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Dr TOE Souleymane
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LES MUTATIONS, RESTRUCTURATIONS,
TRANSFORMATIONS ET GROUPES DE SOCIETES
Introduction générale
Les mutations et restructurations des sociétés appellent, à titre liminaire, des
observations sur certaines notions comme celles de société, de mutations, de
restructurations et de transformations appliquées aux sociétés ainsi que sur la
manière de mener cette étude.
A- La société
Les sociétés commerciales sont régies par l’Acte uniforme de l’OHADA
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique
(AUDSC).
Selon l’article 4 de l’AUDSC, « La société commerciale est créée par deux
ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à une activité des
biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie, dans le but de partager le
bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en résulter. Les associés
s'engagent à contribuer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte
uniforme.
La société commerciale doit être créée dans l'intérêt commun des associés ».
Au plan des conditions de fond, la société doit réunir les quatre éléments
classiques du contrat de société que sont les apports, la recherche et le partage des
bénéfices et la contribution aux pertes, l’affectio societatis et la pluralité d’associés.
Bien entendu, les sociétés unipersonnelles prévues à l’article 5, dérogent aux deux
dernières conditions.
Les apports, qui fournissent à la société les moyens de commencer ses
activités pour, plus tard les développer, autrement dit de réaliser son objet, peuvent
être en numéraire (argent sous toutes ses formes), en nature et même en industrie,
même si de nombreuses dispositions semblent exclure l’apport en industrie
(travail, savoir-faire, expertise, relations) ;
Les associés ou la société doivent poursuivre la recherche et le partage des
bénéfices et, le cas échéant, la contribution aux pertes, auxquels s’ajoute ou se
substitue le fait de profiter de l’économie qui peut résulter du fonctionnement de
la société ; il y a là certainement un grand élargissement de la finalité des sociétés
par rapport à la conception classique qui se dégage de l’arrêt rendu par la Cour de
cassation française en Chambres réunies le 11 mars 1914 dans une affaire qui
2
opposait la Caisse rurale de la commune de Manigod à l’Administration de
l’enregistrement. La Haute juridiction juge que le bénéfice est un gain pécuniaire
ou un gain matériel qui ajouterait à la fortune des associés. La prise en compte de
l’économie comme finalité possible de la société a pour effet de rendre difficiles la
distinction et le choix entre société commerciale, société coopérative, société civile
professionnelle de moyens et groupement d’intérêt économique.
L’affectio societatis, c’est-à-dire la volonté de s’associer et de collaborer sur
un pied d’égalité à la marche des affaires sociales, doit exister et cela suppose qu’il
y a plusieurs associés. On a souvent pensé que cette collaboration devait être
volontaire, active, intéressée et égalitaire. L’on doit néanmoins relever que
l’exigence de l’affectio societatis ne découle pas explicitement des textes, que son
intensité est variable suivant les formes de sociétés et que cet élément est par
hypothèse exclu dans les sociétés unipersonnelles.
En principe, toute société doit comporter une pluralité d’associés (au moins
2 avant l’AUDSC, et même au moins 7 pour la SA). La pluralité d’associés ou
d’actionnaires a longtemps caractérisé la société, de sorte que la réunion des parts
sociales en une seule main était une cause générale de dissolution ; la pluralité
demeure le principe aux termes de l’art. 4, al. 1er, de l’AUDSC ; mais l’on peut se
demander ce qu’il en reste quand on sait que la forme unipersonnelle est admise
pour les deux formes les plus usitées que sont la SARL, ce qui est devenu habituel,
et pour la SA, ce qui est plus insolite et plus discutable. On comprend que, dans ces
conditions, la détention des titres sociaux par un seul associé n’entraîne pas
automatiquement la dissolution de la société, même dans les sociétés dont la forme
unipersonnelle n’est pas autorisée par l’AUDSC (art. 60).
D’emblée, il faut souligner que les sociétés sont variées et peuvent faire
l’objet de nombreuses classifications : sociétés à risque limité et sociétés à risque
illimité ; sociétés civiles et sociétés commerciales ; sociétés de personnes et
sociétés de capitaux ; sociétés par intérêt et sociétés par actions ; sociétés avec ou
sans personnalité morale ; sociétés de droit et sociétés créées de fait ; sociétés de
droit privé et sociétés de droit public ; sociétés « nationales » et sociétés
étrangères ; sociétés de droit commun et sociétés à statut spécial ; sociétés
professionnelles et sociétés patrimoniales ; sociétés opaques et sociétés
transparentes1, cette dernière classification étant essentiellement fiscale.
On ne saurait trop insister sur l’apport potentiel du droit des sociétés,
notamment celui des sociétés de capitaux, au développement économique et social
des pays sous-développés. Le Doyen Georges Ripert n’a-t-il pas écrit, dans son
ouvrage intitulé « Les aspects juridiques du capitalisme moderne », que la société
anonyme est le merveilleux instrument juridique du capitalisme moderne, qui a
1
Voy. dans ce sens Cozian M., Viandier A et Deboissy F., Droit des sociétés, 16e éd., Litec, 2003, n° 40.
3
contribué, autant que la machine à vapeur, au développement des pays
occidentaux ? La société, en effet, permet de réunir des biens, des moyens ou des
capitaux et, par voie de conséquence, des compétences, afin de créer des entreprises
petites, moyennes ou grandes, voire gigantesques, dans tous les
domaines d’activités : industriel, commercial, agricole, financier... En effet, « si les
sociétés sont moins nombreuses que les commerçants individus, elles possèdent la
plupart des moyennes et grandes exploitations industrielles et commerciales »1.
Mais le nombre a son importance. Ainsi, pour le Burkina, le répertoire des
entreprises du Burkina Faso, édition 2005, a sélectionné 2774 entreprises sur un
total de 24 859 sur la base des trois critères suivants : possession d’un numéro
d’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier, affiliation à la
Caisse nationale de sécurité sociale, possession d’un numéro d’identification fiscale
unique (IFU). Ces entreprises peuvent être considérées comme relevant du secteur
structuré. Sur ces 2774 entreprises « formelles », 40%, soit 1105, revêtent des
formes sociales ou assimilées : 624 SARL (56,47), 477 SA (43,16), 2 SNC, 2 GIE,
avec une suprématie des SA sur les SARL seulement au niveau de l’industrie (139
SA contre 109 SARL)2.
A titre comparatif, dans un pays développé comme la France, on a les
données suivantes au 30 septembre 2009 :
4
Sources : Statistiques des sociétés au 1er janvier 2003 par l’INSEE (in Cozian, Viandier et Deboissy, Droit des
sociétés, LITEC, 2003, 16e éd., n° 9).
1
Y. Guyon, op. cit., n° 93. Pour cet auteur, « non seulement la société peut rassembler des capitaux à peu
près illimités par un appel public à l’épargne, mais elle échappe aux vicissitudes qui atteignent les
personnes physiques. Elle naît pourvue de toute sa capacité juridique et matérielle, sans avoir besoin
d’éducation ou d’apprentissage. Son activité n’est pas entravée par des considérations affectives,
sentimentales ou familiales. Elle ignore l’impuissance de la maladie, comme la faiblesse de la vieillesse.
Elle est maîtresse de sa mort, puisqu’elle règle librement la durée de sa vie. La société est donc un être
surhumain. Les seules faiblesses dont elle souffre sont le contrecoup des passions ou des insuffisances de
ses dirigeants ou de ses membres, c’est-à-dire les personnes physiques ». Mais ses succès ne sont-ils pas
tributaires des mêmes personnes physiques ?
2
Claude Champaud, Le pouvoir de concentration, Sirey, 1962.
3
Selon les professeurs Cozian M., Viandier A et Deboissy F. (op. cit., n° 11), « si le recours au concept
d’institution a été historiquement utile pour mettre en lumière les particularités du concept de société, il
semble aujourd’hui possible d’en faire l’économie. En effet l’institution, telle qu’elle est utilisée en droit
des sociétés, s’apparente davantage à une idée ou à une image qu’à une véritable théorie dont on a
souligné avec raison qu’elle était vague et ne déterminait aucun régime juridique précis. En réalité, plutôt
que de se demander si la société a une nature contractuelle, institutionnelle, voire hybride, il suffit
aujourd’hui, pour appréhender sa nature juridique, de combiner les apports de la théorie de l’acte juridique
avec ceux de la théorie de la personnalité morale. La société est une construction complexe qui a pour
base un acte fondateur (le contrat de société) dont procède une organisation dotée de la personnalité
morale, ce qui donne une densité, une durée et un rayonnement que ne connaissent pas la plupart des
autres contrats ».
5
B- Les mutations, restructurations et transformations
Ces notions ne comportent en général pas de définitions légales. Elles sont
plutôt doctrinales et font l’objet d’acceptions plus ou moins larges ou restreintes.
L’étude habituelle du droit des sociétés se fait sous un angle statique :
constitution, organisation, fonctionnement, dissolution, liquidation, soit de manière
globale (droit commun ou droit général des sociétés), soit de manière spécifique à
chaque forme sociale (droit spécial des sociétés, qui étudie chacune des principales
formes de sociétés, commerciales en particulier : SA, SARL, SCS, SNC, société
civile, etc.).
Les notions ci-dessus évoquées relèvent d’une approche dynamique des
sociétés, la société étant prise isolément ou dans ses rapports avec d’autres sociétés.
Le terme mutation fait penser à un grand changement, une grande évolution,
de la structure sans que le sens positif ou négatif de l’opération ne transparaisse.
C’est donc un terme plus ou moins neutre.
Celui de restructuration évoque un grand bouleversement dans
l’organisation, le fonctionnement et/ou les relations de la société pour permettre à
celle-ci de s’adapter à l’évolution économique, notamment celle du secteur
industriel, national, régional ou mondial. La restructuration semble, a priori,
provoquée par de graves difficultés financières (dues par exemple à des méventes)
qu’elle vise à solutionner. Mais en pratique, elle peut viser à atteindre de plus
grandes performances alors que l’entreprise ne connaît pas de difficulté notable.
La transformation semble moins polysémique : il s’agit simplement de
donner à la société une nouvelle forme tout en maintenant sa personnalité morale,
en modifiant à cet effet ses statuts. S’il en résultait la création d’un être moral
nouveau, ce ne serait plus une simple transformation.
Au sens large, les restructurations et/ou les mutations sont tous les
changements ou modifications d’envergure qui interviennent au niveau d’une
société. Les transformations seraient ainsi incluses dans les mutations et les
restructurations.
La raison profonde de ces changements est d’ordre économique : il s’agit,
par les adaptations juridiques, de préparer, favoriser ou accompagner les évolutions
économiques et financières souhaitables si bien qu’elles apparaissent comme
illustrant au mieux le caractère instrumentaliste du droit par rapport à l’économie.
Dans ce sens, un auteur a écrit que la véritable réforme économique, c’est la
réforme du cadre juridique de l’économie1. Dans le même sens, le Doyen Ripert
écrivait que s’il faut réformer l’économie, les économistes détermineront la voie et
les juristes fourniront les moyens.
1
Allais M., A la recherche d’une discipline économique.
6
Selon le professeur Yves Guyon, « du point de vue juridique, les
restructurations prennent les formes les plus diverses. Certaines supposent une
modification des statuts, notamment les augmentations de capital, les
transformations et les fusions. D’autres n’impliquent pas cette modification. Ainsi
lorsque les majoritaires cèdent leurs parts ou leurs actions, cette cession s’opère
extérieurement à la société, dont les organes ne sont pas consultés »1.
C- Annonce du plan
Au total, il y a lieu d’exclure des mutations et restructurations les simples
modifications statutaires qui n’apportent pas de changement d’envergure :
l’élargissement de l’objet social (d’ailleurs pas souvent nécessaire en raison de la
définition large de l’objet social que l’on rencontre dans la pratique), le changement
du siège social à l’intérieur de la même ville ou du même pays, la prorogation de la
durée, les modifications touchant le régime des actions, l’augmentation du nombre
des administrateurs, le changement dans le régime d’administration et de direction
de la société anonyme (choix entre conseil d’administration et administrateur
général et, dans le premier cas, choix entre la formule du président-directeur
général et celle de président du CA et de directeur général)…
L’on peut penser qu’en relèvent :
- les modifications touchant le capital social : augmentations et réductions de
capital2, surtout au regard des circonstances économiques ;
- les transformations dans le sens ci-dessus abordé ;
- les fusions, scissions et apports partiels d’actifs ;
- les groupes de sociétés.
Les modifications de capital et les transformations peuvent être considérées
comme des mutations ou restructurations simples par opposition aux fusions,
scissions et apports partiels d’actifs, opérations assurément plus complexes. Les
groupes de sociétés et les participations conservent leur autonomie par rapport à la
distinction ci-dessus3.
Sur un plan d’ensemble, lorsque des choix seront nécessaires, le cas de la
société anonyme sera privilégié dans la mesure où ces opérations y sont plus
courantes et plus significatives.
Au regard des observations ci-dessus, le cours sera articulé comme suit :
1
Yves Guyon, Droit des affaires, tome I : Droit commercial général et sociétés, Paris, Economica, 12e éd.,
2003, n° 562.
2
Beaucoup d’auteurs n’incluent pas les modifications du capital dans les mutations ou restructurations de sociétés.
Ils les étudient avec les autres modifications statutaires comme relevant des attributions de l’AGE.
3
Philippe Merle, Droit commercial, Sociétés commerciales, Précis Dalloz, 10 e éd., 2005 (avec la collaboration de
Anne Fauchon), n° 635, qui intègre les fusions et scissions dans les groupes de sociétés comme constituant les liant
structurels, les autres liens étant contractuels ou financiers (participations).
7
TITRE I : LES MUTATIONS OU RESTRUCTURATIONS SIMPLES :
LES MODIFICATIONS DU CAPITAL SOCIAL ET LES TRANSFORMATIONS
DE SOCIETE
TITRE II : LES FUSIONS ET LES OPERATIONS ASSIMILEES
TITRE III : LES GROUPES DE SOCIETES ET LES PARTICIPATIONS
8
Section I : Les augmentations de capital
L’AUDSC réglemente de manière quelque peu tatillonne les augmentations
de capital dans ses articles 562 à 626. L’augmentation de capital n’est pas définie
par l’AUDSC. On peut dire qu’elle consiste à relever le montant du capital existant.
De ce point de vue, c’est une opération qui accroît le « gage des créanciers » qu’est
le capital dans une société de capitaux. C’est pourquoi c’est une opération
encouragée et qui est d’une pratique courante dans les SA malgré le principe
maintenu de l’intangibilité du capital. L’AUDSC s’est contenté d’indiquer les
modalités suivant lesquelles il y est procédé.
9
selon le cas, dans le délai de trois ans à compter du jour où l'augmentation de
capital est réalisée ; pour le reste, tout se passe comme pour une constitution de
société : les fonds sont déposés dans une banque ou dans l’étude d’un notaire et ne
peuvent être retirés, après achèvement de l’opération, que dans les mêmes
conditions prévues en cas de constitution de société ;
- soit par compensation avec des créances certaines, liquides et exigibles sur
la société : en cas de libération d'actions par compensation de créances sur la
société, ces créances font l'objet d'un arrêté des comptes établi, selon le cas, par le
conseil d'administration ou par l'administrateur général et certifié exact par le
commissaire aux comptes ;
- soit par incorporation de réserves, bénéfices ou primes d'émission : il n’y a
pas à proprement parler de libération ici ; de simples écritures comptables
suffisent ; toutefois, l’article 606 dispose que les actions souscrites en numéraire
résultant pour partie de versement d'espèces et pour partie d'une incorporation de
réserves, de bénéfices ou de primes d'émission, d’apports ou de fusion doivent être
intégralement libérées lors de la souscription ;
- soit par apport en nature (biens meubles ou immeubles, corporels ou
incorporels) : ces biens doivent être évalués par un commissaire aux apports,
désigné par le président de la juridiction compétente à la requête du CA ou de
l’administrateur général ; le commissaire aux comptes apprécie sous sa
responsabilité la valeur des apports ; si l’assemblée approuve l’évaluation,
l’augmentation a lieu ; si elle réduit la valeur des apports, il faut l’approbation
expresse des apporteurs ; la procédure est la même en cas de stipulation
d’avantages particuliers ; il faut souligner que les actions d’apports doivent être
intégralement libérées dès leur émission (art. 619 à 626).
Tout se passe comme au moment de la constitution.
Au plan technique, le capital social est augmenté, soit par émission
d'actions nouvelles, soit par majoration du montant nominal des actions existantes.
Par exemple, une société au capital de 20M divisé en 1000 actions de 20 000
F de valeur nominale (la valeur nominale minimale est de 10 000F) veut augmenter
son capital de 10M de F. Pour simplifier, on suppose qu’il n’y a ni pertes ni
bénéfices non distribués (donc pas de prime d’émission), l’action vaut donc sa
valeur nominale et les deux procédés se présentent comme suit :
- l’émission d’actions nouvelles : les 10M de F donnent 500 actions
nouvelles de 20 000F de valeur nominale ;
- la majoration du montant nominal des actions existantes : le nombre des
actions, soit, 1000, ne change pas mais leur valeur nominale passe de 20000 à
30000F.
Cette seconde modalité n’est pas utilisable dans tous les cas : en effet,
l’article 652 précise que l'augmentation de capital par majoration du montant
10
nominal des actions n'est décidée qu'avec le consentement unanime des
actionnaires, à moins qu'elle ne soit réalisée par incorporation de réserves,
bénéfices ou primes d'émission. En effet, s’il ne s’agit pas d’incorporation de
réserves, cela reviendrait à obliger chaque actionnaire à apporter pour chaque
action 10 000F afin de pouvoir conserver son titre. Cela revient à accroître les
engagements de l’actionnaire. Légalement, cela ne peut se faire qu’avec son
accord.
11
La différence entre le prix ou la valeur de l’action et la valeur nominales est
la prime d’émission.
Exemple simplifié
Une société est créée avec un capital de 20 millions de F décomposé en 2
000 actions de 10 000 F chacune. Par la suite, elle réalise sur plusieurs exercices
des bénéfices qu’elle met en réserve et le total s’élève à 10 millions de F. Puis, elle
décide d’augmenter le capital pour un montant de 30 millions de F.
Quel est le nombre d’actions à créer ? Quel est le montant de la prime
d’émission ?
Il faut déterminer la valeur de l’action avant l’augmentation de capital : 20
millions (capital initial) + 10 millions (réserves) divisé par 2000 (nombre de titres)
= 15 000 F.
Cela veut dire que pour avoir un titre de la société, il faut payer 15 000 F. Il
en résulte que le nombre de titres à créer pour une somme de 30 millions est : 30M
divisé par 15000 = 2000 actions.
Ces actions auront une valeur nominale de 10 000 F comme les autres
actions de la société et une prime d’émission de 5 000 F.
12
Les réductions de capital sont réglementées par les articles 627 à 638 de
l’AUDSC. Il ressort de l’article 627 que le capital social est réduit, soit par la
diminution de la valeur nominale des actions, soit par la diminution du nombre des
actions. A priori, le capital social ne peut pas être restitué aux actionnaires au
détriment des créanciers. Toutefois, il n’est pas défendu de modifier les statuts et de
donner à la société un capital plus faible que le capital à condition de publier la
modification afin d’informer les créanciers.
13
Les articles 629 et 630 organisent l’intervention du commissaire aux
comptes. Le projet de réduction du capital lui est communiqué 45 jours au moins
avant la réunion de l'assemblée générale extraordinaire qui décide ou autorise la
réduction de capital. Le commissaire aux comptes présente à l'AGE un rapport dans
lequel il fait connaître son appréciation sur les causes et les conditions de la
réduction de capital.
Lorsque le conseil d'administration ou l'administrateur général, selon le cas,
réalise la réduction de capital sur délégation de l'assemblée générale, il doit en
dresser un procès-verbal soumis à publicité et procéder à la modification corrélative
des statuts (art. 631).
Sous certaines conditions, des droits sont reconnus aux créanciers de la
société. Ceux-ci ne peuvent cependant pas s'opposer à la réduction de capital
lorsque celle-ci est motivée par des pertes (art. 632). Lorsque la réduction de capital
n'est pas motivée par des pertes, elle entraîne une diminution des fonds servant de
garantie au paiement des créanciers de la société. C’est pourquoi les créanciers dont
la créance est antérieure au dépôt au greffe du tribunal chargé des affaires
commerciales du procès-verbal de la délibération de l'assemblée générale qui a
décidé ou autorisé la réduction du capital, de même que les obligataires peuvent
s'opposer à l’opération. Le délai d'opposition des créanciers à la réduction de
capital est de 30 jours à compter de la date de dépôt au greffe du procès-verbal
susvisé de la délibération de l'assemblée générale qui a décidé ou autorisé la
réduction de capital. L'opposition est formée par acte extrajudiciaire et est portée
devant la juridiction compétente statuant à bref délai.
De manière logique, l’AUDSC, à ses articles 636 et 637, précise que les opérations
de réduction de capital ne peuvent commencer pendant le délai d'opposition ni, le
cas échéant, avant qu'il ait été statué en première instance sur cette opposition.
Lorsque l'opposition est accueillie, la procédure de réduction de capital est
interrompue jusqu'au remboursement des créances ou jusqu'à la constitution de
garanties pour les créanciers si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes.
La réduction du capital fait l'objet des formalités de publicité prévues à
l'article 264 de l’AUDSC, formalités qui sont semblables à celles en matière de
constitution de société.
14
individuelle se met en société, il n’y a pas de transformation mais constitution
d’une société devant donner naissance à une personne morale qui n’existait pas
auparavant. Dans le même sens, l’AUDSC prévoit que lorsque la société, à la suite
de sa transformation, n'a plus l'une des formes sociales prévues par le présent Acte
uniforme, elle perd la personnalité juridique si elle exerce une activité commerciale
(art. 188). Autrement, elle devient une société commerciale de fait.
Comme l'écrivent les professeurs Maurice Cozian, Alain Viandier et
Florence Deboissy, la transformation est « le passage d’une forme de société à une
autre forme de société : une SA se mue en SARL ou en SAS, une SNC devient
commandite simple, une société civile évolue en société d’exercice libéral… »1.
Une simple modification des statuts sans changement de forme juridique n'est pas
une transformation.
Avant d’évoquer ses effets, il y a lieu d’examiner les motivations et les
conditions de la transformation.
15
à leurs apports en une société dans laquelle la responsabilité des associés est
illimitée est décidée à l'unanimité des associés. Toute clause contraire est réputée
non écrite (art. 181, alinéa 3). Finalement, il faut le respect du quorum et de la
majorité de la forme de société la plus exigeante entre l’ancienne et la nouvelle
forme.
16
TITRE II : LES FUSIONS ET LES OPERATIONS ASSIMILEES
1
On se demande si elles disparaissent avant de transmettre ou si elles transmettent avant de disparaître. Si l’on
s’appuie sur le cas des personnes physiques, la disparition est préalable. Toutefois, l’on pourrait contourner la
difficulté en retenant la concomitance des deux opérations.
17
fait les avantages qui en découlent qui tiennent à l’économie d'échelle) ; dans la
scission, c'est l'inverse, c’est-à-dire quitter le gigantisme ; mais la scission-fusion
aboutit à une taille plus importante pour les sociétés bénéficiaires. Il en est de
même dans l'apport partiel d'actif pour la société bénéficiaire de l’apport. En
revanche, celle qui apporte « dégraisse ».
Que l'on réduise ou que l'on accroisse la taille de l'entreprise, le but recherché
est la rationalisation de la gestion et l'accroissement des performances de
l'entreprise ou des entreprises.
- Les organes sociaux (CA et AGE dans le cas des SA) seront mis en branle
pour prendre les décisions qui s'imposent.
18
De manière simple et classique, la fusion est définie comme l'opération par
laquelle deux sociétés préexistantes se réunissent, soit que l'une d’entre elles
absorbe l'autre, soit que l'une et l'autre se confondent ensemble pour la constitution
d’une société nouvelle1. Cette définition, généralement adoptée par les auteurs, ne
met pas suffisamment l'accent sur les caractéristiques essentielles de la fusion.
C’est pourquoi, l'on peut adopter la définition plus précise et plus complète que
proposent MM. Patrick Durand et Jacques Latscha. Selon ces auteurs, la fusion est
« la réunion de deux ou plusieurs sociétés préexistantes, soit que l'une ou les unes
soient absorbées par l’autre (fusion-absorption), soit que l'une et l'autre (ou les
autres) se confondent pour constituer une société nouvelle, les porteurs de titres des
sociétés qui disparaissent recevant en échange de leurs titres des actions ou parts de
la société subsistante et cette dernière succédant à titre universel aux droits et aux
obligations des autres sociétés participantes »2.
Dans une approche dite de droit économique, M. Gilles J. Martin propose
que l’on définisse la fusion par référence à deux critères complémentaires : un
critère juridique formel et un critère tiré de l’analyse économique. Sur cette base, il
propose de lege ferenda de définir la fusion comme suit : « la fusion est la
transmission universelle du patrimoine ou d’une partie du patrimoine représentant
les éléments économiques essentiels d’une ou de plusieurs entreprises, ou d’une
partie homogène de celles-ci, à une ou plusieurs entreprises existantes ou à créer,
aux fins de concentration, les apports ainsi réalisés étant rémunérés par des droits
sociaux répartis entre les détenteurs des entreprises apporteuses »3.
1
Dans ce sens, voy. :
- Chartier Yves, Droit des affaires, tome 2 : Sociétés commerciales, PUF, 1ère éd., 1985, p. 449 ;
- Guyon Yves : Droit des affaires, tome 1 : Droit commercial et sociétés, Economica, 4e éd., 1986, p. 606 ;
- Lagarrique Jean-Pierre : Droit comptable des fusions de sociétés, Litec, 1986, p. 13 ;
- Meissonnier Georges, Droit des sociétés en Afrique, LJGDJ-NEA, 1978, p. 447 ;
- C. Cas. fr, 28 janvier 1946, D. 1946, 168.
2
Durand Patrick et Latscha Jacques, Les groupements d’entreprises, Librairies Techniques, 1973, p. 112.
3
Martin Gilles J., La notion de fusion, RTDCom., 1978, p. 305.
4
En général, nous nous contenterons de développer l’hypothèse la plus courante, c'est- à-dire la
fusion-absorption intéressant seulement deux sociétés anonymes.
19
Les fusions sont ouvertes à toutes les formes de sociétés, y compris les
sociétés civiles. En pratique, ce sont les sociétés anonymes qui y recourent le plus
souvent et, dans une moindre mesure les SARL.
Législation applicable
- La loi du 9 juillet 1902, déclarée applicable par décret du 20 mars 1910, dont
les dispositions ont été reprises par la loi du 16 novembre 1903, déclarée applicable
par le même décret du 20 mars 1910. Ces deux textes législatifs ont modifié
l'article 3 de la loi du 24 juillet 1867 en précisant qu'en matière de fusion,
l'interdiction de détacher les actions d'apport de la souche et de les négocier ne
s'applique pas aux actions attribuées par la société absorbante si celle-ci est une
société par actions ayant au moment de la fusion plus de deux ans d’existence.
20
fusion de société par voie d’absorption ou de création de société nouvelle englobant
une ou plusieurs sociétés préexistantes, ainsi qu'en cas d’apport par une société de
partie de ses éléments d'actif à une autre société, l'interdiction de détacher les
actions de la souche et de les négocier ne s'applique pas aux actions d’apport
attribuées à une société par actions ayant, lors de la fusion ou de l'apport, plus de
deux ans d'existence, lorsque les biens compris dans l'apport-fusion ou dans
l'apport partiel auxquels correspondent les actions attribuées étaient précédemment
représentés par des actions négociables ».
Depuis l'indépendance, aucun texte n’a été pris par le Burkina dans ce
domaine. Il en est de même dans la plupart des pays francophones d’Afrique, à
l’exception du Sénégal, du Mali et de la Guinée et de quelques autres pays.
En France, les fusions (à titre principal), les scissions et les apports partiels
d’actif ont été réglementés par la loi du 24 juillet 1966 (art. 371 à 389-1), intégrée
au Code de commerce depuis lors. Elle en forme les articles L. 210-1 à L. 252-131.
1
Il est à signaler que la loi du 24 juillet 1966 a été intégrée au Code de commerce par une ordonnance n°
2000-912 du 18 septembre 2000 prise sur autorisation de la loi n° 99-1071 du 16 décembre 1999 portant
habilitation du Gouvernement à procéder, par ordonnances, à l’adoption de la partie législative de certains
codes. Cette ordonnance procède à une refonte complète de l’ancien Code de commerce et rassemble,
dans un nouveau code, les nombreuses dispositions relevant de la législation commerciale, qu’elles
figurent ou pas au précédent Code de commerce. « C’est ainsi que la loi du 24 juillet 1966 modifiée forme
la principale substance du livre II de ce nouveau Code de commerce, articles L. 210-1 à L. 252-13, étant
rappelé que les dispositions du Code civil conservent par ailleurs leur place et leur portée juridique propre,
21
Cette loi a connu une principale modification, œuvre de la loi n° 88-17 du 5 janvier
1988. Cette législation est semblable à celle des autres Etats européens d’autant que
les modifications qui lui sont apportées sont dues à la prise en compte des
directives de la CEE dans ce domaine (il s'agit de la 3 e directive adoptée le 9
octobre 1978 relativement à la fusion des SA et de la 6 e directive du 17 décembre
1982 sur la scission des SA).
22
majorité des assemblées habilitées à modifier les statuts. Il sera fait appel au droit
français (loi du 24 juillet 1966 formant depuis 2000 les articles L. 210-1 à L. 252-
13 du Code de commerce, décret du 23 mars 1967) qui a certainement servi de
principale source d’inspiration au législateur OHADA.
La fusion est une opération complexe qui nécessite le respect d'un calendrier.
Celui-ci occupe plus de 50 jours. Le déroulement de la fusion comporte deux
phases importantes : une première phase qui est préparatoire, une seconde qui est
celle de la réalisation.
§ I : La préparation
Cette phase secrète doit aboutir à la rédaction d'un projet de fusion approuvé
par les dirigeants, ce qui nécessite au préalable une évaluation des sociétés.
23
nouvelle. Puisque cette dernière n’existe pas encore, elle ne peut faire l'objet d’une
évaluation. Du reste, sa valeur intrinsèque sera celle des sociétés fusionnantes.
Les méthodes d’évaluation sont diverses. On peut citer, entre autres, les
principales méthodes d'évaluation suivantes : la méthode de la valeur vénale, de la
valeur liquidative, de la valeur de rendement et de la valeur boursière. Ces
méthodes d’évaluation méritent d’être connues, ne serait-ce que de manière
sommaire.
La valeur boursière ne concerne que les sociétés dont les actions sont cotées
en bourse. Elle indique la valeur figurant à cette cote. Elle résulte des cotations
récentes des actions émises par les sociétés mais on peut la déterminer en tenant
24
compte d'une période plus ou moins longue : par ex. la valeur moyenne résultant de
la cotation sur le dernier mois multiplié par le nombre de titres émis par la société.
Le glossaire de la BRVM définit la capitalisation boursière comme la valeur d'une
société en bourse, obtenue en multipliant le cours de bourse par le nombre
d'actions.
Ces méthodes ou critères sont dits plus ou moins objectifs. Ils peuvent être
pondérés en fonction de critères plus subjectifs comme : les effets qu’auront sur les
sociétés les mutations envisagées, notamment le changement de certains dirigeants,
la complémentarité et la synergie entre les sociétés, l’arrivée de nouveaux
dirigeants et la mise en place d’un « management » plus dynamique, les nouvelles
dimensions de l’entreprise, l'ouverture d’autres marchés1, l’accès plus facile au
marché financier... Comme l’affirme le professeur Yves Guyon, « s'il est normal de
prendre en considération les données du passé, objectivement contrôlables, il serait
irréaliste et contraire à l'équité d’écarter systématiquement les perspectives
d’avenir »2 de la société.
En pratique, les méthodes utilisées sont les méthodes dites objectives. Elles se
rapprochent de l’actif net réévalué, en tenant compte de la rentabilité et, dans une
moindre mesure, des perspectives d’avenir.
1
Yves Chartier, op. cit., p. 453.
2
Yves Guyon, Droit des affaires, tome 1: Droit commercial général et sociétés, anciennes éditions, op.
cit., p. 610.
Voy. pour une liste de méthodes, Meissonnier, op. cit., p. 458. Il distingue, en matière d’évaluation des
sociétés, les méthodes de l'actif net, du rendement, la méthode indirecte (ou des praticiens : moyenne
arithmétique entre le montant de l'actif net et la valeur de rendement), la méthode dite de la rente de
goodwill (une partie du bénéficie appelée super-profit est capitalisée), la méthode dite de durée abrégée de
la rente de goodwill, la méthode de capitalisation des dividendes, la méthode du cashfflow, la méthode du
discounted cash-flow.
3
Bulletin COB n° 95 de juillet-août 1977 ; Rapport COB pour l'année 1977, J.O. Doc. administrative
1977, 1055.
4
op. cit., p. 454.
25
1° - L’emploi de plusieurs critères est nécessaire (sauf cas exceptionnel) mais
leur nombre ne doit pas être excessif ni conduire à des complications inutiles.
2° - Les critères ne doivent pas faire double emploi entre eux. Ils doivent
présenter, chacun, une approche différente des sociétés.
- l'actif net n'est significatif que s'il a fait l'objet de vérifications permettant de
s'assurer de la fiabilité des états comptables ; il doit y avoir harmonisation pour les
sociétés concernées, de même qu’une consolidation tenant compte des filiales ;
Pour la COB, qui a été remplacée par l’AMF, les abattements forfaitaires, les
ratios ou, sauf justification pertinente, les coefficients de pondération ne sont pas
justifiés dans la recherche d’une parité équitable et sont à écarter comme de nature
1
Yves Guyon, Droit des affaires, tome 1: Droit commercial général et sociétés, op. cit., 12 e éd., 2003, n°
629.
26
à fausser l’appréciation des actionnaires. « Ces procédés tendent en fait à priver
l’actionnaire de son pouvoir d’appréciation en lui présentant comme une certitude
inattaquable donnée par un calcul mathématique ce qui n’est, en réalité, que le
résultat d’un choix délibéré ou d’une négociation »1.
Au total, l’une des directives majeures, c'est la sincérité. « Les évaluations
doivent être sincères. Elles doivent chercher une approximation raisonnable plutôt
qu'une précision illusoire et artificielle »2.
1
Bulletin COB n° 95 de juillet-août 1977, p. 22.
2
Guyon Y., op. cit., 12e éd., 2003, n° 629.
3
Dans la fusion par création d'une société nouvelle, il faut protéger les associés des différentes sociétés
fusionnantes
27
Il faut signaler que l’actif net réévalué (ANR) est égal à l’actif total réévalué
moins le passif exigible (PE), c’est-à-dire le passif dû à des tiers. Le passif exigible
(PE) est égal aux dettes à court terme (DCT), plus les dettes à moyen terme (DMT),
plus les dettes à long terme (DLT).
C’est-à-dire qu'il faut remettre 2 actions A pour recevoir une action B. Dans
l'hypothèse inverse, c’est-à-dire d’absorption de B par A, on aurait : 40000/20000 =
2, ce qui signifie que contre la remise d’une action B, l'on reçoit 2 actions A.
Il est rare que la comparaison de la valeur des titres aboutisse à une relation
aussi simple que celle dégagée plus haut (2 titres pour un). Fréquemment, les
opérations dégagent une parité difficilement exploitable comme celle que fournit le
Professeur Chartier. « Le rapport d'échange devrait être de 510/875 = 0,582, c'est-à-
dire que dix actions A donneraient droit à 5,82 actions B, et qu’il en faudrait 500
28
(qui permettraient de recevoir 291 actions B) pour éviter les fractions ! »1 (on a en
effet 0,582 x 500 = 291).
Il est conseillé :
- de fixer une fourchette à l'intérieur de laquelle la parité peut évoluer ;
- de ne pas retenir une parité trop complexe ;
- au besoin de rechercher des solutions contribuant à la simplification, par
exemple racheter un certain nombre d'actions pour les annuler, fixer judicieusement
la date de jouissance des titres, verser une soulte en argent...
Au total, le rapport d’échange des titres doit être arrêté après des études
minutieuses mais également de longues discussions faisant notamment intervenir la
nécessité de parvenir à une parité aussi simple que possible. Selon au auteur, « il
serait tendancieux de présenter le rapport d’échange comme résultant de calculs
mathématiques alors qu’il est généralement le fruit d’une négociation entre les
dirigeants des deux sociétés. Les dirigeants et les commissaires à la fusion doivent
notamment préciser les éléments retenus et les méthodes utilisées, en attirant
l’attention des actionnaires sur les difficultés qu’ils ont pu rencontrer »2.
Il est fréquent que l'une des sociétés intéressées à la fusion ait une
participation dans l'autre. Il s'agit le plus souvent de la société absorbante mais il
peut également s'agir de la société absorbée. Il peut même arriver qu'il y ait des
participations réciproques3.
Dans tous les cas, l’article 191 de l’AUDSC précise que :
1
Chartier Yves, op. cit., p. 455.
2
Y. Guyon, op. cit., n° 629. L’auteur invoque à cet égard l’article L. 236-10 du Code de commerce.
3
Voy. sur ces opérations : Mercadal et Janin, Sociétés commerciales, Memento pratique Francis Lefebvre,
1978, p. 1036 et s. (n° 53458 et s.) et Meisonnier, op. cit., p. 640 et s.
29
Les associés peuvent éventuellement recevoir, en échange de leurs apports,
une soulte, c’est-à-dire une somme d’argent destinée à équilibrer l’opération, dont
le montant ne peut dépasser dix pour cent de la valeur d'échange des parts ou
actions attribuées.
Toutefois, il n'est pas procédé à l'échange de parts ou d'actions de la société
bénéficiaire contre des parts ou actions des sociétés qui disparaissent lorsque ces
parts ou actions sont détenues :
1°) Soit par la société bénéficiaire ou par une personne agissant en son
propre nom mais pour le compte de cette société ;
2°) Soit par la société qui disparaît ou par une personne agissant en son
propre nom mais pour le compte de cette société.
30
La société absorbante recueille, du fait de la fusion, ses propres titres détenus
par la société absorbée. Pour éviter une telle situation, la société absorbée peut,
avant la fusion, vendre les titres de la société absorbante qu'elle détient ou les
distribuer entre ses propres associés. Mais une telle distribution implique des
charges fiscales.
Le plus souvent, la société absorbée apporte tous ses éléments actifs et passifs,
y compris les actions ou parts qu'elle détient dans la société absorbante. Ces actions
ou parts sont, comme les autres éléments apportés, évalués à leur valeur réelle pour
ne pas fausser la détermination du rapport d’échange des titres. En rémunération de
cet apport, la société absorbante augmente son capital dans les conditions
habituelles, puis le réduit d’un montant égal à la valeur nominale de ses propres
actions ou parts qui lui ont été apportées et qui se trouvent de ce fait annulées. La
différence entre la valeur nominale et la valeur d’apport des titres annulés est
imputée sur la prime de fusion (dont elle diminue le montant).
Malgré son importance, l'évaluation des sociétés n’est pas une fin en soi. Elle
doit permettre la rédaction d’un projet, préalable à la réalisation de la fusion.
1
Dans l’AUDSC, ce sont les articles 177 et 178 qui régissent la question. Voy. infra le Titre sur les
groupes de sociétés.
31
B- La rédaction d'un projet de fusion
Le contenu du projet de fusion est défini de manière précise par l’article 193
de l’AUDSC à la suite de l’article 254 du décret français du 23 mars 1967
d'application de la loi du 24 juillet française 1966. Selon l’article 193, « toutes les
sociétés qui participent à une opération de fusion ou de scission établissent un
projet de fusion ou de scission arrêté, selon le cas, par le conseil d'administration,
l'administrateur général, le ou les gérants de chacune des sociétés participant à
l'opération ».
32
Il ressort de l’article 194 de l’AUDSC que le projet de fusion ou de scission
est déposé au greffe chargé des affaires commerciales (qui est le greffe du TC au
Burkina) du siège desdites sociétés et fait l'objet d'un avis inséré dans un journal
habilité à recevoir les annonces légales par chacune des sociétés participant à
l'opération.
Cet avis contient les éléments essentiels de l’opération de fusion tels que
prévus à l’article 193, en l’occurrence :
Le projet ainsi établi doit être approuvé par les dirigeants des sociétés
concernées, à savoir le conseil d'administration ou l’administrateur général pour la
SA ou le ou les gérants pour la SARL dans le cas du Burkina et des Etats parties au
Traité de l’OHADA. En France, il s’agit pour la SA, soit du conseil
d’administration, soit du directoire et du conseil de surveillance, et, pour la SARL,
du ou des gérants en France. Les représentants du personnel sont informés et
consultés en France (comité d'entreprise). Au Burkina, avant l’AUDSC, la
convention ne donnait lieu à “aucune publicité dans un journal d'annonces légales
ou au greffe du tribunal de commerce, contrairement aux dispositions de l'article
374 de la loi française du 24 juillet 1966”1. On se demande comment les créanciers
ordinaires, les obligataires et les tiers pouvaient faire valoir leurs droits, surtout
lorsque la loi leur reconnaît un droit d’opposition.
1
Meissonnier G., op. cit., p. 465.
En France, si l'une des sociétés concernées fait appel publiquement à l'épargne, il faut en plus la publicité
au BALO.
33
Bien que signé par le représentant légal de chaque société concernée, il ne
s’agit toujours que d’un projet. La réalisation effective de la fusion nécessite
l'intervention des organes délibérants.
§ II : La réalisation
Pour que la fusion se réalise, il ne suffit pas que les dirigeants des sociétés
concernées aient élaboré un projet qui reçoit leur assentiment. L’intervention
d'autres organes est nécessaire. L'on distinguera à cet égard les dispositions
d’application générale de celles qui ne s’appliquent que dans certains cas.
1
Selon l’article 358 de l’AUDSC, « les modifications des statuts sont décidées par les associés
représentant au moins les trois quarts du capital social. Toute clause contraire est réputée non écrite ».
En France comme dans les Etats de l’OHADA, il est exigé la majorité des associés représentant les ¾ du
capital pour la cession de parts sociales (à des non associés), ce qui est renforce la considération de la
personne dans les SARL, et en fait une société à mi-chemin en entre les sociétés de personnes et les
sociétés de capitaux.
2
Au Burkina :
- 1/2 du capital social sur 1ère convocation.
- ¼ sur 2e ou 3e convocation.
34
L'on observe que la société absorbante, au Burkina, devait, sous l’empire de
l’ancienne législation, tenir deux assemblées générales extraordinaires. La première
avait pour objet d'approuver provisoirement la convention de fusion et de désigner
un ou plusieurs commissaires aux apports. La seconde, au vu du rapport du ou des
commissaires aux apports, devait approuver définitivement la fusion et l'évaluation
des apports et décider de l'augmentation du capital. Ces règles n’étaient pas propres
à la fusion. Elles s'appliquaient aux constitutions et augmentations de capital des
sociétés anonymes ou des sociétés en commandite par actions par voie d’apport en
nature. Désormais, à l’imitation de la législation française, l’AUDSC ne retient
qu’une seule assemblée dans tous les cas.
35
versement, incombe aux dirigeants. Dans ce sens, l’art. 198 prévoit que, à peine de
nullité, les sociétés participant à une opération de fusion, scission, apport partiel
d'actifs sont tenues de déposer au greffe une déclaration dans laquelle elles relatent
tous les actes effectués en vue d'y procéder et par laquelle elles affirment que
l'opération a été réalisée en conformité du présent Acte uniforme.
36
Beaucoup d’auteurs pensent que le rapport unique est plus pertinent parce qu’il
favorise la comparaison entre les sociétés.
En troisième lieu, si les sociétés concernées par la fusion ont émis des
parts de fondateurs (société absorbée ou sociétés fusionnantes), l'assemblée des
porteurs sera appelée à se prononcer sur l'opération, c'est-à-dire à l'approuver ou à
la désapprouver. En cas de désapprobation, l'opération peut être poursuivie mais les
porteurs de parts peuvent obtenir, le cas échéant, des dommages-intérêts. Il semble
que l'approbation soit nécessaire si la fusion nécessite en plus une modification de
l'objet social1. Il est peu probable que de telles difficultés se produisent en France
où la loi du 24 juillet 1966 interdit l’émission de tels titres pour l'avenir 2 et au
Burkina où l’AUDSC a repris la même règle. En effet, selon l’article 744, alinéa 3,
de l’AUDSC, « l'émission de parts bénéficiaires ou de parts de fondateur est
interdite » tandis que l’article 918 précise que « les parts bénéficiaires ou parts de
fondateur émises avant l'entrée en vigueur du présent Acte uniforme sont et
demeurent régies par les textes les concernant ».
1
Loi du 23 janvier 1929 sur les parts de fondateurs, art. 9 (les modifications de l'objet ou de la forme
d’une société ayant émis des parts de fondateurs ne sont valables qu'après approbation de l'assemblée des
porteurs de parts).
2
Art. 264 de la loi du 24 juillet 1966.
37
En dernier lieu, certaines règles s'appliquent en présence d’obligataires.
Les obligataires de la société absorbante ne sont pas consultés. Toutefois, les
représentants de la masse peuvent former opposition avec les conséquences que
nous préciserons à propos des obligataires de la société absorbée.
Les obligataires de la société absorbée peuvent se voir offrir le remboursement
de leurs titres. A défaut, le projet leur est soumis. S'ils l'approuvent, ils deviennent
obligataires de la société absorbante aux conditions initialement prévues.
Dans les Etats parties au Traité de l’OHADA comme en France, la société
peut passer outre le défaut d'approbation des obligataires mais les représentants de
la masse des obligataires peuvent former opposition devant le tribunal compétent
en matière commerciale qui peut rejeter l'opposition si le risque de non-paiement ne
lui paraît pas sérieux ou ordonner soit le remboursement des créances, soit la
constitution, par la société absorbante, de garanties jugées suffisantes. Si la société
ne s'exécute pas, la fusion leur est inopposable.
L’on notera pour finir que la fusion dérogeait à un certain nombre de règles du
droit des sociétés :
- Celle qui exige 7 actionnaires pour constituer une SA. En effet, dans la
fusion par création d’une SA nouvelle, l'apport peut n'être fait que par deux
sociétés. Mais la société nouvelle aura certainement plus de 7 actionnaires (tous les
anciens actionnaires des 2 sociétés). Cette règle des 7 actionnaires au minimum n’a
pas été retenue par l’AUDSC, qui admet la SA unipersonnelle en plus de la SARL
unipersonnelle.
- En cas de scission, une seule société fait un apport aux sociétés nouvelles à
créer ; cette hypothèse appelle les mêmes observations que celle plus haut.
Il faut souligner, bien que cela semble très rare en pratique, que la fusion
est susceptible d’être frappée de nullité dans deux cas :
- si la délibération de l’assemblée est nulle, ce qui renvoie au droit commun
des nullités des assemblées, en particulier l’existence d’un vice de consentement ou
d’une fraude ;
- le défaut de déclaration de conformité ; c’est l’absence de déclaration qui est
sanctionnée par la nullité et non son irrégularité.
La prescription est de six mois à compter de la dernière inscription au RCCM.
Si la nullité est prononcée, celle-ci n’a pas d’effet sur les obligations nées à la
charge ou au profit des sociétés impliquées dans l’opération de fusion entre sa date
d’effet et celle de la publication de la décision prononçant la nullité. Ainsi, la
société absorbante ne saurait tirer argument de l’anéantissement de la fusion pour
38
refuser d’exécuter les engagements nés après la fusion du fait du patrimoine à elle
transmis1.
Conclusion
La fusion produit des effets sur les sociétés concernées (§II), ainsi que sur les
créanciers et les salariés (§III). Auparavant, il convient d’indiquer à quelle date se
produisent ces effets (§I).
1
Cozian M., Viandier A et Deboissy F., Droit des sociétés, 16e éd., Litec, 2003, n° 1732.
2
Voy. à ce sujet le Dictionnaire Permanent du Droit des affaires.
3
Loi du 24 juillet 1966 et décret du 23 mars 1967, tels que modifiés par la loi du 5 janvier 1988 et le
décret du 22 avril 1988.
4
Art. L 372-1 nouveau.
5
Nous reprenons les développements de M. Philippe Merle: Droit commercial, sociétés commerciales,
Dalloz, 1988, p. 652-653.
39
2°) Dans les autres cas, à la date de la dernière assemblée générale ayant
approuvé l'opération, sauf si le contrat prévoit que l'opération prend effet à une
autre date, laquelle ne doit être ni postérieure à la date de clôture de l'exercice en
cours de la ou des sociétés bénéficiaires ni antérieure à la date de clôture du
dernier exercice clos de la ou des sociétés qui transmettent leur patrimoine.
Elle est grosso modo la même que celle des sociétés fusionnantes ou de la
société scindée.
1
Voy. sur ces questions
- Ch. Pinoteau, La prise en considération, en cas de fusion, des résultats obtenus par la société absorbée
durant la période s'étendant de la date du dernier arrêté des comptes jusqu'à la date de réalisation définitive
de la fusion, Rev. des sociétés 1983, p. 531.
- J.P. Storck, La rétroactivité des décisions sociales, Rev. des sociétés 1985, p. 55.
40
La fusion (ou la scission) entraîne la dissolution de la société absorbée, qui
disparaît et la transmission universelle de son patrimoine à la société absorbante. Le
patrimoine qui se compose des éléments actifs et passifs est transmis dans l'état où
il se trouve à la date de réalisation de l'opération. La dissolution n'est pas suivie
d’une liquidation. Il n'y a pas de survie de la personnalité morale de la société
absorbée. La grande majorité de la doctrine est dans ce sens. Toutefois, des
opinions isolées soutiennent que la fusion n’entraîne pas la dissolution de la société
absorbée et que celle-ci continue de vivre dans la société absorbante1 mais l’on ne
voit pas quelle conséquence particulière cela entraîne au niveau du droit.
1
Sur la survie de la société absorbée, voy. Yvonne Cheminade, Nature juridique de la fusion des sociétés
anonymes, RTD com., 1970, p. 15 à 44. A la page 42, elle écrit : « La transmission qui s’opère dans la
fusion n’est pas limitée au seul actif, lequel pourrait aussi bien être transmis par d’autres moyens, elle
s’étend à la société elle-même qui se « transmet », corps et biens, mêlant ses éléments à ceux de la société
absorbante dont elle emprunte, dès cet instant, la personnalité morale… La nature de la fusion apparaît dès
lors pour la société absorbée sous son véritable jour de transformation, au sens large, ou plus exactement
de « mutation » qui lui permet de continuer son activité, unie à la société absorbante, dans le cadre de la
concentration de leurs entreprises ».
2
L’AUDCG ne se prononce pas sur la question.
3
C. cas, com., 19 avril 1972, D 1972, 538, note D. Schmidt ; RTD com. 1972, p. 654 n°11, obs. R. Houin.
4
Com. 3 juin 1986, D 87, 95, JJ. Daigne.
41
plein droit vaut même pour les dettes de la société absorbée qui ne figuraient pas
dans le traité de fusion. Il n’y a pas lieu d’accomplir la formalité de l’article 1690
du Code civil, sauf pour certains biens comme les immeubles où la publicité qui
leur est propre demeure nécessaire.
Les dirigeants des sociétés concernées par la fusion doivent envisager leur
situation avant la réalisation effective de la fusion.
1
Op. cit., n° 690.
2
C. cas. fr., corn. 17 oct. 1978, Rev. des sociétés 1979, 846.
3
Com., 20 janvier 1987, Rev. Soc. 1987, 397, note Barret.
4
Com. 10 octobre 1995, Dr. Sociétés 1995, n° 233, Th. Bonneau.
5
C. Mouly, Les causes d’extinction du cautionnement, Litec, 1979, n° 334.
6
Com. 23 mars 1999, Bulletin Joly 1999, 679, note Routier.
7
Ripert et Roblot, Traité de droit commercial, Paris, L.G.D.J., Tome 1, Volume 2 : Les sociétés
commerciales, 18e éd., 2002, par Michel Germain, 760 pages, n° 1975.
42
dirigeants de la société absorbée, rien n'empêche que ceux-ci deviennent dirigeants
de la société absorbante en plus de ceux déjà en fonction.
Avec l’AUDSC, qui reprend les règles de la loi française du 24 juillet 1966, le
nombre des administrateurs d’une SA est de trois (3) au minimum et de douze (12)
au maximum. Pour faciliter les fusions, l’article 418 de l’AUDSC, qui est une
reprise l'article 89 de la loi du 24 juillet 1966, permet que le nombre des
administrateurs puisse dépasser 12, jusqu’à concurrence du nombre total des
administrateurs en fonction depuis plus de 6 mois dans les sociétés fusionnées sans
pouvoir être supérieur à 24. Sauf cas de nouvelle fusion, il ne pourra être procédé à
aucune nomination de nouveaux administrateurs, ni au remplacement des
administrateurs décédés, révoqués ou démissionnaires tant que le nombre des
administrateurs n’aura pas été réduit à 12. Cependant, en cas de décès du Président
du Conseil d’administration et si le conseil n'a pu le remplacer par un de ses
membres, il peut nommer un administrateur supplémentaire qui sera appelé aux
fonctions de Président.
La situation des créanciers a déjà été abordée plus haut avec la situation de la
société absorbante.
1
Loi n° 033-2004/AN 14 septembre 2004.
43
juridique de l'employeur notamment par succession, vente, fusion, transformation
de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cours au jour de la
modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l'entreprise ».
L’on notera en plus que :
- en France le comité d'entreprise des sociétés concernées doit être consulté
préalablement à la fusion ;
- et en pratique, les fusions conduisent assez souvent à des compressions
d'effectifs, dues à la rationalisation de l’exploitation, ce qui en fait des opérations
redoutées des travailleurs. Les licenciements pour motif économique qui
interviennent alors n'ont pas en principe un caractère abusif. Bien entendu, la
charge des droits et indemnités dus aux travailleurs licenciés incombe à la société
absorbante.
Conclusion
Les fusions sont des opérations de concentration des entreprises sociales
dont la réglementation est relativement détaillée afin de faciliter et de promouvoir
ces opérations mais également en vue de protéger les intérêts en présence. Elles
aboutissent à des positions dominantes qui risquent de porter atteinte à la
concurrence et de conduire à des abus si bien que des contrôles a priori et/ou a
posteriori sont prévus dans le cas de la France1 et des Etats de l’Union européenne
alors que la réglementation de l’UEMOA semble surtout viser les abus de position
dominante.
Au Burkina, au regard de la petitesse de la taille des entreprises, les fusions
présentent essentiellement des avantages et devraient donc être encouragées. La
réglementation de l’AUDSC, plus étoffée et plus claire, pourrait les favoriser.
Cependant la réglementation juridique est insuffisante : il faut en plus un régime
fiscal incitatif (régime de neutralité fiscale consacrant le caractère intercalaire de la
fusion). La loi de finances pour 2006, qui prévoit le droit fixe de 6000 F pour les
opérations de fusion, est de nature à les favoriser.
1
En France, loi du 19 juillet 1977, remplacée par une loi du 1er décembre 1986.
44
- de la réglementation plus poussée des fusions ;
- et du but similaire de ces opérations, qui est la rationalisation de
l'exploitation et de la gestion des entreprises, de même que la recherche d’une plus
grande rentabilité.
Section 1 : La scission
1°) Une prime de scission ou d'apport sera prévue dans tous les cas lorsqu’il
s'agit de la constitution d’une société nouvelle dont on veut fixer le capital à un
niveau inférieur à la valeur des apports.
45
et de manière détaillée les éléments en faisant partie. Une clause pourra indiquer à
qui reviennent les éléments d’actif qui seraient oubliés dans la répartition et
découverts par la suite.
5°) L’on peut procéder à la scission d'une société par constitution de deux ou
plusieurs sociétés nouvelles sans faire intervenir d’autres associés que ceux de la
société scindée.
L’apport partiel d’actif est l'opération par laquelle une société fait apport
d’une partie de son actif à une autre société, existante ou à créer. Cet apport peut
concerner un élément isolé (ce qui serait un simple apport) ou une branche
d'activité comprenant des éléments actifs et passifs, ce qui est le véritable apport
partiel d’actif.
46
passifs) de la société apporteuse et non pas sur l'intégralité de son patrimoine.
Corrélativement, la société apporteuse survit à l'opération qui n’entraîne ni sa
dissolution, ni sa liquidation.
La société apporteuse reçoit les titres émis par la société bénéficiaire. Elle les
conserve ou les distribue à ses actionnaires. Dans ce dernier cas, il y a distribution
de réserves. Cette possibilité n'existe pas au cas où les apports sont faits à une
société nouvelle constituée par l’AGE des actionnaires de la société apporteuse,
préalablement transformée en assemblée constitutive. Dans cette hypothèse, en
effet, les titres leur reviennent directement.
1
Cass. fr., Corn. 11 déc. 1978, Bull-soc. 1979, p. 227.
2
Cass. fr., Civ., 19 oct. 1956, D. 1956, 752.
47
TITRE III : LES GROUPES DE SOCIETES ET LES
PARTICIPATIONS
1
Voy. dans ce sens Philippe Merle, Droit commercial, Sociétés commerciales, Précis Dalloz, 10 e éd.,
20005, n° 641.
Voy. également le Dictionnaire Permanent : Droit des affaires, 2e Partie Sociétés, groupements de
sociétés, 440 X, qui donne la définition suivante : « Un groupement de sociétés est un ensemble
économique de sociétés unies par des liens juridiques qui peuvent relever du droit des sociétés telles
les participations ou du droit ordinaire des contrats. Cet ensemble a pour but de réaliser une
concentration d'entreprises dont la souplesse résulte de la subordination économique des sociétés
groupées et de leur indépendance juridique ».
- Ils exercent une influence prépondérante dans la croissance économique
des nations et du monde entier.
- Même les entreprises publiques possèdent des filiales qui sont quelquefois
très nombreuses.
Ces problèmes ne sont pas toujours résolus par le droit. Par exemple, le
droit des sociétés applicable au Burkina jusqu’à l’entrée en vigueur de l’AUDSC
ignorait cette question. En France, la question est traitée de manière éparse et
diversifiée par les différentes branches du droit. La doctrine considère
généralement que l’approche française n’est pas satisfaisante. L’Allemagne est
un des rares pays à avoir une législation d'ensemble sur la question : en effet,
elle s’est, par l’Aktiengesetz du 6 septembre 1965, dotée d’un Konzernrecht. En
1
Yves Guyon, op. cit., 1988, p. 552. Dans la 12e édition de 2003 du même ouvrage, le professeur
Yves Guyon relève que “pendant longtemps, seules les sociétés importantes étaient à la tête de
groupes, réunissant parfois plusieurs centaines de filiales. Ainsi le groupe Vivendi comprend plus de
3000 sociétés. Récemment le phénomène s’est étendu aux PME. Les micro-groupes se limitent alors à
trois ou quatre sociétés” (op. cit., n° 580).
49
France de nombreuses propositions de lois « sur les groupes de sociétés et la
protection des actionnaires, du personnel et des tiers » ont été déposées et pas
adoptées. D’une manière générale, on discute de l'opportunité d'une
réglementation dans ce domaine, notamment celle qui consisterait à conférer la
personnalité morale au groupe. Ce serait certainement enlever au groupe la
souplesse qui constitue l’un de ses principaux avantages. Pour le moment, il
revient aux tribunaux et aux cours que revient le rôle de constater l'existence
d'un groupement de sociétés et d’en tirer les conséquences juridiques dans tel ou
tel domaine.
§ I : La classification juridique
1
On espère qu’elle demeurera néanmoins utile.
50
Les structures des groupes sont variées. A titre liminaire, il convient de
relever avec le professeur Yves Guyon que “les structures des groupements sont
d'autant plus diverses que, faute d'une réglementation légale, tout est «a priori»
possible et tout est plus ou moins pratiqué. Les groupes sont existence avant
d'être essence, ce qui ne facilite pas leur étude. Ils sont en perpétuelle évolution.
A tout moment des filiales ou des participations sont acquises ou cédées”1.
Tout lien quelconque entre des sociétés ou la simple constatation d’un effet
de domination d’une société sur une autre ne suffit pas pour caractériser
l'existence d’un groupe de sociétés. Il faut en plus qu'il y ait un élément
juridique : les sociétés doivent être unies par des liens relevant soit du droit des
sociétés, soit du droit des contrats. De là découle la distinction entre
groupements à structures sociétaires et groupements à structures contractuelles.
Les groupes personnels constituent une troisième catégorie ou une sous-
catégorie des groupes à structures sociétaires.
1
Op. cit., 12e éd., 2003, n° 582.
51
Enfin, en raison de leur caractère plus durable et plus voyant, les groupes à
structures sociétaires constituent les groupes par excellence. Mais ce sont
également les groupes les plus réglementés, ce qui est un inconvénient par
rapport aux groupes à structures contractuelles ou même aux groupes
personnels.
Selon M. Guyon, « une hypothèse très habituelle est celle où les mêmes
personnes sont associées, selon des proportions différentes, d'une part dans une
société civile immobilière, propriétaire des locaux, et dans une SARL ou une
société anonyme qui prend à bail ces locaux pour y exercer son activité
industrielle ou commerciale. Ce « montage » devient encore plus complexe si la
deuxième société, au lieu d'exploiter directement le fonds de commerce, le
donne en location-gérance à une troisième, qui sous-traite elle-même une partie
de sa production à une quatrième et en confie la vente à une cinquième, etc.
1
Yves Guyon, op. cit., n° 588.
52
Toutes ces sociétés forment un groupe personnel si elles sont contrôlées par les
mêmes associés »1.
Le groupe personnel est une notion originale, dont l'existence pratique est
indéniable mais qui est difficile à cerner pour les raisons suivantes :
- il faudrait tenir compte des dirigeants de droit mais également des
dirigeants de fait ;
- la communauté de dirigeants peut entraîner des participations entre les
sociétés ; à ce moment, on fait prévaloir cet élément, à savoir l’aspect groupe à
structure sociétaire, alors que l’on devrait plutôt faire état de groupe mixte ;
- le groupe personnel est (très souvent) fondé également sur des
participations : non pas des sociétés entre elles mais des dirigeants et associés
dans ces sociétés ;
- le groupe personnel est sans consistance juridique précise ; il ne fait l'objet de
règles juridiques que dans de rares cas : ainsi le régime applicable entre la
société et l'un de ses dirigeants s'applique en cas de convention conclue entre des
sociétés ayant des dirigeants communs aussi bien en France qu’au Burkina.
C’est ainsi que selon l’article 438, alinéa 3, « sont également soumises à
autorisation préalable du conseil d'administration, les conventions intervenant
entre une société et une entreprise ou une personne morale, si l'un des
administrateurs ou un directeur général ou un directeur général adjoint de la
société est propriétaire de l'entreprise ou associé indéfiniment responsable,
gérant, administrateur, administrateur général, administrateur général adjoint,
directeur général ou directeur général adjoint de la personne morale
contractante »2.
53
A priori, on peut penser que le groupe industriel regroupe des sociétés
ayant des activités identiques, proches ou complémentaires. La réalité est plus
complexe. Cette réalité permet de classer les groupes industriels en trois
catégories selon qu'ils aboutissent à une concentration verticale, horizontale ou à
un conglomérat.
Le conglomérat regroupe des sociétés dont les activités des unes sont sans
rapport avec celles des autres, ce qui permet de répartir les risques mais peut
conduire à une gestion désordonnée et peu performante.
1
« Les banques d’affaires sont celles dont l'activité principale est, outre l'octroi de crédits, la prise et la
gestion de participations dans les affaires existantes ou en formation. Elles ne peuvent investir dans
celles-ci des fonds reçus à vue ou à terme inférieur à deux ans » (art. 5 de la loi bancaire française du 2
décembre 1945, abrogée en 1984).
54
La représentation graphique des groupes, sur la base des participations,
permet de distinguer les groupes à participations radiales, pyramidales,
circulaires et complexes.
55
les titres ont été acquis. La société sous contrôle est appelée société filiale et la
société contrôlaire est appelée société mère (S.M.).
1
Y. Guyon, op. cit., n° 585.
56
Juridiquement, il ne devrait y avoir de contrôle que lorsque la société
contrôlaire détient plus de 50 % du capital de la société contrôlée. C’est le
critère qu'a retenu l'article 354 de la loi française du 24 juillet 1966, intégrée
depuis 2000 dans le Code de commerce.
De fait, le contrôle d'une société n'implique pas toujours la détention d'une
proportion aussi importante du capital si :
- lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les
décisions dans les assemblées générales (contrôle de fait) ;
57
supérieure à la sienne. Dans le même sens, deux ou plusieurs personnes agissant
de concert sont considérées comme contrôlant conjointement une autre
lorsqu’elles déterminent en fait, dans le cadre d’un accord en vue de mettre en
œuvre une politique commune, les décisions prises dans les assemblées
générales de cette dernière1.
L’AUDSC est moins extensif. Pour lui, « une personne physique ou morale
est présumée détenir le contrôle d'une société :
1°) lorsqu'elle détient, directement ou indirectement ou par personne
interposée, plus de la moitié des droits de vote d'une société ;
2°) lorsqu'elle dispose de plus de la moitié des droits de vote d'une société
en vertu d'un accord ou d'accords conclus avec d'autres associés de cette
société » (art. 175).
Au moins dans les rapports entre SA et/ou SARL et dans les rapports de
celles-ci avec des sociétés revêtant d'autres formes, les participations croisées
sont proscrites ou tout au moins réglementées. C’est ce qui ressort des articles
177 et 1782.
Selon l’article 177, une SA ou une SARL ne peut posséder d'actions ou de
parts sociales d'une autre société si celle-ci détient une fraction de son capital
supérieure à dix pour cent. A défaut d'accord entre les sociétés intéressées pour
régulariser la situation, celle qui détient la fraction la plus faible du capital de
l'autre doit céder ses actions ou ses parts sociales. Si les participations
réciproques sont de même importance, chacune des sociétés doit réduire la
sienne, de telle sorte qu'elle n'excède pas dix pour cent du capital de l'autre.
Jusqu'à leur cession effective, les actions ou les parts sociales à céder sont
privées du droit de vote et du paiement des dividendes y attachés.
Quant l’article 178, il dispose que si une société, autre qu'une SA ou une
SARL a, parmi ses associés, une SA ou une SARL détenant une participation à
son capital supérieure à dix pour cent, elle ne peut détenir d'actions ou de parts
sociales de cette société. Au cas où la participation de la SA ou de la SARL dans
la société serait égale ou inférieure à dix pour cent, elle ne peut détenir plus de
dix pour cent du capital de la société anonyme ou de la société à responsabilité
limitée. Dans les deux cas prévus au présent article, si la société autre que la
société anonyme ou la société à responsabilité limitée possède déjà des titres de
1
L. 233-3, II, alinéa 2, du Code de commerce issu de la loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux
nouvelles régulations économiques.
2
Pour le cas de la France, voy. les articles L. 233-29, L. 233-30 et L. 233-31.
58
cette société anonyme ou société à responsabilité limitée, elle doit les céder.
Jusqu'à leur cession effective, les actions ou les parts sociales à céder sont
privées du droit de vote et du paiement des dividendes y attachés.
En résumé, dès lors que l'une des participations dépasse 10 %, s’il n’y pas
d’accord pour la régularisation, la société qui a la plus faible participation doit
céder sa participation dans le délai d'un an. Si l'une des sociétés n’est pas une
SA ou une SARL, c'est celle-là qui doit céder sa participation. Jusqu’à
l’aliénation, les actions sont privées du droit de vote mais l’aliénation n’est pas
nulle.
§ I : La filiale commune
59
financière suffisante pour qu'aucune décision extraordinaire ne puisse être prise
sans leur accord ;
2°) participer à la gestion de la société filiale commune » (art. 180).
Certaines sociétés (peu importe leur forme) sont contrôlées par deux ou
plusieurs sociétés qui exercent conjointement leur contrôle. Ces sociétés sous
contrôle sont appelées filiales communes mais ce vocable recouvre des
situations parfois très différentes. Ce que l’on appelle souvent une filiale
commune peut être en réalité un cadre de concertation et de prise de décisions
communes pour les sociétés mères, généralement au nombre de deux.
La filiale commune résulte souvent de la mise en commun de certaines
activités dans un domaine généralement limité comme la recherche, les
approvisionnements ou la commercialisation. La filiale commune peut être une
création entièrement nouvelle ou provenir de l’aménagement de sociétés
préexistantes, par exemple la fusion de filiales de groupes différents. La
collaboration est égalitaire lorsqu’un associé ne peut pas se voir imposer une
décision par ses co-associés. L’hypothèse la plus simple est celle dans laquelle
deux sociétés mères se partagent par moitié le capital de leur filiale1. Mais il y a
un sérieux risque de blocage dans ce cas.
Lorsque les sociétés qui exercent le contrôle sont elles-mêmes des filiales
d’une même société mère, la filiale commune est en réalité une sous-filiale de la
SM.
§ II : La société en participation
1
Ripert et Roblot, Traité de droit commercial, Paris, L.G.D.J., Tome 1, Volume 2 : Les sociétés
commerciales, 18e éd., 2002, par Michel Germain, n° 2003.
2
Voy. pour un approfondissement :
- Claude Champaud, Les méthodes de groupement des sociétés, RTD com. 1967, p. 1015 et s.
- Université de Paris II, La filiale commune, moyen de collaboration entre sociétés et groupes de
sociétés, colloque de Paris, 20-21-22 janvier 1975, 180 p.
60
Des articles 854 et 855 de l’AUDSC, l’on relève que :
- la société en participation (SP) est celle dans laquelle les associés
conviennent qu'elle ne sera pas immatriculée au registre du commerce et du
crédit mobilier et qu'elle n'aura pas la personnalité morale ; elle n'est pas
soumise à publicité ; son existence peut être prouvée par tous moyens ;
61
- Le GIE est calqué sur les sociétés et fait de ce fait penser à une structure
sociétaire, d’autant qu’il jouit de la personnalité morale à compter de son
immatriculation au RCCM.
- Le GIE est un contrat et son utilisation incline à penser à la coopération
contractuelle. La majorité de la doctrine est dans ce sens.
- On peut se demander s'il y a vraiment groupe par l'intermédiaire du GIE
dans la mesure où l'on définit le groupe par la domination d'une société sur les
autres.
§ IV : L’association
62
fait que les associations ont tendance à se livrer à des opérations commerciales
par le biais de filiales »1.
C’est dire que rien n’empêche que des sociétés organisent leur coopération
ou collaboration à travers une association. L’association, qui jouit également
d’une personnalité morale plus ou moins forte, est considérée comme une
structure contractuelle.
Certains modes d'acquisition, valables dans tous les cas, n’appellent pas de
développements. Ce sont :
- l’apport partiel d'actif, qui permet à la société qui apporte une de ses
branches d’activité à une autre société de recevoir en contrepartie des actions ou
des parts sociales de la société bénéficiaire ;
1
Ripert et Roblot, Traité de droit commercial, Paris, L.G.D.J., Tome 1, Volume 2 : Les sociétés
commerciales, 18e éd., 2002, par Michel Germain, n°1056-25.
63
- le portage d’actions : c'est la convention par laquelle le porteur accepte,
sur la demande du donneur d'ordre, de se rendre actionnaire par acquisition ou
souscription d'actions, étant expressément convenu que, après un certain délai,
ces actions seront transférées à une personne désignée et à un prix fixé dès
l'origine ; le portage est un service rendu par une personne de confiance, qui est
souvent une banque ou un établissement financier ; un problème de qualification
du contrat se pose : est-ce un contrat de prêt ou un contrat d’achat suivi d’une
promesse de vente ? ; la question demeure discutée mais l’on considère que c’est
un contrat sui generis, c’est-à-dire un contrat innommé.
Lorsque la société n’est pas cotée, l'acquisition des titres peut se faire par
des achats isolés auprès de plusieurs associés ou actionnaires ou par un achat
massif auprès des associés ou actionnaires majoritaires qui cèdent le contrôle de
la société à l’acheteur ou cessionnaire des titres.
Trois principaux problèmes se posent.
Le problème se pose surtout pour les cessions de parts sociales et, dans une
moindre mesure, pour les cessions d’actions. Il soulève deux principales
questions : d’une part, celle de la garantie que doit le cédant au cessionnaire et,
d’autre part, celle de la possible disqualification de l’opération par le fisc. Ces
questions seront abordées sous l’angle du droit comparé français, en l’absence
d’élément tangible en droit burkinabè.
64
constituaient des tentatives de reprise par une voie détournée de la chose
vendue. Dans la pratique toutefois, afin de limiter les risques de contentieux, il
apparaît préférable de préciser dans l’acte de cession, l’étendue de l’obligation
de non concurrence qui pèse sur les cédants.
L’opération demeure risquée dans la mesure où la garantie et d’éviction et
des vices cachés portent sur les actions ou parts sociales cédées et non sur la
société qui les a créées. La révélation inopinée de dettes sociales antérieures à la
vente n’aurait pas d’impact sur la validité de l’opération : le passif n’est pas un
vice (erreur, dol, voire violence) qui affecterait directement les droits sociaux
transmis si l’opération est une vente et si elle s’analyse comme une cession de
créance, le cédant ne doit que la garantie de l’existence de la créance et non de
la solvabilité du débiteur cédé. Certains arrêts de cours d’appel ont tenté
d’assimiler la cession de la totalité des droits sociaux en une cession de fonds de
commerce rendant nécessaire l’application des dispositions protectrices y
afférentes du Code de commerce mais la Cour de cassation y est défavorable1.
La jurisprudence n’admet qu’exceptionnellement la remise en cause de la
cession, notamment en cas de valeur négative des droits sociaux2, de
comptabilité irrégulière, etc.
Mais la jurisprudence récente exige la loyauté et la bonne foi des parties :
le cédant a une obligation d’informer le cessionnaire qui a un devoir de se
renseigner. Certains arrêts font appel à l’erreur sur la substance lorsque la
société dont les actions sont cédées ne peut plus poursuivre l’activité
économique constituant l’objet social du fait par exemple de la disparition ou de
l’indisponibilité de son actif essentiel. Dans ce sens on note un attendu éclairant
de la Cour de cassation :
« Attendu que la société Novopac n’aurait pas traité si elle avait connu
l’indisponibilité du matériel constituant l’essentiel de l’actif immobilisé de la
société APS, sans laquelle la société ne pouvait avoir aucune activité et à défaut
duquel l’acquisition perdait toute substance, la cour d’appel a pu déduire que
cette erreur, portant sur les qualités potentielles des parts sociales objet de la
cession litigieuse, entraînant la nullité de la convention… »3.
En pratique, le cessionnaire inclut dans le contrat une clause de garantie de
passif par laquelle le cédant s’engage à prendre en charge tout ou partie des
dettes existant antérieurement à la cession et qui se révèleraient postérieurement
à celle-ci.
65
formant l’actif, comme les immeubles de la société, était possible et certaines
juridictions l’ont confirmée ;
- en dernier lieu, deux arrêts de la Ch. com. de la Cour de cassation
française ont condamné, apparemment de façon définitive, les tentatives de
disqualification-requalification : « Attendu que la société... n'ayant jamais cessé
d'exister en tant que personne morale et les cédants des actions n’ayant pas
qualité pour disposer de l’actif social, l'opération invoquée comme réelle par
l’administration des impôts (transmission des biens de la société et apport à une
nouvelle société) ne pouvait être retenue, le tribunal a violé les textes
susvisés »1.
La jurisprudence a cependant reconnu un certain particularisme à la cession
massive de droits sociaux en décidant que l’opération revêt un caractère
commercial quel que soit le nombre de titres cédés dès lors qu’elle « a pour
objet et pour effet le changement de contrôle de la société »2 ou qu’elle fait
partie d’une opération globale visant le transfert de l’entier contrôle de la
société3.
De toute façon, cette protection soulève des difficultés : d'abord les actions
de contrôle valent plus cher que les actions des minoritaires ; ensuite, même si
une réglementation protectrice existait, il serait toujours possible de tourner cette
réglementation.
Le problème des clauses d’agrément se pose surtout pour les sociétés non
cotées. Pour les sociétés cotées, la cession est en principe libre et on peut
contracter avec n'importe quel cessionnaire. On avait néanmoins admis que les
statuts des sociétés cotées pouvaient contenir des clauses d'agrément comme
ceux des sociétés non cotées, ce que la COB, devenue AMF, considérait comme
1
7 mars 1984, Rev. Soc. 1985, p. 406, 26 avril 1984, Bull. civ. IV, n° 137, p. 115.
2
Com. 11 juillet 1988, Rev. Sociétés 1989, 45.
3
Civ. 2e 30 mars 2000, RJDA 2000, 694.
66
contre-nature. La question est désormais clairement réglée en France puisque
l’article L. 228-23 du Code de commerce, issu de l’ordonnance n° 2004-604 du
24 juin 2004, dispose que :
« Dans une société dont les titres de capital ne sont pas admis aux
négociations sur un marché réglementé, la cession de titres de capital ou de
valeurs mobilières donnant accès au capital, à quelque titre que ce soit, peut être
soumise à l’agrément par une clause des statuts. Cette clause est écartée en cas
de succession, de liquidation du régime matrimonial ou de cession, soit à un
conjoint, soit à un ascendant ou à un descendant.
Une clause d’agrément ne peut être stipulée que si les titres sont nominatifs
en vertu de la loi ou des statuts ». L’intérêt des clauses d’agrément est d’éviter
l'entrée de personnes indésirables, de protéger les actionnaires majoritaires et
d’introduire une dose d’intuitus personae dans la SA. Cependant, il y a une
contrainte : l'actionnaire ne doit pas être prisonnier de son titre.
Seules les sociétés par actions peuvent être cotées en bourse pour leurs
actions et éventuellement pour les obligations qu’elles ont émises. L’AUDSC ne
reconnaît qu’une seule société par actions, à savoir la SA. La SCA ne peut plus
être créée. En France, outre la SA et la SCA, il y a la société par actions
simplifiée (SAS).
Il conviendra da faire un survol du droit comparé français avant d’aborder
les principales règles de la BRVM.
En principe, une société peut librement acheter les titres d’une société
cotée comme tout un chacun. C’est que l’on appelle le « ramassage » qui paraît
simple et sans inconvénient. Mais le ramassage peut rapidement conduire à une
hausse des prix rendant la poursuite de l’opération trop onéreuse. De plus, toute
personne physique ou morale qui, agissant seul ou de concert, vient à acquérir
un nombre d’actions dépassant le 20e, le 10e ou le 5e du capital de la société doit
en informer celle-ci ainsi que l’AMF dans un délai de 5 jours de bourse. Celle-ci
doit en informer le public. A partir de ce moment, l’opération deviendra encore
plus onéreuse. Surtout, depuis la loi Sécurité et transparence du marché
financier du 2 août 1989, dès lors qu’une personne physique ou morale, agissant
67
seul ou de concert, vient à détenir plus du tiers des titres de capital ou plus du
tiers des droits de vote d’une société, elle est tenue de déposer un projet d’offre
publique visant la totalité du capital1.
En dehors du « ramassage » dont on a vu les limites, il y a lieu de recourir
aux OPA et aux OPE.
L’Offre Publique d'Achat (OPA), ou take over bid, est une opération
permettant à une société de prendre le contrôle d'une autre par l'acquisition des
actions contre espèces, à un cours plus élevé que le dernier cours de bourse.
Quand l'acquisition se fait par échange de titres, on parle d'Offre Publique
d'Échange (OPE). Les intérêts de ces opérations sont de stimuler la bourse et
d’évincer les dirigeants médiocres au profit d’équipes plus dynamiques. Ces
opérations devraient de ce point de vue être encouragées. En pratique pourtant,
l’OPA est presque toujours perçue ou ressentie par la société cible et ses
dirigeants comme un séisme ou une agression.
Principes
En France, les OPA et les OPE, qui sont pratiqués en France seulement
depuis 1964, sont régis par les principes suivants :
- L’auteur doit agir de bonne foi, c’est-à-dire déclarer ses objectifs, en
particulier ne pas vouloir racheter l'entreprise pour la liquider sans le déclarer.
- Les dirigeants de la société dont les actions font l'objet de l'offre doivent
veiller à l'intérêt des associés en général et non à leur seul intérêt d’actionnaires
majoritaires ou contrôlaires.
- Les deux sociétés (cédant et cessionnaire) doivent s'assurer du respect de
l'égalité entre les actionnaires destinataires de l'offre, qu’ils relèvent de la
catégorie des majoritaires ou de celle des minoritaires.
Offre initiale
Sur le plan procédural, l’offre initiale requiert qu’une autorisation soit
demandée à l’AMF (ex COB). L’offre doit être visée et une note d’information
est publiée dans un journal spécialisé.
Une autorisation administrative est exigée lorsque l’opération atteint le
seuil minimum visé par la loi relative aux concentrations.
L’AMF suit le déroulement et l’aboutissement de l’offre afin de veiller au
respect des intérêts en présence.
68
actions de titres mixtes émis à cette fin, l'appel à une société amie qui déposera
une offre concurrente dont le prix sera nécessairement plus élevé que celui de
l’offre initiale, dont la licéité semble discutable. Au regard de l'intérêt de la
société, leur efficacité et leur licéité sont douteuses.
L’auteur de l’offre initiale, si le prix initialement proposé lui paraît faible
ou pas assez attractif, peut lui-même surenchérir en proposant un prix plus élevé
qui ne profite pas aux actionnaires qui avaient déjà vendu leurs titres puisque la
vente réalisée est parfaite.
Quant aux négociations de blocs de contrôle dans les sociétés cotées, la
réglementation consiste à imposer à l'acquéreur d'acheter pendant 15 jours de
bourse et en principe au même cours que la cession de contrôle, toutes les
actions qui lui seront offertes.
Jusqu’à ces dernières années, il n’y avait pas de bourse de valeurs dans la
sous-région et, par voie de conséquence, il n’y avait pas de sociétés cotées.
Depuis 1997-1998, la BRVM fonctionne mais cela ne concerne que quelques
sociétés jusqu’à maintenant…..
1
On consultera avec intérêt le site de la BRVM : http://www.brvm.org/page14.htm.
69
- la promotion et le développement du marché.
70
2) Le pendant de la BRVM : Le Dépositaire Central/Banque de
Règlement (DC/BR)
71
3) L’organe public : le Conseil Régional de l'Epargne Publique et des
Marchés Financiers (CREPMF)
A partir des postes de travail installés dans leurs locaux ou de ceux situés
dans les Antennes Nationales de Bourse des pays de l'Union Économique et
72
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), les agents des Sociétés de Gestion et
d'Intermédiation (SGI) peuvent :
- saisir les ordres de bourse et les transmettre au Site Central via le réseau
satellite ;
2) Les intervenants
73
gestion de titres sous mandat, à caractère privé. Elle peut créer et gérer des
organismes communs de placement en valeurs mobilières (OPCVM).
- un marché centralisé dirigé par les ordres, c'est-à-dire que le cours d'une
valeur est déterminé par la confrontation des ordres d'achat et de vente collectés
avant la cotation ;
74
Relativement au marché des actions et des obligations, qui est
certainement le plus important, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
dispose, pour le démarrage de ses activités, de deux compartiments pour les
actions et d'un compartiment unique pour les emprunts obligataires.
- le BRVM 10 qui est un indice représentant les dix valeurs les plus
actives du marché boursier régional ; il est actualisé tous les trois mois ;
75
- le BRVM composite qui est un indice représentant l'ensemble des
valeurs inscrites à la cote de la Bourse Régionale1.
- chacune des sociétés a une personnalité juridique propre ainsi que tous les
attributs qui s’y attachent : dénomination, objet, siège social, capacité, capital,
nationalité ;
- vis-à-vis des tiers, chaque société est représentée par ses organes propres
et non par ceux de la société-mère ;
- les sociétés du groupe sont des tiers les unes par rapport aux autres.
C'est dire donc que le principe est celui de l'indépendance de la
personnalité des sociétés du groupe. Cette indépendance correspond à la volonté
des membres du groupe « qui, sans cela, auraient constitué des succursales,
c'est-à-dire de simples centres d'exploitation, sans personnalité juridique
distincte »2. Si tel était le cas, le groupe ne présenterait aucune spécificité par
rapport aux concentrations aboutissant à l'unité de personne juridique comme la
1
Les informations concernant la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (cours, volumes,
paiements de dividende, états financiers des sociétés cotées, etc.) sont disponibles à travers
plusieurs canaux de diffusion :
- le Bulletin Officiel de la Cote (BOC) est disponible à la fin de chaque séance de négociation
- au siège social de la BRVM,
- aux bureaux des Antennes Nationales de Bourse (ANB),
- auprès des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) ou
- sur le site Internet de la BRVM à l'adresse http://www.brvm.org/page14.htm
- la Revue Trimestrielle est disponible à la fin de chaque trimestre de l'année au siège social de
la BRVM, aux bureaux des ANB et auprès des SGI;
- les revendeurs d'information avec lesquels la BRVM a signé un accord de partenariat, tel
REUTERS, et d'autres à venir;
. Différents sites Internet privés diffusent à leur initiative l'information boursière :
- AFRIBOURSE : http://www.afribourse.com
- BIAO FINANCE & ASSOCIES, (SGI à Abidjan) http://www.biaofi-ci.com
- BICI BOURSE - (SGI à Abidjan) http://www.bicibourse.com/
- HUDSON & CIE, (SGI à Abidjan) http://www.hudson-cie.com/
- CGF BOURSE, (SGI à Dakar) http://www.cgfbourse.sn/
- ENTREPRISE - CROISSANCE: http://www.afrique-finance.com
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2
Yves Guyon, op. cit., n° 613.
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fusion. Tous les avantages du groupe de sociétés tournent autour de la pluralité
des personnes juridiques, qui donne de la souplesse de gestion, permet la gestion
décentralisée des entités économiques, favorise l’adaptabilité... et surtout permet
d’apprécier les performances de chacune des sociétés. D'ailleurs, la formule de
l'unité de personnalité morale serait impraticable sur le plan international
(groupes composés de sociétés implantées dans plusieurs Etats).
Cependant, on ne peut pas nier l'existence d’une unité de décision
économique qui entraîne une communauté d'intérêts et de destin pour les
sociétés membres du groupe. La reconnaissance de la réalité du groupe va
impliquer certaines conséquences juridiques. A cet égard, l'on notera que :
- la législation burkinabè antérieure à l’AUDSC est totalement muette sur
la question des groupes et la jurisprudence n'a pas eu à en traiter ; l’AUDSC n’a
pas fait l’impasse sur le groupe mais ne renferme aucune conséquence juridique
de l’existence d’un groupe (art. 173 à 180) ; il est vrai que la question est
délicate ;
- la législation française contient des dispositions légales sur les groupes
mais, c'est surtout la jurisprudence qui joue un rôle majeur en ce domaine ; de
nombreuses propositions de lois existent qui tendent à réglementer davantage les
groupes ; il y a également une directive des Communautés économiques
européennes (CEE) que la législation des Etats membres a dû prendre en
compte.
77
Cependant, chaque société continue d’exister, a ses associés et son intérêt
propres, d'où la nécessité d'une conciliation entre l’intérêt du groupe et l’intérêt
de chaque société. Pour faire échec à l'application des règles ordinaires, la
jurisprudence française1 exige :
2°) Que les sacrifices demandés à l'une des sociétés soient dans l'intérêt du
groupe et contribuent au maintien de son équilibre ou poursuivent une politique
cohérente du groupe et non l'intérêt personnel des dirigeants.
3°) Que ces sacrifices ne fassent pas courir à la société concernée des
risques trop importants, sans contrepartie suffisante ou hors de proportion avec
ses possibilités réelles, permettant de prévoir, au moment même de la décision,
des difficultés graves pour l’avenir, préjudiciables à ses actionnaires et à ses
créanciers personnels.
78
- la répression des délits commis dans la gestion des sociétés (abus des
biens sociaux)1.
« L’intérêt des créanciers sociaux est de faire supporter par une société
mère solvable les dettes contractées par une filiale insolvable. Ces extensions
constituent des atteintes à l’indépendance juridique des sociétés du groupe
puisque la dette sera payée par une société qui ne l’avait pas contractée. Elles
ont des fondements juridiques divers mais doivent demeurer exceptionnelles »2.
1
voy. section précédente.
2
Yves Guyon, Droit des affaires, Tome 1 : Droit commercial général et sociétés, Economica, 12e éd.,
2003, n° 621.
79
- bénéfice des fruits de l'expansion du groupe, et non de la seule société,
accordé par une ordonnance du 21 octobre 1986 ;
- un salarié détaché ou mis à la disposition d’une filiale et licencié par
celle-ci a le droit d'être réintégré dans la société mère s'il n’a pas commis de
faute1 ;
- en France, les tribunaux s’attachent à déterminer qui de la filiale ou de la
mère exerçait effectivement le pouvoir de direction. S’il est démontré que la
société mère exerçait un tel pouvoir à l’encontre des salariés, cette société ainsi
que la société filiale, qui est l’employeur apparent, seront toutes deux qualifiées
d’employeur du salarié, ce dernier pouvant, à son choix, poursuivre l’une ou
l’autre en paiement des indemnités de licenciement qui lui sont dues. Cela vaut
notamment pour les salariés embauchés par une société mère en vue d’être
détachés auprès d’une filiale pour y occuper des fonctions de direction au sens
de mandataire social. La question est résolue en faveur de statut du salarié dès
lors que l’on constate l’existence d’un lien de subordination quand bien même
une rémunération unique serait servie2.
1
L’article L. 122-14-8 du Code du travail français comporte une disposition originale selon laquelle
« lorsqu’un salarié, mis par la société au service de laquelle il était engagé à la disposition d’une filiale
étrangère à laquelle il est lié par un contrat de travail, est licencié par cette filiale, la société mère doit
assurer son rapatriement et lui procurer un nouvel emploi compatible avec l’importance de ses
précédentes fonctions au sein de la société mère ». Voy. pour un cas d’application C. cas., Soc., 28
fév. 1988, Rev. des soc. 1988, p. 546.
2
C. cas. Social, 4 mars 1997, Bull. Joly 1997, p. 661, note J. Ph. Dom, RTD Com. 1997, 691, obs. B.
Petit et Y. Reinhard.
3
Cozian M., Viandier A. et Deboissy F., Droit des sociétés, 16e éd., Litec, 2003, n° 1976 et s.
80
bénéfices revenant aux commandités), l’imposition se fait entre les mains de
chaque associé en fonction de son propre statut. Ainsi, les associés personnes
physiques sont imposés aux taux progressifs par tranches de 10, 20 et 35%.
Toutefois, il faut signaler l’existence de nombreux régimes de faveur en matière
d’imposition des plus-values : l’exonération de l’article 8 du Code des impôts
sous réserve de réinvestissement, le régime de l’article 83, B1…
1
« B. Lorsqu'un associé, actionnaire, commanditaire ou porteur de parts bénéficiaires cède à un tiers
pendant la durée de la société tout ou partie de ses droits sociaux, l'excédent du prix de cession sur le
prix d'acquisition de ces droits est taxé exclusivement à l'impôt sur les bénéfices industriels et
commerciaux pour le tiers de son montant.
Toutefois, l'imposition de la plus-value ainsi réalisée est subordonnée aux deux conditions suivantes :
1° que l'intéressé ou son conjoint, ses ascendants ou descendants exercent ou aient exercé au cours des
cinq dernières années des fonctions d'administrateur ou de gérant dans la société et que les droits des
mêmes personnes dans les bénéfices sociaux aient dépassé ensemble 25 % de ces bénéfices au cours
de la même période.
2° que le montant de la plus-value réalisée dépasse 100.000 francs ».
2
op. cit., n° 1978 et s.
81
Il y a d’abord la grande règle de l’imposition séparée des résultats de
chacune des sociétés membres du groupe, du moins s’il s’agit de sociétés
opaques comme c’est souvent le cas.
Il y a ensuite la remontée des dividendes : il est évident qu’aucun groupe ne
pourrait survivre avec un système d’imposition multiple des dividendes. A cet
égard, les régimes d’imposition sont variables : cela va de l’intégration fiscale
pour les groupes à plus de 95% où les résultats bénéficiaires et déficitaires des
sociétés membres du groupe sont additionnés pour déterminer le résultat
imposable du groupe (on parle de bénéfice mondial si un tel régime est accordé
à un groupe multinational), en passant par le recours aux sociétés de personnes,
qui entraîne que la société elle-même n’est pas imposable si bien que tout se
passe comme si elle n’existait pas, en passant par le régime assez répandu de la
quote-part des frais et charges, laquelle est imposable, le reste du dividende étant
exonéré. A cet égard, les pourcentages retenus au Burkina de 10 ou de 30% des
dividendes reçus paraissent excessifs.
Au Burkina, la question se pose aussi de l’exonération ou non de l’IRVM
au second degré (art. 703 du CET).
82
entreprises, une position dominante sur le marché commun ou dans une partie
substantielle de celui-ci » (art. 8.2). En effet, pour l’article 4.1 « constituent une
pratique assimilable à un abus de position dominante les opérations de
concentration qui créent ou renforcent une position dominante, détenue par une
ou plusieurs entreprises, ayant comme conséquence d'entraver de manière
significative une concurrence effective à l'intérieur du Marché Commun ».
1
Constituent une concentration au sens de l'article 4.1 alinéa 2 du présent Règlement : a) la fusion
entre deux ou plusieurs entreprises antérieurement indépendantes ; b) l'opération par laquelle : - une ou
plusieurs personnes détenant déjà le contrôle d'une entreprise au moins, ou - une ou plusieurs
entreprises, acquièrent directement ou indirectement, que ce soit par prise de participations au capital
ou achat d'éléments d'actifs, contrat ou tout autre moyen, le contrôle de l'ensemble ou de parties d'une
ou de plusieurs autres entreprises ; c) la création d'une entreprise commune accomplissant de manière
durable toutes les fonctions d'une entité économique autonome.
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