JEUDI 16 FÉVRIER 2023

L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T.

WWW.LECOURRIER.CH N°30 | 156e année | CHF 3.00

KOSOVO CONSEIL FÉDÉRAL

7
Quinze années
600 millions
de plus
alloués au
d’indépendance budget de
l’armée

KEYSTONE

KEYSTONE

Alors que le jeune pays fête les quinze ans de son

3 indépendance autoproclamée, les tensions restent vives 4 LAUSANNE
entre les communautés qui le composent ainsi qu’avec A Prélaz-Valency,
Belgrade. Reportage à Mitrovica, ville archétype de la régularisation de la
la coexistence contrainte entre Albanais et Serbes. buvette-pétanque se
fait toujours attendre.
éditorial
U
n acte gratuit? Le Conseil d’Etat genevois a inva- des cantons en matière d’offre de transports publics
lidé mercredi l’Initiative cantonale 190 dite «Pour est problématique. Mais, à l’époque, cet enjeu était
PHILIPPE BACH
des transports publics gratuits, écologiques
et de qualité» lancée par les jeunesses des partis de
passé sous le radar.
A lire cette disposition constitutionnelle, on peut d’ail- 5 GENÈVE
LA GRATUITÉ Le délégué du MCG
gauche. Une décision qui fait suite à une annulation leurs émettre une crainte supplémentaire: que recouvre
similaire – des textes dans la même veine ont été ini- cette notion de «part appropriée» du prix du ticket qui

à la Fondetec, Thomas
tiés dans plusieurs cantons romands – décrétée par doit être assumée par les usagers·ères? A quel moment
N’EST PLUS l’Exécutif fribourgeois. Dans ce cas d’espèce, l’affaire le prix d’un abonnement sera-t-il considéré comme trop

Zogg, suspendu
est pendante devant le Tribunal fédéral. bas? A l’heure des batailles d’arrière-garde en matière
CE QU’ELLE Une décision compréhensible sur le strict plan de mobilité initiées par le lobby de la voiture et les

à la suite d’une rixe.

légal, mais plus discutable politiquement. En effet, milieux climato-sceptiques, l’enjeu est considérable.

ÉTAIT ces invalidations découlent d’un article nouveau de la

Constitution fédérale et qui prévoit que les prix payés
par les usagers des transports doivent couvrir «une
A cet égard, on peut donc déplorer la posture léga-
liste du Conseil d’Etat. Celui-ci aurait pu invoquer le
principe in dubio pro populo (le doute doit profiter

5 part appropriée des coûts».

Tout dépendra de la lecture que fera Mon-Repos de
cet article. En effet, celui-ci a été adopté en 2014, ce
qui explique pourquoi les précédentes tentatives en
matière de gratuité ont pu être soumise sans problèmes
au peuple. Si la haute cour fait une lecture littérale du
au peuple) et laisser le dossier aller de l’avant, quitte
à ce qu’un recours bloque l’opération. Le message
politique aurait été autre et pouvait, le cas échéant,
SUISSE
ouvrir la voie à un contre-projet. 8
Le «bond» de 64%
Cette invalidation bloque le débat démocratique sur
une question importante à l’heure de la crise climatique.

des demandes d’asile,

droit, la cause paraît perdue. En revanche, il convient L’importance des enjeux méritait mieux que cet atten-
de garder à l’esprit que cet article 81a de la Consti- tisme de juriste. D’ailleurs, le gouvernement genevois

un chiffre qui nécessite

tution suisse provient d’un arrêt fédéral présenté en admet qu’il serait amené à reconsidérer sa position en
contre-projet consensuel d’une initiative retirée par cas de jurisprudence favorable à la gratuité de la part

d’être contextualisé.
ses auteurs et autrices et visant à garantir un finan- du TF. Ce qui est tout de même la moindre mesure et ne
cement du réseau CFF. Lier dans la foulée les mains traduit pas un courage politique disproportionné. I

9HRLEME*beaahi+[A\E Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Rédaction Vaud : vaud@lecourrier.ch | Rédaction Neuchâtel: neuchatel@lecourrier.ch |Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | malettre@lecourrier.ch
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 LE COURRIER
2 REGARDS JEUDI 16 FÉVRIER 2023

JAZZ SOUL (GE)

Lady Blackbird
prend son envol
Prêter l’oreille à Lady Blackbird,
c’est se retrouver soufflé face à
l’évidence d’une voix d’exception.
Puissante et éraillée, charriant
des torrents d’émotions. Le
timbre de Marley Munroe, alias
Lady Blackbird, s’inscrit dans le
sillage des plus grandes, Billie
Holiday, Nina Simone – dont la
chanson «Blackbird» (1963) sur
la condition des Noir·es aux Etats-
Unis inspire son pseudonyme –,
Tina Turner, Randy Crawford ou,
plus près de nous, Anastacia et
Amy Winehouse. Entre jazz,
gospel et soul, son premier album
Black Acid Soul a valu à Lady
Blackbird des éloges unanimes et
une invitation au Montreux Jazz
Festival, l’été dernier.
Antigel accueille dimanche cette
étoile montante dans un écrin
intimiste, le Casino-Théâtre. Et
confie l’ouverture à une autre voix
en pleine ascension, aux
inflexions néo-soul, la Genevoise
d’origine étasunienne et
tchadienne Evita Koné. RMR/DR

Di 19 février, 20h30, Casino-Théâtre,

Genève. Première partie: Evita Koné.
Loc:www.antigel.ch

AGORA À LIVRE OUVERT

’électricité est-elle un bien mar- pionnière dans le domaine; au couple locales, parfois propriétaires des in-
Les espèces «invasives» L chand comme un autre? La libé- franco-allemand, crucial pour la
ralisation de la production et du Communauté européenne, et à la
frastructures, font usage de ces ou-
tils pour mener des politiques sur

apportent aussi du bon commerce de l’électricité a perdu Scandinavie, où le premier marché

Environnement X Les espèces
non indigènes présentent aussi
des avantages pour l’écosystème,
selon une récente étude.
CAMPUS*
Des espèces non indigènes peuvent
être «invasives» tout en étant béné-
fiques à leur nouvel écosystème. Si
les agents pathogènes et les para-
sites agricoles introduits n’ont pas
encore donné la preuve de leur ap-
port positif, il en va tout autrement,
par exemple, pour certains vers de
terre venus de l’étranger et qui par-
ticipent à l’amélioration des proces-
sus à l’œuvre dans l’agriculture
biologique.
C’est ce que démontre une étude
parue le 6 octobre 2022 dans la re-
vue Trends in Ecology and Evolution
et à laquelle a participé Martin
Schlaepfer, chargé de cours à l’Ins-
titut des sciences de l’environne-
ment de l’université de Genève.
Ce papier tente de rééquilibrer
un débat presque exclusivement
focalisé sur les conséquences néga-
tives des espèces non indigènes
alors que les impacts positifs, loin
d’être des surprises fortuites, sont
communs, importants et souvent
de grande ampleur, comme l’il-
lustrent la plupart des espèces do-
mestiquées – le blé, les tomates, le
coton, la laine, les chiens ou encore
le bétail.
Les chercheurs ont emprunté
et appliqué aux espèces non in-
digènes un cadre développé par
la Plateforme intergouvernemen-
tale scientifique et politique sur la
biodiversité et les services écosys-
témiques (IPBES) qui évalue les
avantages de la biodiversité pour
les êtres humains et la nature.
L’idée consiste à comparer de ma-
nière constructive les avantages
et les inconvénients de ces espèces
et de réaliser des analyses de type
«coûts-bénéfices» utiles pour la
prise de décisions politiques.
L’examen a été axé sur les es-
pèces dites sauvages ou naturali-
sées [réussissant à se reproduire
naturellement dans leur nouvel
environnement]. Il en ressort que
des vers de terre (Lumbricus ter-
restris) importés aux Etats-Unis
peuvent modifier de manière né-
gative les écosystèmes forestiers,
mais sont aussi responsables d’une
amélioration de 25% de la produc-
tivité de l’agriculture biologique.
La truite (Salmo trutta), pourtant
non indigène en Nouvelle-Zélande,
y est actuellement protégée tant
elle est appréciée pour ses qualités
nutritionnelles et les avantages ré-
créatifs liés à sa pêche. Quant aux
moules zébrées (Dreissena poly-
morpha), introduites dans les lacs
suisses et menaçant la survie d’es-
pèces locales, elles augmentent la
clarté de l’eau même si elles altèrent
les nutriments disponibles.
* Magazine de l’université de Genève. Paru
dans le no 151, décembre 2022.
nombre de ses soutiens en Suisse, où multinational a vu le jour. Notons
celle-ci est en cours. A l’explosion des d’entrée que, bien qu’attentif aux di-
factures des ménages, dans
les pays voisins ou des en-
treprises et des collectivités
publiques – en Suisse, no-
tamment  – qui se four-
nissent sur le marché libre
répondent les profits fara-
mineux des groupes éner-
gétiques. Le choc est tel que SÉVERIC YERSIN* fer, par exemple, ne l’inté-
la droite – et l’Union suisse
Les pieuses promesses
du kWh libéralisé
des arts et métiers en première
ligne – semble prête à abandonner
partiellement le mantra du marché
dérégulé.
Pour autant, le Département fé-
déral de l’énergie (DETEC) ne revient
pas sur son objectif: «le Conseil fédé-
ral espère que la réorganisation [li-
béralisation] du marché de l’électri-
cit é p er met t ra de ren forc er la
production décentralisée d’électrici-
té et ainsi de mieux intégrer les
énergies renouvelables dans le mar-
ché de l’électricité», lit-on sur son
site internet.
Le travail de Ronan Bolton, publié
sous le titre Making Energy Mar-
kets1, analyse les effets et consé-
quences de la libération du marché
de l’électricité en Europe depuis les
années 1980. Il s’intéresse, séparé-
ment, au cas de la Grande-Bretagne,
mensions politiques, so-
ciales et économiques de
son sujet, Ronan Bolton
écrit avant tout depuis une
perspective de technicien:
l’i mpact concret d’une
hausse des prix sur la capa-
cité des ménages à se chauf-
resse pas au premier abord.
Quarante ans d’expérience per-
mettent de se faire une idée de l’ef-
fet de la libéralisation du marché de
l’énergie. Ce marché s’avère, comme
Ronan Bolton le souligne, particu-
lièrement difficile à harmoniser: la
structure de production – axée sur le
nucléaire comme en France, le char-
bon comme en Allemagne, ou l’hy-
draulique comme en Suisse – est un
premier déterminant. En position de
surproduction, la France est très tôt
en mesure de pousser un agenda libé-
ral pour écouler son surplus; vue d’Al-
lemagne, où les subsides pour le char-
bon servent à préserver des postes de
travail, la baisse des prix de l’énergie
est perçue avec méfiance.
Un second déterminant provient
du fait que les systèmes disposent
d’une longue tradition de monopoles
régionaux et que les collectivités
d’autres fronts. Bref: pour libérali-
ser, une grande intervention des au-
torités étatiques centrales, voire
supranationales, s’avère nécessaire.
Quel est donc l’impact de la libérali-
sation sur la production et la distribu-
tion d’électricité? Ronan Bolton arrive
à la conclusion que, «malgré l’inten-
tion première, la libéralisation de
l’électricité a résulté en une intégra-
tion verticale et une concentration
croissante dans plusieurs marchés
[…].» (p. 281). Les grands groupes éner-
gétiques, mieux à même de supporter
les risques, peuvent non seulement
supporter les fluctuations des prix des
carburants, mais également étouffer la
petite concurrence en pratiquant des
prix artificiellement bas. Pour éviter
que des monopoles gigantesques s’éta-
blissent, et que les consommateurs et
les consommatrices soient à la merci
d’entreprises surpuissantes, l’Etat doit
alors réguler ce marché – pour autant
qu’il y parvienne.
En outre, le développement des
énergies dites «renouvelables» déstabi-
lise les prix: l’électricité bon marché
qu’elles produisent entraîne une spi-
rale déflationnaire, ponctuée de fortes
variations, qui complexifie l’amortisse-
ment des investissements pour toute la
branche. La régulation de ces prix est,
dès lors, essentielle. En somme, on as-
siste alors non pas à moins d’Etat, mais
à plus d’Etat. Seuls les profits, eux, lui
échappent, ainsi que la capacité à gui-
der les investissements vers des objec-
tifs de décarbonisation ou de politique
industrielle.
*Historien.
1
Ronan Bolton, Making Energy Markets. The
Origins of Electricity Liberalisation in Europe,
Londres: Palgrave Macmillan, 2021.
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | JEUDI 16 FÉVRIER 2023
FOCUS 3
INTERNATIONAL

Le plus jeune pays d’Europe fête son 15e anniversaire sous une haute tension permanente avec la Serbie

LES CICATRICES DU KOSOVO

ANNA AZNAOUR,
DE RETOUR DE MITROVICA
Balkans X «Je ne peux par-
donner aux Serbes. Durant la
guerre, ils avaient fait irrup-
t ion che z me s pro che s et
avaient tué leur petit garçon»,
lance Mustafa, un Albanais ha-
bitant les quartiers sud de la
ville martyre de Mitrovica. Le
jeune homme de 17 ans n’était
lui-même pas encore né durant
la guerre du Kosovo, un des
sanglants conf lits qui ont
émaillé l’éclatement de la You-
goslavie, qui a eu lieu du 6 mars
1998 au 10 juin 1999, oppo-
sant l’armée yougoslave à l’Ar-
mée de libération du Kosovo.
Pourtant, à en juger par sa ré-
action, c’est comme s’il y était
et avait tout vu de ses propres
yeux.
Ces «autres» dont il parle se
trouvent être ses voisins rési-
dant dans la partie nord de la
ville, au-delà des trois ponts qui
traversent la rivière Ibar. Com-
ment vivre alors avec eux? La
réponse catégorique de l’adoles-
cent albanais est glaçante: «Je
ne les considère pas comme mes
voisins!» Pourtant, à Mitrovica,
ville archétype de la coexistence
contrainte entre Albanais et
Serbes, «l’ennemi» est à quelques
mètres seulement.
Animosité viscérale
Il suffit de traverser la rivière
Ibar pour se retrouver dans la
partie serbe au nord de la ville.
Dans ces quartiers, on dit les re-
lations entre les deux commu-
Comme pour Mustafa, la ré-
conciliation entre leurs peuples
semble à Nikola de la science-fic-
tion. Une animosité viscérale
qui, paraît-il, provoque réguliè-
rement des affrontements re-
va ncha r d s ent r e d iver s e s
bandes d’adolescents dans cette
cité frontalière de Serbie, à ma-
jorité albanaise. Mais pas seule-
ment car lors de tensions com-
munautaires, chaque mot,
geste ou acte prend des allures
de symbole. Comme cette his-
toire des plaques d’immatricu-
lation qui avait mis le feu aux
poudres en novembre dernier.
Albin Kurti, premier mi-
nistre du Kosovo, souhaitait
doter les plaques minéralo-
giques d’un sigle kosovar. Pas
question pour les Serbes qui
roulent avec des plaques serbes!
Avoir le drapeau kosovar sur ce
bout de métal équivalait pour
eux à la reconnaissance de la
souveraineté de cette ex-pro-
vince serbe devenue un Etat et
que leur mère Serbie ne recon-
naît pas. Et ce malgré le posi-
tionnement de 117 pays en fa-
veur de cette indépendance
autoproclamée le 17 février
«Je ne peux pas 2008. Son histoire est un véri-
table thriller avec intrigues,
pardonner massacres et un dénouement
aux Serbes» mitigé.
Mustafa La paix de Tito
Bien avant que Nikola et Mus-
tafa aient vu le jour à Mitrovi-
ca, la ville faisait partie d’un
pays multiethnique, la Yougos-
lavie. Créé en 1918, sur les
ruines de l’Empire austro-hon-
grois, ce pays commença à
prospérer après la Seconde
Guerre mondiale. A l’origine de
sa renaissance: Josip Broz Tito,
dit Tito, un résistant commu-
niste né d’un père croate et
d’une mère slovène, qui rompt
avec l’Union soviétique en
1948. D’une main de fer, il di-
rige cette République fédéra-
tive pendant près de trente ans
en instaurant un socialisme
tiers-mondiste et un Etat mul-
ticulturel. A sa mort en 1980,
les nationalismes qu’il avait
réussi à réprimer durant près
de 35 ans refont surface. Les
choses s’accélèrent avec la
chute du mur de Berlin en 1989
et l’effondrement de l’URSS qui
vont contribuer à la dislocation
de la Yougoslavie, gouvernée
désormais par le Serbe Slobo-
dan Milosevic.
Les différents peuples qui la
composent réclament alors
leur indépendance. Parmi eux,
Dans la partie
à majorité
serbe
de Mitrovica,
deux
passantes
marchent
devant
une fresque
représentant
l’aigle à deux
têtes serbe:
la situation
reste très
tendue entre
Albanais
et Serbes du
Kosovo 15 ans
après la
proclamation
d’indépen-
dance.
KEYSTONE
les Albanais du Kosovo, une
province faisant partie de la
Serbie et où ils sont majori-
taires. Alors que Belgrade, pi-
lier de la Yougoslavie, livre une
guerre d’abord à la Slovénie,
puis à la Croatie et à la Bosnie,
au Kosovo se forme l’UCK. Cette
Armée de libération du Kosovo
mène une guérilla contre les
autorités serbes. Son chef
Adem Jashari, avec toute sa fa-
mille et plusieurs autres villa-
geois, est tué en 1998 lors d’une
opération conduite par les
forces serbes à Prekaz. Alors
que l’Union européenne, créée
en 1993, est impuissante face à
ces carnages, l’OTAN et les
Etats-Unis s’en mêlent. Pendant
78 jours, les Serbes sont bom-
bardés par l’OTAN et après plus
d’un an de guerre entre l’UCK et
l’armée yougoslave, la trêve in-
tervient enfin en 1999.

BERNE TRÈS LIÉE AVEC PRISTINA

nautés très tendues. De nom-
breux drapeaux serbes flottent
au vent. Première impression:
ici, on constate nettement
moins d’animation que dans la
partie sud. Et aussi moins de
spontanéité face aux médias de
la part des passants. Une mé-
fiance derrière laquelle l’inquié-
tude oppressante d’une com-
munauté minoritaire est très
palpable.
Sauf peut-être chez Nikola,
un jeune Serbe rencontré en
chemin. La question de savoir si
une cohabitation pacifique avec
les Albanais du bout du pont est
possible fait sourire le jeune
homme de 26 ans. Puis il sort
son portable et montre une
photo de tombe. «Cette sépul-
ture d’un proche se trouve dans
la partie albanaise de la ville.
Ici, plusieurs membres de ma
fa m i l le sont enter rés. Les
tombes de ma communauté ont
toutes été vandalisées. Cela
montre l’état d’esprit de nos voi-
sins albanais…»
La Suisse a noué des liens très étroits
avec le Kosovo et avec sa population.
«Au Kosovo, les Suisses les plus connus et
aimés sont Roger Federer et Micheline
Calmy-Rey. Le premier pour son talent de
tennisman et la seconde pour avoir sou-
tenu fermement l’indépendance du Koso-
vo», rapporte Pauline Menthonnex Ga-
caferri, cheffe de mission à l’Ambassade
de Suisse à Pristina.
Il faut dire que la Suisse a noué des
liens très étroits avec le Kosovo. D’abord
grâce à l’importante immigration des al-
banophones dès 1965 et qui progressera
après 1988. D’ailleurs, c’est en Suisse que
se constituera le mouvement UCK à partir
de 1981. La rédaction de la Constitution
du Kosovo se fera également avec l’aide
des experts suisses. Sans oublier la pré-
sence au Kosovo de la compagnie
Swisscoy, qui regroupe près de 200 mili-
taires helvétiques sous l’égide de la KFOR,
chargés de garantir la sécurité du plus
jeune pays de l’Europe.
Quant aux relations économiques,
elles se focalisent principalement sur le
secteur des services. La jeunesse kosovare
est souvent polyglotte, avec une préfé-
rence pour la langue allemande, qu’elle
apprend dans l’espoir de partir travailler
en Allemagne.
De nombreuses entreprises suisses re-
courent aux services informatiques ex-
ternalisés au Kosovo. Avec un salaire
moyen d’environ 400 euros par mois,
c’est une main-d’œuvre qualifiée et bon
marché dont bon nombre de pays pro-
fitent. Cela dit, malgré les avancées de
l’économie locale et des conditions de vie
plus confortables, beaucoup de jeunes
rêvent de quitter le Kosovo pour un ave-
nir qu’ils pensent plus prometteur ail-
leurs. Un souhait qui pourrait également
s’expliquer par les tensions qui persistent
avec la Serbie voisine.
La dernière en date concerne le sou-
hait des Serbes du Kosovo de créer une
association de municipalités à majorité
serbe. Signé en 2013, cet accord de prin-
cipe rencontre la vive opposition du pre-
mier ministre kosovar Albin Kurti. Le
politicien redoute sa finalité qui d’après
lui pourrait être la revendication, à plus
ou moins long terme, de la création d’une
République serbe du Kosovo.
Au fond, en 2023, les Albanais ont
exactement les mêmes craintes que les
Serbes dans les années 1990: voir leur
pays morcelé et donc privé de sa souverai-
neté. Une crainte partagée par cinq pays
de l’Union européenne qui ne recon-
naissent toujours pas l’indépendance du
Kosovo car cela créerait un précédent
dont leurs propres minorités tireraient
parti pour légitimer leur revendication
sécessionniste.
«De toute façon, il y aura toujours des
raisons politiques pour semer la dispute
entre Albanais et Serbes. Les peuples
doivent le comprendre et essayer de sur-
passer le passé pour vivre en paix», espère
Nefail Maliqi, rédacteur en chef du média
albanophone en ligne Canton27.ch. AA
Arrivée de la KFOR
Pour prévenir la reprise des hos-
tilités, le Conseil de sécurité des
Nations Unies vote la résolution
1244 qui, en droit internatio-
nal, confère un statut indéter-
miné à un territoire. Ainsi, du-
rant les neuf années suivantes,
le Kosovo passe sous l’adminis-
tration des Nations Unies et ac-
cueille la force d’interposition
KFOR, une armée multinatio-
nale mise en place par l’OTAN,
pour garantir la sécurité des
Kosovars. Ces derniers procla-
ment l’indépendance de leur
Etat le 17 février 2008, un sta-
tut que la Suisse reconnaît dix
jours plus tard.
Quinze ans après, Mustafa et
Nikola ressentent encore les
fractures d’un conflit durant le-
quel plusieurs massacres perpé-
trés par les parties en conflit ont
coûté la vie à près de 12 000 ci-
vils, majoritairement albanais
mais également serbes et roms.
Le Kosovo est encore trop jeune
pour oublier ses blessures. I
 LE COURRIER
4 RÉGION JEUDI 16 FÉVRIER 2023

Tentative d’entartage: des féministes Améliorer la sécurité du vote

contre Amaudruz
Genève X Un collectif d’associations re-
vient sur la tentative d’entartage de la
conseillère nationale udéciste Céline Amau-
druz, en décembre dernier. Après la prise de
position d’ancien·nes membres de la CUAE,
qui voient dans un tel geste une façon de
bousculer les inégalités d’accès à la parole
publique, cette nouvelle prise de position dé-
nonce, elle, l’instrumentalisation faite dans
les médias mais aussi par Céline Amaudruz
elle-même, de la lutte contre les violences
faites aux femmes.
Les faits avaient eu lieu à l’occasion d’un
concours d’art oratoire organisé par deux
associations étudiantes. Céline Amaudruz
y participait en tant que membre du jury.
Une petite dizaine de personnes a tenté d’en-
trer dans la salle pour distribuer des flyers,
déverser du purin d’ortie et entarter la
vice-présidente de l’UDC Suisse. La plupart
d’entre elles en ont été empêchées, note le
communiqué de presse de l’association or-
ganisatrice de la joute oratoire, sauf deux
qui ont réussi à crier des slogans et déverser
du purin. «Je trouve scandaleux que neuf in-
dividus, lâches car masqués, puissent agres-
ser une femme», expliquait quelques jours
plus tard Céline Amaudruz à la Tribune de
Genève, où elle accusait aussi le rectorat de
minimiser l’agression dont elle estime avoir
été victime.
Dans leur prise de position de mercre-
di, le collectif accuse Céline Amaudruz, re-
layée par la presse, «de prendre la position
d’une victime d’agression sexiste pour sus-
citer la compassion de l’opinion public» et
décrédibiliser, «voire criminaliser un dis-
cours de gauche qui dénonce les politiques
discriminatoires de l’UDC». Il souhaiterait
que la discussion porte sur ces politiques,
véritable «cause de la tentative d’entar-
tage» – une pratique de «ridiculisation et
non pas d’agression». Une femme UDC ne
peut-elle se sentir victime d’une agression
sexiste? En réalité, estiment les signataires,
parmi lesquels Viol-Secours, la Grève fémi-
niste et le SSP, Céline Amaudruz n’a pas été
visée en raison de son genre mais de son
appartenance politique.
Autre grief, l’usage d’un argumentaire
féministe par un parti se signalant par des
positions qui ne le sont pas. Le collectif rap-
pelle les attaques de l’UDC contre le droit
à l’avortement –droit d’ailleurs défendu
par Céline Amaudruz – mais aussi contre
de nouvelles structures de garde, pour
l’augmentation de l’âge de la retraite des
femmes et contre la «révolution culturelle
woke».
Le communiqué invite les collectifs fé-
ministes et alliés à s’organiser contre l’UDC
pour «systématiquement dénoncer les po-
litiques antiféministes menées par ce par-
ti». Une forme de cordon sanitaire actif, en
somme. DOMINIQUE HARTMANN
par correspondance
Jura X Le Parlement jurassien
veut diminuer les risques de
fraude lors du vote par corres-
pondance en le rendant plus
sûr. Il a adopté hier sans oppo-
sition un postulat qui propose
comme mesure supplémentaire
d’identification d’insérer dans
l’enveloppe de vote une copie
d’un document officiel avec la
signature de l’électeur. «Des
récentes affaires démontrent
que le vote par correspondance
présente des failles», a expliqué
le député PLR Yann Rufer. Pour
l’élu, la signature sur un bulle-
tin de vote donne un faux sen-
timent de sécurité. «Il n’y a pas
aujourd’hui de moyen de véri-
fier l’identité de celui qui vote».
Les bureaux de vote ne pos-
sèdent pas le spécimen de si-
gnature des électeurs. Gérer un
registre des signatures pour les
communes serait compliqué et
fastidieux, selon Yann Rufer qui
suggère de modifier la loi sur les
droits politiques. Un document
avec une copie de la signature
rendrait la captation de suffrages
beaucoup plus difficile, estime le
député qui a accepté de trans-
former sa motion en postulat.
Le personnel du bureau de vote
pourrait comparer la signature
apposée sur le matériel de vote
avec la copie de la pièce d’identité
ou du permis de conduire.
Plusieurs affaires de cap-
tations de suffrages ont terni
l’image du canton du Jura ces
dernières années. Des abus lors
du vote par correspondance avec
des suites judiciaires ont ainsi
été constatés lors des élections
communales à Alle l’an dernier
ou lors des élections à la mairie
de Porrentruy en 2012. ATS

Toujours sans statut reconnu, les deux associations qui animent le lieu craignent LAUSANNE
pour la tenue de la saison 2023 SOIRÉE DE RÉCOLTE
DE FONDS
Une soirée d’information et

La Valencienne sera-t-elle de récolte de fonds en faveur

de la branche suisse du Crois-
sant rouge du Kurdistan est
organisée ce jeudi soir, à Lau-
sanne. L’événement se veut

régularisée? en solidarité avec les victimes

ACHILLE KARANGWA
Lausanne(VD) X La situation
dure peu ou prou depuis 2021
pour cette buvette-pétanque
du quartier de Prélaz-Valen-
cy, à Lausanne. L’association
La Valencienne, l’un des deux
collectifs qui entretiennent et
animent ce lieu public, explique
que son statut n’est toujours pas
régularisé par une convention
avec la Ville, propriétaire du
terrain. Une crainte pour l’or-
ganisation de sa prochaine sai-
son. David Payot, municipal en
charge de l’Enfance, de la jeu-
nesse et des quartiers, promet
une rencontre.
Un programme sans
contrat
Remplie d’idées, la Valencienne
avait invité la presse mercredi
1er février dernier, et ceci afin de
dévoiler son programme pour
2023 et rappeler les valeurs
qu’elle défend. Des activités, or-
ganisées comme informelles,
auront lieu dès avril dans cet
espace de 600 m2 au cœur du
parc de Valency, dans «la volon-
té d’une certaine continuité avec
ce qui se fait depuis la reprise du
boulodrome par des habitant·es
du quartier, en 2016», conti-
nuent-ils d’expliquer deux se-
maines plus tard. Jardinage, bri-
colage, jeux de société, concerts
et repas partagés complèteront
les moments de pétanque ainsi
que les tournois inter-voisin·es
organisés par l’Amicale, seconde
association sur le lieu. Ensemble,
les deux collectifs souhaitent
aussi rouvrir la buvette deux
soirs par semaine.
Tracasseries remises
en cause
Un programme dont ils et elles
redoutent la bonne tenue, sans
nouvelles quant à la régularisa-
tion de leurs liens avec la Ville.
L’association occupe pour sa buvette-pétanque un espace au cœur du parc de Valency à Lausanne. LA VALENCIENNE
«Malgré une promesse, en début
de saison dernière déjà, nous
avons fonctionné en 2022 sans
convention ni contrat de prêt à
usage», explique Sem, membre
de la Valencienne. Une situation
vécue comme «une certaine
forme de mépris alors que c’est
nous qui prenons soin du lieu,
ce qui demande une charge de
travail alourdie par les bâtons
dans les roues que nous mets la
Ville», rajoute son collègue Leo.
Et de citer la remise en cause de
leur accès aux clés alors «que
c’est l’association qui accueille
les publics – y compris lorsque
ces derniers ont réservé le caba-
non du parc via le site de la Ville,
ou que nous devons leur ouvrir
les toilettes».  Négociations toujours
Cas auxquels Sem ajoute «que
la Municipalité nous tolère sur
les lieux, et ça l’arrange que nous
l’animions, mais ses services ne
nous accordent pas d’attention
lors d’aménagements, comme
l’installation d’un grillage, sans
nous prévenir, en 2022». Sans
convention, et alors qu’une porte
va être remplacée par la Ville,
l’Amicale de pétanque, elle, n’est
pas sûre d’avoir un accès direct
«à la cave qui contient notre
matériel, malgré le fait que nous
entretenions les terrains», ponc-
tue encore la membre du comité
Julie Palix. Qui note également
que la réouverture de l’eau et de
l’électricité était conditionnée
cette année à la signature d’un
contrat de confiance toujours en
attente.
en attente
Se voulant «proactive» pour que
la saison 2023 ne se passe pas
comme les précédentes, nous
explique La Valencienne, l’asso-
ciation a envoyé le 20 novembre
dernier un courrier regrettant
l’absence d’une collaboration
sereine à David Payot. Missive
restée sans réponse à ce jour.
Contacté, le municipal popiste
reconnaît qu’après la crise
de 2021, durant laquelle des
plaintes de voisinage s’étaient
faites entendre, selon la Ville,
«leur organisation de la sai-
son 2022 fut encourageante».
Pour l’édile, l’enjeu de la col-
laboration demeure la nature
du contrat à proposer à des
associations constituées dans
un lieu librement accessible au
public.
«Nou s ne p ouvon s pa s,
comme dans d’autres quar-
tiers, proposer une convention
de gestion de l’entier du site, qui
nous incombe. Et en l’occur-
rence, certains engagements
que nous attendons d’eux sur
la gestion des bâtiments ou les
constructions sont toujours en
discussion», continue David
Payot. En outre, le municipal
justifie l’absence de réponse à
la lettre de l’automne par l’at-
tente de détails techniques de
ses services concernant ces
sujets – compléments qu’il n’a
reçus qu’en janvier, assure-t-il.
Pour finir, David Payot déclare
avoir repris contact avec la Va-
lencienne, à la suite d’une pro-
position de l’association, afin
de leur proposer une rencontre
prochainement. Une occasion
d’aborder le principe d’une
convention ad hoc. «On connaît
le refrain, il faut commencer à
en rire!» ironisent les membres
de la Valencienne. I
du tremblement de terre sur-
venu en Turquie et en Syrie,
et est soutenu par différents
partis et associations vau-
doises. La soirée se tiendra au
centre socioculturel Pôle Sud
(Av. Jean-Jacques Mercier 3)
dès 18h30 et verra plusieurs
oratrices et orateurs prendre
la parole, afin de rendre
compte de la situation sur
place. AKA
Situation toujours
tendue autour du
Centre fédéral de
Perreux
Neuchâtel X La situation reste
tendue autour du Centre fédéral
pour requérants d’asile de Per-
reux à Boudry, en raison d’in-
civilités et de délits. Le Conseil
d’Etat neuchâtelois dit vouloir
ramener les effectifs, qui ont at-
teint 1000 réfugiés récemment,
à leur quota fixé à 480.
A la question de savoir si le
centre restera à Boudry, la
conseillère d’Etat Florence
Nat er rép ond que c’e st la
Confédération qui répartit les
requérants à travers les diffé-
rents centres de Suisse. «Donc
ça reste à voir», a indiqué la mi-
nistre de la cohésion sociale dans
une interview parue mercredi
dans Arcinfo.
«Mais quoi qu’il en soit,
nous voulons revenir aux ca-
pacités initialement prévues de
480 personnes et non plus du
double», ajoute la ministre.
Le constat de mécontente-
ment au sein de la population
de Boudry, une commune qui
compte 6255 habitants, est
ressorti il y a quelques jours
d’un rapport d’information du
Conseil communal sur la situa-
tion aux abords du site géré par
la Confédération, mais dont les
bâtiments et les terrains sont la
propriété du canton. ATS
LE COURRIER
JEUDI 16 FÉVRIER 2023 GENÈVE 5

Le Conseil d’Etat a invalidé l’initiative pour la gratuité des transports publics au motif Grands Esserts:
qu’elle contreviendrait à la Constitution fédérale. Mon-Repos tranchera opposants au plan
de quartier
déboutés
Pas de vote sur la gratuité Veyrier X Le Tribunal fédéral
rejette le recours déposé par
onze particuliers contre le plan

des TPG
localisé de quartier Beaux-
Champs, dans la commune
de Veyrier (GE). Cet aména-
gement s’inscrit dans la zone
de développement Vessy-Les
Grands-Esserts qui prévoit la
MARIA PINEIRO création de centaines de loge-
ments au sud du canton.

Initiative X Les Genevois·es Le plan localisé de quartier

ne se prononceront pas sur la
possibilité de monter dans un
bus ou un tram sans payer.
Ainsi en a décidé hier le Conseil
d’Etat en invalidant l’initiative
«Pour des transports publics
gratuits, écologiques et de qua-
lité» lancée par les jeunesses
des partis de gauche en 2022.
Le texte avait recueilli plus de
10 000 signatures.
Pour le gouvernement gene-
vois, la volonté des initiants se
heurte à la Constitution fédé-
rale qui, dans son article 81, sti-
pule que «les prix payés par les
usagers des transports publics
couvrent une part appropriée
des coûts». L’Exécutif considère
que cet «article impose le paie-
ment d’un prix», rendant donc
la gratuité impossible. Cette
lecture du texte fondamental
n’avait pas été opposée à l’ini-
tiative de 2008 poursuivant
les mêmes buts. Et pour cause,
l’article en question n’a été in-
troduit qu’après le vote de 2014
sur le financement du chemin
de fer (FAIF). Il y a quinze ans,
67% des Genevois·es avaient
refusé la gratuité.
Constitution en question
La question du prix des trans-
ports publics est revenue sur le
tapis ces derniers mois. Diverses
initiatives allant dans le sens de
la gratuité ont abouti dans les
cantons de Vaud, Neuchâtel et
Fribourg. Si le processus démo-
cratique se poursuit dans les
deux premiers cantons, les au-
torités fribourgeoises ont, elles,
invalidé le texte sur la base de
la Constitution. Un recours est
désormais pendant auprès du
Tribunal fédéral. Sa décision
permettra d’établir une juris-
prudence nationale en la ma-
tière. Quel qu’en soit le sens, les
cantons devront se plier à l’ana-
lyse des juges de Mon-Repos.
Compte tenu de cette si-
tuation, les autorités gene-
Une initiative sur la gratuité des TPG avait déjà été soumise au peuple en 2008. KEYSTONE
voises avaient proposé aux
initiants de suspendre le pro-
cessus en attendant l’arrêt du
TF. Une proposition refusée.
«Nous pensions qu’un Conseil
d’Etat de gauche allait valider
notre texte, explique Teo Frei,
membre du comité d’initiative
et militant à Solidarités. Nous
voulions peser positivement
dans les réflexions du Tribunal
fédéral.» Or, pour le gouverne-
ment genevois, il n’y avait pas
de marge de manœuvre. «Nous
sommes surpris et déçus de
cette décision», réagit Teo Frei.
Pas de doute
A en croire le Conseil d’Etat, le
fait que le Tribunal fédéral doive
encore statuer sur l’interpréta-
tion de l’article constitutionnel
n’est pas de nature à instiller
un doute qui devrait profiter au
peuple. «Ce principe ne permet
que de retenir l’interprétation
la plus favorable aux initiants
lorsque deux interprétations
sont possibles. Ce n’est pas le
cas en l’espèce», argumente la
Chancellerie. Et de tacler les ini-
tiants au passage en précisant
«Nous sommes que davantage de souplesse au-
surpris et rait pu s’appliquer dans le cas où
l’initiative laissait une porte ou-
déçus de cette verte «pour se limiter à une ré-
duction de prix» ou n’avait ciblé
décision» Teo Frei qu’une partie de la population.
Les initiants estiment quant
à eux que l’article constitution-
nel ne s’applique pas aux trans-
ports publics cantonaux, mais
uniquement au rail. «A l’heure
de l’urgence climatique, c’est
une interprétation que nous
privilégions», avance Teo Frei,
pour qui le peuple devrait se
prononcer sur cette question
d’importance.
Position sur le balan
Quoi qu’il en soit, le Conseil
d’Etat, prudent, ne ferme pas
totalement la porte. Dans son
communiqué hebdomadaire, il
déclare que «dans l’hypothèse
où le TF devait estimer que la
gratuité des transports publics
au niveau cantonal est admis-
sible, le Conseil d’Etat serait
amené à reconsidérer sa posi-
tion». Idem en cas de recours
des initiants. Une éventualité
que se charge de confirmer
Teo Frei. «Nous réfléchissons à
l’opportunité de faire recours et
à celle d’organiser un rassem-
blement public afin d’exprimer
notre mécontentement.» I
(PLQ) litigieux a été adopté en
avril 2019 par le Conseil d’Etat
genevois. Il permet l’aména-
gement d’un centre commer-
cial et de 80 logements. Dans
un arrêt publié mercredi, le
Tribunal fédéral écarte tout
d’abord les griefs formels dé-
posés par les opposants. Sur le
fond, il constate que les recou-
rants reprochent au Conseil
d’Etat d’avoir violé le principe
de coordination. Autrement
dit, d’avoir scindé en trois PLQ
(Beaux-Champs, Ferme et Mai-
son de Vessy), totalisant 430
logements, la réalisation de la
première étape du grand projet
(GP) Les Grand-Esserts.
La loi sur l’aménagement du
territoire impose que toutes les
pièces d’une demande d’auto-
risation soient mises simulta-
nément à l’enquête. En vertu
de ce principe de coordination,
l’autorité de planification doit
prendre en compte tous les élé-
ments déterminants du point
de vue de l’environnement et
de l’aménagement qui sont en
relation les uns avec les autres,
rappelle la 1ère Cour de droit
public.
En l’es pèce, les juges re -
tiennent que les opposants
se contentent d’invoquer le
pr i ncip e de coord i nat ion,
sans mettre en évidence des
contradictions entre les dé-
cisions concernant les PLQ
adoptés successivement. En
dépit de cet échelonnement,
le plan contesté s’inscrit dans
un grand projet qui a fait l’ob-
jet d’une pesée globale des
intérêts.
Pour le Tribunal fédéral,
l’adoption de trois PLQ dif-
férents n’a pas pour but de
contourner les règles relatives
à l’établissement d’une étude
d’impact envi ronnemental
(EIE). ATS

La cité des Avanchets

devient un site protégé
Patrimoine X La cité des Avanchets, à Vernier
(GE), est désormais inscrite à l’inventaire fédéral
des sites construits à protéger en Suisse (ISOS). La
décision a été avalisée hier par le Conseil fédéral.
Imposant ensemble de barres d’immeubles colo-
rées pouvant compter jusqu’à 13 étages, les Avan-
chets ont été construits dans les années septante.
Plus de 5000 personnes y habitent.
La commune de Vernier recense, sur son ter-
ritoire, un autre grand ensemble de logements
figurant à l’inventaire ISOS: le Lignon. Cette cité,
construite dans les années soixante, est composée
de deux tours de 26 et 30 étages, ainsi que d’une
barre d’immeubles de 15 étages. Elle compte en-
viron 6500 habitants.
L’ISOS fait partie des inventaires d’objets d’im-
portance nationale établis par la Confédération
sur la base de la loi fédérale sur la protection de la
nature et du paysage. Sa liste est régulièrement
réexaminée et mise à jour.
ATS
Pugilat à la Fondetec:
le membre du MCG suspendu
Ville de Genève X La décision était
encore incertaine. Le Courrier en a
obtenu confirmation. Thomas Zogg,
représentant du Mouvement citoyen
genevois (MCG) au sein de la Fonde-
tec, fondation de droit public pour la
promotion de l’économie genevoise,
a été suspendu par sa présidente,
la verte Catherine Thobellem. Une
mesure qui sanctionne l’agression
physique qu’il aurait commise sur le
représentant d’Ensemble à Gauche
(EàG) Esteban Munoz lors d’une
séance le 26 janvier dernier. Un dé-
bat sur la question de l’indexation
des salaires des employé·es aurait
alors dégénéré. Les deux hommes
avaient fini par déposer une plainte
pénale l’un contre l’autre (notre édi-
tion du 2 février).
Le bureau du Conseil municipal de
la Ville de Genève, réuni ce mercre-
di, a constaté qu’il était du ressort de
la présidente du Conseil de fondation
de prendre cette décision. «C’est une
étape indispensable», estime Brigitte
Studer, cheffe de groupe EàG au
Conseil municipal, «mais l’histoire
se terminera lorsque Monsieur Zogg
sera définitivement révoqué». Pour
cela, il faudra encore que le Bureau
auditionne le représentant MCG et
soumette son rapport à l’ensemble
des élu·es, qui se prononceront sur
une telle mesure en plénière.
«Nous trancherons lorsque tous
les éléments nous auront été pré-
sentés», anticipe Jean-Luc Von Arx,
chef du groupe Le Centre. Idem pour
l’UDC, comme nous l’indique son
homologue Vincent Schaller. Au
nom du PLR, Florence Kraft-Babel
renvoie les deux protagonistes dos
à dos. L’élue estime même que la ré-
vocation d’Esteban Munoz pourrait
être demandée: «Si les deux par-
viennent à s’entendre, nous ferons
avec eux. S’ils n’y parviennent pas,
nous ferons sans.»
A gauche, la position est claire.
«Nous voterions sans hésiter la ré-
vocation du représentant MCG»,
affirme le chef de groupe socialiste,
Ahmed Jama, selon qui l’acte de
violence envers Esteban Munoz est
«impardonnable».
D’après nos informations, les
éléments du dossier laissent pré-
sager qu’une limite a bel et bien
été franchie. Plusieurs élu·es, de
droite comme de gauche, parlent du
«tempérament problématique» de
M. Zogg, qui a siégé au Conseil mu-
nicipal lors de la précédente législa-
ture. Une personne va même jusqu’à
évoquer «un climat de peur» instau-
ré par le membre du MCG. En 2018, il
avait fait l’objet d’une plainte pénale
pour menaces et injures à l’égard de
l’une de ses collègues, classée après
qu’il se soit excusé. LOUIS VILADENT
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LE COURRIER
LA LIBERTÉ | JEUDI 16 FÉVRIER 2023 SUISSE 7

Le Conseil fédéral accroît le budget de la Défense malgré l’état des finances fédérales

Rallonge de 600 millions pour l’armée

PHILIPPE CASTELLA

Dépenses militaires X Le
contexte de la guerre en Ukraine
incite les gouvernements euro-
péens à revoir leurs dépenses
militaires à la hausse. La Suisse
n’échappe pas au phénomène.
La ministre de la Défense Viola
Amherd a présenté hier le nou-
veau programme d’armement,
qui se base sur une hausse des
dépenses de 600  millions de
francs pour l’armée pour la pé-
riode de 2021 à 2024 (de 21,1 à
21,7 milliards).
Cette hausse des dépenses mi-
litaires peut paraître étonnante
alors que, le même jour, le gou-
vernement a annoncé un impor-
tant régime minceur pour faire
sortir du rouge vif les finances
fédérales (lire ci- dessous). Son
département n’a pas échappé à
la cure d’amaigrissement, a ex-
pliqué la Valaisanne. «Mais par-
ler d’économies n’est pas le bon
terme», a-t-elle nuancé. «Les
dépenses de l’armée vont croître,
mais plus lentement que pré-
vu.» Il faut dire que cet accrois-
sement des dépenses militaires
répond à la demande expresse du
parlement.

L’influence ukrainienne
L’inf luence de la guerre en
Ukraine ne se limite pas à cette
hausse des dépenses pour l’ar-
mée, mais aussi aux choix opé-
rés dans celles-ci. «Bien qu’elle
ne soit pas transposable au
contexte suisse, la guerre en
Ukraine a en partie inspiré les
décisions en matière d’équipe-
ment», reconnaît le chef de l’ar-
mée Thomas Süssli.
Ainsi en est-il notamment de
l’achat de 24 chars de grena-
diers supplémentaires pour un
montant de 217 millions. Autre
exemple, la guerre en Ukraine
montre les soucis d’approvision-
nement en munitions. L’armée
suisse va faire un effort dans ce
domaine (49 millions) en adap-
tant des munitions pour les an-
ciens lance-mines aux nou-
veaux mortiers achetés.
Autre leçon tirée du conflit
ukrainien, la Suisse va doter son
nouveau système Patriot de dé-
fense sol-air de missiles balis-
tiques supplémentaires à courte
portée, pour un montant de
300  millions de francs. Les
Pour la ministre Viola Amherd et les responsables de l’armée, «les dépenses militaires vont croître, mais plus lentement que prévu». KEYSTONE
moyens destinés à la cyberdé-
fense vont également être ren-
forcés. Un système de traitement
et d’analyse des informations
cryptées va notamment être
«La guerre élargi, a cité Viola Amherd.
en Ukraine Un effort climatique
a inspiré En outre, près de 200 millions
de francs vont être consacrés à
les décisions la modernisation du parc im-
mobilier de l’armée, en particu-
en matière lier à Thoune et au Tessin. L’ar-
d’équipement» mée va en profiter pour poser
des installations photovol-
Thomas Süssli taïques sur douze emplace-
ments, pour une surface totale
de 17 000 m2. De quoi couvrir la
consommation énergétique
d’environ 800 ménages. «L’ar-
mée contribue ainsi à la réalisa-
tion des objectifs climatiques de
la Confédération», a vanté Viola
Amherd. Cela passe aussi par la
rénovation du parc automobile
et l’acquisition de véhicules
moins polluants.
L’élu vert Fabien Fivaz salue
cet effort écologique, mais pour
le reste, il se montre très cri-
tique. «Nous allons nous oppo-
ser à l’augmentation du plafond
des dépenses de l’armée», as-
sure le parlementaire neuchâ-
telois. «Au regard de la situa-
tion des finances fédérales, il
faut fai re des choi x et ces
600 millions de plus à l’armée
ne sont pas indispensables.»
Un montant que Fabien Fivaz
met en pa ra l lèle ave c le s
760 millions de francs qu’une
commission parlementaire
réclamait dans le but de péren-
niser l’encouragement à la
création de places d’accueil ex-
trafamilial (lire ci-dessous) et
que le Conseil fédéral a décidé de
rejeter hier. Le Parti socialiste
compare aussi ces deux déci-
sions dans un communiqué:
«Plus de moyens pour l’armée,
rien pour les crèches et l’égali-
té», dénonce-t-il.
Une question de priorité
A l’UDC, Jean-Luc Addor est
d’un avis diamétralement op-
posé. «Parmi les leçons qu’on
peut ti rer de la guer re en
Ukraine, c’est l’importance des
forces terrestres», argue le Va-
laisan. «Or il me semble que ce
qui est proposé dans ce do-
maine est assez timide et insuf-
fisant», reproche-t-il.
Et l’élu UDC de critiquer les
coupes linéaires voulues par le
Conseil fédéral pour rétablir les
finances, y compris dans l’ar-
mée: «Sachant que les res-
sources sont limitées, il faut
fixer des priorités. Et la remon-
tée en puissance de nos capaci-
tés de défense, ça doit être une
priorité du Conseil fédéral.»
Pour Jean-Luc Addor, les
économies réalisées sur le dos
de l’a rmée, «ça dénote un
manque de courage du Conseil
fédéral et un manque de capaci-
té de traduire en actes des prio-
rités fixées par le parlement et
qui sont nécessaires». I

Les comptes fédéraux restent plombés
Finances X Pour 2022, les
comptes de la Confédération
sont à nouveau dans le rouge.
Les perspectives financières
sont sombres. La Confédération
clôt 2022 dans le rouge, an-
nonce le Conseil fédéral. Après
2020 et 2021, elle n’a pas réussi
à redresser la barre l’an dernier:
le déficit de financement s’élève
à 4,3 milliards de francs, soit un
écart par rapport au budget pré-
vu de 1,9 milliard.
Le frein à l’endettement per-
mettait un déficit conjoncturel
de 300 millions de francs pour
2022. La Confédération se re-
trouve donc avec un déficit
structurel de 1,6 milliard. C’est
la première fois depuis 2005 que
Berne ne parvient pas à mainte-
nir un déficit dans le cadre des
règles budgétaires.
«Notre frein à l’endettement
est central. Il garantit la stabili-
té de notre politique financière
et la capacité de la Suisse à réa-
gir en cas de crise», comme on
l’a vu avec la pandémie et la
guerre en Ukraine, a dit la mi-
nistre des Finances Karin Kel-
ler-Sutter devant la presse hier.
Le déficit actuel est dû aux
dépenses considérables en lien
avec la pandémie de Covid-19
ces deux dernières années. Et, à
la différence des années précé-
dentes, des recettes moins im-
portantes que prévu ont été en-
registrées. Cette baisse est due
essentiellement à l’impôt antici-
pé (-3,2 milliards de francs en
2022 par rapport aux estima-
tions passées).
Quelques notes positives tout
de même dans le compte ordi-
naire 2022: la TVA a enregistré
une progression de 1,1 milliard,
de même que les recettes prove-
nant de l’impôt fédéral direct
(+0,9 milliard).
Le budget 2024 devra quoiqu’il
arrive être assaini. «Nos dé-
penses sont trop élevées, des
corrections sont nécessaires», a
assuré Mme Keller-Sutter. Des
mesures d’économie sont pré-
vues. Elles permettront d’établir
un budget conforme au frein à
l’endettement, «qui ne doit en
aucun cas être affaibli», a insis-
té la Saint-Galloise.
Certaines décisions ont déjà
été prises en janvier: la contri-
bution obligatoire de la Suisse
au programme de recherche
Horizon Europe ne sera plus
budgétisée. Les dépenses de l’ar-
mée seront augmentées plus
lentement que prév u (l i re
ci-dessus). Les importations de
voitures électriques seront dé-
sormais taxées au même titre
que les autres. Et les dépenses en
matière de migration pour ac-
cueillir les réfugiés ukrainiens
seront comptabilisées au budget
extraordinaire en 2024. ATS
GLENCORE
UNE ANNÉE FASTE
Glencore a connu une année
faste en 2022, dopée par l’ex-
plosion du prix des matières
premières. A la faveur d’un
bénéfice net multiplié par
plus de trois, le géant zougois
veut doubler la rémunération
de ses actionnaires. ATS/AWP
SWISSCOM
SALAIRES AUGMENTÉS
Le personnel de Swisscom
bénéficiera d’une hausse de
salaire au 1er avril. L’opérateur
historique, le syndicat et
l’association du personnel
se sont accordés sur une
hausse de la masse salariale
de 2,6%. ATS/AWP
Ne pas prolonger
l’aide aux crèches
Accueil extrafamilial X Le
Conseil fédéral ne veut pas
d’une contribution durable de la
Confédération pour encourager
l’accueil extrafamilial. Il rejette
le projet d’une commission qui
demande une nouvelle forme de
soutien. Les mesures se chiffre-
raient à plus de 760 millions de
francs en faveur des familles et
des cantons.
Le projet doit permettre de
poursuivre les programmes ac-
tuels, qui ont permis de créer
quelque 65 000 places d’accueil.
Problème, les programmes ini-
tiés en 2003 vont se terminer
fin 2024. La commission veut
donc un soutien pérenne, ce que
refuse le gouvernement. ATS
8 SUISSE LE COURRIER
JEUDI 16 FÉVRIER 2023
TÉLÉVISION

Les demandes d’asile sont stables sur le moyen terme. Le «bond» de 64% des demandes d’asile
reflète plutôt la baisse des arrivées de requérant·es en 2020 et 2021

Asile: des chiffres surinterprétés?

SOPHIE DUPONT
Analyse X Le chiffre a été re-
pris ce lundi par de nombreux
médias, y compris par Le Cour-
rier. Les demandes d’asile ont
accusé une hausse de 64% en
2022 par rapport l’année pré-
cédente. La statistique, venant
du Secrétariat d’Etat aux migra-
tions, est correcte. Mais elle re-
flète surtout des demandes par-
ticulièrement basses en 2020 et
2021, qui se sont normalisées
en 2022. «Les 24 500 arrivées
correspondent à la moyenne
sur le long terme. En prenant
ce taux de 64% sans le contex-
tualiser, les médias nourrissent
la rhétorique de l’invasion pri-
vilégiée par l’UDC notamment,
mais aussi par d’autres partis de
droite», regrette Sophie Malka,
coordinatrice de l’association
Vivre Ensemble (asile.ch). En
cette année électorale, le PLR
s’est emparé de la thématique
de l’asile, faisant le constat «de
demandes d’asile en augmenta-
tion constante depuis quelques
mois». Il déposera des inter-
ventions dans les parlements
cantonaux.
Les demandes d’asile fluc-
tuent constamment, en fonc-
tion de la situation dans les
pays d’origine et de transit. En
2020 et 2021, les arrivées ont
été ralenties par la pandémie.
Si l’on regarde en arrière, en
2010, la Suisse comptait 15 000
nouvelles personnes en quête
de protection. Deux ans plus
tard, 28 000. Le nombre de re-
quérant·es d’asile s’est élevé à
39 000 en 2015 avant de redes-
cendre à 27 000 puis à 18 000
les deux années suivantes. «Les
courbes des arrivées suivent
celles de nos voisins européens.
Et le système suisse est calibré
pour traiter une moyenne de
24 000 nouvelles demandes»,
souligne Sophie Malka. Rappe-
lons que le SEM considère aussi
comme nouvelles demandes
d’asile, les naissances en Suisse
de bébés des requérant·es d’asile
et des réfugié·es (2603 en 2022).
En 2020 et 2021, les arrivées
ont été ralenties par la pandé-
mie. Les Afghan·es ont été les
plus nombreux·ses à déposer
«En prenant une demande d’asile en Suisse
ce taux de 64% en 2022. Cela est dû à la situa-
tion en Afghanistan d’une part,
sans le et à la pression de la Turquie
d’autre part. Celle-ci consi-
contextualiser, dère désormais l’Afghanistan
les médias comme sûr et demande à ses
ressortissant·es de rentrer. Face
nourrissent au danger de l’expulsion, cer-
taines personnes ont repris la
la rhétorique route vers l’Europe. «La plupart
de l’invasion» se rendent dans des endroits où
se trouvent déjà des membres de
Sophie Malka leur famille. Et il ne faut pas ou-
blier que l’immense majorité –
Conférence
de presse de
l’UDC sur la
politique de
l’asile, le
31 janvier
2023 à Berne.
KEYSTONE
au moins 2,2 millions d’Afghans
selon le Haut commissariat pour
les réfugiés – se sont exilés dans
les pays voisins, au Pakistan
et en Iran, dans l’espoir d’un
retour», précise Sophie Malka.
Garantir une procédure
équitable
L’élément extraordinaire de
2022 aura surtout été l’arri-
vée des 75 000 réfugié·es en
provenance d’Ukraine, qui ont
obtenu directement un sta-
tut de protection S et qui ne se
trouvent pas dans le système de
l’asile. «C’est évidemment un
défi pour la Suisse. Mais ce n’est
pas aux requérant·es d’asile de
payer. Une procédure équitable
doit être garantie à toutes et
tous», défend la spécialiste de
l’asile.
Le taux d’octroi de l’asile,
évalué à 30% pa r le SE M,
doit aussi être remis dans son
contexte. Il est déterminé par
rapport à toutes les demandes
d’asile, y compris celles pour
lesquelles la Suisse ne se pro-
nonce pas sur le fond. Dans 32%
des cas, la Suisse prononce en
effet une non-entrée en matière,
parce que le système Dublin
veut que la demande d’asile soit
examinée par un autre pays.
Le taux d’octroi avancé par
le SEM n’inclut pas non plus les
admissions provisoires, consi-
dérées comme «décisions né-
gatives». «Juridiquement, c’est
correct. Mais dans les faits,
ces personnes viennent pour
la plupart de pays en guerre et
la Suisse a l’interdiction de les
renvoyer. Parler de requérants
déboutés, dans ces cas-là, est
un abus de langage», juge So-
phie Malka. Ce statut provi-
soire a un impact direct sur la
vie des personnes concernées,
qui ont l’interdiction de quitter
le territoire et ont des difficul-
tés à faire venir leur famille et
à trouver un emploi. Leur in-
tégration est mise à mal, alors
qu’elles restent durablement en
Suisse. «L’appellation ‘admis
provisoire’ doit changer. Elle est
mal comprise par la population
et par les employeurs», conclut
Sophie Malka. I

TÉLÉVISION

RTS 1 RTS 2 TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 ARTE M6

6.00 RTS Kids
9.14 Quel temps fait-il ? 8
9.15 Picnic 8
Film. Drame.
11.10 Les feux de l’amour 8
11.45 Top Models 8
12.10 Demain nous appartient 8
12.45 Le 12h45 8
13.11 120 secondes
Divertissement.
13.20 Baby-blues mortel 8
Film TV. Drame.
14.55 Bull 8
Série. Quoi de neuf docteur ?
15.40 Poldark 8
16.40 Meurtres au paradis 8
Série. Meurtre à la plantation.
17.50 Ici tout commence 8
18.25 C’est ma question ! 8
19.00 Couleurs locales 8
19.30 19h30 8
20.10 Temps présent 8
12.00 Couleurs locales 8
12.15 Bye bye la Suisse 8
13.15 Ski alpin 8
Championnats du monde.
Slalom géant dames,
2e manche. En direct.
13.16 Le 12h45 8
13.45 RTS info
14.30 Infrarouge 8
15.30 RTS info 8
16.10 Objectif Monde l’hebdo 8
16.35 RTS info 8
17.25 Suisse en scène 8
18.00 Forum 8
18.30 Ski alpin 8
Championnats du monde.
Cérémonie. En direct.
19.00 RTS info
19.30 Le 19h30 signé 8
20.10 Au cœur des Mondiaux 8
20.45 Ligue des champions :
l’émission 8
6.30 Tfou 8
8.30 Téléshopping
9.25 Familles nombreuses :
la vie en XXL 8
Téléréalité.
10.30 Amour, gloire et beauté 8
Feuilleton.
11.00 Les feux de l’amour 8
11.50 Les 12 coups de midi 8
13.00 Le 13h 8
13.55 Il était une fois
au château de glace 8
Film TV. Drame.
15.40 Coup de foudre au
château de glace 8
Film TV. Comédie dramatique.
17.30 Familles nombreuses :
la vie en XXL 8
18.30 Ici tout commence 8
19.10 Demain nous appartient 8
20.00 Le 20h 8
20.55 C’est Canteloup 8
5.35 Un si grand soleil 8 6.00 Okoo 8 8.10 Invitation au voyage 6.00 M6 Music
6.00 Le 6h00 info 8.30 Okoo vacances 8 8.55 Invitation au voyage - 7.00 M6 Kid
6.30 Télématin 9.50 Ski alpin 8 Nos épopées 8 Jeunesse.
Magazine. Ski alpin. Championnats du 9.25 Antarctica, sur les traces 8.50 M6 boutique
9.30 La maison des monde. En direct. de l’empereur 8 10.05 Ça peut vous arriver
maternelles 11.05 Outremer le mag 8 11.00 Voyage en eaux froides Magazine.
Magazine. 11.35 Outremer l’info 8 12.35 Des volcans et des 11.30 Ça peut vous arriver
10.45 Tout le monde a son mot 11.50 12/13 8 hommes chez vous
à dire 12.55 Ski alpin 8 13.00 Arte Regards 12.30 L’œil de Philippe
11.20 Chacun son tour 8 Ski alpin. Championnats du 13.35 Gallipoli Caverivière
11.55 Tout le monde veut monde. En direct. Film. Guerre. Divertissement.
prendre sa place 8 15.15 Le Renard 8 15.45 L’Europe dans tous 12.45 Le 12.45
13.00 13 heures Série. L’art de l’échec. ses (petits) États 13.40 Scènes de ménages
13.55 Ça commence 16.15 Duels en familles 8 16.40 La Nouvelle-Zélande, Série.
aujourd’hui 8 17.00 Slam 8 un paradis sur Terre 14.00 Un jour, un doc
Magazine. 17.45 Questions pour 17.25 Invitation au voyage 8 Magazine.
16.15 Affaire conclue un champion 8 19.00 Les volcans 16.50 Le château de mes rêves
18.00 Tout le monde a son mot 18.30 Le 18h30 8 de Nouvelle-Zélande Divertissement.
à dire 8 20.00 Saveurs de saison 8 19.45 Arte journal 18.35 La meilleure boulangerie
18.35 N’oubliez pas 20.20 Samedi d’en rire, 20.05 28 minutes de France
les paroles ! 8 la quotidienne 8 20.50 Le dessous des cartes - 19.45 Le 19.45
20.00 20 heures 20.50 Tout le sport 8 L’essentiel 8 20.30 Scènes de ménages

21.05 SÉRIE
NCIS : LOS ANGELES
Série. Policière. EU. 2022.
Saison 13. Avec Eric Christian
Olsen. 2 épisodes. Inédits. Le
NCIS travaille avec l’agent de
la DEA Talia Del Campo pour
retrouver un lanceur d’alerte.
21.20 SPECTACLE
AVENCHES TATTOO 2022
Spectacle. 1h50. Inédit.
Après une longue attente,
Avenches Tattoo est de re-
tour pour un spectacle d’en-
vergure internationale dans
les arènes.
21.10 SÉRIE
BALTHAZAR
Série. Policière. Fra. 2022.
Saison 5. Avec Tomer Sisley,
Constance Labbé, Yannig Sa-
mot. Famille parfaite. Inédit.
Balthazar et Camille sont ap-
pelés sur une scène de crime.
20.40 MAGAZINE
ENVOYÉ SPÉCIAL
Magazine. Prés. : Élise Lucet.
1h30. Ukraine  : une guerre
sans fin ? Inédit. Les équipes
d’«Envoyé spécial» re-
trouvent les hommes et les
femmes qui ont témoigné.
21.10 FILM TV
LES MURS DU SOUVENIR
Film  TV. Drame. Fra. 2019.
Réal. : Sylvie Ayme. 1h30. Avec
Gaëlle Bona, David Kamme-
nos, Mhamed Arezki. Une mo-
mie habillée d’un uniforme
SS est trouvée emmurée.
20.55 SÉRIE
LA FILLE DE KIEV
Série. Drame. All. 2021. Sai-
son 1. Avec Kseniia Mishina,
Goran Bogdan, Darko Milas.
2 épisodes. Inédits. Un qua-
tuor enquête sur la mort de
plusieurs adolescentes.
21.10 JEU
PÉKIN EXPRESS :
LE CHOIX SECRET
Jeu. Prés. : S. Rotenberg.
2h10. Inédit. Huit binômes se
lancent dans une aventure
exceptionnelle en plein cœur
de l’Amérique du Sud.

22.35 Richard Strauss -
Concerto pour hautbois
en ré majeur 8
Concert. 0h25. Inédit.
Ce concerto de Richard Strauss
est donné en prélude de
«Revolta», un spectacle pluri-
disciplinaire. Olivier Rousset
joue avec l’orchestre de la
Geneva Camerata.
23.00 Revolta-Geca
Chostakovitch 8
23.10 Zap RTS sport
23.15 Arctic Circle 8
Série. Drame. Finlande. 2019.
Saison 1. Avec Iina Kuustonen,
Maximilian Brückner.
2 épisodes. Inédits.
Une femme laestadienne
enceinte meurt en couche
avec son bébé, tous deux
infectés par le virus.
0.45 Columbo 8
2.20 Couleurs locales 8
22.05 Balthazar 8
Série. Policière. Fra. 2021.
Saison 4. Avec Tomer Sisley,
Constance Labbé, Yannig
Samot, Côme Levin.
Souviens-toi.
Vésinet envoie Balthazar sur
une sombre affaire de vaches
assassinées dans un village
qu’il déteste.
23.10 Balthazar 8
Série. 4 épisodes. &
22.10 L’événement 8
Magazine. Présentation :
Caroline Roux. 0h55. Ukraine :
une guerre sans fin ? Inédit.
Caroline Roux recevra des
invités spécialistes des
questions diplomatiques et
militaires pour répondre aux
interrogations posées par un
conflit qui menace la stabilité
internationale.
23.05 Complément d’enquête
22.50 La France en vrai
Magazine. 1h45.
Une collection documentaire
portée par le réseau régional
de France 3, diffusée dans
chacune des 13 régions de
France. Des documentaires
en régions par des auteurs
et producteurs qui travaillent
partout dans l’Hexagone.
0.35 Faut pas rêver 8
Magazine.
22.45 La fille de Kiev
Série. Drame. All. 2021.
Saison 1. Avec Kseniia Mishina,
Goran Bogdan, Darko Milas.
Inédit.
Stribor et Vesna rencontrent
Visnja, qui a connu Ivana
et Sanja dans un foyer pour
mineures.
23.40 Aux confins de l’Alaska,
les fascinantes îles
Aléoutiennes
23.20 Pékin Express :
itinéraire bis
Divertissement. Présentation :
S. Rotenberg. 1h00. Inédit.
Tarik et Ahmed, demi-
finalistes sur la route de l’aigle
royal, font leur grand retour.
Ils vont parcourir la même
route que les candidats de
«Pékin Express».
0.20 Le flic de Beverly Hills
Film. Policier.
LE COURRIER
LA LIBERTÉ | JEUDI 16 FÉVRIER 2023 SUISSE 9

Un sénateur critique les mesures de sécurité mardi à Berne. Des enseignements à tirer Le climat au menu
du scrutin de juin

Une évacuation qui fait jaser Votations fédérales X Le

BAYRON SCHWYN
Palais fédéral X «Nous étions
exposés comme un troupeau de
moutons non surveillé. Même
Guy Parmelin se trouvait sur la
place, désemparé. Des agres-
seurs potentiels auraient donc
eu ici l’occasion facile d’attaquer
des conseil lers fédéraux et des
parlementaires.» Le conseiller
aux Etats Andrea Caroni (plr,
AR) ne décolère pas au sujet de
la procédure d’évacuation qu’il
a vécue, mardi, lors du bouclage
de la place Fédérale, à Berne.
«Il a été évoqué
qu’on tirerait les
enseignements»
André Simonazzi
Son évacuation du Palais fédé-
ral, après l’arrestation d’un
homme suspect qui tentait d’y
entrer – un test rapide s’est révélé
positif aux explosifs au moment
du contrôle –, n’aurait pas offert
toutes les garanties de sécurité.
Selon le parlementaire cité par
20 minutes, la sortie du bâtiment
a été particulièrement lente et les
élus ont été mal aiguillés.
Cette analyse semble minori-
taire. Contactés, plusieurs
autres parlementaires qui se
trouvaient dans les bâtiments
ce jour-là relativisent l’impor-
tance de l’événement et disent
n’avoir eu peur à aucun mo-
ment. Evacuée de l’aile ouest
avec le chef de l’armée Thomas
Süssli, la ministre de la Défense
Viola Ahmerd dit ne pas du tout
avoir été «stressée»: «j’ai d’abord
cru que c’était un exercice.»
Son évacuation n’a duré que
«deux à trois minutes» et elle a
pu trouver refuge au restaurant
de l’hôtel Bellevue, à quelques
pas de là, sans encombre.
Tirer les enseignements
Le gouvernement ne s’est pas
encore emparé de la théma-
Le bouclage de
la place Fédé-
rale et de ses
alentours,
mardi, ne s’est
pas déroulé à
la satisfaction
de certains
élus. KEYSTONE
tique, a expliqué en amont
d’une conférence de presse An-
dré Simonazzi, porte-parole du
Conseil fédéral. «Mais il a été
évoqué qu’on tirerait les ensei-
gnements de cet événement.»
Selon lui, l’Office fédéral de la
police (Fedpol) et la Police canto-
nale bernoise ont effectué une
analyse de la situation et pris les
décisions en fonction de celle-ci.
«Elles n’auraient pas envoyé des
personnes à l’extérieur, s’il y
avait eu un danger», assure-t-il.
Du côté des Services du par-
lement, qui sont responsables
de l’exécution des évacuations,
on ne commente pas les cri-
tiques formulées. «Les Services
du parlement et Fedpol analyse-
ront rapidement les procédures
et mettront en œuvre les amé-
liorations identifiées. Aucune
conclusion ne peut être tirée
avant», indique Karin Burkhal-
ter, responsable du domaine
information et rédaction.
L’ombre du Capitole
Un bunker existe-t-il au sein du
Palais fédéral en cas de danger?
Existe-t-il plusieurs plans d’éva-
cuation en fonction des dan-
gers? La sécurité a-t-elle été
renforcée ces dernières années
après l’assaut du Capitole aux
Etats-Unis en 2021? Nous n’en
saurons pas plus.
«Les plans d’évacuations ont
été élaborés avec l’Office fédéral
de la police et d’autres experts,
mais il n’est pas possible de
donner des informations sur le
contenu des plans d’évacuation
ou sur d’autres détails relatifs
à  la sécurité», répond Karin
Burkhalter. ESH MÉDIAS
peuple devra se prononcer sur
trois objets le 18 juin: l’imposi-
tion des grandes entreprises
selon le projet de l’OCDE, le
contre-projet à l’initiative sur
les glaciers, et peut-être la pro-
longation de certaines disposi-
tions de la loi Covid-19, a décidé
mercredi le Conseil fédéral lors
de sa séance.
Au chapit re du cl i mat, le
peuple doit se prononcer sur le
contre-projet indirect à l’ini-
tiative sur les glaciers qui est
attaqué en référendum par
l’UDC. La nouvelle loi prévoit
d’atteindre la neutralité car-
bone d’ici 2050. Elle prévoit
des programmes d’encourage-
ment pour le remplacement des
chauffages polluants et l’assai-
nissement énergétique des bâ-
timents, ainsi qu’une offensive
sur le solaire.
L’UDC qualifie le texte de
«poison» pour l’économie et les
habitants. ATS
ARGOVIE
FÉMINICIDE AU SNACK-BAR
Un homme a poignardé à
mort son épouse hier matin
dans un snack-bar à Rup-
perswil (AG). Il n’a pas opposé
de résistance lorsque la police
l’a arrêté. ATS

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ENSEMBLE À GAUCHE — SOLIDARITÉS · DAL · PARTI DU TRAVAIL LISTE N°6

UNE LISTE UNITAIRE, LOIN DES
COMPORTEMENTS BRUTAUX ET SEXISTES
Le Courrier publiait le 24 janvier dernier une
tribune signée par onze personnes qui, au
cours de cette dernière année, se sont pré-
sentées publiquement sous trois appellations
différentes et brandissent depuis peu de façon
volontairement trompeuse la bannière d’une
« Liste d’Union populaire » (LUP).
Ce faux appel à l’unité sert en réalité de camou-
flage à un fonctionnement brutal, a fortiori pra-
tiqué de façon totalement décomplexée par la
majorité des signataires de cette tribune.
C’est joli l’unité, et bien facile à revendiquer, sur-
tout lorsqu’on ne doit pas en tenir compte dans sa
pratique quotidienne. Alors même que, dans les
hémicycles et les institutions, les comportements
problématiques de certains hommes ne sont plus
tolérés, nous subissons les pratiques violentes
et sexistes des fondateurs de la LUP : dénigre-
ments, manipulations, atteintes à la personnalité,
comportements agressifs, impositions de déci-
sions par la force, autoritarisme, vociférations,
refus de discuter ; la liste est longue. Cette atti-
tude est également à l’œuvre dans leurs rapports
avec les mouvements sociaux, ces derniers étant
régulièrement instrumentalisés par 5 hommes
qui se vantent de pouvoir les « diriger » mais ne
savent certainement ni les intégrer, ni travailler Il n’est pas réaliste non plus d’envisager de
en collectif pour les faire vivre et les développer. travailler avec des gens qui n’ont jamais cessé
leurs agressions, qui ont eux-mêmes été les fers
Un autre monde, débarrassé d’un patriarcat de lance de la division et de l’exclusion dans un
toxique et d’un capitalisme mortifère pour notre passé proche et qui forcent encore aujourd’hui
planète, est possible et nécessaire! les principaux acteurices de la gauche radicale
à Genève, actif∙ves depuis des décennies, à aller
Dans notre combat pour avancer vers ce nouvel jusqu’aux tribunaux pour se faire entendre et ob-
horizon, nous attendons que notre quotidien tenir justice.
soit en phase avec nos idées. L’horizontalité, la
démocratie interne, la visibilisation des espaces Nous ne voulons plus perdre notre
de pouvoirs formels et informels, l’encourage- temps à justifier notre souhait de
ment de l’intelligence collective, les fonction- travailler collectivement dans un
nements bienveillants, l’intégration, la diversité environnement non toxique et
et l’inclusivité sont autant de valeurs que nous antisexiste.
avons décidé de mettre en pratique. C’est ainsi
que nous voulons faire de la politique ! Nous soutenons la liste n°6 : Ensemble
à Gauche (solidaritéS – DAL – PdT)
C’est pourquoi nous ne voulons plus travailler
parce qu’elle représente un espace
avec des hommes dominateurs et violents ni
avec celleux qui les entourent et voudraient les politique adapté à nos valeurs.
légitimer. Ainsi, les membres de la LUP ne voient
Maria Pérez · Aude Martenot
pas de problème à collaborer avec des membres
d’Avenir Syndical, organisation qui s’est consti- Ariane Bailat · Annick Ecuyer
tuée en soutien à une ancienne figure syndicale, Hélène Ecuyer · Andjela Velickovic
médiatiquement appelée «Roger» et accusée de Cécilia Zaugg · Françoise Nyffeler
violences sexistes et harcèlement sexuel par une Claire Martenot · Aude Spang
dizaine de femmes. Donna Golaz · Cornelia Hummel
 LE COURRIER
10 INTERNATIONAL LA LIBERTÉ | JEUDI 16 FÉVRIER 2023

Cyclone dévastateur en Nouvelle-Zélande Un trafic européen de déchet

Auckland X Si le bilan n’est
«que» de 4 morts, plus de
300 personnes ont été secou-
rues sur les toits et les dégâts
sont considérables.
Environ 300 personnes ayant
trouvé refuge sur des toits d’ha-
bitations ont été évacuées par
l’armée en Nouvelle-Zélande
après le passage du cyclone
Gabrielle qui a fait quatre
morts, ont indiqué hier les au-
torités. Quelque 10 500 per-
sonnes ont été déplacées.
Le corps d’une quatrième vic-
time, un enfant vraisemblable-
ment «pris par la montée des
eaux», a été retrouvé dans le
village rural d’Eksdale, sur la
côte est du pays, selon la police.
Trois aut res personnes
avaient auparavant été retrou-
vées mortes dans des zones
touchées par le cyclone: une à
l’endroit où un pompier avait
été porté disparu lors de l’effon-
drement d’une maison pen-
dant les intempéries à West
Auckland et deux autres dans
la région de Hawke’s Bay, dans
l’Ile du Nord, a dit le ministre
de la Gestion des urgences, Kie-
ran McAnulty.
L’armée néo-zélandaise a
déployé trois hélicoptères
N H90 da n s la r ég ion de
Hawke’s Bay, durement tou-
chée. Ils y ont sauvé des tra-
vailleurs, des familles ou des
animaux domestiques perchés
sur des toits détrempés pour
échapper à la montée des eaux.
«Dans certains cas, les eaux
de crue atteignaient le deu-
xième étage des maisons» où
les opérations de sauvetage
étaient en cours, a détaillé un
porte-parole militaire.
Les autorités commencent à
mesurer l’ampleur des dégâts
dans les villes isolées où les eaux
de crue ont emporté les routes et
coupé les communications.
Quelque 10 500 personnes ont
été déplacées, a fait savoir le mi-
nistre de la Gestion des urgences
et 160 000 sont privées d’électri-
cité, même si le courant est pro-
gressivement rétabli.
La région, aux paysages
autrefois bucoliques, est mé-
connaissable. Le cyclone s’af-
faiblit depuis en poursuivant
sa course vers le Pacifique Sud
après avoir soulevé des vagues
de 11 mètres et fait souffler des
vents allant jusqu’à 140 km/h.
Le Premier ministre Chris
Hipkins a qualifié Gabrielle
d’«événement météorologique
le plus important survenu en
Nouvelle-Zélande durant ce
siècle» et l’état d’urgence na-
tional a été décrété pour une
semaine. ATS/AFP
Italie X Un coup de filet a mis
au jour un réseau européen
de trafic de déchets brassant
«des sommes d’argent vertigi-
neuses», évaluées à une cen-
taine de millions d’euros, ont
annoncé hier les carabiniers
italiens.
Ces «importants trafics illé-
gaux de déchets» ont abouti à
des transferts d’argent «sur des
comptes de sociétés italiennes et
étrangères (allemandes et hon-
groises) pour le ‘blanchir’et le
réinvestir dans d’autres activi-
tés, pour la plupart illégales», ont
communiqué les carabiniers.
Sur ce «chiffre d’affaires»
d’une centaine de millions d’eu-
ros, 65 millions ont transité sur
le compte d’une société alle-
ma nde, «T M Com mod it ies
GmbH», liée à un ressortissant
italien.
Les carabiniers du Groupe
pour la Protection de l’envi-
ronnement et la Transition
écologique de Milan (nord), en
vertu d’une ordonnance d’un
juge d’instruction de Milan,
ont notifié leur mise en cause à
18 suspects: six se trouvaient
déjà en prison, huit ont été as-
signés à résidence et quatre
ont l’interdiction de quitter
leur commune de résidence.
Ces personnes sont accusées
d’association de malfaiteurs
ayant pour objet le trafic illégal
de déchets. ATS/AFP

MPOX TUERIE RACISTE ETATS-UNIS TRANSGENRE STRASBOURG BAKHMOUT

L’URGENCE MAINTENUE
L’Organisation mondiale de la
santé (OMS) considère toujours
le mpox (dénommée précédem-
ment variole du singe) comme
une urgence de santé internatio-
nale, même si le nombre
de contaminations continue
de diminuer. ATS
PRISON À VIE À BUFFALO
Un jeune suprémaciste blanc
qui avait tué dix personnes
noires en mai dans un super-
marché de Buffalo a été
condamné hier à une peine
incompressible de prison à vie.
L’audience a été ponctuée de
cris de rage et de douleur. ATS
TRAIN CHIMIQUE
Les habitants d’East Palestine,
dans l’Ohio, où un train de pro-
duits chimiques a déraillé et
explosé devraient boire de l’eau
en bouteille, ont conseillé hier
les autorités craignant les consé-
quences sanitaires et environne-
mentales de l’accident. ATS
ADOS INCULPÉS DE MEURTRE
Deux adolescents de 15 ans ont
été inculpés hier pour le meurtre
d’une jeune Britannique trans-
genre de 16 ans, Brianna Ghey,
qui a provoqué l’émotion dans
la communauté LGBT+. Des
centaines de personnes ont ma-
nifesté dans plusieurs villes. ATS
LE PARLEMENT INTERROMPU
Des militants kurdes ont mani-
festé hier à l’intérieur du Parle-
ment européen à Strasbourg,
au 24e anniversaire de l’arresta-
tion du leader kurde Abdullah
Öcalan. Cela a entraîné une
interruption des débats et l’éva-
cuation des eurodéputés. ATS
SITUATION «DIFFICILE»
Les soldats ukrainiens tiennent
«fermement» leurs positions
à Bakhmout, une ville de l’est
de l’Ukraine où la situation
est «la plus difficile» face aux
troupes russes, a affirmé hier
le président ukrainien Volo-
dymyr Zelensky. ATS

En Ecosse, la première ministre démissionne pour raisons personnelles, prenant tout le monde de court

Sturgeon reprend son indépendance

JULIETTE DÉMAS, LONDRES
Royaume-Uni X En quelques
mots: elle en a eu assez. Hier à midi,
dans sa résidence officielle de Bute
House à Edimbourg, Nicola Stur-
geon a annoncé sa démission.
Campée entre un portrait du poète
Robert Burns et le drapeau à la
croix de Saint-André, son costume
fuchsia en parfait contraste avec le
mur pistache, la première ministre
d’Ecosse a rendu le tablier. «Dans
ma tête et dans mon cœur, je sens
que le moment [de laisser la place à
quelqu’un d’autre] est venu. Je sais
qu’avec le temps, j’aurai de moins
en moins d’énergie à donner à ce
travail. Je me dois de le dire dès
maintenant.»
L’annonce a pris tout le monde
de court. Les journalistes, qui
avaient entendu parler d’une
conférence de presse surprise sans
en savoir plus, tout comme ses col-
lègues du Parti national écossais
(SNP), «déçus» et «surpris» de
cette fin brutale qu’ils n’avaient
pas vu venir. La décision n’est pas
sans rappeler celle de Jacinda Ar-
dern, cheffe du Gouvernement
néo-zélandais qui mettait un
terme à sa carrière en janvier, di-
sant ne plus avoir «ce qu’il fallait»
pour continuer.
Multiples victoires
Cette fois aussi, les raisons qui ont
poussé Sturgeon à la démission
sont d’abord personnelles: le
manque de vie privée, l’envie de se
consacrer à 100% à son métier et la
responsabilité de le quitter au bon
moment, la brutalité de la vie pu-
blique, la difficile gestion de la pan-
démie… «J’ai été Nicola Sturgeon, la
femme politique, toute ma vie.
Peut-être que je veux passer un peu
de temps en tant que Nicola Stur-
geon, la personne», a-t-elle souli-
gné, déclarant qu’elle n’agissait pas
sous la pression d’événements «à
court terme».
La différence avec Londres est
saisissante. Il aura fallu des mois de
scandales variés pour que Boris
Johnson finisse par laisser sa place,
et de longues semaines pour que sa
remplaçante, Liz Truss, accepte
qu’après avoir crashé l’économie du
Royaume-Uni, sa position n’était
plus tenable. Sturgeon restera
comme la première femme à avoir
occupé le poste de première mi-
nistre d’Ecosse, et la première aussi
à le garder si longtemps, huit ans
au pouvoir. Mais surtout, elle est
devenue une des plus importantes
figures de la vie politique écossaise,
allant jusqu’à devenir le synonyme
de l’indépendance. Elue depuis la
création du Parlement de dévolu-
tion, en 1999, elle est membre du
SNP depuis ses 16 ans et a, dans ses
propres termes, «dédié sa vie» à la
question de l’indépendance. Une
bataille qu’elle entend bien conti-
nuer en tant que députée.
Elle a pris la tête du parti en
2014, après l’échec du référendum
sur l’indépendance lors duquel le
«non» l’emportait avec 55% des
voix. Sturgeon a depuis enregistré
de multiples victoires au niveau lo-
cal et national. Elle laisse ses collè-
gues indépendantistes dans une
position dominante, et reste l’une
des personnalités politiques les plus
populaires au Royaume-Uni. Elle
incarne aussi la transformation de
la vie politique écossaise, rajeunie
et féminisée, avec la quasi-dispari-
tion du Parti travailliste au profit
des indépendantistes regroupés
dans un SNP très à gauche sur les
questions sociales.
«Opinions polarisées»
Sturgeon n’est toutefois pas à l’abri
de toute critique. Il y a ceux qui
pensent que les questions constitu-
tionnelles détournent la vie poli-
Nicola Sturgeon reste l’une des personnalités les plus populaires au Royaume-Uni. KEYSTONE tique de sa marche quotidienne.
Ceux qui, comme l’ancien président
du SNP Alex Salmond, voudraient
y parvenir différemment. Ceux qui
rêvent d’une autre forme d’indé-
pendance. Et, plus récemment, elle
a été la cible d’attaques de toutes
parts dans le cadre du débat sur la
transidentité: trop libérale pour les
uns, avec sa loi pour permettre de
changer de genre légal dès 16 ans,
encore trop conservatrice pour les
autres.
La décision
n’est pas sans
rappeler celle
de Jacinda
Ardern, cheffe
du Gouvernement
néo-zélandais
Elle en est consciente: pour Stur-
geon, les sujets controversés «le de-
viennent jusqu’à l’irrationalité», et
pâtissent de sa présence, qui
concentre les débats. Sur l’indépen-
dance comme sur les questions de
société, elle souhaite que son parti
«dépasse les clivages»: «Un nou-
veau leader sera mieux placé pour
le faire, quelqu’un qui ne soit pas
sujet aux mêmes opinions polari-
sées, justement ou injustement,
que moi.»
En 2014, Sturgeon était la can-
didate évidente pour remplacer
l’ancien chef du parti. Huit ans plus
tard, le choix est moins évident. Elle
restera en poste en attendant qu’un
nouveau chef soit élu. Et le plus vite
possible: le SNP doit se réunir le
19 mars pour décider de la meil-
leure manière de poursuivre la
quête pour l’indépendance, après
que la Cour suprême britannique a
réfuté la possibilité d’organiser un
référendu m sa ns l’accord de
Londres. © LIBÉRATION
LE COURRIER
JEUDI 16 FÉVRIER 2023 MÉMENTO 11

MOTS CROISÉS N° 544

« Je ne meurs pas,
J’entre dans la Plénitude de la Vie »
AGENDA CULTURE
Selon Th. De Lisieux
BAR BLIND TEST BY CATALPA, Jeudi 1
A 2
B 3C 4
D 5E 6
F 7
G 8
H 9I 10
J
VAUD
16 février 18h30.
SOIRÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LES Bar Central 18 route de Chêne, https://antigel. 1I
Gilbert RIGOTTI VICTIMES DU SÉISME DU 6 FÉVRIER
AU KURDISTAN, Jeudi 16 février à
ch/fr/la-prog

18h30. L’ensemble des bénéfices de la BERTRAND BELIN, Jeudi 16 février

à 81 ans, le 14 février 2023 soirée seront reversés à: Heyva Sor a
a quitté la Terre et ses bienaimés Kurdistanê Swisre / Croissant Rouge du
Kurdistan Suisse (HSK-CH).
Lausanne, Salle Gibraltar de Pôle Sud, 3 avenue
Son épouse, JJ Mercier
Josy-Anne;
THÉÂTRE
Ses enfants,
Mireille, Christophe et Vincent; VAUD
THÉÂTRE 221 ET ENSEMBLE
Leurs compagnons et compagnes, CONTEMPORAIN DE LA HEMU, Du 16
Lukas Grogg, Aglaé Tardin, Lina Marulanda et Johnny Currat; au 18 février. Arnold Schönberg Pierrot
Lunaire. «Pierrot n’a vraiment pas le
Ses petits-enfants, temps».
Lausanne, Théâtre 221. rue de l’Industrie 10,
Arthur, Aloïs et Leo ; Cyprien et Siméon ; Manuela, Ayla et Emilio; 021 311 65 14
Ses filleules, JULIE MONOT, «ROOM FOR DOUBTS»,
Les ve 17 et sa 18 février.
Valérie, Chantal, Marie;
Lausanne, Arsenic, 57, rue de Genève www.
Sa famille et ses nombreux amis; arsenic.ch, 021 625 11 36
La Communauté Chrétienne de Base de Chêne; NEUCHÂTEL
Ses accompagnants fidèles durant sa longue maladie, «CONTES EN LIBERTÉ», Samedi 18
André Bossus et Philippe Dupraz; février dès 19h30.
Corcelles, KVO
Les aides-soignantes de Prestiservice, et Claudia.
La cérémonie d’A Dieu aura lieu le vendredi 17 février 2023, DANSE
à 14 heures 30 en l’église St Martin, Onex. GENÈVE
«VORTEX» DE LA CIE NON NOVA,
Il repose dès jeudi après-midi dans la crypte de l’église. PHIA MÉNARD, Du 14 au 17 février.
jeudi 16 et vendredi 17 février à 20h.
En souvenir de Gilbert, vous pouvez faire un don à Caritas-Genève, Pavillon de l’ADC, place Sturm www.
pavillon-adc.ch
son autre famille. IBAN CH38 0900 0000 1200 2726 2
FESTIVAL ANTIGEL
GENÈVE
DANIEL HELLMAN, «DEAR HUMAN
ANIMALS», Jeudi 16 février 19h, portes
18h.
Le Recteur de l’Université de Genève
Théâtre Saint-Gervais, 5, rue du Temple, www.
et le Doyen de la Faculté de médecine saintgervais.ch, https://antigel.ch/fr/la-prog
ont le profond regret de faire part du décès de
PUBLICITÉ
Monsieur Service des pompes funèbres, cimetières et crématoire
Pierre-Claude SIZONENKO 24 heures sur 24 – 7 jours sur 7
Avenue de la Concorde 20
022 418 60 00
1203 Genève
professeur honoraire de la Faculté de médecine
Genève,
ville sociale et solidaire
Nos sincères condoléances et toute notre sympathie accompagnent
www.geneve.ch
sa famille dans ces moments de deuil et de tristesse.
20h, portes 19h. Musique. 2II
Alhambra, 10, rue de la Rôtisserie, https://
antigel.ch/fr/la-prog
3III
TRANSFORME ALL STARS - KT
GORIQUE, Jeudi 16 février 20h30,
portes 19h30. 4
IV
Maison de quartier La Villa Tacchini, 11, chemin
de l’Avenir, Petit-Lancy, https://antigel.ch/fr/
la-prog 5V
MATE MESZAROS, «MECHANICS OF
DISTANCE», Jeudi 16 février 20h30, VI
6
portes 20h.
Meyrin Centre avenue de Feuillasse, centre
commercial de Meyrin, https://antigel.ch/fr/ VII
7
la-prog
VANESSA WAGNER (PIANISTE), Jeudi
16 février 20h30, portes 20h. VIII
8
Eglise de Choulex, https://antigel.ch/fr/la-prog
IX
9
CONFÉRENCES
GENÈVE 10X
QUE PEUT-ON DIRE DANS UNE
SOCIÉTÉ TOLÉRANTE ? TOLÉRANCE,
CIVILITÉ, ET LES LIMITES DE LA
LIBERTÉ D’EXPRESSION, Jeudi 16 HORIZONTALEMENT
février à 18h30 conférence de Teresa M. 1. Son assiette se déguste à Sion. 2. Ans. Pronom. Fin de verbe. 3. Est couché.
Bejan, professeure de théorie politique,
Affûtée.4. Symbole chimique. Sport traditionnel en Suisse. 5. Son université
Université d’Oxford.
Uni Dufour, rue Général-Dufour, auditoire U30,
a été fréquentée par Erasme, Paracelse et Nietzsche. Thymus. 6. Roi de
Mycènes dans la mythologie. Petit ouvrage...7. Avis de décès... Refuge pour
entrée libre
cochons. 8. Dette. Sur la rose des vents. 9. Époque. Gâteau du canton du
«SAMUDARIPEN, LE GÉNOCIDE DES
TZIGANES», Jeudi 16 février conférence Jura. 10. Rétrocédées.
de l’historienne Claire Auzias à
l’occasion de la réédition de son livre. VERTICALEMENT
Dès 18h apéro soupe, dès 19h 1. Vadrouiller. 2. Fera. Département français. 3. Touche le filet... Léman, par
présentation et discussion. Co-organisé exemple. Suit le docteur. 4. Champion. Fayard. 5. Élément chimique. Galettes
par Le Silure et Mesemrom.
typiques de la Suisse alémanique.6. Domine le lac de Géronde dans le Valais.
Le Silure, 3, sentier des Saules
De bonne heure. 7. Posées sur notre satellite. Dissimulé. 8. Parcourus.
Parcelle. 9. Démentis. Offre le choix. Interjection. 10. Dermites.
SOLUTIONS DU N° 543
HORIZONTALEMENT X 1. Inhibition. 2. Naïve. Arno. 3. Créent. Eau.
4. Listing. Gê. 5. Et. Têtière. 6. Mages. Rue. 7. Os. Rob. 8. Nom. Ennemi.
9. Cumin. Déon. 10. Étendue. Té.
VERTICALEMENT X 1. Inclémence. 2. Narita. Out. 3. Hies. Gomme.
4. Ivettes. In. 5. Bénies. End. 6. Tnt. Rn. 7. Ta. Gironde. 8. Ire. Eubée.
9. Onagre. Mot. 10. Nouée. Fine.

PARTENARIAT PARTENARIAT

CONVOIS FUNÈBRES

Jeudi 16 février Elisabeth Neet, née Helmig,

VAUD
Gaston Bruccoleri, décédé à 85 ans,
Lausanne, Chavornay, la cérémonie
d’adieu a eu lieu dans l’intimité.
Olivier Cherix, décédé à 78 ans,
cérémonie d’adieu à Bex au Parc
Szilassy à 14h suivie des honneurs.
Lucette Devaux, décédée à 71 ans,
dépôt des cendres au jardin du
souvenir du cimetière de Noville à
11h. Maria Goumaz, née Michelon,
décédée à 89 ans, cérémonie à 14h à
l’église de Poliez-le-Grand suivie des
honneurs. Michèle Grob, décédée à
71 ans, cérémonie d’adieu en la
chapelle du Centre funéraire
d’Yverdon-les-Bains à 14h, honneurs
à 14h30. Marie-Antoinette Jomini,
dernier hommage à 14h à l’église de
Chexbres. Dante Mantovani, décédé
à 93 ans, dernier adieu à la chapelle
Saint-Roch à Lausanne à 16h. Odette
Marchand-Champod, décédée à 90
ans, cérémonie d’adieu à 16h à la
chapelle du Centre funéraire
d’Yverdon-les-Bains. Giovanni Di
Mauro, décédé à 91 ans, messe
d’adieu au Centre funéraire de
Montoie à 15h chapelle B. Hanna
cérémonie à la chapelle Saint-Roch à
14h. Josiane Niquille-Epitaux,
décédée à 81 ans, cérémonie d’adieu
en la chapelle A du Centre funéraire
de Montoie à 16h.
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS
Renée Bailat-Talon, décédée à 84
ans, messe d’adieu à 14h en l’église
de Bassecourt. Georgette Jeannin,
Porrentruy, la cérémonie d’adieu a eu
lieu dans l’intimité de la famille.
GENÈVE
Daniel Beckel, cérémonie d’adieu à
11h15 au Centre funéraire de
Saint-Georges. André-Louis Carrillat,
décédé à 82 ans, cérémonie
religieuse à 10h en l’église Sainte-
Croix de Carouge. Renée Millier, née
Chamay, décédée à 100 ans,
cérémonie religieuse à 14h en la
chapelle de l’Ange de la Consolation
à Saint-Georges, suivie de l’ensevelis-
sement. Monique Dessingy, décédée
à 81 ans, la cérémonie d’adieu aura
lieu dans l’intimité. Carla Proz, née
Pedrazzi, décédée à 101 ans,
cérémonie à 13h30 en la chapelle du
Centre funéraire de Saint-Georges.

PARTENARIAT

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 LE COURRIER
12 CULTURE JEUDI 16 FÉVRIER 2023

Sourde de naissance, Francine Collet Poffet crée des œuvres qui matérialisent son SCÈNE
monde auditif, ses défis. Elle invite le public à se familiariser avec cet univers méconnu «NOTRE SOIF D’AMOUR»
À NEUCHÂTEL
Construire l’acte d’aimer ou

L’art d’une «femme passerelle»

vivre l’amour? A Neuchâtel, la
pièce Notre soif d’amour
explore les territoires de la
masculinité et de ses affects.
Notre soif d’amour est une
création interdisciplinaire où
ISABELLE CARCELES «L’écoute! Une capacité d’attention très convergent images de cinéma
grande, encore soutenue par le fait de d’archives, textes originaux et
ne pouvoir faire qu’une chose à la fois.» composition musicale. Le
Art X «Je ne suis plus dans la marge, je Citons aussi un travail très accru pour Théâtre du Concert et la
suis perçue comme une passerelle», dit mémoriser le vocabulaire et les tour- Mechanical Birds Factory
(MBF) s’associent dans ce
Francine Collet Poffet, la soixantaine, nures de phrases. Francine Collet Poffet
spectacle hybride, s’inspirant
rencontrée dans son appartement de rapporte que seulement 30% de ce qui entre autres d’un essai de bell
Vevey, depuis lequel on voit le lac. Une est prononcé est lisible sur les lèvres, en hooks, La Volonté de changer.
partie de ses créations est exposée sur français! C’est davantage que les 10% La MBF réunit cinéma et
ses murs: ce sont des pièces uniques, des en anglais, mais moins que les 50% en musique sur scène depuis
découpages d’une finesse «de dentel- allemand. 2016. MOP
lière» comme elle l’écrit. Des tissages de
mots. Des textes «troués» par le scalpel Jusqu’au 19 février au Théâtre du
de l’artiste, qui révèlent des espaces «J’ai perdu une Concert, à Neuchâtel, 4 rue de
l’Hôtel-de-Ville, ve 20h, di 17h, je
vides, des superpositions, et qui maté-
rialisent la manière dont elle perçoit les partie de ma et sa complet, maisonduconcert.ch

mots. Des travaux qui ouvrent notre

regard d’«entendants».
On prend conscience de «la beauté de
la marge et de la violence de la communi-
cation empêchée», comme l’annonce un
texte qui invite le public à venir découvrir
son univers, grâce à des ateliers organi-
sés par la Bibliothèque municipale de
Lausanne, dans le cadre de son pro-
gramme «2023 année inclusive». L’inclu-
sion, c’est très différent de l’intégration,
souligne Francine Collet Poffet, qui en
connaît un bout sur la question. «On peut
être intégré·e dans un groupe, sans être
inclus·e: celle ou celui qui est inclus·e est
membre à part entière et interagit avec
les autres membres du groupe.»
La «langue du cœur»
C’est à l’âge de 4 ans que sa surdité est
détectée par ses parents, qui refuseront
qu’elle entre à l’école des enfants sourds
de Montbrillant, à Genève (ville où elle a
fait toutes ses études). Conséquences de
ce choix: elle a appris à lire et écrire. Et
elle s’est trouvée confrontée à la diffé-
rence, aux diverses difficultés de compré-
hension, et à la nécessité de trouver par
elle-même les solutions aux problèmes.
«J’ai perdu une partie de ma jeunesse, je
n’ai pas rencontré mes pairs, et j’ai long-
temps connu la solitude.» Ce n’est que
dans les années 2000 que Francine Collet
Poffet va enfin en sortir, quand elle rejoint
un groupe de parole, avec d’autres
femmes atteintes de surdités. Au pluriel,
car, elle insiste, «toutes les surdités sont
différentes». Pour elle, par-delà le désir de
«politiquement correct», le terme «ma-
lentendant» n’est pas adapté. D’abord, il
contient le mot «mal»…
Francine Collet Poffet parle. «J’avais
une surdité sévère, donc j’ai entendu un
Francine Collet Poffet et ses Paroles mouvantes. FRANCINE COLLET POFFET
peu, ce qui fait que j’ai une voix ‘normale’
avec un léger accent.» Spontanément,
comme enfant, elle a pratiqué la lecture
labiale. La langue des signes était interdite
à l’époque et le langage parlé complété
n’existait pas. «Sans appareil, j’entends
1%.» C’est à l’âge adulte qu’elle a appris la
langue des signes, devenue sa «langue de
cœur». Parce que c’est visuel, parce que
tout le corps entre en jeu.
Francine Collet Pof fet se forme
comme ergothérapeute, une profession
qu’elle va exercer d’abord auprès d’en-
fants, puis de personnes âgées. Avec
une évidente attention à l’autre. Que
lui a apporté sa surdité en partage?
jeunesse, je n’ai
pas rencontré
mes pairs»
Francine Collet Poffet
Quant aux autres bénéfices secon-
daires de sa surdité, elle énumère encore
le goût du défi, le plaisir de trouver des
solutions en collectant les indices, la pra-
tique constante de l’observation, et enfin
l’habitude de surmonter des problèmes.
Mais ces comportements, très positifs en
eux-mêmes, entraînent une très grosse
surcharge au quotidien, liée à une sura-
daptation, surcharge qui lui a valu deux
burn-out.
Comment «combler» les trous
Actuellement, elle a quelques mandats
dans le domaine de l’accessibilité cultu-
relle pour les sourds et malentendants, et
elle collabore avec l’association Ecoute
Voir pour la relecture des sur-titrages pour
le théâtre. L’association mène un travail
exemplaire, selon elle, qui intègre des per-
sonnes concernées en tant qu’expert·es.
Le 23 février et le 28 mars, à la Biblio-
thèque municipale de Montriond, à Lau-
sanne, Francine Collet Poffet partagera
avec le public son quotidien différent: le
23 février, ce sera la présentation filmée
en direct de ses Carnets de Voyage au pays
de ma surdité, suivie d’une discussion; et
le 28 mars, une rencontre ludique où, à
travers des jeux de société, elle montre
comment son cerveau fonctionne pour
«combler» les trous (sur inscription). I
Infos sur «2023 année inclusive» dans les
bibliothèques lausannoises: bit.ly/3InEzp4
PHOTOGRAPHIE
L’INACHEVÉ EN DISCUSSION
Le Courrier présentait lundi
Home on Hold, ouvrage pho-
tographique de Gabriel Mau-
ron racontant les bicoques
inachevées du Sud de l’Italie
et les réalités anthropologi-
co-culturelles qui les en-
tourent. L’auteur en parlera ce
soir avec les professeurs de la
Sapienza (Rome) Francesca
Giofrè et Fabio Quici, à 18h30
à la librairie Large/Kiosque,
18 rue Philippe-Plantamour,
Genève. SSG
PERFORMANCE
DANS LES PATTES DE
LEÏLA MAILLARD
Elle vient des arts du cirque et
sa toute nouvelle compagnie,
kraD, a un penchant pour le
morbide et le dérangeant.
Leïla Maillard adapte pour la
Cave 12 sa première perfor-
mance, créée durant la pan-
démie et baptisée Arachnur,
mêlant corde lisse et manipu-
lations sonores abrasives.
L’artiste acrobate entend
matérialiser une créature
vivante et sonore, dans un
lent et inexorable rituel d’en-
gloutissement. Ames sen-
sibles s’abstenir. RMR
Ce soir, 21h, Cave 12, Genève,
cave12.org

Hyphen Hyphen: ensemble, un point c’est tout

Pop X Le trio français revient
avec un nouvel album, C’est la
vie, qui va droit à l’essentiel. A
tester samedi aux Docks, à
Lausanne.
Hyphen Hyphen est un trio qui a
un sens aigu du collectif. Même
pour une interview télépho-
nique, les Français·es ne choi-
sissent pas un représentant. Le
groupe porte un nom répétant le
mot «trait d’union» en anglais:
ils parlent donc à trois, tissent
constamment des liens entre
leurs idées. Pourtant, cette co-
hésion ne fait pas tourner leur
triangle musical en rond. Pour
leur album sorti en janvier,
C’est la vie, ils ont ainsi travaillé
avec Glen Ballard, collabora-
teur d’Alanis Morissette ou Katy
Perry. Il a insufflé un vent nou-
veau sur leur pop flamboyante.
L’Américain est venu discu-
ter avec les musicien·nes après
leur Zénith de Paris car il a eu
un «gros coup de cœur». Deux
jours après, groupe et produc-
teur travaillaient ensemble. Le
trio ne le connaissait pas per-
sonnellement mais appréciait
ses qualités professionnelles. «Je
suis une grande fan d’Alanis
Morissette», sourit la bassiste
Line. «Il a aussi collaboré avec
un petit artiste, Michael Jack-
son, que nous connaissons car
nous aimons la musique de
niche», plaisante Santa, la voix
d’Hyphen Hyphen.
Ces amis qui se sont ren-
contrés au lycée partagent la
composition. «Dans une socié-
té si individualiste, c’est bon
de se regrouper et de croire
ensemble», dit la chanteuse.
L’équipe écrit à six mains ou
chacun·e de son côté, avant de
présenter les idées aux autres,
en essayant de les surprendre.
«Quand on est les trois fier·ères
d’un morceau, on sait qu’il peut
toucher d’autres personnes»,
estime Adam, à la guitare et
aux claviers de la formation.
Qu’est-ce que ce nouvel arri-
vant a apporté? «C’est la pre-
mière fois que l’on ouvrait nos
portes à quelqu’un d’autre. Cela
s’est fait de manière tellement
KIMDARY
fluide et évidente. Glen a été une
sorte de mentor pour cet album.
Il a un peu changé notre ma-
nière de voir la composition mu-
sicale: il nous a appris à simpli-
fier nos émotions et nos mots»,
poursuit le musicien. Nourri du
son des années 1970, cet album
les a aidés à «surmonter les
séismes personnels vécus ces
dernières années».
Ce qui le distingue des précé-
dents est une construction au-
tour de la mélodie et des harmo-
nies. «On a énormément gagné
en simplicité, en limpidité, en
puissance. Ma voix est davan-
tage mise en avant et laisse plus
transparaître les émotions»,
note Santa. «Je pense que Glen
va rester une oreille précieuse.
Nous sommes toujours ouverts
à la collaboration et à l’échange.
Cela nous a fait du bien d’ouvrir
notre triangle à une nouvelle
énergie. Cela n’a fait que créer
quelque chose d’autant plus
beau. Nous avons des rêves
américains, nous avons envie
d’aller à la conquête d’autres
cœurs. Le fait d’ouvrir le nôtre
était le début de l’histoire.»
Enregistré dans les condi-
tions du live, l’opus donne un
avant-goût des concerts. «Cet
album a enfin toute l’énergie
que l’on a sur scène», souligne la
chanteuse. A vérifier le 18 fé-
vrier aux Docks à Lausanne.
Réorchestrées, les chansons de-
vraient y sonner comme «dans
un stade» selon le trio. Elles vi-
vront dans une scénographie
colossale intégrant «toute notre
folie et la décadence de ce
monde». Le groupe promet des
surprises et d’être encore plus
généreux. «On sent qu’il faut al-
ler mieux ensemble et on veut
faire partie de ce mouvement
d’espoir, de lâcher-prise, de sécu-
rité et de liberté. Nous essayons
de proposer sur scène un mo-
ment qui sort du temps, du chaos
et de redonner l’envie, le sourire,
l’espoir d’y croire», s’enflamme
Santa. 
TAMARA BONGARD / LA LIBERTÉ
En concert le 18 février aux Docks à
Lausanne, rens. www.docks.ch