LUNDI 29 AOÛT 2022

JA CH-1211 GENÈVE 8

L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T.

WWW.LECOURRIER.CH N°159 | 155e année | CHF 3.00

GAZA SUISSE
7
Une initiative
Du fioul à base pro-nucléaire
veut autoriser
de plastique de nouvelles
centrales

9 Avec l’explosion du prix de l’essence, des Gazaouis se sont

lancés dans la fabrication d’un carburant artisanal pour
leurs bâteaux de pêche. Novatrice dans une économie
exsangue, cette issue alternative comporte des risques tant
sanitaires qu’environnementaux.

TIGRÉ, ETHIOPIE
8
Les tirs reprennent sur fond Une protestation anti-
nucléaire en 2016. KEYSTONE

de grave crise humanitaire

4 VAUD
Le futur pôle cantonal
des sciences naturelles
présenté par son
directeur enthousiaste

5 GENÈVE
Aux Eaux-Vives,
certain·es rêvent de
voir durer la circulation
estivale réduite.

12 EGALITÉ
Les campagnes de
santé ne sont pas
toujours exemptes de
28 septembre 2021: un infirmier évoque la malnutrition constatée après un an de guerre à l’Hôpital de Mekele, dans le Tigré. KEYSTONE
traits grossophobes.

9HRLEME*beadfb+[A\L Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Rédaction Vaud : vaud@lecourrier.ch | Rédaction Neuchâtel: neuchatel@lecourrier.ch |Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | malettre@lecourrier.ch
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2 CONTRECHAMP
INVITÉ
Un ambassadeur peut-il tout dire?
Diplomatie X Patience, souplesse et style indirect. Un·e diplomate doit savoir manier la litote dans ses analyses critiques d’un
Etat étranger – au risque de déclencher l’«incident». Ambassadeur honoraire de Belgique et professeur d’université, Raoul
Delcorde montre, exemples à l’appui, que le tact diplomatique est mis à rude épreuve en contexte de crise. Eclairage.
RAOUL DELCORDE*
Les récentes déclarations de l’ambas-
sadeur de Chine en France selon les-
quelles il faudra un jour «rééduquer»
le peuple taïwanais ont suscité une le-
vée de boucliers. Et lorsque ce même Lu
Shaye qualifie le déplacement à Taïwan
de Nancy Pelosi, la présidente de la
Chambre des représentants du Congrès
américain, de «caprice d’octogénaire»
on peut se demander s’il n’a pas dépas-
sé la ligne rouge du devoir de réserve
qui incombe traditionnellement aux
diplomates.
Mais qu’est-ce que ce devoir de ré-
serve, précisément? Le devoir de ré-
serve du diplomate lui impose de faire
preuve de retenue dans tout jugement
porté sur les dirigeants et la politique
intérieure d’un Etat étranger.
«Un naturel égal
et patient»
Si l’on remonte aux grands traités
de la diplomatie – de François de Cal-
lières, ambassadeur de Louis XIV puis
secrétaire au cabinet du Roi, auteur
en 1716 d’un ouvrage de référence
intitulé De la manière de négocier avec
les souverains, de l’utilité des négocia-
tions, du choix des ambassadeurs et des
envoyez, et des qualitez nécessaires pour
réussir ces employs qui fut notamment
le livre de chevet du troisième président
des Etats-Unis Thomas Jefferson, à Ha-
rold Nicholson, diplomate et écrivain
britannique qui participa à la Confé-
rence de Versailles en 1919, et dont
le magnum opus, simplement intitulé
Diplomacy, a marqué sa génération et
les suivantes –, on constate que le tact
est cité parmi les qualités premières du
diplomate. Il consiste à réagir à une si-
tuation inattendue avec un maximum
de sang-froid.
Citons Callières: «Une humeur
égale, un naturel égal et patient, tou-
jours disposé à écouter sans contradic-
tion ceux qu’il traite. Un abord toujours
ouvert, doux, civil, agréable […] Pour
réussir en ces sortes d’emplois, il faut
beaucoup moins parler qu’écouter. Il
faut du flegme, de la retenue, beaucoup
de discrétion, et une patience à toute
épreuve.» Et Callières d’ajouter que le
diplomate doit être «juste et modeste
dans toutes ses actions, respectueux
avec les Princes, complaisant avec ses
égaux, caressant avec ses inférieurs,
doux, civil et honnête avec tout le
monde».
Au regard de ces qualités, toute
remarque critique d’un diplomate au
sujet du pays où il se trouve peut débou-
cher sur un incident diplomatique. En
effet, un diplomate en fonction repré-
sente les autorités de son Etat d’envoi
auprès de l’Etat où il est accrédité, ce
qui confère un caractère officiel aux
propos qu’il émet – même dans des cir-
constances non officielles. Illustration
récente: le 4 août dernier, l’ambassa-
deur de Norvège à Moscou est convo-
qué pour s’expliquer sur la «conduite
inacceptable» de la consule de Norvège
à Mourmansk.
Cette dernière, Elisabeth Ellingsen,
a été filmée dans un hôtel de la ville de
la cité arctique, conspuant le person-
nel de l’hôtel et la Russie en général.
«Je hais les Russes» hurlait-elle dans la
vidéo en question. Les autorités russes
Le Congrès de Paris en 1856, par Edouard-Louis Dubufe. Les personnages sont des représentants plénipotentiaires des pays
impliqués dans la guerre de Crimée. WIKIMEDIA COMMONS
ont demandé son rappel immédiat. contre l’Ukraine. L’ambassadeur pro-
Le ministère norvégien des Affaires testa, évidemment (la sécurité de l’am-
étrangères a déclaré «regretter pro- bassade et de son personnel est une
fondément» l’incident et indiqué que obligation pour l’Etat d’accueil), mais
l’affaire serait traitée en interne. Si El- sans faire de déclaration publique.
lingsen n’a pas à ce stade été rappelée Le tact diplomatique est donc bien
à Oslo, elle aura du mal à poursuivre cette capacité à s’exposer à toutes les
ses activités à Mourmansk dans les cir- situations sans perdre en (re)tenue.
constances actuelles… On pourrait multiplier les exemples
Dans le contexte des relations ten- – et, heureusement, dans la majorité
dues entre la Russie et les pays de des cas, le diplomate ne perd ni tact
l’OTAN au sujet de l’Ukraine, on per- ni dignité. On rapporte que, en 1960,
çoit bien que les autorités russes ont ré- lors de la crise provoquée par le survol
agi avec une rapidité inhabituelle pour de l’URSS par un avion-espion amé-
«marquer le coup», alors qu’il s’agit ricain (le U-2), l’ambassadeur améri-
quand même d’une diplomate qui n’a cain à Moscou, Llewellyn Thompson,
pas le statut d’ambassadeur/drice. Mais fut soumis à une série de moments
il est vrai que la diplomate a manqué de embarrassants. Lors d’une réception,
maîtrise de soi, au demeurant pour une Khrouchtchev se mit à lui hurler des-
affaire de peu d’importance (l’accès à sus à propos de l’U-2 avant de… piétiner
une chambre d’hôtel). lourdement les pieds de l’ambassadeur.
L’histoire ne dit pas si ce dernier répri-
ma un cri de douleur. Plus tard, le diri-
Tenue et retenue geant soviétique lui expliqua qu’il «ne
voulait pas lui faire mal»!
Au fond, on attend du diplomate Pour autant, le tact ne signifie pas la
qu’il ait de la «tenue», entendez qu’il passivité. Jules Cambon fut un grand
ou elle contrôle ses émotions et ne se ambassadeur de France au début de la
départisse pas d’une forme de détache- Première Guerre mondiale à Londres. Il
ment en toute situation. C’est ce que avait constaté que l’entrée en guerre du
souligne, par exemple, Harold Nichol- Royaume-Uni (aux côtés de la France)
son dans son célèbre manuel de diplo- était loin d’être assurée. Lorsque le ré-
matie: «Non seulement le négociateur dacteur en chef du journal londonien
[c’est-à-dire le diplomate] doit éviter de The Times lui demanda: «Que faites-
laisser voir de l’irritation lorsqu’il est vous, Monsieur Cambon?», il répondit:
confronté à la stupidité, à la mauvaise «J’attends de savoir si le mot honneur
foi, à la brutalité ou à la suffisance de doit être rayé du vocabulaire anglais».
ceux avec qui il a le pénible devoir de Les choses étaient dites, mais avec tact.
devoir négocier, mais encore il doit se En cas de crise ou d’incident diploma-
garder de toute animosité, préférence, tique, le tact permet de réagir tout en
enthousiasme, préjugé, vanité, exagé- préservant les règles de sociabilité.
ration, dramatisation ou indignation.» On peut citer à cet égard l’incident
Ce sang-froid peut être mis à rude franco-saoudien de janvier 1982.
épreuve, comme on a pu le constater à Jacques Attali, à l’époque conseiller
Dublin lorsqu’une foule en colère s’est spécial du président Mitterrand, in-
mise à secouer le véhicule de l’ambassa- terviewé sur la chaîne Europe 1, s’était
deur de Russie, Iouri Filatov, qui tentait demandé s’il ne fallait pas «suppri-
de rentrer dans l’enceinte de l’ambas- mer la totalité de ce que nous impor-
sade. L’incident se produisit quelques tons en pétrole des pays dans lesquels
jours après le début de l’attaque russe un voleur se voit la main coupée».
L’ambassadeur d’Arabie saoudite à
Paris, Jamil al-Hejaillan, estimant son
pays visé, exprima ses «vives protesta-
tions» auprès de l’Elysée et demanda si
les propos de Jacques Attali reflétaient
le point de vue du président. Il lui fut
répondu que le président n’en avait pas
été informé au préalable et ne les en-
dossait point. Mais l’Elysée se refusa à
communiquer publiquement à ce sujet
(malgré les demandes de l’ambassa-
deur saoudien). L’ambassadeur Hejail-
lan parla d’un «incident passager mais
regrettable» et se dit convaincu que les
relations bilatérales entre son pays et la
France étaient trop solides pour qu’un
tel incident vienne à les perturber.
Le tact n’empêche donc nullement
un diplomate de faire passer un mes-
sage de fermeté si un incident diploma-
tique est survenu. Mais le langage est
pesé, les formules évitent toute attaque
directe et donc toute crispation inutile:
garder le sourire tout en signifiant son
irritation dans les limites imposées par
les usages.
Evidemment, au vu de ces exemples,
on peut s’interroger sur le degré de dis-
simulation (d’aucuns diront d’hypocri-
sie) que reflètent le tact et la retenue en
diplomatie. Cela rappelle la fameuse
description que le Prince Murat faisait
de Talleyrand: «Son derrière recevrait
un coup de pied que sa figure n’en di-
rait rien.» Talleyrand lui-même disait
d’ailleurs que «la parole a été donnée
à l’homme pour déguiser sa pensée»…
Le danger de noyer
le poisson
Cette retenue que l’on enseigne
aux diplomates est, certes, destinée à
éviter l’escalade et l’humiliation (celle
que l’on ressent comme celle que l’on
inflige). Elle a déteint sur le langage
diplomatique, qui pratique l’understa-
tement et la litote, les formules obliques
LE COURRIER
LUNDI 29 AOÛT 2022
et contournées. On recherche l’euphé-
misme. Si un diplomate dit «mon gou-
vernement se sent obligé d’exprimer
des réserves sur…», cela signifie que
«mon gouvernement ne permettra
pas…». Lorsqu’une réunion diploma-
tique se conclut par un communiqué
indiquant que «nous avons compris nos
points de vue respectifs», cela signifie
que l’on n’est tombé d’accord sur rien…
Et la formule «une avancée positive» si-
gnifie que la négociation est dans l’im-
passe, au mieux qu’elle n’a pas abouti.
Le danger est de noyer le poisson à force
de recourir à l’understatement.
Plus profondément, n’y a-t-il pas
un risque de dépersonnalisation?
L’invective (prohibée en diplomatie,
malgré quelques exceptions, comme
on l’a vu) a le mérite de la franchise.
Mais la retenue finit par déteindre sur
la personnalité du diplomate. Romain
Gary, qui fit une carrière diplomatique
avant d’être entièrement absorbé par
l’écriture, écrit dans La nuit sera calme:
«C’est au niveau du caractère que
le problème se pose, car enfin, pen-
dant combien de temps peux-tu faire
preuve continuellement de souplesse,
d’adaptabilité et aussi d’acceptation,
en ce qui concerne les consignes que
tu reçois, les opinions que tu es obli-
gé d’exprimer, les rapports que tu es
obligé d’avoir avec des gens qui te font
parfois horreur, dans des pays où tu te
trouves – et conserver en même temps
un caractère intact, ton centre de
gravité, des rapports solides avec toi-
même, ne pas te laisser dépersonnali-
ser? Je crois que la plus grande menace,
au bout de vingt ans de métier, c’est la
dépersonnalisation.»
Certes, cette vision du diplomate qui
courbe toujours l’échine peut paraître
exagérée. Elle reflète la perception que
nous avons encore de la diplomatie, qui
rappelle le Congrès de Vienne et Talley-
rand. Mais s’il est bien un métier qui
est fondé sur la patience, la courtoisie
et la recherche du compromis, c’est
celui-là. Qu’on se rappelle le film Quai
d’Orsay, tiré de la BD éponyme, où par
contraste avec le ministre vitupérant
et perpétuellement agité (inspiré de Do-
minique de Villepin), le directeur de ca-
binet (inspiré de l’ambassadeur Pierre
Vimont) fait preuve d’un flegme et d’un
tact à toute épreuve.
En dernière analyse, tout l’art du di-
plomate, qui est un art du «parler juste»,
consistera à être diplomate comme on
l’entend dans le langage courant: apte
à entrer en contact, y compris de ma-
nière informelle, avec des personnes
pour lesquelles il n’éprouve guère de
sympathie particulière, disposant de
la faculté de «s’accommoder» des com-
portements d’autrui selon l’occasion et
le besoin.
Concluons par cette citation de
Lawrence Durrell, célèbre écrivain
britannique qui fut aussi diplomate (au
Caire et à Belgrade) pendant quelques
années: «Nous autres diplomates […]
on nous habitue à être pleins de res-
sources, à jouer n’importe quel rôle
dans la vie, à être à la hauteur d’à peu
près toutes les situations: comment,
sinon, pourrions-nous faire face à tous
ces étrangers?» On est ici à mille lieues
de la figure du «loup combattant» dont
se réclame l’ambassadeur de Chine à
Paris. I
* Ambassadeur honoraire de Belgique, Professeur
invité à l’Université catholique de Louvain
(UCLouvain). Article paru dans The Conversation,
https://theconversation.com/fr
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | LUNDI 29 AOÛT 2022
A Aarau, un maillon de la chaîne d’approvisionnement en électricité jouera un rôle clé cet hiver. Reportage
SWISSGRID SUR LE GRIL
PIERRE-ANDRÉ SIEBER
Argovie X Trônant sur la Blei-
chemattstrasse à Aarau, un
imposant bâtiment digne de la
série Star Trek cache une véri-
table ruche ultra-sécurisée et
semble insensible à la tension
du moment. C’est le centre
de conduite de Swissgrid, so-
ciété exploitant le réseau de
transport à haute tension en
Suisse. A l’intérieur, plus de
400 collaborateurs veillent sur
l’acheminement des électrons
qui font tourner, chauffer et
vrombir tous vos appareils élec-
triques. Et il en faut: un ménage
suisse consomme pas moins de
5000 kWh par an.
La visite commence. Un por-
tique avec badge obligatoire,
quelques étages en ascenseur
et une porte assez costaude sé-
parent le visiteur de la salle de
contrôle qui garde un œil atten-
tif sur 6700 km de lignes à très
haute tension. «C’est ici que bat
le cœur de notre société. L’autre
site se trouve à Prilly», explique
l’ingénieure Nell Reimann,
cheffe d’exploitation du réseau
suisse. «Stratégique, ce centre
est conçu pour fonctionner de
manière autonome au niveau
de l’alimentation en eau et en
air pour la ventilation. Cela
365 jours par an, 7 jours sur 7!»
Arène technologique
Dans cette arène technologique
se jouera peut-être l’alimenta-
tion fournie par votre société
distributrice pour votre pompe
à chaleur, votre chauffe-eau
ou vos luminaires. D’une sorte
de loge en surplomb fermée
par une épaisse vitre de verre
blindé, la cheffe d’exploitation
désigne de la main en contre-
bas une dizaine d’ingénieurs
en plein travail. Sur de grands
tableaux numériques, la Suisse
trône au centre de l’Europe.
Une valeur de 2900 mégawatts
(MW) s’affiche sur l’un des
écrans de contrôle. C’est le
courant électrique exporté en
temps réel: 2200 MW partent
vers l’Italie, 2400 en France,
160 en Allemagne, et 960 MW
arrivant d’Autriche entrent
dans notre réseau.
Tout va bien. Mais cet hiver,
il en ira peut-être autrement. La
consommation va augmenter et
la Suisse devra compter sur les
importations venant de l’UE. La
mission du centre de contrôle
de Swissgrid? Acheminer le
«jus», comme on dit ici, tout
en assurant stabilité et fonc-
tionnement du réseau coûte
que coûte. C’est avant tout une
question d’équilibre entre pro-
duction et consommation.
Fixé à une immense paroi,
un grand écran rétroéclai-
ré reproduit une carte de la
Suisse parcourue de lignes
rouges, vertes ou jaunes. Le
rouge, c’est pour les lignes à
très haute tension (THT) à
380 000 volts, plutôt réservées
aux importations et exporta-
tions de courant ainsi qu’au
transport de la production des
grandes centrales suisses. Le
vert, c’est le 220 000 volts qui
sert à l’acheminement vers les
distributeurs. Le jaune, pour les
lignes hors service, en cours de
Dans la salle de contrôle, on garde un œil attentif sur 6700 km de lignes à très haute tension. DR
maintenance ou de construc-
tion, comme celle de Chamoson
à Chippis (VS).
Tenir la fréquence «Si un arbre
Au centre du dispositif de sur-
veillance, une sorte d’électro-
pousse trop près
cardiogramme affiche 50 hertz d’une ligne,
(Hz). «C’est la fréquence de réfé-
rence imposée dans toute l’UE il faut réagir»
qui prouve que tout fonctionne»,
explique l’ingénieure. «La fré-
quence indique le nombre de
changements de sens du cou-
rant par seconde.» En début
«LE RISQUE DE PÉNURIE EN HIVER EST RÉEL»
Natif de la Basse-Ville de Fribourg, Yves
Zumwald dirige Swissgrid depuis 2016,
année où l’électricité était si bon mar-
ché que les barrages étaient à vendre.
Formé aux Entreprises électriques fri-
bourgeoises (EEF), il a travaillé pour
Energie Ouest Suisse (EOS) et Orange.
Cet ingénieur en électricité vit des mo-
ments inédits à la tête de Swissgrid,
créée en 2006 en prévision de la libé-
ralisation du marché de l’électricité. In-
terview, avec une pointe d’accent bolze.
Que verriez-vous sur les écrans
de votre centre de contrôle du réseau
en cas de pénurie?
Yves Zumwald: Les signaux appa-
raîtront déjà le jour d’avant car les
acteurs du marché de l’électricité
nous délivrent des programmes pré-
visionnels d’échange d’énergie. Si ces
programmes ne sont pas équilibrés,
nous leur demandons d’injecter du
courant sur le réseau ou de diminuer
la consommation. Si l’équilibre ne peut
toujours pas être garanti et qu’il y a pé-
nurie, les autorités fédérales décideront
des mesures à prendre.
FOCUS 3
SUISSE
développée qu’un couac en
Suisse pourrait mettre par terre
tout le réseau européen? «Non,
mais pas moins de 41 lignes à
THT nous relient à la France,
l’Italie, l’Allemagne ou l’Au-
triche», ajoute l’ingénieure.
«Nous sommes tellement inter-
connectés avec les pays alen-
tour qu’il n’y a pas un réseau
suisse, mais européen. Nous ne
fonctionnons pas comme une
île! Nous sommes le pays le plus
connecté en Europe.»
Veiller au grain
Un ménage consommant en
moyenne 5000  kWh par an
en Suisse, y aura-t-il assez de
courant pour tout le monde cet
hiver? Voilà une question qui
concerne les producteurs de
courant et pas Swissgrid, qui
ne fait que le transporter. Une
chose est sûre: debout en pre-
mière ligne dans le centre de
contrôle argovien, le system ma-
nager doit veiller au grain. «C’est
vraiment un personnage im-
portant car il a le pouvoir de dé-
cision», explique Nell Reimann.
«Cet ingénieur doit pouvoir
décider en temps réel de la me-
sure à prendre, mais il ne peut
le faire qu’avec son équipe.»
C’est lui qui, en anglais, com-
munique avec les 43 sociétés
européennes jouant le rôle de
Swissgrid en cas de problème
de sécurité, comme une baisse
de fréquence, signe d’une baisse
de production. Un scénario qui
pourrait se produire lors des
premiers frimas.
d’année, cette fréquence a chu- Toujours très concentrés, Ultime gardien sur le flanc
té à cause d’un problème de les ingénieurs poursuivent leur gauche de cette classe hyper
couplage en… Croatie. Tout le mission. Imperturbables. «Les disciplinée, un informaticien
réseau européen a été affecté et spécialistes que vous voyez sur veille sur un système de plus en
la bonne réaction de Swissgrid la droite préparent toutes les plus numérisé. L’entier est bien
a évité le pire.
L’endroit respire profession-
mises hors service du réseau
électrique suisse», éclaire Nell
sûr protégé contre les cyberat-
taques. Mais on n’en saura pas
nalisme et prévision, mais la Reimann. «Si un arbre pousse plus. L’ensemble a été audité
tension est palpable car la si- trop près d’une ligne, un arc avec succès par le Contrôle fé-
tuation n’a jamais été aussi électrique peut se produire. Il déral des finances. «Sans comp-
Nell Reimann critique. Sans accord-cadre ni faut mettre hors service provi- ter que le centre de Prilly peut
accord sur l’électricité, la Suisse soirement cette ligne avant de reprendre toutes les activités
doit savoir que l’UE pensera pouvoir procéder aux travaux.» d’Aarau en cas de problème»,
d’abord à aider ses membres en L’interconnexion avec les conclut Nell Reimann. Le visi-
cas de pénurie de courant. pays voisins est-elle à ce point teur s’en va, presque rassuré. I
Swissgrid a une marge de manœuvre? La loi sur l’approvisionnement électrique construire Chamoson-Chippis à cause
En situation normale, nous avons une impose-t-elle l’obligation de nous fournir des procédures, il faut aujourd’hui en-
certaine quantité de réserves d’éner- du «jus», comme vous dites? core, sans recours, près de 15 ans pour
gie auprès des centrales suisses pour Oui, cette loi impose aux distributeurs créer une ligne THT.
rétablir l’équilibre du réseau d’approvisionner les clients cap-
durant quelques heures. tifs. Le Conseil fédéral et le La pénurie d’électricité était pourtant
Le Conseil fédéral a de parlement ont la responsa- un scénario prévu…
plus prévu une réserve bilité de mettre en place Oui! Le plus gros risque économique
hydraulique que la les conditions-cadres pour la Suisse est une pénurie d’élec-
Suisse va mettre en pour assurer un appro- tricité, et le second est une pandémie.
place cet hiver, et que visionnement fiable. Ce qui nous arrive, c’est une crise éner-
nous pourrions utili- La solution? Soit il faut gétique mondiale dont l’Europe est
ser. On travaille aussi s’entendre avec l’UE l’épicentre, comme l’a dit le directeur
avec les gestionnaires dans le cadre de l’accord de l’Office fédéral de l’énergie.
de réseau de transport sur l’électricité, soit il faut
européens pour voir si des augmenter la production Si, par un beau matin d’hiver, la production
mesures peuvent être prises propre en hiver. chute durablement, que pourra faire
avec eux, car nous avons 41 lignes Swissgrid sur le court terme?
transfrontalières. Construire des infrastructures La fréquence non seulement de notre
rapidement? Vous êtes sérieux? réseau, mais de tout le réseau de l’UE,
Ne joue-t-on pas à se faire peur? Le Conseil fédéral souhaite accélérer doit rester à 50 hertz. Si la production
Nous partageons les craintes de la les procédures d’autorisation pour la est insuffisante, les autorités fédérales
Confédération selon lesquelles le construction de nouvelles centrales. Il entrent en jeu. Comme pour le gaz, un
risque de pénurie d’électricité en hiver ne faut pas oublier que cette future pro- plan d’urgence sera appliqué par l’Of-
est réel. Mais il y a de nombreuses va- duction devra être transportée et qu’il fice fédéral de l’approvisionnement éco-
riables: va-t-il faire froid? Y aura-t-il du faudrait donc aussi accélérer les procé- nomique. Pour la première fois depuis
soleil et du vent au mois de janvier? Ce dures de construction des lignes à très qu’il existe, ce sera l’application du plan
n’est pas encore prévisible. haute tension. Il a fallu 35 ans pour de rationnement OSTRAL. PAS
 LE COURRIER
4 VAUD LUNDI 29 AOÛT 2022

LAUSANNE Des antispéciste manifestent Le quartier des Halles inauguré

UNE PLACE ALOÏSE CORBAZ
Le quartier du Pré-du-Marché a fait peau
neuve à Lausanne. La ville a inauguré same-
di une zone piétonne agrandie et rebaptisé sa
placette «Place Aloïse-Corbaz». La place de
jeux a été renommée en l’honneur d’une en-
fant du quartier, Aloïse Corbaz. Une fresque
au sol inspirée de ses œuvres a été créée par
l’artiste Julia Widmann, avec l’aide des en-
fants du collège Saint-Roch. Cette place est le
premier des trente lieux que la municipalité a
décidé de renommer d’ici 2026 dans le but
de donner plus de visibilité aux femmes au
sein de l’espace public. ATS
NUMERIK GAMES
«UNE ÉDITION MAGIQUE»
Les Numerik Games ont retrouvé leur fré-
quentation d’avant la pandémie. Durant trois
jours, le festival yverdonnois dédié au numé-
rique a attiré 10 397 personnes, un chiffre
proche de celui de 2019. Après deux années
compliquées, les organisateurs ont vécu une
«édition magique», expliquent-ils dimanche
dans un communiqué. ATS
Lausanne X Entre 250 et 300 per-
sonnes ont participé samedi à Lausanne
à une marche pour la fin du spécisme,
qui postule la supériorité de l’être hu-
main sur les animaux. Ils ont réclamé la
fermeture des abattoirs et la reconnais-
sance de droits aux animaux.
«Pour les vaches, cochons ou les ca-
nards, fermeture des abattoirs»: le slogan
retentit sur la place Saint-François, vidée
provisoirement de ses voitures. Partis de
la gare dans une ambiance bon enfant,
les militants défilent au centre-ville sous
un soleil de plomb. Aux premiers rangs,
une jeune femme est venue avec Lola,
son chihuahua. Elle manifeste pour la
première fois. «Je voulais essayer», ra-
conte-t-elle. «J’aime les animaux et suis
végétarienne».
Les pancartes et les slogans résument
les revendications des manifestants, avec
notamment «Stop au spécisme. Chaque
être sensible veut vivre sa vie», «Chan-
geons notre alimentation» ou encore
«Justice pour les animaux». Certains
brandissent des photographies de co-
chon ou poisson. «Mes amis ne sont pas
de la marchandise».
La marche a attiré 250 personnes, se-
lon la police, et n’a causé aucune dépré-
dation. Elle était organisée par l’associa-
tion Ecologie et Altruisme. Son président
Anoushavan Sarukhanyan espérait réu-
nir entre 2000 et 2500 personnes. Est-il
déçu? «Il faut toujours viser la lune, car
même en cas d’échec on atterrit dans les
étoiles», glisse-t-il en marge de la mani-
festation, citant Oscar Wilde.
Il reconnaît qu’il «aurait aimé voir
plus de gens». «Dans le monde, des mil-
lions de personnes soutiennent notre
combat, mais beaucoup n’aiment pas
manifester. Une telle marche est toute-
fois importante, car elle permet de créer
le débat, d’interpeller sur le respect de la
vie des animaux. Cela permet de parler
de l’injustice du fait de tuer des animaux
pour de simples habitudes alimentaires».
En 2018, à Genève, près de 500 per-
sonnes avaient manifesté contre le spé-
cisme. Les antispécistes demandent la fin
de toute forme d’exploitation animale.
ATS
Morges X Plusieurs fois re-
poussée en raison de la pandé-
mie, l’inauguration officielle du
quartier des Halles à Morges s’est
déroulée vendredi. Situé juste à
côté de la gare, le nouveau quar-
tier abrite 250 logements, près de
600 emplois, des commerces, des
services de santé, une école, une
crèche ou encore un parking P+R
de 300 places.
Plusieurs personnalités ont
participé à l’inauguration, no-
tamment la syndique de Morges
Mélanie Wyss, la conseillère
d’Etat vaudoise Nuria Gorrite ou
encore le patron des CFF Vincent
Ducrot. Des CFF qui ont mis 200
millions de francs dans le déve-
loppement de ce nouveau quar-
tier, tandis que la Ville de Morges
poursuit encore ses investisse-
ments (20 millions à ce jour).
Les travaux, qui avaient dé-
marré en 2017, ont complètement
chamboulé le visage de Morges.
Les nouveaux bâtiments et les es-
paces extérieurs répondent «aux
besoins actuels de la Ville et de sa
population, de par sa mixité, sa
proximité avec les transports pu-
blics», écrivent les CFF dans leur
communiqué. En matière d’amé-
nagements extérieurs, 80 arbres
ont notamment déjà été plantés
le long de la nouvelle promenade
de Castellane. Le quartier sera
encore végétalisé et arborisé ces
prochains mois.
Les festivités ont aussi permis
vendredi d’inaugurer officielle-
ment le collège Jacques-Dubo-
chet, qui accueille déjà des élèves
depuis 2020 dans ce nouveau
quartier. Le prix Nobel de chimie
2017 était de la partie pour cette
inauguration. Après la partie of-
ficielle, une fête populaire était
prévue samedi. Des concerts,
spectacles, concours et autres
animations gratuites étaient
proposés par la Ville, les CFF et les
commerces du quartier. ATS

Directeur du futur Muséum cantonal des sciences naturelles, Nadir Alvarez en dessine les contours

Du nouveau au «Palais des savoirs»

ACHILLE KARANGWA

Sciences X Dès janvier, les

musées de zoologie et géologie
du Palais de Rumine à Lausanne
engloberont également les
jardins botaniques du pays de
Vaud. Ce nouveau Muséum
cantonal des sciences naturelles
sera dirigé par le spécialiste en
biologie de l’évolution Nadir
Alvarez, qui a pris ses fonctions
en août.
Pourquoi avoir rejoint
ce pôle muséal?
Nadir Alvarez: Au début de ma
carrière scientifique, je travail-
lais sur les interactions entre
plantes et insectes, que j’étudiais
du point de vue de l’écologie et
de la génétique des espèces. En
essayant de mieux comprendre
leur histoire récente, j’ai réali-
sé l’extraordinaire valeur des
collections d’histoire naturelle,
conservées dans les herbiers et
les musées du monde. Je me suis
donc naturellement rapproché
des collections muséales vau-
doises, lorsqu’en 2010, je suis
revenu faire de la recherche
universitaire dans ma ville de
naissance, Lausanne. Après
avoir été conservateur en chef
et membre du comité de di-
rection du Muséum d’histoire
naturelle de Genève ces cinq
dernières années, m’impliquer
dans la création de ce nouveau
pôle lausannois des sciences na-
turelles a pris tout son sens.
A quoi peut-on s’attendre?
Nous serons la plus grande ins-
titution suisse accueillant les
trois disciplines de l’histoire
naturelle: zoologie, botanique
et géologie. Ce qui légitime
l’acquisition de notre titre de
noblesse – Muséum. Il s’agira
de les faire vivre conjointement
sur plusieurs sites. La zoologie
à Rumine, accompagnée de la
géologie (qui a aussi des collec-
tions et des laboratoires à l’uni-
versité de Lausanne), mais aussi
la botanique au Crêt de Mon-
triond et à Pont de Nant. Nous
le ferons notamment en déve-
loppant des expos communes.
De nombreux thèmes se
prêtent pour fédérer nos trois
disciplines, comme les mythes,
les remèdes naturels, ou la di-
versité locale. Nous jouerons
également sur les formats: des
expositions itinérantes ne sont
pas à exclure; offrant ainsi la
possibilité d’en visiter tous les
pans en quelques jours, à tra-
vers le canton. Au Palais de
Rumine, nous poursuivrons
également les collaborations
thématiques avec nos collègues
du Musée cantonal d’archéolo-
gie et d’histoire et de la biblio-
thèque cantonale universitaire.
Comme actuellement l’exposi-
tion Qanga, celles-ci seront éti-
quetées «Palais des Savoirs.»
Avec quels objectifs, à terme?
Nous aurons l’opportunité
unique de repenser la galerie
permanente. Un défi enthou-
siasmant, avec un bassin ver-
sant d’un million de visiteurs
potentiels dans la région. Mon
souhait serait de lui donner une
tonalité territoriale forte. Partir
de la diversité naturelle de notre
canton: je pense que c’est la clé
pour embarquer les publics avec
nous. En mariant émotions et
didactique. Nous pourrons par
exemple développer une dimen-
sion artistique, en collaborant
avec Plateforme 10. Cette asso-
ciation me semble être la typolo-
«Communiquer gie d’exposition de demain.
sur la perte de la Vous développerez aussi
l’aspect numérique.
biodiversité ne Je pense qu’on a la chance –
doit pas se faire même s’il y a bien des travers
– de vivre à l’ère du digital. Ra-
au détriment jouter une dose de réalité aug-
de l’émerveille- mentée pourrait intéresser un
public qui trouverait les musées
ment». Nadir Alvarez trop vieillots. Pourquoi ne pas
s’immerger en découvrant des
spécimens en 3D? Soyons auda-
cieux! En trouvant le bon équi-
libre avec l’approche classique,
axée sur le spécimen.
Avec une utilité
pour la recherche?
L’autre enjeu majeur du Mu-
séum sera la numérisation de
ses collections. Sur les 60 mil-
lions de spécimens présents en
Suisse, seuls 17% ont été réfé-
rencés dans une base de don-
nées. Notre futur département
de zoologie fait toutefois office
de bon élève, en étant à près de
30%.
Comment émerveiller encore
quand les discussions portent
sur la destruction de la nature et
la perte de la biodiversité?
Il y a des chiffres qu’on ne
peut passer sous silence: par
Actuellement
visible à Lau-
sanne, Qanga
est une
exposition
transdiscipli-
naire des
musées de
science et
d’histoire
du Palais
de Rumine.
GABRIELLE
LECHEVALLIER
exemple savoir qu’il y a dix
mille ans, 97% des vertébrés
terrestres étaient des espèces
sauvages, et 3% étaient des hu-
mains. Alors qu’aujourd’hui,
3% sont des espèces sauvages,
t a nd i s que 97% s o nt d e s
humains ou du bétail.
Notre planète a totalement
changé de visage. Mais pour
moi, amoureux de la nature
de pu i s t oujou r s, c om mu-
niquer sur les enjeux liés à
l’effondrement de la biodiver-
sité ne doit pas se faire au dé-
triment de l’émerveillement.
Admirer un spécimen, s’en-
thousiasmer devant une ex-
plication sur l’évolution d’une
espèce ou le fonctionnement
d’un écosystème: tout cela ca-
talyse à la fois un accès à la
connaissance et une sensibi-
lisation aux problématiques
environnementales. I
LE COURRIER
LUNDI 29 AOÛT 2022
Alors que les aménagements temporaires restreignant la circulation dans trois rues du quartier seront
démontés dès lundi, des habitant·es des Eaux-Vives demandent une réappropriation de l’espace public
«Qu’est-ce qu’on attend pour dégrapper?»
CHRISTIANE PASTEUR
Eaux-Vives X Il est 17h30 ce
vendredi dans la rue de Mont-
choisy. Un garçon joue au foot
avec son papa au milieu de l’ar-
tère. Des enfants dessinent à
la craie à même le bitume. Des
bières et des chips circulent.
Sous le soleil encore éclatant,
une quarantaine de personnes,
toutes générations confondues,
marquent le coup avec un der-
nier «apéro sans voitures».
Ce lundi en effet, la Ville de
Genève démontera la plupart
des aménagements éphémères
restreignant la circulation auto-
mobile qu’elle a mis en place du-
rant l’été sur quelques tronçons
des rues Montchoisy, Sillem et
du Nant. Nombre d’habitantes
et habitants des Eaux-Vives
souhaitent pérenniser et élar-
gir le dispositif, tout en appe-
lant à la concertation. Elle sera
nécessaire, notamment pour
convaincre la majorité de la po-
pulation et des commerçant·es
du bien-fondé d’un quartier plus
végétalisé et moins axé sur la
voiture. Micro-trottoir.
Sur un banc, nous rencon-
trons Paul Wetterwald. Ses
enfants habitent tout près. Il
est partagé sur la question de
la piétonisation d’une partie de
la voirie. «C’est plus agréable à
vivre, mais aussi plus compliqué
pour se garer. Le changement
de mode de transport n’est pas
si facile à opérer en vieillissant.
Si on remplace systématique-
ment les places de parking par
des terrasses de café, je n’y suis
pas favorable: une nuisance se
substitue à l’autre.»
Habit a nt e du qua r t ie r,
Vanessa Klein rêve que l’éphé-
mère devienne définitif.  «Il y
a trop de béton, nous avons
besoin de vert, pour nous et
nos enfants.» Antoine Stroh
abonde: «C’est dommage d’ôter
le dispositif maintenant. Les
habitudes mettent du temps à
se mettre en place. Ce banc, par
exemple, n’a pas été utilisé tout
de suite».
Besoin de verdure
La restriction temporaire de la
circulation a permis de faire
ÉCOLOGIE
DES ÉCOLOGUES DU MONDE
ENTIER RÉUNI·ES À GENÈVE
Le lien entre êtres humains et
nature est au centre de dis-
cussions de dimanche à ven-
dredi à Genève. Des écolo-
gues du monde entier se
réunissent toute la semaine
pour la conférence Intecol.
Des chercheurs présenteront
leurs travaux sur sept théma-
tiques allant de la biodiversité
au changement climatique en
passant par la restauration
écologique ou encore l’écolo-
gie urbaine. Environ 1000
participants sont attendus à
cette conférence organisée
par plusieurs partenaires,
dont l’université de Genève,
l’ONU et le Réseau environne-
ment Genève. ATS
intecol2022.org
Les aménagements piétons à la rue de Montchoisy.
diminuer le trafic de transit,
constate Sylvain Thévoz, habi-
tant du quartier et député socia-
liste. «Il ne s’agit pas d’une lubie
de magistrats de gauche, mais
de respecter la loi pour une mo-
bilité cohérente et équilibrée,
soutenue par une majorité po-
litique. Il y a des résistances,
il faut les entendre. Quand on
bouleverse le quotidien, ce n’est
jamais facile. Mais nous, on
étouffe sous les bagnoles, l’es-
pace est surbétonné. Qu’est-ce
qu’on attend pour dégrapper?
Pas sauvagement, mais de ma-
nière rationnelle.»
L’association Vivre aux Eaux-
Vives est à l’origine de cette ex-
périmentation estivale. Un test
grandeur nature. Elle reven-
dique un quartier plus vivant,
des espaces publics de qualité et
un environnement sain. «Ge-
nève fait partie des vingt villes
les plus denses du monde et le
quartier des Eaux-Vives, avec
ses 23 000 habitants, est l’un
Entreprise exclue du chantier
Tri des bagages X Une en-
treprise soupçonnée de sous-
payer ses employés a été exclue
du chantier du nouveau centre
logistique de tri des bagages de
Genève Aéroport. Le syndicat
Unia a dénoncé vendredi ce
«nouveau cas de sous-traitance
sauvage» qui a lieu sur le chan-
tier d’une régie publique.
Selon Unia, un contrôle ef-
fectué mi-juillet a montré de
graves manquements de la
part de l’entreprise vis-à-vis de
ses employés, notamment le
non-respect du salaire mini-
mum et des usages. La Tribune
de Genève, qui a révélé l’affaire,
évoque un salaire horaire de
9 euros et des heures supplé-
mentaires non rémunérées.
CÉDRIC VINCENSINI
Le quartier des
Eaux-Vives est
l’un des plus
compacts de
la ville et le
moins arborisé
des plus compacts de la ville et
le moins arborisé, si on ne tient
pas compte du parc La Grange
et des quais, qui sont pour nous
des espaces périphériques», sou-
ligne Matthias Lecoq, son pré-
sident, par ailleurs chercheur
associé à l’Institut de gouver-
nance de l’environnement et
développement territorial de
l’université de Genève et chef de
projet en concertation à l’Office
cantonal de l’urbanisme.
Malgré quatre écoles dans
un périmètre très restreint,
il n’y a aucune place dédiée à
la sociabilité, regrette-t-il. Le
L’entreprise qui s’occupait
du montage électromécanique
du système du tri a été exclue
du chantier par Genève Aéro-
port. Il s’agit d’un sous-traitant
de deuxième rang, a précisé à
Keystone-ATS Genève Aéro-
port. «Cette situation est symp-
tomatique des problèmes engen-
drés par la sous-traitance dans
le cadre de marchés publics.
Celle-ci pousse les entreprises à
une concurrence frénétique qui
débouche immanquablement
sur des conditions de travail dé-
gradantes», ajoute le syndicat.
Il demande à l’aéroport et au
Conseil d’Etat de garantir aux
employés lésés leurs emplois et
leurs salaires.
Genève Aéroport a précisé
vendredi avoir obtenu l’en-
manque f lagrant de végéta-
tion est pointé, de même que
la problématique des îlots de
chaleur. «L’espace est qua-
drillé par la circulation auto-
mobile. Nous ne sommes pas
contre la voiture, mais pour
un rééquilibrage. Certains
d’entre nous ont une voiture,
d’autres pas. Certains ont des
enfants, d’autres pas. Nous
avons en commun d’aimer ha-
biter dans un quartier vivant et
de fréquenter les commerces de
proximité. Nous ne voulons pas
construire la ville contre eux,
mais avec eux.»
Opposition des
commerçant·es
Reste à les convaincre. Rue
de Montchoisy, Juan Louro,
le coordonnier, peste contre
l’odeur d’urine et les canettes
qu’il retrouve le matin devant
son échoppe. «Les gens restent
ici le soir à boire. Il y a du bruit
et des bagarres. Il faut mettre en
gagement de la société qui a
remporté l’appel d’offres que
les employés lésés seraient re-
pris via une autre société pour
continuer le chantier.
Lancée en avril 2019, la
c on s t r uc t ion du nouve au
centre logistique de tri des ba-
gages est devisée à 270 millions
de francs. Le chantier a pris du
retard en raison de la pandémie.
L’exclusion de l’entreprise du
chantier aura aussi un impact
sur les délais. Le nouveau centre
devrait être prêt pour septembre
2023. La nouvelle infrastruc-
ture qui comprend 13,5 kilo-
mètres de tapis roulants pourra
trier 5200 bagages par heure,
soit nettement plus que les 2750
actuels. ATS
place une surveillance. En plus
ce n’est pas vraiment piéton, les
motos et les vélos circulent»,
remarque-t-il, sous l’œil appro-
bateur de plusieurs client·es.
«Il est devenu impossible de se
garer dans le quartier», regrette
l’un d’eux.
De quoi faire réagir Ma-
nuel Balula, 64 ans, dont la
moitié passés aux Eaux-Vives.
«Qu’est-ce qu’on veut dans la
vie: crever de la pollution?»,
interroge-t-il nonchalamment,
tout en fumant sa cigarette. «Il
y a un petit changement et les
gens pensent que c’est la fin du
monde. Il suffit de se garer un
peu plus loin.»
En face, Au Gobelet d’argent,
Anne-Laure Alibert, serveuse,
évoque une baisse du chiffre
d’affaires de 50% dans les deux
premières semaines ayant suivi
la mise en place des aménage-
ments. «Les gens ont ensuite
trouvé des solutions, c’est re-
monté à 70%. Mais ça reste très
La Course des radeaux,
croisière alterno sur le Rhône
Des dizaines de radeaux ont
descendu le Rhône alors que la
chaleur pesait sur la ville. Samedi
après-midi, les centaines de parti-
cipant·es ont mis à l’eau leurs em-
barcations pour cette habituelle
GENÈVE 5
compliqué pour les livraisons.
Soit les camions se mettent en
double-file et gênent le passage,
soit ils doivent aller beaucoup
plus loin et perdent un temps
fou.» Pareil pour la clientèle.
«On a beaucoup d’ouvriers du
bâtiment qui viennent à midi
avec leur camionnette. Sans
parler de ceux qui s’arrêtent en
voiture acheter des cigarettes
en face et en profitent pour boire
un café.»
Alors que deux pétitions
circulent en parallèle, une fa-
vorable aux aménagements,
l’autre contre, la Ville de Ge-
nève présentera un bilan à la
mi-septembre. A la rue Sillem,
une demande de fermeture dé-
finitive du tronçon de rue est en
cours. L’aménagement de la rue
du Nant, permettant de gagner
un espace piéton supplémen-
taire et d’ajouter de la végéta-
tion, sera maintenu, indique
Anaïs Balabazan, déléguée à
l’information du Département
de l’aménagement. A la rue
de Montchoisy, entre les rues
Maunoir et des Vollandes, le
platelage en bois sera déplacé
du côté impair, où il s’insèrera
dans un espace déjà piétonnisé,
«mais peu valorisé jusqu’ici». En
parallèle, le Conseil administra-
tif doit mener une étude faisant
suite à l’acceptation d’un projet
de délibération PLR prévoyant
un corridor vert le long de la rue
de Montchoisy.
Appel au dialogue
Matthias Lecoq regrette la
virulence des réactions néga-
tives au vu de la modestie des
installations éphémères. Même
s’il reconnait un manque de
concertation et de subtilité dans
leur réalisation. Des défauts de
jeunesse qui pourraient être fa-
cilement améliorés, selon lui. «Il
faut de la qualité, pas juste po-
ser des potelets pour empêcher
les voitures de passer, les gens
doivent gagner quelque chose.
Certaines personnes vivent de
réelles souffrances, il faut les
écouter. Les solutions devront
être trouvées collectivement, à
travers le dialogue. Aux insti-
tutions de mettre tout le monde
autour de la table et place à la
délibération!» I
Course des radeaux organisée
par les milieux altermondialistes
genevois, avec des participant·es
venus aussi d’autres régions de
Suisse ou de France voisine.
ATS/KEYSTONE
 LE COURRIER
6 GENÈVE LUNDI 29 AOÛT 2022

Six participant·es à la «coïncidence cycliste» ont été blanchi·es vendredi par le Tribunal de police.
Les faits reprochés remontaient à l’édition de juillet 2020

Acquittements festifs pour la Critical

MAUDE JAQUET
Justice X Sortir du Palais de
justice fort·e de six acquitte-
ments à fêter, voilà une belle
manière d’entamer un der-
nier vendredi du mois pour
les adeptes de la Critical Mass!
La victoire acquise vendredi
dernier devant la justice s’est
ensuivie du départ du tradi-
tionnel cortège mensuel, dont
le rassemblement avait excep-
tionnellement été convoqué à
la place du Bourg-de-Four. Près
de 250 personnes y ont pris
part. Si le cortège s’est déroulé
sans interpellation, la police est
néanmoins intervenue sur les
coups de 21h après qu’une cin-
quantaine de participant·es se
soient engagé·es sur une entrée
d’autoroute. Une manœuvre
dangereuse qui n’a heureuse-
ment engendré aucun accident.
Peu de détails sur les faits
Plus tôt dans la journée, cinq
personnes – un excusé man-
quant à l’appel – occupaient le
banc des prévenu·es du Tribu-
nal de police pour s’expliquer
sur des faits survenus il y a deux
ans déjà, lors de la «coïncidence
cycliste» de la fin juillet 2020. A
l’exception de l’un d’entre eux, à
qui l’autorité reprochait un excès
de bruit sur la voie publique pour
avoir transporté un sound sys-
tem, toutes et tous avaient alors
été amendé·es pour entrave à la
circulation. «Avec mise en dan-
ger», précisent les ordonnances
pénales rendues par le service
des contraventions, auxquelles
les intéressé·es ont fait opposi-
tion. La police est intervenue
sur des cyclistes qui, à un mo-
ment ou un autre du cortège,
se sont retrouvé·es isolé·es du
corps de la manifestation. Il leur
est reproché de s’être arrêté·es
au milieu du trafic au risque
de créer des accidents avec les
automobilistes.
Interpellé·es par la juge
Alexandra Banna, trois des
prévenu·es choisissent de faire
valoir leur droit au silence. La
pioche est plus fructueuse avec
le et la dernière prévenue. Les
cyclistes assurent d’une même
voix avoir été arrêté·es alors
qu’il et elle roulaient à l’ar-
rière du cortège, contredisant
le rapport de la police qui leur
reproche d’avoir mis pied à terre
dans le trafic. «Il n’y avait pas
de voiture ni devant ni derrière
moi, à part un fourgon de po-
lice qui fermait la marche, sû-
rement depuis le début du ras-
semblement», précise l’un des
concerné·es. Un policier et deux
cyclistes ayant participé au cor-
tège en question sont appelé·es
à témoigner. Tout le monde bute
sur la difficulté à se rappeler
d’éléments précis remontant à
deux ans, dans une manifesta-
tion qui s’est depuis répétée une
vingtaine de fois.
Acquittement général
La défense dénonce une appli-
cation abusive de la loi sur la
circulation routière. «Si nous
sommes ici aujourd’hui, ce
n’est pas parce que Mauro Po-
ggia veut assurer la sécurité
routière, mais parce qu’il veut
limiter le droit de manifester»,
plaide Me Caroline Aubry. Le
magistrat n’a jamais caché
vouloir faire rentrer la ma-
Organisé
chaque der-
nier vendredi
du mois
depuis plus
de vingt ans
à Genève, le
rendez-vous
rassemble
plusieurs
générations
de cyclistes
sur des engins
roulants
non-motorisés
très divers.
KEYSTONE
nifestation dans les clous, en
intimant notamment aux par-
ticipant·es de désigner des or-
ganisateurs et organisatrices.
Sans quoi il assumait, dans nos
colonnes en octobre dernier1,
que «la police continuera[it] à
faire respecter la loi, qui est la
même pour tous». Pour l’avocat
Olivier Peter, la répression poli-
cière dont a fait l’objet la Critical
Mass porte atteinte au droit de
réunion pacifique, garanti par
la Convention européenne des
droits de l’homme (CEDH).
Le verdict de la juge tombe
dans la foulée. Alexandre Ban-
na estime qu’il n’y a pas eu, dans
le cas d’espèce, de restriction di-
recte de la liberté de réunion pa-
cifique. En revanche, elle recon-
naît que les personnes amendées
«se sont retrouvées légèrement
isolées, mais qu’elles ne créaient
pas plus de dérangement que
l’ensemble du cortège». La même
logique s’applique pour l’inculpé
à qui l’on reproche des nuisances
sonores. «L’impact sur la tran-
quillité était très faible», conclut
la juge. Pour toutes et tous, c’est
l’acquittement.
La victoire est dans la rue
«Ce jugement confirme que
la directive de Mauro Pog-
gia consistant à sanctionner
les participants de la Critical
Mass n’est pas conforme aux
droits fondamentaux», se ré-
jouit Olivier Peter à la sortie de
l’audience. «Mais la vraie vic-
toire, nous l’avons déjà obtenue
quand la police a lâché l’affaire
au printemps 2021», estime
pour sa part une acquittée. La
présence policière, depuis un
an, se ferait à nouveau beau-
coup plus discrète et la répres-
sion ne serait plus d’actualité.
La décision du Tribunal de
police pourrait faire l’objet d’un
recours, dans les dix jours, du
Ministère public. Un droit que
le parquet a notamment fait
valoir dans la procédure contre
DJ Mitch 2, pour laquelle une
nouvelle audience est prévue
en octobre. I
1
Notre édition du 25 octobre 2021
2
Notre édition du 14 avril 2022

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Steinmetz à nouveau face aux juges

Androcène Justice X Le procès en appel de Beny Steinmetz Les juges de première instance ont ainsi suivi la

Quel est le genre de l’Anthropocène ? s’ouvre aujourd’hui à Genève. Le roi des mines
franco-israélien de 66 ans a été condamné, en
janvier 2021, à cinq ans de prison pour corrup-
Conférence avec tion d’agents publics étrangers en Guinée et faux
dans les titres. Le milliardaire et ses deux acolytes
Ellen Hertz ont fait recours.
Après le Tribunal correctionnel, la Chambre
Professeure d’anthropologie, membre de la rédaction pénale d’appel et de révision aura huit jours pour
de la revue Nouvelles Questions Féministes se pencher sur une affaire qui concerne l’obten-
tion de droits dans la région du Simandou, en
Guinée, où se trouve un des plus importants gise-
ments inexploités de fer de la planète. L’instruc-
Modérée par tion a duré sept ans, et le dossier compte plus de
quatre millions de pièces.
Dominique Hartmann Résident à Genève au moment des faits, Beny
Steinmetz a été reconnu coupable d’avoir versé,
Responsable de la rubrique entre 2006 et 2012, 8,5 millions de dollars en
Egalité au quotidien Le Courrier pots-de-vin à la quatrième épouse du président
guinéen Lansana Conté. Selon la justice, l’objec-
Mardi 30 août 18h30 tif de son groupe minier – Beny Steinmetz Group
Resources (BSGR) – était d’obtenir les droits alors
thèse d’un «pacte corruptif» avancée par le Minis-
tère public. Un Français de 59 ans y a joué un rôle
clé en permettant à BSGR d’accéder au pouvoir
guinéen grâce à Mme Touré. Pour le Tribunal cor-
rectionnel, cet intermédiaire a trouvé les moyens
de faire parvenir les fonds à la veuve du président
en prenant soin de cacher leur provenance.
L’homme de terrain et ses deux associés ont
reçu 34,5 millions de dollars de rémunération
grâce au rachat de leur société-écran par une
société de BSGR. Il a été condamné à Genève à
3,5 ans de prison et à une créance compensatrice
de 5 millions de francs. Troisième protagoniste de
ce pacte, la directrice administrative à Genève de
sociétés de Beny Steinmetz a, elle, été condamnée
à deux ans de prison avec sursis et à une créance
compensatrice de 50 000 francs. Les juges ont
considéré que cette Belge de 52 ans a pris part au
montage complexe de structures destiné à brouil-
ler les pistes des paiements et cacher des noms. Les
trois prévenus comparaîtront libres.

Uni Mail détenus par le géant anglo-australien Rio Tinto.
Même si les versements à Mamadie Touré n’ont
Salle MR040 eu lieu qu’après la mort de Lansana Conté en
Genève 2008, les juges ont considéré que le président, ma-
lade, a cédé une partie des droits sur la base d’une
promesse. BSGR a dépensé 160 millions de dollars
pour deux concessions, puis il a vendu 51% de ses
actions au Brésilien Vale pour 2,5 milliards, dont
500 millions lui ont été versés.
Pour le tribunal, Beny Steinmetz a retiré un
«profit mirobolant» de cette vente, d’où sa condam-
nation à une créance compensatrice de 50 millions
de francs en faveur de l’Etat de Genève. Concernant
l’accusation de faux dans les titres, les juges ont
conclu que le milliardaire avait bel et bien simulé
la vente d’une société offshore détenant fictivement
des terrains en Roumanie, afin de faire transiter
une partie des fonds destinés à Mme Touré.
La défense plaidera à nouveau l’acquittement.
Elle a préparé le terrain médiatique avec la diffu-
sion, par une agence de communication, d’un do-
cument visant à «rétablir les faits». Les problèmes
de BSGR auraient pour origine son refus de céder
au «chantage d’Etat» d’Alpha Condé, président
guinéen de 2010 à 2021, qui lui réclamait des
millions pour pouvoir rester dans le pays.
Les soupçons de corruption auraient été
construits de toutes pièces avec le soutien de
George Soros, «un ennemi personnel de Beny
Steinmetz», et des ONG financées par le milliar-
daire américain. En 2014, la Guinée a retiré à
BSGR ses droits sur les mines considérant qu’ils
avaient été obtenus illégalement. Ces droits
sont aujourd’hui détenus par un consortium
sino-singapouro-guinéen.
ATS
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | LUNDI 29 AOÛT 2022
ENTREPRISES
CHÔMAGE PARTIEL EXIGÉ
Economiesuisse veut une pro-
cédure facilitée pour le chô-
mage partiel afin de faire face
à la crise énergétique, écrit le
SonntagsBlick. Certaines en-
treprises devront suspendre
leur production en raison de
la hausse des prix de l’éner-
gie, avertit la faîtière. ATS
SONDAGE
LE COVID FAIT MOINS PEUR
Les coûts de la santé, la pré-
voyance vieillesse et le chan-
gement climatique sont les
principales préoccupations
des Suisses, selon un son-
dage publié lundi. Sseuls
11% considèrent encore la
lutte contre le coronavirus
comme une priorité. ATS
Les pro-nucléaire sortent du bois avec un texte en faveur de nouvelles centrales. La droite est divisée
Une initiative pour relancer l’atome
TANIA BURI
Energie X Le débat sur le nu-
cléaire est de retour en Suisse.
Un comité d’élus de droite et
de représentants de l’économie
lance une initiative populaire
pour permettre à nouveau la
construction de centrales. Les
réactions des opposants ont fusé
de toutes parts hier.
Le texte de l’initiative sera
publié mardi dans la Feuille fé-
dérale officielle, a indiqué à l’ATS
Vanessa Meury, des Jeunes UDC
et présidente du Club énergie
Suisse, à l’origine du texte. Elle
revenait sur une information du
Matin Dimanche.
Intitulé «De l’électricité pour
tous en tout temps. Stop au
black-out», le texte veut inscrire
dans la Constitution que «toute
forme de production d’électri-
cité respectueuse du climat
est autorisée». Car depuis le
scrutin de 2017, la loi interdit
la construction de toutes nou-
velles centrales nucléaires.
Timing particulier
L e t i m i n g e s t p a r t ic u l ie r
puisque le Conseil fédéral va
lancer mercredi sa campagne
d’économie d’énergie, le tout
sur fond de guerre en Ukraine
et de pénurie d’électricité an-
noncée pour l’hiver. En Suisse
comme dans le reste du monde
– même le Japon pense à relan-
cer l’atome –, les pro-nucléaire
sortent du bois. Il y a un an,
l’UDC annonçait vouloir re-
lancer l’énergie atomique. En
février, le PLR adoptait une
résolution visant à ne pas lui
fermer la porte.
Jeudi dernier dans la presse,
l’ex-conseillère fédérale Do-
ris Leuthard a répondu à ses
détracteurs. En lançant un:
«Nous sommes un peuple intel-
ligent», elle justifie le bien-fon-
dé de la Stratégie énergétique
2050, qui mise sur les énergies
renouvelables.
Quand on lui annonce le lan-
cement de cette initiative, Roger
Nordmann (ps, VD) lâche dans
Le Matin Dimanche: «Elle n’a au-
cune chance.» Compte tenu des
délais, une nouvelle centrale
ne pourra pas sortir de terre
avant 2067. Il rappelle aussi
Congrès sous haute sécurité
Sionisme X Les festivités du
125e anniversaire du premier
Congrès sioniste, à l’origine de
la création de l’Etat d’Israël par
l’ONU en 1948, ont débuté hier
à Bâle. L’événement, placé sous
haute sécurité, a été accompa-
gné d’une contre-manifestation
dans l’après-midi.
Environ 300 personnes se
sont rassemblées vers 15 heures
à proximité de la gare CFF. Les
participants portaient le dra-
peau palestinien et certains des
maillots avec l’inscription «Boy-
cott Israël». Sur les banderoles,
on pouvait lire «Free Palestine».
Avant le départ du cortège,
une porte-parole a souligné à
plusieurs reprises qu’il n’y avait
pas de place pour l’antisémi-
tisme dans la manifestation:
«Nous sommes ici pour la libé-
Depuis 2017, la loi interdit la construction de toutes nouvelles centrales nucléaires. Leibstadt est la dernière en date (1984). KEYSTONE-ARCHIVES
COMMENTAIRE
Besoin de refroidissement, mais dans la tête!
Ironie du sort: pour annoncer
le lancement d’une initiative
populaire visant à relancer le
nucléaire en Suisse, le comité
composé de jeunes élus de
droite et de représentants de
l’économie n’est pas aidé par
l’actualité. Alors que son texte
doit être publié ce mardi,
les pires craintes subsistent
concernant la centrale
de Zaporijia, en Ukraine.
Prise par les troupes russes
début mars, la plus grande
centrale d’Europe vit toujours
sous la menace d’apprentis
sorciers. De fréquents bom-
bardements, dont Russes et
Ukrainiens s’accusent mutuel-
ration de la Palestine et contre
l’apartheid d’Israël». Le fait que
Bâle célèbre le Congrès sioniste
n’est pas acceptable, a-t-elle
ajouté.
Environ 1200  personnes
de confession juive en prove-
nance du monde entier parti-
cipent aux commémorations
du 125e anniversaire du pre-
mier Congrès sioniste à Bâle.
Le point culminant sera l’in-
tervention du président de
l’Etat d’Israël Isaac Herzog
lors du gala du jubilé au ca-
sino de Bâle ce lundi soir. Le
conseiller fédéral Guy Parme-
lin participera également au
gala. Les mesures de sécuri-
té sont importantes: jusqu’à
700 membres de l’armée sont
en effet engagés. ATS
lement, font courir à l’Europe
entière le risque d’une catas-
trophe majeure. Jamais
l’énergie nucléaire à usage
civil n’a fait autant l’objet de
chantage à des fins militaires.
Mais c’est avant tout chez
nous, en Suisse, que se joue
la question énergétique.
Comment éviter le risque
de pénurie de courant? Une
initiative pour relancer le nu-
cléaire, avec d’interminables
délais en perspective, n’est
certainement pas une solution
efficace à court ou moyen
terme. Des surfaces énormes
de toitures, de pergolas ou
de talus ne sont toujours pas
Appel pour des économies
d’électricité volontaires
Municipalités X De l’eau plus
froide dans les piscines cou-
vertes et moins d’étoiles allu-
mées pendant la période de
l’Avent: l’Union des villes suisses
a élaboré une liste de mesures
pour inciter les pouvoirs publics
à économiser volontairement
de l’électricité.
Les recommandations se-
ront définitivement adoptées
la semaine prochaine et com-
muniquées en détail, a déclaré
dimanche le directeur bernois
de la sécurité Reto Nause à
Keystone-ATS. Il a ainsi confir-
mé les informations de plusieurs
journaux dominicaux. L’orien-
tation est claire, a déclaré celui
qui préside la commission de po-
litique énergétique et climatique
équipées de panneaux
solaires.
Et puis il y a les éoliennes,
ces épouvantails géants, si
souvent montrés du doigt dans
nos campagnes par des adver-
saires qui n’ont pas encore
intégré la notion de crise éner-
gétique à leur vocabulaire.
Aujourd’hui, l’urgence nous
commande de faire les bons
choix pour ne pas devoir
s’éclairer à la bougie. Relan-
cer le nucléaire? Plutôt que de
construire de nouvelles tours
de refroidissement, c’est bien
de garder la tête froide dont
nous avons besoin.
BERTRAND FISCHER
de l’Union des villes suisses. Il
s’agit de mesures que les villes et
les communes peuvent mettre en
œuvre sur une base volontaire.
Le potentiel d’économie est
énorme, a-t-il expliqué dans
les colonnes de la SonntagsZei-
tung. Les villes pourraient par
exemple abaisser la tempé-
rature dans leurs immeubles
d’un ou deux degrés ou, à cer-
tains endroits, couper complè-
tement l’eau chaude. Selon lui,
il est également envisageable de
réduire ou même de renoncer
aux illuminations de Noël. Face
aux appels publics à l’économie
d’électricité, les rues décorées de
lumières enverraient un mau-
vais message, a-t-il dans la NZZ
am Sonntag. ATS
que la question lancinante des
déchets nucléaires n’a toujours
pas de solution. Sans oublier la
donne géopolitique, soulignant
que l’uranium «vient de Russie
ou d’autres régimes douteux»,
et qu’à l’instar de Zaporijjia en
Ukraine, «les centrales sont des
cibles de choix».
A l’inverse pour Bruno Pel-
laud, ancien président du Fo-
rum nucléaire suisse et membre
du comité d’initiative, mainte-
nir une diversité des sources
de production d’électricité (hy-
draulique, renouvelable, nu-
cléaire et même un peu de gaz
naturel) «est primordial». «Re-
noncer à l’atome à l’avenir se-
rait une erreur.» Il compte sur
les partis de droite pour corriger
le tir.
Débat au sein de la droite
Les membres du comité d’initia-
tive sont issus en majorité des
rangs des jeunesses des partis
SUISSE 7
Vols annulés
Espagne X La compagnie
EasyJet a annulé dimanche
quatre vols internationaux re-
liant l’Espagne à Genève et à
Londres, ont annoncé les syndi-
cats. Iberia Express, la filiale low
cost de la compagnie espagnole
Iberia, a de son côté annulé huit
vols intérieurs.
Les annulations des vols
d’Iberia Express interviennent
au démarrage d’une grève de
dix jours de son personnel de
cabine pour obtenir des aug-
mentations de salaires en pleine
période d’inflation.
A la mi-journée, huit vols
avaient été annulés concer-
nant environ 1500 passagers,
mais aucun retard enregistré,
a assuré dans un communiqué
le syndicat USO, à l’origine de la
mobilisation avec le SITCPLA.
ATS/AFP
UDC, PLR, du Centre et de la
Lega. Leurs grands frères ne
sont pas tous de leur avis, ont-
ils fait savoir hier.
«Renoncer
à l’atome
à l’avenir serait
une erreur»
Bruno Pellaud
Une alliance interpartis de
parlementaires rejette «fer-
mement» l’initiative sur le nu-
cléaire qui va être lancée. Des
conseillers nationaux PLR (Jac-
queline de Quattro), du Centre
(son président Gerhard Pfister),
du PS (Roger Nordmann), des
Verts (Bastien Girod) et des
Vert’libéraux (Jürg Grossen) dé-
fendent la Stratégie énergétique
2050, adoptée il y a cinq ans par
les électeurs.
La peur d’une pénurie
Avec son initiative, le lobby
nucléaire veut, sous le couvert
de la sécurité d’approvisionne-
ment, aider de nouvelles cen-
trales nucléaires à percer, ex-
plique l’organisation faîtière de
l’économie des énergies renou-
velables et de l’efficacité énergé-
tique (aee suisse).
L’alliance Sortir du nucléaire,
présidée par l’ancien conseiller
national Christian van Sin-
ger (verts, VD), s’insurge aus-
si contre ce texte qui attise la
peur d’une éventuelle pénurie
d’électricité. L’Association trina-
tionale de protection nucléaire
(ATPN) dénonce, elle, un projet
qui ne tient pas compte de la pro-
tection de la population suisse et
des pays limitrophes. ATS
 LE COURRIER
8 INTERNATIONAL LA LIBERTÉ | LUNDI 29 AOÛT 2022

Après cinq mois de trêve, le bruit des armes se fait à nouveau entendre dans le nord de l’Ethiopie

Une guerre à huis clos au Tigré

négociations. Entamées en juin,
TIGRÉ elles sont restées au point mort.
Le président Abiy Ahmed,
ÉRYTHRÉE premier ministre en 2018 avec
ASMARA la bénédiction des anciens
maîtres du pays, le TPLF, avant
SOUDAN de se retourner contre ses men-
tors, exige des discussions «sans
Mekele
préalable», menées par l’Union
africaine (UA), l’organisation
continentale dont le siège se
LIB/FC

ÉTHIOPIE trouve justement dans la capi-

ADDIS-ABEBA
MARIA MALAGARDIS
Ethiopie X A quoi ressemble
désormais la longue guerre ci-
vile qui ensanglante l’Ethiopie
depuis près de deux ans? Loin
des regards et des caméras, elle
vient en tout cas de reprendre,
après cinq mois de trêve pré-
caire, suscitant immédiatement
les inquiétudes de l’ONU, de la
France, des Etats-Unis, qui,
tous, ont appelé jeudi à une «dé-
sescalade» pour éviter de nou-
veaux massacres, déplacements
massifs de populations, mais
aussi famines ou destructions.
Les mêmes maux qui, depuis
novembre 2020, ont déjà ravagé
la partie septentrionale de cet
immense pays, le deuxième le
plus peuplé d’Afrique avec
100 millions d’habitants.
Négociations au point mort
Des combats qui auraient repris
depuis mercredi dernier à l’ex-
trême sud-est de la région du
Tigré, le monde extérieur ne re-
çoit pourtant aucune image. Et
n’en a, dans l’immédiat, aucun
témoignage direct. Le conflit
fratricide entre le pouvoir fédé-
ral à Addis Abeba et la province
du Tigré reste une guerre à huis
clos, dans une région coupée
d’internet et dont l’accès est, de-
puis le début des hostilités, ren-
Un convoi du Programme alimentaire mondial en route vers le Tigré en juin dernier: l’aide humanitaire a beaucoup de mal à parvenir dans la région
rebelle en raison d’un blocus de l’armée éthiopienne. KEYSTONE
du compliqué pour les acteurs
humanitaires comme pour les
journalistes étrangers.
Restent les déclarations res-
pectives des protagonistes du
conflit, qui se renvoient la balle
quant à la responsabilité de la
reprise des combats après la
trêve humanitaire décrétée le
24 mars. Les forces du Front de
libération du peuple du Tigré
(TPLF), qui contrôlent à nou-
veau toute la province rebelle,
ont accusé les forces fédérales
d’avoir lancé mercredi à l’aube
une «offensive à grande échelle»
depuis les régions voisines
d’Amhara et d’Afar. De son côté,
Addis Abeba affirme avoir dû
abattre mercredi un avion
transportant des armes pour le
Tigré depuis le Soudan voisin,
ce que le TPLF dément. Qui dit
la vérité? La guerre est invisible,
Les risques les risques d’une nouvelle catas-
trophe humanitaire n’en sont
d’une nouvelle pas moins bien réels.
catastrophe Avant même la reprise des
combats, le directeur général de
humanitaire l’Organisation mondiale de la
n’en sont pas santé, Tedros Adhanom Ghe-
breyesus, lui-même Tigréen et
moins bien réels plusieurs fois ministre quand
le TPLF était encore au pouvoir
à Addis Abeba entre 1991 et
2018, a alerté le 17 août sur «la
pi re crise huma nitai re au
monde», celle en cours dans sa
province natale. Se demandant
ouvertement, et avec une cer-
taine émotion, si «la couleur de
la peau» expliquait l’attention
moindre qu’elle suscitait par
rapport à l’Ukraine. Car malgré
la trêve, le Tigré restait soumis
à un blocus de facto, les autori-
tés fédérales se méfiant des ONG
et des agences onusiennes char-
gées d’approvisionner une ré-
gion coupée du monde.
Consciente des énormes
risques régionaux que fait cou-
rir ce conflit pour toute la corne
de l’Afrique, la communauté
internationale n’a pourtant pas
ménagé ses efforts pour amener
les frères ennemis à la table des
tale éthiopienne. Mais le TPLF
rejette la médiation de l’ancien
président nigérian, Olusegun
Obasandjo, désigné par l’UA,
l’estimant trop partial. Et de-
mande le rétablissement des
communications et des services
bancaires au Tigré avant toute
négociation. On en était là quand
soudain, la hache de guerre a été
à nouveau déterrée mercredi.
Des chiffres vertigineux
Sur fond de rivalités entre les
anciens dirigeants du pays, le
TPLF, et le nouveau maître
d’Addis Abeba, Abiy Ahmed,
nommé en 2018 puis élu en
2021 lors d’un scrutin qui ne
s’est pas déroulé au Tigré, déjà
en guerre, c’est l’identité même
de la nation éthiopienne, millé-
naire mais multiethnique, qui
est en jeu. Pouvoir fédéral, ou
unitaire comme au temps de
l’empire? L’Ethiopie a, il est
vrai, déjà survécu a de multi-
ples crises et autant de mas-
sacres, famines, destructions,
qui ont émaillé son histoire
contemporaine.
A combien s’élève le nombre
des victimes du conflit en cours,
dans un pays habitué aux
chiffres macabres les plus verti-
gineux? Depuis fin 2020, des
informations sur les massacres
et les viols massifs perpétrés au
Tigré ont fini par filtrer. Plus ré-
cemment encore, deux repor-
tages, dont l’un sera diffusé sur
Arte le 3 septembre, offrent des
scènes saisissantes, et si rares, de
la réalité vécue sur le terrain.
© LIBÉRATION

Plus de mille morts dans les pluies de mousson

Pakistan X Le sud du Pakistan, par-
ticulièrement touché par les inonda-
tions, se préparait dimanche à un nou-
veau déluge provoqué par les crues des
rivières. Le bilan humain s’élevait déjà
à plus de 1000 morts dans l’ensemble
du pays.
Alimenté par des dizaines de rivières
et de ruisseaux de montagne sortis de
leur lit à la suite de pluies record et de
la fonte des glaciers, l’Indus, fleuve qui
traverse la province du Sindh dans le
sud du pays, ne cesse de grossir. Les
vannes ont été ouvertes pour faire face
à un débit de plus de 600 000 m3 par se-
conde, a indiqué le responsable de l’im-
portant barrage qui régule le débit du
fleuve, près de la ville de Sukkur, dans
la province du Sindh. Près de 500 000
habitants vivent dans cette ville.
«L’Indus est en pleine crue», a précisé
le responsable de l’imposant barrage
datant de l’époque coloniale, chargé
de réguler le débit du fleuve et de re-
diriger l’eau vers un vaste système de
canaux. Les autorités ont prévenu que
des torrents d’eau devraient atteindre
la province du Sindh dans les pro-
chains jours, aggravant les difficultés
million de maisons ont été détruites
ou gravement endommagées, selon le
gouvernement.
Dans la province du Sindh, des di-
zaines de milliers d’habitants des zones
rurales ont trouvé refuge sur les routes
surélevées et les lignes de chemin de
fer. Près de Sukkur, des tentes ont été
dressées sur deux kilomètres pour ac-
cueillir les sinistrés qui continuaient
d’arriver en bateau, chargés de lits en
bois et de vaisselle, seuls biens qu’ils
ont pu sauver.
Dans le nord du Pakistan, des milliers
de personnes vivant près de rivières en
crue ont reçu l’ordre samedi d’évacuer
leurs habitations. Des hélicoptères et
A Charsadda, comme dans tout le pays, de nombreuses rivières sont sorties de leur lit. des sauveteurs continuaient toute-
KEYSTONE fois dimanche de mettre à l’abri les
retardataires. Dans cette région, des-
tination touristique populaire pour
de millions de personnes déjà touchées Selon le dernier bilan de l’Autorité ses montagnes accidentées, de nom-
par les inondations. nationale de gestion des catastrophes breuses rivières sont sorties de leur lit,
Les responsables pakistanais attri- publié dimanche, 1033 personnes ont démolissant sur leur passage des di-
buent ces intempéries dévastatrices au été tuées par les pluies torrentielles, zaines de bâtiments, dont un hôtel de
changement climatique. Ils affirment dont 119 ces dernières 24 heures. 150 chambres qui s’est effondré dans
que le Pakistan subit les conséquences Plus de 33 millions de personnes, soit un torrent déchaîné.
de pratiques environnementales irres- un Pakistanais sur sept, ont été tou- Ces intempéries sont comparables
ponsables ailleurs dans le monde. chées par ces intempéries et près d’un à celles de 2010, année au cours de
laquelle 2000 personnes avaient été
tuées et près d’un cinquième du pays
submergé par les pluies de mousson qui
interviennent chaque année entre juin
et septembre, selon les autorités. Ven-
dredi, le gouvernement a déclaré l’état
d’urgence et mobilisé l’armée pour
faire face à cette «catastrophe d’une
rare ampleur», selon les termes de la
ministre du Changement climatique,
Sherry Rehman.
Le pays est particulièrement vul-
nérable au dérèglement climatique. Il
figure en huitième position des pays
les plus menacés par les phénomènes
météorologiques extrêmes, selon une
étude de l’ONG Germanwatch. Pour-
tant, les habitants ont aussi leur part
de responsabilité. La corruption et des
programmes d’urbanisme mal éta-
blis ont conduit à la construction de
milliers de bâtiments dans des zones
inondables.
Ces inondations surviennent au pire
moment pour le Pakistan, dont l’écono-
mie s’effondre et qui connaît une pro-
fonde crise politique depuis l’éviction
du Premier ministre Imran Khan en
avril, à la suite d’une motion de cen-
sure à l’Assemblée nationale. ATS/AFP
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | LUNDI 29 AOÛT 2022
Médecin agressé à Mulhouse
France X SOS Médécins sus-
pend ses visites après l’agres-
sion d’un de ses praticiens.
L’antenne de SOS Médecins à
Mulhouse (Haut-Rhin) a in-
terrompu toutes ses visites à
domicile jusqu’à ce matin. L’un
de ses praticiens s’est fait tirer
dessus par le conjoint d’une
patiente à laquelle il rendait
visite samedi.
«Nous exerçons notre droit
de retrait et nous n’effectue-
rons plus de visite à domicile
jusqu’à lundi 8 heures, en so-
lidarité avec notre collègue», a
expliqué Frédéric Tryniszews-
FRANCE
UN FOYER DE GRIPPE AVIAIRE
Plus de 10 600 canards ont été
abattus après qu’un foyer de
grippe aviaire a été déclaré dans
un élevage de l’Ain, a annoncé
hier la préfecture de l’Ain. Des
mortalités anormales avaient
été détectées parmi les canards
de l’élevage. ATS
A Gaza, des frères produisent du diesel bon marché sur un chaudron artisanal. Mais gare aux émanations
Ils font du carburant avec du plastique
Moyen-Orient X A Gaza, le
prix de l’essence est l’un des
plus élevés du Moyen-Orient
et la population l’une des plus
pauvres. Pour remédier à cette
crise, Mahmoud al-Kafarneh et
ses frères ont eu une idée: faire
brûler des bouteilles de plastique
pour en extraire du carburant.
Une solution économique et
pratique, comme il y en a beau-
coup dans l’enclave sous strict
blocus israélien depuis 15 ans,
mais qui représente aussi une
potentielle «catastrophe» en-
vironnementale et sanitaire,
s’alarment les spécialistes.
Une cuve d’une tonne
Sur un terrain poussiéreux de
Jabalia, dans le nord frontalier
d’Israël, Mahmoud allume des
bûches sous une cuve métal-
lique remplie d’une tonne de
plastique afin de distiller le pé-
trole qui le compose.
La cuve – recouverte de boue
pour conserver la chaleur – est
reliée à un tuyau faisant passer
ces émanations dans un réser-
voir d’eau qui condense la va-
peur et la refroidit pour obtenir
un carburant «Made in Gaza»,
non sans causer des fumées noi-
râtres et toxiques.
«Nous avons commencé nos
expérimentations en 2018. Nous
cherchions sur internet. Nous
avons fait beaucoup d’essais et
d’erreurs et, après huit mois de
tests, nous avons réussi à ex-
traire notre premier carburant»,
explique Mahmoud, 25 ans.
Chaque cuvée produit près de
1000 litres de carburant, dit-il.
Mais entre chaque opération,
son équipe doit attendre huit
heures pour que le réservoir se
refroidisse puis soit nettoyé. Le
plastique y fond à plus de 200 de-
grés, selon Mahmoud.
«Notre méthode est vrai-
ment rudimentaire avec uni-
ki, président de SOS Médecins
68. Un de ses confrères in-
tervenait dans le centre-ville
de Mulhouse pour une visite
à domicile, samedi en début
d’après-midi, chez une patiente
lorsqu’«il a été pris à partie par
son conjoint qui lui reprochait
son délai d’intervention», selon
le récit du président de SOS Mé-
decins 68.
L’homme, âgé de 32 ans, a
menacé de mort le médecin, lui
intimant de «dégager». «Il est
ensuite allé chercher un fusil à
pompe qu’il a braqué devant le
médecin, en réitérant ses me-
naces de mort».
LIBYE
DES COMBATS MEURTRIERS
Les combats qui ont opposé des
milices de vendredi à samedi
soir à Tripoli, sur fond de chaos
politique avec deux gouverne-
ments rivaux, ont fait 32 morts
et 159 blessés, a annoncé hier
le Ministère de la santé, selon
un nouveau bilan. ATS
A Jabalia, les frères al-Kafarneh font fondre des tonnes de plastique dans un chaudron géant pour en retirer un fioul deux fois moins cher. AFP
quement des équipements lo-
caux. L’extraction dure de 12
à 14 heures», affirme-t-il. Cer-
tains employés portent gants et
masques et d’autres non. «Il n’y
a pas de risques et cette zone,
industrielle, n’est pas habitée»,
soutient Mahmoud.
Mais Ahmed Hillis, directeur
de l’Institut national pour l’en-
vironnement et le développe-
ment à Gaza, s’alarme lui d’un
phénomène «catastrophique»
car dépourvu de tout contrôle.
«La méthode utilisée est rudi-
mentaire et nuit beaucoup aux
Effrayé, le jeune praticien de
30 ans a décidé de quitter les
lieux. «Après s’être retourné,
il s’est fait tirer dessus à deux
reprises sur la cuisse droite,
ressentant une violente dou-
leur», a décrit le président de
SOS Médecins 68.
Le généraliste a alors appelé
la police qui a rapidement in-
terpellé le tireur et saisi l’arme,
«un fusil à billes, réplique très
fidèle d’un fusil à pompe», tou-
jours selon le Dr Tryniszewski.
Son confrère, a-t-il indiqué,
«est particulièrement choqué»
et présente «des hématomes».
ATS/AFP
KOWEÏT
DES ÉLECTIONS BIENTÔT
Le gouvernement koweïtien
a convoqué des élections légis-
latives le 29 septembre, selon
un décret publié hier au journal
officiel. Le Parlement dans
ce pays, plongé dans une inter-
minable crise politique, a été
dissous il y a deux mois. ATS
Chaque cuvée
produit près
de 1000 litres
de carburant
Pompier pyromane
France X Un ét ud ia nt de
19 ans, pompier volontaire en
Gironde, a été mis en examen
et écroué hier pour «destruc-
tion par incendies», a indiqué
la procureure de la République
de Bordeaux dans un commu-
niqué. Il est soupçonné d’une
trentaine de départs de feu dans
le Médoc.
Arrêté vendredi matin, ce
jeune homme originaire de
Lesparre-en-Médoc (Gironde)
et pompier volontaire à Soulac-
sur-mer a reconnu «pour partie»
son implication durant sa garde
à vue. La justice lui reproche
d’être à l’origine de 31 incendies
cet été. ATS/AFP
CHINE
LE RETOUR DU CHÔMAGE
«C’est vraiment la galère»:
avec le ralentissement écono-
mique en Chine, des dizaines
de millions de jeunes peinent
à trouver un travail et se livrent
à une concurrence féroce pour
un nombre d’emplois toujours
plus restreint. ATS
travailleurs», explique-t-il, no-
tamment en raison de l’inha-
lation de gaz toxiques. Et le ré-
servoir, rouillé, est «une bombe
à retardement car il peut finir
par exploser» sous la chaleur,
ajoute-t-il.
Mais à Gaza, microterritoire
peuplé de 2,3 millions de Pales-
tiniens, l’enjeu sanitaire se fait
doubler par la réalité écono-
mique. Contrôlée par les isla-
mistes du Hamas depuis 2007,
la bande de Gaza a une écono-
mie exsangue. Le taux de chô-
mage avoisine 50% et le salaire
INTERNATIONAL
Remplissage en bonne voie
Gaz en Allemagne X Les ré-
serves de gaz se remplissent
«plus vite que prévu» en Al-
lemagne, malgré les baisses
d ra s t ique s de s l iv ra i s on s
russes, s’est félicité hier le gou-
vernement. Ce dernier s’attend
à remplir son objectif d’octobre
dès septembre.
«Malgré les circonstances
difficiles (…) les réservoirs se
remplissent plus vite que pré-
vu», a déclaré le ministre de
l’Économie et du Climat Robert
Habeck. L’objectif de stockage
fixé par le gouvernement pour
octobre, à 85%, «devrait être
atteint dès le début du mois de
septembre», a détaillé son mi-
PAYS-BAS
UN CAMION FOU FAIT 6 MORTS
Six personnes ont été tuées et
sept blessées, fauchées par un
camion samedi, alors qu’elles
participaient à une grillade
en plein air, près de Rotterdam.
Selon des témoins, le camion
s’était arrêté un instant avant
de foncer sur le groupe. ATS
horaire moyen avoisine les deux
euros.
«Moitié prix»
Quand le litre de fioul ache-
miné depuis Israël est passé
autour de 2,45 euros dans le
sillage de la guerre en Ukraine,
la situation est devenue diffi-
cilement tenable. Résultat: le
carburant artisanal de Mah-
moud a fait tourner bien des
têtes. Sur le port de Gaza, Abd
al-Muti al-Habil, 23 ans, l’uti-
lise pour remplir le réservoir de
son bateau.
9
nistère. Les réserves de gaz se
situent actuellement à 82% de
leur capacité, a-t-il ajouté.
Mi-août, encore, l’Agence
des réseaux, le régulateur de
l’énergie, se montrait scep-
tique sur la capacité du pays
à atteindre ces objectifs. Mais
«les mesures de précaution»
– notamment d’économies
d’énergie – prises par Berlin ces
dernières semaines, et «l’achat
massif de gaz» auprès d’autres
fournisseurs, ont permis des
«avancées significatives», selon
le gouvernement. L’Allemagne
est fortement dépendante du
gaz russe et a vu ses livraisons
chuter fortement. ATS/AFP
FRONTIÈRES
LA TURQUIE ACCUSE LA GRÈCE
La Turquie a affirmé hier que
des avions turcs en mission
dans la mer Egée et en Méditer-
ranée orientale avaient été
visés par le système de défense
aérienne S-300 de la Grèce.
Elle a dénoncé une «action
hostile». ATS
«Il coûte la moitié du prix de
son équivalent israélien. Il n’a
aucun défaut, il est de même
qualité, n’affecte pas le moteur
et a même un rendement élevé»,
dit-il à l’AFP. Chaque nuit ou
presque, les pêcheurs partent
pour des heures en Méditerra-
née à bord de rafiots tractés par
des moteurs.
«Nous avons besoin d’environ
900 litres de fioul par jour et je
ne peux pas compter sur le car-
burant venu d’Israël car il coûte
trop cher. Malheureusement, les
quantités (de carburant artisa-
nal) livrées ne suffisent pas. Je
ne reçois que 500 litres tous les
deux jours», explique-t-il.
Glaneurs de plastique
Bercée par la Méditerranée
mais sans capacités suffisantes
de dessalinisation, Gaza est le
royaume des bouteilles d’eau
en plastique. Dans un garage
de l’est de la ville de Gaza, des
hommes trient des piles de
plastique de plusieurs mètres
de haut, glanées dans les rues
avant d’être transformées par
Mahmoud Al-Kafarneh.
«Nous achetons le plastique,
le trions et le broyons dans une
machine pour le rendre doux
comme des grains de riz. Puis
nous l’emballons dans des sacs
et le revendons», détaille l’un
d’eux, Imad Hamed.
Mais cette machine a aus-
si besoin d’énergie. Or à Gaza,
l’unique centrale ne suffit pas
pour répondre à la demande et
les pannes d’électricité s’étirent
sur 11 heures par jour.
«On s’arrête quand le cou-
rant coupe. On doit travailler la
nuit parfois, s’il y a de l’électrici-
té», soupire-t-il. Et pour alimen-
ter en fioul la centrale de Gaza,
le petit atelier de Mahmoud et
de ses frères ne suffit définitive-
ment pas. ATS/AFP
 LE COURRIER
10 LECTEURS LUNDI 29 AOÛT 2022

IMPENSABLE!
Réforme X Jean-Jacques Maillard est
interloqué par les résultats d’un sondage
qui concerne les prochaines votations.
Le résultat du récent sondage SSR au
sujet de la réforme AVS 21 m’a laissé
sans voix. Tout simplement impen-
sable! Ainsi, après plus de trente ans
de dénigrement et d’attaques menson-
gères contre notre principal pilier de
prévoyance sociale, la droite réussi-
rait-elle son coup grâce à l’aveuglement
d’une gauche suisse allemande en perte
de repères? Je n’ose pas y croire.
Et cette droite, qui depuis 30 ans ré-
pète qu’il faut sauver une AVS qui court
à sa perte, mais qui n’a pour seul pro-
gramme que le relèvement de l’âge de
la retraite, que fait-elle? Rien, tout sim-
plement rien depuis près de cinquante
ans. En effet, la dernière augmentation
de la cotisation AVS date du… 1er juil-
let 1975. C’est volontairement que je
passe sous silence l’augmentation de
0,3%, intervenue le 1er janvier 2020. A
mon sens, celle-ci ne servait qu’à faire
passer un cadeau fiscal aux grandes en-
treprises dans le cadre de la RFFA.
Nos anciens dirigeants étaient-ils
plus ouverts, avaient-ils une meilleure
fibre sociale ou la gauche était-elle
plus incisive? Toujours est-il que, du
1er 1969 au 1er juillet 1975, le taux des
cotisations AVS est passé de 4 à 8.4%.
Et l’AVS a tenu le coup. Ses finances se
sont améliorées et ses prestations aussi.
Tout le monde en a profité. Et ceci grâce
à un système éminemment social qui
veut que chacun paie en fonction de ses
revenus, mais que tout le monde touche
la même chose. Un système de redistri-
bution exemplaire qui se porte bien.
Depuis lors, non seulement la droite
au pouvoir n’a rien fait pour continuer
à améliorer le financement de l’AVS,
mais a trouvé le moyen d’en dénaturer
le système trop social à son goût. En no-
vembre1993, le peuple devait voter au
sujet de l’introduction de la TVA qui est
un impôt à la consommation, le même
impôt pour tous. Comme il paraissait
difficile de faire passer cet impôt antiso-
cial, le Conseil fédéral y a adjoint un ar-
rêté, lié au vote sur la TVA, prévoyant le
relèvement d’un point de TVA en faveur
du financement de l’AVS. Cette manière
de faire avaler la pilule a bien entendu
contribué au succès de la votation. La
TVA est entrée en force en janvier 1995.
Le pourcent au bénéfice de l’AVS, lui, est
intervenu le 1er janvier 1999. 1
Il semble bien que la gauche n’ait pas
vu entrer le loup dans la bergerie. En
effet, d’un coup, le financement de l’AVS
devenait possible par un autre moyen
que la cotisation en fonction du reve-
nu. Vous voyez la différence? Jusqu’en
1999, l’AVS était avant tout alimentée
par des cotisations proportionnelles
aux revenus. A partir de ce moment-là,
le côté social de la cotisation peut dis-
paraître et tout le monde finance l’AVS
au même tarif par l’impôt qu’est la TVA.
D’ailleurs, c’est comme ça aussi dans le
projet AVS 21. Pas question d’une aug-
mentation des cotisations. On a pour-
tant pu constater depuis 2020 qu’une
augmentation de seulement 0,3% pro-
duisait aujourd’hui un montant non
négligeable de 1,2 milliards par année.
Pour le moment, avec son pro-
gramme idéologique «gagner plus et
payer moins», il semble bien que la
droite réussisse son coup: payer moins
pour faire payer plus à ceux qui sont les
plus nombreux et les moins bien lotis.
Mais les victimes seront avant tout
les femmes dont les revenus sont déjà
moindres et qui vont payer la réforme
par une année de travail en plus, sous le
prétexte de l’égalité hommes-femmes…
Si les résultats du sondage devaient
se confirmer dans les urnes, c’est qu’il
y a vraiment quelque chose de pourri
dans notre société.
JEAN-JACQUES MAILLARD,
Genève
1
Par un tour de passe-passe, la Confédération a
viré dans ses caisses pendant 20 ans 17% des
revenus de ce 1% dédié entièrement à l’AVS et ceci
pour payer sa propre contribution à l’AVS. Environ
Fr. 500’000.- par année. On a appelé ce revenu le
«pourcent démographique». Ce ½ milliard annuel
a été restitué à l’AVS le 1er janvier 2020 pour faire
passer la RFFA.
NÉGOCIATION OU
ANÉANTISSEMENT?
Diplomatie X Alison Katz estime que
la voie de la négociation a été étouffée
dans le cadre du conflit entre la Russie et
l’Ukraine.
Toute opposition à l’envoi d’armes en
Ukraine a été vilipendée et toute sug-
gestion de la possibilité de négocier
avec la Russie a été étouffée. On a réus-
si à faire taire toute voix dissidente et
rendre «outrageuse» l’idée même de
la diplomatie pour la paix. Pourtant
des bases solides pour la négocia-
tion existent et ont existé depuis très
longtemps.
Le 17 décembre 2021, par exemple, le
Ministère russe des affaires étrangères
a soumis deux documents (un Traité et
des Accords1) aux Etats Unis et aux Etats
membres de l’OTAN, respectivement.
Les textes ont été qualifiés immédia-
tement d’inacceptables, provocateurs
malettre@lecourrier.ch
et outrageux par la plupart des chefs
d’États occidentaux. Qui, parmi le pu-
blic, les a lus point par point?2
Le contenu de ces textes a reçu
peu d’attention dans les médias, mais
était résumé à peu près correctement
comme suit: cesser l’expansion de
l’OTAN vers l’Est et accorder le statut
de neutralité à l’Ukraine.
Des citoyen·nes possédant un mini-
mum de connaissance sur les développe-
ments en Europe de l’Est depuis la chute
de l’URSS auraient pu se demander en
quoi ces propositions étaient outra-
geuses. Après lecture (chaque texte fait
trois pages), ils/elles partageraient très
certainement la conclusion du Ministre
chinois des affaires étrangères, Wang Yi,
que «les préoccupations raisonnables de
la Russie en matière de sécurité doivent
être prises au sérieux et recevoir une so-
lution». Oui, il faut une structure paneu-
ropéenne de sécurité, comme proposée
maintes fois depuis la chute de l’URSS
par des diplomates, des intellectuels et
des commentateurs de toute nationalité:
russe, américaine, française, allemande,
tchèque et j’en passe.
Le Monde Diplomatique vient de pu-
blier dans la série «Manière de voir»
un sujet intitulé «L’OTAN: Jusqu’où?
Jusqu’à quand?» Il s’agit d’une lecture
indispensable vu la folle escalade des
hostilités, la volonté des Etats Unis de
détruire la Russie jusqu’au dernier
Ukrainien et la menace très réelle de
guerre nucléaire.
Six mois de guerre se sont déjà
écoulés, avec des dizaines de milliers
de morts et de mutilé·es, ainsi que des
vies dévastées. Pour rien. En effet, les
rumeurs commencent à courir comme
quoi il faut peut-être que l’Ukraine né-
gocie, en commençant par exemple par
la proposition de cesser l’expansion de
l’OTAN vers l’Est et s’accorder le statut
de neutralité.
Citoyen·nes, exigeons tout de suite
des négociations afin d’arrêter ce car-
nage qui n’avait pas lieu d’être. Capitu-
lation? Perdre la face? Des concepts de
belliqueux. Il s’agit de diplomatie pour
la paix, appuyée par des informations
indépendantes, accessibles à tout·e
citoyen·ne.
ALISON KATZ,
Genève
1
https://mid.ru/ru/foreign_policy/rso/na-
to/1790803/?lang=en
https://augengeradeaus.net/wp-con-tent/
uploads/2021/12/20211217_Draft_Russia_
NATO_security_guarantees.pdf
2
Selon la Mission russe auprès des Nations Unies,
une traduction fran-çaise n’a pas été préparée.
RÈGLES
Les lettres de lecteurs et lectrices
doivent répondre à certaines règles
afin de garantir une qualité de la
rubrique ainsi qu’une diffusion
régulière des points de vue sans un
trop grand délai d’attente.
Nous ne publierons pas de propos qui
pourraient tomber sous le coup de la loi.
Les textes de nos lecteurs·trices ne
doivent pas dépasser une page A4
(soit 2500 signes, espaces compris).
Nous nous réservons le droit de
réduire les lettres trop longues.
Les auteur·es sont prié·es d’indiquer
leurs coordonnées complètes et, si
cela se justifie, en quelle qualité
ils·elles écrivent.
Avec nos remerciements
La rédaction

TÉLÉVISION

RTS 1 RTS 2 TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 ARTE M6

6.05 RTS Kids
9.35 Quel temps fait-il ? 8
9.40 Monk 8
11.05 Les feux de l’amour 8
11.45 Top Models 8
12.10 Demain
nous appartient 8
12.45 Le 12h45 8
13.20 Une menace
sans visage 8
Film TV. Thriller.
15.00 Les Goldberg 8
15.20 Hudson & Rex 8
16.05 Les enquêtes de Vera 8
Série. Sortie de route.
17.40 Mission apprentis
17.50 Plus belle la vie 8
18.20 C’est ma question ! 8
18.50 Météo régionale
18.55 Couleurs locales 8
19.30 19h30 8
20.10 Big Boss 8
10.00 36,9° 8 6.25 Tfou 8 5.35 Un si grand soleil 8 6.00 Okoo 8 9.25 Pérou, une laine qui vaut 6.00 M6 Music
10.53 Helveticus 8 Jeunesse. 6.00 Le 6h00 info Jeunesse. de l’or 8 Clips.
10.55 RTS info 8.30 Téléshopping 8 6.30 Télématin 8 8.20 Okoo vacances 8 10.20 Les derniers pêcheurs de 6.55 M6 Kid
11.15 Sport dimanche 8 Magazine. 9.30 La maison des Jeunesse. crevettes de Louisiane 8 Jeunesse.
12.10 Couleurs locales 8 9.25 Familles nombreuses : maternelles 10.55 Ça roule en cuisine 8 11.15 Las Fallas de Valencia, 8.50 M6 boutique
12.25 Bon débarras ! 8 la vie en XXL 8 10.20 Amour, gloire et beauté 8 11.35 Outremer.l’info 8 l’insolence à l’honneur 8 Magazine.
13.10 Le 12h45 8 Téléréalité. 10.45 Tout le monde a son mot Magazine. 12.05 Le mystère 10.05 Ça peut vous arriver
13.40 RTS info 8 11.00 Les feux de l’amour 8 à dire 8 11.50 12/13 8 des tourbières 8 Magazine.
13.55 Mise au point 8 11.50 Les 12 coups de midi 8 11.20 Chacun son tour 12.55 Météo à la carte 8 13.00 Arte Regards 11.35 Ça peut vous arriver chez
14.40 RTS info 8 13.00 Le 13h 8 11.55 Tout le monde veut 14.05 Un cas pour deux 8 13.35 Chaussure à son pied vous
16.05 Nos amis sauvages 8 13.55 La briseuse de mariage 8 prendre sa place 8 16.15 Duels en familles : Film. Comédie. 12.45 Le 12.45
16.30 RTS info 8 Film TV. Thriller. EU. 2022. 13.00 13 heures le match des régions 8 15.40 Curiosités animales 8 13.40 Scènes de ménages
17.25 Ramdam 8 Réalisation : Sarah Cayce. 13.45 La p’tite librairie 8 16.50 La p’tite librairie 8 16.00 Survivre aux 14.00 Un jour, un doc
OU 17.30 Tennis 1h23. Avec Erinn Fredin. 13.55 Ça commence 17.00 Slam 8 catastrophes : les 16.20 Les reines du shopping
US Open. En direct. 15.40 Un sourire assassin 8 aujourd’hui 8 17.45 Questions pour un stratégies de la nature 8 Jeu. Spéciale qui peut battre
18.00 Forum 8 Film TV. Thriller. 16.10 Affaire conclue champion 8 16.55 Patagonie, terre de Cristina Cordula ? Look de
19.05 RTS info 17.30 Familles nombreuses : 18.00 Tout le monde a son mot 18.30 Le 18h30 l’extrême 8 soirée chic : Oriane.
19.30 Le 19h30 signé 8 la vie en XXL 8 à dire 8 20.00 Saveurs de saison 8 17.40 Invitation au voyage 8 À Bordeaux - Look d’été fleuri
20.08 Résultats du Magic 3, 18.30 Ici tout commence 8 18.35 N’oubliez pas Magazine. 18.55 Le courant marin de (1/5).
Magic 4 et Banco 19.10 Demain nous les paroles ! 8 20.20 Plus belle la vie 8 Humboldt 18.40 Le combat des régions
20.15 Afrique - Les trésors appartient 8 20.00 20 heures Feuilleton. 19.45 Arte journal 19.45 Le 19.45
cachés de la nature 8 20.00 Le 20h 8 20.45 Un si grand soleil 8 20.50 Tout le sport 8 20.05 28 minutes 20.30 Scènes de ménages

20.35 FILM 21.05 SÉRIE 21.10 SÉRIE 21.10 SÉRIE 21.10 MAGAZINE 20.50 FILM 21.10 TÉLÉRÉALITÉ

LE VOYAGE DU DR DOLITTLE
Film. Comédie. EU. 2020.
VM. Réal. : Stephen Gaghan.
1h46. Inédit. Avec Robert
Downey Jr. John Dolittle vole
au secours de la reine d’An-
gleterre, gravement malade.
LES ENQUÊTES DE VERA
Série. Policière. GB. 2021. Sai-
son 11. Avec Brenda Blethyn,
Kenny Doughty. De mère en
fils. Un employé de la sécu-
rité est mortellement blessé
lors d’un cambriolage.
CAMPING PARADIS
Série. Comédie. Fra. 2021.
Saison 13. Avec Laurent Our-
nac, Issa Doumbia. Une colo
au Paradis (1 et 2/2). Inédit.
Comme chaque été, Tom re-
çoit la colonie des Embruns.
ET LA MONTAGNE FLEURIRA
Série. Drame. Fra. 2022. Sai-
son 1. Avec Guillaume Arnault,
Claire Duburcq. 2 épisodes.
Inédits. Provence, 1847. Adé-
laïde, propriétaire du mas des
Tilleuls, perd la vie.
SECRETS D’HISTOIRE
Magazine. Présentation  :
Stéphane Bern. 1h55. Diana,
cette illustre inconnue. Iné-
dit. Dans ce numéro, Sté-
phane Bern lève le voile sur
la véritable Diana Spencer.
L’ŒUVRE SANS AUTEUR
Film. Drame. All. 2018. VM.
Réalisation : F. Henckel von
Donnersmarck. 1h30. Inédit.
Avec Tom Schilling, Sebas-
tian Koch. Le cheminement
d’un peintre allemand.
L’AMOUR EST DANS LE PRÉ
Téléréalité. Présentation  :
Karine Le Marchand. 1h30.
Inédit. Jean et Sébastien re-
çoivent chez eux les préten-
dantes qui ont fait chavirer
leur cœur à Paris.

22.20 House of the Dragon 8
Série. Fantastique. EU.
2022. Saison 1. Avec Paddy
Considine, Matt Smith.
The Rogue Prince.
Deux cents ans avant les
événements de «Game of
Thrones», l’histoire de la
famille Targaryen.
23.25 Beforeigners 8
Série. En quête d’identité.
0.10 Hidden 8
22.45 Zap RTS sport
22.55 La librairie francophone 8
Magazine. Prés. : Emmanuel
Khérad. 0h50. Invités :
Florence Cestac, Daniel
Pennac, Tierno Monenembo,
Diego Alary, Mc Solaar.
23.45 Sous la loi des Talibans 8
Documentaire.
0.40 Big Boss 8
1.00 Couleurs locales 8
1.15 Le 19h30 signé 8
23.10 New York,
unité spéciale 8
Série. Policière. EU. 2011.
Saison 13. Avec Mariska
Hargitay, Danny Pino, Kelli
Giddish, Richard Belzer.
3 épisodes.
Une escort girl mineure est
morte durant l’enterrement
de vie de garçon du fils du
commandant de la police de
New York.
22.50 Romance 8
Série. Drame. Fra. 2020.
Saison 1. Avec Pierre
Deladonchamps, Olga
Kurylenko, Barbara Schulz.
2 épisodes
Et si, Jérémy, 32 ans, trouvait
le moyen de traverser le temps
pour rencontrer la femme de
ses rêves.
0.40 Emerald City : La magie
d’Oz 8
23.05 Si les murs pouvaient
parler 8
Série doc. Historique. Fra.
2020. 1h50. Windsor.
C’est depuis le château de
Windsor qu’Elizabeth II a
réconforté les Britanniques
en pleine épidémie du
coronavirus. Ce château est
«la vraie» maison de la famille
royale.
1.00 La carte aux trésors 8
23.50 In the Mood for Love 8
Film. Drame. Hong Kong-Fra.
2000. VM. Réalisation : Wong
Kar-wai. 1h38. Avec Maggie
Cheung, Tony Leung.
Hong Kong, 1962. Deux
couples louent une chambre
dans deux appartements
mitoyens. Les absences de
leurs conjoints aidant, le
journaliste et la secrétaire en
viennent à se fréquenter.
23.20 L’amour vu du pré
Téléréalité. 0h50. Inédit.
Quatre couples d’anciens
vous donnent rendez-vous
aux quatre coins du pays
pour un débriefing canapé. À
commencer par les nouveaux
mariés Jérôme et Lucile
(saison 15), qui nous parleront
de leur nouvelle vie.
0.10 L’amour est dans le pré
Téléréalité.
LE COURRIER
LUNDI 29 AOÛT 2022 MÉMENTO 11

MOTS CROISÉS N° 432

AGENDA CULTURE
ÉVÉNEMENTS
GENÈVE
OFFHAUSE MUSEUM. Jusqu’au 30
octobre. Musée miniature. Par Yusuké Y.
Offhause, artiste franco-japonais.
JEANNE RIMBERT, «OH LES BEAUX
JOURS». Exposition. Jusqu’au 30
octobre.
Musée Ariana, avenue de la Paix
(Musée de la céramique et du verre)
MARISA & MARIO MERZ. Du 2 juin au
25 septembre. Du mercredi au vendredi
14h-19h, sa/di 11h-18h fermé lu et ma.
Visite commentée samedi 25
septembre à 14h. 15h et 16h.
Musée Rath, place Neuve
«VOYAGES EN HUMANITÉ»
LAURENCE DEONNA, PHOTOGRA-
PHIES + «VOYAGES EN GRÈCE»
1904-1936 WALDEMAR DEONNA,
PHOTOGRAPHIES. Du 16 juin au 2
octobre. Du mardi au dimanche de 15h
à 18h. + projections du film de Nasser
Bakhti «Laurence Deonna libre !» ve 2
septembre 18h et sa 17 septembre 17h.
Versoix, Le Boléro, 8 chemin Jean-Baptiste
Vandelle, www.bolero-versoix.ch
«LES CICATRICES DU CORPS ET DE
L’ÂME». Du 25 août au 4 septembre.
Exposition. Vernissage jeudi 25 août de
18h à 21h. Vendredi 2 septembre à 20h
soirée tango avec Cuarteto Tango
Indigo, www.lescicatrices.com.
Humanitart, 14 rue du Diorama, www.humanitart.ch
«LA NOUVELLE MENACE, UNE
EXPOSITION SUR NOS BIAIS
COGNITIFS». Du 29 août au 16 octobre.
Du lu au ve 7h30-19h, sa/di et jours
fériés 13h-17h. Visites guidées ma 13
septembre 12h20, sa 24 septembre
15h, di 9 octobre 15h durée 45-60 min.
Salles d’exposition de l’UniGE, bd Carl-Vogt
«SKIN CLAY». Exposition. Du 2 au 24
septembre. Vernissage je 1er septembre
16h-20h.Anja Seiler + proposition de
Sabine Tholen «La Montagna ha la
febbre», vidéo de Philippe Cartelli et
Mariangela Ciccarello. Ma-sa 14h 18h
entrée libre.
Halles de l’Ile, pl. de l’Ile
NETTOYAGE DE LA COMMUNE.
Samedi 17 septembre rdv 10h30 au
centre sportif de la Vigne Blanche.
Bellevue (GE)
ENSEMBLE ON FÊTE. Samedi 3
septembre 11h-16h. Une manifestation
organisée par des associations et des
partenaires en collaboration avec le
service de la Cohésion Sociale de la Ville
de Versoix. Ateliers bricolage pour
enfants, de la petite restauration, un
tournoi de jass.
Versoix, salle communale et préau Lachenal,
www.versoix.ch
VOGUE DE SATIGNY. Samedi 3
septembre 11h-2h. Marché du terroir
11h-18h, bar à bulles & musique dès 22h.
Satigny
JOURNÉE CONVIVIALE. Jeudi 8
septembre 9h30-10h départ rallye dès
11h30 activités diverses 11h45 apéritif
offert par la commune & piquenique
canadien sur le thème cuisine du
monde, gril à disposition.
Gy (GE)
VOGUE DE CAROUGE. Les 2, 3 et 4
septembre. Ve 2 septembre 18h ouverture
de la vogue place de Sardaigne. Ve 2
septembre scène Sardaigne chapiteau
The Doors Revival 19h30 Noneim 21h30
DJ Mr Chug 23h all styles.
Carouge
CONCOURS DE PÉTANQUE.
3 et 4 septembre.
Avusy inscr. 079 749 02 40
ROUSSEAU LANCEUR D’ALERTE. Di
4 septembre 14h visite guidée gratuite.
MRL 40 Grand-Rue
VAUD
«PAPIERS DE FAMILLE - UNE
HISTOIRE DE LIENS - 16E-18E
SIÈCLES». Du 2 juin au 29 octobre.
Gratuit, sans inscription.
Lausanne, BCU Bibliothèque cantonale et
universitaire,site Riponne
«TRANSFORMATIONS - MUSCLOR ET
LES MAÎTRES DE L’UNIVERS».
Jusqu’au 8 janvier 2023. Mardi-di-
manche 11h-18h, www.ailleurs.ch.
Maison d’Ailleurs, Musée de l’Utopie et de la
Science-Fiction, Yverdon-les-Bains, 14 place
Pestalozzi
«CITÉ D’OTHON, CITÉ D’ANTAN».
Exposition culturelle en plein air dans la
ville. Place du Château, rue Haute, rue
Basse, place de la Gare, chemin du Lac
et route de Lausanne. Jusqu’au
30 septembre.
Grandson, www.grandson.ch
ACHILLE LAUGÉ, «LE NÉO-IMPRES-
SIONNISME DANS LA LUMIÈRE DU
SUD». Expo peinture. Jusqu’au 30
octobre. mar-mer 10h-18h, jeu 10h-21h,
ven-di 10h-18h. Visites commentées
publiques je 18h30 et di 15h.
Fondation de l’Hermitage, 2 rte du Signal
SIMONE MAYOR & 25 ARTISTES. Du
26 août au 17 septembre. Exposition.
«Anges pour la Paix». Présence de
Simone Mayor dès 14h les 2, 3, 4, 16 et
17 septembre. Exposition de sculpture,
illuminations nocturnes.
Dans les ruines du château de Bossonnens
au-dessus de Vevey
ANAÏS GUMY, RUBEN AHMAD,
ROMAIN IANNONE. Exposition
peintures et performances. Du 27 août
au 15 octobre.
La Sarraz, Espace Marck de Fabrik, chemin de la
Condémine, La Filature
MATERIE MUTATIONS TEXTILES ET
CÉRAMIQUES. Exposition. Vernissage je
1er septembre dès 18h30. Visite guidée
di 4 septembre 14h30 avec Clothilde
Wuthrich co-commissaire de l’exposi-
tion, je 8 septembre 19h avec Chantal
Bellon co-commissaire de l’exposition et
directrice de La Ferme des Tilleuls.
Expo di 2 septembre au 18 décembre.
Renens, La Ferme des Tilleuls
MUSIQUES
GENÈVE
FESTIVAL DES BASTIONS 2022.
8 concerts gratuits au kiosque des
Bastions, les mois d’août et de
septembre.
Parc des Bastions
COSA NOSTRA JAZZ. Samedi 3
septembre 20h30 portes & buvette
19h30.
Espace Culturel de Genthod ch. de la Pralay
THÉÂTRE
GENÈVE
«NEOLITHICA LE GRAND SECRET».
Mercredi 31 août à 19h30. Texte et mise
en scène de Dominique Ziegler.
Spectacle en plein air. Du 31 août au
16 septembre.
Confignon place de l’Eglise,
theatredecarouge.ch/spectacle/neolithica-le-
grand-secret/
«NEOLITHICA LE GRAND SECRET».
Jeudi 1er septembre à 19h30. Texte et
mise en scène de Dominique Ziegler.
Spectacle en plein air.
«NATURE YOU ARE». Du 11 août au 1
A 2
B 3C 4
D 5E 6
F 7
G 8
H 9I 10
J
10 septembre. Du je au di. Florilège
d’interventions diverses sur 5 1I
week-ends. Perfo, installation.
Yverdon-les-Bains, Théâtre Benno Besson rue
du Casino
2II
LA BÂTIE
GENÈVE 3III
FESTIVAL LA BÂTIE.
Du 25 août au 11 septembre. 4
IV
«INTÉRIEUR VIE INTÉRIEUR NUIT».
Kayije Kagame. lu 29 août 19h ma
30 août 21h Le Grütli. 5V
«DARKMATTER». Cherish Menzo.
Di 28 août 18h lu 29 août 19h salle du
6
Lignon. VI
RUTH CHILDS «BLAST».
lu 29 août 21h ma 30 août 21h Pavillon
ADC pl. Sturm. 7
VII
«GOLD». Anna Lemonaki. lu 29 août
21h ma 30 août 19h Théâtre du Loup
Acacias. 8
VIII
«REINES DU RÉEL». Film-spectacle de
Françoise Courvoisier et Denis Jutzeler.
Nancy Huston et Grisélidis Réal. Lu 9
IX
29 août 19h ma 30 août 21h Carouge
pl. Temple Les Amis Musique Théâtre.
OSKAR GOMEZ MATA «MAKERS
10X
ITINÉRANTS». Ma 30 août 11h et 19h
Théâtre Saint-Gervais rue du Temple.
«BERCEUSES» EMILIE ZOÉ SARA
HORIZONTALEMENT
OSWALD, MELISSA KASSAB, AURÉLIE
EMERY, DELIA MESHLIR, GAEL 1. Couche gazeuse. 2. Chef-lieu d’un TOM. Fait tourner la tête. 3. Cours
KYRIAKIDIS, PERRINE BERGER & intérieures. Chiffre romain. 4. Coups de baguettes. Huîtres. 5. En finir, une
LAURE BETRIS. Ma 30 août 21h
fois pour toutes. Mère d’Apollon. 6. Exprime le rire. Bien charpenté. 7. Passe
Théâtre Pitoëff.
à Évreux. Voisine de la gesse. 8. Dry. Porte au degré supérieur. 9. Clairsemé.
FLORA DÉTRAZ «GLOTTIS». Ma
30 août 19h Le Galpon rte des Péniches. Préfixe. 10. Rabat-joie.
batie.ch
VERTICALEMENT
ALTERNATIBA 1. Refus patent du pouvoir. 2. Tout, un point c’est tout. 3. Fait. Argile. 4. Lettre
grecque. Paresseux. 5. Complètement isolées. Que de sable! 6. Défaillit (Se).
GENÈVE
Couteau. 7. Grand poisson. 8. Interjection. Note. Drôle d’engin. 9. Met sur lui.
FESTIVAL ALTERNATIBA. Du 29 août
Être grand ouvert. 10. Partie d’une histoire. Pièce de charpente.
au 3 septembre.
Lu 29 août 18h soirée d’ouverture, Rob
Hopkins, «Accélérons la transition», SOLUTIONS DU N° 431
UniMail MR380. 20h15 confé-
rence-table ronde UniMail MR060, HORIZONTALEMENT X 1. Tête-à-queue. 2. Exact. Rush. 3. Utrillo. 4. Frima.
«Structures participatives, quels apports Daim. 5. Satanées. 6. Ti. Oland. 7. Étatisé. Ie. 8. Cistes. 9. Farcin. Ont.
pour la mobilité du futur et la 10. Shah. Élite.
démocratisation des transports en
commun?»
VERTICALEMENT X 1. Teufs-teufs. 2. Extrait. Ah. 3. Tarit. Agra. 4. Écimait.
Ma 30 août 18h30 table ronde:
«Androcène, quel est le genre de Ch. 5. Atlan. Ici. 6. Éosine. 7. Urodèles. 8. Eu. Asa. Toi. 9. Usai. Nient. 10. Eh.
l’anthropocène», UniMail MR 040, Modeste.
18h30 conférence, «Quel soutien pour
la rénovation énergétique durable des
bâtiments?» UniMail MR060. 18h30

CONVOIS FUNÈBRES
Lundi 29 août
GENÈVE
Etienne Archinard, cérémonie
religieuse à 14h au temple de
Chêne-Bougeries. Bohuslava
Jurik, décédée à 75 ans, obsèques
au Centre funéraire de Saint-
Georges à 14h45 suivies d’une
verrée en sa mémoire au café de la
Tour, 32 ch. de la Bâtie. Guido
Roberto Lagier, décédé à 88 ans,
la cérémonie d’adieu a eu lieu dans
l’intimité de la famille à Posadas.
Eduardo Moreno, décédé à 73 ans,
cérémonie religieuse à 16h en la
chapelle du Centre funéraire de
Saint-Georges. Pascale Nuzillat,
née Godard, décédée à 60 ans, la
cérémonie a eu lieu le 23 août.
Michel Schaffter, décédé à 78 ans.
Edouard Schläfli, cérémonie à
9h30 au Centre funéraire de
Saint-Georges; cérémonie suivie
d’une verrée en sa mémoire au
café-restaurant du Cercle 160 rte
d’Aïre.
VAUD
Marie-Noëlle Barbey, décédée à
93 ans, cérémonie d’adieu à 14h30
au temple de Bursinel. Claudine
Chappuis-Chevalley, décédée à
92 ans, Rivaz, Chexbres, Puidoux,
la cérémonie d’adieux a eu lieu
dans l’intimité de la famille et des
proches. Gaby Charrière-Moumary,
décédée à 89 ans. Liliane Dän-
zer-Barben, décédée à 91 ans,
Noville. Günter Dosé, décédé à
86 ans, cérémonie d’adieu au
temple du Cloître à Aigle à 15h30.
Jean-Pierre Prior, décédé à 77 ans,
la cérémonie d’adieu a eu lieu dans
l’intimité. Gilbert Terrapon, Chailly.
NEUCHÂTEL
Rosa Maria Grunder, Bevaix.
Mardi 30 août
VALAIS
René Dumusc, le culte d’adieu a eu
lieu le 26 août. Jean-Daniel
Grosvernier, hommage au cimetière
du Châble à 17h. Gérard Meilland,
Fully, Saxon, Saillon, la cérémonie a
eu lieu le 26 août. Henri Murisier, la
cérémonie a eu lieu le 26 août. Maria
Carmela Della Porta, Monthey, la
cérémonie a eu lieu le 26 août.
NEUCHÂTEL
Palmira Gianni Pelusi, Neuchâtel.
Madeleine Nicolet Quenet, La
Chaux-de-Fonds.
VAUD
René Christen, décédé à 73 ans, la
cérémonie a eu lieu dans l’intimité.
Claudette Corfu, décédée à 91 ans, la
cérémonie d’adieu et l’enterrement
ont eu lieu dans l’intimité de la
famille et des ami.e.s du Tennis Club.
Marguerite Fischli, décédée à
80 ans, Cossonay, la cérémonie a eu
lieu dans l’intimité. Roberto Gotti,
décédé à 83 ans, un culte a eu lieu le
25 août à Payerne. Secondina
Hochstaettler, décédée à 91 ans, la
cérémonie a eu lieu dans l’intimité.
Pierre-André Thierrin, cérémonie
d’adieu au temple de Combre-
mont-le-Petit à 10h.
GENÈVE
William Lachat, décédé à 94 ans,
cérémonie d’adieu à 13h30 au
Centre funéraire de Saint-Georges.
Mercredi 31 août
GENÈVE
Felisa Olivares Duque, décédée à
85 ans, cérémonie en l’église de
Puplinge à 14h.
Mercredi 7 septembre
GENÈVE
Gabrielle Fiala Ott, cérémonie
d’adieu à 10h45 à la chapelle des
Rois.
Tours de Carouge conférence, «La fuite en avant de la fast
fashion, le recyclage, la solution?»
APPELS D’URGENCE
«NEOLITHICA LE GRAND SECRET». UniMail MR070. Film 20h30 Tout
Vendredi 2 septembre à 19h30. Texte et commence, Cinémas du Grütli. 20h
mise en scène de Dominique Ziegler. conférence, Accompagnement et
Spectacle en plein air. financement d’entreprises durables, cas Service du feu 118 SOS Alcool: 0848 805 005, tarif appel
Bernex (complet)
pratiques, UniMail MR070. 19h30 Police secours 117 local 24/24h
L’économie circulaire, clé de la Urgences sanitaires, ambulances 144 Numéro unique et gratuit, prise en
«NEOLITHICA LE GRAND SECRET». charge des enfants de 0 à 18 ans: tél.
Dimanche 4 septembre à 19h. Texte et résilience des territoires, UniMail La Main tendue (24h24) 143
MR290. 20h conférence, Le rôle de sos enfants 147 0844 022 022
mise en scène de Dominique Ziegler.
Spectacle en plein air. l’édition dans la transition, UniMail Maternité: 022 382 42 36,
MR030. GENÈVE (Obstétrique/accouchements)
Choulex
022 382 68 16 (Gynécologie)
Lu 29 et ma 30 août 14h-17h visite Pharmacie Pharma24, 38 boulevard de
«NIÉ QUI TAMOLA». Road movie d’ateliers tissage avec matières la Cluse, HUG, 022 808 00 18 Boulevard de la Cluse 32. 24h sur 24
théâtral. Du 31 août au 2 septembre. récupérées, assoc. Tricrochet, Palettes, Lu-ve de 18h à 24h, week-end et jours
Soirée en 3 parties, 19h-23h expo Médecine: 022 372 33 11 ou fériés de 08h à 24h (téléphone
Grand-Lancy, 73 av. Communes- 022 382 33 11. HUG, Hôpital cantonal,
Daniel Meynard, 20h en salle la grande Réunies. obligatoire): 022 305 04 58 ,Clinique
saga de la Françafrique, dès 22h Rue Micheli-du-Crest, 24, 24h sur 24 des Grangettes, chemin des Grangettes
Parc des Bastions, programme sur
extérieur bal afro-psycho-tropical. alternatibaleman.org
SOS Médecins à domicile: 7, Chêne-Bougeries
Théâtre de l’Orangerie 022 748 49 50. 24h sur 24, 022 719 61 00, Hôpital de la Tour,
LITTÉRATURE SOS Infirmières: 022 420 24 64. 24h24 avenue J.-D. Maillard 3, Meyrin
VAUD
«WAGNER CRÈVE L’ÉCRAN». Du GENÈVE
31 août au 3 septembre à 21h par les ROUSSEAU PYGMALION DU PARTENARIAT
Top Modestes. MÉLODRAME. Mardi 30 août 12h15.
Nyon, Esplanade Jules César, rés 077 418 31 56 MRL 40 Grand-Rue
MÉTÉO
Prévisions pour la Suisse romande et le Valais
Situation générale: Une crête de haute pression se maintiendra au-dessus de
l’Europe occidentale jusqu’à jeudi avant de laisser la place dès vendredi à un
régime légèrement dépressionnaire en altitude. Il sera accompagné d’un
temps plus humide et plus instable et associé au passage d’une faible zone
frontale. Lundi: Probablement assez, voire bien ensoleillé. Évolution diurne
l’après-midi en montagne avec le développement de cumulus suivi d’un
risque d’averse ou d’orage à priori plutôt isolé et faible. Maximum atteignant
28 °C. Mardi: Probablement un temps assez, voire bien ensoleillé. Evolution
diurne l’après-midi en montagne, avec le développement de cumulus suivi
d’un risque d’averse ou d’orage à priori plutôt isolé et faible. Maximum
atteignant 28 °C.
Suisse alémanique, le Nord et Centre des Grisons
Lundi: Assez ensoleillé. Quelques bancs de stratus probables le matin au
nord des Alpes et dans les vallées préalpines. Augmentation de la tendance
aux averses en montagne l’après-midi. Maximum montant jusqu’à 26 °C.
Mardi: Probablement un temps assez ensoleillé. Quelques averses en
deuxième partie de journée, surtout en montagne. Maximum atteignant
26 °C.
Sud des Alpes et Engadine
Lundi: Assez ensoleillé. L’après-midi, quelques averses pas exclues le long
des Alpes. Maximum 27 °C. Mardi: Probablement un temps assez ensoleillé.
Quelques averses isolées pas exclues dans l’après-midi le long des Alpes.
Maximum atteignant 26 °C. météosuisse
 LE COURRIER
12 ÉGALITÉ LUNDI 29 AOÛT 2022

Si le surpoids et l’obésité sont des thèmes de santé publique, leur traitement dans les campagnes
médiatiques est parfois stigmatisante et relève de la grossophobie

Sensibiliser sans discriminer

ACHILLE KARANGWA

Série d’été (V) X Reconnue comme

maladie chronique par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) depuis
1997 et touchant un nombre crois-
sant de personnes, l’obésité est l’ob-
jet de campagnes de prévention par
les acteurs tant privés que publics ou
associatifs. Or, celles-ci ne sont pas
exemptes de clichés ou injonctions
stigmatisant les personnes concernées
dans un contexte où, quel que soit son
état de santé, être perçu·e comme étant
en surpoids expose déjà à la grossopho-
bie, du nom de cette discrimination
consistant à dévaloriser les personnes
à la corpulence plus forte. Cette réalité
est davantage prise en compte dans la
promotion de la santé depuis quelques
années seulement, grâce aux mobilisa-
tions contre la stigmatisation.
La polémique date de ce printemps:
l’image d’une personne svelte enlevant
une combinaison grossissante, au-des-
sus du slogan «laissez tomber les ré-
serves d’hiver». La campagne publici-
taire des centres de sport Activ Fitness
est jugée humiliante et se voit accusée
de grossophobie, amenant l’entreprise,
filiale du géant orange, à s’expliquer et
à promettre de changer. Une bonne
chose pour Claudine, membre d’Eu-
robesitas, association luttant contre la
stigmatisation. «Ces campagnes qui
focalisent uniquement sur la silhouette
sont récurrentes et accentuent le re-
gard négatif que les autres portent sur
nous – et que l’on en vient à porter sur
soi.»
Les fitness, eux, arguent du fait que
leur démarche serait bénéfique à la san-
té publique, en amenant les personnes
en surpoids à venir maigrir dans leurs
salles, où ces sujets seraient pris au sé-
rieux. Une justification qui ne convainc
pas Claudine, qui s’était inscrite briè-
vement à l’une d’elle: «“Le fitness ferait
mieux de contrôler sa clientèle, il y a
des gros·ses!”, ai-je pu entendre dans
les vestiaires», raconte la Veveysanne.
Prévention ou culpabilisation?
Les campagnes menées par les autori-
tés publiques peuvent avoir la fâcheuse
tendance à renforcer ces dynamiques,
expliquent aussi les personnes concer-
nées. Souvent résumées au slogan
«manger moins, bouger plus», les re-
commandations sont perçues comme
réductrices et faisant reposer la maî-
trise du poids sur la seule volonté des
personnes alors «que ce n’est pas aussi
simple», soupire Claudine. Pour Ma-
rie-Olive, une Vaudoise également en-
gagée contre la grossophobie, les poli-
tiques de santé publique ne prennent
«Les politiques
de santé publique
ne prennent pas en
compte le contexte
grossophobe dans
lequel leurs direc-
tives sont faites»
Marie-Olive
pas en compte le contexte grossophobe
dans lequel leurs directives sont faites.
«L’Office fédéral de la santé publique
(OFSP) recommande plusieurs heures
d’activité physique par semaine. Mais
comment aborder cela de manière po-
sitive alors que le domaine du sport est,
la plupart du temps, articulé autour de
la compétitivité, de la performance et de
la culture du corps parfait?», interroge
l’étudiante. En sus des injonctions ali-
mentaires simplistes, ces consignes
concernant l’activité physique invisibi-
lisent le fait que les espaces dédiés
«peuvent être des facteurs de stress et de
culpabilisation», résume Marie-Olive.
Les campagnes menées par le milieu
associatif ne sont pas en reste. La doc-
toresse Dominique Durrer, spécialiste
des questions de poids, se souvient
«d’organismes qui engageaient des
agences de pub pour faire des spots ou
visuels sur le thème de la perte de poids,
et qui étaient en fait très délétères, voire
grossophobes». Enfant en surpoids qui
fait pencher une voiture de façon aber-
rante, ou encore objets de tous les jours
aux tailles grossies de manière gro-
tesque afin de culpabiliser – autant
d’éléments «qui renforcent en fait la
stigmatisation et ses effets», selon la
thérapeute. Et qui axent la prévention
sur des catégories de corpulences ju-
gées négativement, «ce qui est contre-
productif et discriminant», analyse
encore Dominique Durrer.
Changer de paradigme
Chez Promotion santé suisse, on plais-
de également pour une évolution des
campagnes de communication. Spé-
cialisée en santé psychique dans cette
fondation de droit privée soutenue par
les cantons et les assureurs, Anja
Nowacki indique par exemple que «la
tradition qui consiste à se concentrer
uniquement sur l’indice de masse cor-
porelle comme indicateur de santé est
dépassée». Disposant d’un programme
de prévention à l’attention des enfants
et adolescents dont la thématique est
«un poids corporel sain», la respon-
sable de projet explique «qu’il ne s’agit
pas seulement de parler d’alimentation
ou d’activité physique. Une partie es-
sentielle consiste à développer plutôt
une image corporelle positive chez la
personne, quelle que soit la cor-
pulence».
Depuis 2007, Promotion santé
suisse aide les cantons à mener des
programmes d’action destinés aux
jeunes, en incluant des mesures pour
un rapport sain à son propre corps, sans
culpabilisation. Un concept qui n’est pas
forcément très bien promu en bout de
chaîne de la santé publique, du côté du
corps médical, estime le docteur Pierre
Fournier. Directeur du Centre de l’obési-
té et du métabolisme de la Côte à Nyon,
il déplore «un manque de temps de for-
mation sur ces questions, ce qui mène
à être grossophobe malgré soi dans la
prise en charge ou la prévention». Et de
rappeler que le lien entre poids et san-
té est «complexe et multifactoriel.» Le
chirurgien soutient qu’une démarche
de santé publique devrait donc être fo-
calisée sur les causes sociales des éven-
tuels problèmes sanitaires liés au poids.
«Or, les approches qui jugent plutôt les
personnes et commentent leur corps ont
encore cours, y compris souvent dans
les cabinets médicaux» ce qui dessert les
politiques publiques bien menées, relate
encore le docteur Fournier.
Davantage de sensibilisation
Afin de lutter contre la stigmatisation
de la corpulence des personnes et son
prolongement dans la société civile
Depuis 2021,
l’European
Coalition for
People living
with Obesity
met à disposi-
tion des
images
positives,
destinées à
contrecarrer
la grossopho-
bie présente
dans l’espace
public.
JORGE FERNAN-
DEZ RUIZ/CC
BY-NC-ND 2.0
et les politiques publiques, l’Euro-
pean Coalition for People living with
Obesity (ECPO) lançait en 2021 une
campagne de sensibilisation aux ef-
fets discriminants des images utilisées
dans l’espace public. L’ECPO mettait à
disposition plus de 250 photos mon-
trant positivement des personnes en
surpoids, destinées à des campagnes
non stigmatisantes. En Suisse, les as-
sociations mobilisées contre la grosso-
phobie entrent progressivement en col-
laboration avec les autorités publiques
afin, notamment, d’influer sur les cam-
pagnes sanitaires et la formation des
personnels (voir ci-dessous).
Pour Dominique Durrer, «la lutte
contre la stigmatisation avance enfin,
mais timidement». Membre d’Alliance
obésité suisse, la doctoresse regrette
encore «un manque cruel de moyens
en soutien aux associations, afin
qu’elles puissent sensibiliser la popula-
tion sur cette discrimination. Et que
leur expertise puisse enfin contribuer à
rendre les campagnes de santé pu-
blique moins grossophobes.» I
SÉRIE D’ÉTÉ (V)
Le surpoids, dans une société qui voue un
culte à la minceur, suscite trop souvent des
stigmatisations ou comportements
déplacés. Le Courrier explore cet été
quelques facettes de la grossophobie
ordinaire. CO

«Déstigmatiser» les personnes concernées

L’intégration de la question de
la grossophobie fait son chemin
du côté des autorités publiques
fédérales. Interrogé en 2011 sur
ses dispositions pour empêcher
la «discrimination des personnes
obèses» par l’ancien conseiller
national popiste Josef Zisyadis,
le Conseil fédéral renvoyait à son
programme «Action santé: man-
ger mieux, bouger plus.» Tout en
reconnaissant que celui-ci s’at-
taque «aux causes du surpoids et
de l’obésité sous l’angle de la santé
publique mais ne prévoit pas d’ac-
tion précise pour lutter contre
certaines conséquences comme
la discrimination éventuelle lors
de l’entretien d’embauche de per-
sonnes obèses ou en surpoids.»
Eventualité que le gouverne-
ment n’excluait pas mais face à
laquelle, selon lui, les protections
offertes par le droit civil ou celui
du travail devaient suffire
Interpellé à nouveau en
2020 par la parlementaire
Verte Léonore Porchet concer-
nant l’aspect préventif de ces
approches, le Conseil fédéral
saluait la classification de l’obé-
sité comme maladie chronique
et complexe par l’OMS. Une
analyse de la littérature devait
servir «à sensibiliser les pro-
fessionnels de la santé et ainsi
contrecarrer la stigmatisation
dont sont victimes les personnes
concernées» et mener à un
rapport prévu pour décembre
2020. N’ayant pas eu accès à
celui-ci, l’élue relançait en juin
«Les autorités de cette année les autorités en
interrogeant «Grossophobie:
publiques quelles mesures concrètes?»
Outre le rappel des dispositifs
devraient cantonaux en vigueur pour un
surtout recon- rapport sain au corps, le Conseil
fédéral attirait l’attention sur
naître que les sa collaboration accrue avec
problématiques l’Alliance obésité suisse, grâce
à laquelle «des recommanda-
liées au poids tions en vue de déstigmatiser
les personnes concernées ont
sont civilisation- notamment été formulées» et
nelles» qui devront être appliquées aux
futures campagnes et à la for-
Léonore Porchet mation des personnels de santé.
Responsable de projet sur
ces thématiques à l’OFSP, Na-
d i ne Stof fel-Ku r t ex pl ique approches qui, en substance,
qu’une politique de santé pu- disent “c’est la faute aux per-
blique traitant du poids doit
impérativement «éviter de
sonnes grosses”». Dans l’es-
pace public, une représenta-
blâmer» les personnes concer- tivité fidèle à la diversité des
nées. En cause parfois dans ces corpulences présentes dans la
campagnes: «Le danger de sim- population devrait également
plifier à l’extrême et de ne pas être promue, note encore l’élue
comprendre que les change- écologiste. AKA
ments de comportement, déjà
difficiles en général, sont en-
core plus difficiles à mettre en
œuvre pour celles-ci», estime
la fonctionnaire. Pour Léonore
Porchet, les autorités publiques
«devraient surtout reconnaître
que les problématiques liées au
poids sont civilisationnelles.
Il s’agit de remettre en cause
nos cadres de vie et revoir ces