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Pierre

Douat







TOUT CE QUE VOUS

AURIEZ VOULU SAVOIR SUR

LA FRANCE ET QU’ON

VOUS A TOUJOURS CACHE








Editions Marsan
Rémire Montjoly, mars 2016. Dépôt : décembre 201
SOMMAIRE :

Histoire secrète de la République - - - - - - - -
- - - 9

La France et l’esclavage - - - - - - - - - - - - - -
- - - - 31

Le colonialisme français - - - - - - - - - - - - - -
- - - 49

La Franc-maçonnerie en France - - - - - - - -
- - - 103

La France pays de traitres et de collabos ? -
- - 109

Splendeurs et misères de l’armée française -
- 125

La civilisation française en question - - - - - -
- 151

Ce qu’on vous cache sur l’Europe - - - - - - -
- - 155

Les juifs et la France - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - 217

Les grandes inventions françaises - - - - - - -
- - 225

Le rang de la France dans le monde - - - - - -
- - 233

Les Français dépressifs- - - - - - - - - - - - - - -
- - 249

Chronologie des évènements de 1789 à nos
jours :
200 ans d’évolution vers l’égalité sociale - - -
- 251

Annotations - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - 269

Bibliographie - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - 352

Pièces justificatives - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - 373

Tout ce que vous auriez voulu


Savoir sur la France

Et qu’on vous a toujours caché













" Il y a deux histoires: l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire
secrète, où sont les véritables causes des évènements ."

Honoré de Balzac




Cet ouvrage est une enquête à charge et à décharge sur les actifs et les
passifs de notre pays, avec pour seule prétention, celle, sinon de
l’objectivité, du moins de la sincérité.
La méthode utilisée est celle de la synthèse. Elle est laborieuse, mais
payante. Plus de 300 ouvrages ont été étudiés grâce auxquels le lecteur
découvrira de nombreuses révélations inconnues du grand public, mais
provenant de travaux déjà existants et plus spécialisés, qui, examinés un à
un n’ont pas grande signification, mais qui, une fois regroupés, se
corroborent et s’assemblent avec la même perfection que celle des pièces
d’un puzzle.
Une fois connus tous les tenants et les aboutissants de notre Histoire,
on en comprend enfin les grands évènements. Les mêmes causes ayant les
mêmes effets, nous les verrons se répéter et s’enchaîner dans une logique
implacable qui rappelle celle des lois de la gravité.
Dans cette étude, deux parties distinctes : le texte lui-même, destiné à
tous, contient les révélations les plus importantes, dont certaines, en
contradiction totale avec l’historiographie conventionnelle, pourront
étonner, voire choquer certains, mais sont néanmoins toutes étayées. Tout
au long du récit, rien ne sera affirmé sans être dûment sourcé. Nous y
découvrirons entre autres, les véritables causes des guerres qui
ensanglantent l’Europe depuis 300 ans. Nous y découvrirons aussi les
origines du terrorisme que nous vivons actuellement. Les annotations de
fin de livre forment un véritable ouvrage dans l’ouvrage, et apporteront
aux plus curieux les explications détaillées et les preuves de toutes ces
affirmations. Le lecteur aura accès aux pièces originales grâce à la
bibliographie, elle-même en grande partie consultable sur internet
(annotées d’une étoile *), et en partie dans le chapitre des pièces
justificatives pour les ouvrages introuvables (2 étoiles **).
Si relativiser n’est pas absoudre, tout au long du récit, la France sera
comparée aux pays anglo-saxons, puisqu’ils sont la référence aujourd’hui.
On sait que les vainqueurs ont toujours eu le privilège d’écrire l’Histoire
et d’en faire un instrument de propagande. Ceux dont il est question ici
sont les vainqueurs de 1945, et leur domination continue de s’exercer sur
notre monde aujourd’hui...



I



Histoire secrète de la République







« Personne n’est plus détesté que celui qui dit la vérité »


Platon


Existe-t-il époque plus mystérieuse que celle de la Révolution
Française ?
Les historiens qui l'ont étudiée se contredisent sur la plupart des points.
Plus on analyse cette période, et plus on se heurte à des énigmes : le but
de la Révolution était-il l'installation au pouvoir de la bourgeoisie, elle
aurait dû s'arrêter en 1789. Avait-elle pour objet la proclamation de la
république, elle aurait dû s'arrêter en 1792. Si la révolution était un
complot maçonnique, pourquoi avoir guillotiné autant de francs-maçons ?
Pourquoi a-t-on acheté au prix de cinq cent mille têtes des réformes que
Louis XVI nous offrait pour rien ? Pourquoi enfin la France, auteur de
quatre révolutions, d'une guerre de religion ainsi que de multiples
jacqueries, ne connut qu'en 1789 ces scènes de violence gratuite que
furent ces promeneurs de têtes arpentant les rues de Paris ? Quelle était
l'utilité de telles mises en scène ? Si ces horreurs avaient été motivées par
une haine du peuple contre les classes privilégiées, comment expliquer la
proportion si faible d'aristocrates guillotinés, 5% du total des condamnés ?
Autant de mystères que nous allons nous efforcer d’élucider.
Lorsqu'il gouvernait à la Convention, Robespierre disait à ses
collègues qu'il s'apercevait clairement qu'une main invisible les emportait
toujours au delà de leurs volontés, que tous les jours le comité de salut
public faisait ce qu'il avait décidé la veille de ne pas faire, et qu'il existait
une faction conduite pour les désoler et les perdre, sans qu'ils eussent pu
encore en découvrir les directeurs. La Fayette et Bailly s'accordaient pour
reconnaitre que le parti de la violence semblait dirigé par une main cachée
que le temps jusqu'ici n'a pu faire connaître (1).

Encore aujourd'hui, les thèses admises jusqu'ici par nos historiens
traditionnels sont mises à mal : sur le site " Eduscol " de l'Education
Nationale réservé aux professeurs d'Histoire, on peut lire entre autres
recommandations : " L'exemple de la Révolution américaine doit
permettre… de poser le problème de l'influence américaine sur les
mouvements européens des années 1780, en particulier en France. " Plus
loin, on lit " Il s'agit de nuancer l'influence des Lumières sur notre
Révolution". Suit une liste de pièges à éviter, par exemple : "faire un récit
chronologique et factuel de la Révolution"… ou encore "éviter le risque
de l'exhaustivité. " La chronologie et l'exhaustivité nuiraient à la
compréhension de notre révolution, laquelle n'aurait rien à voir avec les
Lumières ? On nous aurait donc mal renseignés ? Qui croire ? Alors,
puisqu'on veut nous faire revisiter l'Histoire, pourquoi ne pas nous livrer à
cette analyse chronologique et détaillée qu'on nous déconseille, au risque
de découvrir que si influence anglo-saxonne il y eut, elle ne fut pas tout à
fait celle qu'on nous suggère ?

L'influence anglo-saxonne remonte à la fin du règne de Louis
XIV, au temps où l'Empire colonial français était en concurrence avec
celui de l'Angleterre. A cette époque, l'essentiel de la puissance
économique d'un pays tenait à son commerce avec ses colonies.
L'échange des marchandises coloniales acquises pour presque rien et
revendues au prix fort, permettait l'accaparement du numéraire et des
métaux précieux des autres pays. Afin de régner sans partage sur cette
manne extraordinaire, l'Angleterre entreprit de financer des conflits
continentaux pour occuper la France, de manière à l'empêcher de
concentrer ses efforts sur ses colonies. Plus tard, sous Louis XV, c'est
cette stratégie de diversion qui nous fit perdre l'Inde et le Canada (2).

Quant aux évènements qui nous intéressent, ils se situent à la fin
de cette seconde guerre de cent ans entre la France et l'Angleterre,
lorsqu'éclata la guerre d'indépendance américaine.
Encouragés par la France, les colons américains se révoltèrent
contre le gouvernement anglais qui leur imposait ses taxes, leur
interdisant tout commerce avec les autres pays. Louis XVI, nouveau roi
de France, décida de financer et d'armer les rebelles (3). Plus tard, un corps
expéditionnaire français fut même envoyé et une énorme flotte fut
affrétée. Tout se joua à Chesapeake, au large des côtes américaines : la
flotte britannique fut vaincue par la nôtre et refoulée vers l'Angleterre. Les
renforts anglais ne purent être acheminés et nos ennemis furent battus sur
terre à Yorktown, l'indépendance des Etats-Unis était assurée. Ainsi, pour
la première fois de son Histoire, la flotte française ravissait la suprématie
maritime à la Royal Navy. L'Angleterre perdait sa plus riche colonie, et la
France reprenait sa place de leader pour l'empire colonial. L'issue de ce
conflit montra aux Anglais, qu'en l'absence d'alliés pour mener une guerre
continentale contre elle, la France était assurée de l'emporter. Lord North,
premier ministre anglais, s'écria :

" La France nous a porté un coup terrible, nous perdons
l'Amérique. Elle nous prépare une nouvelle perte, celle de l'Inde. Il faut
que nous fassions la paix et que nous employions tous les moyens qui sont
en notre pouvoir pour occuper la France au dehors et au dedans. " (4)

Ainsi la nouvelle stratégie anglaise était arrêtée : créer contre la
France non seulement des troubles extérieurs, mais aussi des désordres
intérieurs. William Pitt, successeur de North, s'employa donc à
déstabiliser la monarchie française et à entrainer l'Europe entière à nous
faire la guerre. Les riches négociants anglais qui décidaient de tout à
Londres, avaient de gros intérêts dans l'affaire, et furent les meilleurs
soutiens de Pitt. Ils jouèrent un très grand rôle dans le prolongement de ce
conflit, dont l'enjeu était le monopole du commerce colonial (5).

L'expédition américaine nous avait coûté deux Milliards de livres.
Pour la financer, Necker, notre ministre des finances, avait contracté des
emprunts à taux élevés qui enrichirent ses amis banquiers, mais
aggravèrent notre endettement d'année en année. Dix ans plus tard, la
France se retrouva totalement ruinée, incapable de payer sa dette. Louis
XVI comptait sur une nouvelle réforme fiscale pour combler le déficit, car
la noblesse et le clergé étant exempts d'impôts, le tiers-état supportait à lui
seul tout le poids des créances. Ce tiers-état rassemblait à lui seul toutes
les forces vives de la France, du plus petit prolétariat jusqu'à la
bourgeoisie la plus riche composée de grands propriétaires et de
banquiers. Ces derniers, nouvellement enrichis par la bourse, convoitaient
le pouvoir politique jusqu'ici détenu par les nobles.
Peu de gens savent que deux ans avant les premiers troubles,
Louis XVI chercha à faire lui-même sa propre révolution : cette fameuse
réforme fiscale qui devait renflouer nos caisses, prévoyait de taxer la
noblesse et le clergé, et d'accorder enfin aux Français l'égalité face à
l'impôt.
Le roi n'avait donc rien contre les idées nouvelles, et les premiers
séditieux s'opposèrent à lui, pour des raisons inverses de celles qu'on croit
habituellement (6).
En fait, ces révolutionnaires tombaient à pic pour faciliter les
desseins de William Pitt. L'alliance des deux grandes nations catholiques
qu'étaient la France et l'Autriche, gênait les puissances protestantes. La
Prusse complotait d'envahir la Pologne que la France protégeait, et
fut naturellement entrainée à s'allier à l'Angleterre. Ces deux puissances
entretenaient un réseau d'espionnage à Paris, dans l'espoir de renverser
Louis XVI, en mettant à profit la vieille rivalité qui l'opposait à son
cousin, le duc d'Orléans, réputé très anglophile (7).
Le cabinet de Berlin, entièrement dévoué à l'Angleterre, jugea
que pour brouiller la France avec l'Autriche, le plus simple était de
soulever l'opinion contre Marie Antoinette, princesse autrichienne,
récemment mariée à Louis XVI. Une campagne de diffamation fut donc
organisée par l'ambassade allemande. Les brochures les plus obscènes
furent publiées sur les mœurs de la reine (8).

L'agent anglais Clavière fit publier deux pamphlets mensongers
qui discréditèrent totalement notre gouvernement, et firent échouer la
seule réforme fiscale encore capable d’éviter au roi une révolution (9). L'un
des pamphlets affirmait que le gouvernement mentait, qu'il n'y avait pas
de déficit, que l'assemblée des états généraux prouverait tout cela, et
qu'elle seule pourrait éviter aux Français d'avoir à payer le nouvel impôt.
Dès lors, chacun exigea la convocation des états généraux.(10) Clavière
était un agitateur Genevois, banquier de profession, et associé au
ministère anglais. Il était en rapport avec tout le réseau d'espionnage
britannique. Lui et ses associés avaient pour marionnette un journaliste
nommé Mirabeau, dont ils firent l'homme-clef de la révolution (11).
Clavière corrompait Mirabeau qui l'avait surnommé son " maître en
finances ". Il avait réussi à l'entrainer dans ses spéculations baissières,
arguant que les troubles occasionnés par la révolution auraient pour effet
de faire chuter la bourse. Désormais, Mirabeau fera tout pour favoriser
ces troubles afin de pouvoir acheter à la baisse (12). Ce fut par leurs
intrigues qu'eut lieu à l'Assemblée des états généraux, la fameuse scène
du serment du Jeu de Paume qu'on retrouve dans tous nos livres
d’Histoire (13). Dans cette séance, Mirabeau et ses mentors Genevois
réussirent à imposer au roi le vote par tête qui pour la première fois
donnait la majorité au tiers-état(14). Notons qu'aucun de ces députés du
tiers-état n'était issu du bas-peuple. La toute nouvelle
Assemblée Nationale s'octroya le pouvoir de rédiger et de voter les lois.

Restait à créer une force militaire bourgeoise capable de
protéger ce nouveau pouvoir contre les troupes royales. L'assemblée s'y
étant refusée, il fallut la convaincre. L'opportunité se présenta le 12 juillet
1789 : le roi, jugeant Necker trop favorable au tiers état, commit l'erreur
de le renvoyer. Ce fut l'occasion rêvée pour soulever Paris. Afin de créer
la panique, on fit croire à tous que le nouveau gouvernement allait
proclamer la banqueroute. Toute la bourgeoisie créancière de l'état
paniquée, fit bloc derrière l'assemblée, prête à tout renverser pour éviter la
faillite (15). De l'argent fut distribué pour soudoyer l'armée royale.
Mirabeau fit appeler le peuple aux armes en faisant croire que Louis XVI
allait réprimer la révolte dans le sang (16). La disette régnait à Paris. Afin
de créer des attroupements populaires, William Pitt bloqua les
approvisionnements de grains en provenance de Londres. Les agents de
Clavière entrainèrent alors les bandes affamées des faubourgs jusqu'à la
prison de la Bastille (17). Cette place forte, qui n'avait aucune valeur
stratégique, donna lieu à un assaut qui fit plus de 100 morts. La forteresse
fut prise, des têtes furent promenées sur des piques, et une partie de la
famille royale effrayée, s'enfuit à l'étranger. Mais, Louis XVI décida de
rester et rappela Necker pour rétablir le calme. L'opération était en partie
manquée, puisque le roi n'avait pas fui. En partie seulement, car ces
violences servirent de prétexte pour créer la fameuse garde nationale tant
souhaitée. Les complices de Clavière l'organisèrent eux-mêmes sur le
modèle de la milice anglaise. De nombreux banquiers s'y engagèrent avec
leur personnel (18).

Le même stratagème fut utilisé dans les campagnes où l'on
souleva les paysans en répandant le bruit que des bandes armées payées
par les seigneurs, allaient brûler les récoltes. Les villageois une fois
rassemblés, ne voyant rien venir, assaillirent à leur tour les châteaux pour
exiger l'abolition des droits féodaux. Pour la première fois, une
revendication venue du peuple s'exprimait, mais elle ne fut pas écoutée.
Pour calmer la plèbe, l'assemblée annonça l'abolition des privilèges, mais
dans les faits, seuls l'impôt ecclésiastique et les droits honorifiques furent
supprimés. Tous les autres droits et impôts seigneuriaux furent déclarés
rachetables à un prix inabordable pour le peuple, voila ce que fut la
fameuse nuit du 4 août. Sous prétexte de contenir ces paysans, la même
garde nationale fut créée dans les provinces, ce qui était le véritable but de
l’opération (19).


L'assemblée vota alors toute une série de lois : reprenant pour leur
compte la réforme refusée au roi, les députés soumirent la noblesse et le
clergé à l’impôt. Les juges, qui jusqu'ici étaient nommés par les seigneurs,
furent désormais élus, les supplices furent abolis. Le banquier Boyd, qui
finançait tout le réseau d’espionnage anglais, eut l’idée de confisquer les
biens du clergé pour indemniser les créanciers de l'Etat, ce qui n'était pas
pour déplaire à ses collègues français, majoritairement protestants.
L'assemblée s'octroya le droit de décider de la paix ou de la guerre. Enfin,
Clavière fit introduire l'assignat, monnaie de papier virtuelle, qui assurera
la ruine de notre économie et la déportation de notre numéraire. Un de ses
comparses fera voter une loi martiale calquée sur le modèle anglais (20).
Ainsi se clôtura ce qu'on pourrait appeler la première révolution, qui
consacrait l'avènement d'une nouvelle noblesse, celle de l'argent...

La majorité de ces révolutionnaires étaient francs-maçons, et le
duc d'Orléans était Grand Maitre du Grand Orient. Arrivés à Paris, les
frères du club Breton s'étaient unis à ceux des autres régions pour former
le Club des Jacobins, qui fut à l'origine des grandes réformes égalitaires.
Mais, certains d'entre eux jugeant ce club trop proche du peuple,
l'abandonnèrent pour former la " Société de 1789 " (21). Formée de 200
députés dont de nombreux banquiers, cette société était hostile à la
démocratie et on lui doit les lois de libéralisation du commerce des grains,
ainsi que des lois inégalitaires, comme le suffrage censitaire et
l'interdiction des syndicats (22). Plus tard, elle changera d'appellation pour
prendre le nom de " Club des Feuillants ".

Heureusement, il existait quelques idéalistes parmi les jacobins.
L'un d'entre eux, Robespierre, adepte de Rousseau, fut le premier à
s'intéresser aux droits du peuple, et à réclamer la république, mais son
parti était très minoritaire au début (23). La plupart des révolutionnaires en
seraient restés là, mais le plan de William Pitt n'était pas encore accompli.
Désireux d'en finir avec Louis XVI, il finança sa fuite à l'étranger pour le
compromettre, exactement comme c'était arrivé en Angleterre avec
Jacques II, qui en se réfugiant en France, avait perdu tous ses droits à la
couronne (24). L'opération fut un succès: le roi fut arrêté à Varennes,
ramené de force à Paris, et les parisiens ne tardèrent pas à demander sa
destitution. Deux clans se formèrent alors : d'un côté les Feuillants
continuaient de soutenir le roi avec l'appui de la Garde Nationale, de
l'autre les partisans de la destitution, dont faisaient partie les Jacobins.
Pour pousser ces derniers à une action violente, des provocateurs à la
solde de l'étranger déclenchèrent la fusillade du champ de mars : les
partisans de la destitution furent mitraillés par la garde nationale. Dès
lors, le peuple en colère était fin prêt pour renverser son roi (25).
L'Angleterre organisa alors une première coalition contre la France, et
l'embargo alimentaire contre notre pays fut décidé (26). Notre territoire fut
envahi, et pour mettre la vie du roi en danger, Pitt et le roi de Prusse
publièrent le fameux "manifeste de Brunswick ", véritable provocation
dans laquelle les puissances de la coalition menaçaient Paris
d'extermination en cas d'atteinte à la souveraineté royale (27). La réaction
ne se fit pas attendre. Les Tuileries furent attaquées le 10 août 1792. La
deuxième Révolution, celle du peuple, commença ce jour là (28).

Le tournant avait eu lieu quelques jours avant, lorsque le
prolétariat avait été admis au sein de la Commune et de la Garde nationale
: les gardes nationaux avaient changé de camp et cessé de protéger le roi.
Le peuple armé, pouvait enfin montrer sa force. Les Feuillants furent
chassés du pouvoir, le suffrage universel fut adopté, Louis XVI fut
emprisonné, et la monarchie abolie. La Commune insurrectionnelle de
Paris s'installa au pouvoir, " De l'audace, encore de l'audace, toujours de
l'audace ! " criait Danton à l'assemblée. L'enthousiasme était général. Nos
idées révolutionnaires commençaient à gagner l'Irlande et l'Angleterre,
menaçant la couronne anglaise. Pitt était débordé : la monarchie abolie, le
peuple au pouvoir ! Ces diables de révolutionnaires étaient allés trop loin.
Le ministre anglais perdit alors son flegme et s'engagea dans une politique
de guerre totale avec la France (29). Voulant dégoûter son peuple de notre
révolution, il décida d'encourager le terrorisme. Ses affidés
organisèrent les massacres de septembre où plus de 1.200 prisonniers
parisiens furent égorgés (30). Pendant ce temps, l'ennemi approchait, mais,
au lieu d'avancer sur Paris, le général prussien Brunswick, d'accord avec
l'Angleterre, préféra reculer à Valmy et attendre l'exécution du roi (31). Lui
non plus ne voulait pas de Louis XVI, préférant offrir la couronne au duc
d'Orléans. Une proposition écrite fut même envoyée au duc qui la refusa.
Le 22 septembre, la République fut proclamée dans l'euphorie générale !

Clavière avait suivi le mouvement et réussi à s'installer au
pouvoir avec les Girondins. Pendant ce temps, nos armées progressaient.
L'annexion de la Belgique, la fin du monopole anglais sur l'Escaut, et la
prohibition des produits britanniques par les Girondins, déterminèrent
William Pitt à les renverser(32). Notre armée fut vaincue : la trahison de
nos généraux avait été achetée par l'Angleterre, et Robespierre n'eut aucun
mal à abattre ces Girondins fauteurs de guerres, mais incapables d'arrêter
l’envahisseur(33). Il sauva la France de l'invasion étrangère en remplaçant
les transfuges qui dirigeaient notre armée, par de vrais patriotes (34) : à la
surprise générale, les troupes anglo-autrichiennes furent vaincues, et pour
la première fois, le monde entier put voir la supériorité des hommes qui
luttent pour leur liberté sur les mercenaires de la coalition.
Pitt inondera notre pays de faux assignats et financera les
insurrections royalistes de la Vendée, mais il fera toujours en sorte que
celles-ci échouent. Son objectif n'était pas de restaurer la monarchie, mais
d'aggraver nos troubles intérieurs (35). Puis, il infiltra nos factions les plus
extrêmes pour créer l'anarchie dans le pays. Discréditer notre république
aux yeux du monde empêchait toute alliance étrangère avec nous (36).

En juin 1793, le complot anglais fut publiquement découvert : la
correspondance d’un espion britannique avait été interceptée prouvant que
William Pitt payait des espions pour organiser des violences sur notre
territoire, de nombreux noms étaient cités. La lettre fut traduite en
Français et affichée à l’assemblée nationale, et chacun put se convaincre
de la réalité du complot. Dès lors, une véritable paranoïa s’empara de nos
élites: chacun vit en son adversaire politique un espion de Londres (37).

L'assassinat de Marat fut providentiel pour le ministère anglais
dont les agents n'eurent aucun mal à attiser la colère des Jacobins. Une
lettre saisie dans les papiers de Danton montra que le foreign office avait
payé trois agents pour inciter notre gouvernement à proclamer le régime
de la " Terreur " (38). Robespierre lui-même tomba dans le piège, et adhéra
à ce régime, parce qu'il était réservé aux traîtres et aux ennemis de la
Nation, ce qui pouvait se concevoir en temps de guerre. La vérité lui
apparut plus tard, en lisant un manifeste de la coalition qui décrivait nos
révolutionnaires tels " un ramassis de brigands en révolte contre
Dieu." Voulant réhabiliter la Révolution, Robespierre élimina les
"exagérés ", mit fin à la déchristianisation, et appela à un retour à la
modération (39). La prohibition des produits anglais fut maintenue, et nos
armées partout victorieuses, avancèrent sans obstacle, menaçant
d'interdire le Rhin au commerce britannique. La situation devenait très
périlleuse pour l'Angleterre, et Pitt n'eut d'autre choix que de renverser le
nouveau gouvernement. Ses agents entraineront les ennemis de
Robespierre dans une politique d'extermination aveugle, qu'ils
attribueront à tort à ce dernier. 1285 têtes tomberont en deux mois. Cette
période sera appelée " Grande Terreur ". Pour brouiller Robespierre avec
l'assemblée, une fausse liste de proscription de 30 députés fut diffusée qui
lui fut attribuée (40). Robespierre dénonça le complot anglais dans son
dernier discours, mais il commit l'erreur de ne pas citer de noms. Du coup,
tous ceux qui avaient quelque chose à se reprocher se crurent menacés, et
par instinct de survie, décidèrent de sa chute. Il sera exécuté sans procès,
avec 100 de ses partisans, et deviendra pour la postérité le bouc émissaire
de la Révolution.

Si le terrorisme est un " ensemble d'actes de violence commis par
une organisation pour créer un climat d'insécurité et exercer un chantage
sur un gouvernement " (dictionnaire Larousse), William Pitt en fut bien
l'inventeur. Sa politique criminelle créa un horrible malentendu dans la
société française : la fusillade du champ de mars et les massacres de
septembre provoquèrent une rupture définitive entre la bourgeoisie et le
bas-peuple, désormais jugé capable des pires atrocités. Les conséquences
en seront considérables pour notre Histoire. Dorénavant, on n'hésitera
plus à faire tirer sur ce peuple qu'on surnommera " la canaille ", et plus
tard " la racaille ". Les massacres de juin 1848, la semaine sanglante de
1871, et indirectement les attentats anarchistes qui s'en suivront, seront en
grande partie des contrecoups des journées de septembre (41). Par la suite,
nous verrons plusieurs fois notre classe politique préférer s'allier avec
l'ennemi extérieur, par peur de cet ennemi intérieur tant redouté, le
peuple. William Pitt aura ainsi atteint le double but de ruiner notre
commerce colonial et d'aliéner certaines de nos élites au parti de
l'étranger. Cette rupture dans notre société perdure hélas encore
aujourd'hui.

Malgré cet épouvantable chaos, Robespierre aura su imposer à la
France les grandes lois sociales qui firent toute la gloire de notre
Révolution, à savoir la République, l'égalité des droits par le suffrage
universel, l'égalité face à l'impôt, l'abolition des privilèges, ainsi que celle
de l'esclavage. Rappelons que ce fut Robespierre qui abolit définitivement
les droits seigneuriaux, et donc que jusqu'ici, parler d'égalité face à l'impôt
n'était qu'un leurre, de même qu'invoquer l'égalité devant la loi tout en
imposant le suffrage censitaire, en était un autre(19,22). Notre révolution
était très populaire en Irlande, et fit taire momentanément les divisions
entre catholiques et protestants, pour donner naissance au mouvement des
"Irlandais Unis ", qui sera férocement réprimé en 1798 (42). Pour mater ses
opposants républicains, Pitt n'hésitera pas à les faire arrêter, à faire
interdire les attroupements, et à suspendre l'Habeas Corpus. La guerre
contre la France était ruineuse pour l'Angleterre, et obligea Pitt à créer
l'impôt sur le revenu (income-tax), et à mettre fin à la convertibilité de la
livre-sterling en or. Pendant presque 15 ans, il devra mener une lutte
acharnée contre les opposants pro-français de son Parlement. Plus tard,
pour en finir avec le Directoire qui prohibait les marchandises anglaises et
pour éloigner Bonaparte d'Egypte, il favorisa le coup d'état du 18
Brumaire (43). Mais, ses espoirs seront déçus : une fois en place, le premier
consul maintiendra la prohibition des produits britanniques, ce qui lui
vaudra une guerre incessante avec l'Angleterre.
Les trois coalitions qu'il finança contre nous ayant été anéanties,
Pitt en restera profondément meurtri et mourra au lendemain de notre
victoire à Austerlitz. Notons que malgré la propagande de la presse
anglaise, la francophilie restera récurrente chez une partie du peuple
anglais, et ceci même à la veille de la bataille de Waterloo (44). En réalité,
Pitt jouait avec le feu, car à chacune de ses manœuvres, la France se
relevait plus forte que jamais. Sans le vouloir, il contribua plus qu'aucun
autre à la consolidation du patriotisme français. Son rival, Charles James
Fox, était pro-français, et sa mort subite fut probablement le plus triste
évènement du XIXe siècle, car avec lui, la paix aurait probablement été
signée avec l'Angleterre et donc avec l'Europe entière (45).
Malheureusement, les Tories (conservateurs) reprirent le pouvoir et la
guerre reprit de plus belle.

Notons que jusqu'à Louis XIV, la France avait été surtout un
agrégat de fiefs féodaux et de peuples plus ou moins désunis. Ce fut grâce
à l'assimilationnisme jacobin et après les premières victoires militaires de
la Révolution, que se cimenta définitivement le sentiment national
français. Pendant plus de 20 ans, la France révolutionnaire luttera
victorieusement contre l'Europe monarchiste liguée contre elle, et
exportera l'égalité des droits aux quatre coins du monde. Poussé à
l'extrême par Napoléon, le patriotisme français laissera à jamais chez nos
concitoyens le sentiment profond et définitif d'appartenir à un seul et
même pays. Plus tard, d'autres nations comme l'Allemagne et l'Italie
imiteront notre pays dans son évolution vers l'unité. Les britanniques de
leur côté, préfèreront cultiver leur ethno-différencialisme avec les Gallois,
les Ecossais, et avec moins de succès pour les Irlandais (46).

En 1815, la France s'écroula sous le poids des monarchies
coalisées qui nous imposèrent le retour des Bourbon. Ces derniers se
croyaient définitivement restaurés, ils se leurraient. Accepter la couronne
des mains des Anglais, impliquait une éternelle soumission à leur
système. Si l'impotent Louis XVIII n'eut pas la force de s'y opposer, son
frère Charles X, eut la prétention de le faire : si Robespierre réussit
l'exploit de transformer une révolution bourgeoise en révolution
populaire, celle de 1830 connut un tout autre dénouement. La conjoncture
était pourtant presque la-même : Comme en 1789, tout commença par un
conflit économique avec l'Angleterre : le gouvernement de Charles X
avait négocié une alliance avec la Russie dirigée contre l'hégémonie
anglaise. Un plan avait été établi : la France devait libérer les provinces
belges occupées par la Hollande, et récupérer ses frontières de la
révolution. L'invasion de l'Algérie devait nous permettre de contrôler
l'entrée ouest de la Méditerranée.
La Russie devait occuper l'entrée est, de Constantinople jusqu'à
l'embouchure du Danube. La création d'un nouvel empire colonial
français et la prise de contrôle de la Méditerranée, de l'Escaut et du
Danube risquaient de mettre fin à la suprématie du commerce britannique.

Le gouvernement Anglais fit tout pour empêcher l'expédition
algérienne, mais notre roi ne se laissa pas intimider.(47) Alors, comme en
1789, un journaliste au service de l'Angleterre déclencha une campagne
de diffamation contre notre gouvernement (48). Comme en 1789, le
diffamateur fut appuyé par le duc d'Orléans (le fils du précédent), qui
comme son père, était anglais de cœur. Comme en 1789, l'assemblée
nationale se laissa manipuler et joua le jeu des Anglais : en toute
illégalité, elle exigea la démission du gouvernement, invoquant à tort la
charte de 1814 signée par Louis XVIII, qui en réalité ne lui donnait pas ce
pouvoir (49). On voit donc que contrairement à la légende, ce fut
l'assemblée et non le roi qui chercha à violer la charte. Un autre
journaliste du nom d'Adolphe Thiers, prétendit imposer au roi une
monarchie à l'anglaise donnant tout pouvoir à l'assemblée. Mais, Charles
X ne voulut pas céder. Empêché par la chambre, il décida de gouverner
par ordonnances, comme l’autorisait la charte : pour faire taire les
journaux séditieux, il rétablit la censure, et pour exclure la bourgeoisie
marchande de l'assemblée, il voulut écarter la patente dans le calcul du
cens électoral. Thiers prit prétexte du rétablissement de la censure, pour
faire fermer tous les journaux parisiens, et jeta les ouvriers de la presse
dans la rue en leur promettant le chômage. Comme en 1789, un banquier
nommé Laffitte, mobilisa contre le roi les gardes nationaux. Comme en
1789, la Fayette fut nommé chef de la garde nationale. Comme en 1789,
on mentit au peuple en lui faisant croire que le roi rétablissait la
monarchie absolue, et comme en 1789, l'Angleterre paya des émeutiers et
déclencha les premières violences (50). La foule ouvrière se révolta,
renversa tout, mais, en l'absence d'un Robespierre pour la défendre, cette
révolution se fit contre ses intérêts. Le duc d'Orléans alias Louis-Philippe,
monta sur le trône, et partagea les fruits de la victoire avec Laffitte et
Thiers qui gouvernèrent à ses côtés. L'Angleterre fut la première à
reconnaitre le nouveau gouvernement. Elle reproduisait ainsi à moindre
frais l'opération réalisée en 1789 : utiliser la branche d'Orléans et notre
bourgeoisie pour chasser la branche légitime qui menaçait son hégémonie.
Mais, contrairement à 1789, l'Angleterre échoua militairement et ne put
empêcher ni la conquête d'Alger, ni l'indépendance de la Belgique. Les
Belges, qui voulaient être français, élurent comme roi le fils de Louis-
Philippe, mais celui-ci refusa pour ne pas indisposer ses amis Anglais, et
la Belgique ne fut pas annexée (51). Voila ce que fut la révolution des Trois
Glorieuses. Le catholicisme cessa d'être religion d'Etat, et le libéralisme
s'installa, aggravant considérablement nos inégalités sociales. La misère
s'installa dans le bas-peuple. Ce fut à cette époque qu'apparurent les
premières vraies révoltes ouvrières françaises, qui furent toutes noyées
dans le sang par Thiers, mais dont la dernière parvint à renverser le
régime.

1848 fut la seule révolution à être faite par le peuple et pour le
peuple. Ici, les meneurs étaient des idéalistes qui n'avaient rien à voir avec
les coupe-têtes de 1789 payés par l'Angleterre. Dès les premiers troubles,
Louis-Philippe fit donner la troupe. Le peuple mitraillé se souleva comme
un seul homme. En peu de temps, 150 barricades se dressèrent dans Paris,
et la marche des insurgés vers les Tuileries força le roi à abdiquer en
faveur de son petit fils. Louis-Philippe s'enfuit à Londres. La bourgeoisie
commençait déjà à préparer le règne du rejeton royal, quand la foule
envahit le palais Bourbon avec Raspail à sa tête, qui exigea la république,
sous peine de revenir avec 200.000 hommes armés. Deux heures plus
tard, la Deuxième République était proclamée ! Les prêtres rallièrent en
masse et bénirent les arbres de la liberté. Le suffrage universel fut
proclamé, l'esclavage fut aboli, la journée de travail diminuée, et des
ateliers nationaux furent créés pour les chômeurs. Un nouveau modèle de
république était né.

Malheureusement, la fermeture des ateliers nationaux par la
bourgeoisie déclencha des émeutes, et la belle utopie tourna au cauchemar
: Paris fut à nouveau hérissé de barricades. La bourgeoisie ne voulut pas
se laisser déborder par le peuple comme en 1792. Dans tous les esprits, le
spectre de la Terreur et des massacres de septembre ressurgit, et une
guerre à mort éclata entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. Barbès,
Raspail, Blanqui furent arrêtés. L'armée fut chargée de la répression avec
le soutien de la garde nationale. La guerre civile fut terrible. Elle dura 3
jours et fit 5 000 morts chez les ouvriers, la révolte populaire avait été à
nouveau écrasée dans le sang.

Les premières élections au suffrage universel furent alors
organisées qui donnèrent la victoire au futur Napoléon III. Sous sa
présidence, nos députés ne furent pas très longs à s'attaquer au tout
nouveau suffrage universel, excluant par des procédés iniques presque un
tiers des électeurs (les plus démunis), «cette vile populace » comme
l'appelait Thiers (52). Deux ans plus tard, au grand dam de l'assemblée,
Napoléon III prit le parti du peuple et restaura le vrai suffrage universel,
ce qui lui permit de proclamer l'Empire. Le coup d'état fut approuvé par
92% des français.

Après 10 ans de règne autoritaire, l'empereur vieillissant céda peu
à peu ses pouvoirs à l'assemblée, ce qui lui valut d'être entrainé malgré lui
dans une guerre avec la Prusse : malgré sa victoire aux dernières
élections, Louis-Napoléon avait commis l'erreur d'accueillir ses opposants
dans son gouvernement. Pour la première fois, royalistes et républicains
libéraux allaient diriger l'Empire. Ce gouvernement tricéphale fut
catastrophique pour la France.
A cette époque, le nouveau gouvernement espagnol avait choisi
un prince allemand pour occuper le trône vacant d'Espagne. Ce choix
avait été entièrement machiné par les espions de Bismarck, pour tendre un
piège aux Français (53). Bismarck n'ignorait pas que cette politique
d'encerclement semblable à celle de Charles Quint, était inacceptable pour
la France. La riposte de l'empereur fut à la hauteur du défi. Il réussit à
convaincre le prince allemand de renoncer à la couronne. Au moment où
Napoléon III allait sortir victorieux de ce duel diplomatique avec
Bismarck et que celui-ci, dépité avait déjà offert sa démission, tout fut
renversé par une énorme gaffe de Gramont, ministre royaliste des affaires
étrangères : voulant s'attribuer les mérites de l'empereur, Gramont fit
demander au roi de Prusse un renoncement officiel et définitif au projet.
Cette insistance déplacée entraina un léger incident diplomatique, qui fut
malicieusement aggravé par un texte provoquant que Bismarck rédigea et
diffusa dans la presse internationale et dans toutes les cours d'Europe.
« Ce texte… non seulement par ce qu'il dit, mais par la façon dont il sera
répandu, produira là bas sur le taureau gaulois l'effet du drapeau rouge »
commenta Bismarck (54). L'incident n'aurait pas eu de conséquences si la
Prusse en avait été à sa première bravade. Mais, Bismarck était un habitué
des provocations par campagne de presse interposée: il avait déjà
brocardé publiquement notre pays à deux reprises, et nous avait même
menacés de guerre (55). La France fut ridiculisée dans les journaux, et
Gramont influença l'assemblée qui vota la guerre. Comme il le
reconnaitra plus tard, Bismarck voulait sa guerre avec la France, comme il
avait voulu celle avec le Danemark, et comme il avait voulu celle avec
l'Autriche, car c'est grâce à elles qu'il put sceller définitivement l'unité
allemande. Cette politique de surenchère et de provocations répétées avec
au final la guerre avec la France, sera reprise plus tard par Hitler. L'image
du Napoléon III fauteur de guerre véhiculée par l'historiographie
traditionnelle est donc bien loin de la réalité. Napoléon et son épouse
firent tout pour éviter ce conflit(56). Une réforme militaire visant à mettre
notre armée au niveau de celle de la Prusse avait été proposée 3 ans plus
tôt, mais l'assemblée l'avait rejetée, et on fit croire à l'empereur que notre
armée était prête, ce qui n'était pas vrai. Les Prussiens l'étaient, eux, qui
avaient tout manigancé. Leur armée était deux fois supérieure à la nôtre.
La France dut affronter non seulement la Prusse, mais une coalition de
tous les états de la Confédération Germanique, dont la victoire consacra
l'unité allemande.
Napoléon III ayant été fait prisonnier, le peuple de Paris
s'insurgea à nouveau pour imposer la république. Mais, après un nouveau
massacre populaire orchestré par Thiers toujours lui, la bourgeoisie
d'affaires élabora à son profit une constitution particulièrement
pernicieuse : les dirigeants de la Troisième République n'étaient pas élus
par le peuple et n'avaient donc aucun compte lui rendre (57). Peu de rapport
avec le second Empire où les électeurs étaient régulièrement consultés par
référendum et où l'empereur avait une obligation de résultat. Il n'est donc
pas étonnant de retrouver plus de lois sociales dans les 22 ans d'un
gouvernement dit autoritaire comme celui du second Empire, que dans les
65 ans de la troisième république (58). Plus grave encore, dans cette
constitution, les pouvoirs, beaucoup trop divisés aboutissaient à un état
particulièrement défaillant. Ce régime fort devant les faibles (le peuple) et
faible devant les forts (les lobbies et l'ennemi extérieur), n'était pas le fruit
du hasard. " La France a besoin d'un gouvernement faible " disait Jules
Ferry, chef du lobby colonialiste et ami des banquiers. (59) " Rien n'est
plus oppressif et injuste qu'un gouvernement faible " disait de son côté
Edmund Burke. Le lobby colonial ne fut pas le seul à imposer sa volonté
à cette république, si faible, si facile à débaucher, que certains la
surnommaient " la gueuse ". Un autre groupe de pression fut celui de la
Banque de France dont les bilans monétaires furent régulièrement falsifiés
pour préserver la confiance sur le marché des changes. En 1924, La
révélation publique de ces falsifications par ceux qu'on appelait les
régents de la Banque de France, ruina la crédibilité des autorités
monétaires françaises, entrainant une baisse vertigineuse du Franc et la
chute du gouvernement du Cartel des Gauches. Précisons que la Banque
de France était un établissement privé dont les principaux actionnaires
étaient 200, et que le Cartel des gauches qui fut leur victime, avait comme
projet la création d'un impôt sur le capital, ancêtre de notre impôt sur la
fortune (60). Daladier en conclut :

" Deux cents familles sont maîtresses de l'économie française et,
en fait, de la politique française. Ce sont des forces qu'un Etat
démocratique ne devrait pas tolérer, que Richelieu n'eut pas tolérées dans
le royaume de France. "

En 1944, la quatrième république sera hélas construite à peu près
sur le même modèle. La faiblesse de ces deux régimes fut un énorme
handicap pour notre politique extérieure : nos dirigeants étaient
régulièrement renversés par la chambre, parfois après 1 ou 2 mois
d'exercice. Il était donc impossible à la France d'avoir une politique
étrangère suivie. Comment s'étonner alors de notre impuissance à arrêter
l'ascension d'Hitler, et plus tard à mettre fin à nos guerres coloniales ?
Durant l'entre-deux-guerres, c'est la défaillance de cette république,
incapable de s'affirmer face à la politique pro-allemande des anglo-
américains, qui nous conduira à la catastrophe de 1940 (Voir chap. VIII).
A l'actif de la troisième république, citons aussi la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, et l'école laïque de Jules Ferry qui, quelles que soient
ses vertus, ne fut pas l'avancée sociale que l'on croit : en effet, avant Jules
Ferry, l'école était déjà gratuite pour les 2/3 des français (les plus
pauvres). Grâce à lui, elle le devint pour le tiers restant (les plus riches)…
Quant à l'école chrétienne, elle devint un luxe, puisque payante pour tous,
et donc réservée aux nantis … (61)

Nous devons aussi à la Troisième République le choix du 14
juillet comme fête nationale, une date qui commémorait non pas la prise
de la Bastille, mais la Fête de la Fédération laquelle consacrait le
triomphe de… la monarchie constitutionnelle. Les Français semblent
l'ignorer, mais leur fête nationale n'est pas républicaine. Rappelons
qu'entre 1793 et 1803, notre journée nationale se célébrait le 22
septembre, en commémoration de la proclamation de la République au
lendemain de Valmy, mais cette date ne recueillit pas les faveurs des
députés, peut être parce qu'elle célébrait une prise de pouvoir par le
peuple...

Il fallut attendre l'arrivée de De Gaulle et de la cinquième
république pour que la France possède enfin un régime à sa mesure : un
état à la fois démocratique et fort face à l'adversité. Grâce à cette nouvelle
constitution, l'homme de pouvoir, quasi-monarque élu, était le président,
ce qui n'était pas arrivé depuis le second Empire : ici, le chef de l'Etat
tenait sa légitimité du peuple, qu'il consultait régulièrement par
référendum. Seul apte à choisir ses ministres, il n'était redevable que
devant le peuple et lui seul. La cinquième république offrait donc à la fois
les avantages de la monarchie et ceux de la république. Cette constitution
fut d'ailleurs la seule à avoir reçu l'approbation populaire. Bien plus forte
qu'une monarchie constitutionnelle à l'anglaise, elle permit à De Gaulle de
régler le problème algérien et, grâce à l'arme nucléaire, de repositionner
notre pays comme grande puissance internationale, enfin capable de se
désengager de l'OTAN et d'avoir sa propre politique extérieure, ce que ne
put jamais faire la monarchie anglaise. Désormais, la France adoptera une
position d'arbitre entre Est et Ouest, ce qui la placera à l'apogée de sa
puissance d'après-guerre.
Lors du référendum de 1969, De Gaulle voulut limiter le pouvoir
du Sénat. Si le oui l'avait emporté, cette chambre non élue du peuple,
aurait perdu presque tous ses pouvoirs. Le général voulait ainsi donner
aux Français plus d'emprise sur la vie politique, mais ces derniers ne le
comprirent pas; les parlementaires eux, le comprirent, et firent tout pour
que le non l'emporte, ce qui ne manqua pas d'arriver.

Malheureusement, après le départ de De Gaulle, notre cinquième
république sera progressivement vidée de toute sa substance en plusieurs
étapes :


1 - La loi sur les 500 signatures a consacré définitivement le
règne des grands partis. Les signatures ne seront accordées qu’à une
opposition contrôlée, dont les excès serviront à diviser l’électorat
contestataire.
2 - La privatisation des grands médias a mis ces partis sous la
dépendance des industriels qui les possèdent et dont les actionnaires ne
sont plus majoritairement français (62).
3 - La manipulation des sondage permet aux dirigeant
d’influencer les suffrages.
4 - Depuis 1986, nos dirigeants ont abdiqué tous leurs pouvoirs à
une commission européenne non élue. Dorénavant, 80% de nos lois sont
élaborées par des commissaires européens dont moins de 4% sont
français, et qui, face à l'incapacité des 28 états à s'accorder entre eux, s'en
remettent aux 3 000 lobbies qui siègent à Bruxelles. Ces lois européennes
ont primauté sur les nôtres (voir chap. VIII). L'Europe nous a donc
ramenés aux faiblesses de la troisième république.
5 - Le retour de la France dans le giron de l'OTAN a mis fin à
notre indépendance en politique étrangère en nous plaçant à nouveau aux
ordres des Etats Unis, comme nous l'étions avant De Gaulle (voir chap.
VIII).
6 - Enfin, l'article 123 du traité de Lisbonne, voté contre l'avis du
peuple, interdit à l'Etat de battre monnaie, et place notre pays sous la
tutelle non seulement des banques mais des agences de notation (voir
chap. VIII).

La France semble donc condamnée à plus
ou moins long terme, à rester gouvernée par des élites choisies
par une oligarchie financière dont le seul but est l’enrichissement
personnel; il n’y a plus d’état français.




La Révolution américaine a-t-elle influencé la nôtre ?

Tout d'abord, rappelons que la République fut inventée à Athènes
au VIe siècle av. JC. Les romains reprirent l'idée quelques siècles plus
tard, et les Vénitiens après eux. Quant à la révolution américaine, elle fut
avant tout une guerre d'indépendance. Elle-même doit beaucoup à la
France qui la finança et intervint militairement en sa faveur. Notons qu'à
cette époque, les Etats-Unis ne représentaient qu'une minuscule bande
côtière, qui s'agrandit considérablement grâce à l'apport de la Louisiane
par la France. Rappelons aussi que le Canada, qui lui, ne bénéficia pas de
l'aide française, n'obtint son indépendance qu'en 1930... La constitution
américaine fut rédigée par Benjamin Franklin, lui-même inspiré par nos
philosophes des lumières et notamment par Montesquieu.
Concernant la France, le premier révolutionnaire à proposer la
république fut Robespierre, qui tenait ses idées non pas de la révolution
américaine, mais directement de Rousseau qu'il avait lui-même rencontré
(note 23). Quant à notre déclaration des droits de l'homme, elle fut
contemporaine de celle des Etats-Unis, mais basée sur l'égalité des droits,
ce qui n'était pas vraiment conforme à l'idéologie américaine qui
s'accommodait de l'esclavage et de l'expulsion des Indiens. Elle ne fut pas
inspirée par la Fayette comme on l'a souvent dit, ni par Mirabeau, qui fut
tenu à l’écart, mais par Champion de Cicé, lui-même influencé par
Montesquieu (L'Esprit des lois), et par Rousseau (Essai sur l'origine de
l'inégalité). Quant au fédéralisme américain, il ne sera pas lui non plus
appliqué en France, ni même revendiqué par les Girondins, contrairement
aux accusations proférées contre eux. Néanmoins, la révolution
américaine fut pour nos révolutionnaires un formidable exemple de
rébellion contre un régime royal. La France a donc probablement autant
influencé la révolution américaine que celle-ci a pu influencer la nôtre.
Quant à la révolution anglaise de 1688, Edmund Burke affirma
lui-même que, contrairement à la nôtre, elle trouvait ses origines non pas
dans des idées nouvelles, mais au contraire dans un désir de restaurer des
droits et des libertés anciennes perdus au fil du temps, le vote de l'impôt
par la chambre faisant partie du droit coutumier féodal anglais. Rappelons
qu'une grande partie des troupes qui participèrent à cette " Glorieuse
Révolution " étaient des protestants français et hollandais, commandés par
Frédéric de Schomberg, un huguenot français. Certes, ce libéralisme, plus
Hollandais qu'anglo-saxon, chercha à s'imposer de force dans les
premières années de notre révolution. Mais, maltraité par les Girondins
qui prohibaient les produits anglais, et banni sous Robespierre, il ne
parvint jamais vraiment à s'implanter en France, et finit par aboutir à
l'économie dirigée de Napoléon. Quant à l'ingérence anglaise, elle aura
surtout eu pour effet d'éliminer un souverain gênant, Louis XVI, au profit
d'un monarque défaillant, Louis XVIII.
La République, la vraie, nous la devons au gigantesque
mouvement populaire de 1848 (note 23).




II



La France et l’esclavage










" Tant que les lions n'auront pas leur propre
histoire, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le
chasseur. "

Chinua Achebe









La période esclavagiste

En 1643 les premiers plants de cannes à sucre apparurent sur
le continent américain. La population amérindienne ne tardant pas à être
décimée par les épidémies et les massacres, les planteurs se tournèrent
d'abord vers une main d'œuvre européenne composée de miséreux
engagés pour 36 mois sur une plantation. Malheureusement, les
conditions exécrables firent périr la moitié d'entre eux avant la fin du
contrat, ce qui ne tarda pas à se savoir en Europe, freinant de suite les
ardeurs des engagés potentiels. Les planteurs se tournèrent alors vers une
main d'œuvre africaine qu'ils trouvèrent tout d'abord en Espagne.
L'esclavage était en effet déjà très développé dans ce pays ainsi qu'au
Portugal qui à cette époque avait le monopole de la traite. Mais cette main
d'œuvre ne suffisant pas, le commerce triangulaire ne tarda pas à
s'installer. En 1673 la France créa la compagnie du Sénégal, et douze ans
plus tard, le roi réduisit sa concession au profit de la Compagnie de
Guinée, qui acquit à partir de 1701, le monopole de la traite aux dépens
du Portugal. A partir de 1713, le traité d'Utrecht accorda ce monopole à
l'Angleterre.
Des marchandises (armes à feu, poudre, étoffes, pacotilles)
étaient échangées en Afrique contre des esclaves qui eux-mêmes étaient à
nouveau échangés sur le continent américain contre d'autres marchandises
(rhum, sucre, tabac, café, métaux précieux), elles-mêmes revendues en
France, essentiellement à Nantes, Bordeaux, La Rochelle et Le
Havre. 500 familles se livraient à ce négoce, et 20 de ces familles
totalisaient à elles seules le quart de cette activité. Cette aristocratie
négrière occupait les places les plus importantes dans les sociétés
portuaires formant des lobbies qui infiltreront rapidement les sphères du
pouvoir.
Face à la concurrence de l'Espagne qui pratiquait l'esclavage à
outrance, Louis XIV avait choisi de légaliser la traite. Colbert fut donc
chargé en 1685 d'établir un règlement qui prit le nom de « code noir ».
Ce code contenait 60 articles, qu'il serait trop long de tous énumérer. Nous
nous contenterons d'en résumer l'essentiel :
On y lit notamment que l'esclave est considéré comme meuble, mais
que le législateur a le souci de le faire instruire et baptiser, avec obligation
du maître de le nourrir, l'habiller, et s'il a un enfant avec une esclave, de
l'épouser, l'épouse et l'enfant se retrouvant par là même affranchis.
L'esclave ne peut se marier sans le consentement de son maître,
mais ce dernier ne peut le marier contre son gré.
La peine de fouet est réservée aux esclaves violant l'interdiction
du port d'armes, de l'attroupement et de la vente illégale de marchandises,
avec dans certains cas le marquage au fer.
La peine de mort est réservée aux cas de violences exercées
contre le maître et dans certains cas de vols ou de meurtres.
L'article 38 mérite d'être recopié intégralement : L'esclave fugitif
qui aura été en fuite pendant 1 mois à compter du jour où son maître
l'aura dénoncé, aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lys
à l'épaule; s'il récidive un autre mois, il aura le jarret coupé et sera
marqué à l'autre épaule. S'il récidive une troisième fois, il sera puni de
mort.
Le maître aura la liberté de faire enchaîner ou de battre l'esclave
s'il le juge utile, mais les mutilations sont interdites.
L'esclave a néanmoins le droit d'hériter de son maître et se
retrouve par là même affranchi de fait. L'esclave affranchi acquiert les
mêmes droits qu'un citoyen normal.

Six pays se livrèrent à ce trafic abominable : le Portugal,
l'Angleterre, l'Espagne, les Etats-Unis, la France et la Hollande. En
Afrique, les esclaves étaient convoyés 2 à 2, le cou entravé par des
doubles fourches rigides, puis entassés par centaines dans des bateaux.
Cinquante ans plus tard, certains philosophes des lumières
comme Montesquieu, puis Rousseau, Jaucourt, Roubaud, l'abbé Raynal et
Diderot dénoncèrent ces pratiques qu'ils estimaient être une atteinte à la
dignité humaine. D'autres comme Voltaire, investirent leur fortune dans le
commerce triangulaire.
Le taux de mortalité des esclaves pendant le transport était si
important, qu’à la fin du XVIIIème siècle, de nombreuses compagnies
anglaises firent faillite. La traite n'était rentable en France à cette époque
que grâce à la fameuse prime au commerce des noirs qui fut versée par
notre gouvernement. Ce trafic d'êtres humains n'en était que d'autant plus
inexcusable.
On peut être étonné que l'esclavage n'ait pas plus choqué les
esprits dans un pays catholique comme la France, mais les esclavagistes
sans scrupule faisaient valoir l'argument fallacieux que l'esclavage
s'apparentait au servage, qui était encore dans les mœurs à l'époque (63).

En 1788, Jacques Pierre Brissot et Etienne Clavière créèrent la "
Société des Amis des Noirs ". D'influence anglaise, cette société s'appuyait
sur l'idée de Thomas Clarkson selon laquelle un affranchi était plus
productif qu'un esclave. Trop bourgeoise, cette société milita surtout
contre la traite.
Pour ses adhérents, l'esclavage ne pouvait être aboli que progressivement
sur plusieurs générations.

En 1789, éclata la Révolution française. La déclaration des droits
de l'homme et du citoyen fut promulguée. Chacun savait que l'idée même
d'esclavage était incompatible avec le premier de ses articles " Tous les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ". En France
même, plusieurs communes envoyèrent des doléances au roi pour faire
abolir l'esclavage. Cette contradiction avait mis nos colonies en ébullition.
En octobre 1789, fut promulguée la loi sur le suffrage censitaire,
qui n'accordait le droit de vote qu'aux citoyens les plus riches. Or, le code
noir donnait aux affranchis les mêmes droits qu'aux blancs. Certains
hommes de couleur libres qui s'étaient enrichis allaient donc pouvoir
voter, alors que les colons les plus pauvres, qu'on appelait " petits blancs "
ne le pourraient pas. Les colons blancs constituèrent alors un lobby très
puissant au sein de la chambre : leur but était de rendre la déclaration des
droits inapplicable dans les colonies (64). En mars 1790, un décret de
l'assemblée nationale proclama l'égalité des droits pour toute personne
libre, sans préciser si les gens de couleur seraient concernés. Les mulâtres
libres, en tête desquels était un dénommé Ogé, exigèrent de l'assemblée
coloniale que cette loi d'égalité s'appliquât aux gens de couleur.
Mécontent d'avoir été éconduit, Ogé organisa une première révolte armée.
Le malheureux fut capturé et supplicié, mais son cas émut en France, et
fut discuté à l'assemblée nationale le 12 mai 1791.
Ecoutons le discours de Robespierre " Avant tout, il est important
de fixer le véritable état de la question : elle n'est pas de savoir si vous
accorderez les droits politiques aux citoyens de couleur, mais si vous les
conserverez, car ils en jouissaient avant vos décrets". On croit rêver ! Le
lobby colonial refusait aux noirs le peu de liberté que leur accordait le
code noir... Le lendemain, pour la première fois, la voix d'un noir fut
entendue à l'assemblée. Un ami d'Ogé, le mulâtre Raymond, réclama les
droits de l'homme pour sa classe. Robespierre prononça ce jour là le
premier vrai discours abolitionniste " Dès le moment où dans vos décrets
vous aurez prononcé le mot esclave, vous aurez prononcé votre
déshonneur… Périssent les colonies si les colons veulent par leurs
menaces nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts ".
La voix de Robespierre ne fut pas écoutée, mais celle de
Raymond le fut, et pour cause : les " Amis des Noirs " lui avaient fait
prélever un total de 7 millions de livres de contributions auprès des
populations noires libres de Saint Domingue, pour leurs frais de
propagande. Sur le dernier versement qui s'élevait à un million, Brissot
toucha 300 000 livres, Condorcet 150 000, l'abbé Grégoire 80 000 et
Pétion 60 000. Robespierre qui participait sans être adhérent, refusa toute
rémunération(65). Grâce à cet argent, les gens de couleur libres de
deuxième génération acquirent le plein exercice de leurs droits civiques.
En payant, ils avaient donc obtenu moins que ce que le code noir leur
accordait jusqu’ici. Quant aux esclaves, n'ayant pas d'argent, Robespierre
ne put rien pour eux. On sait que des plans sur la manière de conduire et
de soutenir une insurrection furent remis à Raymond, mais on ignore par
qui… Le 10 juillet 1791, la Société des amis des Noirs s'adressa à
l'Assemblée constituante pour réclamer l'égalité des droits pour les gens
de couleur libres de première génération et l'abolition de la traite négrière,
tout en réaffirmant son hostilité à un affranchissement subit et général des
esclaves. Cette adresse marque la fin des activités de la Société des amis
des Noirs.

Deux ans plus tard, Clavière et Brissot montreront leur vrai
visage en réintroduisant la prime au commerce des noirs qui
subventionnait la traite, et dont, grâce à certains arrangements, une grande
partie était redistribuée aux Anglais. En réalité, la société des Amis des
Noirs était un leurre utilisé par l'Angleterre pour s’approprier nos
colonies, et Brissot en était l'instrument. La volonté d’abolir la traite en
France, n’avait pour vocation que d’éliminer un concurrent subventionné.
Quant à la loi d’égalité, elle avait probablement pour but de mécontenter
les blancs et de les pousser à prendre leur autonomie aux dépens de la
France, car l’Angleterre cherchait à s’entendre avec eux.

Tandis que les Anglais, après avoir fait étalage de principes
philanthropiques, continuaient d'agir en marchands, certains
révolutionnaires français poursuivaient la lutte avec enthousiasme. Les
abolitionnistes anglais étaient aussi sincères, mais William Pitt avait
volontairement popularisé leur action tout en prenant soin de faire
ajourner toute réforme dans son pays. Comme nous le verrons, Pitt sera
débordé par la révolution des esclaves comme il le fut par la nôtre, et dès
sa mort, la traite sera abolie en Angleterre (66).












La révolte des esclaves de Saint-Domingue


Avec pas moins de 400 000 esclaves, Saint-Domingue (Haïti)
était devenu le premier producteur mondial de canne à sucre et de café,
assurant la moitié de la production mondiale et un tiers des exportations
françaises. Si la traite n'était plus rentable, l'esclavage l'était.

En 1791, les colons blancs, qui n'acceptaient pas la loi d'égalité,
ne cachaient plus leurs revendications autonomistes, et l'Angleterre se
tenait prête à s'entendre avec eux. Dès le mois d'août, un affranchi nommé
Toussaint, apprit que des royalistes voulaient organiser un mouvement de
rébellion contre ces colons autonomistes : il eut l'idée d'y associer une
révolte d'esclaves, et fit répandre le bruit que les colons refusaient
d'appliquer une prétendue décision du roi "d'accorder aux esclaves trois
jours de liberté par semaine et l'abolition de la peine de fouet ". Le succès
fut total, les esclaves du nord s'insurgèrent, 1000 colons furent massacrés
(67)
. La nouvelle arriva à Paris. Le 24 septembre, l'Assemblée nationale
voulut sévir, et donna tous les pouvoirs aux colons blancs, abrogeant le
décret d'égalité, ce qui eut pour effet de pousser les noirs libres à rejoindre
la rébellion.
En 1792, la République fut proclamée et les Girondins arrivèrent
au pouvoir. Pour rallier les libres de couleur à la France, Brissot eut l'idée
de rétablir la loi d’égalité, espérant ainsi former une alliance avec eux
pour forcer les esclaves à déposer les armes. Mais il était déjà trop tard.
Entre temps, les esclaves s'étaient regroupés dans le nord de l'ile pour
organiser une nouvelle rébellion. Tout se joua au combat de La Croix-de-
Bouquets : armés de piques et de couteaux, les noirs combattirent
héroïquement. Malgré le massacre de 1 200 des leurs, ils réussirent à tuer
100 de leurs adversaires et à les refouler. Cette victoire leur gagna le
ralliement définitif des noirs libres. Encouragés par ce succès, leurs
revendications augmentèrent : ils demandèrent à présent la liberté totale.
L'évènement fit grand bruit, ils furent alors rejoints par les esclaves de
l'ouest et ceux du sud, l'insurrection devint générale et recueillit l'appui du
clergé local. L'élan abolitionniste était donné.

Le gouvernement Girondin envoya des renforts pour mater la
rébellion. Toussaint choisit de s'allier aux espagnols qui eux, lui avaient
promis l'abolition, et remporta plusieurs succès militaires à leurs côtés.
En 1793, profitant de tout ce désordre, les Anglais réussirent à
s'entendre avec nos colons qui acceptèrent de les accueillir. Le traité de
Whitehall fut signé par Malouet, dans lequel l'Angleterre s'engageait à
maintenir l'esclavage dans nos colonies, en échange des juteuses taxes
agricoles. Un débarquement anglais fut même organisé. La France était
sur le point de perdre sa plus riche colonie.
Les commissaires de la république Polverel et Sonthonax, pris
entre et les colons, les Anglais et les Espagnols, n'eurent plus d'autre
choix que de promettre la liberté à tous les esclaves qui combattraient
sous le drapeau français. Ce fut un succès, 20 000 esclaves s'engagèrent à
nos côtés. Sonthonax et Polverel firent aussitôt proclamer l'abolition de
l'esclavage dans la colonie. Toussaint se rallia alors aux français, et fut
nommé général de la République. Ce fut la première abolition, elle est le
résultat conjugué des efforts de Toussaint et de tout le peuple haïtien, qui
le premier, sut briser lui-même ses chaînes de la façon la plus inattendue
(68)
.

Les habitants de Saint-Domingue élurent aussitôt 3 députés : un
blanc, un mulâtre et un noir nommé Bellay. Leur arrivée à Paris fit
sensation. La convention montagnarde, sous influence Robespierriste,
rallia immédiatement la cause des trois émissaires, et le 4 février 1794, le
discours d'abolition fut prononcé par Chaumette. L'abolition fut votée à
l'assemblée dans l'euphorie générale; pour une fois, un décret égalitaire
faisait l'unanimité. La joie des députés fut immense, de pouvoir du même
coup chasser l'anglais et accomplir une œuvre humanitaire. Danton
espérait que l'élan abolitionniste allait gagner les colonies anglaises et
ruiner l'Angleterre " C'est à présent que l'anglais est mort. " Plus réaliste,
Robespierre restait expectatif. Il n'ignorait pas que Chaumette et les
exagérés étaient sous influence anglaise (note 36).

Pendant que la France abolissait l'esclavage, William Pitt loin de
s'en tenir à ces bonnes résolutions, avait fait ajourner le débat sur la traite
au Parlement. Les Anglais purent ainsi prendre possession de la
Martinique et de la Guadeloupe en s'alliant avec nos colons, moyennant le
maintien de l'esclavage. La Guadeloupe fut reprise aux anglais peu après,
mais la Martinique resta esclavagiste et anglaise jusqu'au traité d'Amiens
signé par Bonaparte. Quant à Haïti, les esclaves étant libérés, l'entreprise
devenait autrement difficile pour l'Angleterre. Toussaint avait établi son
autorité sur l'ile : contre lui, l’armée anglaise subit un des plus grands
désastres militaires de son histoire : après avoir perdu 100 000 hommes,
elle fut définitivement chassée de l’ile. Les Espagnols furent refoulés eux
aussi, et Toussaint soumit l'armée des mulâtres commandée par Rigaud.
Son pouvoir s'étendait à présent sur tout le territoire français.

Toussaint était un personnage hors du commun. Tout à fait
conscient de la grande destinée qui l'attendait, il avait su pressentir dès le
début que les européens succomberaient sous le nombre. Véritable
autodidacte, il avait appris à lire et à écrire sur le tard et se comportait
comme un chef irréprochable. Cette image d'infaillibilité, il la cultivait
comme le faisait son rival Bonaparte, sachant très bien tous deux que leur
autorité en dépendait. Comme lui, il était infatigable, dormait très peu et
dictait jusqu'à 300 lettres par jour. Sa prestance en imposait à tous y
compris aux généraux qui le combattaient. Il faisait régner une discipline
de fer dans son armée (69).

Bonaparte de son côté, n'était pas esclavagiste dans l'âme,
puisqu'il avait décrété l'abolition à Malte deux ans plus tôt. Dès sa prise
de pouvoir, il avait tenu à rassurer Toussaint et lui avait garanti le
maintien de l'abolition (70). C'est alors que Toussaint prit une décision qui
allait s'avérer très lourde de conséquences. Il passa outre l'interdiction
écrite qu'il avait reçue d'occuper la partie espagnole de l'île, et l'envahit
militairement. Bonaparte qui voulait rétablir la suprématie maritime
française, avait un besoin absolu de paix avec l'Espagne. Il ne put rien
faire d'autre que de rayer Toussaint de la liste de ses généraux (71). Déchu
de son grade, Toussaint n'eut d'autre choix que de s'autoproclamer
gouverneur à vie de Saint-Domingue. Il promulgua une nouvelle
constitution qui, tout en gardant le protectorat français, avait ses propres
lois et sa propre assemblée. Une loi garantissait l'abolition mais une autre
ré-instaurait le système de "caporalisme agraire " déjà prôné par
Sonthonax, qui rattachait les anciens esclaves à la terre mais leur
garantissait un salaire proportionnel à la récolte. Cette loi fut impopulaire
et Toussaint dut faire face à une rébellion d'anciens esclaves. Il chargea de
la répression Dessalines, son lieutenant, qui fit exécuter les meneurs.
Bonaparte jugea la nouvelle constitution de Toussaint trop
autocratique. En fait, le premier consul attachait beaucoup plus
d'importance aux considérations territoriales qu'à l'esclavage lui-même, et
son idée première était surtout de ménager le plus possible les
susceptibilités locales pour conserver le territoire, ce en quoi il n'était pas
si éloigné qu'on le croit des idées d'Abraham Lincoln (72) . Sa lettre à
Barbé-Marbois en août 1800, ne parlait que d'adoucir l'esclavage là où il
existait encore, et de maintenir la discipline partout ailleurs. Les
premières instructions à Leclerc parlaient de " rendre les noirs
cultivateurs mais libres " (73).

L'amiral La Crosse fut envoyé en Guadeloupe à cet effet, mais il
agit avec tant d'intransigeance, qu'il ne réussit qu'à provoquer une
insurrection et à se faire expulser de l'ile. Son propre aide de camp, le
mulâtre Dèlgrès, passa même dans le camp des esclaves.
Bonaparte avait cherché jusqu'au bout à s'entendre avec Toussaint
pour s'attacher ses services (74). Mais, il eut à subir la pression des colons,
des spéculateurs et de tous les négociants vivant de la production sucrière
(75)
. Craignant que les colons n'accueillent à nouveau les anglais comme ils
l'avaient fait en Martinique, Bonaparte céda, il eut tort. Contrairement à
ses espoirs, le rétablissement de l'esclavage n'entraina pas la conservation
du territoire, mais au contraire sa perte. Le consul venait enfin d'obtenir la
paix auprès des Anglais, qui, sachant l'ile définitivement perdue pour eux,
ne voulaient pour rien au monde qu'Haïti serve d'exemple à leurs
colonies. Les ministres britanniques s'entendirent donc avec les
Américains pour encourager Bonaparte à détruire la République noire.
Des vivres et des munitions furent même promis à l'armée française.(76)
Trois expéditions furent organisées, une en Guadeloupe, une en Guyane et
une à Saint-Domingue. Un décret fut rédigé par Cambacérès à ce sujet,
qui ne parlait que de maintenir l'esclavage là où il se pratiquait encore, à
savoir en Martinique, à Sainte Lucie, à Tobago, à Maurice et à la Réunion.
La décision de rétablir l'esclavage dans les autres colonies sera prise dans
le plus grand secret (77).

L'expédition de Guadeloupe, dirigée par Richepanse et Lacrosse,
se heurta au jusqu'au-boutisme des insurgés, et se termina dans un
effroyable bain de sang. « Vivre libre ou mourir» était la devise de
Delgrès, devenu chef des rebelles. Ce dernier résista héroïquement
jusqu'au bout à l'armée française, préférant se faire sauter avec ses 300
derniers fidèles plutôt que d'être pris vivant. Cette affaire coûta 4 000
morts et 3 000 déportés à la Guadeloupe. Richepanse mourut de la fièvre
jaune et La Crosse rétablit peu à peu l'esclavage sur l'île, sans toutefois le
reconnaître officiellement.

L'opération ne se fera pas sans heurt en Guyane, où Victor
Hugues rétablira l'esclavage, mais de façon déguisée, sous le nom de
"conscription de quartier ". Mais, plusieurs centaines d'insoumis
organiseront la résistance par petits groupes, ce qui aboutira à une
intensification du grand marronnage (78).

A Saint-Domingue, le général Leclerc fut chargé de l'expédition.
Toussaint voulut organiser la résistance, mais sa position était très
affaiblie. Les noirs n'oubliaient pas la répression exercée contre eux au
profit des blancs qu'on leur demandait maintenant de combattre. Toussaint
fut battu et après une héroïque résistance, son adjoint Dessalines dut se
soumettre, et passa avec son armée dans le camp français. Toussaint lui-
même, signa une sorte de paix des braves avec Leclerc et se retira sur ses
terres.
Peu après, Leclerc fut informé à tort ou à raison que Toussaint
jouait un double jeu et préparait une nouvelle rébellion (79). Ce dernier fut
attiré dans un piège, capturé et déporté en France.
Mais, la nouvelle du rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe
ne tarda pas à arriver, et déclencha une véritable insurrection à Saint-
Domingue. La guerre reprit plus féroce encore; Dessalines fut utilisé par
Leclerc pour exercer la répression la plus terrible (80). La fièvre jaune avait
déjà tué plus de la moitié des français. Leclerc, lui-même malade, mourut
peu après et fut remplacé par Rochambeau(81). En octobre, sentant le vent
tourner, Dessallines changea de camp et prit la tête de la rébellion.
Rochambeau commit l'erreur de vouloir désarmer les affranchis, qui
passèrent à leur tour du côté des esclaves.
Les massacres redoublèrent d'intensité, les atrocités se multiplièrent des
deux côtés (82). Rochambeau rivalisa de barbarie avec Dessallines " tuons
tout ce qui peut nous tuer " devint la devise de l'armée française. Comme
en Vendée, on pendit, on noya, on massacra, on asphyxia, mais sans
résultat. Des chiens d'esclaves furent importés de Cuba, qui servirent pour
la capture et l'exécution des prisonniers (83). Mais c'était déjà la fin du
corps expéditionnaire français, ravagé par la fièvre jaune. L'assaut final se
déroula à Vertières en novembre 1803 où les français offriront une ultime
résistance. Rochambeau finira par capituler : sur les 45 000 soldats
débarqués, il ne lui en restait que 2 000 à opposer aux 15 000 de
Dessallines (84). Ses troupes seront capturées plus tard par la flotte anglaise
et gardées prisonnières sur les pontons anglais. Rochambeau finira tué à la
bataille de Leipzig en 1813.


L'expédition de Saint-Domingue avait couté la vie à la presque
totalité du corps expéditionnaire français, ainsi qu'à plusieurs dizaines de
milliers d'haïtiens (entre 50 et 100 000). Bonaparte en porte l'entière
responsabilité. Plus tard à Sainte-Hélène, il reconnaitra sa faute. Songeant
à l'incroyable gâchis que représentait l'affrontement d'aussi valeureux
soldats, qui au lieu de s'entre-aider s'étaient littéralement exterminés,
Leclerc sur son lit de mort eut le mot juste : " Des hommes si braves, qui
avaient rendu tant de services à la France, qui auraient pu lui en rendre
tant d'autres, méritaient un autre sort." Quel gâchis en effet (85). Une seule
consolation pourtant : c'est au chant de " La Marseillaise " que les
esclaves de Saint-Domingue ont conquis leur liberté (voir chap. XII).
Quoi qu'il en soit, on ne peut que saluer l'héroïsme aveugle de ces
guerriers noirs qui, méprisant la mort, se sacrifièrent par milliers pour
venir à bout de la meilleure armée d'Europe (les soldats du corps
expéditionnaire avaient remporté la bataille d'Hohenlinden contre les
Autrichiens).

L'indépendance Haïtienne sera proclamée en 1804, mais ne sera
reconnue par la France qu'en 1825 sous Charles X, qui exigera en échange
la somme de 150 Millions de francs-or pour indemniser les colons
français. Cette somme sera rabaissée à 90 Millions et honorée par
versements successifs jusqu'en 1883.
Toussaint Louverture mourra en prison en 1803, dans des
conditions indignes de son rang. Il restera aux yeux du monde, ce fameux
" Spartacus noir ", ce " vengeur de la race opprimée " décrit par l'abbé
Raynal dans son Histoire des Indes.

Dessalines deviendra empereur d'Haïti. Après avoir organisé le
massacre des colons, il ré-instaura lui aussi le caporalisme agraire. Sa
chute sera provoquée par la réforme agraire qu'il voulut entreprendre au
détriment des grands propriétaires et au profit des anciens esclaves. Une
coalition se forma contre lui, et il mourut trahi et assassiné par ses anciens
amis, moins de 3 ans après sa victoire. Il sera réhabilité en 1845, et
comptera avec Toussaint, parmi les personnages les plus populaires de
l'Histoire haïtienne. Il restera face à l'Histoire un remarquable chef de
guerre et le père de l'indépendance haïtienne.
Bonaparte lui aussi finira trahi et mourra prisonnier comme
Toussaint, mais il n'aura pas la chance d'être vraiment réhabilité.
L’horrible expédition de Saint-Domingue restera une éternelle
tâche noire sur son règne, au point qu'en 2005, pour ne pas avoir à
célébrer Napoléon, notre gouvernement renoncera à commémorer la
bataille d'Austerlitz qui fut pourtant notre plus grande victoire.
En 1815, soucieux d'un Empire plus libéral, Napoléon s'était
enfin décidé enfin à abolir la traite des noirs dans son acte additionnel.
Mais il sera renversé aussitôt et les monarques qui lui succéderont,
attendront 1818 pour en faire autant. La traite continuera clandestinement
jusqu'à ce que Louis-Philippe y mette fin. Ce n'est qu'en 1848, sous la 2e
république, que l'esclavage sera définitivement aboli par Victor
Schoelcher, qui, ironie du sort, était colonialiste. L'Histoire est
impitoyable pour les adeptes du bien absolu (86).

La révolution haïtienne aura une importance considérable dans
l'Histoire, car en 1815, Simon Bolivar, chassé du Venezuela, fera escale à
Saint-Domingue, seul endroit au monde où la belle utopie était devenue
réalité. Alexandre Pétion, président haïtien, donnera asile à Bolivar et lui
fournira les moyens de poursuivre sa campagne, sous réserve qu'il fasse
affranchir les esclaves de toutes les terres libérées. Bolivar avait fait ses
études à Paris et avait été initié aux idées des lumières. Séduit par la
cause, il promulguera en 1816 au Venezuela son premier décret
abolitionniste. L'idée fera son chemin, gagnant peu à peu tous les autres
pays d'Amérique du sud, et plus tard d'Afrique.

En 1915, Haïti sera colonisé par les Américains qui aboliront la
constitution démocratique, et feront régner un régime tyrannique qui
aboutira à l'expropriation des agriculteurs et l'appauvrissement du pays,
300 000 Haïtiens quitteront définitivement leur pays en moins de 20 ans.







Pour illustrer ce chapitre sur l'esclavage, voici publiés ci-dessous,
les chiffres en millions concernant l'histoire de l'esclavage dans le monde
moderne :



Esclavage noir dû aux pays musulmans vers l 'Afrique du nord et le
Moyen Orient du 8ème au 19ème siècle : 8 à 17 M (87)


Esclavage blanc d'Europe occidentale dû aux pays musulmans :
1 M (88)


Esclavage blanc d'Europe orientale dû à l'empire Ottoman
3 M (89)


Esclavage noir domestique dû à l'Afrique : inconnu


Esclavage noir du aux pays occidentaux du 16e au 19e siècle :
10 à 15 M (90) dont :

Etats-Unis : Chiffre inconnu, au moins 4 Millions (91)

Portugal : 4 M

G.B. 4 M (90)

Espagne : 2,6 M

France : 1,3 M (90)

Pays-Bas : 0,5 M

Danemark : 0,3 M

Autres pays : 0,2 M





Enfin, pour conclure, voici les dates d'abolition suivant les pays : 1793
Saint-Domingue (Haïti)
1794 France première abolition
1823 Chili (S. Bolivar)
1824 Costa Rica, Honduras, Panama, Guatemala, Salvador,
Belize. (S.Bolivar)
1826 Bolivie (S.Bolivar)
1829 Mexique
1830 Uruguay
1838 colonies britanniques (92)
1844 République Dominicaine
1846 Tunisie
1847 Suède et Turquie
1848 France deuxième abolition
1848 Danemark
1848 Algérie
1851 Equateur, Colombie
1854 Argentine
1854 Venezuela
1854 Pérou
1863 Pays-Bas
1865 Etats-Unis
1876 Turquie
1878 Portugal
1880 Espagne
1886 Cuba
1888 Brésil
1896 Madagascar
1897 Zanzibar
1922 Maroc
1923 Afghanistan
1924 Irak
1929 Iran
1942 Ethiopie
1949 Koweït
1952 Qatar
1968 Arabie Saoudite
1980 Mauritanie
L'influence de l'abolitionnisme sur la guerre de
sécession d'Amérique fut loin d'être telle qu'on le croit habituellement.
Parmi les 11 états du sud qui firent sécession en 1861, seulement quatre
invoquèrent la question de l'esclavage. En réalité, d'autres raisons étaient
en cause: les états du nord, essentiellement industriels, voulaient protéger
leur industrie qui n'était pas compétitive, et forcer les états du sud à
acheter leurs produits. Mais, le Sud, surtout agricole, préférait importer
des produits moins chers venus d'Europe. Le protectionnisme américain
imposé par le nord, gênait les états du sud qui eux pouvaient exporter leur
coton. Les taxes d'importation exorbitantes imposées par le Nord,
reposaient à 83% sur les états du Sud, très dépendants des produits
d'importation. C'est ce qui les poussa à faire sécession. La guerre
commença en 1861, mais la première proclamation abolitionniste ne fut
publiée qu'en septembre 1862, au moment où le Sud était sur le point de
triompher. Le but de cette abolition était probablement de déclencher une
révolte d'esclaves dans le Sud (70 000 noirs combattaient dans l'armée
sudiste), et aussi de s'attirer les faveurs de l'Angleterre et de la France qui
jusqu'ici avaient soutenu le sud, qui leur achetait leurs produits et les
fournissait en coton.(93)

Aujourd'hui, peut-on dire que nous en avons fini avec l'esclavage
? Certes pas, nous sommes même en plein dans l'actualité : le
mondialisme est particulièrement propice à toutes les formes d'esclavage.
On sait par exemple qu'actuellement, sur les 250 millions d'enfants qui
travaillent, près de 6 millions le font dans des conditions identiques à
celles de l'esclavage; chaque année 1 à 2 millions de femmes sont vendues
comme des marchandises par des gangs de prostitution internationale (94),
sans oublier qu'il reste encore 2 à 3 millions d'esclaves dans les pays
musulmans. Le total atteindrait au bas mot 30 millions, dont 8.500 en
France… (95)






























III


Le colonialisme français










" Personne n'aime les missionnaires armés !
"

Robespierre





Le colonialisme sous l’ancien régime


La colonisation du Canada

C'est en 1534 que Jacques Cartier découvrit le Canada. Le
commerce des fourrures était la seule richesse exploitable à l'époque. En
1627, sous Richelieu, l'article XVII de l'Acte pour l'établissement de la
Compagnie des Cent-Associés accorda à tous les amérindiens christianisés
la naturalisation française au même titre que les habitants d'origine
française. Notons qu'à l'époque, toutes les tribus amérindiennes étaient
alliées des français. Seuls les Iroquois avaient choisi l'alliance Anglaise.
Malheureusement, ces tribus, toutes confondues, ne rassemblaient pas 100
000 hommes. La colonisation anglaise fut plus importante de par les
persécutions religieuses qui sévissaient en Angleterre et la qualité de vie
meilleure en France. Lorsque la guerre franco-anglaise commença au
milieu du XVIIIe siècle, les anglais étaient un million contre seulement 60
000 français, la partie était déjà jouée… Après la défaite française, les
francophones refusant d’abandonner la religion catholique seront déportés
par les Anglais, mais à la longue, la population française prendra sa
revanche et finira par gagner la guerre des berceaux : aujourd’hui, plus
d’un tiers de la population canadienne parle la langue Française qui est
devenue majoritaire dans la capitale.


La colonisation de l’Algérie

Au début du XIXe siècle, l'Algérie, qui n'existait pas encore en
tant que nation, était un conglomérat de tribus disparates sous domination
ottomane. Depuis plus d'un siècle, la Régence d'Alger vivait de la " course
" et avait accumulé un véritable trésor grâce à ses navires pirates qui
écumaient toute la Méditerranée.
En 1827, sous le règne du roi Charles X. Un vieux contentieux
qui remontait à la république, une vieille dette du Directoire, négociée par
deux commerçants algérois et cautionnée par le dey d'Alger, n'avait
apparemment pas été honorée par la France. Le dey d’Alger, lui-même
ottoman, avait écrit plusieurs fois à notre roi pour l'enjoindre de
rembourser sa créance. En l'absence de réponse, il accusa notre consul de
lui avoir caché les courriers du roi et de s'être partagé l'argent avec les
deux commerçants (96). Face à l'arrogance du consul, le dey eut un
mouvement d'impatience, le frappa de son éventail, et refusa de s'excuser
malgré les instances françaises. La riposte française fut un blocus d'Alger
par notre flotte, mais qui fut sans effet sur la détermination du dey. Le
vaisseau amiral français fut canonné, notre ambassadeur à Tripoli fut
chassé et l'équipage d'une chaloupe française fut massacré.
En réalité, Charles X venait de négocier une alliance secrète avec
Moscou pour faire main basse sur l'Empire Ottoman au grand dam des
Anglais. La Russie devait occuper Constantinople pendant que la France
prendrait Alger. L'incident avec le Dey servit donc de prétexte à Charles
X pour déclencher les hostilités. Une campagne terrestre fut alors
organisée dont le but officiel était "Obtenir réparation des griefs
particuliers contre la France, la destruction définitive de la piraterie,
l'abolition absolue de l'esclavage des chrétiens, l'abolition du tribut que
les puissances chrétiennes payaient à la régence, et le triomphe des
intérêts communs à toute la chrétienté. " (97) La ville d'Alger fut prise en
1830, le Dey signa sa capitulation, et les français pillèrent la ville et
s'emparèrent du trésor des pirates.

Mais peu après, Charles X fut renversé, et remplacé par Louis-
Philippe.
Il fut décidé au début de se borner à occuper les villes du littoral
algérien, et de négocier des alliances avec les provinces de l'intérieur : la
ville d'Oran fut occupée par les français en 1831. Deux ans plus tard, le
général Desmichels, ancien soldat de la Révolution, fut nommé
commandant de la province d'Oran. Après avoir obtenu de grands succès
militaires, il eut vite fait de repérer parmi ses adversaires, un chef d'un
grand charisme nommé Abd el-Kader. Desmichels fit les premières offres
de négociation à son adversaire. Un traité fut signé en 1834, tout à
l'avantage d'Abd el-Kader, qui obtenait un droit de contrôle sur tous les
ressortissants français circulant dans la région, ainsi que le monopole du
commerce. La France s'engageait aussi à armer les troupes de l'émir, et à
respecter l'Islam.
Malheureusement, Abd el-Kader fut vaincu par des tribus rivales,
et à deux doigts d'être fait prisonnier. Ses adversaires proposèrent une
alliance aux généraux français. Desmichels aurait pu profiter de cet
avantage pour exterminer ses adversaires une bonne fois pour toutes et
laisser les algériens divisés. Mais regardant Abd el-Kader comme un être
hors du commun, il refusa les propositions des autres chefs et décida de
sauver l'émir dont l'autorité fut restaurée. En faisant cela, Desmichels
ignorait certainement à quel point son action allait révolutionner l'Algérie.
Malheureusement, jugé trop conciliant, ce général avisé fut révoqué par
ses supérieurs, et la guerre reprit de plus belle. Heureusement pour nous,
les tribus arabes étaient plus occupées à leurs querelles tribales qu'à la
lutte contre l'envahisseur (98).

En 1837, grâce à l'intervention de Desmichels qui avait repris du
service, un autre traité, celui de Tafna, fut signé entre Abd el-Kader et le
maréchal Bugeaud. Grâce à cette nouvelle paix, pendant les 2 années
suivantes, Abd el-Kader soumit la plupart des tribus d'Algérie et réalisa
pour la première fois de son Histoire, l'unité algérienne : désormais, les
deux tiers du territoire algérien étaient sous son autorité. Les français
n'occupaient plus que les villes d'Alger, Constantine et Oran, sans
possibilité de communiquer entre elles par voie terrestre sauf à violer le
traité. La situation étant intenable, les français traversèrent la zone
règlementée. Le traité fut déclaré violé, et les hostilités reprirent: Abd el-
Kader insaisissable, par une tactique très mobile, remporta de nombreux
succès. Mais, Bugeaud décida d'envahir l'arrière pays qu'il qualifia de "
Vendée musulmane ". L'ennemi étant insaisissable, il utilisa la tactique des
colonnes mobiles et des razzias. Comme en Vendée, Les villages furent
incendiés, les récoltes brûlées, certains habitants massacrés. Un millier de
malheureux de la tribu d'Oued-Riah furent même enfumés dans une grotte
du Dahra, l'affaire fit grand bruit à Paris. Bugeaud s'en justifia en
prétextant un accident et qu'on avait simplement essayé de les
« déloger »… Tocqueville, pourtant colonialiste, concluait d'un voyage en
Algérie : "Nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les
arabes eux-mêmes… c'est quant à présent de leur côté que la civilisation
se rencontre ".
Finalement, La Smala, capitale ambulante d'Abdelkader fut prise
en 1843. L'effet moral en fut décisif sur les troupes de l'émir. Il dut se
réfugier auprès de ses alliés marocains qui furent battus à leur tour à Isly
en 1847. Abd el-Kader remporta encore plusieurs succès, mais, les
marocains s'étant retournés contre lui, il se retrouva presque seul, coupé
des révoltés algériens. La plupart de ses amis se soumirent, et lui-même
finit par signer sa reddition.
Il fut assigné à résidence au château d'Amboise et dut attendre 5
ans la libération promise. Napoléon III qui était pro-arabe, le fit libérer en
1852. Respectant sa promesse de ne pas retourner en Algérie, Abd el-
Kader finit sa vie à Damas où il se consacra à la prière. Des milliers de
chrétiens échappèrent à un massacre grâce à son intervention, et il en
recevra les félicitations des monarques de l'Europe entière. Surnommé "
l'ami des français", décoré de la légion d'honneur, Abd el-Kader sera
invité à l'exposition internationale de Paris et à l'inauguration du canal de
Suez. Il restera autant en France qu'en Algérie, une des personnalités les
plus respectées du monde arabe, et le père de l'unité algérienne (99).

Entre 1833 et 1848, le nombre des colons algériens venus non
seulement de France, mais de l'Europe entière passa de 8.000 à 110.000.
Napoléon III qui se voulait l'ami des arabes et leur défenseur contre les
violences de la colonisation, tenta de faire de l'Algérie non pas une
colonie, mais un " royaume arabe" associé à la France. Sous son règne,
l'Algérie était administrée par des structures militaires appelées " bureaux
arabes ", et qui respectaient les usages locaux. Lorsque Napoléon III
chercha à consolider la propriété indigène en 1863, il ne réussit qu'à
soulever les colons contre lui. Plus tard, au grand dam de ces derniers, le
décret impérial de 1866 accorda la nationalité française à tous les
habitants de l'Algérie, qu'ils soient juifs, musulmans ou étrangers, sans
pour autant qu'ils puissent jouir des droits politiques.

Mais en 1870, à la chute de l'Empire, dans Paris assiégé, le
nouveau ministre de la justice Adolphe Crémieux, transforma ce décret
égalitaire en un décret discriminatoire qui avantageait ses coreligionnaires
: les juifs jouissaient de plein droit du statut de citoyens français, alors que
les musulmans ne pouvaient en jouir qu'à condition de renoncer à leur
religion et d'en faire la demande. Un autre de ces décrets remplaçait
l'administration militaire jusqu'ici respectueuse des traditions de l'Islam,
par une bureaucratie de fonctionnaires civils qui, venant tout droit de
Paris, amenait avec elle une normalisation républicaine laïcarde en
contradiction totale avec les traditions musulmanes. Les décrets Crémieux
et l'attribution des terres aux réfugiés alsaciens furent très mal perçus par
la population, ce qui entraina la grande insurrection de Kabylie (100).


















Extension de l’Empire colonial français :
1880 - 1962



La troisième république au service des affairistes



" Il y a deux manières de conquérir et d'asservir une nation !
L'une est par l’épée, l'autre par la dette. "

John Adams, Président des Etats Unis 1797.



Par un procédé bien rodé, le même qui fut utilisé jadis en Inde par
les Anglais, et réutilisé par eux en Egypte, en Turquie, en Iran et plus tard
par nous au Maroc, un conglomérat bancaire s'accapara de l'économie
Tunisienne, par le biais de l'endettement (101).


En 1863, la Tunisie était sous le protectorat turc, et le pays dirigé
par un bey ottoman. Son premier ministre, voyant l'économie tunisienne
en faillite, se laissa convaincre de contracter des emprunts auprès de
plusieurs établissements financiers dont la banque Openheim, le Comptoir
d'Escompte de Paris (actuelle BNP), et la banque Erlanger. Le ministre
corrompu continua d'aggraver l'endettement tunisien. Les emprunts se
renouvelèrent, il fallut doubler le taux d'imposition du pays pour
rembourser les dettes, mais cela ne suffisait pas. La crise s'aggrava et
engendra une famine dans le pays. Le peuple tunisien se révolta et on
assista à de véritables émeutes. Le Bey en cessation de paiement, fut forcé
d'accepter la mise sous tutelle du pays : une commission tripartite fut alors
créée entre la France, l'Italie et l'Angleterre pour gérer le budget tunisien.
Pour garantir les nouveaux prêts accordés, les banques exigèrent des
hypothèques : pour exemple, la banque Erlanger jouissait de la totalité des
taxes douanières du pays, de la récolte des olives, et des bénéfices de
l'usine de Tébourba. Tout y passa, l'huile, les céréales, les impôts.
L'économie du pays finit presque entièrement aux mains des banques (102).
Désormais, une protection militaire s'imposait pour faire face à une
éventuelle révolte. Mais, pour l'obtenir, les intérêts de la France devaient
absolument être engagés dans le pays. Les faiblesses de notre troisième
république furent alors habilement exploitées pour y parvenir.
En 1878, la compagnie ferroviaire " Bône-Guelma ", elle aussi
financée par le Comptoir d'Escompte, obtint tout le marché ferroviaire de
la Tunisie ainsi que celui de la télégraphie, qui fut entièrement payé par la
France. Une loi fut expressément votée pour intéresser les actionnaires :
un minimum de 6% d'intérêts quelle que soit la rentabilité des lignes, leur
fut garanti par l'état français. Tout ceci trahissait une complicité au sein du
gouvernement. L'auteur de la loi était Albert Christophle, proche de Jules
Ferry, dont le frère administrait justement une filiale du Comptoir
d'Escompte.(103) Jules Ferry, qui était Président du Conseil, devint donc
rapidement l'homme providentiel. Les intérêts français ayant été engagés
en Tunisie, notre pays se devait de les protéger. Le prétexte trouvé par
Ferry fut d'aller refouler les montagnards Kroumirs, eux-mêmes accusés
de faire des incursions en Algérie. L'armée française fut donc envoyée
pour imposer le protectorat français au Bey de Tunis. On voit donc que la
colonisation économique de la Tunisie existait bien avant son occupation
militaire, celle-ci servant à protéger celle-là.

Dès lors apparurent de nouveaux investisseurs : le groupe Péreire-
SMC, qui exerçait un lobby très puissant sur notre gouvernement, obtint
en plus de la colonisation agraire et du transport maritime, l'extraordinaire
privilège du droit d'émission de la monnaie. Le comptoir d'Escompte, de
son côté, s'accapara une partie du riche sous-sol du pays (104).

Mais, le colonialisme ne faisait pas l'unanimité en France. Après
la défaite de 1870, deux partis s'affrontèrent : les partisans de Ferry
appelés opportunistes, prônaient une politique d'entente avec l'Allemagne,
prétendant redorer le blason de la France par des conquêtes coloniales
réputées plus faciles.
Les anti-colonialistes, dont faisait partie Clémenceau, préféraient
préparer une revanche contre l'Allemagne pour récupérer l'Alsace et la
Moselle. Selon eux, cet Empire colonial allait assurément s'avérer très
coûteux en vies humaines et en argent, qui seraient autant de moins
consacrés à l'effort de guerre contre l'Allemagne. On comprend donc
pourquoi Bismarck fit tout pour inciter la France à coloniser la Tunisie.
Au congrès de Berlin en 1878, la France fut secrètement encouragée par
l'Allemagne et l'Angleterre à envahir la Tunisie, en échange de quoi elle
devait renoncer à reconquérir l'Alsace et la Moselle et laisser la Grande
Bretagne prioritaire en Egypte (105).

Pendant ce temps, au Congo, un aventurier du nom de Savorgnan
de Brazza, doté d'un grand bagout et d'un certain charisme, s'était acquis
une grande popularité auprès des tribus locales. En 1880, il fonda
Brazzaville et parvint même à convaincre le roi des Tékés d'accepter le
protectorat français. Ainsi naquit le mythe de la colonisation
pacifique…

Pour protéger la Banque d'Indochine administrée par son frère, Ferry
colonisa l'Indochine. Restait à coloniser l'intérieur du continent africain.
Ferry s’y employa aussitôt : ses discours à l'assemblée nationale
trahissaient un racisme paternaliste qui se résumait dans sa célèbre phrase
:

" Il y a un droit des races supérieures, il y a un droit, parce qu'il y a un
devoir pour elles de civiliser les races inférieures." Jules Maigne eut
beau jeu de lui répondre " Vous osez dire cela dans le pays où ont été
proclamés les droits de l'homme ! " Ferry s'attira aussi cette admirable
réponse de Clémenceau :

" Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour
ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants
allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue
dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race
inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux
fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de
prononcer : homme ou civilisation inférieure!… C'est le génie de la race
française que d'avoir généralisé la théorie du droit et de la justice,
d'avoir compris que le problème de la civilisation était d'éliminer la
violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de
tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons
pas, des rapports des nations entre elles… Regardez l'Histoire de la
conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la
violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots,
le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voila l'histoire de votre
civilisation ! … Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au
nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que
l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il
impose s'il lui plait(106). Et c'est un pareil système que vous essayez de
justifier en France dans la patrie des droits de l'homme ! Je ne comprends
pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond
pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit
des nations dites supérieures contre les nations inférieures… La conquête
que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la
civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour
s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui
au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la
négation. Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence
l'hypocrisie. "

Dans un autre discours, Ferry chercha à entrainer les industriels
français dans l'aventure, invoquant les prétendus "débouchés économiques
" apportés par les colonies.
Pour parvenir à ses fins, Ferry utilisa ses réseaux maçonniques
adeptes de Saint-Simon. Le frère Eugène Etienne le secondera dans cette
tâche. Inspecteur des chemins de fer, député d'Oran et futur secrétaire
d'état aux colonies, il organisa à l'assemblée, le fameux " Groupe colonial
" qui rassemblait tous les députés colonialistes, tant de droite que de
gauche (107). Eugène Etienne sera aussi président du non moins fameux
"Comité de l'Afrique française". Les membres de ce comité étaient tous
des industriels, banquiers ou armateurs qui étaient plus ou moins
directement intéressés dans l'affaire. Le frère Jules Siegfried qui en faisait
partie, devint ministre du commerce et des colonies. Jules était le frère
ainé de Jacques Siegfried qui lui-même co-administrait à la fois le
Comptoir d'Escompte et la compagnie Bône-Guelma, tout ceci se faisait
donc en famille. De la même manière, les Rothschild qui finançaient la
compagnie Bône-Guelma et compteront parmi les plus gros investisseurs
du nouvel état Tunisien, avaient un lien familial avec les Oppenheim déjà
cités plus haut (108).
En 1885, Clémenceau, le tombeur de gouvernements, obtiendra la
démission de Ferry grâce à un revers militaire français au Tonkin. Après
une gigantesque manifestation populaire anti-coloniale, Ferry sera
renversé et devra quitter l'assemblée sous les huées de la foule.

L'Indochine sera néanmoins envahie par la France. Ici aussi, les
mêmes industriels créeront la " Compagnie des Chemins de Fer de
l'Indochine et du Yunnan ". La Banque de l'Indochine, dont Ferry junior
était directeur, obtiendra l'immense privilège d'émettre non seulement la
monnaie locale du pays, mais aussi le franc pacifique de Polynésie et de
Nouvelle Calédonie.

Quant au continent africain, il sera entièrement colonisé et
partagé entre l'Angleterre, la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne,
l'Italie et le Portugal. Les règles de la colonisation seront établies en 1884
à la conférence de Berlin présidée par Bismarck, et à laquelle
participeront quatorze pays dont la Turquie, la Russie et les Etats-Unis,
qui eux coloniseront Porto Rico, Cuba, Hawaï, Haïti, et les Philippines.
En 1892 sera créée l'Afrique Occidentale Française qui comprenait le
Mali, le Sénégal, la Guinée et la Côte d'Ivoire.
L'Afrique Equatoriale Française ne sera créée qu'en 1910, incluant le
Gabon, le Congo, le Tchad et le Centre-Afrique.
Madagascar sera occupé en 1896 ainsi que les îles du Pacifique.


L'indigénat

Jusqu'à la fin du second Empire, toute l'administration coloniale
algérienne, y compris le pouvoir judiciaire, avait été confiée aux fameux "
bureaux militaires arabes ". Nous avons vu que depuis les décrets
Crémieux, ces bureaux étaient devenus civils.
Dès 1874, la nouvelle administration républicaine élabora un
règlement spécifique aux Algériens : différent de la législation française,
il instituait un rapport inégalitaire entre le citoyen français et l'indigène
algérien qu'on appelait désormais " sujet français". Une liste de 27
infractions spécifiques aux indigènes fut établie, dont celles de circuler la
nuit, de se réunir sans autorisation, ou de quitter la commune sans permis
de voyage. La Troisième République se dévoyait en légalisant l'inégalité
des droits. C'est en 1881, sous le gouvernement Jules Ferry, que ce
règlement fut officialisé sous la forme d'une loi qui s'appliqua d'abord en
Algérie et en Cochinchine, puis dans la totalité de notre Empire colonial.
Cette loi devait s'appliquer de façon transitoire pour une période de 7 ans,
mais en réalité, elle sera sans cesse prorogée, et ceci jusqu'en 1945.
Dans toutes ces colonies furent créés des « Cercles » dirigés par
un commandant européen, et qui regroupaient plusieurs villages.
Le régime des concessions instauré en Afrique Equatoriale en
1897 fut directement inspiré du régime belge dont la rentabilité avait fait
ses preuves : d'énormes concessions territoriales furent accordées à
quelques sociétés privées à qui l'Etat délégua tous les pouvoirs.
La loi du 13 avril 1900 institua l'autonomie financière des
colonies, obligeant celles-ci à trouver d'elles mêmes les moyens de leurs
infra-structures. Pour les y aider, la loi Decrais du 11 février 1902 imposa
à tous les indigènes de l'Afrique Equatoriale Française l'impôt de
capitation (impôt par tête) qui existait déjà dans la loi musulmane, et qui
devait servir à la participation à l'œuvre coloniale française, mais qui
aboutissait à un travail forcé déguisé. En effet, l'indigène n'ayant pas
d'argent, était obligé de travailler chez le colon pour pouvoir payer son
impôt. Il existait deux autres façons pour lui de s'acquitter de ses devoirs :
soit en s'engageant dans les tirailleurs, soit par la corvée dans laquelle le
travail forcé ne devait concerner que la construction des infrastructures (il
sera très souvent détourné pour des intérêts personnels). Face à cet impôt,
l'indigène n'avait plus d'autre choix que de fuir ou de se résigner à
travailler pour les sociétés concessionnaires. La récolte de l'impôt passait
par les chefs de village qui étaient désignés par l'administration coloniale,
et étaient payés en fonction du résultat de leurs recettes, ce qui conduisait
souvent à des abus. Les chefs de villages étaient soutenus dans leur tache
par des détachements de miliciens qui vivaient aux dépens des indigènes
et réprimaient les récalcitrants. Ces répressions furent parfois très
violentes:
Au Congo particulièrement, on assista à des exécutions de chefs
de villages, des prises d’otages de femmes et d'enfants qu'on laissait
mourir de faim, ainsi que des destructions de villages. Ces violences firent
grand bruit à Paris et entrainèrent une mission d'inspection dirigée par
Savorgnan de Brazza. Malheureusement ce dernier mourut
mystérieusement à son retour, et son rapport, qui confirmait tout cela,
resta étouffé jusqu'à la fin de la colonisation.

Un des exemples les plus tragiques du travail forcé fut celui de la
compagnie de Chemin de Fer Congo-Océan entre 1921 et 1934, qui fut un
effroyable consommateur de vies humaines. D'après Albert Londres, ces
510 kilomètres de voie ferrée coûtèrent la vie à 17.000 africains.
Du jour au lendemain, l'économie de l'Afrique française s'orienta
vers l'exportation. La production de minerais, d'ivoire, de caoutchouc,
d'huiles et autres produits alimentaires enrichirent de grandes compagnies
privées, pendant que les compagnies ferroviaires sillonnaient les colonies
en vivant de subventions.

Mais, les espoirs de Jules Ferry seront déçus : les investissements
français effectués dans la totalité de notre Empire Colonial restèrent
inférieurs à ceux consacrés à la Turquie (plus rentable grâce à ses
infrastructures). Du coup, l'Etat français dut se substituer aux
investisseurs. Les capitaux nationaux engagés dans nos colonies furent
autant de moins investis en France, et expliqueront en partie le retard
économique pris par notre pays sur l'Allemagne et les Etats Unis durant la
période coloniale. Au total, on peut dire que l'Empire colonial français,
mise à part l'Algérie, fut globalement déficitaire pour le contribuable
français et n'enrichit que quelques grandes compagnies(109). Le plus gros
avantage qu'en tira la France, et qui n'est pas moindre, fut le soutien
militaire apporté par les populations indigènes qui constituèrent l'élite de
notre armée, et sans lequel la France n'aurait jamais pu sauver son
honneur en 1944 (Voir chap. VI).



















Les guerres coloniales


Introduction

Jusqu'en 1945, les guerres restaient purement coloniales, mais, après
l'effondrement du fascisme, la Guerre froide vit deux mondes s'affronter,
l'Est et l'Ouest. En réalité, cette guerre froide fut surtout un leurre utilisé
pour justifier l'hégémonie occidentale (110). L'OTAN sera créée en 1949, et
chargera la France de combattre le communisme dans toutes nos colonies
et particulièrement en Afrique(111). Certaines guerres coloniales seront
donc abusivement considérées consciemment ou pas comme des
affrontements Est-Ouest (112) : ce fut le cas du Cameroun, de la Guinée et
du Bénin. En Indochine, la Guerre commença par être purement
coloniale, mais tourna rapidement en affrontement Est-Ouest, avec une
participation croissante des Etats-Unis.
Dans ces guerres où tous les coups étaient permis, nous assisterons à
des opérations de propagande, de corruption, d'enlèvements, d'assassinats,
et de tortures, avec participation active de nos armées et de nos services
secrets, voire de mercenaires. Des centaines de milliers d'innocents y
seront tués.


La guerre du Rif

En 1916, le Maroc fut achevé d’être colonisé par la France, mais
sous la forme d'un protectorat. Le Sultan garda sa souveraineté et la partie
nord du pays resta occupée par les espagnols. Au lieu d'aider le pays à se
développer, ces derniers n'eurent de cesse que de monter les tribus les
unes contre les autres, tout en pillant le sous-sol du pays. Leurs exactions
finirent par déclencher une grande révolte berbère dans le Rif.
Abdelkrim qui dirigeait l'insurrection, était un lettré, ancien allié de
l'Espagne, mais révolté contre les exactions espagnoles. En 1921, il les
écrasa à la bataille d'Anoual. Les berbères mirent la main sur 20000 fusils,
400 mitrailleuses et 200 canons espagnols qui leur servirent pour attaquer
les français.
En 1923, Abdelkrim réussit le prodige de rassembler les 41 tribus du
Rif et proclama la République du Rif. Malgré les bombardements aériens
et l'utilisation de gaz, les espagnols furent à nouveau battus et rejetés à la
mer.
En 1924, Abdelkrim se lança à l'attaque des positions françaises.
Entrainées dans ce formidable élan national, les tribus marocaines alliées
de la France changèrent de camp au grand dam de Liautey qui vit tous ses
rêves d'alliance s'effondrer sous ses yeux (113). De nouvelles tribus se
joignirent à la rébellion, mais le Sultan resta fidèle à la France. Les
combats furent terribles et atteignirent l'intensité de ceux de la guerre de
14. Nos troupes reculèrent et Fez fut menacée. Lyautey ne reçut aucun
renfort mais parvint finalement à arrêter l'ennemi à Ouezzane.
En 1925, des renforts arrivèrent, avec à leur tête le maréchal Pétain.
Lyautey qui privilégiait les solutions négociées avec ses adversaires,
voulait faire reconnaitre la République du Rif par la France, mais il fut
évincé par Pétain. Ce dernier négocia une alliance avec les espagnols, ce
que Lyautey avait toujours refusé, et se lança avec eux dans une offensive
générale. En France, le Parti Communiste protesta contre les immenses
moyens militaires mis en œuvre pour vaincre la rébellion. Mais, ni
l'Angleterre ni la Société des Nations n'écouteront les propositions
pacifistes d'Abdelkrim. Le fameux " droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes " prôné par Wilson n'était donc pas destiné aux colonies, ni
françaises, ni américaines (Haïti fut colonisé par Wilson à la même
époque).
Abdelkrim sera finalement battu en 1926 et se rendra aux autorités
françaises. Assigné à résidence à la Réunion, il s'en évadera en 1947, et
regagnera l'Egypte pour soutenir les guerres d'indépendance arabes. Il
peut être considéré aujourd'hui comme le premier héros indépendantiste
arabe, avec Abd el-Kader.





La guerre d’Indochine

Depuis la colonisation de l'Indochine en 1885, la "pacification"
avait duré plus de 20 ans, sous l'égide de Galliéni et de Lyautey.
L'Indochine française était composée du Laos, du Cambodge, et du
Vietnam, lui-même réparti en 3 provinces : au nord le Tonkin, au centre
l'Annam et au sud la Cochinchine. La population française ne dépassa
jamais 35 000 dont 6 000 fonctionnaires, pour une population totale de 23
Millions, dont seulement 700000 enfants étaient scolarisés. Une ligne de
chemin de fer relia Hanoï à Saigon, et la production de caoutchouc suffit
bientôt aux besoins de la France. Le pays devint le 3ème exportateur de
riz du monde. Rappelons qu'ici aussi, cette colonisation fut déficitaire
pour le contribuable Français. Les seules à en profiter furent quelques
grandes compagnies, dont les principales étaient des sociétés ferroviaires
et des banques, dont la Société Générale, le Crédit Lyonnais, Paribas et
surtout le Comptoir National d'Escompte (BNP), qui avait le privilège
d'émettre non seulement la piastre locale, mais aussi le franc pacifique de
la Polynésie.

En 1940, la souveraineté française en Indochine fut sérieusement
remise en cause par l'intervention militaire japonaise. La France de Vichy
dut tolérer la présence de forts contingents japonais sur le territoire
vietnamien, les deux armées collaborèrent et se partagèrent le territoire,
mais les japonais favorisèrent beaucoup l'agitation indépendantiste
vietnamienne. Le 9 mars 1945, les troupes françaises, qui n'étaient que 12
000, firent face à l'attaque-surprise de 65 000 japonais. En moins de 2
heures, l'état-major français fut capturé, certains de nos chefs furent
décapités alors qu'ils dînaient avec leurs homologues japonais. En 48
heures, 3000 français furent tués. Les garnisons qui ne furent pas
surprises résistèrent courageusement, mais les tirailleurs indigènes
désertèrent, et ce qui restait de nos troupes n'eut d'autre choix que de
prendre le maquis. Ils marchèrent à travers la forêt jusqu'en Chine dans le
dénuement le plus total, et n'obtinrent aucun soutien des américains. La
moitié d'entre eux mourut d'épuisement. Plutôt que d'aider les français,
Roosevelt, ennemi de De Gaulle, préféra armer Ho Chi Minh, opposant
Stalinien, et chef du parti communiste vietnamien (Viet Minh). Le Japon
de son côté, proclama l'indépendance du Vietnam et restaura l'Empereur
légitime, Bao Daï, qui finit par abdiquer lors de la capitulation japonaise
en septembre 1945. A ce moment, les japonais abandonnèrent leurs armes
aux vietnamiens et quittèrent le pays qui se retrouva pour la première fois
depuis 65 ans sans aucune armée occupante et totalement livré à lui-
même.
Le peuple vietnamien en profita pour faire sa révolution : les
anciens serviteurs des gouvernements français et japonais furent éliminés,
et certains, surtout les métis, furent impitoyablement massacrés. A Hanoï,
Hô Chi Minh en profita pour proclamer l'indépendance du Vietnam dans
l'exaltation générale.


Mais l'euphorie fut de courte durée, le plan d'occupation des alliés
prenant effet quelques jours après. Le pays fut divisé en deux zones : les
troupes anglaises furent chargées d'occuper le sud et les chinois le nord,
quant aux troupes françaises commandées par Leclerc, elles arriveront
plus tard pour relever les anglais. Dès son entrée dans le pays, Leclerc
envahit facilement le sud, mais s'aperçut très rapidement de
l’impossibilité de reconquérir le nord par les armes. L'armée chinoise de
Chang Kai Check, telle une nuée de sauterelles, avait pillé toute la région,
et s'était entendue avec les ministres nationalistes dont faisait partie Bao
Dai. Les Chinois ayant écarté les communistes vietnamiens du pouvoir,
l’intervention française apparut comme providentielle à Ho Chi Minh (114).
Traiter avec la France étant le seul moyen de se débarrasser de l'ennemi
héréditaire Chinois, Ho Chi Minh signa avec nous le 6 mars 1946, un
traité qui faisait du Vietnam un " état libre rattaché à la Fédération
indochinoise, mais au sein de l'Union française" (115). Le traité stipulait
que l'armée française quitterait le pays d'ici 5 ans, la fédération des trois
provinces devait se faire plus tard par référendum.

Leclerc négocia avec les Chinois l'évacuation du nord du pays,
mais le principal litige concerna la province sud (la Cochinchine), qui
était la plus riche et la seule à être département français. L'amiral
d'Argenlieu, supérieur de Leclerc qui n'avait pas été consulté lors des
négociations avec Hô Chi Minh, estima qu'elle appartenait à la France. Il
décida sans référendum d'en faire une république autonome, ce qui n'était
pas du tout conforme au traité. Lorsqu'il apprit la nouvelle, Ho Chi Minh
était déjà dans l'avion qui l'amenait à Paris pour une conférence avec le
gouvernement Bidault. Arrivé sur place, il dut abattre ses cartes et
revendiqua l'indépendance totale de tout le pays, y compris de la
Cochinchine qui devait selon lui rester rattachée au reste du pays, ce qui
lui fut refusé.

Pendant ce temps, au Vietnam, le Parti Communiste réglait ses
comptes : les vietnamiens pro-français, les trotskistes et les nationalistes
furent physiquement éliminés.
L'assemblée nationale et le gouvernement vietnamien furent eux
aussi épurés et Bao Daï évincé. A présent, Ho Chi Minh avait les mains
libres. Il ne lui restait plus qu'à chasser les français. Les provocations
commencèrent : nos troupes furent agressées en plusieurs endroits. Un
incident très grave éclata à Hai Phong : une jonque chinoise bourrée
d'essence de contrebande, refusa de se faire arraisonner, les milices
vietnamiennes tirèrent sur la douane française. Dans toute la ville, ce fut
comme un signal : partout en même temps, toutes nos troupes furent
attaquées, bilan 24 morts français. Les représailles furent terribles,
soutenues par l'artillerie de marine, qui firent plusieurs milliers de morts.
A présent, le prétexte était trouvé, et Hô Chi Minh put proclamer
l'insurrection générale.
Pendant deux mois, les rues de Hanoï furent le théâtre de combats
sanglants entre le Viet Minh et nos troupes. Ho Chi Minh sollicita
l'intervention américaine, mais sans aucun succès (116). C'est ainsi que
commença la guerre d'Indochine.

Durant ce conflit, les français occuperont les grandes villes et leur
pourtour, et le Viet Minh (Parti Communiste) restera dans le maquis. En
1947, face aux exactions communistes, l’ex-empereur Bao Dai se déclara
prêt à remonter sur le trône. La France en profita pour accorder
officiellement l'indépendance au pays et remettre Bao Dai sur son trône,
la Cochinchine fut rattachée au Vietnam (117). Mais les troupes françaises
restèrent pour chasser les communistes du pays. Le communisme ne
faisait pas l'unanimité, surtout dans les régions du sud, plus riches et plus
développées. La Cochinchine était pro-française et 400 000 vietnamiens
s'enrôleront dans l'armée de Bao Dai pour combattre à nos côtés.

1949 sera le tournant de la guerre : Mao Tsé-Toung ayant pris le
pouvoir en Chine, récupéra les armes américaines offertes à Chang Kai
Check. Grâce à cet armement ultra-moderne, il équipa et entraina les
soldats du Viet Minh, qui remportèrent leur première victoire à Cao Bang
: tous nos postes frontières furent attaqués simultanément et durent se
replier en catastrophe sur Hanoi. Côté Français, ce fut la panique. On
parlait déjà d'évacuer le Nord Vietnam, lorsque le maréchal de Lattre
sauva la situation. Trop confiants, les vietnamiens furent battus plusieurs
fois aux portes d'Hanoi, mais à présent, l'élan était donné, le Viet Minh
avait pris conscience de sa force.

Cette guerre était très impopulaire en France, et seuls nos soldats
de métier acceptaient de la faire (50 000 au total). Lors de leurs
permissions, certains d'entre eux furent accueillis à Marseille par des
huées, et les convois de munitions étaient volontairement bloqués sur les
routes, dont certains furent attaqués par la CGT. Nos gouvernements
successifs chercheront par tous les moyens à se désengager du conflit.
Malheureusement, la quatrième république, bien trop faible pour
gouverner en temps de guerre, subissait la pression croissante des Etats-
Unis qui ne voulaient pas laisser le communisme gagner du terrain. C'était
la fameuse théorie des dominos d'Eisenhower. Dès lors, ce conflit sera
financé aux 2/3 par les américains, qui exigeront en retour de nous un
succès décisif. Notons que ce conflit fut une excellente affaire pour les
marchands d'armes états-uniens, puisque les deux camps utilisaient des
armes américaines.
Pourtant, nos généraux étaient unanimes, nous ne pouvions pas
gagner. Il fallait soit mobiliser tout le contingent, soit accepter de négocier
avec Ho Chi Minh. Mais rien ne fut fait. Ne voulant pas céder à la
pression américaine, le gouvernement Français refusa d'utiliser les
bombardiers offerts par Washington, et n'envoya pas le contingent,
laissant les engagés totalement livrés à eux-mêmes : pour s'autofinancer,
le groupe action de nos services secrets utilisera l'argent du trafic d'opium.
(118)
Faute de moyens, nos généraux, devront se limiter à des batailles
défensives. La victoire de Na San ne sera pas décisive, et dès 1953, notre
gouvernement recherchera le statut-quo, privilégiant une solution
négociée au grand dam des Américains qui en voulaient pour leur argent.

L'état-major français espérait remporter une nouvelle bataille
défensive pour négocier notre retrait en position de force. Cherchant la
position idéale pour empêcher Ho Chi Minh d'envahir le Laos, nos
généraux commettront l'horrible erreur d'établir un camp de 12 000
hommes dans une cuvette entourée de montagnes. Les vietnamiens, 10
fois plus nombreux et armés à présent par les russes, perdront un tiers de
leurs effectifs et frôleront la catastrophe. Mais, ravitaillés par la Chine, ils
reprendront courage. Perchées sur les hauteurs, les orgues de Staline
effectueront des tirs plongeants en rafales sur nos troupes. Puis, les
assaillants creuseront des galeries autour du camp qui, totalement
encerclé, s'écroulera sous les pluies diluviennes et finira par tomber le 8
mai 1954.

La guerre d'Indochine aura coûté au camp vietnamien 300.000
morts, 500.000 blessés et 100.000 prisonniers.
La France de son côté, déplorera 75.600 morts, 64.000 blessés, et
40.000 prisonniers, qui seront internés dans des camps de rééducation où
ils subiront des lavages de cerveaux, et dont 65% ne reviendront jamais.
Les accords de Genève donneront l'indépendance à la République
Démocratique du Viet-Nam qui quittera l'Union Française. Ho Chi Minh
n'obtiendra que le nord du pays, la Cochinchine lui échappera encore pour
un temps, mais notre armée se retirera progressivement, et Bao Dai sera
renversé par Ngô Dinh Diem, un dictateur soutenu par les Américains. Ce
dernier sera à son tour renversé et assassiné avec la complicité de la CIA
(119)
. Les Etats-Unis se lanceront à leur tour dans une guerre qui durera 12
ans avec pas moins de 5 millions de morts, sans plus de succès, au grand
profit des marchands d'armes américains (120). Ho Chi Minh décèdera en
1969 et n'assistera pas au triomphe de son armée.

La guerre d'Indochine fut-elle due uniquement à l'aveuglement
des français ? Le Cambodge et le Laos qui pourtant étaient frontaliers
furent tous deux décolonisés sans aucune violence ce qui montre que
d'autres facteur intervinrent. Il semble que la violence de l'invasion
japonaise à l'égard de notre armée ait servi d'exemple au peuple
vietnamien qui fut entrainé dans une sorte de fureur anti-française.
L'humiliation que nous avions subie, d'avoir été chassés par les japonais
et nous-mêmes occupés dans notre propre pays semble elle aussi avoir
animé les français : de Gaulle voulait à tout prix reconquérir le territoire
perdu, et d'Argenlieu aussi, du moins au début. Bidault suivit leur
exemple, mais à partir de 1949, la pression américaine jouera un très
grand rôle, nous forçant à rester engagés dans une guerre que nous ne
voulions plus vraiment gagner (121).


La guerre de Madagascar

Le 29 mars 1947, révoltés par les excès du colonialisme, deux-mille
insurgés malgaches attaquèrent une caserne française, et en liquidèrent les
officiers. La révolte gagna rapidement Tananarive, Tamatave, puis
Fianarantsoa, mais restera limitée à l'est du pays. Les paysans révoltés
s'en prirent non seulement aux français, mais aussi aux malgaches qui
collaboraient avec eux. Cette guerre tourna au massacre. Les troupes
coloniales furent d'abord débordées, puis, renforcées par les tirailleurs
sénégalais elles mettront presque 2 ans à venir à bout de la guérilla. La
répression sera terrible, les pires atrocités seront commises. L'état-major
français reconnaitra le chiffre de 89 000 victimes, soit 2% de la
population malgache, dont une grande partie aurait péri dans les
épidémies et la malnutrition qui touchèrent les populations en fuite. Les
forces coloniales eurent à déplorer de leur côté 2 250 morts, et les colons
200.
Ce fut probablement le plus grand massacre colonial de notre
Histoire. Cette hécatombe sera utilisée par le pouvoir colonial pour
accuser à tort et liquider les nationalistes du M.D.R.M. (Mouvement
Démocratique de la Rénovation Malgache) qui au contraire avaient lancé
un appel au calme. Le véritable chef de la rébellion était Samuel
Rakotondrabe, mais on l'avait forcé sous la torture à accuser ces derniers.
Revenu sur ses aveux, il sera fusillé avant de pouvoir témoigner pour les
innocenter. Beaucoup plus tard, après l’indépendance, le président
Ratsiraka utilisera cet évènement pour faire des membres du M.D.R.M.
les héros de la révolution de 1947.


La guerre du Cameroun

Depuis 1918, le Cameroun, ancienne possession allemande, avait
été placé sous la tutelle en partie de l'Angleterre et en partie de la France.
En 1948, Ruben Um Nyobé prit la tête de l'UPC (Union des
Populations du Cameroun), mouvement indépendantiste et d'inspiration
communiste.
En 1952, lors d'une allocution à l'Assemblée des Nations unies,
Nyobé revendiqua trois choses :
La réunification immédiate des 2 parties anglaise et française du
Cameroun, l'élection d'une assemblée législative, ainsi que l'obtention
d'un d'un délai concernant l'accession à l'indépendance de son pays.
En mai 1955, l'UPC organisa un grand mouvement populaire qui
dégénéra en émeute. La répression coloniale fut très dure et l'UPC fut
désormais interdite par le gouverneur Roland Pré. Nyobé prit alors le
maquis et organisa la lutte armée.
Malgré les protestations des Anglais, le nouveau haut commissaire,
Pierre Messmer, décida d'accéder aux souhaits de Nyobé en prononçant la
réunification immédiate. Il organisa des élections législatives, et accorda
l'autonomie interne du Cameroun. Messmer proposa alors à Nyobé de se
présenter aux élections législatives de 1956 sans l'UPC, mais ce dernier
refusa et décida de boycotter les élections, deux candidats pro-français
seront assassinés par l'UPC. Après les élections, André Marie Mbida sera
nommé premier ministre.
Pour calmer le jeu, Messmer essaya de négocier avec Nyobé par
l'intermédiaire de Monseigneur Thomas Mongo, mais sans succès. Nyobé
exigeait d'être premier ministre à la place de Mbida.
Messmer rentre alors en guerre avec l'UPC, et à l'aide des troupes
tchadiennes, il décide d'affamer l'armée UPC en l’isolant des populations.
Ces dernières seront déportées et regroupées dans des camps rassemblés
autour des routes principales, bien surveillées par l'armée coloniale.
L'armée UPC, à cours de ravitaillement et trop faible pour résister à nos
troupes, en est réduite à s'attaquer aux populations des camps jugées pro-
françaises. L'armée coloniale répliquera à coups d'arrestations, de
massacres et de bombardements, et Nyobé finira massacré en 1958.
Son successeur, Félix Moumié sollicitera l'aide du Parti
Communiste français et celle de Nasser, puis il trouvera refuge dans des
pays pro-communistes comme le Ghana et la Guinée de Sékoutouré.
En janvier 1960, l'indépendance du Cameroun est accordée par la
France, moyennant des accords militaires qui nous donnent primauté sur
les matières premières. Moumié refusera cette indépendance jugée
incomplète, et continuera la lutte en dehors du pays.
Il mourra empoisonné sur ordre du nouveau président Ahmadou
Ahidjo, lors d'un voyage en Suisse, alors qu'il cherchait à acheter des
armes.
Les derniers officiers français quitteront le Cameroun en 1964,
mais la guerre continuera, impitoyable entre l'armée camerounaise et
l'UPC, jusqu'en 1971. Le nombre des victimes restera très difficile à
établir car les témoignages sont trop contradictoires. On parle
actuellement de plusieurs dizaines de milliers de morts, dont le nombre
imputable à l'armée française reste à déterminer.

La guerre d’Algérie

" Si les musulmans et les chrétiens me prêtaient l'oreille, je ferais
cesser leur divergence, et ils deviendraient frères à l'extérieur et à
l'intérieur ".

Abd el-Kader


L'Algérie fut le seul pays où la colonisation était rentable pour la
France. Malheureusement, sur le terrain, les inégalités n'avaient cessé
d’augmenter : dans la vallée du Chélif, les propriétaires européens
possédaient en moyenne 10 fois plus de terres que les indigènes. Ces
derniers, victimes du chômage de masse, ne gagnaient qu'un franc par
jour lorsqu'ils avaient la chance de travailler. Ces indigènes, qu'on
appelait "sujets français " n'étaient toujours pas reconnus citoyens
français à part entière et ne jouissaient pas des mêmes droits. 75% de
leurs enfants n'étaient toujours pas scolarisés, et malgré leur supériorité
numérique, le scrutin restait très discriminatoire : les neuf Millions
d'algériens avaient autant de représentants que 900.000 européens.

Deux mouvements nationalistes naquirent. Le premier, très
modéré, était dirigé par Ferhat Abbas, et le deuxième, inspiré par Messali
Hadj, était plus radical.
En 1945, un plan d'insurrection fut découvert, lié à la toute proche
conférence des Nations Unies de San Francisco. Suspectant Messali Hadj,
la France le fit déporter à Brazzaville, ce qui déclencha les premiers
incidents (122). A Sétif lors de la célébration de la capitulation allemande
du 8 mai, pour la première fois, malgré l'interdiction des autorités, un
drapeau algérien fut déployé. Une échauffourée éclata avec la police, et le
porteur du drapeau fut tué. Des émeutes éclatèrent alors dans tout le
département de Constantine. Les émeutiers s'attaquèrent aux français : il y
eut des viols, des mutilations et des meurtres. Le bilan fut de 104 morts.
De Gaulle, convaincu que l'opération était organisée par les anglo-
américains, chargea le général Duval de mater la révolte (123). Le sous-
préfet Achiary arma des milices qui agirent avec nos troupes coloniales de
la façon la plus incontrôlée : on fusilla, on brûla et on bombarda les
populations à l'aveugle dans toute la région. Le bilan, difficile à chiffrer
fit entre 6 et 20.000 morts, peut-être plus, en tout cas totalement hors de
proportion avec la révolte (124).
On imagine l'effet que firent ces massacres sur le moral des
engagés algériens, qui, rentraient juste de leur campagne d'Italie faite sous
l'uniforme français : pendant qu'ils combattaient pour la France, on avait
massacré leurs proches. C'est à ce moment là que s'est définitivement
cimenté l'élan révolutionnaire des grands chefs indépendantistes : parmi
les 6 premiers chefs, 3 provenaient de l'armée coloniale française.

En 1948, sous le gouverneur Naegelen, on assista à des élections
truquées où les candidats nationalistes furent soit arrêtés, soit évincés par
des bourrages d'urnes bien orchestrés. Face à de tels procédés, les
indépendantistes comprirent que le pouvoir ne pourrait désormais se
conquérir que par les armes.
Un premier réseau d'insurgés, l'OS (Organisation Spéciale), fut
démantelé en 1950. Mais les chefs en fuite ne baissèrent pas les bras.
Encouragés par le succès des vietnamiens à Diên Biên Phu, ils trouvèrent
un appui au Caire, et formèrent un nouveau réseau plus puissant, le FLN
(Front de Libération Nationale).

Le 1er novembre 1954, une trentaine d'attentats furent organisés
par eux en différents points du pays, faisant 8 morts et d'énormes dégâts.
De nouvelles troupes furent envoyées pour ratisser l'Est algérien d'où
provenaient les principaux foyers insurrectionnels.

Un nouveau type de guerre commençait, avec pour enjeu,
l'adhésion des populations. Le FLN, qui à cette époque ne rassemblait que
2 à 3 000 partisans, n'était pas très populaire et pour cause, il pratiquait
une politique de terreur, égorgeant et mutilant dans les villages tous les
sympathisants pro-français.

Pour inverser la tendance, le FLN choisit de s'attaquer aux
populations européennes et de provoquer un gigantesque bain de sang,
dans l'espoir de déclencher une riposte aussi violente qui créerait un fossé
infranchissable entre Français et Algériens. Le massacre fut organisé dans
une trentaine de villages aux abords de Constantine et de Philippeville,
toujours dans l'est algérien. Les FLN, parfaitement organisés, entraînèrent
avec eux les populations locales armées de sabres, de haches et de
couteaux. On dénombra 140 victimes dont la moitié de musulmans. Le
plan du FLN réussit en tous points : à la vue des cadavres horriblement
mutilés, l'esprit de vengeance aveugla les esprits, et la répression fut à la
mesure de celle de 1945, totalement disproportionnée. Les villages des
abords furent ratissés, et les habitants entassés dans un stade, puis fusillés
sans jugement. Les rapports officiels firent état de 1 273 exécutions, le
FLN en évoqua 12.000 . Cette épouvantable affaire fit grand bruit dans les
médias et la France fut rappelée à l'ordre par les Nations-Unies.
L'opération était réussie, avantage au FLN.

Pour se racheter, Soustelle se lança dans une double opération de
séduction auprès des populations, et de répression à outrance contre les
rebelles. Il créa les SAS, sortes de coopérants militaires chargés d'assister
les populations musulmanes, et de redonner à l'occupation française un
visage humain : ils firent office d'instituteurs, d'infirmiers ou de médecins.
Parallèlement, dans le sud-est algérien qui était le repère des rebelles,
décision fut prise, pour affamer le FLN, de créer des " zones interdites " et
de déplacer 2 millions de paysans, pour les rassembler dans des camps de
regroupement proches des camps militaires français.

En janvier 1956, un nouveau président du conseil fut nommé :
Guy Mollet était partisan d'une paix négociée pour disait-il mettre fin à "
une guerre imbécile et sans issue ". Il nomma comme ministre résident en
Algérie, l'homme qui venait de négocier l'indépendance du Maroc, le
général Catroux. Tout était donc prêt pour accorder l'indépendance à
l'Algérie, mais un évènement imprévu allait tout changer : un gisement
pétrolier fut découvert dans le Sahara algérien. Sa production augmentait
de jour en jour, (elle atteindra 40% de nos besoins en 1962). Dès cet
instant, l'indépendance énergétique de la France étant en jeu, le président
dut inverser totalement sa politique. Dorénavant, tout fut fait pour
conserver le territoire algérien. Mollet renvoya Catroux et le remplaça par
un dur de l'Algérie française, Roger Lacoste. Parallèlement, il entama dès
le mois de mars des négociations secrètes avec le FLN. Se gardant bien de
parler d'indépendance, il leur proposa un scrutin égalitaire, en échange
d'un cessez-le-feu. Face au refus du FLN, il décida d'employer les grands
moyens : les 200 000 appelés du contingent furent envoyés en Algérie, et
la durée du service militaire fut portée à 2 ans.

Sur le terrain, les embuscades se succédèrent et certains de nos
appelés inexpérimentés furent retrouvés horriblement mutilés. Après leurs
attaques, les hommes du FLN compromettaient volontairement les
villages indécis, pour inciter les militaires à y commettre des exactions, et
faire ainsi basculer les populations de leur côté. A nouveau, les militaires
se laissèrent entrainer à la répression et perdirent la " guerre des
populations ". Guy Mollet poursuivit ses négociations secrètes avec le
FLN et élargit ses propositions tout en refusant de parler d'indépendance.
Deux rencontres eurent lieu sans succès pendant l'été 56, mais les services
secrets français en furent informés et détournèrent l'avion de la délégation
FLN : Ben Bella et Boudiaf furent arrêtés, ce qui réduira à néant tous les
pourparlers. Le lobby pétrolier marque un point.


La stratégie américaine durant ce conflit, fut la même qu'en
Indochine, à savoir soutenir la guerre, autant financièrement que
matériellement, en nous vendant des armes. Une déclaration officielle de
soutien sera prononcée le 20 mars 1956 par l'ambassadeur des Etats-Unis
à Paris, en même temps que la livraison de 80 hélicoptères américains.
Depuis le début de la guerre, nos soldats étaient armés par l'allié US qui,
discrètement, dans l'éventualité d'un échec de la France, se ménageait une
sortie en étendant insidieusement son influence sur le pays par
l'intermédiaire du syndicaliste Irving Brown, dans l'espoir de profiter des
ressources pétrolières. Côté Britannique, Gladwynn Jebb, ambassadeur
d'Angleterre à Paris avait fait sa déclaration de soutien à la France dès le 6
mars (125).

Peu de temps après, un navire égyptien bourré d'armes et à


destination d'Alger fut arraisonné par la France, apportant la preuve que
l'Egypte armait le FLN. En juillet, Nasser nationalisa le canal de Suez, qui
jusqu'ici appartenait à la France et à l'Angleterre. Décision fut prise de
renverser Nasser. Les paras Français agissant en coordination avec les
armées Anglaise et Israélienne, débarquèrent en Egypte. Le canal fut
repris, nos paras étaient à deux pas du palais présidentiel, quand soudain,
l'URSS menaça d'intervenir militairement contre nous. Les Etats Unis,
redoutant un conflit mondial mirent fin à l'intervention. La France et
l'Angleterre humiliées, durent retirer leurs troupes, avantage au
FLN. Cette affaire, relégua définitivement l'Angleterre au rang de
puissance secondaire. La France l'était déjà depuis longtemps.

Les paras, commandés par Massu, rentrèrent d'Egypte,
convaincus qu'on les avait empêchés de détruire le berceau du FLN.
Après Diên Biên Phu, c'était la deuxième fois qu'ils se sentaient trahis.
Lorsqu'ils arrivèrent à Alger, les attentats se succédaient déjà depuis
plusieurs mois. Un premier attentat organisé par Achiary et nos services
secrets fit 70 morts musulmans(126). Le FLN tomba dans le piège et ne
tarda à répliquer : les bombes étaient posées par des femmes. Guy Mollet
décida alors d'accorder les pleins pouvoirs aux militaires et leur donna
carte blanche pour écraser la rébellion. Massu et Bigeard quadrillèrent les
rues d'Alger, chaque compagnie surveilla sa rue. Une grève générale
décrétée par le FLN sera brisée par l'armée. La ville subit 3 attentats par
jour. Face aux horribles mutilations provoquées par les bombes, Massu
s'estime en droit d'autoriser la torture. On exécute sans procès, les
suspects sont interrogés et torturés à l'électricité ou à l'eau, et ils parlent.
En quelques mois, le réseau FLN est totalement démantelé, tous les chefs
terroristes d'Alger sont arrêtés, y compris Ben M'Hidi, leader
charismatique, dont la prestance subjugue nos militaires qui vont jusqu'à
fraterniser avec lui. Jugé trop subversif, il sera éliminé dans sa cellule par
les "Services Spéciaux" d'Aussaresses. Les paras ont gagné la bataille
d'Alger, mais à quel prix…

Le FLN à bout de souffle, règle ses comptes avec les partisans du
MNA, branche nationaliste rivale. Cette guerre intestine fera 4000 morts à
Paris, où chacun se dispute les contributions des Algériens émigrés. En
Algérie, 335 partisans du MNA sont égorgés dans le village de Mellouza.
L'affaire fait grand bruit, impressionnés par ce massacre, les dirigeants de
l'ONU décident de laisser agir la France, les militaires ont repris
l'avantage, mais ils savent qu'on négocie encore dans leur dos. Se sentant
trahis à nouveau, ils décident de se joindre à la gigantesque insurrection
populaire de mai 1958. Le siège du gouvernement Général d'Alger est pris
d'assaut par la foule en colère. Le général Salan prend le pouvoir et parle
à la foule. Il prend à partie les autorités françaises et exige un nouveau
gouvernement fort, et indépendant des partis. Les extrémistes de l'Algérie
française veulent qu'il garde le pouvoir. Mais, poussé par Léon
Delbecque, Salan préfère céder sa place à de Gaulle. La population
musulmane se rallie alors au mouvement. De Gaulle fait l'unanimité. Il a
même obtenu l'appui des Etats-Unis.(127) Les paras du 11ème choc
français, bras armé de la DGSE, dont certains font partie de l'armée
secrète de l'OTAN, se déploient sur la Corse, prêts à sauter sur Paris. Ca
sent le putsch et la gauche manifeste dans les rues de la capitale en criant
"Halte au fascisme ". Finalement, Pflimlin, nouveau président du conseil,
démissionne de lui-même, et sous la pression d'Alger, le président René
Coty investit légalement De Gaulle. L'armée a gagné, ou du moins elle le
croit. La participation active de de Gaulle à ce putsch n'a jamais pu
vraiment être prouvée, mais l'action décisive de ses proches comme
Soustelle, Debré ou Delbecque est avérée.

De Gaulle, qui ne veut pas que son gouvernement soit le prochain
à tomber, va changer la Constitution : c'est la fin de la Quatrième
République. Pour un pouvoir fort et durable, le Président doit gouverner
seul, et ne plus être révocable par les chambres (128). Le général obtient les
pleins pouvoirs pendant 6 mois et se rend à Alger. Sur place, il accorde
aux algériens les mêmes droits qu'aux français. Désormais, tous les votes
auront le même poids. Son référendum sur la nouvelle Constitution est
accepté. 80% des musulmans voteront malgré les consignes de boycott du
FLN. La victoire semble totale, mais la " Paix des braves " offerte par De
Gaulle sera refusée par le FLN qui décide de porter la guerre sur le
territoire français : des bombes éclatent dans Paris. Désormais, De Gaulle
sait qu'il devra lâcher l'Algérie, mais il veut tout faire pour conserver le
Sahara avec ses gisements pétroliers. Il choisit donc d'écraser totalement
la rébellion pour pouvoir négocier le Sahara en position de force. La
guerre recommence, plus terrible que jamais. L'année 59 sera la plus
sanglante: le djebel algérien est entièrement ratissé par notre armée. Le
plan Challe est un succès grâce aux Harkis, ces algériens qui combattent à
nos côtés et dont le nombre atteint 63 000. Précisons que de son côté
l'armée du FLN ne dépassera jamais 90 000 hommes, ce qui montre que
même au plus fort de la guerre, une bonne partie de la population restait
encore très attachée à la France.

Le FLN finit complètement laminé, De Gaulle triomphe, et,
sentant qu'il ne sera jamais aussi fort, il renvoie Salan à Paris et annonce
un référendum algérien sur l'autodétermination. C'est la douche froide,
Massu proteste, mais il est muté à son tour. Révoltés par ce qu'ils
ressentent comme une trahison, les extrémistes de l'Algérie française se
retranchent dans les rues d'Alger, c'est la semaine des barricades. La
police charge les émeutiers qui tirent. On comptera 23 morts dont 15 du
côté des forces de l'ordre. Le chef des rebelles, Lagaillarde, cherche à
faire passer l'armée de son côté, mais Challe n'ose pas les soutenir et reste
légaliste. Après une semaine, les émeutiers finissent par se rendre.


En janvier 61, le référendum sur l'autodétermination est voté : le
oui l'emporte à 75% (69% dans la population algérienne).

Trois mois plus tard, encouragé par la CIA, Challe se décide trop
tard à agir : avec Jouhaud et Zeller, ils tentent un putsch contre De Gaulle
(129)
. Leurs motivations, ils veulent respecter leur serment de ne pas
abandonner la population européenne, ainsi que les harkis.
Malheureusement pour eux, Kennedy qui n'est au courant de rien, envoie
un message de soutien à De Gaulle. Les putschistes de leur côté, ne
reçoivent aucun appui politique et hésitent. La plupart des militaires dont
Massu, savent qu'il n'est plus temps d'agir et restent légalistes. D'autres
sont attentistes. Le mouvement s'essouffle, finalement, au bout de 4 jours,
Challe découragé, décide de se rendre. Salan s'enfuit en Espagne. Avec
une partie des soldats du 11ème choc et des officiers de l'armée française,
il fonde l'OAS Organisation Armée Secrète. Avec sa troupe d'élite, il
espère renverser De Gaulle en déclenchant une nouvelle guerre civile,
exactement comme l'avait fait le FLN (130). Les attentats se multiplient à
Alger comme à Paris. Le 8 septembre, De Gaulle échappe à un attentat.
En 6 mois, on comptera 4 fois plus d'attentats que dans les 6 dernières
années de la guerre, avec un bilan de 2.200 morts dont 500 dus à l'OAS.
Le résultat est l'affaiblissement de De Gaulle dans ses négociations avec
le FLN. Pris entre deux feux et impatient d'un retour au calme, le général
finit par lâcher le Sahara, mais réussit à négocier un droit d'exploitation de
6 années sur les pétroles algériens.

Le 17 octobre, à Paris, une manifestation FLN contre le couvre
feu imposé aux musulmans est brutalement réprimée. Plusieurs dizaines
d'algériens seront jetés dans la Seine (131). Le 8 février 1962, toujours à
Paris, une manifestation contre l'OAS organisée par la gauche dégénère.
On dénombre 8 morts écrasés contre une bouche de métro.
A Alger, l'OAS livre ses derniers combats et se retranche dans le
quartier de Bab-el-Oued, résistant plusieurs jours à l'armée française.

Le 26 mars, toujours à Alger, une manifestation de pieds-noirs est
mitraillée par l'armée, faisant 80 morts. Dès cet instant, les pieds-noirs
perdent toute illusion et l'exode commence. Ils sont presque un million à
déferler sur la France. Nos 150.000 Harkis voudraient bien les suivre,
mais de Gaulle qui redoute une guerre civile en France, n'autorise pas leur
départ. 90.000 seulement regagneront la France. Les autres seront
massacrés par le FLN. La CIA essaie d'organiser un front commun OAS-
FLN contre De Gaulle, mais se heurte à un refus du FLN (132). Le 5 juillet
à Oran, 700 européens qui n'avaient pas encore quitté l'Algérie sont
massacrés. Le 22 août, de Gaulle, sans protection, échappe
miraculeusement à un deuxième attentat, son auteur, Bastien Thiry est
fusillé. La guerre d'Algérie est enfin terminée. Elle a coûté 250 à 400.000
morts algériens, et 30.000 du côté français (133).


La guerre subversive

La guerre d'Algérie fut incontestablement un des conflits les plus
horribles auxquels la France ait participé. Rappelons que ce conflit aurait
pu durer beaucoup moins longtemps si le pétrole n'avait pas été en jeu.
Nous savons aujourd'hui que nos dirigeants ont couvert la torture
et les assassinats s'exonérant ainsi des conventions de Genève. Nos
militaires ont choisi d'assumer leurs actes, les politiques ne l'ont pas fait,
mais qui pourrait s'en étonner... (134) Pourtant, certains ont eu le courage de
se révolter seuls contre tous. Citons le cas du général de Bollardière qui
refusa la torture et protesta énergiquement contre sa hiérarchie, ce qui lui
valut d'être muté. Citons aussi le préfet Teitgen, qui refusa de cautionner
ces actes.

Comment se déroula la bataille d'Alger ? Les arrestations se
passaient en deux temps. Une première inspection des paras dans les
maisons pendant le couvre-feu servait à repérer les noms des personnes
absentes, et donc suspectes d'activités terroristes. Une seconde inspection
aux mêmes domiciles permettait de cueillir les absents une fois rentrés
chez eux. Ils étaient alors dirigés vers un camp de triage où ils étaient
interrogés. La plupart parlaient spontanément. Certains étaient "retournés
" et servaient d'indicateurs à nos militaires, d'autres étaient torturés et
donnaient des informations.(135) Les plus dangereux étaient exécutés, et
d'autres enfin étaient renvoyés chez eux avec de fausses informations, de
façon à provoquer une psychose chez l'adversaire et créer chez lui une
phobie de la trahison, le but étant de semer la division et d'inciter les
insurgés à s'éliminer entre eux. Certains chefs rebelles étaient ainsi
dénoncés à tort comme " traitres " et n'avaient plus d'autre choix que de se
laisser tuer par leurs anciens camarades, ou de collaborer avec notre
armée. Quels furent les dégats occasionnés par ce système ? Au plus fort
de la bataille d'Alger, Teitgen évoqua le chiffre de 4 000 disparus pour un
total de 24.000 prisonniers algériens, soit 16% du total. (A titre de
comparaison, il y eut 4% de morts chez les prisonniers allemands retenus
en France après la deuxième guerre mondiale, 65% de français disparus
dans les camps Viet-Minh, 73% de déportés français disparus en
Allemagne, 25% de prisonniers sud-africains morts dans les camps
anglais). Les " escadrons de la mort " qui appartenaient au 11ème choc,
étaient chargés d'agir dans la clandestinité pour des opérations de
sabotage, d'enlèvement voire d'élimination de personnes jugées
dangereuses, surtout des trafiquants d'armes. Ces assassinats ciblés firent
103 morts rien que pour l'année 1961 (136).

Plusieurs années après, Aussaresses et d'autres officiers français
seront envoyés sur demande de l'armée argentine à l'école de guerre de
Buenos Aires. Les Etats-Unis, souhaitant étendre ces méthodes à toute
l'Amérique du sud, créeront l'école de guerre des Amériques à Panama et
celle de Fort Bragg où des officiers nazis seront embauchés. A la demande
des USA, nos officiers y seront convoqués eux aussi pour former les
militaires américains envoyés au Viet Nam plus tard, ce qui fera accuser
la France d'avoir exporté les assassinats et la torture. Pourtant, d'après le
général Harguindeguy, ministre de l'intérieur argentin, nos méthodes
d'assassinats ciblés ne furent pas imitées par l'armée argentine qui
pratiquait une autre méthode plus généralisée. Quant à la torture, toujours
d'après Harguindeguy, les policiers argentins la pratiquaient déjà (137). Les
Américains, de leur propre aveu, en savaient autant que nous en la
matière. Dans l'ouvrage du colonel Trinquier " La guerre moderne ", qui
fut utilisé par l'armée américaine, l'usage de la torture n'est d'ailleurs pas
recommandé (138). En réalité, la torture à la française ne fit pas école. De
nos jours, la " torture blanche", celle qui ne laisse pas de trace,
est beaucoup plus en vogue surtout dans les pays anglo-saxons. La
privation de sommeil, l'exposition à des bruits assourdissants,
accompagnées d'une mauvaise nourriture, et d'une station debout
prolongée, de douches glacées, tabassages répétés, simulations de
noyades, et parfois même alimentation par voie rectale sont tout aussi
efficaces (139). En réalité, ce qui fut exporté par la France et qui intéressait
l'école Américaine, fut notre tactique de quadrillage et de guerre
psychologique qu'on retrouve dans l'ouvrage de Trinquier. Quant à
Aussaresses, son cynisme montre qu'il n'a jamais quitté son registre, celui
de la subversion, mais une subversion qui dessert son pays, toute au profit
de ses anciens patrons américains.
Mentionnons que de Gaulle ordonna d'arrêter la torture en 1959,
ce qui n'eut malheureusement aucun effet sur le terrain.

La France a été aussi accusée d'avoir déporté des populations et
construit des "camps de concentration " en Algérie et au Cameroun. Il
s'agissait en fait de camps de regroupement où les populations étaient
rassemblées autour des camps militaires français de manière à mieux
isoler les " rebelles ", qui ainsi ne pouvaient plus compter sur les villages
pour les nourrir. Si les conditions d'hygiène de ces camps étaient
précaires, on était bien loin des conditions d'Auschwitz ou de Dachau.
Rappelons que les premiers camps de concentration apparurent dans les
années 1920 en Afrique du Sud, sous autorité anglaise. Quant à la
déportation, les Français furent les tout premiers à la subir, lorsqu'après la
guerre de sept ans (sous Louis XV), les Acadiens (catholiques français)
furent chargés et déportés sur les bateaux anglais.

Concernant les massacres de Sétif et de Philippeville, quel que
soit le nombre des victimes (respectivement 8.000 à 20.000 et 2 à 12.000),
la France doit les assumer comme une des pages les plus sombres de son
Histoire. Puissent nos dirigeants méditer ces chiffres avant de prétendre
engager d'autres conflits. Les guerres propres n'existent pas, les 220.000
civils tués à Hiroshima et Nagasaki, et les 135.000 civils tués dans le
bombardement de Dresde sont là pour le montrer. Aucune de ces
hécatombes ne se justifiait, la plupart de ces victimes étaient des civils
innocents (140).

L'utilisation du trafic d'opium par la France pour financer les
services secrets pendant la guerre d'Indochine est hélas avérée. La même
méthode sera d'ailleurs utilisée par les USA. Le rapport de John Kerry
montra que la CIA n'a pas hésité à utiliser le trafic de cocaïne pour
financer les réseaux " Contra" au Nicaragua. Plus tard, la CIA
développera la production d'héroïne en Afghanistan pour l'utiliser comme
moyen d'affaiblir l'armée russe (141). Ici aussi l'Angleterre servit d'exemple,
puisque dès le siècle dernier, lors de la guerre de l'opium, le
gouvernement anglais rentra en guerre contre la Chine pour obliger
l'Empereur à accepter les cargaisons d'opium anglais qui empoisonnaient
son peuple.

Enfin, l'abandon des 50.000 harkis désarmés en Algérie et leur
massacre par le FLN est un évènement unique dans notre Histoire,
qu'aucun français de coeur ne peut évoquer sans un profond malaise. De
nombreux officiers français en resteront tellement marqués qu'ils
démissionneront de notre armée(142).









Les bienfaits de la colonisation


Esclavage

Le plus grand mérite de la colonisation fut certainement d'avoir
mis fin au trafic d'esclaves vers les pays musulmans. Malheureusement,
celui-ci ne disparut que pour laisser place à une autre forme d'esclavage,
celle du travail forcé.


Education

En 1960, on comptait deux millions d'enfants scolarisés en
Afrique noire et à Madagascar. Dans la seule Afrique noire, 16 000 écoles
primaires et 350 établissements secondaires, collèges et lycées
fonctionnaient, et 28 000 enseignants africains avaient été formés au
moment de la décolonisation. La colonisation a permis l'initiation des
peuples indigènes à la culture française, si tant est qu'elle soit reconnue
comme enrichissante...


Santé

En 1960, il existait en Afrique 2 000 dispensaires construits par la
France et en état de fonctionner, ainsi que 600 maternités, et 40 hôpitaux.
D'après Germaine Tillion, la colonisation fit disparaitre en
Algérie des maladies comme le paludisme, le typhus et la typhoïde.
Malheureusement, ces progrès n’auront pas que du bon puisqu’ils
entraineront une explosion démographique qui génèrera une
clochardisation de la population.




Guerres

Si les guerres tribales si fréquentes auparavant, furent jugulées
par l'occupant, elles firent place dans certains pays aux guerres coloniales
non moins meurtrières.


Infrastructures

En 1960, la France avait construit en Afrique, 18.000 km de voies
ferrées, 215 000 km de pistes principales, 50.000 km de routes bitumées,
63 ports et 196 aérodromes.


Politique

Rappelons que dans le cas de l'Algérie, le général Desmichels
contribua beaucoup à l'unité du pays en sauvant l'émir Abd el-Kader, et en
restaurant son autorité, lui qui fut le véritable père de l'unité algérienne .
















Conclusion

En un peu plus d'un siècle de colonisation, les seuls Français à
avoir su respecter les traditions locales furent Napoléon III et Lyautey,
tous deux grands admirateurs de l'Islam. Eux comprirent que
l'assimilationnisme jacobin était inapplicable en Afrique, ce qui ne fut pas
le cas des républicains dont l'idéologie laïcarde était ressentie comme une
profanation chez les musulmans... Tout au plus eut-elle été acceptable si
elle avait été crédible. En effet, comment oser parler de " droits de
l'homme " à des population auxquelles on imposait l'indigénat, et
comment s'étonner que nos militaires aient trouvé normal de maltraiter, de
tuer voire de torturer des êtres que nos lois désignaient comme inférieurs
?

Le système anglo-saxon, sans être moins barbare, avait du moins
le mérite de la clarté : le but était la rentabilité.
La colonisation anglo-saxonne fut ethno différencialiste et ne
chercha pas à changer les coutumes locales, car chez elle, tout se
cantonnait à une colonisation marchande, ce fut là son avantage. Une fois
les élites britanniques retirées, les chefs coutumiers déjà en poste, prirent
la relève sans trop de difficulté. Par contre, nos élites, bercées d'idéalisme
jacobin ne purent jamais admettre que l'Algérie, ça n'était pas la France.
Cette idée leur fut d'autant plus difficile à accepter, qu'une grande partie
des populations algériennes nous restèrent acquises tout au long du conflit
: comme on l’avait vu en Indochine, autant sinon plus de combattants
indigènes combattaient à nos côtés que dans les rangs du FLN (143). La
France fut-elle victime de son succès ? On aimerait le croire. Toujours est-
il que dans ses guerres coloniales, elle reçut le soutien officiel de
l'Angleterre et des Etats-Unis (note 129).
Il est d'ailleurs de bon ton de nos jours d'accuser la France d'avoir
résisté au " grand mouvement de décolonisation si bien initié par la
Grande Bretagne ". Dans la réalité, la situation fut loin d'être aussi simple.
Le cas de l'Inde était très différent. Les anglais virent peu d'inconvénient à
lâcher l'Inde qui n'était plus rentable depuis l'interruption du trafic
d'opium vers la Chine (144). Pour l'Algérie, ce fut exactement l'inverse : la
découverte du pétrole bouleversa la donne et rendit la décolonisation
impossible.
D'autre part, le Mahatma Gandhi faisait l'unanimité, et si les
Britanniques s'étaient acharnés, ils n'auraient probablement pas eu un seul
partisan. Si l'Inde fut décolonisée à moindre perte, ce fut plus grâce à
l'extraordinaire charisme de Gandhi qui prônait la non-violence, que grâce
aux qualités humaines des Anglais, en témoigne la révolte des Cipayes et
ses centaines de milliers de morts.

L'Inde obtiendra son indépendance en 1947, la Birmanie en 1948,
le Laos en 1949, le Cambodge en 1953, et le Vietnam en 1954. Rappelons
que sans la pression américaine, la guerre d'Indochine eut pu se terminer
dès 1949. Certes notre pays ne fut pas le premier à décoloniser, mais il ne
fut pas non plus le dernier. En 1962, la France avait déjà liquidé la totalité
de son Empire pendant que la Grande Bretagne possédait encore 33
colonies, dont la plupart seront transformées en paradis fiscaux(145).

Les Etats-Unis furent eux aussi un grand état colonialiste : à partir
de 1898, ils colonisèrent Porto-Rico, Cuba, Hawaï, Haïti, ainsi que les
Philippines où ils livrèrent une guerre qui coûta la vie à 1,5 million
d’indigènes. Plus tard, la guerre américano-japonaise fera entre 500 000 et
1 million de victimes chez ces mêmes Philippins qui finiront par obtenir
leur indépendance en 1946.









Le néocolonialisme ou la Françafrique

Durant la guerre froide, la France fut désignée par les Etats-Unis
comme " gendarme " du continent africain, avec pour rôle officiel de
freiner l'expansion communiste en Afrique.
Dès son arrivée au pouvoir en 1958, De Gaulle, s'inspirant des
Etats-Unis, voulut donner son indépendance énergétique à la France(146).
L’Algérie étant perdue, seules nos anciennes colonies Africaines
pouvaient nous y aider. Du pétrole, il y en avait au Gabon, mais aussi au
Congo. Le PDG d'Elf-Aquitaine, Pierre Guillaumat fut chargé d'assurer la
logistique de cet approvisionnement.
L'industrie pétrolière étant très longue à rentabiliser (sept ans
entre le premier forage et l'extraction du premier baril), les contrats
pétroliers ne pouvaient se négocier qu'avec des régimes politiquement
stables. Les pays africains ayant trop souvent des gouvernements fragiles
où chaque coup d'état pouvait remettre en cause les accords passés avec la
France, celle-ci se devait d'assurer la stabilité politique en Afrique. De
Gaulle négocia donc avec les chefs d'états africains des accords de
défense militaire dans lesquels la France s'engageait à soutenir leur pays
en cas d'agression extérieure, et obtenait en échange la priorité sur les
matières premières. En réalité, des clauses secrètes garantissaient aussi la
protection contre les agressions intérieures. La défense extérieure fut
déléguée à l'armée française et la protection intérieure fut confiée à un
membre de la DGSE Jacques Foccart, qui utilisa pour cela non seulement
ses agents secrets, mais aussi parfois l'aide moins officielle de
mercenaires (147). Les hommes d'Elf-Aquitaine ainsi que ceux de Foccart
infiltrèrent rapidement la DGSE, de sorte que comme pour l'Algérie, nos
services secrets furent détournés de leur rôle initial et se firent les agents
du lobby pétrolier.

A partir des années 70 et des chocs pétroliers, le prix de vente du
pétrole atteignit 20 fois son coût d'extraction, les bénéfices d'Elf devinrent
énormes et permirent non seulement de payer largement tous ces frais,
mais aussi de corrompre les présidents africains en leur assurant un train
de vie somptueux. Les sommes étaient si démesurées qu'elles
pourvoyaient aussi au financement des campagnes électorales de nos
hommes politiques, de droite comme de gauche.
Les hommes d'Elf, qui distribuaient cet argent, avaient donc un
pouvoir incommensurable, tant sur la classe politique française
qu'africaine. Elf allait infiltrer nos services secrets et devenir un véritable
état dans l'état, agissant dans le secret le plus absolu. Comme aux Etats-
Unis, il convient donc de bien dissocier l'action de nos services secrets de
celle de nos gouvernants (148).

Lorsque le président français autorisait une opération, on donnait
le " Feu vert ". L'absence d'approbation équivalait à un "Feu orange ", qui
signifiait que l'opération était tolérée, mais qu'en cas d'échec, elle serait
désavouée. Le " Feu rouge " signifiait l'interdiction pure et simple, même
si depuis quelques années, ce dernier semble de moins en moins utilisé.

En 1958, lors d'un voyage en Guinée, de Gaulle, très irrité par un
discours anticolonialiste du président Sékoutouré, décida d'évacuer tous
les fonctionnaires et les militaires français du pays. En riposte,
Sékoutouré décida d'accepter l'aide des pays communistes, et notamment
de Cuba. Nos espions entreprirent alors de ruiner l'économie du pays en y
introduisant de la fausse monnaie, et en armant les opposants au régime,
mais sans succès. Sékoutouré ne fut pas renversé, et imposa à la Guinée
un régime très répressif qui couta plusieurs dizaines de milliers de morts
au pays.

En 1964, la seconde intervention Française en Afrique consista à
remettre en place le président du Gabon Léon Mba qui venait d'être
renversé par un groupe d'opposants. Les redevances pétrolières payées par
Elf avaient fait tripler le PIB du Gabon qui était devenu notre plus gros
fournisseur de pétrole. Pas question donc d'abandonner Mba. De Gaulle
donna son "feu-vert " pour cette opération qui fut un succès.

Deux ans plus tard, notre troisième intervention concerna l'aide
au Biafra dans sa sécession avec le Nigéria. De Gaulle qui ne voulait
surtout pas en assumer la paternité, ne l'avait pas non plus désapprouvée.
Foccart en conclut qu'il fallait agir, et fournit des armes aux rebelles. Les
redevances pétrolières furent directement versées aux Biafrais et servirent
à payer les armes que nous leur vendions. Une campagne de presse fut
même organisée, accusant le Nigéria de " génocide ", mais de Gaulle ne
céda pas aux pressions et refusa d'intervenir militairement. Le Biafra ne
fera pas sécession, le conflit s'éternisa occasionnant la mort d'un million
d'africains. C'est la plus grande catastrophe de toute l'histoire de la
Françafrique, mais l'Angleterre en partage largement la responsabilité,
qui, pour soutenir le Nigéria contre la France, participa au blocus
maritime des côtes biafraises, organisant ainsi la famine(149). Comme pour
le Gabon, l'enjeu était les énormes ressources pétrolières du Biafra.

En 1977, troisième échec français, cette fois-ci au Bénin, où les
90 mercenaires de Bob Denard échouent dans leur tentative de renverser
le gouvernement communiste de Mathieu Kérékou.

En 1979, Jean Bedel Bokassa, un ancien de l'armée coloniale,
auto-proclamé empereur du Centre-Afrique, sera renversé par les forces
françaises, peut être parce qu'il s'était entendu avec Kadhafi, ennemi
déclaré de la France, peut être aussi parce que son image était devenue
trop compromettante pour la France.

Deux ans plus tard, la gauche arriva au pouvoir, et François
Mitterrand, voulant en finir avec l'image barbouzarde que donnait Foccart
à la France, crut possible d'apporter la démocratie à l'Afrique tout en
conservant une politique d'autonomie énergétique. Il nomma donc Jean-
Pierre Cot, véritable homme de gauche comme ministre de la coopération,
tout en chargeant Guy Penne d'entretenir grâce à ses réseaux
maçonniques, une action similaire à celle de Foccart (150).

Ce fut à cette époque qu'apparut en Afrique, un nouveau
personnage. Depuis 1983, Thomas Sankara, nouveau président du
Burkina-Faso, voulut mettre fin à la corruption qui minait son pays. Il
décida de faire ce qu'aucun président n'avait fait avant lui : diminuant son
salaire de moitié, il réduisit le train de vie de ses ministres, et comme
Robespierre, organisa des Tribunaux Populaires Révolutionnaires pour
juger les corrompus, les procès étaient retransmis en direct. Puis, il
engagea une réforme agraire plus équitable, et décida de s'attaquer au
libre-échange en demandant à ses concitoyens de cesser de consommer
les produits importés. Ce fut un succès, en peu de temps, la production
agricole doubla dans le pays.
Mais Sankara voulut aller plus loin. Il osa s'attaquer aux banques
et chercha à entrainer tous les autres pays d'Afrique à refuser de payer
leur dette. Il jugeait cet endettement illégitime car contracté dans des
conditions peu scrupuleuses, ce qui n'était pas faux. Sankara n’ignorait
pas les risques de sa politique, et avait annoncé lors de la conférence au
sommet des pays d'Afrique de l'Ouest : « Si le Burkina Faso tout seul
refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence. »
(151)
Le succès populaire fut considérable dans le pays. L'enthousiasme
gagna même les populations des pays voisins, mais les dirigeants de ces
pays hésitaient. Cet élan populaire risquant de mettre à mal le système de
corruption dont ils profitaient, aucun d'entre eux n'accepta d'affronter la
Banque Mondiale.
Le président ivoirien Houphouet Boigny, prototype du
Françafricain docile, tenta de le ramener à la raison et peut être même de
le corrompre, mais sans succès. Houphouet eut plus de résultats avec son
premier ministre, Blaise Campaoré, chef de l'armée Burkinabée dont il
avait organisé le mariage et qu'il combla de présents.
Le coup d'état eut lieu en octobre 1987. Sankara fut assassiné par
les hommes de Campaoré, qui prit aussitôt sa place et renoua avec la
politique néocoloniale (152).
Sankara l'incorruptible, restera incontestablement une des
personnalités les plus attachantes du continent africain, comparable à celle
du Che en Amérique du Sud.

1989 annonça la chute du mur de Berlin, et la fin de la puissance
russe, les données changèrent aussitôt. La France perdit son statut de
gendarme de l'Afrique. Les Etats Unis débarrassés du rival soviétique,
étalèrent au grand jour leurs ambitions hégémoniques. La Guerre du
Golfe mit en évidence les intérêts pétroliers américains. La présence
française en Afrique n'était désormais plus qu'une gène pour l’oncle Sam.

En 1991, en Algérie, les Islamistes du FIS remportèrent le
premier tour des élections législatives. Les militaires algériens prirent
alors le pouvoir et annulèrent le deuxième tour des élections. Plus tard,
pour discréditer le FIS et obtenir l'appui de la France, ces mêmes
militaires infiltreront le GIA (bras armé du FIS), et l'entraineront dans les
attentats les plus sanglants contre des français (153).

En 1990 au Gabon, Omar Bongo, tyran jadis choisi par Foccart
pour succéder à Mba, fit face à une révolte populaire. Bongo s'était fait
élire plusieurs fois dans des élections où il était le seul candidat. La
plupart des opposants avaient été assassinés, et c'est la mort de l'un d'entre
eux qui déclencha la rébellion en question. Mitterrand qui prônait le
multipartisme africain, refusa de soutenir le tyran et fit fermer les puits de
pétrole. Bongo semblait fini, mais il menaça de négocier avec les
américains. La France cèda et notre armée dut finalement intervenir pour
l'aider à reprendre sa place. On voit que dès cette époque, la concurrence
américaine mettait à mal toute tentative démocratique.

Au congrès de La Baule en juin 1990, François Mitterrand, qui
n'avait pas renoncé à ses idées, engagea solennellement les chefs d'états
africains à instaurer plus de démocratie dans leurs gouvernements et
surtout à adopter le multipartisme. Désormais, l'aide au développement
sera conditionnée à l'acceptation du multipartisme par les gouvernants
africains. Cette mesure n'aura pas beaucoup d'effet au Gabon où les
élections étaient régulièrement truquées, mais le résultat fut déterminant
au Congo, du moins au début. Les congolais enthousiastes, organisèrent
des " Conférences Nationales " payées par la France et dignes de nos états
généraux de 1789, où tous les partis étaient invités. Le président sortant,
Sassou N'Guesso faisant partie d'une ethnie minoritaire, ses chances d'être
réélu en 1993 devinrent nulles. Il dut accepter une alliance avec Pascal
Lissouba de l'ethnie majoritaire, qui fut élu grâce à l'argent d'Elf. Mais, à
peine président, ce dernier, refusa d'accueillir comme convenu N'Guesso
dans son gouvernement. Lissouba avait besoin d'argent pour gagner les
élections législatives et payer ses fonctionnaires. Elf refusant de payer, la
compagnie américaine Oxy, s'empressa de lui rendre ce "service "
exigeant en échange des conditions désastreuses pour le Congo : Lissouba
dut hypothéquer toute la production pétrolière du pays pendant 10 ans, et
vendre son pétrole au dixième de sa valeur. Plus tard, Lissouba sera
condamné par contumace pour avoir détourné cet argent et " trahi son
pays ". Les velléités démocratiques françaises n'étaient que vent face à la
concurrence américaine. Pour la deuxième fois, la France se retrouvait
face à ses contradictions : l'autonomie pétrolière était décidément
incompatible avec l'exportation de la démocratie. Le réalisme finira par
s’imposer 3 ans plus tard, quand Elf financera le gouvernement angolais
en échange de son intervention militaire en faveur de Sassou N'Guesso.
Ce dernier reprendra donc le pouvoir grâce à la France, moyennant une
guerre qui fera des dizaines de milliers de morts.

Au Rwanda, la tribu Tutsi, jadis dominante et alliée du
colonisateur belge, puis chassée du pouvoir en 1960, s'était réfugiée en
Ouganda jusqu'en 1990. Une partie des Tutsi était parvenue à rester à
l'intérieur du Rwanda dominé par la tribu rivale des Hutus. A partir de
cette même année, l'armée Tutsi décida d'attaquer le pays par la frontière
ougandaise, refoulant les Hutus de village en village. En 1992, la France
renforça les accords militaires qu'elle avait déjà signés sous Giscard avec
le gouvernement Hutu. Les officiers instructeurs français présents au
Rwanda, eurent désormais pour mission de former non seulement les
gendarmes, mais toute l'armée rwandaise. Des liens se créèrent entre nos
militaires et l'armée des Hutus. En 1993, notre armée intervint et aida à
stopper la progression des Tutsi à Kigali. La même année furent signés les
accords d'Arusha entre les deux partis Hutu et Tutsi, qui se partagèrent le
pouvoir dans le nouveau gouvernement. Pensant avoir achevé leur
mission, nos soldats se retirèrent, laissant la place aux forces de l'ONU.

Mais, en 1994, les Tutsi abattent l'avion du président Hutu
Habyarimana, et attaquent l'armée Hutu par surprise, avec la complicité
du chef des troupes de l'ONU (154). Décidés à se venger, les Hutu se
lancent dans une gigantesque opération d'extermination de toutes les
populations Tutsi encore présentes sur leur territoire. L'armée de l'ONU
reste passive, et nos soldats doivent intervenir à nouveau, essayant de
créer une poche de sécurité dans le sud-ouest du pays, pour protéger les
Tutsi : c'est l'opération "Turquoise". L'armée des Tutsi reprendra peu à
peu son offensive et occupera tout le pays, mais entretemps, le génocide
aura fait 800000 victimes. Les Tutsi prendront le pouvoir, et plus tard, une
commission d'enquête nommée par le gouvernement Tutsi accusera la
France d'avoir volontairement favorisé ce massacre. Ces accusations
seront reprises dans une campagne de presse anglo-saxonne (155). Mais, le
Tribunal Pénal International sur le Rwanda, qui dépend de l'ONU, ne
confirmera pas ces accusations et conclura que ce génocide n'était en rien
prémédité. Aujourd'hui, on sait que l'armée française n'a pas pu participer
à ces tueries comme cela a été dit, puisqu'il ne restait que 15 coopérants
français au Rwanda au moment des massacres (156). La vérité est que
l'armée française semble avoir sous-estimé la dangerosité des Hutus, et
hésité à les désarmer, probablement par crainte de les voir à leur tour
massacrés par l'armée des Tutsi (157).

En mai 1994, éclate l'affaire Elf. La juge Eva Joly enquête sur les
comptes de la société Bidermann en grosse difficulté financière : elle
trouve étrange qu'une grosse compagnie comme Elf y investisse autant
d'argent. Mais personne n'ayant déposé plainte, la magistrate ne peut
instruire (158). Le 21 avril 1995, sous les conseils d'un cabinet d'avocats
américain, Philippe Jaffré, le nouveau PDG d'Elf, saborde le bateau en
déposant plainte contre X(159). La juge reçoit alors plusieurs lettres
anonymes qui l'aident à mettre à jour l'étendue des fonds détournés par les
dirigeants d'Elf. Elle découvre l'immense écheveau des pompes
dérivatives, des paradis fiscaux et des porteurs de valises par lesquels
circulait l'argent. Les sommes sont énormes, 17% des bénéfices ont été
détournés non seulement au profit des partis politiques, mais aussi de
particuliers dont on ne connaitra jamais les noms. Dans la panique, afin
d'éviter la divulgation des coupables, et sous la menace d'un scandale
républicain, la compagnie est privatisée. Quelques années plus tard, c'est
l'estocade : Elf, la plus grosse entreprise française, se laisse avaler par la
modeste Total. Jaffré signera la transaction moyennant un des plus
extraordinaires parachutes dorés jamais réalisés. Grâce à cette double
opération, les fonds de pension anglo-saxons deviennent les plus gros
actionnaires d'Elf qui devient Total; la France reste majoritaire, mais a
perdu le plus gros fleuron de son industrie (160).

Mais nos politiques ne s'en soucient pas et cherchent à présent un
nouveau moyen de détourner l'argent du pétrole. Sachant que les
magistrats ne peuvent enquêter sur les comptes des chefs d'état africains,
ils demandent à ces derniers de leur verser des rétro-commissions sur
l'argent du pétrole, sous forme d'enveloppes ou de valises. La martingale
est infaillible, la pompe à fric recommence, mais sans la France.
C'est à cette époque qu'apparait un nouvel intermédiaire, Robert
Bourgi. Jusqu'ici quelles que soient ses méthodes, Foccart avait toujours
oeuvré pour son pays. Mais Bourgi qui est passé dans le camp atlantiste,
n'a aucun souci des intérêts Français. Il agit comme conseiller de Bongo,
choisissant avec lui les politiciens français qu'il estime dignes d'être
subventionnés. Le rapport de forces est donc inversé, et nos politiciens
sont réduits à former une cohorte pitoyable dans la salle d'attente de
Bongo, dans l'espoir d'obtenir ses largesses.





De la Françafrique à l’Américafrique

En janvier 2003, les Etats-Unis réussissent à coaliser 10 pays
pour envahir l'Irak (161). En France, le camp gaulliste encore au pouvoir,
s'oppose à la politique américaine. L'Allemagne et la France interviennent
pour rappeler aux Anglo-américains que "Seule une décision du conseil
de Sécurité des Nations-Unies est habilitée à déclencher les hostilités en
Irak ". La France sera le seul pays d'occident à oser menacer les Anglo-
américains d'utiliser son droit de veto pour empêcher la guerre. Face à
cette opposition et celles de la Russie et de la Chine, les anglo-américains
décident de passer en force et d'attaquer l'Irak sans l'aval du Conseil de
Sécurité. 129 000 mercenaires américains seront utilisés dans cette guerre,
qui fera entre 500.000 et 1 million de morts et consacrera l'avènement du
terrorisme international (162). En représailles contre la France, les Etats-
Unis feront pression sur le FMI pour obtenir l'annulation de la dette de
l'Irak envers la France rançonnant ainsi notre pays de 4 milliards d'Euros.

Pendant ce temps en Côte d'Ivoire, on en est déjà au troisième
changement de régime depuis la mort d'Houphouet Boigny. Laurent
Gbagbo, opposant à la politique de Boigny, dirige le pays, sur fond de
tensions ethniques. En 2002, il doit faire face à une rébellion organisée
depuis le Burkina Faso. Au nom des accords militaires signés avec la
France, Gbagbo sollicite son aide, mais Chirac la lui refuse. En 2004,
deux avions ivoiriens bombardent intentionnellement les troupes
françaises stationnées dans un lycée, faisant 9 morts chez nos soldats. Nos
avions répliquent en détruisant au sol l'aviation ivoirienne, qui seule aurait
pu venir à bout de la rébellion. Gbagbo, furieux, nie être à l'origine du
premier bombardement et appelle son peuple à la rébellion contre la
France (163). Nos ressortissants sont aussitôt évacués. L'armée française
stationne devant l'hôtel Ivoire, juste en face du palais présidentiel. La
foule, suspectant un coup d'état de la France, se rassemble par milliers
autour de l'hôtel pour soutenir son président. Débordés, nos soldats tirent
dans le tas. Plus loin, nos hélicoptères tirent sur certains émeutiers qui
tentent de franchir le pont conduisant à l'aéroport par où sont évacués nos
ressortissants. Au total, une soixantaine d'ivoiriens seront tués. L'émeute
devient générale, les propriétés des blancs sont pillées ou brûlées.
Résultat, le sentiment anti-français n'a jamais été aussi fort dans le pays.

En 2007, à la veille des présidentielles, Robert Bourgi tombe le
masque et abandonne le camp Gaulliste pour passer avec armes, bagages
et carnets d'adresses dans le camp atlantiste de Sarkozy (164). Un ancien
conseiller de Bongo accusera plus tard ce dernier d'avoir financé la
campagne de Sarkozy, lequel accordera au Gabon une remise de 20% de
la dette gabonaise (165).
Dès le début des années 90, les Etats-Unis avaient déjà eu recours
aux pays étrangers pour contribuer à imposer leur politique extérieure. La
France qui avait réussi à y échapper sous Chirac, retombera dans
l’allégeance sous Sarkozy (166).

En 2008, les américains créent " Africom ", un centre de
commandement unique pour leurs opérations militaires en Afrique.
Aussitôt après, Nicolas Sarkozy annonce que la France rejoint
définitivement le camp américain pour réintégrer le commandement
intégré de l'OTAN, enterrant définitivement la politique gaulliste.
Aussitôt, de nouveaux accords militaires dont nul ne connait le contenu,
sont signés entre la France et nos anciennes colonies africaines.
Désormais, la France n'occupera qu'une seule base militaire à Libreville.
Les Etats-Unis en auront 4 officielles et 12 secrètes (167).

L'année suivante, toujours en Côte d'ivoire, Ouattara, un ancien
du FMI et proche de Sarkozy, succède à Gbagbo après des élections
contestées et une intervention militaire française en sa faveur (168).

Le 8 juin au Gabon, Omar Bongo meurt et des élections truquées
permettent à son fils Ali de prendre la relève. Ali est membre d'une loge
maçonnique affiliée à la GLNF, comme presque tous les autres chefs
d'état africains. Le grand maitre de la GLNF fait le voyage pour
l'introniser comme nouveau maitre de la grande loge gabonaise, ainsi se
dévoilent au public les réseaux maçonniques déjà installés en Afrique et
qui régissent désormais en grande partie les relations commerciales
africaines. Un grand rassemblement mondial maçonnique avec une forte
présence américaine aura lieu peu de temps après au Gabon, comme pour
confirmer les ambitions étasuniennes sur le continent. Désormais, notre
pays n'importera plus de pétrole de ses anciennes colonies africaines (169).
La France-Afrique n'aura pour autre vocation que d'assurer l'hégémonie
américaine en empêchant la Chine d'avoir accès au pétrole africain(170).
Notre pays aura à supporter le coût en argent et en vies humaines
de toutes ces opérations qui désormais ne nous profitent plus. Pour
exemple, notre intervention en Libye n'a fait que détruire ce pays et n'a
rien rapporté à la France puisque nos quantités de pétrole importées de
Libye ont diminué de moitié depuis la guerre.
Au total, depuis que la France a rejoint le commandement intégré
de l'OTAN, notre pays a participé à cinq conflits dont aucun ne mettait en
cause nos intérêts.(171)


Le Franc CFA en question

Depuis peu on assiste à un mouvement de protestation contre le Franc
CFA, les réseaux sociaux regorgent de publications critiques à ce sujet.
Après enquête, l’affaire semble avoir été lancée par un article du
Business week. L’article datant du 17 avril 2014, se base sur les
déclarations d’un certain Mamadou Koulibaly reprochant à la France
d’obliger les pays de la zone CFA à déposer 50% de leurs réserves de
change sur des comptes d’opération en France. Du coup, l’économie des
pays concernés s’en trouverait handicapée par rapport aux autres pays
d’Afrique sans qu’il soit mentionné lesquels (note 163). Dans une interview,
M. Koulibaly reproche même à la France d’avoir empêché le Togo
d’ouvrir un compte d’opération dans une banque américaine.
Certes la France profite de ces comptes d’opération de par les taux
d’intérêt qu’ils génèrent. Notons que ces réserves de devises sont
entièrement reversées aux pays d’Afrique, mais en francs CFA. Il est aussi
vrai qu’une parité avec une monnaie forte comme l’Euro pourrait en
théorie handicaper l’économie de ces pays.
Pourtant, l’examen comparatif des résultats des pays d’Afrique
subsaharienne montre que l’inflation moyenne en zone CFA est 4 fois
moins élevée qu’en dehors de la zone (2,8% contre 12%). Les taux
d’intérêt y sont presque trois fois inférieurs (4,5% contre 13%). Le
PIB/habitant fait presque le double (3006 $ contre 1761 hors zone). Le
déficit commercial est deux fois moindre (8,21% contre 15,77%), de
même que le taux de chômage (8,2% contre 15,22% hors zone). Les
autres chiffres sont comparables. Quant aux pays d’Afrique anglophone,
même en comptabilisant l’Afrique du sud, ils ne font guère mieux avec
une inflation moyenne à 33%, un PIB/habitant à 2052 $, un déficit
commercial à 13%, et un taux de chômage à 11%.
Le franc CFA semble donc offrir une certaine stabilité aux pays qui
l’adoptent. Les pays comme la Mauritanie et Madagascar qui l’ont
abandonné n’ont d’ailleurs pas vu leur économie s’améliorer, bien au
contraire.
En réalité, tout indique que cette campagne anti CFA est surtout une
tentative d’OPA américaine contre le pré carré français.
Si les pays de la zone CFA aspirent à récupérer leur souveraineté
monétaire, rien de plus légitime; reste à savoir si leurs performances en
seront meilleures et surtout si les banques américaines seront plus
généreuses que leurs homologues françaises. Pour faire face à ces
attaques, Emmanuel Macron a récemment annoncé la suppression des
comptes d’opération, et le remplacement du franc CFA par l’Eco, mais
ira-t-il jusqu’au bout, l’avenir nous le dira…





Conclusion

En matière de pillage, l'ère post-coloniale n'a rien à envier à celle
du colonialisme. Du moins sous l'ère coloniale, un semblant de
développement existait. Des écoles, des dispensaires, des routes et des
chemins de fer étaient construits. Aujourd'hui, rien de cela, le sous-sol
africain est pillé sans aucune contre-partie. Les Africains continuent de
mourir de faim pendant que des multinationales accaparent leurs matières
premières. Triste bilan pour la France, d'autant que notre pays a perdu son
indépendance énergétique : à part l’Algérie (7% de nos importations), nos
anciennes colonies ont cessé de nous approvisionner en pétrole, quant à
notre uranium, il provient essentiellement du Canada, du Kazakhstan et
du Niger.

Notons qu’en fait de colonialisme, les Etats-Unis n'ont rien à nous
envier. La déportation forcée des tribus indiennes, associée à la
destruction de leurs troupeaux, à la transmission d'épidémies, sans parler
des massacres, ont coûté la vie à 18 millions d'indiens dont les trois quarts
des survivants vivent en dessous du seuil de pauvreté (172). Plus tard,
toujours sous prétexte de " Guerre froide", les USA éliminèrent de
nombreux chefs d'état démocratiquement élus, notamment Lumumba,
Allende, Roldos, Torrijos, Mossadegh ou Arbenz, les 4 premiers ayant été
physiquement supprimés (173). Leur seul crime étant d'avoir voulu mettre
fin au monopole des grosses compagnies occidentales pour faire profiter
leur peuple de ses ressources naturelles. Contre eux, les Etats Unis
soutinrent des dictateurs sanglants comme Mobutu, Pinochet, le Shah
d'Iran, Diem, Noriega, Saddam Hussein, Moubarak ou encore Morsi,
n'hésitant pas à s'en débarrasser plus tard, lorsqu'ils deviendront trop
gênants (174). Précisons que ces opérations, jadis organisées par la CIA,
sont de nos jours confiées à des sociétés privées ou à des ONG, afin
d'éviter au gouvernement américain d'être compromis.
Certaines interventions, comme en Afghanistan, en Irak et en
Libye ont favorisé l’expansion du terrorisme et créé l'installation de
gouvernements islamistes (175). Favoriser les extrémistes permettra de
justifier de futures interventions militaires(176).
Pareillement au Moyen-Orient, le soutien inconditionnel accordé
aux extrémistes Israéliens par les Etats-Unis, n'a fait que provoquer
l'isolement diplomatique d'Israël. L'installation d’un état islamique dans la
région n'a d'ailleurs rien de rassurant pour ce petit pays dont la population
est majoritairement pacifiste et ne demandait rien (177).
Pour finir, ce sont les USA qui en vendant des armes à l'Irak puis
à l'Iran, ont relancé la vieille querelle jusque là presque éteinte, entre
chiites et sunnites, sans omettre que la France y a elle aussi participé.





IV


La franc-maçonnerie en France




La franc-maçonnerie est une association philanthropique
créée à Londres en 1717, et dont le recrutement est basé sur la cooptation.
D'influence protestante, elle s'organisa un peu comme une Eglise, avec ses
rituels, sa philosophie et ses symboles, pour s'installer progressivement en
France quelques années plus tard. La tradition maçonnique étant basée sur
le secret, nous nous intéresserons surtout à la partie visible, c'est à dire
aux faits.

Concernant l'esclavage, les avis des maçons français étaient
partagés : certains frères comme Lameth et Barnave et Moreau de Saint
Méry furent de grands esclavagistes, adhérents du club Massiac, alors que
d'autres comme l'abbé Grégoire, militèrent contre la traite, tout en
s'opposant à une abolition immédiate de l'esclavage. D'autres encore,
comme Brissot, Mirabeau et Clavière, utilisèrent le lobby abolitionniste à
des fins politiques (voir chap. II). Chaumette, qui fut un abolitionniste de
la première heure, prononça le discours de la première abolition. La
deuxième fut proclamée par le frère Victor Schoelcher en 1848.

La maçonnerie ne fut pas à l'origine de la Révolution, même si la
plupart des jacobins sauf Robespierre et Saint Just, étaient des frères.
D’ailleurs, le parti de la noblesse était celui contenant la plus forte
proportion de franc-maçons. Le chef de la maçonnerie en France était le
duc d'Orléans, mais qui fut bien loin d'être l'âme de la Révolution. Il fut
guillotiné avec un grand nombre de francs-maçons, et non des moindres,
notamment Camille Desmoulins, Danton, Condorcet, Brissot, Barnave,
Chaumette, Couthon, Lechapellier, Beauharnais, Chabot, Philippe duc
d'Orléans, la princesse de Lamballe, elle-même monarchiste, ainsi que
Collenot d'Angremont, qui fut le tout premier guillotiné. En réalité, les
loges servaient de lieux de discussions et furent plus au service de la
Révolution que le contraire. Elles seront d'ailleurs fermées pendant 3 ans
à partir de 1793, ce qui n'arrêta pas pour autant la Révolution (178). Ce fut
d’ailleurs le frère Sieyès qui l’enterra en organisant le coup d’état du 18
Brumaire. La thèse développée par l'abbé Barruel, faisant de la
Révolution un complot maçonnique est donc une pure invention, peut être
d'ailleurs destinée à mieux dissimuler les agissements de l'Angleterre,
bien réels ceux-là. Quant à la secte des Illuminés de Bavière, ni
Weishaupt, qui fut son fondateur, ni aucun des ses membres n’eut une
quelconque influence sur notre révolution. Rappelons que Barruel vécut
plusieurs années à Londres et qu'il fut félicité pour ses travaux par
Edmund Burke, un des plus fidèles soutiens de William Pitt. Les clubs et
la maçonnerie étant d'origine anglaise, on ne peut néanmoins exclure
qu'ils aient pu servir d'instrument aux Anglais pour influencer les
évènements en leur faveur.
Ce fut d'ailleurs sous la révolution qu'apparurent les premières
attaques contre l'Eglise catholique, première grande rivale de la confrérie :
le frère Talleyrand se chargea de la saisie des biens du clergé. Les frères
Carra, Pétion, Condorcet et Sieyès avaient comme projet de choisir un
chef d'état protestant pour la France (179). Chaumette de son côté, prêchait
le culte de la Déesse de la raison.
Malencontreusement, Robespierre mit fin au rêve Girondin, brûla
la statue de l'athéisme, et grâce au Concordat signé par Bonaparte, le
clergé catholique sortit victorieux de ce premier affrontement : l'école
chrétienne assurait encore à l'Eglise le contrôle des consciences.

Les antagonismes persistèrent et malgré son idéologie pacifiste, la
franc-maçonnerie ne fut jamais à même d'arrêter un conflit. Bien au
contraire, puisque l'apogée de la franc-maçonnerie correspond aux guerres
Napoléoniennes. Lors du règlement de compte final à Waterloo, les
principaux chefs militaires (Wellington, Blucher et Ney) étaient maçons.

Plus tard, les franc-maçons s'opposèrent à Napoléon III lorsqu'il
voulut protéger les états du pape (180).

Après la chute du second Empire, ceux du gouvernement
provisoire de la Troisième République (9 maçons sur 12 ministres) ne
furent pas solidaires envers leurs frères de la Commune, héroïques, mais
dont certains ne furent pas épargnés.

Le rôle de la franc-maçonnerie dans la colonisation a déjà été
évoqué. La mission civilisatrice invoquée, peut-être de bonne foi pour
certains, ne peut occulter que la maçonnerie fut aussi un rouage aux mains
des banques : le but étant d'obtenir de la France un appui militaire et
logistique dans l'entreprise coloniale, et surtout d'attirer des investisseurs
et des industriels dans nos colonies; nous avons vu que ce fut un échec.
Les français n'ont jamais été des colons dans l'âme. Ici non plus, pas
d'unanimité, le frère Camille Pelletan était anti-colonialiste.

En 1884, en plein débat colonial, l'encyclique Humanum Genus
du pape Léon XIII condamna la franc-maçonnerie, ce qui relança les
hostilités contre l'Eglise. Rappelons que ce fut le protestant Félix Pécaut
qui inventa la laïcité, et qu'il n'était pas franc-maçon. En adoptant cette
laïcité, les frères Emile Combes et Jules Ferry se firent consciemment ou
pas les auxiliaires zélés du protestantisme libéral. 2.500 établissements
religieux furent fermés. Le frère Ferdinand Buisson, ami de Pécaut et
protestant lui aussi, conçut un dictionnaire de Pédagogie, véritable bible
où fut établie toute une liste de " valeurs républicaines ". Cette laïcité,
issue de la défaite de 1870 et regardant du côté de maîtres étrangers et
d'influence protestante, occupera la place influente qu'avait eu jusqu'ici le
clergé catholique, et régnera en maître sur notre Ecole républicaine.(181)
Millerand, Doumer et Deschanel furent les seuls frères à s'opposer à cet
anticléricalisme, mais ils furent exclus du Grand-Orient(182) En 1904, ce
même Grand-Orient tentera vainement d'évincer les catholiques de notre
armée, ce qui déclenchera le scandale des fiches (183).

A l'actif de la franc-maçonnerie, l'impôt sur le revenu créé en
1914 qui servira à financer la Première Guerre Mondiale.
Après la victoire de 1918, le frère Léon Bourgeois collabora avec
Woodrow Wilson pour créer la Société des Nations, première étape vers
l'union européenne. Il recueillera l'appui de Buisson.

Bien plus tard, sous l'occupation, les lois anti-maçonniques de
Vichy feront exclure 3 422 frères de la fonction publique (184). Ici encore,
pas d'idéologie dominante, les esprits étaient divisés : certains
s'engagèrent dans la résistance, tandis que d'autres comme Buisson,
militaient pour la paix à tout prix avec l'Allemagne. Détail insolite, Pierre
Laval comme Pierre Brossolette étaient tous deux franc-maçons (185).

Après la guerre, les réseaux maçonniques furent largement
utilisés dans le cadre de la Françe-Afrique toujours guidée par des frères
(Foccart, Guy Penne et Balkany), en collaboration avec les chefs d'états
africains dont la majorité étaient aussi maçons.
Notons qu'il n'existe pas dans les pays protestants l'équivalent de ce Grand
Orient, branche athée de la maçonnerie française dont dépend la loge P2
(affiliée à la CIA). La laïcité n'a d'ailleurs pas été imposée aux pays
protestants. Elle le fut par contre à d'autres pays catholiques comme
l'Irlande et le Portugal. L'alliance entre Franc-maçonnerie et
Protestantisme libéral n'est pas officielle en France, mais elle l'est en
Grande-Bretagne où l'Anglicanisme reste toujours religion d'état, où la
reine est chef de l'Eglise, où les évêques siègent toujours à la chambre des
Lords, et où le duc de Kent (frère de la reine), est le premier représentant
de la franc-maçonnerie du pays.

Au total, parmi nos grands personnages, ni Robespierre, ni
Napoléon, ni De Gaulle ne furent franc-maçons. Les rares grandes
personnalités qui le furent n'ont été cooptées que sur le tard, après que
leur oeuvre fut accomplie, par une confrérie en mal de notoriété; comme
si cette appartenance n'avait été qu'un palliatif pour certains de ses
adhérents (186). La franc-maçonnerie ne fut d'ailleurs à l'origine d'aucun
grand mouvement ni d'aucune grande idéologie, car elle ne fut jamais
vraiment unie sur un grand projet. Globalement, on peut dire que la franc-
maçonnerie n'est pas une source de pensées, mais plutôt un instrument
servant à les mettre en application.
Il ne peut donc exister de "complot maçonnique ", contrairement à
l'opinion largement répandue.




Liste des franc-maçons célèbres cités dans
cet ouvrage

Abd el Kader, O. Abetz, Achiary, Ahidjo, Arago, Augereau, Bailly,
Bakounine, Barbaroux, Barère, Barnave, Bartholdi, Bazaine,
Beauharnais, Bernadotte, L. Blanc, Blum, Blücher, Bolivar, Omar
Bongo, Bourgeois, Brazza, Brissot, Pierre Brossolette, Brunswick,
Bugeaud, Buisson, Cambacérès, Carnot, Carra, Cavaignac, Chabot,
Chaumette, Churchill, Clavière, Combes, Condorcet, Couthon,
Crémieux, Daladier, Danton, Delcassé, Deschanel, Delessart,
Camille Desmoulins, Diagne, Diderot, Paul Doumer, Doumergue,
Dumouriez, Duroveray, Eboué, Edouard VIII, Favre, Etienne,
Fauchet, J. Ferry, Fersen, Foccart, G. Ford, H. Ford, Fouché,
Fournier l'américain, B. Franklin, Gambetta, Garibaldi, Gorsas,
Grégoire, Greuze, Guadet, Ho Chi Minh, Hoover, L. Johnson,
Kippling, Laborde de Méréville, Choderlos de Laclos, La Fayette,
La Fontaine, Pce de Lamballe, Lameth, Laval, Lechapelier, Le
Coulteux, Lindbergh, Lissouba, Lofficial, Louis-Philippe, Lumière,
Mac Arthur, Stanislas Maillard, Marat, Marchandeau, Marshall,
Mendes-France, Metternich, M'Ba, Louise Michel, Millerand,
Mirabeau, Miranda, Guy Mollet, Montesquieu, Moreau, Moreau de
Saint Méry, Murat, Ney, N'Guesso, E. Ollivier, Pelletan, Penne,
Philippe Egalité (duc d'Orléans), Perrégaux, Petion, Pichegru,
Polverel, Rochambeau, F. Roosevelt, N. Rothschild, Rouget de
l'Isle, Salan, Sarraut, Schoelcher, Sergent, Sieyes, Stanhope,
Stendhal, Talleyrand, Truman, Turgot, Vadier, Voltaire, Washington,
Wellington, Wimpffen, Ziegfried.




V



La France pays de traitres et de collabos ?








" Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes
ennemis, je m'en charge. "

Voltaire




En 1420, la France est en guerre avec l'Angleterre depuis
presque cent ans. L'enjeu est avant tout économique : l'Angleterre veut
conserver l'Aquitaine qui lui assure l'hégémonie sur le commerce des
vins. La laine anglaise a envahi le marché, et les tisserands Flamands,
sous autorité bourguignonne, veulent se rapprocher des Anglais dont ils
convoitent la laine, y voyant un moyen d'échapper à la fiscalité française.

La France, vaincue par les Anglais à Azincourt, est en proie à une
guerre civile entre Armagnacs (partisans du roi), et Bourguignons (alliés
de l'Angleterre). A cette époque, le duc d'Orléans fidèle allié du roi, est
retenu prisonnier à Londres. Le duc de Bourgogne, de son côté, se partage
avec les Anglais le royaume de France. En signant le traité de Troyes,
Isabeau de Bavière, reine de France et épouse du roi fou Charles VI, trahit
son pays d'adoption et accepte de déshériter son fils Charles VII, préférant
offrir la couronne de France au souverain anglais: Paris appartient aux
bourguignons, notre pays, aux trois quarts occupé, semble perdu à tout
jamais. Les troupes anglaises ont mis le siège devant Orléans, ville-clef
pour le passage de la Loire, et ville symbole dont le duc est le chef. Si
Orléans tombe, c'est toute la France qui bascule… Mais une jeune lainière
française nommée Jeanne, va retourner la situation de la façon la plus
inattendue. Elle réussit à rencontrer Charles VII, et, se disant investie
d'une mission divine, lui fait quatre prédictions :

" les anglais lèveront le siège d'Orléans, le roi sera sacré à
Reims, Paris rentrera dans le domaine royal de Charles VII, et le duc
d'Orléans reviendra de sa captivité en Angleterre".

Elle n'obtient du roi qu'un simple convoi de ravitaillement qu'elle
achemine à Orléans. Sur place, par son seul charisme, elle galvanise les
défenseurs de la ville et les relance à l'attaque. Héroïque pendant les
combats, malgré deux blessures, elle reprend une à une les bastilles
occupées par les anglais, et les chasse à distance de la ville. Puis, elle
poursuit son avantage, les bat encore 3 fois au prix d'une nouvelle
blessure. Puis elle surprend l'armée anglaise de secours à la bataille de
Patay : les archers anglais sont pris de flanc et taillés en pièces, pendant
que la cavalerie anglaise fuit devant la nôtre. Forte de ce succès, Jeanne
réussit à convaincre Charles VII d'aller se faire sacrer à Reims, prenant de
vitesse le roi d'Angleterre qui avait négligé ce protocole.
Puis, Jeanne réussit à convaincre le roi d'assiéger Paris, mais, à
nouveau blessée, elle y est refoulée par les Bourguignons, et le roi lui
interdit tout nouvel assaut. Ne se décourageant pas, elle continue à
combattre avec sa petite armée, et parvient à libérer plusieurs places
fortes. Malheureusement, après avoir libéré Compiègne, entrainée trop
loin lors d'une sortie, elle tombe aux mains des bourguignons qui ne
tardent pas à la vendre aux Anglais. Sous la pression anglaise, Jeanne sera
jugée, condamnée pour hérésie, et mourra brûlée vive en place de grève.

Mais son exemple a redonné confiance au roi. Ce qu'elle n'a pas
réussi par les armes, Charles VII le fera par la négociation : il met fin à la
guerre civile, et s'allie avec les bourguignons. Puis il bat les anglais à
Formigny et à Castillon. Paris sera repris et les troupes anglaises seront
définitivement expulsés quelques années plus tard. Les quatre prophéties
de Jeanne ayant été accomplies elle sera réhabilitée, puis béatifiée et enfin
canonisée en 1920. Véritable incarnation de l'esprit de résistance et de
revanche à la française, elle reste aujourd'hui une de nos plus grandes
gloires nationales.

Trois siècles s’écoulent, nous sommes en 1793, en pleine
Révolution. Mécontents d’avoir été renversés par les Montagnards, les
Girondins ont fait alliance avec les royalistes pour s’opposer à la tyrannie
populaire de la Commune qui règne à Paris sous l’égide de Robespierre.
Ils n’hésitent pas à soulever la province contre Paris et déclenchent une
véritable guerre civile dans tout le pays. Le port de Toulon est occupé par
eux, mais les royalistes accueillent les Anglais qui débarquent à leur tour
dans la ville. Toulon est rapidement assiégée par le général Dugommier.
Un petit capitaine nommé Bonaparte, resté fidèle à Robespierre va lui
servir de stratège. Toulon sera repris après un siège de 3 mois. Bonaparte
y gagnera ses galons de général, mais entre temps, les royalistes auront
livré 33 de nos vaisseaux aux Anglais. Cette trahison aura des
conséquences considérables pour notre Histoire, car la perte de ces
bateaux affaiblira considérablement la fameuse flotte construite par Louis
XVI, qui avait assuré sa suprématie sur la Royal Navy 10 ans plus tôt.
Jamais la France ne s’en remettra. Notre flotte passera définitivement au
second rang, et nos défaites à Aboukir et Trafalgar feront échouer la
campagne d’Egypte, la conquête de l’Inde, ainsi que notre plan d’invasion
de l’Angleterre (Voir note 4).

Nous sommes en 1814, à la fin de l’Empire : grâce aux conseils
du transfuge Moreau, les armées alliées arrivent aux portes de Paris(187).
Les " Marie-Louise ", jeunes soldats français combattent aux côtés de
Napoléon à un contre cinq. Une série de victoires inespérées bloquent nos
ennemis à 100 kilomètres de Paris. Leurs chefs sont désemparés, ils
n'osent plus avancer. La France entière se soulève contre l'envahisseur, les
soldats russes en déroute sont massacrés par nos paysans. L'Empereur,
faisant le pari que l'ennemi n'avancera plus, prend le risque de manœuvrer
sur ses arrières pour lui couper ses communications et l'écraser contre les
troupes de Marmont qui défendent la capitale. La manœuvre est osée car
les alliés vont être laissés presque seuls face à Paris. Profitant de
l'éloignement de Napoléon, Talleyrand, vendu à l'Autriche, fait envoyer à
l'archiduc Charles, sa fameuse lettre écrite à l'encre sympathique "Vous
marchez avec des béquilles, servez-vous de vos jambes; on vous attend "
(188)
. Prévenu trop tard, l'empereur n'aura pas le temps de rattraper ses
adversaires. Après une résistance bâclée, Marmont livrera Paris et passera
avec ses troupes du côté des alliés. Augereau négociera lui aussi avec
l'ennemi. Quant à Moreau, il mourra tué par un boulet Français. On
connait la suite : le girondin Lanjuinais fera voter la déchéance, et Louis
XVIII, le roi podagre, rentrera dans Paris dans les fourgons des cosaques.
Il sera restauré contre l'avis du peuple, et Les diplomates anglais, avec
leur humour très british, reconnaîtront plus tard «Vous n'auriez jamais eu
Louis XVIII si nous avions eu quelque chose de pire à vous proposer »
(189)
.

1815, les Cent jours : Louis XVIII n'a pas respecté le traité
d'abdication de Napoléon. La pension nécessaire pour payer ses fidèles
soldats n'a pas été payée. Exilé à l'ile d'Elbe, l’empereur vient de lire dans
les journaux anglais le projet qu'a l'Angleterre de l'enlever pour l'envoyer
à Sainte Hélène. Ses espions viennent de l'informer qu'on cherche même à
l'assassiner. Sans argent pour les payer, ses soldats désertent un à un la
petite ile. Ne voulant pas attendre de se retrouver seul sans protection, il
s'embarque vers la France avec son bataillon sacré. Plébiscité par le
peuple, il effectue un retour triomphal (190). Mais, malgré ses protestations
pacifiques, il doit affronter une septième coalition, toujours financée par
l'Angleterre. Les puissances s'apprêtent à nouveau à envahir la France.
Les troupes anglaises et prussiennes cherchent à faire leur
jonction en Belgique. L'Empereur a prévu de vaincre ces deux armés
séparément, l'une après l'autre. Son plan est parfait. S'il est correctement
appliqué, nos ennemis seront écrasés en deux jours. La première partie de
la campagne s'exécute à peu près bien: le premier jour, les Prussiens sont
vaincus à Ligny pendant que Ney, sur notre gauche, contient l'armée
anglaise (191). Au soir de notre victoire, l'armée prussienne est en fuite et
Napoléon envoie à Ney un officier d'état-major avec l'ordre d'attaquer dès
le lendemain matin la position anglaise (192). Si Ney obéit, dès ses premiers
coups de canons, Napoléon fondra sur Wellington dont l'armée, prise
entre celle de Ney et celle de l'Empereur, sera immanquablement écrasée.
Blücher, trop fraichement battu, ne pourra secourir les Anglais.
Au matin du deuxième jour, Napoléon n'entendant pas l’artillerie
de Ney, pense que les Anglais, selon toute logique ont profité de la nuit
pour se replier. Il croit l'opération manquée, mais, il n'en est rien. Contre
toute attente, Wellington a commis la faute de s'attarder sur le champ de
bataille jusqu'à dix heures trente... Malheureusement, Ney n'a pas reçu
son ordre d'attaque, car l'officier d'état major est passé à l'ennemi.
L'Empereur n'apprendra qu'à dix heures l'erreur de Wellington, et foncera
aussitôt avec toute son armée pour l'écraser, mais trop tard! Six heures
irremplaçables ont été perdues : l'armée anglaise va nous échapper et la
bataille ne pourra avoir lieu que le lendemain. Bien trop tard pour pouvoir
la gagner, car entretemps, Blücher aura eu tout le loisir de rallier ses
troupes. Notre armée, après des assauts désespérés finira par succomber
sous les coups répétés des deux armées coalisées réunies. Sans la
défection de l'officier d'état-major, l'armée anglaise aurait été détruite dès
le deuxième jour, et il n'y aurait jamais eu Waterloo...

Pourtant, 10 jours après notre défaite, tout aurait pu encore être
sauvé : les deux armées coalisées avaient commis l'erreur d'arriver
séparées aux portes de Paris. Les Anglais étaient à Saint Denis et les
Prussiens à Versailles. Deux bras de la Seine leur interdisaient toute
communication. Notre armée, supérieure en nombre, était dans la capitale,
en position de battre ses deux adversaires l'un après l'autre, c'était
l'occasion unique de venger Waterloo (193). Davout, qui commandait nos
troupes, commença sa manœuvre et écrasa l'avant-garde prussienne à
Rocquencourt. Il préparait une attaque générale qui devait achever les
Prussiens, prévoyant de se retourner le lendemain contre la minuscule
armée anglaise; le succès était assuré (194). Mais, l'assemblée nationale,
manipulée par Fouché, venait d'exiger l'abdication de Napoléon(195).
Fouché, qui s'était installé au pouvoir, empêchera Davout de combattre et
ouvrira les portes de la capitale à nos adversaires.(196) Nul ne tiendra
compte des protestations de notre armée qui demandait à se battre, ni de
celles des fédérés qui défilaient dans Paris en réclamant des armes.
Napoléon, voyant l'occasion trop belle, avait demandé à commander une
dernière fois l'armée, promettant de s'exiler aussitôt après la victoire. Mais
Fouché ne voulut rien savoir. La France ne se remettra jamais de cette
reddition trop hâtive. Notre pays, livré contre sa volonté au sceptre
défaillant des Bourbon, sera rabaissé au rang de puissance secondaire, et
perdra de façon définitive son premier rang mondial au profit de
l'Angleterre. Fouché, qui espérait en retour obtenir les faveurs du roi, sera
banni pour régicide, et mourra exilé, protégé par un autre transfuge,
Bernadotte.
Notons que La chouannerie de 1815 fut de loin celle qui coûta le
plus cher à la France. Juste avant Waterloo, Napoléon avait dû détacher
27 000 soldats de son armée pour aller mater deux insurrections
royalistes. Or, ce fut précisément la même quantité de troupes qui nous
manqua pour triompher à Waterloo(197).

Nous sommes en 1869 sous le Second Empire. La France a repris
sa place, mais lors des élections législatives, des alliances contre-nature
ont été négociées entre républicains libéraux et royalistes pour vaincre le
parti bonapartiste (198). Napoléon III vieillissant, gagne quand même les
élections, mais commet l'erreur d'accueillir les vaincus dans son
gouvernement, et se retrouve entrainé par eux dans une guerre avec la
Prusse (199). Après de laborieux combats, notre armée de Paris cherche à
faire sa jonction avec celle de Metz. Malheureusement, Bismarck est
renseigné de son mouvement par un de ses informateurs au sein de notre
état-major. Notre armée se retrouve bloquée à Sedan. Elle est commandée
par des généraux royalistes dont les erreurs incompréhensibles nous
conduisent à la débâcle (200). L'Empereur malade, est fait prisonnier par les
Prussiens (201). Les libéraux en profitent pour s'installer au pouvoir, dans
l'espoir de restaurer une monarchie libérale : Un gouvernement provisoire
s'est auto-proclamé, composé de 11 républicains libéraux, mais dont le
chef est royaliste (202).
A Marseille, à Lyon, à Paris, c'est l'émeute : la république est
exigée par le peuple en colère qui, craignant un retour à la monarchie,
envahit l'assemblée. Sous la pression des émeutiers, la république est
proclamée le 4 septembre. Le gouvernement provisoire ne demande qu'à
s'entendre avec l'ennemi pour restaurer la monarchie, mais il est
rapidement débordé par la révolution populaire, qui elle, veut résister à
l'envahisseur (203). L'écume aux lèvres, la plèbe s'engage en masse dans la
garde nationale. 3 000 canons lourds sont rapatriés sur Paris.
L'insurrection ouvrière règne dans tout le sud de la France. Partout des
ouvriers armés se ruent vers la capitale pour s'engager dans la garde
nationale. En peu de temps, ils seront 500000 enragés prêts à défendre
Paris, dont 85 000 de troupes de ligne. Les deux tiers sont des prolétaires.
Se méfiant de leurs officiers presque tous royalistes, ils élisent eux-mêmes
leurs chefs. Des comités de vigilance et de défense sont créés, comme en
1792. Le 22 septembre, dans un manifeste, les Blanquistes (socialistes)
réclament la Commune et la mobilisation générale. Espérant ranimer le
sentiment national face à l'envahisseur, ils prennent pour modèle la
Commune de 1792 (204). Les Allemands, ne se sentant pas de force pour
les attaquer, resteront plusieurs mois à assiéger Paris, espérant affamer ses
habitants. L'armée allemande, forte de 250.000 hommes, s'étale sur un arc
de cercle de 40 puis de 80 kilomètres autour de Paris. Trop disséminée,
elle est vulnérable en tous points. Une simple attaque de notre armée
suffirait à enfoncer ses lignes. Gambetta a réuni 70.000 soldats sur la
Loire. Le maréchal Bazaine occupe Metz avec ses 170.000 hommes, il a
nos meilleures troupes. Si elles se rallient aux parisiens, tout espoir est
permis. Denfert-Rochereau tient Belfort avec ses 15.000 hommes, il sera
le seul à résister jusqu'au bout.
Le 19 septembre, Jules Favre entame des négociations secrètes
avec la Prusse. Bismarck n'en mène pas large. Son armée a eu 130.000
morts dans les combats, soit plus que la nôtre; elle est harcelée par nos
francs-tireurs qui lui ont tué 13.000 des leurs. Grâce à l'élan national, nos
effectifs sont devenus supérieurs à ceux des Allemands, et la plupart de
leurs généraux sont partisans d'un repli sur l'Allemagne en cas de
résistance prolongée. Tous demandent à signer une paix blanche pour
éviter une deuxième année de guerre avec la France (205). Bismarck est
dans la même situation que Napoléon à Moscou en 1812. Le temps joue
contre lui, et sa seule exigence sera la reddition de Strasbourg (206). Par
contre, il demande des élections. Jules Favre, sachant que ces élection
tourneraient en faveur des bonapartistes, refuse la paix blanche, donnant
comme faux prétexte que Bismarck exigerait la cession de l'Alsace et de
la Moselle (207).
Mais tout va basculer peu après. Effrayées par l'ambiance
insurrectionnelle qui règne à Paris, la plupart de nos élites essaient
d'étouffer le mouvement populaire. Le mot de "Commune" fait ressurgir le
spectre de la Terreur et des massacres de septembre. Désormais, un seul
mot d'ordre, en finir avec la canaille. Autour de la capitale, de fausses
attaques avec des effectifs insuffisants sont volontairement organisées par
les généraux royalistes pour démoraliser nos troupes (208). Les vivres, au
lieu d'être distribués, sont dissimulés et vendus au prix fort, provoquant
une véritable famine dans Paris (209) . En octobre : après une nouvelle
fausse attaque, le peuple se révolte et essaie en vain de renverser le
gouvernement. A Metz, le maréchal Bazaine, refusant de soutenir les
insurgés, préfère trahir, et signe sa reddition face à un ennemi inférieur en
nombre (210). Après cette défection, Bismarck deviendra plus gourmand et
exigera cette fois la cession des 2 provinces. Une deuxième entrevue aura
lieu entre lui et Jules Favre. Pour obtenir nos deux provinces, Bismarck
menacera de restaurer l'Empire, et Favre signera aussitôt. Les élections
exigées par Bismarck seront truquées, les candidats Bonapartistes en
seront exclus (211). Thiers, nouveau chef du gouvernement, acceptera
toutes les conditions de Bismarck, et s'empressera de signer cette paix
honteuse, amputant la France de l'Alsace et de la Moselle, et accordant à
la Prusse une rançon exorbitante. La coalition royalistes-républicains
libéraux était décidément prête à tout pour se débarrasser de l'adversaire
impérial (212).

Les parisiens refusant toujours de se rendre, on fera croire à un
épuisement des vivres pour obtenir un armistice. Gambetta, qui était le
seul membre du gouvernement à vouloir résister, protestera
vigoureusement et donnera sa démission. Le mensonge de Favre sera
éventé en juin 1871. " Cette révélation était foudroyante. Elle apprenait
tout à coup au pays qu'il avait été odieusement trompé par le
gouvernement du 4 septembre; et qu'il aurait pu conclure la paix six mois
plus tôt sans céder deux provinces, et sans répandre inutilement le sang
de tant de malheureux " (213) . Comprenant qu'ils ont été grugés, les
ouvriers parisiens refuseront de se laisser désarmer, une partie de l'armée
de Thiers passera même de leur côté. Un mouvement insurrectionnel va
naitre : le 18 mars, la Commune est proclamée ! Craignant que toute son
armée ne rejoigne les communards, Thiers fuira avec elle à Versailles,
bien décidé à restaurer la monarchie. Deux mois plus tard, la Commune
s'affaiblira et Thiers recrutera dans son armée des chouans bretons, pour
noyer cette insurrection dans le sang(214). Le général Gallifet, un royaliste,
se livrera à la répression la plus barbare. Dix à vingt-mille communards
seront fusillés, et 4500 seront déportés. Ainsi naquit notre troisième
république : face à la révolte populaire, nos élites bourgeoises firent le
choix de la défaite, acceptant une alliance avec l'ennemi extérieur, pour
mieux écraser l'ennemi intérieur, le peuple…
Pourtant, contrairement à la rumeur répandue, le mouvement
insurrectionnel de Paris n'avait rien de menaçant : Auguste Blanqui qui en
était le chef spirituel, prônait l'union sacrée, et son journal s'appelait " La
Patrie en Danger." Contrairement à la légende noire du Second Empire,
Napoléon III le moribond, n'a donc jamais perdu l'Alsace et la Moselle.
Ce fut la coalition royalistes-républicains qui fut responsable, et du
déclenchement de la guerre, et de la perte des deux provinces (voir chap.
1).

Après sa victoire, Bismarck qui redoutait qu'une alliance franco-
autrichienne ne se noue dans un but de revanche, fit tout pour éloigner la
monarchie du pouvoir. Les monarchies française et autrichienne étaient
naturellement rapprochées par le lien familial déjà existant, et par la
religion catholique. C'est pourquoi Bismarck favorisa les républicains
laïcards aux dépens des monarchistes (215). Comme Pitt avant lui,
Bismarck se leurrait. La Troisième République malgré ses vices, n'aura
pas besoin de l'Autriche pour vaincre l’Allemagne en 1918. Comme s'il
suffisait d'un changement de régime pour détruire une grande nation...

Nous arrivons à la triste époque de 1940. Il est difficile de
suspecter le peuple français d'avoir eu des sympathies pour le Nazisme
quand on sait qu'avant la guerre, à l'époque où la plupart des pays
d'Europe avaient choisi des gouvernements fascistes ou fascisants, la
France fut la seule à avoir élu une assemblée de gauche (celle du front
populaire, qui siégea jusqu'en 1940). Non, le fascisme n'est pas français.
Rappelons que 85.000 français (non juifs) furent déportés pendant
l'occupation, dont 42.000 pour faits de résistance, et que 23.000 seulement
en sont revenus. Si comme cela a été dit, la France avait été totalement
dévouée au nazisme, elle lui aurait offert sa flotte, (la deuxième
d'Europe), ainsi qu'un contingent de 5 millions de soldats (c'était l'effectif
français de 1940) et l'Allemagne aurait probablement gagné la guerre (216).
Or, comme chacun sait, notre flotte se saborda pour ne pas tomber aux
mains des Allemands, et lorsqu'en 1941, Hitler fit appel à l'effort militaire
français, malgré l'argument choc employé « d'abattre le communisme »,
seulement 5.800 soldats purent être rassemblés, soit à peine un millième
de nos capacités militaires. Rappelons qu'à la même époque, les effectifs
des Forces de la France libre étaient déjà de 50.000 hommes, auxquels on
pouvait rajouter les milliers de résistants du territoire français (217). Donc
au pire moment de la guerre, lorsque tous croyaient encore à la victoire
allemande, les troupes françaises mobilisées contre l'Allemagne étaient
déjà 10 fois supérieures à celles qui combattaient à ses côtés. Les effectifs
de la France Libre augmenteront chaque année pour atteindre un million
fin 1944.
Après la guerre, environ 100.000 français seront condamnés pour
faits de collaboration, soit deux pour mille de notre population. La moitié
seront internés ou arrêtés, ce qui est très en dessous des taux du
Danemark, de la Norvège, de la Belgique et des Pays-Bas.
Il a aussi été reproché aux français d'être restés passifs pendant 4
ans, mais la faute en fut surtout à la grande maladresse de nos alliés
anglais : au moment de la débâcle, Churchill donna l'ordre de capturer ou
de détruire la totalité de la flotte française. L'affaire nous coûta plus de
200 navires et 1300 morts. Quelques mois plus tard, Churchill entraina les
forces de la France libre à attaquer l'armée régulière française à Dakar.
L'effet moral en fut catastrophique, et le nombre de volontaires de la
France libre diminua aussitôt. Rappelons aussi qu'à l'époque, Pétain
incarnait la gloire de la France : beaucoup espéraient qu'il sauverait notre
pays comme il l'avait fait à Verdun 20 ans plus tôt. Frenay lui-même, qui
dès 1940 fut notre premier grand résistant, restera Pétainiste jusqu'en
1942, espérant que le maréchal jouait un double jeu avec l'Allemagne.
C'est le renoncement du vieil homme face à Hitler qui paralysa la plus
grande partie des velléités de résistance françaises. Et si Pétain commit
l'erreur de désigner le communisme comme ennemi principal, c'est que la
politique américaine en avait fait ce qu'il était : un épouvantail destiné à
terroriser l'Europe (voir chap. VIII). Malheureusement, Pétain entraînera
dans son sillage Darnand, un des plus grands guerriers de notre armée, ce
qui aura de lourdes conséquences sur le comportement des Français.

Notons que plus tard, les Allemands eux-mêmes supporteront
sans broncher 45 ans d'occupation communiste. Et si l'on fait un parallèle
avec 1812, époque où la situation était exactement inverse : la Prusse
vaincue, morcelée et humiliée par la France, n'avait pas moins fourni 30
000 soldats à Napoléon pour l'aider dans sa marche sur Moscou, soit un
quart de ses capacités militaires, (on est bien au delà du millième que
nous avons fourni à Hitler). Quelques mois plus tard, malgré la disparition
quasi-totale de notre armée dans les neiges de la Russie, le roi de Prusse,
effrayé à l'idée de trahir Napoléon, alla jusqu'à faire passer le général
Yorck en cour martiale, pour avoir osé négocier avec les Russes,
exactement comme Pétain fit condamner De Gaulle 150 ans plus tard.
Pétain eut été mieux inspiré de profiter de l'invasion de la zone libre pour
rejoindre les forces françaises à Alger. Si Pétain était un grand militaire, il
n'eut pas l'intelligence politique d'un roi de Prusse qui rallia la Russie
contre Napoléon en 1813, ni d'un Victor-Emmanuel qui fit arrêter
Mussolini en 1943. Mais que pouvions-nous attendre d'un chef d'état
presque nonagénaire ? Notre honneur sera sauvé par un petit général de
brigade nommé De Gaulle, qui dès le lendemain de l'armistice, saura
constituer une force politique de résistance, mais aussi par Frenay et par
les autres résistants qui prirent le maquis à la même époque, par Jean
Moulin qui fédéra tous ces mouvements de résistance sous le drapeau du
CNR, par Félix Eboué, qui dès 1940 donna un territoire à la France Libre
en ralliant le Tchad à De Gaulle, par Giraud, évadé des prisons
allemandes, par Koenig qui tint tête à Rommel, par Juin, qui en Italie
transforma la défaite américaine en victoire, par Leclerc qui délivra Paris,
par De Lattre, par tous les autres volontaires, et surtout par nos troupes
coloniales dont le rôle fut primordial dans le Débarquement.


Le complot synarchique en question

Certains ont affirmé qu'une société secrète appelée Synarchie, plus ou
moins affiliée à la maçonnerie, aurait prémédité et orchestré l'invasion de
la France en 1940 pour y imposer le fascisme. La synarchie a existé, c'est
un fait. De quoi fut-elle accusée ? D'avoir saboté le système d'alliance
créé par Louis Barthou. Or, Pierre Laval, synarque notoire, fut
précisément le signataire de l'alliance franco-russe. Albert Sarraut,
suspecté lui aussi d'être du complot, la fit lui-même ratifier. On imagine
bien que si les deux personnages avaient prémédité l'invasion de notre
pays, il leur eut été facile de trouver un prétexte ou de créer un incident
diplomatique pour ne pas avoir à la signer. En réalité, l'évènement
principal qui fit échouer le système d'alliances de Barthou, fut l'assassinat
du roi de Yougoslavie en 1934 (note 289). Or justement, le jour de
l'attentat, un autre synarque, le général Georges, se trouvait assis juste à
côté du roi au poste le plus exposé. Il fut criblé de balles et faillit y passer.
On sait qu'il y eut des complicités françaises dans cet attentat, mais si la
Synarchie y avait pris part, le général eût choisi une place moins exposée.
En réalité, il existait suffisamment d'anti-communistes en France pour
expliquer l'échec de cette alliance. D'autre part, une loge maçonnique de
polytechniciens appelée X crise fut elle aussi incriminée dans le prétendu
complot. Or, X crise publia précisément un rapport qui critiquait le
manque de patriotisme de nos banques dans notre effort de guerre à partir
de 1936. Tous ces indices montrent que si complot il y eut, il n'impliqua
pas la Synarchie du moins dans sa globalité. Les évènements de l'entre-
deux guerres et l'échec de l'alliance franco-russe ne doivent rien à un
complot, ils sont dans la logique des choses : L'URSS après nous avoir
entrainés dans le premier conflit mondial, nous y avait abandonné au pire
moment, refusant qui plus est de rembourser nos emprunts russes. De
quoi dissuader n'importe quel militaire et n'importe quel banquier
d'accepter une nouvelle alliance avec elle. Staline était un allié fiable,
mais nous ne l'avons pas compris. Quant à vouloir suspecter certains
généraux d'avoir trahi comme cela a été fait, l'accusation est bien trop
grave pour être accréditée sans preuve irréfutable. Or, en l'état actuel des
choses, il n'en existe aucune.

Le 6 décembre 1938, Ribbentrop se rendit à Paris pour confirmer
les accords de Munich. Il ne semble pas que les entretiens soient allés au
delà. Cependant, la France sera accusée par Ribbentrop lui-même d'avoir
fait savoir à l'Allemagne qu'elle se désintéressait de l'Europe orientale.
Malgré les dénégations de notre ministre Bonnet, certains historiens ont
voulu accréditer la thèse allemande. Les témoignages étant
contradictoires, l'affaire ne sera jamais élucidée. Mais si la France s'était
vraiment désintéressée de la Tchécoslovaquie, pourquoi Daladier a-t-il
exercé des pressions continuelles sur Varsovie pour accorder le passage à
l'armée russe et secourir Prague ? (voir chap. VIII). Quant à la Pologne, la
France déclarera la guerre à l'Allemagne sitôt le pays envahi (voir chap.
VIII).


Conclusion

Au total, force est de reconnaitre qu'il existe bien une catégorie de
français qui, soit pour servir une idéologie jugée supérieure à l'intérêt
national, soit par intérêt personnel, sont prêts à faire alliance avec
l'ennemi extérieur, quitte à faire couler le sang de leurs concitoyens.
Heureusement, ces français n'ont jamais dépassé 5%, mais lorsqu'il s'agit
de décideurs, leur pouvoir de nuisance est redoutable. Cette propension à
la trahison chez nos élites, exceptionnelle sous l'ancien régime, deviendra
beaucoup plus fréquente après la Révolution. Elle doit être en partie
attribuée à l’universalisme français qui nous fait souvent préférer les
charmes de l’étranger à ceux de l’hexagone, mais encore et surtout à une
certaine méfiance de nos dirigeants à l'égard de ce bas-peuple jugé à tort
capable des pires atrocités. Les scènes de violence de la Révolution n'y
sont pas étrangères. Ces promeneurs de têtes payés avec l'argent anglais,
qui furent les vrais auteurs de ces horreurs ont généré suffisamment
d'effroi chez nos élites, pour engendrer chez eux un certain mépris pour
ceux qu'ils appelaient "la canaille ", et qu'ils appellent aujourd'hui " la
racaille" (note 40). Le Front Populaire effrayait la bourgeoisie d'avant-
guerre. Pourtant, toujours gouailleur, souvent révolté, mais jamais
sanguinaire, nous savons ce bas-peuple étranger à toutes ces horreurs, et
l'avons toujours vu rester patriote tout au long de l’Histoire.
Si la France a su traverser des époques aussi terribles, dont peu de
pays se seraient relevés, c'est que, même lors des pires crises, le génie
français a su produire des personnages exceptionnels tels Jeanne d'Arc,
Robespierre, Bonaparte ou De Gaulle.


La mer les ayant toujours protégés de leurs adversaires, on a du
mal à imaginer comment se seraient comportés les peuples anglais ou
américains en cas d'invasion étrangère. Pourtant, certaines de leurs élites
n'eurent pas besoin de subir l’invasion pour trahir : côté anglais, à
Waterloo, ce furent les banques anglaises elles-mêmes qui financèrent la
campagne de de Napoléon. Leurs industriels ne furent pas en reste et 40
000 fusils anglais furent vendus aux Français à la même époque(218). Plus
récemment, Edouard VIII roi d'Angleterre, qui avait beaucoup de
sympathie pour le Nazisme, n'hésita pas à violer le protocole en
rencontrant Hitler sans en référer à Baldwin son premier ministre. On le
vit faire plusieurs fois le salut fasciste et il visita même un camp de
concentration. Plus tard, quand la guerre fut déclarée, il obtint un
commandement dans l'armée britannique stationnée en Belgique. Le 2
février 1940, il trahit son pays en informant l'ambassadeur d'Allemagne
que le plan d'invasion par la Hollande d'Hitler, était tombé aux mains des
alliés. Certains affirment même que ce fut cette information qui détermina
Hitler à changer ses plans et à attaquer par la forêt des Ardennes, on
connait la suite… (219) A la même époque, Montagu Norman, gouverneur
de la Banque d'Angleterre, fut un ami très proche de Schacht, le banquier
d'Hitler, et facilita le transfert de l'or tchèque vers l'Allemagne, et ce après
que la guerre fut déclarée. Il conservera son poste jusqu'à la fin de la
guerre(220). Plus tard, le célèbre agent double Kim Philby transmettra aux
Soviétiques des informations confidentielles sur le programme nucléaire
américain. Puis, il informera la Chine du renoncement des USA à utiliser
l'arme nucléaire en Corée, ce qui entrainera l'intervention chinoise en
masse et la défaite américaine.

Du côté américain, l'historien Antony Sutton mit en évidence
qu'en matière d'aide financière, la Standard Oil (Rockefeller), finança
Himmler en 1943 et 1944, et participa à la fabrication de l'essence
synthétique du Reich, et ce jusqu'en 1944, sachant qu'elle était utilisée
dans des objectifs militaires. Les deux plus gros fournisseurs de chars
allemands furent Ford par ses deux usines qu'il possédait en France et en
Allemagne, et Général Motors (J.P. Morgan), dont la filiale allemande
était Opel, et dont les bénéfices furent réinvestis dans l'industrie
Allemande; malgré la guerre, les affaires continuaient (221).
Quant à Prescott Bush, père de George, il était propriétaire de l'Union
Banking Corporation et de la Silesium American Corporation, société
minière établie en Pologne et en Allemagne, et qui utilisait de la main
d'oeuvre concentrationnaire. Il sera inculpé pour collaboration avec le
régime Hitlérien et ses parts dans sa société bancaire seront saisies par le
gouvernement américain, mais Bush sera tiré d'affaire grâce à l'avocat
Allen Dulles futur chef de la CIA (222). Plus tard, durant la guerre du Viet
Nam, les Etats Unis continueront leur double jeu en finançant l'armée
nord-vietnamienne, par l'intermédiaire de l'URSS, ce qui prouve que cette
guerre n'avait pas que des motivations idéologiques (223).














VI


Splendeurs et misères de

l’armée française












" Nous avons fait plusieurs fois l'expérience, que tel
est le caractère français, qu'il lui faut des dangers
pour retrouver son énergie !"

Danton.





De nos jours, la cinématographie Hollywoodienne, en plus de
banaliser la violence, véhicule des clichés particulièrement stéréotypés : le
soldat américain est presque toujours représenté comme un héros
invincible, au moral d'acier que rien ne peut atteindre. Ses ennemis, s'ils
sont d'origine orientale ou africaine, ont presque toujours un aspect cruel,
vindicatif et violent, voire sans foi ni loi. L'allemand y est dépeint comme
un Nazi sanguinaire, quant au français, il est souvent représenté comme
un ringard, lâche, et presque toujours vaincu par ses adversaires. Voyons
ce qu'il en est dans la réalité.

Depuis le début du moyen-âge, l'armée française totalise à peu
près 184 victoires, pour 88 défaites soit 68% de succès, contre 62% pour
l'Angleterre, 44% pour l'Allemagne, et 43% pour la Russie (voir tableau
ci-dessous). Seuls les Etats-Unis font mieux que nous avec 73%, à la
différence près qu’ils combattirent presque toujours au sein de puissantes
coalitions, alors que nous étions le plus souvent dans la situation
inverse(224).
Nos adversaires les plus coriaces furent incontestablement les
britanniques qui l'emportèrent à peu près une fois sur deux contre nous
(225).
Leur armée nous combattait le plus souvent au sein de grandes
coalitions, dont la dernière nous battit en 1815 à Waterloo. Dans cet
affrontement, les français furent à deux doigts de l'emporter alors qu'ils
combattaient à un contre deux. La bataille fut si meurtrière et les combats
si acharnés, que les deux adversaires en gardèrent une crainte et un
respect réciproques qui bannit à l'avenir tout nouvel affrontement entre les
deux pays (notes 191-192).

L'armée française rapporta de très nobles trophées. Tout au long
de son histoire, notre pays a toujours eu pour tradition d'intervenir en
faveur des pays les plus faibles, et on peut affirmer qu'au moins huit
grandes nations lui doivent leur indépendance :

En 1648, notre victoire à Lens contre les Espagnols empêcha
que les Pays-Bas soient annexés par l’Espagne.
- En 1781, nos victoires à Chesapeake et à Yorktown contre les
Anglais, donnèrent l'indépendance aux Etats-Unis.(226)
- En 1827, celle de Navarin contre les Ottomans assura
l'indépendance de la Grèce.
- En 1832, celle d'Anvers contre les Hollandais scella
l'indépendance de la Belgique.
- En 1855, celle de Sébastopol contre les Russes donna
l'indépendance à la Moldavie et à la Valachie qui grâce aux
efforts de Napoléon III et malgré l'opposition anglaise, purent
enfin constituer le royaume de
Roumanie.
- En 1859, celles de Magenta et de Solferino contre les
Autrichiens aboutirent à l'indépendance Italienne (227).
- En 1918, c'est notre expédition de Salonique qui libéra la Serbie
de l'occupation Autrichienne (228).
- La même année, la Pologne obtiendra son indépendance
essentiellement grâce à la France dont le rôle fut primordial dans
la victoire de 1918.

Aucun manuel scolaire ne souligne ces hauts faits, qui sont
pourtant les plus beaux lauriers de notre armée. Nos écoliers qu'ils soient
d'origine gauloise ou issus de l'immigration n'ont donc aucun moyen d'en
être informés. Rappelons que nos amis maghrébins ont eu leur part de
gloire à Sébastopol, à Solférino et à Magenta où les tirailleurs algériens
par leur intervention participèrent eux aussi à l'indépendance de la
Roumanie et de l'Italie. Les spahis Algériens et Marocains, les tirailleurs
Sénégalais et Tunisiens étaient à Salonique et verseront leur sang à La
Marne, en Champagne, à Verdun et aux Dardanelles. Ils ont donc eux
aussi participé à l'indépendance de la Serbie, de la Pologne, et à la
libération de de l'Alsace-Lorraine. Leur sacrifice sera honoré par la
construction de la Grande Mosquée de Paris en 1922. Plus tard, ils seront
de tous nos combats, de Bir Hakeim jusqu'au débarquement de Provence,
en passant par la campagne d'Italie et doivent donc être associés à ces
victoires.

Notons au passage que la France a aussi versé son sang pour
l'indépendance Irlandaise, manquant de peu de se coiffer de nouveaux
lauriers : en 1798, les Anglais pourtant 3 fois plus nombreux, seront mis
en déroute à Castlebar. Des centaines d'irlandais rallieront nos troupes, et
une république irlandaise sera même créée (la république de Connaught),
dont John Moore sera le président. Mais, aussitôt après, les Anglais
reviendront en surnombre, et mettront fin à cette expédition téméraire.
Mais, désormais, l’élan était donné : l’Irlande obtiendra son indépendance
bien plus tard par ses propres armes après 120 années de souffrances.

La Pologne elle aussi, sera secourue à 3 reprises par la France :
rappelons que sous la Révolution, ce pays avait totalement disparu,
partagé entre la Russie, la Prusse et l'Autriche. En 1807, c'est Napoléon
qui la ressuscita en créant le duché de Varsovie. Beaucoup plus tard, en
1920, l'armée polonaise, en totale déroute face à la cavalerie russe,
bénéficiait déjà du soutien de 6 000 soldats français combattant à ses
côtés. C'est le général Weygand avec ses 600 officiers instructeurs, qui
reconstituera l'armée polonaise et la rendra enfin capable de vaincre
l'armée russe à la bataille de La Vistule, sauvant ainsi la Pologne de
l'invasion. Enfin, une quatrième fois en 1939 la France entrera en guerre
contre l'Allemagne Nazie pour secourir à nouveau la Pologne, ce qui nous
coûtera notre plus grande défaite militaire, et une occupation humiliante,
qui engendrera une crise d'identité nationale dont nous ne nous sommes
toujours pas remis...

Rappelons qu'Il y a deux siècles, malgré l'opposition des grandes
monarchies européennes, toujours liguées en coalitions contre nous, et en
tête desquelles on retrouvait toujours l'Angleterre, nos armées
révolutionnaires exportèrent l'égalité des droits aux quatre coins de
l'Europe :

- Dès 1794, sous la Révolution, nos victoires à Jemmapes, à
Hondschoote à Wattignies et à Fleurus, libérèrent la Belgique
du joug autrichien et apportèrent l'abolition des privilèges et
du régime seigneurial, avec l'introduction du code civil et du
jury populaire.

- Il en fut de même pour la République Cisrhénane où grâce à
notre victoire à Neuwied, pour la première fois, une partie du
peuple allemand bénéficia des mêmes privilèges.
- En 1796, nos victoires à Lodi, à Castiglione, à Arcole et à
Rivoli, permirent à Bonaparte d'abolir la féodalité, et de
décréter l'égalité civile dans toute la Lombardie, qui
deviendra la " République Cisalpine", berceau de la future
République italienne, et où flotta pour la première fois le
drapeau tricolore vert-blanc-rouge. Le reste de l'Italie
attendra 1804 pour adopter ces réformes. C'est en 1815 que
le maréchal Murat, dans sa proclamation de Rimini, lancera
pour la première fois l'idée de l'unité Italienne.

- En 1798, notre victoire à Fraubrunnen permit de créer la
République Helvétique élaborée sur le modèle français, qui
apporta aux suisses l'abolition de la féodalité et du servage.

- En Egypte même, Bonaparte ne fit pas que du mal. Certes il
y eut les 2 000 ottomans massacrés à Jaffa, mais il y eut aussi
l'abolition de la féodalité, la création d'un parlement, ainsi
que l'instauration d'une justice avec égalité des droits.(229) Un
Institut d'Egypte fut créé, formé de savants français, et dont
les travaux furent d'un apport considérable pour l'égyptologie
moderne. Grâce à la diffusion de l'imprimerie par les
français, les premiers journaux apparurent dans le pays, et
nos officiers firent plus tard de l'armée égyptienne une armée
moderne.

- Sous le Consulat en 1800, nos victoires à Hohenlinden et à
Marengo firent du Piémont une République Subalpine, elle
aussi construite sur le modèle français.

- En 1805, notre victoire à Austerlitz permit à Napoléon de
créer la Confédération du Rhin qui regroupait la Bavière, le
Wurtemberg, Nassau, et 13 autres provinces allemandes, où
furent abolis le servage et les droits féodaux, et où furent
instaurés la liberté religieuse, le code civil, le jury populaire,
un parlement élu au suffrage universel, un enseignement
supérieur largement ouvert sans distinction de classe ou de
religion, ainsi qu'un conservatoire avec des académies
consacrées aux arts et aux sciences, et où notre système
métrique sera adopté. La même année, la Hollande adoptera
à son tour le système français.

- En 1807, grâce à nos victoires à Iéna et à Friedland,
Napoléon put rajouter à la Confédération du Rhin la Saxe, la
Wesphalie ainsi que 21 nouvelles provinces allemandes, qui
furent réformées comme les précédentes. La Pologne et les
iles grecques bénéficièrent des mêmes avantages la même
année.

- En 1809, suite à la victoire de Wagram, ce fut au tour de la
Croatie, de la Slovénie et du Monténégro d'abolir leurs droits
féodaux.


Notre Empereur voulait que ces pays servent d'exemple au reste
de l'Europe. Ce fut un succès : la Prusse abolira le servage en 1811, le
Hanovre en 1831, l'Autriche et la Bohème en 1848, la Hongrie en 1853, la
Bulgarie en 1858, et la Russie attendra 1861 pour les imiter. Les soldats
de Napoléon ne sont donc pas morts pour rien...

En 1944, De Gaulle, en réplique à une moquerie d'un général
américain à l'égard de notre armée, lui répondit avec aplomb : "N'oubliez
pas cher monsieur, que les français au temps de mon grand-père, ce qui
n'est pas si ancien, sont allés à Moscou et à pied en trois mois. Personne
d'autre n'en a fait autant à ma connaissance ! "
Avant de succomber sous les efforts de la septième coalition,
Napoléon eut le temps de remporter la bagatelle de 50 victoires et de faire
de l'armée française la meilleure du monde, ce qu'elle restera jusqu'en
1937, date à laquelle l'armée allemande la supplantera.
A ce sujet, balayons un mythe. La fameuse légende de "l'armée
allemande invaincue en 1918 " et du " coup de poignard dans le dos "
donné par le nouveau gouvernement allemand, fut propagée par l'état-
major allemand et reprise plus tard par Hitler. Rappelons que l’offensive
allemande de la dernière chance et qui devait soi-disant mener jusqu’à
Paris, avait finalement échoué, et qu’entre juillet et novembre 1918, nos
offensives à nous, repoussèrent les lignes allemandes de 200 kilomètres,
jusqu'en Belgique, une nouvelle attaque était prévue en Lorraine pour
envahir l'Allemagne et occuper Berlin. L’armée allemande était dans le
désordre le plus total et les désertions s’y multipliaient. L’Autriche, la
Turquie et la Bulgarie venaient de capituler. L'Allemagne restait donc
seule face à l'Angleterre, l'Italie, la Grèce, les Etats-Unis, et la France
réunies, et n'avait donc plus la moindre chance de résister. Les généraux
allemands le savaient. Ne voulant pas assumer les responsabilités de la
défaite, ils demandèrent à leurs gouvernants de signer rapidement
l'armistice avant que leur pays ne soit envahi. Poincaré, Pétain ainsi que
presque tous les généraux français voulaient refuser et poursuivre
l'offensive jusqu'à Berlin pour faire prendre conscience à l'Allemagne de
sa défaite, et éliminer toute idée de revanche chez eux. Malheureusement,
Wilson qui craignait une trop grande domination française en Europe, prit
le parti d'accepter, et Clémenceau crut devoir céder (230).

Bien sûr l'armée française a aussi connu des humiliations, il y eut
tout d'abord la débâcle de 1940. Si les armées française et anglaise furent
rapidement vaincues, guerre éclair oblige, notre défaite ne fut pas la lâche
débandade décrite par la propagande Vichyste et reprise par les anglo-
saxons. Elle fut la conséquence de graves fautes militaires commises par
notre état-major :
Sur le plan purement stratégique, Hitler nous livra une bataille de
type napoléonien : l'attaque de diversion allemande dirigée vers la
Hollande incita nos généraux à dégarnir leur centre pour envoyer nos
meilleures troupes et presque toute notre aviation vers le nord. Croyant la
forêt des Ardennes infranchissable, ils négligèrent sa défense. Or Hitler
choisit précisément cet endroit pour percer notre centre. Les soldats
allemands, dopés aux amphétamines, foncèrent alors droit vers la mer et
parcoururent jusqu'à 60 km par jour, et notre armée fut coupée en deux et
enveloppée avant même d'avoir pu combattre(231).
Sur le plan tactique, contrairement aux régiments allemands, les
nôtres ne possédaient ni liaison radio ni véhicules de transport. La moitié
de notre armée se déplaçant en train (232). Certains de nos canons étaient si
mal retranchés, qu'ils ne pouvaient tirer que vers l'est, alors que l'ennemi
attaquait par revers. D'autre part, les panzers allemands avançaient
groupés en très grosses unités et soutenus par leur aviation. Leur
puissance de feu était alors sans comparaison avec celle de nos chars,
éparpillés en petites unités et sans soutien aérien. 80% de nos tanks furent
ainsi détruits en quelques semaines. Nos chars, plus lourds que ceux des
Allemands, consommaient beaucoup plus, et beaucoup d’entre eux durent
être abandonnés faute de carburant.

Rappelons aussi que le soutien des anglais fut loin d'être probant :
ils ne nous apportèrent que 10 divisions sur 145 au total, soit deux fois
moins que les Belges, et leur retraite intempestive découvrit le flanc de
l'armée belge qui fut anéantie par leur faute, et la nôtre par la suite. Le
général en chef britannique fut d'ailleurs absent à la conférence d'Ypres
organisée par Weygand pour organiser une percée dans les lignes
allemandes et rétablir la jonction entre nos deux armées.

Enfin, il est faux de dire que la défaite fut consécutive à la
prétendue décadence morale que les réformes du front populaire auraient
entrainée. Tous les témoignages confirment que nos soldats se défendirent
avec leur courage habituel. Nos régiments eurent 2 fois plus de morts que
ceux des anglais, qui n'avaient pas la réputation d'être des lâches. En
quelques semaines, l'armée française eut 92.000 morts et 250.000 blessés,
soit autant que dans les pires moments de la guerre de 14-18. Les
Allemands de leur côté eurent 64.000 morts, soit plus en moyenne
journalière que lors de la campagne de Russie de 1941. La bataille de
Stonne, surnommée le Verdun de 1940, fut notre plus dangereuse
offensive, menaçant de couper en deux l’armée allemande. Le village fut
pris et repris pas moins de 17 fois. Au même moment, sur le front sud,
l'armée Italienne fut refoulée en tous points par la nôtre (233). Enfin, peu
d'historiens ont évoqué l'héroïque résistance de nos soldats à Dunkerque
et à Lille, qui permit à l'armée anglaise d'être entièrement évacuée. Sans
leur courage, toute l'armée de métier anglaise aurait été capturée, et
l'Allemagne aurait probablement gagné la guerre. Dunkerque fut
incontestablement une défaite stratégique pour les Allemands (234).

Notre aviation, qui combattait à un contre deux, fit elle aussi
beaucoup de mal à l'aviation allemande. La Luftwaffe perdit ainsi 1300
avions, soit presque la moitié de ses effectifs, en majorité détruits par
notre armée. Ce chiffre avoisine celui des pertes allemandes lors de la
bataille d’Angleterre. Ces appareils feront cruellement défaut à Hitler
trois mois plus tard, lors de cette même bataille, or chacun sait que sans
elle, les alliés n'auraient jamais gagné…
Sur le plan terrestre, 1 100 chars allemands furent détruits, soit
plus du tiers des effectifs. A chaque fois que nos chars combattaient à
nombre égal, ils eurent l’avantage : deux panzer-divisions furent
d’ailleurs vaincues par les nôtre à la bataille de Hannut malgré leur
supériorité numérique. Notons qu'à l'époque, aucune autre armée au
monde n'était capable d'arrêter ces panzer-divisions : face à elles, les
russes eux-mêmes ne devront leur salut qu'à leur éternel allié, « le Général
Hiver » (après avoir écrasé l'armée russe et lui avoir fait 5 millions de
prisonniers, les Allemands s'arrêteront à 50 kilomètres de Moscou, parce
que les radiateurs de leurs chars éclataient, gelés par le froid). Quand aux
américains, ils tomberont dans le même piège que nous 4 ans plus tard, et
subiront la même percée au même endroit lors de l'offensive de Bastogne
des vétérans de Von Rundstedt (235).

Enfin, on n'insistera jamais assez sur la colossale erreur que firent
Pétain et son entourage en demandant à nos soldats de cesser le combat
cinq jours avant que l'armistice ne fût signé. Les allemands profitèrent de
ce cadeau inattendu pour agiter des drapeaux blancs et fraterniser avec
nos troupes : pas moins de 1,1 million de prisonniers français furent ainsi
capturés sans violence pendant ces cinq jours. Sans cette erreur
incompréhensible, les allemands n'auraient fait que 400 000 prisonniers !
L'ordre d'interdire à notre armée de défendre les villes de plus de 20 000
habitants arriva peu après, comme pour paralyser toute velléité
supplémentaire. Cet ordre fut honteusement exploité par certains maires et
préfets qui, en comptabilisant la population réfugiée, firent en sorte que
certaines villes de 5 000 habitants ne furent pas défendues. Certains
maires iront jusqu'à menacer nos militaires qui cherchaient à détruire des
ponts où à résister dans leurs villes. Sans ce renoncement qui ne toucha
que certaines élites, l'avancée allemande aurait probablement été bloquée
comme elle le fut à Lille et à Dunkerque, et comme elle l'avait été à Paris
en 1870. Pourtant malgré tout, beaucoup de troupes cherchèrent à
résister(236). Celles de la ligne Maginot résisteront les armes à la main
jusqu'au 10 juillet, soit presque 20 jours après l'armistice. Seules deux de
nos divisions (la 55ème et la 71ème) prendront la fuite car mal entrainées,
sous équipées, sans aucun soutien aérien, et écrasées par les
bombardements. Elles reprendront néanmoins le combat plus tard en
d'autres lieux.

En fait, de tout temps nos défaites furent dues à la faillite d'un
commandement par trop individualiste, pour ne pas dire incompétent. En
1916, le général Schlieffen aura le mot juste en comparant nos soldats à "
des lions commandés par des ânes ".

Mais la France ne fut pas la seule à subir l’humiliation dans cette
guerre:
La cinématographie Hollywoodienne a largement dépeint le
gigantesque débarquement de Normandie ainsi que la glorieuse résistance
des pilotes anglais de la RAF pendant la Bataille d’Angleterre, mais
aucun film n'évoque la bataille de Singapour où ces mêmes anglais, au
nombre de 140 000, déposeront les armes face à 36 000 japonais (237).
Aucun n'évoque la déroute des troupes anglaises face à l'Afrika Korps
pourtant très inférieur en nombre et qui leur fera 30 000 prisonniers lors
de la première bataille d'El Al Amein. Rappelons que ce fut la résistance
inattendue des Français de Koenig, qui à 1 contre 10 face à l'armée de
Rommel, coupa la route du Caire aux Allemands et assura aux Anglais le
répit nécessaire pour réorganiser leur armée. Après Dunkerque, c'était la
2ème fois que nos soldats sauvaient l'armée anglaise (238). Quant aux
américains, ils connurent eux aussi de sérieux revers. Après la catastrophe
de Pearl Harbor, leur armée forte de 150 000 hommes et pourtant
supérieure en nombre, fut chassée des Philippines par les japonais et faite
entièrement prisonnière à Bataan. Mac Arthur fut d'ailleurs critiqué pour
avoir fui en Australie et abandonné ses troupes.
En 1944, à la bataille de Monte Cassino en Italie, ce furent les
troupes françaises commandées par le maréchal Juin, qui par une attaque
de revers, transformèrent en victoire la défaite anglo-américaine, ouvrant
ainsi les portes de Rome aux alliés.
Quant au débarquement sur les côtes de France, rappelons qu'en
comptabilisant la totalité des forces : Provence + Normandie, les effectifs
français étaient de 223 000 hommes, soit 44% de toutes les forces de
débarquement au plus fort des combats, qui l'eut cru!
Bien sûr d'autres troupes s'adjoindront progressivement à celles-
ci, pour atteindre 1 million chez nous et presque 3 millions chez les
alliés. En 1945, les effectifs français dépasseront même ceux des
Britanniques. Si nos troupes furent presque absentes du grand
débarquement de Normandie, c'est qu'elles en furent volontairement
écartées par Roosevelt : à sa grande déception, De Gaulle ne fut informé
qu'au dernier moment de l'opération par Churchill.
Rappelons enfin que contrairement aux idées reçues, la France
eut autant sinon plus de morts que les Etats-Unis et l'Angleterre pendant
ce conflit (239). En réalité, le plus gros effort de guerre fut de très loin fait
par les Russes qui eurent pas moins de 27 millions de mort, et qui
mobilisèrent à eux seuls les trois quarts des effectifs allemands. On peut
dire qu’ils furent les principaux vainqueurs du nazisme.


Bien sûr, la France subira d'autres humiliations. Plus tard, notre
défaite de Diên Biên Phu, fut elle aussi la conséquence de graves erreurs
de commandement, comme nous l'avons vu. Mais cet échec se relativise
beaucoup quand on sait que quelques années plus tard, dans le même
pays, les américains ne feront pas mieux avec 10 fois plus de troupes, une
logistique incomparable et l'utilisation d'armes de destruction massive.


On ne saurait conclure ce chapitre sans rendre hommage au
peuple américain qui accepta de verser son sang pour nous aider à
triompher lors du premier conflit mondial, et qui se dévouera à nouveau
lors du débarquement de juin 1944, libérant la France, l'Italie, la Belgique
et les Pays-Bas du joug Allemand. Contrairement à leurs dirigeants, les
citoyens américains n'avaient qu'une motivation, délivrer un pays ami, il
n'y a qu'à visionner le film de propagande " Why we fight: divide and
conquer " pour s'en convaincre. L'Angleterre participa elle aussi à ces
deux conflits et resta pendant un temps le seul pôle de résistance au
Nazisme en Europe; son rôle de catalyseur fut primordial.

La Grande Bretagne participa elle aussi à la bataille de Navarin
donc à l'indépendance de la Grèce. Rendons aussi hommage à ces anglais,
qui tout au long de notre Histoire aimèrent et soutinrent notre pays,
parfois au péril de leur vie, acceptant d'affronter seuls contre tous, une
oligarchie toute-puissante dont le seul but était notre ruine. Citons tout
particulièrement Lord Stanhope (beau-frère de William Pitt), Lord Fox,
Lord Sheridan, Lord Whitbread, Sir Francis Burdett, Lord Wellesley
(frère de Wellington), le duc de Bedford, et bien sûr Thomas Paine. Leur
action doit être reconnue, même si leur voix ne fut pas écoutée. Winston
Churchill lui aussi peut être considéré comme un ami de la France, pour
avoir hébergé le premier noyau de résistance française en son pays, et
pour avoir été le seul à soutenir la France à Yalta. Rendons aussi
hommage au peuple anglais dont l'abnégation n'est plus à démontrer, qui
fut entrainé bien malgré lui dans des guerres qu'il n'avait jamais
souhaitées, et qui à la veille de Waterloo, osa pétitionner auprès de son
gouvernement, contre "l'offense infligée à la France " par celui-ci (240).




Liste des grandes batailles livrées par la France

Les batailles livrées contre la Grande Bretagne sont signalées par
une étoile* (241)

DEFAITES
VICTOIRES FRANCAISES FRANCAISES

Soissons 486
Tolbiac 496
Vouillé 507
Autun 534
Poitiers 732
Andernach 876

Hastings 1066 *
Jerusalem 1099
Saint Jean d'Acre 1191
Constantinople 1204 Damme 1213 *

La Roche aux Moines 1214 *


Bouvines 1214* Lincoln 1217*
Sandwich 1217
(navale)*

Taillebourg 1242*
Damiette 1249
Mansourah 1250
Formigues 1285

Panissar 1285
Furnes 1297 Courtray 1302

Mon-en pévèle 1304


Cassel 1328 * l'Ecluse 1340*
Saint-Omer 1340* Crécy 1346*

Calais 1347

Poitiers 1356
Cocherel 1364* Najera 1367*

Montiel 1369
La Rochelle 1372*
Roosebeke 1382 Azincourt 1415*

Cravant 1423*

Verneuil 1424*

Orleans 1429*
Patay 1429*
Formigny 1450*
Castillon 1453*
Fornoue 1495 Cérignoles 1503

Garigliano

Agnadel 1509
Ravenne 1512
(indécise) Novare 1513

Ginegatte 1513*
Marignan 1515 Noain 1521

La Bicoque 1522
La Sesia 1524

Pavie 1525

Landriano 1529
Cérisoles 1544 Saint Quentin 1557
Calais 1558* Gravelines 1558

La Rochelle 1628*
Guetaria 1638 (navale) Fontarrabie 1638

Honnecourt 1642

Rocroi 1643
Carthagène 1643 (navale)
Fribourg 1644
Zusmarshausen 1648
Lens Valenciennes

Les Dunes 1658


Saint Gothard 1664
Seneffe 1674
Turckheim 1675
Salzbach 1675
Palerme 1676 (navale)
La Peene 1677
Fleurus 1690*
Cap Beverziers 1690
(navale)*
Staffarda 1690 Aughrim 1691*
La Hougue 1692
(navale)*

Steinkerque 1692*
Lagos 1693 (navale)*
Neerwinden 1693*
La Marsaille 1693
La Rivière Ter 1694
Dogger Bank 1696 (navale) Vigo 1702 (navale)*

Schellenberg 1704*

Hochstadt 1704*

Cassano 1705
Calcinato 1706 Ramillies 1706*

Turin 1706

Almansa 1707*
Toulon 1707* Audernade 1708*
Malplaquet 1709 (indécise)*

Brihuera 1710*
Denain 1712
San Pietro 1734 Dettingen 1743*

La Madone de l'Olmo 1744


Fontenoy 1745*
Rocourt 1746*
Laufeld 1747* Assietta 1747
Fort Oswego 1756* Rossbach 1757
Lutzeld 1758 Louisbourg 1758*
Fort Carillon 1758 Minden 1759*

Quiberon 1759 (navale)*

Quebec 1759*

Warburg 1760*

Villinghausen 1761*

La Grenade 1779 (navale)*


Chesapeake 1781 (navale)*
Yorktown 1781* Gibraltar 1783*

Valmy 1792
Jemmapes 1792 Neerwinden 1793

Hondschoote 1793*
Wattignies 1793
Woerth-Froeschwiller 1793
Wissembourg 1793
Tourcoing 1794* Tournay 1794*

Fleurus 1794*
Sierra Negra 1794
Loano 1795
Lodi 1796
Lonato 1796
Castiglione 1796
Roveredo 1796
Bassano 1796
Arcole 1796
Rivoli 1797
Tyrol 1797
Neuwied
Pyramides 1798 Aboukir 1798 (navale)*
Jaffa 1799 Saint Jean d'Acre 1799
Mont Thabor 1799 Trebbia 1799
Aboukir 1799 Novi 1799
Bergen 1799* Cassano 1799

Zurich 1799
Moesskirch 1800
Engen 1800
Stockach 1800
Héliopolis 1800
Montebello 1800
Marengo 1800
Hohenlinden 1800* Alexandrie 1801*

Vertière 1803

Caldiero 1805
Wertingen 1805
Haslach-Jungingen 1805
Elchingen 1805
Ulm 1805 Trafalgar 1805 (navale)*

Durenstein 1805
Austerlitz 1805
Gaete 1806
Auerstaedt 1806
Iena 1806
Lubeck 1806
Eylau 1807
Dantzig 1807
Friedland 1807
Medina de Rioseco 1808 Baylen 1808

Vimeiro 1808*

Tudela 1808
Somosierra 1808
Saragosse 1808
Uclès 1809
La Corogne 1809*
Medellin 1809 Porto 1809*

Porto 1809*
Abensberg 1809
Landshut 1809
Eckmühl 1809
Ratisbonne 1809
Ebersberg 1809
Raab 1809 Essling 1809 (indécise)

Wagram 1809
Ocana 1809
Smolensk 1812
La Moskowa 1812 Winkovo 1812
La Bérézina 1812
(indécise) Salamanque 1812*

Burgos 1812*
Lutzen 1813
Bautzen 1813 Vitoria 1813*
Dresde 1813 Katzback 1813

Kulm 1813
Dennewitz 1813

Leipzig 1813

Hanau 1813
Brienne 1814 La Rothière 1814

Champaubert 1814
Montmirail 1814
Château Tierry 1814
Vauchamps 1814
Mormant 1814
Montereau 1814
Craonne 1814
Reims 1814 Arcis sur Aube 1814
La Fère Champenoise
1814
Ligny 1815 Waterloo 1815*

Navarin 1827 (navale)


Anvers 1832
Alger 1830
Isly 1844
L'Alma 1854
Inkerman 1854
Sebastopol 1855
Malakof 1855
Magenta 1859
Solferino 1859
Forbach 1870
(indécise) Reichsoffen 1870

Borny-Colombey 1870
Mars la Tour 1870 Sedan 1870
Gravelotte 1970
(indécise) Strasbourg 1870

Metz 1870

Champigny 1870

Le Mans 1871

Buzenval 1971

Siège de Paris 1871

Ardennes 1914
Verdun 1917 Maubeuge 1914

La Marne 1914
L'Yser 1914
Ypres 1914 Dardanelles 1915
La Somme 1917
(indécise) Chemin des Dames 1917

Verdun 1917
La Marne 1918
Amiens 1918
Soissons 1918
Bataille de France 1940

Dunkerque 1940
Bir-Hakeim 1942(indécise)

Tobrouk 1942
El Alamein 1942
Monte Cassino 1944
Débarquement Provence 1944
Paris 1944
Colmar 1945
Phu-Tong-Hoa 1948 Cao-Bang 1950

Hanoi 1951
Na-San 1952 Dien Bien Phu 1954

Suez 1956
Alger 1957
Plan Challe 1959
Guerre du Golfe 1991























Les troupes coloniales françaises


" Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. "

Victor Hugo.


On sait que lors de la guerre d'indépendance américaine, environ
Quatre mille hommes des Antilles françaises dont beaucoup de mulâtres,
furent enrôlés par la France pour combattre aux côtés des insurgés
américains. L'expédition de Savannah vit entre 600 et 1500 mulâtre et
noirs attaquer l'armée anglaise et après des souffrances surhumaines,
bloquer l'avancée des Britanniques qui durent se retirer en Caroline du
sud. Le rôle de ces armées fut primordial. Les populations créoles peuvent
donc revendiquer l'honneur d'avoir contribué à l'indépendance
Américaine, le fait mérite d'être souligné (242).
Beaucoup plus tard, en 1842, en Algérie, furent recrutés les premiers
régiments de tirailleurs Algériens et Tunisiens qui seront appelés Turcos.
Ils prendront une grande part à notre victoire de Sebastopol contre les
Russes : à la bataille de Balaklava, c'est le 4e régiment de chasseurs
d'Afrique qui sauvera les cavaliers anglais lors de la fameuse " charge de
la brigade légère ". Plus tard, les tirailleurs Algériens joueront un grand
rôle dans la prise du fort de Malakoff donc dans l'indépendance de la
Roumanie. Ces tirailleurs participeront aussi à nos victoires de Magenta et
de Solférino comme nous l'avons vu et contribueront à l'indépendance
Italienne. En 1857 seront créés des régiments de tirailleurs Sénégalais, qui
en fait rassembleront tous les africains. Les troupes coloniales seront
200.000 à participer au premier conflit mondial. Les tirailleurs Marocains,
Algériens, Tunisiens et les spahis participèrent eux aussi à la guerre de
14-18 où ils formèrent 7% de nos effectifs, et où leur conduite fut
exemplaire. Ils seront avec les zouaves, parmi les régiments les plus
décorés de l'armée Française.

Plus tard, à Bir Hakeim, à El Alamein, et à la campagne de Tunisie,
nos troupes coloniales constituèrent 60% des effectifs français. Lors de la
campagne d'Italie, elles étaient encore un peu plus de la moitié de notre
armée qui elle-même comportait 112 000 hommes soit la moitié des
effectifs alliés (243). Plus tard elles participèrent courageusement au
débarquement de Provence et à la libération du sol français. Partout, elles
refoulèrent l'ennemi et leur valeur fut unanimement reconnue. Elles furent
grossies de volontaires de la métropole, pour atteindre 1.250.000 hommes
en 1945. Les pertes des troupes coloniales furent à peu près les mêmes
que celles des autres troupes, soit environ 5%. Il en fut de même lors du
premier conflit mondial où leur mortalité fut de 17%, soit autant que celle
des autres troupes (244). Malheureusement, après leur démobilisation et
malgré les protestations de leurs officiers, les soldats coloniaux
toucheront des pensions inférieures du tiers voire de moitié à celles de
leurs frères d’armes.
Après la décolonisation, ces pensions mêmes diminuées, s'avérant
supérieures aux nouveaux salaires des fonctionnaires des pays
indépendants, les gouvernements de ces pays demandèrent à la France de
les " cristalliser ", ce qui fut hélas accepté. Ces pensions ne seront
revalorisées de façon rétroactive qu'en 2011, justice bien tardive...

L'utilisation des troupes coloniales n'est pas propre à la France.
Economes de leur propre sang, les britanniques ont toujours eu pour
tradition d'utiliser les troupes étrangères. Déjà sous le premier Empire,
l'Angleterre payait aux souverains de Prusse, d'Autriche et de Russie, 20
guinées par soldat mobilisé contre la France. L'armée anglaise elle-même,
contenait beaucoup de troupes étrangères, Allemandes, Hanovriennes,
Suisses, et même Corses. Lors du combat final, à Waterloo, seulement
15% des combattants alliés étaient d'origine anglaise. Les autres étaient
prussiens, hollandais ou allemands enrôlés sous l'uniforme britannique.
Plus tard, lors de la première guerre mondiale, le quart des troupes
anglaises proviendront des dominions. Pareillement, les troupes arabes
furent utilisées par Lawrence d'Arabie pour contribuer à vaincre les
Ottomans. Malheureusement, après la victoire, l'état arabe indépendant
promis par les Anglais ne verra jamais le jour, nous en payons les
conséquences aujourd’hui.
Par comparaison, les unités britanniques combattant à El Alamein
étaient composées de moins de 20% de soldats anglais. Les autres étaient
des sud-africains, indiens, néo-zélandais, canadiens, grecs, polonais et
français. Il en fut de même pour celles combattant en Orient, en très
grande partie composées d'indiens(245). Lors de la bataille d'Angleterre,
parmi les 1963 avions de la RAF, 605 soit 30% étaient pilotés par des
étrangers. Plus tard, dans les forces anglaises du débarquement de
Normandie, on comptera seulement 9.000 anglais pour 15.000 canadiens.


























































VII



La civilisation française en question













" Si tu diffères de moi, tu m'enrichis."

Saint Exupéry



Les français sont tout d'abord les héritier des Gaulois, peuple de
paysans, courageux certes, mais querelleurs, versatiles, et individualistes.
La vraie civilisation nous fut apportée par les Romains. Plus tard, les
Francs nous inculquèrent une certaine abnégation très germanique. Au
moyen-âge, la richesse de notre culture gréco-romaine disparut peu à peu
avec les papyrus antiques qui ne résistaient pas à nos climats. Hélas, seuls
les textes religieux furent recopiés par nos moines, et l'Europe resta
plongée dans l'obscurantisme le plus total jusqu'au XIIe siècle.
Heureusement, bien loin d'ici, le calife Haroun al Rachid eut la sagesse
d'accepter la culture grecque et de la marier avec la civilisation orientale
pour faire de Bagdad la capitale mondiale du multiculturalisme. Il fonda
les " maisons de la sagesse", impressionnantes bibliothèques où étaient
traduits en arabe la quasi-totalité des ouvrages aussi bien littéraires,
philosophiques, mathématiques, astronomique, scientifiques
qu'historiques. Les savants venaient du monde entier pour les consulter, et
sans elles notre civilisation n'aurait jamais eu accès à tous ces trésors, qui
furent le berceau de notre renaissance.
Aujourd'hui que nous avons cultivé ces richesses, nous tenons des grecs
cet amour pour la démocratie et pour la chose politique. Avec 4
révolutions en moins d'un siècle, le peuple français est de loin le plus
révolutionnaire du monde. Le tempérament contestataire du français n'est
plus à démontrer et sa conscience politique va bien au delà de ce qu'on
peut voir chez les germaniques et les anglo-saxons, réputés plus
disciplinés voire même plus dociles. Cette prédisposition à la révolte chez
les Français, sera habilement exploitée par le gouvernement Macron lors
de la révolte des gilets jaunes, qui évoluera toute au profit du
gouvernement français (247).
Les qualités d'organisateurs de nos grands dirigeants comme Louis XI,
Louis XIV, Napoléon et De Gaulle, sont aussi un héritage des empereurs
romains. Mais les plus grandes qualités du français restent
incontestablement son esprit d'initiative, ses capacités d'adaptation et sa
résilience : malgré cinq invasions étrangères, la France s’est toujours
redressée. Malheureusement, si le français a beaucoup de qualités, il a
aussi de gros défauts.
La religion catholique nous inculqua un certain idéalisme et un rejet
des choses de l'argent. Jusqu'en 1713, l'Eglise catholique interdisait la
pratique de l'usure déléguée d'abord aux juifs ou aux lombards, et plus
tard aux protestants, après que Jean Calvin eut mis fin à cette interdiction
et encouragé les protestants à s'enrichir. La plupart des banquiers français
du XVIIIe siècle étaient des protestants (246). Cet utopisme typiquement
français peut devenir un handicap face au pragmatisme anglo-saxon. Le
doute, propre à notre civilisation gréco-latine, s'efface naturellement face
à la certitude anglo-saxonne pour qui la question du bien et du mal se
règle assez facilement. Montesquieu, philosophe français des lumières,
disait " Si je savais une chose utile à ma nation, mais qui fut ruineuse à
une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme
avant d'être français. " Cet universalisme à la française, typiquement
jacobin, contraste avec le culte de la prédestination issu du protestantisme
prôné par les anglo-saxons, et qui fait d'eux des prétendants naturels à
l'hégémonie universelle (248) : un siècle plus tard, le philosophe anglais
Thomas Carlyle exaltera le rôle de l'Angleterre "nation élue." Le statut
insulaire de la nation anglaise lui donne une entité toute particulière qui
leur permet d’adhérer à la Communauté Européenne, sans accepter ni la
monnaie unique, ni le territoire Schengen, ni même d'avoir à cotiser à
l'égal des autres pays. L’ethnodifférencialisme anglo-saxon s’oppose en
tous points à l’assimilassionnisme jacobin, et l'appellation de WASP
(White Anglo-Saxon Protestant) montre bien la propension du
protestantisme à séparer les races(249).
Enfin, à une époque où 25% de nos mariages sont inter-ethniques, on
ne saurait faire abstraction de l'héritage musulman, qui malgré une culture
fataliste, véhicule notamment un sens des traditions, de la chevalerie et de
l'hospitalité qui nous font cruellement défaut dans cette période de perte
des valeurs. Nous partageons avec les populations arabes une grande
propension pour les arts et concernant la religion, le culte de la générosité,
et un certain recul par rapport aux choses de l'argent. L'Islam traditionnel
interdit lui aussi la pratique de l'usure et de la thésaurisation (250).
Concernant le rapport à l'argent, le catholique est donc plus proche du
musulman que du protestant.
Nos populations créoles et africaines ont elles aussi d'exceptionnelles
qualités, à savoir une grande spontanéité, un sens de la famille peu
commun et un courage exceptionnel, sans parler de grandes qualités
artistiques.
Il ne tient qu'à l'universalisme français d'assimiler ce formidable
héritage culturel, en espérant que celui-ci parvienne à faire renaître en
nous ces qualités depuis trop longtemps délaissées.

Malheureusement, le génie du peuple Français s’exprime de moins en
moins dans cette ère d’opposition et de syndicalisme contrôlé, voire
même de révolutions contrôlées…
































VIII


Ce qu’on vous cache sur l’Europe








« Il n'y a que deux puissances au monde, le sabre et
l'esprit, et à la longue, le sabre est toujours vaincu
par l'esprit »

Napoléon









L'Europe de Napoléon, blocus continental contre
blocus maritime

Le 14 juin 1800 à Marengo, Bonaparte écrasait la deuxième
coalition. William Pitt qui l'avait financée, fut aussitôt renversé, et
l’Angleterre, désormais seule et totalement ruinée, n’eut d’autre choix que
d’accepter la paix. Le tsar Paul, premier souverain à avoir reconnu notre
république, décida d'abandonner le camp anglais pour fonder la " Ligue
des neutres " qui rassemblait la Russie, la Prusse, le Danemark et la
Suède, prétendant s'opposer au droit de visite que les vaisseaux anglais
imposaient aux autres navires. Malheureusement, au moment où la Russie
allait faire alliance avec la France, le tsar fut assassiné à l’instigation du
(251)
Foreign Office .
Peu après, William Pitt fut rappelé au pouvoir. Les négociants anglais
qui soutenaient sa politique, exigèrent de la France un traité de libre-
échange, que Bonaparte refusa, par souci de protéger l'industrie française.
La riposte fut immédiate : Pitt viola la paix d'Amiens signée avec la
France, et émit de nouvelles exigences pour nous forcer à la guerre. La
position britannique était désormais très claire : il s’agissait soit de nous
imposer un libre-échange ruineux pour notre économie, soit de nous
contraindre à la guerre pour s'approprier nos colonies. Le libre-échange
ayant été refusé, il restait la guerre.

A la même époque, Bonaparte, lassé de la querelle fratricide que se
livraient républicains et royalistes, crut pouvoir réconcilier ces deux partis
en déposant la couronne royale sur la tête du chef des républicains, en
l'occurrence la sienne. Il espérait aussi décourager les projets royalistes
d'assassinats contre sa personne : S'il venait à disparaitre, son fils
prendrait sa place, et ni les Bourbon ni les Anglais n'auraient plus rien à
espérer de sa mort. 99% des Français approuvèrent la nouvelle
constitution(252).

Un mois après son sacre, Napoléon proposa de nouveau solennellement
la paix à l'Angleterre. Pour toute réponse, une troisième coalition fut
financée contre lui, mais elle fut écrasée l'année suivante à Austerlitz.

Notons qu'à cette époque, l'Empereur n'avait encore annexé aucun
territoire. Au début de son règne, il ne fit que conserver le système de
prohibition des produits anglais déjà établi sous la Révolution. Ce
protectionnisme à la Française devait permettre à la France d'éviter de
subir le sort de la Russie, des Etats-Unis et du Portugal, relégués à l'état
de colonies anglaises par leur dépendance aux produits anglais.

En 1806, en pleins pourparlers de paix, l'Angleterre décréta le blocus
maritime des côtes françaises et entraina la Prusse dans une nouvelle
guerre contre nous (253). Après avoir écrasé cette quatrième coalition,
Napoléon y répliqua en décrétant le blocus continental : désormais, les
marchandises anglaises (y compris coloniales), furent prohibées non
seulement en France, mais dans toute l'Europe. Dans l'esprit de Napoléon,
ce blocus devait ruiner le commerce britannique et forcer la faction des
négociants qui dirigeait la guerre, à accepter la paix (254). Dénigré à tort par
nos historiens, ce blocus fut en réalité très bénéfique à l'Europe. Mettant
fin au monopole des produits manufacturés anglais, il obligea l'Europe à
développer son industrie. Des routes et des voies maritimes furent
construites à travers le continent pour améliorer le transport des
marchandises. Le sucre de betterave remplaça la canne, et grâce aux
nouveaux métiers à tisser, notre production textile quadrupla en quelques
années. L’industrie française rivalisa alors avec celle de l’Angleterre, et la
France redevint le pays le plus riche en valeurs numéraires.

L’efficacité du blocus nécessita l'annexion de bandes côtières au nord
de la Prusse, celles de la Hollande, des états de Rome, ainsi que de
quelques départements côtiers italiens et de la côte
illyrienne(255). Contrairement aux idées reçues, les annexions du premier
Empire eurent donc lieu sans idée de conquête, mais dans le seul but de
forcer l'Angleterre à la paix. Ce fut aussi pour les nécessités du blocus que
l'Empereur eut recours au népotisme et plaça ses proches sur les trônes
d'Espagne, de Naples, et de Westphalie, sans pour autant que ces
royaumes ne fussent annexés.
Malheureusement, Napoléon dut faire face à une Europe de rois
liguée contre lui, et qui n'acceptait pas l'égalité des droits. Le blocus fut
contourné par la Prusse et la Hollande qui nous revendirent au prix fort
les produits coloniaux achetés en contrebande aux anglais.

Pour inverser la tendance, Napoléon dut alors changer son
système. Dorénavant, seuls les produits manufacturés anglais furent
prohibés. Les matières premières comme le coton étant indispensables à
nos manufactures, furent acceptées même provenant de colonies
anglaises, mais exclusivement sur les côtes françaises, et moyennant de
forte taxes. Les produits coloniaux circulèrent donc de la France vers
l’Europe, et seuls les navires américains furent autorisés à les acheminer
chez nous. Les Etats-Unis profitèrent donc eux aussi beaucoup de ce
système continental : incapables de développer leur industrie ruinée par le
commerce anglais, les Américains purent grâce à nous, développer leur
commerce dans toute l'Europe.
Au total, le blocus continental empêcha que la France, la
Belgique, l'Espagne, les Etats-Unis, la Russie et même l'Allemagne, ne
deviennent des sous-puissances asservies par l'Angleterre, comme le
seront plus tard le Portugal et les pays latino-américains (256).

Lorsqu'en 1810 le blocus fut interrompu, c'était déjà trop tard. Le
génie industriel et mécanique de l'Europe s'était éveillé. Plus tard,
l'Allemagne et les Etats-Unis adopteront nos lois protectionnistes et
pourront enfin devenir les géants industriels que nous connaissons.

Contrairement à la légende, le blocus continental gêna beaucoup
l’Angleterre, provoquant même en 1810 une explosion du chômage et une
grave crise économique : les Anglais furent même frappés de disette la
même année. Mais, Napoléon renonçant à l'embargo sur les grains qu'on
lui avait conseillé, préféra ravitailler ses ennemis (257).

Le mythe du Napoléon conquérant, reste encore de nos jours une
valeur sûre. L'Empire Napoléonien fut en réalité essentiellement défensif.
Certes, l'armée française défila dans presque toutes les capitales, mais ce
fut suite à des guerres qui nous furent imposées par nos adversaires. En
cas d'agression, nos ennemis 2 à 4 fois plus nombreux, devaient être
impérativement pris de vitesse et battus chez eux avant même d'être
rassemblés. Nos campagnes n'étaient donc offensives que par la force des
choses et pour des raisons purement stratégiques (258). Avant Marengo,
avant Austerlitz, avant Iéna, à Moscou, et avant Waterloo, Napoléon
renouvela ses offres de paix, qui furent invariablement rejetées (259). On
l'accusa à tort d'avoir rompu les négociations aux congrès de Prague, de
Francfort et de Chatillon en 1813 et 1814, mais on sait à présent que ces
congrès n'étaient que des comédies organisées par des ennemis vaincus
pour gagner du temps et réorganiser leurs armées(260). La véritable erreur
fut plutôt de les avoir acceptées. Nos adversaires exigeaient de Napoléon
qu'il restitue les conquêtes de la Révolution, sachant très bien qu'il ne le
pouvait pas : au moment du sacre, on lui avait fait jurer de maintenir
l'intégrité du territoire de la République. Et quand bien même eût-il abjuré
ses serments, son plus grand tort fut en réalité de n'être qu'un parvenu
jalousé par ses adversaires, tous monarques de sang(261).
En vingt ans de guerre et sept coalitions, la seule véritable
agression de sa part fut la guerre d'Espagne, mais qui eut lieu à
l'instigation du souverain espagnol lui-même, et fut largement encouragée
la Russie (262). Les français furent mal accueillis en Espagne, pays très
catholique, et que le pape n'aura aucun mal à dresser contre nous(263). Il
s'en suivra une guerre terrible, qui durera 6 ans. Rappelons que
l'occupation française, en affaiblissant la monarchie espagnole, fut à
l'origine des grands mouvements indépendantistes qui touchèrent tour à
tour le Venezuela, l'Argentine, la Colombie, l'Equateur, Panama, le
Mexique, le Chili et le Paraguay.
En Belgique, en Hollande, en Espagne, en Italie, en Pologne et en
Allemagne, l'égalité des droits fut proclamée. On n'insistera jamais assez
sur l'importance du code civil créé et imposé par Napoléon à l'Europe :
son application entrainait obligatoirement l'abolition du servage et
l'égalité des droits pour tous. Une nouvelle noblesse fut créée en France,
mais elle était de mérite, sans aucun privilège et accessible à tous par la
Légion d'Honneur.

Sur beaucoup de points, Bonaparte fut l'héritier des jacobins. Il
avait été l'ami du frère de Robespierre. Comme lui, ce fut un grand
centralisateur qui créa la Banque de France et assainit les finances en
centralisant les recettes fiscales, et en rétablissant la convertibilité du
franc en or. Il fut le premier après Robespierre à utiliser le suffrage
universel. Comme lui, il restaura le culte religieux, et comme lui il fut
traité de tyran. Autoritaire, s'il l'avait été, il eût tenu tête aux industriels
français qui le poussaient à annexer la Hollande, et n'eût pas non plus
cédé au lobby colonial qui l'incita à rétablir l'esclavage. Enfin il eût jeté
Talleyrand en prison dès les premiers soupçons de trahison, ce qui lui eût
évité la guerre d'Espagne et l'exécution du duc d'Enghein (notes 75, 255,
264).

En 1807, Napoléon avait choisi l'alliance franco-russe, seule
capable de résister à l'étau anglo-germanique. Le traité avec le tsar
Alexandre fut signé à Tilsit. La cérémonie fut grandiose. Les deux armées
festoyèrent ensemble, et le capitaine Coignet en laissa un récit émouvant.
Dès ce jour, une amitié sincère se noua entre les deux souverains, qui
semblait annoncer la fin de la puissance anglaise. Cette alliance dura trois
ans et correspond à l'apogée du premier Empire. Elle s'écroula par les
bons offices de Talleyrand : la rupture entre la France et la Russie
découlait d'un plan bien concerté entre le tsar et Talleyrand lors de la
conférence d'Erfurt(264). La campagne de Russie qui s'en suivit mit fin à
l'Empire. Rappelons qu'ici aussi, le tsar fut l'agresseur : après avoir violé
les traités de Tilsit et d'Erfurt, il multiplia les provocations. Napoléon fut
poussé malgré lui à la guerre, et si ce fut lui qui attaqua, c'est qu'il n'avait
pas le loisir d'attendre que l'Europe se ligue à nouveau contre lui. Le but
de la campagne était d'envelopper l'armée russe à la frontière, mais ses
ordres ne furent pas exécutés et l'ennemi s'échappa. Par les épidémies et
les désertions, l'empereur avait déjà perdu 150 000 hommes sans
combattre. Son repli vers la France à ce moment eut signifié sa défaite, et
encouragé l'Europe entière à l'attaquer. Nos armées étaient donc
condamnées à avancer, et furent entrainées jusqu'à Moscou par la stratégie
fuyante de nos adversaires; le temps jouait pour eux et ils le savaient.
La victoire alliée sauva l'économie anglaise de la faillite, et la
convertibilité de la livre sterling put être rétablie dès 1821.


Contrairement au cliché traditionnel, la nation conquérante à cette
époque ne fut pas la France, mais surtout l'Angleterre, et plus tard les
Etats-Unis : la Grande Bretagne profita de tous ces évènements pour se
constituer en Inde, en Australie et en Afrique du Sud, un Empire gros
comme 4 fois la France, et bel et bien annexé celui-là (265).
Les Etats-Unis de leur côté se lanceront dans la conquête du
Mexique auquel ils raviront le Texas, l'Utah, le Colorado, l'Arizona et la
Californie, soit l'équivalent de presque 3 fois la France, ou 45 fois la
Hollande.
La France devra restituer la Belgique et la Hollande, mais les
Etats-Unis garderont leurs conquêtes, et les britanniques attendront 150
ans pour rendre les leurs." Vae Victis" (Malheur aux vaincus)
dirait Brennus, notre premier héros (266).

Mais, notre défaite ne fut que temporelle, nos idées
révolutionnaires feront leur chemin :
La Prusse abolira le servage en 1811, le Hanovre l'abolira en
1831, la Bohème en 1848, la Hongrie en 1853, la Bulgarie en 1858, et la
Russie en 1861. Notre révolution de 1830 entrainera l'indépendance de la
Belgique et la révolution Polonaise, faisant chanceler l'Europe de
Metternich. La " Sainte Alliance " des rois contre les peuples, sensée
protéger les monarchies contre les insurrections populaires, sera
définitivement vaincue par notre révolution de 1848 qui se répandra telle
une traînée de poudre à travers toute l'Europe. Les monarchies tomberont
les unes après les autres, Metternich sera renversé et fuira en Angleterre
(267)
. Quant à Castlereagh le successeur de Pitt, après avoir noyé les
révoltes anglaises dans le sang, il deviendra très impopulaire et finira par
se suicider…
L'Angleterre perdra l'Irlande ainsi que toutes ses colonies, et
cédera finalement le pas à la France dans la géopolitique européenne.


L'Union Monétaire Latine

On oublie trop souvent d'évoquer ce Franc-Germinal ou Franc-or,
créé par Bonaparte en 1803, dont le modèle fut adopté plus tard par la
Belgique, puis par la Suisse, l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la Roumanie, la
Serbie, la Bulgarie et enfin la Finlande. La même monnaie, avec le même
poids et la même valeur faciale fut frappée dans tous ces pays. Cette
monnaie unique avant la lettre, joua un rôle fédérateur en Europe et sera
appelée " Union Monétaire Latine " sous Napoléon III. Elle assurera la
stabilité monétaire et facilitera les échanges dans toute l'Europe ainsi
qu'en Argentine, au Pérou, au Venezuela, au Brésil et au Chili, où elle sera
aussi utilisée. A son apogée, elle englobera 50 pays! En 1867, se tiendra
même à Paris une conférence monétaire internationale, avec 138 délégués
représentant la plupart des pays européens, y compris la Russie et
l'Empire Ottoman. Le but était de faire du franc germinal une monnaie
sinon mondiale, du moins européenne. Mais la mise en œuvre de cette
entreprise sera bloquée par l'opposition des gouvernements britannique et
allemand. On peut regretter que ce projet n'ait pas vu le jour, car une
monnaie mondiale indexée sur l'or nous eut évité la grande insécurité
monétaire que nous vivons aujourd'hui, où la convertibilité en or a
totalement disparu, et où la création monétaire est illimitée. Malgré tout,
cette " Union Monétaire Latine " sans Anglo-saxons ni Allemands et
construite sur le modèle français dura 62 ans. Notre actuelle monnaie
européenne construite sur le modèle germano-américain durera-t-elle
aussi longtemps ? (268) L'Union Monétaire Latine s'effondra en 1927,
victime de la première guerre mondiale : les stocks d'or européens furent
sacrifiés à l'effort de guerre et finirent aux Etats-Unis, et la convertibilité
du franc en or disparut jusqu'à De Gaulle.

Rappelons que notre système métrique, lui aussi fut exporté à la
même époque avec plus de succès, puisque tous les pays l'adopteront, à
l'exception des pays anglo-saxons, toujours eux. Aujourd'hui, les Etats-
Unis continuent d'utiliser les mesures archaïques que sont les pouces, les
pieds, les livres, les onces, les miles et les gallons. La sonde spatiale "
Mars Orbiter" explosera parce que les ingénieurs de Lookheed y avaient
intégré un logiciel en mesures anglo-saxonnes, alors que les corrections
de trajectoire s'effectuaient en unités du système métrique. Malgré cela,
l'adoption du système métrique reste toujours une idée antipatriotique aux
USA...


L'Europe fasciste, alliance franco-russe contre
alliance germano-anglosaxonne


" Pour le malheur général, trop souvent depuis des
siècles, l'alliance franco-russe fut empêchée ou contrecarrée par
l'intrigue ou l'incompréhension. Elle n'en demeure pas moins une
nécessité que l'on voit apparaître à chaque tournant de l'Histoire."

Charles De Gaulle, 20 janvier 1942.

Après la défaite de 1870, Bismarck, par crainte du revanchisme
français, s'appliqua pendant près de 20 ans à maintenir l'isolement
diplomatique de la France (269). Mais, sa démission en 1890 laissa trop seul
le jeune Guillaume II, qui délaissa imprudemment l'allié russe au profit
d'une entente avec l'Autriche et l'Italie. Le tsar, craignant que cette triple
alliance ne soit dirigée contre lui, tendit aussitôt la main à la France.
Notre gouvernement sut profiter de ce cadeau inattendu pour négocier un
traité avec la Russie. L'alliance franco-russe avait l'avantage d'encercler
l'Allemagne l'obligeant en cas de guerre à combattre sur deux fronts.
Malgré les critiques de la presse anglaise l'alliance fut conclue, et le pont
Alexandre III fut construit en l'honneur de l’évènement (270). La flotte
russe festoya avec la nôtre à Toulon, et les cérémonies ne furent pas sans
rappeler l'euphorie de Tilsit. Les Français offrirent leur argent pour
alimenter les emprunts russes grâce auxquels la Russie put enfin obtenir
un réseau ferroviaire digne de ce nom.
En 1901, l'Allemagne annonça ouvertement son souhait de
concurrencer l'Empire maritime britannique; la France saisit aussitôt
l'occasion pour négocier la fameuse " Entente Cordiale" avec l'Angleterre
(271)
. La coalition était en place.

Lors de l'attentat de Sarajevo en 1914, l'Allemagne, abusée par la
prétendue neutralité anglaise, rentra en guerre contre nous (272). Après son
échec à Verdun, au moment où l'armée allemande pliait sous l'étau franco-
russe, les Etats-Unis décidèrent d'entrer en guerre à leur tour.
Parallèlement, ils favorisèrent le retour en Russie de Léon Trotski, lequel
négocia aussitôt le retrait des forces russes hors du conflit (273). Les
Allemands, débarrassés des Russes, purent alors concentrer tous leurs
efforts sur nous, et l'aide américaine apparut comme providentielle. En
1918, l’Allemagne vaincue demanda l'armistice, mais les Etats-Unis ayant
participé à la fin des combats, il fallut compter avec eux. La marche de
nos armées sur Berlin aurait du normalement nous permettre de recueillir
les fruits de la victoire, et nous redonner la place de leader européen que
nous avions jadis occupée, mais Wilson, nouveau président américain,
empêcha notre armée d'avancer, nous menaçant de signer une paix
séparée avec l'Allemagne en cas de refus de ses fameux 14 points (274) :
deux de ces points prévoyaient de désarmer l'Europe et d'y instaurer le
libre-échange.
Un troisième prévoyait la création de la Société des Nations,
première tentative de dilution des nations européennes(275). Un dernier
point garantissait le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sans
préciser qu'il ne devait s'appliquer ni aux colonies, ni à l'Irlande, ni à la
Rhénanie qui pourtant avaient des velléités d’indépendance (276). En fait,
cette clause semble avoir été créée pour démembrer l'empire austro-
hongrois et surtout pour rattacher l'Autriche à l'Allemagne, ce que
Clémenceau refusa formellement.
Deux visions géostratégiques s'opposèrent alors : d'un côté,
Wilson, voulant limiter la domination française en Europe, cherchait à
renforcer l'Allemagne. De l'autre, Clémenceau voulait au contraire
empêcher l'Allemagne de se réarmer. Les restrictions militaires exigées
par Clémenceau ne furent acceptées qu'à la condition qu'il consente à la
totalité des 14 conditions américaines. Clémenceau les accepta toutes, et
le tout fut rassemblé en un seul texte appelé " Traité de Versailles" (277).
Malheureusement, une fois le traité signé par la France, les américains se
dérobèrent et refusèrent de le ratifier, se réservant le droit de contester
plus tard les clauses prévues par la France (278). En réalité, notre président
aurait pu braver sans risque les menaces américaines, car en aucun cas
l'Amérique ne pouvait se retirer du conflit, sous peine de se voir écartée
des négociations finales. Clémenceau n'écouta pas les conseils de Pétain
et de Poincaré, qui eux, avaient très bien compris que seuls l'écrasement
de l'armée allemande et la marche sur Berlin pourraient nous éviter un
deuxième conflit avec l’Allemagne(279). L'esprit revanchard des Allemands
vint de la sensation qu'ils eurent de n'avoir point été vaincus, mais trahis
par leurs élites accusées à tort d'avoir capitulé sans raison. Notre
gouvernement offrit ainsi sans le savoir les meilleurs arguments à la
propagande d'Hitler. Plus tard, on pourra lire dans Mein Kampf : " si le
front avait vraiment cédé en tant que front et si sa ruine eût entrainé celle
de la patrie, le peuple allemand aurait supporté tout différemment sa
défaite" (280). Pour plaire aux anglo-américains, Clémenceau l'anticlérical,
accepta que l'Empire catholique Austro-Hongrois fût totalement
démembré, alors que le territoire allemand, lui, ne fut que très peu réduit.
Ainsi, Georges Clémenceau qui passe habituellement pour l'oppresseur de
l'Allemagne, fut en réalité tout le contraire. Gardons-nous bien de le juger,
il a agi humainement pour éviter une effusion de sang qu'il croyait inutile.
Quant aux Américains, ils firent ce qui nous désavantageait le plus, une
paix séparée avec l'Allemagne. En refusant de signer le traité de
Versailles, les Etats-Unis encourageaient l'Allemagne à le violer. La
France, désormais trop faible pour s'imposer face à l'alliance germano-
anglo-saxonne, perdait tous les avantages de sa victoire.

Jusqu'ici, les Etats-Unis étaient restés les fidèles alliés de la
France. Malheureusement, depuis la création de la Réserve Fédérale en
1913, un cartel bancaire avait pris le pouvoir aux Etats-Unis. Les
considérations économiques prévalurent alors sur tout le reste (281). Ce
furent ces mêmes banques qui, ayant placé Wilson au pouvoir,
subventionnèrent l'installation d'un gouvernement communiste en Russie.
Le régime terroriste installé par Trotski à Moscou effraiera le monde
entier, empêchant toute alliance européenne avec la Russie. On peut se
demander si l'aide américaine à un tel régime était vraiment fortuite :
l'isolement de l'URSS du reste de l'Europe et particulièrement de la
France, facilitait beaucoup l'emprise américaine sur le continent (282). Le
mythe du " Péril rouge " fut créé dès 1919 par le procureur américain
Alexander Mitchell Palmer, et la presse américaine accusa à tort l'URSS
de vouloir envahir l’Europe . On voit donc que la propagande de la guerre
froide remonte à bien plus loin qu'on ne le croit. Plus tard, les Etats-Unis
organiseront avec nos armées une expédition militaire contre le régime
soviétique qu'ils continuaient à financer insidieusement (283).

L'axe franco-russe étant affaibli, le gouvernement américain
s'employa à renforcer Berlin : les plans Dawes et Young remirent en cause
la dette de guerre de l'Allemagne, et firent affluer d'énormes capitaux
américains vers Berlin : tout l'appareil de guerre allemand fut construit
avec cet argent (284). On a accusé à tort la France d'avoir provoqué la
grande récession économique qui toucha l'Allemagne à cette époque, en
exigeant des indemnités de réparations " exagérées". En réalité, ces
indemnités n'y furent pour rien puisqu'elles ne furent pour ainsi dire pas
payées : les Allemands ne remboursèrent que 13% des sommes dues. On
peut même estimer qu'ils ne payèrent rien du tout, puisque dans le même
temps, ils contractèrent des prêts pour un montant supérieur à celui des
réparations, et pour lesquels ils firent défaut. En fait, la crise allemande,
fut provoquée par les Allemands eux-mêmes, qui abusèrent de leur
planche à billets dans le but d'annuler d'autres dettes contractées pendant
la guerre. L'inflation fut largement aggravée par des spéculateurs baissiers
qui vendaient du mark à découvert. La crise de Wall-street vint plus tard
achever la ruine du pays. (285)
Pour se rattraper, Hoover, nouveau président américain, proposa
alors solennellement l'annulation de la dette de guerre allemande,
première entorse au traité de Versailles. La France cessa d'encaisser ses
paiements dès 1932, ce qui la forcera plus tard à faire des coupes dans son
budget militaire(286). Les firmes américaines Ford et General Electric
financèrent la prise de pouvoir d’Hitler, et la Standard Oil Company
subventionna Himmler.
Dès son arrivée au pouvoir en 1933, le führer annonça la couleur
en quittant la Société des Nations ainsi que la conférence de
désarmement, ce qui n'empêcha pas la Standard Oil Company de donner à
l'Allemagne son autonomie pétrolière. La compagnie ITT contribua
beaucoup au développement de l’aviation allemande. Opel, filiale de
General Motors et Ford AG, fabriquèrent la majeure partie des avions et
des véhicules de la Wehrmacht; les bénéfices d'Opel furent réinvestis en
Allemagne. Toutes ces compagnies appartenaient au fameux cartel
bancaire qui dirigeait la Réserve Fédérale américaine.(287)

En France, deux tendances divisaient nos élites : les pacifistes,
partisans d'une réconciliation avec l'Allemagne, étaient manipulés par
Otto Abetz, agent d'influence d'Hitler à Paris, qui fonda le " Comité
France-Allemagne " (véritable think tank pro-allemand, dont le rôle était
d'endormir les français face à la montée en puissance de l'Allemagne
nazie). D'autres élites françaises, ne croyant pas à la sincérité d'Hitler,
cherchèrent dans des alliances étrangères un appui pour obliger
l'Allemagne à respecter le traité de Versailles.
Ces élites comptaient essentiellement sur l'Angleterre car le
gouvernement soviétique effrayait, et n'était pas jugé fiable à cause de sa
défection en pleine guerre et de son refus de rembourser les emprunts
russes. D'autre part, la France ne pouvait s'allier avec l'URSS, sans mettre
en danger son alliance avec l'Angleterre (288). L'alliance franco-russe
inquiétait beaucoup les Anglais et il fallut tout le génie diplomatique de
Louis Barthou pour arriver à rassembler la France, l'Angleterre et l’URSS
sur un même front anti-allemand. Contrairement à tous ses collègues,
Barthou avait compris que la France ne pouvait rien sans l’allié russe. En
faisant admettre l'URSS à la Société des Nations, Barthou réduisit à néant
la politique d'isolement américaine. Hélas, notre ministre fut tué dans un
attentat juste avant que l'accord franco-russe ne fût signé(289).
Comme on pouvait s'y attendre, le gouvernement anglais fit
obstruction à cette alliance, et Laval, qui n'avait pas la dextérité de
Barthou, céda à la pression anglaise, n'osant signer avec Moscou qu'un
traité à minima sans aucun accord militaire(290). Mais, c'en était déjà trop
pour le gouvernement anglais, qui, pour faire contrepoids à cette alliance
et sans nous consulter, signa un accord naval avec l'Allemagne, autorisant
Hitler à réarmer sa flotte, en violation du traité de Versailles.

En 1936, encouragé par l'Angleterre, Hitler viola à nouveau le
traité en militarisant la Rhénanie. L'URSS et la Pologne nous proposèrent
leur aide, mais Edouard VIII, roi d'Angleterre, était pro-Nazi et s'opposa à
toute intervention contre l'Allemagne. Albert Sarraut, voulant éviter une
rupture définitive avec les Anglais, ignora la proposition russe (291). Mal
lui en prit, car encouragé par ce succès, Hitler se lança dans la course à
l'armement, toujours en violation du dit traité.
La France dut elle aussi réarmer : le gouvernement du Front
Populaire nationalisa nos usines d'armement, mais hélas pas nos banques
dont le dévouement à notre effort de guerre ne sera pas à toute épreuve
(292)
.
La même année, le gouvernement flamingant qui dirigeait la
Belgique, en accord avec l'Angleterre, mit fin à son alliance avec la
France et proclama la neutralité de la Belgique : la frontière germano-
belge fut aussitôt militairement dégarnie au profit des autres (293).
La politique Hitlérienne de surenchère et de provocations
répétées avec au final la guerre avec la France, n'était pas sans rappeler
celle de Bismarck.

En 1937, Lord Halifax, ministre des affaires étrangères
britannique, encouragea secrètement Hitler à annexer l'Autriche et les
Sudètes, toujours en violation du traité de Versailles. Il y eut peu de
réaction pour l'Anschluss, mais lorsque l'affaire des Sudètes éclata,
Staline proposa d'envoyer l'armée rouge au secours de la
Tchécoslovaquie. La région des Sudètes appartenait aux Tchécoslovaques
qui étaient nos alliés. Une mobilisation partielle se fit en France, un
conflit mondial se préparait. Les Etats-Unis de leur côté, n'étaient pas
prêts à la guerre. Les Russes eux l'étaient, qui possédaient 3.000 avions,
1.500 chars de combat, et brûlaient de prendre leur revanche sur
l'humiliation de 1917. Une nouvelle victoire de la France et de l'URSS
contre l'Allemagne nous eût assuré l'hégémonie définitive sur le
continent, aussi Roosevelt fit tout pour maintenir la paix : lui et
Chamberlain (premier ministre anglais), décidèrent de tenir les
soviétiques à l'écart et de négocier directement avec Hitler. Une
conférence fut organisée sans l’URSS(294). L'armée belge manœuvra vers
notre frontière, et Paul-Henri Spaak, futur cadre de l'Europe, déclara à
notre ambassadeur "Si vous rentrez chez nous pour secourir les tchèques,
vous rencontrerez l'armée belge ! " (295). L'Armée rouge de son côté, devait
traverser la Pologne pour intervenir. Mais, le gouvernement polonais, qui
avait des vues sur la Tchécoslovaquie, refusa l'entrée des Russes sur son
territoire et entraina la Roumanie avec lui (296).
Le jour de la conférence de Munich, Daladier, notre président,
comprit trop tard dans quel " traquenard " il tombait : l'allié russe était
sincère, mais pas l'allié anglais, qui négociait déjà depuis un an avec
l'adversaire. Pourtant, si l'Angleterre nous avait soutenus, Hitler n'aurait
pas pesé lourd : son armée n'était pas prête, ses généraux le savaient, et se
tenaient prêts à le renverser en cas de guerre (297). L'annexion des Sudètes
fut accordée à Hitler, ce qui lui permit d'occuper les lignes de
fortifications tchèques et de les étudier (elles étaient semblables à celles
de la ligne Maginot). Grâce à ce succès diplomatique, Hitler fut désigné
"Homme de l'année" par le Times Magazine.

Les accords de Munich à peine signés, Hitler les viola aussitôt en
envahissant la totalité de la Tchécoslovaquie, qui privée de ses
fortifications, se retrouvait sans défense. Les Russes proposèrent à
nouveau leur aide aux Anglais, qui la refusèrent. L'URSS fit une nouvelle
proposition en juin. Chamberlain fit mine de vouloir négocier, mais ne
cessa de louvoyer avec les Russes. En réalité, ces simulacres de
négociations n'avaient pour but que de maintenir Staline éloigné d’Hitler.
La France participa à ces tractations que les Anglais firent volontairement
trainer en longueur. Les Russes exigeaient le droit de passage sur le
couloir polonais qui les séparait de la Tchécoslovaquie. De nouvelles
pressions françaises furent exercées en vain sur Varsovie, et Daladier
exaspéré, se décida à proposer à Staline de lui accorder le passage en
dépit du désaccord polonais. Malheureusement, c'était trop tard (298). Entre
temps, Staline venait d'apprendre le double jeu de l'Angleterre : sans nous
prévenir, Chamberlain venait d'engager des négociations secrètes avec
l'Allemagne, dans lesquelles il cherchait à se défaire de ses engagements
vis à vis de la Pologne. L'information avait diffusé dans la presse (299).
Craignant que les occidentaux ne s'allient avec l'Allemagne contre lui,
Staline, pour les prendre de court, s'allia lui-même avec Hitler : ainsi
naquit le Pacte Germano-Soviétique. En quelques jours, tout le travail de
Louis Barthou était anéanti : notre meilleur allié passait du côté de notre
pire ennemi. Ce fut pour la France un véritable Waterloo diplomatique car
c'est à ce moment précis que nous avons perdu la guerre. La
responsabilité des anglais dans cette affaire est énorme. Car si la Russie
avait basculé dans notre camp, les généraux allemands auraient préféré
renverser Hitler que d'engager un nouveau conflit sur deux fronts. Il est
difficile de savoir jusqu'où serait allé Chamberlain avec l'Allemagne sans
ce pacte germano-soviétique (300). Ce qui est certain, c'est que ce fut de la
part de Staline, " un des plus gros coups diplomatiques de ce siècle ". En
s'alliant avec son pire ennemi, Staline l'isolait totalement, en le rendant
infréquentable aux yeux des anglais. Ce fut en effet à ce moment que
Chamberlain se décida à déclarer la guerre. Plus tard, Winston Churchill
rattrapera les inepties de Chamberlain, et sauvera l'honneur de son pays en
livrant une guerre impitoyable au führer.

Les USA temporiseront plus longtemps : Le congrès américain
avait voté le " Neutrality Act " qui s'opposait à toute entrée en guerre des
Etats-Unis. La clause de " cash and carry " autorisait le commerce avec
les deux belligérants, mais excluait les ventes d'armes, et pour cause :
l'Amérique avait de gros intérêts en Allemagne, comme nous le savons.
De plus, Henry Ford et Prescott Bush (père de George), adhéraient à
l'idéologie fasciste. L'ancien président Hoover qui avait rendu visite à
Hitler en 1938, voulait que son pays reste à l'écart des affaires allemandes
(301)
. Il n'était pas le seul. Le think tank "America First " auquel
participaient Charles Lindberg et Gerald Ford, militait ardemment contre
l'entrée en guerre. Joe Kennedy (père de John) fit tout pour maintenir son
pays loin du conflit et chercha même à rencontrer Hitler. Quant à
Roosevelt, l'actuel président, il refusa de soutenir un nouveau putsch
contre Hitler et fut réélu grâce à sa promesse de rester en dehors du
conflit. Après nous avoir poussé à la guerre, il refusera l'aide militaire
demandée par Paul Reynaud au moment de la débâcle. Churchill, pour
obtenir l’aide logistique des Etats-Unis, fut obligé de se livrer à un
véritable chantage, arguant que si l'Amérique ne lui livrait pas
immédiatement 20 vaisseaux, l'Angleterre capitulerait en livrant tous ses
bateaux à Hitler. Ce dernier, armé des quatre flottes allemande, italienne,
française et anglaise, n'eût alors fait qu'une bouchée des USA déjà
menacés par le Japon. Les vaisseaux américains furent livrés, et du
matériel militaire fut vendu à crédit à l'Angleterre (302).

La presse occidentale fit tout pour déclencher l'agression
allemande contre l'URSS, publiant profusion d'informations sur les soi-
disant préparatifs militaires de la Russie contre l'Allemagne. Lorsque
Hitler commit l'erreur d'attaquer Staline, Harry Truman, futur président
des USA, déclara dans la presse " Si nous voyons que l'Allemagne gagne
la guerre, alors nous devons aider la Russie et si les Russes semblent
l'emporter, alors nous devons aider les Allemands. Laissons-les ainsi
s'entre-tuer le plus possible, mais je ne souhaite en aucune manière la
victoire d'Hitler" (303). L'aide matérielle américaine à l'URSS ne fut
vraiment probante qu’en 1942, au moment où l’armée allemande était
déjà vaincue. Avant de s'engager militairement, Roosevelt attendra que le
führer lui déclare lui-même la guerre (304).

Notons que jusqu'ici, le fascisme avait gagné tous les pays


d'Europe sauf la France, qui fut finalement le seul à s'y être opposé. Il
aura fallu une occupation militaire pour parvenir à nous l'imposer, et ce
fut grâce à l'extraordinaire détermination de notre allié russe que
l'Allemagne fut enfin vaincue. Bien sûr, les anglo-américains, nous
rendirent un fier service en libérant notre territoire, mais ils nous le
devaient bien, compte tenu de leur responsabilité dans le réarmement de
l'Allemagne et dans notre affaiblissement international. En participant à la
guerre, ils détruisirent ce qu'ils avaient eux-mêmes construit, le troisième
Reich...


1945-1950 :
Main mise américaine sur l’Europe

" En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois
qu'un évènement survient, on peut être certain qu'il a été prévu pour se
dérouler ainsi. "

Franklin Roosevelt

Roosevelt n'aimait pas De Gaulle qu'il soupçonnait d'avoir
divulgué les plans de débarquement à Dakar. Il le tint donc écarté du
débarquement d'Alger, préférant négocier avec l'amiral Darlan, l'homme
de Vichy. Après l'assassinat de ce dernier, Roosevelt chercha à écarter De
Gaulle au profit du général Giraud, jugé plus conciliant. Les troupes
françaises furent tenues à l'écart du débarquement de Normandie, et De
Gaulle n'en fut informé que l'avant-veille, et pour cause. Roosevelt voulait
mettre la France sous administration militaire anglo-saxonne, et y
introduire une monnaie américaine " US occupation franc ", dont
l'appellation indiquait bien que notre pays était considéré comme occupé
et non pas libéré. De Gaulle s'y opposa formellement, et prit Roosevelt de
court en débarquant en France quelques jours après le débarquement pour
y imposer ses propres préfets et sa propre police. Roosevelt ne reconnaîtra
"la France Libre " qu'après le coup de force du général Leclerc qui,
passant outre aux ordres des Américains, réussit à occuper Paris avant
eux. L'état-major américain, trop préoccupé d'arriver à Berlin avant les
Russes se souciait peu de Paris, et ne put s'y opposer. Les rapports de
forces n'étant pas en sa faveur, De Gaulle négociera une alliance avec
Staline. Il ne sera pas invité à la conférence de Yalta.
Roosevelt et Staline se partageront l'Europe. L'Angleterre sera
invitée, mais tenue à l'écart, et l'Allemagne sera partagée en deux.

Pendant ce temps, De Gaulle règle ses comptes à Paris : il
nationalise les houillères, ainsi que Renault, la Banque de France, la
Société Générale, le Crédit Lyonnais, et la BNP pour les forcer à adopter
une attitude plus nationale en cas de conflit. Mitterrand, qui avait choisi le
camp américain du Général Giraud, sera marginalisé.
Après deux ans de pouvoir, les socialistes de la SFIO vont faire le
jeu des USA en cherchant à diminuer notre budget militaire. Les
communistes les soutiennent par intérêt pour les Russes. De Gaulle,
mécontent refuse et quitte le gouvernement.

Après la guerre, la destruction de l'industrie européenne par les
bombardements avait permis aux Etats-Unis d'assurer plus de la moitié de
la production mondiale. Effrayés par l'invasion allemande, la plupart des
pays d'Europe avaient expatrié leur or aux USA. La menace soviétique
après la guerre, les convaincra de l'y laisser. Les Etats-Unis pourront ainsi
accaparer 65 % des réserves d'or de la planète. Au lieu de circuler
normalement, cet or restera à stocké aux USA, le dollar deviendra la seule
devise convertible en or et servira de monnaie de réserve internationale :
au lieu de stocker de l'or, les européens stockeront du dollar qui sera
choisi pour remplacer le métal jaune, et utilisé pour tous les échanges
internationaux, ce qui provoquera une hausse artificielle du dollar. Ce
procédé obligera tous les autres pays à exporter pour obtenir du dollar afin
de financer leurs importations, alors que les Américains n'auront qu'à
utiliser leur planche à billets pour le faire. Ce système, appelé Bretton
Woods, aurait été viable si l'économie américaine était restée saine.
Malheureusement, dès la fin des années 50, les USA, très dépensiers,
consommeront plus qu'ils ne produisent. L'économiste Etienne Kirschen
calculera que grâce à Bretton Woods, les Etats-Unis feront payer
l'équivalent d'un droit de seigneuriage de 12 milliard de dollars en dix ans
à l'Europe des six (305).
Lors des accords de Bretton Woods, deux institutions sont créées
: la Banque Mondiale et le FMI, dont le rôle sera d'intervenir en cas de
crise et de surveiller les politiques économiques de tous les pays, exceptée
bien sûr celle des Etats-Unis. En fait, ces deux institutions serviront au
début à pérenniser les échanges en dollars : grâce à elles, 90% des prêts
internationaux se feront en billets verts. Plus tard, le FMI aura pour rôle
de venir en aide aux pays en difficulté, mais à partir des années 70, ses
plans de redressement serviront surtout à les spolier (306).

En 1945, l'état-major américain déclenche l'opération Paperclip
qui permet d'accaparer près de 1 500 scientifiques issus du complexe
militaro-industriel allemand. Ces savants, auteurs des fameux V2,
construiront les premiers missiles et seront à l'origine du programme
Apollo (307).

La même année, les Etats-Unis obtiennent l'exclusivité sur les
pétroles d'Arabie Saoudite, premier producteur mondial, en échange de la
protection du régime féodal Saoudien (pacte du Quincy).

En 1946, les accords Blum-Byrnes, initiés par Jean Monnet,
autorisent le cinéma américain à envahir nos écrans, en échange d'un prêt
avantageux (308).

En 1947, grâce au plan Marshall, les subventions américaines
vont servir à reconstruire l'Europe, mais, l'argent prêté ou donné devra
être utilisé pour l'achat de produits américains, habituant l'Europe à
consommer américain et servant ainsi de subvention à l'agriculture des
Etats-Unis. L'Allemagne bénéficie du plan et redevient l'alliée de
Washington. Cet argent servira de moyen de pression pour imposer la
politique américaine en Europe, et notamment pour forcer le
gouvernement français à éliminer les ministres communistes, et à purger
sa police. Une partie des sommes remboursées servira à financer les
activités occultes de la CIA en Europe (309).

Suite aux grandes grèves de 1947, la presse américaine accuse à
tort les communistes français de vouloir prendre le pouvoir par la force, et
provoque une brouille entre socialistes et communistes. Irving Brown,
agent de la CIA, organise la scission de la CGT et finance la création du
syndicat FO. Désormais, les socialistes seront les partenaires privilégiés
de Washington (310).


En 1949, pour faire bloc contre l'URSS, les Etats-Unis créent
l'OTAN. Le Péril Rouge servira d'épouvantail pour inciter l'Europe à
adhérer sans limite à la politique américaine. Désormais, sous couvert de
lutte contre le communisme, partout dans le monde, des gouvernements
démocratiques seront renversés au profit de dictatures soumises aux
intérêts occidentaux(311).
La même année, l'OTAN organise une armée secrète sur le
modèle des SS (312). Ces " Stay behind " infiltrés par la CIA, infiltreront à
leur tour des extrémistes de droite comme de gauche, notamment les
Brigades Rouges en Italie, leur faisant commettre plus de 600 attentats
sanglants, le but étant d'empêcher l'alliance entre catholiques et
communistes, et de favoriser l'installation d'un état policier (313). Le rôle
qu’a joué cette armée secrète dans les autres pays n’est pas encore
vraiment établi (314).
En Sicile, la CIA livrera l'île à la Mafia pour en chasser les
communistes. Il en résultera une explosion du trafic de drogue vers
l'Europe et les Etats-Unis.



1950-1958 : L’Europe de Jean Monnet

Le 9 mai 1950, Jean Monnet et Robert Schumann lancent un
appel solennel à tous les pays d'Europe pour constituer une fédération
européenne afin de faire bloc face à l’URSS(315). Jean Monnet renouvelle
ainsi sa tentative avortée de dilution des frontières des états européens
lors de la création de la Société des Nations en 1919. Jean Monnet et
Robert Schumann seront reconnus plus tard comme deux agents salariés
par les Etats-Unis pour le compte de la CIA (316).

La même année, en accord avec Washington, Jean Monnet
propose la CED (Communauté Européenne de Défense), qui prévoit de
mettre les armées européennes sous autorité américaine. Tous les pays
signent, sauf la France, qui, grâce à son veto, évite aux autres membres de
passer sous tutelle américaine.

En 1951, encouragé par le président américain Eisenhower,
Robert Schumann signe le traité de Paris qui inaugure l'Europe des six :
une union apatride est créée, avec mise en commun de la production du
charbon et de l'acier. Le motif est d'empêcher tout nouveau conflit entre la
France et l'Allemagne. En réalité, c'est surtout la possession de l'arme
nucléaire par la France qui garantira la paix entre les deux pays (317).

En 1953, aux accords de Londres, l'Allemagne est exonérée de
63% de sa dette. Le fameux " miracle industriel allemand " est à nouveau
financé par des dettes non remboursées, comme il le fut pendant l'entre
deux guerres.

En 1954, Joseph Retinger, lui aussi salarié par les Etats-Unis,
organise la première réunion du groupe Bilderberg, composé de 50
hommes d'état européens et de 11 américains. Cet organe de cooptation,
financé par la fondation Ford, accueillera jusqu'à 450 invités. La plupart
des grands artisans de la construction européenne y seront invités mais
aucune décision n'y sera prise. Le Bilderberg est avant tout un groupe de
façade qui donnera aux élites européennes l'illusion d’être consultées(318).

En 1957, est signé le traité de Rome, dont les principaux artisans
sont Robert Schumann, Jean Monnet et Paul Henry Spaak, lui aussi
salarié des Etats-Unis (319). Une union douanière est mise en place en
Europe, mais les états européens emploieront tous les moyens pour la
contourner. Le Royaume Uni ira jusqu’à changer son voltage pour se
protéger de la concurrence étrangère. Le protectionnisme a encore de
beaux jours devant lui.

Pour faire de l’Union Européenne une entité géopolitique tournée
contre la Russie, d’anciens Nazis sont recrutés pour son encadrement (320).
L'un d'eux, Walter Hallstein, siègera à la tête d'une nouvelle institution
formée d'européistes non-élus, la " Commission Européenne ".


1959-1969 : De Gaulle résiste seul contre tous

La France dépasse l'Angleterre et devient la troisième puissance
économique mondiale.

La France, tenue à l'écart du programme nucléaire anglo-
américain, lance son propre projet : en 1960, De Gaulle donne à son pays
sa première arme atomique (321).

En 1961, le général conteste la légitimité de la Commission
Européenne composée de non-élus. Pour donner un caractère plus
national à l'Europe, Il crée le " Conseil Européen " formé des chefs de
gouvernements et des premiers ministres.

La même année, de Gaulle cherche à créer une force militaire
européenne indépendante des Etats-Unis. Contrairement à la CED où les
décisions des six devaient être prises à la majorité, dans le plan Fouché, la
souveraineté des états est préservée: le veto d'un seul pays suffit à annuler
les décisions. Spaak, président de la commission s'y oppose : " pas de
droit de veto sans l'admission de l'Angleterre ". Pour De Gaulle, veto
anglais signifie veto américain. Le général refuse, les négociations
échouent. Désormais, De Gaulle perd toute illusion sur cette Europe trop
atlantiste à son goût.

Toujours en 1961, Kennedy veut inciter De Gaulle à accepter
l'entrée de l'Angleterre dans l’Union Européenne en échange d'un marché
nucléaire : des missiles américains seront offerts à la France et à
l'Angleterre en échange de leur accord. En acceptant l'assistance nucléaire
américaine, la Grande Bretagne perd définitivement son rang de grande
puissance et passe sous tutelle américaine.
De Gaulle, de son côté, refuse. La France construira elle-même
ses propres missiles. Considérant l'Angleterre comme atlantiste et non
européenne, le général craint que son adhésion ne transforme l'Europe en
une entreprise coloniale américaine. Il oppose trois fois son veto contre
son entrée dans la Communauté européenne (322). Plus tard, il dénoncera
publiquement le projet d’Europe fédérale comme étant un plan
hégémonique américain (323).

Avec le lanceur Diamant, notre pays obtient son autonomie
spatiale, et grâce à l'arme nucléaire, devient la première puissance
militaire d'Europe et la troisième du monde. Désormais, la France servira
de contrepoids pour arbitrer les conflits Est-Ouest. Pour la crise des
missiles de Cuba, De Gaulle soutiendra les USA, mais la situation ne va
pas tarder à basculer.

En 1963, De Gaulle tente l'alliance avec l'Allemagne. Il signe
avec Adenauer le Traité de l'Elysée. Mais, le Bundestag attendra que la
France ait signé, pour rajouter au texte un préambule imposant une
soumission à l'OTAN et aux Etats-Unis, ainsi qu'une future adhésion
britannique à l’Union européenne(324). Le général qui voulait une alliance
à deux le prend très mal. C'est la rupture entre les deux pays, De Gaulle se
tournera désormais vers l'allié russe.
La rencontre de De Gaulle avec Krouchtchev en pleine guerre
froide, est un évènement mondial et un échec pour la politique
américaine.

En 1965, l'Allemagne cherche à imposer son modèle d'Europe
fédérale et demande que les décisions européennes soient prises à la
majorité. Les autres pays approuvent. Le général s'y oppose fermement et
veut conserver son droit de veto. Seul contre tous, il pratique pendant 10
mois la politique de la chaise vide. Finalement, les Allemands capitulent.
Les décisions importantes seront prises à l'unanimité (325). De Gaulle sauve
ainsi la souveraineté française qu'il consolidera plus tard en imposant la
suprématie du Conseil Européen (formé des chefs de gouvernements), sur
la Commission Européenne (formée d'européistes non élus). La
Commission est marginalisée et les états conservent un rôle décisionnel
majeur.

Pour financer la guerre du Vietnam, les Américains ont émis une
telle quantité de dollars que leurs réserves d'or ne suffisent plus à les
garantir. Le dollar n'est plus solvable, mais, les autres pays continuent de
l'accepter, et s'engagent même à limiter leurs demandes de
remboursements en or. Seule la France refuse. De Gaulle a déjà rétabli la
convertibilité du franc en or en France dès 1958. Dans son discours du 4
février 1965, il sera le premier à dénoncer " le privilège exorbitant du
dollar ", et à accuser les Etats-Unis de " s'endetter gratuitement » en
payant leur dette grâce à leur planche à billets.(326) Invoquant la fragilité
du système dollar, il prône un retour à l'étalon or, et exige des USA qu’ils
restituent toutes nos réserves d’or gardées depuis la guerre, et qu’ils
remboursent en or tous nos excédents en dollars. D'autres pays nous
imiteront plus tard. Par son intervention, De Gaulle vient de mettre à bas
tout le système Bretton Woods. Sans le vouloir, il a enclenché la bombe à
retardement qui va provoquer à long terme l'effondrement de l'économie
américaine.
Les Américains, comprennent alors que le dollar est condamné.
Craignant un retour à l'étalon or en Europe, ils cherchent à y imposer une
monnaie unique non convertible.(327) Dès le 11 juin, le ministère des
affaires étrangères américain demande au vice président de la
communauté Européenne d'envisager à long terme la création d'une
monnaie unique, et " d'empêcher tout débat jusqu'à ce que le processus
soit irréversible " (328).

En 1966, De Gaulle quitte l'OTAN. Dans son discours de Phnom
Penh, le général condamne publiquement l'intervention américaine au
Viet Nam, qu'il qualifiera plus tard « d’odieuse » (329).

En 1968, rejetant la propagande de la " Guerre Froide ", le
général supprime les bases américaines en France et veut lancer sa
politique de défense tous azimuts : désormais, une partie de nos missiles
seront dirigés vers les Etats-Unis.

De Gaulle va payer très cher sa résistance: lors du
référendum de 1969, les syndicats et les partis pro-américains (FO et le
Centre Démocrate) appelleront à voter « non ». Le « oui-mais » de
Giscard d'Estaing, sera un appel au « non » déguisé, De Gaulle tombe


1973 : L'année clef

En 1971, l'Angleterre suit l'exemple français et demande
remboursement de ses dollars en or. Les réserves d'or américaines ne
suffisent plus à faire face à l'afflux des demandes de remboursements. Au
lieu d'arrêter la guerre du Vietnam pour équilibrer ses finances, Nixon
viole les accords de Bretton Woods et met fin à la convertibilité du dollar
en or (note 120). Le cours du dollar se met alors à baisser, l'économie
américaine menace de s'écrouler, c'est la revanche posthume de De
Gaulle.

Pour arrêter la dégringolade du dollar, les Etats-Unis sont obligés de
créer un nouvel étalon :
L’or noir remplacera le métal jaune : Nixon et Kissinger incitent les
pays de l'OPEP à faire quadrupler le cours du pétrole. En échange, ces
pays devront s'engager à n'accepter que les paiements en dollars.
L'augmentation des prix des hydrocarbures entrainera une augmentation
équivalente de la demande en dollars pour payer les achats nécessaires en
pétrole (330). Le cours du dollar remonte. La convertibilité du
« pétrodollar » sauve l'économie américaine de la faillite, mais les
conséquences vont être catastrophiques pour le monde.

La montée des cours du pétrole augmentera les coûts de production du
secteur industriel, assurant ainsi l'hégémonie du secteur bancaire. Ce
gigantesque choc pétrolier entraine une crise économique sans précédent
dont les pays du tiers monde seront les premières victimes. Partout le
chômage explose, ce qui oblige les pays du sud à s'endetter; la remontée
du dollar rendra ces dettes impossibles à rembourser. En échange de son
aide, le FMI exigera de ces pays la privatisation de toutes leurs
ressources.
Plus grave encore, la cherté des hydrocarbures obligera ces pays à
exporter toutes leurs réserves de céréales pour obtenir du dollar. L'absence
de ces céréales en saison sèche provoquera de gigantesques famines qui
ravageront tout le Sahel.
D'autre part, l'augmentation des cours va enrichir considérablement les
pétroliers du Texas comme la famille Bush. Plus grave encore, certains
pays fondamentalistes comme l'Arabie Saoudite et l'Iran verront leur PIB
exploser, ce qui leur permettra, d'une part de faire d'énormes achats
d'armes auprès des Etats-Unis (qui renforceront le dollar), et d'autre part
de financer mondialement le fondamentalisme Islamique, lui-même
générant de nouveaux conflits, lesquels entraineront de nouveaux achats
d'armes toujours payables en dollars, et ainsi de suite. C'est le début de
l'installation d'un " nouveau désordre mondial ". Ce chaos organisé
justifiera les interventions militaires américaines et leur cortège
d'opérations secrètes financées par le trafic de drogue qui lui aussi
explosera (331).


1973 consacre la victoire du secteur bancaire et du lobby pétrolier sur le
secteur industriel, et va permettre aux monarchies pétrolières de
déstabiliser les démocraties arabes hostiles aux intérêts occidentaux.
Désormais, la plupart des interventions des USA seront destinées à
consolider leur influence dans les zones pétrolifères.

L'hégémonie du secteur bancaire se concrétise en France par la loi de
janvier 1973 qui oblige la Banque de France à abandonner une grande
partie de sa souveraineté monétaire aux banques.

Toujours en 1973, Georges Pompidou, nouveau président français,
accepte l'entrée de l'Angleterre dans le marché commun. Pompidou espère
ainsi contre-balancer la puissance allemande, mais il se leurre. Désormais,
60% des fonctionnaires européens seront d'origine britannique. Au
parlement européen, la Grande Bretagne aura le même nombre de voix
que la France, mais le gouvernement anglais refusera de payer ses
cotisations, d'adhérer à l'euro ainsi qu'à la zone Schengen. L'agence
britannique de surveillance espionnera les communications du Parlement
européen, de la Commission européenne, et du Conseil européen (332).

Peu après, des attaques haussières concertées font flamber les monnaies
de certains pays européens, nuisant à leurs exportations. Ces pays se
laisseront convaincre d'enclencher la première étape vers l'union
monétaire : le serpent monétaire européen est créé. Désormais, les
fluctuations entre monnaies européennes seront limitées à 2,5%. L'idée de
la monnaie unique sera officiellement lancée cinq ans plus tard par
l'anglais Roy Jenkins, mais les britanniques n'y adhèreront jamais.
Le cours du dollar ayant remonté, l'abus de la planche à billets reprend
de plus belle. Entre 1970 et 2010, la création monétaire américaine, qui
normalement n'aurait pas dû dépasser le taux de croissance majoré de
l'inflation, atteindra deux fois et demi ce taux. Cet excédent de monnaie
virtuelle, servira à financer les importations excessives des américains.
L'étalon or restant le seul frein à la création monétaire excessive, on
comprend à présent pourquoi les économistes américains ont tout fait tout
pour le dénigrer. Mitterrand reconnaitra quelques années plus tard « Les
Etats-unis nous font payer leur chômage et leur déficit. C'est nous qui
permettons à Reagan de mener une politique qui nous écrase » (333).

1979-1986 : Le rôle secret joué par la France dans
la chute du communisme

En 1981, suite à l’instauration de la loi martiale en Pologne ,
Reagan impose un blocus pétrolier à l’URSS. Mais, Mitterrand passe
outre et entraine l’Europe à refuser d’appliquer les sanctions américaines.
L’Europe participera à la construction du gazoduc sibérien au grand dam
des Américains. Au même moment, l'URSS intervient en Afghanistan
pour stopper les excès du nouveau gouvernement communiste afghan.
Mais, la seule présence de l'armée russe entraine un véritable djihad
contre l’envahisseur.
L'occupation russe compromet le projet américain d'oléoduc sud
en Afghanistan (334). La thèse de l'expansionnisme russe est aussitôt
exposée par Zbigniew Brzezinski, conseiller de Jimmy Carter. D'après
lui, l'URSS convoite les zones pétrolifères du moyen-Orient. Si le pétrole
est menacé, le dollar l'est aussi. Décision est prise d'abattre l'URSS. Les
Afghans n'ont aucune expérience de la guerre. Mais, grâce à nos services
secrets, la CIA crée une internationale djihadiste. Des milliers de
volontaires affluent du monde entier vers l'Afghanistan. Ils seront armés
et entrainés par la CIA et les services secrets pakistanais, pour aller
combattre l'Armée Rouge (335).

En 1981, la DST démantèle l'affaire d'espionnage du siècle. Une
gigantesque entreprise de pillage scientifique aux dépens des Etats-Unis
est dévoilée par nos services et communiquée à Washington. C'est l'affaire
Farewell : 400 agents secrets sont démasqués. Les USA garderont le
secret pendant plusieurs années et se laisseront voler des logiciels piégés
occasionnant un sabotage en règle de toute l'industrie russe. Le gazoduc
sibérien explosera et le KGB sera totalement décapité. L'URSS ne s'en
remettra pas, et devra évacuer l'Afghanistan; c'est le commencement de la
fin. Mitterrand, de son côté, prendra ses distances avec les américains
qu'il soupçonne d'avoir dévoilé toute l'affaire à la presse pour nous
brouiller avec les Russes (336).

1986 : Le grand coup d’état

En 1983, Henry Kissinger coopte le grand patronat européen pour
l’inciter à prendre le pouvoir en Europe :
Deux membres du « Kissinger Associate » fondent l'ERT,
gigantesque lobby industriel représentant 60% de l'économie européenne
et dont ils deviendront présidents (337).
Trois ans plus tard, l'ERT se livre à un véritable chantage à la
délocalisation auprès des chefs d'Etats Européens, pour les obliger à
abandonner tous leurs pouvoirs à la Commission européenne(338). Effrayés
à l'idée d'aggraver la crise, les chefs d'états acceptent.
Le Conseil Européen cher à De Gaulle, s'efface devant la
Commission européenne formée de non élus. Mais, ces derniers,
incapables d'accorder les 28 pays sur aucun sujet, s’avèrent incapables de
gouverner. Ils feront donc appel à des " experts " payés par les lobbies
industriels installés à Bruxelles. L'Europe des nations chère à De Gaulle
disparait, pour laisser la place à une Europe faible, apatride, à la merci des
lobbies (339). Comme lors de la troisième république, cette faiblesse
organisée du gouvernement européen va laisser le champ libre aux
prédateurs extérieurs comme intérieurs. Si un certain protectionnisme
était encore possible à 6, il ne le sera plus à 28.
Les conséquence économiques sont catastrophiques : la libre
circulation des marchandises et des capitaux permettra à tous les produits
concurrentiels d'envahir le marché européen, et favorisera les
délocalisations, et l'évasion fiscale. En quelques années, l'évasion fiscale
atteindra le double des intérêts de la dette. En remerciement de ses
services, Henry Kissinger obtiendra le prix Charlemagne l’année suivante
(340)
.
Nos dirigeants vont regretter d'avoir cédé à ce chantage, car la
plupart des multinationales de l'ERT délocaliseront quand même,
s'agglomérant en gigantesques monopoles; les petites entreprises qui n'ont
pas les moyens de délocaliser disparaitront d'elles-mêmes.
Résultat, la crise pétrolière est terminée, mais le chômage
continue d'augmenter en Europe.

En 1992, le grand patronat européen fera alliance avec son
homologue américain pour former un gigantesque réseau de 30 lobbies
dont fait partie l'ERT : c'est le Transatlantic Policy Network (TPN). Ce
lobby oeuvrera pour l'unification du marché transatlantique, l'abolition
des taxes et la spoliation des états au profit des multinationales.


1991 : Maastricht ou le marché des dupes

En 1991, un référendum se prépare en France sur les accords de
Maastricht. A l'origine du traité, deux lobbies, l'ERT et l' AUME, tous
deux présidés par des membres du « Kissinger Associates », toujours lui.
Pour convaincre les Français d'accepter, on leur promet le plein
emploi et la paix universelle. On invoque la nécessité de faire bloc face à
la puissance américaine (341). On vante aussi les avantages de la monnaie
unique, mais on omet de signaler que la convertibilité en or va disparaître,
et que la création monétaire sera totalement abandonnée aux banques. Nul
n'évoque l'article 104 qui va permettre à ces banques de rançonner
certains états à des taux mirifiques qui dépendront des spéculateurs et des
agences de notation (342). Maastricht va mettre les états européens à la
merci de la finance, mais nul ne le voit.
Mitterrand est trop obsédé par la réunification allemande.
Craignant une trop grande domination de la grande Allemagne, il soutient
à fond la monnaie unique, croyant "tenir " les Allemands grâce à l’euro.

Le traité n'est voté qu'avec 51 % des suffrages, les français se
méfient et ils ont raison : la France sera la grande perdante, car trop de
concessions seront faites aux Allemands : la Banque Européenne siègera à
Francfort, n'aura aucun compte à rendre aux autorités nationales, et
établira un régime monétaire, optimal pour l'Allemagne. La France et les
autres pays rentreront dans la zone mark. Une politique d'euro fort sans
possibilité de dévaluation, rendra in-exportables les produits européens, à
l'exception de ceux de l'Allemagne et de l'Europe du nord, spécialisées
dans l'industrie haut de gamme (343). Une loi obligera la France à
constitutionnaliser cet accord, alors que les Allemands resteront sous le
régime de leur " Loi Fondamentale " qui permet de le remettre en cause.
Chirac qui a renoncé à ses convictions gaullistes, a accepté de soutenir
Maastricht en échange d’une cohabitation sur mesure, espérant
contrecarrer la puissance allemande en lui imposant l’adhésion des « pays
du Club Med » (l’Espagne et l’Italie).
Helmut Kohl croit triompher, mais sa victoire n'est qu'apparente :
A partir du sommet de Madrid en 1995, les Etats-Unis auront droit
d'ingérence dans les affaires européennes (344). Les critères de convergence
ne seront pas respectés, et les banques américaines aideront certains pays
à économie délétère comme la Grèce, à rentrer dans la zone euro,
obligeant l'Allemagne à éponger leurs dettes (345). L'abandon de la création
monétaire nous placera sur le modèle américain. La politique d'inflation
très basse, sera toute à l'avantage des banques qui fabriqueront jusqu'à 30
fois plus d'argent qu'elles n'en possèdent, se comportant comme de
véritables faux-monnayeurs, et endettant nos états jusqu'à insolvabilité
totale. En peu de temps, l'économie européenne reposera sur de
gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres
dans un équilibre instable (346). Plus tard, les banques de dépôt seront
autorisées à spéculer sur les produits dérivés (à effet de levier), faisant
prendre des risques énormes à leurs clients. Grâce à cette fragilité
organisée de la zone euro, la monnaie européenne qui normalement aurait
dû supplanter le dollar, ne dépassera jamais 25% des réserves mondiales.
Mitterrand mal conseillé, ne vivra pas assez pour assister à l'échec de sa
politique (347). Loin de paralyser l’Allemagne, son Europe deviendra la
Grande Allemagne rêvée par Hitler. Tony Blair, mieux conseillé,
maintiendra son pays en dehors de la zone euro.




Le pillage de la Russie

A la fin des années 80, le nouveau président russe Mikaïl
Gorbatchev, bat des records de popularité : il veut en finir avec le
communisme et propose aux Etats-Unis l'option zéro pour le
désarmement nucléaire. Dès sa prise de pouvoir, il a annoncé à Reagan
son désir de retirer ses troupes d'Afghanistan, mais ce dernier livrera
quand même ses missiles Stinger aux Afghans.
Après avoir mis fin au mur de Berlin, Gorbatchev reçoit le prix
Nobel de la paix. Grâce à lui, toutes les républiques post-soviétiques
deviennent indépendantes. Le président russe n'a accepté la réunification
allemande qu'à condition que " l'OTAN ne se déplace plus d'un pouce vers
l'est " (353). Malgré cela, 12 pays de l'Est adhèreront à l'OTAN, jusqu'à
encercler totalement la Russie.
Son successeur, Boris Eltsine, va accumuler les erreurs. Trop
pressé d'installer l'économie libérale en Russie, il va laisser agir les
Harvard-boys: les privatisations massives, largement orchestrées par les
Etats-Unis, la Banque Mondiale et la BERD, ruinent l'appareil d'état
russe, et font doubler les inégalités sociales : d'un côté on voit apparaître
des oligarques multi-milliardaires, et de l'autre, la misère s'installe dans le
pays, le taux de mortalité augmente.
Peu après, la banque américaine Goldman Sachs, agissant comme
conseillère auprès du gouvernement russe, pousse Moscou à s'endetter, et
spécule à la baisse contre le rouble, ruinant l'économie du pays : le PIB et
les salaires moyens diminuent de moitié en quelques années, un tiers de la
population russe passe en dessous du seuil de pauvreté (354).

Pendant ce temps, profitant de l'effondrement du communisme, la
Bosnie, soutenue par l'OTAN, exige son indépendance et rentre en guerre
avec la Serbie. Arguant que 5% des yougoslaves sont musulmans, les
américains, qui veulent démembrer la Yougoslavie pro-russe, financent
des djihadistes venus de Grande Bretagne, du Pakistan, de Tchétchénie,
d'Iran, d'Arabie Saoudite, et même du Hezbollah libanais, pour
déstabiliser l'autorité serbe. Plus tard, ces djihadistes seront encouragés à
coloniser le Kosovo (355).



La guerre économique

Dans les années 90, l'augmentation du taux de chômage a accru
considérablement nos dépenses sociales. Nos recettes fiscales n'arrivent
plus à les financer depuis que la libéralisation des flux de capitaux a fait
décupler l'évasion fiscale (348).
Pour acheter la paix sociale, des budgets déséquilibrés sont
votés chaque année, aggravant notre endettement d'année en année.
Le remboursement de la dette et les pressions de Bruxelles vont nous
obliger à privatiser les plus beaux fleurons de notre économie, on vend les
bijoux de famille. La privatisation de notre industrie ne s’étant pas
accompagnée de celle de nos retraites (fonds de pension), nos dirigeants
ont livré en quelques années 62% des sociétés du CAC 40 à des mains
étrangères dont 26% américaines, vidant peu à peu la France de toutes ses
forces vives. Certaines entreprises d'état comme Elf et le Crédit Lyonnais
seront acculées à la privatisation par des procédés douteux auxquels les
Etats-Unis ne sont pas étrangers. Notre industrie militaire passera elle
(349)
aussi en grande partie en mains étrangères . Nos services secrets eux-
mêmes feront sous-traiter leurs renseignements par des compagnies
américaines telle IBM, ce qui nous conduira aux désastreux attentats de
2015. Dès lors, le terrorisme accaparera tous les efforts de nos services
secrets, créant une diversion providentielle à la guerre économique que
nous livrent les autres pays.

Depuis 1982, 500 grandes compagnies états-uniennes ont formé
une gigantesque alliance avec l’armée et les services secrets américains,
pour mener à bien la guerre économique et l’orienter en faveur des
intérêts américains. En 1993 est créé l’Advocacy Center, qui aidera les
entreprises américaines à remporter les marchés aux dépens des autres.
Au lieu de les imiter, le patronnât français continue d’agir en
ordre dispersé sans aucune logique nationale. Les résultats ne se font pas
attendre : les Etats-unis s'assurent le contrôle de la totalité du réseau
internet : la plupart des fournisseurs d'accès sont américains. L'agence
Kroll, spécialisée dans l'espionnage industriel, s'installe à Paris : officine
de la CIA, elle infiltrera la DST et interviendra dans Les coulisses de
beaucoup d'OPA, notamment dans l'affaire Elf, puis elle s'attaquera à nos
fournisseurs d'armes et à notre aéronautique. Matra-Hachette, Thomson,
Airbus, EADS et Ariane en feront les frais. C’est encore elle qui sera
responsable de l’accaparement de notre carte à puce.
En s’immisçant dans les appels d’offre, le réseau d'espionnage
américain " Echelon" fera perdre des marchés à Airbus et Thomson au
profit des compagnies Américaines.
Les interventions militaires américaines assurent le monopole du
dollar qui reste utilisé dans 87% des opérations de change international,
ce qui va permettre aux Etats-Unis d'imposer ses lois et ses tribunaux aux
autres pays : les réseaux d’espionnage américains détecteront les
compagnies qui ne respectent pas leurs lois et leurs embargos. Les
condamnations infligées aux sociétés étrangères seront 4 fois supérieures
à celles des sociétés américaines. Nos compagnies verront jusqu'à 30% de
leurs revenus saisis à la source, sous peine de sanctions judiciaires et
d’interdiction de dollar. Ce système permettra de rançonner Total, la BNP,
Technip, et de s’emparer d’Alstom(350).
D’autre part, les USA ne signeront pas le protocole de Kyoto
proposé aux autres pays de concert avec les Canadiens. Plus tard, ils
violeront le traité de Paris qu’ils avaient pourtant signé, se réservant ainsi
l’exclusivité de la pleine croissance et de l’exploitation du gaz de schiste.
Enfin, les Etats-Unis seront à l'origine de la Cour pénale
internationale, à laquelle ils n'adhèreront jamais. Leurs responsables
politiques seront donc les seuls à ne pouvoir être poursuivis pour crimes
de guerre (351).

Mitterrand reconnaîtra plus tard " La France ne le sait pas, mais
nous sommes en guerre avec l'Amérique. Une guerre permanente, guerre
vitale, guerre économique. Ils sont très durs, les Américains, ils sont
voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde… C'est une
guerre inconnue, une guerre permanente sans mort apparemment, et
pourtant une guerre à mort! " (352).


L'Amérique dévoile ses batteries

En 1990, George Bush père débarrassé des Russes, veut assurer
définitivement l'hégémonie américaine.
Après avoir incité Saddam Hussein à envahir le Koweit, il
déclenche la guerre du Golfe pour s'accaparer des plus grosses réserves
pétrolières de la planète. Les troupes américaines en profitent pour
s'installer en Arabie Saoudite (356). Bush annonce l'avènement d'un "nouvel
ordre mondial ", sans toutefois préciser son projet. L'armée américaine
veut continuer sur sa lancée et cherche un prétexte pour envahir l'Irak.
Elle croit le trouver en 1995, mais la France déjoue la manoeuvre grâce
à son satellite Helios qui apporte la preuve que l'Irak ne menace plus le
Koweit (357).

En 1997, Zbigniev Brzezinski, conseiller de Carter et d'Obama,
publie un ouvrage dans lequel il dévoile la stratégie américaine : d'après
lui, la construction européenne fait partie d'un plan hégémonique
américain (358).
La Russie constitue le principal pôle de résistance au système. (359)
Pour la soumettre, Brzezinski préconise une politique d'encerclement
avec la création d'un vaste système Euro-atlantiste "placé sous l'égide
américaine et s'étendant à toute l'Eurasie" (360). Une politique
d'élargissement européen sera entreprise, obligeant tous les pays candidats
à l'Union Européenne d’adhérer préalablement à l'OTAN, ce qui permettra
à Washington d'avoir le contrôle du système (361). Comme au lendemain de
la première guerre mondiale, c'est l'Allemagne qui sera choisie pour
dominer le continent, de préférence à la France dont les positions devront
être combattues (362). Une solide alliance germano-américaine permettra de
faire accepter le leadership allemand à l'Europe et de la faire progresser
vers l'est, en ralliant les pays de la CEI au système (363). L'adhésion de la
Turquie sera indispensable, car ce pays servira à arrimer les nouvelles
républiques Caspiennes. Deux oléoducs venant de cette région seront
construits pour concurrencer les oléoducs russes qui ravitaillent l'Europe.
Brzezinski estime que le pays qui dominera la région Caspienne
remportera la victoire.(364) L'Ukraine ne devra pas être rattachée à la
Russie qui risquerait alors de renouer avec son statut de grande puissance
(365).
Brzezinski cache mal qu'il défend des intérêts pétroliers, les
ressources pétrolières des pays Caspiens sont énormes (366).
Enfin, un accord de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis
permettra d'isoler la Russie sur le plan économique(367). Le même traité
existe déjà entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, sous le nom
d'ALENA. Si le plan réussit, la Russie totalement isolée, n'aura plus
d'autre choix que d'adhérer elle aussi à l'Europe, et donc de se soumettre à
Washington. A l'égal de la guerre froide, le plan Brzezinski lui aussi
apparait comme un excellent moyen d'incliner l'opinion américaine en
faveur d'intérêts privés : par ces accords de libre-échange, Brzezinski
organise surtout la spoliation des états au profit de multinationales qui
n'auront plus à payer les taxes à l'importation.
Pour Brzezinski, l'Europe a vocation à devenir un protectorat
américain (368), et ne devra pas être suffisamment intégrée politiquement
pour pouvoir concurrencer les Etats-Unis(369). La chose sera d'autant plus
aisée que d'après lui, il n'existe pas de Peuple Européen, les divisions sont
trop flagrantes (370). L'Angleterre sera le trublion qui aggravera ces
divisions (371). Brzezinski considère la Grande Bretagne comme un pays
déjà soumis aux USA et sans avenir politique (372). Mais, pour contrôler les
pays politiquement plus dynamiques en tête desquels figure la France, il
propose de les maintenir sous dépendance économique et militaire. La
France sera le pays le plus surveillé d'Europe (373). Tout sera fait pour
cultiver la docilité des élites européennes pour les faire agir en faveur des
intérêts américains (374). Certaines de ces élites seront cooptées dans des
think tanks pro-américains (375). D'autres seront récompensées de leurs
services par des emplois largement rémunérés (376). Brzezinski admet que
le modèle américain est basé sur une culture de masse qui fait l'apologie
de l'égoïsme et du plaisir superficiel. Mais il la juge d'autant plus apte à
séduire la jeunesse européenne, et compte sur la propagande
hollywoodienne pour subjuguer les populations. Le réseau internet et les
ONG seront aussi utilisés pour influencer les esprits en faveur des intérêts
américains, c’est le soft power (377). Pour lui, les Etats-Unis, grands
pourvoyeurs de bonheur pour l'humanité, doivent instaurer un nouvel
ordre mondial sous tutelle américaine (378). La domination américaine
devra être absolue et sans partage, dans un système unipolaire, seul
capable d'apporter la paix à l’humanité (379). La construction européenne
doit venir de l'extérieur et être imposée contre la volonté des peuples. Par
contre, Brzezinski juge indispensable d'obtenir l'adhésion du peuple
américain. D'après lui, le soutien inconditionnel de la population
américaine à une telle politique, ne pourra être obtenu que si les Etats-
Unis subissent " une menace extérieure directe et de grande envergure "
(380)
.

Le 11 septembre 2001, les vœux de Brzezinski sont exaucés : les
attentats du World trade Center permettent à George Bush junior de
proclamer " la guerre du bien contre le mal " et de faire accepter à son
pays la théorie du « choc des civilisations».(381) Bush en profite pour
lancer au monde entier un véritable ultimatum " Soit vous êtes avec nous,
soit vous êtes avec les terroristes ".
Le Patriot Act est voté, qui donne tout pouvoir aux agences
gouvernementales américaines en matière d'espionnage et de surveillance,
leur budget est doublé.
Ces attentats réduisent à néant l'adresse déposée à l'ONU par le
parlement européen, contre le réseau américain "Echelon " qui espionnait
toutes nos communications téléphoniques (382). La guerre économique va
pouvoir continuer de plus belle en faveur des Américains.
Le gouvernement de Washington veut profiter du traumatisme
pour accentuer la peur au sein des populations. Les méthodes de l'armée
secrète de l'OTAN sont reprises par le FBI qui infiltre les milieux
musulmans américains : certains d’entre eux seront armés, voire payés par
le FBI pour accomplir des attentats, puis leur arrestation sera médiatisée.
De fausses vidéos d’Al Qaïda seront diffusées par le gouvernement
américain, et des cassettes de Ben Laden seront régulièrement diffusées
dans les médias (383). Afin de décrédibiliser toute contestation, les thèses
conspirationnistes les plus extravagantes seront exposées sur internet sur
fond d'anti-sémitisme.
En 2002, Bush proclame sa fameuse " Stratégie Nationale de
Sécurité " qui fera autorité aux Etats-Unis : Désormais, le droit
d'ingérence s'appliquera d'office avec obligation de pratiquer la guerre
préventive contre certains pays appelés " états voyous ". La doctrine
américaine veut que le terrorisme soit le fruit de la pauvreté et du manque
d'éducation. Le libéralisme étant supposé apporter la richesse et la liberté,
l'Amérique aura donc le devoir de tout faire pour s'ouvrir les marchés des
pays protectionnistes, si besoin par la force. Les USA auront le devoir "
d'aider " les autres pays contre leur propre volonté.
Les responsables des attentats du 11 septembre sont identifiés
comme étant d'anciens djihadistes formés par Brzezinski en Afghanistan
contre les Russes et regroupés sous le nom d'Al Qaïda, ce qui justifiera
l'occupation la zone Caspienne tant convoitée par Brzezinski.
L'Afghanistan, seul pays de la région caspienne à n'avoir pas signé
l'accord de Shanghai, sera envahi pour sécuriser le futur oléoduc sud. Des
bases militaires américaines seront installées dans tous les pays de la
région(384).
Désormais, l'armée américaine surveillera chaque puits de
pétrole. Plus de 900 bases militaires étasuniennes seront installées dans
130 pays différents. De Gaulle ayant exigé l'évacuation de nos dernières
bases, la France sera le seul pays d'Europe à ne pas bénéficier de ce "
protectorat " (385).


L'échec de la stratégie américaine

En 2003, Bush veut en finir avec Saddam Hussein qui fait chuter
le cours du dollar en vendant son pétrole en euros(386). Saddam sera accusé
à tort de soutenir Al Qaïda et de détenir des " armes de destruction
massive ". Grâce au satellite Helios, Jacques Chirac sait que ces
accusations sont fausses. Fidèle aux traditions gaullistes, il menace
d'opposer son veto à l'ONU, et entraine l'Allemagne avec lui. C'est un
premier revers pour les Etats-Unis. 70 à 90% des européens sont opposés
à cette guerre y compris les Anglais, mais George Bush et Tony Blair
passent en force, et envahissent l'Irak sans l'accord de l'ONU, entrainant
10 autres pays avec eux. La Turquie suit l'exemple français et refuse le
passage de l'armée américaine sur son territoire. En refusant de vendre
son pétrole en dollars, Saddam risquait d'entrainer la fin du billet vert.
Cette guerre s'inscrit dans le cadre de la guerre économique contre
l'Europe, ce qui explique en partie le refus de l'Allemagne et de la France
d'y participer. Malheureusement, certains dirigeants européens n’ont pas
voulu l'entendre : pour " punir " la France, nous verrons José Manuel
Barroso désengager son pays du projet Airbus A 400 M (387). Bush, de son
côté, rançonnera notre pays de 4 milliards d'euros en annulant la dette
iraqienne envers la France (388).
Pour empêcher la France de jouer à nouveau les trouble-fêtes, une
" Stratégie Européenne de Sécurité " est imposée à l'Europe : calquée sur
la " Stratégie Nationale de Sécurité " américaine, elle préconise
l'utilisation de la guerre préventive, avant même que les conflits ne soient
déclarés. Désormais, l'Europe aura devoir d'ingérence sur tout le pourtour
méditerranéen et dans tous les pays de l'Est, l'Ukraine est spécialement
visée (389).

La guerre d'Irak fera entre 500 000 et un million de morts. En
mélangeant les plus dangereux terroristes avec les autres détenus, les
Américains feront de leurs prisons de véritables " universités de
djihadisme ". Des scènes de torture et de profanation du Coran seront
médiatisées, et sur internet, tout sera fait pour monter les religions les
unes contre les autres. De fausses vidéos terroristes seront diffusées sur
internet, et des jeux vidéo ultra-violents seront vendus dans le monde
entier. Tout ceci aboutira à l'extension du terrorisme international. En
quelques années, les Etats-Unis vont accoucher d'un nouveau monstre, "
l'Etat Islamique" (390).

Le prochain pays sur la liste est l'Iran, accusé à son tour d'être en
possession d'armes nucléaires. En réalité, c'est surtout le projet iranien de
vendre lui aussi son pétrole en euros qui est en cause (391). L'armée
américaine étant empêtrée en Iraq, il n'y aura pas de guerre, mais les USA
entraineront l'Europe dans un boycott total sur l'Iran, qu'eux-mêmes feront
tout pour contourner : leurs exportations vers l'Iran augmenteront de 50%
pendant que les nôtres baisseront de 75% (392). De façon évidente, tous ces
conflits sont instrumentalisés au profit de la guerre économique livrée à
l'Europe et particulièrement à la France.

En 2004, le traité d'alliance germano-américain dont parlait
Brzezinski est signé. Désormais, l'agence d'espionnage américaine (NSA)
travaillera main dans la main avec les services de renseignements
allemands (BND). Ces derniers espionneront EADS ainsi que les
fonctionnaires européens et particulièrement les Français pour le compte
des Etats-Unis. Les services secrets américains s'installeront à Berlin et
l'Allemagne deviendra la plus grande base de renseignement américaine
en Europe, servant même de relai pour les assassinats par drones(393).

La même année, c’est l’Allemagne qui est chargée d’accomplir le
plan d'élargissement européen de Brzezinski. C’est à son initiative que,
sans qu'aucun peuple Européen ne soit consulté, 10 nouveaux pays
rejoignent l'union européenne jusqu'à encercler complètement la Russie
(394)
. A Varsovie, l'adhésion de la Pologne fait dire à Condoleeza Rice "
Nous avons fermement soutenu le projet européen, son achèvement, ainsi
que l'Union Européenne. De notre point de vue, la poursuite du succès de
la construction européenne est importante".(395)

Pendant ce temps, les fondations Soros se substituent à la CIA et
organisent avec l'Allemagne des révolutions colorées dans les républiques
post-communistes comme la Tchéquie, le Kirgizisthan, la Roumanie, la
Moldavie, la Georgie, la Bielo-Russie et l'Ukraine. Le but est de les rallier
elles aussi à l'OTAN, le plan Brzezinski continue de s'appliquer (396).

En 2005, nouvel échec : le traité de Lisbonne est rejeté par 55%
des Français. Idem pour l'Irlande, la Suède et les Pays-Bas. Les autres
pays ne seront pas consultés.

En 2008, la banque Goldman Sachs empoche une fortune en
provoquant la crise des subprimes, avec la complicité d'autres
spéculateurs et des agences de notation (397). Henry Paulson, ancien
président de Goldman Sachs et secrétaire au trésor des Etats-Unis,
aggrave volontairement la crise en laissant couler la banque Lehman
Brother's, grande rivale de Goldman Sachs. Les autres banques seront
renflouées.(398) Trente mille milliards de dollars d'actifs disparaissent au
profit des spéculateurs, et 9 millions de familles américaines sont
expulsées de leurs foyers.
Pour résorber la crise, la réserve Fédérale rachète les dettes
pourries des banques et utilise sa planche à billets pour injecter des
sommes énormes dans l'économie américaine. La crise gagne l'Europe.
L'Allemagne l'Angleterre et même les Etats-Unis se lancent dans
un programme de nationalisation des banques. En France, au lieu de les
imiter, Nicolas Sarkozy s'interdit de nationaliser et présente la note aux
contribuables. Cette crise creusera considérablement les inégalités
sociales et permettra d'imposer une nouvelle politique d'austérité, toute au
profit du patronat. Le mythe du libéralisme américain a fait long feu. Une
économie vraiment libérale aurait abandonné ses banques à leur sort.
Cette crise confirme que les Etats-Unis n'appliquent pas la doctrine
libérale imposée aux autres.

Conformément au plan Brzezinski, un traité transatlantique de
libre-échange est décidé, entre l'Europe et les Etats-Unis, mais tout se
négocie dans le plus grand secret (399).
Un autre traité dit Trans-Pacifique, lie les Etats-Unis au Vietnam,
à la Malaisie, au Japon, à la Nouvelle Zélande, à Singapour, à l'Australie,
au Brunei, et au Chili. La Chine en est exclue. Si les négociations
aboutissent, ces deux traités et celui d'ALENA totaliseront à eux seuls
70% du marché mondial, et isoleront la Chine et la Russie du reste du
monde. En cas de crise, les acheminements pétroliers de la Chine
pourront être bloqués.
Mais, la stratégie américaine est mise en échec par la Chine qui
achète ou loue une quinzaine de ports stratégiques qui vont de l'Asie à
l'Afrique, encerclant l'Inde, et passant par Hong Kong, le Cambodge, la
Birmanie, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Pakistan, l'Irak, la Somalie et le
Soudan. C'est le fameux " collier de perles chinois » . Les acheminements
pétroliers de la Chine sont libérés.
Les Etats-Unis font alors machine arrière et proposent un monde
bi-polaire : en 2009, ils offrent une alliance à la Chine. En choisissant
l'appellation de " G2 ", ils montrent le peu de cas qu'ils font de l'Europe.
La Chine se méfie et refuse la proposition américaine, préférant un
système multipolaire. D'après le président chinois, " Les problèmes
mondiaux ne doivent pas être réglés par un ou deux pays parmi les plus
puissants, mais par tous les pays sans exception" (400).

Au même moment, Nicolas Sarkozy fait voter par l'assemblée le
traité de Lisbonne que les Français avaient rejeté(401). L'Europe s'impose
contre la volonté des peuples, comme annoncé par Brzezinski.
Dans l'annexe 12 du traité de Lisbonne, l'article 2 autorise à
infliger la mort en cas d'émeute.
L'article 7 autorise à espionner la vie privée et les
communications des personnes " pour préserver le bien-être économique
du pays « .
Dans l'article 48, on lit que ce traité ne peut être modifié qu'à
l'unanimité des 28 pays, c'est à dire pas du tout.
L'article 63 interdit de s'opposer aux délocalisations et aux
mouvements de capitaux.
Un autre article assure la promotion des euro-régions, avec pour
objectif de diluer nos frontières : ces euro-régions seront trans-frontalières
(à cheval sur deux pays), et bénéficieront d'une administration autonome.
Elles seront les partenaires privilégiés de la communauté européenne. Si
le projet arrive à terme, les états-nations disparaitront pour laisser place à
des régions, bien plus faciles à "globaliser ". Mais, cette politique va
échouer : un premier referendum de fusion de l'Alsace et des conseils
généraux des Haut-Rhin et Bas-Rhin sera rejeté. Celui concernant
l'indépendance de l'Ecosse le sera lui aussi, et celui de la Catalogne
sera déclaré nul par la justice espagnole.
Conformément au plan Brzezinski, l'article 42 du traité de
Lisbonne impose à tous les pays d'Europe d'adhérer à l'OTAN.
L'année suivante, Sarkozy s'exécute et nous fait rejoindre le
commandement intégré de l'OTAN; grâce à lui, les Etats-Unis marquent
un point.

En 2010, l'euro est à nouveau en passe de supplanter le dollar (la
côte est à 1,65 $). Mais, les banques américaines renouvellent la
manœuvre menée 12 ans plus tôt en Russie : après avoir favorisé l'entrée
de la Grèce dans la zone euro en l'aidant à falsifier ses comptes, la banque
Goldman Sachs organise une attaque baissière contre les valeurs
grecques, avec la complicité des agences de notation. Malgré la garantie
qu'offre la Communauté Européenne, les notes de la Grèce sont
brutalement abaissées, provoquant une terrible crise dans le pays. L'Italie
et le Portugal sont à leur tour attaqués (402).
L'Allemagne va gérer la crise par la manière forte. Une institution
financière dictatoriale est créée au sein de la Communauté Européenne, le
MES (Mécanisme Européen de Stabilité) : sous autorité allemande, elle
renverse les deux présidents grec et italien, coupables d'avoir voulu
soumettre les plans d'austérité du FMI au suffrage universel, et les
remplace par deux anciens cadres de Goldman Sachs (non élus). Le MES
se place au dessus des lois : il a le pouvoir, de renverser des
gouvernements, d'accaparer les ressources d'un pays au profit des
banques, et d'interdire toute consultation populaire. Il est exempt d'impôt
et de tout contrôle judiciaire ou administratif, en contradiction totale avec
les lois de tout pays civilisé (article 35).

Peu après, Mario Draghi, autre ex-cadre de Goldman Sachs, est
nommé président de la Banque Européenne, et annonce que celle-ci va
racheter les dettes pourries de la Grèce. La crise grecque va se transmettre
à l'Allemagne qui n'est plus d'accord et cherche un moyen de quitter la
zone euro.
Les Allemands demandent le rapatriement de leurs réserves d'or
stockées aux Etats-Unis. Les Américains refusent. L'Allemagne mesure
un peu tard son degré de vassalité (403). Se sachant définitivement entravé
par le boulet européen, le gouvernement allemand fera tout pour forcer la
Grèce à rembourser ses dettes, envisageant même son expulsion de la
zone euro. En désespoir de cause, il ira jusqu'à provoquer l'éclatement de
l'Europe en déclenchant la crise des migrants.

En 2011, Pour la première fois depuis De Gaulle, un français
s'attaque à l'hégémonie du dollar : après avoir dénoncé les agissements
des agences de notation, Dominique Strauss Kahn, président du FMI,
publie un rapport pour un remplacement du dollar comme monnaie de
réserve mondiale (404). Trois mois plus tard, il est incarcéré à New York et
forcé à démissionner suite à une accusation de viol; il sera relaxé faute de
preuves. Au même moment, pour inquiéter les marchés, l'agence de
notation Standard and Poor's lance une campagne de désinformation
annonçant la dégradation de la France supposée perdre son triple A. Les
autorités françaises font aussitôt ouvrir une enquête : l'agence devra
démentir peu après; la France ne subira pas le sort de la Grèce, mais
l'avertissement est clair.

Depuis deux ans, le colonel Kadhafi envisage de nationaliser les
pétroles libyens (405). La chaîne Al Jazeera, financée par le Qatar, profite
du printemps Arabe pour déclencher des émeutes dans le pays. Les
islamistes se joignent aux rebelles, la France les arme. Les forces de
l'OTAN bombardent la Libye et renversent le régime (406). La mort de
Kadhafi sera mise en scène et retransmise dans le monde entier, comme
l'avait été celle de Saddam Hussein.

Vladimir Poutine passe à son tour à l'offensive et contrarie le plan
américain en créant l'Union Eurasiatique, équivalent de l'union
Européenne, qui rassemble la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le
Kazakhstan, le Kirghizistan, et le Tadjikistan. La zone Caspienne reste
donc en partie rattachée à la Russie, le plan Brzezinski est menacé.
Pour contrer le traité transatlantique, Poutine propose une alliance
économique avec l'Europe, qui irait " de Lisbonne à Vladivostok." Mais
les européens répètent l'erreur commise lors du pacte germano-soviétique
et ignorent la proposition russe. Les mêmes causes ayant les mêmes
effets, notre alliée potentielle la Russie, s'allie avec notre adversaire
économique, la Chine.
En 2012, une gigantesque alliance se forme entre la Russie, la
Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, elle prend le nom de BRICS.
Désormais, le dollar ne sera plus utilisé par ces pays dans leurs échanges
bilatéraux. Une banque de développement sera créée pour concurrencer la
banque mondiale, ainsi qu'une agence de notation. L'Afrique décide de
créer un fond monétaire africain.

Mais, le plan d'isolement de la Russie continue : un projet de
gazoduc qataro-turc vers l'Europe doit concurrencer les exportations de
gaz russe vers notre continent. Le futur gazoduc doit obligatoirement
passer en Syrie, mais son président s'y oppose, privilégiant un autre
gazoduc venant d'Iran, sans passer par le dollar.
Les Etats-Unis vont tirer parti de la menace djihadiste pour faire
pression sur les gouvernements de Damas et de Bagdad :
A Damas, le réseau Facebook est utilisé pour déclencher une
révolution colorée contre le gouvernement Syrien. Les USA entrainent et
arment les djihadistes d'Al Qaïda. La France, intéressée par le gaz qatari,
les arme elle aussi. Les combattants de l'Etat Islamique affluent d’Iraq, se
joignent à la rébellion et récupèrent les armes américaines (407). Poutine ne
veut pas se laisser isoler et appuie militairement la Syrie avec l'aide de
l'Iran. Malgré les menaces de l'Occident, Bachar el Assad ne veut pas
céder. Un conflit mondial se prépare. Pour forcer les occidentaux à
engager les hostilités, la Turquie accuse à tort l'armée syrienne d'avoir
utilisé l'arme chimique, mais l'Angleterre découvre la supercherie et
refuse l'intervention militaire(408) . Poutine transforme l'essai et offre une
sortie honorable aux USA qui sont obligés d'accepter sa proposition de
destruction des armes chimiques syriennes. Bachar el Assad est sauvé…
A Bagdad, la stratégie américaine fonctionne mieux contre le
président irakien Maliki. Celui-ci vient de négocier des contrats pétroliers
avec la Chine sans passer par le dollar. Les rebelles de l'Etat Islamique
prennent Mossoul et menacent Bagdad. Les Etats-Unis obtiennent le
départ du président irakien en échange de leur soutien militaire contre
Daesh.

En 2013, l'encerclement par l'ouest se fissure : contre toute
attente, le gouvernement ukrainien annonce son refus d'adhérer à l'Union
européenne. La CIA et les ONG américaines réagissent aussitôt en
déclenchant une guerre civile dans le pays (409). Comme au début de la
guerre froide, des néo-nazis sont utilisés contre les pro-russes. Le
mouvement " Svoboda " renverse par la force le gouvernement ukrainien.
Des centaines de mercenaires américains sont envoyés pour soutenir le
coup d'état et écraser les pro-russes (410). Poutine n'accepte pas cette
ingérence. Cette guerre risque d'interrompre ses gazoducs vers l'Europe,
et si l'Ukraine rentre dans l'OTAN, les missiles américains seront à ses
portes. Le 16 mars 2014, il annexe la Crimée. Le bouclier anti-missile
russe est alors testé : 4 missiles ukrainiens sont lancés contre les pro-
russes, mais aussitôt abattus par la défense russe (411).
Les Etats-Unis vont instrumentaliser à nouveau la crise aux
dépens de notre industrie. Des sanctions économiques sont appliquées
contre Moscou, mais ne gênent que la France : l'embargo sur les armes,
loin d'embarrasser la Russie, empêche la France d'honorer son contrat de
livraison de navires de guerre, ruinant la crédibilité des armuriers français.
Quant au boycott sur les équipements de gaz et de pétrole, il vise surtout
l'entreprise Total qui a investi des sommes énormes en Russie et reste en
concurrence avec les compagnies américaines. L’interdiction des
transactions financières vise surtout les banques françaises qui sont les
premières à avoir investi en Russie. Afin de bien montrer ce qu'il en coûte
de ne pas respecter les sanctions américaines, les Etats-Unis infligent à la
BNP une amende record de 9 milliards de dollars pour avoir fait des
transactions en dollars avec l’Iran, en dépit du boycott américain. La
coupe est pleine pour la France qui reprend la politique anti-dollars de De
Gaulle : le PDG de Total, soutenu par son ministre, annonce qu'il refusera
désormais toute transaction pétrolière en dollars. Il mourra 4 mois après
dans un accident d'avion (412). François Hollande fait aussitôt volte-face et
sans prévenir les Américains, organise une visite surprise à Poutine à
l'aéroport de Moscou : les relations franco-russes se réchauffent. Notre
pays ne peut échapper aux sanctions économiques imposées par
Bruxelles, mais Hollande va peu à peu prendre ses distances avec les
Américains.
Après l'échec du double encerclement, les USA déclenchent une
crise économique en Russie pour renverser Poutine. Bruxelles met la
pression sur la Bulgarie pour anéantir le projet de gazoduc russe
contournant l’Ukraine, pendant que l'Arabie Saoudite provoque une
baisse artificielle du cours du pétrole. Au même moment, une attaque
baissière est déclenchée contre le rouble qui chute de moitié en quelques
jours. Mais, la Chine soutient le rouble, et les Russes ne vendent pas leur
monnaie qui remonte rapidement, le dollar est à son tour attaqué, nouvel
échec américain (413).
Les Russes sortent renforcés de cet affrontement. L'alliance avec
la Chine a fait ses preuves.
Au même moment, Poutine réalise un accord économique avec la
Turquie qui à son tour s'aligne sur la politique des BRICS en boycottant le
dollar. Le nouveau gazoduc russe évitera l'Ukraine et passera par la
Turquie via la mer Noire. Peu après, l'Iran annonce lui aussi l'abandon du
dollar, et la Corée du sud fait de même pour ses échanges avec la Chine
(414)
.
La situation s'aggrave pour les Américains en Ukraine où leurs
alliés ukrainiens sont battus par les rebelles pro-russes. Hollande en
profite pour forcer l'Allemagne et l'Ukraine à faire la paix avec Poutine,
sous le regard impuissant de l'Union Européenne qui une fois de plus
vient de prouver son inexistence politique. La France de son côté, vient de
montrer que même très affaiblie, elle reste encore capable de désamorcer
un grand conflit mondial.

En 2015, la menace djihadiste, est à nouveau exploitée, mais cette
fois-ci avec l'Iran : Obama obtient un accord gazo-pétrolier avec Téhéran
en échange de son soutien pour renverser l'Etat Islamique. Notre président
suit cette politique qui nous rapproche des Russes. A défaut du gaz qatari,
la France exploitera le gazoduc iranien. Les premières frappes aériennes
françaises sont rapidement suivies par celles de Poutine, qui, trop content,
se joint à la coalition. Poutine a bien manœuvré en facilitant les
négociations américano-iraniennes (415). Comme à Minsk, des négociations
de paix sont organisées à Vienne entre tous les belligérants. Poutine
obtient que l'intégrité du territoire syrien soit conservée, en échange
d'élections démocratiques. On croit sortir de la crise, mais de nouveaux
attentats sont organisés à Paris, faisant 138 morts et 413 blessés. Nos
services d’analyse de renseignements, sous égide américaine, ont été
totalement inefficaces. Hollande, très mécontent, annonce publiquement
son alliance avec la Russie sans consulter Obama. Plus tard, il devra faire
machine arrière, probablement sous la pression de ce dernier. La faiblesse
de nos dirigeants laisse la France momentanément soumise aux USA(416).

Mais, l’élection de Donald Trump en 2017 va changer la donne.
Trump qui ne cache pas son souhait de redresser l’économie américaine
quelles qu’en soient les conséquences, prônera un rapprochement avec la
Russie et n’hésitera pas à violer les traités internationaux signés par son
pays : accords de Paris sur le climat, accords nucléaires avec l’Iran, et
traité sur les forces nucléaires intermédiaires signé en 1987 avec
Gorbatchev. L’avenir nous dira si la France saura en profiter pour
s’émanciper de la politique de « containment » prônée par Brzezinski…


Considérations géostratégiques

Depuis la bataille de Bouvines en passant par Malplaquet et
jusqu'à Waterloo, l'alliance germano-anglo-saxonne n'a jamais cessé de
menacer la France. Pour contrer cette stratégie d'encerclement, François
1er avait choisi l'alliance ottomane, Napoléon, Saadi Carnot et De Gaulle
s'allièrent avec la Russie. Chacun cherchait à sa façon un moyen
d'encercler l'encercleur. Nous n'eûmes hélas pas la même sagesse lors du
dernier conflit mondial engagé sans l'allié russe, et qui nous conduisit à
notre pire catastrophe. Louis XV connut les mêmes déboires lors de la
Guerre de Sept ans : la mort de la tsarine Elisabeth le laissa seul
abandonné des Russes, et nous coûta la perte de l'Inde et du Canada.
Plusieurs fois dans notre Histoire, nos dirigeants, renonçant à
affronter le bloc germano-anglo-saxon, cherchèrent à s'entendre avec lui.
Ils n’eurent jamais à s’en féliciter : de 1806 à Maastricht, en passant par
Munich, cette triple entente ne nous conduisit qu'à des désastres (417). Ces
trois nations sont en effet plus enclines à s'entendre entre elles à nos
dépens qu'à lier des relations sincères avec les latins que nous sommes.
Leur position géographique suffit d'ailleurs à nous les opposer. Pour
citer encore Brzezinski, c'est la géographie qui conditionne la politique
extérieure d'un pays. Après avoir longtemps reproduit les erreurs du
passé, nos dirigeants vont-ils enfin accepter ce concept ? On ne peut
qu’en douter.


Comparaisons avec l’Europe de Napoléon

Dans son ouvrage, Brzezinski fait plusieurs fois référence à la
stratégie Napoléonienne, et on ne peut douter qu'il s'en soit inspiré.
Certaines analogies sont troublantes en effet : dans l'Europe de Brzezinski
comme dans celle de Napoléon, on cherche à isoler un adversaire, ici
l'anglais et là, le russe. Le mode opératoire est presque le même : dans les
deux cas de nombreux pays sont envahis, mais très peu sont réellement
annexés. Les dirigeants des pays dominés sont soigneusement choisis ou
cooptés. En cas de résistance, ici le pape ou le roi d'Espagne seront
kidnappés, là des chefs d'Etat seront carrément exécutés (418). Pourtant, si
la méthode est semblable, l'idéologie véhiculée n'est pas la même : ici le
code civil et l'égalité des droits étaient exportés, là l'inégalité sociale et
l'individualisme le sont, mais de façon édulcorée, soft power oblige.(419)
Ici une économie dirigée avec une monnaie stable et convertible en or, là
une économie dérèglementée, avec une monnaie virtuelle et non
convertible. Autre différence, l'Europe protectionniste de Napoléon nous
apporta la prospérité, alors que le libre-échangisme européen ne cesse de
nous appauvrir (420). Pour finir, le système Napoléonien essentiellement
défensif, n'était qu'une riposte aux multiples coalitions montées contre lui.
Le système Brzezinski lui, est purement offensif. Napoléon a toujours
accepté un système bipolaire, essayant de partager son hégémonie soit
avec l'Angleterre, soit avec la Russie. Brzezinski, de son côté revendique
un monde unipolaire, avec un seul pays dominant, le sien.


L’Europe et le capitalisme

Le début du capitalisme en Europe est étroitement lié aux
croisades. En 1204, la république de Venise, plaque tournante de
l’esclavage blanc et du marché des épices, réussit à détourner les croisés
et à les entrainer à piller Constantinople (97). Enrichis du butin, les
Vénitiens créèrent la première place boursière de l'Histoire.
Tout au long du trajet vers l'Orient, les Templiers agissaient
comme banquiers pour les pèlerins et les croisés. Leurs lettres de change
permettaient à ces derniers de gager leurs biens et de partir en Orient sans
avoir à emmener leur or. Ces Templiers avaient acquis un pouvoir
considérable en France et avaient obtenu la gestion du trésor royal.
Philippe le Bel, en les éliminant, fit de notre pays le premier à s'opposer
au capitalisme. Pendant ce temps, Venise prospérait et choisissait comme
partenaire la ville de Bruges, comptoir Hanséatique, qui elle aussi créa sa
propre bourse. La Hanse, véritable ligue de commerçants, était liée aux
chevaliers teutons, équivalents des templiers en Allemagne. Cette ligue
s'était établie de façon tout à fait autonome sur les bandes côtières
d'Europe du nord. Les principales villes Hanséatiques étaient Dantzig,
Lubeck, Hambourg, Stockholm, et Cologne. La Hanse teutonique
jouissait de privilèges au sein de ces villes portuaires, qu'elle n'hésitait pas
à assiéger pour obtenir le maintien de ses droits. La Hanse réussit ainsi à
imposer ses propres lois à une centaine de ports européens. Après la
guerre de Trente Ans en 1638, le traité de Westphalie mit fin à tous ces
privilèges, et consacra l'avènement des grands états-nations, dont le plus
puissant s'avéra être la France. La Hanse disparut progressivement.
L'ennemi du capitalisme, à présent très clairement identifié, était l'état-
nation. Mais la guerre ne faisait que commencer entre pouvoir politique et
pouvoir économique.
Pendant la Guerre de Trente ans, l'invasion de la Flandre par les
catholiques espagnols avait chassé les riches protestants belges vers les
Pays Bas, et fait d'Amsterdam la première ville capitaliste d'Europe.
En 1688, ces protestants hollandais envahirent l'Angleterre avec
des mercenaires, détrônèrent le roi catholique, et offrirent une nouvelle
constitution au pays, qui donnait l'essentiel du pouvoir à l'assemblée,
c’est-à-dire à eux-mêmes. La culture capitaliste s'installa dans le pays.
Grâce au protectionnisme anglais et au commerce colonial, les négociants
de Londres étendirent leur empire sur les cinq continents. L'Eglise
catholique ayant jadis condamné la pratique de l'usure, et Jean Calvin
ayant encouragé les protestants à s'enrichir, il n'est pas étonnant que ces
capitalistes aient opté pour la religion protestante. En 1701, le parlement
britannique déclara que désormais, aucun roi catholique ne pourrait régner
sur l'Angleterre et l'Irlande. Le roi Charles 1er, suspect de catholicisme,
fut décapité. La banque d'Angleterre fut créée et Londres devint la
nouvelle capitale boursière du monde.
A l'époque révolutionnaire, presque tous les banquiers français
étaient des protestants. Ils participèrent à la Révolution pour importer
chez nous ce parlementarisme anglais qui augmentait leur pouvoir. Mais
ils se firent aussi les instruments de l'Angleterre en introduisant chez nous
le système des assignats et de la création monétaire illimitée qui ruina
notre économie. Bonaparte fit des concessions à ces banquiers et créa
avec eux la banque de France, mais, il n'hésita pas à jeter en prison ceux
qui le trahissaient. Grâce au franc-or, il créa un capitalisme à création
monétaire limitée qui s'imposa dans plus de 50 pays, pendant que
l'Angleterre ruinée, mettait fin à la convertibilité de sa livre. Bonaparte
plaça Venise sous l'autorité de la nation Italienne, et son blocus
continental sauva les Etats-Unis de la faillite en leur accordant
l'exclusivité de l'approvisionnement Européen. Plus tard, le
protectionnisme américain, permit au centre du capitalisme de se déplacer
peu à peu vers New-York (anciennement New Amsterdam).
En 1913, les banques de Wall Street créèrent la Réserve Fédérale
Américaine qui, après avoir installé son pouvoir aux Etats-Unis, rêvait de
l'étendre au continent européen.
Restait à éliminer les états-nations d'Europe, qui par leur
interventionnisme, limitaient encore beaucoup le pouvoir de l'argent. Une
première tentative échoua avec la Société des Nations. Les états étaient
encore trop forts, les peuples encore trop nationaux pour se soumettre.
Seule une destruction totale des grandes nations européennes pouvait
anéantir tout sentiment patriotique. Wall Street ayant renforcé les deux
puissances antagonistes que furent le communisme et le fascisme, le
hasard fit que leur affrontement sur le sol européen leur apportât ce
résultat : en 1945, l'Europe était détruite, écoeurée de la guerre et de toute
idéologie nationale. L'idée de la Communauté Européenne offerte par
Washington arrivait à point pour convaincre chacun que l'abolition des
états-nations nous apporterait enfin la paix. Mais, aujourd'hui que le
capitalisme règne en maître et que la création monétaire illimitée a ruiné
les deux continents, les états-nations ont disparu en Europe, et pourtant, la
guerre continue...


L'Europe, les guerres et le terrorisme

L'étude de cet ouvrage nous montre que lorsque leur avenir
économique est en jeu, la plupart des pays sont prêts à déclencher des
guerres ans compter les vies humaines. Depuis 200 ans, ces guerres ont en
effet toujours eu des causes économiques. Les motifs religieux et
humanitaires qu'on invoque ne sont que les instruments destinés à inciter
les populations à les faire. Quant au terrorisme, il est de façon quasi-
constante instrumentalisé sinon créé par les états, toujours dans un but de
guerre économique. Le jour où les terroristes du monde entier auront
enfin compris qu'ils font le jeu de leurs adversaires, peut-être alors en
aurons-nous définitivement fini avec le terrorisme...


Considérations économiques

La faiblesse organisée du régime Bruxellois incapable de protéger
son marché, a fait de l'Europe la victime désignée d'un libéralisme imposé
de l'extérieur. Car, si l'Europe est en récession, ni la Chine ni les Etats-
Unis, qui eux protègent leur marché, ne le sont. L’Europe offre son
marché aux concurrents américains et asiatiques, au plus grand profit des
multinationales Notre pays, qui dans les années 70 était auto-suffisant en
tout, est dans la dépendance économique la plus totale. Les
délocalisations ont provoqué la baisse des salaires et fait augmenter le
chômage de 3 points en moyenne (11% dans la zone euro). Quant au taux
de croissance, il est passé de 5% avant l’acte unique européen à moins de
2% aujourd’hui. Le mythe du libéralisme pourvoyeur de richesse a fait
long feu. A l'exception de l’Allemagne, de quelques pays nordiques et de
ceux qui n’ont pas adhéré à l’euro, le continent européen est totalement
dés-industrialisé. L'Europe, qui avait vocation à fédérer les peuples, ne
cesse au contraire de les opposer : au nord, les pays qui prospèrent, et au
sud, ceux qui souffrent, la France se situant entre les deux. Les états
européens ont perdu leur souveraineté monétaire et sont soumis aux
attaques des spéculateurs. Sous la pression des créanciers, notre système
social est lui aussi attaqué. Quant aux crises importées des Etats-Unis,
elles ont considérablement aggravé nos inégalités sociales.
Le bilan n'est guère meilleur chez nos amis Américains. Depuis
l'ère Reagan, les plus riches, qui jusque là payaient 90% d'impôt, ne
participent plus à l'effort fiscal. Bien plus qu'en Europe, la crise de 2008 a
fait exploser les inégalités sociales, faisant disparaitre la classe moyenne
qui faisait toute la richesse du pays. La croissance américaine actuelle ne
touche que les grandes fortunes, tout le reste du pays reste en récession,
avec 50 millions d'américains vivant grâce aux coupons alimentaires. Le
marché des produits dérivés (spéculations à effet de levier) a atteint plus
de douze fois le PIB mondial, menaçant le secteur bancaire d'une crise
sans précédent (421). Mais, les Américains espèrent maintenir leur niveau
de vie en comptant sur l'endettement perpétuel sans jamais devoir
rembourser. Leur taux d'endettement dépasse largement celui de la zone
euro, et contrairement à l’Europe, c’est la planche à billets qui éponge la
dette, au détriment des autres pays. Le dollar, artificiellement surévalué,
ne tient que par la force des armes, grâce à l'accaparement des
hydrocarbures. La Chine, qui détient un quart de la dette américaine,
pourrait en cas de vente massive, entrainer le pays dans le marasme. Mais
la chute de ses exportations vers les Etats-Unis la mettrait elle-même en
difficulté, les deux pays se tiennent donc dans l'état d'équilibre de la
terreur financière.


Le mythe du libéralisme harmonieux

Les idéologues du libéralisme ont toujours voulu réduire
l'intervention de l'état au minimum, évoquant constamment l'existence de
phénomènes d'auto-régulation propres au modèle libéral.
Malheureusement, la crise de 2008 a démontré tout le contraire. Force est
de constater que le libéralisme n'a pas tenu ses promesses. En réalité, en
faisant le choix du mondialisme, nos élites ont volontairement sacrifié le
système social à l’européenne. Alors, sur quoi se fonde cette idée de
libéralisme heureux ? Contrairement aux idées reçues, l'Histoire montre
que ce fut à l'abri d'un protectionnisme soigneusement dissimulé, que
l'industrie anglaise atteignit le premier rang mondial il y a 200 ans. Des
agents d'influence, tels Turgot, eurent beau jeu de nous imposer un libre
échange ruineux pour notre économie (note 478). La leçon fut retenue par
la France, et plus tard, ce fut la période protectionniste du Blocus
Continental qui apporta la prospérité à l'Europe. Repris par les
Américains, ce protectionnisme à la française leur permettra d'atteindre à
leur tour le premier rang mondial (422). La période de grande prospérité qui
toucha l'Allemagne à la fin du XIXe siècle, se fit elle aussi à l'abri du
protectionnisme. Plus récemment, l'économie régulée chère à De Gaulle,
nous apporta 30 années de richesses. Maurice Allais, notre seul prix
Nobel en économie avait déjà fait cette analyse, mais il resta écarté des
médias jusqu'à sa mort.

Mais que dire du « libéralisme » américain d’aujourd'hui ?
L'Amérique ne subventionne-t-elle pas son agriculture, ses compagnies
aériennes, ses industries aéronautique et automobile, n'hésitant pas à les
nationaliser à la moindre difficulté ? Peut-on qualifier de libéral un
gouvernement qui renfloue ses banques et va jusqu'à les nationaliser ?
Comment un pays dont certains droits de douane dépassent 100% voire à
300% sur certains produits et qui ferme ses marchés publics à la
concurrence étrangère peut-il se qualifier de libéral ? Que dire d’un pays
qui n’ouvre que 35% de ses marchés publics à la concurrence étrangère,
alors que Bruxelles ouvre les siens à 85% ? (423) Que dire de ses droits
anti-dumping 4 fois supérieurs aux nôtres ? Peut-on appeler libéral un
pays qui nous impose des sanctions économiques au gré de ses intérêts, et
en violation des accords commerciaux qu'il a lui-même établis (accords
du GATT) ? Doit-on enfin nommer libéral un pays qui impose ses lois et
sa monnaie aux autres, et envoie ses armées à tous les pays récalcitrants ?
L’extra-territorialité du droit américain est un cas unique dans l’Histoire.
Pourtant, ce libéralisme, d'autres pays se le voient appliqué, et bien
souvent de force, par les règles à 2 vitesses de l'OMC et par les
médications indigestes et autres privatisations imposées par le FMI. Où en
seraient les USA si le FMI avait usé de la même rigueur avec eux, et où
en serait l'économie américaine si les agences de notations avaient été
aussi rigoureuses avec elle qu’avec l'Italie et la Grèce ? Que dire de ce
lobbying qui agit en dehors de tout contrôle à Bruxelles quand il reste très
réglementé outre-Atlantique ?
Le libéralisme ne serait-il pas plutôt une arme de spoliation qu'on
impose aux autres, tout en évitant de se l'appliquer ? Du traité de
Versailles à l'Acte Unique Européen, en passant par le plan Marshall et la
crise des sub-primes, le discours libéral a-t-il jamais été rien d'autre qu'un
artifice pour mieux subjuguer l'adversaire ? (424)
De toute évidence, la vraie doctrine libérale est un concept
abstrait qui n'existe que dans l'imagination de certains idéologues. Ce qui
existe aujourd’hui et plus que jamais, c'est une guerre économique
impitoyable où tous les coups sont permis.


Considérations politiques

La faiblesse organisée des institutions Bruxelloises nous a ramenés
aux vices de la Troisième République. En l'absence d'un état fort pour
s’opposer à la puissance financière, nos droits fondamentaux ont
considérablement régressé. Les principes mêmes de 1789 ont été remis en
cause : l'égalité des droits a été abolie au profit d'une nouvelle aristocratie
bancaire (le MES), qui s'est placée au dessus des lois. L'égalité face à
l'impôt n'existe plus depuis que la dérèglementation des flux de capitaux a
fait décupler l'évasion fiscale (425). Enfin, la démocratie elle-même est
mise en cause depuis qu'un gouvernement non élu siège à Bruxelles.

Certains critiques osent la comparaison avec l'Union Soviétique, ce
qui est évidemment exagéré : il existe néanmoins quelques similitudes :
comme l'URSS, l'Europe s'est construite contre la volonté des peuples.
Comme elle, elle est dirigée par une poignée d'oligarques non-élus, qui
agissent en toute impunité et dont la promotion est assurée quel que soit le
résultat obtenu. Nos 50 000 eurocrates, tels des apparatchiks soviétiques,
sont grassement payés pour ne pas dire achetés par le système. Comme en
URSS, les députés européens ne font qu'avaliser des lois sans jamais les
contester. Comme en URSS, la population est espionnée, et si les
assassinats politiques sont moins fréquents, ils existent (par l'usage des
drones). Comme l'était la Pravda, la presse européenne est aux ordres (62).
Enfin, comme l'URSS, l'Europe engendre la précarité.

Ce climat périlleux ne met personne à l'abri : des chefs d'états
sont renversés ou assassinés, des grands patrons sont ruinés, jetés en
prison, voire même assassinés, et les enquêtes effectuées chaque année à
Davos montrent que leur moral reste en berne quelle que soit la situation.
La mondialisation ne fait donc ni le bonheur des peuples, ni même celui
des élites, ce qui devrait faire réfléchir (426).

Quant à la politique extérieure européenne, elle reste attelée aux
entreprises guerrières de l'OTAN qui nous obligent à rentrer en guerre
presque chaque année. Cette politique contraire aux traditions françaises,
a créé de l'insécurité dans le monde entier, y compris dans nos villes (427).
Pourtant, depuis 1986, la plupart des pays d'Europe avaient
abaissé leur drapeau, et la Russie les avait suivis peu après.
Malheureusement, l'Amérique, loin de les imiter, est allée planter le sien
aux portes de Moscou. L'utopie Gorbatchévienne a vécu. Les Etats-Unis
qui n'ont plus les moyens de financer leurs guerres, ont recours aux
armées européennes pour les faire. Mais ces agressions n’ont fait que
renforcer le patriotisme des pays agressés. L'Amérique du sud a recouvré
assez d'autonomie pour faire bloc aux côtés du Venezuela. Et en Europe,
le plan Brzezinski a n’eu pour effet que de jeter la Russie dans les bras de
la Chine.


Existe-t-il une nationalité Européenne?

Si l'on en croit Ernest Renan, appartenir à une même nation serait "
Avoir de grandes gloires communes dans le passé, avoir une volonté
commune dans le présent; avoir fait de grandes choses ensemble, et
vouloir en faire encore dans l'avenir. "

En fait, les seuls peuples européens à avoir eu des gloires communes
avec la France sont les Belges, de par leur guerre d'indépendance et les
deux conflits mondiaux livrés à nos côtés, et à un moindre degré les
Italiens et les Espagnols, de par leur culture latine et leur proximité, même
si des conflits nous les ont opposés. Des liens historiques nous lient aussi
avec les Roumains, les Polonais, les Irlandais, pour l'indépendance
desquels la France a œuvré, et même peut être aussi les Serbes (s'ils nous
pardonnent un jour d'avoir bombardé leur capitale en 1999). L'Histoire
récente nous a beaucoup rapprochés des Anglais. Malheureusement, en
refusant de payer leur cotisation et en s'excluant eux-mêmes de la zone
euro et du territoire de Schengen, ils n'ont jamais manifesté l'intention
sincère d’être européens, ce que leur vote en faveur du Brexit vient de
confirmer.
Quant aux Allemands, mise à part la période de Vichy, ils n'ont hélas
jamais combattu à nos côtés, et il faut remonter à Charlemagne pour leur
trouver un passé commun avec nous. Notons que leur constitution nie
l'existence d'un peuple européen et les autorise à remettre en cause les
traités européens « parce qu'il existe un peuple allemand et qu'il n'existe
pas de peuple européen » .

Quant à vouloir faire de grandes choses dans l'avenir avec nos
voisins européens, difficile d'y parvenir au sein du carcan bruxellois qui
s'acharne au contraire à dresser les peuples les uns contre les autres.
La politique monétaire imposée par l'Allemagne a désindustrialisé
les pays d'Europe du sud qui deviennent un véritable fardeau pour elle, à
son tour mécontente d'avoir à les renflouer.
Dans ce schisme qui sépare les pays nordiques, encore
industrialisés, et ceux du sud dont l'industrie a été sacrifiée, la France, se
situe entre les deux, et rejoindra probablement le sud d'ici quelques
années.

Et quand bien même une meilleure politique monétaire nous
serait accordée par l’Allemagne, la grande faiblesse de l’Europe réside
dans cet antagonisme franco-germanique, qui fait qu’un Français se
sentira toujours plus proche d’un américain que d’un Allemand, et que
l’Allemagne choisira toujours les Etats-Unis aux dépens de la France.
L’Europe actuelle est donc génétiquement soumise à Washington.
D’ailleurs, laissons parler ceux qui l'ont imaginée pour nous:

Brzezinski reconnait : " Le problème, cependant tient au fait
qu'une Europe vraiment européenne n'existe pas... L’hypothèse que
l'Europe surmonte la diversité de ses traditions nationales pour former
une entité politique homogène et pesant sur les relations internationales
doit être écartée. "

Milton Friedman, qui fut l'économiste le plus populaire aux Etats-
Unis, dit en 1997 " le marché commun européen est l'exemple-type d'une
situation défavorable à une union monétaire. Elle est composée de
nations séparées, dont les résidents parlent différentes langues, ont
différentes coutumes, et ont une bien plus grande loyauté et un plus grand
attachement à leur propre pays qu'à un marché commun ou à l'idée
d'Europe. Il va exacerber les tensions politiques en convertissant des
chocs divergents qui auraient pu être corrigés par les taux de change, en
des problèmes politiques qui vont diviser ces nations. " (428)

Au final, les ressortissants de nos anciennes colonies, qui parlent
notre langue, connaissent notre culture et ont toujours combattu à nos
côtés, ont plus de passé glorieux avec nous que la plupart des peuples
européens (voir chap. VI). On pourrait en dire autant des sud-Américains,
qui partagent notre religion ainsi que notre culture latine, et qui ont
l'avantage d'aimer la France, ce qui est loin d'être le cas de tous les
peuples européens.

Pourtant, pour lutter contre la tyrannie du dollar, plus que jamais,
une union monétaire s’impose.
Il semble qu’aujourd’hui, la France ait trois options:

- Soit continuer de subir l’Europe fédérale à l’allemande quitte à
sacrifier son système social.

- Soit effectuer un retour à l’Europe des nations chère à De
Gaulle, où chaque pays reste maitre de ses lois et de ses
frontières.

- Soit essayer de fédérer les états du sud autour d'une monnaie
commune (et non pas unique) plus acceptable, avec sa propre
agence de notation, quitte à ouvrir la porte à certains pays du sud
francophones ou pas. Il y aurait alors deux Europes, celle du
nord, plus proche des Etats-Unis, et celle du sud, plus
universaliste, comme le fut l'Union Monétaire Latine de nos
ancêtres. De là à recréer un nouvel étalon-or, on peut toujours
rêver… (429)

























































IX


Les juifs et la France




" Diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque
chose "

Francis Bacon




Jusqu'à l'époque des croisades, les juifs étaient plutôt bien
intégrés en France. On sait qu'ils assuraient la quasi-totalité du commerce
avec l'Orient, et qu'on leur confiait des missions importantes puisque c'est
par leur intermédiaire que Charlemagne correspondait avec l'émir de
Bagdad. Tous se gâta lors de la première croisade. Les juifs furent accusés
d'avoir incité les Turcs à détruire le Saint Sépulcre et subirent alors des
persécutions et des massacres dans tous les pays participant aux croisades
(430)
sauf peut être en France où ils furent relativement épargnés . Sous le
règne de Louis VII qui les protégeait, la pratique de l'usure, interdite chez
les chrétiens, leur était autorisée. Aussi, dès la deuxième croisade,
apparurent des accusations d'usure et même de crimes rituels. La plus
grave affaire eut lieu à Blois où 31 juifs furent injustement exécutés.
Philippe Auguste eut toute son enfance bercée par ces affaires
d'accusations de crimes rituels. A peine âgé de 15 ans, il profita d'une
nouvelle affaire pour saisir tous les biens des juifs. Malheureusement, des
objets sacrés furent retrouvés parmi les biens gagés. Rendu furieux, le roi
les fit expulser du royaume(431). Une fois adulte, Philippe revint à la raison
et accepta les rançons proposées par les juifs en échange de leur retour, et
les laissa rentrer malgré les invectives du pape Innocent III. L'un d'eux,
Dieudonné de Bray, portera même le titre de "juif du roi", et sera chargé
de la perception de la taxe sur le pain.
En 1239, Nicolas Donin, un ancien rabbin devenu franciscain,
écrivit une lettre au pape, accusant le Talmud d'autoriser les juifs à
tromper les chrétiens, à les voler, voire à les tuer(432). Ceci donna lieu au
fameux procès du Talmud. Le pape condamna ce livre qui fut interdit et
brûlé en place publique en 1240 (433).
Dès 1269 apparurent les premières lois antisémites venant de
Rome : le port de la rouelle (insigne que tous les juifs devaient coudre sur
leur vêtement) fut rendu obligatoire par le Pape. Saint Louis fit mettre
cette règle en application et décida de libérer ses sujets du tiers de leurs
dettes envers les juifs. Enfin, il interdit d'emprisonner ou de faire vendre
les biens des chrétiens endettés auprès des juifs.
Plus tard, Philippe le bel voulut restaurer le pouvoir royal et
s'attaqua aux puissances de l'argent qui rivalisaient avec celle de la
couronne. Les Templiers, qui formaient un véritable état dans l'état, furent
ses premières victimes. Suivirent les lombards puis les juifs qu'il expulsa
de France, non sans leur avoir confisqué tous leurs biens, sous le prétexte
qu'ils pratiquaient l'usure (434).
Cette mesure ne fut pas acceptée par les français, puisque c'est
sous la pression de " la clameur du peuple " que les juifs furent rappelés
en France par Louis X en 1315.
En 1394, Charles VI atteint de folie, ne gouvernait plus. Isabeau
de Bavière son épouse, après avoir dilapidé le trésor royal, se retrouva très
endettée auprès de nombreux prêteurs juifs. Afin de s'affranchir de ses
créances, elle fit signer à son mari un document décrétant l'expulsion de
tous les juifs hors de France (435). Mesure injuste, mais qui nous vient
d'une princesse qui n'était française ni de sang, ni de cœur puisqu'elle
déshérita son propre fils pour offrir la couronne de France au roi
d'Angleterre (436).
Les juifs français se réfugieront en Alsace, en Lorraine et en
Franche-Comté qui n’étaient pas encore des provinces françaises, ainsi
que dans le Dauphiné récemment rattaché à la couronne. Ils reviendront
progressivement au fil des siècles, en même temps que les juifs portugais
et espagnols, eux-mêmes expulsés de leurs pays à la fin du XVIe siècle.
Le roi Henri II les accueillera et leur accordera des lettres patentes sous le
nom de " Nouveaux Chrétiens ".
Plus tard, certains philosophes des lumières comme Montesquieu
et Rousseau adopteront une attitude positive et tolérante à l'égard des
juifs, tandis que Diderot aura un jugement plus critique. De son côté,
Voltaire n'aura que des propos méprisants et injurieux à leur égard.
En 1787, l'Edit de tolérance de Louis XVI leur accorda un état
civil et la liberté du culte à eux ainsi qu'aux protestants. Le roi leur fit
même construire avec ses propres deniers, une synagogue en plein Paris.
Enfin, en 1791, la France révolutionnaire fut le premier pays à
accorder leur citoyenneté aux juifs.
En 1799, lors de sa campagne d'Egypte, Bonaparte fut le premier
à vouloir donner une terre aux juifs qu'il invita à "rétablir l'ancienne
Jérusalem ".
En 1806, Napoléon reçut une plainte concernant les juifs
d'Alsace, accusés d'exproprier les agriculteurs après les avoir ruinés.
L'Empereur pensait que si mal il y avait, il ne venait pas des individus
mais de la constitution même du peuple juif, et décida d'y remédier. Pour
la première fois depuis 18 siècles, il fit réunir le Grand Sanhédrin à Paris,
dans le but d'assimiler tous les juifs et d'en faire de vrais citoyens français.
12 questions leur furent posées auxquelles ils répondirent favorablement.
Les juifs s'engagèrent à accepter les mariages mixtes et à pratiquer le
même taux d'usure à leurs coreligionnaires qu'aux autres. Dès lors, ils
eurent accès à tous les corps de métiers. On vit des juifs devenir
professeurs, médecins, avocats, polytechniciens, on peut dire que leur
intégration dans notre société remonte à cette époque. Le clergé fut
rappelé à l'ordre pour leur accorder un état civil, Napoléon espérait qu'au
bout de 10 ans, il n'y aurait plus de différence entre les juifs et les autres
citoyens. Des consistoires régionaux et nationaux furent organisés en
France et dans toute l'Europe. Chaque grande ville eut sa synagogue.
Napoléon émancipa les juifs dans tous les pays qu'il avait traversés avec
son armée. Partout en Europe, ils lui exprimèrent leur gratitude (437).
Malheureusement, à la chute de l'Empereur, la Sainte-Alliance, âme de la
coalition, retira aux juifs d'Europe les avantages qui leur avaient été
accordés. Mais, l'élan était donné : la France et la Hollande rétablirent les
droits des juifs en 1830, la Suède en 1834, la Suisse en 1838, et
l'Angleterre attendit 1858 pour les imiter.(438)
En 1831, le clergé israélite fut rétribué par l'état, et on vit
apparaitre des députés et même des ministres juifs comme Adolphe
Crémieux.
A partir des années 1880, une vague d'immigrants juifs fuyant les
pogroms d'Europe de l'Est vint se réfugier en France.
En 1882, la banque Rothschild fut accusée d'avoir spéculé à la
baisse et provoqué la faillite de l'Union Générale (439). Ainsi naquit le
mythe de l'assassinat financier de la banque catholique par la banque
juive, et avec lui le début d'un nouvel anti-sémitisme dont les nouveaux
juifs assimilés allaient faire les frais. Rothschild fut accusé de financer
nos anarchistes, alors qu'en réalité, c'était l'Angleterre qui les hébergeait
(440)
.
En 1894 éclata l'affaire Dreyfus : un capitaine français, prototype
du juif intégré, fut accusé à tort de trahison, et condamné au bagne. Des
intellectuels français se mobilisèrent contre le lobby militaire qui ne
voulait pas perdre la face. De grands noms apparurent chez les
Dreyfusards : Anatole France, Péguy, Jaurès, Gide, Clémenceau, et enfin
Zola qui écrira son célèbre " J'accuse ", la France entière se mobilisa, tant
et si bien que le condamné fut re-jugé, réhabilité et réintégré à l'armée en
1906.
Au début du XXe siècle, les services secrets du tsar de Russie
publièrent un faux document " Le Protocole des sages de Sion", destiné à
discréditer le communisme en l'assimilant à un complot juif. Cette
propagande donna lieu à des pogroms en Europe de l'est.
Durant l'avènement du fascisme et le grand courant antisémite qui
l'accompagna, on assista en France à une nouvelle vague migratoire qui
fuyait les persécutions. La population juive passa en France de 120 000 en
1914 à 330 000 en 1940.

Sous l'occupation allemande, le gouvernement Pétain fut assez
conciliant avec l'envahisseur : des lois anti-sémites entrèrent en vigueur
(441)
. Lorsque Hitler exigea que la France lui livre ses juifs, dans le but
prétendu de créer un état juif à l'est de l'Europe, les choses changèrent
sensiblement.
Les plaintes des responsables allemands à l'égard de la mauvaise
volonté et de l'opposition des autorités françaises s'accumulèrent. Le
gouvernement français ne consentant au début qu'à expulser les juifs
étrangers finit par céder, mais laissons parler les chiffres : dès la fin de
l'année 42, époque où le bruit courait déjà que la destination finale était en
fait un ghetto polonais, le flux des déportations diminua très nettement
pour passer en 1943 à un chiffre trois fois inférieur à celui de 1942(442).
Au total, sur les 330 000 juifs résidant sur notre territoire, 78 721 furent
déportés dont 76 161 ne reviendront jamais, soit 25% du total. Les
autorités allemandes protesteront contre ce résultat en deçà de leurs
espérances. C'était en effet moins que dans tous les autres pays occupés
par l'Allemagne. Pour exemple en Pologne le taux de juifs déportés fut de
97%, en Hollande de 80%, en Tchécoslovaquie de 78%, en Belgique de
63%, et en Hongrie de 60%. Seule l'Italie fit mieux que nous avec 18%, à
la différence près que nous restâmes occupés pendant plus de 4 ans, alors
que l'Italie ne le fut que quelques mois(443). La " mauvaise volonté " des
français dans la déportation des juifs fut manifeste. Si l'on considère le
nombre de "justes" (personnes ayant contribué au sauvetage d'un juif), les
chiffres corroborent ces résultats puisqu'on en a compté pour la France 3
550 pour 76 161 disparus, soit 10 fois plus que la moyenne européenne
(24 350 justes pour 6 millions de disparus(444).

Aujourd'hui, après une nouvelle vague migratoire, la France peut
s'enorgueillir de posséder la plus grande communauté juive d'Europe,
avec 580 000 personnes, et la troisième du monde après les Etats Unis et
le Canada.
Pourtant, on assiste depuis quelques années à une recrudescence
de l'antisémitisme visible surtout sur Internet. L'existence d'un complot
juif y est évoquée, mais l'insistance avec laquelle elle est mise en avant,
semble indiquer qu'il s'agit plutôt d'un moyen délibéré de détourner
l'attention des vraies causes des évènements, et de semer la division chez
les Français. Qui peut croire en effet, que l'état d'Israël ou les juifs en
général aient un quelconque intérêt dans la balkanisation de la
Yougoslavie, dans l'installation d'un pouvoir Islamiste en Libye ou
dans celle d'un gouvernement néo-nazi en Ukraine, même si des voix
juives furent utilisées pour essayer de le faire croire? Il n'existe d'ailleurs
aucun juif dans les autorités de l'OTAN, seules habilitées à déclencher ces
types d'intervention. Rappelons que le conflit israëlo-palestinien trouve
ses origines dans un massacre de palestiniens perpétré par les Anglais en
1939. Après cela, la propagande Hitlérienne n'eut aucun mal à gagner les
populations arabes proches des Frères Musulmans. Le grand Mufti de
Jérusalem rencontra Hitler en 1941. C'est dans ces évènement et eux seuls
qu'il faut voir la naissance de l'antisémitisme musulman.
Rappelons aussi que le premier théoricien du complot juif fut le
faussaire Matveï Golovinski, et que la plupart de ses imitateurs furent
anglo-saxons, de Houston S. Chamberlain à Louis Farrakhan, en passant
par Eustace Mullins, Henry Ford, Douglas Reed, David Duke etc. On sait
d'ailleurs que le Ku Klux Klan de David Duke est infiltré par le FBI,
comme l'est aussi le mouvement Nation Of Islam de Farrakhan (445). De
toute évidence le mythe du complot juif est volontairement entretenu pour
mieux masquer les activités des vrais responsables qui sont en fait de
toutes religions (Brzezinski est catholique). Même si depuis quelques
années, certains oligarques juifs, et non des moindres, ont pris une part
majeure à la guerre économique actuelle, leurs premières victimes furent
précisément d'autres juifs : ceux de la crise russe, dont certains, comme
Viktor Velkesberg, Gennady Timchenko et Oleg Deripaska, comptent
aujourd'hui parmi les meilleurs soutiens de Poutine. Quant à la banque
juive Lehman Brothers, elle aussi fut la victime de Goldman Sachs. Enfin,
la dénonciation de la politique étasunienne par Noam Chomsky, et les
attaques de Dominique Strauss Kahn ou de Christophe de Margerie contre
le dollar ont bien montré que les juifs sont souvent les premiers à nous
soutenir dans ces affrontements (446).
Pour conclure, souhaitons que juifs et musulmans français
comprennent enfin qu’ils doivent mettre fin à leurs querelles fratricides,
alors les jours du système qui nous opprime seront comptés.





Les grandes inventions françaises







Les découvertes majeures sont annotées d'une étoile * (447).

900 : Arc brisé, Arc boutant, architecture gothique
1130 : Bon de dépôt et lettre de change (ancêtre du chèque
bancaire) : Ordre des Templiers
1320 : Verre plat *
1442 : canon de campagne, Gaspard Bureau
1565 : ligature des vaisseaux sanguins, Ambroise Paré
1600 : bougie moulée, Le Brez
1611 : baïonnette
1612 : platine de fusil à silex, Marin Le Bourgeoys
1625 : transfusion sanguine
1631 : pied à coulisse, Vernier
1642 : règle à calculer, Pascal
Découverte de la pression atmosphérique, Pascal *
Lois sur la pression des liquides, Pascal *
Lois sur les probabilités, Pascal
Calcul infinitésimal, Pascal
1661 : niveau à bulles, Thèvenot
1670 : balance à plateaux, Roberval
1679 : cuisson à vapeur, Papin
1680 : miroirs vitrifiés, Perrot
1688 : vin mousseux, Dom Pérignon
1689 : pompe centrifuge, Papin
1696 : métronome, Loulié
1705 : parapluie pliant, Marius
1707 : moteur à vapeur, Papin *
1725 : métier à tisser semi-automatique, Bouchon *
1728 : métier à tisser à carte perforée, Falcon
1735 : appendicectomie, Amyand
1738 : automate, Vaucanson
1765 : ceinture de sauvetage, La Chapelle
1770 : automobile à vapeur, Cugnot *
1770 : transmission par chaïne, Vaucanson
1770 : dentier, du Chateau
1770 : eau de javel, Bertholet
1790 : calorimètre, Lavoisier, Laplace
1783 : montgolfière, Montgolfier
1783 : parachute, Lenormand
1783 : balance de torsion, Coulomb
1791 : soude caustique, Leblanc
1793 : ambulance, Larrey
1794 : obus creux, Choderlos de Laclos
1794 : télégraphe aérien, Chappe *
1795 : conserves alimentaires, Appert *
1795 : crayon
1797 : parachute, Garnerin
1798 : montre à gousset, Perron
1799 : système métrique (mètres, kilogrammes, litres etc.),
Lagrange
1801 : métier à tisser Jacquard
1805 : allumettes
1806 : morphine, Seguin, Derosne, Courtois
1807 : speculum de gynécologie, Récamier
1808 : curetage utérin, Récamier
1809 : hystérectomie, Récamier
1816 : photographie, Niepce *
1818 : eau oxygénée, Thénard
1819 : mesure tension artérielle, Poiseuille
1819 : stéthoscope, Laennec
1820 : quinine, Caventou, Pelletier
1821 : lentille de phare : Fresnel
1821 : dynamomètre, De Prony
1822 : déchiffrage des hiéroglyphes, Champollion
1824 : jumelles
1824 : moteur thermique, Carnot
1825 : électro aimant, Arago, Ampère
1827 : théorie de l'électromagnétisme, Ampère
1829 : écriture pour non-voyants, Braille
1929 : générateur solaire, Becquerel
1830 : machine à coudre, Timonnier
1830 : télégraphe électrique, Ampère *
1835 : coopératives de consommation, Michel Derrion
1835 : PVC, Regnault
1838 : acide nitrique, Kuhlmann
1840 : ciment, Vica *
1840 : baromètre, Vidi
1841 : bobine d'induction électrique, Masson, Breguet
1844 : digitaline, Nativelle
1849 : béton armé, Monier
1849 : manomètre métallique, Bourdon
1853 : aspirine, Gerhardt
1854 : aluminium, Sainte Claire Deville
1854 : téléphone, Bourseul *
1857 : vitesse de la lumière, Foucault
1857 : réfrigérateur à gaz, Carré *
1859 : batterie rechargeable, Planté
1859 : servomoteur, Farcot
1860 : frein hydraulique, Martin
1860 : vaisseau cuirassé, La Gloire, Dupuy de Lome
1860 : moteur à 2 temps, Lenoir *
1861 : vélocipède à pédales, Michaux
1861 : marteau piqueur, Sommeiller
1862 : moteur à 4 temps, Beau de Rochas *
1862 : acétylène, Berhelot
1863 : sous-marin à moteur, Brun, Bourgeois
1864 : scaphandre autonome, Rouquayrol, Denayrouze
1865 : pasteurisation et asepsie, Pasteur *
1866 : pile sèche, Leclanché
1867 : ascenseur hydraulique, Ledoux
1869 : roulement à billes, Suriray
1869 : photos couleurs, Cros
1869 : moto, Perreaux
1869 : vélo à chaîne, Guilmet
1876 : bougie d’allumage, Lenoir
1877 : liquéfaction de l'oxygène, Cailletet
1877 : sérothérapie, Raynaud
1879 : rhéostat, Clerc
1879 : stérilisateur, Chamberland
1880 : couveuse, Martin, Tarnier
1883 : poubelle, Poubelle
1884 : transformateur, Gaulard
1885 : vaccin antirabique et découverte du principe de la
vaccination, Pasteur *
1885 : carburateur, Forest
1890 : avion, Ader *
1890 : principe de la télégraphie sans fil, Branly *
1891 : sérum anti-diphtérique, Roux
1891 : pneus à chambre à air, Michelin
1892 : ballon sonde, Hermite
1894 : découverte du bacille de la peste et de sa transmission par
le rat, Yersin
1894 : cinéma, Lumière *
1895 : dérailleur de vélo, Loubeyre
1895 : automobile à allumage par batterie, De Dion, Bouton
1896 : canon à frein hydropneumatique, Rimailho, Deport
1897 : hydroglisseur, de Lambert
1898 : boîte à vitesses, Renault
1898 : embrayage à friction, Dion, Bouton
1902 : frein à tambour, Renault
1903 : anesthésie locale, Fourneau
1903 : radioactivité radium, Marie Curie *
1905 : théorie de la relativité restreinte, Henri Poincarré*(448)
1906 : lyophilisation, D'Arsonval
1907 : télécopieur-photocopieur, Belin *
1907 : hélicoptère, Cornu *
1908 : dessin animé cinématographique, Courtet
1908 : avion à réaction, Lorin
1910 : tube néon, Claude
1910 : hydravion, Fabre
1912 : bloc opératoire stérile, hôpital Necker
1915 : sonar, Langevin
1917 : char de combat à tourelle pivotante, Renault
1917 : catadioptre, Chrétien
1921 : vaccin anti-tuberculeux, Calmette, Guérin
1922 : vaccin anti-tétanique, Mérieux
1927 : freinage ABS, Voisin
1930 : orgue électronique, Coupleux, givelet
1933 : palmes de plongée, De Corlieu
1934 : radar, Girardeau
1934 : vaccin fièvre-jaune, Laigret
1935 : antibiotiques sulfamides, Tréfouel, Nitti, Bovet
1936 : crème solaire, Schueller
1936 : téléscope électronique, Lallemand *
1937 : fusil de pêche sous-marine, Cousteau
1939 : Bombe atomique et réacteur nucléaire par réaction en
chaîne, Joliot-Curie, Halban et Kowarski *
1952 : neuroleptiques, Charpentier, Laborit, Deniker
1953 : cinéma panoramique, Chrétien
1954 : téflon, Grégoire
1954 : soudage électronique, Sithor
1956 : procédé SECAM, De France
1956 : pot catalytique, Houdry
1957 : anti-diabétiques metformine, Sterne, Azerade
1959 : verres progressifs, Maitenaz
1963 : robot ménager, Verdun
1965 : rôle de l'ADN, Jacob, Monod *
1966 : aéro-train, Bertin
1968 : bio-prothèse valvulaire, Carpentier
1969 : boîte à vitesses automatique
1970 : digicode, Carrière
1971 : fabrication assistée par ordinateur, Bézier
1972 : micro ordinateur, Gernelle
1974 : carte à puce, Moreno *
1976 : vaccin hépatite B, Maupas
1978 : allumage électronique, Thomson
1980 : minitel (ancêtre d'internet) *
1981 : élastomère, Deleens
1981 : pompe à insuline, Mirouze
1983 : découverte virus du SIDA, Montagné
1985 : test de dépistage du SIDA, Pasteur *
1985 : premiers vaccins par génie génétique, Pasteur
1986 : stent cardiaque endocoronaire, Puel *
1988 : pillule abortive, Baulieu
1988 : embrayage électronique, Valeo
1989 : test de dépistage hépatite C
1990 : son numérique, LC Concept

Précisons que plusieurs savants français dont Robert Houdin et
Léon Foucault ont participé à l'élaboration de la première ampoule
électrique qui fut une invention collective. Thomas Edison ne fit que la
perfectionner et la commercialiser (Edison doit d'ailleurs une grande
partie de ses découvertes à l'autrichien Tesla).
On voit dans ce tableau que la bombe atomique fut une invention
française dont le brevet fut déposé dès 1939. Les Anglais récupérèrent nos
travaux lors de la débâcle de 1940, et les communiquèrent aux
Américains qui, grâce à des savants européens construisirent leur
première bombe. Les Russes, qui avaient récupéré une partie des travaux
allemands en 1944, copièrent à leur tour les travaux américains grâce à
leurs espions, et la France, qui avait été à l'origine de la découverte, fut la
dernière à construire sa bombe. Notons qu'à la fin de la guerre, les Etats-
Unis se livrèrent à un véritable pillage scientifique en Europe: l'aventure
spatiale américaine est l'œuvre du savant allemand von Braun, inventeur
des V2, et embauché par les Etats-Unis à la libération.
Dans le classement mondial des grandes découvertes, la France se
classe 2ème avec 25% des inventions, derrière les Etats-Unis avec plus de
40%, mais devant la Grande Bretagne et l'Allemagne qui n'affichent
respectivement que 19% et 11%. Précisons que beaucoup d'inventions
françaises comme nos nouveaux métiers à tisser ainsi que la machine à
vapeur furent exploitées par les britanniques et furent à l'origine de leur
révolution industrielle.
La France reste bien classée pour les brevets européens
(deuxième), mais notre pays a beaucoup reculé au niveau mondial
puisque nous sommes sixièmes pour le nombre de brevets déposés en
2017, derrière les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Chine et la Corée.
Le Royaume-Uni régresse à la huitième place, avec un score deux fois
inférieur au nôtre (449). Le recul de la France et du Royaume-Uni
s'explique par la désindustrialisation massive qu'a subi l'Europe : pas de
brevets sans ingénieurs, et pas d'ingénieurs sans industrie. Dorénavant, les
grands cerveaux français sont orientés vers la finance. C'est donc la
politique européenne, source de désindustrialisation, qui tue le génie
français, qu'un peu de protectionnisme suffirait probablement à
relancer…






















XI



Le rang de la France dans le monde















" On juge de la prospérité d'un état, moins par les
succès de l'extérieur que par l'heureuse situation de
l'intérieur. "

Robespierre.





Il y a à peine 200 ans, la France du Premier Empire occupait
la première place tant au niveau militaire que pour sa richesse en
numéraire. A cette époque, notre pays servait de modèle au monde entier :
le Français était parlé dans toutes les cours d'Europe et servait de langue
internationale pour tous les traités. Depuis 1815, la France a dû céder sa
place à l'Angleterre et se contenter du second rang jusqu'en 1927, année
où les Etats Unis nous ont supplantés à leur tour. L'Allemagne enfin nous
dépassa lors de l'effondrement de 1940. Sous De Gaulle, nous réussîmes
quand même à nous reclasser 3e devant l'Angleterre. Aujourd'hui, la
France occupe la 5ème place à égalité avec l'Angleterre, derrière les Etats
Unis, le Japon, l'Allemagne et la Chine.


PIB :

EU 1er , GB 5ème, et France 6e.

Les Etats Unis sont encore la première puissance économique du
monde, mais plus pour longtemps, et ils le savent. D'ici une dizaine
d'années ils seront dépassés par les pays à forte croissance comme la
Chine (voir Chap. VIII).



PIB / Habitant
EU 13e avec 59495 $ / hab, GB 28e avec 43620 $ /hab, France 29e avec
43551 $ / hab.


Productivité (450) :
EU 5e, ALLEMAGNE 10e, FRANCE 14e.


REPARTITION :

PRIMAIRE France GB EU ALL

2% 0,70% 1,20% 1%

(Agriculture, matières premières)



SECONDAIRE 21% 21% 22% 30%

(Industrie)

TERTIAIRE 77% 78% 77% 69%

(Services)



On voit que notre secteur secondaire a considérablement baissé
ces dernières années au profit du tertiaire qui est passé de 20% en 1850, à
77% de nos jours. La désindustrialisation de notre pays s'est faite en 2
étapes : tout d'abord au moment des chocs pétroliers, puis lors de
l'apparition de la monnaie unique en 2002. Le libre-échange imposé par
l'Europe, associé à un Euro trop fort, ont rendu nos produits trop chers à
l'exportation, contrairement à l'industrie allemande, plus spécialisée dans
le luxe (451).
La libre circulation des capitaux a considérablement favorisé les
délocalisations : la France est le 3ème pays du monde en matière
d'investissements à l'étranger. Cette déréglementation du commerce
extérieur n'était pourtant pas une fatalité : les Etats-Unis n'en ont pas
toujours été des fervents partisans, puisque la période protectionniste
américaine dura de 1860 à 1937 et n'empêcha pas le PIB par habitant
quintupler dans ce pays.(452) Comme on l'a vu, les USA sont les premiers à
contourner les règles du commerce international, que nos dirigeants
s'évertuent à appliquer de la façon la plus néfaste pour notre industrie.

Dette publique :

EU 11e avec 106% du PIB dont 42% à l'étranger, France 16e
avec 98% du PIB dont 64% à l'étranger, GB 25e avec 85% du PIB dont
33% à l’étranger, Allemagne 57e avec 61% du PIB(453).

Déficit budgétaire :

France 2,5% du PIB, EU : 3, 9% du PIB, GB : 2,1% du PIB,
Allemagne 1,7% du PIB.


Taux de chômage :

France 124e avec 8,5%, GB 49e avec 3,8%, EU 42e avec 3,5%,
Allemagne 33e avec 3,1% de chômeurs.


Puissance maritime

La France occupe le deuxième rang mondial, pratiquement à
égalité avec les Etats-Unis, et est le seul pays du monde à posséder du
territoire dans les cinq continents. Elle possède 11 millions de Km2 de
Zones Economiques Exclusives (ZEE). Ces espaces jouent un rôle
géopolitique croissant et sont un gros atout au niveau de l'exploitation des
richesses maritimes et du sous-sol. Malheureusement cette richesse est
très sous-exploitée, ne générant que 300.000 emplois. Une correcte
exploitation de ces richesses pourrait nous assurer un retour à la
croissance, encore faudrait-il que nos dirigeants en aient la volonté.



Puissance militaire :

La France est la troisième puissance nucléaire du monde, derrière
la Russie et les Etats-Unis, mais devant la Chine et le Royaume uni qui
reste dépendant des américains en matière d'armement.
Concernant les armes conventionnelles, les Etats-Unis sont en
tête, le Royaume-Uni et la France sont cinquièmes ex aequo : la flotte
anglaise est plus puissante que la nôtre, mais notre aviation est supérieure.
La France consacre 2% du budget à son armée. Quant à son industrie
militaire, par la privatisation, elle est en train de passer en mains
étrangères. L'opération s'est faite en 3 temps. L'outil national a été
privatisé au profit de compagnies françaises qui plus tard ont été
englobées par des compagnies étrangères. Quant à EADS, le fleuron de
notre industrie militaire, son siège vient de passer à Francfort avec une
direction allemande. La situation est encore plus grave chez les
Britanniques qui restent dépendants des Etats-Unis, même pour leurs
armes conventionnelles. L'Angleterre a cessé depuis longtemps d'être une
puissance interventionnelle autonome.
L’Amérique représente à elle seule presque la moitié du budget
militaire mondial, pour un résultat très médiocre puisque depuis 1945,
toutes les interventions militaires américaines ont été des échecs : nulle
part elles n'ont pu imposer un gouvernement qui leur soit durablement
favorable. D’autre part, l'intervention russe en soutien de la Syrie a
marqué un sérieux coup d'arrêt à l'hégémonie américaine, jusqu'à semer la
division dans le camp anglo-saxon. D'ailleurs, en cas d'éventuel conflit,
les Etats-Unis ont tout à redouter du bouclier anti-missiles russe réputé
infranchissable, ainsi que de leur aviation, probablement plus
performante.


Santé :

D'après l'OMS, malgré les coupes budgétaires exigées par
Bruxelles, le système de soins français reste leader mondial, loin devant le
Royaume-Uni 18e et les Etats Unis 37e (1/6 de la population américaine
ne bénéficie d'aucune couverture sociale).


Mortalité infantile :

Malgré la fermeture de nombreuses maternités, la France est 5e, ex
aequo avec l’Allemagne, GB 20e, EU 45e des pays les mieux classés.


Espérance de vie :

France 8e (81,5 ans), devant GB 36e (78,7 ans) et EU 45e (78
ans)


Aide au développement :

La France est 13e avec 0,45% du PNB derrière le Royaume Uni
avec 0,56%, mais devant les Etats Unis avec 0,19%.


Pollution :

Dans le classement des plus faibles émissions de CO2 par rapport
au PIB du pays, sur les 30 principales puissances industrielles du monde,
la France est troisième derrière la Suisse et la Suède.
Concernant le taux de CO2 rejeté par habitant, les Etats Unis sont
2e avec 20 tonnes de CO2/hab, devant le Royaume Uni 7e avec 9
tonnes/hab, et la France 12e avec 6 tonnes/hab(454).

Syndicalisme :

Le syndicalisme français est le moins représentatif d'Europe,
avec un taux d'adhésion proche de zéro, qui contraste avec l'omniprésence
de ces syndicats au sein des entreprises françaises. Contrairement aux
autres syndicats européens financés essentiellement par les cotisations des
salariés, les nôtres doivent 5% de leur financement à l'état et 90% aux
patrons, ce qui fait douter de leur indépendance. On comprend dès lors
pourquoi le rapport Perruchot, qui fit état de ces chiffres, a été censuré et
interdit de publication pendant 25 ans. Nous sommes entrés dans une
période de syndicalisme contrôlé.


Egalitarisme :

Le monde est loin de s'être moralisé, puisque les écarts de salaires
ont décuplé entre le début du siècle dernier et aujourd'hui. Chacun sait
que les multiples crises que nous avons traversées ont considérablement
creusé les inégalités sociales.
Le degré d'inégalités dans un pays se mesure par le coefficient de
Gini (un coefficient à 0 signifie que tous les habitants ont le même revenu
et un coefficient égal à 1 indique qu'une seule personne possède toute la
richesse du pays). D'après l'OCDE, la France se classe 5e pays d'Europe
avec un coefficient à 0,29 devant le Royaume Uni à 0,34. Les Etats Unis
sont loin derrière avec 0,38.
Pour exemple, 0,1% des Américains les plus riches possèdent
27% des richesses, 1% en possèdent 40%, tandis que 80% des américains
les plus pauvres n'en possèdent que 7%. Parmi ceux-ci, 15% de la
population, soit 50 millions, survivent grâce à des coupons alimentaires
(Source : Kill the Decline, Vincent Bénard). Le processus a commencé
sous l'ère Reagan où les impôts des riches ont été considérablement
allégés. Chez nous, ce fut la libéralisation des flux de capitaux imposée
par la communauté européenne qui permit l'évasion fiscale de nos grandes
fortunes, laissant la classe moyenne supporter tout l’effort fiscal.


Parité Hommes-Femmes :

Le droit de vote des femmes au Royaume Uni remonte à 1918, à
1920 aux Etats Unis, et à 1945 pour la France.
Par contre, le taux de femmes à l'assemblée nationale française
est de 39% (32% au Sénat), contre 31% au Royaume Uni et 22% aux
Etats Unis.

En nombre de viols par an et par habitant, la France a un taux de
0,000128, soit trois fois inférieur à celui des Etats Unis (0,0003) et deux
fois inférieur à celui de la Grande Bretagne (0,000212). Les pays anglo-
saxons sont d'ailleurs largement devant les pays latins pourtant réputés
plus machos, mais qui ont des taux comparables aux nôtres, comme quoi,
les clichés ont la vie dure (455).



Racisme :

France GB EU
Mariages inter-
ethn 27% (455) 6% 15,5% (456)

Pop. Non inconnue 12%
blanche (457) (458) 31(459)


Ecart esp. Vie inconnue inconnue 4,6 ans (460)


Députés non
blancs 1,4 - 1,7% 4,20% 20% (461)


On voit que le taux de mariages inter-ethniques en France est
supérieur à celui des pays anglo-saxons. En effet, ces unions sont
apparues en France dès la deuxième génération immigrée, alors qu'il fallut
attendre plus de deux siècles pour obtenir ce résultat aux Etats Unis. On
pourrait faire un parallèle avec les populations latines d'Amérique du sud
qui se sont d'évidence beaucoup plus mélangées qu'en Amérique du nord.
Malheureusement, nos élites politiques n'ont pas suivi cet exemple
puisque ce tableau montre aussi que la population immigrée n'est pas
dignement représentée au sein du parlement. Sous couvert d'anti-racisme,
l'interdiction des statistiques ethniques en France sert surtout à masquer ce
type d'injustice.
Une enquête du Washington Post, diffusée sur tous les réseaux
sociaux, a désigné la France comme étant « le pays le plus raciste
d'Europe », et un des plus racistes au monde loin devant les Etats-Unis et
l'Afrique du Sud, qui à en croire ces sondages, auraient fait d'énormes
progrès en quelques années, malgré que le nom de Nelson Mandela n'ait
été retiré de la liste des terroristes des Etats-Unis qu'en 2008. Quant à la
ségrégation et au Ku Klux Klan, ce sont de vieilles histoires...


L’assimilassionnisme à la Française en question :

Aujourd'hui, après 40 ans d'immigration incontrôlée, le constat
est inquiétant : l'assimilationnisme jacobin n'a pas fonctionné pour tous et
la population française est séparée en deux : d'un côté les intégrés, et de
l'autre, une population Africano-maghrébine entassée dans des banlieues,
où la précarité est de règle, et où ni la loi ni la langue française ne sont
pratiquées. Pourtant, les premières vagues migratoires ayant pu trouver
des emplois s’étaient relativement bien intégrées. Tout se gâta après les
chocs pétroliers : le chômage augmentant, a créé des zones de précarité où
l'inactivité et la pauvreté ont fait se généraliser la délinquance. Nos
gouvernants ne sont pas innocents, pour avoir entretenu ce flux migratoire
dans un but de dumping social, et pour avoir favorisé l'extrême droite et
les mouvements identitaires, dans sa stratégie politique du diviser pour
mieux régner. Notre école républicaine a eu aussi sa part de responsabilité
: au lieu de s'obstiner dans une laïcité presque intégriste et d'insister sur
tout ce qui divise (port du voile, ou "rôle positif de la colonisation"), il eut
été plus opportun d'insister sur nos valeurs communes et nos succès
gagnés ensemble (chap. VI et VII).
D'autre part, depuis 2007, nos élites ont adhéré à la doctrine du
choc des civilisations si chère à George Bush, que les Américains ont
facilement acceptée, eux dont la population est presque 100% chrétienne
et reste encore sous le choc du 11 septembre. Il n'en va pas de même en
France : les dérapages de nos dirigeants, la crise des migrants et
l'exacerbation des antagonismes raciaux sur Internet, n'ont pas suffi à
entrainer notre peuple dans le conflit ethnique. A la surprise générale, la
manifestation du 11 janvier 2015 s'est déroulée sans violence, et a montré
au monde entier qu'il est beaucoup trop tard pour chercher à nous diviser,
nos 27% de mariages inter-ethniques ont créé chez nous des liens
irréversibles. Nos immigrés s’intègreront tôt ou tard par la force des
choses, et les multiples provocations toujours venues d’en haut n'y feront
rien. La France va probablement gagner sa bataille contre la division.
Le communautarisme anglo-saxon a d'ailleurs montré toutes ses
limites aux Etats-Unis où les populations non-blanches sont totalement
ghettoïsées.
Le multi-culturalisme anglais n'a rien à nous envier non plus,
avec ses écoles religieuses et ses associations communautaires repliées
sur elles-mêmes, sans compter ses services sociaux en déshérence, une
ségrégation par l'emploi et le logement, une police abandonnant certains
quartiers à la délinquance, avec des médias et un parti d'extrême droite
attisant les haines.


La Marseillaise en question

Il arrive que notre hymne national soit galvaudé et utilisé comme
preuve d'une prétendue tradition raciste chez les français, accusés de
qualifier le sang étranger de " Sang impur " (premier couplet). Rappelons
que la Marseillaise fut écrite par Rouget de Lisle en 1792, en riposte aux
jactances et aux menaces des troupes royalistes réunies à Kehl, et qui
faisaient quelque impression sur les citoyens et sur les troupes
républicaines rassemblées à Strasbourg. L'auteur dédia ce chant au chef
des troupes républicaines, le général Luckner, qui était d'origine...
allemande. Après lecture de la totalité des paroles, on voit bien que le
terme de " sang impur" s'adresse à " cette horde d'esclaves, de traitres, de
rois conjurés " sans distinction, qu'ils soient français où étrangers. "
L'étendard de la tyrannie " est universel, comme celui de la Monarchie, et
c'est bien de celui-ci qu’il s’agit.
D'ailleurs, le terme de " sang impur " était utilisé dans de
multiples journaux de l'époque pour désigner celui des royalistes français,
notamment par Marat (qui était Suisse), par Pétion, par Billaud-Varennes,
par Barnave, par Hébert, par Vadier, par Boisset, par Chabot etc. toujours
pour désigner le sang des aristocrates français et non celui des étrangers.
La Marseillaise est donc bien un chant anti-esclavagiste. Les
soldats de Toussaint-Louverture et de Dessalines ne s'y trompèrent pas,
pour l'avoir eux-mêmes entonné dans leur lutte pour la liberté. (462)


Corruption :

La France serait classée 22e derrière le Royaume Uni 17e, et les
Etats-Unis 19e, ce qui doit être relativisé puisque l'auteur du classement
est l'ONG Transparency International qui doit tout aux fonds Soros et à
d'autres fonds anglo-saxons (463).
Pourtant, en France, pas question de glisser un billet à un agent de
police ou à un douanier pour régler un litige. Le français moyen n'obtient
aucun passe-droit, notre justice fait donc son travail. Il n'en va pas de
même pour nos élites, régulièrement mises en cause pour corruption, mais
hélas, trop souvent condamnées à des peines symboliques. L'explication
se trouve dans une justice à deux vitesses, très stricte pour le français
moyen, mais hélas trop laxiste pour le pouvoir et pour la petite
délinquance. Les causes en sont historiques et sont à rechercher dans le
choix que fit jadis Bonaparte de renoncer à la séparation des pouvoirs en
faisant nommer les magistrats par son gouvernement.

Malheureusement, nos lois, aussi équitables soient-elles ne
s'appliquent pas à tous, et tant que nos procureurs resteront dépendants de
l'exécutif, nous devrons nous contenter d'une justice plutôt bonne pour la
majorité des français, mais très clémente pour nos élites, qui font et défont
eux-mêmes les lois au gré de leurs intérêts.
La justice américaine, pourtant plus indépendante de l'exécutif
(procureurs élus), n'en est pas pour autant exemplaire, puisqu'elle dépend
en grande partie du pouvoir financier des parties en conflit: le résultat
final faisant l'objet d'un véritable négoce en privé.


Criminalité :

EU 90e, France 155e, GB 163e.
La mise en vente libre des armes à feu aux Etats-Unis est en lien direct
avec ces chiffres, le lobby des armes en étant le principal responsable.


Répression :

Prisons : Les Etats Unis ont le plus fort taux d'incarcération du
monde : 1 % de leur population vit en prison, contre 0,1% au Royaume-
Uni, et 0,09 % en France. Entre 1993 et 2009, le nombre de détenus a
augmenté de 75 % aux Etats Unis pour atteindre 2,3 millions, soit plus
que le chiffre de la Chine dont la population est pourtant 4 à 5 fois plus
nombreuse. 1 noir américain sur 10 va en prison au moins une fois dans
sa vie(465). La privatisation des prisons américaines n’y est pas pour rien :
le taux de remplissage est souvent artificiellement forcé pour cause de
rendement.
Concernant les exécutions, les Etats Unis sont 4e derrière l'Iran,
l'Arabie Saoudite et l'Irak ; la Chine n’ayant aucune statistique fiable reste
hors classement (466).


Influence :

Au total, 79 pays ont adopté un système républicain à la française.
La Suisse et les 27 états de la communauté européenne ont opté pour une
démocratie fédérative à l’américaine.
8 états sont des républiques à parti unique.
En comptant les pays du Commonwealth, 71 pays restent soumis à une
monarchie à l’Anglaise.
7 pays restent sous l’ancien régime, dont 5 monarchies absolues et 2
théocraties.
Globalement, l’influence politique française semble donc encore
prédominer dans le monde, malgré que la France elle-même ait
abandonné son propre système pour suivre le modèle américain.
Encore une fois, les idées françaises sont plus appréciées à l’étranger que
par nos propres dirigeants…


Longévité :

Si l'on fait remonter l'Histoire de France aux premiers rois
carolingiens, la France est le plus vieux pays d'Europe avec 1500 ans
d'âge. L'Angleterre est 2ème avec 1 000 ans. L'Allemagne et l'Italie sont
des nations naissantes avec à peine 150 ans d'existence. Les Etats-Unis
ont à peine plus de 200 ans d'âge, contre 2 200 ans pour la civilisation
Chinoise, 2000 ans pour l'Empire russe, et 2 500 ans pour la civilisation
perse d'Iran. On a du mal à imaginer comme l’espère Brzezinski, que
l'american way of life parvienne à diluer tant de civilisations millénaires.


Enseignement :

Le niveau scolaire de nos élèves, après être longtemps resté à
l'avant-garde, a hélas beaucoup régressé depuis 30 ans :
Dans le classement PISA de l'OCDE, pour les mathématiques, la
France est 26e derrière les Etats Unis 25e, et le Royaume Uni 15e. Nos
grandes écoles ont toujours la côte et nos mathématiciens sont toujours
réputés dans le monde entier.
Pour l'enseignement des sciences, la France est 27ème derrière le
Royaume Uni 16ème et les Etats Unis 23èmes.
Pour la lecture, la France est 22ème devant le Royaume Uni
25ème, mais derrière les Etats Unis 17èmes.
En alphabétisation globale, France, GB et EU sont ex aequo
22èmes (45% de la main d'oeuvre des multinationales américaines est
analphabète).
Les causes de nos contre-performances sont multiples.
L’Education Nationale a imposé aux élèves des programmes
surchargés et les rythmes scolaires les plus compressés d'Europe,
semblant ignorer le précepte de Montaigne, " une tête bien faite plutôt
qu'une tête bien pleine ", et qu'un enfant ne peut réfléchir efficacement
que 4 heures par jour (467). Les différents rapports publiés sont trop
souvent ignorés, et l'application des solutions les plus néfastes aux élèves
est hélas une constante au sein des académies.(468)
Malgré tout, la langue française reste toujours appréciée à travers
le monde, notamment dans les pays latins, en Amérique du Sud et en
Europe orientale. En voyageant, on est surpris de voir le nombre
d'Italiens, de roumains, de grecs, de serbes et même de turcs parlant
presque couramment notre langue, qui en fait n'est dénigrée que dans les
pays anglo-saxons, et surtout par nos dirigeants : la réduction des horaires
des cours de Français, l'introduction des cours " d'Anglais Européen " et
des Master's ne sont pas anodines. Depuis le 23 mai 2013, une loi autorise
nos universités à faire leur enseignement en langue anglaise, comme si la
mort du Français était programmée en haut lieu (469). Entre 1987 et 2003,
le niveau d'orthographe de nos élèves a baissé de 2 ans: nos classes de
quatrièmes de 2003 ont un niveau de sixièmes de 1987, la méthode de
lecture globale n'a pas fini de faire ses dégâts (470). Quant à la grammaire
française, elle a été compliquée à plaisir par le nouveau vocabulaire
imposé : " adjuvant, adjuvé, schéma actantiel, schéma narratif,
ou situation d'énonciation, " autant de mots incompréhensibles pour les
élèves et qui empêchent les parents d'aider leurs enfants à travailler (471).
Dans ce système où seuls les surdoués émergent, sous prétexte
d'égalitarisme, nos idéologues de l'Education Nationale ont créé un
modèle particulièrement inégalitaire très néfaste pour la masse, qui
aboutit à la sélection d'une caste d'élites, dont certaines seront orientées
dans des grandes écoles où elles formeront une véritable aristocratie dont
la carrière évoluera toujours vers le haut quelles que soient leurs
performances (472). La privatisation de nos universités risque de bloquer
encore plus notre ascenseur social, comme c'est le cas aux Etats-Unis où
un mauvais élève riche a autant de chances d'accéder à l'enseignement
supérieur qu'un bon élève pauvre, et où certains étudiants, crise oblige, et
faute de trouver un emploi, ne parviennent plus à rembourser les énormes
crédits contractés pour financer leurs études (473).




XII

Les Français dépressifs

" Qui contrôle le passé, contrôle l'avenir. "

George Orwell





En taux de suicides, la France est 17ème, les Etats-Unis
25ème, et la Grande Bretagne 64ème.
Les Français arrivent en tête des pays consommateurs
d'anxiolytiques et d'antidépresseurs. Le mondialisme effréné imposé à la
France a créé deux classes de déprimés : celle des sans-emploi, et celle
des surchargés de travail, écrasés par le stress professionnel. Sans
omettre la déstructuration des familles qui elle aussi joue son rôle : le taux
de divorces a triplé en 45 ans et près d’un couple sur 2 divorce, plongeant
les familles dans la souffrance.
L’Education Nationale a elle aussi sa part de responsabilité, mais
dans un autre domaine : en cause, l'élaboration de manuels d'Histoire
embrouillés à plaisir, sans aucun respect de la chronologie, où nos succès
et nos grandes inventions sont presque toujours occultés, où nos grands
personnages sont à peine évoqués, et où la France est reléguée au rang de
puissance secondaire.
Le culte de la repentance initié par la révolution Paxtonnienne,
poussé à l'extrême dans nos médias, découle d'une stratégie de
manipulation bien élaborée : au lieu de se révolter contre le système
économique, l'individu s'auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un
état dépressif et inhibe l’action(474) .
Quel contraste avec la fière béatitude entretenue chez nos amis
américains qui pourtant se dirigent vers un avenir aussi chaotique que le
nôtre.

XIII

Chronologie des évènements de

1789 à nos jours

200 ans d’évolution vers l’égalité sociale


Les lois égalitaires sont annotées d'une étoile *
Les lois inégalitaires en ont deux **



MONARCHIE ABSOLUE (Avant 1789) :

- Accession à la noblesse par la bourgeoisie, acquise sous Louis XIV.
- Cahiers de doléances : les électeurs peuvent exprimer leurs revendications (475).*
- Le code noir donne aux esclaves affranchis les mêmes droits qu'aux blancs.
- Suffrage censitaire **
- Abolition du servage *
- Abolition des privilèges royaux *
- Abolition de la torture (476) *
- Liberté du culte et citoyenneté pour les juifs et les protestants *
- Spéculation sur les grains règlementée.*
- Censure : journaux soumis à l'autorisation royale **
- La bourgeoisie force Louis XVI à convoquer les Etats Généraux(477).
- Prise de la Bastille, l'assemblée prend le pouvoir.



MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE


ASSEMBLEE CONSTITUANTE (1789-1791)

(Barnave, Mirabeau, la Fayette, Lameth)

- Première Déclaration des Droits de l'Homme : l'accent est mis sur la liberté et la
propriété.
- La noblesse et le Clergé sont assujettis à l'impôt. *
- Loi martiale. **
- Spéculation sur les grains autorisée, libéralisation totale du commerce (478) **
- Suppression des impôts indirects et des droits de douane.
- Adoption du suffrage censitaire indirect (Sieyès). Robespierre proteste (479) **
- L'accès à la députation est réservé aux riches.**
- Abolition de la dime, les droits seigneuriaux sont rachetables.*
- Interdiction des syndicats et du droit de grève (Le Chapelier)**
- Maintien de l'esclavage, Robespierre proteste.**
- Séparation des pouvoirs : les magistrats sont élus.*
- Premiers jurys populaires.*
- Code Pénal de 1791 : Abolition des supplices, guillotine pour tous. Abolition de la
perpétuité, du marquage au fer et dépénalisation de l'homosexualité. Notions de
préméditation et d'homicide involontaire. *
- Les juifs obtiennent la citoyenneté française. *
- Les biens du Clergé sont confisqués par Talleyrand (480). Les prêtres
sont fonctionnarisés.
- Pour payer la dette, on décide de vendre les biens du clergé qui serviront
à cautionner les assignats (481).
- Fête de la Fédération : Louis XVI prête serment à la constitution.
- Fuite du roi. Il est rattrapé et reconduit à Paris (482).



ASSEMBLEE LEGISLATIVE

- Confiscation des biens des émigrés (biens de seconde origine)
- Décret accordant les droits civiques aux " mulâtres " *
- Déportation des prêtres réfractaires.**
- Narbonne déclare la guerre à l'Autriche avec l'appui des Girondins. Robespierre
proteste (483).
- La Prusse soutient l'Autriche et nous déclare la guerre.
- Manifeste de Brunswick : Paris menacé de destruction par les prussiens (484).
- Arrivée des Fédérés à Paris : la " Marseillaise ".
- La Commune de Paris exige la déchéance du roi, l'assemblée hésite.
- La Garde Nationale est ouverte au peuple. (Danton) *
- Attaque des Tuileries par le peuple, Louis XVI est fait prisonnier, et déchu.
- Suffrage universel : 11 aout 1792. (Robespierre) *
- Découverte de l'armoire de fer et du double jeu de Mirabeau et Barnave
qui travaillaient pour le roi. (485)
- Circulaire des massacres de septembre1250 prisonniers tués(486)**
- Cambriolage organisé du trésor royal (487)
- Bataille de Valmy. (488)



1ère REPUBLIQUE : (1792-1804)

- Proclamation de la République : 22 septembre 1792

CONVENTION GIRONDINE
(21 SEPT1792 - 31 MAI 1793)
(Brissot, Roland, Clavière)

- Procès et exécution du roi.
- Les Girondins déclarent la guerre à l'Angleterre. Marat et Robespierre protestent
- Prohibition des marchandises anglaises
- Début de la guerre de Vendée
- Les Girondins s'attaquent à la Commune, et font arrêter Marat et Hebert.
- Les généraux choisis par les Girondins trahissent.



CONVENTION MONTAGNARDE : 1793-94

(Danton, Robespierre, Couthon, St Just)


- Robespierre et la Commune de Paris font exclure les Girondins de
l'assemblée.
- Les Girondins soulèvent la province contre la Commune de Paris.
- Marat est assassiné par Charlotte Corday (influencée par les Girondins).
- En représailles, la Terreur est mise à l'ordre du jour par Barère.
- Des Tribunaux révolutionnaires sont créés (17 000 exécutions dont 2 500 à Paris
jusqu'en 1794) Plusieurs girondins sont exécutés. **
- Guerres défensives contre l'Europe (1ère coalition), victoires, abolition des privilèges
en Belgique (Saint-Just)
- Censure appliquée contre les ennemis de la République.**
- Politique anti-religieuse des " exagérés ". Robespierre désapprouve.
- Deuxième Déclaration des Droits de l'Homme : l'accent est mis sur l'égalité et le droit
à l'insurrection (Saint-Just). *
- Abolition de la loi martiale. *
- Ecole gratuite et obligatoire (Charlier) *
- Abolition de l'esclavage.*
- Abolition totale des droits seigneuriaux, les titres sont brûlés.*(489)
- Le prix des grains et des produits de première nécessité est limité (Robespierre)*
- Peine de mort pour les accapareurs.
- Confiscation des biens des émigrés qui sont nationalisés.
- Les biens des ennemis de la République sont donnés aux patriotes indigents.*
- Emprunt forcé auprès des riches. Robespierre proteste.
- Elimination des Hébertistes (exagérés).
- Danton soutient les indulgents dans une affaire de corruption, il est exécuté (490).
- Fête de l'être suprême : Robespierre brûle la statue de l'athéisme.
- Loi de Prairial (Couthon). (491) **
- Grande Terreur (Barère, Vadier, Voulland). (492)
- Arrestation et exécution de Robespierre.




CONVENTION THERMIDORIENNE ET DIRECTOIRE (1794-1799)
(Cambacerès, Barras, Carnot, Siéyès)

- Retour des Girondins à l'assemblée.
- Retour au suffrage censitaire.**
- L'école redevient payante.**
- Non respect de la loi sur l'abolition de l'esclavage.**
- Dérèglementation du commerce des grains et encouragement à la spéculation.**
- Bicamérisme : création d'une 2e chambre.
- Presse censurée. Déportation d'une centaine de journalistes.
- Bonaparte est emprisonné car jugé trop proche de Robespierre
- Les anglais organisent un débarquement royaliste qui échoue. 25000 royalistes
marchent sur la Convention. Barras fait libérer Bonaparte qui écrase l'insurrection avec
5 000 hommes, la République est sauvée.
- Guerres de conquête contre l'Europe (2ème Coalition) Victoires. Abolition des
privilèges en Italie et en Suisse. La Belgique annexée. Vente des biens nationaux
belges.
- La Russie et l'Autriche reconnaissent la République Française.
- Campagne d'Egypte pour éloigner Bonaparte.


CONSULAT (1799-1804) : Bonaparte, Cambaceres

- Coup d'état du 18 Brumaire organisé par Sieyès : Bonaparte 1er consul.
- Le banquier Perrégaux finance le coup d'état, sa banque devient la Banque de France
(493).

- Création du franc germinal convertible en or, fin de la crise monétaire. *


- Assainissement des finances : la collecte des impôts est centralisée à Paris.
- Retour au suffrage universel indirect pour l'élection du Sénat.*
- Concordat : Rappel des prêtres réfractaires. L'Eglise accepte la perte des biens
confisqués par la Révolution. En échange, tous les prêtres sont salariés de l'Etat.
Restauration de l'autorité du pape. Le Concordat met fin à la guerre de Vendée.*
- Bonaparte rappelle les émigrés et leur donne des emplois.
- Première élection au suffrage universel direct, Bonaparte nommé consul à vie, (99%
de oui), les chambres confirment.
- Code Civil.*
- Les magistrats sont nommés par le consul: fin de la séparation des pouvoirs (494) **
- Création de la Cour des Comptes.*
- Création des tribunaux administratifs (Conseils de préfecture).*
- Rétablissement de l'esclavage et expédition de Saint- Domingue.**
- Guerres défensives contre l'Europe (2ème coalition) victoires.
- Censure : seuls 13 journaux sont conservés à Paris.**
- Interdiction aux hommes de couleur de séjourner en France**


1er EMPIRE (1804-1814)
(Napoléon)

- Napoléon nommé Empereur au suffrage universel (99% de oui)
- Création d'une noblesse de mérite, Légion d'Honneur.
- Création du Conseil des Prudhommes.*
- Interdiction du travail dans les mines aux enfants de moins de 10 ans. *
- Guerres défensives contre l'Europe (3ème, 4ème, 5ème, 6ème coalitions)
- La France fait abolir le servage et les droits seigneuriaux en Allemagne.
- L'Angleterre viole la paix d'Amiens.
- Napoléon réplique au blocus maritime anglais par le blocus continental.
- L'armée anglaise occupe Rome et le Portugal.
- Guerre offensive contre l'Espagne, en vue de chasser les anglais du Portugal.
- Annexion des états du pape.
- Code pénal de 1810 : rétablissement de la perpétuité et du marquage au fer chez les
détenus de droit commun.**
- Censeurs placés dans chaque journal, la censure est officialisée à partir de 1810.**



CENT JOURS (1815)

- Malgré 20 ans de guerre, la France occupe le premier rang mondial, tant au niveau
militaire, que pour sa richesse en numéraire (495).
- Le suffrage universel approuve l'acte additionnel à 99% et confirme l'investiture
de Napoléon, mais l'Europe appelle à son renversement: 7ème coalition.
- Abolition de la traite *
- Abolition de la censure *
- Waterloo. La France perd sa première place au profit de l'Angleterre



RESTAURATION (1815-1830) :
(Louis XVIII, Charles X)

- Terreur Blanche : 400 morts
- Retour au suffrage censitaire **
- Obligation du repos dominical
- Tentative d’exclusion de la bourgeoisie de l’assemblée **
- Conquête de l'Algérie
- Rétablissement de la censure**
- Révolution des trois glorieuses: 1 000 morts. La troupe passe du côté des insurgés. Le
peuple triomphe, mais Thiers et Talleyrand lui confisquent sa victoire au profit de
Louis-Philippe d'Orléans (fils de Philippe Egalité).



MONARCHIE DE JUILLET (1830-1848) :
(Louis-Philippe)

- Insurrection de 1832 : 800 morts
- Maintien du suffrage censitaire.**
- Abolition du marquage au fer chez les condamnés de droit commun et de toutes les
peines corporelles.*
- Interdiction des peines de mutilation chez les esclaves.*
- Rétablissement de tous les droits civils des libres de couleur.*
- Louis-Philippe met une fin définitive à la traite des noirs.*
- Obligation pour les communes de plus de 500 habitants d'avoir une école primaire, le
taux d'alphabétisation atteint 70% en 1848. (Loi Guizot)*
- Journées de travail de 14 heures. La révolution industrielle a tiré les salaires des
ouvriers au plus bas.**
- Révolte des canuts de Lyon réprimée par Thiers : 600 morts.
- Révolution de 1848 : 52 morts, Louis-Philippe abdique.




2e REPUBLIQUE : 1848

Gouvernement Populaire
(Lamartine, Blanc, Arago)

- Retour au suffrage universel. Le Président et l'assemblée sont élus au suffrage
universel direct. Leurs pouvoirs sont séparé (pas de possibilité de motion de censure ni
de dissolution) *
- Proclamation du droit au travail : l'état s'engage à garantir du travail à tous les
citoyens.*
- Création d'ateliers nationaux pour les chômeurs.*
- Abolition de la censure.*
- Abolition de l'esclavage.*
- Garde nationale ouverte aux prolétaires.*
- Scolarisation obligatoire jusqu'à 14 ans.*
- Journée de travail fixée à 10 heures à Paris et à11 heures en
province.


Gouvernement bourgeois : (Cavaignac)

- Elections législatives avril 1848
- La fermeture des ateliers nationaux entraine une révolte ouvrière.**
- Répression : 5 500 morts, 4 500 déportés.
- La journée de travail est remontée à 12 heures.**
- Annulation de toutes les autres lois sociales de la 2ème République.**
- Louis-Napoléon élu président au suffrage universel avec 75% des voix.
- Il tend un piège à l'assemblée et la laisse rédiger une loi excluant un tiers des
électeurs (les plus pauvres) **








SECOND EMPIRE :
(Napoléon III 1851-1870)

- Coup d'état de 1851. Napoléon III rétablit le suffrage universel.*
- La bourgeoisie soulève Paris (gants jaunes) : 200 morts 3 000 déportés.
- Plébiscite sur l'Empire : 90% de oui
- Retour de la censure qui sera abolie après 1860.
- Le droit de grève est autorisé (loi Ollivier)*
- Autorisation des syndicats.*
- Création de l'Association Internationale des Travailleurs (Première Internationale)
- La journée de travail est limitée à 12 heures.
- Le travail des enfants est limité à 12 ans et règlementé : inspection du travail.*
- Premiers accords paritaires sur les rémunérations.*
- Construction des premiers logements sociaux.*
- Création d'une société d'aide et de prêt aux ouvriers. *
- Distribution de la Soupe populaire.*
- Création des caisses de retraite.*
- Création des caisses d'indemnisation pour les accidents du travail.*
- Apparition des premières mutuelles.*
- Ecoles primaires de filles pour toutes Les communes de plus de 800 habitants.*
- Création d'un enseignement secondaire pour les jeune filles.*
- Gratuité de l'enseignement du 1er degré pour 8 000 communes.*
- Bourses scolaires pour les plus démunis (Loi Falloux) 80% des enfants sont
scolarisés
- Création du salon des refusés : Paris capitale des arts.
- Construction du canal de Suez.
- Traité de libre-échange avec l'Angleterre.
- La France crée " l'Union monétaire Latine " à laquelle adhèrent 26 pays.
- Guerre de Crimée, création de la Roumanie.
- Guerre franco-autrichienne, indépendance et unité Italienne.
- Expédition du Mexique (496).
- Guerre franco-allemande, La France est envahie, Siège de Paris.


COMMUNE DE PARIS (1870-1871) :

- Création d'agences municipales pour l'Emploi.*
- Les salaires des hauts fonctionnaires sont plafonnés.*
- Interdiction des retenues sur salaire.*
- Création d'un cahier des charges avec salaire minimum pour les marchés publics.*
- Gratuité des actes notariaux.*
- Séparation de l'Eglise et de l'Etat.
- Interdiction de l'enseignement religieux.
- Ecole laïque.
- Création d'écoles professionnelles (enseignement technique) ouvertes aux filles.*
- Censure.**

(Les réformes de la Commune de Paris ne concernent que la ville de Paris, et ne seront
appliquées que quelques mois. Elles seront considérées comme nulles et non avenues par la
troisième République).



REPUBLIQUE DES DUCS :
(1871-1875) Mac-Mahon, Majorité monarchiste

- Thiers écrase la Commune (10 à 20 000 communards massacrés 4 500 déportés)
- Création de l'inspection du travail.*
- Suppression du droit de vote aux militaires.**



3e REPUBLIQUE (1875-1940)

- Constitution de 1875 : l'assemblée prend le pouvoir. Elle élit le Président de la
République qui nomme les ministres, eux mêmes responsables devant l'assemblée. Les
français élisent une partie de leurs parlementaires, mais pas leur président.
- Extension de l'Empire colonial (guerres coloniales)
- Code de l'indigénat (travail forcé) **
- Peine de relégation pour les récidivistes (dans les colonies) **
- Loi sur la libération conditionnelle *
- Introduction des peines avec sursis *
- Fin du traité de libre-échange avec l'Angleterre.
- L'Allemagne veut concurrencer l'Empire colonial franco-anglais.
- Alliance franco-russe.
- Entente Cordiale entre la France et l'Angleterre contre l'Allemagne.
- Libérations conditionnelles, peines de prison avec sursis.*
- Séparation de l'Eglise et de l'Etat. En violation du Concordat, les prêtres ne sont plus
salariés. Confiscation d'une partie des biens du clergé, émeutes.
- Création de l'Ecole laïque. (Ferry) (497) **
- Lois sur la liberté de la presse. Retour à la censure pendant la guerre de 14-18
- Autorisation pour les fonctionnaires de se syndiquer (Caillaux).*
- Le repos dominical n'est plus obligatoire jusqu'en 1906.**
- La pression fiscale ne dépasse pas 10% du PIB en 1914.
- Création de l'impôt sur le revenu (1914) **
- Première guerre mondiale : 10 Millions de morts.
- Traité de Versailles : l'armée allemande est limitée à 80000 hommes, pas de chars.
Occupation de la Rhénanie.
- Création de la Société des Nations (498).
- La France rétrograde au 3ème rang mondial, rattrapée par les Etats Unis.
- Scandale des faux bilans de la Banque de France, chute de la confiance. Le franc est
largement déprécié (499).
- L'Union Monétaire Latine est dissoute en 1927.
- Abandon de la parité franc-or.
- Affaire Stavisky (Corruption).
- Une tentative de putsch de l'extrême droite échoue grâce au colonel Delaroque (500).
- Occupation de 12 000 usines par les ouvriers. Le patronat cède. Les ouvriers
obtiennent : la semaine des 40 heures, 13 jours de congés payés, et l'interdiction de
licencier sans l'autorisation de l'inspection du travail.*
- Création des allocations familiales pour stimuler la natalité.*
- Interdiction de la propagande antisémite (Marchandeau)*
- Centres de rétention pour les étrangers indésirables (Daladier).**
- Hitler plébiscité par 90% des allemands.
- Avec l'aide des anglo-américains, l'armé allemande rattrape son retard et se met au
niveau de la notre.
- Les Etats Unis dépassent le Royaume Uni et deviennent la 1ère puissance mondiale
la France rétrograde à la 4e place, rattrapée par l'Allemagne.
- Hitler, encouragé par les anglo-américains, viole 6 fois le traité de Versailles. La
France trop isolée, n'ose pas agir.
- 2ème guerre mondiale : 30 millions de morts.



OCCUPATION ALLEMANDE :

(1940-1944) Pétain
- Lois anti-sémites. **
- Lois anti-maçonniques **
- Création du salaire minimum (futur SMIC).*



GOUVERNEMENT PROVISOIRE :

(De Gaulle, 1944-1946)

- Accords de Bretton Woods signés par Mendès France : Le dollar remplace l'or,
création de la Banque Mondiale, du FMI et du GAT. Mendes France nommé
gouverneur du FMI.
- Massacre de Setif.
- De Gaulle refuse l'administration américaine de la France (AMGOT)
- De Gaulle nationalise la Banque de France, le Crédit Lyonnais, la Société Générale,
la BNP, Renault, Gaz de France et EDF.
- Création de la Sécurité Sociale.*
- Création de la Protection Maternelle Infantile (PMI)*
- Quotient familial : réduction fiscale au prorata du nombre d'enfants.*
- Droit de vote accordé aux femmes.*

(Gouin, 1946)

- Loi d'abolition du travail forcé dans les colonies (Boigny).*
- Accord Blum Byrnes : la France accepte de laisser le cinéma américain envahir les
écrans français en échange d'un prêt avantageux.


4ème REPUBLIQUE : (1946-1958)

- Constitution de 1946
- Plan Marshall
- 1949 : création de l'OTAN. Début de la Guerre Froide. La France adhère à l'OTAN et
s'engage dans la lutte contre le communisme.
- Création de l'impôt sur les sociétés.
- Création de la TVA (1954) pour alimenter les caisses de la Communauté Européenne.
**
- Création de l'allocation logement. *
- Création de l'assistance juridique. *
- Traité de Rome : Union Européenne créée sous l'influence des Etats-Unis (501).
- Non application de la loi d'abolition du travail forcé dans les colonies.**
- Guerres coloniales (Indochine, Algérie, Madagascar, Cameroun).
- Le gouvernement ferme les yeux sur la torture.**
- Lois sur la censure de 1954, encore en vigueur. L'Etat se réserve le droit de censurer
les journaux.**



5ème REPUBLIQUE

1958 De Gaulle :

- Referendum sur la cinquième république (80% de oui)
- Referendum sur l'autodétermination algérienne (75% de oui)
- De Gaulle interdit la torture en Algérie. (Non appliqué)
- Décolonisation. Début de la Françafrique.
- Abolition de la peine de travaux forcés. *
- Politique de contrôle des prix. * Convertibilité du franc en or
- Création de l'assurance chômage : ANPE et UNEDIC.*
- Formation professionnelle.*
- Interdiction du travail des enfants avant 16 ans.*
- De Gaulle rétablit la convertibilité du franc en or.
- La France obtient son autonomie nucléaire et spatiale. (Lanceur Diamant)
- La France dépasse le Royaume Uni et revient à la 3ème place mondiale.
- De Gaulle dénonce la construction européenne.
- La France quitte le commandement intégré de l'OTAN. Politique de défense tous
azimuts : une partie de nos missiles sont dirigés vers les Etats-Unis.
- De Gaulle condamne l'intervention américaine au Viet Nam.
- De Gaulle écarte l'Angleterre du marché Commun à 3 reprises.
- De Gaulle exige le remboursement en or de nos réserves en dollars (502).
- Mai 68 : 9 Millions de grévistes, accords de Grenelle: le SMIC est augmenté de 35 %
- Echec du Référendum de 1969. De Gaulle démissionne. (503)


1969 Pompidou :

- Loi sur la responsabilité des organisateurs de manifestations**
- 1971 : Fin de la convertibilité du dollar en or.
- Choc pétrolier : les compagnies pétrolières profitent de la guerre du Kippour pour
faire quadrupler le prix du pétrole, en accord avec les pays producteurs. Crise
mondiale, chômage(504).
- Début de la politique d'endettement, loi de 1973. **
- Création des allocations adulte handicapé et enfant handicapé.*



1974 Giscard d'Estaing :

- L'avortement est autorisé et pris en charge.
- Loi des 500 signatures: plus de candidature possible sans le soutien d'un parti.**



1981 Mitterrand :

- Mitterrand nationalise Thomson, St Gobain, Rhone Poullenc, Péchiney, Usinor,
Sacilor, Paribas, Suez, CIC, Crédit du Nord, Crédit Commercial de France, Banque
Rothschild, Worms, La Hénin.
- La décentralisation favorise la corruption en France.
- Abolition de la peine de mort.*
- Suppression des Quartiers de Haute Sécurité en prison.*
- Impôt sur la fortune.*
- 1986 : la Commission Européenne prend le pouvoir et instaure le libre-échange en
Europe.
- Création de la CSG. La pression fiscale atteint 45% du PIB. **
- Retraite à 60 ans.*
- Création du RMI
- Maastricht : la France doit adapter ses lois à la législation européenne.
- Début des privatisations sous le ministère Chirac
- 1995 : Création de l'OMC, libéralisation du commerce mondial.


1995 Chirac :

- Les médias passent sous le contrôle de grands groupes financiers ou industriels :
TF1et France 2 privatisées. **
- Corruption : la France-Afrique mise à mal : Affaire Elf, affaire du Crédit Lyonnais
- Affaires, Urba, HLM de Paris, Karachi (la corruption se banalise)
- Retour au Gaullisme.
- Politique pro-arabe.
- La France oppose son véto contre la guerre d'Irak.
- La France, écrasée par la dette doit privatiser les plus beaux fleurons de son industrie
: 26 Milliards d'euros privatisés sous Balladur, 13 Milliards sous Chirac


1997-2002 Jospin :

- 31 Milliards privatisés sous Jospin. (505)
- Semaine de 35 heures.*
- Création de la CMU (Couverture Maladie Universelle).*
- Fin de convertibilité du franc en or.
- Introduction de l'Euro en France.
- Intervention en Serbie organisée par l'OTAN.
- Intervention en Afghanistan.


2002 Chirac :

- Mesures restrictives sur le RMI et les ASSEDIC.**
- Mesures restrictives sur les retraites.**
- Mesures restrictives sur la Sécurité Sociale (déremboursements).**
- Début de l'Alliance Germano-Américaine.
- Adhésion à l'Europe de 10 nouveaux pays : la France a moins de 10% des députés.
- Référendum sur la constitution européenne rejeté par 55% des Français.


2007 Sarkozy :

- Passage en force : le texte de la constitution est voté à 85% par la chambre. **
- Le repos dominical n'est plus obligatoire.**
- Suppression des juges d'instruction. **
- La France réintègre l'OTAN : retour à la politique atlantiste.
- Intervention française en Côte d'Ivoire
- Intervention française en Libye.


2012 Hollande :

- Intervention française au Mali.
- Intervention française en Centre-Afrique.
- Intervention française en Iraq.
- Intervention française en Syrie.
- Loi de travail **





2017 Macron :

- Privatisations
- Suppression de l’impôt sur la fortune **
- Baisse des APL **
- Réforme sur le crédit d’impôt **
- Restrictions sur les droits des chômeurs **
- Réformes sur les retraites **
- Baisse des charges sociales patronales **
- Révolte des gilets jaunes (note 247)
- Crise du coronavirus


















ANNOTATIONS


(1) Pouget 1-5, Mallet du Pan T. II, 69, Bailly 33-34, Segur T. II, 199-201.

(2) La guerre de succession d'Espagne livrée par l'Angleterre contre Louis XIV, avait pour but
d'empêcher la réunification des deux couronnes française et espagnole qui eût mis fin aux
ambitions anglaises et permis à la France d'accaparer tout l'or du continent sud-américain.
La guerre de sept ans, financée par l'Angleterre, nous obligea à concentrer tous nos efforts sur le
continent européen pour nous affaiblir outre-mer et nous faire perdre l'Inde et le Canada.
Toutes ces guerres n'avaient pour autre but que l'accaparement du numéraire par le monopole des
denrées coloniales.
Malheureusement pour les Anglais, la perte des Etats-Unis les rabaissa en dessous de la France qui
inondait l'Europe du produit de ses îles sucrières.
Les Anglais de leur côté achetaient pour presque rien des toiles peintes venant d'Inde, pour les
revendre au prix fort en Europe. Les produits de son industrie étaient ensuite échangés sur le
continent américain contre de l'argent et de l'or.
Si Lord North parla de faire la paix, c'est parce que la guerre contre la France ne lui était profitable
qu'en cas de supériorité maritime. Sitôt celle-ci obtenue, la guerre reprendra de façon presque
ininterrompue pendant plus de 20 ans (de Jouvenel 11-27, 374, Portiez 147-148).

(3) Dès le mois de juin 1775, Louis XVI avait décidé d'aider les rebelles et ses espions avaient
noué des intelligences avec toutes les zones de rébellion américaines. La Fayette n'arriva que 2 ans
plus tard et n'eut donc aucune influence sur les décisions du roi. Les rebelles n'auraient
probablement jamais osé proclamer leur indépendance sans avoir la garantie de l'aide française
(Doniol 154-164). La France n'en était pas à son coup d'essai: 150 ans plus tôt, Richelieu avait
contribué à la chute de la monarchie anglaise en finançant lui-même les républicains anglais (C.
Desmoullins, Histoire des Brissottins 6).

(4) Pour la citation de Lord North, voir Blanc, les Hommes 13; Regnault, 34.
Sous Louis XVI, un projet d'invasion de l'Egypte avait déjà été élaboré, avec pour objectif final la
main mise sur le commerce de l'Inde : soit par un débarquement militaire partant de Suez dirigée
vers la côte ouest de l'Inde vide d'anglais et peuplée de tribus hostiles à l'Angleterre, soit en créant
à travers la Mer Rouge, une nouvelle route maritime, deux fois moins longue que celle empruntée
jusqu'ici par les Britanniques, qui aurait anéanti leur commerce en quelques années. Ce projet sera
repris en vain par Bonaparte, et accompli plus tard grâce au canal de Suez construit par la France
(Thibeaudeau T. 1, p. 2-12).
Pour la perte des 33 Vaisseaux français lors du siège de Toulon, voir Clowes 1023-1030.

(5) Un mémoire de 1788 approuvé par le bailli de Suffren et adressé à notre ministre des affaires
étrangères était pour le moins prophétique: " L'intérêt des Anglais en se décidant à faire la guerre,
doit être avant même que leur intention soit connue en Europe de se saisir de Pondichéry et de
s'établir ensuite à Trinkmaley et au Cap de Bonne-Espérance … Si cette île était une fois prise
(l'île Maurice), les Anglais alors ne pourraient plus être traversés dans leurs vues d'ambition au
delà du Cap par aucune puissance de l'Inde ni de l'Europe. Alors aussi, les revenus qu'ils
tireraient du produit de leur commerce et de leurs possessions de l'Empire du Mongol leur
serviraient à alimenter la guerre en Europe et en Amérique et par conséquent à entretenir une
marine supérieure à celle de leurs ennemis. Si leurs succès étaient aussi heureux qu'ils peuvent
s'en flatter, ils pourraient espérer donner des lois à la France et à l'Espagne, de limiter les forces
maritimes de l'une et de l'autre, et en même temps d'obtenir pour eux-mêmes le commerce libre
dans les colonies françaises et espagnoles. Dès lors, les Anglais deviendraient les seuls facteurs et
colporteurs des productions du sol et de l'industrie du monde entier. Et par là, le peuple le plus
riche qui ait jamais existé " (de Jouvenel, 25-26).
Pour le lobby des négociants anglais, voir de Jouvenel, 19, 112, 113, 128, 187-188, 382.

(6) Le nouvel impôt qui s'appelait subvention territoriale, était proportionnel à la richesse, et devait
s'appliquer à tous. L'auteur de la réforme était le ministre Calonne. L'assemblée des notables ne fut
pas la seule à s'y opposer, le parlement de Paris fit de même. Or, ce dernier était composé en
majorité de membres du tiers état dont beaucoup furent députés aux états généraux, et auraient dû
logiquement soutenir la subvention territoriale (Tulard 617, Soboul 122-123). Après l'échec de sa
réforme, le roi voulut retirer aux parlements leur droit de remontrance, et c'est ce qui déclencha la
révolution des parlements, qui furent donc les premiers à s'opposer au roi.

(7) (Chatelet 19-20, 91). Rejeté par la noblesse, le duc d'Orléans alias Philippe Egalité, se voulait
le grand protecteur du tiers-état. Il nourrissait plus de dépit envers la cour qui l'avait dédaigné que
de véritable ambition personnelle. Très anglophile, mais aussi très faible de caractère, le duc était
légitimiste et renonça officiellement à ses droits à la couronne dès 1791. Clavière dissimulait son
action sous son nom et le manipulait par l'intermédiaire de Mirabeau lequel essayait de convaincre
ce prince d'accepter la Régence du royaume. Deux agents d'influence de William Pitt gravitaient
autour de lui, Smith et Parker Forth. Le duc avait bon dos, et toutes les horreurs de la révolution lui
furent injustement attribuées (Karmin 252-253, Dard 227, Pouget 222-223, Staël 112, 126, 127,
142, Châtelet 216, Weber 325, Bouillé 228-229). Le banquier Boyd qui finançait le réseau
d'espionnage anglais, "tenait " le duc qui lui devait des sommes énormes (Mallet V. 1, p. 457-458).
Son agent le plus fidèle, de Walckiers, ainsi que son banquier, Laborde de Mereville, étaient tous
deux les associés de Boyd (Blanc, Les Hommes 48-49, Bouchary 193). Le duc de La Luzerne,
notre ambassadeur à Londres, se méfiait de Forth et soupçonnait l'Angleterre de financer les
émeutes en France (Mme Rolland, vol. 1 p. 301, Cobban 226-61, Bibliothèque 184). Un jour, le
duc décida d'aller aux Tuilleries se réconcilier avec le roi et demander son pardon. Mais, le baron
Goguelat, secrétaire de la reine, l'insulta publiquement dans les appartements royaux. Le duc outré,
renonça à sa démarche, et son attitude n'en devint que plus radicale à l’égard du roi. L'idée de cette
provocation avait été suggérée à Goguelat probablement par la maitresse de l'espion anglais
Quintin Craufurd qu'il fréquentait à l’époque (Bouillé 231, Blanc les espions 156, 329, Dard un
rival, 50, 55, 96).

(8) Ces pamphlets furent distribués par un certain Benjamin Veitel Ephraïm, agent secret du roi de
Prusse (Masson 222).

(9) L'expression " agent anglais " n'est pas exagérée puisque Clavière, de religion protestante, était
citoyen britannique et avait prêté serment de fidélité au roi d'Angleterre (Karmin 136, voir aussi
notes 11 et 12). Il avait adhéré au fameux Cercle Bowood, véritable think-tank anglais avant
l’heure, dont le rôle était d’exporter la démocratie. L’historien Alfred Cobban affirma contre toute
évidence que les activités subversives des services secrets britanniques ne commencèrent qu'à
partir de 1792, invoquant la comptabilité du Foreign-office qui d'après lui serait restée stable
jusqu'à cette époque. Bien entendu, les fonds secrets britanniques ne pouvaient figurer sur les
registres officiels, surtout en temps de paix. L’ambassadeur anglais Dorset reconnut néanmoins
avoir reçu de grosses sommes directement de la part de négociants anglais, et les avoir distribuées.
Il avoua " ignorer l'emploi qu'on put en faire ". Louis XVI protesta officiellement auprès du
gouvernement anglais, accusant Dorset d’avoir utilisé l’argent pour financer l’émeute du 5 octobre
1789 à laquelle Clavière était mêlé. L’ambassadeur dut quitter son poste et les émeutes cessèrent
pendant plus d’un an (Dard 190, Havard L. II 49, Hampson 49, Maricourt 174-175).

(10) Le premier pamphlet s'appelait " Dénonciation sur l'agiotage ". Il était signé Mirabeau mais
inspiré par Clavière, et accusait le gouvernement en la personne de Calonne, de favoriser les
spéculations frauduleuses. Il eut pour effet de discréditer ce dernier et de faire échouer sa réforme
sur la subvention territoriale (Brissot Mémoires T. 2 p. 29, Dumont 31, 147, 297-298, Fay 81, 83,
Colling 104, Mirabeau V. 4 p. 279, 8, 36, 50, 57, 59, Soulavie V. 5 p. 302, Vie publique 31, Peltier
Domine 39, note 12). Le second pamphlet s'appelait " Point de banqueroute ou Lettre à un
créancier de l'état sur l'impossibilité de la banqueroute nationale ". Il était signé Brissot, mais
inspiré par Clavière. Il expliquait qu'il n'y avait pas de déficit, que le gouvernement mentait pour
imposer ses réformes fiscales, que la convocation des états généraux prouverait tout cela, et que les
réformes fiscales devaient être refusées, ce qui arriva (Brissot Point de Banqueroute 32-34). En
sortant Brissot de prison, et payant ses dettes mirobolantes, Clavière fit de lui son éternel obligé. Il
continua d'acheter ses services et ceux de Mirabeau, qui lui servaient de prête-noms pour la plupart
de ses pamphlets (Whatmore 1-24, Dumont 32, Brissot mémoires T.1 p. 274 T. 2 p. 31, Chatelet 15,
note 12, Darnton Litterary 48).

(11) En 1782, Louis XVI réprima la révolution protestante de Genève et fit proscrire les agitateurs
qui l'avaient déclenchée. Clavière faisait partie de ces derniers, lesquels s'adressèrent au
gouvernement anglais, lui demandant de les aider à se "venger " des Français (Havard L II 35,
Karmin 117). Lord Shelburne marquis de Lansdowne et premier ministre britannique, accepta leur
proposition et leur offrit une subvention de 50 000 £. Lord Grenville, futur premier ministre,
s'associa avec eux. Trois d'entre eux, Clavière, Duroveray et D'Ivernois, adoptèrent la nationalité
irlandaise et prêtèrent serment de fidélité au roi d'Angleterre (Karmin 136, 167, 389, Dumouriez, V.
1, p. VI, Dumont 57-60, 312). Tous trois furent enrôlés dans le Cercle Bowood qui réunissait des
agents d'influence anglais désireux d’exporter la démocratie (Selth 41, note 478). A peine arrivé à
Londres, Clavière fut mis en contact avec trois espions britanniques, Keith, Herries et Duplain
(Bouchary 28, 97, Sparrow Secret 93, lettre anglaise). Puis, il se mit en affaires avec la banque
Boyd, principale agence de financement de l'espionnage anglais (Pouget 42, Sparrow 56, Lettre
Anglaise). Nos trois genevois furent envoyés en Irlande pour y former une colonie de protestants
ennemis de la France, afin de les opposer aux catholiques irlandais, eux-mêmes sollicités à des
soulèvements par les Français (Soulavie V.5 p. 284, 306). L’entreprise ayant échoué, il fut décidé
d'utiliser les genèvois directement contre la monarchie française (Karmin 122, 156-157).
D’Ivernois qui était conseiller auprès du gouvernement anglais, fut chargé de la propagande anti-
française en Angleterre, pendant que Clavière, Duroveray et Dumont, (un autre genevois du Cercle
Bowood), partirent tous les trois en France pour aider à renverser Louis XVI (Sparrow, Secret 33).
Nos trois amis formèrent autour de Mirabeau une sorte de cabinet d'influence (note 13). Pour plus
de commodité, ils s'assuraient les services de repris de justice tels Brissot, Mirabeau ou Pellenc,
qui ne pouvaient rien leur refuser (Dumont 172, Whatmore 1). Agissant toujours par personne
interposée, leurs discours subversifs étaient publiés sous les noms d'emprunt de Mirabeau et de
Brissot. Les soulèvements populaires qu'ils déclenchaient étaient toujours attribués à tort au duc
d'Orléans. L'alliance de ces intrigants avec le formidable tribun qu'était Mirabeau fut redoutable.
Rien ne leur résista. D’Ivernois, Dumont et Duroveray touchaient du gouvernement anglais une
pension de 300£. Ils fondèrent avec Mirabeau et Reybaz " Le Courrier de Provence " (Karmin 167,
322-330, 389). Quant à Clavière, il pratiqueait la spéculation baissière qui lui permettait à la fois
de ruiner l'appareil d'état français, et d'en tirer un profit financier (Karmin 156, 167, Blanc la
corruption 75, Dumont 58-60, Selth 97). Avant l'insurrection sanglante du 6 octobre 1789, Clavière
fut aperçu en compagnie de Duroveray, en train de distribuer de l'argent et d'exciter le peuple à la
rébellion (Chatelet I, 148). Clavière avait comme agent Stanislas Maillard, l'homme des massacres
de septembre et de l'émeute du 6 octobre, qui lui-même avait sous ses ordres une bande de 68
coupe-têtes, dont un anglais du nom de Rotondo, septembriseur lui aussi (Bouchary 98, Sorel,
Maillard 18, Maton de la Varenne 479, notes 30 et 36). Une fois au pouvoir, Clavière continua sa
correspondance avec Lord Shelburne qui salariait lui-même tous ses collaborateurs genèvois, sauf
Reybaz, directement payé par Clavière pour transmettre à William Pitt tous les secrets du cabinet
(Bénétruy 418-419, Havard L II 40). La connivence de Clavière avec l'Angleterre fut mise en
évidence par une lettre du 16 juin 1792 d'un observateur russe à son ministre, et qui disait : « Les
lettres de Londres annoncent de grands mouvements dans Paris pour le 20 de ce mois. On a
observé que les grands évènements de la Révolution nous ont toujours été prédits par les
Anglais. » Or, l'émeute en question organisée par Clavière, aura lieu précisément à la date indiquée
(Blanc Les Hommes 16, 231, Soulavie V. 5, p. 306, Chaumié 181, 182, 382, Dumouriez, voir note
507). Clavière se disait républicain, mais, après avoir tout fait pour renverser la monarchie, il
mettra tout en oeuvre pour ruiner la République : Lorsqu’il devint ministre, il n'embaucha que des
royalistes dans ses services, notamment Armand et Dossonville, qui comptaient parmi les plus
dangereux agents de l'Angleterre (Dumont 300, Blanc, les Hommes 131, 224, 225, La corruption
13, 79). Il plaça un homme à lui à la Commission aux assignats, et ruina leur crédibilité en en
émettant pour plus de 7 milliards. L'assignat Perdit 65% de sa valeur sous son ministère
(Whatmore 2). Sous prétexte de lutter contre leur contrefaçon, il fit au contraire tout pour la
favoriser (Blanc les hommes 126, la corruption 79, Buchez T. 19 p. 375-377, 382). Puis il fit
fondre toute l'argenterie des hôtels des monnaies qui provenait du pillage des églises, et qui finira
déportée à l'étranger (Moniteur 781). Puis, il organisa de gigantesques détournements de fonds
publics qu'il fit passer à l'étranger (Blanc, Les Espions 27, 28, La Corruption 77, 78, Bouchary 42,
Bénétruy 435). Après avoir créé la Société des "Amis des Noirs " sensée militer contre la traite
négrière, il n'hésita pas à rétablir la prime d'encouragement au commerce des noirs, qui fut en
grande partie reversée aux Anglais (note 66). Enfin, après avoir incité à la guerre contre l'Autriche,
il fit en sorte que rien ne fut pourvu pour l'habillement ni pour la subsistance ni pour l'armement
des troupes, ni aux hôpitaux ni au ravitaillement ni aux travaux de fortification des places
frontières (Montesquiou 3, Dumouriez, V. 1, p. VI-VII). Il facilitera la prise de nos vaisseaux par les
Anglais en envoyant des royalistes assurer la sécurité de nos ports (Tuetey T. 9, p. 142). A la tête de
son cabinet, il avait nommé un royaliste du nom de Jacquemont, avec qui il était intimement lié, et
qui participa plus tard à la conspiration de Cadoudal organisée par l'Angleterre (Tuetey T. 8 p. 485,
Sparrow secret 352, Blanc espions 168).
Clavière, qui, à ses débuts avait déclenché une révolution républicaine à Genève, n'hésitera pas 10
ans plus tard à essayer de faire annexer sa mère patrie par nos armées (Dumont 330-331). Après la
chute des Girondins, Clavière fut arrêté parce que soupçonné d’être un agent de l’étranger.
Néanmoins, il bénéficia d'une mystérieuse protection, et ne figura pas au procès pour trahison
intenté contre Brissot et ses complices. Il restera en liberté surveillée, et continuera d'assurer ses
fonctions. Il conservera l'accès à ses papiers (qui pourtant avaient été mis sous scellés) grâce à un
espion de l'Angleterre, ancien septembriseur, nommé Lhuillier. Clavière ne parlera jamais et sera
retrouvé suicidé à la veille de son procès. Son épouse subira le même sort, ainsi que Lhuillier. Tous
ses documents financiers postérieurs à 1788 disparaitront opportunément (Whatmore 3, Tuetey T. 8
p. 484-485, 491, Blanc les hommes 134, Maton 411, Bouchary 101, Dumont 329). L'historien
Darnton disait de Clavière qu'il était dépourvu d'idéal politique, et qu'il agissait uniquement guidé
par le profit. En réalité, Clavière avait tout d’un agent anglais (Darnton Trends 54).
Quant à Duroveray, il prit la relève de Clavière car à partir de 1789, ce fut lui qui écrivit les
discours de Mirabeau, tant et si bien que ce dernier l'appelait "son maître en révolution ". Il fut pris
en flagrant délit et dénoncé comme agent anglais, en pleine assemblée nationale, alors qu'il
transmettait des notes à Mirabeau (Soulavie V.5 p. 301, Dumont 57-58, note 13). L'agent anglais
Pellenc leur servait d'informateur, et Lord Elgin, espion de Pitt, les conseillait (Blanc, Corruption
74, de la Marle 59, 205, Dumont 73-74, 96, 102, 106, 172-173, Durey 35-36). On sait que
Duroveray était pensionné du roi d'Angleterre dès le début de la révolution. Les papiers de Lord
Grenville montrèrent qu'il était dès 1792, l'agent principal des Anglais. Ses activités rémunérées
d'espionnage furent prouvées par la correspondance qu'il entretint avec Lord Nepean à partir de
1793 (Dumont 57-60, Blanc la corruption 75, Soulavie V. 5, p. 301-302, 366-371, Marquis, Des
Suisses 183-187, Sparrow secret 33).
Une fois la république installée, Duroveray tentera en vain d'organiser une insurrection royaliste
dans le Jura (Soulavie, V. 5, p. 365, 373). Puis, il retournera à Londres où il continuera de
comploter contre la France avec de fervents royalistes comme Mallet du Pan. Ses papiers
personnels seront saisis mais ont opportunément disparu, ainsi que ceux de d'Ivernois (Blanc, Les
espions 35, Karmin 252, 360).
Quelques années plus tard, le député Canning confirmera que l’Angleterre se faisait une spécialité
d'utiliser tous les mécontents d'Europe contre leur propre patrie (Havard L.II 35).

(12) Clavière avait été initié à la stratégie baissière, qui lui permettait de tirer un profit financier
des désordres qu'il occasionnait à Paris : la méthode de la "vente à découvert ", consistait à vendre
une valeur que l'on ne détient pas, mais qu'on se met en mesure de détenir le jour où sa livraison
est prévue. Lorsque le cours baissait, ce procédé lui permettait de la payer moins cher que le prix
qu'il l'avait vendue précédemment. L'astuce pour Clavière consistait à repérer des actions
surévaluées, et à financer des pamphlets écrits par des journalistes dans le besoin, tels Mirabeau et
Brissot (qu'il fit sortir de prison). Ces pamphlets avaient pour but d'influencer le marché à la baisse
: les critiques les plus véhémentes étaient proférées, dans le double but d'acheter ces actions à bas
prix, et de décrédibiliser le gouvernement. Clavière agissait de façon concertée avec deux autres
baissiers, l'anglais Panchaud, et le hollandais Cazenove. Tous trois concentrèrent cette activité sur
des compagnies d'état : la Caisse d'Escompte, la Compagnie des Eaux, la Banque St Charles et la
Compagnie des Indes. Mirabeau fut entrainé lui aussi dans les spéculations de Clavière qu'il
appelait son « maître en finances ». Devenu spéculateur sur les malheurs publics, Clavière
partageait les intérêts de l'Angleterre. Presque tout ce qu'il fera pendant son ministère, sera dirigé
contre les intérêts français (Darnton Trends 54, Whatmore 1-26, Bouchary 43-80, Fay 136,
Soulavie V. 5. p. 301, Mirabeau V. 4, p. 180, Moniteur, T. 18, p. 444).

(13) Quelques semaines avant le 14 juillet, ce fut Duroveray, complice de Clavière, qui déclencha
la crise du Serment du Jeu de Paume : après avoir encouragé les députés du tiers état à voter un
décret qui les auto-proclamait " Assemblée Nationale ", il proposa au roi de casser ce même décret
tout en acceptant la réunion des 3 ordres, ce qui revenait en réalité à accepter le décret tout en
sauvant les apparences. Il présenta l'affaire au roi comme un prétendu arrangement avec les
députés. En fait d'arrangement, Duroveray avait volontairement omis d'en prévenir Mirabeau.
Résultat, quand Louis XVI cassa le décret, la colère de Mirabeau éclata ainsi que celle de tous les
autres députés, ce qui entraina le jusqu'au-boutisme de l'assemblée, on connait la suite… Sans
l'intervention de Duroveray, le roi n'aurait probablement rien fait et tout se serait passé sans la
moindre violence (Dumont 78-87, note 11).

(14) Aux Etats-Généraux, chaque ordre siégeait séparément et le résultat du vote de chaque ordre
comptait pour une voix. C'était le principe du vote par ordre. Il suffisait donc que les deux ordres
privilégiés (le clergé et la noblesse) votent dans le même sens, pour que le tiers état soit en
minorité. Necker accepta d'accorder deux voix au tiers état, mais pour être sûrs d'être majoritaires,
les députés du tiers exigèrent le vote par tête, et que les trois ordres siègent ensemble. Face au
refus du roi, ils s'auto-proclamèrent " Assemblée Constituante ".

(15) La majeure partie des investisseurs parisiens étaient créanciers de l'Etat et vivaient dans la
hantise de la banqueroute royale. Le jour même où les Etats-Généraux devinrent Assemblée
Constituante (le 17 juin 1789), fut adopté un décret qui mettait "les créanciers de l'état sous la
garde de l'honneur et de la loyauté de la nation “. Moins d'un mois plus tard, juste après le renvoi
de Necker, le décret du 13 juillet confirmait " la dette publique ayant été mise sous la garde de
l'honneur et de la loyauté Française; et la nation ne refusant point d'en payer les intérêts, nul
pouvoir n'a le droit de prononcer l'infâme mot de banqueroute, nul pouvoir n'a le droit de manquer
à la foi publique, sous quelque forme et dénomination que ce puisse être" (Debray 9, Procès
verbal de l'Assemblée Nationale du 13 juillet 1789).
D'après Rivarol, " Les capitalistes par qui la révolution a commencé n'étaient pas difficiles en
constitution; et ils auraient donné les mains à tout, pourvu qu'on les payât... Ils voulaient que M.
Necker régnât pour les payer; qu'on essayât une révolution pour les payer; que tout fut renversé
pourvu qu'on les payât. Ils ne concevaient pas que l'assemblée nationale fut autre chose qu'un
comité des finances... C'est ce vil intérêt, par exemple, qui a soulevé Paris : car le patriotisme, ce
prétexte éternel des parisiens, n'a été la raison que de quelques bourgeois qui n'entendaient pas
l'état de la question. Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs l'ont décidée (la
Révolution), en se dévouant à l'Assemblée Nationale du jour où elle mit les dettes du
gouvernement sous la sauvegarde de l'honneur et de la loyauté française " (Rivarol 186, 235).
Le député Lofficial dira " Ils ne voyaient que la banqueroute royale et la perte de leur fortune
certaine " (Mathiez, Les Grandes Journées de la Constituante).
Etienne Dumont dira de son côté " Les rentiers de l'état, si souvent exposés à la violation de la
foi publique, ne considéraient les états-généraux que comme un rempart contre la banqueroute…
les créanciers de l'état, corps très nombreux, très actif, très puissant à Paris, étaient tous en
opposition directe avec la cour, parce qu'ils voyaient bien qu'on n'avait qu'à faire banqueroute
pour se tirer du déficit" (Dumont 45, 92,105).
Le 14 juillet 1789, lorsque la fausse nouvelle de la banqueroute royale fut diffusée dans tout
Paris, Isaac Panchaud, principal conseiller de Necker et premier décideur à la Caisse d'Escompte
(ancêtre de la Banque de France), était la seule personne à pouvoir démentir cette rumeur, mais il
mourut de façon providentielle le jour même.

(16) Camille Desmoulins qui appela le peuple " aux armes ", était le secrétaire de Mirabeau
(Chatelet I, 16, Dard 177, Destremeau 19, Mathiez, les grandes10-11).

(17) L'émeute du 14 juillet fut déclenchée de façon bien concertée : Des attroupements populaires
furent créés par une augmentation artificielle du prix du pain : 20000 sacs de blé commandés par la
mairie de Paris furent bloqués à Londres par William Pitt (Mirabeau Courrier 28-30, Black 336-
338).
Lorsque le prix du pain augmenta, on fit courir le bruit que le roi l’accaparait pour nourrir ses
armées qui encerclaient Paris. Camille Desmoulins, secrétaire de Mirabeau, annonça que les
armées royales préparaient un massacre, et appela le peuple aux armes. Pour obliger le duc
d'Orléans à se compromettre, son buste fut promené en tête des émeutiers (Chatelet I, 182, 183,
191).
Le surlendemain, pour créer la panique dans la bourgeoisie, la bourse fut fermée par les agents de
change, et des bruits de banqueroute furent répandus.
Si l’émeute avait été liée seulement au prix du pain, tous les faubourgs parisiens y auraient
participé. Or, seuls les Faubourgs Saint Antoine et Saint Marcel y prirent part, ce qui indique qu’ils
y furent incités (69% des assaillants de la Bastille étaient issus du faubourg Saint Antoine,
Mathiez, Les grandes 38). Parmi les émeutiers, on retrouve cinq agents de Clavière : son agent de
change Stanislas Maillard eut le rôle principal (il reçut l’acte de reddition de La Bastille et obtint la
garde du gouverneur). Les quatre autres furent Legendre, Santerre et son beau-frère Panis
accompagné de son ami Sergent (Thiers 265, Site internet de la Mairie du XIe arrondissement,
Mayeur). Maillard laissa décapiter le gouverneur par Jourdan « coupe-têtes » qui était
probablement son complice, et qu’il entrainera plus tard à Avignon pour y commettre d’autres
atrocités. Maillard, qui était déjà chef de bande, était accompagné d’au moins cinq comparses :
Gonor, Rossignol, Royer, Dupaix, et Rivière (Bouchary 98, Thiers 265, Sorel, Stanislas 20, Maton
21, 22, 366, 467, 478, Mayeur 18, 47, 48, Mathiez, Les Grandes Journées de la Constituante, L. G.
Michaud, Biographie Universelle nouvelle édition, Paris, 1854, Vol 39, p. 96, Daudet 19, Tuetey T.
1 p. 41, voir aussi note 507).
L'idée de détruire La Bastille était de Clavière : il l’avait déjà suggérée deux ans plus tôt dans sa
" Lettre à un créancier de l'état " pour mettre fin aux arrestations arbitraires.
Le complot anglais fut rapidement éventé, et l’ambassadeur Dorset dût même écrire une lettre
officielle à notre ministre afin d’essayer de se justifier (Voir lettre de l’ambassadeur d’Angleterre à
M. le comte de Montmorin du 27 juillet 1789).

(18) Duroveray, espion de Pitt et complice de Clavière, suggéra à Mirabeau la création de la garde
nationale (Marquis, des Suisses 183-187, Dumont 93). Les 60.000 électeurs de Paris constituèrent
cette milice bourgeoise. Les banquiers Perrégaux, Boscary, Delessert, Prévoteau et Coindre s'y
engagèrent avec leur personnel (La Révolution Française, Albert Mathiez 26 juil. 1789).

(19) Ces rassemblements populaires organisés de façon concertée dans tout le pays sont très bien
décrits dans les mémoires de la marquise de la Tour du Pin (p.194-195). Claude Périer (père de
Casimir), avait acheté le château de Vizile avec tous les droits seigneuriaux afférents. Ce fut lui qui
déclencha la Révolution en rassemblant dans son château la fameuse assemblée qui entraina tout le
département du Dauphiné à refuser de payer l'impôt tant que le roi n'aurait pas réuni les états-
généraux.

(20) Ce fut à l’instigation du banquier Boyd, que l’évêque d’Autun proposa pour la première fois
la vente des biens du clergé. Ces biens du clergé (devenus biens nationaux) représentaient 3
milliards (Mirabeau Correspondance 358-359). Clavière avait fait de nombreuses publications
préconisant la création des assignats, et ce fut Reybaz, son agent de liaison auprès de Pitt, qui
incita Mirabeau à les introduire (Bénétruy 301, Havard L. II 40, Dumont 216, 298, Société Genève
301, 479). Il fut protégé par Deforgues, ministre des affaires étrangères et agent de Pitt lui aussi.
Ces assignats étaient convertibles en biens nationaux. Clavière une fois ministre des finances,
refusa de détruire les assignats déjà échangés en biens nationaux et les remit en circulation, puis il
continuera d'en faire imprimer pour plus de 7 milliards. L'Angleterre organisera une spéculation
baissière sur l'assignat, et des faux-monnayeurs à la solde de Pitt, inonderont le marché de
nouvelles coupures. La valeur de change en biens nationaux restant fixe, la dépréciation de
l'assignat entrainera la raréfaction du numéraire et permettra à certains spéculateurs associés aux
anglais (dont le banquier Perrégaux) de réaliser des plus-values allant jusqu'à 100 fois leur mise.
Certains de ces biens nationaux seront démontés et seront exportés en Angleterre avec leur
mobilier (Tuetey T. 6 p. 416). La lettre Anglaise découverte en juin 1793 montre qu'une livre
anglaise permettait d'acheter 200 livres d'assignats dépréciés, ce qui donnait un pouvoir d'achat
considérable aux Britanniques. La même année, l'absence de numéraire en France obligea la
Convention à fondre l'argenterie et les cloches de nos églises pour la fabrication des pièces de
monnaie (Buchez, T. 28, p. 384, Chuquet, Dumouriez 155, Soulavie 302, 360, 362, Portiez 149,
voir aussi Note 35, Tuetey T. 6 p. 445). Une crise monétaire sans précédent dévastera la France et
ne prendra fin qu'en 1803, grâce à la création par Bonaparte du franc germinal convertible en or
(Havard 40, 41, Blanc, Les Espions 28).
L'agent anglais Duroveray, complice de Clavière, profita des violences populaires de 1789, pour
faire passer à notre assemblée, une loi martiale élaborée sur le modèle anglais. Encore une fois, les
qualités de tribun de Mirabeau seront sollicitées (Dumont 158, notes 11 et 24).

(21) Les adhérents les plus célèbres du " Club de 1789 " étaient Sieyès, Mirabeau, Le Chapelier,
Talleyrand, Condorcet, La Fayette, et Bailly. Dans ce club, les banquiers étaient au nombre d'une
trentaine presque tous protestants, dont notamment Boscary et Dufresnoy, déjà cités par Rivarol
comme instigateurs de la Révolution, ainsi que Perrégaux qui deviendra plus tard après Laborde de
Méréville (cité aussi par Rivarol), le banquier des espions anglais et des hébertistes de la
Commune (Zylberberg 355).

(22) Seuls ceux qui payaient le cens (taxe foncière) pouvaient voter, voir note 479.

(23) Robespierre demanda la république dès l'ouverture des états-généraux, mais tout le monde se
moqua de lui (Bouillé 100).

(24) Afin de provoquer la fuite du roi à l'étranger, Clavière et Duroveray, agents de l'Angleterre,
organisèrent avec Mirabeau et le duc d'Orléans, une première émeute à destination de Versailles le
31 août 1789, mais qui fut dispersée dans Paris par la garde nationale. Le meneur était un certain
marquis de Saint Hurugue, arrivé récemment de Londres, qui sera réutilisé plus tard par les agents
de Pitt (Chatelet 91, Dumont 139, Dard 185, Marquis Espionnage 271).
Une deuxième émeute plus sanglante eut lieu le 5 octobre 1789 (note 11). Le but était d'obliger le
roi à fuir et d'offrir la régence au duc d'Orléans. Gorsas, complice de Clavière, publia un pamphlet
mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore. Mirabeau accusa la reine
d’être à l’origine de cette profanation (Peltier, Domine 39, Vie Publique 31, Chatelet I 242-243,
265, II 11, Dumont 141 ). Pour créer des attroupements, les blés furent accaparés (Blanc, La
Corruption 84, Dard 190, 226, Staël 126, 134, 136, 142, Chatelet I, 15-16, 41, 68, 235, 258). Les
négociants anglais firent parvenir une grosse somme à l’ambassade britannique. 6 à 7 millions de
livres arrivèrent d'Angleterre via la Hollande. Duroveray et Clavière furent aperçus distribuant de
l'argent aux émeutiers (Chatelet I, 148, Havard 48-49). Mirabeau fut aperçu en train de soudoyer
les troupes royales, puis on le vit cottoyer les émeutiers Malouet 3, Maricourt 174, 175). On incita
les femmes à aller égorger la reine, et de l’argent leur fut distribué (Chatelet I, 19, Maricourt 145).
Les principaux meneurs furent Stanislas Maillard, Nicolas Renier, Buirette Verrières et Fournier
l'Américain, tous agents de Clavière (Chatelet I, 60, 99, 113, 134, 137, 138, 207, L. Blanc histoire
V. 6 p. 416, Fournier 27-35, note 507, Thiers 265, Bouchary 98, Notes 7, 11 et 507, Chatelet I, 13-
17, 60, Blanc La Corruption 11-12, 61, Desmoulins Histoire 9, 18, de la Marle 649-650).
Ici aussi, la Fayette intervint avec sa garde nationale et fit manquer l'opération. Louis XVI ne prit
pas la fuite, et le duc d'Orléans dut s'exiler à Londres où il avait tous ses biens.
Le roi apprit de l’ambassadeur d’Espagne, que Dorset, ambassadeur britannique, avait financé
cette émeute. Louis XVI protesta officiellement, et Dorset reconnut avoir reçu cet argent de
négociants anglais et l’avoir distribué à des négociants français. Il prétendit « ignorer l’emploi
qu’on avait pu en faire », et fut remplacé peu après, ce qui est presqu'un aveu de culpabilité,
Clavière et Duroveray faisant probablement partie des dits « négociants français» (Maricourt 174-
175).
Lord Sheridan du parti de l'opposition britannique, suspectait Pitt d'être à l'origine de ces
violences. Lors de la cession parlementaire de janvier 1790, il dit "Qui sait d'ailleurs par quelles
instigations le peuple français s'est porté aux excès que vous et moi désapprouvons " (Portiez 17).
La menace ayant échoué, on essaya la persuasion. Mirabeau, l'homme de Clavière, proposa au roi
d'organiser sa fuite vers la frontière pour reprendre le pouvoir, mais Louis XVI s'y refusa (Dumont
162-169).
Une nouvelle tentative fut organisée lors de la conspiration des chevaliers du poignard :
Dossonville, espion avéré de l'Angleterre, chercha à emmener le roi avec quelques dizaines de
partisans, pendant que Santerre, agent de Clavière, faisait diversion à Vincennes pour distraire la
Fayette et sa Garde Nationale; mais, Louis XVI refusa à nouveau de partir (Note 507, Sparrow,
Secret 63, 132, 134, Thiers 265, Blanc, les Hommes 125).
La cinquième tentative fut la bonne : De Fersen, ambassadeur de Suède, réussit à convaincre la
reine de fuir, mais le carrosse royal fut arrêté à Varennes. L'opération avait été financée par Quintin
Craufurd, agent secret de Lord Malmesburry, nouvel ambassadeur d'Angleterre. Craufurd n'hésita
pas à utiliser sa propre maitresse Mrs Sullivan, pour manipuler Fersen qui devint son amant.
La fuite à l'étranger était un piège. Ce fut l'évènement qui abattit définitivement la monarchie : le
roi fut désormais suspect de trahison (Sparrow 36, De Launay 115-119, Encyclopaedia Britannica,
11th Ed, Vol 7, Sl. 6, Q. Craufurd, Dumont 239).
Plus tard, après l'émeute du 20 juin, la princesse de Lamballe ira à Londres solliciter l'aide de Pitt
pour sauver le roi. Pitt refusera. A la veille de l'exécution de Louis XVI, Pitt refusera à nouveau
devant son Parlement de financer le projet de Danton consistant à soudoyer nos députés pour faire
voter la déportation du roi à l’étranger, et éviter son exécution. Ceci lève les derniers doutes sur les
intentions bienveillantes qu’aurait pu avoir Pitt à l'égard de Louis XVI. A en croire le député
Faydel, des agents anglais auraient même été débarqués à Paris à la veille du procès royal, pour
inciter les députés à voter la peine capitale. La mort du roi avait l'avantage pour William Pitt de
discréditer la république aux yeux de l'Europe, et surtout aux yeux du peuple britannique. La
rupture des relations diplomatiques arriva peu après (Blanc, Les Hommes 18-19, Soulavie, Vol. 5,
p. 309- 312, Maricourt 177, 178).

(25) On est loin d'avoir fait toute la lumière sur les origines de cette fusillade, mais la participation
étrangère est presque certaine. Brissot, l'homme de Clavière, rameuta le peuple à l'aide de son
journal, et rédigea la pétition qui demandait la destitution du roi (Staël 217, note 12). D'après Staël,
l'Angleterre aurait financé les émeutiers par l'intermédiaire de Brissot (Staël 217-218, Ricker 189).
De nombreux étrangers furent aperçus lors du rassemblement, distribuant de l'argent aux
émeutiers. L'agent anglais Rotondo fut arrêté pour avoir distribué de l'argent et avoir incité à
l'émeute (Pouget 106, 134, Cabet V. 2, p. 358, 370, Conseil 388). Un agent de Clavière nommé
Fournier l'Américain, se mêla à la foule avec sa bande. Ils décapitèrent et promenèrent les têtes de
deux innocents. Puis ils construisirent une barricade, jetèrent des pierres sur les gardes nationaux
jusqu'à en blesser 7 et en tuer deux. Fournier tira à bout portant sur la Fayette (Cabet, V. 2, p 365
370-373, 379-381, Mathiez, Les Grandes 115-128). Santerre, Sergent, Stanislas Maillard, eux aussi
agents de Clavière, ainsi qu'un espion anglais nommé Duplain, étaient aussi de la fête (Thiers 265,
note 507, Bouchary 98, Lettre Anglaise, Feller, vol. 11, p. 273, Roland, Tome I, p. 408, 410,
Tourzel 367-369, Dumas 360-400, Fournier 48-50, 53).
Face à ces violences, le député Dandré " exigea des mesures vigoureuses contre les factieux ".
Dandré, agent de distribution de l'argent anglais, assurait la corruption des députés à l'assemblée.
C'était un proche de Dumont, lui-même agent du Cercle Bowood et complice de Clavière :
Dumont décrit très bien comment Dandré s'y prenait en arrivant de bonne heure à l'assemblée pour
corrompre les députés à mesure de leur arrivée. Notons que la loi martiale avait été votée grâce à
l'espion anglais Duroveray, autre complice de Clavière. Clavière avait donc des intelligences à la
fois dans le camp des émeutiers et dans celui de la répression. Plus tard, Dandré financera un autre
agent de Londres nommé d’Ivernois, ami de Clavière lui aussi (notes 11 et 20, Dumont 252, 265-
266, 335, Bombelles 239, Marat, N° 522, 524, 529, p. 5, Cabet V. 2, p. 356, 364, 378, Sparrow,
Secret 63, 92).
Au Champ de Mars, la Fayette et Bailly firent tout pour éviter l'effusion de sang, mais ils furent
secondés par Dossonville, autre agent de Pitt, marchand de vins à ses heures. Après avoir essuyé
plusieurs coups de feu, les gardes nationaux qu'on avait pris la peine d'enivrer auparavant, tirèrent
sans sommation dans la foule, tuant plusieurs dizaines de manifestants. Plus tard, Clavière
confirmera sa connivence avec le camp adverse en embauchant Dossonville dans son ministère
(Blanc les hommes 125, corruption 79, les espions 95).
Parmi les douze personnes arrêtées ce jour là, on remarquera l’anglais Rotondo, Fournier
l'américain et Burette Verrières, tous agents de Clavière, un certain Richard, en cheville avec les
Anglais, l'espion Ephraïm, au service du roi de Prusse, ainsi que Mme d'Aëlders, fausse baronne et
vraie espionne au service de Pitt. L'Angleterre et la Prusse, s'étaient probablement entendues pour
renverser le régime. L'alliance Anglo-Prussienne se confirmera à Valmy (voir notes 27, 31, 507,
Blanc les hommes 45-47, 207, Masson 222, 223, Desmoulins, Histoire 18, Tuetey T. 3, p 558-559,
Black 408, Flammermont 117-118).
L'hypothèse évoquée par Camille Desmoulins et reprise par certains historiens selon laquelle la
Fayette et Bailly auraient tout déclenché pour intimider le peuple, est peu crédible. L'arrestation
par la police royale de l'abbé Royou, un journaliste ultra-royaliste, démontre tout le contraire.
Royou était probablement un espion chargé d’inciter à la répression : son frère, qui portait le
pseudonyme de Guermeur, agissait dans l'autre camp : on le verra participer plus tard aux
massacres de septembre (note 486). Quant à Fréron, son beau-frère, tout au long de la révolution,
on le vit agir dans les deux camps, exerçant la répression la plus violente, tantôt du côté jacobin,
tantôt du côté royaliste.
En fait d'intimider le peuple, le résultat de ce massacre fut au contraire d'exciter la fureur populaire
contre les partisans du roi. La fusillade du champ de mars préparait le 10 août, elle n'avait pas
d'autre but…

(26) Voir Portiez 24-25, 50, 53, 57-58, 61.

(27) Lorsque les armées étrangères pénétrèrent en France, Louis XVI, redoutant les représailles
des sans-culottes, chargea Mallet du Pan d'inciter les Prussiens à la plus grande modération et lui
demanda de rédiger une proclamation conciliante et pacifiste : afin d'exclure toute idée de
collusion entre le roi et les Prussiens, l'armée des émigrés ne devait surtout pas participer à
l’offensive. Au lieu de cela, en accord avec le roi de Prusse, Mallet du Pan laissa l'agent anglais
Pellenc, publier un manifeste des plus provocants, mettant au premier plan la personne du roi, et
menaçant Paris d'exécution militaire. Ni Louis XVIII ni son frère n'appliquèrent les
recommandations du roi, et l'armée des émigrés participa à l'offensive aux côtés des prussiens
(Sorel, L'Europe, Vol. 2, p. 508-509, Mallet 315-322, Blanc corruption 74, note 11). D'après
l'espion anglais Goldsmith, le manifeste en question avait été fabriqué au foreign office, et des
envoyés anglais en avaient répandu des exemplaires traduits en plusieurs langues, avant même sa
proclamation officielle (Goldsmith 21, 33, Regnault 35). On sait aussi que les ministres Delessart
et Montmorin, adeptes de l'alliance franco-autrichienne, détenaient des preuves des intrigues
secrètes de l'Angleterre avec la Prusse. Ils seront tous deux éliminés lors des massacres de
Septembre (Dard, Le Général 283). Notons que Mallet du Pan était parent de Wickham, chef de
l'agence d'espionnage britannique, et passa une grande partie de sa vie au service de l'Angleterre
(Michaud, Vol. 26, p. 394, Molleville, Tome VIII, p. 320).

(28) Tous les grands soulèvements de la Révolution furent artificiellement déclenchées et ne
concernèrent que les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel (Soboul 569-576). L'émeute du 10
août fut la première à engager la quasi-totalité des sections parisiennes.

(29) Portiez p. V et 69.

(30) Les massacres de septembre découlèrent d’un plan bien orchestré.
Gorsas, complice de Clavière, se chargea d'échauffer les esprits, annonçant dans son journal que
Brunswick allait piller Paris et supplicier ses habitants, hommes femmes et enfants (note 24,
Cabet, 2e éd. T. 2, p. 87, Vie publique 31, Peltier Domine 39). L'après-midi du 2 septembre, le
canon tonna pour donner le signal. Stanislas Maillard alias "Tape dur ", homme de main de
Clavière, accompagné de ses 68 comparses, entraina vers les prisons les éléments les plus violents
des faubourgs en leur promettant de l'argent (Bouchary 98, Mortimer, Vol. 3, p. 484, 490, 525-530,
Tuetey T. 5 p. 39, Hue 123).
Ils n'étaient pas 200 au total, opérant par petits groupes : 8 aux Carmes, 20 à la Force, 15 à
Versailles, mais " travaillant " avec empressement. Plus de 1 200 prisonniers seront massacrés dont
200 prêtres, 35 femmes et 33 enfants. Pour compléter l'horreur, les femmes furent violées,
éventrées et éviscérées (Louvet 344, Jager 379, 392).
On fit croire aux parisiens que les prisonniers attendaient l’arrivée de Brunswick pour massacrer
les révolutionnaires. Gorsas, toujours lui, écrira " Que les prisonniers périssent ! “, " Périr par
leurs mains ou les faire périr par les nôtres, telle est la cruelle alternative ! " (Cabet, T. 3, p. 139).
A la tête de la garde nationale, Joseph Santerre, faux agent du duc d'Orléans, mais vrai agent de
Clavière, recevra plusieurs fois l'ordre de protéger les prisons, mais refusera d'y obéir (Thiers 265,
Soulavie V. 5, p. 306, Chaumié 286, 289, 300, note 507, Granier 90). Fournier l'Américain, autre
agent de Clavière, ne protègera pas lui non plus les prisonniers qu’il acheminait à Paris : eux aussi
seront massacrés (Thiers 265, Fournier 95-98, Tuetey T. 5, p. 33, Maton 141).
Les autres meneurs furent Legendre, Buirette Verrières, Gonor, Rossignol, Rotondo et Nicolas
Renier, tous présents dans l'émeute du 20 juin organisée par Clavière sous égide anglaise. Ils
avaient reçu l'ordre d'exécuter tous les gens ayant pétionné contre la dite émeute (Granier 500-516,
Maton 461-479, Sénart 37-38, Thiers 265, Chaumié 188, Tuetey T.5. p. 47, 55, Jager 389, note
507).
Le projet de massacrer la famille royale échoua grâce à Robespierre, qui, mandaté par la
Commune, assura la protection de la prison du Temple (Granier 58, 90). On voit dans cette affaire,
que tout nous ramène à Clavière, ce qui explique l'inaction des Girondins Roland et Pétion, lui-
même très lié à l'espion anglais Miranda (Dumouriez V.2 p.16, Blanc, Corruption 85-90). Aussitôt
après les massacres, Clavière effectuera une mystérieuse mission à Londres où son complice
Duroveray assurait sa fonction d'agent principal de l'Angleterre (Masson 275, Sparrow Secret 33,
Blanc corruption 75). Quatre espions anglais étaient détenus dans nos prisons: Dossonville,
Duplain, Despomelles, et Lemaître. Curieusement, aucun des quatre ne fut massacré, tous furent
opportunément libérés juste avant les massacres (Jager 416, Chaumié 241, Sparrow secret 32). Un
procureur syndic nommé Jourdan témoigna avoir vu des anglais enivrer les massacreurs, et accusa
l'Angleterre d'avoir tout organisé (Mémoires 73, 147, 148, 154, 155, 327-330). Sénart, commissaire
de police sous la terreur, confirma ces accusations, et prétendit avoir interrogé Santerre qui serait
passé aux aveux. Des lettres venues de Londres auraient été trouvées chez lui faisant état de
sommes à distribuer, tant par personne (Senart 10-11, 34-38). La mise en scène ostentatoire de
toutes ces horreurs et l'utilisation qui en fut faite plus tard donnent du crédit à ces accusations,
surtout quant on sait la connivence de Clavière avec les anglais (note 11). Maillard agissait à coup
sûr pour l'Angleterre puisqu'il était aux ordres de Clavière, et qu’il fut payé par Lebrun 300 livres
par mois, pour finir lui et sa bande, salariés par Deforgue à presque 2 000 livres par mois. Or,
Clavière, Lebrun et Deforgues étaient tous les trois agents de l'Angleterre. Le même Maillard avait
pour banquier Perrégaux, l'agent de financement des espions de Pitt (Bouchary 98, Masson 277,
300, Blanc les espions 24, 25, 27, 30, 31, 93, 94, les Hommes 43, et notes 34, 37, La corruption
208). Rossignol, qui jugea la princesse de Lamballe, était un homme de Maillard, de même que
l'anglais Rotondo, qui fut chargé de la décapiter (Mortimer Ternaux, Vol. 3, p. 498, Alex. Sorel 20,
Marat, N° 347, p. 8, Maton 479). Après avoir lavé la tête de la princesse, l'avoir recoiffée et
poudrée pour qu'elle soit reconnaissable, Rotondo alla la planter sous la fenêtre du duc d'Orléans,
qui justement ce soir là, recevait l'attaché d'ambassade britannique. Ce dernier pourra ainsi
rapporter à Londres tout ce qu'il avait vu. Précisons que la princesse était particulièrement admirée
par la noblesse anglaise qu'elle avait côtoyée. Adam Pitt, frère de William, se fera un devoir de
raconter pour la postérité comment le corps de Mme de Lamballe fut profané et promené sur
plusieurs kilomètres dans Paris. L'effet n'en sera que plus considérable (Michaud, Nlle édition, T.
23, p. 27-35, Fortescue, V. 2, p. 311, Molleville, P. II, Elliott, p. 101, T. 9, p. 297, Cabanès 310,
314, Alger 34). Les journaux anglais exagérèrent volontairement le nombre des victimes, allant
jusqu'à parler de 30.000 morts, et les caricatures de James Gillray représenteront nos
révolutionnaires en mangeurs de chair humaine. Plus tard, à Londres, l'abbé Barruel sera félicité
par Edmund Burke pour avoir raconté comment certains prêtres furent défenestrés et décapités
(Jager 378). C'est grâce à cette horrible boucherie que William Pitt pourra enfin obtenir l'appui du
peuple anglais pour sa politique de guerre contre la France. Rotondo retournera à Londres qui était
sa ville d'adoption, pour y faire de la subversion, et se vanter de ses exploits, terrorisant la
population anglaise en annonçant que William Pitt et le roi George seraient pendus d'ici un mois.
Curieusement, il ne sera pas inquiété. Un rapport du ministère des affaires étrangères identifia
Rotondo comme agent de l'Angleterre (Blanc, Corruption 67). Il avouera plus tard qu'il agissait
comme espion au service des coalisés (Roberti 72-73). L'origine anglaise du complot sera
confirmée par le témoignage de l'agent secret Van Der Maesen qui, présent en Angleterre à cette
époque, témoigna qu'à Londres, on savait déjà bien avant, qu'un massacre aurait lieu à Paris
(Blanc, les Hommes 39,40). En 1801, le biographe de l'espion Goldsmith évoqua, l'existence de
documents figurant dans nos archives secrètes, qui prouvaient la responsabilité anglaise
(Goldsmith VII-VIII). Pourtant, aucun historien contemporain ne les évoqua, ni ceux mentionnés
par Sénart. On sait que ces derniers se volatilisèrent juste après l'arrestation de Santerre, et que la
plupart des archives concernant ces massacres disparurent lors de l'incendie des Tuilleries en 1871.
Certains ont accusé la Commune de Paris d'avoir commandité ces massacres, mais elle, eut au
moins le mérite de demander dès le premier jour à Santerre d'intervenir, et envoya pour supplier
l'assemblée Girondine d'agir (Granier 90).
Peu après les massacres, Gorsas encore lui, approuvera dans son journal cette "justice terrible mais
nécessaire " qu'il attribuera injustement au peuple (Cabet. T 3, p. 102). Si ces atrocités étaient
venues d'un élan populaire, comme on l'a trop souvent dit, les massacreurs auraient été plusieurs
milliers : rappelons que 25.000 personnes participèrent à l'émeute du 10 août. Or nous avons vu
qu'ici ils n'étaient pas 200. Maillard ne put entrainer avec sa bande, que quelques dizaines de
malfrats, qu'on prit la peine de soûler auparavant après leur avoir fait croire que les prisonniers
profiteraient de leur départ, pour massacrer leurs femmes et leurs enfants (Mémoires 327). Il est
donc avéré que le peuple français est innocent de ces massacres, ce fait doit être définitivement
reconnu. (Pour la circulaire des massacres de septembre, voir note 486. Pour les mémoires de
Sénart, voir note 506).

(31) L'armée de Brunswick n'aurait dû faire qu'une bouchée de la nôtre, mais il n’y eut pas
vraiment de bataille : à Valmy, tout se limita à un duel d'artillerie qui ne fit que quelques centaines
de morts. Les Prussiens se replièrent sans raison apparente et sans aucun combat, des négociations
eurent même lieu entre les deux adversaires (Bouillé 367). Le royaliste D'Antraigues résuma
parfaitement la situation " Si ces armées reculent, laissant les factieux triomphants, après les avoir
aigris par leurs manifestes … le Roi est perdu. Et les factieux pourront ce qu'ils voudront… Ainsi,
si Brunswick a fait cela, la pièce est jouée « .
En fait, tout se passa comme si l'offensive prussienne et la publication du manifeste de
Brunswick n'avaient été qu'une provocation, sans intention réelle de secourir le roi, et dont l'effet
infaillible fut de hâter le renversement et la mort de Louis XVI. En fait, le roi de Prusse voulait
offrir la couronne de France au duc d'Orléans. Il espérait s'entendre avec lui pour obtenir l'Alsace
que l'Empereur d'Autriche convoitait lui aussi et qu'il aurait certainement obtenue grâce à son lien
familial avec Louis XVI (Hopel 21-34, Dard 283). Le duc d'Orléans reçut une proposition écrite
du roi de Prusse, mais il la refusa et alla la déposer à la tribune de l'assemblée nationale, espérant
prouver ainsi qu'il n'avait aucune correspondance avec l'étranger (Chuquet, les Guerres, Vol. 3, p.
72, 87).

(32) William Pitt profita de l'exécution du roi pour expulser notre ambassade et tous nos
ressortissants. Le transfuge Lebrun s'empressa de rapporter ces faits à notre assemblée pour
l'inciter à voter la guerre (Black 447). Brissot, influencé par Duroveray, poussait lui aussi vers la
guerre, ainsi que nos industriels qui cherchaient un prétexte pour prohiber les produits anglais :
c'est ainsi que la guerre contre l'Angleterre fut déclarée (Dumouriez V. 3, p. 395-396, de Jouvenel
52, 55-58, Soulavie V. 5 p. 299, note 30).
Les Girondins décrétèrent la prohibition des produits anglais, et à la surprise générale, nos armées
envahirent la Belgique et dépassèrent la frontière Hollandaise, menaçant le Rhin. Il y eut des
négociations secrètes au cours desquelles les Girondins refusèrent de donner des garanties à
l'Angleterre concernant leur monopole sur l'Escaut et le Rhin (Portiez 44-49, Masson 268, de
Launay Histoire 1789, p. 47). Tout ceci décida les négociants anglais à renverser les Girondins. La
trahison de Dumouriez fut achetée par l'Angleterre (Goldsmith 50). Après la trahison de nos
généraux, toutes les factions sous influence anglaise appuyèrent le coup d’état Montagnard.
L'Hébertiste Maillard et l'anglais Dobsent, aidèrent Marat à soulever la Commune contre les
Girondins. Les Enragés appuyèrent eux aussi l’insurrection (Sorel, Maillard 51, Ternaux, Vol. 3, p.
486-487, Pouget 193, Laurent 2-11, Godineau 138-139, Fortescue 397). La participation anglaise
à ce coup d'état fut évoquée lors de la séance parlementaire du 31 décembre 1794. Charles Fox, de
l'opposition, interpella Pitt ainsi "On a avancé que c'était nous qui avions élevé Robespierre, et que
c'était nous qui l'avions renversé. " Dans sa réponse, Pitt n'apporta aucune dénégation (Portiez
157).

(33) Nos agents genevois firent tout pour détruire l’alliance franco-autrichienne : Brissot,
Duroveray et Clavière, voulaient une guerre offensive contre l'Autriche, mais Delessart, ministre
des affaires étrangères, n'en voulait pas (Montesquiou 3, 4). Clavière attaqua Delessart, qui fut jeté
en prison par Brissot sur le motif de connivence avec l'Autriche. Un autre ministre pro-autrichien,
Montmorin, fut injustement compromis dans la fuite du roi à Varennes, et forcé à la démission
après avoir failli être massacré par la foule (Molleville Histoire T. 5 p. 97-101). La reine qui était
autrichienne, craignait d'être à son tour inculpée. Brissot cherchait à la faire impliquer dans une
affaire de faux assignats. Le roi crut pouvoir se protéger en acceptant un gouvernement belliciste
choisi par Brissot : Dumouriez remplaça Delessart, et trois Girondins, Clavière, Roland et Servan
furent nommés ministres. Dumouriez, manipulé par les Anglais, espérait qu'une victoire remportée
par ses armées, lui permettrait de prendre le pouvoir (Sparrow secret 33-35). Pour faire voter la
guerre, Brissot prétexta vouloir exporter notre révolution en Europe et en Angleterre (Dumont 304,
376-381, Soulavie V. 5 p. 119, 305, V. 6 p. 411, 413). Cambon, plus sincère, reconnut que
l'accaparement des biens du clergé belge et l'exportation du système des assignats était un bon
moyen d'extraire le numéraire de ce pays pour rembourser les créditeurs de l'état (Masson 266-267,
270-274, Dumouriez, V. 1, p. 22). La majorité des Girondins étaient contre la guerre, et tous les
Montagnards aussi. Pourtant, elle fut votée à l'unanimité moins 7 voix, comme si une force occulte
était intervenue. Le même phénomène se produira lors de l'exécution du roi (Dumont 310,
Dumouriez V1, p. 48). En fait, les Girondins, manipulés par Clavière accomplirent sans le savoir
tous les désirs de William Pitt : rupture avec l'Espagne due au transfuge Lebrun, déclaration de
guerre avec l'Autriche et avec l'Angleterre qui évita à Pitt d'avoir à nous la déclarer contre l'avis de
son peuple, et qui débouchera sur la perte de nos colonies (Montrévan T. 3, 437, Portiez 59, Blanc
corruption 208).

(34) Lorsque les Girondins soulevèrent la province contre Paris, des chefs royalistes furent mis à la
tête de la rébellion, notamment à Lyon, ville dans laquelle le réseau d'espionnage anglais jouera un
très grand rôle. A Toulon, l'alliance Girondins-Royalistes tournera à l'avantage de ces derniers qui
ouvriront carrément la ville aux Anglais. Les conséquences de cette trahison seront gravissimes
pour la France, car 33 de nos vaisseaux seront livrés aux anglais. La perte de ces vaisseaux et la
rupture de l'alliance avec l'Espagne mettront fin à notre suprématie maritime. Ce ne fut qu'après
que les Girondins aient mis la France à feu et à sang, que les premières têtes girondines tombèrent.
L'alliance tacite entre girondins et royalistes ne se démentira pas avec le temps : deux ans plus tard,
c'est Puisaye, un autre Girondin, qui organisera le débarquement chouan de Quiberon, toujours
avec l'argent anglais. En 1814, Lanjuinnais, Girondin lui aussi, fera voter la déchéance de
Napoléon, au profit de la monarchie et de l'envahisseur étranger (Chaumié 169, 171, 240-242 et
267-276, Marat, 28/09/1792, p. 4, voir aussi note 4).

(35) Un premier réseau de faux assignats importés d'Angleterre fut démantelé en Bretagne en juin
1793, destiné à financer la chouannerie (Masson 245-246, Goldsmith 124, 203, Barthélémy 22).
Déjà, lors de la séance du 18 mars 1793, Lord Shéridan du parti opposé à Pitt, avait dénoncé à la
Chambre des Lords, l'existence de faux assignats fabriqués par l'Angleterre et introduits en France.
Lord Ruyler témoigna avoir vu de ses yeux les faux assignats et menaça même de révéler l'adresse
du moulin qui en fabriquait le papier, ce qui montre que l'Angleterre finançait la chouannerie dès le
début de la guerre (Portiez 112, 113).
Rappelons qu'il y eut 2 chouanneries : la première eut lieu en août 1792 et fut rapidement étouffée.
La deuxième eut lieu début mars 1793 et donna lieu à la guerre de Vendée. Ces deux soulèvements
éclatèrent exactement en même temps que les offensives étrangères, comme pour les soutenir. Lord
Stanhope, du parti de l'opposition, soupçonnait Pitt d'en être à l'origine : dès le 4 avril 1793, à la
chambre des pairs, il publia une motion qui tendait à déclarer " qu'il est contraire aux principes des
nations civilisées et à la vraie vie politique, aussi bien qu'à la religion chrétienne d'exciter des
insurrections dans le pays ennemi. " Loin de nier, Lord Mansfield lui répondit que " S'il se trouve
en France, un grand nombre de personnes qui veulent s'unir à l'Angleterre pour rétablir la
royauté, l'Angleterre doit s'unir avec elles, et que l'argent qui serait dépensé dans ce dessein,
serait bien employé " (Portiez 114, 115). Au même moment, en France, dans le camp des
républicains, un espion de Pitt, du nom de Claude Rey écrivait à son complice Ponthou que ses
hommes " s'occupaient d'échauffer les esprits en sous-main avec de l'argent. " En effet, peu après,
de mystérieux " espions " donnèrent au général Turreau des informations mensongères accusant les
chouans de supplicier les républicains de la façon la plus barbare. Les représailles n'en seront que
plus terribles (Turreau 146). Dans une autre lettre, Ponthou disait à son complice : " j'ai quelqu'un
au Comité de salut public… Il est impossible d'être mieux servi que je le suis. " Ponthou parlait
probablement de l'espion Deforgues, proche de Danton et de Barère, déjà adjoint au ministre de la
Guerre (Marquis, l'espionnage 268, 271, 272, Miot 40, notes 30, 36, 37, 486). Peu après, Barère
prononça son fameux discours " Détruisez la Vendée et le Rhin sera délivré des Prussiens “, grâce
auquel l'assemblée nationale décrètera l'anéantissement de la Vendée (Rapport de Barère à la
Convention, 26 juil. 1793). Une lettre du 21 mai 1793 de Lord Grenville, ministre des affaires
étrangères, adressée au comte von Stadion, confirme les intentions anglaises " Nous ne soutenons
efficacement aucun parti, car il n'y en a aucun avec qui nous fassions cause commune. Mais nous
croyons devoir nous tenir près de tous, et leur donner des espérances qui ne nous engagent à rien,
pour y entretenir et fomenter des troubles intérieurs, qui font une puissante diversion à la guerre. "
Le but recherché n'était donc pas de rétablir la monarchie, mais de créer des troubles intérieurs.
Les vendéens se croyaient les alliés des anglais, ils n'en étaient que les dupes (Sorel, l'Europe, t.
III, p. 462). Les faits ne tardèrent pas à confirmer les propos de Grenville : déjà en janvier, les
autorités anglaises n'avaient pas hésité pas à dénoncer aux républicains, le marquis de La Rouerie,
chef de la première chouannerie. Plus tard, au siège de Granville et à l'ile d'Yeu, nous les verrons
provoquer la défaite des Vendéens en refusant de débarquer l'armée royaliste de secours,
contrairement à toutes leurs promesses, provoquant ainsi le massacre des chouans (Crétineau, Vol.
1, p. 30 à 33, et 208). Lors du débarquement de Quiberon, la marine anglaise canonnera les
royalistes après les avoir débarqués… (Portiez 206, 207)
La guerre de Vendée fit presque 200 000 morts chez les Vendéens, dont certains seront fusillés,
noyés, voire brûlés. Des centaines de villages furent pillés et incendiés. Ces atrocités furent
commises par Carrier et le général Turreau qui étaient Hébertistes, donc eux aussi sous influence
anglaise. Le général Rossignol, Hébertiste lui aussi et agent de Stanislas Maillard, proposa même
l'élimination des Vendéens par l'arme chimique, mais son projet fut refusé (Mercier 131-132). Les
autres généraux se conduisirent bien. Carrier fit tout pour camoufler ses crimes : dans sa lettre
adressée à la convention on peut lire " quatre vingt-dix prêtres réfractaires qui étaient enfermés
dans un bateau sur la Loire, se sont noyés. Quelle affligeante catastrophe!" Carrier avait agi sur
ordre du Dantoniste Herault de Sechelles " Nous te conjurons d'aller à Nantes, nous t'envoyons un
arrêté qui te presse de purger cette ville ". On sait que Carnot, ministre de la guerre, encouragea
Turreau à la répression. Plus tard, lorsqu'il sera débarrassé des hébertistes, Robespierre destituera
Turreau et Carrier, et fera guillotiner Hérault de Sechelles (Lecointre, p. VI).

(36) Pour affaiblir la France, l'Angleterre décida d'entretenir nos factions les plus extrêmes
(Sparrow secret 33).
Il y eut tout d'abord, les hébertistes (exagérés). Hébert était sous influence anglaise sans être pour
autant un agent anglais. Par contre, certains agitateurs de son parti l'étaient. Le plus connu était
Stanislas Maillard, qui, après avoir dirigé les massacres de septembre, sera arrêté pour avoir écumé
les rues de Paris et de la région parisienne avec sa bande de 68 malfrats. Ils terrorisaient les gens et
n'hésitaient pas à les cambrioler chez eux au nom de la République. Maillard, agent de change de
Clavière, était salarié 300 livres/mois par Lebrun, puis 2 000 livres/mois par Deforgue, tous trois
agents de l'Angleterre (Saint Martin, Vol. 3, 193-194, Bouchary 98, Blanc, Les Espions 24, 30-31,
A. Sorel, Maillard 33-35, Masson 277, 300). Les provocateurs qui saccageaient les églises et
organisaient des processions parodiques ne venaient pas du peuple, qui lui, restait très pieux et très
respectueux (Tuetey T IX 184).
Une autre faction extrême était celle des " Enragés ": le 25 février 1793 à Paris, des
attroupements venus d'on ne sait où pénétrèrent chez les épiciers et taxèrent d'autorité le sucre, le
savon et la chandelle. Le montagnard Dubois-Grancé, affirma aux Jacobins que ces troubles
avaient un caractère factice, car les subsistances, d'après lui, ne manquaient pas. " Il y a quinze
jours, disait-il, que je sais que le peuple devait être en agitation et je l'ai appris par les papiers
publics. Lord Grenville lui-même l'a annoncé au Parlement d'Angleterre " (Mathiez, La
Révolution 122). En effet, on constata que la plupart des émeutières avaient reçu de l'argent pour
semer du désordre. Aucun des hommes arrêtés n'était du milieu ouvrier, et Hébert confirma qu'ils
avaient été soudoyés par l'Angleterre pour créer du désordre au moment où l'on recrutait pour notre
armée (Tuetey T. 9 p XI-XIV, XVIII, 84-85). Ces enragés firent beaucoup de tort à la Révolution, car
en exigeant des mesures excessives, ils dressèrent la bourgeoisie contre Robespierre (Havard 49-
50). A leur tête étaient Jacques Roux et un certain Leclerc. Ce dernier était le chef des tricoteuses
(Godineau 154, 156). Ces "Tricoteuses " ou " Furies de la guillotine " furent aperçues pour la
première fois lors de l'émeute d'octobre 1789, où elles étaient payées par Clavière pour aller "
égorger la reine “. Pendant la terreur, on leur donnait 40 sous par jour pour inciter les tribuns aux
mesures excessives, pour insulter les condamnés et applaudir aux exécutions. Elles avaient obtenu
l'autorisation officielle de tricoter pendant les séances de l'Assemblée, et constituèrent le gros des
troupes des " Enragés". Abondament décrites par Carlyle et Dyckens, on les retrouve caricaturées
dans toute la filmographie anglo-saxonne. Certains mémorialistes les désignaient comme les
épouses de la bande à Maillard. La plus connue d'entre elles s'appelait Aspasie Carlemigelli :
accusée d'avoir tué le député Féraud dont la tête fut promenée sur une pique à la Convention, elle
avoua qu'elle oeuvrait pour les Anglais et les royalistes (Godineau 323-324, Challamel 25-32).
Plus tard, Jacques Roux sera arrêté lui aussi et accusé par Robespierre d'être un agent de l'étranger.
Il ne parlera pas et sera retrouvé suicidé dans sa prison comme le furent Clavière et son épouse, et
comme le seront plus tard Lhuillier, Pichegru et d'Antraigues, tous agents de l'Angleterre.
D'après Darnton, le libraire Duplain, espion de l'Angleterre, entretenait à la fois Marat et
Mallet du Pan qui représentaient les deux pôles les plus extrêmes de la révolution, ce qui montre
bien l'intention de William Pitt de créer des forces antagonistes pour aggraver les divisions dans
notre pays.

(37) Lettre Anglaise texte et nouvelle traduction, 4 août 1793, Paris,Boston public library.

(38) Le 5 septembre 1793, ce fut une motion de Barère qui " plaça la terreur à l'ordre du jour ".
Un courrier du Foreign-Office écrit huit jours plus tard et adressé au banquier Perrégaux, prouve
l'intervention anglaise : la lettre demandait à Perrégaux de récompenser 3 agents secrets pour les "
services essentiels qu'ils avaient rendu en soufflant le feu et en portant les jacobins au paroxysme
de la fureur." Les trois agents étaient désignés par leurs initiales, qui étaient les mêmes que celles
de de Merville (de M.), Michel Chemin Deforgue (M.C.D.), lesquels étaient deux agents de Pitt
proches de Barère et de Danton. Le troisième, désigné par (WT), pouvait être l'espion anglais
Wentworth, amant de Sophie Demailly, elle-même espionne anglaise et maitresse de Barère
(Blanc, les Hommes 38, 42, 61, 63, 71-73, Les Espions 50, 51, Pouget 231-232, Bouchary vol. 3, p.
38, Michaud, 1837, V. 62, p. 313, Sparrow, secret 92, 219). Francis Drake, ambassadeur
d'Angleterre, écrira plus tard à son ministre "Quand Deforgue était ministre (des affaires
étrangères), nous avions un moyen sûr de rectifier ses rapports par nos intelligences dans son
bureau intime; nous n'avons pas encore le même avantage avec son successeur ". Dans une autre
lettre datée du 2 septembre, Drake décrit Deforgue comme "cachant ses véritables intentions sous
l'aspect d'un jacobinisme des plus exagérés. " Deforgue comptait parmi les signataires de la
circulaire des massacres de septembre, et on imagine l'influence néfaste qu'il a pu avoir sur Barère,
sur Danton, et peut-être même aussi sur Robespierre (Clapham 67). Quels que soient les véritables
noms de ces 3 agents, le contenu de cette lettre écrite juste après la proclamation de la Terreur,
prouve l'intervention anglaise. Celle-ci sera d'ailleurs confirmée le 27 janvier 1795 à la Chambre
des Lords, lorsque le duc de Bedford déclarera " Nos efforts ont assurément beaucoup contribué à
établir le régime de la Terreur dans ce pays. " Bedford ne sera pas contredit par ses interlocuteurs
(Portiez p. IV, 167, Pouget 247).

(39) Las Cases dit qu'à Sainte Hélène, Napoléon affirma avoir lu des lettres de Robespierre dans
lesquelles il blâmait les atrocités et les horreurs de la Convention. Cambacérès lui avait affirmé
que peu avant sa chute, Robespierre avait prononcé un discours magnifique dans lequel il prônait
un retour à la modération, mais le discours ne fut pas inséré dans le Moniteur, et toute trace écrite
en fut supprimée par ses adversaires (Las Cases, p. 424, 425).

(40) Après une série ininterrompue de victoires, les armées de la république bloquaient à nouveau
l'Escaut, menaçant le Rhin, donc tout le commerce anglais. Seul un changement de gouvernement
pouvait arrêter leur avancée.
Recruté par Clavière, l'espion anglais Dossonville était commissaire de police au Comité de
sureté générale (Sparrow Secret 63, 132, 134, Blanc La corruption 13, de Jouvenel 58). Il profita
de l'absence de Robespierre pour organiser des exécutions de masse afin de les lui attribuer :
Dossonville créait des complots imaginaires, de concert avec Barère et les autres membres du
Comité, tous ennemis de Robespierre. Des listes de noms étaient préparées à l'avance et certains
prisonniers surnommés " moutons " étaient sommés de témoigner contre eux sous peine d'être eux-
mêmes exécutés : un prisonnier nommé Foignet témoigna de ce qu'il entendit d'un certain Armand,
homme de main de Dossonville " Tu n'as pas d'autre moyen de te sauver que d'en faire guillotiner
un grand nombre; invente une conspiration " , " Dossonville et Dulac venaient tous les 2 ou 3
jours rendre visite à Armand… ils méditaient de nouvelles conspirations ". Tout ceci fut confirmé
par Ferrière-Sauvebeuf, lui-même victime de ce chantage (Foignet 19, 20, Blanc, les Hommes 152-
153). Lenôtre confirme qu'Armand ancien faussaire, était l'agent de Dossonville. Joachim Vilate,
ancien juré du tribunal révolutionnaire et témoin visuel, confirme lui aussi ces accusations:
"Barère avait à Clichy, une maison de plaisance… où les Vadier, les Vouland (membres du Comité
de sureté générale), inventaient avec lui des conspirations que la guillotine devait anéantir". C'est
en présence de Sophie de Mailly, (maitresse de Barère et espionne de Pitt), que " les premiers
législateurs du monde dressaient leurs listes de proscription. " La dite de Mailly rendait compte de
ses activités à Lord Malmesbury ambassadeur d'Angleterre à Bruxelles. «Elle n'a cessé de le voir
et a fait le voyage de Lille pour aller conférer avec lui " disait d'elle Barras (Vilate 17, 18, 26 et 28,
Blanc, Les hommes 61, 73, Sparrow, Secret 92). Le 29 aout 1794, Lecointre porta publiquement les
mêmes accusations contre Barère, Vadier et Vouland. D'après lui, ces derniers profitèrent de
l'éloignement de Robespierre pour faire exécuter 1285 personnes pendant les 45 jours que dura son
absence. Durant cette période, Robespierre ne signa que 12 arrêtés, dont un seul était en rapport
avec le régime de la Terreur (Lecointre 245, L. Blanc, V. 3, p. 37). Dossonville, qui agissait dans
l'ombre, avait accumulé une telle somme de documents compromettants, qu'il en avait pris
l'ascendant sur tous ses supérieurs: d'après le comte Dufort, " jamais député, satrape, vice-roi
n'avait eu de plus amples pouvoirs." Ceux de Robespierre, eux, étaient limités : il était membre du
Comité de Salut Public qui était en rivalité constante avec le Comité de sureté générale et n'avait
aucune autorité sur lui. Même au sein du Comité de salut public, Robespierre était minoritaire
(Dufort, T. 2, p. 308).
Une fausse liste de proscription contenant 30 députés fut diffusée et attribuée à tort à Robespierre.
Dans son dernier discours, ce dernier voulut dénoncer le complot anglais : "Est-il vrai qu'on ait
colporté des listes odieuses où l'on désignait comme victimes certains membres de la convention et
qu'on prétendait être l'ouvrage du Comité de salut public et le mien ? … Oui les faits sont
constants… Partout des actes d'oppression avaient été multipliés pour étendre le système de
terreur et de calomnie. Des agents impurs prodiguaient les arrestations injustes. Pour moi je
frémis quand je songe que des ennemis de la révolution, que d'anciens professeurs de royalisme,
que des ex-nobles, des émigrés peut être se sont tout à coup faits révolutionnaires et transformés
en commis du Comité de sureté générale… Il serait assez étrange que nous eussions la bonté de
payer des espions de Londres ou de Vienne pour faire la police ". L'allusion à Dossonville, ancien
royaliste devenu agent anglais est manifeste. Plus loin, il dit "Nous sommes instruits qu'ils sont
payés par les ennemis de la Révolution pour déshonorer le gouvernement révolutionnaire… Quand
les victimes se plaignent, ils s'excusent en leur disant : c'est Robespierre qui le veut“. A la fin du
discours, Robespierre expliquera toute l'architecture du complot " Il existe une conspiration contre
la liberté publique; elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la
Convention. Cette coalition a des complices dans le Comité de sureté générale et dans les bureaux
de ce comité qu'ils dominent. Les ennemis de la République ont opposé ce comité au Comité de
salut public, et ont constitué ainsi deux gouvernements, et des membres du Comité de salut public
entrent dans ce complot." Après avoir proféré ces terribles accusations, Robespierre fut incapable
de donner des noms et c'est ce qui le perdit. Fouché, l'agent double, passa sa journée et sa nuit à
visiter tous les députés en disant à chacun "c'est demain que vous périrez s'il ne périt " (Sparrow
Secret service under 291, Blanc les Espions 27, Pollitzer 207).
Notons que les 332 exécutions d'Orange perpétrées par Fauvetti, ami intime de Vouland et
envoyé par Vadier, eurent lieu dans cette même période (Vilate 27).

(41) Adolphe Thiers décrivait les massacreurs de septembre tels " une bande d'hommes grossiers
et propres à tout oser, tels enfin qu'on les trouve dans les classes où l'éducation n'a pas épuré les
penchants en en éclairant l'intelligence ". Thiers ignorait qu'il avait affaire à des tueurs à gage et
non au peuple de Paris. Comment donc s'étonner de le voir qualifier ce peuple de " vile populace "
ou de "populace barbare ". Le même Thiers dont l'excellente " éducation avait dû éclairer
l'intelligence ", sera responsable du massacre de la révolte des canuts et de la répression sanglante
de la Commune de 1870, dont le plus grand crime était de se vouloir l'héritière de celle de 1792.
Plus tard, les principaux initiateurs du mouvement anarchiste seront tous issus de la Commune :
Mikhaïl Bakounine, Charles Malato, Louise Michel, ainsi que Paule Mink, qui fut l'inspiratrice de
Ravachol. Beaucoup d'entre eux trouvèrent asile à Londres (Thiers, Histoire de la Révolution, 9e
éd, Furne, Paris, 1939, T. 2, p. 310-311, 4e éd, T. 5, p. 90, 407-408).

(42) En 1791, l'irlandais Theobald Wolf Tone publia un ouvrage dans lequel il expliquait que les
divisions religieuses en Irlande étaient l'outil de l'élite anglaise pour monter les populations l'une
contre l'autre et assurer la défaite des deux partis; il prôna donc l'unité entre catholiques et
protestants et fut largement suivi par le peuple irlandais. On peut regretter que les irlandais
d'aujourd'hui n'aient pas eu la même lucidité que Tone.

(43) La journée du 18 Brumaire fut en grande partie organisée et financée par le banquier
Perrégaux qui était un des principaux agents de financement de Pitt (Blanc, les Hommes 44, voir
aussi note 37). Bonaparte, qui était en Egypte à l'époque, négocia son départ avec l'amiral Sidney
Smith, lequel reconnut plus tard avoir évacué le port d'Alexandrie, spécialement pour son départ
(Sparrow, Secret 34, 192). Pitt pensait faire une bonne affaire en éloignant Bonaparte d'Egypte et
de sa course vers l'Inde. Il le regrettera amèrement : le Consul restaurera la puissance française et
retournera Perrégaux qui deviendra régent de la Banque de France. Les financiers français prirent
grande part à ce coup d'état, et pour cause : ils étaient menacés d'un impôt progressif par le
Directoire (de Jouvenel, p. 179).

(44) Margerit 77, 78, 181, 182.

(45) Charles James Fox était anti-esclavagiste. Avant de mourir, il eut le temps de proposer la loi
d'abolition de la traite. Sa mort fut provoquée par un empoisonnement à la digitaline (Burchell 507,
Baldry 52).

(46) L'Ecosse a toujours eu des velléités d'indépendance, surtout depuis la déclaration d'Arbroath
en 1320, qui sert toujours de référence aujourd'hui. L'Ecosse ne fut rattachée de force à la
couronne britannique qu'en 1603. Après de multiples guerres et persécutions, les écossais des
Highland, en grande partie catholiques, furent chassés de leurs terres par les gros propriétaires
anglophiles, et durent émigrer sur la côte et en Amérique. Le référendum de 2014 a montré que le
parti indépendantiste avait encore de beaux restes.

(47) Voir Blanc révolution 91-116. Les relations franco-anglaises s'étaient tendues à tel point que
notre ministre de la marine, M. d'Haussez, irrité du ton tranchant de lord Stuart, laissa échapper ces
mots : " Si vous désirez une réponse diplomatique, M. le président du conseil vous la fera. Pour
moi, je vous dirai, sauf le langage officiel, que nous nous foutons de vous. " (Blanc, Révolution 99)

(48) Le journaliste Louis-François Bertin était un agent de Londres. Il avait été arrêté et déporté le
2 juillet 1800 pour espionnage et correspondance avec l'Angleterre. Ce fut lui qui mena la
campagne de diffamation contre Polignac, ministre de Charles X, dans son "Journal des Débats ".
Il fut assisté par le duc d'Orléans le jour de son procès, et restera tout au long de son règne, un de
ses plus fervents soutiens (Blanc, les Espions 163).

(49) L'article 56 de la charte de 1814 prévoyait que les ministres " ne peuvent être accusés (par la
chambre) que pour faits de trahison ou de concussion ", ce qui n'était pas le cas en 1830.
Louis Philippe qui sous la Révolution avait trahi avec Dumouriez, chercha plus tard à prendre les
armes contre la France aux côtés de l'Angleterre : il se justifiait ainsi " Je suis anglais, d'abord par
besoin parce que nul ne sait mieux que moi que l'Angleterre est la seule puissance qui veuille et
qui puisse me protéger; je le suis par principes, par opinions et par toutes mes habitudes. " Il
vécut plusieurs années à Londres et avait pour maîtresse la fille du roi George (Johanet 37). Son
parti convoitait la couronne depuis l'époque de Louis XIII (Fabre 120). L'amiral Duperré, beau-
frère de Choderlos de Laclos et agent de Louis-Philippe, devait conduire l'expédition algérienne,
mais fera tout pour qu'elle échoue (Blanc, Révolution 91-116).

(50) L'historien Alexandre Mazas témoigna avoir vu des hordes de vagabonds anglais débarquées
à Cherbourg pour semer du désordre en France. D'après lui, lors des émeutes à Paris, ce fut un
anglais du nom de Fox qui tira le premier coup de feu contre la garde royale, qui en riposte
déclencha un feu de file mortel. Un groupe d'anglais accompagnait Fox et l'aidait à harceler les
troupes royales (Mazas 171-173). Le témoignage du lieutenant Laroche confirme ces accusations :
"chargé d'enlever la barricade du boulevard de la Madeleine, Laroche aperçut des Anglais en
train de distribuer de l'argent aux émeutiers " (Pouget 226).
Pour le reste, voir Vitrolles, V. 3, p. 378, et de Launay, Histoire, 1789-1914, p. 82-185. Laffitte
était l'associé de Perrégaux, lui-même agent de financement du réseau d'espionnage anglais sous la
Révolution (note 37). Une fois au pouvoir, il s'opposa à Louis-Philippe sur tous les points et quitta
le gouvernement au bout d'un an pour marquer sa désapprobation à la politique royale qui
s'opposait à l'unité italienne. Il laissa sa place à un autre banquier, Casimir Perier. Laffitte se
repentit sur ses vieux jours et se montra très préoccupé de se faire pardonner sa contribution à
l'ascension de la maison d'Orléans (voir Biographie Universelle).

(51) Ce furent des républicains français qui déclenchèrent les premières émeutes. Les premiers
émeutiers belges agitaient avec eux des drapeaux français, mais le flamingant Lucien Jottrand en
confectionna un différent, et parvint à convaincre la garde bourgeoise d'adopter son drapeau
brabançon arguant qu'il avait l'avantage de ne pas être confondu avec celui des adversaires
hollandais aux couleurs bleu-blanc-rouge (Simon 510).

(52) La loi du 31 mai 1850 excluait du vote non seulement tous ceux qui avaient fait l'objet d'une
condamnation, aussi légère soit elle, y compris pour mendicité, vagabondage ou outrage, mais
aussi ceux qui ne pouvaient justifier d'un domicile de 3 années consécutives dans le même canton.
La justification à fournir était l'inscription au rôle de la taxe personnelle, ce qui permettait d'écarter
tous les indigents. En outre, les domiciles de l'ouvrier ou du domestique, devaient être justifiés par
le maître ou le patron, ou le cas échéant par un juge de paix. Tous ces obstacles cumulés permirent
à Léon Faucher, l'auteur de la loi, d'exclure presque un tiers des électeurs (les plus démunis), sans
avoir officiellement touché au suffrage universel.
Grâce à ce stratagème, le nombre d'inscrits tomba de 9 618 057 en 1849, à 6 809 281 en 1850. En
1852, Lorsqu'il proclama l'Empire, Louis Napoléon fit abroger ce décret pour légitimer son coup
d'état. Des affiches furent placardées dans tout Paris avec "Retour au Suffrage Universel ".
L'astuce lui permit d'avoir l'appui du peuple, et l'assemblée à majorité Orléaniste, ne parvint à
soulever que peu de parisiens (Révolte des gants jaunes).
Pour Thiers voir note 40.

(53) Les agents espagnols de Bismarck étaient le député aux Cortès Salazar y Mazzarado qui
publia un opuscule présentant la candidature Hohenzollern, et deux autres, Lothar Bucher et
Bernhardi. Ce dernier parcourait les provinces espagnoles en faisant la promotion du candidat
allemand. Pour ne pas froisser notre Empereur, le roi de Prusse Guillaume 1er s'était opposé à la
candidature allemande (notre candidat, le duc de Montpensier avait été évincé). Mais Bismarck
exerça une telle pression sur Guillaume, qu'il finit par céder (Ollivier IV 16-22, de Launay Histoire
1789, p. 283-288).

(54) Bismarck 108-109

(55) Quelques années plus tôt, Bismarck avait suggéré secrètement à Napoléon III d'annexer la
Belgique et le Luxembourg en échange de sa non-intervention lors de l'annexion des provinces
danoises par la Prusse. Mais, lorsque notre empereur se décida à accepter, Bismarck simula la
colère face à la presse, et le menaça publiquement d'entrer en guerre (de Launay, Histoire 1789, p.
279-280). L'Agence de Presse Continentale, journal Allemand dont les provocations contribuèrent
largement à la déclaration de guerre, appartenait au banquier Gerson von Bleichröder, agent
d'information et sponsor de Birmarck. Il était l'auteur du "plan révolutionnaire " consistant à
privatiser les mines de la Sarre pour financer la guerre. Il sera associé aux négociations et au
déroulement des réparations de guerre payées par la France. Bleichröder était juif, et 50 ans plus
tard, les Nazis feront preuve d'une grande ingratitude en persécutant ses coreligionnaires sans l'or
desquels l'Allemagne unifiée n'eut probablement jamais existé… (Voir Fritz Stern, " L'or et le Fer
- Bismarck et son banquier Bleichröder ", Fayard, 1990).

(56) L'Empereur ne voulait pas la guerre, il l'affirma lors de sa captivité, et la princesse de
Metternich fut formelle " je puis affirmer que tous deux en étaient également effrayés, et qu'ils
éprouvaient le plus grand et le plus ardent désir de voir ce fléau évité à leur pays " (Metternich
176-177).

(57) Le parlement se composait de 5 à 600 députés élus au suffrage universel, et de 300 sénateurs
qui eux, s'élisaient entre élites. Or, c'était l'ensemble : sénateurs + députés qui faisait et défaisait les
gouvernements. Donc dans certains cas, la classe dominante pouvait gouverner avec seulement
25% des députés.

(58) De nos jours encore, le terme " Populisme " reste très péjoratif.
Pour les lois, voir chapitre XIII principales lois égalitaires * et inégalitaires **.

(59) " La France a dit M. Ferry, en résumant l'Histoire de sa politique, ne doit plus rechercher un
gouvernement fort, elle a besoin au contraire d'un gouvernement faible. " (Littré 461).

(60) Voir Blancheton.

(61) Voir Gaillard.

(62) Les médias français à large audience appartiennent tous à de grands groupes industriels et
bancaires pas toujours français comme Bouygues, Lagardère, Dassault, Vivendi-Universal,
Bertelsmann, etc. Or, les partis politiques ont besoin de ces médias pour être élus. Ils sont donc
contraints de gouverner selon les desiderata du grand patronat. Le système est donc totalement
verrouillé.

(63) Pour la prime au commerce des noirs, voir note 66.

(64) Ce lobby était le club Massiac, dont les adhérents les plus célèbres étaient Moreau de Saint
Méry, Barnave, Charles de Lameth, et son frère Alexandre qui était un ancien adhérent de la
Société des "Amis des Noirs ". Il n'était pas le seul dans ce cas, Mirabeau lui-même, n'hésita pas à
quitter les " Amis des Noirs " pour adhérer au club Massiac, ce qui montre le peu de crédit qu'on
peut accorder à cette société (Pouget 86, 87, 187, Portiez, 147-148).

(65) Molleville, Mémoires, T. 2, p. 28-30. Voir aussi Biographie Moderne ou Galerie Historique, p.
375, 376. *

(66) Pour le discours de Robespierre, (voir Moniteur T. 8, 381, Sablé 50).
D'après Emile Dard, la société des " Amis des Noirs " actionnée par Clavière, était soudoyée par
l'Angleterre pour créer des troubles dans nos colonies (Dard 190, Havard 47). En fait, c'était
Clavière qui, stipendié par l'Angleterre, manipulait Brissot (notes 10-12). L'historien anglais
Francis Plowden reconnaîtra " Brissot parut au nom des Droits de l'Homme et sympathisa dans son
journal avec le ministre anglais. Quand la querelle fut bien animée entre les Amis des Noirs et les
colons, Pitt et ses adhérents firent ajourner la question à plusieurs années chez eux, trop certains
que les torches de la guerre civile allumées dans nos colonies dissuaderaient l'Angleterre de
reprendre cette question. Le piège fut senti en France par un grand nombre de personnes mais
c'était trop tard " (Blanc corruption 95-96).
Dans l'année 1789, malgré leurs belles paroles, les Anglais déporteront à eux seuls autant
d'esclaves que tous les autres pays réunis (Lacroix 16-18, Marquis l'espionnage 273). La
manœuvre anglaise sera confirmée par une allusion du duc de Clarence au parlement britannique
(Portiez 494). Les cahiers de doléances étaient influencés par le Comité des Trente, dont beaucoup
de membres adhéraient au club des " Amis des Noirs " (Voir Doléances du village de
Champagney).
Ni Clavière ni Brissot n'étaient de vrais anti-esclavagistes puisque le 13 février 1793, ils rétablirent
la prime d'encouragement au commerce des noirs, versée aux colons et qui profitait aux Anglais
(Voir Moniteur Tome 20, N° 228 du 6 juillet 1794, p.18. Voir aussi Pétion 45-46 et Marzagalli 184-
207).

(67) Jacques de Cauna, Aux premières heures de la guerre d'indépendance, Historia N° 80, 2002,
p. 63, 64. Voir aussi Barbaroux 87.

(68) Les origines de la grande révolte d’esclaves du 23 août 1791 sont loin d’être totalement
élucidées. Comme nous l’avons vu, Molleville affirma qu’un plan d’insurrection fut transmis aux
esclaves par la Société des Amis des Noirs, elle-même sous égide anglaise. L’insurrection en
question était-elle celle de Bois-Caïman, nul ne le sait. Le motif de la révolte n’était pas
abolitionniste, ce qui rend la thèse crédible, l’Angleterre n’ayant aucun intérêt à prendre
possession d’une ile où les esclaves étaient libérés. Ils afficheront d’ailleurs l’intention inverse lors
du traité de Whitehall. Dans l’hypothèse d’une participation anglaise, il est possible que le but
initial n’ait été que d’effrayer les colons dans le but de s’entendre avec eux, et que par la suite, les
Anglais aient été débordés par les esclaves comme ils le furent par nos révolutionnaires
(Molleville, Mémoires T. 2 p. 28-30, Hurbon 20, 21).

(69) Lacroix 400-410.

(70) " Braves Noirs, souvenez-vous que le peuple français seul reconnait votre liberté et l'égalité
de vos droits. " Proclamation des consuls aux citoyens de Saint Domingue, 25 décembre 1799.

(71) La paix avec l'Espagne était indispensable à la libre circulation des mers, car sans l'aide de la
flotte espagnole, la France cédait définitivement la domination des mers aux anglais.

(72) Abraham Lincoln disait au moment de la guerre de sécession "Mon objectif essentiel dans ce
conflit est de sauver l'Union; ce n'est pas de sauver ou de détruire l'esclavage. Si je pouvais sauver
l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais; si je le pouvais en libérant tous les esclaves, je le
ferais aussi " Lincoln n'était pas favorable non plus à l'égalité des droits " Je dirai donc que je ne
suis pas et que je n'ai jamais été en faveur de l'égalité politique et sociale de la race noire et de la
race blanche, que je ne veux pas et que je n'ai jamais voulu que les noirs deviennent jurés ou
électeurs ou qu'ils soient autorisés à détenir des charges politiques, ou qu'il leur soit permis de se
marier avec des blancs… Je désire tout autant qu'un autre que la race blanche occupe la place
supérieure" (Dictionnaire Larousse).

(73) Leclerc 272.

(74) " Loin de vouloir perdre Toussaint, Bonaparte aurait souhaité mettre à profit les talents et
l'influence de ce nègre. Il fit tout ce qui était possible pour le maintenir dans le devoir "
(Cambacérès, T. 1, p. 588-590).

(75) La prétendue intervention de Joséphine est probablement légendaire, car la Martinique qui
était sa terre d'origine, avait maintenu l'esclavage et n'avait donc aucun besoin de son intervention.
Par contre, à Sainte Hélène, Napoléon reconnaitra "Lorsque la paix fut signée, les anciens colons,
les marchands et les spéculateurs m'accablèrent de demandes de toute espèce. La nation elle-
même désirait recouvrer cette riche colonie, et je crus devoir céder à des voeux aussi ardemment
exprimés."

(76) Malgré l'entente officielle qui régnait entre Haïti et les Etats Unis, le 20 juillet 1801, le
président américain Thomas Jefferson avait fait savoir à Bonaparte qu'il n'approuvait pas le régime
de Toussaint, et qu'il ne s'opposerait pas à une reconquête française de l'ile. Il s'engagea même à
assurer l'approvisionnement de notre armée en vivres et en munitions, et à obtenir l'adhésion du
gouvernement anglais. Talleyrand aurait pleuré de joie en apprenant la nouvelle. Lord Addington,
secrétaire d'état britannique confirma la position américaine : " L'intérêt des deux gouvernements
est absolument le même, dit-il, c'est à dire la destruction du jacobinisme en général, et celui des
noirs en particulier " (L. J. R. Péan, T. II, p. 86, 87, Kennedy 155). Le 31 octobre 1801, Bonaparte
écrit à Leclerc " Les Espagnols, les Anglais et les Américains voient également avec peine la
République noire… Jefferson a promis que dès l'instant que l'armée française serait arrivée, toutes
les mesures seraient prises pour affamer Toussaint et pour aider l'armée" (Roussier 269). On
remarquera la duplicité du gouvernement américain, qui d'un côté poussait Bonaparte à la guerre,
se proposant de le fournir en munitions, mais qui de l'autre n'hésitera pas à vendre des armes aux
rebelles.

(77) Le 14 juin 1802, Decrès, ministre de la marine écrit à Leclerc que la traite sera rétablie dans
toutes nos possessions coloniales, et parlant des noirs " le moment sera venu de les faire rentrer
dans leur condition originelle, d'où il a été si funeste de les avoir tirés. " (Roussier 285). Le 13
juillet, Bonaparte écrit à Decrès "Nous serons à même de prendre toutes les mesures que nous
jugerons à propos pour les colonies. La première de toutes parait d'établir l'esclavage à la
Guadeloupe comme il l'était à la Martinique, en ayant soin de garder le plus grand secret sur cette
mesure " (Lanfrey 397).

(78) Serge Mam Lam Fouk " La Résistance au rétablissement de l'esclavage en Guyane
Française: traces et regards. " in « Le Rétablissement de l'esclavage dans les colonies
françaises », Maisonneuve Larose, 2003.

(79) Dans ses mémoires, Isaac Louverture, fils de Toussaint, accusa Dessalines d'avoir dénoncé par
écrit à Rochambeau, les prétendus préparatifs de rébellion de son père, ce qui conduisit à son
arrestation. Toussaint de son côté protesta de son innocence jusqu'à sa mort (Metral 298). Leclerc
confirme « Toussaint est de mauvaise foi, comme je m'y étais attendu… Je vais ordonner son
arrestation et je crois pouvoir compter sur Dessalines, de l'esprit duquel je me suis rendu maître"
(Roussier 161). Pamphile Lacroix donne une autre version de cet évènement : d'après lui, deux
lettres de Toussaint adressées à son aide de camp Fontaine furent interceptées par Leclerc, qui
laissèrent entrevoir ses projets d'insurrection (Lacroix 198-201, L. G. Michaud, Biographie
Universelle, Paris, 2e édition, Tome XXV, p. 350, 351).

(80) " Dessalines est dans ce moment le boucher des noirs. C'est par lui que je fais exécuter toutes
les mesures odieuses." Lettre du général Leclerc au Premier Consul du 16 septembre 1802 (Leclerc
230).

(81) Il s'agissait de Rochambeau fils, à ne pas confondre avec son père, aux côtés de qui,
Lafayette, avait combattu pour l'indépendances des Etats-Unis.

(82) Les témoignages concordent pour dire que des atrocités furent commises des 2 côtés
(Beaudoin 50, Herpin 77, Jurien 80-81). Pour l’expédition de Saint Domingue, voir Norvins 179-
188.

(83) Les mêmes chiens étaient déjà utilisés par les espagnols à Cuba, par les anglais en Jamaïque et
seront utilisés plus tard par les américains en Floride (Lutz 68-75).

(84) Jules Trousset, Histoire d'un siècle 1789-1889, la Révolution française, le Consulat, l'Empire,
T. IV 1799-1807, p. 132

(85) Les soldats de Leclerc appartenaient à l'Armée du Rhin qui remporta une de nos plus grandes
victoires à Hohenlinden contre les Autrichiens. Quant aux soldats de Toussaint, ils avaient vaincu
les anglais et les espagnols comme on l'a vu.

(86) Girollet 277-296.

(87) Ces chiffres, très difficiles à vérifier, varient suivant les auteurs.

(88) Heers 11-15, Dorigny 10, 11.

(89) Alban Dignat, " 622 au XXe siècle, L'esclavage en terre d'Islam", d'après Malek Chebel,
03/10/2011, Herodote.net. *

(90) Ferro 135-140.

(91) Beaucoup d'esclaves furent vendus par l'Angleterre pour le compte des Etats-Unis. Donc le
nombre d'esclaves déportés vers les Etats-Unis n'est pas cumulable avec celui de l'Angleterre. Ce
nombre est d'ailleurs inconnu puisque la traite fut abolie en 1807, mais continua illégalement et de
façon cachée jusqu'en 1865. Aucune étude fiable n'est donc possible. On sait seulement qu'en
1860, il y avait 3 954 000 esclaves aux Etats-Unis, soit 17% de la population. Pour information,
George Washington possédait à lui seul 350 esclaves.
(Sources : J.C.G. Kennedy, p 595; « Historical Statistics of the United States, 1789-1945", G. P. O.
1949, p. 25 à 27.)

(92) L'abolition anglaise eut lieu grâce à la gigantesque révolte d'esclaves de Baptist War en
Jamaïque.

(93) Voir Charles Adams " When in the course of human events arguing the case for southern
secession " Rowman & Littlefield, 2004; voir aussi Lochlainn Seabrook "Everything you were
taught about the civil war is wrong, ask a southerner ", Sea Raven Press, 2010.

(94) Amnesty International : Traite des femmes et prostitution forcée, 03/09/04, Droit des enfants
15/10/09.

(95) Pour l'esclavage en pays musulmans, voir Malek Chebel, " L'Esclavage en Terre d'Islam ",
Fayard, 2007. Pour le total, voir les chiffres de l'ONG Walk Free pour l'année 2012.

(96) Les deux intermédiaires étaient deux commerçants juifs du nom de Bakri et Busnach, amis de
Talleyrand, et qui avaient fourni des grains à l'armée de Bonaparte lors de la campagne d'Egypte. Il
y avait eu litige car les grains étant avariés, Bonaparte n'avait payé qu'une partie de la dette. Or, les
grains en question étaient hypothéqués par le dey Hussein ainsi que par d'autres créanciers des
deux commerçants. En 1819, sous le règne de Louis XVIII, le litige fut enfin tranché. Un
arrangement fut négocié et signé, mais le dey n'ayant pas exigé d'être prioritaire, la somme payée
par la France fut entièrement absorbée par les autres créanciers. C'est ce qui provoqua la colère du
Dey (Bourget 46, 47, Hugo, Tome 5, p. 321-322).

(97) Voir Blanc, Révolution 91-116. La piraterie qui avait été très développée au XVIe siècle à
Alger, avait beaucoup diminué : en 1830, il ne restait que 122 esclaves capturés par les pirates sur
25 000, 300 ans plus tôt. Ils étaient surtout utilisés pour obtenir des rançons (voir Gheziel 77-89,
voir aussi " Venise plaque tournante du marché des esclaves ", Historia N° 745, jan. 2009*).

(98) L. G. Michaud, Biographie Universelle, Nouvelle édition, 1857, Paris, Vol. 10, p. 526, 527.

(99) Bourget 64-85.

(100) Liorel 247-253

(101) Liauzu 19, 25. De nos jours, les banques utilisent les mêmes méthodes d'emprunts forcés
pour inféoder certains pays d'Afrique, et même d'Europe. La Grèce subit actuellement le même
traitement que la Tunisie 130 ans au paravant.

(102) Mohamed Lazhar Gharbi, " Investissements Français et Déploiement Economique en
Tunisie (1863-1914) : Groupes de pression et esprit impérial", PDF.*

(103) Le Crédit Foncier avait une agence en Algérie et en créera plus tard une autre en Tunisie (les
préfets de Gambetta : Wright/Anceau).
Charles Ferry (le banquier), administrait la Banque d’Indochine, filiale du Comptoir d’Escompte.
Son frère Jules (le président), était lui-même très lié par sa femme aux familles de banquiers
protestants alsaciens.

(104) Voir note 102.

(105) Lors du congrès de Berlin de 1878, Lord Salisbury déclara à Waddington, notre ministre des
affaires étrangères " Vous ne pouvez laisser Carthage aux mains des barbares ! ", Bismarck de son
côté lui dira " Puisque l'Angleterre a pris Chypre, arrangez-vous avec elle pour prendre Tunis ! "
Puis il dira à Saint-Valier notre ambassadeur "La France a besoin d'expansion extérieure, et s'il
s'en trouve dans l'orbite de son domaine africain et méditerranéen, elle sera moins disposée à
tourner ses revendications et ses tentatives vers les provinces que lui a coûtées la guerre de 1870."
La même année, sur les injonctions de Bismarck, Gambetta se laissa gagner à son tour par les idées
colonialistes qu'il avait toujours rejetées jusqu'ici. Il ne fut pas le père du colonialisme, puisque
déjà en 1869, Ferry écrivait dans le journal Le Temps " je regrette que la France n'accorde aux
quelques épaves du superbe domaine qu'elle a jadis possédé au delà des mers qu'une sympathie
distraite et dédaigneuse " (Madouas). En 1874, Ferry avait aussi aidé Brazza à financer son
expédition au Congo (Adam 206, 212, 223, 268, Gambetta 169-171, Ageron). Précisons que
Waddington, notre ministre des affaires étrangères, était l'arrière petit fils du célèbre espion anglais
Miles, au service de William Pitt (Pouget 181).

(106) Clémenceau fait ici allusion à l'Angleterre, qui à l'issue de la Guerre de l'Opium,
empoisonnait la Chine entière avec son opium importé d'Inde.

(107) Charles Robert Ageron, Le Parti Colonial, Le temps des colonies, revue L'Histoire, HS n°
11, avril 2001.

(108) Par le mariage d'Abraham Oppenheim et de Charlotte Beyfus en 1834, la famille Oppenheim
devint parente des Rothschild.

(109) Jacques Marseille, " Empire colonial et capitalisme français, histoire d'un divorce ", Albin
Michel, 1984.
Voir aussi Daniel Lefeuvre, " Pour en Finir avec la Repentance Coloniale ".

(110) L'historien Antony Sutton a montré que les Etats-Unis ont financé l'avènement du
communisme en Russie dès 1917, et largement participé au développement de l'économie
soviétique. La soi-disant guerre froide invoquée n'était donc qu'une propagande pour justifier une
politique impérialiste. C'était la stratégie déjà employée par l'Angleterre lors de la Révolution, la
même qui sera employée plus tard avec l'Islamisme : pour justifier une guerre hégémonique on
favorise la pire faction de l'adversaire (notes 36, 313, 381 et 383). L'OTAN, créé à l'origine pour
lutter contre le communisme, comportait 12 pays, et aurait du normalement disparaitre à la chute
du communisme. Or cette organisation s'est au contraire renforcée, et comporte à présent 28 pays
dont aucun n'appartient à l'Afrique ni à l'Amérique du sud, ni encore à l'Asie (Anthony C. Sutton,
Wall Street and the Bolchevik Revolution, Clairview, 2012).

(111) Dans chaque pays d'Europe sera constituée une armée secrète mandatée par l'OTAN, qu'on
appellera " Stay-Behind ". Les " Stay-Behind " français seront les hommes du 11ème choc,
véritable bras armé de la DGSE. Parallèlement, Nous verrons le Parti Communiste Français
financé par Moscou, lutter lui aussi, mais aux côtés des communistes et contre l'armée Française.

(112) Car les opposants étaient communistes ou affiliés au communisme

(113) On doit à Lyautey la construction du port de Casablanca ainsi que de nombreuses
infrastructures du Maroc. Sa culture chrétienne et monarchiste s'accordait parfaitement avec le
sultanat et ses traditions musulmanes, en contradiction totale avec la colonisation laïcarde de la
troisième république. Lyautey, surnommé " le marocain ", s'appliqua à respecter scrupuleusement
les structures établies par l'Islam. Très strict vis à vis des colons, ses fonctionnaires étaient tous
formés dans le plus grand respect de l'Islam. S'appuyant sur les chefs coutumiers, il jouissait d'une
popularité exceptionnelle auprès de la population marocaine. Malgré la guerre du Rif, son image
reste aujourd'hui encore vénérée au Maroc.

(114) Il existait 3 camps chez les révolutionnaires : les partisans de Ho Chi Minh, d'influence
stalinienne, les nationalistes, et les trotskistes. Les premiers triomphèrent rapidement des deux
autres qui furent tous éliminés.

(115) L'Union Française avait été créée par De Gaulle après la guerre, en parallèle avec le
Commonwealth. Elle regroupait toutes nos colonies.

(116) En 1945, Roosevelt avait accepté d'armer les révolutionnaires d'Ho Chi Minh contre la
France. Mais, Truman ne reprit pas sa politique, privilégiant la lutte anti-communiste.

(117) D'après Bao Dai, l'indépendance accordée par la France en 1948 ressemblait plus à un
protectorat amélioré qu'à une véritable indépendance. Dans le même esprit, la Grande Bretagne
laissa les 54 états du Commonwealth soumis à l'autorité de la couronne britannique, y compris
l'Australie ou les indigènes seront régulièrement spoliés de leurs terres en violation de tous les
traités conclus avec eux.

(118) Voir interview du colonel Aussaresses dans " Histoire des services secrets français " 1ère
partie, vidéo Dailymotion.

(119) La CIA versa la somme de 42 000 $ aux putschistes peu avant le coup d'état. L'assassinat de
son mari fera dire à l'épouse de Diem "Whoever has the americans as allies does not need
enemies." Quiconque s'allie avec les américains n'a pas besoin d'ennemis. (Department of State,
"Check-List of Possible US Actions in Case of Coup, October 25. 1963. Source JFKL : Roger
Hilsman Papers, Country File, box 4, fol).

(120) Dès 1968, le président Johnson sachant que la guerre du Vietnam était perdue, cherchait déjà
à négocier la paix avec l'adversaire, mais le sur-puissant lobby des armes offrit un million de
dollars à Nixon, qui réussit à convaincre le chef du régime de Saïgon de ne pas participer aux
négociations avant son élection, ce qui prolongera la guerre de 6 ans inutilement (Scott 68, 148).

(121) David 77-87.

(122) Benmebarek 5.

(123) De Gaulle redoutait que les anglo-américains profitent de la guerre pour faire main basse sur
nos colonies. La biographie chronologique publiée par l'institut Charles De Gaulle indique à cette
date " Avec la complicité des autorités britanniques, manifestations anti-françaises à Beyrouth,
Alep, Homs, Hama et Damas ". Selon les Mémoires de Guerre, la complicité britannique ne fait
aucun doute pour le général qui pense à une action combinée (Roosevelt de son côté, finançait Ho
Chi Minh). Dans " L'Humanité " du 30 mai 1945, Maurice Thorez accuse lui aussi les anglais. Une
enquête fut menée par les services de renseignements français : la circulation d'officiers Anglais à
Kherrata le 9 mai en plein drame, parut anormale, et des armes anglo-américaines avaient été
fournies aux émeutiers. Le gouverneur général d'Algérie accusera les anglo-américains d'avoir
attisé les désordres, et un rapport des services secrets accuse un agent de l'OSS (probablement
Kermit Roosevelt). D'après le Courrier algérien " à Oued Zenati, trois à quatre mille bédouins en
loques déferlèrent sur le centre, à la nouvelle qu'un gouvernement musulman avait été formé par
l'Amérique à Alger." (Benmebarek 3-4, Charpier 211, 212, Ageron, Mai 1945, p. 55).

(124) Le nombre des victimes musulmanes est impossible à évaluer. Les sources françaises
donneront entre 6 et 20 000 morts, mais le consul général américain à Alger parlera de 40 000
morts. Ce chiffre sera repris plus tard par le FLN (Ageron, Mai 1945, p. 52).

(125) Wall 6, 24, 48-59. Irving Brown était à la fois syndicaliste et agent de la CIA (Charpier 213-
215).

(126) Ce premier attentat fut attribué à la " Main Rouge ", réseau terroriste fictif qui servait de
couverture à tous les meurtres et attentats commis par le groupe Action de nos services secrets
(voir interview de Robert Maloubier dans " Histoire des services secrets français " 1ère partie,
vidéo Dailymotion).

(127) Wall 7.

(128) Au sein de l'Assemblée Nationale, les 74 députés pieds-noirs représentaient une force
suffisante pour faire pencher la bascule et renverser un gouvernement.

(129) Les autorités françaises reconnaissaient en privé que la CIA avait encouragé ce putsch sans
en avoir informé Kennedy. Le soutien implicite de la CIA n'est pas prouvé mais probable, car un
coup aussi audacieux ne pouvait être tenté sans appui politique, or les putschistes n'en avaient
trouvé aucun en France. Challe était atlantiste et s'opposait à la politique anti-américaine de De
Gaulle. Il était lié à certains responsables américains opposés au général, et on sait que deux
attachés militaires américains utilisaient la station de radio des putschistes pour envoyer leurs
dépêches. D'autre part, l'armée secrète de l'OTAN participa à ce putsch.
Mécontent d’avoir été mis devant le fait accompli, Kennedy limogera Allen Dulles, chef de la
CIA. Plus tard, Kennedy cherchera à reprendre le contrôle de la CIA qu'il jugeait trop imprévisible
et à la solde des grandes compagnies. Le jour de son assassinat, il ne sera pas protégé, et Dulles
sera nommé chef d'enquête dans la commission Warren dont nous connaissons les conclusions
(Blum 160-164, Ganser 140-142, Wall 359-362).

(130) Ganser 143, 144.

(131) Le FLN était financé par les ouvriers algériens de Paris. L'impôt était de 8% du salaire. Une
véritable guerre civile se livra dans Paris entre FLN et MNA qui refusaient de payer : on décompta
entre 1956 et 1961, 4 000 morts chez les algériens et 150 chez les européens, dont 47 policiers.
L'année 1961 fut la plus terrible : de janvier à octobre, il n'y eut pas moins de 22 policiers tués. La
police parisienne sera accusée d'avoir voulu venger ses morts en précipitant des algériens dans la
Seine.

(132) Voir Hamel.

(133) Ces chiffres sont ceux, respectivement, de Charles-Robert Ageron et de Kamel Kateb.

(134) Le témoignage de Germaine Tillon ne laisse aucun doute, Guy Mollet était informé des
tortures qui sévissaient en Algérie. Nos militaires se justifieront en arguant que leur but était de
sauver les vies des victimes d'attentats. Voir aussi Vidal-Naquet 107-108.

(135) Les expériences de Milgram sur l'obéissance humaine ont montré que 93% des individus
quelle que soit leur origine, sont tout à fait disposés à coopérer passivement à des séances de
torture lorsqu'elles sont faites dans le cadre d'une structure autorisée, et que 63% d'entre eux
seraient capables de torturer activement jusqu'à la mort. Il n'y a donc pas à s'étonner que nos
militaires soient restés globalement obéissants pendant ces 8 années d'horreurs.

(136) Dixit Aussaresses.
Pour les assassinats voir " Histoire des services secrets français " 1ère partie, vidéo Dailymotion.

(137) Voir Robin.

(138) Dans cet ouvrage qui fait 107 pages, seulement 2 sont consacrées à l'interrogatoire. On peut
y lire notamment " Les interrogateurs s'efforceront toujours de ne pas porter atteinte à l'intégrité
physique et morale des individus. La science peut d'ailleurs très bien mettre à la disposition de
l'armée des moyens pour y parvenir “. "L'interrogatoire terminé, il aura place parmi les soldats
(l'interrogé). Il sera désormais un prisonnier de guerre comme les autres..." Il n'est donc pas
certain que les méthodes barbares d'Aussaresses, se flattant d'exécuter les prisonnier après les avoir
torturés, aient été imitées par ses élèves (Trinquier 18, 20).

(139) Pour les Etats-Unis, voir " Torture, un rapport accablant pour la CIA ", Libération, 09 déc.
2014. Pour l'Angleterre et les irlandais, voir John Mc Guffin, " The Guinea Pigs ", 1974.

(140) Nous le savons aujourd'hui, au moment de l'utilisation de l'arme nucléaire contre le Japon, la
guerre était gagnée et les japonais étaient déjà décidés à négocier leur reddition. Ces
bombardements ne servirent qu'à titre d'expérimentation, et surtout à impressionner l'URSS.
Pareillement, l'objectif du bombardement de Dresde n'était pas militaire, mais de démoraliser les
civils en réduisant la ville en cendres.

(141) Scott 168 174.

(142) Les harkis qui auront la chance de regagner la France, seront parqués dans des camps de
regroupement et y resteront pendant plusieurs dizaines d'années ce qui n'est pas non plus à
l'honneur de notre pays.

(143) Même en 1961, au moment du référendum sur l'autodétermination, il n'y eut que 69% de oui
dans la population locale, soit moins qu'en France.

(144) L'Angleterre imposa par la guerre à la Chine, la consommation de son opium qu'elle
importait d'Inde. Ce commerce commença dès 1842 et dura jusque dans les années 1920. (Amitav
Ghosh, " Sea of Poppies ", Picador, New York, 2008).

(145) Liste des pays du Commonwealth avec date de leur indépendance, les paradis fiscaux sont
marqués d'une étoile : Bahamas 1964 *, Grenade 1974 *, Antigua 1981*, Dominique 1978 *,
Saint Vincent 1978 *, Ste Lucie 1979 *, St Christophe 1983*, Trinidad 1962 *, Caiman 1962 *,
Belize 1981 *, Guyana 1966, Yemen 1967, Seychelles 1976 *, Maurice 1968 *, Fidji 1970,
Papouasie 1975, Vanuatu 1980, Emirats 1971, Maldives 1965 *, Brunei 1984, Salomon 1978,
Kribati 1978 Tonga 1970, HongKong *, Anguilla 1982 *, Bermudes *, Cook *, Gibraltar *,
Guernesey *, Jersey *, Man*, Nouvelle Zelande 1902 *, Iles Turques *.

(146) En 1945, grâce au pacte du Quincy, les Etats-Unis furent les premiers obtenir l'exclusivité
sur les pétroles d'un pays, en échange de leur protection envers un régime féodal qui imposait la
Charia au peuple saoudien.

(147) Ils s'agit en fait de la SDCE qui deviendra plus tard la DGSE puis le DRSI. Pour simplifier,
nous désignerons le contre-espionnage français sous l'unique appellation DGSE.

(148) Voir Cossiga.

(149) Voir Pellissier.

(150) Jacques Foccart était franc-maçon lui aussi, ainsi que la plupart des chefs d'état africains et
notamment Mba.

(151) Thomas Sankara, Discours sur la Dette, (Sommet OUA, Addis Abeba, AMT Afrique, vidéo
Youtube. *

(152) Bruno Jaffré, Biographie de Thomas Sankhara, Nouvelle édition revue et augmentée,
L'Harmattan, 1997, Paris.

(153) Voir Garçon Libération, voir aussi Delahousse, et Broussard.

(154) J. R. Booh Booh, " Le patron de Dallaire parle ".

(155) Les anglo-américains soutenaient les Tutsi (anglophones), et la France soutenait les Hutus
(francophones). L'avion du président Habyarimana qui fut abattu par les Tutsi était piloté par un
français, ce qui entraina une enquête de la justice française. La campagne de presse anti-française
était probablement destinée à noyer les soupçons qui pesaient sur le président Kagame concernant
l'attentat présidentiel, et qui fut l'évènement déclencheur des massacres. Le Conseil de Sécurité de
l'ONU, contrôlé par les anglo-américains a d'ailleurs interdit au TPIR d'enquêter sur cet attentat.

(156) Bernard Luggan, « Rwanda un génocide en question », Rocher, 2014.

(157) Pierre Péan, « Noires Fureurs et Blanc menteurs », Mille et une nuits, 2005.

(158) Maurice Bidermann, ex roi du sentier et ami de Nicolas Sarkozy, avait reçu d'Elf entre 1989
et 1993, la somme de 300 millions d'euros en échange de son aide financière dans le divorce
coûteux de Loïc le Floch Prigent, alors PDG d'Elf Aquitaine.

(159) Il s'agit du cabinet Wilkie Far & Gallagher, collaborateur de la société Kroll, elle-même
filiale de la CIA (Voir Lewis, voir aussi Charpier 334).

(160) La société Total, était déjà privatisée depuis quelques années, la France ne détient que 35%
des parts. Total n'est pas la seule compagnie française à passer dans des mains étrangères. Les
fonds de pension anglo-saxons comptent parmi les plus gros actionnaires de beaucoup de nos
grandes compagnies qui furent privatisées entre 1986 et 2013 (note 505). Précisons que Total qui
reste officiellement une "compagnie française " ne paie pas d'impôts en France.

(161) Suite à la guerre du Golfe, Saddam Hussein avait provoqué une chute des cours du dollar,
préférant négocier ses transactions pétrolières en euros. C'est en grande partie là qu'il faut chercher
les véritables causes de l'invasion de l'Irak, et non dans une prétendue guerre contre le terrorisme.
Les « armes de destruction massives » qui servirent de prétexte à l'entrée en guerre, ne furent
d’ailleurs jamais retrouvées (voir Cori).
Pareillement, la création en Iran d'une bourse pétrolière en euros risquant de concurrencer celle
des Etats Unis, a certainement beaucoup joué dans la crise iranienne.

(162) La guerre d’Iraq fit entre 426 369 et 793 663 morts (The Lancet, 11oct. 2006), 733 158 à 1
446 063 morts (Opinion Research Business, 28 jan. 2008). Les américains ont reconnu 500 000
morts (PLOS Medicine, 2013). Ces chiffres n'incluent pas les 500 000 enfants décédés suite aux
sanctions économiques américaines. Pour les mercenaires, voir Corine Lesnes "La société
Blackwater impliquée dans une fusillade à Bagdad ", Le Monde.fr, 19/09/2007. *
D'après le général Douglas Stone qui dirigeait le système pénitentiaire américain, le mélange des
musulmans modérés avec les extrémistes, fera des prisons américaines en Irak de véritables "
universités de djihadisme " (Rubbin).
Plus tard, Dick Cheney qualifiera les tortionnaires américains de héros (" Torture utilisée par la
CIA : les interrogateurs sont des héros, pas des tortionnaires, selon Dick Cheney", Huffington
Post, 14/12/2014). *

(163) En laissant filer les mercenaires biélo-russes auteurs de l'agression aérienne contre la France,
et en ripostant de façon démesurée, nos élites Sarkozistes ont prêté le flanc aux pires accusations, y
compris celles d'avoir planifié la destruction de l'aviation ivoirienne pour se débarrasser de
Gbagbo.
Mamadou Koulibaly, ex-ministre de Gbagbo et administrateur du réseau C.O.D.E.S.R.I.A.
(financé par les fondations Ford, Rockefeller et Soros), reconnut avoir lui-même « préparé »
l’offensive ivoirienne en 2004. L’hypothèse d’une manoeuvre atlantiste destinée à brouiller Chirac
avec Gbagbo, est donc envisageable (Voir Hofnung, N’Guessan et Koulibaly).

(164) La belle-mère de Nicolas Sarkozy avait épousé Frank Wisner, cadre de l'agence Kroll,
officine de la CIA (Charpier 334). Le père de Wisner était lui-même directeur de la CIA et
fondateur de l'armée secrète d l'OTAN.

(165) P. Tesson, M. Cotta, " Bongo a financé la campagne Sarkozy, selon un proche du président
gabonais défunt ". Le Point.fr, 22/11/2011.*

(166) Scott 165.

(167) Craig Whitlock, " US expands secret intelligence operations in Africa ", The Washington
Post, June 13, 2012. *

(168) Ouattara est un proche de Nicolas Sarkozy.

(169) Contrairement au Grand Orient, la GLNF est d'obédience anglo-saxonne, ce qui en dit long
sur les futures relations franco-africaines.

(170) Aujourd'hui, le péril rouge ayant disparu, il reste le mythe du péril jaune qui repose
essentiellement sur des considérations racistes: inventé par l'écrivain anglais Matthew Shiel, il sera
relancé au début du siècle par le New-York Times. La guerre américano-japonaise vint justifier les
craintes des américains qui trouvèrent légitime d'essayer des armes atomiques sur des populations
asiatiques. Plus tard, l'avènement du communisme et l'humiliation américaine en Corée et au Viet
Nam envenimèrent les choses. Le général Mac Arthur alla jusqu'à demander d'utiliser à nouveau
des dizaines de bombes nucléaires contre la Chine, ce qui lui fut heureusement refusé. Chaque
année, les Etats Unis publient un rapport sur l'état des droits de l'homme dans le monde, dans
lequel la Chine est régulièrement épinglée. Depuis quelques années, la Chine a considérablement
augmenté son budget militaire jusqu’à atteindre le 2ème rang mondial. Ces dépenses restent
néanmoins plus de 2 fois inférieures à celles des Etats-Unis. La Chine n'est d’ailleurs intervenue
militairement dans aucun conflit extérieur depuis la guerre de Corée. Le président Chinois a
récemment affirmé " L’hégémonie ou le militarisme n’est pas dans les gènes des Chinois… La
Chine ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des autres pays ni n’impose sa volonté aux
autres… Elle ne cherchera jamais l’hégémonie peu importe la puissance qu’elle peut devenir. "

(171) Il s'agit de nos interventions militaires en Côte d'Ivoire, en Libye, au Mali, en Centre-
Afrique et en Iraq.

(172) Stannard 74, 75, 151.

(173) La CIA tenta en vain d'assassiner Castro à plusieurs reprises.

(174) William Blum, Les Guerres Scélérates, Parangon, 2004. John Perkins, Confessions d'un
Assassin Financier, Alterre, 2005.

(175) Matthieu Hoffstetter " Etat Islamique, ses cinq sources de financement", Bilan, 2/10/2014.

(176) Voir note 36.

(177) Les néo-conservateurs américains sont sous l'influence de protestants évangéliques dont le
projet final est la reconstruction du temple de Jérusalem et la reconversion de tous les juifs d'Israël
au christianisme. Or le fameux temple a été remplacé par l'esplanade des mosquées où trône le
dôme du rocher et la mosquée d'Al Aqsa. La reconstruction de ce temple passerait par la
destruction de ces monuments qui rendrait la paix définitivement impossible avec les pays arabes.
Or c'est justement ce qu'a prédit le prophète Zacharie, et qui est sans cesse invoqué par les
évangélistes "Aux jours derniers, Israël sera encerclé d'ennemis … et contre elle se rassembleront
toutes les nations de la terre ". On peut donc comprendre la méfiance du pacifiste juif Uri Avnery
" Avec des amis comme eux (les évangélistes), on n'a pas besoin d'ennemis “. D'autres disent plus
symboliquement que la conception qu'ont ces protestants évangéliques du sionisme, est "une pièce
en cinq actes où nous (les juifs) disparaissons au quatrième " (Yakov M. Rabkin, L'opposition juive
au Sionisme, Zed Book, 2006).

(178) Pouget 6, 10.

(179) Mallet du pan dans ses mémoires affirme que la proposition fut faite au duc de Brunswick
qui refusa " le plan des chefs des jacobins n'est pas précisément la république, mais un
changement de dynastie… En conséquence, ils ont offert la couronne au duc de Brunswick… qui la
refusa… Les chefs n'en persistent pas moins dans leur plan… MM Condorcet, Brissot et autres ne
sont que les instruments, les agents de l'entreprise, dont le principal chef et auteur est l'abbé
Sieyès" (Mallet du Pan, Vol 2, p. 259). Plus tard, la république s'étant imposée par la force des
choses, ils persistèrent dans leur projet: " Le girondin Pétion vers le 3 octobre (1792) eut une
conversation avec Despomelles (agent secret royaliste). Il l'assura que Condorcet et lui,
voulaient… une République semblable à la Hollande et une sorte de stathouder… que ce
stathouder, ils le voulaient protestant plutôt que catholique " (Lettre d'Antraigues à Las Casas du
13 novembre 1792, et de Las Casas à Alcudia du 21 novembre 1792, voir Chaumié 269). Ce
témoignage confirme le souhait exprimé publiquement au club des Jacobins, par Carra, girondin
lui aussi, de choisir comme chef d'Etat pour la France, le duc d'York ou le duc de Brunswick, tous
deux ennemis de la France et d'obédience protestante (Procès de Brissot 20, 91, 93, Desmoulins,
Histoire 15, 16, 54, la Fayette 105, 106, 593, Pouget 154-159).

(180) Jacques De Launay, Histoire de la diplomatie secrète 1789-1914, Rencontre, 1964, p. 383.

(181) Patrick Cabanel, Le Dieu de la République, Aux Sources Protestantes de la laïcité, 1860-
1900, Carnot.
Les paroles de Vincent Peillon, chantre de la laïcité, sont assez révélatrices : "L'Eglise catholique,
Eglise de servitude, Eglise de domination et d'accord avec le pouvoir royal puis après avec la
contre-révolution … On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique.
Mais comme on ne peut pas non plus acclimater le protestantisme en France comme on l'a fait
dans d'autres démocraties, il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine,
qui doit accompagner la révolution matérielle, mais qui est la révolution spirituelle, c'est la
laïcité. " (Voir " Contre le catholicisme, il faut une nouvelle religion, la laïcité " : Vincent Peillon,
vidéo Youtube).

(182) Ces trois personnages furent tous présidents de la République, ce qui montre que
l'anticléricalisme du Grand Orient était sans concession (De Launay Histoire 1789, p. 384).

(183) Le scandale des fiches qui éclata en 1904, montra que le gouvernement républicain d'Emile
Combes utilisait le fichier du Grand Orient pour bloquer l'avancement de tous les officiers qui
allaient à la messe.

(184) Henry Amouroux, Pour en finir avec Vichy, 1. Les oublis de la mémoire 1940, R. Laffont,
1997, p. 433.

(185) Kupferman 5-23.

(186) Voltaire, Abd el Kader et Savorgnan de Brazza furent tous cooptés sur le tard, pour en
ressortir peu après pour certains. Quant à Condorcet, il ne fit pas partie des grands personnages de
la Révolution qu'il ne fit que suivre, sans jamais pouvoir la guider.

(187) Moreau qui était un des meilleurs généraux de la République, avait remporté la victoire de
Hohenlinden. Après avoir tenté de renverser le Consulat, il fut épargné par Bonaparte qui renonça
à le faire fusiller et le condamna à l'exil après lui avoir acheté tous ses biens. La clémence de
Bonaparte ne fut pas payée de retour. En 1813, Moreau se proposa d'aider les alliés à vaincre les
armées napoléoniennes. C'est lui et Bernadotte, qui dicteront ensemble la stratégie victorieuse à
nos ennemis, à savoir "refuser tout combat face à Napoléon en personne, et se limiter à battre ses
maréchaux un par un; puis concentrer tous les effectifs alliés pour achever l'armée impériale ", et
ce fut exactement ce qui arriva. Sans les précieux conseils de ces deux traitres, nos adversaires
n'auraient probablement jamais pu nous envahir (voir Lachouque 301).

(188) (Lachouque 351).
Talleyrand, évêque défroqué, était un ami de Voltaire et de Necker. Il fut soutenu tout au long de sa
carrière par la fille de ce dernier, Madame de Staël et devint un des agents d'influence les plus en
vue. Il réussit à se faire nommer administrateur des biens du Clergé et tenta de réformer l'économie
française sur le modèle libéral anglais, puis il rallia la Révolution et trahit l'Eglise en faisant voter
la loi de nationalisation des biens du Clergé. Ce fut lui qui dit la messe pour la fête de la Fédération
le 14 juillet 1790. Deux ans plus tard, lorsque l'armoire de fer fut découverte à Versailles,
comprenant qu'il allait être démasqué (il recevait de l'argent du roi), il se fit nommer ambassadeur
à Londres, puis aux Etats Unis où il agit comme intermédiaire dans toutes sortes de transactions,
mais qui n'étaient jamais gratuites. Après la chute de Robespierre, il parvint à se faire nommer
ministre des relations extérieures et provoqua un énorme scandale aux Etats-Unis en exigeant un
pot de vin de 1 200 000 livres en tant qu'intermédiaire entre le gouvernement américain et le
Directoire dans leur projet commun d'invasion de l'Angleterre. Par sa faute, les Etats-Unis
passèrent de l'état d'alliés à celui d'adversaires. Quand la paix fut revenue, il obtint le soutien des
Etats-Unis et de l'Angleterre pour l'expédition contre les noirs de Saint-Domingue. Plus tard, il
encaissa 19 millions de la part de Godoy, favori du roi Charles IV pour inciter Napoléon à
intervenir en Espagne, ce qui ne l'empêchera pas quand les évènements tourneront mal, d'affirmer
qu'il avait toujours désapprouvé cette guerre. C'est lui qui provoquera la chute de l'Empire en
sabotant l'alliance franco-russe (note 264). En 1809, il passera au service de l'Autriche. Loin d'être
un homme de paix, il fut responsable à la fois de la guerre d'Espagne et de la campagne de Russie
qui furent fatales à la France. Quant à sa grande œuvre, le Congrès de Vienne, basée sur un
équilibre européen favorable à l'Autriche, elle s'écroulera en moins de 15 ans. La Belgique et la
Pologne qu'il avait effacées renaitront. Quant à l’Autriche, elle perdra l'Italie, s'effaçant
définitivement face à la Prusse, Talleyrand n'avait donc rien d'un visionnaire. Il sera disgracié par
les Bourbons en 1815, pour les avoir trahis au profit de Louis-Philippe, et finira sa carrière par une
ultime trahison, transformant la révolution populaire des 3 glorieuses en un véritable putsch
monarchiste (Castelot 277-279, voir aussi Thiebault).

(189) En 1790, Louis XVIII convoitait déjà le trône de son frère. D'accord avec l'Angleterre, il
participa à un projet de fuite du roi à l'étranger, qui n'avait pour but que de le perdre (Dumont 167-
168). Lors du manifeste de Brunswick, Louis XVIII ne fit rien pour imposer les directives de son
frère au roi de Prusse et au gouvernement Anglais, qui par leurs provocations ont volontairement
contribué à la mort de louis XVI (voir notes 27 et 31). La Prusse dévoilera son jeu plus tard, en
offrant la couronne au duc d'Orléans. Il y a moins de certitude concernant les intentions anglaises
qui semblent avoir été plus de manipuler le duc, que d'avoir vraiment souhaité le voir régner
(Chuquet, les Guerres, Vol. 3, p. 87). Après que Louis XVI fut emprisonné au Temple, Louis
XVIII s'auto-proclama régent contre la volonté de son frère et fut accusé par les royalistes et plus
particulièrement par Breteuil, d'avoir provoqué volontairement la mort du roi pour lui succéder.
(Mémoires de Louis XVIII, p. 87-97). Au moment de son exécution, Louis XVI voulut prendre la
parole, mais l'agent anglais Santerre, qui commandait la garde nationale, déclencha un roulement
de tambour pour couvrir sa voix. Louis XVI a-t-il voulu destituer son frère ? On ne saura jamais…
Bien plus tard, dans un courrier au cardinal Maury, le comte d'Antraigues, agent secret de Louis
XVIII, mécontent d'avoir été disgracié par ce dernier, lui rappela sur le ton de la menace, qu'il
détenait des papiers de Malesherbes, avocat de Louis XVI, et que ces papiers mis en sureté en
Angleterre, contenaient des révélations accablantes sur la conduite de Louis XVIII dans la tragédie
du Temple. En 1812, d'Antraigues mourra assassiné à Londres avec sa femme et son domestique.
Louis XVIII accèdera au trône deux ans après, et les papiers en question ne seront jamais retrouvés
(Pingaud 194, Vogüe 455, Fauché -Borel, Tome IV, p. 134-138).

(190) Lors de son retour de l'ile d'Elbe, Napoléon fut escorté jusqu'à Paris par des milliers de
paysans enthousiastes, et la quasi-totalité de l'armée royale passa de son côté malgré les ordres de
leurs officiers qui avaient tous prêté serment au roi. Le 22 avril, l'acte additionnel fut accepté au
suffrage universel avec 99 % des suffrages. Napoléon avait donc bien l'appui du peuple. Les
royalistes, avec 6 % des députés, restaient très minoritaires, mais réussirent à organiser quelques
poches de chouannerie dans les campagnes. Quant à la bourgeoisie, très expectative au début, elle
attendit la défaite pour se décider.

(191) Le plan impérial était parfait. Si Ney avait obéi aux ordres, l'armée prussienne aurait été
totalement détruite dès le premier jour, et l'armée anglaise le lendemain. Au lieu de cela, le premier
jour, Ney désobéit et retint le corps d'armée destiné à encercler les Prussiens qui purent ainsi nous
échapper. Le deuxième jour, l'officier d'état-major ayant fait défaut, ce fut au tour de l'armée
anglaise de nous échapper.

(192) L'ordre en question est mentionné dans le récit de Gourgaud, et confirmé dans les registres
d'état-major du lendemain où l'Empereur réitère à Ney l’ordre d'occuper les Quatre-Bras (position
occupée par l'armée anglaise) et donc de l'attaquer "L'intention de Sa Majesté est que vous preniez
position aux Quatre-Bras, ainsi que l'ordre vous en a été donné (la veille) ". Dans ce même
courrier écrit de la main de Soult, on lit " Le général Flahaut, qui arrive à l'instant, fait connaître
que vous êtes dans l'incertitude sur les résultats de la journée d'hier. Je crois cependant vous avoir
prévenu de la victoire que l'Empereur a remportée ". Donc le lendemain, Ney ignorait les résultats
de la bataille de la veille, et Soult s'en étonne à juste titre. Il est impossible que Napoléon ait oublié
d'informer Ney de sa victoire. Tout ceci confirme que le courrier envoyé la veille n'est pas arrivé à
destination (Gourgaud 72, Thiry 124-125). La trajectoire de l'officier d'état-major étant vide
d'ennemis, l'officier en question n'a pu être ni pris ni tué. Seule sa défection peut expliquer un tel
manquement. Dans ses mémoires, Coignet confirma que six officiers d'état-major étaient passés à
l'ennemi ce soir-là (Coignet 222). Soult, notre chef d'état-major, était très lié aux milieux
royalistes, et n'aura probablement pas été très regardant quant au choix de ses subordonnés.
Napoléon, croyant son ordre arrivé, attribuera la faute à Ney et dira plus tard " C'est la faute
capitale de la campagne... Ney eût poussé aux Quatre-Bras; il n'y avait pas la moindre difficulté.
Dans ce cas tout était changé, la bataille avec les Prussiens avait toujours lieu le 16 à Ligny, et, le
17, avait lieu la bataille avec les Anglais. Blücher trop frais battu ne pouvait se joindre aux
Anglais. Tout était fini. " (Fleischmann 221). Le deuxième ordre d l'empereur arrivera trop tard,
l'ennemi ayant déjà abandonné la position. Si celui de la veille était arrivé dans la nuit, l'attaque de
Ney aurait eu lieu à temps et aurait obligatoirement transformé la retraite anglaise en déroute. Et si
Wellington avait fait face, il aurait été pris en tenaille entre nos deux armées.

(193) Les effectifs de notre armée s'élevaient à 100 000 hommes. Wellington et Blucher réunis n'en
avaient guère plus, et notre supériorité en artillerie était écrasante (Henry Houssaye, 1815, III, p.
280).

(194) Margerit 529-561.

(195) Pour manipuler les députés, Fouché, qui était ministre de l'intérieur, avait fait courir le bruit
que Napoléon voulait dissoudre l'Assemblée et confisquer tous les pouvoirs, ce qu'il savait être
absolument faux. Mais la Fayette tomba dans le panneau et fit exiger l'abdication.

(196) Ministre de la police sous le Consulat, Fouché s'est toujours comporté en agent-double, se
ménageant des intelligences dans tous les partis, embauchant même des agents anglais dans ses
services. Napoléon qui avait ses propres agents secrets, n’avait pas besoin de Fouché, mais il le
gardait quand même avec lui, pour laisser croire qu'il était au courant de tout. Disgracié par
l'Empereur en 1810 pour avoir comploté avec l'Angleterre, Fouché manquera de peu être fusillé.
En 1815, il reprit du service mais fut à nouveau pris en flagrant délit de complot avec l'ennemi.
Mais, Napoléon, nouvellement restauré, se faisait un point d’honneur de remonter sur le trône sans
avoir à verser de sang. En quête de légitimité et de personnalités influentes pour le soutenir,
l'Empereur avait accepté les services de Ney et de Fouché, ce qui fut sa plus grave erreur : Ney qui
n'avait plus confiance en son chef, désobéit aux ordres, et fit échouer toute la campagne (sans
aucune intention malveillante). Quant à Fouché, il attendit prudemment la défaite pour trahir
(Margerit 69, 123, 124).

(197) Lachouque 356.

(198) Lors des législatives de 1869, Jules Favre et Adolphe Thiers, pour ne citer que les plus
connus, seront élus grâce à une coalition républicains-monarchistes. Napoléon III remportera ces
élections quand même grâce au vote des campagnes, mais pour la première fois, les républicains
seront majoritaires dans les grandes villes et notamment à Paris. Ces derniers resteront cependant
divisés entre d'un côté les radicaux et de l'autre les républicains libéraux. Les députés républicains
libéraux étaient prêts à toutes les compromissions, y compris gouverner sous un roi ou un
empereur, voire pactiser avec l’ennemi. Les radicaux étaient plus proches du peuple, et partisans
de la résistance à l'envahisseur.

(199) Voir chapitre I.

(200) Pour l’espion de Bismarck, voir Stieber 167.
Le maréchal Mac Mahon et les généraux Ducrot et Wimpffen, tous trois royalistes commirent de
grandes fautes à la bataille de Sedan : le premier, chargé de marcher sur Metz pour soutenir
Bazaine, tergiversa et se replia sur Sedan, ville entourée de collines, d'où l'artillerie prussienne put
massacrer aisément toutes nos troupes. Prévenus de notre manoeuvre par notre presse et par leurs
espions, les prussiens encerclèrent notre armée. Mac Mahon parvint néanmoins à faire une percée
victorieuse, mais blessé, il fut remplacé par Ducrot qui interrompit l'action, et abandonna notre
position à l'ennemi. Quant à Wimpfen, dont le père avait combattu contre la France, il aggrava la
faute de Ducrot en faisant manoeuvrer et contre-manoeuvrer nos soldats sous la canonnade
ennemie, ce qui créa un énorme désordre.

(201) Lors de la bataille de Sedan, au moment où le désordre s'installa dans nos troupes, Napoléon
III, sachant que Guillaume 1er avait été forcé à la guerre par Bismarck, demanda à parlementer
avec le souverain prussien, certain de pouvoir s'entendre avec lui, mais Bismarck empêcha la
rencontre et fit de Louis-Napoléon son prisonnier. La plupart des contemporains se sont gaussés de
l'attitude " peu glorieuse " du souverain français, ignorant que des coliques néphrétiques
l'obligeaient à se soigner à l'opium "il est devenu sous l'effet des calmants, un véritable
somnambule qu'on hisse sur son cheval, sa culotte bourrée de serviettes " dira Maxime Ducamp.
Apprenant son départ pour Sedan, Camille Sée s'était écrié " c'est abominable de mettre un homme
dans un pareil état à la tête d'une armée." (Lemaire 51, Vincler 39).

(202) D'après Fremy, l'annonce de la défaite de Sedan fut accueillie par les applaudissements de la
gauche à la chambre (Fremy 841).

(203) Le gouvernement provisoire appelé " Gouvernement de Défense Nationale", était présidé par
un Orléaniste, le général Trochu, et composé de 11 républicains libéraux, dont faisaient partie Jules
Ferry, Jules Favre, Jules Simon, Adolphe Crémieux et Léon Gambetta, qui était le seul du groupe à
vouloir combattre. C'est probablement pour cela qu'il fut éloigné de Paris. Nous avons désigné "
républicains libéraux" ceux qu'on nommait « républicains modérés » à l'époque. C'étaient des
républicains de circonstance qui avaient accepté de gouverner sous l'Empereur, et s'apprêtaient à
gouverner sous la Monarchie. Ils étaient tous libéraux. Le 4 septembre, la république ne fut
proclamée que sous la pression du peuple en colère qui avait pénétré à l'intérieur de l'assemblée.
Plus tard, quand la Commune sera écrasée, ces mêmes " républicains libéraux " n'hésiteront pas à
appeler le roi. Seul l'entêtement du comte de Chambord à refuser le drapeau tricolore fit échouer
leur projet. La constitution française ne devint définitivement républicaine qu'à partir de
l'amendement Wallon en 1875.

(204) Vandevelde 197-201.

(205) Frémy 841.

(206) Voir Heylly 35, voir aussi De Launay, Histoire 1789, p. 309.

(207) D'après les rapports préfectoraux, les Bonapartistes étaient toujours majoritaires dans les
campagnes.

(208) Les meilleures positions furent volontairement abandonnées aux prussiens. Quant à nos
tentatives de sortie, elles furent toutes organisées avec des effectifs insuffisants et furent
systématiquement dirigées vers les points les plus forts des lignes adverses. Malgré tout, une
percée fut réalisée à Champigny, mais le général Ducrot demanda une suspension d'armes à la
grande surprise des prussiens alors sérieusement bousculés. Lors de l'attaque de Buzenval, les
troupes avaient été volontairement épuisées avant les combats par des marches inutiles, et
arriveront divisées sur les lieux des combats.

(209) Pendant le siège de Paris, le " rationnement des denrées se fit par le renchérissement " (La
Revue des Deux Mondes). La mortalité à Paris pendant le siège, fut 3 fois supérieure à celle de
l'année précédente (Les grands dossiers de l'Illustration, la guerre de 1870 et la Commune). Plus
tard, on prétexta un épuisement des stocks pour forcer les parisiens à accepter l'armistice. Dès la
capitulation, on vit ressurgir comme par miracle, de grandes quantités de vivres des magasins, et
l'on constata avec surprise que ceux-ci étaient pleins, ce qui mit le peuple en colère (Lafargue 6).
Jules Ferry qui était maire de Paris et chargé du ravitaillement, fut surnommé " Ferry l'affameur "
ou "Ferry Famine ". Karl Marx dira de lui : " Jules Ferry, avocat sans le sou avant le 4 septembre,
réussit comme maire de Paris pendant le siège, à tirer par escroquerie une fortune de la famine. "
Lorsque la Commune sera proclamée, Ferry préféra quitter la capitale par crainte des représailles
(K. Marx, I, p. 3). Clémenceau lui, restera, et empêchera les Communards de commettre certains
excès.

(210) Napoléon III ne voulait pas de Bazaine, mais ses ministres profitèrent de sa maladie pour le
lui imposer.

(211) Pour Favre, voir Vincler 125. Pour les élections, voir Arrêt de Gambetta du 31
janvier.

(212) Thiers ainsi que beaucoup de généraux comme Mac Mahon, Ducrot, ou Trochu, espéraient
restaurer la monarchie. Thiers ralliera le camp républicain sous la pression de Bismarck dès 1872.
Le Comte de Chambord refusant le drapeau tricolore, la République s'imposera par la force des
choses en 1875 (Dupuy 325).

(213) Cassagnac 106-107, Fremy 841.

(214) Karl Marx, La guerre civile en France, IV, p. 1.

(215) " Par le rétablissement d'une monarchie catholique en France, la tentation pour celle-ci de
prendre sa revanche de concert avec l'Autriche, se voyait sur le point d'être satisfaite. C'est pour
cette raison que je considérais comme contraire aux idées de l'Allemagne et de la paix d'aider à la
restauration de la royauté en France : j'entrai dans une lutte avec les partisans de cette idée."
(Bismarck, T. 2, p. 201). C'est sous la pression de Bismarck que Thiers renonça définitivement à
ses ambitions monarchistes.

(216) Rejetant les archives françaises jugées douteuses, et préférant s'inspirer des archives
allemandes et américaines, l'historien américain Robert Paxton se fit un devoir de démontrer la
collaboration sincère et inconditionnelle du gouvernement de Vichy au régime hitlérien. La
sélectivité de l'auteur dans le choix de certains chiffres et comparaisons, fait de son ouvrage une
enquête à charge qui donne un résultat accablant non seulement pour Vichy, mais aussi pour tous
les français, et qui lui attira de nombreux contradicteurs (Robert O. Paxton, La France de Vichy,
Poche, 1973).

(217) Composition des Forces de la France Libre, chiffres officiels, Fondation Charles De Gaulle.

(218) Castelot 755-756, Margerit 185.

(219) Archives du Ministère des Affaires Etrangères Allemand, série D, vol. VIII, no. 621, citées
dans King Georges VI, Sarah Bradford, p. 575, et confirmées par l'Historien anglais John Costello.
La dépêche était signée du comte Julius von Zech-Burkersroda, ambassadeur d'Allemagne en
Belgique, qui était un ami du duc. Edouard avait informé le comte que les alliés venaient de
découvrir dans un avion allemand qui s'était écrasé en Belgique, un plan d'invasion qui passait par
la frontière hollandaise. La trahison d'Edouard n'eut probablement aucune conséquence, si ce n’est
d’informer Hitler que son plan avait bien foncéionné : à l'évidence, cet avion n'était qu'un leurre
envoyé par Hitler pour attirer nos armées vers le nord. Lors de la défaite, au lieu de regagner
Londres avec son unité, Edouard rejoignit l'Espagne, pays fasciste, puis le Portugal malgré les
injonctions de Churchill. Plus tard, nommé gouverneur des Bahamas, il accorda une interview au
magazine américain Liberty, dans laquelle il qualifiait Hitler de " Grand Homme " et où il
demandait aux Etats Unis d'intervenir pour obtenir la paix, espérant que cela provoquerait une
révolution au Royaume-Uni. Peut-être dans l'espoir que celle-ci le ramènerait sur le trône
anglais… (Voir Edward VIII, The Traitor King, part 6, video youtube. "Was Edward VIII a Nazi
sympathiser ", Channel 4, documentary front 1995).

(220) Blazer 25-39.

(221) Anthony C. Sutton, Wall Street et l'Ascension de Hitler, Le Retour aux Sources, 2012, p. 42-
43, 203-204, 256-260. L'ouvrage de Sutton est très bien sourcé: y figurent les copies de certaines
pièces comme les récépissés bancaires des virements effectués, qui proviennent du Tribunal de
Nuremberg. A noter qu'Antony Sutton, Professeur émérite à l'université de Californie (UCLA), fut
persécuté pour ses écrits, mais n'eut à subir aucune poursuite judiciaire, alors qu'il citait de grands
noms comme Ford, Rockefeller et J.P. Morgan, ce qui donne beaucoup de crédit à ses écrits.

(222) Eric Laurent, La Guerre des Bush : les secrets inavouables d'un conflit, Plon, 2002, 19-20.

(223) Anthony Sutton, National Suicide : Military Aid to the Soviet Union, Arlington House, 1973.

(224) Résultats militaires de 4 grandes nations : GB : 214 vict. 130 déf. EU : 87 vict. 32 déf. RUS
: 64 vict. 86 déf. ALL : 133 vict. 170 déf.

(225) Les batailles franco-anglaises sont signalées par une étoile * dans le tableau.

(226) Seule la flotte française était capable de briser le blocus anglais et de livrer des armes aux
rebelles américains. Sans son intervention, les Etats Unis auraient probablement dû attendre très
longtemps pour obtenir leur indépendance. Rappelons que le Canada attendit 1930 pour l'obtenir,
et qu'en 1780, les Etats-Unis n'étaient qu'un minuscule pays, et le seraient probablement restés sans
le cadeau que leur fit Bonaparte en leur vendant la Louisiane, et qui leur permit de doubler leur
territoire, et par la suite d'annexer la moitié du Mexique.

(227) Jusqu'ici, Garibaldi n'avait connu que des défaites. Nos victoires contre les Autrichiens
portèrent un coup fatal au prestige de leur armée et sonnèrent le glas de leur domination en Italie.
Elles donnèrent l'élan principal de l'indépendance italienne. Les troupes de Garibaldi n'eurent plus
qu'à terminer le travail. Garibaldi n'était pas un ingrat : déjà présent à Sebastopol, il reviendra
soutenir la résistance parisienne sous la Commune en 1871.

(228) En 1914, la France entra en guerre contre l'Allemagne parce que l'Autriche venait d'envahir
la Serbie, qu'elle allait annexer l'année suivante. Sans l'action prépondérante de la France sur
l'issue du conflit, la Serbie serait restée sous le joug autrichien. Le sang de nos poilus n'aura donc
pas été versé pour rien.

(229) Aux dires de Bonaparte, " Dans la garnison de Jaffa, on découvrit un grand nombre de
soldats turcs que j'avais faits prisonniers peu de temps auparavant, à El-Arych, et envoyés à
Bagdad, après qu'ils m'eurent donné leur parole de ne plus servir, ou du moins de ne plus porter
les armes pendant l'espace d'un an… mais ces Turcs… se jetèrent dans Jaffa, défendirent la place
à outrance, et furent cause que je perdis un grand nombre de braves avant de m'en emparer.
D'ailleurs, avant d'attaquer cette ville, j'avais envoyé un parlementaire. Presque aussitôt, nous
vîmes sa tête au bout d'un pieu planté sur la muraille… Il était impossible que je consentisse à
laisser une partie de mon armée déjà réduite par la perfidie de ces misérables, pour les garder.
Enfin agir autrement que je n'ai fait, c'eut été vouloir la destruction de mon armée “, " Ne sachant
quel parti prendre, je les fis fusiller. Je m'y décidai avec répugnance; mais l'idée que ces barbares
de l'Asie ne traitent pas autrement les prisonniers chrétiens, et se font une gloire d'envoyer leurs
têtes à Constantinople, leva tous mes scrupules. " Dès son arrivée en Egypte, Bonaparte avait
demandé au Directoire de faire assurer le gouvernement Ottoman de ses intentions pacifiques.
Mais, Talleyrand négligea cette mission probablement pour se débarrasser de Bonaparte.
Concernant les Arabes, Bonaparte disait d'eux " Cette nation n'est rien moins que ce que l'ont
peinte les voyageurs; elle est calme, fière et brave." (Thibeaudeau T.1 p. 167 - Histoire T. 2 p. 169-
171, Napoléon p. 115).

(230) L’état de désorganisation et de démoralisation totale de l’armée allemande fut reconnu par
les plénipotentiaires allemands eux-mêmes (Foch 281-300). Concernant les pressions américaines,
voir De Launay Histoire 1914, p. 89 - De Gaulle, Mémoires d'Espoir, Plon, 1970, Tome 1, p. 173-
179.

(231) La " guerre-éclair " aurait aussi bien pu s'appeler " guerre chimique " : entre avril et mai
1940, la Wermacht commanda 35 millions de comprimés de métamphétamine qui furent distribués
aux soldats, en grande partie mélangée à du chocolat. L'effet immédiat fut une plus grande
résistance à la fatigue, aux douleurs, à la faim, une augmentation de la vigilance ainsi qu'un état
euphorique pendant les combats. Malheureusement pour nos adversaires, au bout de quelques
mois, de graves effets secondaires liés à la dépendance et au besoin d’augmenter les doses se firent
sentir et expliquent en partie les contre-performances de la Luftwaffe lors de la bataille
d'Angleterre, ainsi qu'à Stalingrad. La benzédrine, drogue moins puissante, mais moins addictive,
fut utilisée par les anglais lors de la bataille d'Angleterre (Steinkamp 61-71, Ulrich, Hurst, Caba,
Huffington Post).

(232) " Les régiments n'ont pas de véhicules de transport en propre, ils doivent compter sur le
soutien des compagnies de transport automobile de l'arme du Train" (Voir Présentation de l'armée
française de 1914 à 1939, p. 42: C-l'organisation de l'armée de terre en août 1939 en métropole).

(233) Il faut rendre ici justice à l'armée italienne, trop souvent injustement dénigrée : les italiens se
montrèrent toujours des soldats très courageux. Lorsqu'ils combattirent à nos côtés sous Napoléon,
ils lutèrent avec succès contre les russes qui étaient pourtant parmi les plus braves d'Europe. Plus
tard, les troupes de Garibaldi chasseront elles-mêmes les Autrichiens d'Italie, ces mêmes
Autrichiens que nous avions eu les pires difficultés à battre à Magenta et à Solférino. En 1917 et
1919, ce sont encore les troupes italiennes qui forceront l'Autriche à capituler après lui avoir
infligé de cinglantes défaites. En réalité la faiblesse de l'armée italienne en 1940, venait de leurs
chars totalement défectueux et très vulnérables à nos canons de 75. Une armée sans chars est
inopérante, nous l'avons cruellement constaté à nos dépens. D'autre part en 1940, les soldats
italiens combattaient à contre-coeur leurs voisins français qui jusqu'ici avaient toujours été leurs
frères d’armes, et à qui ils devaient leur indépendance.

(234) Le plan de contre-attaque vers le sud proposé par Weygand sera rejeté par l'état-major
britannique, qui donna la priorité à l'évacuation de ses troupes (l'Angleterre n'avait pas les moyens
de risquer son armée de métier trop difficile à reconstituer et qui était la seule quelle possédait).
L'armée anglaise, en abandonnant ses lignes, provoquera la capitulation de la Belgique. 30 000
français resteront presque seuls à résister à l'offensive allemande et repousseront tous les assauts,
causant d'énormes pertes aux adversaires, seule l'aviation anglaise les soutiendra dans ce combat.
Dunkerque fut attaqué avec la plus grande violence par les Allemands, mais la ville fut défendue
quartier par quartier avec acharnement : les photos de la ville rasée et les 20 000 morts allemands
sont là pour en témoigner. Pourtant l'historiographie anglo-saxonne continue encore de parler du
"miracle de Dunkerque ", comme si l'armée allemande avait négligé d'attaquer nos positions. Il est
vrai que les généraux français y ayant combattu resteront fidèles à Pétain jusqu'au bout, et que
pour cela, leur action ne sera jamais reconnue même en France… (Voir D. Lormier, la bataille de
Dunkerque, Tallandier, 2011). Quelques citations à méditer : " L'épique résistance de Molinier (à
Lille) a certainement permis d'évacuer 100 000 hommes de plus à Dunkerque " (W. Churchill,
Mémoires de Guerre); " Sans Dunkerque, il n'y aurait pas eu le 6 juin 1944" (Prince de Galles). "
Difficile d'imaginer comment l'Angleterre aurait pu poursuivre la guerre sans Dunkerque " (Alan
Brooke). " Dunkerque est une défaite pour nous. Pratiquement tout le corps expéditionnaire
britannique nous a échappé à cause de quelques milliers de braves soldats français qui nous ont
bloqué l'accès à la mer, Dunkerque m'apporte l'évidence que le soldat français est un des meilleurs
au monde… résistant pendant 10 jours à nos forces largement supérieures en nombre et en
matériel, l'armée française a certainement sauvé la Grande Bretagne de la défaite, permettant à
son armée professionnelle de rejoindre les côtes anglaises " (Von Klücher). " Dunkerque fut une
catastrophe pour l'Allemagne " (H. vont Guderian).

(235) Pour tout ce qui concerne 1940, Voir D. Lormier, " Comme des lions " Mai-Juin 1940, le
sacrifice héroïque de l'armée française, Calmann Lévy, 2006.

(236) Il y a un hiatus évident entre le discours du 17 juin et l'ordre donné le lendemain de ne plus
défendre les villes de plus de 20 000 habitants. Car enfin, si l'on cesse le combat, on ne défend plus
rien ! Nos officiers, qui ne souhaitaient pas voir reproduits les massacres de 1914, obéirent à la
lettre aux injonctions de Pétain, et mirent sous clef toutes les armes de leurs troupes, alors qu'à
l'évidence, ce discours rédigé en catastrophe n'était pas conforme à la volonté de Pétain (Henry
Amouroux, Le 18 juin 40, Fayard 102-121).

(237) La cinématographie américaine réussit le prodige de faire de ces évènements un film à la
gloire de l'armée britannique (Le pont de la rivière Kway). Dans cette aventure, que firent les
prisonniers anglais sinon " collaborer dans l'honneur ", pour citer une expression désormais
célèbre.

(238) La Première Brigade de la France Libre était formée d'unités coloniales françaises venues
des quatre coins du globe, qui avaient refusé l'armistice et s'étaient regroupées sous le
commandement de Koenig. Elle se composait en plus de la légion étrangère, de volontaires
Polynésiens, Néo-Calédoniens, Marocains, Algériens, Tunisiens, Sénégalais, Camerounais,
Congolais, Malgaches et libanais qui tous souhaitaient se battre pour la France. Les français de la
métropole en assuraient l'encadrement. Ces effectifs aussi disparates qu'enthousiastes, donnèrent
une troupe d'élite, formée vaille que vaille sur le terrain, à la française, telle l'armée de Spartacus.
A Bir-Hakeim, Koenig leur fit creuser des tranchées, comme en 14, et ils résistèrent plus de 15
jours aux italo-allemands, leur détruisant 51 chars et 6 avions. Ce n'est qu'après avoir reçu l'ordre
de retraite du commandement anglais, qu'ils effectueront leur percée victorieuse pour se replier,
non sans avoir perdu la moitié de leurs effectifs. Rommel prononcera sur eux la phrase suivante : "
La résistance la plus acharnée et la plus héroïque de la guerre du désert m'a été opposée par les
soldats français à Bir-Hakeim en mai-juin 1942 ".

(239) 400 à 567 000 Français tués (suivant les sources) entre 1940 et 1945, contre 418 000
Américains et 451 000 Anglais.

(240) Margerit 181-182.

(241) Liste élaborée par l'auteur à partir de divers ouvrages :
H. Kinder W. Hilgerman, Atlas Historique traduit par P. Mougenot, Stock, 1968.
Claude Merle, Dictionnaire des grandes batailles, Pygmalion, 2009.
" Liste des batailles de l'Histoire de France ", Encyclopédie Wikipedia.
Ce tableau n'est pas exhaustif, beaucoup de batailles indécises ont été volontairement omises par
souci de simplicité.

(242) Georges Caïtucoli, J. F. Muracciole, La France au Combat, Broche, 2007. Henri Ecochard,
Liste des volontaires des Forces Françaises Libres.

(243) Rey 83-84.

(244) Les Sénégalais eurent un peu plus de pertes à cause des maladies (20%), c'est ce qui fit dire
au député du Sénégal Blaise Diagne que nos troupes coloniales avaient été utilisées comme chair à
canon, mais ne correspond à aucune réalité (Lefeuvre, Michel 103, 201). Les chiffres concernant la
2e guerre mondiale ont été confirmés par l'historien Pascal Blanchard lors de l'émission " Arrêts
sur image". Les pertes de nos troupes coloniales lors de la première guerre mondiale varient entre
58.000 et 97.000 morts suivant les sources, pour un total de 565.000 combattants; donc jamais plus
que la moyenne des pertes françaises qui était de 17%.

(245) En 1942, Churchill sollicita la participation massive de l'Inde à la 2ème guerre mondiale.
Gandhi exigea pour cela l'indépendance immédiate du pays, ce qui provoqua son emprisonnement.

(246) Michel Zylberberg, Capitalisme et Catholicisme dans la France Moderne, La Sorbone.

(247) Concernant le mouvement des « Gilets Jaunes », beaucoup de questions se posent : si
Emmanuel Macron ne voulait pas qu’une révolte éclate, pourquoi a-t-il incité les mécontents à
« venir le chercher », et pourquoi a-t-il invité les gilets jaunes sur tous les plateaux TV ? S’il
n’avait pas souhaité que ce mouvement perdure, pourquoi l’a-t-il entretenu par ses multiples
provocations ? Imposer sa taxe sur les carburants au moment d’une augmentation des cours du
pétrole semble aussi avoir été fait exprès. La façon dont les forces de l’ordre ouvrirent plusieurs
fois les Champs Elysées aux manifestants est aussi très étrange. La présence des anti-fa(scistes),
tous fichés, mais tous présents armés et casqués malgré les barrages filtrants, est tout aussi
suspecte. Que faisaient d’ailleurs ces anti-fascistes aux côtés d’une foule qui agitait des drapeaux
français en chantant la « Marseillaise » ? Tout ceci semble indiquer que notre gouvernement n’était
pas étranger à ce mouvement, dont il fut d’ailleurs le principal bénéficiaire.

(248) " La force fait le droit " est la devise des " Skull and Bones ", société secrète où sont
cooptées de nombreuses élites américaines dont la famille Bush (Anthony Sutton).
Dans la religion protestante, seule la grâce de Dieu est salvatrice par la foi, les pêchés sont
d'avance expiés par le Christ sur la croix; alors que chez les catholiques, le salut s'obtient non
seulement par la foi, mais aussi par les actes. Une autre différence fondamentale est que l'église
catholique oblige à se référer à la doctrine du pape, seul apte à interpréter la Bible, alors que le
protestantisme laisse chacun à même d'agir selon sa conscience. Le protestantisme évangélique,
qui constitue la première religion aux Etats Unis et dont Georges W. Bush est un adepte, prolifère
dans le monde entier, surtout en Amérique du Sud et chez les berbères des pays arabes (Charles
Saint Prot, Les Eglises Evangéliques et le jeu des Etats Unis dans le monde Arabe, Bruxelles :
Solidarité-Orient 2006).
Côté anglais, l'Eglise anglicane fut créée par Henry VIII, sur le modèle protestant, parce que le
pape n'acceptait pas de reconnaître son premier divorce. Henry VIII s'auto-proclama et sera
reconnu par le clergé anglais chef de l'Eglise Anglicane, malgré qu'il fît décapiter deux de ses six
épouses. Thomas More, le seul évêque anglais à n'avoir pas reconnu son divorce, sera exécuté lui
aussi, ainsi que 70.000 compatriotes qui refusaient d'accepter la nouvelle religion. Henry VIII avait
probablement agi " selon sa conscience ", en application de la doctrine protestante, comme
beaucoup d'autres le feront après lui…

(249) On sait qu'en Allemagne, seules les provinces catholiques s'opposèrent au Nazisme (Voir
Jörg L. Spenkuch / Philipp Tillmann "Elite Influence ? Religion, Economics, and the Rise of the
Nazis ", Kellogg School of Management, Northwestern University and Department of Economics,
University of Chicago). *

(250) On remarquera que les Etats les moins endettés sont principalement les pays catholiques
d'Amérique du sud, et les pays musulmans, qui de par leur religion, sont moins enclins à accepter
le pouvoir de l'argent, donc le diktat bancaire. Le cas des pays européens est à part puisque ces
états ont pratiquement perdu toute souveraineté.

(251) De Jouvenel 106-111, Sparrow the Alien 383, Secret 233 234.

(252) L'Angleterre exigeait un traité de libre-échange semblable à celui négocié par les
physiocrates sous Louis XVI, qui avait mis à mal la plupart de nos manufactures. Pour les
négociants anglais qui décidaient de tout à Londres, l'équation était simple :
Paix + libre-échange = hégémonie anglaise (voir note 256).
Paix + protectionnisme = hégémonie française (Colbert, Louis XVI).
Guerre = hégémonie coloniale anglaise, et hégémonie française en Europe (Napoléon).
La paix protectionniste qu'offrait Bonaparte était donc la pire solution pour l'Angleterre. Il n'est
donc pas étonnant qu'elle ait choisi la guerre.
Malgré les instances de la France et en violation totale du traité d'Amiens, William Pitt refusa
d'évacuer Alexandrie et Malte, permettant ainsi à sa flotte de bloquer toute la Méditerranée.
Bonaparte fit mine d'accepter pour mieux sonder les Anglais qui ne tardèrent pas à exiger en plus
la session de l'île de Lampedouze, l'évacuation de la Hollande et de la Suisse, ainsi qu'une
indemnité pour le roi de Sardaigne, exigences qui s'ajoutaient à celles du traité d'Amiens. La
réponse de Bonaparte était exigée dans un délai d'une semaine, c'était en somme un véritable
ultimatum. Bonaparte fut copieusement insulté et provoqué par la presse anglaise, et l'Angleterre
ouvrit elle-même les hostilités en capturant deux vaisseaux français (Napoléon 211-214, de
Jouvenel, 163, 171, Norvins 189-195). Lord Grenville, ministre des affaires étrangères britannique
reconnaitra " Notre gouvernement a envenimé les choses au point qu'il est difficile à Bonaparte lui-
même de reculer, même s'il souhaitait le faire... Si cette fois il se laisse intimider par nos
préparatifs, il perdra toute considération aussi bien dans son pays qu'à l'extérieur ". Se voyant
condamné à la guerre, Bonaparte, certain de perdre ses colonies, décida d'envahir le Hanovre,
possession anglaise, pour avoir une monnaie d'échange.
Pour la conspiration de Cadoudal financée par l'Angleterre, voir Blanc espions 168.

(253) En 1806, Napoléon avait toléré l'occupation du Hanovre par la Prusse, et entamé des
pourparlers avec l'Angleterre. Le Hanovre étant une ancienne possession britannique, l'Angleterre
avait fait savoir qu'elle y tenait beaucoup, et lors des négociations, l'empereur avait laissé entendre
qu'une restitution du Hanovre aux anglais pouvait être éventuellement envisageable, moyennant un
dédommagement pour la Prusse. Pour tout remerciement, l'ambassadeur d'Angleterre à Paris
s'empressa d'informer son collègue prussien des intentions françaises, se gardant bien de lui parler
du dédommagement prévu. L'incident fit grand bruit à Berlin. Napoléon ne put apaiser la colère
prussienne, et tout ceci se régla à coups de canons à la bataille d'Iéna, sans qu'aucune goutte de
sang anglais ne soit versée. C'est après cet évènement que l'Angleterre hérita du surnom de "
perfide Albion " (Castelot 115-116, de Jouvenel, 195-196).

(254) Jusqu'à la Révolution, le commerce colonial français dépassait celui de l'Angleterre. Pour les
négociants anglais, le seul moyen de s'approprier de nos colonies et d'interrompre notre commerce
maritime, était la guerre (de Jouvenel, 19, 112-113, 128, 187-188, 382).

(255) La Belgique avait déjà été annexée deux fois sous la Révolution. L'idée sera reprise lors de la
révolution belge de 1830, et des évènements plus récents ont montré que certains belges n'ont pas
encore renoncé à cette idée.
La faction qui incita Napoléon à appliquer le blocus continental fut celle des industriels français
qui redoutaient la concurrence anglaise. Quant à l'annexion de la Hollande, elle fut largement
encouragée par le conseil général du commerce français (de Jouvenel, 25, 223-224).

(256) Certains idéologues allemands détestent le personnage de Napoléon, à qui ils doivent
pourtant l'égalité des droits. Ils n'ont vu dans le blocus que la pénurie de sucre et de café (due en
réalité à l'Angleterre), sans percevoir que l'interruption des importations anglaises avait eu un effet
très positif sur certaines industries comme le coton, permettant à certaines régions comme la Saxe
de se développer considérablement (Dufraisse 5-24, de Jouvenel 118, 256, 333, 374-376,
Lachouque 279). Concernant les Etats-Unis et le Portugal, le rapport du député Marcorelle au
premier consul est édifiant " On a l'exemple des traités de cette nation (l’Angleterre) avec le
Portugal et les Etats-Unis d'Amérique, à la faveur desquels les Anglais se sont emparés du
numéraire, du commerce et des fabriques en tout genre de ces deux nations auxquelles ils font
payer jusqu'aux habillements et objets de luxe. On connaît l'état d'humiliation et d'esclavage où
sont réduits les Portugais. Les Américains se sont enferrés pour jamais, ils sont dans l'impuissance
de jouir de la liberté qu'ils doivent à la France; sans commerce ni fabriques, ils sont incapables de
secouer le joug de l'Angleterre, ne pouvant revendiquer leurs droits par manque de marine et sans
moyens pour la créer. Par le traité de commerce, les Anglais se sont emparés de l'industrie; si un
manufacturier américain élève une fabrique, on oppose à côté de son atelier une quantité de
marchandises de même espèce, qu'on vend à 20 et 30 % au dessous du prix du nouveau fabriquant.
Le traité a débarrassé les Anglais des frais du gouvernement, l'exploitation des manufactures leur
appartient en entier. L'Angleterre tire plus d'avantages de la situation actuelle que lorsqu'elle était
souveraine des Etats-Unis… Dans quelque partie du monde qu'on se transporte, on y trouve
toujours des Anglais… Un seul traité de la France avec une nation d'Europe suffirait aux Anglais
pour vomir leurs productions en France par ce canal " (de Jouvenel 26, 139, 170, 180, 416).
Après un séjour de 3 ans à Londres, l'espion français Moyen dit dans un de ses rapports " Je crois
ne rien hasarder en affirmant que si Pitt n'a pas été matériellement le directeur de tous les
complots, il a été l'instigateur d'un grand nombre. La plupart des crimes de la Révolution ont été
son ouvrage et on verra encore son influence soulever les intrigants. Il est donc bien essentiel de
circonvenir les agents de cette cour perfide dont le système constant est de prodiguer tous les
moyens de corruption, ce qui lui assure un grand ascendant sur tous les hommes corrompus de
quelque nation qu'ils soient. C'est par ce moyen que cette cour régnait en Hollande, qu'elle règne
encore aujourd'hui au Portugal et qu'elle a reconquis l'Amérique à son système, en en corrompant
les meneurs. " Notre blocus donna un immense développement au commerce américain qui
quintupla en quelques années. Et le fameux protectionnisme américain ne fut rien d'autre qu'un
blocus continental à l'américaine. Les Etats-Unis prendront acte de la méthode anglaise, qu'ils
appliqueront à leur tour aux autres : un colonialisme sans colonies (Marzagalli 184-207). Pour ce
qui est de la Russie, les négociants anglais avaient le monopole sur son commerce, et tenaient sa
noblesse par l'endettement. D'après Montgaillard, "Depuis un demi-siècle, les Anglais n'appellent
plus la Russie que les Indes européennes de la Grande-Bretagne. Telles sont l'importance et
l'étendue des opérations commerciales que les facteurs anglais exécutent dans les provinces
russes, qu'on peut dire avec vérité que les tsars administrent aujourd'hui titulairement en Russie et
que le gouvernement anglais y règne " (de Jouvenel 249, 269, 277).
Concernant les effets positifs du blocus en Europe, surtout en Russie et en Espagne, voir Gouraud
183-187.
Le ministre Chaptal disait « Ce système de prohibition, qui a été généralement appliqué à tous les
objets de fabrique étrangers, a donné à nos manufactures un tel développement et amené une si
grande perfection dans les produits, qu’il est peu d’objets dans la fabrication desquels nous soyons
inférieurs aux Anglais, et qu’il en est un grand nombre pour lesquels nous sommes supérieurs.
C’est ainsi qu’en peu de temps nous avons rivalisé pour tous les objets de quincaillerie, et que nous
sommes parvenus à imiter parfaitement les toiles blanches et les nankins des Indes » (Chaptal
281).

(257) La crise anglaise s’étendit à l’Europe, mais en France, elle ne toucha que les contrebandiers,
les spéculateurs et les banquiers qui les finançaient; nos industriels furent épargnés. On ignore
pourquoi Napoléon refusa d'affamer l’Angleterre en 1810. Le comte de Montalivet, son ministre,
invoqua sa magnanimité. De Jouvenel le voit plus soucieux des intérêts de la France qui avait
besoin d'exporter, que de la faillite anglaise. Plus vraisemblablement, Napoléon pensait avec raison
qu'affamer le peuple anglais n'eut fait qu'accroitre son animosité contre nous, sans pour autant
émouvoir la classe dirigeante anglaise (de Jouvenel, 332, 396-397).

(258) Les 15 ans de guerres du Consulat et de l'Empire firent en tout et pour tout 1 million de
morts du côté français, donc moins que durant les 4 ans de la première guerre mondiale (1,6
million), et deux fois plus que durant les 4 ans de la deuxième (Houdaille 29, 50).

(259) Lachouque 47, Castelot 71-73, 125, 460, 757-758.

(260) Voir Castelot 585, voir aussi de Launay, Histoire, 1789 167.

(261) L.P. Ségur : procès verbal du sacre, 1805.
L'Empereur d'Autriche, après avoir juré une paix éternelle à Napoléon après Austerlitz, lui refera la
guerre 3 fois.

(262) L'Espagne était à l'époque en proie à une guerre de succession entre le roi Charles IV et son
fils Ferdinand qui voulait le renverser. Talleyrand toucha une commission de 19 Millions de la part
Godoy, favori du roi, pour pousser Napoléon à intervenir en sa faveur. Mais Napoléon découvrit
que Charles IV le trahissait : Lors de l'invasion de la Prusse, il avait trouvé dans les papiers de
Frédéric-Guillaume, une lettre de Charles IV dans laquelle il s'engageait, en violation de son
alliance avec la France, à attaquer dans le dos les Français, tandis que notre armée se trouvait
engagée sur les rives de l'Elbe. Désabusé par l'ineptie de ces deux personnages, l'empereur les
renvoya dos-à-dos préférant, à l'instar de Louis XIV, donner la couronne à un français, en
l'occurrence Murat, et plus tard, à son frère Joseph (Castelot 230, 231, 279).

(263) En 1801, Bonaparte restitua au pape tous les états qui lui avaient été confisqués sous le
directoire, et signa avec lui le Concordat qui refaisait de la France un pays catholique. Les prêtres
réfractaires chassés par la révolution furent rappelés ce qui mit fin au schisme entre l'église
réfractaire et l'église républicaine et clôtura la guerre de Vendée. Le clergé français fut désormais
salarié par l'Etat français. En 1808, la quatrième coalition venant d'être écrasée, l'Empire était au
faîte de sa gloire, et le blocus continental fut décrété, mais Pie VII, bien peu reconnaissant, fut le
seul chef d'Etat à refuser officiellement de l'appliquer, continuant d'accueillir les anglais dans ses
états. Le pape n'hésita pas à s'opposer à un gouvernement qui avait rétabli son autorité en France,
et à soulever le clergé espagnol contre celui qu'on surnommera "l'Antéchrist ". Paradoxalement,
Pie VII préféra soutenir l'Angleterre, pays anglican, et qui persécutait les catholiques. Ses états lui
seront tous confisqués un par un par Napoléon, ce qu'il sanctionnera par une excommunication.

(264) Encouragés par nos premiers revers en Espagne, Talleyrand et Fouché s'étaient réconciliés,
bien décidés à renverser Napoléon au profit de Bernadotte ou de Moreau, jugés plus malléables. Ils
espéraient agir avec l'appui des militaires (Sparrow, Secret 357, 382-383). Lors de la conférence
d'Erfurt, Talleyrand, chargé de consolider une paix chèrement acquise par le sang des français, fit
exactement le contraire et organisa la guerre: il retourna le tsar contre Napoléon, et encouragea ce
dernier à envahir l'Espagne, non seulement directement, mais aussi indirectement en dictant
secrètement au tsar la conduite à tenir : le tsar devait inciter Napoléon à envahir l'Espagne, et par la
suite, "faire naître de nouveaux incidents bien concertés " pour lui refaire la guerre (Vitrolles, Vol.
1, p. 236-345). Puis, pour ranimer les velléités autrichiennes, Talleyrand alla vendre ses services à
Metternich, ambassadeur d'Autriche : la grande armée était entièrement engluée en Espagne et au
Portugal où les Anglais préparaient un débarquement. En cas d'attaque autrichienne, il ne restait
donc que de mauvaises troupes à leur opposer, sans compter que les anglais préparaient un second
débarquement en Belgique (Castelot 258, 278, 279). Sur le front autrichien, Bernadotte devait tout
faire pour provoquer notre défaite, quitte à faire éliminer physiquement l'empereur. Dans l'armée
du Portugal, des généraux furent chargés de kidnapper Soult, d'éliminer les officiers bonapartistes
et de retourner avec l'armée sur Paris pour soutenir le coup d'état. Sur les trois fronts, des
complices devaient renseigner nos adversaires pour assurer notre défaite. Encouragé par un
premier revers en Autriche, Fouché mobilisa 40 000 gardes nationaux pour préparer son coup
d'état, mais l'indécision des militaires fit tout échouer : Soult ne fut pas kidnappé et Napoléon ne
fut ni vaincu ni assassiné. Malgré la faible qualité de son armée, il battit les Autrichiens à Wagram
et l'expédition anglaise se termina en débâcle. Talleyrand fut confondu et disgracié avant même
que le complot n'arrive à maturité, Bernadotte le fut pour son attitude ambiguë à Wagram. Le
général Sarrazin qui avait renseigné les anglais, dut fuir à Londres, et seuls deux lampistes,
Guéniard et Dargenton furent fusillés pour avoir renseigné l'ennemi. Mais la conspiration ne fut
pas vraiment découverte car Fouché prétendit avoir mobilisé la garde nationale pour faire face aux
anglais. Il ne sera démasqué qu'un an plus tard et disgracié lui aussi. Quant à l'alliance franco-
russe, elle restera anéantie à tout jamais (Guillon 47-168, Pelet, Vol. 4, p. 18-19). Conformément
aux recommandations de Talleyrand, le tsar multiplia les provocations : après s'être engagé par
écrit à nous soutenir militairement en cas d'agression autrichienne, il empêcha ses armées de nous
venir en aide à Wagram. Puis il envahit la Moldavie et la Valachie en violation du traité de Tilsit.
Plus tard, il exigea que Napoléon s'engage contre le rétablissement de la Pologne, mais, malgré le
refus de l'empereur, il fit courir le bruit en Pologne que ce dernier avait tout accepté (Vandal). En
octobre 1810, Alexandre accueillit dans ses ports, malgré les injonctions de Napoléon, un convoi
de 1 200 bâtiments marchands anglais, violant ainsi délibérément le blocus continental qu'il s'était
engagé à respecter à Tilsit. L'annexion par Napoléon du duché d'Oldenbourg (qui ne respectait pas
non plus le blocus), n'aura lieu qu'après la deuxième infraction russe et servira de prétexte à la
guerre (Castelot 393, 394). Quant aux accords économiques franco-russes, ils eurent peu de
succès, car les négociants russes étaient déjà très endettés auprès de leurs homologues français qui
les jugeaient peu fiables et se méfiaient du rouble, que les financiers hollandais et britanniques
avaient artificiellement dévalué (de Jouvenel, p.275-280).

(265) Les conquêtes de l'Australie et de la Nouvelle Zélande par les Anglais furent loin d'être
pacifiques, puisque 90% des populations indigènes y furent massacrées, sans parler de la
population tasmanienne qui elle, disparut totalement. Aujourd'hui, ce qui reste de ces populations
vit dans un état de pauvreté absolue avec une espérance de vie de 25 ans inférieure à celle de la
population blanche.

(266) Brenus était un chef gaulois qui, en 390 av J.C. avait envahi Rome avec son armée. Pour
libérer la ville, il exigea des romains une rançon en or. Au moment du paiement, les romains se
plaignirent que les poids qui servaient à peser l'or étaient trafiqués. Brenus jeta alors son épée sur
la bascule du côté des poids en criant " Vae Victis " (malheur aux vaincus).

(267) Metternich qui passe habituellement pour un politicien très éclairé, avait en réalité la vue
courte. Si l'Autriche était restée fidèle à la France, ces deux puissances auraient pu dominer
l'Europe de façon durable. Au lieu de cela, en trahissant Napoléon, l'Autriche perdra
définitivement les faveurs de la France, et Napoléon III laissera la Prusse anéantir l'Autriche 50 ans
plus tard. Pourtant, à Sadowa, un petit geste de notre armée aurait suffi pour donner la victoire aux
Autrichiens, et l'unité Allemande se serait faite au profit de l'Empire catholique austro-hongrois et
non pas de la Prusse (1/3 de la population allemande est catholique et occupe la moitié du territoire
allemand actuel). Quant aux deux guerres mondiales, elles n'auraient probablement pas eu lieu.
Plus tard, au traité de Versailles, Clémenceau lui non plus n'aura aucune pitié pour l'Autriche qui
sera totalement démembrée.

(268) Certains économistes reconnaissent la sortie de l'Euro comme urgente et inéluctable pour
tous les pays d'Europe. Citons notamment Paul Krugman, Dani Rodrik, et Gideon Rachman.

(269) Bismarck disait à son souverain: " L'alliance de la France et de la Russie est chose tellement
naturelle, qu'il y aurait folie à ne pas s'y attendre, car, de toutes les puissances ce sont les seules
qui, par leur situation géographique et par leurs visées politiques, renferment le moins d'éléments
d'hostilité n'ayant pas d'intérêts qui se combattent" (Hansen 77).

(270) Hansen 78.

(271) Les causes de la guerre de 14-18 remontent à 1897, lorsque Guillaume II annonça
publiquement qu'il souhaitait doter l'Allemagne d'une flotte capable de rivaliser avec la flotte
anglaise, et qu'il prétendit concurrencer les empires coloniaux français et anglais. Tout ceci n'était
pas dans l'esprit de la conférence de Berlin où Bismarck avait encouragé l'expansion coloniale
franco-anglaise, moyennant un renoncement des prétentions françaises sur l'Alsace et la Moselle
(note 105). Nos dirigeants, qui avaient fini par consentir au sacrifice des deux provinces,
supportèrent mal de se voir contestés au Maroc par l'Allemagne. L'Angleterre de son côté,
n'accepta pas de voir son trafic maritime concurrencé par la fameuse ligne ferroviaire Bagdad-
Berlin subventionnée par la France, et qui devait permettre à l'Allemagne d'atteindre le Golfe
Persique en 4 jours au lieu d'un mois pour les bateaux Anglais. Cette entreprise menaçait de ruiner
le commerce maritime anglais, de la même façon que la campagne d'Egypte un siècle plus tôt (note
4). La Russie rivalisait avec l'Allemagne pour obtenir les capitaux français qui devaient financer sa
ligne Trans-sibérienne. Voulant satisfaire ses alliés russes, la France se retira de l'affaire,
provoquant l'anéantissement du projet allemand, pour investir dans le Trans-sibérien. Désormais,
le conflit était inévitable avec Berlin (de Launay, Histoire 1789, p. 336-337).

(272) La crise de Sarajevo ne fut qu'un prétexte pour attirer Guillaume II dans un piège :
l'Allemagne ne voulait s'engager dans ce conflit qu'avec la garantie de la neutralité anglaise. Le roi
George V assura donc le Kaiser de sa neutralité, et attendit que ce dernier soit engagé à fond et ne
puisse plus faire machine arrière, pour annoncer sa participation au conflit (de Launay, les Grandes
41, 44-45, 76-77).

(273) Entre 1934 et 1936, le Comité de Nye statua pour élucider les véritables causes de l'entrée en
guerre des Etats-Unis en 1917 : la conclusion fut qu'en plus de l'impact du lobby militaro-
industriel, l'Angleterre devait 85 fois plus d'argent aux Etats-Unis que l'Allemagne, il s'agissait
donc d'assurer la solvabilité d'un créditeur. Les projets d'ingérence américaine en Europe ne furent
pas évoqués, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'aient pas existé. Jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-
Unis, la banque Guaranty Trust Company de J. P. Morgan participa activement au financement de
l'effort de guerre de l'Allemagne, notamment dans ses activités d’espionnage. De toute évidence,
Léon Trotski fut utilisé par l’Allemagne et par les USA à des fins politiques. Il vivait à New York
aux frais des Etats-Unis, et débarqua en 1917 à Moscou, accompagné de financiers de Wall Street
et muni d'un passeport délivré par Wilson. Il est remarquable qu'à 10 jours de l'entrée en guerre
américaine, Wilson laissa Trotski s'embarquer pour la Russie, sachant qu'il allait signer la
capitulation russe. Trois mois plus tard, Wilson, qui en avait pourtant les moyens, ne fit toujours
rien pour empêcher Trotsky de franchir la frontière russo-suédoise. Certes, la mission Root fut
envoyée pour inciter le gouvernement Soviétique à continuer la guerre, mais sur place, ses activités
se limitèrent à une campagne publicitaire qui n'eut aucun résultat.
Le retrait de l'allié russe avait l’avantage de rendre l’intervention Américaine indispensable,
augmentant considérablement le pouvoir décisionnel des USA lors des négociations finales
(Sutton, Wall Street et la rév. p. 32-36, 105).

(274) Les négociations secrètes entre les belligérants furent retranscrites par Louis Loucheur,
expert auprès de Clémenceau : voici un extrait d'une conversation entre Clémenceau et Edward
Mandell House, tête pensante et conseiller de Wilson :

HOUSE. - Prenez garde que le président ne dise : " Les Alliés n'acceptent pas mes 14 points: cela
met fin à ma correspondance avec eux. Il ne me reste qu'à voir si je dois continuer la conversation
avec les puissances centrales (L’Allemagne)«

CLEMENCEAU. - Parlons clair: voulez-vous dire que les Etats-Unis feraient une paix séparée?

HOUSE. - Cela pourrait arriver si le président Wilson ne croit pas pouvoir accepter vos
modifications.

(Voir Jacques de Launay, " Histoire contemporaine de la diplomatie secrète 1914-1945",
Bruxelles, La Rencontre, 1965, p. 90-91).


(275) Dans les 14 points de Wilson, on retrouve déjà l'essentiel des règles de la communauté
européenne de Jean Monnet, à savoir le libre-échange, l'abolition des droits de douane, l'ouverture
des marchés de capitaux et de marchandises, ainsi que le désarmement de l'Europe. Jean Monnet
fut d'ailleurs l'un des principaux artisans de la Société des Nations dont il fut le secrétaire général
adjoint. Les Etats-Unis qui prêchaient le libre-échange chez nous, n'en pratiqueront pas moins le
protectionnisme chez eux jusqu'en 1937.

(276) Sous la pression de l'Angleterre, la France dut cesser son soutien au mouvement autonomiste
rhénan qui fut réprimé dans le sang par un corps franc nazi qui mit fin à la République rhénane. Il
est remarquable que Wilson fût à la fois le colonisateur d'Haïti et l'homme du " Droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes."

(277) Le traité de Versailles interdisait à l'Allemagne de mobiliser plus de 100.000 hommes de
troupes, sans aucune artillerie lourde. Sa flotte était limitée à 48 navires, et les territoires de
l'Autriche, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie étaient garantis. La province frontalière de la
Rhénanie devait rester libre de troupes allemandes et militairement occupée par la France (qui
l'évacuera quelques années plus tard). Le premier article du traité prévoyait l'adhésion à la Société
des Nations. En refusant de le ratifier, les Etats-Unis s'exclurent de la Société des Nations qu'ils
avaient eux-mêmes créée, (et qui n'était en fait destinée qu'à l’Europe).

(278) Wilson avait les moyens de convaincre les sénateurs récalcitrants de voter ce traité.
Malheureusement, certaines personnes de son entourage profitèrent de sa maladie pour le mettre à
l'isolement et empêcher tout contact avec lui. Du coup, le sénat refusa de ratifier le traité, et 2 ans
plus tard son successeur Warren G. Harding signa une paix séparée avec l'Allemagne (de Launay,
Les Grandes 156-161).

(279) Pétain et Poincarré voulaient foncer sur Berlin avec ou sans les Américains, mais Wilson et
Lloyd George s'y opposèrent. Clémenceau, qui était marié avec une américaine, et avait vécu en
Angleterre et aux Etats-Unis, imposa la politique anglo-saxonne et s'empressa d'accepter
l'armistice. Pour écarter Poincarré des négociations (il ne parlait pas l'Anglais), Clémenceau
accepta que celles-ci se fassent en Anglais. C'est depuis cette époque que la langue française a été
abandonnée dans les traités internationaux (Voir de Launay Histoire 1914, p. 90, voir aussi De
Gaulle, Mémoires d'Espoir, Le renouveau, Plon, 1970, Tome 1, p. 179).

(280) (Hitler, Mein Kampf, Les causes de la débâcle, p.119). Les Américains eux-mêmes en furent
tellement convaincus, que lorsqu'ils furent vainqueurs à leur tour lors du deuxième conflit, ils
n'acceptèrent aucune paix avant l'invasion totale de l'Allemagne, de peur d'avoir à affronter un
nouveau conflit quelques années plus tard.

(281) Le 23 décembre 1913, le président Woodrow Wilson accepta d'abandonner la création
monétaire de son pays à un cartel de banques privées. Ce cartel en tête duquel étaient les familles
J.P. Morgan et Rockefeller, prit le nom de Réserve Fédérale Américaine (Sutton, le complot 82-
136).

(282) Nous avons vu dans la note (273) que Léon Trotski était hébergé aux Etats-Unis, qu’il
débarqua en Russie en 1917 avec un passeport américain délivré par Wilson, et qu’il voyagea en
compagnie de financiers de Wall street (Daniels 95, Sutton, WS et la rév. 25-55, Martens 111-117,
Souvarine 55).
D’après Antony Sutton, certains banquiers de Wall Street financèrent des cadres de la révolution
bolchevik, notamment William Boyce Thompson, gros actionnaire de la Chase Bank de
Rockefeller, et membre du conseil d'administration de la Réserve Fédérale, qui finança la
révolution bolchevik à hauteur d'un million de dollars. Plusieurs cadres de Wall Street et
notamment de la Guaranty Trust Company de Morgan, collaborèrent sur place avec les bolcheviks,
pendant que l'ambassade soviétique de New-York recevait des fonds de Guaranty Trust.
Toujours d’après Sutton, la famille Hammer, qui dirigeait la quatrième compagnie pétrolière
américaine, outre ses contacts privilégiés avec Lénine, Staline, Brejnev et Andropov, était liée à la
loge maçonnique P2, donc à la CIA (Sutton 195, Ross 88).
Pourquoi l’Amérique capitaliste a-t-elle favorisé l’installation du communisme en Russie ?
Sutton pense qu’il s’agissait de créer une « économie captive » en Russie. Mais, il existait
probablement une cause géopolitique : La politique de containment consistant à tenir la Russie
éloignée de l’Europe était déjà en vogue : rédigée pour la première fois par par l’anglais
Mackinder au début du XXème siècle, cette idée a progressivement gagné les élites américaines, et
sera revendiquée officiellement par le diplomate Kennan en 1948, puis par Brzezinski en 1997. Le
colonel House, qui était l’éminence grise de Wilson, aura pu lui aussi s’en inspirer, puisqu’il
dirigeait à l’époque un think tank anglais très anti-russe (the Round Table), financé par la banque
J.P. Morgan : faciliter la prise de pouvoir des Bolcheviks, avait pour avantage d’empêcher toute
alliance Européenne avec la Russie, exactement comme William Pitt l’avait fait 130 ans plus tôt en
finançant nos républicains les plus extrêmes lors de notre Révolution. Arrivé en Russie, Trotski
sera responsable des goulags et des exécutions de masse, ce qui effraiera le monde entier (voir
Sutton WS 276-280, voir aussi note 36, 38, 110, 311-314, 383,). Toujours d’après Sutton, les deux
premiers plans quinquennaux qui provoquèrent la grande famine et la mort de 8 millions de russes,
furent élaborés par des entreprises du groupement Morgan et Rockefeller, qui continuèrent à
édifier économiquement et militairement l'URSS. Toutes ces sociétés appartenaient au cartel
bancaire qui possédait la Réserve fédérale (Sutton, W S et la Rév. 282-299).
Il y a d’autre part une étrange analogie entre la mort du tsar Nicolas II et celle de Louis XVI :
dans les deux cas, des armées étrangères menacèrent de délivrer le souverain prisonnier, mais sans
rien faire d’efficace pour le sauver, comme pour mettre délibérément sa vie en danger. La suite des
évènements confirmera cette hypothèse : de la même façon que William Pitt refusa la proposition
de Danton pour sauver Louis XVI, le roi George V refusa lui aussi d'accueillir le tsar en
Angleterre, signant ainsi son arrêt de mort. Le bolchevisme n'en sera que plus discrédité aux yeux
de l’Europe (voir notes 24, 27 et 31).

(283) Pour l'invasion de l’Europe par l’URSS, voir New York Times du 11 janvier 1920 : " Les
dirigeants et les diplomates alliés envisagent une invasion de l'Europe ", New York Times du 16
janvier 1920 : " Des diplomates bien informés s'attendent à une invasion militaire en Europe et à
une avancée soviétique en Asie de l'Est et du Sud " (Blum 7).

(284) Anthony C. Sutton, Wall Street et l'ascension de Hitler, Retour aux Sources, 2012, p. 29-41.

(285) Voir Jean-François Beaulieu " L'hyper-inflation allemande sous la république de Weimar " *.
Les sommes remboursées par l'Allemagne représentaient en annuités 2,5% du PIB. Le taux
d'endettement du Royaume-Uni était bien supérieur. Par comparaison, l'indemnité de guerre que la
France eut à payer à l'Allemagne en 1870, représentait annuellement 25% du PIB français, ce que
la France paya en 2 ans. L'Allemagne sera beaucoup plus humiliée en 1945 qu'elle ne le fut en
1919 (Ferguson 412-425).
La méthode de la vente à découvert consistait à vendre du mark sans en posséder, mais en se
mettant en mesure de le posséder le jour où la livraison était prévue. L'astuce étant d'être certain de
le payer moins cher qu'à la vente.

(286) Frankenstein 746.

(287) Sutton, Wall Street/Hitler 42-43, 71-116, 135-149, 203-204, 256-260, Pauwels, 273.

(288) Note de l'état-major sur les avantages et les inconvénients de l'alliance russe, citée par Annie
Lacroix Riz, Le choix de la Défaite, A. Collin, 2010, Paris, p. 230. Lord Hallifax, ministre des
affaires étrangères britannique, voulait faire de l'Allemagne le bastion de l'Occident contre le
bolchevisme (de Launay, Histoire 1914, p. 255)

(289) Louis Barthou avait proposé une gigantesque alliance à dix englobant l'Allemagne elle-
même, ce qui lui permit de recueillir l'approbation anglaise à l'adhésion de la Russie. Barthou qui
était le seul de nos politiciens à avoir lu "Mein Kampf ", savait très bien qu'Hitler ne pouvait
accepter cette alliance : " en cas de refus de l'Allemagne, nous serions autorisés à conclure le pacte
sans elle " (Boisdron). Et à ce moment, le pacte se retournerait contre Hitler. Toute l’astuce pour
Barthou était de liguer insidieusement un maximum de pays contre l’Allemagne Nazie. Mais,
Barthou fut tué par une balle perdue au moment de l'assassinat du roi Alexandre de Yougoslavie à
Marseille. Le général allemand Hans Speidel, attaché militaire à l'ambassade d'Allemagne à Paris,
fut accusé d'avoir manipulé les séparatistes croates responsables de l'attentat, mais rien ne put être
prouvé. On sait seulement que Pavelitch, l'organisateur du complot, était à Berlin au moment des
faits, et que le camp d'entrainement des terroristes était situé en Italie fasciste (de Launay, Histoire,
1914, p. 222). Il y eut probablement aussi des complicités françaises, car l’ambassade de France à
Belgrade avait prévenu Paris de l'imminence de l'attentat, or les services de police n'en furent pas
informés. La presse elle-même était au courant, et des centaines de photographes étaient présents
pour obtenir des images de l'assassinat. Malgré cela, on fit parcourir au roi un trajet de presque 10
kilomètres en véhicule décapotable et sans aucune protection, l'escorte des agents cyclistes ayant
été supprimée au dernier moment. Le but de cet attentat n'était pas seulement de morceler la
Yougoslavie, mais aussi de saboter le système d'alliances mis au point par Louis Barthou, et
destiné à encercler l'Allemagne. Alexandre était le ciment de cette alliance car il était le beau-frère
du roi de Roumanie et ses origines slaves lui assuraient le soutien du peuple russe. Ce double
assassinat changea le cours de l'Histoire: Alexandre était le mieux placé pour convaincre son beau-
frère de laisser l'armée rouge traverser le couloir Roumain pour secourir la Tchécoslovaquie en cas
d'attaque allemande. Sans cet attentat, la France aurait donc pu agir sans la Pologne, et le nazisme
aurait pu être écrasé dans l'oeuf. Au lieu de cela, la Roumanie imitera la Pologne en interdisant le
passage de l’armée rouge, et le peuple yougoslave nourrira un fort ressentiment contre la France
coupable d'avoir laissé assassiner son roi, et se rapprochera de l'Allemagne (voir Colombani 11,
92, 120, 137, 157, 192, voir aussi Decaux, et Ubistvo).

(290) Laval signa cette alliance après qu'Hitler ait rétabli la conscription en Allemagne, en
violation du traité de Versailles. Il n'y avait aucun accord militaire dans cette alliance car notre
état-major ne voulait pas engager notre armée dans une guerre pour un motif étranger à la France,
et se retrouver abandonné par l'URSS en plein conflit comme il l’avait été en 1917 (Boisdron 20-
21, Azeau 177-178).

(291) Lors du traité de Locarno en 1925, la France s’était engagée à ne pas avoir recours à la
guerre en cas de litige sur la Rhénanie, et à solliciter une convention d’arbitrage. Avant d'envahir la
Rhénanie, Hitler avait reçu du roi d'Angleterre, la garantie de la non-intervention anglaise. Ne
pouvant compter sur les Anglais, notre gouvernement n’osa pas intervenir, et laissa l’Allemagne
violer le traité de façon unilatérale (de Launay, Histoire, 1914, p. 243. Pour l'URSS et la Pologne,
voir Boisdron 23).

(292) Une note du ministère de l'Air datée d'août 1936 illustre assez bien l'attitude des banques : "
Les banques se refusent à avancer aux industriels les sommes immédiatement nécessaires pour le
lancement des plans de commandes; … elles réclameraient des marchés à avances; mais alors on
se demande l'utilité des banques dans ce cas, l'Etat se substituant en quelque sorte à celles-là ". Le
rapport X Crise dit de son côté " Le décret-loi du 30 octobre 1935 aurait pu soulager la trésorerie
des firmes d'armement, car elle simplifie les règles du nantissement des marchés de l'Etat : les
banques pourtant restent méfiantes, et préfèrent encore accorder des avances sur compte courant
à un taux d'intérêt très élevé. " On peut lire aussi dans la revue Banque et Bourse d'août 1938 " Les
établissements de crédit semblent avoir également exercé des pressions pour entraver les activités
de la Caisse des Marchés pour le financement des entreprises aéronautiques " (Frankenstein 755,
758, 763). On sait aussi que la Banque de France a bloqué les accords financiers entre la France et
l'URSS (Jabara, 1939, p. 28).

(293) Vanwelkenhuyzen 74.

(294) En novembre 1937, Lord Halifax, ministre des affaires étrangères britannique, profita d'un
voyage en Allemagne pour encourager secrètement Hitler à annexer l'Autriche et les Sudètes
(Roberts 67, de Launay, Histoire 1914, p. 254-255, 283-285). Churchill reconnait dans ses
mémoires « l'offre des Soviétiques fut ignorée dans les faits. Ils ne furent pas consultés face à la
menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua
l'esprit de Staline. Les évènements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n'existait pas.
Nous avons après-coup terriblement payé pour cela » (Churchill 104). Après la fin de la
conférence de Munich, Daladier retourna sur les lieux pour récupérer un objet qu’il avait oublié.
En revenant, il eut la désagréable surprise de constater que Chamberlain poursuivait ses
négociations avec Hitler sans la France (Kershaw).

(295) De Launay, Histoire 1914, p. 278.

(296) La Pologne qui participa à l'agression de la Tchécoslovaquie, s'était entendue avec Hitler
pour obtenir une partie de la Silésie tchécoslovaque.

(297) En 1938, les généraux allemands pensaient que l'armée allemande n'était pas encore de taille
à tenir tête aux armées franco-britannique et tchécoslovaque réunies. Le chef d'état-major allemand
Beck démissionna; en cas de déclaration de guerre, il avait envisagé avec son successeur Halder et
le banquier Schacht, de renverser Hitler. Le gouvernement anglais refusa tout soutien aux
instigateurs du putsch (Clavert 354-357).

(298) Contrairement à son homologue britannique, la délégation française possédait un mandat de
son gouvernement, ce qui prouve que Daladier cherchait vraiment à négocier, ce qui n’était pas le
cas de Chamberlain (Grippa 126). Concernant sa décision de se passer de l’accord polonais, voir
Michael Jabara Carley, « Les Années Décevantes : L'échec de l'Alliance anglo-franco-soviétique »,
Conférence Ottawa, 9 avril 1992.*

(299) Les pièces concernant ces négociations secrètes entre l’Angleterre et l’Allemagne, tomberont
aux mains des Russes lors de la chute de Berlin. Chamberlain était obligé d'agir en secret car
depuis la violation des accords de Munich, les populations aussi bien anglaise que française,
n'étaient plus décidées à tolérer la moindre invasion de la part de l'Allemagne. Malheureusement
pour Chamberlain, les journaux anglais dévoilèrent l'affaire fin juillet, Staline en fut informé et les
tractations germano-russes commencèrent dès le 12 août (voir Dirksen 38, 42-45, voir aussi
Frederick, et de Launay Histoire 1914, p. 318-319, 327).

(300) Neville Chamberlain, premier ministre anglais, était le cousin d'Houston Chamberlain,
chantre de l'antisémitisme et du culte de la race supérieure, qui fut le grand inspirateur d'Hitler.
Harold Ickes, ministre des affaires étrangères des Etats-Unis, affirmait dans son journal que "
l'Angleterre caressait l'espoir de provoquer un affrontement entre la Russie et l'Allemagne pour ne
pas se compromettre elle-même". L. Martens, Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994.

(301) De Launay, Histoire 1914, p. 253.

(302) Pour Kennedy voir Seymour Hersh, La Face Cachée du Clan Kennedy, Poche, 2013.
Pour le putsch voir Clavert 360-361.
En 1939, lorsqu’Hitler envahit la Pologne, William Bullit ambassadeur des Etats-Unis incita notre
gouvernement à lui déclarer la guerre (Paulhac 215).
Pour Churchill voir Amouroux le 18 juin 215, 224-225.

(303) Pour les journaux, voir Martens 124.
Pour Truman, voir New York Time 24 juillet 1941, voir aussi Grogin 71 et Blum 8.

(304) En décembre 1941, l'armée Allemande était aux portes de Moscou qui restait presque sans
défense. Staline avait rappelé son armée de Sibérie, forte de 400.000 hommes, qui était la seule à
pouvoir sauver la capitale. Elle était restée en réserve en prévision d'une attaque japonaise. Hitler
crut qu'en déclarant la guerre aux Etats-Unis, il obtiendrait en échange une déclaration de guerre
du Japon contre l'URSS, qui l'aurait débarrassé de cette armée. Il se trompa lourdement, le Japon
ne déclarera jamais la guerre à Staline, et l'armée de Sibérie stoppera l'avancée allemande. En fait,
Staline savait qu'il ne risquait rien, puisqu'il possédait un espion au Japon, qui l'avait informé des
intentions japonaises (Streiff).

(305) Corbin 5.

(306) A partir des années 70, les prêts accordés par la Banque Mondiale ont surtout eu pour effet
d'aggraver l'endettement des pays en difficulté, et de permettre au FMI d'exiger en échange la
privatisation de toutes les ressources du pays, au profit des multinationales. Joseph Stiglitz,
économiste en chef de la Banque Mondiale reconnaitra plus tard " Ils diront que le FMI est secret
et à l'abri de la transparence démocratique. Ils diront aussi que les remèdes économiques du FMI
aggravent souvent les choses, en transformant les ralentissements économiques en récessions et
les récessions en dépressions. Et ils auront raison. "

(307) Les persécutions antisémites avaient déjà provoqué la fuite aux Etats-Unis de nombreux
cerveaux comme Albert Einstein et surtout Enrico Fermi qui fut à l'origine des premières
expériences nucléaires américaines.

(308) L'exclusivité accordée aux films français ne fut que de 4 semaines sur 13.

(309) Charpier 26-27.

(310) Charpier 28, 43.

(311) L'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), fut créée à Washington en 1949 :
cette alliance militaire rassemblait 12 pays. Son but officiel était d'assurer la défense des pays de
l'ouest contre toute tentative expansionniste de l'URSS. L'OTAN qui aurait du logiquement
disparaitre après l'effondrement du communisme, s'est au contraire beaucoup renforcée et
rassemble aujourd'hui pas moins de 28 pays. Cette alliance dominée par les Etats Unis, n'accueille
aucun pays africain, ni asiatique, ni sud-américain. Construite au départ dans un but purement
défensif, elle est devenue en quelques années un instrument de domination sur le reste du monde.

(312) Après la guerre, la CIC, ancêtre de la CIA, entreprit de faire la chasse aux nazis
officiellement pour les faire juger. En réalité, plus de mille d'entre eux seront embauchés dans les
services secrets américains, dont les plus dangereux constitueront les cadres de l'armée secrète de
l'OTAN, comme Klauss Barbie, Otto von Bolschwing, ex-adjoint d'Eishmann, et Reinhard Gehlen,
responsable de la mort de 4 millions de prisonniers (Ganser 262-266, voir aussi Picard).

(313) Cette armée secrète sera financée par les anglo-américains par l'intermédiaire du belge Paul
Henry Spaak futur cadre de l’Europe au service des USA
(Cossiga/Lallemand/Coeme/Serravalle/Gelli). En Allemagne, d'anciens nazis comme Klaus Barbie
furent recrutés pour son encadrement. L’existence de cette armée secrète était inconnue des
parlementaires et même de certains chefs d'état européens. François Mitterrand lui-même prétendit
en ignorer l'existence. Elle sera révélée au grand public en 1990 par le président du conseil italien
Giulio Andreotti (Ganser 103-106). En Italie, les brigades Rouges seront responsables de
l'assassinat du président Aldo Moro et d'autres attentats meurtriers. Leur infiltration par la CIA sera
dénoncée par une commission parlementaire et confirmée par l'ancien chef des Brigades Rouges.
(Voir Franceschini 177-19, voir aussi Willan). Pour les réseaux d'extrême droite, la CIA utilisait
entre autres la loge maçonnique P2, affiliée au Grand Orient (voir " The making of the bomb came
from an arsenal used by Gladio ", The Guardian 16 jan. 1991). Ces stay-behind étaient formés au
maniement des explosifs par les mêmes SAS qui luttaient contre l'IRA. Les mêmes méthodes
furent d'ailleurs employées pour les Irlandais : récemment, la presse anglaise a dévoilé comment le
MI6 a utilisé l'agent double Joe Cahill pour provoquer des attentats sanglants et décrédibiliser
l'IRA (Voir Sommerlad).

(314) En France, l’armée secrète soutiendra la prise de pouvoir de De Gaulle, puis, à partir de
l’indépendance algérienne, elle se scindera en deux branches : l’une restera fidèle au général et
formera le SAC. La branche CIA sera soupçonnée d’avoir participé au putsch contre De Gaulle,
d’avoir infiltré l’OAS responsable de centaines d’attentats meurtriers et de tentatives d’assassinats
contre le général, ainsi que d’avoir participé au mouvement étudiant de mai 68 (Ganser 140-143,
147, Wall 362. Voir aussi Morgan Sportes " Les dessous de mai 68 ", video Youtube).

(315) La propagande du péril rouge servit d'épouvantail aux Etats-Unis, exactement comme les
crimes de notre révolution servirent à William Pitt pour dresser l'Europe contre la France.
Néanmoins, cet état de guerre froide ou pas, n’en raffermissait pas moins l’autorité du pouvoir
adverse. Le linguiste Noam Chomsky disait " La guerre froide était une sorte d'arrangement tacite
entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis autorisant ces derniers à livrer leurs guerres contre le
tiers monde et à contrôler leurs alliés en Europe tandis que les dirigeants soviétiques maintenaient
une poigne de fer sur leur propre empire intérieur et sur ses satellites d'Europe de l'est. Chaque
camp se servant de l'autre pour justifier la violence utilisée dans ses propres quartiers " (Chomsky
89-90). Plus tard, l'Islamisme sera instrumentalisé de la même façon, pour mettre le monde
occidental en état de guerre permanente et renforcer l'OTAN : Voir notes 35, 36, 37, 110, 170, 381-
383.

(316) La construction européenne n’était pas une idée uniquement française : dans le Daily
Telegraph du 19/09/2000, Ambrose Pritchard publia des documents déclassifiés, montrant que les
services secrets américains avaient lancé dans les années 50 et 60 une campagne pour créer une
Europe unie, et avaient financé et dirigé le mouvement fédéraliste européen. Ils agissaient
secrètement par l'intermédiaire d'un think tank appelé " Comité Américain pour une Europe Unie "
dont le vice président était Allen Dulles, directeur de la CIA. Les autres membres étaient Walter
Bedell Smith, ancien directeur de la CIA, ainsi que d'anciennes personnalités et des membres de
l'OSS qui travaillaient occasionnellement pour la CIA. D'après ces documents déclassifiés, Robert
Schumann, Paul Henry Spaak, Joseph Retinger, ainsi que les principaux constructeurs de la
Communauté Européenne étaient traités comme des employés rémunérés par les sponsors de ce
comité, à savoir les fondations Ford et Rockefeller ainsi que certains groupes d'affaires ayant des
liens étroits avec la Maison Blanche. Une note du Département d'Etat Américain de 1965
conseillait au vice président de la communauté européenne de poursuivre l'union monétaire par la
ruse, et recommandait d'empêcher tout débat jusqu'à ce que l'adoption de telles propositions soit
pratiquement inévitable (Voir Pritchard).

(317) " Rien ne pourrait nous être plus agréable que d'apprendre que les états d'Europe
occidentale ont décidé de réunir dans une ville d'Europe, disons à Luxembourg, des délégués
responsables avec le mandat de rédiger l'acte constitutionnel de l'Europe, de désigner la
capitale… et qu'à partir du 1er janvier, l'Europe occidentale fonctionnera comme fédération " D.
Eisenhower, interview Paris-Match, 27 oct. 1951, p. 18.
Le comité des forges avait été accusé d'avoir favorisé le maintien au pouvoir d'hommes comme
Poincaré, jugés responsables de la guerre de 1914. En réalité, comme on l'a vu, c'est l'Angleterre,
qui en incitant l'Allemagne à nous déclarer la guerre, fut le principal responsable du conflit (voir
note 272).

(318) Le rapport du Bilderberg 1973 a été publié en entier, en conservant l’anonymat des
participants. L’analyse détaillée des multiples interventions montre bien qu'en matière de choc
pétrolier, les élites européennes ont été mises devant le fait accompli par les Etats-Unis, et que,
loin de diriger le monde, ce forum n'a débouché sur aucune prise de décision. D'ailleurs, si le but
était de comploter contre la démocratie, comment garder le secret avec 450 participants, et qui plus
est, changent chaque année ?

(319) Voir note 316.

(320) Le premier président de la Commission Européenne, Walter Hallstein, ainsi que Hans
Speidel, commandant en chef des troupes de l'OTAN en Europe, étaient deux anciens cadres nazis.
Ernst Achenbach, responsable de la déportation de 2 000 juifs, fut nommé représentant de
l'Allemagne à la communauté européenne, mais sa nomination fut annulée grâce à l'intervention de
Beate Klarsfeld. Quant au prince Bernhard des Pays-Bas, co-fondateur du Bilderberg, c'était un
ancien SS (Sutton, W.S. et Hitler 54). Côté français, Robert Schumann était un ancien cadre de
Vichy, et Pinay, signataire de la CED, était décoré de la francisque. Quant à Spaak, il avait soutenu
Hitler lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie en menaçant d'une intervention belge contre la
France (note 295). De son côté, Georges Doriot (cousin de Jacques), agent allemand au service de
Vichy, sera recruté par le FBI et formé dans les universités américaines. Il créera l’Institut
Européen d’Administration des Affaires (IEAA) qui formera de nombreux cadres d’entreprises
européennes (F. Calvi, «Les secrets des grands espions: l’alchimiste collabo et businessman mit
ses talents financiers au service de Vichy avant d’être récupéré par le FBI », Le Point,
19/12/2015*).

(321) Wall 47.

(322) Le général avait des raisons d'opposer son veto. L'Angleterre avait signé un traité de libre-
échange avec les USA, et les services secrets anglais espionnaient les pays européens et
renseignaient les Etats-Unis grâce au réseau "Echelon “. Pour les missiles, voir Arthur Schlesinger
dans " L'Ami Américain, L'Amérique contre De Gaulle, histoire secrète 1961-1969 ", Patrick
Jeudy, France 3, vidéo youtube).

(323) Dans son discours du 15 mai 1962, De Gaulle refuse une Europe fédérée car il soupçonne
que le pays fédérateur sera un non-européen, l'allusion aux Etats Unis est flagrante.

(324) Adenauer qui était catholique, était l’allié sincère de De Gaulle. Le fameux préambule
Atlantiste fut inspiré par l'incontournable Jean Monnet, qui joua ici le même rôle que Talleyrand
lors du traité d’Erfurt (Catala 110).

(325) Lors des décisions prises à l'unanimité, un état ou deux peuvent s'abstenir, et dans ce cas,
l'état qui s'abstient n'est pas concerné par la décision.

(326) Grygowski 57, Corbin 3.

(327) Tout indique que les USA ont voulu créer la monnaie unique en 1965 pour supprimer
l'étalon-or en Europe, afin qu’aucune monnaie ne puisse concurrencer le dollar.

(328) Une note des archives déclassifiées du département d’état américain datée du 11 juin 1965,
indique que le ministère des affaires étrangères américain demanda à Robert Marjolin, vice
président de la communauté économique Européenne d'envisager à long terme la création d'une
monnaie unique, et de la poursuivre " par la ruse". La note recommandait d'empêcher tout débat
jusqu'à ce que le processus soit irréversible (Voir Pritchard).

(329) De Gaulle, Conférence de presse, 22 nov. 1967, video youtube. *

(330) Voir Scott 67, 70-71, voir aussi William Engdahl cité par Song 269-274. D'après Matti
Golan, rédacteur en chef d'Ha'aretz et de Globes, Kissinger aurait étouffé les rapports des services
secrets américains qui annonçaient l'imminence de la guerre du Kippour, pour faire des pays arabes
les boucs émissaires de la crise.

(331) Scott 176-177.

(332) Gregor Peter Schmitz, " Cyber Attack : Belgians Angered by British Spying", Der Spiegel,
September 20, 2013. La base anglaise du réseau d'espionnage américain " Echelon " établie au
Yorkshire embauche 1 500 américains.

(333) " Par des procédés constants d'inflation, les gouvernements peuvent confisquer d'une façon
secrète et inaperçue une part notable de la richesse de leurs nationaux... et tandis que le système
appauvrit beaucoup de gens, en fait, il enrichit quelques uns. " J. M. Keynes (Song 368).

(334) Brzezinsky 183.

(335) D'après Peter Dale Scott, c'est le Safari Club, émanation de nos services secrets, qui mit en
contact les services secrets pakistanais avec ses homologues saoudiens, algériens, etc. pour
recruter des djihadistes. Les services secrets algériens utiliseront ces mêmes djihadistes pour
former le GIA dont les actions terroristes discréditeront totalement l'opposition algérienne (Scott
178).

(336) Il s'agit de l'affaire Vetrov, du nom de l'agent russe retourné par la DST qui nous fournira
plus de 4 000 documents de la plus haute importance, dont 70% concernaient les USA. Ces
documents montrèrent que tout le réseau de protection américain était infiltré par le KGB, et nous
donnèrent les noms de 400 espions russes installés en Europe et aux USA. (Voir Nouzille, voir
aussi Tourancheau).

(337) La société « Kissinger Associates » est financée par la banque Goldman Sachs. Deux de ses
membres, Pehr Gyllenhammar et Etienne Davignon, fondèrent l’ERT et l’AUME. Davignon,
ancien chef de cabinet de Spaak, et vice président de la Commission européenne, est membre de
plusieurs think tanks pro-américains, dont la commission Trilatérale, et le groupe Bilderberg. Il est
aussi salarié du fonds Carlyle, premier fonds de pension américain, très proche de la Maison
Blanche. Dans une interview à la Une de la Radio Télévision Belge Francophone, qu'on peut
visionner sur Youtube " Mais qui contrôle vraiment l'union Européenne ", Etienne Davignon
explique comment il participa à la fondation de l'ERT " Nous avons donc décidé de constituer un
groupe d'industriels, la future ERT ".

(338) La politologue Maria Green Cowles a démontré documents à l'appui, que l'ERT s'est livré à
un véritable chantage à la délocalisation pour faire accepter l'acte unique européen à nos
dirigeants, et que l'ERT dicte depuis 1986 toutes les lois économiques de l'Europe. L'acte unique
européen officiellement présenté par Jacques Delors, fut en réalité rédigé par Wisse Dekker,
président de l'ERT (Cowles 519).

(339) Les lois de Bruxelles sont élaborées par des commissaires européens non élus, et qui, face à
l'incapacité des 28 états à s'accorder entre eux, ont recours à des " experts " qui sont en fait
d'anciens fonctionnaires européens passés au service des multinationales et chargés par elles
d'influencer leurs anciens collègues de la Commission. Les 3 000 lobbies domiciliés à Bruxelles,
presque tous issus des multinationales, infiltrent les agences européennes d’experts, et agissent
dans l'opacité la plus totale, ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis où chaque lobby doit être déclaré
sur un registre, et rendre compte de toutes ses dépenses. Une enquête du Sunday Times a montré
que trois députés européens sur dix se laissaient corrompre par des lobbyistes, et qu'il n'existait
aucun moyen de les condamner ou de les forcer à démissionner (Quatremer, Franco). Rappelons
que 80% des lois votées par les députés français sont élaborées à Bruxelles et ont primauté sur les
nôtres.

(340) Jusqu’en 1986, la plupart des pays européens étaient parvenus à se protéger contre le marché
commun du traité de Rome, en imposant chacun ses normes nationales. Les britanniques allèrent
jusqu'à changer le voltage de leur électricité domestique. L'acte unique européen harmonisa ces
normes et imposa la libre circulation des marchandises en Europe.
Concernant l'évasion fiscale, voir note 417.
Le prix Charlemagne est la plus haute distinction accordée aux artisans de la construction
européenne.

(341) Le prétendu rôle des conférences Bilderberg a été très exagéré. On sait qu'il ne s'y prend
aucune décision (Voir note 318). Celui de l'ERT et surtout de l'AUME (Association pour l’Union
Monétaire de l’Europe) fut autrement plus décisif pour faire accepter le traité de Maastricht aux
européens. Le cas du président de l’AUME, Etienne Davignon a déjà été évoqué plus haut (voir
note 337).

(342) Les agences de notation seront étrangement indulgentes avec les Etats-Unis et certaines
compagnies américaines comme Enron et Lehmann Brothers, très bien notées à la veille des crises
mondiales qu'elles déclencheront. Par contre, les mêmes agences accableront certains pays comme
la Grèce, favorisant ainsi les spéculations baissières à leur encontre.
Pour la France, faire défaut sur sa dette entrainerait la ruine des petits épargnants détenteurs d'OAT.
Néanmoins, il existe en France un collectif citoyen pour obtenir un audit sur la dette française. Des
audits ont déjà été pratiqués dans d'autres pays : celui de l'Equateur montra que 80% de la dette de
ce pays était illégale, et celui de l'Argentine permit l'exonération de 100 milliards de dollars.
L'Islande a choisi de nationaliser carrément ses banques. Certains économistes comme Frédéric
Lordon proposent de le faire en France.

(343) Roland Hureaux, " Comment François Mitterrand a discrètement placé la France sous la
coupe des Etats-Unis ", Atlantico, 30 avril 2012. De nos jours, la sortie de l'Euro est recommandée
par certains économistes, comme Paul Krugman, Dani Rodrik et Gideon Bachman.

(344) Le 3 décembre 1995, un plan d'action conjoint Union Européenne-Etats-Unis est signé avec
un renforcement des " relations qui passent de la consultation à une phase nouvelle de
concertation et d'action conjointe " (voir Conseil Européen de Madrid, 15 et 16 décembre 1995,
conclusion de la présidence, partie B, relations transatlantiques. Voir aussi Brzezinski 107 *).

(345) Pour permettre à la Grèce d'être admise en zone euro, la banque Goldman Sachs aida le
gouvernement Grec à maquiller ses comptes, puis, elle donnera l'information à plusieurs fonds
spéculatifs anglo-américains, dont le fonds Soros, lesquels spéculeront à la baisse de façon
concertée sur les valeurs grecques, provoquant une crise qui entrainera l'Italie dans la tourmente
(Wall Street Journal / 26 février 2010). Plus tard, un ancien de Goldman Sachs sera nommé à la
tête de la banque européenne et rachètera les dettes pourries de la Grèce, déstabilisant ainsi toute la
zone euro.

(346) Maurice Allais prix Nobel d'économie, disait " Dans son essence, la création monétaire ex-
nihilo actuelle par le système bancaire est identique à la création de monnaie par des faux-
monnayeurs, si justement condamnés par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La
seule différence est que ceux qui en profitent sont différents " (Allais 110). Allais dira aussi
"L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes,
prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile ". Il appela de ses voeux un système
où la création monétaire ne relèverait que de l'état, dans un régime de change fixe (donc avec
retour à l'étalon or).

(347) Cette politique de création monétaire à tout-va ressemble à celle des assignats jadis
introduite par Clavière, qui ruina l'économie française sous la Révolution.
Le conseiller de Mitterrand à l’époque était Jacques Attali (« Jacques Attali explique comment a
été verrouillée toute sortie de l’union européenne », Intervention à l’Université populaire
participative Crise de l’Europe, crise de l’Euro : quelles solutions ? vidéo Youtube). *

(348) " Toutes les fortunes de France négocient leurs impôts " : Affirmation d'Henry Guaino,
ancien fonctionnaire du ministère des finances et conseiller de Nicolas Sarkozy dans l'émission "
Mots Croisés " du 03 juin 2013.

(349) Pour les sociétés du CAC 40, voir Christine Kerdellant, « CAC 40: le diktat des actionnaires
étrangers », L’Express L’Expansion, 19/01/2016. *
Le cas le plus significatif est celui du Crédit Lyonnais dont la ruine va permettre sa privatisation à
terme: l'escroc financier Giancarlo Paretti épaulé par la CIA, et son complice Florio Fiorini de la
loge P 2, elle aussi liée à la CIA, contribuèrent largement à la ruine du Crédit Lyonnais en lui
vendant des compagnies Hollywoodiennes en faillite comme Cannon ou la Metro Goldwin Mayer.
Grâce à eux, ce fut la France elle-même qui finança l'exportation mondiale des sous-productions
américaines avec pour principaux représentants les Stallone, Chuck Norris, et autres Ninjas (voir
Citron/Cieply, voir aussi Fressoz, et Ravelli). D’autre part, le Crédit Lyonnais, après avoir acheté
pour 3,25 milliards de dollars une compagnie d’assurances américaine en faillite (Executive Life),
sera en plus condamné à payer 750 millions de dollars aux Etats-Unis pour avoir « enfreint »la
législation américaine. Pierre Bérégovoy, dans le bureau duquel toutes les décisions du Lyonnais
se prenaient, sera retrouvé suicidé, son carnet d'adresse subtilisé (Emptaz 21). Deux incendies
criminels feront disparaitre les archives contenant des documents concernant l'enquête sur le
Lyonnais (Demonpion).
Les autres groupes bancaires seront eux aussi privatisés peu après.
Dans l'affaire Elf, la CIA est aussi en cause (notes 158, 159, 160).
La privatisation des médias rendra tous les partis politiques dépendants des groupes industriels qui
les possèdent, et qui sont de moins en moins français.
L'industrie de défense française, qui à l'origine était nationale, a été dans un premier temps
privatisée, puis fusionnée avec des sociétés étrangères.
EADS, française à l'origine, a vu deux de ses cinq divisions passer sous autorité allemande, avec
son siège à Munich.

(350) D’après le criminologue Alain Bauer, le maillon faible de nos services secrets serait notre
fonction analyse de renseignements, laquelle a été confiée à une compagnie privée Analyst’s
Notebook, elle-même rachetée par la compagnie américaine IBM (voir Bauer, et Filiol *).
En 1982, sous l’égide du département d’état américain, est créé le BENS (Business Exécutives for
National Security) qui réunit la NSA, les généraux de l’US Army, et 500 grands patrons de firmes
américaines. Curieusement, parmi ces derniers, on retrouve aussi des cadres de compagnies
anglaises comme B. P. ou British Airways, et même allemandes comme Engel&Volkers.
Pour l’agence Kroll, Frank Wisner jr, beau-père de Nicolas Sarkozy, faisait partie du directoire de
l'agence Kroll, officine de la CIA (Charpier 329-346). Frank Wisner père était lui-même cadre de
la CIA et fondateur de l'armée secrète de l’OTAN.
Pour la carte à puces voir Gemplus, voir aussi Dedieu. *
Les principales lois américaines imposées aux autres pays sont le FCPA (Foreign Corrupt Practice
Act), L'IEEPA (International Emergency Economic Powers Act), et le FACTA (Fair and Accurate
Credit Transaction Act), qui permettra de briser la concurrence que faisait la Suisse aux paradis
fiscaux anglo-saxons. En 2008, pour décrédibiliser la Suisse, la CIA publiera les noms de 9000
évadés fiscaux (Voir BFMTV, " C'est grâce à la CIA que j'ai récupéré les données, estime Hervé
Falciani ", video youtube).
Le Patriot Act proclamé suite aux attentats du 11 septembre, permettra à la NSA d’espionner le
monde entier et de découvrir des affaires de corruption permettant aux tribunaux américains de
faire condamner des compagnies du monde entier, de faire incarcérer leurs dirigeants et d’exiger
d’elles des amendes faramineuses ainsi que le remplacement de leurs cadres par des personnes
choisies par les Etats-Unis, sous peine d’être interdites de transactions en dollars : les amendes
infligées aux compagnies européennes sont en moyenne 4 fois supérieures à celles infligées à leurs
homologues américaines, de manière à les ruiner pour pouvoir les racheter à bas prix peu après.
L’affaire Alstom en est le plus bel exemple : les réseaux d’espionnage américains découvriront une
affaire de corruption qui permettra aux tribunaux étasuniens de condamner Alstom à une amende
d’1 milliard de $ et d’incarcérer certains de ses cadres. Menacé de sanctions judiciaires, le P.D.G.
d’Alstom devra céder à General-Electric la branche électricité d’Alstom, mettant toute notre
filière nucléaire, toute notre flotte de guerre ainsi que nos repérages satellites sous dépendance
américaine. Petit à petit, notre force de dissuasion est en train de nous échapper (Denécé).

(351) D’après Joseph Stiglitz, l'OMC impose une libéralisation asymétrique des échanges de biens
et de services, avec un maintien du protectionnisme au Nord (voir Stiglitz).
Les deux grands lobyistes du réchauffement planétaire sont l'américain Al Gore et le canadien
Maurice Strong. Leurs ONG étaient subventionnées par la banque mondiale et les fonds de
pension américains. Cette théorie du réchauffement planétaire sera providentielle pour les Etats-
Unis car Donald Trump, en violant l’accord de Paris signé par tous les autres pays, permettra aux
USA d’obtenir leur auto-suffisance énergétique, tout en empêchant d’autres pays comme la France
d’en faire autant (notre pays possède les plus grandes réserves de gaz de schiste d’Europe). Notons
que si nos dirigeants croyaient vraiment au réchauffement climatique, ils mettraient
immédiatement fin à la mondialisation (la fabrication sur place étant infiniment moins polluante
que l’exportation de marchandises à l’autre bout du monde).
L'Open Society Institute du milliardaire américain George Soros financera la Coalition pour la
Cour Pénale Internationale, principal lobby à l'origine de la création de la Cour Pénale
Internationale.

(352) Benamou 31.

(353) Contrairement à la légende fabriquée après coup, la chute du communisme n'a pas été
provoquée par l'extravagant projet " Guerre des Etoiles " déclenché par Reagan en 1983 supposé
avoir incité l'URSS à augmenter ses dépenses militaires et l'avoir acculé à la faillite. En réalité, le
budget militaire de l'URSS n'a pas augmenté entre 1983 et 1990, il a même au contraire diminué.
La décision de le réduire fut prise par Gorbatchev dès 1983, avant même son arrivée au pouvoir.
Quant à la chute du mur de Berlin, elle fut publiquement autorisée par Gorbatchev dès mai 1989,
et confirmée 6 mois après par Gunther Schabowsky, porte-parole du gouvernement est-allemand,
sans aucune pression américaine (Mikaïl Gorbatchev : "l'homme de la décennie", Le Parisien, 15
oct. 2009).

(354) New York Times, 18 oct.1998, " Easy Money : a special report; for Russia and it's US
bankers, match wasn't made in heaven ".

(355) Meacher.

(356) En 1985, le gouvernement américain incita l'Arabie Saoudite à transgresser les accords
signés à l'OPEP et à augmenter sa production pétrolière, faisant ainsi chuter les cours du pétrole.
Le Koweit, allié des USA, augmenta lui aussi sa production. La baisse des cours plongea l'Irak
dans la ruine. Saddam Hussein menaça d'utiliser la force, et l'ambassade américaine laissa entendre
qu'elle ne protègerait pas le Koweit, laissant les troupes Irakiennes se concentrer à la frontière sans
réagir, aucun avertissement ne fut fait du côté américain (“ Confrontation in the Gulf; Experts from
Iraqi Document on Meeting With U.S. Envoy ", The New York Times, Sept. 23, 1990).
De son côté, Brzezinski reconnait que l'opération servit à accaparer des plus grosses réserves
pétrolières du monde (Brzezinski 53).

(357) Témoignage du général Jean Heinrich directeur de la DRM dans " Histoire des Services
Secrets Français " 4e partie, vidéo Dailymotion.

(358) Brzezinski 91.

(359) Brzezinski 72.

(360) Brzezinski 88, 121.

(361) Brzezinski 112 à 116.

(362) Brzezinski 78, 104.

(363) Brzezinski 112-113.

(364) Brzezinski 183.

(365) Brzezinski 75, 104, 160.

(366) Brzezinski était un proche de David Rockefeller, lui-même patron d'Exxon Mobil. Il a
toujours agi en faveur du lobby pétrolier, notamment en envoyant la CIA en Afghanistan (Scott
109, 122).

(367) Brzezinski 256.

(368) Brzezinski 88.

(369) Brzezinski 255.

(370) Brzezinski 88, 103, 104, 107.

(371) Brzezinski 78.

(372) Brzezinski 69-71, 94.

(373) Brzezinski 69-70.
The New York Times, November 2, 2013, " Documents Shows NSA Efforts to Spy on Both
Ennemies and Allies ", jan. 2007 Strategic Mission List. Les révélations de Wikileaks montreront
que les lignes téléphoniques de tous nos présidents sont écoutées par les américains.

(374) Brzezinski 67-69. Dans le recrutement des fonctionnaires européens, la préférence est
toujours donnée aux candidats titulaires de diplômes d'universités américaines (Vincent Brousseau,
ancien cadre à la BCE).

(375) Brzezinski 50, 51.
Les principaux organes de cooptation des élites européennes sont :

- Le groupe Bilderberg, fondé par Joseph Retinger, est un forum annuel de plusieurs
centaines de participants, où chacun donne son avis dans l'anonymat, mais où aucune décision n'est
prise. Ses plus célèbres participants outre Brzezinski, sont Rockefeller, H. Kissinger, E. Davignon,
W. F. Duisenberg, R. Rubin, C. Rice, P. Wolfowitz, Ben Bernanke, P. Volcker, B. Gates, G. Ford, P.
H. Spaak, H. Van Rompuy, K. de Gucht, H. Schmidt, A. Merkel, R. Prodi, G. Pompidou, E.
Macron, E. Philippe, D. Strauss Kahn, M. Valls, C. Lagarde, F. Fillon, A. Juppé, F. Baroin, V.
Pécresse, L. Fabius, E. A. Seillière, T. Blair, M. Thatcher, G. Brown, E. Rothschild, M. Barroso.

- La Commission Trilatérale est une sorte de Bilderberg étendu aux pays asiatiques.

- La Fondation Franco-Américaine dont font partie le fils de Brzezinski, Franck Carlucci
(ancien directeur de la CIA), David Rockefeller, Bill et Hillary Clinton, Arnaud Montebourg,
Pierre Moscovici, Najat Belkacem, Alain Juppé, Valérie Pécresse, Jacques Toubon, François
Léotard, François Hollande, Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Alain Minc, Christine Ockrent,
François Joffrin, Jean-Marie Colombani, ainsi que de nombreux autres éditorialistes, et plusieurs
membres de l'état-major d'EADS. Ce think tank fut créée en 1977 par Gerald Ford et Valéry
Giscard d’Estaing.

- L'équivalent allemand de la Fondation Franco-Américaine est le German Marshall
Fund, dont l'état-major est très proche de la CIA, et qui a eu un rôle dans l'arrimage des
pays Balkans et des états de l'ancien glacis soviétique.

- La Fondation Bertelsmann est un groupe de presse allemand qui possède entre autres
VSD, Femme Actuelle, Gala, Geo, RTL, M6, et qui finance un think tank oeuvrant
pour la construction européenne et le partenariat transatlantique.

- Le Council on the future of Europe est un think tank financé par le Nicolas Berggruen
Institute, qui rassemble Tony Blair, Jacques Delors, Felipe Gonzales, Alain Minc,
Mario Monti, Gerhard Shröder, et Joseph Stiglitz.

(376) José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, toucha 730.230 euros de
frais de représentation rien que pour l'année 2009. Plus tard, il n’hésita pas à aller pantoufler
comme cadre dirigeant chez Goldman Sachs (Libération, 13 fév. 2010, « Barroso chez Goldman
Sachs » Le Monde 31/10/2016).
Le célèbre fonds d'investissement Carlyle, très proche de la Maison Blanche, est le principal lieu
de débauchage des élites européennes et de leurs proches : on y retrouve Olivier Sarkozy, directeur
du service financier de Carlyle, Etienne Davignon, ancien vice-président de la Communauté
européenne, John Major ex-premier ministre britannique, Karl Otto Pöhl ex-président de la
Bundesbank, Mikaïl Kodorkovski, ancien oligarque russe des années Eltsine condamné à une
lourde peine de prison sous Poutine, Park Tae-Joon, premier ministre sud-coréen, Fidel Ramos,
ancien président des Philippines, Anan Panyarachum, ancien premier ministre thaïlandais, le
milliardaire George Soros, qui finança les révolutions oranges, Frank Carlucci, ancien directeur
adjoint de la CIA, Alice Albright (fille de Madeleine), Colin Powell, qui fit croire au monde entier
que Saddam Hussein détenait des "armes de destruction massive ", ainsi que George Bush père. Le
11 septembre 2001, jour de l'attaque terroriste, Carlyle réunit son conseil annuel comprenant
plusieurs centaines d'investisseurs dont Bush père ainsi que le frère de Ben Laden. Ce fut la
proximité des noms de Bush et Ben Laden qui interpella la presse et révéla l'existence de Carlyle
au grand public… (Pilger).
D'autres sponsors américains sont très actifs en France : la Fondation Ford a financé non
seulement Robert Shumann, Henry Spaak et Joseph Retinger (les pères de l'Europe), mais aussi
SOS Racisme, le CRAN, et Reporters sans Frontières.

(377) Brzezinski 51-53, 273.

(378) Brzezinski 251.

(379) En fait de paix, la période unipolaire de domination américaine qui dura de 1990 à 2012,
nous apporta la guerre de Bosnie, la guerre du du Golfe, celle de Somalie, celle du Rwanda, celle
du Congo, celle de Tchétchénie, celle d'Afghanistan, celle d'Irak, celle de Libye et celle de Syrie
pour ne parler que des plus connues (voir Brzezinski 136).

(380) Brzezinski 269.

(381) Des documents de la DGSE montrèrent que huit mois avant les attentats, la CIA fut prévenue
par la DGSE, d'un projet de détournement d'avions sur American Airlines et United Airlines,
organisé par Al-Qaïda, et dont le chef était Oussama Ben Laden (Dasquié). Un mois avant les
attentats, Bush reçut en effet un rapport de la CIA qui confirmait ces menaces. Les officiels de
l’aviation américaine furent même informés que des avions pourraient être utilisés comme
projectiles. Condoleeza Rice fut elle aussi informée, mais rien d'utile ne fut fait. Au contraire,
l’aviation américaine fut éloignée le jour du 11 septembre pour participer à des exercices militaires
(OBS, Calvi, Lichtblau). La CIA reconnut dans un rapport, qu'elle était au courant de la présence
des terroristes sur son territoire et qu’elle les espionnait, mais qu’elle n’en informa pas le FBI qui
seul pouvait les arrêter (OIG Report, p. XIV, Calvi). Avant le 11 septembre, les dirigeants
américains eurent cinq fois l’occasion d’éliminer Ben Laden, mais les opérations furent annulées à
chaque fois pour des prétextes divers (Mc Kenna, Seipel). D’après Peter Dale Scott, ce fut Ali
Mohamed, un proche de Ben Laden et agent avéré de la CIA, qui enseigna aux terroristes comment
introduire des cutters dans les avions. Il restera protégé par le FBI, même après qu'on l'ait su à
l'origine de plusieurs attentats meurtriers contre les Etats-Unis. Il sera arrêté mais jamais condamné
(Scott 214-221). L'anglais Omar Saïd Sheikh, qui fut l'agent de financement de ces attentats, est
fortement soupçonné lui aussi d'appartenir à la CIA. Il ne sera jamais interrogé lui non plus (Scott
191-193). Ben Laden et ses complices faisaient partie des djihadistes financés armés et entrainés
par la CIA pendant la guerre d'Afghanistan contre les Russes, puis dans la guerre contre les
Afghans modérés. Certains furent ré-utilisés en Bosnie et au Kossovo contre les Serbes (Blum 360-
361, Scott 168-169, 227, voir aussi Pilger). On sait aussi que les services secrets britanniques
financèrent Al Qaïda en 1996, qu'ils protégèrent Ben Laden malgré le mandat d'Interpol lancé
contre lui en 1998, et que cette protection lui permit d'accomplir deux autres attentats qui firent
200 morts dans des ambassades américaines (Bright). Après les attentats du 11 septembre, Ben
Laden servira d’épouvantail pour le monde entier. Il ne sera éliminé que lorsqu’on n’aura plus
besoin de lui, c’est à dire à la fin de la guerre d’Irak.
Les liaisons de la CIA et du MI6 avec le terrorisme avaient déjà été constatées lors des attentats
des Brigades rouges, dans ceux de l'IRA, et même lors de la tuerie de Munich puisqu'on sait
aujourd'hui qu'Ali Hassan Salameh était financé par la CIA (note 313, Sommerlad, Ignatius). Ces
liaisons se confirmeront par la suite : d'après John Loftus, procureur général américain, Haroon
Rachid Aswat, responsable des attentats de Londres, était un agent double britannique (Meacher).
On sait aussi que David Headley, l'homme qui organisa l'attentat de Bombay, était un agent double
d'Al-Qaïda et des Etats-Unis (Nelson).
Le général Wesley Clark, qui travailla plusieurs années au Pentagone, affirma dans un discours que
les néo-conservateurs américains avaient profité des attentats pour faire l'équivalent d'un coup
d'état et imposer leur politique guerrière à George Busch. Il cite notamment Donald Rumsfeld,
Paul Wolfowitz, secrétaires à la défense, ainsi que Dick Cheney, gros actionnaire de la société
pétrolière Hallyburton, principale bénéficiaire de la reconstruction irakienne et de l'oléoduc afghan
(Le plan US post 11/9: envahir 7 pays, selon le général US Wesley Clark, vidéo YouTube). Les
projets d’arrestation de Ben Laden avant le 11 septembre furent tous bloqués par Sandy Berger, un
proche de Wolfowitz, conseiller à la sécurité nationale (Seipel).
Notons que malgré les attentats du 11 septembre, les Américains continueront d'armer les mêmes
rebelles d'Al Qaïda en 2012 lors de la guerre de Syrie (note 407).

(382) " Echelon " est le nom de code qui désigne plusieurs bases d'espionnage américaines, qui
interceptent les satellites et les communications du monde entier. Ces bases existent aux Etats-Unis
(NSA), au Canada, en Nouvelle Zélande, en Turquie, en Allemagne et 1 500 américains travaillent
dans celle du Yorkshire au Royaume-Uni. Le 5 septembre 2001, le Parlement Européen dévoila
publiquement l'affaire et vota une série de 44 mesures dont une adresse à l'ONU pour contrer les
activités d'espionnage américaines (Echelon). Les attentats du 11 septembre et le Patriot Act
réduiront à néant toutes ces précautions.

(383) D'après le témoignage de Mike German ancien agent du FBI, après le 11 septembre, de
nombreuses affaires de terrorisme furent créées de toute pièce par le FBI aux Etats-Unis (German).
Voir aussi " Le FBI mis en cause dans l'organisation d'attentats par des Américains musulmans ",
Le Monde.fr, 21/07/2014. *
Voir aussi " Le FBI aurait incité des Américains musulmans à réaliser des attentats", L'Obs,
21/07/2014. *
D’après Martin Wells, ancien employé de la société Bell Pottinger, le Pentagone aurait déboursé
des millions de dollars pour acheter à la société Bell Pottinger, des fausses vidéos djihadistes d’Al
Qaïda (Descours*, Vilars*).

(384) Le traité de Shanghaï, signé quelques mois avant, consacrait l'alliance entre la Chine, la
Russie, et les pays de la région Caspienne (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, et Ouzbékistan).

(385) Louis Jacobson " Ron Paul says U.S. has military personnel in 130 nations and 900 overseas
bases ", Tampa Bay Times, 14 Sept. 2011.*

(386) Nicolas Cori " L'Irak refuse les dollars contre son pétrole. D'autres y songent." Libération
Economie, 3 novembre 2000. *

(387) J. M. Barroso, futur président de la Commission Européenne faisant fi des intérêts de son
pays, sanctionna ainsi la France de 2 milliards d'euros, et annula l'achat par le Portugal de 3 avions
français (Voir Gros-Verheide).

(388) Bush fera pression sur le FMI pour que la dette de l'Irak envers la France soit annulée. Le
manque à gagner pour la France correspond à 10 années d'occupation militaire française en
Afghanistan (Nouzille, Le non).

(389) L'élaboration de la " Stratégie Européenne de Sécurité " est l'oeuvre de trois atlantistes
éminents: Robert Cooper, conseiller de Tony Blair et de Catherine Ashton, Chritoph Heugsen,
conseiller d'Angela Merkel, qui imposera l'utilisation de la force dans la politique allemande en
Ukraine, et Javier Solana, ex-secrétaire général de l'OTAN, qui organisa la guerre au Kossovo.

(390) Pour les prisons américaines, (voir Rubbin, voir Chulov, voir Buzdugan, voir aussi note 162).
Contrairement aux idées reçues, la décapitation n'est pratiquement jamais évoquée dans le Coran
(voir Duportail, voir aussi Bona). Par contre, de nombreux jeux vidéo mettent en scène ces
décapitations. Dans certains cas, elles sont mêmes nécessaires pour gagner la partie. Dans d'autres,
on peut aussi tirer dans la foule. On sait par ailleurs que de nombreux terroristes ont pratiqué ces
jeux durant leur adolescence. Pour les fausses vidéos terroristes, (voir Descours, Berthelier, Vilars,
et Chahuneau).
On sait aussi que les services Web américains hébergent les sites terroristes, dont les agents
recruteurs sont principalement anglophones (voir " Complément d'enquête : Envoyé spécial - En
immersion - Recrutement DAESCH ", 19/11/2015*, voir aussi N. Guilbert /D. Leloup « Des
services Web américains accusés de complaisance envers l’Etat islamique », Le Monde
Economique, 12/12/2015 *).

(391) " Iran Ends Oil Transactions In U.S. Dollars ", CBS News, Apr/30/2008.*

(392) Emma Paoli " Ce que les sanctions contre l'Iran coûtent à la France ", Le Monde.fr,
17/06/2013. *

(393) " Snowden Claims : NSA put German Intelligence in Tight Spot ", Spiegel, 07 july 2013. "
CIA Spies Operating in the heart of Germany ", Spiegel, September 09, 2013. Voir aussi (“ Les
services secrets allemands ont espionné pour les Etats-Unis des entreprises européennes dont
EADS " Le Monde, 24/04/15). L'expulsion du chef de la CIA de Berlin a surtout servi à rassurer les
européens suite aux révélations d'Edward Snowden, mais la collaboration continue plus que jamais
entre les services secrets allemands et américains (" NSA Turned Germany Into Largest Listening
Post in Europe ", The Intercept, 17 jun 2014). Pour l'assassinat d'une personne, un drone tue en
moyenne vingt-sept victimes collatérales, voir Guerric Poncet "Drones : l'Allemagne sert de relais
pour les exécutions américaines ", Le Point. fr, 21/04/2015. *

(394) Comme prévu par Brzezinski, tous ces pays durent préalablement adhérer à l'OTAN avant
d'être acceptés au sein de l'Union Européenne.

(395) Conférence de presse de Condoleeza Rice à Varsovie, 21 avril 2005.

(396) Les fondations Soros qui agissent au nom des libertés, sont particulièrement actives :
- L'Open Society a financé la révolution Serbe, le Printemps Arabe, et la révolution Ukrainienne.
- L'ONG Freedom House a soutenu les mouvements révolutionnaires en Serbie, en Ukraine, au
Kirghizistan, et elle oeuvre en Ouzbékistan, en Algérie, en Jordanie, ainsi qu'au Venezuela. On y
retrouve, outre Soros, Zbigniev Brzezinski, Donald Rumsfeld, l'homme de la Guerre d'Irak et de la
guerre d'Afghanistan, et James Woolsey, ancien directeur de la CIA.
- L'Association Project on Transitional Democraties finance les ONG dans les pays où se
déroulent les révolutions colorées comme en Ukraine et en Géorgie, dans l'espoir qu'à terme, ces
pays intègrent l'OTAN. La stratégie employée par les ONG est de choisir une couleur distinctive
pour rassembler les gens sous un même drapeau, et les faire sympathiser avec la police pour la
rapprocher du mouvement révolutionnaire (Voir Gene Sharp, De la Dictature à la Démocratie
Harmattan, 2009).
- Le Hudson Institute coopta Raymond Aron.
- La Rand Corporation rassemble le juge Brugière et Jean Louis Gergorin, ancien vice-président
d'EADS, qui siègent aux côtés de Franck Carlucci, ancien directeur adjoint de la CIA.

(397) En 1999, Robert Rubin, ancien directeur de la banque Goldman Sachs, fit abolir les lois de
Glass-Steagall. Grâce à lui, les banques de dépôt obtinrent ainsi l'autorisation de spéculer sur les
produits dérivés (à effet de levier), faisant prendre d'énormes risques à ces banques et à leurs
clients. Quelques années plus tard, Goldman Sachs élabora un fonds qui rassemblait tous les
emprunts immobiliers les plus risqués, auquel elle fit obtenir un triple A par les agences de
notation qu'elle-même payait. Puis, la banque revendit ces produits pourris à d'autres banquiers, et
spécula à la baisse sur ces mêmes produits qui s'effondrèrent aussitôt entrainant les banques avec
eux. Goldman Sachs empocha deux fois sa mise, pendant que le reste du monde était ruiné
(Sylvain Cypel, " Les conflits d'intérêt d'Abacus ", Le Monde Economie, 03/05/2010 *).

(398) Lehmann Brother's était la banque rivale de Goldman Sachs.
Le 11 août 2011, l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) interdira momentanément les attaques
baissières sur les valeurs bancaires.

(399) Une trentaine de lobbies se sont associés à l'ERT pour constituer un gigantesque réseau
lobbyiste appelé TPN (Transatlantic Policy Network) financé par plus de 40 multinationales
majoritairement américaines, allemandes et anglaises. De nombreux députés européen en font
partie, qui sous couvert d'un partenariat européen, agissent en faveur des intérêts américains. Un
traité transatlantique similaire appelé AMI avait été négocié secrètement au sein de l'OCDE en
1998, mais avait été dévoilé par la presse et rejeté in extrémis par la France. Le dit traité devait
permettre aux multinationales de faire condamner les états par des tribunaux privés, lorsque leurs
lois nuisaient aux investisseurs, par exemple en cas de refus des OGM ou de la viande hormonale
par un état, en cas de lois anti-tabac, voire en cas de grève dans une usine. Le traité transatlantique
actuel est en cours de négociation et a toutes les chances, comme pour le traité
ALENA, d'augmenter le taux de chômage, et surtout de ruiner notre agriculture, et d'abolir nos
normes sanitaires. ALENA ne fut bénéfique que pour les multinationales : les salaires des
mexicains n'augmentèrent pas, et leur agriculture fut ruinée, et côté USA, le taux de chômage
augmenta. Concernant les condamnations, dans le traité ALENA les mêmes tribunaux privés
donnèrent tort au Canada dans 100% de ses litiges avec les multinationales.

(400) Le traité trans-Pacifique négocié par les USA est particulièrement menaçant pour la Chine,
car en cas de conflit avec les USA, la marine américaine, qui aide les pays membres du traité à
surveiller leurs eaux territoriales, peut bloquer tous les approvisionnements en pétrole ainsi que les
routes commerciales de la Chine. La rupture du président philippin avec les USA en 2016 décidera
Trump à renoncer à la politique agressive envers la Chine et à retirer son pays du traité trans-
pacifique.
Voir « Le président philippin Duterte annonce sa séparation d’avec les Etats-Unis », Libération,
20/10/2016. *
« Libre-échange : Trump signe l’acte de retrait des Etats-Unis du partenariat transpacifique », Le
Monde, 23/01/2017. *
« Pékin refuse de former un G2 avec Washington ", RIA Novosti, 18 novembre 2009.

(401) Valéry Giscard d'Estaing, qui fut l'auteur du texte de la Constitution Européenne, reconnaitra
plus tard qu'il était identique à 98% à celui du Traité de Lisbonne, lequel sera voté par 85% des
parlementaires français.
Dans son discours du 16 janvier 2009, Sarkozy reprendra l'expression de George W. Bush " On ira
ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne ne pourra s'y opposer.
Car à travers le monde, les forces au service du changement sont considérablement plus fortes que
les conservatismes et les immobilismes " (voir " Voeux de Nicolas Sarkozy ", 16 janvier 2009,
vidéo Youtube).

(402) Au moment où l'euro sera en passe de supplanter le dollar, La banque Goldman Sachs, après
avoir aidé le gouvernement Grec à maquiller ses comptes pour la faire admettre frauduleusement
dans la zone euro, organisa avec d’autres fonds spéculatifs comme le fonds Soros, des attaques
baissières concertées contre ce pays, avec la complicité des agences de notation, provoquant la
crise grecque qui entrainera l'Italie dans la tourmente. Goldman Sachs profitera de ce chaos pour
imposer la démission des deux présidents élus et les faire remplacer par deux de ses anciens
cadres, Lucas Papademos et Mario Monti. C'est aussi un ancien cadre de Goldman Sachs qui
prendra la direction de la Banque Européenne et rachètera les dettes pourries de la Grèce,
déstabilisant ainsi toute la zone euro. La Grèce sera obligée d’emprunter à 28% et le cours de
l’Euro baissera à nouveau (Wall Street Journal / 26 février 2010). *

(403) L'Allemagne qui avait entreposé de grandes quantités d'or dans plusieurs pays étrangers pour
assurer la solvabilité de l'euro, a demandé discrètement la restitution de son or à tous les pays
détenteurs y compris à la France, montrant par là-même ses propres doutes sur l'avenir de la
monnaie unique. Chaque pays s'est exécuté sauf les Etats-Unis. L'Allemagne a finalement renoncé
à sa requête (Kaye).

(404) Dans une interview du 29 avril 2010 à France Info, D. Strauss Kahn avait dit à propos des
agences de notation " pas plus que quiconque, elles n'ont alerté sur les comptes de la Grèce et ses
tricheries, et aujourd'hui, elles agissent avec retard et brutalement. Les problèmes sont connus, il
n'y a que trois agences dans le monde. Elles sont rémunérées par ceux qu'elles notent, d'où un
problème d'indépendance et d'objectivité ".
Pour le rapport sur le dollar, voir Rooney.

(405) " Kadhafi évoque la nationalisation des sociétés pétrolières si le brut stagne ", Le Point.fr,
24/01/2009. *

(406) Pour Kadhafi, voir Untermeyer Voir aussi Ennasri.
Pour les armes, voir " La France défend sa décision de larguer des armes en Libye ", L'Express,
30/06/2011. *

(407) Pour les gazoducs, voir Roland Lombardi " Guerre en Syrie et Géopolitique du Gaz ",
L'Express L'Expansion, 06/03/2013. *
Dans un discours au Commonwealth Club de San Francisco, le général Wesley Clark affirma que
l'invasion de la Syrie était déjà programmée depuis 2001 (note 381). Durant la guerre d'Iraq, les
prisons américaines ont constitué de véritables "universités de djihadisme ", voir Rubbin, voir
Chulov, voir Buzdugan, voir aussi notes 162 et 390. Les autorités américaines n’étaient pas
innocentes, puisque dès 2004, un rapport du NIC (National Intelligence Council) prévoyait
l'extension du terrorisme à partir de l'Irak, avec la création d'un Califat en Syrie (Mapping 93-94).
Des documents déclassifiés de la DIA, ont confirmé que dès août 2012, la DIA avait prévu qu'Al
Qaïda allait fédérer les mouvements de résistance pour établir un Califat salafiste destiné à isoler le
gouvernement syrien. D’ailleurs, dans une interview sur Al Jazeera du 13/08/2015, Michael T.
Flynn, ancien directeur de la DIA (Defence Intelligence Agency), confirmera que la montée de
l'Etat Islamique en Syrie fut encouragée de façon délibérée par le pouvoir politique américain (“
Syrie - Al Qaida - DAESH - Armé par les USA - Directeur DIA ", vidéo YouTube*).
Des armes furent secrètement acheminées à la même époque depuis la Libye, par la CIA et les
services secrets britanniques. On sait que 80% des " rebelles modérés" auxquels elles furent livrées
appartenaient à Al Qaïda. François Hollande lui-même reconnut avoir livré des armes aux rebelles
(voir Milne, voir Del Valle, voir aussi Seymour M. Hersh, " The Red Line and the rat Line ",
London Review of Books, V. 36 N°. 8, April 2014, p. 21-24. *.
Pour les armes officiellement distribuées aux rebelles et récupérées par Al-Qaïda, voir " Syrie: des
rebelles formés par les Américains ont donné des armes à Al-Qaïda", L'Express, 26/09/2015. *
" François Hollande confirme avoir livré des armes aux rebelles en Syrie ", Le Monde.fr,
20/08/2014. * " Syrie : François Hollande confirme la livraison d'armes aux rebelles ", Le
Parisien, 21/08/2014. *
En fait,le moyen utilisé en Syrie est très similaire au djihad afghan de 1980 : les pétromonarchies
arabes finançaient des multinationales de djihadistes mercenaires aidés par un intermédiaire
stratégique, le Pakistan dans le cas de l'Afghanistan, et la Turquie dans le cas de la Syrie. Le rôle
de pompier pyromane assumé par les USA rappelle un peu celui de William Pitt en 1793, qui d'un
côté payait et armait les Chouans, et de l'autre, mettait tout en oeuvre pour qu'ils soient vaincus
(note 35).
En février 2014, le président iraqien Maliki négocia des contrats pétroliers avec la Chine (Khadria
Fouad-Djama, " Irak-Chine: la diplomatie du pétrole ", L'Express, 28/02/2014 *).

(408) Une étude américaine du MIT affirma que l’attaque au gaz de 2013 attribuée à tort à Bachar
il Assad, venait en réalité d’une zone rebelle. La Turquie fut accusée d'avoir incité les rebelles à
utiliser le gaz sarin pour forcer l'intervention occidentale contre Damas (A. Arefi, « Attaque
chimique en Syrie, le rapport qui dérange », Le Point International, 19/02/2014, Seymour M.
Hersh " The red Line and the rat line ", London Review of books, V. 36, N° 8, 17/04/2014, p. 21-
24, " Whose Sarin ? ", V. 35, N° 24, 19/12/2013, p. 9-12). *
Pareillement, au même moment, deux missiles s'abîmèrent dans la mer, peut être abattus par le
bouclier russe. Après avoir d'abord été niée, cette information fut finalement reconnue non pas par
les Etats-Unis mais par Israël qui annonça que deux de ses missiles s'étaient abîmés tout seuls en
mer lors d'un essai. Si l'information est vraie, Israël aura pu chercher soit à déclencher un incident
pour pousser l'OTAN à attaquer la Syrie, soit à dissimuler l'infériorité des missiles américains (Voir
Vincent Lamigeon " Comment un test de missiles Israéliens a failli enflammer la Méditerranée ",
Challenges, 03/09/2013, voir aussi As-Safir, 13 septembre 2013).*

(409) Les intérêts américains étaient menacés car la compagnie américaine Chevron avait signé un
contrat de 50 ans sur le gaz de schiste ukrainien, pour un montant de 10 milliards de dollars. Dans
une interview à CNN, le milliardaire George Soros a reconnu avoir financé le coup d'état en
Ukraine par l'intermédiaire d'une de ses fondations (Soros on Russian ethnic nationalism, CNN
Press Room, may 25th 2014*). Voir aussi note 395. Lors des premières manifestations, des snipers
furent aperçus, tirant de la fenêtre d'un hôtel sur la foule, et provoquant des dizaines de morts. Le
tout sera filmé et diffusé sur internet probablement dans le but d'aggraver les troubles.
Curieusement, aucune enquête ne sera faite par le nouveau gouvernement.

(410) " Des Mercenaires américains en Ukraine ", Le Figaro.fr, 11/05/2014.*

(411) " Ballistic missiles Ukraine ", CNN 2014/07/29, video Youtube.*

(412) La politique de collaboration de Total avec la Russie est largement due à Christophe de
Margerie dont la russophilie n'est plus à démontrer. Quant à sa politique anti-dollar, elle doit être
en partie mise sur le compte de la condamnation que lui avaient infligé les tribunaux américains,
pour avoir osé signer des contrats pétroliers avec l’Iran (Voir Stothard, voir aussi Aglietta).

(413) Voir Paul, voir Boyen, voir aussi Sapir.

(414) Pour l'Iran, voir " Iran presses ahead with dollar attack ", The Telegraph, 03/05/2015.*
Pour la Corée, voir " South Korea Agrees Won-Yuan trading-Link, RQFII Quota With China ",
Bloomberg Business, 03/07/2014. *

(415) Pour l'accord Américano-iranien, voir Samuel Furfari "Nucléaire vraiment l'accord iranien ?
" LaLibre.be, 17/07/2015. *
Poutine, en proposant à la France et aux Etats-Unis de s'allier avec lui, a probablement voulu
reproduire la manoeuvre jadis élaborée par Litvinov et Louis Barthou contre Hitler, espérant que
tôt ou tard, les Etats-Unis quitteraient cette alliance contre nature… Mais, la faiblesse de notre
président réduira tous ces efforts à néant (voir note 289).

(416) Les causes de la faillite de nos services secrets lors des de ces attentats sont expliquées dans
la note (350).
Incontestablement, l’attentat de Charlie préparait celui du Bataclan : le premier visait un journal
que presque personne ne lisait. Mais l'équivoque slogan " je suis Charlie " qui pour tous les
français signifiait " je compatis ", signifiait en réalité"je blasphème " pour les musulmans. La
façon dont il sera très abondamment diffusé est très suspecte. On connait la suite : attaque contre
nos civils assimilés à de vils blasphémateurs, et un commentaire sur le site du New York Times
largement diffusé dans les réseaux sociaux décrivant le français comme un anti-religieux aimant
forniquer, boire et fumer, bref, l'anti-musulman type (BFM). Le même journal présentera nos
militaires envoyés en Syrie, comme de gros buveurs d'alcool (Huffington Post 21/12/2015).

(417) Lors de la Guerre de Sept Ans, l'Angleterre finança une coalition germanique anti-française
sur le territoire européen, pour empêcher Louis XV de concentrer ses efforts sur l'Inde et le
Canada.
En 1806, Napoléon, qui avait toléré l'occupation du Hanovre par la Prusse, entama des pourparlers
de paix avec l'Angleterre. Le Hanovre étant une ancienne possession britannique, l'Angleterre avait
fait savoir qu'elle y tenait beaucoup, et lors des négociations, l'empereur laissa entendre
qu'une restitution du Hanovre aux anglais pourrait éventuellement se faire, moyennant un
dédommagement pour la Prusse. Pour tout remerciement, l'ambassadeur d'Angleterre s'empressa
d'informer son collègue prussien des intentions françaises, se gardant bien de lui parler du
dédommagement prévu. L'incident fit grand bruit à Berlin. Napoléon ne put apaiser la colère
prussienne, et tout ceci se régla à coups de canons à la bataille d'Iéna, sans qu'aucune goutte de
sang anglais ne soit versée. C'est après cet évènement que l'Angleterre hérita du surnom de "
perfide Albion " (Castelot 115-116, de Jouvenel, 195-196). La même mésaventure arriva à De
Gaulle en 1969 : un jour que le général avait abordé lors d'un dîner avec l'ambassadeur anglais, les
changements que l'Angleterre aurait à effectuer pour pouvoir envisager une éventuelle entrée dans
le marché commun, les propos du général, qu'il avait voulu confidentiels, furent déformés et
divulgués dans la presse par les britanniques qui s'empressèrent d'informer le chancelier allemand
d'un prétendu " plan " de De Gaulle consistant à vouloir exclure les pays du Bénélux pour
construire une " zone de libre-échange à quatre avec l'Angleterre. " On imagine l'effet que
produisit cette annonce sur les pays concernés… En réalité, De Gaulle exigeait par dessus tout que
l'Angleterre renonce à ses relations privilégiées avec les Etats-Unis (de la Serre 140-141).

(418) En 1808, en pleine révolte espagnole, Napoléon fit enlever le roi Charles IV d’Espagne et
son fils Ferdinand, et les fit séquestrer dans le château de Talleyrand jusqu'en 1814. Le pape Pie VI
fut lui aussi séquestré. Kennedy, Allende, Kadhafi, Saddam Hussein, Aldo Moro, et Olof Palme
(chef d'état suédois), connurent un sort encore moins enviable. Pour les assassinats commis par la
France, voir Vincent Nouzille "Les Tueurs de la République ", Fayard, 2015.

(419) Sous Napoléon, l'ascenseur social fonctionnait : un fils de tonnelier pouvait être anobli et
devenir maréchal (ce fut le cas de Ney).

(420) De Jouvenel 374-376.

(421) Song 335, 336.

(422) Gouraud, 181, De Jouvenel 374-376, Lachouque 279. Pour l'Angleterre, voir Gouraud 183-
187. Pour Turgot voir Selth 41. Voir aussi note 478.

(423) General Motors sera nationalisée en 2009.
Voir Gradt.
Voir Bizet.
Voir aussi " USA: le sauvetage du secteur automobile coûtera 3,3 mds USD de plus", 14/08/2012,
LePoint.fr.*
Seulement 32% des marchés publics américains sont ouverts à la concurrence étrangère, alors que
85% des marchés européens le sont (J. M. Arnaud «Les marchés publics, enjeu clé du traité
transatlantique », La Tribune CAC 40, 09/03/2016 *).

(424) Au traité de Versailles, les Américains cherchèrent à nous imposer le libre-échange alors
qu'eux restèrent protectionnistes jusqu'en 1937, voir note 276.

(425) L'évasion fiscale annuelle atteint presque le double des intérêts de la dette. En y mettant fin,
le problème de la dette serait donc réglé (Voir " La fraude fiscale en France coûte 60 à 80
milliards d'euros à l'état ", L'Express / L'Expansion, 09/10/2013. Voir aussi Gabriel Zucman, La
Richesse Cachée des Nations, Seuil, 2013).

(426) Mounia Daoudi " Réunis à Davos, les grands de ce monde n'ont pas trop le moral ", RFI les
voix du monde, 21/01/2015. Voir aussi Ben Hirshler "Les grands patrons ont le moral au plus bas
", Reuters France, 28/01/2009.*
Les inégalités croissantes qui touchent l'Europe n'apportent pas le bonheur à ceux qui en profitent
(une étude récente a démontré que gagner plus de 5 500 euros/mois ne rendait pas plus heureux).
Voir Errard " Gagner plus de 66.000 euros ne rendrait pas plus heureux", Le Figaro.fr économie,
12/10/2015.*

(427) La théorie du choc des civilisations si chère aux américains a été adoptée par Nicolas
Sarkozy et par son successeur : après les débats polémiques sur " l'identité nationale ", les lois
anti-voile et anti-burka, le pouvoir présidentiel a multiplié les provocations et attisé les conflits
inter-ethniques dans les banlieues et sur internet. Ce climat de tension permettra de justifier
certaines mesures portant atteinte aux libertés : Vigipirate, écoutes téléphoniques, caméras de
surveillance, loi sur le renseignement... Le livre blanc du ministère de la défense de 2008 va aussi
dans ce sens : dorénavant, notre armée devra servir à maitriser les troubles intérieurs du pays et à
assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics en cas de crise.

(428) Brzezinski 88, 107, Milton Friedman 28 août 1997, " The Euro : Monetary unity to Political
Disunity ? " Project Syndicate, 30/07/15.*

(429) Contrairement à l'Angleterre et à l'Allemagne, la France est le seul pays d'Europe avec
l'Italie et la Hollande, à avoir récupéré ses réserves d'or séquestrées aux Etats-Unis, ce qui nous
offre des opportunités considérables en cas d'abandon de la monnaie unique et de retour à un
étalon or. Les autres pays ne peuvent même pas y songer.

(430) Les massacres qui eurent lieu à Rouen et en Alsace durant la première croisade n'ont pas lieu
d'être évoqués ici puisque ces deux provinces n'étaient pas françaises à l'époque : Rennes faisait
partie du Duché de Normandie qui appartenait au roi d'Angleterre, et l'Alsace ne sera annexée par
la France que bien plus tard.

(431) Frederic Hurter, Histoire du pape Innocent III, Tome I, p. 279-281. *

(432) Voir Isidore Loeb, La Controverse de 1240 sur le Talmud sous Saint Louis, 1881, J. Baer
Paris, p. 8 à 10.* D'après l'auteur, lui-même rabbin, ces recommandations qui existaient réellement
dans le Talmud, étaient dirigées contre les Romains à la pire époque de l'occupation romaine, mais
en aucun cas contre des chrétiens. Malheureusement, lors du procès, l'avocat du Talmud, lui aussi
rabbin, se défendit très mal et n'utilisa pas cet argument. Toutefois, Loeb reconnait que certains
juifs ont pu mal interpréter ces recommandations, et excuse le pape qui d'après lui aurait été
trompé par Nicolas Donin et aurait agi en conscience.

(433) Nicolas Donin aura son pendant en Espagne, en la personne de Tomas de Torquemada, lui
aussi issu d'une famille de juifs reconvertis.

(434) Durant les croisades, l'Ordre des Templiers était chargé de garder les lieux saints ainsi que
les étapes des pèlerins et des croisés qui partaient en terre sainte. Grâce aux bons de dépôts qu'ils
faisaient signer aux pèlerins avant leur départ, ils assuraient leur approvisionnement une fois sur
place. Ceux-ci pouvaient ainsi voyager sans argent. En réalité, les Templiers parvinrent à
contourner l'interdiction de l'usure, et se comportèrent en véritables banquiers. Ils amassèrent ainsi
des sommes énormes et avaient en plus la garde du Trésor Royal, ce qui leur donnait un pouvoir
considérable.

(435) Jean-François Decraene, La Ville des Gens, " Un Cimetière Avenue de Flandre", Q.L. N° 70-
71, oct. 1997.*

(436) Notons qu'à cette époque, les juifs avaient déjà été totalement expulsés du Royaume
d'Angleterre depuis 1290 par le roi Edouard Ier.

(437) Sauf peut être en Alsace où leur activité avait été très règlementée par Napoléon : il leur
avait été spécifiquement interdit de prêter à un taux supérieur à 5% et ceci pendant 10 ans (décret
infâme).
Les juifs montrèrent leur reconnaissance en s'engageant massivement dans l'armée napoléonienne,
alors que jusqu'ici il leur avait toujours été reproché de s'exonérer de la conscription : il y eut 62
juifs tués à la bataille de Waterloo, ce qui est proche de la moyenne française (Voir Berman).

(438) Ben Wieder, Napoléon et les Juifs.

(439) Mermeix 22.

(440) Voir Drumond.

(441) Liste des lois antisémites:

- Signalement des juifs sur leurs pièces d'identité, peu appliquée en zone libre (loi votée après
occupation de la zone libre).

-Autorisation d'internement des juifs étrangers par arrêté
préfectoral.

- Les juifs et les hauts dignitaires maçonniques sont chassés de l'administration. Liste de 35
professions interdites aux juifs, avec dérogations pour les anciens combattants.

- Dissolution des organisations juives à l'exception des consistoires, confiscation de leurs biens au
profit de l'UGIF.

- Loi de spoliation des entreprises juives.

- Lois de dénaturalisation : 3% des naturalisés sont concernés, dont
1%dejuifs.
- Abrogation du décret Crémieux.

- Abrogation de la loi Marchandeau.

Une seule consolation pourtant : Pétain refusa de faire porter l'étoile jaune en zone libre, et ceci
même après l'occupation de celle-ci par les Allemands.

(442) Dans son numéro du 25 juin 1942, le Daily Telegraph publia que " plus de 700.000 juifs
polonais avaient été exterminés par les allemands dans le plus grand massacre de tous les temps ".
Raymond Aron, qui pourtant était juif et vivait à Londres, avoua lui-même qu'il n'en avait rien cru.
Ni De Gaulle, ni Churchill, ni Roosevelt ni Staline n'y crurent non plus puisqu'aucun d'eux ne
jugea opportun d'utiliser cela dans leur propagande. D'après Bousquet, préfet de Paris, les rumeurs
qui circulaient dans la police à l'époque, étaient que les déportations se faisaient vers le camp de
Lublin en Pologne. La réalité du drame ne sera connue avec certitude qu'à la fin de la guerre
(Henry Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l'Occupation). Le nombre de juifs
déportés de France fut de 41 947 en 1942, de 17 216 en 1943 et de 15 691 en 1944 (Mémorial de
la Déportation des Juifs en France, Serge et Beate Klarsfeld, FFDJF).

(443) Henry Amouroux, La grande histoire des français sous l'occupation, avril 1942-décembre
1943, R. Lafont, p. 148.

(444) Anonymes, Justes et persécutés durant la période Nazie, Yad Vashem.

(445) Voir Kane.

(446) Scott 165.

(447) Liste effectuée à partir de divers ouvrages (Frémy 343-352, Encyclopédia Universalis 2009,
Encyclopédie Wikipedia).

(448) Henry Poincaré fut le vrai père de la théorie de la relativité restreinte et de la formule (E =
mc2). Einstein ne fit que plagier les travaux déjà publiés par le français, ce fait est aujourd'hui
reconnu par toute la communauté scientifique (Voir Whittaker, Allègre, Hladik, Keswani 234-236).

(449) Challenges Magazine, " Dépôts de brevets : la France derrière la Chine et la Corée ", 23
mars 2012.

(450) The Conference Board.

(451) Les produits " allemands " sont souvent importés d'Europe de l'Est voire d'Asie, pour être
estampillés " Germany " et revendus au prix fort en Europe de l'Ouest et dans le monde entier.
L'Europe entière souffre de cet Euro surévalué qui rend les produits européens trop chers à
l'exportation. Le taux de chômage a d'ailleurs monté de 3 % dans l'ensemble de la zone Euro
depuis 2002.

(452) Johnston and Williamson, " What Was the U.S. GDP Then ? " Maurice Allais, seul français à
avoir obtenu un prix Nobel d'économie, était contre la dérégulation financière. Il avait prévu la
grande dépression qu'elle allait occasionner en Europe, et était partisan d'un libéralisme "
protectionniste ". Ce dernier mot suffit à le faire bannir de tous nos médias jusqu'à sa mort en
2010, alors qu'il avait toujours souhaité apporter des solutions aux crises que nous traversons
aujourd'hui.

(453) " Qui détient la dette des principaux pays de la planète " (Le Nouvel Observateur-
Challenge)

(454) Source : ONU, (Le Monde).

(455) Source : Nation Master.

(456) Les mariages internationaux atteignent 27% en France, dont un quart entre européens
(Gabizon).

(457) L'Etude du Pew Research Institute donne 15,5% (Haski).

(458) Pr. Coleman.

(459) 14% de noirs et 16,7% d'hispaniques.

(460) - American medical association.
- National vital statistic reports, vol 59, N° 2 : Death preliminary data for 2008, Arialdi M
Minino, MPH; Jiaquan Xu, MD; Kenneth D. Kochanek, MA, Division of Vital Statistics.

(461) 43 noirs, 35 asiatiques, 11 hispaniques, sur 435 députés.

(462) Voir Mémoires de Thiébault, T. 1, p. 155, voir aussi Procès de Brissot, p. 170*.

(463) Transparency International classe la France derrière Singapour, la Suisse ou le Luxembourg
dont la transparence est légendaire, comme chacun sait. La fondation Prometheus, financée par
EADS, Thalès et Safran, a émis un rapport accablant sur le financement essentiellement anglo-
saxon de Transarency International et de Greenpeace. Pour elle, ces ONG sont les fantassins de la
guerre économique que nous livrent les Etats-Unis. Déjà, en 1985, lors de l'affaire du Rainbow
Warrior, le gouvernement français suspectait Greenpeace d'agir contre la puissance militaire
française en gênant les essais nucléaires français. L'attentat organisé par la DGSE, fut d'ailleurs
considéré par la Nouvelle-Zélande comme un acte de guerre.

(465) Human Right Watch.

(466) Amnesty International.

(467) (rapport Debré 1958). De nos jours, les écoliers voient leurs programmes comprimés sur
seulement 144 jours de travail.

(468) Antoine Prost, Les Matins de France Culture.

(469) Les parents doivent savoir qu'accepter l'option " Anglais Européen" (presqu'un collégien sur
2) implique que l'élève passera autant de temps à étudier l'Anglais que le Français. La désaffection
de la langue française par nos élites est d’autant plus regrettable que d’après l’étude de la banque
Natixis, le Français sera la langue la plus parlée au monde à l’horizon 2050, grâce au taux de
natalité du continent Africain, même si ces chiffres sont à relativiser (voir Dussapt).

(470) Antoine Prost.

(471) De nos jours, l'Education Nationale est devenue un état dans l'état, que les ministres, quelle
que soit leur tendance, sont totalement impuissants à réformer. Après la révolte anti-Allègre, nous
verrons Gilles De Robien, ne pouvant imposer la méthode de lecture syllabique (la seule efficace),
sans parler de François Bayrou, totalement inutile à son poste de ministre, et relégué à jouer au
ping-pong dans les caves de l'Education Nationale. Les décisions semblent prises par un clergé
pédagogiste au dessus de tout pouvoir et de toute directive… (Voir Le pacte immoral, Sophie
Coignard).

(472) 71% des enfants de cadres obtiennent aujourd'hui un baccalauréat général, contre 16% des
enfants d'ouvriers (Rapport annuel 2003 du Haut Conseil de l'évaluation de l'école).

(473) Krugman.

(474) Dans les manuels d'Histoire-Géographie de terminale, la France est déclassée (9e puissance
économique mondiale), alors qu'elle est en réalité cinq ou sixième.
Voir Robert Paxton « La France de Vichy ».

(475) Les citoyens actifs (contribuables) votaient pour des électeurs qui eux-mêmes élisaient les
députés. Le roi accorda à ces électeurs le droit de rédiger des cahiers de doléances, qui étaient
supposés représenter les désirs du peuple. En réalité, ces cahiers furent rédigés sous l'influence
d'une trentaine de députés appelés société des trente, dont faisaient partie Clavière, Mirabeau, la
Fayette, Condorcet, Sieyes, et Talleyrand.

(476) Il s'agit en fait de la " question " qui était la torture employée pour faire avouer un crime ou
un délit, qui fut abolie en 1780, à ne pas confondre avec les supplices, abolis plus tard par la
Révolution : le marquage au fer et le fouet étaient des peines accessoires à d'autres plus
importantes comme le bannissement ou les galères. La marque au fer rouge concernait notamment
les galériens (GAL). Les autres condamnés étaient marqués d'une fleur de lys jusqu'en 1724 puis
d'une lettre correspondant à leur délit (V) pour les voleurs. Le marquage au fer seul était réservé
aux mendiants récidivistes. La peine de mort s'appliquait à l'époque aux criminels mais aussi
exceptionnellement dans certains cas de faux en écriture, de faux témoignages, d'escroqueries et de
vols avec ou sans violence. Les uns pouvaient être pendus, d'autres avaient le poing ou la langue
coupés avant la pendaison (faux témoignage), d'autres étaient rompus vifs sur la roue (assassinat et
vol), d'autres enfin étaient écartelés (lèse majesté), le feu sera réservé à l'hérésie, la magie,
l'incendie, l'empoisonnement, la bestialité et la sodomie. Seuls les nobles avaient la faveur d'être
décapités. On peut donc considérer que la guillotine pour tous était un réel progrès pour l'époque
(Porret 217-220).

(477) Les états Généraux, composés de représentants des 3 ordres (clergé, noblesse et tiers-état)
avaient été créés en 1302 par Philippe le Bel. Ils n'étaient convoqués par le roi qu'en temps de crise
ou pour aborder des sujets de la première importance. Leur dernière convocation remontait à 1614,
sous le roi Louis XIII. Les députés du tiers état étaient tous issus de la haute bourgeoisie
(magistrats, financiers ou commerçants), il ne s'y trouvait presqu’aucun représentant issu du bas
peuple (un au total). A cette époque, le suffrage était indirect : les citoyens de Paris élisaient 60
000 électeurs qui eux-mêmes élisaient les députés du tiers état. Le résultat du vote de chaque ordre
comptait pour une voix. C'était le principe du vote par ordre. Il suffisait donc que les deux ordres
privilégiés (le clergé et la noblesse) votent dans le même sens, pour que le tiers état se retrouve en
minorité. Necker accepta d'accorder deux voix au tiers état, mais pour être sûrs d'être majoritaires,
les députés du tiers exigèrent le vote par tête. Face au refus du roi, ils s'auto-proclamèrent "
Assemblée Constituante ".

(478) Sous Louis XIV, la grande entreprise de Colbert, ministre des finances, fut de donner une
indépendance économique et financière à la France. Pour cela, il créa de grandes manufactures
d'état, et instaura un régime protectionniste qui empêchait les produits anglais ou hollandais de
concurrencer les nôtres. Grâce à lui, la France était devenue si riche qu'elle détenait à elle seule la
moitié des réserves d'Europe en métaux précieux. Le prix du blé était plafonné et le commerce des
marchandises était contrôlé par des postes de douane qui exigeaient des droits à l'entrée de chaque
ville. Ces barrières étaient d'une grande utilité car elles limitaient beaucoup les manoeuvres des
spéculateurs toujours prêts à acheter du blé pour le revendre au prix fort dans un autre département
voire dans un autre pays frappé par la disette.
En 1774, Turgot, ministre de Louis XVI, décida de mettre fin à la règlementation sur le commerce
des grains, les barrières furent supprimées. La libre circulation des céréales favorisa la spéculation
d'agioteurs qui stockèrent massivement le blé de façon à provoquer des hausses artificielles. Le bas
peuple n'avait plus les moyens de se nourrir et on assista ainsi dans un pays pourtant prospère, à de
véritables famines. Louis XVI y remédia rapidement et mit fin à ce commerce, les barrières furent
rétablies. Turgot, agent d'influence formé à Londres, était un adepte de la Physiocratie, véritable
mystique, qui prônait le libre-échange à outrance (Selth 41). D'après les physiocrates, les
marchandises devaient circuler librement à travers le monde, exactement comme le sang circulait
dans nos veines; cette philosophie libérale était devenue quasi-religieuse, et tout obstacle étatique à
ce commerce était jugé hérétique. Les multiples famines que déclenchèrent les physiocrates
n'ébranlèrent jamais leurs convictions. On retrouve un peu le même aveuglement chez les
mondialistes d'aujourd'hui qui, malgré les crises qu'ils déclenchent, continuent de prêcher la
dérèglementation à outrance, totalement inconscients d'entrainer le monde vers le chaos. Tout
récemment, entre 2005 et 2010, on a pu voir des banquiers, des fonds spéculatifs et des fonds de
pension anglo-saxons, spéculer à nouveau sur les produits alimentaires de première nécessité,
provoquant des émeutes de la faim, reléguant 100 millions de personnes dans la pauvreté (Source
FAO). Notons que ces mêmes adeptes de la dérèglementation jugent indispensable que l'Etat
vienne au secours des banques lorsqu'elles sont en difficulté (The Food Bubble, How Wall Street
starved millions and got away with it, Frederick Kaufman, Harper's Magazine july 2010).

(479) Dans le suffrage censitaire, seuls les possédants, c'est à dire ceux qui étaient assujettis au
Cens avaient le droit de vote, soit 18% de la population. Ils étaient appelés " citoyens actifs ", et les
autres " citoyens passifs ". Pour être éligible comme député, il fallait payer 400 F d'impôts. Cet
ensemble de lois interdisait au peuple d'avoir de vrais représentants à l'assemblée, les députés du
tiers état étaient tous issus de la bourgeoisie. Pour les députés de la constituante, le suffrage était
indirect, c'est à dire que les citoyens élisaient des électeurs qui eux-mêmes choisissaient les
députés.

(480) Voir note 20.

(481) Voir note 20.

(482) Voir note 24.

(483) Le Comte de Narbonne, qui était ministre de la guerre, était aussi l'amant de Madame de
Staêl, elle-même fille de Necker.

(484) Voir note 27.

(485) Après la prise des Tuileries, le Girondin Roland découvrit une armoire de fer cachée dans un
mur des appartement royaux, et contenant des documents secrets qui firent état de la
correspondance entre Mirabeau et le roi. La façon dont Roland subtilisa les documents en cachette
pour ne les rendre publics que plusieurs mois après, laisse à penser qu'il fit probablement
disparaitre des pièces compromettantes pour les Girondins (Procès de Brissot et complices 222,
223). Quant à Mirabeau, suite à ces révélations, son corps sera dé-Panthéonisé.

(486) Une circulaire du comité de surveillance appela à étendre les massacres de septembre aux
autres villes. Malheureusement, l'original avec les signatures n'a jamais pu être produit (Tuetey T. 5
p. 57). Sur la copie, on voit parmi les signataires, un dénommé Sergent, marié à une anglaise, et
ami de Panis, lui-même beau-frère de l'agent anglais Santerre (Sénar 10-11, 34-38, Peltier Histoire
T. II, p. 424, Blanc la corruption 119). Un troisième signataire nommé Duffort, obéissait aux deux
premiers (Tuetey V. 5, p. IX). Trois autres étaient des espions anglais : Jourdeuil, Deforgues, et
Duplain (Blanc, Les Espions 92, La Corruption 64). Ce furent précisément ces deux derniers qui
accueillirent au comité Jean-Paul Marat. Marat était membre d'une loge anglaise et avait vécu
plusieurs années à Londres où il était retourné quelques mois avant les massacres. Tous les
prétendus signataires étaient donc sous influence anglaise. Un dernier, nommé Guermeur, de son
vrai nom Royou, était lui aussi un agent subversif puisque son propre frère fut arrêté pour avoir
incité à la répression après la fusillade du Champ de Mars. Il rédigeait " l'Ami du Roi ", un journal
royaliste d'une extrême violence : les deux frères incitaient donc à la violence dans les deux camps
opposés (Mortimer, V. 4, p. 456).
Etendre ces massacres à la France entière ne pouvait avoir pour effet que de discréditer totalement
notre révolution. Personne en France y compris les royalistes n’y avait intérêt. Seule la politique de
William Pitt en tirait profit. Notons que la circulaire du Comité de surveillance ne fut pratiquement
pas suivie en province, où les victimes furent très peu nombreuses. Des protestations unanimes
furent adressées à Paris et certains émissaires furent même arrêtés (Mortimer, V. 4, p. 13, 437,
438).

(487) Lors du cambriolage des joyaux de la couronne, qui eut lieu juste après les massacres de
septembre, on retrouve à peu près les mêmes complicités : l'agent anglais Santerre, chef de la garde
nationale, chargé de la surveillance des joyaux, les laissa sans aucune protection, permettant aux
malfrats d'opérer en toute tranquillité, et même de festoyer plusieurs nuits dans les locaux du
garde-meuble (Sénar 10-11). Ici aussi, Roland refusa de renforcer la protection malgré les
instances de l'intendant du garde-meuble. Les voleurs en question étaient pour la plupart des
détenus de droit commun libérés par Stanislas Maillard, lors des massacres, et probablement
recrutés par lui (voir Ferrand). Au domicile de Duffort, qui se vanta d'avoir fait libérer des détenus
pendant les massacres, on trouvera des objets d'or en quantités prodigieuses, et son enrichissement
personnel paraîtra très suspect (Tuetey, V. 5, p. VIII, IX et 56, note 486). Sergent, ayant aussi
participé aux massacres, sera impliqué dans l'affaire et portera à son doigt un des bijoux volés. Lui
et Panis seront poursuivis plus tard pour recel, bris de scellés et enrichissement personnel
(Michaud, Nle édition, 1854, vol. 39, p. 96-99). Parmi les voleurs, une bande de truands rouennais
fuira à Londres où seront retrouvées une grande partie des plus belles pièces, entre autres le
diamant bleu et le Côte de Bretagne (Ferrand). L'enquête orientera vers l'Angleterre où sera
envoyé un agent de Roland (Masson 276). Le Régent sera retrouvé, mais l'or et les petites pierres
seront perdus à jamais. Ces joyaux comprenaient sept tonnes d'or et 9000 pierres précieuse en
majorité des diamants.

(488) Voir note 31.

(489) Les droits féodaux étaient Les impôts locaux dus aux seigneurs. Lors de la célèbre nuit du 4
août 1789, seule la corvée avait été abolie sans condition. Les autres droits féodaux furent déclarés
rachetables " au denier trente ", c'est à dire après avoir racheté trente années de droits. Autant dire
que seuls les très riches en avaient les moyens. Mais l'essentiel étant de calmer la plèbe, on publia
dans les journaux " Abolition des privilèges "
Décret du 4 août 1789 :
Article 1er : l'Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal. Elle décrète que, dans les
droits et les devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la main-morte réelle ou
personnelle, et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité;
et tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode de rachat seront fixés par
l'Assemblée nationale. Ceux des dits droits qui ne sont point supprimés par ce décret continueront
néanmoins d'être perçus jusqu'au remboursement.
Contrairement à la légende, les droits féodaux ne furent donc véritablement abolis que sous
Robespierre.

(490) Danton était un grand révolutionnaire, et certainement un des plus grands tribuns de son
époque. C'est lui qui en 1792, face à l'invasion prussienne, raffermit le gouvernement Girondin en
l'empêchant de fuir la capitale " Roland, garde-toi de parler de fuite, crains que le peuple ne
t'écoute ! " Néanmoins, il était sans scrupule, et se disait prêt à accepter n'importe quelle alliance
pour faire triompher sa cause. On sait qu'il reçut de Mirabeau la somme de 30 000 livres pour le
compte du roi, mais on ignore ce qu'il fit en échange. Plus tard, il pillera la Belgique, et ce fut lui
qui décida Robespierre à accepter le duc d'Orléans chez les Montagnards. Mais ses multiples
compromissions commençaient à peser dans l'esprit de l'incorruptible. Lors de l'affaire de la
Compagnie des Indes, Danton commit l'erreur de défendre avec acharnement ses amis corrompus.
Le malheur fit que les deux accusés, Bazire et Chabot inventèrent un stratagème pour leur défense,
et prétendirent n'avoir accepté de l'argent, que pour mieux identifier les vrais coupables soi-disant
agents de l'Autriche. Une affaire de corruption devenait une affaire de haute trahison. Vadier,
Voulland et Amar réussirent à convaincre Robespierre que Danton conspirait. Robespierre hésita
longuement avant de lâcher Danton, mais il finit par céder sous la pression de Billaud Varennes.
Fouquier-Tinville, leur complice, fit en sorte que le procès soit bâclé. En allant au supplice, sa
charrette passant devant Robespierre, Danton lui lança "Robespierre, tu me suis ! " En effet, sans
l'appui de Danton, Robespierre devenait très vulnérable, laissé seul au milieu des montagnards les
plus sanguinaires. Plus tard ces derniers n'hésiteront pas à faire retomber sur lui tout le poids de
leurs crimes (Mathiez, la Corruption 64, Roussel 78-83, Discours de Robespierre à la Convention,
16 mars 1794, de Maillane 270).

(491) Robespierre avait approuvé la Loi de Prairial proposée par Couthon, parce que certains
conspirateurs mis en accusation, parvenaient à produire des témoignages vrais ou faux, qui
rendaient leurs procès interminables (discours du 17 pluviose). Contrairement aux idées reçues, ce
ne fut pas l'application de cette loi qui fut à l'origine de la Grande Terreur, mais au contraire, sa
non-application. Certes, elle n'accorde de défenseurs qu'aux patriotes supposés calomniés, ce qui
est très restrictif, mais l'article 12 précise que l'accusé doit bien être interrogé en public. Seul
l'interrogatoire préliminaire pouvait être supprimé, et encore sous certaines conditions (ce qui était
déjà le cas avant). L'article 15 précise que l'audition des témoins ne peut être supprimée que s'il
existe déjà des preuves. Si ces preuves reposent sur des témoignages, les témoins de la défense
seront entendus. En réalité, si cette loi avait été correctement appliquée, très peu d'innocents
auraient été condamnés. Les condamnations abusives prononcées par l'accusateur public Fouquier-
Tinville, le furent pour des motifs étrangers à cette loi. En effet, lors de son propre procès, ce
dernier sera accusé d'avoir livré à l'échafaud de grandes quantités de personnes sans aucun motif
d'accusation, et d'avoir amalgamé dans la même affaire, plusieurs personnes qui ne se
connaissaient même pas, ce qui est beaucoup plus grave. Certains malheureux furent même
condamnés à la place d'autres personnes. D'autres encore, furent guillotinés sans aucun jugement,
et dans d'autres cas, des pièces à décharge furent volontairement supprimées du dossier. Fouquier-
Tinville se justifia en incriminant ses chefs, mais il spécifia qu'il n'avait jamais été la créature de
Robespierre ou de Saint-Just puisqu'il avait été sur point d'être arrêté quatre fois par eux. On sait
en effet que Robespierre chercha sans succès à faire révoquer Fouquier à deux reprises (Procès).
Les " chefs " dont parlait Fouquier étaient en réalité Vadier et Vouland " Ca ne va pas assez vite ",
disaient ces derniers à Fouquier, " il faut renouveler les jurés faibles" (Vilate 28). Ferrière-
Sauvebeuf confirme la pression exercée sur Fouquier par le Comité de sureté générale. Plus tard,
Fouquier sera guillotiné; Barère, Vadier, Collot d'Herbois et Dossonville seront eux aussi
dénoncés. Dossonville échappera à la Guillotine grâce à ses appuis. Il sera exilé en Guyane, mais
fuira à Londres pour reprendre du service. Il finira sa carrière comme agent double dans la police
de Fouché. Les autres seront condamnés à la déportation (Sparrow, Secret 63, 259). Vouland sera
le seul à bénéficier d'une amnistie.

(492) Voir note 39.

(493) Perrégaux, banquier protestant d'origine suisse, était un ami de Necker. Pendant la
Révolution, il avait pour clients la plupart des agents subversifs de l'Angleterre (Forth, Miles,
Maillard, de Mailly, Leclerc, Wickham, Crauwfurd, Deforgue, Lhuillier, ainsi que certains meneurs
de la Commune chargés de créer du désordre). Le banquier anglais Robert Herries devint même
son bras droit. Une lettre du foreign office découverte dans les papiers de Danton prouva qu’il était
chargé de distribuer l’argent anglais aux espions de l’Angleterre (voir note 38). C’est ce même
Perrégaux qui financera plus tard le coup d'état de Bonaparte, moyennant que sa banque soit
choisie pour devenir la Banque de France. Plus tard, pour éviter tout excès, Napoléon nommera un
gouverneur choisi par lui. Perrégaux mourra fou en 1808. Sa fille avait épousé le maréchal
Marmont, qui en trahissant Napoléon en 1814 et en spéculant sur la rente, réalisera une belle plus-
value boursière (Blanc, Les Hommes 42-44).

(494) La France attend toujours qu'on lui restitue la séparation des pouvoirs et l'élection des juges
abolies par Bonaparte.

(495) Henry Lachouque, Napoléon, 20 ans de campagnes, Arthaud, 1969, p. 279.

(496) Le véritable instigateur de l'expédition du Mexique fut Jean-Baptiste Jecker, banquier suisse,
dont le nouveau gouvernement mexicain refusait d'honorer les créances. Jecker réussit à corrompre
le duc de Morny, petit-fils de Talleyrand, président du corps législatif et proche de Napoléon III, en
lui offrant 30% sur ses crédits mexicains, moyennant son intervention auprès de l'Empereur. Jecker
réussit même à entrainer dans l'aventure l'Espagne et l'Angleterre, elles-mêmes détentrices de
créances mexicaines (J. De Launay, Histoire 1789-1914, p. 258-263).

(497) Voir note 62.

(498) Le traité de Versailles signé en 1919 stipulait que l'Allemagne n'avait droit qu'à 100 000
hommes de troupes, sans aucune artillerie lourde, et sa flotte ne devait pas dépasser 48 navires.
L'intégrité des territoires de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de l'Autriche y était garantie. Le
premier article de ce traité comprenait l'adhésion à la Société des Nations ancêtre de l’ONU, qui
fut créée à l'initiative du président américain Wilson. En refusant de ratifier le traité de Versailles,
le sénat américain encouragea Hitler à le remettre en cause. Wilson n'avait probablement pas
prémédité ce contretemps, du coup, les Etats Unis s'exclurent eux-mêmes de la Société des Nations
qu'ils avaient pourtant créée, faisant ainsi de celle-ci, non pas l’ancêtre de l’ONU, mais celui de
l’Union Européenne…

(499) Voir note 61.

(500) Annet Marie Jean-François de la Rocque était un ancien combattant au passé glorieux, qui
fut mandaté par Foch et Lyautey, et élu président des Croix de Feu (association d'anciens
combattants). C'était un chrétien, qui tout en étant nationaliste, restait légaliste et opposé à tout
régime totalitaire ainsi qu'à toute idée antisémite. Il fit échouer le putsch du 6 février 1934 en
refusant de joindre ses hommes aux émeutiers lors de l'attaque de l'Assemblée Nationale. Plus tard,
il restera fidèle à Pétain car il considérait de Gaulle comme un déserteur qui avait quitté le
territoire français, ce qui ne l'empêcha pas de créer son propre réseau de résistance. Découvert par
les Allemands, il sera arrêté et déporté. A la libération, son attitude à l'égard de Vichy ne sera pas
comprise : il sera placé en internement administratif et décèdera quelques mois après. Il sera
décoré à titre posthume et réhabilité par de Gaulle. Le gouvernement Debré présentera des excuses
officielles pour " une injustice dont il mesure la profondeur." Son cas est particulièrement
intéressant car il montre bien la difficulté qu'avaient les français patriotes pour choisir leur camp
sous l'occupation.

(501) Ambrose Evans-Pritchard, The Daily Telegraph, 19 septembre 2000. Voir aussi Chapitre
VIII.

(502) En 1965, De Gaulle dénonça " le privilège exorbitant du dollar", décrété monnaie de
référence mondiale à Breton Woods. Depuis, le dollar permettait aux Etats-Unis de vivre à crédit
sur le dos du monde en faisant marcher à tour de bras leur planche à billets. Le général exigea que
la Réserve Fédérale Américaine rembourse en or tous les excédants commerciaux en dollars de la
France, et chercha à entrainer d'autres pays avec lui. En 1971, Nixon, ne voulant pas épuiser les
réserves d’or américaines, mit tout simplement fin à la convertibilité du dollar en or. Plus que le
retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN, ce furent probablement les attaques de
De Gaulle contre le dollar qui signèrent la perte du général. Saddam Hussein, Strauss Kahn et de
Margerie reprendront la politique anti-dollar de de Gaulle, et le paieront eux aussi très cher.
Aujourd’hui, les BRICS essaient eux aussi de s’opposer au dollar avec un succès mitigé.

(503) Le Centre Démocrate et Force Ouvrière, qui étaient tous les deux pro-américains, appelèrent
à voter " Non " au référendum de 1969, ce qui entraina la défaite et la démission de De Gaulle, qui
paya ce jour là ses attaques contre la suprématie du dollar.

(504) Voir note (330).

(505) Les principaux groupes privatisés furent : Total, Elf-Aquitaine, Crédit Lyonnais, Crédit
Commercial, Rhone-Poulenc, SEITA, CGM, Renault, Gaz de France, SNECMA, EDF, Saint-
Gobain, Paribas, Havas, Alcatel, Suez, Matra, Pechiney, Usinor-Sacilor, Air France, EADS, AGF,
France Télécom, GAN, Thomson, RMC, CIC, CNP, Eramet et les Autoroutes.

(506) Les mémoires de Sénart sont une véritable énigme pour l'historien. En effet, le manuscrit a
toutes les chances d’être apocryphe, puisqu'il passa entre les mains de Dossonville, lui-même agent
avéré de l'Angleterre. Que lit-on dans ces mémoires ? Que le duc d'Orléans servit d'instrument à
l'Angleterre pour organiser la chouannerie et les massacres de septembre. Doit-on en déduire que
tout ce que contient cet ouvrage est faux? Nul n’ignorait le rôle de l’Angleterre à l’époque. Mais, il
est probable qu'en chargeant le duc d'Orléans (qui était le bouc émissaire idéal), Dossonville aura
cherché à exempter de vrais coupables trop compromettants pour lui. Comment ne pas évoquer
Clavière qui dissimulait si bien son action derrière le nom du duc, et qui fut le premier employeur
de Dossonville ? (Blanc corruption 79, ) Talleyrand dira " Le duc d'Orléans est le vase dans lequel
on a déversé toutes les ordures de la Révolution " (Dumont 142).

(507) L'émeute du 20 juin 1792 est d'une importance considérable pour l'historien, car c'est la seule
qu'on puisse attribuer avec certitude à Clavière et à l’Angleterre :
le but de cette émeute fut de forcer le roi à rappeler les trois ministres Girondins disgraciés,
Clavière, Servan et Roland (Soboul 240-241, Tulard 96). D’après Giraud de Soulavie, Clavière en
fut le principal instigateur (notes 17 et 24, Soulavie V. 5, p. 306).
On sait aussi que cette émeute avait des origines anglaises car les papiers anglais furent les seuls
à en avoir prévu la date exacte (note 11, Blanc Les hommes 16, 231). On sait d’ailleurs que
Clavière avait déjà été employé par le gouvernement anglais.
D’autre part, de nombreux témoignages prouvent que des émeutiers se sont réunis secrètement
pour préparer cette émeute, avec entre autres Joseph Santerre, Fournier l'Américain, Rotondo,
Nicolas Renier, Buirette Verrières, Legendre, Rossignol et Panis (Thiers 265, Molleville histoire V.
2, p. 170, Fournier 55). On peut donc être certain que ces derniers étaient tous les agents de
Clavière et non pas ceux du duc d'Orléans comme l'affirma Sénart (note 506), et après lui la
plupart des auteurs. Clavière dissimulait son action sous le nom du duc d'Orléans. Talleyrand qui
savait tout cela, dira avec raison " Le duc d'Orléans est le vase dans lequel on a déversé toutes les
ordures de la Révolution" (Dumont 142).

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Ceux consultables dans les pièces justificatives sont annotés de deux
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PIECES JUSTIFICATIVES





























Le premier document est de Jean Bouchary, qui désigne le
septembriseur Stanislas Maillard comme étant l'agent d'Etienne Clavière.
L’ouvrage « Les manieurs d'argent à Paris à la fin du XVIIIe siècle ",
Rivière, Paris, 1939, fut réalisé à partir des documents comptables de
Clavière. Grâce à Alexandre Sorel, on sait que Stanislas Maillard était
agent d’affaires, et non pas huissier comme l'ont dit de nombreux
historiens qui l'ont probablement confondu avec son frère. En parlant de
Clavière, l’auteur dit « Orsel, Amiot, Savoye, Maillard exécutent ses
ordres », voir page suivante.






















Le document suivant est une lettre du Foreign office adressée au
banquier Perrégaux, publiée par Albert Mathiez, et prouvant que le
gouvernement anglais a bien payé trois agents d'influence pour inciter les
jacobins à proclamer la Terreur. Le document est extrait du livre d’Henry
Pouget de Saint André " Les Auteurs cachés de la Révolution Française".
Olivier Blanc publiera cette même lettre dans son ouvrage « Les
Hommes de Londres » . Elle y est datée du 13 septembre 1793, soit 8 jours
après que Barère ait fait proclamer le régime de la Terreur. La dite lettre
est citée aussi par Jean Bouchary dans " Les manieurs d'argent…" vol. 3.
Il y est dit textuellement : « Nous désirons que vous continuiez vos efforts
et que vous avanciez 3 000£ à M.C.D. 12 000 £ à W.T. et 1 000 à de M.
pour les services qu’ils nous ont rendu en soufflant le feu et en portant les
Jacobins au paroxysme de la fureur ».






























































Témoignage de Foignet, prisonnier sous la Terreur, qui atteste que le
célèbre agent anglais Dossonville et son complice Armand, se livraient à
du chantage auprès des prisonniers pour les obliger à dénoncer et à faire
exécuter des centaines d'innocents pendant la Grande Terreur. Foignet
accuse Dossonville d’avoir étendu ses exécutions de masse à d’autres
prisons. On peut lire Dossonville agent du comité de sureté générale,
Dulac agent de celui de salut public, venaient tous les deux ou trois jours
rendre visite à Armand ; ils se promenaient ensemble dans le potager
pendant des trois et quatre heures. Armand leur transmettait ses
découvertes ; ils méditaient de nouvelles conspirations. Ce n’était pas
seulement sur les détenus de notre maison qu’ils étendaient le crêpe de la
mort, les premiers noms qui se présentaient à leur imagination étaient
inscrits sur les fatales listes. J’ai entendu Armand dire à un autre
prisonnier, « tu n’as pas d’autre moyen de te sauver que d’en faire
guillotiner un grand nombre ; invente une grande conspiration, tu y
mettras qui tu voudras, n’importe, cela réussira et tu t’attireras la
confiance du comité de sureté générale qui te mettra en liberté pour te
donner la facilité de faire arrêter ceux que tu auras désigné. » (E. J. J.
Foignet, " Mémoires d'un prisonnier de la maison d'arrêt des Anglaises ",
p. 19-20, Maret, Paris, 1795). Voir pages suivantes.
































































Témoignage du lieutenant La Roche indiquant que des agents anglais
furent aperçus distribuant de l'argent aux émeutiers lors de la Révolution
des Trois Glorieuses : extrait du livre d’Henri Pouget de Saint André " Les
auteurs cachés de la Révolution française ", Perrin, Paris, 1923, p. 226
(page suivante).

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