juin 2022.
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
CINÉMAS DU VENDREDI AU MARDI
GENÈVE
ARENA CINÉMAS LA PRAILLE
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
sa 16h me-sa/lu/ma 18h20/20h45
di 20h40 VF 12/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur.
18h30/21h VF 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch. 18h/21h
VF 16/16 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
sa 13h40 di 11h/13h35 VF 6/8 ans.
JURASSIC WORLD: LE MONDE D’APRÈS de
Colin Trevorrow. di 16h45 VF 12/14 ans.
KOMPROMAT de Jérôme Salle.
di 15h20/18h10/21h VF.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa 13h45/16h10
di 10h30/13h/15h30 VF 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. 20h50 VF 12/12 ans.
LES BAD GUYS de Pierre Perifel.
sa/di 13h55 di 11h15 VF 6/8 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
de Kyle Balda. sa 14h sa/di 16h20
me-sa/lu/ma 18h40/21h
di 10h40/12h/13h10/14h20 VF
3D, 4DX: ve/sa 18h30 sa 13h30
di 11h10 VF 6/8 ans.
NOPE de Jordan Peele.
me-sa/lu/ma 20h45 VF 12/14 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
sa/di 15h45 VF 18h20 VO 12/14 ans.
PARADISE HIGHWAY de Anna Gutto. di
13h15/15h50/18h25 VO 16/16 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. sa 14h40 me-sa/
lu/ma 17h10/20h30 di 17h20 VO di
10h40/14h/20h VF 12/14 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – 3D de Jon
Watts. 4DX: di 13h50/17h10/20h30 VF
12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato. sa
13h45/15h50 di 10h50/13h10 VF
6/6 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. sa 15h di 21h VF
3D, 4DX: ve/sa 20h40 sa 15h40 VF
12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
21h me-sa/lu/ma 18h10 di 15h20 VF di
18h10 VO 12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. me-sa/lu/ma 18h VF
12/14 ans.
10, Route des Jeunes 0900 916 916 CHF 1.–/
appel +CHF 1.–/min. depuis un tél. fixe
BIO
EL BUEN PATRON de Fernando León de
Aranoa. 16h15 VO 12/16 ans.
INCROYABLE MAIS VRAI de Quentin
Dupieux. 20h20 VF 16/16 ans.
IRRÉDUCTIBLE de Jérôme Commandeur.
sa/di 14h30 VF 8/10 ans.
JEAN-MICHEL SUPER CARIBOU de
Mathieu Auvray. sa 10h30 VF 0/6 ans.
LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac.
je 20h30 di 15h45 VF 12/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. me-sa/ma 15h45
ve-ma 18h15 je 18h lu 16h VO
12/12 ans.
QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON
DIEU? de Philippe de Chauveron.
je 14h VF 6/10 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
sa/di 13h50 VF 6/6 ans.
THE DUKE de Roger Michell. 18h30 VO
8/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE
de George Miller. ve-ma 20h45 VO
12/14 ans.
47, Rue St-Joseph 022 301 54 43
PARTENARIAT
UN FILM POÉTIQUE SUR
LE MIME MARCEAU
UN FILM DE MAURIZIUS STAERKLE DRUX
L’ART DU
SILENCE
AVANT-PREMIÈRES EN PRÉSENCE DU
RÉALISATEUR ET DE L‘ÉQUIPE DU FILM
LAUSANNE, BELLEVAUX
GENÈVE, GRÜTLI
SION, CAPITOLE
GENÈVE, CINÉLUX
SAINTE-CROIX, ROYAL
AU CINÉMA DÈS LE 14 SEPTEMBRE
CINÉ 17
BULLET TRAIN de David Leitch.
4K: ve-ma 18h05 VO 16/16 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann.
4K: sa/ma 15h25 VO 12/14 ans.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. di 14h VO 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. 4K: 20h15 lu/ma 13h15
sa/di 11h55 VO 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
– 3D de Kyle Balda. sa 14h VO 6/8 ans.
TOP GUN: MAVERICK de J. Kosinski. ve/
di/lu 15h45 ve/sa 22h25 VO 12/12 ans.
17-21, Rue de la Corraterie 022 312 17 17
CINÉVERSOIX
PONYO SUR LA FALAISE
de Hayao Miyazaki. di 16h30 VF.
THE DUKE de Roger Michell.
di 20h30 VO 8/12 ans.
4, Chemin des Colombières 022 755 27 18
CINÉLUX
COMPÉTITION OFFICIELLE de Mariano
Cohn, Gastón Duprat. di 20h VO
12/12 ans.
EN ROUE LIBRE de Didier Barcelo.
sa 20h VF 10/12 ans.
IL GIARDINO DEL RE de Silvio Soldini.
ve 20h di 15h30 VO 16/16 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
sa/di 14h15 VF 0/6 ans.
SEULE LA TERRE EST ÉTERNELLE
de François Busnel et Adrien Soland.
ve-di 17h50 VO 16/16 ans.
8, Boulevard de Saint-Georges 022 329 45 02
CINÉMA C.D.D.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. ve/di 19h sa 21h VF 16/16 ans.
THE MUSHROOM SPEAKS de Marion
Neumann. sa 19h VF 16/16 ans.
TOUS LES JOURS DIMANCHE de Steven
Vit. di 17h VO 16/16 ans.
UNE URGENCE ORDINAIRE de Mohcine
Besri. ve/di 21h VO 16/16 ans.
3, Sentier des Saules 079 951 30 72
CINERAMA EMPIRE
BEAST de Baltasar Kormákur.
4K: 16h45 di 10h05 VO 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
4K: 14h30/20h45 VO 16/16 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann.
4K: ve/di/lu 11h45 VO 12/14 ans.
NOPE de Jordan Peele.
4K: 18h30 VO 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
di 22h55 VO
4K: ma 12h15 VO 12/12 ans.
72-74, Rue de Carouge 022 310 72 74
LE CITY
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
15h30/20h45 VO 16/16 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius. 18h30
VF 16/16 ans.
3, Pl. des Eaux-Vives 022 736 89 20
LE NORD-SUD
EN ROUE LIBRE de Didier Barcelo.
di 14h10 VF 10/12 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert. 18h10
VO 16/16 ans.
LA NUIT DU 12 de Dominik Moll.
15h45/18h20 VF 14/16 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius. 21h
di 13h40 VF 16/16 ans.
PAOLO CONTE, VIA CON ME de Giorgio
Verdelli. 20h45 VO 0/14 ans.
THE DUKE de Roger Michell. 16h10 VO
8/12 ans.
78, rue de la Servette 022 733 19 00
10 SEPTEMBRE 20H30
12 SEPTEMBRE 20H
19 SEPTEMBRE 18H
22 SEPTEMBRE 18H45
23 SEPTEMBRE 20H30
LES CINÉMAS DU GRÜTLI
A WEDDING de Robert Altman.
di 21h VO.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT
de Claire Denis. di 16h45 me 19h
je 14h15/16h/18h45 ve 15h/16h30/21h
sa 14h30/21h15 di/lu 20h45
ma 14h/16h15/18h30 VF 16/16 ans.
BRUNO REIDAL de Vincent Le Port. je
16h30 me 21h15 ve 14h30 ma 21h VF.
I SOLITI IGNOTI de Mario Monicelli.
ve 18h45 VO 12/12 ans.
JUNGLE ROUGE de Zoltan Horvath, Juan
José Lozano. me 20h30 je 14h/18h30
sa 21h ve 17h15/19h15/21h15
sa 15h/16h45 di 14h45 di/ma 19h
lu 18h45 ma 17h VO 16/16 ans.
L’HOMME PARFAIT de Xavier Durringer.
lu 14h/16h30 VF 12/16 ans.
LES MONSTRES de Dino Risi. me 14h30
lu 16h15 VO 16/16 ans.
MAGDALA de Damien Manivel.
lu 19h30 VF.
PARADISE HIGHWAY de Anna Gutto.
di 18h30 VF 16/16 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
di 15h VF 0/6 ans.
PETER PAN de P.J. Hogan. me 15h VO.
PROFUMO DI DONNA de Dino Risi.
ma 20h45 VO.
PRÉLUDE À LA GLOIRE de Georges
Lacombe. sa 17h/19h15 VF.
SONO GASSMAN! VITTORIO RE DELLA
COMMEDIA de Fabrizio Corallo.
je 20h30 VO.
TELEFONI BIANCHI de Dino Risi.
sa 18h45 ma 14h30 VO.
TOUT LE MONDE AIME JEANNE
de Céline Devaux. di 16h30 VF.
16, Rue du Général-Dufour 022 320 78 78
LES SCALA
DECISION TO LEAVE de Park Chan-wook.
20h40 me-sa/lu/ma 18h10 di 13h35
VO 16/16 ans.
EL BUEN PATRON de Fernando León de
Aranoa. 20h50 VO 12/16 ans.
EN CORPS de Cédric Klapisch. 18h20
di 13h45 VF 8/12 ans.
FLEE de Jonas Poher Rasmussen.
16h30/18h35/21h VO 14/14 ans.
LES VIEUX FOURNEAUX 2: BONS POUR
L’ASILE de Christophe Duthuron.
di 13h50 VF 8/12 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius.
16h15 VF 16/16 ans.
PAOLO CONTE, VIA CON ME de Giorgio
Verdelli. 16h VO 0/14 ans.
TOUT LE MONDE AIME JEANNE de Céline
Devaux. di 18h15 VF.
23, Rue des Eaux-Vives 022 736 04 22
PATHÉ BALEXERT
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
me-sa/lu 15h45 me-sa/lu/ma 18h
me-sa/ma 20h15 ve/lu 13h30 sa 11h15
di 17h30 VF 12/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur.
me-sa/lu/ma 14h45 ve 18h30 je-sa/lu
20h40 di 21h15 ma 17h15/20h30 VF
me 20h40 sa/lu 18h30 ve 22h45
di 19h VO 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch. sa 15h
ve/ma 17h50 di/lu 20h30 ve/ma 15h15
ve 23h10 VF ve/sa/ma 20h30 je 12h10
sa/lu 17h50 ve/ma 12h45 VO
IMAX: ve/ma 14h/20h sa/lu 17h
di 21h30 VO 16/16 ans.
BUZZ L’ÉCLAIR de Angus MacLane.
di 11h30 VF 6/8 ans.
DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF
MADNESS de Sam Raimi. di 16h10 VF
12/14 ans.
DOG de Reid Carolin. sa/lu/ma 12h50
di 12h15 VF 12/14 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun. sa
12h45 sa 10h45 di 15h20 VF 6/8 ans.
PARTENARIAT
THÉÂTRE
LE JOLI COLLECTIF – VINCENT COLLET
JOHN CORPORATION – ÉMILIE ROUSSET ET LOUISE HÉMON
SÖRÖRÖ – TATIANA BAUMGARTNER ET CAROLINE IMHOF
JULIE DELILLE – THÉÂTRE DES TROIS PARQUES
DANSE | THÉÂTRE
LENIO KAKLEA
KIYAN KHOSHOIE ET CHARLOTTE DUMARTHERAY
GRANGE-UNIL.CH
ELVIS de Baz Luhrmann. me-sa/ma
19h45 di 9h/21h VO 12/14 ans.
ENCANTO – LA FANTASTIQUE FAMILLE
MADRIGAL de Jared Bush, Charise
Castro Smith, Byron Howard.
di 12h45 VF 0/8 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
ve/ma 17h je 14h sa-lu 20h ve 22h50
VO ve/ma 20h sa/lu 17h ve/ma 14h
di 22h20 VF 16/16 ans.
IRRÉDUCTIBLE de Jérôme Commandeur.
di 10h15 VF 8/10 ans.
JOYEUSE RETRAITE 2 de Fabrice Bracq.
sa 10h50 di 15h VF 8/8 ans.
JURASSIC WORLD: LE MONDE D’APRÈS
– 3D de Colin Trevorrow.
IMAX: di 18h15 VF 12/14 ans.
KOMPROMAT de Jérôme Salle. di 21h VF.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa 12h40 VO sa 13h/15h30
sa 10h30 di 9h45/12h20/15h/17h45
VF 8/12 ans.
L’HOMME DE DIEU de Yelena Popovic. sa
18h di 17h30 lu 19h45 VO 14/14 ans.
LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac.
di 15h45 VF 12/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. me 15h ma 20h30
di 19h30 VO me 17h45 VF 12/12 ans.
LA PETITE BANDE de Pierre Salvadori.
di 9h30 VF 12/14 ans.
LA TRÈS TRÈS GRANDE CLASSE de
Frédéric Quiring. me 12h45 di 12h VF
12/16 ans.
LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE de Aaron
Nee. di 17h15 VF 12/12 ans.
LES BAD GUYS de Pierre Perifel.
di 8h45/14h45 VF 6/8 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
de Kyle Balda. sa 13h ve/di/lu 18h15 VO
me-sa/lu 14h/16h15 sa/ma 18h15
sa 11h30 di 10h30/12h45/15h30/
17h45/20h30 ma 13h/15h15 VF
3D: di 9h15/11h30/13h45/16h VF
6/8 ans.
LES VIEUX FOURNEAUX 2: BONS POUR
L’ASILE de Christophe Duthuron.
sa 13h di 10h15 VF 8/12 ans.
MEN de Alex Garland.
di 22h30 VF 16/16 ans.
MENTEUR de Olivier Baroux.
me-sa/lu/ma 12h30 ve 23h
di 17h15/22h45 VF 8/12 ans.
MIA ET MOI, L’HÉROÏNE DE CENTROPIA
de Adam Gunn, Matthias Temmermans.
sa 13h30 di 9h15/14h VF 0/6 ans.
NATIONAL THEATRE LIVE: HENRY V
je 20h VO 16/16 ans.
NOPE de Jordan Peele.
me-sa/lu/ma 17h sa/lu 20h15 VO
ma 20h15 ve 19h30/23h di 20h45 VF
IMAX: ve 23h sa 14h di 9h35 VO
12/14 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
ma 15h10 ve 14h di 12h35 VF
sa/lu/ma 17h45 sa/lu 15h10 ve 16h45
sa 10h20 di 18h VO 12/14 ans.
QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON
DIEU? de Philippe de Chauveron.
sa 10h30 di 11h15 VF 6/10 ans.
REVOIR PARIS de Alice Winocour.
di 18h VF 12/14 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc. me-sa/
lu/ma 15h30/20h45 ve/ma 18h ve/lu/
ma 13h di 9h/18h30 VF 8/12 ans.
SONIC 2 – LE FILM de Jeff Fowler.
sa 10h di 14h10 VF 6/8 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. 17h
me-sa 13h45/20h15 ve 22h30
sa 10h15 VO lu 13h45 lu/ma 20h15 VF
12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
me-sa/lu/ma 12h30 sa 15h sa 10h30
di 8h45/11h/13h15/15h45 VF 6/6 ans.
MÉMENTO
THE BLACK PHONE de Scott Derrickson.
ve 23h di 20h/22h40 VF 16/16 ans.
THE DUKE de Roger Michell.
lu 18h/20h15 VO 8/12 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. ve 20h30 ve/lu/ma 15h30
di 12h45 VF lu/ma 13h sa/lu 20h30 VO
3D: di 20h15 VF
IMAX: di 12h30 VF 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
ve/ma 14h45/20h15 sa/lu 17h30
di 9h15/20h VO ve/ma 17h30
sa/lu 14h45 ve 23h sa/lu 20h15
di 11h45/15h30 VF
IMAX: ve/ma 17h lu 14h sa/lu 20h
sa 11h di 15h15 VO 12/12 ans.
TOUT LE MONDE AIME JEANNE
de Céline Devaux. di 15h15 VF.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE
de George Miller. ve/ma 15h15
ve/sa/lu/ma 18h lu 12h45 je 17h30
di 20h15 ve 23h sa 10h15 sa/lu 20h30
VO ve/ma 20h30 sa/lu 15h15
ve/ma 12h45 VF 12/14 ans.
27, Av. Louis-Casaï
VAUD
LAUSANNE
CINÉMATHÈQUE SUISSE
A SCANDAL IN PARIS de Douglas Sirk.
di 18h30 VO 12/12 ans.
A TIME TO LOVE AND A TIME TO DIE de
Douglas Sirk. me 21h VO 12/12 ans.
ACCORD FINAL de Ignacy Rosenkranz et
Douglas Sirk. ma 18h30 VF 12/12 ans.
ALL THAT HEAVEN ALLOWS de Douglas
Sirk. lu 18h30 VO 12/12 ans.
DOUGLAS SIRK – HOPE AS IN DESPAIR
de Roman Hüben. ve 18h30 VO
16/16 ans.
FRENCH CANCAN de Jean Renoir.
me 18h30 VF 12/12 ans.
GET TO KNOW YOUR RABBIT
de Brian De Palma.
ma 21h VO 14/14 ans.
GREETINGS de Brian De Palma.
je 21h VO 16/16 ans.
HI, MOM de Jia Ling.
sa 21h VO 16/16 ans.
IMITATION OF LIFE de Douglas Sirk.
je 15h VO 12/12 ans.
LE FEU FOLLET de Louis Malle.
ve 15h VF 16/16 ans.
NOSFERATU: PHANTOM DER NACHT
de Werner Herzog.
di 21h lu 15h VO 16/16 ans.
SCHLUSSAKKORD de Douglas Sirk.
lu 21h VO 12/12 ans.
SISTERS de Brian De Palma.
ve 21h VO 16/16 ans.
TCHAO PANTIN de Claude Berri.
di 15h VF 16/16 ans.
THE TARNISHED ANGELS de Douglas Sirk.
me 15h VO 12/12 ans.
THE WEDDING PARTY – UN MATRIMONIO
CON SORPRESA de Leslye Headland.
sa 18h30 VO 14/14 ans.
UN CONDAMNÉ À MORT S’EST ÉCHAPPÉ
de Robert Bresson. je 18h30 VF
12/12 ans.
ZU NEUEN UFERN de Detlef Sierck.
sa 15h VO 16/16 ans.
ZÉRO DE CONDUITE de Jean Vigo.
ma 15h VO 12/12 ans.
3, Allée Ernest-Ansermet 058 800 02 00
PATHÉ FLON
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
me-sa/lu/ma 16h05/18h10
me-sa/lu 20h15 ve 14h sa 10h40
di 17h50 lu/ma 13h50 VF 12/16 ans.
SEP 22
PERFORMANCE
SOYA THE COW
RESTITUTION DE RECHERCHE | PERFORMANCE
LUDMILLA REUSE
LUCIE EIDENBENZ ET SARA MCLAREN
CHERCHEUREXS DE L’UNIL ET HABITANTEXS DU
VAL D’HÉRENS
FESTIVAL D’IMPROVISATION – 10 ANS !
ROLANDE LÉONARD
19
BEAST de Baltasar Kormákur.
me-sa/lu/ma 13h15 ve/ma 18h45
je-sa/lu 20h50 di 23h20 VF
ma 20h50 sa/lu 18h45 di 21h VO
4DX: sa/lu 18h ve 23h40 di 20h45 VF
12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
me-sa/lu/ma 15h15 sa/lu 20h40
ve 23h05 di 20h15 VF ma 20h40 ve
20h35 sa 10h15 di 10h VO 16/16 ans.
BUZZ L’ÉCLAIR de Angus MacLane.
di 12h45 VF 6/8 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
sa 14h sa 11h30 di 9h10 VF 6/8 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
ma 17h10 lu 14h20/20h
ve 16h50/23h10 sa 20h20 VO
ma 20h sa/lu 17h10 ve 14h ve/di 19h40
ma 14h20 VF 16/16 ans.
JURASSIC WORLD: LE MONDE D’APRÈS de
Colin Trevorrow. di 15h15 VF 12/14 ans.
KOMPROMAT de Jérôme Salle.
di 20h VF.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX
de Jared Stern. di 13h15/16h VF
4DX: di 9h30 VF 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. ma 20h30 VO
12/12 ans.
LES BAD GUYS de Pierre Perifel.
di 13h40 VF 6/8 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
– 3D de Kyle Balda. di 10h/14h45 VF
4DX: sa 12h45 di 12h15 VF 6/8 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. me-sa/lu/ma 13h50/16h30
sa 11h30 di 9h15/11h15/15h35/18h10
VF 6/8 ans.
MENTEUR de Olivier Baroux.
di 9h VF 8/12 ans.
MIA ET MOI, L’HÉROÏNE DE CENTROPIA
de Adam Gunn, Matthias Temmermans.
di 11h VF 0/6 ans.
NOPE de Jordan Peele.
ve 23h di 20h40 VF
4DX: di 22h55 VF 12/14 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
sa/lu 15h30 ve/ma 17h55 di 13h VF
sa/lu 17h55 ve/ma 15h30 di 18h30 VO
12/14 ans.
RUMBA LA VIE di 15h30/18h20 VF
8/12 ans.
SCREAM de Matt Bettinelli-Olpin, Tyler
Gillett. di 22h55 VF 16/16 ans.
SONIC 2 – LE FILM de Jeff Fowler.
di 11h VF 6/8 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts.
me-sa/ma 13h35/19h55
me-sa/lu 16h45 ve 22h20 sa 10h15
di 22h40 VO lu 13h35/19h55
ma 16h45 VF
4DX: sa/lu 14h45 me-sa/lu 20h30
ve 14h30 di 17h30 VO
ma 14h30/20h30 VF 12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
sa 13h/15h sa 10h45
di 9h/13h50/15h55 VF 6/6 ans.
THE BLACK PHONE de Scott Derrickson.
ve 23h15 di 23h20 VF 16/16 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. di 12h10 VF
3D: di 17h VF 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
me-sa/lu/ma 12h50 ve/ma 20h20
sa/lu 17h50 di 11h10/20h30 VF
ve/ma 17h50 lu 20h20 di 17h40 VO
4DX: ve/ma 17h45 sa 10h di 14h20 VF
12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. di 22h45 VF 12/14 ans.
UNCHARTED de Seth Gordon. di 23h10
VF 12/12 ans.
16, Port-Franc
FÉV 23

20 MÉMENTO
CINÉMAS DU VENDREDI AU MARDI
PATHÉ LES GALERIES
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. di 15h15/18h40 VF 16/16 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
di 20h30 VO 16/16 ans.
BUZZ L’ÉCLAIR de Angus MacLane.
di 15h VF 6/8 ans.
DECISION TO LEAVE de Park Chan-wook.
di 20h10 VO 16/16 ans.
DOG de Reid Carolin. di 14h10 VF
12/14 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
di 12h20/16h30 VF 6/8 ans.
EL BUEN PATRON de Fernando León de
Aranoa. di 9h30 VO 12/16 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann.
di 9h40/17h20 VO 12/14 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
di 21h VO 16/16 ans.
FLEE de Jonas Poher Rasmussen.
di 13h10 VO 14/14 ans.
INCROYABLE MAIS VRAI de Quentin
Dupieux. di 21h VF 16/16 ans.
IRRÉDUCTIBLE de Jérôme Commandeur.
di 12h VF 8/10 ans.
JOYEUSE RETRAITE 2 de Fabrice Bracq.
di 12h10 VF 8/8 ans.
JUNGLE ROUGE de Zoltan Horvath, Juan
José Lozano. je 18h30 di 9h50 VO
16/16 ans.
L’HOMME DE DIEU de Yelena Popovic.
di 17h45 VO 14/14 ans.
LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac.
di 14h15 VF 12/12 ans.
LA NUIT DU 12 de Dominik Moll.
di 10h40/18h30 VF 14/16 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. di 16h20 VF di 18h15
VO 12/12 ans.
LA PETITE BANDE de Pierre Salvadori.
di 9h45 VF 12/14 ans.
LA TRÈS TRÈS GRANDE CLASSE de
Frédéric Quiring. di 12h VF 12/16 ans.
LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE de Aaron
Nee. di 10h30 VF 12/12 ans.
LES BAD GUYS de Pierre Perifel.
di 14h VF 6/8 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
de Kyle Balda. di 10h VO 6/8 ans.
LES VIEUX FOURNEAUX 2: BONS POUR
L’ASILE de Christophe Duthuron.
di 16h30 VF 8/12 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius.
di 16h45 VF 16/16 ans.
MENTEUR de Olivier Baroux.
di 14h20/18h50 VF 8/12 ans.
MIA ET MOI, L’HÉROÏNE DE CENTROPIA
de Adam Gunn, Matthias Temmermans.
di 13h VF 0/6 ans.
NATIONAL THEATRE LIVE: HENRY V
je 20h VO 16/16 ans.
QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON
DIEU? de Philippe de Chauveron.
di 12h VF 6/10 ans.
REVOIR PARIS de Alice Winocour.
di 18h20 VF 12/14 ans.
SONIC 2 – LE FILM de Jeff Fowler.
di 12h50 VF 6/8 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. di 20h40 VO
12/14 ans.
THE BLACK PHONE de Scott Derrickson.
di 21h20 VF 16/16 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. di 9h50 VO di 14h15 VF
12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
di 15h30 VF di 20h50 VO 12/12 ans.
TOUT LE MONDE AIME JEANNE de Céline
Devaux. di 16h10 VF.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. di 19h VF di 21h10 VO
12/14 ans.
27, Rue du Petit-Chêne
ZINÉMA
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. ve/sa 19h ve/di 21h di 17h VF
16/16 ans.
HUMOUR BELGE – SIX COURTS MÉTRAGES
sa 21h di 19h VF 16/16 ans.
LE LIVRE D’IMAGE de Jean-Luc Godard.
di 19h VF 16/16 ans.
LES PASSAGERS DE LA NUIT de Mikhaël
Hers. ve 19h di 21h VF 16/16 ans.
TOUS LES JOURS DIMANCHE de Steven
Vit. sa 21h VO 16/16 ans.
UNE URGENCE ORDINAIRE de Mohcine
Besri. ve 21h sa 19h di 17h VO
16/16 ans.
4, Rue du Maupas 021 311 29 30
PRILLY
CINÉTOILE
BEAST de Baltasar Kormákur.
15h30/17h/19h/21h VF 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
15h/18h/21h di 12h15 VF 16/16 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann. 20h30 di 9h
VF 12/14 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert. 18h15
VO 16/16 ans.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. di 9h/11h15/13h30 VF
8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. 18h VF 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
de Kyle Balda. 15h di 9h/11h/13h VF
6/8 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
di 9h15/13h15 VF 8/12 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. 15h/20h30
di 9h15/11h30 VF 12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
di 9h15/11h15 VF 6/6 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
15h15/18h/20h45 di 12h30 VF
12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. 15h45/20h30 VF
12/14 ans.
1, Chemin du Viaduc 021 621 88 20
PULLY
CITYCLUB
BRUNO REIDAL de Vincent Le Port.
lu 20h VF 16/16 ans.
COUVRE-FEU. JOURNAL DE MONIQUE
SAINT-HÉLIER de Rachel Noël. di 20h VF
16/16 ans.
LES GOÛTS ET LES COULEURS de Michel
Leclerc. di 16h30 VF 16/16 ans.
MAGDALA de Damien Manivel. di 18h30
ma 20h VF 16/16 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
di 11h/15h VF 0/6 ans.
ANNA ANNA de Greti Klay et Jürgen
Brauer. di 13h15 VF 6/6 ans.
36, Av. de Lavaux 021 711 31 91
VEVEY
ASTOR
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
ve/lu/ma 20h30 VO sa 20h30 di 21h
VF 16/16 ans.
FESTIVAL IMAGES: INAUGURATION
sa 17h30 VO.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. di 13h VF 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. di 18h VO 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. sa 15h VF 6/8 ans.
MAISON DE RETRAITE de Thomas Gilou.
di 15h30 VF 10/12 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
sa 10h VF 0/6 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
ve/lu/ma 18h10 VF 8/12 ans.
17, Rue de Lausanne 021 923 87 87
REX
30 ANS DE LA LANTERNE MAGIQUE
sa 9h30 VF.
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
ve/sa/lu/ma 18h VF 12/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur.
me-sa/lu/ma 20h45 di 21h VF
12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
me-sa/lu/ma 20h30 di 20h45 VF
16/16 ans.
DOG de Reid Carolin. me 15h30 VF
12/14 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
sa 15h15 VF 6/8 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann. di 17h45 VO
12/14 ans.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa 15h15 VF 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. me-sa 17h45 VO
me-sa/lu/ma 20h30 VF 12/12 ans.
LA PANTHÈRE DES NEIGES de Marie
Amiguet. di 13h VF 6/10 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. di 15h45 VF 6/8 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
di 15h10 lu/ma 18h VO 12/14 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
di 13h VF 0/6 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
di 21h15 VF 8/12 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. di 14h35 VF
12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato. me
15h15 VF 6/6 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. di 13h VF 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
di 18h VF 12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. 18h VO 12/14 ans.
6, Rue J.-J. Rousseau 021 925 88 99
YVERDON-LES-BAINS
CINESTUDIO
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
ve-di/ma 18h VF 12/16 ans.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. ve/ma 20h30 lu 18h di 17h30
VF 16/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur.
ve-ma 20h40 VF je 20h40 VO
12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
me-sa/lu/ma 17h45 ve/ma 20h30
di 12h45 VF 16/16 ans.
BUZZ L’ÉCLAIR de Angus MacLane.
di 12h30 VF 6/8 ans.
DOG de Reid Carolin. sa/lu 17h30
di 20h30 VF 12/14 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann. sa/di 14h45 VF
12/14 ans.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa/di 15h30 VF 8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. 20h30 ve 17h45 VF
ma 17h45 VO 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. sa/di 15h30 sa/di 13h30 VF
6/8 ans.
MENTEUR de Olivier Baroux.
sa/di 13h30 VF 8/12 ans.
MIA ET MOI, L’HÉROÏNE DE CENTROPIA
de Adam Gunn, Matthias Temmermans.
sa 15h30 di 13h30 VF 0/6 ans.
NOPE de Jordan Peele. 18h VF
12/14 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
di 11h VF 12/14 ans.
PARADISE HIGHWAY de Anna Gutto.
di 20h30 VO 16/16 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
sa/lu 20h30 di 15h30 VF 8/12 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. di 17h45 VF
12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
ve-di 15h45 VF 6/6 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. di 11h VF 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
ve/ma 17h30 sa/lu 20h30 di
11h/17h45 VF 12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE
de George Miller. ve-ma 20h30 VF
je 20h30 VO 12/14 ans.
1, Avenue des Découvertes 043 204 30 71
NEUCHÂTEL
LA CHAUX-DE-FONDS
ABC
FLEE de Jonas Poher Rasmussen.
ve-ma 18h15 VO 14/14 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius.
ve/di-ma 20h VF 16/16 ans.
SONGS FROM THE 2ND FLOOR de Roy
Andersso. sa 20h45 VF.
11, Rue du Coq 032 967 90 42
PLAZA
BULLET TRAIN de David Leitch. di 20h
VF 16/16 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU
de Kyle Balda. me 17h30 sa 15h
di 13h/15h15 VF 6/8 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. sa 17h VF
12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
di 10h/17h15 VF 12/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE
de George Miller. me-sa 20h15 VF
12/14 ans.
68, Rue de la Serre 0900 900 920 80ct/appel
depuis un tél. fixe
SCALA
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
me-sa 20h di 15h45 VF 12/16 ans.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. sa/lu 17h45 lu 15h15 VF
16/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur. ve 20h15
di 13h30 VF 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
sa/lu 20h15 VF 16/16 ans.
CINÉ KIDS PARTY me 13h30 VF.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
sa 15h30 VF 6/8 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
sa-lu 20h15 VF ve/ma 20h15 VO
16/16 ans.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa 15h15 di 13h15 VF
8/12 ans.
LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac.
di 12h15 VF 12/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. ve/ma 17h30
sa/di 17h di 10h30 lu 15h VF lu 17h30
VO 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. di 18h VF 6/8 ans.
LES VIEUX FOURNEAUX 2: BONS POUR
L’ASILE de Christophe Duthuron.
di 11h VF 8/12 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
di 17h45 VO 12/14 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
me-sa/lu/ma 17h45 di 15h30 lu 15h15
VF 8/12 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. di 19h45
lu/ma 20h VF 12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
sa 15h di 10h15/14h30 VF 6/6 ans.
TOUS LES JOURS DIMANCHE de Steven
Vit. ve/ma 18h VO 14/16 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. di 20h30 ma 20h15 VF
12/14 ans.
52, Rue de la Serre 0900 900 920 CHF 80 ct./
appel + CHF 80 ct./min. depuis un tél. fixe
NEUCHÂTEL
APOLLO
AFTER CHAPITRE 4 de Castille Landon.
sa 15h30 ve/di-ma 20h30 di 15h VF
12/16 ans.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire
Denis. me-sa/lu/ma 17h30 di 12h45 VF
16/16 ans.
BEAST de Baltasar Kormákur. sa 23h15
VF 12/14 ans.
BULLET TRAIN de David Leitch.
sa 22h45 lu/ma 20h VF 16/16 ans.
DUCOBU PRÉSIDENT! de Elie Semoun.
sa 14h di 13h VF 6/8 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
di 19h45 VO 16/16 ans.
FLEE de Jonas Poher Rasmussen.
ve/sa/lu 18h VO 14/14 ans.
KOMPROMAT de Jérôme Salle.
di 20h VF.
KRYPTO ET LES SUPER-ANIMAUX de
Jared Stern. sa 13h15 di 14h45 VF
8/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. ve/sa/lu 17h45 sa 20h
lu 15h VF ve 20h ma 17h45 di 10h15
VO 12/12 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. sa 13h30 di 10h VF 6/8 ans.
LES VIEUX FOURNEAUX 2: BONS POUR
L’ASILE de Christophe Duthuron.
di 15h15 VF 8/12 ans.
LES CINQ DIABLES de Léa Mysius.
me-sa/lu/ma 20h15 VF 16/16 ans.
NOPE de Jordan Peele. sa 22h15 VF
12/14 ans.
PAOLO CONTE, VIA CON ME de Giorgio
Verdelli. di 10h30 lu 15h30 VO
0/14 ans.
PAT ET MAT AU JARDIN de Marek Beneš.
sa 16h VF 0/6 ans.
RUMBA LA VIE de Franck Dubosc.
di 17h30 VF 8/12 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. di 17h15 VF
12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato. sa
15h30 VF 6/6 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
sa 20h30 di 12h VF 12/12 ans.
TOUS LES JOURS DIMANCHE de Steven
Vit. ma 18h lu 15h15 VO 14/16 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. di 17h30 VO 12/14 ans.
21, Faubourg du Lac 0900 900 920 CHF 80 ct./
appel + CHF 80 ct./min. depuis un tél. fixe
ARCADES
BULLET TRAIN de David Leitch.
me-di 20h15 VF 16/16 ans.
LES MINIONS 2: IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de
Kyle Balda. sa 15h me 17h di 16h/18h
VF 6/8 ans.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME – VERSION
LONGUE de Jon Watts. sa 17h lu 19h30
VO di 10h30 ma 19h30 VF 12/14 ans.
TAD L’EXPLORATEUR ET LA TABLE
D’ÉMERDAUDE de Enrique Gato.
di 13h45 VF 6/6 ans.
5, Faubourg de l’Hôpital 0900 900 920 CHF 80
ct./appel + CHF 80 ct./min. depuis un tél. fixe
CINÉMA MINIMUM
LES PASSAGERS DE LA NUIT de Mikhaël
Hers. sa 19h VF 16/16 ans.
THE MUSHROOM SPEAKS de Marion
Neumann. ve 21h di 19h VF 16/16 ans.
TOUS LES JOURS DIMANCHE de Steven
Vit. sa 21h di 17h VO 16/16 ans.
UNE URGENCE ORDINAIRE de Mohcine
Besri. ve 19h di 21h VO 16/16 ans.
20, Quai Philippe-Godet 079 969 09 96
REX
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert.
ve/ma 20h15 VF lu 20h15 VO
16/16 ans.
LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac.
sa 12h30 VF 12/12 ans.
LA OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES de
Olivia Newman. di 17h30 VF 12/12 ans.
LYNX de Laurent Geslin. di 10h VF
6/6 ans.
MON PREMIER LONG MÉTRAGE sa 18h VF.
PAOLO CONTE, VIA CON ME de Giorgio
Verdelli. ve/lu/ma 17h45 VO 0/14 ans.
SEMRET de Caterina Mona. sa 20h30
VO 12/12 ans.
THOR: LOVE AND THUNDER de Taika
Waititi. di 14h45 VF 12/14 ans.
TOP GUN: MAVERICK de Joseph Kosinski.
di 20h15 VF 12/12 ans.
16, Faubourg de l’Hôpital 0900 900 920 80 ct./
appel + 80 ct./min. depuis un tél. fixe
STUDIO
BEAST de Baltasar Kormákur.
di 12h45 VF 12/14 ans.
ELVIS de Baz Luhrmann. di 17h15 VF
12/14 ans.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
de Dan Kwan, Daniel Scheinert. sa 20h
VF 16/16 ans.
NOPE de Jordan Peele.
di 20h30 VF 12/14 ans.
ONE PIECE FILM: RED de Gorô Taniguchi.
di 14h45 VO 12/14 ans.
RUMBA LA VIE ve/lu/ma 17h30 sa 15h
VF 8/12 ans.
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE de
George Miller. lu/ma 20h sa 17h15
di 10h30 VF ve 20h VO 12/14 ans.
7, Faubourg du Lac 0900 900 920 CHF 80 ct./
appel + CHF 80 ct./min. depuis un tél. fixe
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
MÉTÉO
Prévisions pour la Suisse romande et le Valais
Situation générale: Une crête de haute pression influencera
temporairement le temps dans nos régions aujourd’hui. Vendredi, le
courant s’orientera au sud-ouest, il entraînera de l’air plus humide et
instable, propice aux averses et orages. Vendredi: Temps bien ensoleillé
le matin hormis bancs de stratus ici et là sur le Plateau au début. En cours
d’après-midi, ciel se chargeant de plus en plus depuis le sud-ouest et
à partir des reliefs, suivis d’averses ou d’orages, d’abord en montagne,
puis s’étendant régionalement en plaine en soirée et dans la nuit. En
plaine, minimum allant de 11 à 15 °C; maximum allant de 24 à 27 °C.
L’après-midi, vent du sud-ouest devenant sensible. Rafales à proximité
des orages. En montagne, vent modéré de secteur ouest à sud-ouest.
Isotherme du 0 °C se situant vers 3500 mètres d’altitude. Samedi: Le
matin, temps nuageux avec quelques averses, puis temps devenant assez
ensoleillé en plaine, restant plus nuageux en montagne avec encore
quelques averses éparses. Maximum montant jusqu’à 24 °C. Dimanche:
Temps assez ensoleillé. En seconde partie de journée, quelques averses
isolées possibles en montagne. Maximum montant jusqu’à 26 °C.
Lundi: Temps assez ensoleillé. En seconde partie de journée, quelques
averses possibles en montagne, à caractère orageux parfois. Maximum
atteignant 27 °C. Mardi: Probablement un temps assez ensoleillé au
début. En cours de journée, passages nuageux en augmentation à partir
de l’ouest suivis d’averses ou d’orages. Maximum montant jusqu’à 26
°C. Mercredi: Nébulosité probablement variable, souvent forte, avec
quelques averses ou orages. Maximum montant jusqu’à 23 °C. Évolution
possible du jeudi 8 au mercredi 14 septembre. Dépression étendue sur
le proche-Atlantique. Situation de marais barométrique dans la région
des Alpes, faible courant de sud-ouest en altitude, parfois humide.
Journées seulement en partie ensoleillées avec quelques précipitations.
Températures maximales comprises entre 21 et 26 degrés. mÉTÉOSUISSE
CONVOIS FUNÈBRES
Vendredi 2 septembre à 41 ans, cérémonie en la chapelle A
du Centre funéraire de Montoie à
GENÈVE Lausanne à 10h30.
Marlène Champion, née Hauser, JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
décédée à 87 ans, recueillement
musical au Centre funéraire de René-Jean Kaiser, décédé à 79 ans,
Saint-Georges à 11h15. Annick cérémonie d’adieu à 13h45 au
David, née Thonney, cérémonie à temple de Bévilard.
10h45 à l’église catholique romaine VALAIS
de Versoix 15 ch. Vandelle. Isabelle
Antoinette Erni Ulbrich, décédée à Pancrace Dolt, cérémonie d’adieu à
17h à Savièse église Saint-Germain.
69 ans, cérémonie d’’adieu de 13h à
René Dubuis, messe de sépulture en
13h30 au cimetière de Saint-
l’église du Sacré-Coeur à Sion à
Georges. Jeanine Emile Farinelli
Giacoletto, décédée à 84 ans, 10h30. Jef Machiels, Brig, les adieux
cérémonie à 13h30 au Centre se feront dans l’intimité. Robert
funéraire de Saint-Georges. Simone Romailler, cérémonie d’adieu à 17h à
l’église de Lens.
Grosjean, née Troxler, recueillement
musical à 16h à Saint-Georges. Maria
Cinta Hierro Comes, décédée à 81 Samedi 3 septembre
ans, cérémonie religieuse à 14h au
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
Centre funéraire de Saint-Georges.
Marie-Antoinette Coeudevez, messe
Mario Marconi Archinto, cérémonie
religieuse en l’église Sainte-Pétro- de trentième à 18h en l’église de
nille 39 rte de Pregny, Pregny-Cham- Bressaucourt. Annette Rérat-Joliat,
bésy. Paul Nomblot, cérémonie décédée à 86 ans, Courroux, la
religieuse en l’église de Bernex à cérémonie d’adieu a eu lieu dans
l’intimité. Juliette Salomoni-Riat,
10h30. Edda Schulte-Elte, née
messe anniversaire à 18h en l’église
Hingsen, cérémonie religieuse en
de Boncourt.
l’église de Confignon à 14h.
NEUCHÂTEL VAUD
Heinz Aeschimann, Neuchâtel. Jean-Maurice Grillet, décédé à 66
Antoinette Balossi Rota, La ans, temps de partage à 10h en
l’église de Saint-Sulpice VD.
Chaux-de-Fonds. Chantal Brulliard,
Neuchâtel. Georgette Monnier
Steiner, La Chaux-de-Fonds. Michel Dimanche 4 septembre
Robert-Charrue, Les Ponts-de-Mar-
VALAIS
tel. Ida Staudacher, Neuchâtel.
Yvonne Maret-Comby, messe
VAUD
souvenir au Levron à 9h30.
Georgette Blaser-Cretegny, décédée
GENÈVE
à 89 ans, culte à l’église de Monnaz
à 14h, honneurs à 14h30. Jean- Patrick Salomon, hommage rendu
Pierre Bourgeois-Gay, décédé à 80 lors d’une verrée à 14h au foyer de la
ans, inhumation au cimetière de salle polyvalente de Dardagny.
Ballaigues à 13h suivie de la
cérémonie d’adieu à 14h30 au
Lundi 5 septembre
temple de Vallorbe, honneurs à
l’issue de la cérémonie. Elena VALAIS
Cambio-Salvatori, Payerne. Michel André Fournier, Fey, Loye, la
Constantin, décédé à 90 ans, Pully, cérémonie d’adieu a eu lieu le 1er
le dernier adieu a été célébré dans septembre. Michel Constantin, le
l’intimité. Sylvie Gentizon, Vaud. dernier adieu a eu lieu dans
Roger Claude Guignard, décédé à 87 l’intimité. Peter Zurbriggen, messe
ans, cérémonie d’adieu à Montoie à d’enterrement à 10h15 à l’église de
14h30. Yolande Käser-Moreillon, Brigue.
décédée à 84 ans, Bex, la cérémonie
VAUD
d’adieu sera célébrée dans l’intimité
Pierre Le Berre, décédé à 79 ans,
de la famille. Stéphanie Charlotte
Ries-Preabianca, décédée à 102 ans, cérémonie en l’église catholique à
cérémonie à la chapelle de Villeneuve à 14h suivie des
Beausobre à Morges (av. de Vertou) honneurs. Jean-Pierre Dépraz,
à 10h. Arlette Rochat-Calame, décédée à 83 ans, cérémonie d’adieu
au temple d’Eclépens à 14h suivie
décédée à 88 ans, les obsèques ont
eu lieu dans l’intimité. Carmen des honneurs. Myrta Hüppi-Sutter,
Seemann-Degaudenzi, décédée à 80 décédée à 76 ans, Montreux.
ans, cérémonie à 14h à l’église Jean-Claude Nessi, décédé à 73 ans,
catholique de La Longeraie à dernier adieu au Centre funéraire de
Morges. Eric Wettenschwiler, décédé Montoie chapelle B à 13h30.
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
AGENDA CULTURE
ÉVÉNEMENTS
GENÈVE
OFFHAUSE MUSEUM. Jusqu’au 30
octobre. Musée miniature. Par Yusuké Y.
Offhause, artiste franco-japonais.
JEANNE RIMBERT, «OH LES BEAUX
JOURS». Expo. Jusqu’au 30 octobre.
Musée Ariana, avenue de la Paix
(Musée de la céramique et du verre)
MARISA & MARIO MERZ. Du 2 juin au
25 sept. Du me au ve 14h-19h, sa/di
11h-18h fermé lu/ma. Visites sa 25 sept
à 14h. 15h et 16h.
Musée Rath, place Neuve
«VOYAGES EN HUMANITÉ»
LAURENCE DEONNA, PHOTOGRA-
PHIES + «VOYAGES EN GRÈCE»
1904-1936 WALDEMAR DEONNA,
PHOTOGRAPHIES. Jusqu’au 2 octobre.
Du ma au di de 15h à 18h. + film Nasser
Bakhti «Laurence Deonna libre !» ve 2
sept 18h et sa 17 sept 17h.
Versoix, Le Boléro, 8 chemin Jean-Baptiste
Vandelle, www.bolero-versoix.ch
«LES CICATRICES DU CORPS ET DE
L’ÂME». Du 25 août au 4 sept.
Exposition. Ve 2 sept à 20h soirée tango
avec Cuarteto Tango Indigo,
www.lescicatrices.com.
Humanitart, 14 rue du Diorama
www.humanitart.ch
«LA NOUVELLE MENACE, UNE
EXPOSITION SUR NOS BIAIS
COGNITIFS». Du 29 août au 16 octobre.
Du lu au ve 7h30-19h, sa/di et jours
fériés 13h-17h. Visites guidées ma 13
sept 12h20, sa 24 sept 15h, di 9 oct
15h.
Salles d’exposition de l’UniGE,
boulevard Carl-Vogt
«SKIN CLAY». Expo. Du 2 au 24 sept.
Ma-sa 14h 18h entrée libre.
Halles de l’Ile, pl. de l’Ile
ENSEMBLE ON FÊTE. Sa 3 sept
11h-16h. Ateliers bricolage enfants,
petite restauration, tournoi de jass,
parcours de sensibilisation.
Versoix, salle communale et préau Lachenal,
www.versoix.ch
VOGUE DE SATIGNY. Sa 3 sept 11h-2h.
Marché terroir 11h-18h, bar à bulles &
musique dès 22h.
Satigny
JOURNÉE CONVIVIALE. Jeudi 8 sept
9h30-10h départ rallye dès 11h30
activités diverses 11h45 apéritif offert
par la commune & piquenique canadien
cuisine du monde, gril à disposition.
Gy (GE)
VOGUE DE CAROUGE. Les 2, 3 et 4
sept. Ve 2 sept 18h ouverture place de
Sardaigne. Ve 2 sept scène Sardaigne
chapiteau The Doors Revival 19h30
Noneim 21h30 DJ Mr Chug 23h all
styles.
Carouge
CONCOURS DE PÉTANQUE. 3 et 4 sept.
Avusy inscr. 079 749 02 40
ROUSSEAU LANCEUR D’ALERTE. Di 4
septembre 14h visite guidée gratuite.
MRL 40 Grand-Rue
DÉCOUVERTE DES CHAUVES-SOURIS.
Ve 2 sept 18h30-21h30.
Lancy Parc Chuit, parcelle Aubert, blocs de
grimpe
AGORA. Me 7 sept 19h. Et à 18h me 7
sept ouverture de l’expo Daniel
GRataloup au 4e étage du MAMCO. Me
7 sept 18h-21h nocturne entrée gratuite.
MAMCO 10 rue des Vieux-Grenadiers www.
mamco.ch Musée d’art moderne et contemporain
FESTIVAL MAGHRÉ-BAINS DES
PÂQUIS. Ve 2 sa 3 et di 4 septembre.
«Histoire(s) d’Algérie, 60 ans de la
décolonisation à aujourd’hui». Tables
rondes, rencontres, musique, DJ sets...
Bains des Pâquis
BALADE MARAÎCHÈRE. Di 4 sept
10h-18h, 4 maraîcher.ères visites
guidées marché de légumes, musique
live, restauration du terroir.
Veyrier et Troinex www.umb.ch
VAUD
«PAPIERS DE FAMILLE, UNE
HISTOIRE DE LIENS, 16E-18E
SIÈCLES». Jusqu’au 29 octobre.
Gratuit, sans inscription. Expo.
Lausanne, BCU Bibliothèque cantonale et
universitaire,site Riponne
«TRANSFORMATIONS - MUSCLOR ET
LES MAÎTRES DE L’UNIVERS».
Jusqu’au 8 janvier 2023. Ma-di 11h-18h.
Maison d’Ailleurs, Yverdon-les-Bains, 14 pl.
Pestalozzi www.ailleurs.ch
ACHILLE LAUGÉ, «LE NÉO-IMPRES-
SIONNISME DANS LA LUMIÈRE DU
SUD». Expo peinture. Jusqu’au 30
octobre. mar-mer 10h-18h, jeu 10h-21h,
ven-di 10h-18h.
Fondation de l’Hermitage, 2 rte du Signal
SIMONE MAYOR & 25 ARTISTES. Du
26 août au 17 sept. Présence de Simone
Mayor dès 14h les 2, 3, 4, 16 et 17 sept.
Expo sculpture, illuminations nocturnes.
Dans les ruines du château de Bossonnens
au-dessus de Vevey
ANAÏS GUMY, RUBEN AHMAD,
ROMAIN IANNONE. Expo peintures et
perfos. Du 27 août au 15 octobre.
La Sarraz, Espace Marck de Fabrik, chemin de la
Condémine, La Filature
MATERIE MUTATIONS TEXTILES ET
CÉRAMIQUES. Expo. Visite guidée di 4
sept 14h30 avec Clothilde Wuthrich
co-commissaire de l’exposition, je 8 sept
19h avec Chantal Bellon co-commissaire
de l’exposition et directrice de La Ferme
des Tilleuls. Du 2 sept au 18 décembre.
Renens, La Ferme des Tilleuls
BUREAU DES QUESTIONS IMPOR-
TANTES. Du 2 au 17 sept. Ve 2 sept
18h30 Dreaming Beyond Al. Expo, suivi
d’un Queeraoké par Amal Alpha.
Nyon place du Marché, espace EEH
VILANOVA ARTIGAS, DRAWING
MODELS. Expo jusqu’au 9 octobre.
Me 14h-18h30 ve 17h-21h30 sa/di
11h-18h30. 14 sept 14h-16h ville en fête
créatures architecturales.
FAR Forum d’Architectures Lausanne
4 avenue Villamont www.archi-far.ch
«LA BOÎTE DE PANDOURE» FESTIVAL
DE JEUX. Du 2 au 4 septembre.
Château d’Yverdon-les-Bains
FESTIMALT. Sa 3 septembre 11h.
Yverdon-les-Bains, TBB Théâtre Benno Besson
rue du Casino
FESTIVAL D’ART DE RUE. Du 2 au 4
septembre. Ouverture ve 2.9 dès 18h.
La Sarraz, La Filature, https://www.la-filature.ch
«PARADE PARADE» PHOTO
D’OBJETS. Du 4 sept au 7 octobre.
Lu-ve 9h-19h, sa et di 11h-19h (jusqu’au
25.9) lu-ve 9h-18h (du 26.9 au 7.10).
Vevey, Espace Doret, 1 av. Nestlé www.cepv.ch
BIENNALE DES ARTS VISUELS. Du 3
au 25 septembre.
Vevey www.images.ch
«AU COEUR DE NOS RACINES». Expo.
Vernissage sa 3 sept 16h. Gratuit.
usqu’au 30 octobre. + di 11 sept 14h
visite guidée «Vergers de pommes et de
poires». Di 18 sept 14h visite guidée
«Des fruits étonnants». Marché aux
plantes 24/25 sept.
Arboretum AAVA Aubonne, galerie
NEUCHÂTEL
«DÜRRENMATT - L’ARSENAL DU
DRAMATURGE». Jusqu’au 25 sept.
Exposition. Du me au di 11-17h, fermé lu
et ma.
Neuchâtel, Centre Dürrenmatt, chemin
Pertuis-du-Sault, https://www.cdn.ch
«COIN DES MERVEILLES - LES
ANNÉES FOLLES», «VITRINE DE LA
COLLECTIONNEUSE - LES TOUPIES»,
«LA VIE EN BLANC». Expos. Jusqu’au
31 octobre. De mars à octobre du me au
sa 13h30-17h et di 11h-17h.
Valangin, Château, cf. site https://chateau-de-
valangin.ch/
LE MONDE CLAIR DES BIENHEU-
REUX-SES. Du 19 août au 16 octobre.
La Chaux-de-Fonds, Quartier général/QG, rue du
Commerce, anciens abattoirs, www.q-g.ch/
CHEMIN LAND ART. Expo. Jusqu’au 31
octobre.
Les Brenets Frêles 169
«SOUS L’AILE DU ROUGEQUEUE À
FRONT BLANC». Expo. Jusqu’au 16
octobre.
Le Locle, parc de l’Hôtel de Ville
«LE FABULEUX DESTIN D’OSCAR LE
MONTAGNON». Expo. Jusqu’au 27
novembre.
Le Locle, Moulins souterrains du Col des Roches
ARTS MOUVEMENTÉS YASMINE
HUGONNET. Sa 3 sept 16h visite-atelier
avec Géraldine Delley, directrice adjoint
et commissaire de l’expo «Entre deux
eaux, la Tène lieu de mémoire». + visite
atelier di 4 sept 11h-13h avec Marc-An-
toine Kaeser directeur du Laténium.
Laténium, Hauterive, latenium.ch
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
«VILLE D’ÉTUDE ET DE SÉJOUR».
Expo. Jusqu’au 30 octobre, sa-di 14h30-
17h30.
La Neuveville, Musée d’histoire, ruelle de
l’Hôtel-de-Ville 11, museelaneuveville.ch
CAROLE KEHRWALD. Expo. Artiste
visuelle. Jusqu’au 18 sept. Ve 17h-19h,
sa 10h-12h + 15h-18h, di 15h-18h, artiste
présente les 10 et 11 sept de 15h à 18h.
FARB Delémont
FÊTE EN VIEILLE-VILLE.
Ve 2 + sa 3 sept.
Moutier
PETIT VOYAGE EN NOUSSKLAVIE,
PHOTOS. Du 4 sept au 3 octobre. Ve
18h-20h sa/di 15h-18h.
Soyhières, La Cave
VIDE-GRENIER. Di 4 sept. 10h-16h.
Movelier
FÊTE DU HOME LA ROSERAIE. Sa 3
sept dès 10h.
Saint-Imier, Home La Roseraie
THIBAUT CUDRÉ-MAUROUX. Du 2
sept au 2 octobre. Expo peinture.
Vernissage ve 2 sept 18h30, et 19h30
apéro musical au chapeau.
Saint-Imier, Espace Noir
MARCHÉ ARTISANAL LOCAL.
Sa 3 sept 10h.
Charmoille
LE ROYAL EN FÊTE. Sa 3 sept 15h.
Tavannes, Le Royal
VALAIS
HENRI CARTIER-BRESSON ET LA
FONDATION PIERRE GIANADDA.
Jusqu’au 20 novembre. Tous les jours
ouvert de 9h à 18h. Clichés issus de la
Collection Szafran de la Fondation
Pierre Gianadda: pérégrinations des
années 1930, regards sur la France,
voyages en Inde et au Mexique,
face-à-face avec Pierre Bonnard,
Henri Matisse, Alberto Giacometti.
Martigny, rue du Forum, Fondation Pierre
Gianadda, www.gianadda.ch
«LE GRAND THÉÂTRE DU VIN».
Jusqu’au 27 novembre. Expo. Du me au
ve 14h-18h. Sa et di 11h-18h.
Sierre Musée du Vin, rue Sainte-Catherine 6,
tél. 027 456 35 25, museeduvin-valais.ch
«LES SONNETS À ORPHÉE». Expo de
la Fondation Rilke. Lu-di 10-17h.
Jusqu’au 30 septembre.
Rarogne, Dorplatz 6
«LES ALPES AU STÉRÉOSCOPE».
Exposition. Jusqu’au 22 octobre.
Sion, Médiathèque Valais, Les Arsenaux, 45 rue
de Lausanne
«RÉSONANCES». Jusqu’au 1er octobre,
www.evolene--region.ch.
Evolène, Lac d’Arbey
NAMSA LEUBA, PHOTOGRAPHIES.
Exposition, Du 4 août au 6 novembre.
infos sur www.swissmadeculture.ch.
Lens, Fondation Opale, www.fondationopale.ch
«ARTISTE OÙ EN ES-TU ?». Exposition.
Du 20 août au 9 octobre. Me, je, ve sa et
di 15h-18h30, ouverture supplémen-
taire ve 10h-12h. Sa 3 sept 17h visite
commentée. Je 29 sept 18h30 table
ronde à la Ferme Asile, «ateliers pour
jeunes artistes, un tremplin ?».
Sion La Grenette
YOHEI NISHIMUR, MASAMICHI
YOSHIKAWA, JEAN-PAUL BLAIS,
FLYNN BERGMANN. Expo du 3 sept au
8 octobre. Vernissage 3 sept dès 14h,
lecture perfo de Flynn Maria Bergmann.
Saint-Maurice, espace Contre Contre, 14 rue des
Glariers, www.contrecontre.com
PRIX THE SHAPERS. Ve 2 sept 14h.
Sierre, Technopöle
MUSIQUES
GENÈVE
FESTIVAL DES BASTIONS. Concerts
gratuits au kiosque des Bastions,
août et septembre.
Parc des Bastions
COSA NOSTRA JAZZ. Samedi 3 sept
20h30 portes & buvette 19h30.
Espace Culturel de Genthod ch. de la Pralay
«LES ENFANTS DU LEVANT»
D’ISABELLE ABOULKER. Du 2 au 14
septembre. Opéra sur le lac. Livret de
Christian Eymery. 2, 3, 6, 7, 9, 10, 13 et
14 septembre 2022 à 20h. Tout public
dès 9 ans sans entracte. Petite
restauration 1h avant/après le
spectacle. Billetterie sur place only cash.
Plage de la Savonnière 022 598 77 01
www.opera-theatre.ch, 13 chemin Armand-
Dufaux, Collonge-Bellerive
SAHAR REZAI-SOPHIE DE QUAY &
SIMON JACCARD, «AFGHANISTAN
CHÉRI». Lu 5 et ma 6 sept 19h.
ICAM l’Olivier rue de Berne
ORCHESTRE DES NATIONS. Ve 2 sept
20h. Beethoven Symphonie pastorale.
Victoria Hall rue Gén.-Dufour
JUSTE SHANI. Sa 3 sept 19h30 concert.
CO Montbrillant
VALAIS
SION FESTIVAL. Jusqu’au 4 sept. Sa 3
sept 19h église des Jésuites, finale du
concours.
Sion sion-festival.ch
VAUD
KARAOKÉ + AMBIANCE. Ve 2 sept 21h.
Coyote Café Yverdon-les-Bains
II F & GUEST. Sa 3 septembre 20h30.
Les Citrons Masqués, Yverdon-les-Bains
THÉÂTRE
NEUCHÂTEL
«L’EFFONDRE-MONDE OU LE RÉVEIL
DU POULPE». Du 4 août au 10 sept. - 3
sept Enges, place pique-nique 11h, et
Cressier place du village à 16h, 4 sept
Boudry Maison du Pervou à 15h,
10 sept Gorgier, En Seraize à 14h.
Canton de Neuchâtel, www.roulottedesmots.ch
GENÈVE
«NEOLITHICA LE GRAND SECRET».
Texte & mise en scène de Dominique
Ziegler. En plein air. Du 31 août au 16
sept. Ve 2 sept 19h30 Bernex, di 4 sept
19h Choulex. Ve 9 sept 19h Chêne-
Bourg di 11 sept 19h Perly-Certoux Je 15
sept 19h Veyrier ve 16 sept 19h Gy.
Communes genevoises, theatredecarouge.ch/
spectacle/neolithica-le-grand-secret/
MÉMENTO 21
MOTS CROISÉS N° 436
«NIÉ QUI TAMOLA». Road movie 1
A 2
B 3C 4
D 5E 6
F 7
G 8
H 9I 10
J
théâtral. Ve 2 sept 19h-23h expo Daniel
Meynard, 20h grande saga Fran- 1I
çafrique, 22h bal afro-psycho-tropical.
Théâtre de l’Orangerie
LES CHAPITEAUX ENCHANTÉS. Du 7 2II
au 11 sept. Festival 0-4 ans. Marionet-
tistes, conteuses, jeux...
3III
Lancy, parc Navazza Oltramare
«LA PETITE FILLE DANS LA
4
POUBELLE». Sa 3 sept 20h et di 4 sept IV
17h. De & avec Ella Beerli et Séverine
Gurunlian.
Chêne-Bourg, Théâtricul, 64 rue de Genève 5V
theatricul.net
VAUD 6
VI
«WAGNER CRÈVE L’ÉCRAN». Du 31
août au 3 sept à 21h. 7
VII
Nyon, Esplanade Jules César, rés 077 418 31 56
«NATURE YOU ARE». Du 11 août au 10
sept. Du je au di. Perfo, installation. 8
VIII
Yverdon-les-Bains, Théâtre Benno Besson rue
du Casino
9
IX
HOMMAGE À CUCHE ET BARBEZAT.
PAR CUCHE ET BARBEZAT AVANT
QU’IL NE SOIT TROP TARD. Ve 2 sept 10X
20h. Humour.
Mézières, Théâtre du Jorat, theatredujorat.ch
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
HORIZONTALEMENT
«RECTO VERSO». Du 2 au 17 sept. Ve 1. Point ordinaire. 2. Temps de parole. Félins. 3. Divan. Donne un troisième
2 sept et sa 3 à 20h, ve 9 sept et sa 10
labour. 4. En repos. 5. Suit le docteur. Fin de verbe. Arrose Evreux.
sept 20h, di 11 sept 17h, me 14 sept
20h, ve 16 sept 20h, sa 17 sept 20h. 6. Monopolisera. 7. Compositeur français. Entre amis. 8. Terrible potentat.
Refuges. 9 Ustensiles de cuisine. Epaissie. 10. Vainqueur du tour. Les poulets
Undervelier, halle des fêtes, rés.076 697 93 80
y sont réputés.
THÉOPOPETTES. Sa 3 sept 13h30-18h.
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20h di 4 sept 17h. 3. Centre spatial. Ramassé. 4. Sous-produit du savon. 5. Recette de fortune.
Delémont, Théâtre du Jura
Antimoine. 6. Ecrivain français. 7. Qui est toujours là. 8. Fait perdre la tête.
NEBIA NOUVELLE SAISON. Sa 3 et di 4 Mets délicat. 9. Mises dehors derechef. 10. Aire de vent. Ecœurante sensation.
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rue Bartholoni. Ve 2 sept 18h30 Urgences sanitaires, ambulances 144 la Cluse, HUG, 022 808 00 18
témoignage d’un maire décroissant Uni La Main tendue (24h24) 143
Médecine: 022 372 33 11 ou
Mail MR260. Ve 2 sept 20h Uni Mail sos enfants 147 022 382 33 11. HUG, Hôpital cantonal.
MR260 «Agir pour une démocratie
directe». Ve 2 sept 18h30 «Plus de 25
fois les émissions nationales, que faire PUBLICITÉ
contre la finance écocide suisse ?»
conférence Uni Mail MR070. Sa 3 sept
16h conférence «Comment construire
un pouvoir citoyen avec Agissons ?» Sa
3 sept 17h stand-up «La saga des
éco-villages» Uni Mail MR170. Sa 3 sept
16h conférence «L’économie non-vio-
lente pour réenchanter le monde» Uni
Mail MR170. Sa 3 sept 15h conférence TOUT SAVOIR SUR L’ACTUALITÉ SYNDICALE
«Le rôle des émotions face à la crise
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Voyage en humanité, Laurence Deonna.
Versoix, Galerie Le Boléro

22 TÉLÉVISION
VENDREDI
RTS 1 pour maman cool
Film TV. Comédie sentimentale.
14.50 Les Goldberg 8
Série. Maman vs. willow.
15.10 Hudson & Rex 8
16.00 Les enquêtes de Vera 8
17.35 Mission apprentis
17.45 Plus belle la vie
18.15 C’est ma question !
18.50 Couleurs locales 8
19.20 Loi sur l’impôt anticipé
19.30 19h30 8
20.10 Bon débarras !
21.05 SÉRIE
LES COMBATTANTES
Série. Drame. Fra. 2021. Sai-
son 1. Avec Audrey Fleurot,
Julie de Bona. 2 épisodes.
Inédits. L’histoire de quatre
femmes face à l’horreur de
la Première Guerre mondiale.
22.55 New York, unité spéciale
Série. Policière. EU. 2021.
Saison 23. Avec Kelli Giddish.
2 épisodes. Inédits.
Lorsqu’un combattant
populaire ne se montre pas
pour le match le plus attendu
de l’année, Rollins et Velasco
sont entraînés dans une toile
compliquée de secrets.
0.25 Chronicle
Film. Fantastique.
SAMEDI
RTS 1
13.15 Faut pas croire
13.50 Cohabitations animales,
l’art du vivre-ensemble 8
14.35 Columbo 8
Série. Couronne mortuaire.
16.10 Alerte Cobra 8
Série. Le client.
17.05 Soko Kitzbühel 8
18.45 Nos amis sauvages 8
19.20 Swiss Loto
19.30 19h30 8
20.10 52 minutes 8
Invité : Stefano Stoll.
21.00 FILM
LA CH’TITE FAMILLE
Film. Comédie. Fra. 2018. Ré-
alisation : Dany Boon. 1h47.
Inédit. Avec Dany Boon. Un
designer parisien est victime
d’un accident qui le conduit à
renouer avec sa famille ch’ti.
22.55 The Secret Man -
Mark Felt 8
Film. Drame. EU. 2017.
VM. Réalisation : Peter
Landesman. 1h43. Avec Liam
Neeson, Diane Lane.
Mark Felt, numéro 2 du FBI,
enquête sur une affaire qui
pourrait coûter son poste au
Président des États-Unis.
0.35 The Greatest Showman 8
Film. Comédie musicale.
DIMANCHE
RTS 1
12.45 Le 12h45
13.15 Géopolitis
13.45 Walker
15.20 NCIS : Los Angeles 8
Série. Un fait accompli. -
La fille de l’homme-grenouille.
16.50 Bull
Miami vice. - La veuve noire.
18.25 Sport dimanche 8
Magazine.
19.30 19h30 8
20.15 Mise au point 8
Paris sportifs : le piège.
21.05 SÉRIE
9-1-1 : LONE STAR
Série. Drame. EU. 2022. Sai-
son 3. Avec Rob Lowe, Gina
Torres, Ronen Rubinstein.
2  épisodes. Inédits.Owen
tente de sauver un groupe de
migrants.
22.45 Good Doctor
Série. Drame. EU. 2021. Saison
5. Avec Freddie Highmore,
Paige Spara, Christina Chang.
2 épisodes. Inédits.
Témoin d’un accident de la
route, Shaun sauve Alma, une
jeune femme enceinte qui
faisait un arrêt cardiaque.
0.15 Bodyguard 8
Série.
1.15 Sport dimanche 8
RTS 2
13.20 Le 12h45
13.40 RTS info 8
13.55 Temps présent
14.50 RTS info 8
16.05 Géopolitis 8
16.35 RTS info 8
17.25 Objectif Monde l’hebdo 8
17.30 Tennis
US Open. En direct.
18.00 Forum 8
18.45 Croatie/Suisse 8
Football. Mondial 2023 féminin.
Qualifications. En direct.
21.00 ATHLÉTISME
ATHLÉTISME
Ligue de diamant. Mémorial
Van Damme. En direct de
Bruxelles. La Ligue de dia-
mant est une compétition
d’athlétisme qui se déroule
du 13 mai au 8 septembre.
22.05 Impeachment :
American Crime Story 8
Série. Drame. EU. 2021.
Saison 3. Avec Sarah Paulson,
Beanie Feldstein.
2 épisodes. Inédits.
Monica Lewinsky tente
désespérément d’obtenir un
rendez-vous avec Bill Clinton.
23.55 Résultats du Magic 3,
Magic 4 et Banco
0.02 Zap RTS sport
RTS 2
16.55 RTS info
17.15 Ça joue 8
17.30 Tennis
US Open. En direct.
18.05 RTS info 8
18.25 Suisse/Bosnie-
Herzégovine
Volley-ball. Euro 2023.
Qualifications. En direct.
20.14 Résultats du Magic 3,
Magic 4 et Banco
20.15 Tennis
US Open. À New York.
20.25 FOOTBALL
FC ZURICH/FC LUGANO
Super League. 7 e journée.
En direct du Letzigrund.
Champion en titre, le FC Zu-
rich n’avait toujours pas ga-
gné le moindre match après
la 5e journée.
22.30 Zap RTS sport
22.31 Sport dernière
23.05 Jane Birkin et nous 8
Doc. Biographie. Fra. 2021.
Réal. : Thierry Gautier et
Sylvain Leduc. 1h50. Inédit.
Entre Jane Birkin et la France,
le coup de foudre a été
immédiat et dure depuis plus
de cinquante ans.
0.55 Le 19h30 signé 8
1.30 Sport dernière
RTS 2
Grand Prix de Saint-Marin.
En direct de Misano.
14.45 Formule 1 8
Grand Prix des Pays-Bas. Direct.
16.45 MotoE 8
Grand Prix de Saint-Marin.
17.20 RTS info 8
17.30 Tennis
US Open. En direct.
18.00 Forum 8
19.05 RTS info
19.30 Le 19h30 signé 8
20.10 MacGyver 8
20.55 DOCUMENTAIRE
L’INCROYABLE PÉRIPLE
DE MAGELLAN
Documentaire. Historique.
Fra. 2022. Réalisation : Fran-
çois de Riberolles. 1h00.
Inédit.
21.55 Tous les buts ! 8
22.10 Danseur cubain 8
Documentaire. Danse. Ital.
2020. Réalisation : Roberto
Salinas. 1h39.
À 15 ans, Alexis compte parmi
les danseurs prometteurs de
l’École nationale de ballet de
Cuba.
23.50 Égoïste 8
Documentaire.
0.45 Géopolitis 8
TF1
13.00 Le 13h
13.55 Meurtre en talons
aiguilles 8
Film TV. Thriller.
15.40 Grossesse secrète pour
jeune fille parfaite 8
Film TV. Comédie dramatique.
17.30 Familles nombreuses :
la vie en XXL 8
18.30 Ici tout commence 8
19.10 Demain nous
appartient 8
20.00 Le 20h 8
21.10 DIVERTISSEMENT
50 ÉMISSIONS PRÉFÉRÉES
DES FRANÇAIS
Divertissement. 2h25. Inédit.
Découvrez lors d’une soirée
évènementielle, le classe-
ment ultime des 50 émis-
sions préférées des Français.
23.35 50 émissions préférées
des Français 8
Divertissement. 1h20. Inédit.
Grâce à un sondage Harris
Interactive réalisé auprès d’un
échantillon représentatif de
Français, vous allez découvrir
quelles sont vos émissions
préférées.
1.00 Vendredi, tout est permis
avec Arthur 8
Divertissement.
TF1
Magazine. Côte d’Azur : l’été
de tous les risques.
14.50 Reportages découverte 8
Magazine. Trafic d’animaux,
pollution... Le quotidien des
flics de l’environnement.
16.10 Les docs du week-end 8
Magazine. Sport ou chirurgie :
leur défi contre l’obésité.
17.30 50’ Inside 8
Magazine.
20.00 Le 20h 8
21.00 Quotidien express 8
21.10 DIVERTISSEMENT
THE VOICE KIDS
Divertissement. Prés. : Nikos
Aliagas, Karine Ferri. 2h35.
Inédit. Quatre coachs à
l’esprit de compétition hors
norme vont faire monter la
compétition d’un cran.
23.45 Elles ont brillé à
la télé : que sont-elles
devenues ? 8
Do. Société. 2021. 2h10.
Pour ce numéro, Karine Ferri
propose de découvrir ce que
sont devenues des femmes
qui ont toutes marqué
l’histoire de la télévision.
Elles ont connu la célébrité,
certaines étaient même de
véritables stars.
TF1
13.40 Grands reportages
Magazine. Côte d’Azur : l’été
de tous les risques.
14.50 Reportages découverte 8
Magazine. À nous la France !
16.10 Les docs du week-end 8
Magazine. Pas de vacances
pour les policiers d’Argelès.
17.15 Sept à huit - Life 8
Magazine.
18.15 Sept à huit 8
20.00 Le 20h 8
20.45 TF1 Rendez-vous sport 8
21.10 FILM
LA CH’TITE FAMILLE
Film. Comédie. Fra. 2018.
Réal.  : D. Boon. 1h47. Avec
Dany Boon, Laurence Arné. Un
designer parisien est victime
d’un accident qui le conduit à
renouer avec sa famille.
23.10 Esprits criminels 8
Série. Policière. EU. 2014.
Saison 9. Avec Joe Mantegna,
Shemar Moore, Matthew Gray
Gubler, A.J. Cook.
2 épisodes.
Deux victimes sont retrouvées
mortes par empoisonnement
à l’arsenic à Long Beach, en
Californie.
0.50 Les experts : Miami 8
Série.
FRANCE 2
à dire
11.20 Chacun son tour
11.50 Tout le monde veut
prendre sa place 8
13.00 13 heures
13.55 Ça commence
aujourd’hui 8
16.10 Affaire conclue
18.00 Tout le monde a son mot
à dire 8
18.35 N’oubliez pas
les paroles ! 8
20.00 20 heures 8
21.10 SÉRIE
ASTRID ET RAPHAËLLE
Série. Policière. Fra. 2022. Sai-
son 3. Avec Sara Mortensen,
Lola Dewaere. 2 épisodes.
Inédit. Une jeune femme sous
l’emprise d’une puissante
drogue est retrouvée.
23.00 Astrid et Raphaëlle 8
Série. Policière. Fra. Avec Sara
Mortensen, Lola Dewaere,
Benoît Michel.
3 épisodes.
Un célèbre avocat est tué
d’un coup de feu devant
douze témoins qui n’ont rien
vu, rien entendu. Sont-ils
les complices du meurtre ou
victimes d’une incroyable
mystification ?
FRANCE 2
13.00 13 heures
13.20 13h15 le samedi 8
14.00 Au bout de l’enquête, la
fin du crime parfait ? 8
15.55 Affaire conclue 8
16.55 Affaire conclue 8
18.00 Tout le monde a son mot
à dire 8
18.35 N’oubliez pas
les paroles ! 8
20.00 20 heures
20.30 Les rencontre
du Papotin 8
21.10 DIVERTISSEMENT
LE QUIZ DES CHAMPIONS
Divertissement. Prés. : Cyril
Féraud. 2h15. Inédit. Après
le succès des deux premières
éditions Cyril Féraud pré-
sente une nouvelle édition
du «Quiz des champions».
23.25 Les duos mythiques
de la télévision 8
Documentaire. Médias. Fra.
2021. Réalisation : Christophe
David. 2h20.
Ce documentaire propose de
revenir sur les duos cultes de
la télévision française avec
leurs meilleurs moments,
leurs plus beaux imprévus et
leurs fous rires inoubliables.
1.50 Affaire conclue 8
FRANCE 2
11.00 Messe
11.55 Le jour du Seigneur 8
12.00 Tout le monde veut
prendre sa place 8
13.00 13 heures
13.20 13h15 le dimanche... 8
15.55 Affaire conclue 8
16.50 Affaire conclue 8
18.35 Les enfants de la télé 8
19.20 Les enfants de la télé,
la suite 8
20.00 20 heures
20.30 20h30, l’été 8
21.10 FILM
ONCE UPON A TIME...
IN HOLLYWOOD
Film. Comédie dramatique.
EU. 2019. Réalisation : Quen-
tin Tarantino. 1h40. Inédit (1
et 2/2). Avec Leonardo DiCa-
prio, Brad Pitt.
23.50 Créance de sang 8
Film. Policier. EU. 2002. VM.
Réalisation : Clint Eastwood.
1h49. Avec Clint Eastwood,
Wanda De Jesus, Jeff Daniels,
Anjelica Huston.
Terry McCaleb est profiler
au FBI. Il est sur le point
d’attraper Code Killer, un
serial killer.
1.45 Histoires courtes 8
Magazine.
FRANCE 3
14.05 Un cas pour deux
Série. Sortie de rails.
Faute de preuves.
16.15 Duels en familles :
le match des régions 8
16.50 La p’tite librairie 8
17.00 Slam 8
17.45 Questions pour un
champion 8
18.30 Le 18h30 8
20.00 Saveurs de saison 8
20.20 Plus belle la vie 8
20.50 Tout le sport 8
21.10 DIVERTISSEMENT
CES CHANSONS
DE NOS VACANCES
Divertissement. 2h00. Inédit.
Invité notamment : Frédéric
François. L’été se termine et
il y a cette chanson qui reste
gravée dans nos têtes.
23.15 Nos pires voisins 8
Film. Comédie. EU. 2014. VM.
Réalisation : Nicholas Stoller.
1h37. Avec Seth Rogen, Zac
Efron, Rose Byrne, Carla Gallo.
Une famille découvre que
ses nouveaux voisins sont
les membres débridés d’une
confrérie étudiante.
0.50 Les mains d’Orlac
Film. Horreur. EU. 1935. VO.
NB. Réal. : K. Freund. 1h23.
FRANCE 3
13.35 Samedi d’en rire
Divertissement.
15.20 Ma vie d’excellence 8
Documentaire.
17.15 Des chiffres
et des lettres 8
Jeu.
17.55 Questions pour un super
champion 8
19.00 19/20 8
20.00 Saveurs de saison 8
20.15 Tout le sport 8
20.30 Cuisine ouverte 8
21.10 FILM TV
MEURTRES À AMIENS
Film TV. Policier. Fra. 2022.
Réal. : Vincent Trisolini. 1h46.
Inédit. Avec Janis Abrikh,
Joyce Bibring. Un capitaine
de police et sa jeune adjointe
enquêtent sur un meurtre.
22.45 Meurtres à Lille 8
Film TV. Policier. Fra. 2018.
Réalisation : Laurence Katrian.
1h30. Avec Annelise Hesme,
Loup-Denis Élion, Elsa
Lunghini, Adèle Choubard.
Un sculpteur est retrouvé
mort peu avant l’ouverture
d’une exposition qui lui est
consacrée.
0.25 La Dame aux camélias 8
Ballet.
FRANCE 3
12.55 Les nouveaux nomades
Magazine.
13.30 Vivement dimanche 8
Divertissement.
15.15 Thalassa 8
17.15 Des chiffres
et des lettres 8
Jeu.
17.55 Le grand slam 8
Jeu.
19.00 19/20 8
20.05 Stade 2 8
Magazine.
21.10 SÉRIE
LES ENQUÊTES DE VERA
Série. Policière. GB. 2021. Sai-
son 11. Avec Brenda Blethyn,
Kenny Doughty, Jon Morri-
son. De mère en fils. Inédit.
Un employé de la sécurité est
mortellement blessé.
22.40 Les enquêtes de Vera 8
Série. Policière. GB. 2011.
Saison 1. Avec Brenda Blethyn,
David Leon, Paul Ritter, Jon
Morrison.
Des vérités cachées.
Un adolescent a été étranglé
à l’aide d’un lacet. Vera
Stanhope est en charge de
l’enquête.
0.15 Harry Bosch 8
Série. Avec Titus Welliver.
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
ARTE
10.45 Histoires d’arbres
13.00 Arte Regards
13.35 La religieuse 8
Film. Drame.
15.35 Curiosités animales 8
16.00 La vie sauvage du jardin
16.55 Yellowstone : nature
extrême 8
17.40 Invitation au voyage 8
18.55 Yellowstone : nature
extrême 8
19.45 Arte journal
20.05 28 minutes
20.55 FILM
EDITH, EN CHEMIN
VERS SON RÊVE
Film. Drame. GB. 2018. VM.
Réal. : S. Hunter. 1h42. Inédit.
Avec Sheila Hancock, Kevin
Guthrie. Une octogénaire dé-
cide d’escalader un mont.
22.35 The Who : pile & faces 8
Documentaire. Musical. Fra.
2022. Réalisation : Christophe
Conte. 0h55. La double
vie d’un groupe anglais de
légende. Inédit.
Plongée documentaire au
cœur de la frénésie électrique
des Who, une machine de
guerre sonore.
23.30 The Who:
Live in Hyde Park
ARTE
9.50 Cuisines des terroirs
10.15 Le Japon vu du ciel
14.45 Transatlantiques 8
15.40 Transatlantiques 8
16.35 Invitation au voyage 8
17.15 Moutons blancs, nez
noirs
18.00 Rooibos, le thé rouge
d’Afrique du Sud 8
18.35 Arte reportage
19.30 Le dessous des cartes
19.45 Arte journal
20.05 28 minutes samedi
20.50 SÉRIE DOCUMENTAIRE
LES ROUTES DE L’ESCLAVAGE
Série doc. Historique. Fra.
2018. Réal.  : Daniel Cattier
et Juan Gélas. 1h50. 476-
1375  : au-delà du désert.
1375-1620 : pour tout l’or du
monde.
22.35 Les routes
de l’esclavage 8
Série documentaire.
Historique. Fra. 2018.
Réalisation : Juan Gélas et
Daniel Cattier. 0h50. 1620-
1789 : du sucre à la révolte.
Imitant le modèle portugais,
Espagne, Hollande, France et
Angleterre se disputent les
Caraïbes.
23.25 Les routes de l’esclavage 8
ARTE
13.05 Curiosités animales
13.30 L’homme des hautes
plaines 8
Film. Western.
15.30 Les animaux sauvages et
leurs petits
17.45 Donatello, génie de la
Renaissance
18.40 George Gershwin : «An
American in Paris»
19.30 Karambolage 8
19.45 Arte journal
20.05 27
20.55 FILM
MUNICH
Film. Drame. EU. 2005. VM.
Réal.  : S. Spielberg. 2h37.
Avec Eric Bana, Daniel Craig.
Un agent prend la tête d’une
équipe qui traque onze repré-
sentants de Septembre Noir.
23.30 Ne m’envoyez pas de
fleurs !
Film. Comédie. EU. 1965.
VM. Réalisation : Norman
Jewison. 1h33. Inédit. Avec
Rock Hudson, Doris Day, Tony
Randall, Paul Lynde.
Se croyant condamné, un
hypocondriaque organise
ses funérailles ainsi que le
remariage de sa femme.
1.05 Young Euro Classic 2021
LE COURRIER
M6
13.40 Scènes de ménages
14.00 Un jour, un doc
Magazine.
16.20 Les reines du shopping
Jeu. Spéciale qui peut battre
Cristina Cordula ? Look de
soirée chic : Cristina.
À Bordeaux - Look d’été fleuri
(5/5).
18.40 Le combat des régions
19.45 Le 19.45
20.30 Scènes de ménages
Série.
21.10 FILM
MIA ET LE LION BLANC
Film. Aventures. Fra-All-
Afrique du Sud. 2018. VM.
Réal.  : Gilles de Maistre.
1h38. Inédit. Avec Daniah
De Villiers, Mélanie Laurent,
Ryan Mac Lennan.
23.00 Dans le secret des
animaux : la fille qui
murmurait à l’oreille des
lions
Documentaire. Découverte.
Fra. 2022. Réalisation : Gilles
de Maistre. 1h35. Inédit.
Gilles de Maistre dévoile les
coulisses du tournage du film
«Mia et le lion blanc».
0.35 Rewild, la nature reprend
ses droits
M6
Série. Avec : Valérie Karsenti,
Frédéric Bouraly . Entre
reconversion professionnelle,
crises de nerfs ou nouvelles
responsabilités, les couples de
«Scènes de ménages» vont en
voir de toutes les couleurs.
14.35 Chasseurs d’appart’
Jeu. Présentation : Stéphane
Plaza.
19.45 Le 19.45
20.25 Scènes de ménages
Série.
21.10 MAGAZINE
ARNAQUES !
Magazine. Présentation  :
Julien Courbet. 2h10. Inédit.
Au sommaire, notamment :
«Compte personnel forma-
tion, la nouvelle arnaque au
démarchage téléphonique».
23.20 Arnaques !
Magazine. Présentation :
Julien Courbet. 2h10.
Au sommaire, , l’une des
arnaques qui fait le plus
de dégâts sur les réseaux
sociaux : l’arnaque aux
sentiments. Le scénario est
toujours le même : vous
recevez une demande d’ami
sur Internet, puis une relation
se noue.
M6
13.25 Recherche appartement
ou maison
Magazine. Spéciale nouvelle
vie.
15.20 Maison à vendre
Magazine. Rachel et Pierre/
Jean-Luc.
17.25 66 minutes
18.45 66 minutes : grand
format
19.45 Le 19.45
20.05 Sport 6
20.25 E=M6
21.10 MAGAZINE
ZONE INTERDITE
Mag. Prés.  : O. Meunier.
2h05. Fraudes à la Sécu : qui
vole l’argent de notre santé ?
Inédit. Le montant de la
fraude à l’Assurance maladie
est colossal.
23.15 Enquête exclusive
Mag. Présentation : Bernard
de La Villardière. 1h10.
Albanie : l’ex-dictature
stalinienne devenue la
nouvelle perle de l’Adriatique.
Inédit.
Longtemps l’un des pays
les plus fermés du monde,
l’Albanie s’ouvre au tourisme
et au capitalisme.
0.25 Enquête exclusive
 le MAG
OFF-Biennale Budapest, Małgorzata Mirga-Tas, de la série Out of Egypt (2021). FRANK SPERLING
L’ART SOUS
LA POLÉMIQUE
Après un départ compliqué, la documenta du collectif ruangrupa
a trouvé son rythme de croisière. Située en marge du système de
l’art, sa formule collaborative fait place à une diversité bienvenue
SAMUEL SCHELLENBERG
Exposition X Elle est généreuse
et vivante, cette quinzième
documenta de Kassel (D), large-
ment affranchie des codes et
canons qui régissent le monde de
l’art eurocentré, en tout cas dans
sa manière de s’organiser, de cher-
cher l’horizontalité ou de déléguer
les tâches. Avec, en corollaire
obligé, une certaine confusion et
des ratés, quelques couches de
brouhaha ici et là, voire «une im-
pression d’arriver après la fête»,
parfois, pour reprendre une for-
mule entendue sur place.
Il y a cinq ans, lors de la précé-
dente édition de la grande mani-
festation quinquennale, le
directeur de l’époque avait
dédoublé l’exposition, montrant
les artistes de Kassel à Athènes
également –  en pleine crise
grecque, Adam Szymczyk vou-
lait témoigner sa solidarité avec
un pays humilié par la rigueur
allemande (non sans reproduire
au final certains biais néocolo-
niaux). Le curateur polonais
avait par ailleurs insisté sur l’im-
portance de «désapprendre»,
concept valable cette année éga-
lement: la documenta 15 ne res-
semble à aucune autre des expo-
sitions organisées depuis 1955
dans la petite ville au centre géo-
graphique de l’Allemagne.
Plutôt qu’une personne ou un
duo – avant Szymczyk, la docu-
menta a été commissionnée par
Carolyn Christov-Bakargiev
(2012), Okwui Enwezor (2002),
Catherine David (1997) ou en-
core Harald Szeemann (1972) –,
c’est un collectif indonésien qui
est aux manettes, sélectionné
par une commission internatio-
nale où siègent Frances Morris
(Tate Modern) ou Charles Esche
(Van Abbemuseum).
Kassel, c’est où?
Formé en 2000, ruangrupa, c’est
son nom, a notamment participé
aux biennales d’Istanbul, de Sin-
gapour ou de Sharjah, «mais
quand nous sommes venus en
repérage à Kassel en 2019, c’était
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
le premier voyage sur place pour
sept sur huit d’entre nous», ex-
pliquent deux membres du col-
lectif dans l’agora du ruruHaus,
populaire espace central avec
bar, librairie et lieux d’exposi-
tion. Principalement allemande
et retraitée, l’audience écoute
attentivement les explications
des commissaires, soulagés de
pouvoir désormais parler d’art.
Jusqu’il y a peu, l’équipe a sur-
tout dû se défendre contre des
accusations d’antisémitisme,
notamment provoquées par une
pièce du collectif Taring Padi
(lire en page suivante).
Selon leurs notes d’intention,
les commissaires ont voulu
«créer une plateforme artistique
et culturelle interdisciplinaire,
collaborative et orientée vers le
monde entier». Concrètement,
ruangrupa –  le nom signifie
«espace d’a r t» auta nt que
«forme spatiale»  – a crée un
mode de collaboration basé sur
le concept de «lu mbu ng»,
grange à riz traditionnelle d’où
sont redistribuées les ressources
d’une communauté.
Approches alternatives
Rua ng r upa a dé sig né de s
«membres lumbung», quatorze
collectifs du monde entier
comme l’Instituto de Artivismo
Hannah Arendt de Cuba, le col-
lectif queer maori FAFSWAG,
l’organisation communautaire
Wajukuu Art Project de Nairo-
bi, la OFF Biennale de Budapest
ou The Question of Funding de
Palestine. Ce sont ces groupes
qui ont invité les «artistes lum-
bung» formant la matière de la
documenta 15, exposé·es dans
u ne t renta i ne de mu sé e s,
espaces, parcs ou passages sou-
terrains, dont les noms sont lis-
tés sur les cartels accompa-
gnant les œuvres. Des
inventaires parfois intermi-
nables: difficile de savoir qui a
fait quoi et qui a invité qui; ou de
comprendre si l’installation pré-
sentée est une œuvre ou les sco-
ries d’un moment collectif.
«Nous nous
situons hors
du système de
l’art tel qu’il
est pensé ici»
ruangrupa
«Nous nous situons hors du
système de l’art tel qu’il est pen-
sé ici, avec ses galeries, ses mu-
sées» ou son marché, expliquent
les membres de ruangrupa au
ruruHaus. Les deux hommes
ajoutent qu’«en Indonésie, art et
vie quotidienne sont intime-
ment liés. Ami·es et famille nous
aident et les moyens à notre dis-
position ne sont pas simplement
de l’argent, mais aussi du temps
ou de la nourriture.»
Cette approche alternative de
l’art, avec ses positions poli-
tiques assumées, est particuliè-
rement frappante dans le grand
musée Fridericianum, redevenu
le siège principal de la documen-
ta après une exception en 2017.
Enrichi des nombreux dessins
ou écrits du formidable Dan Per-
jovschi, l’endroit a momentané-
ment changé de nom: durant les
cent jours de la documenta, il
devient la Fridskul, l’école du
Fridericianum, utilisé par les
collectifs ou artistes pour prati-
quer ou expérimenter différents
modèles d’éducation horizon-
tale – c’est ici que la sensation
CULTURE
CULTURE
LE COURRIER
23
post-party est la plus forte. Aussi
parce que la plupart des artistes
participant·es ont été forcé·es de
repartir, visa périmé oblige.
On y croise aussi la OFF Bien-
nale de Budapest et le projet (im)
possible de Roma MoMa, grand
musée d’art dédié à la commu-
nauté rom, avec les œuvres
textiles de Malgorzata Mirga-Tas
–  elles illuminent également
l’actuel pavillon polonais de la
Biennale de Venise, au gré d’une
iconographie rom positive.
Pratiquement
la seule star
à Kassel, Hito
Steyerl a retiré
son œuvre de
l’accrochage
Issu d’une famille aborigène
activiste, l’Australien Richard
Bell propose une Ambassade
aborigène sur le Friedrichsplatz,
grande tente qui sera présentée
à la Tate Modern l’an prochain.
Dans le Fridericianum, il pré-
sente ses magnifiques toiles
politiques des années 1970 et
1980, racontant les combats
pour les droits civiques autant
que ceux pour la terre. Après
un voyage dans les Archives des
luttes féministes en Algérie, par
des films ou fac-similés à feuil-
leter, on se plonge par l’image
en mouvement dans l’héritage
musical du Rojava; ou les tenta-
tives de jeunes artistes irakiens
de documenter le quotidien de
Bagdad.
A la Documenta Halle, l’Ins-
tituto de Artivismo Hannah
Arendt de Cuba, initié par l’ar-
tiste Tania Bruguera, forme un
nuage à partir des noms des
a r t i st e s et i nt el lect uel·le s
cubain·es censuré·es par les
institutions gouvernementales
entre 1959 et aujourd’hui. A
l’Ottoneum voisin, le collectif
coréen IkkibawiKrrr filme les
reliques guerrières sur diffé-
rentes îles de l’ex-empire japo-
nais. Dans l’espace suivant, un
panneau indique que «par déci-
sion personnelle de l’artiste,
l’installation Anima Spirits de
Hito Steyerl ne fait plus partie
de l’exposition». Pratiquement
la seule star de la documen-
ta 15, la plasticienne allemande
a voulu protester contre le
cafouillage de la manifestation
en réponse aux accusations
d’antisémitisme.
Ebats intimes
Au WH22, avec son bar qui sert
de la bière estampillée «docu-
menta fifteen», le sous-sol est
aménagé en club queer par le
collectif de New Delhi Party Of-
fice, avec espace pour ébats in-
times durant les soirées DJ ad
hoc – des moments réservés aux
personnes trans, lesbiennes,
non-binaires et/ou personnes
«brown or black». Quelques
étages plus haut, The Question
of Funding invite des collectifs
de Kassel à s’entretenir avec des
artistes palestinienn·es sur la
question du financement de
l’art, notamment en situation
d’occupation.
On retrouve Taring Padi à
l’ex-piscine Hallenbad Ost, avec
de grande toiles peintes et très
nombreuses figurines en carton
à l’extérieur – on dénonce tour
à tour l’esclavage des enfants ou
les centrales à charbon. Comme
ailleurs parfois, une vidéo décrit
le making of collaboratif •••
 MAG À LA UNE
24 leWEEK-END LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022

••• des œuvres, un mode de dar Ahmed, pour raconter le

faire inhabituel dans le monde
de l’art contemporain.
Au «Village du futur», un
campement post-hippie encore
largement vide à 11h30 du ma-
tin, «la révolution dort encore»,
plaisante avec bienveillance un
visiteur sexagénaire. Nettement
plus animée, pour ne pas dire
animiste, l’église de St. Kuni-
gundis reçoit la Ghetto Biennale
de Port-au-Prince, avec ses
sculptures macabres ou un clip
rap sur l’emprise des poubelles
sur la capitale haïtienne.
«Nous ne
voulons pas
être des ovnis
qui viennent ici
pour cent jours
et s’en vont»
ruangrupa
Pas loin, à l’Hübner Areal,
l’excellente vidéo Smashing Mo-
numents de l’Argentin Sebastian
Díaz Morales filme des membres
de ruangrupa s’adressant à
plusieurs grandes statues dans
l’espace public de Djakarta – ou
comment mélanger le personnel
à l’histoire du pays, avec hu-
mour et émotion. En bordure de
la Fulda, dans le complexe in-
dustriel du 76, Hafenstrasse,
témoin du passé portuaire de
Kassel, l’artiste de Beyrouth
Marwa Arsanios filme l’enjeu de
la communalisation d’un lopin
de terre privée. Moyen-Orient
toujours avec les formidables
romans photos du collectif ber-
linois Ferhas Publishing Prac-
tices, Borrowed Faces, autour de
la culture éditoriale arabe et
nord-africaine au temps de la
Guerre froide (première du
nom), avec des ajouts queer aus-
si anachroniques que délicieux.
Au Hessisches Landesmu-
seum, Pinar Ögrenci promène
sa caméra dans le Kurdistan
turc, pas loin de l’Arménie, pour
revenir sur les histoires com-
munes toutes en blessure et des-
tins contrariés. Film encore au
Stadtmuseum, avec l’excellente
installation Border Farce de Saf-
destin du réfugié kurdo-iranien
Kazem Kazemi, que l’Australie
enferme six ans durant sur l’île
de Manus. Force tranquille pro-
fondément affectée par le séjour,
Kazemi a été sauvé par le heavy
metal, qu’il pratique aujourd’hui
au sein du groupe Hazeen.
Quant au bel Hôtel Hessenland,
dessiné par Paul Bode, le frère
du fondateur de la documenta,
il propose une superbe installa-
tion sonore du collectif de Jo-
hannesburg MADEYOULOOK,
à découvrir assis sur un archi-
pel de formes. Toute en crescen-
do, l’œuv re a r rachera des
larmes aux plus endurci·es.
Gros potentiel
On ne repartira pas sans un
tour au parc Karlsaue, où le col- Haut: avec
lectif colombien Más Arte Más documenta
Acción amène les sons de la Fried Chicken
forêt tropicale dans une serre (2022), le
remplie de troncs indigènes; et Britannique
où La Intermundial Holobiente Hamja Ahsan
imagine un espace de lecture, propose une
écriture et discussion sur la sta- série
tion à compost où Pierre Hu- d’enseignes
yghe enchantait la documen- fictives.
ta 13 avec ses subtiles collisions Bas: l’un des
entre humain, végétal et ani- romans photo
mal. Enfin, on mentionnera les du collectif
déclinaisons d’enseignes de fried Ferhas
chicken placées un peu partout, Publishing
œuvres de l’artiste britannique Practices.
Hamja Ahsan, interdit de docu- NICOLAS WEFERS
menta 15 pour avoir traité le / MAJA WIRKUS
cha nc el ier Ola f Schol z de
«cochon fasciste». Logique-
ment, l’œuvre installée au Mu-
sée de culture sépulcrale s’ap-
pelle «Final Fried Chicken».
Au r u r u Hau s, le s deu x
membres de ruangrupa le sou-
lignent: «Nous ne voulons pas
être des ovnis qui viennent ici
pour 100 jours, organisent une
e x p o s it io n e t s’e n vo nt .»
Sous-entendu: la documenta 15
est destinée à s’étendre au-delà
de ses quatorze semaines habi-
tuelles. Au vu des impulsions
créées, des rencontres entre ar-
tistes et collectifs, des nombreux
événements organisés à Kassel
en marge de la manifestation, le
potentiel est là. L’avenir nous
dira à quel point l’utopie saura
devenir réalité. I
Documenta 15, Kassel, jusqu’au
25 septembre, trains directs depuis
la Suisse, documenta-fifteen.de

PARTENARIAT Antisémitisme, la controverse

M 19 06 22 Kassel X Antisémite, la documenta 15?
16 10 22 Avant même l’ouverture de la manifestation,
le 18 juin dernier, le collectif organisateur
ruangrupa était sous le feu des critiques.
Notamment parce que certain·es de ses
membres avaient signé, fin 2020, une lettre
ouverte demandant le retrait d’une résolu-
tion symbolique du Bundestag désignant la
campagne BDS comme antisémite – elle
promeut le boycott économique, culturel et
Stéphane académique d’Israël. Des paraphes qui en
accompagnaient quelques 1500 autres, ap-
Zaech posés principalement par des personnalités
Nefertiti du monde culturel – on peut citer les artistes
Yael Bartana et Martha Rosler, le choré-
graphe Jérôme Bel ou le directeur du Van
Abbemuseum, Charles Esche.
Ainsi, début 2022, une Alliance de Kassel
contre l’antisémitisme – en réalité une seule
musée des beaux-arts personne, selon ruangrupa – lance des at-
la chaux-de-fonds taques anonymes en ligne, au sujet de
certain·es artistes invité·es, bientôt reprises
par une partie de la presse allemande. Le
7 mai, ruangrupa émet un communiqué
pour démentir toute forme d’antisémitisme
de sa part et déconstruire les allégations
approximatives postées sur le blog, reprises
par la presse. Aussi s’estime-t-il à son tour
victime de racisme.
+ Simone Le collectif demande par ailleurs à être
Holliger jugé sur pièce. Sauf que lors des journées de
User ma pré-vernissage de la manifestation, les mé-
www.mbac.ch salive dias découvrent People’s Justice dans l’espace
public, une grande bannière peinte par le
collectif indonésien Taring Padi. Réalisée il
y a vingt ans, déjà exposée à plusieurs
reprises, la pièce commémore les victimes du
régime sanguinaire de Suharto et critique les
totalitarismes. Gros malaise: parmi les
dizaines de protagonistes illustrés, deux
comportent une iconographie antisémite,
notamment un soldat à tête de cochon, avec
étoile de David et bandeau «Mossad».
D’abord recouverte, l’œuvre est finale-
ment retirée. Les excuses fusent, de la part
des artistes, des organisateurs et de la direc-
trice générale de la documenta, Sabine
Schormann, qui finira par démissionner.
Du côté du gouvernement national, le chan-
celier Olaf Scholz annonce qu’il ne viendra
pas à Kassel; alors que la ministre de la
culture, Claudia Roth, dit vouloir renforcer
le contrôle fédéral sur une manifestation
déjà affaiblie par les importants dépasse-
ments budgétaires de l’édition précédente.
Le comité international qui a sélectionné
ruangrupa, tout en condamnant fermement
l’œuvre incriminée, réaffirme son soutient
total à l’équipe curatoriale. Mais le mal est
fait et la presse ne parle que de ça. Difficile
d’imaginer pire démarrage pour une mani-
festation qui voulait se placer sous le signe
de la collaboration et de la solidarité...
Parmi les nombreux élans de soutiens à
ruangrupa, clairement dépassé par les aléas
d’un fonctionnement tout en couches d’invi-
té·es, le plus fort est sans doute celui du col-
lectif juif de São Paulo Casa do Povo (maison
du peuple). Diffusée sur la plateforme e-flux,
sa lettre réagit à des insinuations formulées
par la Frankfurter Allgemeine Zeitung selon
lesquelles un groupe juif aurait été invité à
la documenta, puis désinvité. Casa do Povo,
qui s’est senti visé par l’article, admet avoir
été profondément blessé par l’œuvre de Ta-
ring Padi, mais se réjouit de la réaction de la
documenta. Le collectif précise n’avoir ja-
mais été invité formellement car les discus-
sions ont finalement été interrompues par la
pandémie, mais que plusieurs collabora-
tions entreprises se poursuivent.
«En tant que victimes de l’antisémitisme,
nous pensons que la documenta a déjà fait
beaucoup en affrontant la question soule-
vée par l’œuvre de Taring Padi, écrit Casa
do Povo. Nous espérons maintenant que les
autres problématiques soulevées par cette
grande exposition seront entendues et dis-
cutées, car elles sont également vitales pour
nous, pour la lutte contre l’antisémitisme,
pour la lutte contre le racisme et pour le rôle
de l’art dans un monde qui s’effondre au-
jourd’hui.»
Début août, à mi-chemin de la documen-
ta 15, le soufflé était largement retombé: le
public déambulait en nombre, avec son ha-
bituel mélange des générations si germa-
nique et une grande curiosité pour un for-
mat inhabituel. Reste à espérer que la polé-
mique n’aura pas de conséquences sur l’ave-
nir de la manifestation, dont l’indépendance
semble plus que jamais menacée. SSG
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
LIVRES leMAG 25
WEEK-END

Un grain de sable dans les rouages

Joseph Incardona X Roman social et
beau portrait de femme, Les Corps so-
lides suit le combat d’une mère
célibataire pour se sortir de la préca­
rité. Tendre et noir.
Après La Soustraction des possibles,
plongée dans le monde cynique de la
Genève des banques, Joseph Incardona
met le cap sur la côte Atlantique où vit
Anna, mère célibataire, dans un
mobile-home proche de l’océan. An-
cienne championne de surf, elle vend
des poulets rôtis sur les marchés pour
assurer un fragile équilibre, menant
avec son fils Léo, 13 ans, une existence
frugale mais libre face à l’océan. Avec
son homme, disparu dans les my-
thiques vagues californiennes, ils vou-
laient «une vie avec le moins d’entraves
possibles, tenir cette promesse d’une
existence à l’écart des grandes villes et
du bruit, sentir l’air, l’eau et la terre».
Tout bascule quand son camion-rôtis-
serie percute un sanglier: l’assurance
refuse de la dédommager – Anna a
fumé de l’herbe – et les dettes s’accu-
mulent.
Pour l’aider, après avoir tenté un
trafic de cannabis foireux, Léo l’inscrit
à son insu au Jeu dont tout le monde
parle, aussi simple que cruel: celui qui
touche une voiture le plus longtemps la
gagne. But de l’entreprise automobile
qui a planché sur le concept: «redonner
confiance à 20 millions de téléspecta-
teurs, montrer qu’avec la pugnacité, on
arrive à tout», et ainsi relancer l’écono-
mie. Contre cette alliance délétère
entre le monde des médias et celui du
business sur le dos des précaires, ni les
mouvements écologistes ni la prési-
dente de la République ne peuvent rien.
Surnommée la Reine des abeilles, celle-
ci a pourtant une intuition…
Un chèque de 50 000 euros, ce se-
rait la fin des problèmes. Et voilà Anna
embarquée dans une odyssée immobile
en plein cagnard. Sur l’estrade instal-
lée au bord de l’océan, ils sont vingt à
coller leur main à la carrosserie, à
vivre et souffrir sous le regard des
autres, à faire monter l’audimat. La
foule curieuse guette les défaillances,
les proches amènent à boire, des pa-
roles de soutien, du scotch pour la nuit
(il ne faudrait pas que les mains lâchent
prise). Chair contre métal, vulnérabili-
té contre dureté clinquante, l’image est
saisissante de la violence capitaliste
martyrisant les corps tandis que Léo
s’évade dans les vagues, le romancier
genevois restituant à merveille la flui-
dité de cette danse avec l’eau, libre et
puissante.
Quand on sait que le Jeu est inspiré
par un concours qui a bien eu lieu – in-
venté par un concessionnaire Nissan
au Texas dans les années 1990 –, cette
lutte sans merci entre laissés-pour-
compte révèle de façon grinçante le cy-
nisme d’une société injuste. A partir de
cette situation au fort potentiel drama-
tique, Joseph Incardona éclaire les
luttes de pouvoir et de classe à travers
une galerie de personnages brossés
avec talent. Déroulant son intrigue en
ménageant la tension, il donne corps à
ses protagonistes, dépeints avec leurs
doutes, leurs fragilités, leur éthique
aussi, à la fois singuliers et condition-
nés par un contexte plus vaste. Anna
et Léo évolueront au terme de l’aven-
ture, portant véritablement le récit.
Ecriture claire et rapide, phrases
percutantes, clins d’œil au lecteur,
goût pour les listes, l’efficacité narra-
tive se met ainsi au service d’une his-
toire aussi noire que tendre où l’amour
maternel et filial finira par triompher.
Les «corps solides»? Ils sont simplement
«ce que nous sommes. Avant tout.
Avant toute chose. Quelle qu’elle soit.
Quoiqu’il arrive.» L’évidence de la pré-
sence, irréductible, ce socle bien réel
sur lequel bâtir les relations, trouve son
acmé dans un finale inattendu où
Anna, fière et digne, toujours libre, les
rachète tous. APD
Joseph Incardona, Les Corps solides, Editions
Finitude, 2022, 272 pp.
L’auteur est en débat au Livre sur les quais
sa 3 septembre à 11h, www.lelivresurlesquais.ch

Monica Sabolo tisse la mémoire des années de plomb à celle Gauz’ et son chocolat
de sa jeunesse abusée, enrichissant les enjeux de l’enquête intime sucré-salé

PASSÉ SOUS SILENCE

ANNE PITTELOUD
Roman X Quand elle décide
d’enquêter sur les assassins du
PDG de Renault Georges Besse
par quatre membres d’Action
directe en 1986, Monica Sabolo
traverse une période difficile:
«J’allais écrire quelque chose de
facile et d’efficace, qui aurait des
chances de se vendre et me per-
mettrait de survivre. J’ai pensé
qu’une histoire vraie, spectacu-
des éléments abordés notam-
ment dans Tout cela n’a rien à voir
avec moi (2013), telle l’histoire
d’amour de sa jeune mère, en
Italie, avec celui qui deviendra
son père mais qu’elle n’a jamais
connu. C’est en effet Yves S., le
mari de sa mère, qui l’adopte et
l’élève. C’est lui qui emmène la
famille à Genève, où il travaille
au Bureau international du tra-
vail et mène grand train, orga-
nisant des soirées mondaines
dans leur appartement de la
Monica Sabolo
évoquera La
Vie clandestine
ce samedi au
Livre sur les
quais.
F.MONTOVANI –
ÉDITIONS
GALLIMARD.
Car enquêter sur Nathalie
Ménigon, Joëlle Aubron, Jean-
Marc Rouillan et Georges Ci-
priano, jeunes idéalistes dont le
crime précipitera la fin d’une
époque sanglante, la confronte
à ce qui demeurait caché dans
sa propre histoire. La traque
d’Action directe, les arrestation,
les témoignages, les lettres, for-
ment une matière éminemment
romanesque par laquelle l’au-
trice s’enfonce de plus en plus
dans une zone dangereuse de sa
les ponts avec Yves  S. avant
qu’il ne sombre dans la dé-
mence – une autre forme d’ou-
bli. «Nous nous racontons une
histoire, puis nous la réécri-
vons, au f il du temps», ce
«spectre fantasque» qu’est la
mémoire empêchant de fixer
u ne fois pou r toutes les
contours du réel, constate Mo-
nica Sabolo, qui avance mot à
mot, chaque phrase en éclai-
reuse des méandres obscurs du
passé.
Passé collectif brûlant
La fiction dans laquelle baignent
les membres d’Action directe
complique encore les choses.
Elle semble rejoindre la réalité
au moment où la narratrice
rencontre Hellyette Bess, qui
tient toujours la librairie anar-
chiste le Jargon libre dans le 20e.
Proche des membres d’Action
directe, la vieille dame lui ra-
conte sa vie et lui fera rencon-
trer ceux qui restent: des êtres
attachants, lucides, grands per-
dants de l’histoire, dont les rêves
ont été laminés par ces années
1980 qui virent le triomphe des
winners et du néolibéralisme.
Admirablement construit,
tissé d’échos troublants, pudique
et précis, La Vie clandestine enri-
chit l’enquête autofictive à la
lumière de ce passé collectif brû-
lant qui questionne les notions
de bien et de mal, d’innocence et
de culpabilité, de honte et de
pardon. Ce qu’elle cherchait
peut-être, prend conscience
Monica Sabolo, c’est de rencon-
trer des êtres qui admettent
PUBLICITÉ
avoir été cause de souffrances.
Roman X En 2014, Gauz’ remportait tous les
suffrages avec Debout-payé, un premier ro-
man semi-autobiographique dans lequel il
mettait en scène un étudiant ivoirien sans
papiers contraint de travailler comme vigile.
Après deux autres titres plus difficiles d’accès,
l’auteur revient dans la collection «Des écrits
pour la parole» de L’Arche, un éditeur qui se
consacre principalement au théâtre, et force
est de constater qu’il s’y épanouit complète-
ment. C’est en effet dans la plus pure tradition
orale qu’il enchaîne les saynètes, retraçant l’histoire d’un pays,
le Cocoaland, derrière lequel il n’est pas difficile de discerner sa
Côte d’Ivoire natale.
Réécrire le destin d’une région africaine par le prisme de la
fève de cacao, depuis l’arrivée des Blancs qui en imposèrent la
production jusqu’à un futur proche où le Cocoaland arrivera
enfin à imposer des transactions monétaires et internationales
qui ne soient pas à son détriment: telle est la gageure de ce court
roman qui se déguste à toute vitesse. Pas de place pour le com-
promis: ici, tout le monde en prend pour son grade, des chefs afri-
cains qui ont laissé faire, par peur des représailles ou par intérêts
financiers, aux colons qui parlent mais jamais n’écoutent, et pour
qui en Afrique les «terres sont de simples mères porteuses». Et que
dire encore de la description que Gauz’ donne de la liesse de l’in-
dépendance, quand il s’amuse de «la Marseillaise transformée en
Abidjanaise»? Il use d’un humour si féroce et si bien senti qu’on
oscille en permanence entre rire nerveux et prise de conscience
édifiante. Décidément, Gauz’ reste un écrivain politique, au sens
le plus noble du terme. AMANDINE GLÉVAREC
Gauz’, Cocoaïans (Naissance d’une nation chocolat), Ed. de L’Arche, 2022, 112 pp.
JEUNESSE
LA JOIE DE LIRE FÊTE SES 35 ANS
Le Livre sur les quais X Fondées en 1987 par Francine Bouchet,
les éditions La Joie de lire fêtent leur 35e anniversaire avec l’expo «35
ans d’engagement», qui présente14 titres de la maison sur autant
de panneaux accrochés aux grilles du Château de Morges. Ils
mettent en valeur ses auteur·es, d’Albertine à Fabrice Melquiot en
passant par Hélène Becquelin ou Adrienne Barman. Des visites gui-
dées sont prévues ce week-end dans le cadre du Livre sur les quais,
qui invite par ailleurs une jolie palette d’auteur·es jeunesse (dont
Nathalie Wyss et Clémentine Beauvais). APD
Jusqu’au 11 septembre au Château de Morges, sa 3 et di 4: visites guidées à 11h.
www.lelivresurlesquais.ch

laire et la plus éloignée possible
de moi, me reposerait.» Fini, «la
poésie, la radicalité et l’expres-
sion intime» au cœur de ses
livres précédents. Erreur. Elle
qui croyait s’en tirer à bon
compte ignore encore que les
années Action directe sont faites
de ce qui la constitue, remarque-
t-elle: «le secret, le silence et
l’écho de la violence».
Née à Milan en 1971, Monica
Sabolo a grandi à Genève, où
elle a fait ses études, puis a été
journaliste avant de se lancer
dans l’écriture de scénarios. On
retrouve dans La Vie clandestine
Vieille-Ville qui abrite sa célèbre
collection d’art précolombien.
C’est lui, aussi, qui rejoint la
jeune fille dans sa chambre et
s’assoit à ses côtés face à l’aqua-
rium éclairé. Et c’est sa main qui
remonte entre ses cuisses.
Doubles vies
Mais elle a tout oublié: «face au
désespoir demeure la possibilité
d’une échappée, une vie clan-
destine, née d’un court-circuit»,
note Monica Sabolo. Et ce non-
dit, ce black out littéral, est la
pièce obscure en elle d’où elle
écrit ce septième livre.
propre mémoire, avec le senti-
ment de mener elle aussi une
double vie. Car tout est secret
ici, multiple, les sources se
contredisent et les versions dif-
fèrent, comme les souvenirs. La
mémoire se révèle faillible, for-
cément parcellaire – celle des
années de plomb et la sienne.
Le spectre de la mémoire
Son enquête se heurte ainsi à
l’inévitable réinvention des
faits. «Les vérités se côtoient à
la façon d’univers parallèles,
légèrement dissemblables»,
observe l’autrice, qui a coupé
S’interrogeant à leur contact sur
la loyauté, le silence et le risque
de la parole, elle soigne finale-
ment ses propres blessures. Et
c’est ainsi que, né du secret, La
Vie clandestine lui permet d’en
sortir sans pour autant trahir,
pour voir enfin émerger une
paix possible. I
Monica Sabolo, La Vie clandestine,
Ed. Gallimard, 2022, 318 pp.
Au Livre sur les quais ce week-end,
l’autrice est invitée à parler des
«Méandres de la mémoire» lors d’une
croisière littéraire avec Jón Kalman
Stefánsson (sa 3 septembre à 16h25),
www.lelivresurlesquais.ch
BOURSE
La Commission des Expositions de la Société
des Arts de Genève attribue une/plusieurs
bourse(s) à un/des artiste(s) actif(s) à Genève.
ARTS
Cette bourse d’une somme totale de Fr. 40 000.-
est destinée à :
PLASTIQUES – l’aide à la réalisation future d’un projet en arts
plastiques.
2022
– contribuer au financement en vue de la
production d’œuvre.
– l’aide à une publication future (livre d’artiste,
monographie, catalogue).
Les dossiers devront être remis au Secrétariat
de la Société des Arts – rue de l’Athénée 2,
1205 Genève – d’ici au 21 octobre 2022.
RÈGLEMENT COMPLET À TÉLÉCHARGER SUR WWW.SOCIETEDESARTS.CH
26 leWEEK-END
MAG BD LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022

L’auteur du Bestiaire helvétique revient en force avec un ouvrage Suées nocturnes

qui interroge notre rapport aux animaux Illustrations X Helge Reu-
mann est un artiste genevois
qui creuse son sillon, poursui-

TOUT EST CHAOS

vant un chemin en spirale au-
tour de thèmes récurrents. Il a
créé un univers graphique
unique et déroutant, un monde
bizarre, opaque et brutal, qui

POUR LES ANIMAUX

Le lombric, un acteur central de la biodiversité. EPFL PRESS
MARINE BASS
Antispécisme X Il y a une semaine tout
juste se tenait la huitième journée pour la
fin du spécisme. A cette occasion, quelques
300 personnes ont défilé dans les rues de
Lausanne pour réclamer entre autres choses
la fermeture des abattoirs. Il y a cependant
bien des manières de défendre la cause des
animaux. Parmi elles, Marcel Barelli a trou-
vé sa recette.
En 2020 sortait son premier ouvrage,
Bestiaire helvétique, qui recensait pas loin
de 400 espèces de vertébrés vivant sur le
territoire suisse, et qui est rapidement de-
venu un petit succès en librairie. Le réali-
sateur de films d’animation, et amoureux
des animaux, a très à cœur de mettre sous
le feu des projecteurs les animaux non hu-
mains du plus impressionnant, au moins
attendrissant.
Dans son premier livre paru chez EPFL
Press, Marcel Barelli s’était attelé à l’ambi-
tieux projet de recenser l’entier de la faune
helvétique suisse en un seul volume. C’est
désormais chose faite. L’artiste et animaliste
Un état des lieux
désenchanté de la
situation animale,
humaine et climatique
suisse n’allait tout de même pas s’arrêter en
si bon chemin. Le 8 septembre paraît, chez
le même éditeur, un nouvel ouvrage suivant
la même formule: Bestiaire désenchanté
– 50 dessins pour interroger notre relation aux
animaux.
Le livre est intelligemment articulé au-
tour d’une cinquantaine d’entrées passant
du dernier ancêtre commun universel
(DACU) au velociraptor, au chien domes-
tique et même à l’humain – l’humain, on le
rappelle, étant un animal comme les autres.
Chacun des ces chapitres permet à l’auteur
d’aborder et d’expliciter une thématique en
lien avec le spécisme, discrimination fondée
sur l’espèce, que ce soit la question de la dis-
sonance cognitive, du réchauffement clima-
tique ou des zoonoses, pour n’en citer que
quelques exemples. En un texte et un dessin
bien senti à l’encre noire par chapitre, Mar-
cel Barelli brosse un état des lieux désen-
chanté de la situation animale, humaine et
climatique.
Convergence des luttes
On pourrait arguer – et débattre intermi-
nablement – que la question du spécisme
n’est pas la lutte la plus urgente, il demeure
que les enjeux soulevés par l’auteur dans
ce brillant et douloureux ouvrage dé-
passent de loin les seules conditions de vie
des animaux non humains – qui sont pour-
tant, disons-le sans crainte du mauvais jeu
de mot, inhumaines. Difficile de nier l’ur-
gence de questionner nos manières de
consommer, et surtout les méthodes de
production industrielles qui causent d’in-
commensurables dégâts, que ce soit sur la
planète ou sur ses habitant·es, en particu-
lier les plus démuni·es. Notre rapport aux
animaux est à placer dans une perspective
plus globale, en vue de réduire – soyons
optimistes: dégommer – les oppressions de
tous types.
Pour un monde meilleur
Ce deuxième Bestiaire de Marcel Barelli,
auteur tessinois qui vit et travaille à Ge-
nève, offre une magnifique porte d’entrée
dans les questions d’éthique animale, mais
il permettra aussi aux friand·es de miscel-
lanées de se régaler de faits, divers et variés,
relatifs à nos modes de production et de re-
présentation, à la croisée de thématiques
passionnantes –  à commencer par la
culture populaire et les superstitions. Et
quoi de mieux pour conclure que cette ques-
tion pose par l’auteur à propos du protago-
niste des Dents de la mer: «Et si c’étaient les
humains, et eux seuls, qui créaient les
monstres?» I
Marcel Barelli, Bestiaire désenchanté – 50 dessins pour
interroger notre relation aux animaux, Ed. EPFL Press,
120 pp. Sortie le 8 septembre.
fascine ou rebute mais laisse ra-
rement indifférent. A chaque
album, cet univers s’étoffe de
nouvelles variations et le trait
du dessinateur s’aiguise. Jusqu’à
atteindre avec Sudation, le der-
nier-né, une maîtrise impres-
sionnante.
D’aspect anodin avec ses soixante pages petit format et sa
couverture sobre, l’ouvrage présente une série d’illustrations en
noir et blanc sans paroles ni légendes et sans liens apparents les
unes avec les autres. Certaines sont sobres et figurent des
éléments présentés sans décor, mais avec une précision quasi
photographique: tas de bois ou voiture couverte d’une bâche.
D’autres poussent plus loin le curseur de l’étrange. Quelque
chose (parfois drôle, parfois dérangeant) vient brouiller le
message et rendre l’image ambiguë: un bus semble ainsi rempli
de cire fondante qui coule des portières, tandis qu’un avion en
flammes traverse le ciel. Apparaissent parfois des cérémonies
macabres, crucifixions ou enterrements, mettant en scène des
individus qui eux aussi semblent fondre. Des formes abstraites,
égrainées au long de l’album, coulent également de plus en plus
et s’étalent.
Et puis, certains dessins plus complexes semblent résister à
toute interprétation. Ils ressemblent aux images résiduelles qui
nous hante quand on se réveille d’un rêve fiévreux et vaguement
malsain: l’ensemble est dépourvu de logique et reste malgré tout
cohérent, d’une précision formelle implacable et lourd d’un
message qui nous échappe. On n’en sort pas tout à fait indemne,
mais celles et ceux qui apprécient d’être ébouriffé·es seront
ravi·es. CBN
Helge Reumann, Sudation, Ed. art&fiction, 64 pp.
Trouver refuge
Récit X En 2021, l’illustratrice
Maeva Rubli, jurassienne établie à
Bâle, s’est associée à Anisa Alrefaei
Roomieh, poétesse d’origine sy-
rienne, pour gratifier le public alé-
manique d’un très bel album, repris
en français au début de l’été par les
Editions Antipodes. Ce projet, initia-
lement conçu pour le travail de
Bachelor de Maeva Rubli, est le fruit
d’une relation de confiance tissée
entre les deux artistes, toutes deux
filles de sage-femme. Leur dialogue
se mue pour le bien du récit en mo-
nologue, et laisse pudiquement toute la place à la voix éminem-
ment poétique d’Anisa Alrefaei Roomieh, faisant du public
l’interlocuteur·ice privilégié·e de l’artiste exilée avec sa famille
à Delémont.
Ce livre est d’une élégance rare. L’illustratrice a su faire des
choix graphiques, utilisant très librement le crayon de couleur
et la gouache, notamment dans la réalisation de gros plans
presque abstraits. On est accueilli·e dans l’intimité de la
Syrienne, et de ce que fait une grossesse dans un pays ravagé
par la guerre. MBS
Maeva Rubli et Anisa Alrefaei Roomieh, Face à face, Ed. Antipodes, 224 pp.

L’île aux songes de Baladi

Aventure métaphorique X Le dessina-
teur genevois déploie dans son dernier
ouvrage, Saturnine, toute sa palette
sur le thème de l’enfant sauvage.
II y a trois ans, Alex Baladi nous em-
menait sur une mystérieuse île du Pa-
cifique pour nous offrir une relecture
savoureuse du roman d’aventure Le
Robinson suisse. Il semble avoir pris
plaisir à ce voyage puisque son nouvel
album, Saturnine, se déroule sur la
même île, quelque cent ans plus tard,
au début du XXe siècle. A nouveau,
l’illustrateur genevois s’attaque à un
mythe romanesque qu’il entend re-
mettre au goût du jour.
Le hasard lui a en effet permis de re-
découvrir l’œuvre d’un écrivain oublié,
Albert Robida, qui publia en 1879 l’his-
toire de Saturnin Farandoul, un enfant bien vite, la jeune fille souffre de sa dif-
élevé par des singes – et cela trente ans férence: elle a beau avoir la chevelure
avant le célèbre Tarzan d’Edgar Rice aussi rouge que le pelage de ses congé-
Burroughs. Il n’en fallait pas plus à nères, elle est un·e Autre. S’accrocher
Baladi pour s’emparer du thème. Pour- une queue postiche n’y changera mal-
tant, point d’homme-singe musculeux heureusement rien: voilà Saturnine
ici: on sait que le Genevois aime trans- plombée par sa tristesse. Elle est en-
former les univers narratifs qu’il revi- suite recueillie par un navire de pas-
site, et aussi qu’il aime les personnages sage; face à cette enfant sauvage, le
féminins. Le proto-Tarzan Saturnin capitaine du vaisseau s’emballe. Il rêve
Farandoul prend donc chez lui les traits de transformer la sauvageonne en une
d’une fille, Saturnine. «vraie demoiselle» qui porterait haut
les valeurs de la courtoisie à la fran-
L’histoire débute avec le naufrage çaise. Le conflit est inévitable, qui trou-
d’un navire sur les récifs l’île aux vera une conclusion radicale lors d’un
singes. Les vagues poussent sur le ri- retour sur l’île, où des vents contraires
vage un couffin contenant un bébé, ramèneront le bateau.
note héroïne, unique survivante de la La recette graphique de cet album
catastrophe. L’enfant sera accueillie est la même que celle de Robinson suisse
par les singes et élevée parmi eux. Mais et fonctionne tout aussi bien. Baladi
alterne dessins pleine page et planches
au découpage plus classique, dans une
débauche de couleurs éclatantes. Il
s’autorise la diversité des techniques,
usant de papiers découpés rehaussés
ensuite au crayon, à l’acrylique ou à la
gouache. Le dessin est dépouillé, les
dialogues épurés et les décors souvent
absents. L’ensemble forme un régal
pour les yeux!
L’île aux singes n’en a pas pour
autant fini de faire fantasmer Baladi: il
t rava i l le ac t uel lement s u r u ne
troisième histoire qui s’y déroule et qui
devrait être le dernier volume d’une
trilogie onirique et colorée.
CHRISTOPHE BUISSON
Alex Baladi, Saturnine, Ed. Atrabile, 128 pp.
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
CINÉMA leMAG 27
WEEK-END

Mêlant admirablement drame et fantastique, Léa Mysius AUSSI À L’AFFICHE

remonte le temps pour soigner les brûlures de l’amour
Nope Comique à la télévision, Jordan Peele s’est imposé sur le

PASSION PYROMANE
grand écran avec Get Out puis Us, deux films où l’horreur nourrit
une parabole politique. Le revoilà avec Nope, sa première incursion
dans la science-fiction. Dresseurs de chevaux pour Hollywood, deux
frère et sœur (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) observent d’étranges
phénomènes autour de leur ranch et espèrent filmer un OVNI, tan-
dis que leur voisin (Steven Yeun) transforme ces manifestations
extraterrestres en spectacle pour son parc d’attractions. Enfant, ce
dernier jouait dans une sitcom avec un chimpanzé, qui commit un
jour un massacre sur le plateau... Il faudrait voir dans ce scénario
une satire sur l’industrie du divertissement, mais la démonstration
s’avère à la fois nébuleuse et laborieuse. Détournant un genre cano-
nique, le cinéaste distille par ailleurs un bien maigre suspense sur
la présence des visiteurs de l’espace, leurs intentions et leur appari-
tion, reléguée au dernier acte. Film de SF soporifique et pamphlet
inconsistant, Nope déçoit sur les deux tableaux. MLR

Jungle rouge En 2008, le numéro 2 des FARC, Raúl Reyes, est

La jeune Joanne (Adèle Exarchopoulos) dans la scène matricielle du film. FILMCOOPI
MATHIEU LOEWER
«Les Cinq Diables» X Métisse à la coupe
afro en pétard, Vicky (Sally Dramé) est une
petite fille solitaire dotée d’un odorat hyper-
sensible. Un peu sorcière, elle concocte des
mixtures reproduisant le parfum de ses
proches. Ce don se transforme en pouvoir
lorsque sa tante Julie (Swala Emati) vient
s’installer à la maison: en humant son
odeur, la fillette se retrouve projetée dans le
passé de ses parents, marqué par un drame
dont ils portent encore le poids... Léa Mysius
flirtait avec le fantastique dans son premier
long métrage –  l’envoûtant Ava (2017).
A nouveau convoqué dans Les Cinq Diables,
il s’immisce dans un récit réaliste pour lui
conférer une inquiétante étrangeté, une di-
mension quasi mystique. «J’aime construire
une autre réalité dans un désir de réen-
chanter le monde, de proposer un nouveau
système de croyances», atteste la cinéaste,
qui marche dans les pas de Céline Sciamma
et son récent Petite Maman (2021).
La jeune réalisatrice est par ailleurs
scénariste – pour Arnaud Desplechin (Les
Fantômes d’Ismaël et Roubaix, une lumière),
André Téchiné (L’Adieu à la nuit) ou Jacques
Audiard (Les Olympiades). Et ça se sent. Les
Cinq Diables impressionne, entre autres, par
la finesse de son écriture. Un processus
créatif que la Française compare au jeu
d’adresse du Jenga: «retirer le maximum
d’informations sans que l’édif ice ne
s’écroule.» Elle accumule ainsi les indices
sans déflorer le mystère fondateur du récit,
qui navigue habilement entre passé et pré-
sent, chronique familiale et conte fantas-
tique. Léa Mysius parsème encore son film
d’échos symboliques, où l’eau et le feu ren-
voient à l’état émotionnel des protagonistes:
la mère Joanne (Adèle Exarchopoulos) étant
maître-nageuse et son mari Jimmy (Mous-
tapha Mbengue) sapeur-pompier.
Cinéma sensoriel  te, qui dénonce au passage le racisme et
Après Ava et son adolescente découvrant
l’amour alors qu’elle perd la vue, c’est l’odo-
rat qui joue un rôle central dans Les Cinq
Diables. Coïncidence anecdotique? Certaine-
ment pas, car Léa Mysius pratique un ciné-
ma sensoriel, où l’image et le son comptent
autant que le scénario et les dialogues – su-
perflus quand la musique prend le relais, à
l’instar du déchirant «Total Eclipse of the
Heart» de Bonnie Tyler, chanté au karaoké
par Joanne et Julie. Les décors aussi sont
éloquents, ceux d’une petite ville près de
Grenoble, à l’ombre menaçante des mon-
tagnes. Ce cinéma-là appelle évidemment le
grain organique de la pellicule, sa vibration
charnelle opposée à la froideur clinique du
numérique.
La réalisatrice excelle également dans la
direction d’acteur. Elle impose un jeu en in-
tériorité à l’exubérante Adèle Exarchopou-
los, qui campe une Joanne absente et butée,
mais rongée par une rage contenue. Enfin,
résolument atypique, Les Cinq Diables offre
tout ce qui fait cruellement défaut dans le
cinéma français: des femmes «puissantes et
agissantes», des Noir·es et des lesbiennes!
Un parti pris politique assumé par la cinéas-
l’homophobie ordinaires – sans en faire le
sujet du film. Celui-ci en brasse d’ailleurs
beaucoup, en suivant le destin de ses per-
sonnages: quête des origines pour Vicky,
résilience et réconciliation pour le trio tour-
menté que forment sa tante et ses parents.
On en a sans doute déjà trop dit, en ne fai-
sant pourtant qu’effleurer la magie qui ha-
bite le cinéma hanté de Léa Mysius. I
tué lors d’un raid mené par la CIA et l’armée colombienne. Fiction
documentaire basée sur sa correspondance, Jungle rouge retrace les
dernières années de la guérilla, en adoptant le point de vue de sa
compagne Gloria. Coupé du monde et convaincu que la victoire est
proche, le commandant tente en vain de négocier un échange de
prisonnier·ères, alors que trahisons et désertions se multiplient
dans ses rangs... Cinéaste genevo-colombien ayant déjà consacré
plusieurs documentaires à son pays d’origine (Témoin indésirable,
Impunity), Juan José Lozano a sollicité le réalisateur et dessinateur
Zoltán Horváth pour mettre en image ce voyage «au cœur des ténè-
bres»: le film alterne séquences en rotoscopie (mélange d’animation
et prise de vue réelle avec des comédien·nes) et apartés oniriques en
dessin animé, où Reyes se rêve en héros révolutionnaire aux côtés
de Marx, Lénine et Guevara. Un parti pris esthétique qui accentue
la dimension hallucinatoire de ce huis clos claustrophobe. MLR
Lire notre interview de Juan José Lozano dans Le Courrier du 4 mars 2022.
Séances en présence des réalisateurs: ma 6 septembre à Fribourg (Cinémotion)
et ve 23 à Tramelan (Cinématographe).
Couvre-feu Quand le cinéma s’empare de la littérature, c’est sou-
vent sous la forme du portrait biographique, où la vie de l’écrivain·e
vient éclairer son œuvre. A l’inverse, d’autres films prétendent em-
brasser l’œuvre littéraire et font la part belle au texte. Couvre-feu -
Journal de Monique Saint-Hélier (1940-44) appartient à la seconde
catégorie. Clouée au lit par un mal mystérieux durant trente ans,
l’autrice chaux-de-fonnière montée à Paris tiendra un journal in-
time. Le film en retient les pages rédigées pendant la guerre, où elle
évoque le quotidien sous l’Occupation, sa maladie, la rédaction de
son prochain roman, ses doutes et ses démons, ou encore ses ami·es
(Rainer Maria Rilke, Marie Laurencin) et les femmes de lettres qui
l’inspirent: Katherine Mansfield, Emily Brontë, Virginia Woolf.
Comment mettre ses mots en images? Ce «docu-fiction» imagine
deux adolescentes découvrant les carnets de Saint-Hélier dans une
maison inhabitée. Tandis qu’une voix off en récite des extraits, la
caméra déambule dans les pièces vides, capturant l’atmosphère des
lieux, nimbés de soleil ou plongés dans la pénombre – en écho aux
réflexions de l’écrivaine. Jamais illustratives, parfois proches de
l’abstraction, les images sont ici au service du texte, le font résonner.
Couvre-feu met les mots au premier plan, littéralement en filmant
les pages manuscrites du Journal. La Lausannoise Rachel Noël nous
invite ainsi dans l’intimité littéraire de Monique Saint-Hélier, re-
nouant avec la grâce qui imprégnait déjà son premier long métrage
(Ma Mère s’appelle forêt, 2013), où elle auscultait la relation de ses
parents à la lumière des films de famille tournés par son père. MLR
Dès dimanche au CityClub, Pully. Ma 27 septembre à 20h en présence de la cinéaste.

PARTENARIAT

Cavale vers la liberté Parcours

Amin vit au Danemark, avec son compagnon. Il raconte son par-
cours de vie à un journaliste. Et quel périple! Après avoir passé son
Heinz Holliger
enfance à Kaboul, dans les années 1980, lui et sa famille fuient le
pays en proie à la guerre civile. Amin raconte les talibans, l’exil, les
Contrechamps
années dans la clandestinité en Russie et enfin l’arrivée en Scandi-
navie, où il vit désormais.
06.09 2022
Tout commence dans les rues de Kaboul, ville encore sous pro-
tection américaine. Le jeune Amin coule des jours insouciants et La Bâtie
recouvre les murs de sa chambre de posters de Jean-Claude Van Festival de Genève
Damme tout en écoutant les derniers tubes à la mode. Mais le gar-
çon se sent différent, notamment dans son rapport au corps des
hommes. Une homosexualité difficile à exprimer puisque aucun mot Victoria Hall
n’existe dans sa langue et encore plus impossible à vivre... Puis, son Genève
père est arrêté. Sans comprendre ce qui se passe, il sait qu’il ne le
reverra jamais. L’exil devient le seul moyen de survie pour la famille.

Au rythme d’une fuite en avant, Flee cavale vers la liberté, pour-

FILMCOOPI
«Flee» X Dans ce documentaire animé, Jonas Poher Rasmussen
raconte l’exil de l’Afghan Amin, devenu Danois.
Depuis le succès de Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008), le cinéma
d’animation se met de plus en plus souvent au service du documen-
taire. Et régulièrement avec bonheur! Nouvel exemple avec Flee, du
Danois Jonas Poher Rasmussen, qui suit les traces d’autres réussites
récentes telles que Chris the Swiss d’Anja Kofmel ou Les Hirondelles
de Kaboul, de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec.
suivi sans relâche par les fantômes de l’obscurantisme. Pudique, le
film ne montre jamais les horreurs de la guerre. Ce qui ne nous
empêche pas de ressentir l’effroi. Le dessin tout en sensibilité et l’ani- Chaud devant ! Toute personne assistant
mation se chargent de transmettre des émotions fortes et parfois
bouleversantes.
au concert avec un accessoire ou vêtement
Mais tout n’est pas noir non plus dans ce documentaire, qui est couleur flamme (jaune, rouge ou orange) se
aussi l’histoire d’une renaissance. Il s’autorise des instants de rêve- verra offrir un abonnement découverte qui
rie ou d’imagination pure, apportant des respirations bienvenues
dans cette course effrénée pour la vie. Enfin, d’autant plus d’actua-
donne accès à cinq concerts de la saison.
lité alors que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan, ce
long métrage porte en lui un message universel qui dépasse le contrechamps.ch
simple destin de son héros. OLIVIER WYSER /LA LIBERTÉ
 MAG DER
28 leWEEK-END
POUVOIR
EN JEU
IGOR CARDELLINI A La Bâtie,
le metteur en scène interroge
la consommation de masse avec
L’Age d’or, une visite guidée théâtrale
du centre commercial de Meyrin.
CÉCILE DALLA TORRE
Scène X Le premier centre commer-
cial fermé, ou «mall», est apparu près
de Minneapolis dans les années 1950.
Igor Cardellini évoque avec ferveur, et
érudition, l’origine architecturale de
ces espaces pensés pour la consom-
mation de masse aux Etats-Unis. «Ces
centres se sont développés sur des lo-
pins de terre pas chers, à la périphérie
des villes. Le concept est devenu une
forme d’attraction mélangeant loisir et
consommation.»
La consommation est l’un des axes
de sa trilogie performative L’Age d’or,
créée avec le metteur en scène Tomas
Gonzalez, qui a démarré par l’observa-
tion du monde du travail et se termine-
ra par celle de la finance. Au festival de
La Bâtie la semaine prochaine, le public
s’immergera, casque aux oreilles, dans
le centre commercial de Meyrin, guidé
par le performeur parisien Dominique
Gilliot («une dictature de l’écoute»).
La théorie, le sensible
En sociologue, Igor Cardellini ana-
lyse avec L’Age d’or ces «hyper-lieux»
décrits par le géographe Michel Lus-
sault comme des «endroits concentrés
de mondialisation», qui condensent
plusieurs échelles, locales et globales.
«L’idée est d’utiliser des outils des
sciences sociales, d’observation parti-
cipante, pour chercher à comprendre
les logiques qui se cachent derrière. De
quelle manière ces lieux agissent-ils
sur nous? Que charrient-ils d’idéologie?
Les images de vitrines semblent nous
vendre du bonheur. Que signifie une
bonne vie, une vie réussie?»
C’est peut-être aussi parce que
L’Age d’or propose au public de vivre
une expérience, d’homme ou de
femme-sandwich par exemple, que le
spectacle séduit depuis sa création à
Vidy, à Lausanne, en 2021. Il a beau-
coup tourné en Europe dernièrement,
jusqu’en Estonie. Igor Cardellini n’a pas
arrêté cet été. «Il semblerait que la forme
parle, conjecture-t-il. Il y a quelque
chose de ‘très Guy Debord’. On se ‘situe’
en dehors des théâtres, mais dans des
endroits scénographiés, avec lesquels
nous jouons en quelque sorte. Nous ré-
écrivons le projet en fonction de chaque
lieu, en lien avec le contexte politique du
pays. Ce qui est intéressant, c’est de voir
le spectacle qui s’y donne.»
Igor Cardellini n’est pas arrivé à
cette forme d’écriture par hasard, issu
précisément des sciences sociales et
des relations internationales; il officiait
encore comme journaliste il y a peu. «A
l’université de Lausanne, j’ai été l’assis-
tant de Véronique Mottier, qui travaille
à l’intersection entre le genre, la sexua-
lité et le politique, et d’Olivier Fillieule,
spécialiste des mouvements sociaux.»
De quoi nourrir des spectacles drôles et
érudits, qui remettent en question «les
discours dominants».
L’ancien journaliste avait fait ses
armes au 24Heures avant de passer huit
ans à La Liberté, dont Le Courrier relaie
les articles. Pour la rubrique Suisse, il
a adoré couvrir notamment les mou-
vements féministes et écologistes ou le
mariage pour toutes et tous, thèmes
auxquels il est particulièrement sen-
sible. «C’est une position d’observateur
privilégié qui donne accès à de multiples
points de vue sur des sujets comme la
migration, l’environnement, la sexua-
lité, les questions de genre ou encore le
gouvernement d’une société.» Il n’exclut
pas d’y revenir, mais a fait le choix de la
scène, accaparé par les tournées.
Igor Cardellini travaille de manière collective avec les artistes Tomas Gonzalez et Rébecca Balestra. ALINE PALEY
Cesse-t-on vraiment d’être journa-
liste d’ailleurs, demande-t-il? Igor Car-
dellini se souvient en tout cas de ses
études passées à assimiler de la théorie,
dont il a voulu s’émanciper d’une cer-
taine manière. «La théorie peut empê-
cher de penser.» Cette phrase d’un en-
seignant l’a marqué. «La théorie donne
des lunettes pour regarder le monde.
Mais elle crée aussi un cadre omettant
une partie du sensible.» Il se voit ensuite
proposer de collaborer comme drama-
turge à une création scénique en raison
de son bagage en sciences sociales et en
études genre. Le théâtre l’occupe désor-
mais à plein temps.
Rapport de classe
La découverte de la pièce SOS (Save
Our Souls) de Yan Duyvendak et Nicole
Borgeat, en 2010, lui révèle un aspect
performatif du spectacle, qu’il explo-
rera à son tour dans ses pièces. Dans
cette proposition, le public du premier
rang pouvait choisir ce qui serait en-
suite donné à voir, imposant ainsi sa
volonté aux autres, relève-t-il.
«Avec le théâtre, on peut raconter des
histoires, mais cet espace peut aussi don-
ner à vivre quelque chose de beaucoup
plus large, une expérience, qui reproduit
un rapport de classe par exemple. Dans
ce cas, des lunettes marxistes m’ont per-
mis d’apprécier des facettes du théâtre
que je n’avais pas perçues avant.» Ses
spectacles ne manquent pas d’explorer
la forme performative tout en question-
nant les rapports de pouvoir dans ses
dimensions intersectionnelles – classe,
race, genre, sexualité.
Reconsidérer son monde
Igor Cardellini avait commencé à
concevoir des projets scéniques en 2016
avec le comédien Tomas Gonzalez, son
acolyte avec qui il codirige la compa-
gnie Cardellini|Gonzalez, et dont il par-
tage la vie. Ils sont associés à Rébecca
Balestra, artiste truculente qui pour-
suit aussi ses projets en solo. La pièce
du trio, Self-help (2018), sur les gourous
du développement personnel, avait
marqué. Pareil pour Showroom, qui pro-
blématise avec humour la question des
«inutiles», en marge d’une société cou-
rant inexorablement vers le «progrès»,
où la machine remplace finalement
l’humain. Notamment inspirée par les
travaux de Donna Haraway et son Ma-
nifeste Cyborg, critique d’un féminisme
fondé sur la binarité des genres, la pièce
tourne toujours.
La trajectoire personnelle d’Igor
Cardellini, fils d’immigrés, croate par
sa mère et italien par son père, n’est pas
non plus étrangère à l’envie d’étudier
«les recoins de la société». Bien que na-
tif de Lausanne, il n’a jamais été à l’abri
LE COURRIER
VENDREDI 2 SEPTEMBRE 2022
d’une forme de xénophobie due à son
patronyme, évoquant l’infériorisation
que subissent les personnes immigrées.
«La pensée de Pierre Bourdieu m’a
ouvert des horizons et aidé à reconsidé-
rer mon monde. Quand on est issu d’un
milieu populaire, on a tendance à ériger
soi-même des barrières à des possibili-
tés qu’on se refuse, ou à ne même pas les
envisager. Il y a sans doute un travail
à faire pour prendre l’espace. Edouard
Louis et Didier Eribon, transfuges de
classe, développent des réflexions sti-
mulantes sur les identités et leur impact
sur les trajectoires biographiques en y
ajoutant la variable de l’homosexuali-
té.» Le combat pour l’égalité est encore
long.
Igor Cardellini le mènera à sa façon,
avec intelligence et pudeur, rejoignant
la terre de ses ancêtres en tant que ré-
sident à la Villa Maraini de l’Institut
suisse de Rome, où il va passer une an-
née. «Je vais poursuivre ma recherche
personnelle sur la figure du monstre
en m’inspirant d’auteur·ices queer.»
La statuaire romaine et ses représen-
tations féminines et masculines par-
fois monstrueuses devrait alimenter
ces questionnements. Et donner lieu à
de fructueuses expériences scéniques,
loin de tout didactisme. I
Du 6 au 10 septembre, La Bâtie-Festival de
Genève, www.batie.ch