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Eurocodes pour les

Structures en Acier
Elaboration d'une
Approche Trans-nationale
Formation : Eurocode 3

Module 2 : Analyse et calcul des ossatures

Cours 4 : Idéalisation & analyse des ossatures


Résumé :
· L'objet de ce cours est d'étudier les approches utilisées pour la modélisation des ossatures en vue de
l'analyse, d'établir les concepts fondamentaux d'analyse et de décrire les différentes méthodes d'analyse
globale d'ossatures actuellement utilisées.
· La modélisation d'ossatures typiques est décrite, avec identification des différents aspects à considérer, tels
l'interaction sol-structure et la résistance aux forces horizontales, et en prenant en compte les
imperfections ainsi que le comportement des assemblages.
· Les différents composants des ossatures ainsi que leurs fonctions sont identifiés.
· Les différentes sources de comportement structural non linéaire sont identifiées.
· Les effets du second ordre sont expliqués. Les méthodes appropriées à l'analyse du second ordre sont
décrites, et leurs limitations sont données.
· Les distinctions entre les méthodes d'analyse élastique et plastique sont identifiées.
· Les hypothèses et les limitations des différentes méthodes d'analyse élastique et plastique sont données.
Les résultats de chaque analyse sont décrits de sorte à permettre une comparaison des comportements
structuraux prévus et réels, en particulier en ce qui concerne l'évaluation de la stabilité de l'ossature.
· L'effort de calcul exigé par l'utilisation de chaque type de méthode d'analyse est résumé de façon à
permettre la compréhension des implications essentielles de l'utilisation de la méthode.

Prérequis:
· Une connaissance des bases fondamentales de la théorie de la résistance des matériaux (pour les poutres et
les éléments tendus) et de l'analyse des structures.
· Une connaissance de la théorie fondamentale du flambement des poteaux et autres formes d'instabilité.
· Une connaissance du calcul élastique et plastique des éléments simples.
· Le Module 1 pour le Chargement et les Etats Limites.

Notes destinées aux Formateurs :


· Ce support représente un cours de 75 minutes, toutefois une certaine sélection doit être opérée afin de
respecter cette limite de temps.

SSEDTA
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Analyse et calcul des ossatures
Idéalisation et analyse des ossatures

Objectifs :
Il convient que les étudiants :
· Comprennent que les outils disponibles pour l'analyse pratique des structures comportent des limitations
car ils impliquent de nombreuses hypothèses et simplifications en ce qui concerne le comportement des
matériaux et des éléments.
· Comprennent les différences existant entre les différentes méthodes d'analyse élastique et plastique.
· Comprennent l'origine des effets du second ordre et les situations où leur prise en compte est importante.
· Comprennent les bases et les limitations des approches approximatives de l'analyse du second ordre.

Références :
[1]. Annexe H [Informative],  Modélisation des structures de bâtiments en vue de l'analyse,
ENV 1993-1-1:1992/A2, Amendement A2 à l'Eurocode 3 Partie 1-1.
[2]. ENV 1998 Eurocode 8 Conception et dimensionnement des structures pour leur résistance au séisme.
[3]. ENV 1993-1-3 Eurocode 3 Partie 1-3 Règles générales - Règles supplémentaires pour les profilés et
plaques à parois minces formés à froid.
[4]. Maquoi R. et Chabrolin, B., Frame design including joint behaviour,
Rapport N° EUR 18563 EN, Contrat ECSC No 7210-SA/212/320, Commission Européenne, 1998.
[5]. Livesley, R.K., Matrix methods of structural analysis, Pergamon Press, 1969.
[6]. Gachon, H., Galea, Y., Modèle d'analyse non linéaire pour les ossatures planes,
Construction Métallique, N°2-1978.
[7]. Galea, Y., Programme d'analyse élastique-plastique non linéaire pour les ossatures planes,
Construction Métallique, N°4-1978.
[8]. Chen, W.K., Goto, Y. and Liew, J.Y.R., Stability design of semi-rigid frames, John Wiley & Sons, Inc.
1996.
[9]. ECCS - Comité Technique 8 - Stabilité des Structures, Groupe de Travail Technique 8.1/8.2 Structures à
ossatures, Analyse pratique d'ossatures à un seul niveau, Publication ECCS N° 61, 1991.
[10]. Clarke, M..J., Plastic zone analysis of frames in Advanced analysis of steel frames: Theory, Software and
Applications, Chen, W.F. et Toma, S., eds., Boca Rotan, FL, CRC Press, pp 259-274, 1994.
[11]. Neal, B.G., Plastic methods of structural analysis, Chapman et Hall, 1956.
[12].The Steel Construction Institute, Steel Designers Manual, 5e Edition, Blackwell Scientific Publications,
1992.

Analyse et calcul des ossatures 2


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Analyse et calcul des ossatures
Idéalisation et analyse des ossatures

1. Introduction au comportement des ossatures


1.1 Objet
L'analyse globale d'ossature vise à déterminer la répartition des sollicitations et les 5.2.1
déformations correspondantes dans une structure soumise à un chargement spécifié.

La réalisation de cet objectif exige l'adoption de modèles appropriés qui incorporent des 2.3.1
hypothèses concernant le comportement de la structure et en particulier des éléments et des
assemblages qui la composent. L'objet principal de ce cours est le traitement de la question de
la modélisation et de l'analyse du comportement de la structure à des fins de calcul pratique.

1.2 Relation charges-déplacements dans les ossatures


La réponse d'une structure au chargement qui lui est appliqué peut être exprimée par la
relation existant entre un paramètre de charge et un paramètre de déplacement significatif. La
Figure 1 montre un exemple du comportement d'une ossature de portique typique sous l'effet
d'une charge croissante.
Le paramètre de charge  est la plupart du temps un multiplicateur (ou facteur de charge)
appliqué à toutes les composantes de la charge de sorte à produire une augmentation
monotone et proportionnelle dans la totalité du chargement s'exerçant sur la structure, tandis
que le paramètre de déplacement est pris ici égal au déplacement latéral au niveau du
plancher supérieur. On peut considérer que la courbe résultante caractérise le comportement
global de la structure. Dans ce cas, la pente de la courbe constitue une mesure de la rigidité
latérale de l'ossature.

Déplacement
paramètre de charge comportement élastique linéaire Charge

charge maximale

Ossature

Limite de linéarité au-delà de laquelle les non-linéarités géométriques et/ou


des joints et/ou des matériaux deviennent apparentes

paramètre de déplacement

Figure 1 - Comportement charge-déplacement d'un portique

On observe que le comportement de la structure est quasi linéaire jusqu'à un certain point (la
limite de linéarité). Lorsque cette limite est atteinte, la pente positive de la partie montante de la
courbe se réduit graduellement en raison d'une combinaison de trois sortes de non-linéarité: non-
linéarité géométrique, non-linéarité des assemblages et non-linéarité des matériaux. La non-
linéarité des assemblages se manifeste habituellement à des niveaux de charge relativement
faibles. La non-linéarité géométrique dénote l'influence de la forme déformée réelle de la structure
sur la répartition des sollicitations. D'une manière typique, elle devient évidente bien avant
l'apparition d'une plastification des matériaux, c'est-à-dire avant la non-linéarité des matériaux.
Au-delà de cette dernière, le comportement devient progressivement non-linéaire au fur et à
mesure que la charge augmente pour atteindre un maximum. Lorsque la charge maximale est
atteinte, l'équilibre exigerait une diminution de l'amplitude des charges simultanément à
l'augmentation des déformations.

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Idéalisation et analyse des ossatures

La pente de la courbe (c'est-à-dire la rigidité) est égale à zéro à la valeur de charge maximale
puis elle devient négative, indiquant que la structure est dès lors instable. La charge
maximale, souvent appelée charge ultime, est le point d'effondrement imminent de la
structure en l'absence de possibilité de délestage.

2. Idéalisation des ossatures et concepts


fondamentaux d'analyse de structure
2.1 Modélisation des structures de bâtiments en vue de
l'analyse
L'analyse globale des ossatures est conduite sur un modèle basé sur de nombreuses
hypothèses comprenant celles prises pour le modèle structural, le comportement géométrique 5.2.2
de la structure et de ses éléments ainsi que le comportement des sections et des assemblages.
5.2.3
Lorsque l'analyse est effectuée, un certain nombre de vérifications de calcul de l'ossature et
de ses composants (éléments et assemblages) doivent être faites. Ces vérifications dépendent 5.1
du type d'analyse effectuée et du type de vérification des sections transversales (c'est-à-dire
des critères d'états limites ultimes) utilisée.

Des directives pour la modélisation simplifiée de structures de bâtiments en vue de l'analyse, Annexe H
et dans certains cas pour la vérification d'éléments individuels, sont données dans l'Annexe H
informative [1] de l'Amendement A2 à l'Eurocode 3, Partie 1-1. Elles proposent des modèles
simplifiés pour les bâtiments soumis à un chargement statique prédominant qui peuvent être
adoptés comme alternatives à des modèles plus sophistiqués. Cette Annexe ne couvre pas les
méthodes destinées au calcul parasismique ni au calcul de “peaux tendues” qui sont traitées
dans d'autres Eurocodes spécifiques [2,3].

Bien que les aspects essentiels de la modélisation d'ossatures soient cités dans les cours du
présent module, il convient que le concepteur se reporte aux parties appropriées de l'Eurocode
3 Partie 1-1 ainsi qu'à l'Annexe H.

2.1.1 Concept structural


Il convient de baser la disposition de la structure sur les exigences découlant de l'utilisation Annexe H
prévue du bâtiment, y compris la résistance aux actions susceptibles de se produire.
Il est nécessaire d'identifier les catégories suivantes d'éléments structuraux:
1. éléments structuraux principaux: comprenant les ossatures principales, leurs assemblages
et leurs fondations, qui constituent les trajets par lesquels les forces verticales et
horizontales agissant sur le bâtiment sont transmises au sol;
2. éléments structuraux secondaires: tels les pannes et poutres secondaires, qui transmettent
les charges aux éléments structuraux principaux;
3. autres éléments: éléments qui ne transmettent les charges qu'aux éléments principaux ou
secondaires, par exemple les platelages, les couvertures et les cloisons.
Dans les cas où ces trois catégories d'éléments sont soumises à des exigences de sécurité
différentes, il convient de les modéliser séparément, le cas échéant.

2.1.2 Comportement spatial


Comme alternative à l'analyse de la structure principale comme ossature tridimensionnelle
unique, celle-ci peut être analysée comme deux séries d'ossatures planes indépendantes Annexe H
disposées selon deux directions horizontales approximativement à angle droit l'une par
rapport à l'autre, cf Figure 2, à condition que chacune de ces ossatures planes présente un
maintien hors du plan suffisant pour garantir sa stabilité latérale.

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Idéalisation et analyse des ossatures

Figure 2 - Réduction d'une structure tridimensionnelle en ossatures


planes

2.1.3 Résistance aux forces horizontales


Cet aspect est traité dans le cours 5 “Classification des ossatures et représentation des
assemblages” où les classifications Contreventée/Non-contreventée et Souple/Rigide sont
expliquées.
Lorsque la configuration de la structure est telle que le bâtiment est sensible à une éventuelle
excentricité du chargement horizontal par rapport au centre de résistance à la torsion de la Annexe H
structure, il convient de prendre également en compte les effets de l'application d'une partie 5.2.4.3(5)
seulement du chargement horizontal.

2.1.4 Interaction sol-structure


La question de savoir si l'interaction sol-structure doit ou non être prise en compte dépend de Annexe H
l'importance des effets qu'ont les tassements de fondations provoqués par le chargement sur le
sol sur les sollicitations exercées dans les éléments structuraux.
La procédure suivante est proposée dans l'Annexe H pour l'examen de l'interaction sol- 5.2.3.3
structure:
4. Comme première étape, on peut analyser la structure en supposant que le sol est rigide. A
partir de cette analyse, il convient de déterminer le chargement s'exerçant sur le sol et
de calculer les tassements qui en résultent.
5. Les tassements résultants sont appliqués à la structure sous forme de déformations
imposées, puis il convient d'évaluer les effets sur les sollicitations.
6. Lorsque les effets sont significatifs, il convient de prendre en compte l'interaction sol-
structure. Ceci peut être fait au moyen de ressorts équivalents afin de modéliser le
comportement du sol.
Aucun critère n'est donné dans l'Annexe H ni ailleurs dans l'Eurocode 3 Partie 1-1 pour
décider de l'importance de l'interaction sol-structure. Il est suggéré ici que lorsque les effets 6.4.2.2(2)
ne réduisent pas la résistance de la structure de plus de 5%, on peut considérer qu'ils ne sont
pas significatifs et qu'ils peuvent être négligés dans le calcul. Ce critère est le même que celui
qui est donné pour la classification des assemblages rigides.

2.1.5 Modélisation des ossatures Annexe H


Les directives suivantes sont tirées de l'Annexe H: 2.3.1(4)
7. Il convient de modéliser les éléments et les assemblages pour l'analyse globale de telle sorte qu'ils
reflètent de manière appropriée leur comportement prévu sous l'effet du chargement concerné.
8. Il convient de représenter la géométrie fondamentale d'une ossature au moyen des axes
centraux des éléments.
9. Il suffit normalement de représenter les éléments au moyen d'éléments structuraux
linéaires situés au niveau de leurs axes centraux, en négligeant le recouvrement des
largeurs réelles des éléments.
10. Comme alternative, il peut être tenu compte de la largeur réelle de tout ou partie des
élements au niveau des assemblages entre éléments. Des méthodes pouvant être utilisées
pour ce faire sont proposées dans l'Annexe H. L'une d'entre elles concerne des
assemblages flexibles particuliers.

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2.1.6 Modélisation en structure et assemblages


Dans l'Eurocode 3, l'expression modélisation en structure est utilisée pour faire une Annexe H
distinction entre les diverses façons de considérer le comportement des assemblages en vue 5.2.2
de l'analyse globale. Il est admis qu'en général, en raison des déformations des assemblages,
les formes fléchies des éléments sont discontinues au niveau des assemblages. En fonction
des effets de cette discontinuité, on peut distinguer les cas suivants:
11. La discontinuité peut être négligée, c'est-à-dire que l'on considère que les assemblages
sont rigides, et l'ossature peut être analysée comme continue. Ceci est appelé
modélisation en structure continue.
12. La discontinuité peut être prise en compte en supposant un modèle d'assemblage articulé,
en profitant des rotations éventuelles sans tenir compte des moments résistants de
l'assemblage. Ceci est appelé modélisation en structure simple,
13. La discontinuité au niveau des assemblages peut également être prise en compte par la
modélisation en structure semi-continue dans laquelle on utilise un modèle
d'assemblage (c'est-à-dire un modèle d'assemblage semi-rigide) dont le comportement
moment-rotation est pris en compte plus précisément.
L'utilisation d'un type de modélisation en structure continue et en structure simple doit 5.2.2(2)
être justifiée par un choix approprié de type d'assemblage (classifications en assemblages
“rigide” et “simple” respectivement). Bien qu'il soit probable que, pour l'analyse d'un
grand nombre d'ossatures typiques, l'on choisisse une seule de ces possibilités de
modélisation pour les assemblages poutre-poteau dans la totalité de l'ossature, il est
possible d'envisager l'utilisation de différents types de modélisation pour diverses parties
d'une ossature donnée.
La modélisation des assemblages est introduite dans le cours 5 “Classification des
ossatures et représentation des assemblages” tandis que le sujet est traité dans sa totalité
dans le module 5 “Assemblages”.
2.1.7 Structures triangulées 6.2
Il convient normalement de modéliser les structures triangulées comme pourvues Annexe H
d'assemblages articulés même si les éléments extérieurs (éléments de membrures 5.2.3.1a)
supérieures et inférieures de poutres à treillis, par exemple) sont physiquement continus, 5.8
sauf dans les cas particuliers identifiés dans l'Eurocode 3, Partie 1-1. 5.8.1(1)
Lorsque les détails constructifs des assemblages entraînent l'introduction d'excentricités 5.9.2.2(5)
dans les éléments, il peut s'avérer nécessaire de modéliser l'assemblage de sorte à en tenir
compte. Des méthodes d'introduction des effets de telles excentricités dans ces structures
sont proposées dans l'Annexe H.
5.2.4
2.2 Prise en compte des imperfections
Les effets des imperfections réelles doivent être dûment pris en compte dans l'analyse
globale, dans l'analyse des systèmes de contreventement et dans le calcul des éléments.
Les imperfections réelles, qui incluent les contraintes résiduelles, sont des imperfections
géométriques tels un défaut de verticalité, un défaut de rectitude, un défaut d'ajustage
ainsi que les excentricités inévitables présentes dans les assemblages réels.
Il peut être tenu compte de ces imperfections par l'incorporation d'imperfections
géométriques appropriées avec des valeurs reflétant tous les types d'imperfection. 5.2.4.2
L'Eurocode 3 Partie 1-1 les traite en exigeant que deux sortes d'imperfection soient
comprises dans l'analyse globale de toutes les ossatures:
14. défauts d'aplomb initiaux (imperfections d'ossature),
15. et imperfections d'éléments, le cas échéant.
Les effets des imperfections d'éléments peuvent être négligés lors de l'analyse d'ossatures
rigides. Pour les ossatures souples comportant des poteaux élancés, il peut être exigé que 5.2.4.2(4)
les imperfections d'éléments soient incorporées dans l'analyse.
Les imperfections sont traitées dans le cours 5 “Classification des ossatures et

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représentation des assemblages”.

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2.3 Composants des ossatures


Une ossature est composée d'éléments et d'assemblages (cf Figure 3). Les éléments sont des
composants qui sont beaucoup plus longs que hauts, et les assemblages sont les zones où deux 5.1.3
éléments ou davantage sont assemblés. Les éléments sont classifiés en fonction du type de
chargement qu'ils supportent. Ils sont appelés poutres si la flexion est prédominante, poteaux
(éléments comprimés) ou éléments tendus si la charge axiale est prédominante, et poutres-poteaux
si à la fois la flexion et une charge axiale sont présentes de manière significative. Les poutres, les
poutres-poteaux et leurs assemblages constituent les éléments principaux des structures
d'ossatures.
Les éléments soumis uniquement à une traction axiale sont appelés éléments tendus. On
trouve ces éléments dans les systèmes de contreventement, dans les poutres à treillis ainsi que 5.5.3
dans les structures comprenant des parties suspendues (utilisant des tirants, par exemple).
Plutôt que d'avoir une catégorie séparée pour les éléments soumis à une flexion et à une
traction axiale simultanées, les poutres-poteaux peuvent être généralisées pour couvrir ce cas .
Pour les ossatures typiques il est courant de disposer les éléments de sorte à éviter la création
d'efforts de torsion significatifs. Dans ce cas, les efforts de torsion, bien qu'ils ne soient jamais
totalement absents, peuvent être négligés dans l'analyse globale. Pour les cas où l'on peut
prévoir une torsion significative, il convient d'utiliser des moyens appropriés pour déterminer
la torsion dans les éléments concernés (si elle n'a pas été déjà prise en compte dans l'analyse
globale) et il convient que le calcul de ces éléments la prenne en compte.
Poutre
Joint

Poutre-poteau

Figure 3 - Ossature et composants d'ossature

2.3.1 Poutres
5.1.5
La plupart des poutres sont calculées pour supporter des charges qui produisent uniquement une flexion
selon l'axe principal de forte inertie de la section transversale. Communément appelée flexion dans le
plan, elle constitue habituellement la condition qui gouverne le calcul pour les poutres des ossatures.
Parce qu'il se produit des imperfections initiales inévitables dans la géométrie de la poutre et une
faible excentricité involontaire des charges exercées sur la poutre, on observe toujours une certaine
torsion dans le cas de flexion dans le plan. Sous l'augmentation des charges, les déformations hors du
plan peuvent être amplifiées jusqu'à atteindre la limite d'utilisation de la poutre. On dit alors qu'il se
produit une ruine par déversement. Pour la plupart des ossatures typiques ce type de ruine peut en
général être évité par un maintien latéral approprié de la semelle comprimée (maintien aménagé dans
le plan du plancher ou constitué par la dalle de plancher elle-même, par exemple).
Les poutres sont constituées d'éléments plats qui peuvent parfois être sensibles au voilement local. La
combinaison de voilement local et de déversement peut être une cause de ruine de certaines poutres
en acier dans une structure. La flexion biaxiale survient lorsqu'il existe une flexion dans la section de
l'élément selon les axes de forte et de faible inertie simultanément. Comme dans le cas de flexion
dans le plan, une certaine torsion se produit inévitablement. Cependant la flexion biaxiale des poutres
est rare et la torsion peut en général être négligée dans les éléments de la plupart des ossatures
typiques. Les effets de la plasticité dans la section transversale, lorsqu'elle survient, peuvent accélérer
les effets énumérés ci-dessus.

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2.3.2 Eléments soumis à une charge axiale: poteaux, éléments tendus


Les éléments soumis à une compression axiale, comme les poteaux et les jambes de force, peuvent
5.1.3
être classifiés par longueur. Tandis que la ruine d'un élément comprimé court (poteau, dé ou selle
5.1.4
d'appui) survient par écrasement ou aplatissement, celle d'un élément comprimé long ou élancé se
produit par instabilité au flambement. La charge d'aplatissement apparaît lorsque survient une
plastification totale en compression dans la section transversale de l'élément. La charge de ruine d'un
élément comprimé quelconque dont la ruine survient par flambement dépend de son élancement et,
par conséquent, peut être considérablement plus faible que sa charge d'aplatissement.
Alors que les contraintes résiduelles ont peu d'effet sur la charge d'aplatissement, elles réduisent la
charge de flambement. Les excentricités des charges ainsi que les défauts de rectitude de l'élément 5.2.4.5
abaissent la charge de ruine au-dessous de la charge d'aplatissement et réduisent la charge de
flambement.
Les formules de résistance au flambement données dans l'Eurocode 3 pour les éléments
nominalement rectilignes prennent en compte une courbure initiale inévitable des éléments (c'est-à-
dire un défaut de rectitude) et les contraintes résiduelles présentes après la production et/ou la
fabrication.
5.4.3
La résistance de calcul des éléments tendus est basée sur la plastification de la section brute et/ou la
rupture de la section nette. Une attention particulière doit être apportée aux emplacements où un
comportement ductile est exigé. Les tirants élancés, câbles et haubans inclinés peuvent nécessiter un
traitement analytique particulier étant donné que leur comportement, qui est fortement influencé par
le fléchissement provoqué par le poids propre, est non-linéaire.

2.3.3 Poutres-poteaux 5.1.6


Les éléments soumis à la fois à une compression axiale et à une flexion significatives sont
appelés poutres-poteaux. De tels éléments sont de manière typique les éléments verticaux
d'une structure d'ossature.
Les éléments soumis à la fois à une traction axiale et à une flexion significatives peuvent être
inclus dans cette catégorie. A dire vrai, la plupart des éléments sont des poutres-poteaux; les
poutres représentent le cas limite où les efforts axiaux peuvent être négligés et les poteaux
constituent le cas limite où les moments fléchissants ne sont pas significatifs.

2.3.4 Assemblages 5.1.7


Historiquement, la pratique courante a longtemps consisté à considérer les assemblages
comme étant soit rigides soit articulés. Même si cette pratique a toujours cours aujourd'hui, il
est à présent possible de modéliser le comportement des assemblages avec davantage de
précision (cf cours 5 “Idéalisation des Assemblages” et module 5 “Assemblages”).
Les principales forces qu'un assemblage entre deux éléments doit transmettre sont l'effort
tranchant et, lorsque l'assemblage n'est pas articulé, le moment fléchissant dans le plan. La
charge axiale, qui est significative pour les poteaux, les poutres-poteaux et les éléments
tendus mais qui ne l'est en général pas pour les poutres, et tout moment et/ou effort tranchant
hors du plan ainsi que toute torsion dans les éléments assemblés doivent également être
transmis.

2.4 Concepts fondamentaux de l'analyse des structures


La première étape de l'établissement d'un modèle de la structure à analyser consiste à définir
la configuration. Etant donné que les éléments entrant dans la composition des structures
typiques sont pour la plupart constitués d'éléments rectilignes disposés entre les points
d'assemblage sur d'autres éléments, la géométrie de la structure est habituellement définie par
les coordonnées de ces points.
A partir de ces informations géométriques essentielles, on établit les degrés de liberté de la
structure. Pour compléter cet aspect, certaines informations supplémentaires doivent être
fournies en ce qui concerne la relaxation de forces en des emplacements particuliers de la
structure. Ceux-ci concernent pour la plupart l'idéalisation des conditions d'appui et
éventuellement du comportement en d'autres emplacements (habituellement les assemblages)

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de la structure où un mouvement relatif (par exemple un déplacement latéral) ou une rotation


relative (par exemple au niveau d'assemblages articulés) sont autorisés.
Les degrés de liberté, habituellement définis comme les déplacements et les rotations des
assemblages, sont utilisés dans le modèle d'analyse pour décrire la forme déformée de la structure
sous l'effet des charges. Lorsque les composants des assemblages sont modélisés comme éléments
séparés, ceci implique habituellement une augmentation du nombre de degrés de liberté.

Une fois que la géométrie de la structure a été fixée, il est nécessaire de définir les caractéristiques 3
des matériaux (c'est-à-dire les lois de comportement des matériaux pour les aciers choisis) ainsi 2.3.2.3
que le caractère des charges. Par un calcul préliminaire, on établit alors les caractéristiques de
section transversale des éléments ainsi que les caractéristiques des assemblages.

La solution de tout problème d'analyse de structure exige que les variables de la structure
(forces, déformations) satisfassent trois lois physiques ou principes fondamentaux, à savoir:
Equilibre: les efforts exercés dans les éléments et les assemblages ainsi que les
charges appliquées de l'extérieur doivent satisfaire les équations d'équilibre statique
(ou dynamique) dans la totalité de la structure.
Compatibilité: les déformations des éléments doivent être géométriquement compatibles
avec les déplacements et rotations des assemblages (y compris des appuis); c'est-à-dire
que la continuité structurale doit être conservée dans la totalité de la structure.
Lois constitutives: les efforts exercés dans les éléments et les assemblages (contraintes
dans le matériau) ainsi que les déformations des éléments et des assemblages (déformations
dans le matériau) doivent satisfaire les lois de comportement pour le matériau dans lequel
ils sont construits. La loi de comportement fondamentale pour un matériau est sa relation
contraintes-déformations qui comprend la valeur du module d'Young, la limite d'élasticité
et la capacité ductile de ce matériau. D'autres lois qui en sont dérivées et destinées à établir
le comportement et la résistance des éléments et des assemblages sous une combinaison de
flexion, de cisaillement et de charge axiale peuvent également être prises en compte dans
des procédures perfectionnées d'analyse de structures.

Au coeur de tout modèle d'analyse de structure se trouve le modèle d'élément structural


représentant le comportement des composants fondamentaux (éléments et assemblages). Pour
les éléments, le modèle exprime les relations existant entre les déplacements et les rotations
au niveau des assemblages d'extrémité de l'élément et les forces qui y sont appliquées (forces
sur les éléments). Ces relations satisfont les trois principes fondamentaux d'équilibre, de
compatibilité et de lois constitutives au niveau de toutes les sections sur la longueur de
l'élément. L'élément structural représentant l'assemblage, lorsqu'il est inclus, est élaboré selon
des principes similaires à ceux utilisés pour un autre élément bien que les lois constitutives
utilisées soient souvent en partie basées sur des relations empiriques et/ou semi-empiriques
établies par un étalonnage effectué au moyen de résultats d'essais.
Le modèle d'élément structural utilisé dans la plupart des techniques d'analyse informatisées
pour représenter le comportement de composants d'ossatures prend la forme d'une matrice de
rigidité. De cette façon, la solution de l'analyse implique la satisfaction de l'équilibre et de la 5.2.2.4
compatibilité au niveau des assemblages entre les éléments. On peut utiliser plusieurs 5.2.3.3
éléments pour représenter un seul composant d'une ossature.

De nombreux programmes d'analyse utilisés de nos jours supposent que les assemblages sont
soit articulés soit rigides. Cependant, ils est habituellement possible d'introduire des éléments
d'assemblages (c'est-à-dire une modélisation en structure semi-continue) et d'indiquer pour
eux un modèle de comportement. En particulier, on peut étudier l'influence des mouvements
de la fondation en affectant des caractéristiques appropriées aux assemblages des appuis. En
supposant que les assemblages situés aux extrémités d'une poutre sont en fait une extension
de la poutre elle-même, il est possible d'établir un élément de poutre équivalent incluant les
caractéristiques des assemblages. Cette dernière technique est utile pour les calculs manuels
et en particulier pour l'étude de la stabilité dans le plan d'une ossature ou d'un élément
individuel incluant le comportement des assemblages.

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Analyse et calcul des ossatures
Idéalisation et analyse des ossatures

La méthode d'analyse structurale informatisée la plus couramment utilisée est basée sur le
calcul des déplacements et des rotations satisfaisant la compatibilité au niveau de chaque
assemblage, l'équilibre étant assuré par l'application des lois constitutives. Cette méthode est
appelée "méthode des déplacements". L'approche alternative consiste à calculer les forces
exercées dans les éléments qui satisfont l'équilibre au niveau de chacun des asemblages, tout
en assurant la compatibilité par l'application des lois constitutives. Cette dernière approche,
connue sous le nom de "méthode des forces", est bien adaptée aux procédures d'analyses
manuelles telle la méthode par répartition des moments. Cependant, elle est moins bien
adaptée aux techniques informatisées que la méthode des déplacements.

En raison de la nature des nombreuses hypothèses simplificatrices sur lesquelles elles sont
basées, de nombreuses méthodes manuelles et informatisées actuelles utilisées pour l'analyse
des structures ne détectent pas l'apparition d'une instabilité de la structure. L'instabilité peut
se produire en raison du voilement local d'une partie de la section transversale d'un élément
(âme ou semelle) ou d'un assemblage, du flambement d'un élément (y compris le 5.2.2.1(6)
déversement) ou de l'instabilité par flambement d'une partie ou de la totalité de la structure. 5.2.6
Par conséquent, outre l'analyse de la structure, une analyse supplémentaire et/ou des mesures
de calcul doivent en général être entreprises pour se prémunir contre les phénomènes
d'instabilité. Ces mesures dépendent plus ou moins du type et de la complexité du modèle
d'analyse ainsi que du ou des type(s) d'éléments et d'assemblages utilisés.

3. Méthodes d'analyse globale d'ossatures


3.1 Généralités
La détermination du comportement charges-déformations réel exige en général l'utilisation
d'une méthode d'analyse sophistiquée. Pour des raisons pratiques, on formule pour l'ossature
5.2.1.1
et pour les modèles des éléments et des assemblages qui la composent des hypothèses qui
permettent d'obtenir une limite sûre pour la charge ultime. Par conséquent, les modèles vont
de la simple analyse élastique ou de l'analyse rigide-plastique à l'analyse élastique-plastique
la plus complexe, qui peut fournir une représentation fidèle du comportement réel de la
structure.

La première distinction importante pouvant être faite entre les méthodes d'analyse est celle
qui sépare les méthodes élastique et plastique. Alors que l'analyse élastique peut être utilisée
dans tous les cas, l'utilisation de l'analyse plastique est soumise à quelques restrictions. Une
autre distinction importante est celle qui doit être faite entre les méthodes qui prennent en
5.2.1.2
compte et celles qui négligent les effets de la configuration déplacée réelle de la structure. Ce
sont les méthodes basées sur la théorie du second ordre et du premier ordre respectivement.
Alors que la théorie du second ordre peut être adoptée dans tous les cas, la théorie du premier
ordre ne peut être utilisée que lorsque les effets de déplacements sur le comportement de la
structure sont négligeables ou lorsqu'ils peuvent être incorporés d'une autre façon.

Dans la discussion suivante concernant les méthodes d'analyse, pour des raisons de clarté, il
sera fait référence uniquement à des ossatures en deux dimensions soumises à un chargement
et à des déformations dans le plan.

Bien qu'une seule combinaison de charges soit discutée, il est entendu que toutes les
combinaisons de charges doivent être analysées.

3.2 Effets du second ordre


Les déplacements provoqués par les charges extérieures modifient le comportement de la
structure et la répartition des efforts internes (appelés "sollicitations") dans les éléments. Il est
donc nécessaire d'évaluer dans quelle mesure ils sont significatifs de façon à pouvoir prendre
des dispositions appropriées pour en tenir compte le cas échéant.

Analyse et calcul des ossatures 12


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Analyse et calcul des ossatures
Idéalisation et analyse des ossatures

Pour les ossatures à cadres, les modifications les plus significatives du comportement linéaire
sont provoquées par le déplacement latéral et les charges axiales. Pour illustrer ces
modifications nous prenons l'exemple d'une console fixe soumise à une combinaison de
charges axiale et transversale appliquées sur l'extrémité libre, cf Figure 4. La console est
représentative d'une partie de la hauteur d'un poteau, c'est-à-dire depuis sa base jusqu'au point
d'inflexion situé près de la mi-hauteur, dans une ossature à cadres soumise à un déplacement
latéral. Le déplacement du point d'inflexion est proche de la moitié du déplacement latéral
relatif entre le plancher situé au-dessus du poteau et le plancher situé au-dessous du poteau.
Pour des raisons de clarté, hormis la force horizontale au point d'inflexion et la réaction
correspondante au niveau de la base, on suppose qu'aucune autre charge horizontale (telles les
charges sur la portée provoquées par le vent, par exemple) n'est appliquée sur l'élément.
(Note: la charge axiale a été désignée ici par le symbole P pour faire référence à la
terminologie couramment utilisée dans la littérature consacrée aux effets du second ordre.
Elle serait normalement désignée par N dans l'Eurocode 3 Partie 1-1).
En présence de la charge axiale, du déplacement latéral au sommet de l'élément et de la
courbure de l'élément lui-même, des effets du second ordre sous forme de moments
secondaires sont induits dans la longueur de l'élément. Il en résulte que les déformations
réelles du poteau sous l'effet d'un chargement donné sont plus grandes que celles prévues par
une analyse du premier ordre (c'est-à-dire lorsque les effets secondaires sont négligés).
P P
Déplacement H 
H
Charge latéral
x x

h 

Ossature M(x) = Hx M(x) = Hx +P  + P  x / h


M(h) = Hh M(h) = Hh + P 
où h représente la hauteur entre la base du poteau et le point d'inflexion
 représente le déplacement latéral du point d'inflexion par rapport à la base du poteau

Figure 4 - Moments du premier et du second ordre


dans une poutre-poteau
On peut voir qu'un moment du second ordre global, communément appelé effet P-D , apparaît
dans l'élément en raison du déplacement latéral relatif ( D ) entre la partie haute et la partie
basse de l'élément. En outre, un moment du second ordre local, communément appelé effet
P-d, apparaît dans l'élément soumis à une charge axiale en raison des flèches ( d ) qui se
produisent par rapport à la corde reliant les extrémités de l'élément.
Pour les ossatures à cadres, alors que l'effet P-d apparaît encore lorsque la déformation latérale est
empêchée, les effets P-D et P-d apparaissent tous les deux lorsqu'un déplacement latéral peut se
produire. Dans le cas de déplacement latéral d'ossatures à cadres typiques, l'effet P-D est
habituellement beaucoup plus significatif que l'effet P-d. Il est toujours nécessaire d'évaluer si les
effets de déplacement latéral dans une ossature sont significatifs ou non, alors que la prise en compte
de l'effet P-d n'est nécessaire que pour les éléments particulièrement élancés (cf lecture 5
5.2.5.2(4)
“Classification des Ossatures et Représentation des Assemblages”).
(Note: L'Eurocode 3 Partie 1-1 ne mentionne que la flèche latérale, pour laquelle il utilise le
symbole d ).
Ces deux effets surviennent quel que soit le sens de la charge axiale, qu'elle se produise en
compression ou en traction. En ce qui concerne la stabilité de l'élément et la stabilité globale

Analyse et calcul des ossatures 13


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de l'ossature, les effets secondaires provoqués par des forces de traction sont favorables alors
que celles provoquées par des forces de compression sont défavorables.

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Idéalisation et analyse des ossatures

3.3 Méthode des équations moments-rotations


On peut arriver à une compréhension élémentaire de l'analyse de structure élastique en
examinant les équations moments-rotations pour un élément de poutre simple ou de poutre-
poteau. En partant des équations pour une théorie du premier ordre, nous expliquerons
comment les effets du second ordre peuvent être introduits.

3.3.1 Analyse élastique du premier ordre


Les équations moments-rotations fondamentales expriment le moment exercé à l'extrémité
d'un élément sous forme de superposition des moments d'extrémité provoqués par les charges
extérieures sur l'élément avec des extrémités supposées fixes et des moments provoqués par
les rotations et déplacements d'extrémité réels. Pour exprimer l'équilibre des assemblages, on
établit un ensemble d'équations simultanées où les moments provoqués par les déplacements
et rotations des assemblages sont exprimés sous forme de fonctions linéaires de ces mêmes
déplacements et rotations. Ces équations sont utilisées pour établir les termes concernant la
flexion et le cisaillement dans la matrice de rigidité de l'élément.

Lorsque l'on fait appel aux équations moments-rotations pour analyser une ossature souple, on
utilise la compatibilité des rotations de l'élément au niveau des assemblages. En outre, on
établit également des équations exprimant l'équilibre latéral de chaque plancher. La solution
de la totalité du système d'équations donne les déplacements et rotations d'assemblages
inconnues. Lorsque l'on substitue ceux-ci dans les équations moments-rotations originales
pour chaque élément, on obtient les moments d'extrémité. On peut alors calculer les réactions
d'extrémité.

Les équations moments-rotations constituent en fait une application de la méthode plus


générale des déplacements de l'analyse élastique du premier ordre aux ossatures planes, dans
laquelle les effets de l'énergie de déformation axiale et par cisaillement peuvent être négligés
par rapport à l'énergie de déformation par flexion. Cette simplification est habituellement
justifiée lorsqu'on analyse des ossatures.
V
BA

B N

B MBA

MAB A
AB

N A

VAB

Figure 5 - Déformation de poutre-poteau


La Figure 5 illustre la convention de signes adoptée ici, et les symboles utilisés pour les
moments, les efforts tranchants, les rotations et les déplacements latéraux. (Note: le
déplacement D est bien inférieur à la longueur de l'élément L).
Les équations moments-rotations fondamentales pour l'élément peuvent alors être établies
ainsi:
 EI 
M AB    4 A  2 B  6 AB   M AB 
L 
1)
 EI 
M BA    2 A  4 B  6 AB   M BA 
L 

Analyse et calcul des ossatures 15


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où, outre les symboles définis dans la Figure 5,


M AB et M BA moments au niveau des noeuds d'assemblages A et B,
M AB et M BA moments d'extrémité fixe pour les seules charges latérales de l'élément,

 AB  pente de la corde AB provoquée par le déplacement latéral.
L
Les efforts tranchants correspondants au niveau des extrémités de l'élément sont obtenus par
les relations suivantes:

V AB 
M AB  M BA  V
AB
L
2)

V BA 
M AB  M BA  V
BA
L
où VAB et VBA , représentent les cisaillements d'extrémité pour une poutre à appuis libres de
portée L.
Note: Les équations moments-rotations données ci-dessus sont valables pour le cas
d'assemblages rigides. On utilise des équations modifiées lorsque les rigidités de flexion de
l'assemblage sont prises en compte [4].
On utilise les équations moments-rotations, les équations d'efforts tranchants et la relation
habituelle entre charge axiale et déformation axiale pour la dérivation de la matrice de
rigidité au premier ordre pour chaque élément dans les programmes d'analyse [5]. Lorsque le
déplacement latéral est empêché, la contribution du terme de déplacement latéral (6  AB )
peut être omise.
Lorsque les équations moments-rotations ou la méthode par redistribution des moments sont
utilisées pour l'analyse d'ossature souples, il est courant d'analyser la structure d'abord pour toutes les
charges de calcul agissantes mais en empêchant le déplacement latéral. Les effets du déplacement
latéral sont alors obtenus par une analyse séparée et les résultats de ces deux analyses sont
superposés. Pour l'analyse du déplacement latéral séparée, on utilise des équations qui expriment
l'équilibre entre les forces horizontales extérieures agissant à chaque niveau (c'est-à-dire la somme
des cisaillements des poteaux) et les moments correspondants dans les poteaux du niveau. Les forces
horizontales agissant sur la structure sont données par la première analyse par les valeurs des
réactions horizontales (nécessaires pour empêcher le déplacement latéral) à chaque niveau de
plancher, mais appliquées dans le sens opposé. L'équation d'équilibre latéral du premier ordre pour
chaque plancher prend la forme suivante, la sommation s'effectuant sur la totalité des poteaux du
niveau donné i,:

 M
j
AB,sway  M BA ,sway  j
 hi [H i ]

3)
où Hi représente l'effort tranchant extérieur total agissant sur le plancher i de hauteur hi et A
et B désignent les deux extrémités d'un poteau typique j.
Les moments d'extrémité fixe initiaux provoqués par le déplacement latéral dans chaque
poteau pour cette analyse, où tout déplacment latéral supplémentaire au niveau de chaque
plancher est empêché, sont calculés au moyen de la formule suivante:

6EI i
M AB  M BA  4)
h 2i
où Di représente le déplacement latéral du plancher supporté par les poteaux du niveau i par
rapport au plancher situé au-dessous et qui constitue l'inconnue à résoudre.
Cette approche implique la réalisation d'une analyse séparée pour le déplacement latéral d'un
seul plancher à la fois. Les valeurs finales des déplacements latéraux peuvent être calculées
au moyen de la série d'équations de déplacements latéraux, sachant qu'il existe autant

Analyse et calcul des ossatures 16


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d'équations que de déplacements latéraux de planchers inconnus.

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3.3.2 Analyse du second ordre


Lorsque les effets P-D et P-d sont négligés, chaque élément structural est caractérisé par une
matrice de rigidité linéaire pour une analyse élastique du premier ordre. Le résultat de cette
approche n'est acceptable que lorsque les éléments de poteaux supportent des charges axiales
relativement faibles (c'est-à-dire lorsque les poteaux sont relativement trapus).

L'importance de l'effet de charge axiale P-d est contrôlée par le rapport de la charge axiale de
l'élément NAx à la charge de flambement d'Euler NE . Pour un élément de longueur L et
 2 EI
d'inertie de flexion I, la charge d'Euler est donnée par N E  . L'effet P-d peut être
L2
pris en compte en modifiant les termes de la matrice de rigidité linéaire de telle sorte qu'ils
N Ax
incluent des termes (fonctions de stabilité) qui sont des fonctions du rapport   .
NE
La charge axiale modifie effectivement la rigidité de l'élément.

Note: Une distinction est faite ici entre la charge axiale dans l'élément NAx (prise comme
agissant sur la longueur de la corde AB) et la charge N appliquée au niveau des extrémités
de l'élément comme indiqué dans la Figure 5. Lorsqu'il existe un déplacement latéral, la
charge axiale de l'élément est légèrement différente de la charge N. Cette différence est en
général négligée étant donné que les déplacements latéraux sont relativement faibles (
Cos AB  1 et Sin AB   AB ).

Les équations suivantes sont les équations moments-rotations modifiées pour l'élément:

 EI 
M AB    s A  sc B  s (1  c) AB   mM AB 
 L 
5)
 EI 
M BA    sc A  s B  s (1  c) AB   mM BA 
 L 
Les formules pour les termes s, c et m donnent des valeurs de 4, 0,5 et 1 respectivement
lorsque   0 et donc les équations sont alors les mêmes que pour l'analyse du premier
ordre. Les autres termes des équations sont ceux définis pour l'analyse du premier ordre (cf
Figure 5).

Le paramètre m indique que les moments d'extrémité fixe sont légèrement différents que pour
l'élément sans charge axiale. Il peut être exprimé en fonction des paramètres s et c. Par
exemple, pour une charge uniformément répartie il a la valeur de 6/[s(1 + c)]. (cf référence
[5]). Il a pour effet d'augmenter les moments d'extrémité fixe lorsque la charge axiale est en
compression et de les réduire lorsqu'elle est en traction. L'influence de ce terme est parfois
négligée.
(Bien que les formules donnant ces paramètres non-dimensionnels pour une charge en
traction et pour une charge en compression soient différentes, elles convergent vers les
mêmes valeurs pour   0. Il existe pour elles des valeurs numériques approchées,
adaptées aux applications informatiques, qui permettent de n'avoir qu'une seule expression
tant pour les formules de traction que pour celles de compression (cf référence [8]).

Comparées avec celles utilisées pour l'analyse du premier ordre, les équations utilisées pour
les efforts tranchants d'extrémité sont également modifiées: elles comprennent à présent un
nouveau terme prenant en compte l'effet du déplacement latéral. Ce nouveau terme représente
l'effet P-D .

Analyse et calcul des ossatures 18


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En notant que la charge axiale N est prise positive pour une charge axiale de compression, les
équations deviennent les suivantes:

V AB 
M AB  M BA   N  VAB
AB
L

V BA  
M AB  M BA   N  VBA
AB
L
6)
Un traitement complet de l'analyse du second ordre des ossatures planes est donné dans les
références [6,7,8] où l'on montre comment étendre l'analyse du second ordre à la ruine (instabilité
comprise) dans le domaine élasto-plastique. Les équations 5) et 6) indiquent les modifications les
plus importantes des termes de rigidité de flexion et de cisaillement de l'élément alors qu'un
traitement plus approfondi montre que le déplacement latéral introduit d'autres termes d'ordre
supérieur dans les termes de rigidité de charge axiale et de cisaillement. La matrice de rigidité
modifié qui en résulte pour la totalité de la structure est non-linéaire étant donné que les termes de
rigidité sont alors des fonctions des déplacements latéraux réels ainsi que des charges axiales de 5.2.1.1(5)
l'élément. En effet, l'équilibre de la structure est établi sur sa forme déformée. Une analyse du
second ordre est habituellement effectuée en augmentant toutes les charges par incréments mais
on peut également utiliser une convergence obtenue par une procédure itérative [6].
Il est admis que pour les ossatures typiques avec déplacement latéral ne comportant pas de 5.2.4.2(4)
poteaux très élancés, étant donné que l'effet P-d est alors négligeable comparé à l'effet P-D ,
l'utilisation directe de la théorie non-linéraire n'est pas indispensable. Des approches plus
simples, basées sur l'itération d'une analyse du premier ordre, par exemple, peuvent être
utilisées en toute sécurité dans ces cas. Des méthodes de prise en compte de l'effet P-D ,
essentiellement basées sur la satisfaction des équations d'efforts tranchants modifiées données
ci-dessus, sont décrites dans la section suivante.
L'Eurocode 3 Part 1-1 ne mentionne pas explicitement les effets P-d, considérant
probablement que les courbes de flambement les prennent normalement suffisamment en
compte, au moins pour les poutres-poteaux dans les ossatures rigides. Néanmoins, il convient
de prendre des précautions lorsque l'on utilise des éléments très élancés ou des éléments 5.2.4.2(4)
incurvés étant donné que les moments survenant sur la totalité de leurs longueurs sont
modifiés. Les méthodes les plus simples d'analyse du second ordre ne sont en général pas
adaptées à de tels cas particuliers et l'analyse du second ordre plus exacte peut s'avérer
nécessaire. L'élément est modélisé au mieux par un certain nombre d'éléments qui permettent
également d'introduire des imperfections d'éléments. De cette façon, les sollicitations
exercées au niveau des noeuds ainsi générés sur la longueur de l'élément et à ses extrémités
peuvent être obtenues par l'analyse.

3.3.3 Approche par charge latérale équivalente pour l'analyse du


second ordre
Sur la Figure 4, on observe que le moment d'extrémité au niveau de la base du poteau a
augmenté par rapport à la valeur du premier ordre de [Hh] à [Hh + P D ], comme si la charge
horizontale effective (effort tranchant) avait été augmentée de [P D/h] en raison du déplacement
latéral.
Cette approche implique l'utilisation des valeurs initiales des charges axiales et des déplacements
latéraux de planchers données par une analyse linéaire-élastique du premier ordre de la totalité de
la structure pour les charges verticales et horizontales. A partir de ces charges axiales et de ces
déplacements latéraux, on détermine la force horizontale supplémentaire "équivalente" de [PDf /hs]
à appliquer au sommet de chaque poteau de chaque niveau (c'est-à-dire au niveau du plancher qu'il
supporte) dans le sens du déplacement latéral. Dans cette expression, hs représente la hauteur
d'étage d'un poteau donné et Df représente le déplacement latéral relatif entre le sommet et la base
du poteau. Etant donné que des forces horizontales égales mais opposées sont appliquées à la base
de chaque poteau, il n'y a pas d'augmentation de la force horizontale résultante appliquée à la

Analyse et calcul des ossatures 19


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Idéalisation et analyse des ossatures

structure dans sa globalité. La force horizontale supplémentaire totale à un niveau de plancher


donné quelconque est donnée par la somme calculée pour tous les poteaux du niveau inférieur
diminuée de la somme calculée pour tous les poteaux du niveau supérieur (le cas échéant).
Le résultat est un système de forces fermé.
Une nouvelle analyse du premier ordre est effectuée de façon à incorporer les effets des charges
horizontales "équivalentes" appliquées au niveau de chaque plancher (y compris celles appliquées au
niveau des fondations). Il est nécessaire de répéter cette procédure jusqu'à ce que les valeurs des
déplacements latéraux des planchers convergent pour atteindre un niveau acceptable de précision. Si l'on
n'obtient pas de convergence en quelques itérations, on peut en conclure que la structure est instable.
Lorsque la convergence est établie, les sollicitations obtenues dans chaque élément incluent alors les effets
P-D.
Cette méthode est résumée dans la Figure 6. Les déplacements latéraux initiaux sont notés  i
dans la Figure 6, où i indique le niveau d'étage.
Le cisaillement d'étage additionnel total pour un niveau d'étage quelconque est calculé par:

Vi ' 
 P i
  i 1 
i
hi
7)
Vi' cisaillement additionnel dans l'étage i provoqué par les forces de déplacement
latéral;
P i somme des charges axiales des poteaux pour le niveau d'étage i ;
hi
hauteur de l'étage i situé entre les niveaux de planchers i-1 et i;
 i ,  i 1 déplacements latéraux totaux des niveaux de planchers i et i-1 respectivement,
c'est-à-dire déplacements latéraux par rapport au niveau de fondation (niveau 0) où l'on
suppose aucun mouvement latéral.
Le déplacement latéral de tous les étages d'un bâtiment est supposé se produire dans le même
sens. Le cisaillement d'étage au sommet des poteaux est de sens opposé à celui qui se produit
à la base des poteaux. La force de déplacement latéral totale “équivalente” agissant à un
niveau de plancher quelconque est donc calculée comme la différence existant entre le
cisaillement d'étage “additionnel” des poteaux de l'étage situé au-dessous du plancher et celui
des poteaux de l'étage situé au-dessus du plancher, à savoir :
H i'  Vi '  Vi ' 1 8)
La structure est analysée à nouveau au moyen de la théorie du premier ordre, soit pour les
forces de déplacement latéral H ' agissant seules puis en combinant les résultats avec ceux
obtenus par la première analyse, soit en les incluant dans les forces latérales pour le cas où
toutes les charges sont agissantes. Lorsque les valeurs  i à la fin d'un cycle sont proches
(par exemple dans une marge de 5%) de celles données par le cycle précédent, on peut
considérer que la méthode a suffisamment convergé.
Certains programmes informatiques actuellement utilisés effectuent ainsi l'analyse des
déplacements latéraux du second ordre.

3.3.4 Méthode des équations moments-rotations modifiée


La somme des charges axiales dans la totalité des poteaux d'un étage doit être égale à la charge
verticale totale appliquée à cet étage. La valeur de la somme des charges axiales des poteaux d'un
étage quelconque peut être obtenue soit par un calcul manuel soit par une analyse du premier
ordre.
Lorsque l'on utilise la méthode des équations moments-rotations, une façon simple d'inclure
les effets P-  consiste à utiliser une équation de moments modifiée exprimant l'équilibre
latéral d'un étage. L'équation de déplacement latéral modifiée devient la suivante:

 M
j
AB,sway 
 M BA ,sway   i  P j  h i [ H i ]
j
9)

Analyse et calcul des ossatures 20


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Idéalisation et analyse des ossatures

où P j
j est la somme connue des charges axiales dans les poteaux j de l'étage i et  i le
déplacement latéral de l'étage i. Les autres termes sont définis comme pour les équations
moments-rotations de base.

Cette approche conduit à une solution directe pour le déplacement latéral incluant les effets
P-  sans nul besoin d'une quelconque itération dans les calculs. L'équation de moments
modifiée peut également être utilisée lorsqu'on fait appel à la méthode par redistribution des
moments.

Hi
 Pi

analyse du 1er ordre

Flèche latérale i
i
H'i+1
i+1
 i+1 Pi+1

V'i+1

h i+1
étage i+1 Calculer P  cisaillement V'
 Pi ( -
V'1 =  i  i-1 )
V'i+1 hi
H' i Calculer P  force H'
i Pi+1
H'i = V'i - V' i+1
 Pi
i Calculer force efficace totale
V' Hi + H'i
i

hi
étage i Hi = Hi + H'i
 Pi
V'i Hi + H'i
H'i-1
Pi
i-1
 i-1 Pi-1

V'i-1 analyse du 1er ordre


h i-1
étage i-1 Flèche latérale i
i

V'i-1
H'i-2
i-2 Pi-1
 i-2

valeurs  i presque égales


à celles du cycle précédent

Oui Non

Stop

(a) (b)

Figure 6 - Procédure des forces latérales équivalentes

Analyse et calcul des ossatures 21


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Analyse et calcul des ossatures
Idéalisation et analyse des ossatures

Analyse et calcul des ossatures 22


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Idéalisation et analyse des ossatures

4. Analyse globale élastique d'ossatures


4.1 Théorie du premier ordre

4.1.1 Hypothèses, limitations, exigences de sections et


d'assemblages Tableau 5.2.1
L'analyse linéaire-élastique implique un comportement linéaire indéfini des sections et des 5.2.1.3
assemblages (cf Figure 7). L'équilibre est exprimé par référence à la configuration non
déformée de la structure dans une analyse du premier ordre.

M Elastique Mj Elastique

Mj

M M

 
Caractéristique moment rotation de la section Caractéristique moment rotation de l'assemblage

Figure 7 - Caractéristiques moment rotation de l'élément et de


l'assemblage
5.2.1.3(2)
A priori, aucune exigence concernant la capacité des sections et des assemblages à montrer
5.3.2
un comportement ductile (classe de section transversale de l'élément, classe de ductilité de
l'assemblage) n'est imposée. Cependant la classe de section transversale de l'élément à
adopter finalement dépend du type de vérification de section transversale (critères de
résistance ultime) utilisé.

4.1.2 Analyse des ossatures


Une analyse globale élastique du premier ordre avec un comportement linéaire des éléments
et des assemblages aboutit à une courbe charges-flèches linéaire (cf Figure 8).

Paramètre
de charge

Analyse élastique du 1er ordre


comportement linéaire des éléments et assemblages

Paramètre de déplacement

Figure 8 - Comportement charges-déplacements: Analyse


élastique du premier ordre

Analyse et calcul des ossatures 23


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Idéalisation et analyse des ossatures

Les imperfections de l'ossature doivent être prises en compte dans l'analyse. 5.2.4
L'utilisation d'éléments à section variant en fuseau est très courante pour les ossatures de 5.5.1.3
portiques à un seul niveau et à traverse brisée. Il est habituel de modéliser chacun de ces
éléments en utilisant un nombre suffisant d'éléments de section constante. Une alternative
pour les ossatures à base articulée et à travée unique consiste à utiliser une méthode semi-
graphique basée sur un modèle élastique exact pour les éléments à section variant en fuseau
(cf référence [9]) qui est valable pour l'analyse tant du premier ordre que du second ordre.
Les concepteurs connaissent très bien l'analyse élastique du premier ordre qui est le plus simple de
tous les types d'analyse possibles. Au fil des ans, on a élaboré diverses méthodes destinées au
calcul manuel telles la méthode des équations pente-flèche, la méthode par répartition des
moments, ainsi que des formules analytiques (parfois présentées sous forme graphique non-
dimensionnelle) pour une analyse rapide. Elles peuvent être généralisées de sorte à inclure le
comportement des assemblages [4]. Il en va de même pour les procédures basées sur la
formulation de matrices, qui ont à présent presque totalement supplanté les méthodes manuelles,
étant donné que l'utilisation d'ordinateurs est devenue une pratique courante dans les bureaux
d'études.
Un avantage considérable de l'analyse élastique du premier ordre est qu'elle permet
d'appliquer le principe de superposition des charges et des effets des charges.

4.1.3 Calcul des ossatures


Cet aspect est traité de façon plus détaillée dans le cours 6 “Choix de l'analyse d'ossature et
implications pour le calcul”.
L'analyse élastique du premier ordre procure une base sûre pour le calcul tant que le
comportement prévu de la structure ne diffère que légèrement du comportement réel sur une
plage de charges importante (c'est-à-dire pour les structures soumises à de faibles charges
axiales).
Il est nécessaire de vérifier la stabilité globale de l'ossature. La charge critique de flambement
élastique pour l'ossature peut être évaluée au moyen d'une analyse particulière (cf références
[5,6]) ou par une procédure approchée (cf cours 5 “Classification des ossatures et
représentation des assemblages”). 5.2.6

Pour la plupart des ossatures, une analyse élastique du premier ordre procure en général un
bon outil pour la prévision du comportement de la structure et de ses éléments à l'état limite
de service (flèches admissibles). A ce niveau de charges, les effets non-linéaires sont
relativement faibles. 4.2, 4.3
Une fois que l'on a déterminé les forces de calcul (forces axiales, moments fléchissants et
efforts tranchants) dans la totalité de la structure, la liste suivante donne les principales
vérifications de calcul qui doivent être effectuées:
5.2.3.3
· Vérification des effets de l'interaction sol-structure et prise en compte de ces effets le cas
échéant.
5.2.6.2
· Vérification des effets du second ordre et prise en compte de ces effets le cas échéant.
5.4
· Vérification de la résistance (état limite ultime) des sections transversales des éléments.
6, Annexe J
· Vérification de la résistance (état limite ultime) et des exigences de classification des
5.2.2.1(6)
assemblages.
5.2.6
· Vérification des phénomènes d'instabilité (dans le plan et/ou hors du plan); flambement
des poteaux, déversement , et instabilité globale ou partielle de l'ossature. 5.5, 5.6, 5.7
· Vérification du voilement local et de la résistance aux charges concentrées. ENV 1993-1-2
· Vérification de la résistance au feu.
4.2, 4.3
· Vérification des exigences d'états limite de service (flèches admissibles, vibrations).
5.1.8
· Vérification de la résistance à la fatigue

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Idéalisation et analyse des ossatures

4.2 Théorie du second ordre


4.2.1 Hypothèses, limitations, exigences de sections et
d'assemblages
Dans ce type d'analyse élastique, le comportement linéaire-élastique indéfini des sections et Tableau 5.2.1
des assemblages joue encore un rôle (Figure 7). La répartition des sollicitations est à présent 5.2.1.3
calculée sur la base d'une théorie du second ordre du type précédemment évoqué (bien que
pour les ossatures remplissant certaines conditions on puisse utiliser une méthode consistant à 5.2.1.2b)
apporter des corrections nominales simplifiées à une analyse du premier ordre). Des équations 5.2.5.2
5.2.5.3
d'équilibre sont formulées pour la structure déformée (effets P- D ) en prenant en compte, le
cas échéant, les imperfections des éléments et la diminution de la ridigité des éléments
provoquée par la force axiale de compression (effets P-d ).
A priori, aucune exigence concernant la capacité des sections et des assemblages à montrer un 5.2.1.3(2)
comportement ductile (classe de section transversale de l'élément, classe de ductilité de l'assemblage) 5.3.2
n'est imposée. Cependant la classe de section transversale de l'élément à adopter finalement dépend
du type de vérification de section transversale (critères de résistance ultime) utilisé.
Contrairement à une analyse élastique du premier ordre, on ne peut plus à proprement parler
superposer les résultats de l'analyse de cas de charge individuels. Il est conseillé d'analyser
chaque cas de combinaison de charges séparément.

4.2.2 Analyse des ossatures 5.2.1.1(5)


La Figure 9 montre le comportement charges-déplacements sous les charges résultant d'une
analyse élastique du second ordre dans laquelle toutes les charges sont augmentées de façon
monotone par le même multiplicateur de charges (chargement proportionnel). La courbe 5.2.6
charges-déplacements, qui inclut maintenant une non-linéarité géométrique, approche
asymptotiquement une horizontale correspondant à une valeur maximale lcr (multiplicateur
critique de charge). Cette valeur lcr correspond à la charge critique de flambement élastique
de l'ossature, concernant la combinaison de cas de charge spécifiée.
Si l'on néglige les effets P-d, la charge maximale calculée peut alors être supérieure à sa
valeur réelle. Il est rappelé que plus les éléments comprimés sont élancés, plus les effets P-d
deviennent significatifs.
La charge critique de flambement élastique est une référence importante, étant donné qu'elle
représente la charge théorique la plus forte que l'ossature peut supporter en l'absence de toute
plastification des matériaux. Lorsqu'une plastification se produit, comme cela est souvent le
cas, elle rend la charge maximale réelle inférieure, et généralement considérablement
inférieure, à la charge critique de flambement élastique.
Paramètre
de charge
 cr

analyse élastique du 2e ordre

Paramètre de déplacement

Figure 9 - Comportement charges-déplacements: analyse

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élastique du second ordre

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Idéalisation et analyse des ossatures

4.2.3 Calcul des ossatures


Contrairement à l'analyse élastique du premier ordre, l'analyse du second ordre donne des
valeurs de sollicitations aux extrémités des éléments qui incluent les effets du second ordre,
supprimant ainsi la nécessité d'un examen plus approfondi de cette question.
La charge critique de flambement élastique de l'ossature peut également être donnée par une 5.2.6
analyse élastique du second ordre mais seulement si l'on augmente suffisamment le
multiplicateur de charges. Cependant, si l'ossature est calculée pour rester élastique il n'est
pas nécessaire de vérifier la stabilité de l'ossature dans le plan. De plus, étant donné que les
effets P-d ne sont généralement pas significatifs il n'est alors pas nécessaire de vérifier la
stabilité dans le plan des éléments. Lorsque l'on utilise des éléments courbes ou très élancés, 5.2.4.2
il convient d'inclure les imperfections des éléments et les effets P-d dans l'analyse.
Néanmoins dans ce cas, à moins que les éléments soient modélisés par un nombre d'éléments
suffisant pour donner les sollicitations exercées sur leurs longueurs, il est conseillé d'effectuer
une vérification de la stabilité dans le plan de ces éléments.
Eu égard au fait que certaines vérifications de calcul de stabilité ne sont en général plus
exigées, les vérifications de calcul restantes sont les mêmes que pour une analyse élastique du
premier ordre.

5. Méthodes d'analyse globale plastique


d'ossatures
5.1 Introduction 5.2.1.1(4)
3.2.2.2
Il est rappelé ici que les méthodes plastiques d'analyse ne sont autorisées que lorsque certaines 5.2.1.4(3)
exigences minimales concernant la ductilité de l'acier, la ductilité des sections transversales des 5.3.2
éléments, la ductilité des assemblages et le maintien latéral aux emplacements des rotules sont
satisfaites. Ces exigences sont nécessaires pour garantir que les sections et les assemblages, au moins
aux emplacements où les rotules plastiques peuvent apparaître, possèdent une capacité de rotation
suffisante pour permettre à toutes les rotules plastiques de se former dans la totalité de la structure.

5.2 Analyse élastique-parfaitement plastique (Théorie du


second ordre)
Tableau 5.2.1
5.2.1 Hypothèses, limitations, exigences de sections et 5.2.1.4(7)
d'assemblages
Dans l'analyse élastique-parfaitement plastique, on suppose que toutes les sections et/ou
assemblages demeurent élastiques jusqu'à ce que le moment résistant plastique soit atteint,
auquel point ils deviennent idéalement plastiques. Les déformations plastiques sont supposées
concentrées aux emplacements des rotules plastiques qui sont supposées posséder une
capacité de rotation infinie. Il faut en général vérifier ultérieurement que les capacités de
rotation sont suffisantes pour satisfaire les exigences fixées.
La Figure 10 illustre le comportement élastique-parfaitement plastique d'une section et d'un
assemblage. L'influence de l'effort normal et/ou de l'effort tranchant sur le moment résistant
plastique des sections peut être soit pris en compte directement soit vérifié ultérieurement lors
de l'étape de vérification du calcul. (Note: Le moment résistant de rotule plastique à adopter
est la valeur de calcul Mpl,Rd.. Les symboles d'indices utilisés ici sont expliqués dans le
module 4 concernant le Calcul des Eléments)
On peut déterminer la courbe charges-déplacements de l'ossature. On peut aussi effectuer le
calcul des rotations plastiques au niveau des rotules plastiques de sorte à pouvoir vérifier que
la capacité de rotation exigée est disponible.

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Elastique
Elastique
parfaitement plastique parfaitement plastique

Mj M j.Rd
M

 p
p 
M pl.Rd M pl.Rd

M pl.Rd M
j.Rd
Rotule plastique
Rotule plastique

 
p p
5.2.1.4(7)

 
Caractéristiques moment-rotation de la section transversale Caractéristiques moment-rotation de l'assemblage

Figure 10 - Comportement des éléments et des assemblages

5.2.2 Calcul et analyse des ossatures


La description suivante est typique des différentes étapes d'une analyse élastique-parfaitement
plastique du second ordre, que l'on effectue généralement en appliquant la charge par
incréments. Pour des raisons de clarté, on suppose également que les rotules plastiques se 5.2.1.4(10)
forment séquentiellement, bien que plusieurs puissent se produire simultanément.

On débute avec les déplacements tirés d'une analyse élastique du second ordre (cf Figure 11,
branche 1), et en examinant les moments fléchissants dans l'ossature à chaque augmentation
incrémentielle des charges. La charge à laquelle la première rotule survient est identifiée
comme la charge pour laquelle le moment résistant plastique est atteint dans une section ou
dans un assemblage. L'analyse suivante est effectuée pour d'autres incréments de charges
auxquels l'ossature se comporte différemment avec l'introduction d'un assemblage articulé à
l'emplacement de la première rotule plastique (branche 2). Il est rappelé que l'on suppose
qu'une rotule plastique est incapable de résister à toute augmentation supplémentaire du
moment et qu'elle possède une ductilité suffisante pour subir la rotation nécessaire.
L'assemblage introduit au niveau de la rotule plastique agit comme une articulation
uniquement pour les augmentations incrémentielles suivantes du chargement, mais en
transmettant tout le temps le même moment égal au moment résistant plastique. On dit que
l'ossature modifiée s'est “détériorée”. La rotule plastique suivante se forme après une autre
augmentation du niveau de charge et le processus est répété.

Analyse et calcul des ossatures 28


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Paramètre de charge
charge de flambement
élastique de l'ossature

charge de flambement élastique


de l'ossature détériorée

 L2EPP

pic à la charge maximum


seconde
rotule

branche 4
première
rotule branche 3
branche 2
branche 1

Paramètre de déplacement

Figure 11 - Comportement charges-déplacements: analyse


élastique-parfaitement plastique du second ordre
La Figure 11 illustre le résultat de l'analyse élastique-parfaitement plastique du second ordre
sous forme de courbe pleine. La branche 1 correspond à une ossature totalement élastique.
Cette courbe ne devient asymptotique à la charge de flambement élastique de l'ossature que si Tableau 5.2.1
l'on suppose un comportement élastique infini. Une première rotule se forme, et l'ossature se
comporte alors sous l'effet d'incréments de charge supplémentaires comme si elle ne
comportait qu'une seule rotule (branche 2) jusqu'à ce que la rotule suivante apparaisse. Si on
suppose un comportement élastique illimité après formation de la première rotule, la branche
2 continue et devient asymptotique à la charge de flambement de l'ossature “détériorée”, qui
est l'ossature comportant une articulation introduite à l'emplacement de la première rotule. Ce 5.2.4.2(4)
processus est répété avec la formation de nouvelles rotules (et l'introduction des articulations
correspondantes) à chaque étape, jusqu'à ce que la structure devienne instable (mécanisme ou
instabilité d'ossature). La charge maximale de l'analyse élastique-plastique du second ordre
correspond à ce niveau de charge qui apparaît comme le multiplicateur de charge de référence
lL2EPP dans la Figure 11.

Aucune vérification de calcul supplémentaire de la résistance des sections et des assemblages


n'est exigée si l'influence de l'effort normal et/ou de l'effort tranchant est prise en compte. Les
rotations au niveau des rotules plastiques ayant été calculées, ceci permet la vérification pour
s'assurer que la capacité de rotation exigée est disponible le cas échéant.

Lorsqu'on utilise la théorie du second ordre, la stabilité de l'ossature dans le plan est couverte
par l'analyse de la structure. En outre, dans ce cas, la stabilité dans le plan des éléments n'a
pas à être vérifiée à condition que les imperfections locales des éléments aient été prises en
compte dans l'analyse initiale selon les exigences (mais voir les remarques concernant le
calcul lorsqu'on utilise l'analyse élastique du premier ordre).

Il est évident que le nombre de tâches de calcul restant à effectuer a été réduit par rapport à ce
qui est exigé lorsqu'on a utilisé une analyse élastique (du premier ou du second ordre).

Analyse et calcul des ossatures 29


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Idéalisation et analyse des ossatures

5.3 Analyse élasto-plastique (théorie du second ordre)

5.3.1 Hypothèses, limitations, exigences de sections et


Tableau 5.2.1
d'assemblages 5.2.1.4(2)
En utilisant une analyse élasto-plastique du second ordre on peut obtenir une meilleure 5.2.1.4(8)
estimation du comportement de la structure (par rapport à celle obtenue par une analyse
élastique-parfaitement plastique du premier ordre ou même du second ordre, par exemple).

La plastification des éléments et des assemblages est un processus progressif et, par
conséquent, la transition entre un comportement élastique et un comportement plastique est
un phénomène graduel. Une fois la plastification commencée, alors que le moment exercé
dans la section transversale de l'élément continue à augmenter, la zone plastique s'étend
partiellement sur la longueur de l'élément ainsi que dans la hauteur de la section transversale.
Ce comportement est utilisé par la théorie des zones plastiques (cf références [8, 10]).

Elasto - plastique Elasto - plastique

Mj
M M

M Mj p

p

M pl M j.R

M el
M jel.R

 

Caractéristiques moment-rotation de l'élément Caractéristiques moment-rotation de l'assemblage

Figure 12 - Caractéristiques moment-rotation


des éléments et des assemblages
La Figure 12 illustre les caractéristiques moment-rotation des éléments et des assemblages
qui sont habituellement adoptées dans ce type d'analyse. Les effets favorables de l'écrouissage
du matériau ou de l'action de membrane dans les assemblages ne sont pas inclus dans ces
modèles. 5.2.2.1(3)
Les exigences de ductilité pour les éléments et les assemblages, ainsi que les procédures Tableau 5.2.1
d'analyse et de vérification sont les mêmes que celles évoquées pour l'analyse élastique-
parfaitement plastique du second ordre.

La méthode élasto-plastique, en raison de sa complexité, n'est pas utilisée en pratique pour le


calcul et elle est réservée aux applications de recherche informatiques.

5.4 Analyse rigide-plastique (théorie du premier ordre)


Tableau 5.2.1
5.4.1 Hypothèses, limitations, exigences de sections et 5.2.1.4(1)
d'assemblages 5.2.1.4(3)
5.2.1.4(5)
Contrairement à l'analyse élasto-plastique, les déformations élastiques (des éléments, 5.2.1.4(6)
assemblages et fondations), étant faibles par rapport aux déformations plastiques, sont
négligées dans l'analyse rigide-plastique. Comme pour l'analyse élastique-parfaitement
plastique, les déformations plastiques sont concentrées dans les sections et les assemblages où

Analyse et calcul des ossatures 30


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des rotules plastiques sont susceptibles de se former. On suppose que ces sections et ces
assemblages possèdent une capacité de rotation infinie.
La Figure 13 illustre le comportement rigide-plastique idéalisé des sections et des
assemblages adopté pour ce type d'analyse. Il en résulte que les valeurs du moment résistant
de calcul pour les sections et les assemblages ainsi que la configuration de structure et le
chargement sont les seuls paramètres qui affectent l'analyse rigide-plastique.

Rigide-plastique Rigide-plastique

M pl.Rd Mpl.Rd

M j,Rd
M p
p Mj

M pl.Rd
Rotule plastique
Mj,Rd
Rotule plastique

p 
p
Caractéristiques moment-rotation de l'élément Caractéristiques moment-rotation de l'assemblage

Figure 13 - Caractéristiques moment-rotation


des éléments et des assemblages

Les exigences de ductilité pour les éléments et les assemblages sont les mêmes que celles 3.2.2.2
évoquées pour l'analyse élastique-parfaitement plastique. Des informations utiles concernant 5.3.2(1)
les limites minimales à satisfaire lorsque l'on utilise le calcul rigide-plastique du premier Tableau 5.2.1
ordre pour des ossatures à base articulée et à travée unique sont données dans la référence [9]. 5.2.1.4(5)
Les méthodes rigides-plastiques ne sont en général pas adaptées à l'analyse du second ordre. 5.2.6.3(3)

5.4.2 Analyse des ossatures


En partant du fait que le chargement maximal qu'une structure donnée peut supporter
correspond à celui pour lequel l'effondrement se produit en raison de l'apparition d'un
mécanisme plastique réaliste, l'analyse consiste à identifier le mécanisme critique.

La charge maximale (c'est-à-dire la charge d'effondrement) peut être obtenue par l'application
directe des théorèmes fondamentaux du simple calcul plastique. Ces théorèmes fondamentaux
sont les théorèmes de limite inférieure et de limite supérieure, connus également sous les
noms de théorème statique et théorème cinématique respectivement. Un troisième
théorème, le théorème d'unicité, dit que lorsque les conditions des deux théorèmes statique
et cinématique sont satisfaites simultanément par un mécanisme donné pour le même cas de
charge, la charge d'effondrement est trouvée [11].

Une approche adaptée à l'application manuelle du théorème de limite supérieure est résumée
ici. Selon ce théorème, pour une structure et un chargement donnés, tout mécanisme
d'effondrement plastique supposé arbitrairement se produit à une valeur du multiplicateur de
charge supérieure ou égale à la valeur du multiplicateur de charge d'effondrement. En
examinant les divers mécanismes possibles, on identifie le mécanisme d'effondrement pour
lequel la valeur du multiplicateur de charge est la plus faible et qui est admissible d'un point
de vue à la fois statique et plastique.

La charge d'effondrement pour chaque mécanisme peut être obtenue en appliquant le Principe
de Travail Virtuel, c'est-à-dire en mettant en équation le travail extérieur et le travail intérieur
effectués pour la formation du mécanisme.

Analyse et calcul des ossatures 31


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Idéalisation et analyse des ossatures

W W 
h
B D B D
Paramètre de charge H H
w
 
C
1 2
1  
2
A E A E
 LRP3 3
Charge d'effondrement critique Mécanisme de poutre Mécanisme de panneau
Mécanisme plastique W

h
B
H D 
w
C
3
  emplacements des
A rotules plastiques
E

Paramètre de déplacement Mécanisme combiné

Figure 14 - Comportement charges-déplacements:


Analyse rigide-plastique
La Figure 14 illustre les mécanismes élémentaires 1 et 2 ainsi que le mécanisme combiné 3
pour une ossature de portique simple.
Pour l'établissement des équations d'analyse et de calcul du portique simple de la Figure 14,
les hypothèses suivantes sont prises:
· Le rapport a de la charge verticale de calcul W Sd agissant à mi-portée de la poutre, à la
charge horizontale de calcul Hsd agissant au niveau des rives, est connu d'après
l'évaluation du cas de combinaison de charges.
· Les poteaux AB et DE, de hauteur h, possèdent les mêmes résistances de calcul de section
transversale.
· Les assemblages au niveau de A et de E possèdent les mêmes résistances de calcul.
· Les assemblages au niveau de B et de D possèdent les mêmes résistances de calcul.
· Le moment de calcul en A et E, noté M pl,Rd,1, est la plus faible des résistances de calcul
obtenues pour la section de poteau et pour l'assemblage.
· Le moment de calcul en B et D, noté M pl,Rd,2, est la plus faible des résistances obtenues
pour la section de poteau, pour la section de poutre et pour l'assemblage.
· Le moment de calcul en C, noté M pl,Rd,3, est celui obtenu pour la section transversale de la
poutre de longueur L.
· Quelle que soit la section ou l'assemblage, les moments de calcul dans le sens positif et
dans le sens négatif sont les mêmes.
Les équations correspondant à chaque mécanisme sont alors obtenues par application du
Principe de Travail Virtuel:
· Mécanisme 1: WRd ,1  w1  2 M pl , Rd ,2  1  2 M pl , Rd ,3  1

Puisque  w1  (  1 ) L / 2 , nous obtenons WRd ,1  


4 M pl , Rd ,2  M pl , Rd ,3 
L
WRd ,1
de sorte que  LRP1  WSd
, qui devrait normalement avoir une valeur

au moins égale à l'unité.


· Mécanisme 2: H Rd ,2  h 2  2 M pl , Rd ,1  2  2 M pl , Rd , 2  2

Puisque  h 2  ( 2 ) h , nous obtenons H Rd ,2  


2 M pl , Rd ,1  M pl , Rd ,2  et
h
H Rd ,2 WRd ,2
 LRP 2  H Sd  WSd
, qui devrait normalement avoir une valeur au

Analyse et calcul des ossatures 32


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Idéalisation et analyse des ossatures

moins égale à l'unité.

· Mécanisme 3:
H Rd , 3  h 3  WRd ,3  w 3  2 M pl , Rd ,1  3  2 M pl , Rd ,2  3  2 M pl , Rd ,3  3
Puisque  h 3  (  3 ) h et  w 3  ( 3 ) L / 2 , nous obtenons

2( M pl , Rd ,1  M pl ,Rd ,2  M pl , Rd ,3 )
H Rd ,3  WRd ,3 ( L 2 h)  H Rd ,3 [1   ( L / 2 h)] 
h
H Rd ,3 WRd ,3
 LRP 3  H Sd  WSd
, qui devrait normalement avoir une valeur au

moins égale à l'unité.

Tout comportement charges-déplacements est représenté par une ligne horizontale dont
l'ordonnée est la valeur du multiplicateur de charge d'effondrement associé.
Conformément au théorème de limite supérieure, on doit retenir la courbe la plus faible
qui est supposée être celle du mécanisme 3 dans ce cas. Par conséquent, la charge
d'effondrement donnée par l'analyse rigide-plastique pour cette structure et ce chargement
correspond à celle donnée par la valeur du multiplicateur de charge lLRP3 indiqué dans la
Figure 14.

Pour la plupart des cas d'ossatures rectangulaires simples l'application manuelle de la


méthode rigide-plastique est simple et directe. Pour les ossatures à plusieurs étages et/ou à
plusieurs travées, pour lesquelles il faut apporter un soin particulier à l'identification des
rotules qui se forment puis se déchargent par la suite (de sorte à ne pas apparaître dans le
mécanisme d'effondrement final), l'utilisation d'un programme informatique est en général
indispensable [5]. Il est également nécessaire d'étudier les “mécanismes d'effondrement
partiel” et la possiblité que deux mécanismes différents donnent la même valeur pour la
charge d'effondrement réelle. Dans ce cas, le mécanisme de ruine est en fait une
combinaison des deux, formant ce que l'on appelle un mécanisme d' “effondrement
hyper-complet”. Pour l'exemple de la Figure 14, le cas d'effondrement hyper-complet n'a
pas été examiné, car il ne peut survenir que pour des cas de combinaisons de charges
particuliers dans une structure donnée (cf référence [11]).

La plupart des ossatures typiques peuvent être analysées en étudiant uniquement des
mécanismes d'effondrement complet (par exemple les mécanismes 2 et 3 de la Figure 14)
et des mécanismes d'effondrement partiel (par exemple le mécanisme 1 de la Figure 14).
Pour les mécanismes d'effondrement complet, la totalité de l'ossature est toujours
isostatique au point d'effondrement. Pour une ossature possédant r redondances, un
mécanisme d'effondrement complet implique r+1 rotules plastiques. Un mécanisme
d'effondrement partiel a moins de rotules plastiques, tandis qu'un mécanisme
d'effondrement hyper-complet en a davantage. Le nombre de mécanismes d'effondrement
complet indépendants est donné par h-r, où h représente le nombre d'emplacements de
rotules plastiques possibles.

Les ossatures de portiques à traverse brisée et à un seul étage peuvent être analysées au
moyen de l'approche donnée ci-dessus, bien qu'une méthode partiellement graphique "par
approximations successives" soit souvent préférée pour analyser de tels cas [11]. Cette
méthode consiste à effectuer une analyse statique complète d'un mécanisme supposé pour
l'effondrement complet (c'est-à-dire à appliquer le théorème cinématique). La totalité de
la structure est alors isostatique à la charge d'effondrement pour le mécanisme supposé,
alors que les moments aux emplacements de rotules supposés sont égaux aux moments
plastiques de calcul. Au moyen du diagramme des moments qui en résulte, on vérifie que
le moment totalement plastique n'est excédé nulle part (c'est-à-dire en appliquant le
théorème statique). Lorsque cela est le cas, la charge d'effondrement réelle a été trouvée
par le théorème d'unicité. Dans le cas contraire, on analyse d'autres mécanismes

Analyse et calcul des ossatures 33


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d'effondrement complet jusqu'à ce que l'on trouve le mécanisme d'effondrement correct.


On peut également utiliser des graphes spéciaux destinés au dimensionnement des
éléments pour les ossatures typiques à un seul étage et à traverse brisée [12]. Dans de
telles ossatures, on adopte normalement des bases articulées et on évite en général les
rotules plastiques dans les assemblages en utilisant des goussets au niveau des extrémités
des poutres (arbalétriers).

5.4.3 Calcul des ossatures


L'analyse rigide-plastique fournit des informations directes en ce qui concerne la résistance de
calcul de l'ossature. Un calcul convenable exige que la valeur du multiplicateur de charge
pour le mécanisme critique soit au moins égale à l'unité. La prise en compte de la stabilité 5.2.6.3(4)
dans le plan et des effets du second ordre peut exiger que la valeur du multiplicateur de 5.2.6.3(5)
charge soit réduite (cf cours 6 “Choix d'analyse et implications pour le calcul”).

Cependant, certaines vérifications de calcul supplémentaires pour les sections et les


assemblages sont indispensables car l'influence des efforts normaux et/ou des efforts
tranchants sur les moments résistants de calcul peut ne pas être négligeable. Etant donné que 5.2.2.1(3)
les rotations au niveau des rotules plastiques ont été supposées infinies et qu'il n'est prévu Tableau 5.2.1
pour elles aucune évaluation, on doit choisir des sections (et des assemblages, le cas échéant)
que l'on peut considérer comme suffisamment ductiles.

Ce type d'analyse ne fournit aucune information sur les flèches structurales provoquées par le
chargement. Par conséquent, elle doit normalement être complétée par une analyse élastique
de la structure pour les conditions de charges de service.
Ces distinctions mises à part, il existe peu de différences entre les autres tâches de calcul
(concernant par exemple la stabilité) devant être effectuées et celles exigées à la suite d'une
analyse élastique linéaire.

Analyse et calcul des ossatures 34


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Idéalisation et analyse des ossatures

Références
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Résumé
· L'objet de ce cours est d'étudier les approches utilisées pour la modélisation des ossatures en vue de
l'analyse, d'établir les concepts fondamentaux d'analyse et de décrire les différentes méthodes d'analyse
globale d'ossatures actuellement utilisées.
· La modélisation d'ossatures typiques est décrite, avec identification des différents aspects à considérer, tels
l'interaction sol-structure et la résistance aux forces horizontales, et en prenant en compte les
imperfections ainsi que le comportement des assemblages.
· Les différents composants des ossatures ainsi que leurs fonctions sont identifiés.
· Les différentes sources de comportement structural non linéaire sont identifiées.
· Les effets du second ordre sont expliqués. Les méthodes appropriées à l'analyse du second ordre sont
décrites, et leurs limitations sont données.
· Les distinctions entre les méthodes d'analyse élastique et plastique sont identifiées.
· Les hypothèses et les limitations des différentes méthodes d'analyse élastique et plastique sont données.
Les résultats de chaque analyse sont décrits de sorte à permettre une comparaison des comportements
structuraux prévus et réels, en particulier en ce qui concerne l'évaluation de la stabilité de l'ossature.
· L'effort de calcul exigé par l'utilisation de chaque type de méthode d'analyse est résumé de sorte à
permettre la compréhension des implications essentielles de l'utilisation de la méthode.

Analyse et calcul des ossatures 35

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