MARDI 28 MARS 2023

L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T.

WWW.LECOURRIER.CH N°58 | 156e année | CHF 3.00

RÉFORME DE LA JUSTICE EN ISRAËL

La rue pousse,
Netanyahou repousse
Face à la menace d’une grève générale, le premier ministre
8 israélien, Benyamin Netanyahou, a finalement annoncé hier
une «pause» dans le processus d’adoption de la réforme de
la justice contestée par des manifestations massives depuis
près de trois mois.

éditorial BRÉSIL
D 9
es pratiques qui font partie du
modèle d’affaires. Mercredi

Cent jours après le retour

passé, le Tribunal fédéral
PHILIPPE BACH (TF) a confirmé une nouvelle fois

LE DEGRÉ
que les chauffeur·es d’Uber exercent
bien une activité lucrative dépen-
dante et, qu’à ce titre, les cotisations
2.0 DE
de Lula, les défis et l’espoir
sociales AVS sont dues.
Sans surprise, la multinationale
L’ÉCONOMIE étasunienne a immédiatement
commencé à finasser, tentant de
limiter la portée de l’arrêt à l’an-

7 née 2014, à arguer d’un nouveau

modèle d’affaires. Bref, on sent que
les employé·es de l’entreprise enre-
gistrée à Zurich ne sont pas près de
recevoir leur dû.
Ce recours à l’arme juridique
fait désormais partie du modèle
d’affaires de ces entreprises glo-
balisées. On le voit dans d’autres
domaines comme la construction,
voire même la culture (où l’attribu-
tion des directions de théâtres est
désormais soumise à l’accord inter-
cantonal sur les marchés publics).
Une armada d’avocats permet de
jouer la montre, de décourager les
travailleuses et les travailleurs de
revendiquer leurs droits, bref de
s’affranchir de la loi.
Devant ce jeu du chat et de la sou-
ris, les collectivités publiques sont
désarmées. Raison de plus pour
taper du poing sur la table et pour KEYSTONE
arrêter de se laisser danser de la
sorte sur le ventre. Plusieurs arrêts
du Tribunal fédéral sanctionnent
le capitalisme 2.0 à la sauce Uber;
les collectivités publiques seraient
fondées à bloquer l’activité de la 3 FRANCE 4-5 GENÈVE
multinationale tant qu’elle ne res-
pecte pas le droit du pays hôte. Elle Pays coupé en deux et La gauche de
n’a qu’à recourir comme elle sait si
bien le faire, si elle entend continuer image internationale la gauche part divisée
à déployer son activité. Une manière
de retourner le fardeau de la preuve écornée: les spectres aux cantonales.
pas plus roublarde que les pratiques
du transporteur californien. Et c’est de la révolte des gilets Présentation des
sans doute le seul langage que celui-
ci est en mesure d’entendre. I jaunes se réveillent. deux listes en course.

9HRLEME*beabdj+[K\C Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Rédaction Vaud : vaud@lecourrier.ch | Rédaction Neuchâtel: neuchatel@lecourrier.ch |Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | malettre@lecourrier.ch
Le quotidien Le Courrier paraît 5 fois par semaine. Il est édité à Genève par la Nouvelle Association du Courrier (NAC), association sans but lucratif | Direction, administration et rédaction à Genève : 18, avenue de la Jonction, CP 112, 1211 Genève 8
Dons : IBAN CH82 0078 8000 0508 4141 3 | Abonnements : 022 809 55 55 – abo@lecourrier.ch – www.lecourrier.ch/abo | Tarifs 12 mois: Intégral: 439 frs; Combi: 359 frs; Web: 299 frs; Weekend: 179 frs Essai web: 19 frs Essai Intégral 2 mois: 39 frs.
 LE COURRIER
2 REGARDS MARDI 28 MARS 2023

REGARD DIRECT

Kenya:
manifestation
de l’opposition
contre
l’inflation
Des partisan·es d’Azimio, la coali-
tion d’opposition gouvernemen-
tale, lancent des pierres et crient
des slogans en direction de la
police antiémeute lors d’une mani-
festation nationale à Nairobi, la
capitale kenyane. Il s’agissait hier
de la deuxième journée de rassem-
blement national après celle du
20 mars, appelée par le chef de
l’opposition, Raila Odinga, contre
le président William Ruto. Candi-
dat malheureux à la présidentielle
d’août 2022, Odinga dénonce
l’«illégitimité» du gouvernement
Ruto. Les manifestant·es ont éga-
lement protesté contre la cherté de
la vie, réclamant la baisse des prix
de la farine de maïs, de l’essence,
du sucre et des frais de scolarité.
L’inflation a atteint 9,2% en février
et la sécheresse record qui sévit
dans le pays prive des millions de
personnes de ressources et de
nourriture. Hier à Nairobi, la police
a tiré des gaz lacrymogènes et fait
usage de canons à eau contre les
manifestant·es. Alors que tout
rassemblement a été interdit di-
manche par la police, Raila Odinga
a maintenu son appel à manifester
tous les lundis et jeudis.
CO-AGENCES/KEYSTONE-DANIEL IRUNGU

ÉCRIRE, L’AIR DE RIEN AGORA

«C’est pour ça que je viens» «Justice et liberté

pour Pinar Selek»
Q
uand j’interviens en détention, dans un sas, ce qui a aggravé leur re-
il faut toujours que je m’attende tard. Ils s’excusent, je réponds que je
à ne pas pouvoir faire l’atelier sais que ce n’est pas de leur faute, que
comme je l’avais prévu. De multiples ce n’est pas grave, ils s’excusent à Turquie X Sociologue, écrivaine et militante diciaires aux ordres de ce pouvoir dictatorial qui
obstacles peuvent freiner mon entrée nouveau, «quand même, tu viens franco-turque, Pinar Selek subit depuis vingt- cherche par tous les moyens à renforcer son assise
dans la salle d’activité: mon nom n’est pour nous et on n’est pas là, le seum». cinq ans un harcèlement juridico-politique de la nationaliste à la veille des prochaines élections.
pas sur la liste, du retard a été pris Puis on s’y met, assis en rond sur nos part des autorités turques. Condamnée et ac- Le pouvoir turc applique sans retenue ses mé-
pour l’entrée des familles au parloir et chaises écaillées. quittée à quatre reprises, elle a vu chaque fois thodes brutales pour réduire au silence tous les
elles sont prioritaires, ou je reste coin- ROZENN LE BERRE* Rafael soudain surgit dans la ses acquittements annulés. Ce 31 mars, elle opposant·es et porter des accusations de terro-
cée pendant des dizaines de minutes pièce, le visage en feu, «putain, j’en risque la prison à perpétuité lors d’un cinquième risme à tout va pour mettre en prison celles et
dans un «sas», un morceau de couloir coincé peux plus», il dit, «c’est pas possible cet endroit. procès. ceux qui ne lui plaisent pas.
entre deux lourdes portes de métal. Du côté des Ils vont tous nous rendre dingues. Ici, on entre La liberté d’opinion et d’expression est remise
participants, c’est la même chose: une erreur normaux et on sort tarés, frère, il voulait pas JEAN ZIEGLER* en cause de manière alarmante en Turquie. Les
dans les listes de noms, une absence du surveil- m’ouvrir alors que je suis inscrit à l’activité, j’ai espaces où elle peut s’exercer se réduisent chaque
lant en poste dans la partie dédiée aux activités tambouriné comme un ouf, il sait que j’attends jour. L’indépendance de la justice subit le même
culturelles ou une cellule en feu dans leur aile et il m’ouvre pas, putain». Il gonfle les joues, Il est vraiment inquiétant de voir comment une sort. Le mandat d’arrêt international lancé le
peuvent les empêcher de venir à l’atelier. Par- comprime ses lèvres, fait quelques allers-retours intellectuelle peut être arbitrairement accusée en 6 janvier 2023 par le Tribunal criminel d’Istan-
courir la centaine de mètres, de la porte d’entrée dans la pièce qui, parce qu’elle est minuscule et Turquie d’avoir perpétré un attentat et se trouver bul avec une demande d’emprisonnement avant
à la salle, pour moi, de la cellule à la salle, pour lui gigantesque, l’oblige à changer de direction ainsi transformée en une dangereuse terroriste l’audience qu’il a lui-même fixée au 31 mars 2023
eux, peut prendre des heures. Et parfois, on n’y tous les deux pas: «Je vais péter les plombs.» qu’il faut emprisonner sans plus attendre. C’est ce s’inscrit dans un contexte de répression qui vise
arrive même pas: je reste dehors ou ils restent J’attends un peu, puis je tente: «Je ne peux qui arrive aujourd’hui à la sociologue, écrivaine toutes les personnes qui défendent la démocratie
enfermés, et nous ne pouvons pas nous re- pas imaginer la colère qui est la tienne. Mais ce franco-turque Pinar Selek, à tort accusée en 1998 et l’Etat de droit. Pinar Selek devient ainsi un
joindre. qui est beau, parfois, quand on écrit, c’est que à la suite de l’explosion d’une bonbonne de gaz au symbole de la mise en cause des libertés de penser,
Ce matin-là, je suis arrivée dans la salle d’ac- justement, on part un peu ailleurs, qu’on laisse marché aux épices d’Istanbul et emprisonnée de s’exprimer et d’agir, qui sont au fondement
tivité à peu près sans encombre: vingt minutes un peu loin la prison. Alors, est-ce que tu te sens pendant plus de deux ans dans les geôles turques, même de la démocratie.
entre la porte d’entrée de la maison d’arrêt et la la force de prendre le carnet et d’embarquer ail- avant d’être libérée et acquittée par quatre fois, Quand il en va des libertés d’expression et d’opi-
salle d’activité, c’est un temps raisonnable. Je leurs ce matin?» lors de jugements intervenus en 2006, 2008, nion, toutes celles et ceux qui sont en situation de
suis seule dans la salle. Je les attends. Un carré Il plante ses yeux dans les miens. Sourit. Sou- 2011 et 2014, à la suite des appels systématiques pouvoir se faire entendre doivent donner de la voix.
de soleil cisaillé de barreaux verticaux s’im- pire. «Bien sûr. C’est pour ça que je viens.» du procureur qui refuse aujourd’hui encore de L’extension du domaine de la liberté est à ce prix.
prime sur le mur beige. Juste en dessous, des Il attrape son carnet, se met à jour sur ce que reconnaître son innocence. Si nous parvenons à faire que nos voix traversent
chaises d’écoliers à la peinture écaillée at- j’ai proposé en chuchotant avec son voisin et se Face à cet acharnement politico-judiciaire à les murs des tribunaux turcs, alors nous aurons
tendent les participants, sagement rangées. met à écrire. Les voilà tous les huit, huit corps l’encontre d’une écrivaine, maudite par le gouver- porté notre pierre à l’édifice des libertés démocra-
Trente minutes passent. Je m’enquiers de leur de boxeurs lovés sur leur petit carnet posé sur nement de son pays natal en raison de recherches tiques. Mais au-delà de cette lutte pour la défense
sort auprès de la surveillante: il semblerait qu’il une cuisse. Nous parviennent les sons brouillés sociologiques qui gênent le pouvoir turc, on ne d’une démocratie vivante, c’est aussi Pinar Selek
y ait un problème au pavillon B. D’accord, je dis, des talkies-walkies, les cris qui percent à travers peut pas se taire. Le travail et l’engagement soli- comme femme, comme chercheuse, écrivaine, so-
je vais attendre encore. les fenêtres des cellules, les clacs lourds des daire de cette militante féministe et antimilita- ciologue et militante que je soutiens. Je salue son
Ils finissent par arriver, au compte-gouttes, portes en métal lorsqu’elles retombent sur leur riste porte sur tout ce qu’Erdogan fustige et dé- courage et sa force inouïe que rien ne brise et de-
certains énervés, d’autres résignés: ils n’ont plus châssis. Et au-dessus, témoin discret du voyage teste: les Kurdes, les Arménien·nes, les personnes mande, comme tout·es les démocrates qui la sou-
la force de la colère. Le surveillant, ce jour-là, ne sans prétention qu’on essaie de mener toutes les LGBT, les objecteurs de conscience, les enfants à tiennent, que cesse enfin cet acharnement judi-
voulait pas leur ouvrir les cellules. On ne sait semaines, le tout petit son irrégulier des pointes la rue, les prostituées, les femmes victimes de vio- ciaire à son encontre et que le 31 mars 2023, elle
pas bien pourquoi. Ils ont tambouriné et crié de stylos sur les pages. lences sexistes et sexuelles... soit définitivement et pleinement acquittée.
longtemps avant qu’enfin, quelqu’un leur Neuf ans après le quatrième acquittement, on * Ancien vice-président du comité consultatif
ouvre. Ensuite, ils se sont retrouvés coincés * Journaliste et autrice. voit une fois de plus les plus hautes instances ju- du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | MARDI 28 MARS 2023
Violences, pénuries, visite du roi Charles annulée: après les gilets jaunes, le pays à nouveau en crise
UN PAYS EN ÉBULLITION
ANTOINE CASTINEIRA, PARIS
France X La scène est surréaliste. Elle
se déroule au cœur de Paris après la
manifestation record de jeudi dernier
contre la réforme des retraites. Sur la
terrasse bondée du Sélect, dans le quar-
tier du Sentier, à deux pas de l’Opéra,
les clients boivent une bière à la tombée
de la nuit. Tandis qu’ils trempent leurs
lèvres dans la mousse, ils suivent du
regard un groupe de CRS qui arrivent
au pas de course. Un garçon de café ob-
serve la scène, immobile et silencieux,
son plateau posé sur la paume de la
main au-dessus de sa tête.
Les forces de l’ordre s’arrêtent de-
vant lui et lancent des grenades lacry-
mogènes contre des manifestants qui
boutent le feu à des poubelles un peu
plus loin. Les flammes s’élèvent rapide-
ment devant les immeubles. Les pom-
piers interviennent toutes sirènes hur-
lantes. Sur la terrasse du Sélect, aux
premières loges, les clients com-
mentent la scène en finissant leur
bière. Par précaution, certains se re-
plient vers l’intérieur pour se protéger
des lacrymogènes.
Scènes de chaos
Ces deux mondes qui se côtoient
tendent à démontrer que la France en-
tière n’est pas en flammes, qu’elle conti-
nue à tourner tant bien que mal. Deux
heures plus tard, le trafic reprend sur
les grands boulevards voisins. Les voi-
tures roulent sur les débris laissés par
les heurts entre manifestants et forces
de l’ordre un peu plus tôt. Les gens
sortent des théâtres du quartier et
marchent sous la pluie en contemplant
les dégâts: les fast-foods dévastés, les
panneaux publicitaires brisés, les suc-
cursales bancaires taguées.
Comme si une tornade destructrice
avait déferlé sur le centre de Paris. Ces
scènes de chaos ne sont pas l’œuvre des
syndicats et de leurs militants, qui ont
défilé dans le calme comme lors des
huit précédentes journées de manifes-
tation. Ce sont des dénommés «black
blocs», qui ont devancé le cortège, qui
ont dévasté les rues de la capitale.
Il ne reste pourtant de cette journée
de mobilisation contre la réforme des
retraites que ces images de chaos et
une odeur persistante de poubelles
brûlées. Oublié le rebond du nombre de
manifestants partout en France après
le passage en force du gouvernement,
qui a eu recours une semaine plus tôt à
l’arme constitutionnelle du 49.3 pour
adopter la réforme. Faute de majorité,
il ne l’a pas soumise à l’Assemblée na-
tionale. Sur les chaînes d’info, on com-
pare les violences à celles des «gilets
jaunes» qui avaient mis le feu au pays
il y a quatre ans à peine.
Pour couronner le tout, Emmanuel
Macron devait recevoir le week-end
dernier le roi Charles III pour sa pre-
mière sortie à l’étranger ni plus ni
moins qu’au château de Versailles. Le
président s’est finalement résolu à re-
porter cette visite, qui aurait sans doute
pris une tournure symbolique avec de
probables manifestations autour du pa-
lais où résidait Louis XVI lorsque le
peuple français prenait la Bastille en
1789. Il était raisonnable de ne pas jeter
plus d’huile sur le feu, même si ce report
a contribué à dégrader l’image de la
France au-delà de ses frontières.
Une bataille rangée
Et s’il n’y avait que les flammes dans les
rues de Paris… Il y a aussi les poubelles
qui jonchent encore et toujours les rues
de Paris, les pénuries d’essence dans les
stations-service, ou encore les trains et
les avions qui circulent de manière épi-
La réforme des retraites draine des centaines de milliers de Français dans les rues depuis plusieurs semaines. KEYSTONE
CHANGEMENT SUR LA FORME
A l’orée d’une dixième journée de
mobilisation en France aujourd’hui
contre la réforme des retraites, gou-
vernement et syndicats mettent en
garde contre un risque de chaos.
Les syndicats appellent leurs mili-
tants à redescendre dans la rue au-
jourd’hui. Une dixième journée de
mobilisation contre la réforme des
retraites qui s’annonce à nouveau
sous haute tension. «Il faut un geste
très fort du gouvernement» pour
mettre un terme aux manifestations,
exige Laurent Berger, le leader de la
CFDT, le syndicat réformiste que le
gouvernement n’a pas su ou pu em-
barquer avec lui sur cette réforme.
Le syndicaliste attend que le gou-
vernement retire le relèvement de
l’âge de départ de 62 à 64 ans pour
demander à ses troupes de se démo-
biliser. Chacun campe donc sur ses
positions. Les syndicats ne com-
prennent pas que le chef de l’Etat
reste «sourd» à la rue. Le président,
quant à lui, rétorque qu’il n’a fait
qu’utiliser les moyens que lui ac-
corde la Constitution. Un dialogue
de sourds dans l’attente de la déci-
sion du Conseil constitutionnel, qui
devrait donner son avis sur la ré-
forme d’ici la mi-avril. Il pourrait
retoquer certaines dispositions.
Si rien ne bouge sur le fond, il y a
un changement sur la forme. Après
avoir boudé l’appel des syndicats à ce
qu’ils soient reçus à l’Elysée, Emma-
nuel Macron assure désormais leur
«tendre la main». Le hic, c’est qu’il ne
veut parler avec eux que de condi-
tions de travail, pas de la réforme des
retraites. Pas sûr qu’il parvienne à
apaiser les tensions avec ce change-
ment de discours. Le président fran-
çais a d’ailleurs réuni hier à l’Elysée
les ministres et les leaders de sa ma-
jorité. Histoire de resserrer les rangs
après les divergences provoquées au
sein de son propre camp par l’utilisa-
tion du 49.3.
De son côté, la première ministre,
Elisabeth Borne, s’efforce également
de désamorcer la contestation. Elle
entame une énième série de consul-
tations qui se prolongeront pendant
trois bonnes semaines avec les lea-
ders politiques et… les représentants
syndicaux qui le souhaitent. Elle
prône désormais le dialogue pour de
futurs textes, mais pas question non
plus de revenir sur la réforme. AC
FOCUS 3
INTERNATIONAL
sodique. Sans oublier cette manifesta-
tion qui a mis le feu aux poudres same-
di dans l’ouest du pays, où près de
6000 manifestants écologistes se sont
retrouvés pour s’opposer à un projet de
retenue d’eau. Ils ont affronté pas
moins de 3000 gendarmes et policiers,
soit un pour deux opposants à ce projet
de bassines qui doivent permettre l’ir-
rigation de terres agricoles.
Une véritable bataille rangée en
pleine campagne, avec près de 4000 gre-
nades lacrymogènes lancées. Résultat:
deux manifestants dans le coma, dont
un qui se trouve entre la vie et la mort,
mais aussi de nombreux blessés de part
et d’autre. Des images qui ont renforcé
le sentiment d’un pays en ébullition, in-
capable d’éviter l’affrontement. Et qui
ont relancé le débat sur les violences
policières. Le Conseil de l’Europe s’est
d’ailleurs alarmé de «l’usage excessif de
la force» en France.
Ce sont
des dénommés
«black blocs»
qui ont dévasté
les rues de la capitale
A un an des Jeux olympiques de Pa-
ris, autant dire que l’image internatio-
nale du pays est aussi peu attractive
que les eaux de la Seine où doivent se
produire des épreuves de nage libre. La
France d’Emmanuel Macron se trouve
plongée aujourd’hui dans une crise po-
litique, déclenchée par le recours au
49.3 pour adopter une réforme très lar-
gement contestée par les Français. Elle
est aussi sociale, avec des manifesta-
tions massives dans de nombreuses
petites villes.
Le feu qui couvait sous les cendres
depuis les «gilets jaunes» a repris de
plus belle. D’autant qu’ils avaient obte-
nu avec la violence 17 milliards de me-
sures sociales de la part du gouverne-
ment, alors que les syndicats ne l’ont
pas fait reculer d’un centimètre en ma-
nifestant pacifiquement. Mais cette
crise est aussi institutionnelle. Elle re-
met en cause la toute-puissance d’un
chef de l’Etat qui impose une réforme
aussi impopulaire, esquivant un parle-
ment où il n’a pas assez de soutien.
Résurrection socialiste?
Face à ces crises, la Constitution n’ac-
corde que deux sorties au chef de l’Etat.
Un changement de la première mi-
nistre, Elisabeth Borne, qui s’est elle-
même présentée comme un «fusible».
Une mesure qui entraînerait un renou-
vellement d’un gouvernement usé par
la séquence des retraites. Ou alors une
dissolution de l’Assemblée nationale.
Cette deuxième solution serait aux
risques et périls d’Emmanuel Macron.
Lors d’une législative partielle ce
week-end dans le Sud-Ouest, la candi-
date macroniste a mordu la poussière
dès le premier tour avec à peine 10%
des voix. Au second, la sortante de l’al-
liance de gauche (Nupes) affrontera,
ô surprise, une dissidente socialiste
opposée à l’alliance avec les insoumis
de Jean-Luc Mélenchon. Les militants
PS qui avaient rejoint Emmanuel
Macron seraient-ils en train de revenir
au bercail? Il est trop tôt pour le dire.
Mais si la socialiste dissidente s’im-
pose dimanche prochain, ce serait une
première victoire pour son principal
soutien: la présidente de la région Oc-
citanie, Carole Delga, à qui on prête des
ambitions présidentielles. I
 LE COURRIER
4 GENÈVE MARDI 28 MARS 2023

La Liste d’union populaire présente 61 candidat·es, dont une majorité des député·es sortant·es

La LUP croit en ses chances

VOTATIONS
ÉLECTIONS
2023
2 avril

CHRISTIANE PASTEUR

Gauche de la gauche X Née de la scission de Solidarités, la Liste

d’union populaire (LUP) présente 61 candidats et candidates au
Grand Conseil, dont la majorité de la députation sortante d’En-
semble à gauche: Jean Burgermeister, Rémy Pagani, Salika Wen-
ger, Olivier Baud, Pablo Cruchon, Pierre Vanek et Jean Batou.
Sur la liste, on retrouve également quatre élu·es dans les com-
munes genevoises ainsi que des membres des Communistes et
des syndicats. Salika Wenger et Jean Spielmann ont été exclu·es
du Parti du travail et Olivier Baud de Solidarités pour s’être pré-
sentés sur cette liste. Enfin, la conseillère nationale Stefanie
Prezioso et le député Jean Burgermeister se lancent à l’assaut
du Conseil d’Etat (lire ci-dessous).
Dix propositions sont mises en avant par la LUP. Elles se
veulent «concrètes» et visent à répondre «aux besoins immédiats
des classes populaires». Parmi celles-ci, citons la gratuité des
crèches, un abonnement TPG à 100 francs, le droit illimité au
chômage pour les plus de 55 ans, un fonds de soutien à la culture
locale, un autre pour le désendettement ou encore l’usage mo-
déré gratuit de l’électricité et de l’eau. I Présentation de la Liste d’union populaire, le 30 novembre 2022. MPO

Il veut représenter les classes populaires
Le député Jean Burgermeister
est à nouveau candidat, sous la
bannière de la Liste d’union
populaire cette fois.
«Je ne suis pas favori», reconnaît
d’emblée Jean Burgermeister,
député au Grand Conseil depuis
cinq ans et candidat au Conseil
d’Etat aux côtés de Stefanie Pre-
zioso. Même si ses chances ne
sont pas gigantesques, il n’en-
tend pas «baisser les bras avant
de mener bataille». A 34 ans
seulement, c’est déjà la deu-
xième fois qu’il tente sa chance
à l’exécutif genevois, mais sur
la Liste d’union populaire (LUP)
cette fois.
Il y a cinq ans, il faisait liste
commune avec Jocelyne Haller.
Il avait alors recueilli un peu
plus de 10 000 voix. Désormais,
les camarades d’hier présentent
des listes séparées. Une «erreur»,
selon lui. «Il ne faut pas sous-es-
timer les divergences politiques»,
notamment sur le modèle d’or-
ganisation, mais elles devraient
«alimenter le débat plutôt que le
conflit. Les antagonismes, forts,
entre personnes ne devraient
pas prendre le pas sur notre res-
ponsabilité politique», analyse
Jean Burgermeister.
Fraîchement nommé secré-
taire syndical chez Unia, il a
grandi dans la petite commune
de Gy, suivi des études univer-
sitaires en biologie. Il évoque
une «vraie passion pour
la faune et la flore»
passée au second
p l a n à c au s e
de son enga-
gement poli-
tique. «Mais je
connais t rès
bien les espèces
qu’abrite notre
canton.»
L a LU P veut
parler aux classes
populaires. «Il est im-
portant de les représenter
au parlement, car ce Conseil
d’Etat, quelle que soit sa ma-
jorité, a montré son désintérêt
pour les salariés», affirme Jean
Burgermeister. Un gouverne-
ment accusé de vouloir faire de
Genève, le canton déjà le plus
inégalitaire de Suisse, un Mo-
naco-sur-Léman. Avec «une
fiscalité attractive pour les mil-
lionnaires» alors qu’une «part
croissante de la population
peine à payer ses primes d’as-
surance ou son loyer», soutient
le représentant de la LUP.
La formation vient de re-
cueillir 6500 signatures pour
s o n i n it i at i ve p r é -
voyant la gratuité
des crèches. Est-
ce bien raison-
nable de faire
un cadeau
au x r iches
a lo r s qu’on
manque de
places? Le dé-
puté fa it un
p a ra l lèle ave c
l’é c ol e publ ique
gratuite. Une imposi-
tion plus juste devrait financer
les services publics. Dans le cas
précis, la cotisation employeurs
augmenterait. «En quelques an-
nées, on parviendrait à rendre
les crèches gratuites, financer
les 5000 places manquantes,
trouver les locaux et former le
personnel qualifié nécessaire»,
estime-t-il. CPR
Pour un «grand service de santé publique»
Candidate au Conseil d’Etat, la
conseillère nationale Stefanie
Prezioso ne craint pas de «se
frotter» à l’exécutif.
Forte de son expérience au
Conseil national, où elle siège
depuis 2019 – elle y avait rem-
placé Jocelyne Haller,
qui avait renoncé –,
Stefanie Prezioso
se verrait bien
«se frotter» à
l’exécutif gene-
vois, aux côtés
des socialistes
et des Vert·es.
Au risque
d’être minori-
sée et de ne pas
pouvoir appliquer
son programme? «On
peut faire bouger les lignes. Il
est évident que si je suis élue,
c’est qu’il y aura eu une majo-
rité de gauche au parlement»,
répond-elle.
Celle qui est professeure
d’histoire contemporaine à
l’université de Lausanne dit vo-
lontiers «nous» en parlant des
opprimé·es. Née à La Chaux-de-
Fonds, fille d’un ouvrier et d’une
ouvrière italien·nes qui, après
la crise de l’horlogerie, déména-
geront à Yverdon pour ouvrir
une épicerie, Stefanie Prezioso
rend grâce à ses parents d’avoir
structuré son engagement. «Ils
lisaient énormément, ma mère
était féministe et com-
muniste, mon père
engagé dans les
colonies libres
italiennes.»
Elle se
souv ient du
racisme dont
elle a souffert
da ns le s a n-
nées septante
dans le canton
de Vaud en tant que
fille d’émigré·es. Comme
da ns la cha nson de Jea n-
Jacques Goldmann, elle s’est af-
franchie de son milieu d’origine
par les livres. Elle affirme avoir
eu de la chance d’obtenir son
poste à l’université, en travail-
lant et en étant «au bon endroit
au bon moment». «Je voulais
surtout faire de la recherche»,
souligne-t-elle.
Demain, elle se verrait bien à
la tête de l’Instruction publique
ou de la Santé, en regroupant les
HUG, les EMS et l’Imad dans un
«grand service public de santé».
«Les établissements sont de plus
en plus autonomes et de moins
en moins publics. C’est pourtant
primordial, d’autant plus dans
un canton qui vieillit.» Stefanie
Prezioso met également l’accent
sur l’écologie et le social, l’un ne
pouvant pas aller sans l’autre,
relève-t-elle.
Elle regrette les divisions à la
gauche de la gauche. Une «er-
reur fondamentale» et un «re-
pli sur soi propre aux moments
de crise», selon la conseillère
nationale. Au vu de l’éclate-
ment de la droite, il y aurait pu
avoir un «moment de bascule»
comme lorsque Mélenchon a
failli être au second tour de la
dernière élection présidentielle
française, analyse-t-elle. La
gauche de la gauche était éga-
lement éclatée il y a cinq ans,
rappelle Stefanie Prezioso. «Le
quorum a été obtenu, il est
aussi aujourd’hui à portée de
main.» CPR

Face au couperet du quorum à 7%

Gauche de la gauche X Parties sépa-
rément pour les élections cantonales,
il est probable qu’aucune des deux
composantes de la gauche de la
gauche n’obtienne le quorum.
Bien qu’ayant un rôle indispensable
dans la vie politique et militante ge-
nevoise, le poids institutionnel de la
gauche de la gauche – avec neuf sièges
au Grand Conseil – y est relativement
modeste. Ensemble à gauche a pour-
tant contribué de façon notable à ani-
mer le débat public lors de la dernière
législature, que ce soit au parlement,
par le biais de dépôts de textes ou dans
les urnes, encore tout récemment sur
la fiscalité. La coalition peut se targuer
d’avoir participé à plusieurs victoires
récentes: salaire minimum cantonal
et horaires des magasins, pour ne ci-
ter que ces deux exemples. A l’aube des
élections genevoises, la donne pourrait
bien changer.
Deux listes concurrentes se récla-
mant chacune de la coalition Ensem-
bleà gauche (EàG) briguent les suf-
frages populaires, au risque d’affaiblir
toute la gauche parlementaire. D’un
côté, Solidarités, le Parti du travail
(PdT) et le DAL (Défense des aînés et
des locataires), historiquement à la
base d’EàG. Et de l’autre, la nouvelle
Liste d’union populaire (LUP), issue de
Résistons, scission de Solidarités, com-
prenant également les Communistes.
Les deux composantes partent divisées
malgré leurs points communs.
Dans un éditorial, Le Courrier avait
appelé à fonder une alliance électorale
de raison. Sans succès. Sur les diver-
gences politiques se sont greffées des
querelles de personnes et d’argent. De
la redistribution des jetons de présence à
l’utilisation du nom Ensemble à gauche,
en passant par les divergences de vue or-
ganisationnelles, les points de friction se
sont transformés en rancunes tenaces.
Résistons a beau jeu de réclamer l’union
alors que ce sont ses membres qui ont
fait scission. A l’époque, ils et elles re-
Sur les divergences fusaient d’être cantonné·es au back-of-
politiques fice d’activités militantes, associatives
et syndicales. En face, on estime que la
se sont greffées confiance a été rompue et que les mé-
thodes en vogue chez leurs ancien·nes
des querelles camarades ne sont plus acceptables.
de personnes La situation est tout de même para-
doxale. On retrouve des compagnons de
et d’argent route de vingt ans, d’ex-mari et femme,
une fratrie sur des listes séparées, que
l’opportunisme ou les circonstances ont
fait virer d’un côté plutôt que de l’autre.
Que feront les électeurs et électrices
dimanche? Il y a fort à parier qu’ils et
elles seront également divisé·es, si ce
n’est fatigué·es de ces querelles, vote-
ront l’une ou l’autre liste, panache-
ront, voire voteront «socialiste pour la
première fois» de leur vie, comme cela
nous a été donné d’entendre.
Or le quorum au bout du lac est à 7%.
La gauche dite radicale a connu deux
pénibles traversées du désert, en 2005
et en 2009, faute de l’avoir atteint. Rater
la marche du Grand Conseil, c’est perdre
en visibilité, mais cela signifie aussi un
manque à gagner financier non négli-
geable. En 2013, Ensemble à gauche ob-
tenait 8,75% des voix. Cinq ans après,
la coalition n’en rassemblait plus que
7,83%. Il y a cinq ans, la gauche était
aussi divisée. La liste femmes avait obte-
nu 3,2% des suffrages, tandis que deux
listes estampillées à gauche avaient, en-
semble, grappillé encore quelque 2%. Et
cette fois? Réponse ce dimanche. 
CHRISTIANE PASTEUR
LE COURRIER
MARDI 28 MARS 2023 GENÈVE 5

Affaiblis par les conflits à la gauche de la gauche, Solidarités, le DAL et le PdT misent sur le renouveau

Focus sur le maintien au parlement

VOTATIONS
ÉLECTIONS
2023
2 avril
MAUDE JAQUET
Gauche de la gauche X Solida-
rités, le Parti du travail (PdT) et
le DAL (Défense des aînés et des
locataires) repartent sur une liste
commune Ensemble à gauche en
présentant 44 candidats et can-
didates au Grand Conseil. Parmi
lesquels·les les sortant·es Jocelyne
Haller et Christian Zaugg ainsi
que les députées suppléantes Aude
Martenot et Françoise Nyffeler. Une
petite partie seulement de la dépu-
tation Ensemble à gauche actuelle.
La liste 6 intègre des visages
connus pour leurs activités parle-
mentaires, notamment en Ville de
Genève, mais aussi des membres
des syndicats et des mouvements
climatiques. Une diversité qui se re-
trouve aussi dans les candidatures
au Conseil d’Etat. Le trio constitué
d’Alexander Eniline (Parti du tra-
vail), de Françoise Nyffeler (Solida-
rités) et de Teo Frei (Solidarités) se
veut le reflet des courants partisans
de la coalition, mais aussi des prio-
rités politiques que sont les luttes
féministes et climatiques.
Le programme présenté de-
mande notamment la création
d’un revenu cantonal d’existence
et la réduction du temps de tra-
vail à trente-deux heures par se-
maine. Côté climat, on mise sur la
gratuité des transports publics et
le désinvestissement des énergies
fossiles. La coalition soutient par
ailleurs une fiscalité plus juste et
demande l’expropriation des bu-
reaux vides pour les transformer
en logements. I Lancement de la campagne d’Ensemble à gauche: Solidarités-DAL-Parti du travail, le 20 septembre 2022. JPDS

Marxiste et écolo, Asseoir des idées, La lutte

sans contradiction
Le président du Parti suisse du
travail, Alexander Eniline,
brigue une place à l’exécutif
pour «changer l’Etat de l’inté-
rieur».
A l’âge où la plupart des adoles-
cent·es regardent la politique
avec une lointaine indifférence,
Alexander Eniline avait lu le
manifeste de Marx et s’inter-
rogeait sur les dysfonctionne-
ments du monde. Une sensibili-
té politique précoce nourrie par
ce candidat au Conseil d’Etat
genevois sur la liste Ensemble à
gauche: Solidarités-DAL-Parti
du travail (PdT). Aujourd’hui
p r é s i d e n t d u Pa r t i
suisse du travail, ce
trentenaire reste
at t aché à u n
idéal en lequel
il trouve des
résonances
avec les défis
de son temps.
A lexa nder
Eniline naît en
1990, dans une
Russie durement
ébranlée par le chômage
de masse et les pénuries. Un
«chaos» que sa famille quitte,
alors qu’il est encore enfant, à la
faveur d’un poste de traducteur
pour l’ONU obtenu par son père
à Genève. Avec son pays d’ori-
gine, il garde essentiellement
des attaches idéologiques et his-
toriques, lui qui étudie par ail-
leurs la philosophie médiévale
à l’université de Genève. «Je me
suis intéressé au socialisme tel
qu’il a existé. Une société qui, à
certains égards, était plus avan-
cée, notamment en matière de
sécurité de l’existence.» Soins
médicaux gratuits, logement
garanti, pas de dettes contrac-
tées jusqu’à l’étranglement…
La grille de lecture de cet éru-
dit fait écho à des enjeux très
concrets des classes populaires
genevoises. Il défend ainsi une
«reprise en mains publiques du
logement» par opposition à la
logique de profits des promo-
teurs, mais aussi l’avènement
d’un système de santé publique
à même de contourner le «cartel
des assurances privées».
Ses préoccupations sont
aussi écologiques. Contre-em-
ploi pour ce marxiste? Pas
antinomique, estime
Alexander Eniline,
qui rappelle que
«les questions
écologiques
se retrouvent
dans les textes
du Pa r t i du
travail de
ma nière pré -
gnante dès les
années septante»,
via des objectifs de
diminution de la pollu-
tion, de la voiture individuelle
et des infrastructures rou-
tières. Aujourd’hui, il défend
notamment les transports pu-
blics et un revenu de transition
écologique.
Conscient que ses chances
d’accéder à l’exécutif sont té-
nues, il s’y verrait pourtant
bien siéger pour «changer l’Etat
de l’intérieur». Et ce même si son
expérience politique est vierge
de tout mandat électif – malgré
plusieurs tentatives sous la ban-
nière du PdT. MJT
pas sa carrière
Solidarités mise sur une jeune
recrue, Teo Frei, pour convaincre
les jeunes du climat d’aller aux
urnes.
Figure de la Grève du climat, ac-
tiviste Breakfree et maintenant
candidat au Conseil d’Etat. Teo
Frei assume sa casquette d’out-
sider alors qu’il se présente pour
la première fois à une élection,
sous les couleurs d’Ensemble
à gauche et au nom de Solida-
rités, dont il est aujourd’hui le
secrétaire politique.
Quand on lui demande s’il
s’est rangé, celui qui pendant
cinq ans a mené de front un
bachelor en relations
internationales et
une foule d’acti-
vités militantes
esti me avoi r
si mplement
«ajout é u ne
activité» à son
tableau. Des
mouve m e nt s
dans la rue, il
ne renie rien, au
contraire. Quand on
l’attrape au téléphone,
il est en train d’organiser une
action pour protester contre le
rachat de Credit Suisse par UBS.
Mais ce week-end, c’est une
casquette plus institutionnelle
qu’il arborera. «Solidarités,
c’était une évidence pour moi
face à des partis socialiste et
vert beaucoup trop mous, pas
assez radicaux, pas intéressés
par les mouvements sociaux
et très institutionnels», pointe
du doigt Teo Frei. L’institution-
nel justement, il y plonge tout
entier en briguant un poste
de conseiller d’Etat, lui qui n’a
jamais prétendu à un mandat
politique. Un rôle à contre-em-
ploi? «Si je suis élu, je siégerai au
Conseil d’Etat. Mais le but n’est
pas d’être élu, mais de visibiliser
les luttes dans lesquelles nous
sommes actifs.»
Au cœur de ses préoccupa-
tions, le climat bien sûr. Avec
comme mesure forte le revenu
de reconversion écologique «qui
permettrait d’assurer un revenu
aux personnes en reconversion
professionnelle, particulière-
ment d’un secteur polluant à
un secteur d’avenir comme le
photovoltaïque ou l’agricul-
ture paysanne». Mais
de ses engagements
militants, il tire
aussi la convic-
tion qu’il faut
«démocratiser
les services
publics, inté-
g r e r d av a n -
tage les usa-
gers et usagères
et le personnel, à
tous les échelons».
Prétendre à davantage
d’horizontalité.
D’après lui le Grand Conseil
reste «la priorité absolue». Alors
pourquoi ne pas vouloir y siéger,
lui qui ne figure même pas sur la
liste? «Je veux être clair que ma
volonté est de faire changer les
choses fortement, et pas de lan-
cer une carrière politique.» Et
de conclure: «Cette campagne
je la fais avec mon style, à ma
manière, sans langue de bois.»
De quoi séduire, peut-être, des
jeunes lassé·es de l’immobilisme
politique. MJT
dans la peau
Militante féministe, syndicale
et députée suppléante, Fran-
çoise Nyffeler vise une place à
l’exécutif.
On l’a souvent vue au porte-
voix de la Grève féministe, à
l’avant-poste d’une lutte qu’elle
considère comme son «ADN».
Mais à la conquête d’un siège
au Conseil d’Etat, Françoise
Nyffeler peut aussi compter sur
son expérience de députée sup-
pléante, une fonction qu’elle oc-
cupe depuis 2019 dans le groupe
Ensemble à gauche. Avec la sa-
tisfaction d’être «à l’interface de
ces deux sphères», un pied dans
les mouvements so-
ciaux, l’autre dans
le parlement.
La lutte com-
mence pour la
jeu ne F ra n-
çoise Nyffeler
dans le Mou-
vement de
libération des
femmes (MLF),
qui se mobilise
d a n s l e s a n né e s
septante pour l’accès à
l’avortement. «Je suis révoltée
qu’on puisse aujourd’hui le re-
mettre en question», s’insurge
l’élue qui se décrit elle-même
comme «une femme libre, non
soumise, qui s’engage». Enga-
gée notamment via son métier
d’enseignante, dont elle est au-
jourd’hui retraitée. Lorsqu’elle
évoque les classes d’accueil
dans lesquelles elle a longtemps
enseigné le français, elle se rap-
pelle d’une jeune fille kurde qui
n’avait jamais vu un livre, au
point de ne pas savoir tourner
les pages. De cette Thaïlandaise,
arrivée de Pattaya, qui n’arrivait
pas à dormir dans le calme as-
sourdissant de Laconnex. «Des
mondes qui se retrouvaient liés
à travers l’émigration et qui
s’entraidaient sans même avoir
encore les mots pour se parler.»
A la retraite, celle qui est tou-
jours restée proche des cama-
rades de la première heure re-
joint sa formation politique ac-
tuelle, Solidarités, sur le constat
d’une «crise sociale qui s’ag-
grave». Elle porte aujourd’hui
l’ambition de mesures concrètes
pour les plus précaires: un
meilleur contrôle des loyers et
l’augmentation des mi-
nimas sociaux pour
lutter contre la
préca rité. Ses
engagements
féministes
f igurent évi-
dem ment en
bonne place,
avec l’ambition
d’«agir urgem-
ment avec un plan
contre les violences
sexistes et sexuelles».
Convaincue de l’«importance
de la vie parlementaire», elle rap-
pelle que la gauche de la gauche,
quoique minoritaire, est prompte
à lancer des débats et capable de
faire «adhérer la gauche à des
positions plus radicales». Pour
cela, il faudra atteindre le quo-
rum alors que les forces partent
divisées. «Il y a des valeurs sur
lesquelles on ne peut pas tran-
siger», dira-t-elle de la crise (lire
ci-contre). «Quoi qu’il advienne,
je resterai une miliante syndi-
cale et féministe.» MJT

Tu as 18 ans en 2023 ? Tu habites le canton de Genève ?

L’État de Genève t’offre
un abo web d’une année au Courrier !
Pour en profiter, rends-toi sur monjournal.ge.ch et choisis ton média indépendant !

6 ÉCONOMIE
Le géant à 1500 milliards de francs créé par le Conseil fédéral présente un risque trop élevé en cas de crise
Amaigrir l’UBS mode d’emploi
PIERRE-ANDRÉ SIEBER
Banque X Le rachat quasi for-
cé du Credit Suisse (CS) par UBS
a sauvé la place f inancière
suisse voire mondiale d’une
crise certaine mais de nom-
breuses questions demeurent.
Pour un petit pays comme la
Suisse, comment limiter le
risque constitué par la création
d’une gigantesque banque pe-
sant 1500 milliards de francs?
Selon Cédric Tille, professeur
d’économie à l’IHEID de Ge-
nève, le parlement qui tiendra
une session spéciale sur CS dès
le 11 avril devra se pencher sur
ce problème en priorité.
«Cette somme du bilan repré-
sente deux fois le PIB de la Suisse
et constitue un gros danger
pour les finances publiques en
cas de problèmes», avertit le pro-
fesseur. «Clairement, la Suisse
n’est pas de taille à la sauver en
cas de faillite. Par ailleurs, il faut
pouvoir assurer la régulation de
cette méga-banque. Je doute que
l’Autorité fédérale de surveil-
lance des marchés financiers
(Finma) soit capable de le faire
en l’état de ses forces.»
Un peu fort de café
A ce titre, Cédric Tille trouve
un peu fort de café les critiques
adressées par le conseiller na-
tional UDC Thomas Aeschi (ZG)
contre la Finma dans la presse
alémanique. «Durant des an-
nées, son parti s’est opposé au
renforcement de cette autorité
de régulation», poursuit le pro-
fesseur d’économie de l’IHEID.
«Il faut rappeler que cette auto-
rité de surveillance ne peut in-
fliger ni sanctions ni amendes.
C’est sans doute ce qui a confor-
té le conseil d’administration
de CS de poursuivre son activi-
té dans la finance casino, une
activité très risquée. Il semble
qu’elle ait considéré les avertis-
sements de la Finma comme des
avis pouvant être ignorés, sans
changer sa gouvernance.»
Un pays aussi riche que la
Suisse ne peut-il vraiment pas
se permettre d’être le siège d’une
grande banque globale? «Non! Il
faut clairement revoir à la baisse
la taille de la banque née du ra-
chat de CS par UBS», affirme
Cédric Tille. «Se débarrasser des
risques constitués par la banque
d’affaires est une priorité. Sinon, Pour un petit pays comme la Suisse, limiter le risque constitué par la création d’une gigantesque banque
en cas de banqueroute analogue pesant 1500 milliards de francs est un véritable défi. KEYSTONE
Les autorités étrangères aussi veillent au grain
La reprise de Credit Suisse par UBS doit
encore être notifiée aux autorités de la
concurrence étrangères.
Le droit de la concurrence risque de rattra-
per la fusion entre Credit Suisse et UBS.
Hormis les autorités suisses, les régulateurs
dans l’Union européenne (UE), aux Etats-
Unis et dans d’autres pays asiatiques pour-
raient examiner un éventuel démantèle-
ment du futur géant bancaire helvétique.
Sur sol helvétique, le couple UBS Credit
Suisse sera gigantesque avec 333 milliards
de dépôts clients pro forma, loin devant
d’autres établissements d’importance sys-
témique comme Raiffeisen (208 milliards),
la Banque cantonale de Zurich (97 mil-
liards) et Postfinance (90,4 milliards).
Le 19 mars, Urban Angern, directeur
de l’Autorité fédérale de surveillance des
marchés financiers (Finma), a expliqué
que le gendarme de la concurrence avait
le droit de se substituer à la Commission
de la concurrence (Comco), cette dernière
étant seulement consultée.
«UBS sera une très grande banque et
le sujet de la concurrence sera impor-
tant», a toutefois concédé Thomas Jor-
dan, le patron de la Banque nationale
suisse (BNS). «Nous devons nous assurer
qu’il y aura à l’avenir suffisamment de
place sur sol helvétique pour la concur-
rence bancaire.»
Selon le professeur au département de
droit public à l’Université de Genève
Christian Bovet, après la fusion entre les
deux banques, les règles ordinaires s’ap-
pliqueront à cette nouvelle entité en ma-
tière d’abus de position dominante. «Si la
nouvelle banque devait par exemple abu-
ser de sa position dominante dans une
certaine activité et région géographique,
la Comco pourrait intervenir et imposer
des amendes», précise-t-il. Le retour au
droit ordinaire entrera en vigueur dès le
moment où la fusion sera effective.
La nouvelle entité étant active au ni-
veau international, d’autres régulateurs
pourraient s’en mêler. «Dans l’UE, la
Commission européenne va intervenir
pour évaluer toute opération de cession.
Aux Etats-Unis, la procédure est un peu
plus complexe avec l’intervention de l’au-
torité américaine de la concurrence», la
FTC ou l’Antitrust division, détaille
M. Bovet. Des régulateurs en Asie pour-
raient également intervenir.
En attendant, le président de Saudi Na-
tional Bank (SNB), premier actionnaire de
Credit Suisse avant son rachat, a démis-
sionné, a indiqué hier l’établissement fi-
nancier dans un communiqué. ATS
LA LIBERTÉ | MARDI 28 MARS 2023
à celle de CS, nous risquons de
nous retrouver dans la situa-
tion de l’Irlande, sous perfusion
du Fonds monétaire interna-
tional (FMI)». Dans les années
2000, le «tigre celtique» avait
des finances saines mais après
la crise de 2008, il s’est retrouvé
presque en faillite. Le gouverne-
ment de ce petit pays de 4,6 mil-
lions d’habitants avait voulu
sauver les banques en difficulté
en reprenant leurs dettes pour-
ries mais n’y est pas parvenu.
«Il aurait fallu
créer une task
force car le feu
couvait sous
la cendre depuis
des mois» Cédric Tille
L’activité à hauts risques des
banques d’affaires – qui consiste
entre autres en des fusions-ac-
quisitions, des augmentations
de capital ou des émissions
d’obligations coûtant des mil-
liards – convient à de grands
Etats comme les Etats-Unis ou le
Royaume-Uni mais pas à la
Suisse. «Leur activité se passe
principalement sur des places
financières de Londres et de
New York sans que la direction
qui est en Suisse ne semble vrai-
ment savoir ce qui s’y passe»,
complète Cédric Tille. «Or, pour
l’avenir d’UBS, la Suisse doit se
poser la question de ce qui se
passera le jour où, inévitable-
ment, cette grande banque ren-
contrera un gros problème».
Faut-il retirer à UBS la partie
CS «suisse» active dans la
banque commerciale tradition-
nelle et la laisser poursuivre ses
activités? «Au lieu du rachat de
CS imposé à UBS, on aurait pu
choisir l’option de la nationali-
sation temporaire de cette
banque», expose le professeur à
l’IHEID. «Mais visiblement, les
VERS UNE COMMISSION D’ENQUÊTE
Le Bureau du Conseil national veut
une Commission d’enquête parle-
mentaire (CEP) sur la reprise de Cre-
dit Suisse par UBS. Cette proposition
sera transmise au Bureau des Etats.
La Commission d’enquête devrait
être chargée «d’établir les responsa-
bilités des autorités et des organes
concernant cette fusion», ont indi-
qué hier les services du parlement.
Avant qu’une CEP n’entame ses tra-
vaux, les deux Chambres doivent
adopter un arrêté fédéral pour l’ins-
tituer. Le Conseil fédéral est égale-
ment consulté mais n’a pas le droit
de s’y opposer. Dimanche dernier,
la ministre des Finances, Karin Kel-
ler-Sutter, s’est prononcée contre un
tel objet. La CEP est l’instrument le
plus fort du parlement. Elle dispose
LE COURRIER
autorités n’avaient pas planché
en amont sur plusieurs scéna-
rios possibles, les laissant peu
prêtes au final. Il aurait fallu
pour cela mettre sur pied une
task force, ce qui pouvait facile-
ment être réalisé vu que le feu
couvait sous la cendre depuis
des mois. Tel n’a pas été le cas.
Maintenant qu’on a obligé UBS
à reprendre CS, on viendrait lui
dire de laisser tomber une
branche qui a rapporté 1,6 mil-
liard de francs en 2022? «Il faut
savoir ce que l’on veut» rétorque
avec raison la direction d’UBS.
On peut lui demander de se dé-
faire de la banque d’affaires
mais pas de la banque commer-
ciale qui rapporte». Conserver
la gestion de fortune – où le
risque est assuré par le client et
non l’Etat – est raisonnable.
Prêter à un fraudeur
Déraisonnable a été la gestion
du risque de la banque d’affaires
de CS. Parmi les avertissements
qu’auraient pu entendre la Fin-
ma et le Conseil fédéral, celui de
l’affaire Archegos figure en tête
de liste. Ce fonds spéculatif new-
yorkais s’est effondré en mars
2021 coûtant 4,4 milliards de
francs suisses à CS. «On savait
que le créateur de ce fonds avait
fait de la prison pour fraude et la
direction de CS a quand même
accepté de lui prêter des mil-
liards de dollars», déplore Cé-
dric Tille. «Cette affaire parmi
d’autres a grandement affecté la
confiance des investisseurs. Les
autorités sont restées concen-
trées sur les indicateurs finan-
ciers, comme la capitalisation,
qui étaient solides. Ces indica-
teurs sont pertinents, mais ne
suffisent pas car un bilan solide
ne pèse pas lourd une fois que
s’est évaporée la confiance des
marchés dans la conduite de la
banque.»
Concernant la concurrence
enfin, la disparition de CS n’ar-
ra nge pas les sociétés qui
doivent assurer le financement
à l’exportation, activité qui re-
quiert un réseau international.
Pour un canton comme Genève,
qui compte nombre de multina-
tionales, «ce manque de concur-
rence peut être négatif», estime
Cédric Tille. Ces sociétés inter-
nationales n’ont plus dès lors
que le choix de passer par UBS.
Le manque de diversité ainsi
créé ouvre la voie à la concur-
rence des banques étrangères. I
du même droit à l’information que
les délégations des commissions de
surveillance, à savoir la Délégation
des Commissions de gestion et
celle des finances.
Elle a notamment le droit d’en-
tendre des personnes en qualité de
témoin et de consulter les pro-
cès-verbaux et les documents
concernant les séances du gouver-
nement. Elle peut en outre confier à
un chargé d’enquête le soin d’admi-
nistrer les preuves.
La gauche a déjà demandé la mise
sur pied d’un tel instrument. L’UDC
s’est aussi dite «ouverte». Quant au
PLR, il veut examiner l’éventualité
de la mise sur pied d’un tel disposi-
tif, lors de la session extraordinaire
agendée mi-avril. ATS
LE COURRIER
MARDI 28 MARS 2023 SUISSE 7

Démissions au FIFDH Cambriolages en hausse RELIGIONS La Suisse tancée

Genève X Le Festival du film international sur
les droits humains (FIFDH) de Genève fait face à
une pluie de démissions après la crise qu’il subit
depuis quelques mois. La codirectrice et directrice
des programmes, Irène Challand, se retire, a dit
hier le Conseil de fondation.
L’organe de surveillance s’est réuni jeudi pour
discuter des tensions qui avaient été relayées dans
la presse. Trois de ses membres, Nadia Dresti, Ur-
sula Meier et Stina Werenfels ont présenté leur
démission.
Elles estiment que la mission donnée à
M me Challand n’est pas soutenue par l’équipe
opérationnelle. Souhaitant ne pas mettre sa san-
té davantage en péril, Irène Challand a également
signifié sa démission.
Selon les conflits qui ont été mentionnés dans
les médias, elle était au centre des tensions pour
des accusations d’«incompétences» et de «volonté
de contrôle extrême». Afin de garantir une conti-
nuité, le président du FIFDH, Yves Daccord, reste
lui en fonction. ATS
Infractions X Pour la première
fois en dix ans, la police a enre-
gistré en 2022 une hausse des
cambriolages. Au total, 35 732
vols par effraction ont été enre-
gistrés dans toute la Suisse. Ces
vols ont augmenté de 14,6% par
rapport à l’année précédente,
retrouvant le niveau précé-
dant la pandémie, a indiqué
hier l’Office fédéral de la statis-
tique (OFS). Le nombre de vols,
de tous types, a augmenté de
17,4% pour atteindre 174 702.
La hausse est particulièrement
forte pour les vélos électriques
Le nombre d’actes de violence
grave dénoncés et enregistrés a
augmenté également de 16,6%
pour s’établir à 1942 infractions,
valeur la plus haute depuis le dé-
but du présent relevé en 2009.
Les viols totalisent 867 infrac-
tions (+14,5%) et les lésions cor-
porelles graves 762 (+17,2%). Un
total de 42 homicides perpétrés
a été enregistré, un nombre in-
changé par rapport à 2021.
En 2022, 33 345 infractions
ayant une composante dite
numérique ont été dénoncées
(+9,9%). Les augmentations
concernent plus particuliè-
rement les cas de phishing
(+84,8%), de sextorsion (+54,0%)
et de fraude à l’investissement en
ligne (+29,2%). Les cas les plus
fréquents concernent les ache-
teurs ne recevant pas une mar-
chandise préalablement payée
sur un site de petites annonces
ou lorsqu’il y a une usurpation
des systèmes de paiement ou
d’identité. ATS
ENSEIGNER L’ISLAM ÉVITE
LA RADICALISATION
Enseigner l’islam à l’école
aide à prévenir la radicalisa-
tion. Des chercheurs des uni-
versités de Fribourg et de Lu-
cerne arrivent à cette
conclusion sur la base de
l’étude des cours de religion
des cantons romands et alé-
maniques, pourtant fonda-
mentalement différents.
«L’enseignement religieux
aide les jeunes à développer
une identité religieuse ré-
fléchie», a déclaré hier le di-
recteur de l’étude, Hansjörg
Schmid, qui dirige également
le Centre suisse islam et so-
ciété à l’université de
Fribourg. ATS
Amnesty International X Le racisme est systé-
mique en Suisse, a critiqué Amnesty Internatio-
nal (AI) dans son rapport annuel. L’ONG recom-
mande notamment l’interdiction du profilage
racial.
Le droit à l’avortement est quant à lui menacé.
Deux initiatives lancées en décembre 2021 par
des membres de l’UDC dans le but d’en restreindre
l’accès sont en cours. Alors que l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) recommande la dé-
pénalisation totale de l’IVG, l’initiative en ce sens
déposée par la conseillère nationale Léonore Por-
chet (Vert-e-s/VD) en mai 2022 a été rejetée en
mars 2023.
Du côté du climat, la Suisse n’en fait pas assez.
En avril, le recours des Aînées pour le climat, dans
lequel des femmes âgées affirment que leur état de
santé s’est dégradé parce que la Suisse n’a pas pris
les mesures nécessaires contre le réchauffement,
a été attribué à la Grande Chambre de la Cour eu-
ropéenne des droits de l’homme à Strasbourg. Les
recourantes avaient auparavant été déboutées en
Suisse jusque devant le Tribunal fédéral. ATS

L’arrêt du Tribunal fédéral qui oblige Uber à payer des cotisations sociales est un petit pas
dans la longue lutte des chauffeur·euses pour être reconnu·es comme salarié·es

La lutte contre l’immobilisme

SOPHIE DUPONT
Uber X La nouvelle tombée
mercredi passé est un soulage-
ment pour les défenseurs des
chauffeur·euses Uber. Le Tri-
bunal fédéral (TF) a jugé que la
société est tenue de payer les co-
tisations AVS. Il reconnaît ain-
si le statut de salarié des chauf-
feur·euses. «C’est l’arrêt le plus
significatif jusqu’à maintenant,
parce que c’est un jugement de
fond sous l’angle des assurances
sociales. Tous les cantons at-
tendaient qu’il tombe avant
d’agir. C’est maintenant chose
faite», relève Roman Künzler,
responsable transports et logis-
tique à Unia. Le syndicat estime
le nombre de chauffeur·euses
Uber à environ 5000 en Suisse
(2500 équivalent plein-temps).
Les sociétés Uber B.V. et Ra-
sier Oprations B.V. (pour les
chauf feurs·euses UberPop)
devront fournir à la Caisse de
compensation du canton de Zu-
rich (SVA Zurich) les documents
indiquant les salaires versés et
établir quels frais généraux ont
été supportés par les travailleurs
et travailleuses. La Caisse zuri-
choise considère qu’elle doit per-
cevoir les cotisations des chauf-
feur·euses de toute la Suisse.
«Comme le siège d’Uber en
Suisse se trouve dans le canton
de Zurich, c’est la SVA Zurich qui
est responsable de la perception
des cotisations. Le siège de l’em-
ployeur est déterminant, et non
le lieu de résidence des collabo-
rateurs», indique Daniela Aloisi,
chargée de communication.
Reste que l’application du ju-
gement ne sera pas simple, Uber
bottant déjà en touche: «Cette
décision se réfère à un ancien
modèle opérationnel utilisé en
2014, qu’Uber n’utilise plus en
Suisse. En tant que tel, il ne peut
pas être généralisé ou appliqué à
tous les chauffeurs qui utilisent
l’application Uber aujourd’hui
en Suisse», a fait savoir la socié-
té par communiqué. Le méca-
nisme est rôdé: pour échapper
à ses obligations, Uber change
constamment de modèle d’af-
faires. Depuis l’année dernière,
le géant passe par une société
intermédiaire, MITC Mobility,
La société californienne profite notamment d’un manque de coordination entre les cantons et de l’inaction de la Confédération. KEYSTONE
qui engage les chauffeurs et
chauffeuses.
Manque de coordination
La société profite aussi d’un
manque de coordination entre
les cantons et de l’immobilisme
de la Confédération. L’Office fé-
déral des assurances sociales
(OFAS) ne compte pas agir pour
s’assurer que la jurisprudence
soit appliquée. «L’encaissement
des cotisations est la tâche des
caisses de compensation, qui
disposent des outils nécessaires
pour le faire. Il n’y a pas de rai-
son que l’OFAS intervienne»,
affirme Elisabeth Hostettler,
porte-parole. Pour l’OFAS, il est
clair que l’arrêt ne se limite pas
à 2014. «Si aucun arrêt n’a en-
core été rendu pour les années
2015 et suivantes, les autorités
compétentes en matière d’as-
surances sociales considèrent
les chauffeurs Uber comme des
«C’est au Seco et salariés également pour cette
aux conseillers période. L’Office fédéral des
assurances sociales partage
fédéraux cette évaluation», souligne la
porte-parole.
de s’emparer Et que compte faire le Secré-
de la question» tariat d’Etat à l’économie (Seco),
chargé entre autres de la sur-
Roman Künzler veillance du marché du travail,
pour s’assurer que les cotisations
sociales soient effectivement
payées par Uber? Celui-ci renvoie
la balle aux cantons. «Ces der-
niers sont responsables de l’exé-
cution de la législation fédérale
et peuvent fixer des priorités de
contrôle», affirme Fabian Maien-
fisch, porte-parole. Le Seco sou-
tient les autorités cantonales «en
encourageant les échanges et en
les conseillant».
Unia réclame pour sa part
que le Seco intervienne pour
mettre en place une solution et
fasse valoir les droits rétroac-
tifs des employé·es. «Jusqu’ici,
le Seco a joué le jeu d’Uber, en
fermant les yeux alors que les
lois n’étaient pas appliquées.
Bien sûr que les cantons sont
responsables d’appliquer la loi
sur le travail, mais dans une
problématique aussi complexe,
ils sont dépassés. C’est au Seco
et aux conseillers fédéraux de
s’emparer de la question», mar-
tèle Roman Künzler. Le res-
ponsable d’Unia dénonce une
politique du deux poids deux
mesures. «Les petites entre-
prises où les travailleurs ont des
faux statuts d’indépendant sont
combattues avec force. Nous de-
mandons que ce soit le cas aussi
pour Uber», poursuit-il.
Opposition à droite
Après la jurisprudence de juin
dernier, Genève est le canton le
plus avancé dans la lutte pour
le statut de salarié des chauf-
feur·euses Uber mais fait face
à un énième recours. Vaud
suit mais s’enchevêtre dans des
analyses juridiques. «Attendre
les décisions des tribunaux
profite à Uber, qui a une lon-
gueur d’avance en changeant
constamment son modèle d’af-
faires. Nous avons besoin d’une
volonté politique pour affirmer
que la Suisse refuse ces pra-
tiques hors-la-loi», juge Roman
Künzler.
Au parlement, les tentatives
de la gauche de réguler les ac-
tivités des plateformes numé-
riques de travail se heurtent à
l’opposition de la droite. Lors de
la dernière session, le Conseil
national a refusé de donner
suite à une initiative parlemen-
taire du socialiste Christian
Dandrès qui visait à mieux
lutter contre les abus. Le PLR
veut au contraire offrir davan-
tage de flexibilité à ces sociétés.
Après le premier arrêt du Tri-
bunal fédéral reconnaissant
le statut de salarié des chauf-
feur·euses Uber, le conseiller
national Philippe Nantermod
a proposé via une motion de
créer un nouveau statut «pour
les indépendants travaillant sur
des plateformes». «Ce serait une
dégradation massive du droit du
travail. On reviendrait un siècle
et demi en arrière», alerte Chris-
tian Dandrès. Il rappelle que
les travailleurs et travailleuses
d’Uber sont parmi les plus pré-
caires. Les chauffeur·euses se
partagent en grande partie
entre des jeunes issu·es de la mi-
gration et des travailleur·euses
âgé·es de plus de 60 ans, dont le
marché du travail ne veut pas. I

8 INTERNATIONAL
Fusillade dans une école primaire
Etats-Unis X Une jeune
femme a tué hier trois enfants
et trois adultes à Nashville.
Trois enfants et trois adultes
ont été tués hier par une
jeune femme qui a ouvert le
feu dans une école primaire
de Nashville, dans le sud des
Etats-Unis. Elle a ensuite été
abattue par la police.
Armée d’au moins deux fu-
sils d’assaut et d’un pistolet,
elle s’est introduite dans la ma-
FINLANDE-OTAN
FEU VERT DE LA HONGRIE
Le Parlement hongrois, dominé
par le parti du Premier ministre
nationaliste Viktor Orban, a rati-
fié hier l’adhésion de la Finlande
à l’Otan après des mois d’ater-
moiements. Cette décision
rapproche un peu plus le pays
nordique de l’Alliance. ATS
Sous pression d’une grève générale, de démissions et de grandes manifestations, l’exécutif recule
Netanyahou fait machine arrière
VINCENT BRAUN
Israël X Le Gouvernement is-
raélien a décidé hier de reporter
l’examen du projet de réforme
judiciaire controversé. Le pre-
mier ministre israélien Benja-
min Netanyahou a annoncé en
fin de journée une «pause» dans
le processus parlementaire, pré-
cisant que celui-ci était reporté
à la prochaine session, qui
s’ouvre à la mi-avril après les
vacances de Pessah (la Pâque
juive). «Quand il y a une possi-
bilité d’empêcher une guerre
civile par le dialogue, en tant
que premier ministre je fais une
pause pour le dialogue», a dé-
claré M. Netanyahou dans un
discours télévisé. «Je donne une
vraie chance à un vrai dialogue
[en signe] de ma volonté d’em-
pêcher la division du peuple.»
Peu avant, son ministre de la
Sécurité nationale, Itamar Ben-
Gvir, avait indiqué que la ré-
forme était repoussée à l’été pro-
chain. Le chef de la formation
d’extrême droite Force juive
(6 sièges à la Knesset) avait me-
nacé le matin même de quitter
la coalition si le projet était sus-
pendu. Les deux dirigeants ont
trouvé un terrain d’entente en
fin de journée alors que la pres-
sion continuait de s’accentuer
sur l’exécutif.
Une grève générale
Le chef du gouvernement avait
d’ailleurs lancé un appel à l’uni-
té du pays face à l’hostilité
grandissante suscitée par le
projet de réforme de son gou-
vernement, qui vise à réduire
les pouvoirs de la magistrature
et divise comme rarement la
société israélienne.
«J’appelle tous les manifes-
tants à Jérusalem, de droite
comme de gauche, à agir de ma-
nière responsable et à ne pas
recourir à la violence. Nous
sommes frères», a-t-il tweeté
hier après-midi, dans l’attente
tinée dans les locaux d’une
école chrétienne privée, a ex-
pliqué le porte-parole de la po-
lice locale, Don Aaron, lors
d’une conférence de presse.
Des agents ont rapidement
été dépêchés sur place. Après
avoir entendu des tirs à l’étage,
ils s’y sont «immédiatement»
rendus et ont «tué» l’assail-
lante, a-t-il précisé. La jeune
femme «qui a l’air d’avoir
moins de 20 ans», a tiré de
nombreux coups de feu lors de
KAZAKHSTAN
LIEN RESSERRÉ AVEC PÉKIN
Le Kazakhstan a loué hier son
«amitié éternelle» avec la Chine
lors d’une rencontre avec un
haut responsable du Xinjiang.
Cela malgré la délicate question
de l’internement dans cette
région chinoise de minorités
kazakhes. ATS
Quelque 80 000 personnes hostiles au vote de la réforme de la justice se sont déployées hier après-midi devant la Knesset. KEYSTONE
d’une allocution. Objectif: éviter
une confrontation entre les
deux camps qui avaient décidé
de se rassembler aux abords de
la Knesset (parlement), à Jéru-
salem. Quelque 80 000 per-
sonnes hostiles au vote de la
réforme s’y sont déployées dès
l’après-midi alors qu’une pre-
mière manifestation des parti-
sans du gouvernement était at-
tendue en début de soirée.
Hier matin, le syndicat His-
tadrout, le plus important du
pays et véritable pilier de l’Etat,
a annoncé une grève générale
avec effet immédiat, qui a no-
tamment paralysé les vols au
départ de l’aéroport internatio-
nal Ben Gourion de Tel-Aviv.
sa progression dans l’établisse-
ment. «Trois élèves ont été
mortellement blessés ainsi que
trois adultes», mais il n’y a pas
d’autres blessés, a précisé
M. Aaron. L’école élémentaire
«The Covenant» a environ
200 élèves et une quarantaine
d’employés.
Les Etats-Unis, où environ
400 millions d’armes à feu sont
en circulation, sont fréquem-
ment endeuillés par des fusil-
lades meurtrières, y compris
BURKINA FASO
FRANCE 24 SUSPENDUE
La junte au pouvoir au Burkina
Faso a coupé la diffusion
de France 24 sur son territoire,
à la suite d’une interview du
chef d’Al-Qaïda au Maghreb
islamique (AQMI). Une décision
que la chaîne française «déplore
vivement». ATS
Le président,
Isaac Herzog,
a appelé
à arrêter
la réforme
séance tenante
en milieu scolaire. Malgré la
mobilisation de plus d’un mil-
l ion d e m a n i fe s t a nt s , l e
Congrès des Etats-Unis n’a pas
adopté de loi a mbitieuse,
nombre d’élus étant sous l’in-
fluence de la puissante Natio-
nal Rifle Association (NRA), le
premier lobby américain des
armes. Dans ce pays, le port
d’arme est considéré par des
millions d’Américains comme
un droit constitutionnel.
ATS/AFP
UKRAINE
SLOVIANSK BOMBARDÉ
Des missiles russes se sont
abattus hier sur la ville de
Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine.
Ils ont tué deux personnes
dans leur voiture, blessé plus
de 30 autres et détruit des
immeubles, ont indiqué la
police et les autorités locales. ATS
«Nous avons pour mission
d’arrêter le processus de légis-
lation et nous allons le faire», a
déclaré son patron Arnon Bar
David. Puis l’Association médi-
cale israélienne a elle aussi dé-
crété une grève générale de-
vant affecter les hôpitaux et
services médicaux publics.
Plus tôt dans la matinée, le pré-
sident Isaac Herzog a appelé le
gouvernement à «arrêter im-
médiatement» le travail parle-
mentaire sur cette réforme ju-
diciaire «au nom de l’unité du
peuple d’Israël».
B e nja m i n Ne t a ny a hou
avait brusquement limogé le
ministre de la Défense Yoav
Galant, dimanche, provoquant
LA LIBERTÉ | MARDI 28 MARS 2023
La grève perturbe le trafic
Allemagne-Suisse X En rai-
son des grèves en Allemagne,
Swiss a annulé hier 42 vols
aller et retour entre Zurich ou
Genève et le pays d’outre-Rhin.
D’autres compagnies aériennes
ont également supprimé des
vols. Le trafic ferroviaire en
Suisse n’est pas touché.
Tous les vols à destination de
Düsseldorf, Francfort, Hanovre,
Munich, Nuremberg et Stuttgart
ont été annulés, a indiqué l’aé-
roport de Zurich. Ils ont disparu
des tableaux d’affichage, et les
BIRMANIE
LA JUNTE VEUT EN DÉCOUDRE
Entouré de chars et de
lance-missiles, le chef de la
junte birmane a promis hier de
ne pas relâcher la répression en
cours contre ses opposants, ré-
affirmant que des élections se-
ront organisées lorsque la paix
sera revenue. ATS
une nouvelle levée de boucliers
dans l’opinion publique ainsi
que dans la classe politique.
Des centaines de milliers de
personnes sont sorties sponta-
nément, en soirée et dans la
nuit, dans les rues de Tel-Aviv
et de Jérusalem, pour manifes-
ter leur indignation face à l’in-
transigeance du chef du gou-
vernement. A la fois dans
l’éviction sans ménagement
d’une des figures de proue de
l’exécutif – membre de son
propre parti, le Likoud (droite)
– que dans la réforme contro-
versée de la justice qu’il main-
tient depuis quasiment trois
mois ma lg ré l’i mpor ta nte
contestation populaire.
LE COURRIER
voyageurs ont été informés. A
l’Euroairport de Bâle-Mulhouse,
les vols de Lufthansa à destina-
tion de Hambourg et Francfort
ont été annulés, comme l’indi-
quait le plan de vol.
Il n’y a pas eu d’aff lux de
passagers en attente. Les diffé-
rentes compagnies aériennes
avaient déjà annulé les vols
correspondants vendredi der-
nier. Le transport ferroviaire
en Suisse n’a en revanche pas
été touché par les grèves en Al-
lemagne. ATS
MOTEURS
LEVÉE DU BLOCAGE
L’Union européenne a mis fin
hier à trois semaines de psycho-
drame lié au blocage allemand:
elle a validé la fin des moteurs
thermiques dans les voitures
neuves à partir de 2035,
mesure centrale du plan climat
des 27. ATS
Samedi, le ministre Yoav Ga-
lant, un ancien commandant
de l’armée israélienne, avait
proposé la suspension du projet
de loi judiciaire afin de «trouver
un compromis». Il avait justifié
son appel en déclarant voir se
développer dans ce contexte dé-
létère les conditions d’une «me-
nace claire, immédiate et tan-
gible» pour la sécurité de l’Etat
d’Israël. Cette réforme divise la
société depuis le début de l’an-
née et la crainte de voir les
heurts avec la police dégénérer
en affrontements entre parti-
sans et opposants est sur toutes
les lèvres.
«Un point critique»
C’est là que le projet de loi du
gouvernement, sans doute le
plus à d roite qu’Israël a it
connu, est à l’examen. Il vise à
réformer la justice du pays,
entre autres en réduisant les
pouvoirs de la Cour suprême, la
plus haute instance d’appel du
pays, et en accroissant le poids
de l’exécutif dans la nomina-
tion des juges (y compris ceux
de la juridiction suprême). Il
contiendrait en outre, selon ses
détracteurs, les germes d’une
possible mutation d’Israël en
régime dictatorial.
Le limogeage du ministre de
la Défense a provoqué depuis
dimanche une vague de dé-
missions. A l’image de celle du
consul général d’Israël aux
États-Unis, qui a dit ne plus
pouvoir «continuer à repré-
senter le gouvernement» après
la décision «dangereuse» de
Benjamin Netanyahou de li-
moger son ministre de la Dé-
fense. «La situation politique
en Israël a atteint un point cri-
tique», écrit Asaf Zamir dans
sa lettre de démission. «Je
pense que cette réforme sape
les fondements mêmes de notre
système démocratique et me-
nace l’Etat de droit dans notre
pays», estime-t-il encore.
LA LIBRE BELGIQUE
LE COURRIER
MARDI 28 MARS 2023 SOLIDARITÉ 9

Chargé du lien avec la campagne de Lula, un des dirigeant des sans-terre du Brésil, João Paulo
Rodrigues, de passage en Suisse, se dit confiant après cent jours de gouvernement progressiste

«Lula et les mouvements ont mûri»

PROPOS RECUEILLIS PAR SERGIO FERRARI
Brésil X Depuis le retour de Luis Iná-
zio Lula da Silva à la présidence, le Bré-
sil vit une nouvelle étape pleine de défis.
Comment assurer que ne se répéteront
pas les erreurs commises dans le passé
par le Parti des travailleurs (PT)? Com-
ment garantir que ce nouveau moment
politique permette de renforcer les
mouvements sociaux? Des questions
centrales abordées dans cet entretien
avec le dirigeant paysan João Paulo
Rodrigues. Agé de seulement 43 ans,
il est déjà un membre influent de la di-
rection nationale du Mouvement des
travailleurs ruraux sans-terre (MST),
l’un des acteurs sociaux les plus impor-
tants du continent latino-américain.
M. Rodrigues a joué un rôle essentiel
dans le processus électoral, puisqu’il
représentait le MST et les mouvements
populaires dans la coordination de la
campagne présidentielle de Lula.
Le 1er mars a marqué les trois mois de
l’entrée en fonction du président Lula.
Quelle évaluation faites-vous de ses cent
premiers jours à la tête du Brésil?
João Paulo Rodrigues: Notre éva-
luation de cette première période est
positive. Il faut rappeler que le Brésil,
depuis 2015 (tournant austéritaire sous
la présidence de Dilma Rousseff et début
de la procédure d’impeachment lancée
contre elle, ndlr), a vécu une crise pro-
fonde. Nous avons subi des attaques
contre la démocratie, une récession
économique et une crise sociale, avec
notamment une augmentation consi-
dérable du chômage et le retour de
millions de compatriotes à une situa-
tion de faim. Au cours de ces années,
un processus de destruction de l’Etat
social a été mis en œuvre. Il n’est pas
possible de corriger cette réalité d’un
jour à l’autre. En d’autres termes, après
ces cent premiers jours de nouvelle ges-
tion gouvernementale, nous sommes
au début d’un parcours aux objectifs
précis: relancer la croissance écono-
mique, combattre l’inégalité sociale
et procéder aux réformes structurelles
permettant de résoudre les problèmes
de la population, particulièrement des
secteurs les plus appauvris.
Lors des élections d’octobre 2022,
l’ex-président Jair Bolsonaro a perdu par
une étroite marge de moins de 2%.
Quelle est l’attitude actuelle de
l’opposition?
L’élection de Lula a été l’expression d’un
large front démocratique construit
comme opposition au gouvernement
de Bolsonaro. Aujourd’hui, le président
est très ferme, avec une position plus à
gauche tant politiquement qu’écono-
miquement. Néanmoins, il ne faut pas
oublier que cette alliance est composée
tant de forces politiques et sociales de
gauche, que du centre et de droite. Il
existe indéniablement, au sein de ce
front, des visions divergentes quant à
Le Mouvement des sans-terre a activement soutenu la campagne de Lula. LDD
l’action du gouvernement, cela sur di-
vers thèmes: l’économie, en lien avec
le prix des combustibles, ainsi que la
politique agraire et celle des terres.
Aujourd’hui, l’opposition au gouver-
nement provient surtout de l’extrême
droite. C’est un secteur très idéologi-
sé et radical. C’est lui qui était à l’ori-
gine des évènements du 8 janvier sur
la place des Trois-Pouvoirs à Brasilia,
lorsque s’est déroulé ce qui est un vé-
ritable attentat contre la République et
la démocratie, majoritairement rejeté
par la société. Défait électoralement, le
bolsonarisme va connaître un moment
de reflux, mais les idées et les valeurs
conservatrices ainsi que l’appareil de
communication qui leur est associé
ont un grand impact dans la société.
Raison pour laquelle il est nécessaire
que les forces démocratiques mènent
une lutte politique, sociale et écono-
mique intense pour battre, dans les
mois qui viennent, le projet rétrograde
du bolsonarisme.
De l’autre côté de la scène nationale,
à la base, les mouvements sociaux
respirent-ils un nouvel air politique
depuis le 1er janvier?
Pour les mouvements populaires et la
société brésilienne, le climat a changé
avec l’entrée en fonction de Lula. La
sensation, c’est que «le pire est passé»,
mais qu’il est nécessaire de mainte-
nir la mobilisation et la participation
pour obtenir des améliorations. Lula
a constitué une bonne équipe de gou-
«Il est nécessaire
de gagner la société
à un programme de
changement social»
João Paulo Rodrigues
vernement. Il a ouvert des espaces à
d’importants dirigeants de la société
brésilienne et il défend un agenda pro-
gressiste en matière économique et so-
ciale. En outre, Lula a effectué divers
gestes symboliques, comme sa visite à
Roraima, le 21 janvier – l’un de ses pre-
miers voyages à l’intérieur du pays –
auprès du peuple Yanomani, qui était
pratiquement condamné au génocide
par les politiques de Bolsonaro. Cela
a constitué un signal clair indiquant
que, pour le nouveau gouvernement,
la priorité sera sans doute de consacrer
son attention aux secteurs les plus ex-
clus et dévalorisés par les politiques de
Bolsonaro.
Durant les précédentes présidences
du PT (Lula et Dilma Rousseff),
les mouvements sociaux ont formulé
des critiques radicales à propos de
la «timidité» de l’action
gouvernementale, par exemple, sur
la réforme agraire. Existe-il un nouveau
type de relations avec l’actuel
gouvernement? Ou craint-on que
se répètent les erreurs du passé?
On peut constater un net progrès dans
la maturité des mouvements popu-
laires, des partis et de Lula lui-même.
Sa présidence de 2003 à 2010 fut la
première expérience d’un gouver-
nement progressiste avec un chef de
l’Etat issu de la classe travailleuse. Ce
fut une époque d’apprentissage. Puis
le pays a vécu le coup d’Etat de 2016
(la destitution parlementaire de Dilma
Rousseff, ndlr), la persécution et l’em-
prisonnement de Lula et l’apparition
d’une nouvelle expression de l’extrême
droite avec l’élection de Bolsonaro
en 2018. Je remarque qu’il existe au-
jourd’hui une compréhension bien
meilleure des défis politiques. Dans
la perspective des mouvements popu-
laires, on conçoit clairement qu’il est
nécessaire de gagner la société à un
programme de changement social, de
lutter pour que nos intérêts soient pris
en compte et de défendre le gouverne-
ment contre les pressions de la droite.
Il incombe au gouvernement de dia-
loguer avec les mouvements sociaux,
de faire avancer les agendas définis
comme prioritaires et de stimuler une
meilleure participation politique de la
société pour construire une nouvelle
forme de gouvernabilité.
Quelles sont les principales
revendications du MST dans
cette nouvelle étape? La réforme agraire
continue-t-elle d’être importante?
Le MST s’aligne sur l’agenda du pré-
sident Lula: donner la priorité à la lutte
contre la faim et la pauvreté. Il faut
venir en aide à ceux qui sont en situa-
tion de grande vulnérabilité et mettre
en œuvre une politique de production
d’aliments de qualité, en plus de pro-
poser la redistribution sociale du reve-
nu. Le premier objectif du MST, et qui
fait partie d’un programme d’urgence,
c’est l’installation de familles vivant
aujourd’hui dans des campements.
Ce sont plus de 100 000 familles dans
cette situation: beaucoup d’entre elles
vivent depuis dix ans avec pour unique
toit un épais plastique noir. Le gouver-
nement doit ouvrir un registre et élabo-
rer un calendrier pour installer ces fa-
milles. Environ 30 000 d’entre elles se
trouvent dans des aires de préinstalla-
tion qui ne sont pas certifiées parce que
l’Institut national de la colonisation et
de la réforme agraire (INCRA) n’a pas
encore terminé le processus légal. Le
second point concerne l’agriculture
familiale et les personnes déjà instal-
lées, qui ont assuré la production d’ali-
ments de base y compris durant le gou-
vernement de Bolsonaro, bien que ce
dernier ait démantelé l’administration
publique. Il est nécessaire de reprendre
les politiques de production, de crédit,
de coopération, d’industrialisation et
de commercialisation.
A-t-on avancé vers une réelle unité
d’action des acteurs sociaux brésiliens?
L’opposition à Bolsonaro et la candida-
ture puis l’élection de Lula ont suscité
l’unité politique la plus large des mou-
vements populaires depuis les années
1990. Cette unité politique est réelle et
a progressé du point de vue program-
matique et tactique. En mars, nous
avons tenu une grande réunion de
tous les mouvements populaires et des
forces progressistes, où nous avons dis-
cuté de propositions communes et éla-
boré un calendrier d’actions conjointes
pour le premier semestre de l’année. I
Traduction: Hans-Peter Renk

L’importance de s’inscrire dans un projet global CONFÉRENCES À FOISON

Pour João Paulo Rodrigues, impossible de
dresser des perspectives pour le Brésil sans
les inclure dans le contexte international.
Le dirigeant du MST souligne ainsi l’espoir
soulevé par la nouvelle étape des gouver-
nements progressistes, que ce soit au Bré-
sil, au Mexique, en Argentine, au Chili, en
Bolivie et particulièrement en Colombie, à
quoi s’ajoutent les résistances historiques de
Cuba et du Venezuela. «Cela démontre que
les peuples du continent rejettent les nou-
velles expressions politiques du programme
néolibéral et du projet de l’impérialisme
nord-américain», dit-il. Néanmoins, la ba-
taille est loin d’être gagnée. Pour le militant,
il est indispensable d’impliquer la population
la plus large dans ces réflexions globales. «Il
est nécessaire que les peuples soient poli-
tisés, organisés et mobilisés, et pour cela
nous devons mener une lutte idéologique
autour d’un programme anti-impérialiste
et anti-néolibéral. C’est ainsi que l’on pourra
appuyer et faire avancer ces gouvernements
progressistes.»
Sur le plan international, «la crise du sys-
tème depuis 2007/2008 a des implications
politiques, économiques, sociales et géopoli-
tiques». M. Rodrigues relève que les contra-
dictions se sont accentuées avec la crise glo-
bale, l’émergence économique de la Chine, la
réaction des Etats-Unis et de l’Europe ainsi
qu’avec le renforcement de l’extrême droite
dans de nombreux pays. En ce qui concerne
le conflit russo-ukrainien, «il est nécessaire
de trouver une voie politique vers la paix.
Celle-ci dépend de signaux qui doivent ve-
nir de toutes les parties et inclure le retrait
de l’OTAN ainsi que l’arrêt de la guerre en
Ukraine», conclut-il. SFI
De passage en Suisse, João Paulo Rodrigues participera cette
semaine à deux évènements publics. Jeudi soir, 19h, le diri-
geant populaire interviendra en solo au Café des Arcades, à
Fribourg. Puis samedi 1er avril, 16h, il partagera l’estrade de la
Nydegg Saal de Berne avec Tuto Wehrle, coordinateur latino-
américain de Terre des hommes-Allemagne, et l’historienne
brésilienne Izabel Barros. Cette seconde rencontre aura toutefois
lieu en allemand. Sur la même thématique, on notera encore
qu’une table ronde se tiendra jeudi à Genève (18h15, Uni-Mail),
en présence de l’historienne de l’université Paris 8 Armelle
Enders et de la socio-anthropologue Graziella Moraes Silva, du
Graduate Institute. CO
 LE COURRIER
10 ON NOUS ÉCRIT MARDI 28 MARS 2023

SORTONS DE LA CRISE
Climat X Pierre Aguet invite les citoyens
à accepter la loi sur le climat qui sera
soumise au vote le 18 juin prochain.
La température annuelle moyenne pen-
dant la période de référence, soit la pré-
industrielle, était de 3,86 degrés. En
2022, elle était de 7,4 degrés, près du
double. 2022 est l’année où les glaciers
suisses ont perdu le plus de volume, 6%
ou 3 km3. Pour la première fois depuis le
début des mesures, 20 degrés ont été
mesurés au nord des Alpes en janvier
2022. Les skieurs doivent descendre sur
des tapis blancs faits de neige artificielle,
au milieu de pâturages beaux verts. Le
changement climatique n’est pas un scé-
nario d’avenir. Il est visible aujourd’hui.
Il y a une nette accélération de la crise.
Pour secouer l’inaction des poli-
tiques paralysés par les lobbys du pé-
trole et du gaz, une initiative dite des
glaciers a été lancée avec succès. Elle
vise à la protection du climat. Elle a
également obtenu un certain succès
auprès des Chambres fédérales qui lui
ont opposé un contre-projet. Ce der-
nier, relativement satisfaisant, a trouvé
l’appui des initiants qui ont retiré leur
initiative. Mais l’actuel conseiller fédé-
ral Albert Rösti, chef du DETEC, ancien
président de l’UDC (2016-2020), ancien
président du lobby du mazout et des
autres combustibles fossiles de 2015 à
2022, également président de l’ASTAG
parmi ses 16 mandats extérieurs à ses
responsabilités politiques, a lancé un
référendum contre cette loi. Nous de-
vrons donc voter le 18 juin.
La moyenne globale des tempéra-
tures est aujourd’hui plus élevée que
jamais au cours des 2000 dernières
années. La Suisse se réchauffe plus que
la moyenne. Dans les années 60-70 on
ne mesurait pas de jours avec des tem-
pératures de 30 degrés qui représentent
la canicule. Aujourd’hui, il y en a envi-
ron 20 par année. Ce sont les services
de la Confédération qui communiquent
ces chiffres. Le permafrost peut at-
teindre 80 mètres de profondeur et sta-
bilise les versants. Hélas, il perd égale-
ment de sa solidité et des catastrophes
menacent nos vallées alpines.
N’écoutons pas ceux qui disent que
la Suisse est trop petite pour avoir une
influence sur le climat de la planète.
Elle fait partie des nations qui sont les
plus responsables de ces dérèglements
puisqu’il faudrait trois planètes pour
répondre aux besoins démesurés des
consommateurs de notre pays. Nous
avons le devoir, pour les générations
futures, d’engager un changement et
même si cette loi est un peu trop raison-
nable, elle mérite que vous lui accordiez
votre soutien.
PIERRE AGUET,
Vevey
VOTER UNE CHOSE ET
SON CONTRAIRE?
Genre X Bernard Pinget relève que
certains textes légaux comportent un
risque d’amalgame entre genre et sexe.
Paru dans Le Courrier du 17 février, l’ar-
ticle «Double révolution en Espagne»
rapporte deux votes du parlement espa-
gnol qui feront date. L’un adopte une loi
légitimant l’arrêt de travail en cas de
règles douloureuses, l’autre instaure la
possibilité pour tout·e citoyen·ne espa-
gnol·e de changer d’identité de genre
sans autre justification que sa volonté
personnelle, et ce dès l’âge de 16 ans.
Le premier texte voté est manifeste-
ment une avancée sociale qui ne sau-
rait être remise en cause. L’histoire dira
ce qu’il adviendra du deuxième.
Mon propos n’est pas d’entrer dans
une argumentation pour ou contre la
déconnexion du genre et du sexe. Dans
les Etats qui ont déjà adopté ce type de
lois, quelques femmes cis ont été trou-
blées de partager leurs vestiaires avec
d’autres femmes, barbues et munies de
tous leurs attributs virils, et ces der-
nières ont parfois été fortement soup-
çonnées d’avoir instrumentalisé la loi.
Ce n’est sans doute qu’un soubresaut de
l’histoire qui s’oubliera bien vite. Près de
trois millions d’années nous ont habi-
tué·es à identifier nos appartenances
sexuelle et générique; il est bien naturel
qu’un peu de temps soit nécessaire pour
modifier cette habitude. Mais l’article du
17 février soulève une certaine incohé-
rence qu’il ne paraît pas avoir perçue.
En effet, il décrit la loi sur l’arrêt de
travail en cas de règles douloureuses
comme concernant les femmes. Or, en
vertu de l’autre loi votée le même jour,
rien ne légitime plus d’associer la no-
tion de menstruation au genre féminin.
En le faisant, on dénierait aux hommes
trans qui ne désirent rien changer à
leur anatomie féminine leur apparte-
nance au genre masculin.
L’autrice J.-K. Rawling s’est vu verte-
ment rappeler à l’ordre (c’est le moins
qu’on puisse dire) parce qu’elle avait
cru bon d’affirmer sur un réseau social
qu’il existait un mot pour désigner les
personnes menstruées, et que ce mot
était «femme» (cela se passait en an-
malettre@lecourrier.ch
glais, mais je ne trahis pas l’idée). Il me
semble que la leçon n’a pas été enten-
due par les journalistes des agences
ATS et AFP d’où provient l’article.
J’ose espérer que le texte de la loi en
question ne tombe pas dans le même
travers. Ainsi d’ailleurs que tous les
autres textes légaux qui, en Espagne,
comportent le risque d’amalgame entre
genre et sexe. Il serait malheureux, par
exemple, que Monsieur Garcia, à cha-
cun de ses accouchements, se voie privé
de congé d’allaitement sous prétexte
que celui-ci ne serait légalement oc-
troyé qu’aux femmes.
En élargissant un peu le point de
vue, on en vient à constater que le pro-
blème ne concerne pas que l’Espagne.
Si le même M. Garcia s’établit en Suisse,
un employeur peu scrupuleux pourrait
contester son droit aux avantages so-
ciaux que la loi de notre pays reconnaît
aux femmes enceintes et aux jeunes
mères, en prétextant qu’elle n’accorde
rien aux hommes enceints ni aux
jeunes pères qui allaitent.
Par souci d’équité envers les ressor-
tissant·es de pays plus en avance que le
nôtre sur la question de l’identité, il est
donc urgent de s’attaquer à la modifica-
tion de nos textes de lois.
BERNARD PINGET,
Veyrier (GE)
ILS ONT OSÉ!
Politique X Ueli Leuenberger réagit
à de récentes décisions parlementaires.
Ils refusent la 13e rente AVS, ne res-
pectent pas leurs promesses faites pen-
dant la campagne pour l’AVS21 concer-
nant les améliorations du 2e pilier et
pour couronner le tout, refusent d’in-
dexer les rentes AVS au renchérisse-
ment. Voilà les décisions de la majorité
du Parlement fédéral pendant leur ses-
sion de printemps qui révoltent de nom-
breux seniors dans notre pays.
Le plus choquant dans l’immédiat est
certainement le refus d’accorder la com-
pensation du renchérissement des
rentes AVS. Refuser les modiques 7 à 14
francs de compensation par mois est
profondément injuste, pour ne pas dire
scandaleux! Rappelons aussi que les par-
lementaires ont dans la même session
revendiqué d’augmenter leurs indemni-
tés annuelles de plus de 4000 francs! Les
parlementaires du front antisocial
trouvent parfaitement normal d’aug-
menter leurs indemnités et tant pis pour
les seniors qui vivent très chichement.
Les vives protestations dans la popula-
tion ont finalement fait rétropédaler le
PLR qui a eu peur pour son image à l’ap-
proche des élections fédérales de cet au-
tomne. Mais la proposition d’empocher
plus d’argent reste à l’ordre du jour d’une
prochaine session, donc affaire à suivre
avec toute l’attention qu’elle mérite.
Et maintenant, en quelques heures,
la Conseil fédéral a débloqué 200 mil-
liards (!) pour le Credit Suisse et l’UBS.
La question sociale devient à nou-
veau très importante dans notre pays et
des décisions des parlements et du gou-
vernement impactent très négative-
ment les conditions de vie d’un nombre
de personnes grandissant et de seniors
en particulier.
Que les retraités et futurs retraités
comprennent qu’il est temps de dé-
fendre leurs intérêts en s’organisant.
UELI LEUENBERGER,
président de l’AVIVO Genève

TÉLÉVISION

RTS 1 RTS 2 TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 ARTE M6

6.00 RTS Kids
Jeunesse.
9.29 Quel temps fait-il ? 8
Magazine.
9.30 Arabesque 8
11.10 Les feux de l’amour
11.45 Top Models 8
12.10 Demain nous appartient 8
12.45 Le 12h45 8
13.15 Maman ne te fera
aucun mal
Film TV. Thriller.
14.55 Bull 8
Série. En souvenir du passé.
15.35 Meurtres au paradis 8
17.50 Ici tout commence 8
18.20 C’est ma question ! 8
18.55 Couleurs locales 8
19.30 19h30 8
20.10 À bon entendeur 8
Animaux de compagnie :
combien chat coûte ?
7.00 La Matinale 6.30 Tfou 8 5.30 Un si grand soleil 8 6.00 Okoo 8 7.10 Arte journal junior 6.00 M6 Music
8.00 Suisse en scène 8 8.30 Téléshopping 6.00 Le 6h00 info 8.30 Littoral 8 7.15 Estonie, les secrets d’un Clips.
Talk-show. Lakna. 9.25 Familles nombreuses : 6.30 Télématin 8 OUFrance Bleu France 3 mariage réussi 8 6.55 M6 Kid
8.25 RTS info la vie en XXL 8 9.30 La maison matin 8 8.10 Invitation au voyage 8 Jeunesse.
9.05 Forum 10.30 Amour, gloire et beauté 8 des maternelles 9.10 Dans votre région 8.55 Invitation au voyage - 8.50 M6 boutique 10.05
9.35 RTS info 8 11.00 Les feux de l’amour 8 10.50 Tout le monde a son mot 10.00 Dans votre région, la suite Nos épopées 8 Ça peut vous arriver
10.10 Team F 8 11.50 Les 12 coups de midi 8 à dire 10.55 Outremer.le mag 8 9.25 Australie : instincts de 11.30 Ça peut vous arriver
10.40 RTS info 8 13.00 Le 13h 8 11.20 Chacun son tour 8 11.35 Outremer.l’info 8 survie 8 chez vous
11.05 Basik 8 13.55 Une promesse pour 11.55 Tout le monde veut 11.50 12/13 8 13.00 Arte Regards Magazine.
11.35 RTS info 8 venger ma sœur 8 prendre sa place 8 12.55 Météo à la carte 8 13.35 Le troisième homme 8 12.30 L’œil de Philippe
12.10 Couleurs locales 8 Film TV. Thriller. 13.00 13 heures 14.10 La stagiaire 8 Film. Policier. Caverivière
12.25 Signes 15.40 Au cœur du secret 8 13.55 Ça commence 16.15 Duels en familles 8 15.15 Les dieux passent à table Divertissement.
12.55 Nouvo 8 Film TV. Thriller. aujourd’hui 8 16.50 La p’tite librairie 8 15.45 Canada - Les lumières de 12.45 Le 12.45
13.25 Le 12h45 8 17.30 Familles nombreuses : 16.15 Affaire conclue 17.00 Slam 8 l’Arctique 8 13.40 Scènes de ménages
13.55 RTS info 8 la vie en XXL 8 17.30 Audiotel affaire conclue 17.45 Questions pour un 16.40 Voyage en Écosse 14.00 Un jour, un doc
14.45 The Pressure Game - Téléréalité. 18.05 Tout le monde a son mot champion 8 17.25 Invitation au voyage 8 16.55 Le château de mes rêves
Au cœur de la Nati 8 18.30 Ici tout commence 8 à dire 8 18.30 Le 18h30 8 19.00 Les paradis naturels de Divertissement.
18.00 Forum 8 Feuilleton. 18.40 N’oubliez pas 20.00 Saveurs de saison 8 Scandinavie 18.35 La meilleure boulangerie
19.05 RTS info 19.10 Demain nous les paroles ! 8 20.20 Samedi d’en rire, 19.45 Arte journal de France
19.30 Le 19h30 signé 8 appartient 8 20.00 20 heures la quotidienne 8 20.05 28 minutes Jeu. Semaine 13 : La Réunion.
20.07 Résultats du Magic 3, 20.00 Le 20h 8 20.35 Journal Météo Climat 20.50 Tout le sport 8 20.45 Le dessous des cartes - 19.45 Le 19.45
Magic 4 et Banco 21.00 C’est Canteloup 8 20.45 Un si grand soleil 8 21.05 Journal Météo Climat 8 L’essentiel 8 20.30 Scènes de ménages

20.50 FILM TV 20.10 FOOTBALL 21.10 JEU 21.10 FILM 21.10 SÉRIE 20.55 SÉRIE DOCUMENTAIRE 21.10 SÉRIE

NOUVEAUX MEURTRES
À SAINT-MALO
Film TV. Policier. Fra. 2023.
Réalisation : Lionel Bailliu.
1h42. Inédit. Avec Bruno
Solo. Un notable semble
avoir été dévoré par un chien.
SUISSE/ISRAËL
Qualifications Euro 2024. 2e
journée, groupe I. En direct
du Stade de Genève. Trois
jours après avoir lancé sa
campagne de qualification,
la Suisse reçoit Israël.
KOH-LANTA, LE FEU SACRÉ
Jeu. Prés. : D. Brogniart. 2h10.
Inédit. Dans l’archipel de
Caramoan, les naufragés en
voient de toutes les couleurs.
Et le talisman du feu sacré va
encore les surprendre.
LES ÉBLOUIS
Film. Drame. Fra. 2019. Réa-
lisation : Sarah Suco. 1h39.
Inédit. Avec Camille Cot-
tin, Céleste Brunnquell. Les
parents de Camille intègrent
une communauté religieuse.
ALEX HUGO
Série. Policière. Fra. 2021.
Saison 7. Avec Samuel Le
Bihan, Alice Dubois. Les
indomptés. Inédit. Des pro-
duits de première nécessité
sont volés
LES CAMPS, SECRET
DU POUVOIR CHINOIS
Série documentaire. So-
ciété. Fra. 2022. Réal.  : T.
Rakhmanova. 2h00. Laogai,
le goulag chinois. Inédit.
La surveillance totale.Inédit.
SCÈNES DE MÉNAGES :
HOMMAGE À MARION GAME
Série. Comédie. 2023. Avec
Marion Game (1 et 2/2). Le
couple iconique sera entouré
par Jamel Debbouze, Amel
Bent, André Manoukian…

22.30 Yellowstone 8
Série. Western. EU. 2022.
Saison 5. Avec Kevin Costner,
Luke Grimes, Kelly Reilly.
2 épisodes. Inédits.
Devenu gouverneur du
Montana, John Dutton prend
des mesures audacieuses pour
protéger le Yellowstone de ses
adversaires.
0.35 Achète-moi un revolver 8
Film. Drame.
23.00 Sport dernière
23.15 Tirage Euromillions
23.16 Zap RTS sport
23.20 Wilder 8
Série. Policière. Suisse. 2020.
Saison 2. Avec Sarah Spale.
2 épisodes.
Le roi du village, Charles
Mulliger, est emmené
menotté : a-t-il commis un
crime pour cacher un ancien ?
1.20 À bon entendeur 8
23.20 Une famille en or 8
Jeu. Présentation : Camille
Combal. 0h50. Inédit.
C’est le grand retour de «Une
famille en or» ! Cette année, le
jackpot a été remporté pour la
première fois depuis dix ans !
Les familles sont venues de
toute la France mais aussi de
Suisse et de Belgique.
0.10 Une famille en or 8
Jeu.
22.50 Victimes de sectes :
de l’emprise à la
reconstruction 8
Débat. Présentation : Julian
Bugier. 0h55. Inédit.
Ce débat fera le point sur
le phénomène sectaire
aujourd’hui, ses dérives et
le phénomène d’emprise qui
conduit à l’embrigadement
dans une secte.
23.45 Laissez-vous guider 8
22.40 Alex Hugo 8
Série. Policière. Fra. 2018.
Saison 3. Avec Samuel Le
Bihan, Lionnel Astier, Mikaël
Fitoussi, Marilyne Canto.
Celle qui pardonne.
Alex Hugo assiste au
kidnapping de la jeune
Audrey, 16 ans, alors qu’elle
est en train d’escalader une
paroi.
0.20 Libre court 8
23.00 Nous sommes Taïwan
Doc. Société. Fra. 2023. Réal. :
Pierre Haski et Camille Le
Pomellec. 0h55. Inédit.
Quatre siècles de
subordinations diverses
ont donné aux habitants de
Taïwan un goût prononcé pour
la liberté, vivace malgré les
appétits chinois.
23.55 Taïwan, La peur de
l’invasion
22.55 Scènes de ménages
Série. Comédie. Fra. 2017.
Saison 9. Avec Valérie
Karsenti, Frédéric Bouraly,
Marion Game, Gérard
Hernandez, David Mora,
Amélie Étasse.
Aventures sous les tropiques.
Les couples de la série
partent sous des latitudes
exotiques, de belles crises
an perspective !
LE COURRIER
MARDI 28 MARS 2023 MÉMENTO 11

MOTS CROISÉS N° 572

AGENDA CULTURE
ÉVÉNEMENTS
GENÈVE
«TRÉSORS». Exposition temporaire.
Du 20 octobre 2022 au 25 juin. Avec
une sélection d’archives musicales du
MEG par Eddie Ladoire.
«RENDEZ-NOUS LA BEAUTÉ», DE
BERNARD GARO. Résidence art et
science. Jusqu’au 25 juin. Dans le cadre
de l’exposition temporaire tout contre la
Terre du Muséum d’histoire naturelle de
Genève. La montagne: une scarification.
29.01. Le dégel 04.02-25.02.
Rendez-nous la beauté expo finale
31.03-25.06. Les dimanches de
gratuité, 14h-16h30.
Muséum d’Histoire Naturelle de Genève,
1 route de Malagnou
«JEAN DUNAND, L’ALCHIMISTE». Du
18 mars au 20 août.Exposition sur une
figure majeure du mouvement Art Déco,
Jean Dunand (1877-1942). Visite
inaugurale jeudi 30 mars à 18h par Gaël
Bonzon, commissaire de l’exposition.
Conférence samedi 18 mars à 14h30,
«Une histoire de la dinanderie» avec
Gaël Favier, conservateur des musées
du diocèse de Carcassonne et de
Narbonne.
MAH Musée d’art et d’histoire de Genève,
rue Charles-Galland
ANDRÉ KASPER, TOILES RÉCENTES.
Du 23 mars au 5 avril. Du lu au ve
13h-18h, sa et di 15h-18h et sur rdv.
Galerie Tonon 9 bd du Théâtre
PORTES OUVERTES AU CTAS, Mardi
28 mars de 12h à 18h. CTAS=Centre
thérapeutique traumatismes agressions
sexuelles. Présence du dessinateur Zep
à 17h, signature d’affiches de
prévention.
CTAS Carouge 36 rue Jacques-Dalphin,
site www.ctas.ch
VALAIS
«IMPACT». Exposition temporaire. Du
5 novembre 2022 au 22 avril.
Thématique: Quelle est notre empreinte
sur l’environnement ? Partenaires:
Fondation pour le développement
durable des régions de montagne
(FDDM), programme Smart.
Martigny, Médiathèque Valais, 15 rue de la Gare
VAUD
«AVEC LA MER DU NORD» LÉON
SPILLIAERT, Peinture. Exposition
temporaire. Jusqu’au 27 mai. Mardi à
dimanche: 10h–18h. Jeudi: 10h–21h.
Lundi: fermé.
Lausanne, Fondation de l’Hermitage rte du
Signal 2, fondation-hermitage.ch
«ECAL X JEAN PAUL GAULTIER»,
Du 3 mars au 21 mai.
Photo Elysée infos eee.ecal.ch
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
«40 MARIONNETTES DE FRÉDÉRIQUE
SANTAL». Du 24 février au 9 avril.
Exposition. Mercredi, jeudi et dimanche
14h-17h, vendredi et samedi 14h-19h,
artiste présente les week-ends ou sur
rdv.
La Neuveville, au Mille Or, dans les salons
médiévaux du 1er étage, 15 Grand-Rue
THÉÂTRE
GENÈVE
«SARAH BERNHARDT, MONSTRE
SACRÉ», MARIE PROBST/PASCALE
VACHOUX. Du 7 mars au 2 avril. Du
mardi au samedi à 20h, dimanche à
18h, relâche les lundis. «Portrait d’une
légende».
Cologny, Théâtre Le Crève-Coeur, 16 ch. de Ruth
«BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN»
D’APRÈS WILLIAM SHAKESPEARE,
DAN JEMMETT ET L’ÉCOLE SERGE
MARTIN. Du 24 mars au 2 avril.
Dès 8 ans. Représentations scolaires
du 27 au 31 mars.
Théâtre Am Stram Gram, 56 route de Frontenex
«TOY BOY». Du 24 mars au 2 avril. Un
projet de Fidèle Baha et Jérôme Richer.
Mardi-vendredi à 20h et dimanche 19h.
Chêne-Bourg, Théâtricul, rue de Genève 4
theatricul.net
«BALLETT» SPECTACLE DE CIRQUE
MUSICAL SOUS CHAPITEAU. Mardi 28
mars à 19h, mercredi 29 mars à 16h et
vendredi 31 mars à 20h30, samedi 1er
avril à 18h et dimanche 2 avril à 11h.
Tous publics dès 8 ans.
Théâtre Forum Meyrin 1 pl. des Cinq-Continents
www.forum-meyrin.ch
«MACHINE» MORCEAU DE PRÉSENT,
SAHAR SULIMAN. Du 30 mars au 2
avril, en représentation scolaire le 31
mars. Dès 6 ans. Durée 50 min. Jeudi
30 mars à 19h, samedi 1er avril à 11h et
dimanche 2 avril à 11h.
Théâtre Am Stram Gram, 56, route de Frontenex
VAUD
CINÉMA ARSENIC 1. Du 23 au 26 mars.
CINÉMA ARSENIC 2. Du 30 mars au 2
avril. Cycle de vidéos-perfos coproduites
par l’Arsenic.
Lausanne, Théâtre Arsenic, 57 rue de Genève
www.arsenic.ch
«QUAND JE SERAI GRAND» DE
VINCENT JACQUET. Du 28 mars au 6
avril. Mise en scène de Vincent Jacquet.
Lausanne, Théâtre Pulloff, rue de l’Industrie 10
pulloff.ch, rés. 021 311 44 22
NEUCHÂTEL
«ANTIGONE» D’APRÈS SOPHOCLE.
Du 25 mars au 2 avril. Mise en scène de
Guillaume Béguin et Françoise Boillat.
Cie de Nuit comme de Jour. mercredi 29
mars à 20h30, je 30 mars à 19h, ve 31
mars à 20h30, sa 1eet di 2 avril à 18h.
La Chaux-de-Fonds, Théâtre ABC 11 rue du Coq
MUSIQUES
GENÈVE
NADAH EL SHAZLY, ELVIN BRANDHI,
POLLUTION OPERA + 1/2 BAD TRIP
DJ. Mercredi 29 mars portes 21h,
concerts à 21h30.
Cave 12, rue de la Prairie 4, www.cave12.org
CONCERT DU GROUPE POLYPHO-
NIQUE «BILBILI» DE VLORA
(ALBANIE). Mercredi 29 mars à 20h.
Iso-polyphonie albanaise (patrimoine
UNESCO).
Théâtre de la Madeleine,
10 rue de la Madeleine, Genève
ALEXANDRE KANTOROW, SAISON
MUSIKA, RÉCITAL. Mercredi 29 mars à
19h30. Programme: Brahms et
Schubert.
Victoria Hall, rue Général-Dufour
LES MUSICALES DE COMPESIÈRES.
Samedi 1er avril à 20h Ensemble
Microcosme- «Bohémia», émotions et
traditions des musiques des pays
d’Europe de l’Est. Dir. et violon:
Franck-Edouard Bernard. Programme.
Franz Liszt, Ivanovici, Brahms...
«LA PASSION SELON SAINT-MAT-
THIEU» BWV 244. Dimanche 2 avril à
17h. Par le choeur de chambre HEP
Freitagsakademie, Ensemble
Arabesque dir. Julien Laloux.
La Croix-de-Rozon, Bardonnex,
église de Compesières
AUFZUG. Jusqu’au jeudi 30 mars. A
20h30. Béatrice Graf, batterie valise,
objets, diddley bows (guitare unicorde)
Domi Chansorn, claviers analogiques,
instruments divers.
LES ATELIERS DE L’AMR EN CONCERT.
Jeudi 30 mars à 20h entrée libre, à la
salle de concert.
AMR Sud des Alpes 10, rue des Alpes
amr-geneve.ch
JURA
BACHMANIA. Jeudi 30 mars à 20h
deux pianos. Partenaires: Piano à
Porrentruy et Crescendo.
Porrentruy, salle de l’Inter
VAUD
DANSE AVEC LE VIOLON. Samedi 1er
avril à 20h. Violon et création: Isabelle
Meyer. Chorégraphe: Julio Arozarena.
Ensemble Arc-en-ciel. Break, hip hop,
krump.
Prangins, salle des Morettes, 6 chemin en Purian
DANSE
GENÈVE
«TEENAGE SONGBOOK OF LOVE AND
SEX» D’ASRUN MAGNUSDOTTIR ET
ALEXANDER ROBERTS. Mardi 28 mars
à 20h, le mercredi 29 mars à 20h et
jeudi 30 mars à 20h. Dans le cadre de
VIVA, théâtres ouverts à toutes les
jeunesses.
Pavillon ADC, place Sturm, www.pavillon-adc.ch
CONFÉRENCES
GENÈVE
LA SEMAINE DE QUATRE JOURS,
C’EST POSSIBLE. Mardi 28 mars à
19h30 salle Salvador Allende. Org.:
Syndicat Syna. Avec des interventions
d’Umberto Bandiera, syndicaliste,
candidat des Vert.e.s au Grand Conseil,
Fabrice Chaperon, responsable régional
de Syna Genève, Gwendoline
Colombara, cheffe d’orchestre
administrative, Assymba sàrl,
Christophe Barmand, représentant
romand de laFSE, Caroline Mangin,
FSE.
MIA Maison des Associations,
15, rue des Savoises
«NOURRIR LE MONDE». Festival
Histoire et Cité. Du 28 mars au 2 avril.
Genève, histoire-cite.ch
DÉBAT PUBLIC, RECONVERSION 1
A 2
B 3C 4
D 5E 6
F 7
G 8
H 9I 10
J
PROFESSIONNELLE, FORMATION
CONTINUE, QUELLES PERSPEC- 1I
TIVES?. Jeudi 30 mars à 19h, avec
Jean-Michel Bonvin et Dao Nguyen.
Org.: ADC Association de défense des 2II
chômeuses et chômeurs.
MIA Maison des Associations, 15 rue des
Savoises, salle Zazie Sadou
3III
CRASH DU CRÉDIT SUISSE, QUI VA
PAYER LA FACTURE ?. Mercredi 29
mars à 20h. Avec Stefanie Prezioso et 4
IV
Sébastien Guex.
Au siège de la LUP, 84 boulevard Carl-Vogt
5V
VAUD
«NOURRIR LE MONDE». Festival
Histoire et Cité. Du 28 mars au 2 avril. 6
VI
Lausanne, histoire-cite.ch
NEUCHÂTEL 7
VII
EN QUOI LES RÉSEAUX SOCIAUX
MODIFIENT-ILS LES LIENS ENTRE
8
VIII
LIBERTÉ D’EXPRESSION, DÉBAT
PUBLIC ET DÉMOCRATIE ?. Mercredi
29 mars de 19h à 19h30. Modération:
9
IX
Nesa Zimmermann et Pascal Mahon.
Exposés introductifs de la professeure
Nathalie Pignard-Cheynel, Dr. Jonathan
10X
Bory et de la professeure Maya Hartig
Randall.
Neuchâtel, Bâtiment principal de l’université,
salle C46, 26 avenue du Premier-Mars HORIZONTALEMENT
1. Malice de bonhomme. 2. Ongulé sauvage. Pour abréger. 3. Propre. Creuser
LITTÉRATURE la matière. 4. Séparations de corps. Flore dans l’eau. 5. Cartes de priorité.
Amie de Miller. 6. Refus d’antan. C’est la patronne! 7. On y mange sur le
VAUD
pouce!8. Lycée professionnel. Délassement féminin. Au tapis! 9. C’est fleur
LES SALVES POÉTIQUES. Du 21 mars
au 1er avril. Mercredi 29 mars, bleue! Jolie pour Chatel. 10. Région d’une perfide. Mets pour pigeon.
Caractères mobiles, animations au
marché de Morges. Mercredi 29 mars à VERTICALEMENT
16h, atelier poésie enfants. Samedi 1er 1. Enveloppe de cervelle. 2. Forme du passif. Sorte de dent. 3. Groupes
avril à 11h, fête poétique aux Caves de
humains stables. Le masque et la plume. 4. Vaut de l’argent. Recueil de
Couvaloup, lecture de textes des enfants préceptes. 5. Grosse tondeuse. Coiffures d’apparat. 6. Estimations des frais.
et des poètes, projection d’une vidéo de
l’aventure poétique, et spectacle Blaise Tête d’aiguille. 7. Troisième personne. Imitation de peau. 8. Ornements
gothiques. Largeur d’étoffe.9. Libère les ouailles. Id est. Cassis et vin
Cendrars à 15h «Cendrars, fugues et
inventions» avec le trio musical blanc.10. Dispositif de protection. Larves de crustacés.
Tangora.
Morges, infos sur www.salvespoetiques.ch SOLUTIONS DU N° 571
Facebook.com/poesieenmouvement
LECTURES LABEL RAPACE. Jeudi 30 HORIZONTALEMENT X 1. Massicoter. 2. Ale. Racole. 3. Tocsin. Mec.
mars à 20h30. Avec Augustin Rebetez 4. Herisau. V.O.5. User. Préau. 6. Toréer. 7. Arète. Tire. 8. Li. Agréger.
et Deborah Lara Schaefer.
Renens, la Ferme des Tilleuls
9. Empilèrent. 10. Messagères.
VERTICALEMENT X 1. Mathusalem. 2. Aloès. Rime. 3. Secrète. P.S.
GENÈVE
4. Sirotais. 5. Iris. Régla. 6. Canapé. Reg. 7. Oc. Urètre. 8. Tom. Eriger.
«GEOGRAPHICAL FUGUE».
Mercredi 29 mars. 9. Eleva. Rêne. 10. Recouverts.
Institut Florimont
DANSE
VAUD
APPELS D’URGENCE
«HOMINAL, HOMINAL», MARIE-CA-
ROLINE HOMINAL, DAVID HOMINAL.
Performance. Court passage strobosco-
pique au début du spectacle. Du 29 Service du feu 118 Médecine: 022 372 33 11 ou
mars au 1er avril à 20h30, le dimanche
Police secours 117 022 382 33 11. HUG, Hôpital cantonal,
2 avril à 19h. Garderie gratuite le
dimanche, pendant le spectacle, contact Urgences sanitaires, ambulances 144 Rue Micheli-du-Crest, 24, 24h sur 24
La Main tendue (24h24) 143
helene.bahon@arsenic.ch. Peinture et SOS Médecins à domicile:
scénographie : David Hominal, Courtesy sos enfants 147 022 748 49 50. 24h sur 24,
the artist, Karma International, Kamel
Mennour. GENÈVE Numéro unique et gratuit, prise en
Lausanne, Théâtre Arsenic, 57, rue de Genève Pharmacie Pharma24, 38 boulevard de charge des enfants de 0 à 18 ans: tél.
www.arsenic.ch la Cluse, HUG, 022 808 00 18 0844 022 022

CONVOIS FUNÈBRES MÉTÉO

PARTENARIAT

Mardi 28 mars Mercredi 29 mars Prévisions pour la Suisse romande et le Valais

VALAIS
Danièle Fragnière, née Dussex,
cérémonie religieuse à l’église de
Veysonnaz à 17h. Charles Logean,
Euseigne, la cérémonie a eu lieu
dans l’intimité.
GENÈVE
André Victor Crausaz, décédé à 96
ans, la cérémonie d’adieu a eu lieu
dans la stricte intimité de la famille.
Liliane Vuillemin Truchard, décédée
à 86 ans, cérémonie à 11h15 à
Saint-Georges en la chapelle de
l’Ange de la Consolation.
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
Elisabeth Mahler-Hofmann, décédée
à 75 ans, cérémonie d’adieu dans
l’intimité de la famille et des ami.e.s
proches en la chapelle du Righi, à
Delémont, à 14h. Gisèle Sommer,
décédée à 74 ans, Moutier, Alle, la
cérémonie d’adieu aura lieu dans
l’intimité de la famille. Marie-Thérèse
Voisin, née Kneubühl, décédée à 88
ans, culte d’adieu au temple de
Porrentruy à 14h suivi de l’ensevelis-
sement au cimetière de Vendlincourt.
VAUD
Paul Terrier, décédé à 85 ans, une
cérémonie du souvenir aura lieu
ultérieurement.
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
Wilhelm Leonhard Busch, décédé à
85 ans, Delémont, le dernier adieu a
eu lieu dans l’intimité de la famille.
GENÈVE
Luc Dumont, adieu en l’église de
Compesières à 14h30. Angelo
Ribeiro, décédé à 65 ans, cérémonie
religieuse à 14h30 en l’église
Sainte-Croix à Carouge. Donato
Spina, décédé à 81 ans, cérémonie
religieuse à 10h30 en l’église de
Chêne-Bourg.
VALAIS
Victor Essellier, Martigny, Sierre,
Vétroz, la cérémonie d’adieu a eu lieu
dans l’intimité.
VAUD
Rui Barreira, cérémonie d’adieu en
l’église Notre-Dame de l’Immaculée
Conception à Nyon à 14h. Ginette
Genton-Reymond, décédée à 86 ans,
culte d’adieu au temple de Forel
(Lavaux) à 14h. Roger Tricot, décédé
à 71 ans, cérémonie d’adieu à 14h au
temple d’Yvorne, suivie des
honneurs.
Mardi: Temps bien ensoleillé malgré des passages de nuages d’altitude de
plus en plus denses à partir de l’ouest l’après-midi. En plaine, minimum -1
°C avec du gel au sol marqué; maximum 10 °C sur le Plateau, jusqu’à 13 °C
en Valais. En montagne, vent faible du nord-ouest, pivotant au sud-ouest
l’après-midi. Isotherme du zéro degré s’élevant vers 1800 m. Mercredi:
Nébulosité changeante, belles éclaircies par moments, plus généreuses en
plaine. Quelques gouttes possibles dans les Alpes; limite pluie-neige vers
2000 m. Maximum 17 °C.
Suisse alémanique, le Nord et Centre des Grisons
Mardi: Le long des Alpes orientales, nombreux nuages résiduels le matin et
dernières averses de neige. Puis, comme dans les autres régions, temps
assez ensoleillé avec quelques petits cumulus. L’après-midi, à nouveau des
passages nuageux à partir de l’ouest. En plaine, minimum -2 °C avec un fort
gel au sol; maximum 9 °C. En montagne, vent modéré de nord-ouest à nord
en haute montagne. Isotherme du zéro degré s’élevant vers 1800 m à partir
de l’ouest. Dans les Alpes orientales, 1 à 5 cm de neige fraîche en matinée.
Nuages résiduels en dessous de 2000 m en matinée, puis cumulus ensuite.
Mercredi: Souvent nuageux au début et quelques précipitations possibles
localement, en particulier le long des Alpes. Limite pluie-neige s’élevant de
1400 vers 1800 m. En cours de journée, de belles éclaircies.
Maximum 16 °C.
Sud des Alpes et Engadine
Mardi: Bien ensoleillé avec quelques nuages résiduels en Engadine. Voiles
de nuages d’altitude en augmentation l’après-midi. En plaine, minimum 4
°C; maximum 16 °C. Vent du nord encore modéré au début, faiblissant en
cours de journée. En montagne, vent du nord fort au début, faiblissant en
cours de journée. Isotherme du zéro degré vers 1600 m. Mercredi: Assez
ensoleillé avec par moments des passages nuageux denses.
Maximum 17 °C. météosuisse
12 CULTURE LE COURRIER
MARDI 28 MARS 2023

La Kunsthalle de Fribourg expose vingt-six toiles du plasticien suisse Andreas CENTRE D’ART
Hochuli et un dédale installatif de l’artiste japonais de Los Angeles Ei Arakawa SOIRÉE SPÉCIALE AUTOUR
DE L’EXPO «CHRYSALIDE»
Le Centre d’art contemporain

A Friart, on n’abandonne pas de Genève propose ce mardi

AURÉLIE LEBREAU
Contemporain X Le printemps revient
et avec lui fleurissent à l’envi les nou-
velles expositions d’art à travers le pays.
A Fribourg, la Kunsthalle Friart célèbre
l’éclosion des bourgeons avec deux expo-
sitions «labyrinthiques et presque lou-
foques», de l’aveu de son directeur artis-
tique Nicolas Brulhart. Les artistes
suisse Andreas Hochuli et américain Ei
Arakawa occupent ainsi chacun un
étage du centre d’art, respectivement
avec «The Year of the Babyshit Brown
SUV» (soit à peu près L’année du SUV
brun caca) et «Don’t give up» (N’aban-
donne pas). Tout un programme.
Andreas Hochuli Pour présenter les
26 toiles qu’il a réalisées pour Friart,
Andreas Hochuli – né en 1982 à Zurich
et qui vit désormais à Gênes – a radicale-
ment transformé, avec l’aide de Nicolas
Brulhart, le premier niveau d’exposition
de Friart. Un vestibule, un couloir puis
deux salles d’exposition articulent l’ac-
crochage. L’ensemble de ce parcours est
ponctué des œuvres du peintre, diplômé
de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne
(Ecal), et qui a aussi étudié l’histoire de
l’art, la philosophie et la littérature à
l’université de Lausanne.
Les constructions souvent très géomé-
triques et les aplats de couleurs, vives et
minutieusement appliquées, sautent im-
médiatement aux yeux. Mais de son cer-
veau à la toile, la route que s’impose ce
lauréat de deux Prix suisses d’art (en 2014
et 2021) est pour le moins sinueuse.
«Andreas Hochuli a développé une tech-
nique qui lui est propre, éclaire Nicolas
Brulhart. Il crée d’abord un modèle infor-
matique de son tableau avec Indesign,
programme qu’il utilise de façon basique.»
Puis de cette esquisse informatique
parfaite, il peint son tableau de façon en-
tièrement manuelle, collant patiemment
des pochoirs de papier pour éviter que ses
différentes couleurs, de l’acrylique, ne
bavent les unes sur les autres. «Si on s’ap-
proche des toiles, on notera des approxi-
mations, des défauts et des coulures sur
les bordures des tableaux. De l’informa-
tique au fait main, il y a ici une aberra-
tion, comme si Andreas Hochuli faisait
un chemin contraire, de l’automatisé
Andreas Hochuli, die geniessen auch den Untergang (2022). PHOTO GUILLAUME PYTHON / COURTOISIE DE FRIART ET DE L’ARTISTE
vers le manuel et non du manuel vers
l’automatisé», analyse Nicolas Brulhart.
Passé à l’Ecal dans les classes des ar-
tistes Philippe Decrauzat et Francis
Baudevin, proches du mouvement néo-
géo, Andreas Hochuli en conserve un
goût marqué pour le minimalisme, le
graphisme et la culture visuelle qui
nous inonde.
«Les images
d’Andreas Hochuli
sont ouvertes»
Nicolas Brulhart
Interpréter le travail du plasticien gê-
nois n’est pas chose aisée. Car beaucoup
de choses s’y mêlent: de la pop culture,
des rappels de l’art concret, mais aussi
des évocations de contes, de mythes, des
représentations de salades bien vertes et
d’extraterrestres aux rides pleines d’une
sagesse semblant nous manquer, à nous,
pauvres mortels qui avons érigé le SUV
– si possible de couleur brun caca, selon
l’observation attentive d’Andreas Ho-
chuli – en rempart définitif contre un
temps incertain et crépusculaire.
Sa Présidente, dans la salle principale,
telle une Frida Kahlo à deux sourcils,
règne sur l’exposition dans sa robe folklo-
rique agrémentée d’une vulve semblant
émerger de l’ère préhistorique. Aux
quatre angles, sur le motif d’une carte à
jouer, des têtes d’extraterrestres enca-
drent cette femme énigmatique et nous
fixent. «Les images que nous soumet
Andreas Hochuli sont ouvertes. Les in-
terprétations que nous pouvons en faire
sont nombreuses», pose Nicolas Brulhart.
Ei Arakawa Encore plus tortueux, au
sens littéral du terme, est le parcours que
nous propose Friart au second niveau.
L’artiste performeur queer Ei Arakawa,
né à Fukushima en 1977, basé désormais
à Los Angeles et qui a acquis la nationa-
lité américaine, y a édifié un immense
une soirée spéciale autour de
son exposition «Chrysalide».
Elle débutera avec une visite
guidée par Andrea Bellini, à
18h, suivie d’une perfor-
mance de Marianna Simnett à
19h30, poursuite d’une ex-
ploration «sur le mimétisme
et la flûte comme technologie
de transformation». Elle im-
pliquera «le clignotement
synchrone des lucioles et leur
illumination éblouissante
d’un paysage par un compor-
tement collectif». Enfin, dès
20h, une soirée courts mé-
trages sera proposée au ciné-
ma Dynamo, sous le prisme
de la métamorphose, en
présence de l’artiste, autrice,
cinéaste et journaliste Juliet
Jacques. SSG
Centre d’art contemporain,
10 rue des Vieux-Grenadier,
Genève, centre.ch
TABLE RONDE
LES IMAGINAIRES ALPINS
ET ARCTIQUES EN DÉBAT
Le Centre de la photographie
de Genève (CPG) organise ce
soir une table ronde autour
de notre imaginaire des envi-
ronnements alpins et arc-
tiques, en pleine transforma-
dédale en parois de carton. Cet écrin est tion. «Devenus des symboles
ponctué d’une multitude de phrases en de la crise climatique dans
anglais, portant toutes sur l’angoisse de l’imaginaire contemporain, ils
devenir parent – l’artiste se trouve en sont victimes d’une compré-
pleine procédure d’adoption d’un enfant hension partielle, bien éloi-
avec son compagnon. gnée de certaines réalités de
Des tableaux animés par des LED et terrain», pose le CPG. L’insti-
chantants, empruntés aux peintres Ni- tution fera dialoguer Aurélie
cole Eisenman, Laura Owens, Trevor Hendrick, chercheuse à la
Shimizu ainsi qu’aux défuntes Mary Cas- faculté des géosciences et de
satt et Alice Neel, complètent cette ins- l’environnement de l’Unil, les
tallation, intitulée Don’t give up. Inacces- artistes Céline Ducret et Anas-
sible en début d’exposition, cet opéra tasia Mityukova (dont le CPG
(rehaussé de mobiles et de poussettes) montre actuellement le tra-
imaginé par l’artiste, qui a exposé en
2021 à la Tate Modern de Londres, est
vail, lire Le Courrier du 24
février) et Pierre-Yves Nicod,
désormais visible: la partie manquante archéologue, actif au Musée
des tableaux lumineux, expédiée depuis d’histoire du Valais et à
Los Angeles dans une caisse, est arrivée l’Unige. La table ronde sera
sur place, après avoir été bloquée à l’aé- modérée par Jérémie Gindre,
roport d’Amsterdam pendant plusieurs artiste et écrivain. SSG
semaines. Heureusement, Friart n’a pas Centre de la photographie, 28 rue
abandonné. LA LIBERTÉ des Bains, Genève, 18h30,
centrephotogeneve.ch
Jusqu’au 14 mai à Friart, Fribourg, friart.ch
Le 13 mai, Ei Arakawa réalisera une performance
à la Motta, dans le cadre des 100 ans des bains.

Bibliotopia interroge un monde incertain Drii Winter élu meilleur film suisse
Littérature X Ce week-end à Montri-
cher, quinze plumes internationales
se feront l’écho d’un monde en crise.
Le temps d’un week-end, Montricher
(VD) devient le pôle vivant des littéra-
tures du monde grâce au festival
Bibliotopia, qui se tiendra du vendredi
31 mars au dimanche 2 avril à la Fon-
dation Jan Michalski. Au programme
de cette édition 2023, «Interroger l’in-
certitude». La valeur de la mémoire,
l’ombre des guerres, le poids des secrets
de famille, la remise en cause des véri-
tés reçues compteront parmi les sujets
abordés par les écrivain·es invité·es.
C’est Lauren Groff, nouvelliste et
romancière étasunienne, qui ouvrira
les feux autour de Matrix (2023), bio-
graphie romanesque de Marie de
France. L’autrice érige cette poétesse
médiévale du XIIe siècle, première
femme d’Occident à avoir écrit en
langue vulgaire, en figure féministe
et icône de la sororité. Il sera égale-
ment question de l’impact du deuil en
période de violence politique avec une
intervention d’Olesya Khromeychuk.
Directrice de l’Institut ukrainien de
Londres, elle a publié en 2022 The
Death of a Soldier Told by His Sister (la
mort d’un soldat racontée par sa
sœur), et s’entretiendra samedi avec
l’écrivain franco-britannique Phi-
lippe Sands.
Egalement juriste et éminent spé-
cialiste du droit international, ce der-
nier s’exprimera sur La Dernière Colo-
nie (2022), ouvrage en forme d’en-
quête historique sur l’archipel des
Chagos. Cette mosaïque d’îles dans
l’Océan Indien abritait une popula-
tion créole dotée d’une culture propre,
qui fut contrainte d’évacuer l’archipel
afin de céder la place à une base mili-
taire étasunienne, en pleine guerre
froide. Philippe Sands a adapté son
livre pour le théâtre, dans une pièce à
découvrir samedi soir.
A noter également la venue du ro-
mancier Alexis Jenni, Goncourt 2011,
qui cherche une nouvelle cohabita-
tion entre les vivants dans ses essais
Parmi les arbres (2021) et Cette planète
n’est pas très sûre (2022), ainsi que
Claudie Hunziger, prix Femina 2022
pour Un Chien à ma table, qui déstabi-
lise les ordres établis pour «faire face
aux vulnérabilités et aux maltrai-
tances des temps».
On écoutera encore la grande re-
porter française Florence Aubenas (Le
quai de Ouistreham) et Maria Stepano-
va, journaliste et essayiste russe.
Dans En mémoire de la mémoire (2022),
elle explore les esquives de son his-
toire familiale, ses secrets liés à un
siècle convulsé d’histoire de la Russie.
Enfin, ce sera l’occasion de rencontrer
la Néerlandaise Hanna Bervoets, au-
trice d’une œuvre foisonnante. Dans
L’Expérience Helena (2023), sur fond
d’épidémie du sida dans les années
1990 à New York, un étudiant en
journalisme rencontre une cher-
cheuse prête à tout pour élaborer un
remède au virus: un texte magnétique
qui réfléchit au comportement hu-
main à l’aune des changements scien-
tifiques. MARC-OLIVIER PARLATANO
Du 31 mars au 2 avril à la Fondation
Jan Michalski, Montricher,
www.fondationjanmichalski.com
Quartz X Drii Winter de Michael Koch
remporte le Prix du meilleur film suisse
de fiction 2023 et Cascadeuses d’Elena
Avdija, celui du meilleur documentaire.
La Ligne d’Ursula Meier obtient trois prix:
meilleur scénario, meilleure actrice et
meilleur second rôle féminin.
Drii Winter raconte, en suisse alle-
mand, l’histoire d’amour entre Anna et
Marco dans un village de montagne (Le
Courrier de vendredi dernier). Quant au
documentaire Cascadeuses (Le Courrier
du 11 novembre), il met l’accent sur la
représentation des femmes à l’écran,
alors que La Ligne, film tourné au Bouve-
ret (VS), raconte un drame familial sur
fond de violence entre une mère et sa fille
aînée (Le Courrier du 13 janvier). Le long
métrage a remporté le prix du meilleur
scénario, de la meilleure actrice pour
Stéphanie Blanchoud et du meilleur se-
cond rôle féminin pour l’adolescente lau-
sannoise Elli Spagnolo.
Du côté des hommes, le prix du meil-
leur acteur a été remporté par l’acteur
bernois Manfred Liechti. Il incarne le
forcené biennois dans Peter K. – Seul
contre l’Etat, dans un film réalisé par le
journaliste et réalisateur biennois
Laurent Wyss. A Foudre, de la réalisatrice
genevoise Carmen Jaquier, sont attribués
les prix de la meilleure musique de film
– pour le compositeur genevois Nicolas
Rabaeus – et du meilleur son.
Le prix de la meilleure photographie
est décerné à Unrueh de Cyril Schäublin
(Le Courrier du 2 décembre 2022), alors
que le documentaire Je suis noires de Ra-
chel M’Bon et Juliana Fanjul, qui décon-
struit le racisme en Suisse, a remporté le
prix du meilleur court métrage (Le Cour-
rier du 27 mars).
Le prix du meilleur film d’animation
est décerné à The record de Jonathan
Laskar, alors que le prix du montage sa-
lue le travail de Karine Sudan pour le
film (Im)mortels. Le meilleur film de di-
plôme est attribué à Morgane Frund
pour Ours (Le Courrier du 24 janvier). Le
président de la Confédération Alain Ber-
set a remis le prix d’honneur du cinéma
suisse à la productrice Ruth Waldburger.
Les prix sont décernés par l’Office fédé-
ral de la culture (OFC) depuis 1998, en
collaboration avec la SSR, l’association
«Quartz», Swiss Films (l’agence de promo-
tion du cinéma suisse), l’Académie du ci-
néma suisse et les Journées de Soleure. ATS