MARDI 28 FÉVRIER 2023

L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T.

WWW.LECOURRIER.CH N°38 | 156e année | CHF 3.00

GENÈVE ENTRETIEN
9
Le Tchad
Caméras, en autoritaire
vu par
veux-tu en voilà la lauréate du
prix Ennals

L’avocate Delphine Djiraibe vient d’obtenir

le prix Martin Ennals des droits humains. DR
Près de 3000
caméras sont
installées par les
autorités, alors
qu’il n’y a pas de
registre pour celles
aux mains de
privés. JPDS 6 VALAIS
Pas d’énergies
renouvelables aux
5 Des milliers de caméras de surveillance filment en continu
les espaces publics et privés du canton. Malgré une loi claire, dépens de la nature,
disent des associations.
les zones d’ombre engendrées par son application sont
nombreuses. Partant, un «droit à l’integrité numérique» est
notamment en gestation au niveau constitutionnel. GARDE D’ENFANTS
7
Des centaines de
éditorial millions de francs
O
h, la joie des vacances de ski. Ses sapins, son C’est que l’économie se retrouve pieds et poings liés à
grand air et son armada de canons à neige. cette activité d’un autre temps. La branche des remon-
JULIE JEANNET Avec le réchauffement climatique, désormais, tées mécaniques a généré plus de 17 000 emplois l’an d’aides en débat au
seules les plus hautes cimes restent blanches l’hiver. dernier. Les promoteurs n’hésitent pas à lorgner des

TOUT La parade: la fabrication industrielle de flocons pour
«sauver la saison». Si au début des années 1990, la
neige artificielle n’était qu’une solution d’appoint, la
SCHUSS plupart des stations en dépendent aujourd’hui pour
survivre. Actuellement, plus de la moitié des pistes
DANS suisses peuvent être enneigées artificiellement, contre
dix pourcents en 2000. Les domaines skiables garan-
LE MUR? tissent désormais que l’on puisse chausser nos skis
chaque hiver, mais à quel prix?
Ce loisir, dont le coût tutoie aujourd’hui les sommets,
2-3 exerce une pression sur nos ressources en eau et en
énergie et sur l’argent public. Alors que seul un peu
plus d’un tiers de la population suisse skie, les collec-
tivités publiques mettent la main au porte-monnaie
pour maintenir sous perfusion les domaines skiables.
réserves naturelles pour creuser des bassins ou à raser National cette semaine.
des hectares de forêt pour continuer à faire sonner le
tiroir-caisse. A la Clusaz, en Haute-Savoie, des écologistes
ont investi les arbres pour protéger un bois menacé par
la construction d’une retenue collinaire. Ils et elles ont
arraché quelques victoires et suspendu les travaux,
mais pour combien de temps? 10 ITALIE
En recourant aux flocons artificiels à tout prix, n’allons-
nous pas droit dans le mur? Certes, on ne peut mettre Ecologiste et féministe,
à l’arrêt du jour au lendemain un secteur qui fait vivre
Elly Schlein, née à
des milliers de personnes. Mais ces domaines doivent
se réinventer au plus vite.
Nous avons besoin d’un véritable courage politique pour
empoigner cette transition. La montagne a tant d’autres
Lugano, est élue à
trésors à proposer qu’une glissade sur des lattes! I la tête du PD.

9HRLEME*beaajc+[K\C Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Rédaction Vaud : vaud@lecourrier.ch | Rédaction Neuchâtel: neuchatel@lecourrier.ch |Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | malettre@lecourrier.ch
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2 FOCUS LE COURRIER
MARDI 28 FÉVRIER 2023
SUISSE

La dépendance des stations de ski à la neige artificielle fait exploser le coût des sports de glisse et leur imp

LE PRIX ÉCOLOGIQUE
JULIE JEANNET ET SOPHIE DUPONT l’eau à la fonte des neiges et de la stoc-
ker. Elle est utilisée dès novembre, pour
préparer la couche de fond.
Montagne X Peut-on encore skier l’es-
prit tranquille? Au mois de décembre
et de janvier, des militant·es ont sabo-
té des canons à neige à Villars-Gryon,
2 Paysage balafré
Avec l’augmentation de la produc-
tion de neige artificielle, la construction
aux Diablerets, à Verbier et en France de ces bassins de stockage a explosé et
pour dénoncer les impacts écologiques ses impacts sur le paysage se sont mul-
de cette pratique encore très populaire. tipliés. Outre la consommation d’eau
L’enneigement artificiel est devenu in- et d’électricité, la neige de culture pose
dispensable pour maintenir le ski. Plus également problème à cause de sa struc-
de la moitié des pistes en Suisse sont ture. «Elle n’est pas similaire aux flocons
pourvues de canons à neige, contre naturels. Elle renferme moins d’air et est
seulement 10% en 2000 et 1% en 1990. fortement isolante. En conséquence, la
Et son coût hydrique, énergétique et pé- plupart de ce qui se trouve en dessous
cuniaire atteint des sommets. meurt», souligne Jean-Christophe Lou-
En cet hiver particulièrement chaud, bier, géographe et professeur à la HES-
impossible d’ignorer que l’or blanc est
en train de disparaître. En cinquante
ans, les Alpes ont perdu en moyenne
un mois d’enneigement. En Suisse,
155 domaines skiables ont fermé de-
puis 1950. D’après une étude de l’uni-
versité de Bâle, la situation devient de
plus en plus critique pour les domaines
situés au-dessous de 1800 mètres. Les
stations de haute altitude pourront s’en
sortir financièrement jusqu’en 2100 en
recourant massivement à la neige dite
de culture.

1 Beaucoup d’eau
«Le recours aux canons s’est déve-
loppé à la fin des années 1980, en rai-
son de trois hivers pauvres en neige. De-
puis, cela s’est traduit par une augmen-
tation toujours plus grande des besoins
en eau», explique Emmanuel Reynard,
professeur de géographie à l’univer-
sité de Lausanne. Il faut en moyenne
1000 mètres cubes d’eau pour enneiger
un hectare de pistes. Et 12 millions de
mètres cubes d’eau seraient nécessaires
pour produire toute la neige des pistes
de ski du pays. Soit la consommation
d’eau annuelle de 218 000 Suisse·sses.
Ces ressources peuvent passer du
simple au double en fonction des condi-
tions météorologiques.
«Dans les premières années, les pré-
lèvements d’eau se sont parfois faits
dans les rivières, avec des dommages
importants. En hiver, lorsqu’on veut
produire des flocons, les débits sont
en effet déjà au plus bas», explique
le professeur. Aujourd’hui, on capte
l’eau dans les aménagements hydroé-
lectriques et on construit des retenues
collinaires qui permettent de prélever
«La neige artificielle
est fortement
isolante, la plupart
de ce qui se trouve
en dessous meurt»
Jean-Christophe Loubier
SO Valais (Haute école spécialisée). La
neige de culture fond plus lentement
et certaines stations parviennent à la
conserver d’une année à l’autre, en l’iso-
lant avec de la paille ou des copeaux.
L’eau de fonte est chargée en éléments
organiques. «Dans le cas d’un écoule-
ment lent, cette eau pollue les rivières
par la création d’algues qui réduisent
la quantité d’oxygène», poursuit le géo-
graphe. Sur les pistes, une fois la neige
artificielle fondue, la terre est à nu. Se-
lon la nature du sol, un phénomène de
ravinement se déclenche.
«En France, pour l’éviter, les sta-
tions sèment des plantes réputées pour L’enneigement artificiel est devenu indispensable pour maintenir le ski. Plus de la moitié des pistes en Suisse sont pourvues de canons à nei

UN SPORT DE RICHE SUBVENTIONNÉ? Fabrique à neige, u

Seul un peu plus d’un tiers de la population
suisse de plus de 15 ans pratique le ski, d’après
l’Observatoire suisse du sport. Cela reste ce-
pendant l’activité sportive la plus pratiquée
après la randonnée, le cyclisme et la natation.
Tout le monde ne peut pas s’offrir des vacances
sur les lattes. Plus de la moitié des personnes
dont le revenu excède 9000 francs skient,
contre seulement 18% des revenus de moins
de 5000 francs. D’après les comparaisons du
Temps, les forfaits journaliers auraient aug-
menté de 10% en moyenne ces dix dernières
années, alors que le prix des forfaits saison-
niers aurait baissé de 20%.
Les skieuses et skieurs ont en moyenne
43 ans. Les plus jeunes semblent moins friands
de sports d’hiver. Pourtant, d’importants
moyens sont mis en œuvre pour perpétuer la
tradition. La Confédération verse chaque an-
née 100 000 francs à la plateforme en faveur
des sports d’hiver Gosnow. Celle-ci a subven-
tionné les camps de sport des neiges de plus de
10 000 enfants l’an dernier.
L’augmentation du prix des forfaits ne
semble pas suffisante pour maintenir le train
de vie des stations et leur dépendance à la neige
artificielle. Les collectivités publiques mettent
la main au porte-monnaie pour assurer la sur-
vie de ce poumon économique.
D’après les données compilées par la RTS,
les communes sont devenues les principaux
investisseurs des remontées mécaniques. En
Valais, elles possèdent 30% des parts des sta-
tions de ski. Les variations sont énormes d’un
domaine à un autre. Aux Marécottes, les enti-
tés publiques possèdent 89% des installations,
alors qu’elles n’en possèdent que 2% à Nen-
daz-Veysonnaz. La commune d’Evolène verse
jusqu’à 500 000 francs par an.
Fin 2022, le parlement valaisan et la Confé-
dération ont décidé de verser 51,75 millions
de francs en compensation des pertes enregis-
trées en raison du Covid. Les remontées méca-
niques de Zermatt, Verbier et Crans Montana
ont touché les plus gros montants.
Reste que la transition ne va pas de soi. Mal-
gré le développement du tourisme quatre sai-
sons, les stations dépendent encore fortement
du ski. «Un week-end ensoleillé de ski à Verbier,
c’était à peu près le même chiffre d’affaires que
toute la saison d’été (chiffres issus d’une étude
effectuée en 2011)», illustre Jean-Christophe
Loubier, géographe et professeur à l’HES-SO
Valais. Des petites stations ferment mais cer-
taines sont sauvées de la faillite par leurs com-
munes, pour éviter des catastrophes écono-
miques et sociales.
«Les économies de montagne sont forte-
ment liées au tourisme. Si l’on décide de tout
arrêter, on condamne quasiment les gens à
quitter les vallées», poursuit le professeur. Les
conséquences économiques sont très locales.
A l’échelle du Valais, le tourisme ne représente
que 16% du PIB mais cette part peut monter
jusqu’à 90% dans des stations comme Zinal
ou Verbier en comptant les emplois indirects,
selon ses estimations. Dans ces communes,
l’impact d’une fermeture serait gigantesque.
«Le ski ne restera pas la vache à lait qu’elle
était. Nous devons anticiper les conséquences
de la fin de ce monde. Même si, à court terme,
la transition vers autre chose n’est pas un
sujet populaire pour un politicien», conclut
Jean-Christophe Loubier. JJT, SDT
 LE COURRIER
MARDI 28 FÉVRIER 2023
act sur l’environnement. Eclairage
DES FAUX FLOCONS
ge, contre seulement 10% en 2000 et 1% en 1990.
ne alternative énergivore
Avec les premières chutes de
neige, des stations ont ouvert la
saison de ski plus tôt que prévu,
le 10 décembre déjà, cette sai-
son. C’est le cas de Crans Mon-
tana, Verbier, Leysin, ou encore
la petite station des Préalpes fri-
bourgeoises de Charmey, dont le
sommet culmine à 1627 mètres.
La station de moyenne montagne
est la seule de Suisse romande à
s’être dotée d’une «fabrique à
neige», ce système qui permet
de fabriquer de la poudre par
n’importe quelle température.
Celle-ci est ensuite transportée
par tuyaux, stockée en tas, avant
d’être amenée sur les pistes par
les dameuses.
«Nous avons commencé à
faire de la réserve dès début no-
vembre. Nous avons eu ainsi
assez de neige pour commencer
la saison tôt», explique Claude
Gendre, codirecteur de la société
KEYSTONE
de remontées mécaniques. Télé-
Charmey, tout en s’empressant
d’ajouter que ce n’est pas une so-
lution d’avenir. Avec son coût au
mètre cube élevé (il ne précisera
pas combien) et ses grandes dé-
penses énergétiques, la fabrique
à neige –  acquise au prix de
500 000 francs – n’a de loin pas
que des avantages. «Le but est
à terme d’en diminuer l’usage,
voire d’arrêter complètement,
une fois que nous aurons ache-
vé notre transition vers un tou-
risme quatre saisons», affirme
Claude Gendre.
Charmey revient de loin. En
2019, la société de remontées
mécaniques a fait faillite. L’année
d’après, une nouvelle société est
créée, avec des actionnaires d’en-
treprises de la place. «Jusqu’en
2018, l’hiver représentait près
de 80% du chiffre d’affaires et
l’été 20%. L’objectif est d’inver-
leur agressivité. Certaines d’entre elles
n’ont rien à faire en montagne, et ces es-
pèces demandent beaucoup d’engrais»,
constate Jean-Christophe Loubier. Les
conséquences sur la nature varient
d’une station à l’autre, en fonction de
l’environnement. «Il n’y a plus vrai-
EN CHIFFRES ment de recherches sur l’impact envi-
54% ronnemental de ces technologies depuis
des pistes de la fin des années 2000. Par contre, on
ski suisses trouve actuellement beaucoup d’études
peuvent être sur l’amélioration des systèmes de pro-
enneigées duction de neige de culture», relève-t-il.
artificielle-
ment. (RMS
2022)
43 000 francs
le coût moyen
quotidien
de production
de neige
artificielle
d’un grand
domaine.
(RMS 2022)
Un franc sur 5
est généré par
le tourisme «Il n’y a plus
dans les
régions vraiment de
de montagne.
(RMS 2022)
recherches
35% sur l’impact
des Suisses
de moins de
environnemental de
quinze ans ces technologies»
pratiquent
Emmanuel Reynard
le ski. (Sport
Suisse 2020)
1,2 milliards Certaines techniques permettent do-
de francs
rénavant de se passer de la contrainte
le chiffre
des températures en dessous de zéro
d’affaires
pour fabriquer des flocons. La snow
généré par
factory –  fabrique à neige  – crée du
les remontées
froid comme un congélateur, avec le-
mécaniques
quel elle produit l’or blanc. Le système
suisses lors
consomme dix fois plus d’électricité
de la saison
qu’un canon à neige traditionnel. Et
2021-2022.
le coût énergétique est quasiment le
(RMS 2022).
même, qu’il fasse 30°C ou 0°C à l’ex-
térieur, selon Claude Gendre, codirec-
teur de TéléCharmey, première station
de Suisse romande à avoir investi dans
un tel système (lire ci-dessous).
3 Des coûts qui explosent
Il faut entre 1 et 4 kWh pour pro-
duire un mètre cube de neige. L’effica-
Victoires écologistes
ser totalement la tendance», ex- Face à l’expansion de l’enneigement artifi-
plique le codirecteur. La nouvelle ciel, les écologistes luttent pour préserver les
équipe a développé une panoplie zones les plus sensibles. En 2021, le recours
de loisirs pour l’été, dont un de six associations a bloqué le développement
grand nombre sont destinés aux du gigantesque projet d’enneigement à Elm
familles. En quelques années, dans le canton de Glaris. Il était prévu d’y
les activités d’été sont passées creuser 150 puits et d’y installer quatre sta-
de 20% à 50% du chiffre d’af- tions de pompage. L’eau devait être prélevée
faires. La société TéléCharmey dans la vallée, puis acheminée vers la station
reçoit des subventions à hauteur via plus de 9 kilomètres de conduite.
de 250 000 francs par an de la En 2021, le Tribunal administratif a sus-
commune. pendu les permis de construire et remis en
En attendant de pouvoir se cause la dérogation qui avait été accordée par
passer du ski, la fabrique à neige le canton et qui permettait au promoteur de
permet de maintenir une acti- construire l’installation hors d’une zone à
vité hivernale, en enneigeant le bâtir. Il estime que le projet est trop impor-
départ des pistes et en apportant tant pour une telle autorisation. Une grande
un appoint là où c’est nécessaire. partie est située sur le district franc du Kärpf,
«Cela ne suffit pas pour assurer une zone protégée. Le tribunal exige un plan
l’enneigement lors d’un hiver d’affectation spécial prenant en compte tous
vert. On doit avoir des flocons les effets du projet sur l’environnement.
naturels pour fonctionner. Mais La commune de Zuoz, dans les Grisons, a
tant qu’on pourra proposer du ski pour sa part renoncé à un projet d’installa-
de qualité, nous le ferons», sou- tion sur une prairie sèche d’importance na-
ligne Claude Gendre. SDT tionale et un bas-marais protégé au niveau
FOCUS 3
SUISSE
cité énergétique diffère selon l’appareil
utilisé, les conditions météorologiques
et le taux d’humidité. La production
de l’or blanc représente 32% de l’éner-
gie utilisée par les domaines skiables.
D’après la faîtière des remontées méca-
niques (RMS), l’ensemble de la consom-
mation du secteur est de 183 GWh,
soit l’équivalent de la consommation
annuelle de 30 000 à 40 000 ménages.
Le recours à la neige de culture
alourdit passablement le budget des sta-
tions. Celle-ci coûte quotidiennement
en moyenne 43 000 francs aux grands
domaines et 4700 francs aux petites
stations (chiffres RMS). La proportion
de pistes enneigées artificiellement
varie considérablement d’un domaine
à l’autre en fonction de sa situation et
de ses moyens. Le domaine de Zermatt
peut produire de la neige de culture sur
70% de ses pistes alors que certains pe-
tits domaines n’ont pas les ressources
pour s’offrir ces infrastructures.
4 Des conflits d’utilisation
Devra-t-on bientôt choisir entre
skier ou boire de l’eau potable? Pour
Emmanuel Reynard, auteur d’un rap-
port mandaté par l’Office fédéral de l’en-
vironnement sur l’eau et le tourisme,
nous n’en sommes pas encore là. «A
l’échelle annuelle, les besoins d’eau
pour produire de la neige restent relati-
vement faibles, comparés à l’hydroélec-
tricité, à l’irrigation ou à l’eau potable.»
Il avance qu’à l’échelle locale, cet
usage se révèle parfois très impactant.
«L’accès à l’eau peut générer des ten-
sions dans certains endroits secs au
moment où les usages de l’eau se mul-
tiplient, notamment en hiver.» Des
conflits d’usages ont commencé à émer-
ger cette année avec la crise énergétique
et le bas niveau des barrages, renchérit
Jean-Christophe Loubier. «Au barrage
de Tseuzier, la question s’est posée de sa-
voir s’il y avait suffisamment d’eau pour
turbiner et pour les canons de la station
de Crans-Montana», illustre-t-il.
Emmanuel Reynard plaide pour
une gestion planifiée avec une liste des
priorités et regrette que la Suisse n’ait
pas d’outils de gouvernance en la ma-
tière. «Avec le changement climatique
et les sécheresses, nous passons d’un
régime d’abondance à un régime de
rareté. Nous devons être proactifs. Or,
nous n’avons pas encore de politique
publique en la matière.» I
régional, suite aux pressions de Pro Natura
et du WWF.
De l’autre côté de la frontière, un impor-
tant projet en Haute-Savoie cristallise les ten-
sions entre les intérêts du tourisme de mon-
tagne et la sauvegarde de l’environnement.
A la Clusaz, la construction d’une cinquième
retenue collinaire, qui vise principalement à
renforcer la production de neige artificielle, a
été suspendue par le tribunal administratif de
Grenoble, consécutivement aux recours d’as-
sociations de protection de l’environnement.
La construction de ce réservoir nécessite
la destruction de huit hectares de forêt où
vivent plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux
protégés. L’automne dernier, des militant·es y
ont installé des cabanes et revendiqué le lieu
comme une zone à défendre (ZAD). Le tribu-
nal estime que «l’intérêt public qui découle
de la réalisation d’une retenue collinaire
destinée à assurer l’enneigement artificiel de
la station est insuffisant à remettre en cause
l’urgence qui tient à la préservation d’un mi-
lieu naturel et des espèces qu’il abrite». JJT
 LE COURRIER
4 REGARDS MARDI 28 FÉVRIER 2023

REGARD DIRECT

Indignation
face à la
politique suisse
Iran. Des dizaines de militant·es
iranien·nes et leurs soutiens se
sont réunis sur la place des Na-
tions, à Genève, hier après-midi,
pour protester contre la participa-
tion de Hossein Amir-Abdollahian,
ministre de la République isla-
mique, au Conseil des droits hu-
mains de l’ONU. Depuis des mois,
le mouvement de contestation en
Iran pour les droits des femmes et
la démocratie est durement répri-
mé. A Genève, ce sont les autori-
tés suisses qui sont pointées du
doigt. «Nous regrettons une
Suisse officielle qui adresse un
message de félicitations au pré-
sident iranien [le 11 février, lors
de la commémoration de la Répu-
blique islamique] ou qui étale
l’obscène photo de son ambassa-
drice en tchador en compagnie
des théocrates honnis du peuple
iranien», tranche le Comité uni-
taire irano-suisse. Toutefois, le
Conseil national a adopté, hier
également, une déclaration de-
mandant à Berne de soutenir
financièrement la société civile
iranienne et de reprendre les
sanctions imposées par l’Union
européenne à l’Iran.
CKR-ATS/J. P. DI SILVESTRO

ÉCRIRE, L’AIR DE RIEN AGORA

«C’est bien bien de la merde, «Militantes et féministes,

votre truc»
arfois, cela ne fonctionne bout d’une dizaine de minutes,
P pas. J’arrive avec la même
énergie que d’habitude mais
rien ne prend. Autour de la table,
on arrive enfin à se lancer, mais
l’ombre menaçante de Kylian em-
pêche Charaf d’écrire. Dès le pre-
les esprits sont ailleurs. Trop de mier mot tenté sur le papier, Ky-
tristesse, trop de préoccupations, lian le recadre: «T’as écrit quoi
trop de colère: quelque chose comme connerie?» A nouveau les
maintient les personnes loin de yeux baissés, le rouge aux joues,
l’univers dans lequel je leur pro- ROZENN LE BERRE* le frottement des chaussettes sur
pose d’embarquer. Il est des jours le parquet. Le stylo lui tombe des
où l’on reste à quai. doigts.
Un matin, j’arrive dans un foyer où Un troisième adolescent entre soudain
vivent des adolescents «à besoins multi- dans la pièce, fait claquer la porte derrière
ples». Entendez par là: pour qui de nom- lui. «Y’a quoi ici?» «Viens, assieds, toi», je
breuses choses ont été tentées mais rien n’y tente. Et je lui propose une chose, une tout
fait, leur vie se cantonne à une succession petite chose, un mot à écrire sur un papier
d’échecs et de violences. Ces garçons ont fini minuscule, préalable à ce que je souhaite
par se persuader qu’ils n’y arriveraient ja- dérouler ensuite, mais il ne m’en laisse pas
mais. Au quotidien, des éducateurs et des l’opportunité: «Putain, c’est bien bien de la
éducatrices essaient de les convaincre du merde, votre truc.» Il se lève et se dirige vers
contraire même si, il faut bien l’avouer, c’est la porte. Il est resté assis vingt secondes à
parfois dur de trouver de l’espoir dans cette peine. Je tente de le reprendre: «Tu peux
tempête de problèmes. trouver que ce n’est pas intéressant, mais
Ce matin-là, cinq adolescents sont censés essaie de rester poli. Je ne suis pas là pour
participer à l’atelier mais seuls deux d’entre me faire insulter.» Il claque la langue d’un
eux ont réussi à émerger de leur chambre. son sec: «J’ai pas été poli, là? Viens pas me
Charaf, un jeune de quinze ans aux yeux faire chier parce que là, tu verras ce que
verts craintifs, s’installe à une chaise, ses c’est quand je suis pas poli.» Kylian éclate de
chaussettes frottant contre le vieux parquet rire, son téléphone sonne au même mo-
d’un geste nerveux. Kylian déboule dans la ment, il prend l’appel, se lève et sort. On
pièce, lui jette un regard qui lui signifie qu’il reste avec Charaf, qui prend une grande
doit baisser les yeux, alors il le fait, Charaf, inspiration, sans doute un peu moins dis-
il baisse les yeux. Le rouge lui monte aux crète que ce qu’il aurait voulu. Il annonce
joues et l’éducatrice et moi feignons de ne qu’il remonte dans sa chambre.
pas le remarquer pour ne pas alourdir sa L’atelier, prévu pour deux heures, aura
gêne. duré trente minutes. Sur le chemin du re-
«Mets des chaussures, wesh, on dirait tour, je n’allume pas l’autoradio, conduis en
Yannick Noah, là» aboie Kylian à Charaf. silence sur une autoroute déserte. Les
Puis il se tourne vers moi, fait claquer un nuages au loin s’assombrissent et sapent les
mièvre «bonjour Mââdame» et s’installe, dernières traces de bonne humeur qui au-
les jambes largement écartées. J’essaie de raient pu persister. Aujourd’hui, c’est raté.
lancer l’atelier, mais il ne m’écoute pas. Ce n’est pas grave. Ça arrive. Je sais que
Dans ma boîte de crayons, il a saisi un d’autres ateliers suivront et me confirme-
porte-plume et c’est le seul objet de son at- ront que tout ceci a du sens. Qu’il ne faut pas
tention: «On doit pouvoir planter quelqu’un abandonner.
avec ça. Tu veux pas me le donner?» Au * Journaliste et autrice.
nous avons rejoint
la Liste d’union populaire»
Elections genevoises X Des militantes de la Liste
d’union populaire (LUP) répliquent à l’encart
publicitaire signé par des soutiens de la coalition
Ensemble à gauche (Solidarités, PdT, DAL) paru
dans notre édition du 16 février. Le texte en ques-
tion incriminait les fondateurs de la LUP de «pra-
tiques violentes et sexistes». Un procédé «calom-
nieux», qui «nous dénie le droit à une pensée
propre», ripostent les militantes LUP.
COLLECTIF*
Nous, militantes de la Liste no 11 d’union popu-
laire (LUP), souhaitons réagir à l’encart publici-
taire calomnieux paru dans Le Courrier le 16 fé-
vrier dernier, qui ferait de nous les supportrices et
idiotes utiles de prétendues pratiques machistes et
brutales. Un tel procédé est non seulement insul-
tant pour les militantes que nous sommes et nos
camarades, mais également grave d’un point de
vue féministe car il nous invisibilise et nous dénie
le droit à une pensée propre.
Trente et une candidates issues du monde du
travail, de l’activisme syndical et associatif se sont
regroupées avec 30 autres camarades autour d’un
programme qui vise à changer notre quotidien, ici
et maintenant. A la LUP nous n’avons pas de «di-
rigeants» – ni de présidence – et prenons nos déci-
sions dans des assemblées générales où la majorité
tranche. Si besoin est vraiment de le préciser, au-
cun comportement brutal, violent ou sexiste n’a sa
place au sein de notre mouvement et nous ne le
tolérerions pas.
Nous sommes féministes et avons choisi de
nous investir au sein de la LUP car nous voulons
répondre aux préoccupations immédiates du plus
grand nombre en dessinant l’horizon d’une autre
vie, en rupture avec les logiques du profit privé.
Nos valeurs essentielles: l’égalité maintenant, la
démocratie réelle, la priorité au bien commun et la
restauration urgente de l’équilibre entre l’être hu-
main et la nature.
L’un des actes principaux de notre campagne
est le lancement d’une initiative intitulée «Des
crèches gratuites pour tous les enfants» qui vise à
rendre les crèches gratuites tout en créant de nou-
velles places afin de couvrir les besoins de la popu-
lation. Le développement d’un service public de la
petite enfance est évidemment une mesure forte
en faveur de l’égalité, puisque ce sont encore bien
souvent les mères qui assurent la prise en charge
des enfants lorsque les solutions de garde font dé-
faut. Le manque de structures d’accueil participe
ainsi des discriminations que continuent de subir
les femmes sur le marché du travail, avec des
graves répercussions jusque dans la retraite.
Nous pensons que les personnes ayant signé cet
encart publicitaire desservent en réalité la cause
qu’elles prétendent défendre. Nos vrais adversaires,
ce sont ceux qui prônent des politiques antiso-
ciales, régressives et souvent racistes, qui vont à
l’encontre des droits des femmes. A l’heure où 10%
des femmes indiquent avoir subi des discrimina-
tions en lien avec leur maternité, où l’écart salarial
global reste de 18% et où un camouflet vient d’être
envoyé à la face de toutes les travailleuses de notre
pays en retardant leur départ en retraite, il est ur-
gent de garder le cap d’une gauche combative qui
ne mélange pas la politisation du personnel avec la
personnalisation du politique. C’est pour notre part
contre ces adversaires-là que nous continuerons de
nous battre, comme nous l’avons fait jusqu’à pré-
sent – et nous appelons les féministes de notre
camp politique à garder leur énergie pour ces com-
bats communs qu’il nous faudra encore mener.
Pour le reste, ne nous libérez pas, on s’en charge!
* Signataires: Anouchka Bajrami, Bénédicte Baud,
Leonor Buscaglia, Gabriela Bakalovic, Gloria Castro,
Michèle Courvoisier, Oona Connoly, Fitore Duraku,
Nadia El-Hindi, Fernanda Ferreira, Georgina Gerber,
Monica Granda, Anouk Haas, Liliane Marchand,
Sophie Marchand, Marie-Pierre Maystre, Manuela Koné,
Danielle Parmentier, Julie Peradotto, Coline Pernot,
Stéfanie Prezioso, Maria Rede, Yamile Restrepo, Devrim Sahin,
Audrey Schmid, Camille Siegenthaler, Claire Sottas Blattman,
Adeline Suter, Marie-Eve Tejedor, Salika Wenger, Giulia Willig,
Nicoletta Zappile.
LE COURRIER
MARDI 28 FÉVRIER 2023
Plusieurs milliers de caméras de surveillance filment en continu les espaces publics et privés
du canton. Un rapport révèle que la loi n’est pas toujours appliquée clairement
Souriez, vous êtes filmé·es!
LOUIS VILADENT
Transparence X Les camé-
ras de surveillance échappent
souvent au regard. A Genève,
el le s s ont p ou r t a nt nom -
breuses: 2749 d’entre elles,
appartenant à l’Etat, couvrent
l’espace public. Mais cela ne
constitue qu’une part du total
car, comme nous l’indique la
police cantonale, «il n’y a pas
d’inventaire pour les caméras
privées». Pourtant, «il y en a
nettement plus que des camé-
ras publiques», révèle Laura
Garcia Vargas, chercheuse as-
sociée à l’institut Edgelands, un
think tank qui veut sensibiliser
sur les questions de surveil-
lance numérique. Entre février
et avril 2022, un projet a été
mené à Genève pour établir un
«diagnostic sur la sécurité, la
surveillance et les technologies
numériques», ce qui inclut no-
tamment la vidéosurveillance.
Une loi claire
mais modulable
Sur le plan légal, l’installation
de caméras de surveillance pu-
bliques est soumise à la loi can-
tonale sur l’information du pu-
blic, l’accès aux documents et la
protection des données (LI-PAD).
«Tout d’abord, il faut pouvoir jus-
tifier que la vidéosurveillance est
nécessaire, et elle doit toujours
être annoncée au public par un
logo», indique Stéphane Werly,
préposé cantonal à la protection
des données et à la transpa-
rence. Et de préciser que «seul
un nombre limité de personnes
désignées est habilité à voir les
images». Leurs noms doivent lui
être communiqués au préalable.
Selon la loi cantonale tou-
jours, les données issues des
caméras doivent être détruites
en principe dans un délai de
sept jours. «Ce délai peut être
porté à trois mois en cas d’at-
teinte avérée aux personnes ou
aux biens et, en cas d’ouverture
d’une procédure pénale, jusqu’à
son issue.»
ÉNERGIE
8,5% D’ÉLECTRICITÉ
ÉCONOMISÉ
En 2022, le programme
Eco21 des Services indus-
triels de Genève (SIG) a per-
mis au canton d’économiser
252 gigawattheures d’électri-
cité, soit 8,5% de sa consom-
mation totale. Estimé par
l’université de Genève, ce
chiffre tient compte de la
croissance de la population. Il
correspond à la consomma-
tion de 84 000 ménages ge-
nevois. L’économie financière
qui en découle s’élève à
43 millions de francs. Elle
permet de réduire de
509 000 tonnes ses émis-
sions de gaz à effet de serre
en quinze ans. Créé en 2007,
le programme Eco21 vise à
aider les clients des SIG à ré-
duire leur consommation
énergétique et leurs émis-
sions de CO2.
ATS
Si les caméras de surveillance publiques doivent être signalées, ce n’est pas le cas de celles installées par des privés. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Sur le papier, tout est clair.
Mais la réalité révèle des zones
d’ombre. Dernier exemple en
date: les bodycams en milieu car-
céral. Ces caméras embarquées
portées par les gardien·nes sont
employées en cas de situation
critique sur plusieurs sites de-
puis plus d’un an, notamment à
Champ-Dollon, La Brenaz, Favra
et Curabilis. «Nous avons avisé
le canton qu’il n’y avait pas de
base légale pour un tel dispositif
et qu’il fallait le clarifier avant sa
mise en place», note Stéphane
Werly. En attendant, les caméras
n’ont pas été retirées.
Pour le préposé cantonal, «il
y a de plus en plus de velléités
L’histoire sociale, trop longtemps éclipsée
Mémoire X Genève a-t-elle ou-
blié son histoire ouvrière et so-
ciale dans un fond de tiroir? Si
des exhibitions ponctuelles ont
eu le mérite d’exister, comme le
récent accrochage sur la plaine
de Plainpalais dédié à la ré-
pression du 9 novembre 1932,
aucune place permanente et
dédiée n’existe dans les grandes
institutions muséales de la
Ville, et par extension du can-
ton de Genève.
Alors que les réflexions sur
la rénovation du Musée d’art et
d’histoire (MAH) sont à l’ordre
du jour, le parti socialiste s’in-
quiète d’un projet muséal qui
reléguerait le passé ouvrier aux
oubliettes. De quoi inspirer le
conseiller municipal Théo Keel,
qui a déposé lors de la dernière
session du délibératif une mo-
tion qui demande que soit oc-
troyée «une place au sein de
l’institution muséale genevoise»
politiques à installer des camé-
ras», notamment au sein de la
police, pour des motifs sécu-
ritaires. D’après Laura Garcia
Vargas, cet engouement «ne
vient pas de mauvaises inten-
tions, mais plutôt d’une sous-es-
timation des risques pour la vie
privée, tels que la fuite ou l’accès
aux données par des personnes
non autorisées».
Un cadre souple
pour le privé
Autre zone d’ombre: les caméras
installées par des privés, comme
dans les gares ou les magasins.
Celles-ci ne sont pas soumises
au droit cantonal mais fédéral,
à l’histoire ouvrière et sociale.
Une manière de valoriser no-
tamment la matière rassemblée
par le Collège du travail ou les
Archives contestataires.
«Il faut parler
du patrimoine
industriel sans
tomber dans
le folklorique»
Frédéric Deshusses
«La discussion [du Conseil
Municipal] sur le MAH s’est
concentrée sur les aspects ur-
banistiques. Mais on doit mener
en parallèle une réflexion sur ce
que l’on veut exposer, car le pro-
jet muséal se traduit déjà dans
les murs», explicite Théo Keel,
justifiant le calendrier de sa
«Les risques
pour la vie
privée sont
sous-estimés»
Laura Garcia Vargas
qui n’oblige pas que les disposi-
tifs soient signalés. Impossible,
donc, de connaître leur nombre
exact et leurs positions. Leur
usage peut aussi être justifié
motion. Exposer l’histoire popu-
laire à quelques pas du retable de
Konrad Witz aurait l’avantage
de rendre visible ce pan de l’his-
toire à un large public, à l’image
du courant suivi par le Musée
national à Zurich et d’autres ins-
titutions muséales européennes.
Mais la motion n’exclut pas la
possibilité de créer un lieu entiè-
rement dédié, ailleurs, un point
que l’élu socialiste laisse à l’ap-
préciation de la commission des
arts et de la culture où le texte
a été renvoyé. «Une exposition
permanente, comme dans un
musée, n’est pas forcément la
meilleure solution», reconnaît
Frédéric Deshusses, historien et
archiviste aux Archives contes-
tataires. Qui rappelle que si des
projets ponctuels ont pu voir le
jour avec le souhait de s’ouvrir
au grand public, l’exposition
n’est pas la vocation première des
fonds d’archives. «Il faut parler
plus largement que pour des
motifs de sécurité.
Difficile aussi de savoir ce
qu’il advient des données ré-
coltées dans ce cadre là. «La
plupart des infrastructures
numériques, la connectivité
des réseaux et le stockage des
données sont fournies par des
entreprises privées», nous ap-
prend Laura Garcia Vargas.
Côté public, si la LIPAD pré-
cise que toute institution qui
enregistre des données doit aus-
si s’occuper de leur stockage, il
s’avère par exemple que les ca-
méras de surveillance utilisées
par la Ville de Genève, ainsi que
leurs logiciels de fonctionne-
du patrimoine industriel, mais
sans tomber dans le folklorique,
ni se fixer sur les machines en
écartant les gens», souligne-t-il.
L’Association pour le pa-
trimoine industriel (API), qui
dispose elle d’un lieu d’ex-
position propre où se mêlent
conservation et création, s’ins-
crit dans cette démarche. Mais
l’ouverture d’un espace tiers
permettrait de faire vivre plus
longtemps d’autres expositions
thématiques, à l’image de celle
portant sur les saisonniers et
saisonnières1. Sortie en 2019,
elle ne connaît aujourd’hui un
deuxième souff le qu’au prix
d’une exportation à Bienne. Et
ce alors qu’elle continuait à sus-
citer de l’intérêt à Genève, no-
tamment au travers des écoles.
MAUDE JAQUET
1
 Initiée par la Ville de Genève, conçue
par les Archives contestataires, le Collège
du Travail et le collectif Rosa Brux.
GENÈVE 5
ment, sont aussi fournis par le
secteur privé. D’après le prépo-
sé cantonal, cela reste possible
«dans la mesure où l’institu-
tion ne dispose pas du person-
nel qualifié à ces fins» et pour
autant que l’entreprise chargée
de la gestion des données «ré-
ponde aux critères du concor-
dat fédéral sur les entreprises
de sécurité».
Vers une «intégrité
numérique»?
Etant donné la rapidité des
avancées technologiques dans
ce domaine, la question de la
surveillance numérique devien-
dra sans doute majeure dans
les années à venir. A l’heure
actuelle, aucun parti politique
à Genève –  à l’exception de
l’UDC – ne l’a fait figurer dans
son programme en vue des élec-
tions cantonales.
Du côté du législatif, elle fait
son chemin. En septembre, le
Grand Conseil a accepté un pro-
jet de loi initié par le Parti libéral
radical visant à légiférer sur le
«droit à l’intégrité numérique».
Un tel ajout dans la Constitu-
tion genevoise donnerait aux
citoyen·nes, sur le principe, le
droit d’être protégé·es contre le
traitement abusif de données, le
droit à la sécurité dans l’espace
numérique, le droit à une vie
hors ligne ainsi que le droit à
l’oubli. Cela concernerait, entre
autres, la vidéosurveillance.
L’inquiétude est aussi pré-
sent e da ns la popu lat ion.
D’après un autre sondage de
l’institut Edgelands, publié au
mois de décembre, 75% des ci-
toyen·nes se sentent en «insécu-
rité numérique» à Genève, c’est-
à-dire inquiet·ètes du pouvoir
grandissant des géants de la
tech et des algorithmes sur leur
vie numérique. A l’inverse, dans
le cadre de la vidéosurveillance,
le rapport révèle que d’autres se
sentent davantage en sécurité
lorsqu’ils voient des caméras
vidéo dans la rue, à l’instar des
personnes migrantes interro-
gées par l’institut. I
CRISE
ÉNERGÉTIQUE
QUI PAIERA LA FACTURE?
Aujourd’hui aura lieu aux
Pâquis une soirée de discus-
sion sur la crise de l’énergie
et la crise climatique organi-
sée par l’Asloca, BreakFree
Suisse et le collectif des asso-
ciations d’habitant·es et de
quartier. Il y sera notamment
question de l’envolée des
prix de l’énergie et des réper-
cussions sur les locataires.
Avec Christian Dandrès,
conseiller national et avocat
à l’Asloca, Adrienne Sordet
députée verte et assistante
d’enseignement et de re-
cherche l’HEPIA et Morgane
Nusbaumer du collectif
BreakFree suisse. La soirée
aura lieu à 20 heures à la
Maison de quartier des
Pâquis, rue du Môle 11.
L’entrée est gratuite.
CO
 LE COURRIER
6 RÉGION MARDI 28 FÉVRIER 2023

Réunis hier à Sion, le WWF Valais, le Club alpin suisse et la Fédération suisse de pêche militent
pour que le développement des énergies renouvelables ne se fasse pas au détriment de la nature

Une coalition monte au créneau

Valais X Il est urgent de re-
noncer aux énergies fossiles et
de développer les énergies re-
nouvelables en Suisse, «mais,
et c’est un grand mais, cela ne
doit pas se faire sur le dos de la
nature», selon le WWF Valais.
Les biotopes d’importance na-
tionale doivent rester protégés
par la loi.
Actuellement la loi fédé-
rale sur l’énergie interdit toute
construction, y compris pour de
la production d’énergie renou-
velable, dans les biotopes d’im-
portance nationale. Mais en
septembre, le Conseil des Etats
a biffé cette interdiction de son
projet de réforme de la loi.
«Le Conseil national, qui se
penchera sur la question durant
cette session parlementaire,
doit corriger cette décision»,
estimaient hier le WWF Valais,
le Club alpin suisse (CAS) et la
Fédération suisse de pêche (FSP)
lors d’une conférence de presse
à Sion. Si tel n’est pas le cas, il
sera possible de construire des
barrages, des parcs éoliens ou
solaires dans ces zones qui sont
le «dernier refuge de la biodi-
versité», indique la secrétaire
générale du WWF Valais, Ma-
rie-Thérèse Sangra.
Mauvais calcul
Les biotopes d’importance na-
tionale couvrent une surface
de seulement 2% du territoire
suisse mais abritent 30% de la
biodiversité, ont répété les par-
tenaires regroupés dans une
coalition pour la protection des
biotopes. Plus la biodiversité di-
minue, plus notre écosystème se
fragilise, ajoutent-ils.
Ces zones ont leur rôle à
jouer dans la lutte contre la
sécheresse et les inondations
mais aussi dans la purification
de l’eau, détaille la coalition. Et
d’ajouter que d’autres solutions
existent pour intensifier la pro-
duction d’électricité, notam-
ment en utilisant les zones ur-
baines, voire les constructions
déjà présentes dans les Alpes.
En Valais, la coalition a
choisi Les Plats de la Lé dans
le val d’Anniviers pour illus-
Le Conseil des Etats a biffé l’interdiction de construire des infrastructures énergétiques dans des biotopes d’importance nationale de son projet
de réforme de la loi fédérale sur l’énergie. KEYSTONE
Nouveau parc solaire à l’étude
Un nouveau parc solaire alpin, le si-
xième, est à l’étude en Valais. Celui-ci
est projeté sur le domaine skiable de Gri-
mentz-Zinal. Le site a été sélectionné par
la commune, le comité du consortage (les
propriétaires du terrain), les remontées
mécaniques de Grimentz-Zinal, Oiken et
Alpiq parmi neuf autres emplacements
potentiellement intéressants dans la ré-
gion, explique hier la commune d’Anni-
viers. Celle-ci entreprend des démarches
depuis octobre 2022 afin de trouver le
bon emplacement pour un projet de parc
photovoltaïque. Avec ces 130 000 mètres
carrés, le secteur retenu, situé près de
l’arrivée du télésiège des Grands-Plans
à Grimentz, sur les terres de l’alpage du
Marais, à 2450 mètres d’altitude, répond
aux critères de la Confédération et à ceux
de la commune, ajoute cette dernière. Il
est hors des zones protégées et bénéficie
d’un excellent ensoleillement.
«A ma connaissance, il y a encore la
place pour notre projet», indique David
Melly le président de la commune d’An-
niviers qui en préside également le co-
mité de pilotage. Actuellement entre 25
et 30 projets sont en réflexion à l’échelle
nationale, dont six en Valais.
Des installations de mesures seront
posées sur le site ces prochains jours
afin de relever les données nécessaires,
précise le président. Celui-ci ne souhaite
toutefois pas articuler de potentiel de pro-
duction avant la séance d’information à
la population prévue le mois prochain à
Grimentz. Le projet sera ensuite soumis à
l’approbation de l’Assemblée générale du
consortage de l’alpage du Marais, puis à
celle de l’Assemblée primaire en juin. La
construction pourrait démarrer en 2024
pour une mise en service en 2025.
Après Gondo, Grengiols, Visper-
tal, l’ancienne carrière ayant servi à la
construction du barrage de la Grande
Dixence et Ovronnaz Solar, le projet an-
niviard constitue le sixième projet de parc
solaire annoncé en Valais. Ces projets
s’inscrivent notamment dans le cadre de
l’offensive nationale sur le solaire et ses
mesures urgentes qui visent à rendre la
Suisse plus indépendante en augmentant
la part d’énergie renouvelable indigène.
Pour y parvenir, il a été décidé que les
grands parcs solaires alpins, produisant
au moins 10 GWh dont au moins 45% en
hiver pourront obtenir une aide fédérale.
La rétribution unique s’élèvera à 60% au
maximum des coûts d’investissement.
Les mesures sont toutefois limitées
jusqu’au 31 décembre 2025. Cela signi-
fie qu’une partie du rendement prévu du
parc devra être injectée dans le réseau
d’ici cette date si les porteurs du projet
veulent pouvoir compter sur la manne
fédérale. ATS
trer son propos. La zone au-
jourd’hui biotope d’importance
nationale est le fruit d’un effort
de renaturation, débuté il y a
dix ans, et qui intègre notam-
ment des compensations liées
aux projets des remontées mé-
caniques et des forces motrices
de la vallée.
Danger pour les zones
revitalisées
Rien que la revitalisation de
la rivière Navizence, l’un des
points essentiels de cette rena-
turation, «a coûté près de deux
millions de francs, dont les coûts
reconnus d’environ 1,5 mil-
lion ont été subventionnés à
90% par le canton», indique S
Daniel Devanthéry, ingénieur
responsable de l’aménagement
des cours d’eau au service va-
laisan des dangers naturels. La
dynamique naturelle du cours
d’eau fait la valeur de cette zone
alluviale, précise-t-il.
«Il sera possible
de construire
des barrages,
des parcs éoliens
ou solaires dans
ces zones qui
sont le dernier
refuge de la
biodiversité»
Marie-Thérèse Sangra
Or, la modification «irres-
ponsable» du Conseil des Etats
mettrait en péril le travail et
l’argent investis, relève Lucie
Wiget du Club alpin suisse du-
rant le point-presse. Les parte-
naires craignent notamment
qu’un projet de captage des
hautes eaux de Zinal vers le
barrage de Moiry, modifiant le
débit résiduel, ne revienne sur
le devant de la scène, et n’affecte
durablement le biotope. ATS

YVERDON (VD)
LA GRANDE MAJORITÉ
DES CYCLISTES EN RÈGLE
Une série de contrôles menés
par la Police Nord Vaudois
(PNV) à Yverdon-les-Bains
(VD) en décembre et janvier
derniers montre que «la
grande majorité» des cyclistes
«respectent les règles d’utili-
sation et de circulation». Le
taux d’infraction est de 6,3%.
Trois grandes opérations ont
été effectuées sur deux mois.
Elles ont permis de contrôler
505 cycles. Trente-deux per-
sonnes ont été verbalisées
d’une amende d’ordre, a com-
muniqué hier la PNV. Des ac-
tions de prévention ont été
conduites durant l’ensemble
de l’année 2022, avec une in-
tensification en fin d’année
due à l’extinction de l’éclai-
rage public la nuit à Yverdon-
les-Bains. ATS
Deux propriétaires condamnés
Genève X Le Tribunal de po-
lice de Genève a condamné
hier deux propriétaires im-
mobiliers pour escroquerie et
faux dans les titres. Les deux
hommes ont reconnu avoir
délibérément falsifié des avis
de fixation du loyer initial
pour une vingtaine d’apparte-
ments afin de pouvoir ensuite
les louer bien plus cher.
Selon l’acte d’accusation,
l’ex- d é put é MC G Rona l d
Zacharias et son acolyte ont,
de 2008 à 2020, demandé aux
régies qui géraient leurs biens
d’établir des baux fictifs au
nom de plusieurs personnes
pour une durée limitée. Ils
étaient copropriétaires de
18 appartements, mais ils
ont aussi agi de la sorte pour
des appartements qu’ils déte-
naient seuls.
Joints aux baux, les formu-
laires de notification du loyer
initial, qui existent dans les
cantons où sévit une pénurie
de logements, indiquaient des
loyers jusqu’à trois fois supé-
rieurs aux montants réels.
Cette manœuvre visait à em-
pêcher le locataire suivant de
contester la hausse. Un des
propriétaires a détenu sept
baux fictifs, tandis qu’une
personne en a signé 19.
Lorsque la RTS a révélé l’af-
faire en 2020, ce faux locataire
a affirmé, devant la caméra,
n’avoir jamais vécu dans ces
logements. Il a été condamné
par ordonnance pénale.
L’acte d’accusation retient
que les deux propriétaires ont
agi «dans le but de se procurer
un enrichissement illégitime
à hauteur de la différence du
montant effectivement payé
par les nouveaux locataires
et celui qui aurait dû l’être
au regard du réel loyer anté-
rieur». Les locataires lésés ont
été remboursés pour quelque
deux millions de francs et leurs
loyers ont été remis à leur ni-
veau antérieur.
Dans le cadre d’une procé-
dure simplifiée, le Tribunal de
police a suivi le réquisitoire
du Ministère public qui a re-
tenu la «bonne collaboration»
des deux prévenus. Il les a
condamnés hier à une peine
privative de liberté de deux
ans assortie d’un sursis com-
plet, avec un délai d’épreuve
de trois ans. Les condamnés
doivent s’acquitter des frais de
procédure, soit 25 000 francs
chacun. ATS
Café Léman envisage
une action en justice
CGN X Le prestataire de res-
tauration de la Compagnie gé-
nérale de navigation sur le Lé-
man (CGN), Café Léman, dont le
contrat a été rompu par la CGN
à fin février, envisage une action
en justice. «La rupture immi-
nente [de contrat] se poursuivra
très probablement en justice», a
écrit hier Café Léman. Quelques
heures plus tôt, la CGN avait
annoncé que la filiale du groupe
genevois Caviar House Airport
Premium allait être remplacée,
dès le 1er mars, par Fine Four-
chette, installée à Granges-près-
Marnand (VD) et en main de
Group Events. La CGN évoquait
à l’appui de cette décision des
«divergences» avec Café Léman,
sans en dire davantage.
De son côté, Café Léman af-
firme avoir été contraint par la
CGN de soumettre ses équipes
«à des conditions de travail
inacceptables». Le prestataire
se plaint aussi de n’avoir touché
aucune compensation «malgré
les nombreuses pannes et an-
nulations de croisières, souvent
de dernière minute». La cessa-
tion du contrat laisse 57 col-
laborateurs sur le carreau,
ajoute le communiqué.
Le directeur de la CGN, Pierre
Imhof, n’a pas voulu expliciter
les «divergences» mentionnées
avec Café Léman. «Si cela se
termine au tribunal, nous nous
expliquerons à ce moment-là»,
a-t-il dit. Il ne veut pas «prêter
le flanc à la critique» et désire
laisser la porte ouverte à une
«solution transactionnelle».
ATS
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | MARDI 28 FÉVRIER 2023 SUISSE 7

Garantir la liberté de la presse ANTISÉMITISME On ne légifère pas sur le sucre

Blanchiment d’argent X Les
journalistes suisses ne de-
vraient pas craindre de procé-
dure pénale s’ils enquêtent sur
des affaires de blanchiment
d’argent. Le National a soutenu
lundi par 113 voix contre 78
une motion qui veut se pencher
sur la question, dans le contexte
des «Swiss Leaks».
Selon cette enquête interna-
tionale, Credit Suisse aurait,
pendant des décennies, accep-
té comme clients des auto-
crates, des t ra f iqua nts de
drogue et d’humains ainsi que
des criminels de guerre présu-
més. La banque avait rejeté ces
accusations.
Mais cette enquête dévoilée
en février 2022 a aussi mis en
lumière le flou qui entoure la loi
sur les banques révisée en 2015.
Des journalistes helvétiques ont
renoncé à participer à l’enquête
sur Credit Suisse, craignant une
procédure pénale. L’ONU avait
critiqué la Suisse. ATS
HAUSSE DES CAS RECENSÉS
Selon un rapport, le nombre
d’incidents antisémites
en Suisse a augmenté de 6%
en 2022. Une «sous-culture
obsédée par les théories du
complot» serait responsable
d’un bon nombre des 910 cas
recensés. L’Etat doit agir
contre les messages de haine
sur Telegram, écrivent les
auteurs. Une autre étude
a recensé 562 actes antisé-
mites en Suisse romande. ATS
Alimentation X Les quantités
de sucre dans les aliments ne de-
vraient pas être réglementées de
manière restrictive, ni faire l’ob-
jet d’un étiquetage lisible et com-
préhensible. Le Conseil national
a rejeté hier deux initiatives des
cantons de Genève et de Fribourg.
Genève voulait réglementer
de manière restrictive la teneur
en sucres ajoutés des boissons in-
dustrielles et des aliments trans-
formés. Fribourg souhaitait pour
sa part que la teneur en sucres
figure dans la déclaration nutri-
tionnelle. Il n’est pas nécessaire
d’agir étant donné que, suite à la
révision de la loi sur les denrées
alimentaires, il sera bientôt obli-
gatoire de déclarer la teneur en
sucres dans le tableau des valeurs
nutritionnelles, a fait valoir Phi-
lippe Nantermod (plr, VS) pour la
commission. Quant à l’autre de-
mande fribourgeoise, à savoir de
rendre obligatoire un étiquetage
lisible et d’emblée compréhen-
sible, cette mesure n’aurait pas
de sens à l’heure actuelle, car elle
est déjà en discussion au sein de
l’UE, a-t-il expliqué.
Soulignant les effets d’une
consommation trop importante
sur la santé publique, une mi-
norité a plaidé, en vain, pour
l’adoption des deux textes. Le rôle
de l’Etat est de prévenir les mala-
dies, a souligné Stefania Prezioso
Batou (EàG, GE). ATS

Une aide de centaines de millions en plus pour payer les crèches sera débattue mercredi au parlement

Un rabais de 20% pour les parents?

BAYRON SCHWYN
Familles X S’il est un domaine dans le-
quel la Suisse ne brille pas pour son esprit
pionnier, c’est bien en matière de politique
familiale. En 2021, notre pays se retrou-
vait 38e sur 41 dans une étude de l’Unicef
comparant notamment l’accessibilité, la
qualité et le caractère abordable des offres
de garde d’enfants. Consciente du manque
en la matière, la Commission de la science,
de l’éducation et de la culture (CSEC) du
Conseil national a concocté durant près de
trois ans un projet ambitieux en faveur de
l’accueil extrafamilial, qui sera débattu en
plénum le 1er mars. La proposition permet-
trait aux parents d’enfants en préscolaire
et jusqu’à la fin de l’école primaire d’alléger
leur facture de garde de 20%, quel que soit
leur niveau de revenu.
Un coup de pouce coûterait quelque
710 millions de francs par an à la Confédé-
ration. Par ailleurs, des aides fédérales se-
raient octroyées pour que les cantons
puissent développer l’offre d’accueil extra-
familial ou l’adapter, en proposant par
exemple l’école à journée continue. Coût:
56 millions par an pendant quatre ans, à
prolonger au maximum trois fois.
«Intérêt énorme»
Pour le conseiller national écologiste Fa-
bien Fivaz, président de la commission, il
faut absolument agir pour combler le re-
tard helvétique. «C’est une évidence: la si-
tuation actuelle ne permet pas de garantir
un bon équilibre entre vie familiale et vie
professionnelle.» Le Neuchâtelois précise
qu’une part du projet se base sur un mo-
dèle de soutien déjà existant et régulière-
ment prolongé depuis vingt ans. «Plus de
65 000 places ont été créées pour un inves-
tissement de quelque 400  millions de
francs.»
«Une hausse du taux
d’emploi des parents
est nécessaire»
Simone de Montmollin
Le parlementaire souligne par ailleurs
le bénéfice des mesures proposées pour le
monde économique. «Avec la pénurie de
personnel qui s’aggrave, les entreprises ont
un intérêt énorme à ce que les parents
puissent travailler davantage après la
naissance d’un enfant.»
Des études relayées par Alliance en-
fance plaident également dans ce sens.
Selon une analyse de l’Université de Neu-
châtel parue l’année dernière, la création
de places en crèche stimule la croissance
et facilite l’accès à la vie professionnelle
pour les mamans.
Le président de l’Union patronale suisse
Valentin Vogt milite d’ailleurs en faveur du
projet. Ce n’est en revanche pas l’avis du
Conseil fédéral, qui a déjà fait savoir qu’il
rejetait la proposition. Pour le gouverne-
ment, «l’accueil extrafamilial pour enfants
relève de la compétence des cantons ainsi
que de la responsabilité des employeurs, et
la situation financière tendue de la Confé-
dération ne permet pas un engagement
supplémentaire». Des arguments aussi in-
voqués par l’UDC.
«Nous estimons, au contraire, que la
Confédération a un mandat constitution-
nel qui lui demande de participer en partie
au financement de ce domaine», réplique
Fabien Fivaz. Si parlement devait aller de
l’avant, le Conseil fédéral appelle à réduire
la voilure, en prévoyant par exemple un
rabais maximal de 10% des tarifs des
crèches pour les parents. «Le parlement
préfère-t-il octroyer 600 millions de plus à
l’armée ou une somme équivalente à un
soutien pour un meilleur équilibre pour les
familles?» questionne Fabien Fivaz.
Pour le travail ou la formation
Si le PS, les Verts et les Vert’libéraux
semblent acquis à la cause, les rangs du
Centre et du PLR sont plus divisés. Les
femmes libérales-radicales soutiennent
notamment le principe du projet, à l’in-
verse de la section mère.
La conseillère nationale Simone de
Montmollin (plr, GE) milite, elle, pour une
solution de compromis, en privilégiant le
soutien direct aux parents. La Genevoise
plaide pour un modèle permettant un
rabais de 15%, avec la condition qu’il soit
octroyé à ceux qui désirent travailler ou se
former.
«L’objectif est d’améliorer la conciliation
entre vie familiale et professionnelle en
réduisant le coût à charge des parents. Une
augmentation du taux d’emploi des pa-
rents, en particulier des femmes, est néces-
saire pour le bon fonctionnement de l’éco-
nomie. C’est dans ce but que des soutiens
publics peuvent être engagés», souligne
Simone de Montmollin.
«Visions difficiles à concilier»
En raison de l’état défavorable des finances
fédérales, la politicienne estime qu’il n’est
aujourd’hui pas possible d’octroyer d’aides
financières aux cantons. «C’est à eux
d’agir pour développer leur offre, et cela
doit être l’une de leurs priorités. Les reve-
nus octroyés par la mise en place de la ré-
forme fiscale de l’OCDE pourront être uti-
lisés pour le faire.» Au final, cette version
allégée coûterait quelque 500 millions par
an à la Confédération.
Outre les questions financières ou ins-
titutionnelles, deux visions de la famille
s’affronteront mercredi sous la Coupole.
«Certains parlementaires conservateurs
à l’UDC ou au Centre estiment encore que
la garde des enfants ne doit pas être le fait
des institutions, mais des familles, des
grands-parents en premier lieu. On a là
deux visions sociétales difficilement conci-
liables», pointe Fabien Fivaz. Aujourd’hui,
les grands-parents restent le premier mode
de garde en Suisse pour les enfants de
Le projet permettrait aux parents d’enfants jusqu’à la fin du primaire d’alléger leur facture de garde. KEYSTONE-ARCHIVES moins de 3 ans. ESH MÉDIAS
 LE COURRIER
8 SUISSE MARDI 28 FÉVRIER 2023

Les coûts de l’énergie et de la santé ont principalement préoccupé la population en 2022

Bond des réclamations à M. Prix

Surveillance des prix X L’an
dernier, le renchérissement a
inquiété la population. Les ré-
clamations de citoyens auprès
de Monsieur Prix ont explosé de
60% comparé à l’année précé-
dente. Un bon tiers des plaintes
reçues par Stefan Meierhans
visait la flambée des tarifs de
l’énergie.
«Le renchérissement, les
primes maladies et la hausse
des prix de l’énergie résument
bien l’année 2022», a déclaré
Stefan Meierhans hier lors de la
présentation de son rapport an-
nuel aux médias. «Les facteurs
externes en sont les principaux
responsables, mais ils n’en sont
pas les uniques responsables»,
a-t-il souligné. En 2022, le sur-
veillant des prix a traité au total
2368 réclamations émanant du
public, dont 30% en lien avec le
coût de l’énergie, selon le docu-
ment. Autres objets d’inquié-
tude, les tarifs du secteur de la
santé (13% des contestations) et
des télécommunications (5,5%).
Au vu de la déferlante d’an-
nonces, Stefan Meierhans a
revu ses priorités au premier
trimestre 2022 pour se concen-
trer sur les prix des carburants
et ceux de l’énergie de chauffage
et des processus industriels. Il
a prié les entreprises gazières
d’utiliser leurs réserves afin de
limiter les hausses de prix, en
partie avec succès.
Un tiers des tarifs dans le
pays sont fixés ou approuvés par
des pouvoirs publics ou des en-
treprises disposant d’un mono-
pole ou puissantes sur le mar-
ché, rappelle M. Meierhans. Ces
prix administrés étaient donc
Stefan Meierhans a reçu en 2022 60% de réclamations de plus que l’année précédente. Un tiers concernaient le coût de l’énergie. KEYSTONE
tout particulièrement dans son
radar.
Taxes parafiscales
Les prix du gaz en Suisse ont
augmenté en moyenne d’envi-
ron 7 centimes/kWh de janvier
à l’automne 2022, détaille le
rapport. Après enquête, l’aug-
mentation des prix du gaz était
largement justifiée par la hausse
des coûts d’approvisionnement.
Mais l’analyse concrète des ta-
rifs de nombreuses communes
a montré que des taxes conti-
nuaient à être prélevées sur la
consommation de gaz naturel
en de nombreux endroits. Le sur-
veillant a donc appelé les com-
munes à renoncer aux taxes pa-
rafiscales sur le gaz naturel afin
de ne pas alourdir les factures.
Pour lutter contre la forte
hausse des prix des carburants,
le surveillant a aussi proposé
dès mars 2022 de renforcer
la concurrence entre les sta-
tions-service avec une applica-
tion sur les prix des carburants.
Le TCS a repris cette proposition
et lancé son propre compara-
teur en ligne dès l’automne.
«Il ne faut pas s’attendre – ni
souhaiter – que les gens fassent
des kilomètres pour s’approvi-
sionner là où l’essence coûte
quelques centimes de moins.
Ce qui compte, c’est l’effet systé-
mique», a commenté Monsieur
Prix.
«Pour une station-service,
l’important est de ne pas perdre
de parts de marché et si vous
ne figurez pas parmi les moins
chers sur l’écran des consom-
mateurs, c’est problématique.
Cela met une pression constante
sur les prix des carburants dans
une région donnée», s’est-il
réjoui.
Tarifs de laboratoires
Dans le dossier santé, Monsieur
Prix a réalisé une comparaison
sur les prix pratiqués à l’étran-
ger pour les dix analyses mé-
dicales qui génèrent les coûts
les plus élevés en Suisse. Pour
l’année de référence 2020, les
tarifs suisses des analyses de la-
boratoire étaient, en moyenne,
4,5 fois plus élevés que ceux des
autres pays européens dans les
cabinets médicaux et 2,3 fois
plus élevés dans les laboratoires
hospitaliers et privés.
Stefan Meierhans estime le
potentiel d’économie pour les
assureurs-maladie à «plus d’un
milliard de francs». Il a donc
recommandé que les tarifs des
analyses médicales soient, à
l’avenir, fixés sur la base de
comparaisons de prix avec
l’étranger. La décision dans la
foulée du Département fédéral
de l’intérieur de baisser linéai-
rement de 10% les tarifs des
analyses de laboratoire à partir
du 1er août 2022 était «un pre-
mier pas dans la bonne direc-
tion», se félicite M. Meierhans.
Le bio sous la loupe
Pour 2023, l’attention reste-
ra sur l’énergie. Le surveillant
tient «à ce que le potentiel de
baisse des prix administrés
dans ce domaine soit exploi-
té au mieux». Il compte aussi
poursuivre ses travaux dans le
domaine des denrées alimen-
taires. «Nous nous intéressons
notamment au bio et observons
ce qui se passe à l’étranger.» ATS

TÉLÉVISION

RTS 1 RTS 2 TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 ARTE M6

6.00 RTS Kids
9.20 Quel temps fait-il ? 8
9.35 Arabesque 8
11.10 Les feux de l’amour 8
11.45 Top Models 8
12.10 Demain nous appartient 8
12.45 Le 12h45 8
13.15 Coup de foudre
à la française 8
Film TV. Drame.
15.00 Bull 8
Série. Madame parfaite.
15.45 Meurtres au paradis 8
17.45 RTS découverte
17.50 Ici tout commence 8
18.25 C’est ma question ! 8
19.00 Couleurs locales 8
19.30 19h30 8
20.10 À bon entendeur 8
Magazine. Informatique :
comment choisir son
ordinateur portable ?
7.00 La Matinale
8.00 Suisse en scène 8
8.25 RTS info 8
9.05 Forum
9.35 RTS info 8
9.55 Ski Freestyle 8
Championnats du monde. En
direct de Bakouriani (Géorgie).
12.20 Ski de fond 8
Championnats du monde.
10 km libre dames. En direct.
13.50 Signes 8
14.20 À bon entendeur 8
15.05 RTS info 8
16.10 Basik 8
16.35 RTS info 8
17.30 Nouvo 8
18.00 Forum 8
19.00 RTS info
19.30 Le 19h30 signé 8
20.10 De délicieuses recettes
de légumes pour tous 8
6.30 Tfou 8 5.35 Un si grand soleil 8 9.00 Enfants de paysans 8 8.10 Invitation au voyage 8 6.00 M6 Music
Jeunesse. Feuilleton. 9.55 Ici au salon de 8.55 Invitation au voyage - Clips.
8.30 Téléshopping 6.00 Le 6h00 info l’Agriculture 8 Nos épopées 8 6.55 M6 Kid
9.25 Familles nombreuses : 6.30 Télématin 8 10.55 Outremer.le mag 8 9.25 Le Shah et l’ayatollah, le Jeunesse.
la vie en XXL 8 9.30 La maison des 11.35 Outremer.l’info 8 duel iranien 8.50 M6 boutique
10.30 Amour, gloire et beauté 8 maternelles 11.50 12/13 8 10.20 Nouvelle-Zélande Magazine.
Feuilleton. 10.50 Tout le monde a son mot 12.55 Météo à la carte 8 13.00 Arte Regards 10.05 Ça peut vous arriver
11.00 Les feux de l’amour 8 à dire 8 Magazine. Au salon de 13.35 Écrit sur du vent Magazine.
11.50 Les 12 coups de midi 8 11.20 Chacun son tour 8 l’Agriculture. Film. Drame. 11.30 Ça peut vous arriver chez
13.00 Le 13h 8 11.55 Tout le monde veut 14.05 Le Renard 8 15.15 Des volcans et des vous
13.55 Dans les bras d’un prendre sa place 8 16.15 Duels en familles 8 hommes 8 Magazine.
psychopathe 8 13.00 13 heures 16.50 La p’tite librairie 8 15.45 L’Europe dans tous ses 12.30 L’œil de Philippe
Film TV. Drame. 13.55 Ça commence 17.00 Slam 8 (petits) États Caverivière
15.40 Escapade entre rivales 8 aujourd’hui 8 17.45 Questions pour un 16.40 Australie: Instincts de Divertissement.
Film TV. Drame. 16.15 Affaire conclue champion 8 survie 8 12.45 Le 12.45
17.30 Familles nombreuses : Magazine. 18.25 Ici au salon de 17.25 Invitation au voyage 8 13.40 Scènes de ménages
la vie en XXL 8 18.05 Tout le monde a son mot l’Agriculture 8 18.55 Secrets de roches 8 14.00 Un jour, un doc
18.30 Ici tout commence 8 à dire 8 18.45 19/20 8 19.45 Arte journal 16.50 Le château de mes rêves
19.10 Demain nous 18.40 N’oubliez pas 20.00 Saveurs de saison 8 20.05 28 minutes 18.35 La meilleure boulangerie
appartient 8 les paroles ! 8 20.20 Samedi d’en rire, 20.45 Le dessous des cartes - de France
20.00 Le 20h 8 20.00 20 heures la quotidienne 8 L’essentiel 8 19.45 Le 19.45
21.00 C’est Canteloup 8 20.45 Un si grand soleil 8 20.50 Tout le sport 8 Magazine. 20.30 Scènes de ménages

21.00 FILM TV
LE SECRET DE LA GROTTE
Film TV. Policier. Fra. 2022.
Réalisation : Christelle Ray-
nal. 1h30. Inédit. Avec Élodie
Varlet. Deux policiers doivent
faire équipe pour enquêter
sur un meurtre.
21.00 FILM
LE MERVEILLEUX VOYAGE
DE WOLKENBRUCH
Film. Comédie dramatique.
EU. 2018. VM. Réalisation :
Michael Steiner. 1h34. Avec
Joel Basman, Sunnyi Melles,
Aaron Arens, Inge Maux.
21.10 JEU
KOH-LANTA, LE FEU SACRÉ
Jeu. Présentation  : Denis
Brogniart. 2h00. Inédit. Aux
Philippines, les nouveaux
naufragés prennent leurs
marques, et ce n’est pas
facile !
21.00 FOOTBALL
LYON/GRENOBLE
Coupe de France. Quart de
finale. Commentaires  : Fa-
bien Lévêque, Djibril Cissé,
Arnaud Mattéoli. En direct
du Groupama Stadium, à Dé-
cines-Charpieu (France).
21.10 SÉRIE
CRIMES PARFAITS
Série. Policière. Fra. 2021.
Saison 3. Avec Isabelle Géli-
nas, Arthur Mazet, Fred Tes-
tot. 2 épisodes. Qu’est-ce qui
a pu pousser Renaud Husson
à tuer le père Simonin ?
20.55 SÉRIE DOCUMENTAIRE
1942
Série documentaire. Histo-
rique. Fra. 2022. Réal. : Véro-
nique Lagoarde-Ségot, Marc
Ball. 2h55. Inédit.
Janvier. - Janvier-Mars. -
Mars-Mai.
21.10 FILM
RED 2
Film. Action. EU. 2013. VM.
Réal.  : Dean Parisot. 1h56.
Avec Bruce Willis, Catherine
Zeta-Jones. Frank Moses, re-
traité de la CIA recherche une
arme de destruction massive.

22.40 Prométhée 8
Série. Fantastique. Fra. 2022.
Saison 1. Avec Camille Lou,
Marie-Josée Croze, Odile
Vuillemin, Fantine Harduin.
2 épisodes. Inédits.
Pour tenter de retrouver la
mémoire et son identité,
Prométhée accepte une séance
d’hypnose, qui tourne mal.
0.30 Skin 8
Film. Drame.
22.30 Tirage Euro Millions
22.35 Zap RTS sport
22.40 Moscou aller simple ! 8
Film. Comédie. Suisse. 2020.
Réalisation : Micha Lewinsky.
1h40. Avec Philippe Graber,
Miriam Stein, Mike Müller.
Il y a trente ans, plus de
900000 personnes ont été
surveillées en Suisse pour
leurs convictions politiques.
0.20 À bon entendeur 8
23.10 Une famille en or 8
Jeu. Présentation : Camille
Combal. 0h55. Inédit.
C’est le grand retour de «Une
famille en or» ! Cette année, le
jackpot a été remporté pour la
première fois depuis dix ans !
Les familles sont venues de
toute la France mais aussi de
Suisse et de Belgique.
0.05 Une famille en or 8
Jeu. Prés. : Camille Combal.
23.10 Tomb Raider 8
Film. Aventures. EU. 2018.
VM. Réalisation : Roar
Uthaug. 1h58. Avec Alicia
Vikander, Daniel Wu, Dominic
West, Walton Goggins.
Lara Croft, 21 ans, part
à la recherche de son père
sur une île mythique au large
du Japon.
1.05 Apocalypse, le crépuscule
d’Hitler 8
22.45 Crimes parfaits 8
Série. Policière. Fra. 2019.
Saison 3. Avec Julie Ferrier,
Wendy Nieto, Stéphane
Debac, Sophie de La
Rochefoucauld.
2 épisodes.
Cinq petits plongeurs à bord
d’un yacht se sont endormis.
Survient alors un accident
mortel de plongée.
0.35 Libre court 8
23.45 Les bébés volés, l’Église
catholique et Franco
Documentaire. Historique. All.
2022. Réalisation : Margot
Litten. 0h55. Inédit.
De l’époque franquiste aux
années 1980, des centaines
de milliers de bébés ont été
volés à leurs parents avec la
complicité active de l’Église
catholique.
0.40 Tableaux volés
23.10 Red
Film. Comédie. EU. 2010.
VM. Réalisation : Robert
Schwentke. 1h47. Avec Bruce
Willis, Morgan Freeman, John
Malkovich, Helen Mirren.
Des agents retraités de la CIA
doivent se battre pour éviter
que leur ex-employeur ne les
élimine.
1.05 Le flic de Beverly Hills 3
Film. Comédie.
LE COURRIER
MARDI 28 FÉVRIER 2023 SOLIDARITÉ 9

Aucun dialogue véritable ni transition démocratique n’a lieu au Tchad depuis la prise du pouvoir par
le fils d’Idriss Déby, analyse Delphine Djiraibé, lauréate du Prix Martin Ennals cette année

Le Tchad mutilé par l’autoritarisme

PROPOS RECUEILLIS PAR
CHRISTOPHE KOESSLER
Afrique de l’Ouest X Depuis plus de
trente ans, elle lutte sans relâche pour
les droits humains et la démocratie au
Tchad. En tant qu’une des toutes pre-
mières femmes avocates de son pays,
Delphine Djiraibé a accompagné la
chute du terrible dictateur Hissène Ha-
bré en 1990, puis assisté à l’ouverture
des prisons de la police politique où
étaient incarcérés ses camarades: «On
a dû les porter comme des bébés, ils
n’avaient plus que la peau sous les os»,
se souvient celle qui a obtenu le prix
Martin Ennals le 16 février dernier à
Genève. Une récompense accordée par
dix des plus importantes organisations
mondiales de droits humains, avec le
soutien de la Ville de Genève.
«C’est là que nous nous sommes dit,
‘plus jamais ça’ et nous avons fondé
notre première association pour les
droits humains, qui a obtenu des bons
résultats dans les années 1990», ra-
conte la militante. Malheureusement,
les progrès n’ont pas duré et le pays a
récemment sombré encore un peu plus
dans l’autoritarisme après la prise du
pouvoir en avril 2021 de Mahamat
Idriss Déby, le fils d’Idriss Déby Itno,
à la tête de l’Etat pendant trente et un
ans. Pour Le Courrier, Delphine Djirai-
bé, fondatrice de l’ONG Public Interest
Law Center (PILC), analyse la situa-
tion actuelle et l’histoire récente de
son pays.
Comment a évolué la situation des
droits humains au Tchad depuis 2021?
Delphine Djiraibé: C’est pire encore. Le
20 octobre dernier, c’était un jeudi noir:
une terrible répression s’est abattue sur
les Tchadiens. Une manifestation a dé-
noncé les résultats de la récente Confé-
rence nationale. Celle-ci a abouti à la
prolongation de deux ans de la période
de transition menant aux élections, la-
quelle a déjà duré près de deux ans. Non
seulement les militaires vont rester au
pouvoir mais le président Mahamat
Idriss Déby (Kaka) pourra se présenter
aux élections, ce qui va à l’encontre des
règles de l’Union africaine (OUA).
Les jeunes Tchadiens sont sortis dans
la rue. La manifestation a été réprimée
dans le sang. Comme la veille au soir
déjà: des camionnettes non immatricu-
lées ont fait irruption dans les quartiers
tenus par l’opposition et ont mitraillé
les personnes se trouvant à l’extérieur.
Il y a eu au moins 100 morts ces deux
Emmanuel Macron aux côtés de Mahamat Idriss Déby, le fils d’Idriss Déby, lors des funérailles de son père en avril 2021. KEYSTONE
jours-là. Peut être beaucoup plus. Et l’ar-
mée ne s’est pas contentée de tirer sur
la foule pacifique: des militaires sont
entrés dans des maisons où des jeunes
s’étaient réfugiés en fuyant les balles,
les ont sortis de dessous les lits où il se
cachaient et les ont exécutés.
Quel est l’objectif de la répression
actuelle?
Le but est de terroriser la population.
Nous faisons face à un terrorisme
d’Etat. Aujourd’hui, tous ceux qui
sont identifiés comme des opposants
sont pourchassés, même dans les vil-
lages, où on menace et soudoie les chefs
pour qu’ils livrent les militants cachés.
Des centaines d’entre eux croupissent
en prison sans autre forme de procès.
Quand je vais m’enquérir pour eux
auprès de la justice, on m’envoie bala-
der. La justice est sous la coupe du ré-
gime. On dénombre aussi de nombreux
disparus.
Quelle a été la réaction de
la communauté internationale,
en particulier de la France?
Après trente ans de plaidoyer pour les
droits humains, je me rends compte
qu’il est peine perdue d’attendre que
la France fasse quoi que ce soit en fa-
veur de la population tchadienne. L’an-
cienne puissance coloniale continue à
poursuivre son seul et unique intérêt à
court terme. Et, malheureusement, la
communauté internationale continue
à considérer que le Tchad est le pré car-
ré de la France. C’est ce qu’on nous ré-
pond à Bruxelles ou à Berlin quand on
demande une réaction. La France sou-
tient sans réserves le régime Déby. Elle
a porté le président Déby père jusqu’à
sa mort, puis Emmanuel Macron est
venu en personne à Djamena pour
adouber le fils et dire que quiconque
s’en prendrait à lui le rencontrerait sur
son chemin.
La France a beau dire regretter du
bout des lèvres les violations massives
des droits humains, elle ne prend ja-
mais aucune sanction. Plus récem-
ment le président Kaka a été reçu par
Macron en France, puis accueilli favo-
rablement aux Etats-Unis, alors que
leur ambassadeur avait été témoin des
tueries, et s’était agenouillé devant les
cadavres gisant au pied de sa représen-
tation diplomatique.
Les Etats occidentaux disent qu’ils
«accompagnent la transition» et qu’ils
soutiennent le «dialogue inclusif» qui a
eu lieu entre août et octobre 2022…
On sait que le processus est biaisé dès le
départ pour maintenir le même système
au pouvoir. Ce dialogue n’est pas digne
de ce nom, nous l’appelons «le mono-
logue». Nous ne sommes pas entendus.
Aujourd’hui le pouvoir et ses affidés
vont organiser un référendum biaisé
sur la forme de l’Etat. Un vote qui va
confirmer la volonté du pouvoir de favo-
riser un Etat unitaire au lieu de créer un
Etat fédéral comme il avait été envisagé,
et qui va confirmer Kaka au pouvoir. La
communauté internationale le sait par-
faitement, mais rien ne bouge.
Un dialogue similaire avait eu lieu
au début des années 2000.
Qu’en est-il advenu?
Oui, l’Union européenne avait donné
des moyens pour un dialogue qui a
abouti à un accord en 2007. Mais il
n’a jamais été appliqué. L’accord avait
identifié les problèmes: il fallait notam-
ment démilitariser l’administration et
engager du personnel compétent. Au-
jourd’hui, le problème reste intact, les
gouverneurs sont en majorité des gé-
néraux ou des militaires. Récemment,
des enfants ont été nommés généraux
à l’occasion d’un remplacement dans
la fonction publique. Un policier a été
remplacé par son fils de 11 ans.
Quels sont les intérêts de la France
au Tchad?
Ils sont principalement d’ordre géopo-
litique. Ce que le Tchad subit est lié à
la perte progressive de l’Afrique fran-
cophone par la France. Elle a perdu sa
mainmise sur la République centrafri-
caine, puis le Mali, et maintenant le
Burkina Faso. Elle ne peut pas perdre
le Tchad qui est pour elle une grande
caserne [l’Hexagone dispose d’une base
militaire importante au Tchad]. Elle va
y puiser hommes et armes, pour aller
«sécuriser» partout autour, notam-
ment au Niger voisin, où se trouvent
ses plus grandes mines d’uranium.
Le principal souci de la France
au Tchad est de s’assurer de pouvoir
compter sur un régime à sa botte, alors
que la population ne veut plus de cette
situation. Et donc le système utilise la
terreur pour soumettre la population
et empêcher toute contestation de la
politique française.
Le tableau que vous dressez est
sombre. Y a-il des éléments qui
vous donnent de l’espoir
aujourd’hui?
Je suis de nature optimiste et je crois
vraiment qu’on a atteint le paroxysme
de la bêtise. Les Tchadiens ont été très
choqués et blessés par les derniers
évènements et cela peut entraîner une
prise de conscience et un changement.
Je crois que davantage de Tchadiens
se lèveront pour refuser l’injustice,
pour ne plus accepter que leurs droits
soient violés, et c’est de là que viendra
le salut. On ne peut compter ni sur la
communauté internationale ni sur les
politiques tchadiens. Le changement
viendra d’en bas. I
Le contenu de cette page est réalisé par la
rédaction du Courrier. Il n’engage que sa
responsabilité. Dans sa politique d’information,
la Fédération genevoise de coopération (FGC)
soutient la publication d’articles pluriels à tra-
vers des fonds attribués par la Ville de Genève.

Un espoir démocratique noyé dans le pétrole

Dans les années 1990, après la chute
du dictateur Hissène Habré, vous entreteniez
l’espoir d’un changement démocratique et
social. Que s’est-il passé?
Oui, nous avions obtenu des lois favorables dans
ce sens et la ratification par le Tchad des conven-
tions internationales des droits humains. La
justice s’est mise à fonctionner pendant un
certains temps. Mais la situation a commencé
à se détériorer à partir de l’an 2000 déjà, en
lien avec le projet pétrolier Tchad-Cameroun.
Ce projet mené par les multinationales éta-
suniennes Chevron et Texaco, avec le soutien
de la Banque mondiale, a peu à peu mené à un
rétrécissement des libertés civiques.
La société civile s’était organisée en coalition
contre ce projet. Je dirigeais ce plaidoyer qui
réclamait de meilleures conditions de gouver-
nance avant toute exploitation de pétrole sur
notre territoire. Entre la corruption, la mau-
vaise gouvernance et l’insécurité dans le pays,
aucune condition n’était remplie. Nous expli-
quions que le Tchad n’était pas un pays démo-
cratique et qu’il n’avait pas la capacité de gérer
un tel projet pétrolier. Nous savions que l’argent
serait utilisé pour faire la guerre et non pas pour
favoriser le développement. C’était un péché ca-
pital de notre part: ce discours nous a valu la
répression du gouvernement Déby qui voulait
l’argent du pétrole coûte que coûte; j’ai même
dû quitter le pays pendant deux ans.
La situation politique n’a fait que se dégra-
der depuis, avec la montée en puissance des
groupes rebelles et la guerre arrivée en 2006. Le
président a refusé tout dialogue, s’est accroché
au pouvoir pendant de très nombreuses années
et a muselé ses opposants. Jusqu’à son assassi-
«Le projet pétrolier nat en avril 2021, la suite vous la connaissez.
n’a pas servi à réduire Le pipeline Tchad Cameroun a été inauguré
en 2003 malgré votre opposition. Avez-vous
la pauvreté comme au moins pu obtenir une amélioration
la Banque mondiale du projet, à défaut de le stopper?
Quelques points des études d’impact ont été
l’avait promis» Delphine Djiraibé revus, le tracé du pipeline a été remanié, mais
rien n’a été pris en compte sur le plan social. Le
projet n’a pas servi à réduire la pauvreté comme
la Banque mondiale l’avait promis. Au contraire,
les populations de la zone pétrolière se sont ap-
pauvries, cela a été constaté sur place par des dé-
putés allemands et même par des institutions mises
en place par la Banque mondiale.
La loi de 2005 sur la gestion des revenus
pétroliers devait prévoir un compte bancaire
offshore destiné aux générations futures. Elle n’a
pas été mise en œuvre. C’est plutôt la guerre que
nous avons récoltée. Les royalties aiguisent les
ambitions.
Craignez-vous pour votre sécurité ou votre liberté
en rentrant au Tchad? Votre notoriété vous
protège-t-elle suffisamment?
Le prix Martin Ennals contribue à notre sécurité
car il nous donne une certaine visibilité, ce qui
est très important. Je suis croyante et j’ai foi en la
protection du bon Dieu. C’est pourquoi je viens en
Suisse et je repartirai au Tchad parce qu’il y a tant
à faire. Il faut continuer à lutter.
PROPOS RECUEILLIS PAR CKR

10 INTERNATIONAL
Compromis trouvé sur l’Irlande du Nord
Brexit X C’était un des princi-
paux défis de Rishi Sunak: ré-
concilier Europe et Royaume-
Uni sur la question de l’Irlande
du Nord post-Brexit.
Le Royaume-Uni et l’Union eu-
ropéenne sont parvenus hier à
un compromis concernant les
dispositions post-Brexit en Ir-
lande du Nord, espérant ouvrir
«un nouveau chapitre» après
des mois de relations tumul-
tueuses et de blocage politique
dans la province britannique.
NIGERIA
AVANTAGE À L’OUTSIDER
L’outsider Peter Obi a créé la
surprise en remportant l’Etat clé
de Lagos, fief du parti au pou-
voir, selon les premiers résultats
de la présidentielle au Nigeria,
pays le plus peuplé d’Afrique,
au terme d’un scrutin serré dont
l’issue restait hier incertaine. ATS
L’écologiste et féministe Elly Schlein, la nouvelle secrétaire du parti de centre gauche PD, est née à Lugano
Tessinoise à la tête d’un parti italien
ANDRÉE-MARIE DUSSAULT
Italie X Coup de théâtre en Ita-
lie: l’Italo-Américano-Suis-
sesse, née au Tessin, Elly Schlein
est la nouvelle secrétaire du
Parti démocratique (PD). Pre-
mière femme au poste de direc-
tion dans l’histoire du parti de
centre gauche, elle sera aussi, à
37 a ns, la plus jeune à le
conduire. Son principal adver-
saire, Stefano Bonaccini, pré-
sident de la région Emilie-Ro-
mag ne et g ra nd favor i, a
reconnu sa défaite, congratu-
lant la nouvelle secrétaire et lui
souhaitant bonne chance. Les
Italiens vivant en Suisse avaient
quant à eux massivement voté
pour ce dernier (59% des voix
contre 31%).
«Le peuple démocratique est
vivant et il est prêt à se relever
avec une ligne claire», a déclaré
dimanche soir Elly Schlein, de-
puis le siège du PD, à Rome.
«Dès demain, nous allons tra-
vailler ensemble dans l’intérêt
du pays. Mon engagement est
d’être la secrétaire de toutes et
tous, pour gagner à nouveau»,
a-t-elle affirmé, assurant que la
plus grande formation progres-
siste du pays incarnerait «un
gros problème pour le gouver-
nement Meloni».
Un atout pour la Suisse
Depuis la Confédération, plu-
sieurs socialistes ont réagi avec
enthousiasme à la victoire d’El-
ly Schlein. Coprésident du PS, le
conseiller national Cédric Wer-
muth l’a félicitée sur Twitter. La
conseillère aux Etats tessinoise
Marina Carobbio s’est dite très
contente de cette élection.
«Non seulement parce qu’Elly
Schlein est une amie très chère,
mais surtout parce que je suis
convaincue qu’elle saura ren-
forcer la gauche italienne de
façon à combattre les inégalités
croissantes, conjuguer justice
Alors que Lond res et
Bruxelles semblaient encore
ré c em ment au bor d de la
guerre commerciale à cause de
cette crise, le Premier ministre
britannique Rishi Sunak et la
présidente de la Commission
européenne Ursula von der
Leyen ont présenté l’accord lors
d’une conférence de presse
commune à Windsor, à l’ouest
de Londres.
Un accord «historique», a dé-
claré la dirigeante européenne,
qui «protège la paix durement
BIRMANIE
NESTLÉ SE RETIRE
Nestlé va cesser toute produc-
tion en Birmanie dans le pôle
commercial de Rangoun,
a affirmé hier un porte-parole
du géant alimentaire, qui imite
ainsi d’autres entreprises étran-
gères depuis le coup d’Etat
de février 2021. ATS
Elly Schlein a promis d’être «un problème pour le gouvernement de Giorgia Meloni». KEYSTONE
obtenue grâce à l’accord du
Vendredi Saint» de 1998 qui a
mis fin au conflit entre unio-
nistes surtout protestants et
républicains en majorité catho-
liques et dont le 25e anniver-
saire sera célébré en avril.
Devant la Chambre des Com-
munes, Rishi Sunak a de nou-
veau exhorté les unionistes à
revenir dans les institutions
locales qu’ils boycottent depuis
un an. «Je comprends et ai
écouté votre frustration et votre
BÉLARUS
UN AVION RUSSE SABOTÉ
L’opposition bélarusse en exil
a affirmé dimanche qu’un avion
russe avait été détruit sur
un aérodrome près de Minsk.
Selon elle, il s’agit de l’«opéra-
tion de sabotage la plus réus-
sie» depuis le début du conflit
en Ukraine. ATS
mécontentement», a lancé le
chef du gouvernement, pour
qui l’accord marque un «tour-
na nt » pou r la popu lat ion
nord-irlandaise.
Signé en 2020, le protocole
nord-irlandais, négocié par l’an-
cien Premier ministre Boris
Johnson, réglemente la circula-
tion des marchandises entre le
reste du Royaume-Uni et l’Ir-
lande du Nord, qui dispose
d’une frontière terrestre avec la
République d’Irlande, membre
de l’UE. ATS/AFP
CORÉE DU NORD
GRAVE PÉNURIE ALIMENTAIRE
Le dirigeant nord-coréen Kim
Jong-un a ouvert une importante
réunion du parti pour discuter du
développement de l’agriculture,
ont rapporté hier les médias
d’Etat. Ce pays isolé est confronté
de «graves» pénuries alimen-
taires, estime Séoul. ATS
LA LIBERTÉ | MARDI 28 FÉVRIER 2023
Ville attaquée par des colons
Palestine X Murs noircis,
vitres brisées, voitures calcinées:
la ville palestinienne de Huwara,
en Cisjordanie occupée, a décou-
vert hier les dégâts d’une attaque
menée la veille au soir par des
colons israéliens après la mort de
deux d’entre eux, tués par des
tirs palestiniens.
Les tensions sont restées
vives hier. L’armée israélienne a
fait état d’une nouvelle attaque
ayant tué en fin de journée un
automobiliste près de Jéricho,
en Cisjordanie, et a dit en re-
chercher les auteurs.
SÉISME
ERDOGAN DEMANDE PARDON
Le président turc Recep Tayyip
Erdogan a demandé hier «par-
don» aux habitants de la pro-
vince d’Adiyaman (sud-est),
l’une des plus touchées par le
séisme dévastateur du 6 février,
pour des retards dans l’arrivée
des secours. ATS
sociale et justice climatique,
et porter une politique en fa-
veur d’une société paritaire,
féministe et inclusive.» La dé-
putée tessinoise à Berne fait
également valoir que le succès
et le parcours d’Elly Schlein
montrent l’importance des al-
liances rouges-vertes. «Comme
celle que nous présentons aux
Tessin pour les élections canto-
nales du 3 avril.»
La nouvelle
secrétaire
promet un virage
à gauche
du PD italien
Conseiller national socia-
liste, le Tessinois Bruno Storni
est lui aussi heureux de l’issue
du scrutin. «Le fait qu’elle soit
en partie Suissesse, qu’elle ait
grandi au Tessin, facilitera
certainement les contacts
entre nos deux partis», sou-
tient-il, ajoutant que «pour les
Italiennes et la gauche de la
Péninsule, cette politicienne
de la nouvelle vague progres-
siste est certainement une
bonne nouvelle».
Née à l’hôpital civique de Lu-
gano le 4 mai 1985, Elena Ethel
Schlein, cadette d’une fratrie de
trois, a grandi au sein d’une fa-
mille politique. Sa mère, Ita-
lienne, est professeure de droit
public suisse à l’Université d’In-
subrie, en Italie voisine. Son
père, Américain, est politologue
et enseigne à l’Université Fran-
klin de Lugano. Le couple vit
toujours au Tessin. Avocat anti-
fasciste, le grand-père maternel
d’Elly Schlein était partisan
pendant la Seconde Guerre
mondiale, puis sénateur du Par-
ti socialiste italien. Du côté pa-
ternel, son grand-père était un
juif ashkénaze qui a fui les per-
LE COURRIER
Ces violences interviennent
alors que le conflit israélo-pales-
tinien connaît une nette esca-
lade et que des responsables de
chaque côté se sont engagés,
lors d’une réunion dimanche en
Jordanie, à «prévenir toute nou-
velle violence».
Dimanche soir, des cen-
taines de colons israéliens sont
entrés à Huwara où les ten-
sions sont fréquentes. Ils ont
jeté des pierres vers des habita-
tions palestiniennes, incendié
des bâtiments, des poubelles et
des voitures. ATS/AFP
OTAN
ANKARA SE REMET À TABLE
Les négociations entre la
Turquie, la Suède et la Fin-
lande en vue de l’adhésion
à l’Otan des deux pays nor-
diques reprendront le 9 mars,
a annoncé hier le ministre turc
des Affaires étrangères Mevlüt
Cavusoglu. ATS
sécutions en Ukraine pour trou-
ver refuge aux Etats-Unis.
Après des études au lycée
cantonal de Lugano, la jeune
Elly part en Italie où elle obtient
un diplôme en droit de l’Univer-
sité de Bologne en 2011. En
2013, elle fait partie du groupe
de jeunes militants de «Occupy-
PD», occupant le siège du parti
pour protester contre l’alliance
entre les «vieux» du parti et la
droite.
Une carrière fulgurante
Parfois surnommée l’Alexandra
Ocasio-Cortez (une jeune démo-
crate américaine) italienne, Elly
Schlein a connu une carrière
politique fulgurante. En 2014, à
29 ans, elle est élue députée eu-
ropéenne (elle y siège jusqu’en
2019). Elle se consacre à la mi-
gration communautaire et à la
lutte contre l’extrême droite de
Matteo Salvini, qui se mobilise
alors contre l’immigration clan-
destine. D’ailleurs, tout de suite
après son élection ce dimanche,
elle a condamné «un autre mas-
sacre qui pèse sur les
consciences de ceux qui, il y a
quelques jours, ont approuvé un
décret qui empêche les sauve-
tages en mer», se référant au
naufrage de migrants survenu
cette fin de semaine en Calabre,
faisant une soixantaine de
morts.
En février 2020, l’étoile mon-
tante de la politique italienne
participe aux élections régio-
nales d’Emilie-Romagne sur
une liste progressiste et écolo-
giste soutenue par de petits par-
tis. Son succès est tel que le
vainqueur, Stefano Bonaccini,
se voit contraint de la nommer
vice-présidente. Anti-establish-
ment, environnementaliste, fé-
ministe, défenseuse du fédéra-
lisme européen et des droits des
LGBT – elle est ouvertement bi-
sexuelle –, et charismatique, la
nouvelle secrétaire promet un
virage à gauche du PD italien. I
LE COURRIER
MARDI 28 FÉVRIER 2023
APPELS D’URGENCE
Service du feu 118
Police secours 117
Urgences sanitaires, ambulances 144
La Main tendue (24h24) 143
sos enfants 147
GENÈVE
Pharmacie Pharma24, 38 boulevard de
la Cluse, HUG, 022 808 00 18
Médecine: 022 372 33 11 ou
022 382 33 11. HUG, Hôpital cantonal,
Rue Micheli-du-Crest, 24, 24h sur 24
SOS Médecins à domicile:
022 748 49 50. 24h sur 24,
SOS Infirmières: 022 420 24 64. 24h
CONVOIS FUNÈBRES
Mardi 28 février
GENÈVE
Monique Boget, cérémonie d’adieux
au Forum Meyrin à 15h30. Olivier
Delétraz, décédé à 50 ans, cérémonie
à 14h30 à Plan-les-Ouates à l’église
Saint-Bernard-de-Menthon. Henri
Penet, décédé à 92 ans, cérémonie
au temple de Satigny à 14h,
ensevelissement dans la stricte
intimité familiale au cimetière de
Choully. Jacqueline Reichlin-Jean-
monod, cérémonie à 14h45 au
Centre funéraire de Saint-Georges.
Walter Verhoeven, décédé à 97 ans,
la cérémonie d’adieu se tiendra dans
l’intimité de la famille.
VALAIS
Gaby Charbonnet, messe en l’église
de Basse-Nendaz à 17h. Martial
Nanchen, messe d’adieu en l’église
de Lens à 17h. Yvon Pache,
cérémonie religieuse à l’église de
Monthey à 16h. Denise Ravasio,
cérémonie religieuse en l’église
paroissiale de Saxon à 16h30.
VAUD
Anne-Françoise Dufey-Ruedin,
décédée à 90 ans, Villeneuve, la
cérémonie a eu lieu dans l’intimité de
la famille. Heidi Federmann, un
hommage lui sera rendu dans
l’intimité de la famille. Frédéric
Oberli, une cérémonie d’adieu aura
lieu dans l’intimité. Solange Pisler,
décédée à 81 ans, la cérémonie
d’adieu aura lieu dans l’intimité.
Mercredi 1er mars
VALAIS
Georges Fournier, cérémonie
religieuse à l’église de Veysonnaz à
17h. Cosette Robert-Nicoud, Sierre, le
culte a eu lieu dans l’intimité.
GENÈVE
Christophe Cavuscens, décédé à 35
ans, cérémonie religieuse à 14h30 en
l’église de La Plaine; l’inhumation
suivra dans l’intimité. M. l’abbé
Michel Genoud, décédé à 86 ans,
Onex, Châtel-Saint-Denis. Marie-
Louise Marti-Lussi, décédée à 81 ans,
recueillement à 14h45 en la chapelle
du Centre funéraire de Saint-Georges.
SOS Alcool: 0848 805 005, tarif appel
local 24/24h
Numéro unique et gratuit, prise en
charge des enfants de 0 à 18 ans: tél.
0844 022 022
Maternité: 022 382 42 36,
(Obstétrique/accouchements)
022 382 68 16 (Gynécologie)
Boulevard de la Cluse 32. 24h sur 24
Lu-ve de 18h à 24h, week-end et jours
fériés de 08h à 24h (téléphone
obligatoire): 022 305 04 58 ,Clinique
des Grangettes, chemin des Grangettes
7, Chêne-Bougeries
022 719 61 00, Hôpital de la Tour,
avenue J.-D. Maillard 3, Meyrin
VAUD
Evelyne Delechat, née Sekula,
décédée à 75 ans, la cérémonie a eu
lieu dans l’intimité de la famille.
Claude Giraud, décédé à 82 ans,
cérémonie d’adieu à la chapelle de
Vers-Chez-Perrin à 11h. Jaume
Rossell Mas, décédé à 82 ans,
cérémonie d’adieu en l’église
Saint-Maurice à Pully à 14h,
honneurs à l’issue de la messe. Alice
Siegenthaler-Wollenweider, décédée
à 96 ans, cérémonie d’adieu en la
chapelle du Centre funéraire
d’Yverdon-les-Bains (45, rue du
Midi) à 14h suivie des honneurs.
Jeudi 2 mars
GENÈVE
Georges Jaudouin, décédé à 66 ans,
cérémonie religieuse au temple de
Jussy à 14h.
VAUD
Michel Coquoz, décédé à 85 ans,
dernier hommage à 13h30 au Centre
funéraire régional de Nyon suivi des
honneurs. Yann Cuche, décédé à 47
ans, obsèques à la chapelle
d’Arcangier à Vevey à 15h. Rosario
Rodriguez, décédée à 63 ans,
cérémonie à 14h en l’église
catholique Sacré-Coeur à Villeneuve,
suivie des honneurs.
Vendredi 3 mars
GENÈVE
Renée Binggeli, née Barth, décédée à
85 ans, cérémonie au temple de
Cologny à 14h30. George Henry
Hammon, décédé à 49 ans,
cérémonie d’adieu à 13h30 en la
chapelle A à Saint-Georges;
l’inhumation suivra au cimetière de
Saint-Georges dans l’intimité;
participant.e.s prié.e.s de s’annoncer
par courriel à vanna.decaillet@gmail.
com.
Lundi 6 mars
VAUD
Annemarie Räber-Müller, décédée à
89 ans, cérémonie d’adieu à
Montreux au temple Saint-Vincent à
14h.
L’information a un prix,
son indépendance aussi
Web
CHF 299.-
AGENDA CULTURE
ÉVÉNEMENTS
GENÈVE
«MIGRATIONS». Jusqu’au 19 mars.
Exposition temporaire. Artistes
représenté.e.s: Montserrat Altet Girbau
(ES), Lia Bagrationi (GEO), Heidi
Bjørgan (NOR), Léandre Burkhard (CH),
Razalina Busel (BLR), Fabien Clerc
(CH), Christine Coste (FR)...
«VOCATIONS». Jusqu’au 19 mars.
Exposition artistique temporaire. A
l’occasion des 70 ans de l’Académie
internationale de la céramique.
«CONNEXIONS». Jusqu’au 19 mars.
Exposition temporaire. Autour de 50
ans de dons.
Musée Ariana, avenue de la Paix
«TRÉSORS». Exposition temporaire.
Jusqu’au 25 juin. Avec une sélection
d’archives musicales du MEG par Eddie
Ladoire.
«RENDEZ-NOUS LA BEAUTÉ», DE
BERNARD GARO. Résidence art et
science. Jusqu’au 25 juin. Dans le cadre
de l’exposition temporaire tout contre la
Terre du Muséum d’histoire naturelle de
Genève. La montagne: une scarification.
29.01. Le dégel 04.02-25.02.
Rendez-nous la beauté expo finale
31.03-25.06. Les dimanches de
gratuité, 14h-16h30.
Muséum d’Histoire Naturelle de Genève,
1 route de Malagnou
EXPOSITION DE PEINTURES DE
SYLVIE LAMBERT, Jusqu’au 5 mars.
Du mercredi au dimanche 14h-18h.
Grand-Lancy, Ferme de la Chapelle,
39 route de la Chapelle
METROBOULOTKINO - «VA VOIR LE
DÉLÉGUÉ», Mardi 28 février à 19h
projection d’un documentaire de Daniel
Bouy & discussion avec Mireille Senn
(SSM) et René Pierre Thorimbert,
secrétaire régional Transfair. Docu sur
les délégué.e.s syndicaux.ales et du
personnel dans les entreprises.
Grütli, salle Fonction: cinéma, 16 rue
Général-Dufour www.metroboulotkino.ch
NEUCHÂTEL
«MELTING POT», CÉRAMIQUE SUISSE
ACTUELLE. Jusqu’au 5 mars.
Neuchâtel, MAHN Musée d’art et d’histoire de
Neuchâtel mahn.ch
VALAIS
«IMPACT». Exposition temporaire.
Jusqu’au 22 avril. Thématique: Quelle
est notre empreinte sur l’environnement
? Partenaires: Fondation pour le
développement durable des régions de
montagne (FDDM), programme Smart.
Martigny, Médiathèque Valais, 15 rue de la Gare
VAUD
«AVEC LA MER DU NORD» LÉON
SPILLIAERT, Peinture. Jusqu’au 27
mai. Mardi à dimanche: 10h–18h. Jeudi:
10h–21h. Lundi: fermé.
Lausanne, Fondation de l’Hermitage rte du
Signal 2, fondation-hermitage.ch
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
«40 MARIONNETTES DE FRÉDÉRIQUE
SANTAL». Jusqu’au 9 avril. Exposition.
Mercredi, jeudi et dimanche 14h-17h,
vendredi et samedi 14h-19h, artiste
présente les week-ends ou sur rdv.
La Neuveville, au Mille Or, dans les salons
médiévaux du 1er étage, 15 Grand-Rue
THÉÂTRE
GENÈVE
«STILL LIFE (MONROE-LAMARR)»
TEXTE DE CARLES BATLLE, Jusqu’au
12 mars. Mise en scène d’Anne Bisang.
Prod. Théâtre Le Poche Genève et TPR.
Théâtre le Poche Genève rue du Cheval-Blanc
Combi
CHF 359.-
MÉMENTO 11
MOTS CROISÉS N° 552
«LES RONCES DANS MA BOUCHE»
1
A 2
B 3
C 4
D 5
E 6
F 7
G 8
H 9I 10
J
D’ALEXANDRE SANTOS. Jusqu’au 19
mars. Mardi 20h, mercredi, jeudi,
samedi 19h, vendredi 20h30, dim. 17h. 1I
Carouge, Les Amis Musique Théâtre,
place du Temple, 022 342 28 74,
www.lesamismusiquetheatre.ch
2II
«MORRISON’S BLUES» DE DOMI-
NIQUE ZIEGLER. Jusqu’au 16 mars. Du
mardi au samedi à 20h, le dimanche à 3
III
18h.
Chêne-Bourg, Théâtricul, rue de Genève,
reservations@theatricul.net 4
IV
«ON NE BADINE PAS AVEC
L’AMOUR»D’ALFRED DE MUSSET. Du
28 février au 26 mars. 5V
Théâtre de Carouge, rue Ancienne,
theatredecarouge.ch 022 343 43 43
6
VI
«SUR LES DENTS». Du 1er au 19 mars.
Dès 5 ans.
Théâtre des Marionnettes de Genève, 3, rue
Rodo marionnettes.ch, 022 807 31 07
7
VII
«VIOLENCIA RIVAS», Du 1er au 11
mars. Me 1er mars à 19h, je 2 mars à 8
VIII
20h30, ve 3 mars à 19h, sa 4 mars à
20h30, lu 6 mars à 19h, ma 7 mars à
20h30, me 8 mars à 20h30, je 9 mars 9
IX
à 19h, ve 10 mars à 16h et sa 11 mars à
19h.
Théâtre Saint-Gervais rue du Temple www. 10X
saintgervais.ch
VAUD
«ONÉGUINE» D’APRÈS «EUGÈNE HORIZONTALEMENT
ONÉGUINE» D’ALEXANDRE POUCH- 1. Etat pathologique. 2. Marjolaine. Constituant de noyau. 3. Coutumes.
KINE, Du 21 février au 5 mars. Mise en Mouvements de voltige. 4. Symbolise la robustesse. Mot de passe. Totalement
scène de Jean Bellorini.
possédé. 5. Système antiblocage. Est parcouru pour le plaisir. 6. Certifiant
Renens TKM Théâtre Kléber-Méleau tkm.ch
l’authenticité. 7. Se couvre et se découvre. Conteur américain. 8. Genre
«À LA LIGNE» DE JOSEPH PONTHUS, musical. Type de perception. 9. Qui se plaisent dans la méchanceté.
Mise en scène de Jo Boegli. Du 23
février au 5 mars. A 20h, samedi à 19h 10. Paradis. Sur la Loire.
et dimanche à 17h.
Renens, Théâtre Silo du Lac VERTICALEMENT
«CIRCUS». Du 23 février au 12 mars.
1. Système d’aération. 2. De Haute Ecosse. Agence spatiale européenne.
Mise en scène de Jean-Gabriel Chobaz. 3. Rapport. Une des sources du jazz. 4. Un train à vive allure. Est soutenu par
des piliers. Bout de lustre. 5. Ville de Russie. 6. S’occupe d’informatique et de
Lausanne, Théâtre Pulloff, pulloff.ch 10 rue de
l’Industrie 021 311 44 22 libertés. Esquimau. 7. Disposition testamentaire. Le moi. 8. C’est pas bien.
«SAINTE JEANNE DES ABATTOIRS» Du rythme et des mots. Sans effets. 9. Point de vue. Prendre en considération.
DE BERTOLT BRECHT, Du 1er au 5 10. Implique un après. Sécurité sociale.
mars. Me-je-ve 19h, sa 18h, di 17h30.
Oriental Vevey 22 rue d’Italie, www.
SOLUTIONS DU N° 551
orientalvevey.ch
«LOTUS ET PISSENLIT», Mardi 28
HORIZONTALEMENT X 1. Ouistreham. 2. Strie. Muse. 3. Tri. Rions.
février et mercredi 1er mars à 12h15.
4. Eisenstein. 5. Ol. Risi. Sa. 6. Plia. Uvées. 7. Aoste. Et. 8. Loto. Api. 9. Hua.
Midi théâtre.
«LE PRIX MARTIN» D’EUGÈNE
Admire. 10. Ermite. Nés.
LABICHE, Jeudi 2 mars à 20h.
Vevey, Théâtre Le Reflet, rue du Théâtre reflet.ch VERTICALEMENT X 1. Ostéopathe. 2. Utrillo. Ur. 3. Iris. Islam. 4. Si. Erato.
5. Terni. Etat. 6. Issu. Ode. 7. Emotive. 8. Hune. Etain. 9. Assise. Pré.
MUSIQUES 10. Me. Nasties.
GENÈVE
PAM QUARTET, MARET HAGMANN,
Vendredi 3 mars à 21h, portes 20h30.
One More Time entrée par la rue Chouet
(Servette) Retrouvez Le Courrier sur internet
BALDRIAN QUARTETT, Mercredi 1er WWW.LECOURRIER.CH
mars portes 21h, concert à 21h30.
Cave 12, rue de la Prairie 4, www.cave12.org
VIVALDI (LES 4 SAISONS OP 8) ET J.S.
BACH (SUITE NO 2 EN SI MINEUR
BWV 1067), Mercredi 1er mars à 20h. MÉTÉO
Victoria Hall, rue Général-Dufour
CONFÉRENCES
GENÈVE
Prévisions pour la Suisse romande et le Valais
Mardi: En partie un temps ensoleillé au Nord des Alpes, avec des passages
EXPOSITION AUX ÉCRANS, QUEL
IMPACT SUR LE NEURO-DÉVELOPPE- nuageux plus denses sur le Jura et l’Ajoie et quelques flocons possibles.
MENT?, Mercredi 1er mars à 19h. Avec Assez ensoleillé en Valais; crêtes des Alpes valaisannes par moments dans
Serge Tisseron, Mireille Betrancourt et les nuages. En plaine, minimum -2 °C; maximum 3 °C sur le Plateau, 7 °C
Radek Ptak. en Valais. Bise modérée sur le Plateau. Vent modéré de secteur sud à
Uni Dufour salle U600, entrée libre
sud-est dans les Alpes, du nord-est sur le Jura et dans les Préalpes.
GUERRE EN UKRAINE, UN AN DÉJÀ, Température à 2000 mètres d’altitude remontant vers -3 °C. Mercredi:
Mercredi 1er mars À 18h30 par
Alexandre Vautravers. Quelques bancs de stratus sur le Plateau et en Ajoie, se dissipant durant la
Institut national genevois, 6 rue Bartholoni, matinée. Ailleurs, temps bien ensoleillé. Maximum 6 °C, 10 °C en Valais.
Les Salons Bise faible à modérée sur le Plateau. météosuisse
Intégral Week-end
CHF 439.- CHF 179.-
lecourrier.ch – 022 809 55 55
 LE COURRIER
12 CULTURE MARDI 28 FÉVRIER 2023

L’autrice vaudoise Fanny Desarzens, dont le premier roman Galel a été primé deux fois,
sera présente aux rencontres littéraires Textures. Elles sont à vivre du 1er au 5 mars à Fribourg

«Il y a du silence dans ce que j’écris»

TAMARA BONGARD
Rencontre X «Je savais que je
voulais être écrivaine», dit Fan-
ny Desarzens attablée dans un
café lausannois. «Mais il me fal-
lait un vrai métier.» Elle corrige,
bien sûr que l’écriture est un
travail, qu’elle ne considère pas
du tout cette activité comme un
hobby. Mais elle ne permet pas
d’en vivre. Elle s’est un peu per-
due pendant deux ans le temps
de trouver sa voie, avant de fré-
quenter la HEP pour devenir
prof d’arts visuels au secon-
daire. Ces deux années entre
parenthèses lui ont toutefois
permis d’écrire parce que c’était
la chose la plus importante. Des
romans en sont sortis dont
Galel, le premier à avoir été pu-
blié. Il a reçu cette année le Prix
Terra Nova de la Fondation
Schiller et un des Prix suisses de
littérature. Parfaitement justi-
fiés: il est splendide. Assez pour
donner envie de discuter avec
son auteure, qui sera présente
jeudi aux Rencontres littéraires
Textures de Fribourg (lire
ci-dessous).
Fanny Desarzens s’est ac-
crochée pour exercer ce métier
qui n’en est pas un. L’Institut
littéraire de Bienne l’a refusée
deux fois, elle s’est inscrite en
théologie à l’université sans y
aller, a fini par choisir d’étu-
dier les arts visuels à la HEAD
à Genève, où elle «a appris
plein de choses et rencontré
des gens magnifiques», où elle
a suivi un atelier d’écriture qui
l’a pétrifiée. «Cela m’a surtout
fait comprendre que je voulais
raconter des histoires autre-
ment que par des images.» Le
premier texte envoyé à une
maison d’édition n’a pas été
retenu. Pas grave, elle en a
écrit un autre.
La place de l’héritage
Pour expliquer son parcours,
elle utilise beaucoup de cita-
tions et de métaphores – ça la
fait rire. Mais pas dans ses textes
dont l’épure du style frappe. Une
économie de mots pour embras-
ser un paysage d’émotions. Galel
raconte la montagne, les guides,
l’accident. Chesa Seraina, son
deuxième roman tout juste pu-
blié, dit la reconstruction et la
famille. Des thèmes communs
transparaissent, avec une large
place laissée à la nature. La
transmission et la résilience ir-
riguent aussi ses textes. Des im-
perceptibles changements ou
de s b ou lever s ement s fou-
droyants touchent ses person-
nages. Des casses qui pour-
raient les briser mais non. Le
bonheur perce toujours. Fanny
Desarzens parle du choix d’être
du côté de la lumière, en citant
Christian Bobin. On ressortira
de la plongée dans son imagi-
naire terriblement touché et
galvanisé. Rempli d’espoir.
L’auteure voit bien que des
idées similaires traversent ses
deux romans. «Ce sont des
thèmes qui sont tellement
ancrés et inconscients. Je suis
fascinée par cette idée d’héri-
tage. Vivre avec une blessure,
quelle qu’elle soit, m’intéresse
aussi», constate l’écrivaine, ai-
mant bien finir d’en expliquer les
raisons par un définitif «c’est
comme ça». Elle ne pouvait pas
non plus passer à côté de la mon-
tagne. Parce qu’il y a Ramuz,
parce qu’il est impossible en
Suisse d’év iter qu’el les ne
sautent à la rétine. Et puis en-
fant, les vacances d’été se pas-
saient en Valais. C’est particuliè-
rement la marche en altitude
qui lui plaît. Dans cet effort cor-
porel elle trouve une «telle paix,
un sentiment d’immortalité, un
sentiment de n’être que de pas-
sage», dit-elle. Galel – c’est le
nom du guide à la joie enfantine
de son roman éponyme – pour-
rait dire aussi de laisser une
trace dans cette pierre. Une pa-
role précieuse car Galel ne dit
pas grand-chose, comme tous
les protagonistes arpentant
ses paragraphes. «Les taiseux
sont des personnages qui me Fanny Desarzens aime laisser des silences dans ses textes, suggérer plutôt que tout dire. ALAIN WICHT
La musique des mots et plus encore
Fribourg X La littérature s’évade résolu-
ment des livres avec la deuxième édition
de Textures. La manifestation qui déploie-
ra son programme du 1er au 5 mars dans
divers lieux de Fribourg montrera que les
mots et les récits peuvent s’écouter, se ba-
lancer, s’écrire, se lire, se voir, se discuter.
La musique s’y taille une belle place
avec notamment tout un pan dédié à la
culture urbaine. Une table ronde se pen-
chera sur ce flow de littérature. Il s’écoute-
ra bien sûr à Fri-Son lors d’une soirée
«consacrée à la double crème du rap helvé-
tique» mais se déclamera aussi comme de
la poésie sans sa bande-son, à l’instar
d’une lecture publique plus classique. Le
texte croisera d’autres sonorités avec la
performance proposée par Antoine Jac-
coud et Sara Oswald au Nouveau Monde.
Dans cette même salle, des écrivains se
glisseront derrière les platines pour faire
bouger les corps au lieu des cellules grises.
Pour les oreilles toujours, la mise en
voix et en musique de dix nouvelles d’au-
teurs romands se loveront dans La Cabine-
rie à l’enseigne des Voyages immobiles. Des
podcasts sont également au menu dont
Pour de vrai, proposant des questionne-
ments sur la théorie du complot. Pour
creuser ce thème il faudra écouter la
conférence de Pascal Wagner-Egger, un
spécialiste du sujet. Les histoires se racon-
teront encore en i mages da ns les
courts-métrages d’Anne Thorens, Victor
Comte et Swan Purro. Quand ce ne sera
pas notre collègue Jean-Philippe Bernard
qui contera quelques histoires in-
croyables de scénaristes d’Hollywood.
Enfin, ces rencontres littéraires seront
bien évidemment l’occasion de ren-
contres, notamment avec Jérôme Meizoz
et Alberto Nessi. A ne pas manquer non
plus Martin Panchaud, auréolé de son
Fauve d’or reçu au dernier Festival d’An-
goulême, qui présentera son travail sur le
langage visuel. TB/LIB
Infos: www.textures.ch
touchent. Il y a tellement de si-
lence dans ce que j’écris… j’aime
ce qui est suggéré», confie Fanny
Desarzens.
Elle-même rédige seule et
dans le silence. Ce qu’elle voit,
c’est d’abord un film dans sa tête
qu’elle doit traduire en texte.
Elle en fait un premier jet encore
désincarné. Puis elle relit ses
phrases à haute voix pour dé-
couvrir si les mots sonnent juste
ou non. «C’est une question de
rythme, de pulsation, de mou-
vement», note-t-elle. Elle élague
pour donner de la chair. Pour
elle, l’écriture est une quête
– elle ne sait toutefois pas de
quoi. Chaque étape se rapproche
un peu du but, de cette simplici-
té qui n’a rien de simple. Quand
elle entend la musique dont elle
a envie, le travail est terminé.
«Rien d’acquis»
Son troisième roman est déjà
fini mais sa date de publication
n’est pas encore connue. Elle
travaille sur le suivant. «Cela
me fait mal quand je n’ai pas de
projet d’écriture», constate-t-
elle. Heureusement, les bases de
son nouveau récit centré sur la
foi sont lancées. «Je commence à
vivre avec les personnages. Les
ambiances et les thèmes sont
présents, mais il faut du temps
pour les faire exister.»
Que ressent une auteure de
29 ans déjà deux fois primée?
Elle se dit fière, intimidée. «C’est
abstrait. Ces récompenses me
donnent une assise, une place
dans la mosaïque littéraire
suisse mais j’ai toujours autant
de doutes, autant de peurs. Il n’y
a rien d’acquis en écriture»,
souffle la jeune femme. Avec les
autres récipiendaires des Prix
suisses de littérature, elle sera en
lecture à Textures. Un joli clin
d’œil. Le premier texte de Fanny
Desarzens a été publié dans
L’Epître, la revue de relève litté-
raire créée par Matthieu Corpa-
taux, directeur de la manifesta-
tion fribourgeoise. «Je travaillais
dans les vignes, en Lavaux,
quand j’ai reçu le mail de confir-
mation de publication dans
L’Epître», sourit la Lausannoise.
Sa nouvelle a alors trouvé ses
premiers lecteurs. Et elle a
pu leur faire entendre ses su-
blimes silences. LA LIBERTÉ
Le 2 mars à 20 h à l’Arsenalt.
Fanny Desarzens,
Galel, Ed. Slatkine, 138 pp.
Chesa Seraina, Ed. Slatkine, 120 pp.

THÉÂTRE, GENÈVE
MORRISON PAR ZIEGLER
Dominique Ziegler avait créé la pièce dans le lieu
magique du Théâtricul, à Chêne-Bourg, avec le
musicien Pierre Omer, ayant arrangé les titres de
Jim Morrison (notre critique du 25 juin 2021).
Morrison’s Blues est repris aujourd’hui dans la
petite salle genevoise, toujours avec Ludovic
Payet dans le rôle-titre et David Valère en vieux
bluesman. La pièce s’articule autour de la ren-
contre imaginaire entre ces deux figures éta-
suniennes, pour brosser à la fois le portrait du
leader des Doors, décédé bien trop tôt à l’âge de
27 ans, et celui d’une époque pleine d’idéaux et
de luttes, notamment antiraciales. CDT
Du 28 février au 16 mars, Théâtricul, Chêne-Bourg,
www.theatricul.net
Ours d’or pour le documentaire Sur l’Adamant
Berlinale X Le documentaire Sur l’Adamant du
Français Nicolas Philibert a remporté samedi
l’Ours d’or à Berlin. Sur l’Adamant porte sur une
péniche qui accueille des personnes souffrant de
troubles psychiques à Paris. Deux décennies après
l’immense succès de Etre et avoir, le documenta-
riste de 72 ans quitte les bancs de l’école pour
cette plongée dans l’univers psychiatrique, pre-
mier film d’une trilogie à ce sujet.
Sans voix off, scrutant les visages des patients
accueillis chaque jour dans cette structure unique
où une grande liberté leur est laissée, Sur l’Ada-
mant est «une tentative de renverser l’image que
nous avons des personnes atteintes de folie», a
expliqué Nicolas Philibert en recevant son prix.
Un autre Français, Philippe Garrel, 74 ans, a
reçu l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur pour
Le Grand Chariot. Ce film aux airs de testament
artistique tourné avec ses enfants a été coproduit
par Joëlle Bertossa, de Close Up Films, Genève. La
caméra a été dirigée par le Tessinois Renato Berta.
Parmi les treize films et coproductions suisses
qui participaient à cette Berlinale, la Lausannoise
Jenna Hasse a récolté une Mention spéciale dans
la section «Generation Kplus» pour son premier
long métrage, L’amour du monde.
Le jury a également récompensé la perfor-
mance d’une fillette de 8 ans, l’Espagnole Sofia
Otera, pour son rôle dans 20 000 especies de abejas
(20 000 espèces d’abeilles). L’actrice en herbe a
reçu, les larmes aux yeux, le prix de la meilleure
interprétation, qui est non genré et remplace à
Berlin celui du meilleur acteur ou de la meilleure
actrice. ATS
THÉÂTRE, CAROUGE
DROGUE ET DUO MÈRE-FILLE
Les Ronces dans ma bouche aborde un sujet peu
présent à l’heure actuelle sur les scènes: la toxi-
comanie. La pièce est lauréate du concours
d’écriture théâtrale des Maisons Mainou de la
Fondation Johnny Aubert-Tournier. Son auteur,
Alexandre Santos, écrit pour le théâtre et est
aussi travailleur social spécialisé en addictologie.
Il a composé ce duo entre une mère et sa fille de
21 ans, qui peinent à communiquer, à plus forte
raison sur la question de l’addiction. La mise en
scène, signée Philippe Lüscher, directeur artis-
tique des Maisons Mainou, est à découvrir aux
Amismusiquethéâtre à Carouge. CDT
Du 28 février au 18 mars, Théâtre Les Amis
musiquethéâtre, Carouge, lesamismusiquetheatre.ch