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LA DILIGENCE DES COMITÉS SPÉCIALISÉS OBLIGATOIRES ET

VOLONTAIRES DU CONSEIL : LE CAS DES SOCIÉTÉS DU CAC 40

Eustache Ebondo Wa Mandzila, Walid Ben Amar et Daniel Zéghal

ISEOR | « Recherches en Sciences de Gestion »

2014/2 N° 101 | pages 145 à 172


ISSN 2259-6372
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-recherches-en-sciences-de-
gestion-2014-2-page-145.htm
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revue Recherches en Sciences de Gestion-Management Sciences-Ciencias de
Gestión, n°101, p. 145 à 172

La diligence des comités spécialisés obligatoires et


volontaires du Conseil: le cas des sociétés du CAC 40

Eustache Ebondo Wa Mandzila


Professeur associé
Kedge Business School, Marseille

Walid Ben Amar


Professeur agrégé
École de gestion Telfer
Université d’Ottawa
(Canada)

Daniel Zeghal
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Professeur Titulaire
École de gestion Telfer
Université d’Ottawa
(Canada)

Cette recherche examine la diligence des comités spécialisés du


Conseil, selon qu’ils soient obligatoires ou volontaires, d’un
échantillon d’entreprises françaises appartenant à l’indice CAC 40 au
cours de la période 2007-2012. La fréquence et le taux de présence
des administrateurs aux réunions des comités ont été retenus comme
indicateurs de mesure de leur diligence. Les résultats montrent que les
membres du comité d’audit se réunissent plus fréquemment que ceux
des comités volontaires des rémunérations et des nominations. Par
contre, il n’y a pas de corrélations significatives entre le caractère
obligatoire du comité d’audit et le taux de présence aux réunions. Nos
résultats montrent également que la taille du comité est positivement
associée à la fréquence des réunions mais négativement reliée au taux
146 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

d’assiduité des administrateurs aux réunions. La présence féminine au


comité réduit le nombre des réunions mais accroît le taux de présence
des administrateurs. La fréquence des réunions est négativement
associée au taux d’assiduité des administrateurs. Enfin, nos résultats
suggèrent que les déterminants de la diligence diffèrent entre les
comités du Conseil.

Mots-clés : comité d’audit, comité de rémunération, comité de


recrutement, diligence des comités.

This study examines the diligence of board committees (either


mandatory or voluntary) of a sample of firms included in the French
CAC 40 index over the period 2007-2012. Committee meeting
frequency and directors’ attendance were selected as a proxy of their
diligence. Our results show that audit committees meet more
frequently than voluntary committees. In contrast, there are no
significant differences between mandatory or voluntary committees in
directors’ attendance. We find that committee size is positively related
to meeting frequency and negatively related to directors’ attendance.
We also report that women presence has a negative effect on meeting
frequency but increases directors’ meeting attendance. Meeting
frequency is negatively related to director attendance. Finally, our
results show that diligence determinants differ between board
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committees.

Key-words: Audit committee, Compensation committee, Nomination


committee, Committee diligence.

Esta investigación examina la diligencia de los Comités del


Consejo (obligatorios o voluntarios) de una muestra de empresas
francesas incluidas en el índice CAC 40 en el período 2007-2012. La
frecuencia y la asistencia de consejeros en las reuniones de los
comités fueron seleccionados como indicadores para medir su
diligencia. Los resultados muestran que los miembros del Comité de
Auditoria se reúnen con mayor frecuencia que los comités de
remuneraciones voluntarios. Al contrario, no hay correlaciones
significativas entre el carácter obligatorio del Comité de Auditoria y
la tasa de asistencia a las reuniones. Nuestros resultados también
muestran que el tamaño del comité esta asociado positivamente con la
frecuencia de las reuniones, pero negativamente con la tasa de
asistencia de los directores en las reuniones. La presencia de mujeres
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 147

en el comité reduce el número de reuniones, pero aumenta la tasa de


asistencia de los directores. La frecuencia de las reuniones esta
asociada negativamente con la tasa de asistencia de los directores.
Por último, nuestros resultados sugieren que los determinantes de la
diligencia son distintos entre los comités.

Palabras claves: Comité de Auditoria, Comité de Compensación,


Comité de Contratación, comités de diligencia.

Introduction

Selon Monks et Minow (1995, p. 178-179), « la force et même la


survie de toute société dépend de l’équilibre entre deux pouvoirs
distincts : le pouvoir de ceux qui détiennent l’entreprise et le pouvoir
de ceux qui l’exploitent ». Cet équilibre est de moins en moins assuré
dans les sociétés managériales où du fait de la séparation des fonctions
de propriété et de gestion (Berle et Means 1932 ; Chandler 1977 ;
Jensen et Meckling 1976), certains dirigeants profitent de leur position
pour privilégier leurs intérêts personnels au détriment des actionnaires
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(Fama et Jensen 1983 ; Charreaux 1997 ; Charreaux et Desbrières
1998). Cette latitude managériale quasi-totale (Charreaux, 1996)
conduit certains dirigeants à adopter un comportement opportuniste
qui peut se traduire par une manipulation de l’information comptable,
une rémunération excessive ou par l’affectation des fonds
excédentaires à des projets personnels au détriment de la richesse des
actionnaires.
Des mécanismes de contrôle internes et externes sont prévus
pour limiter ces comportements opportunistes dans le cadre de la
théorie de l’agence (Charreaux et Pitol-Belin 1990 ; Jensen 1993).
Mais ils se sont révélés inefficaces (Pochet, 1998). Pour permettre au
conseil d’administration de jouer efficacement son rôle, il a été
préconisé la mise en place de trois comités spécialisés : audit,
––––––––––––
Remerciements :
Les auteurs remercient le Centre de Recherche en Comptabilité et Gouvernance CGA-
Canada et l'École de gestion Telfer pour l’appui accordé à cette étude. Ils sont
également reconnaissants envers les évaluateurs de la revue pour leurs suggestions et
commentaires constructifs
148 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

rémunérations et recrutement. Selon Le Journal les Echos (2003)1


94,74% des sociétés du CAC 40 avaient un comité, 94,9% un comité
des rémunérations et 48,7% un comité de nomination. Or, depuis
2008, l’ordonnance n° 2008-1278 du 8 décembre 2008, transposant la
directive 2006/43/CE du 17 mai 2006 et relative aux commissaires
aux comptes (www.legifrance.gouv.fr) dans son article 14, impose
désormais aux sociétés cotées sur un marché règlementé la mise en
place d’un comité d’audit.
Depuis 2009, on distingue donc en France deux catégories de
comités spécialisés : les comités obligatoires et les comités
volontaires. D’où notre question de recherche : la diligence d’un
comité spécialisé est-elle fonction de son caractère obligatoire ou
non ? Il n’existe pas à notre connaissance d’études sur les
déterminants de la diligence des comités spécialisés obligatoires et
volontaires en France. A ce titre, notre recherche vise àétendre les
conclusions des études antérieures sur les déterminants de l’existence
et l’indépendance des comités spécialisés en France (Pochet et Yéo,
2004 ; Godard et Schatt, 2005 ; Piot 2006 ; Piot et Kermiche, 2009).
Notre étude contribue à la littérature sur les déterminants de la
diligence des comités du conseil d’administration. La littérature
antérieure (Raghunandan et Rama 2007 ; Sharma et al. 2009 ; Al
Najjar, 2011 ; Thiruvardi, 2012) a surtout examiné les déterminants
de la diligence du comité d’audit telle que mesurée par la fréquence
des réunions. Notre étude propose d’étendre les conclusions de ces
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études aux comités spécialisés volontaires qui sont les comités de
rémunération et de nomination. L’objet de notre étude est précisément
de vérifier si la diligence des comités spécialisés diffère selon le
caractère obligatoire ou volontaire de leur formation. L’ordonnance du
8 décembre 2008, rendant obligatoire les comités d’audit en France,
nous offre un contexte intéressant pour examiner si les différences
observées dans la diligence des comités découlent du caractère
obligatoire du comité ou de la nature des missions qui lui sont
confiées.
Notre étude porte sur un échantillon des sociétés françaises du
CAC 40 au cours de la période 2007 - 2012 c’est-à-dire avant et après
l’ordonnance du 8 décembre 2008 rendant obligatoires les comités
d’audit en France à partir de 2009. La diligence des comités est
évaluée selon la fréquence des réunions au cours d’une année et selon
le taux d’assiduité des administrateurs aux réunions des comités.

1. Selon le journal Les Echos du 18septembre 2003 citant une étude du cabinet
Proxinvest.
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 149

Notre article est organisé comme suit :

– La première partie présentera pour chacun des comités leurs


missions et leur organisation.

– La deuxième partie exposera le cadre théorique des


déterminants de la diligence des comités spécialisés et les hypothèses
sous-jacentes. L’approche méthodologique sera décrite dans la
troisième partie. Enfin nous présenterons et discuterons les résultats de
notre étude.

1. – Organisation des comités spécialisés en France

1.1. Missions et Organisation du comité obligatoire d’audit en


France

Selon l’ordonnance n° 2008-1278 du 8 décembre 2008, les


principales missions du comité d’audit consistent à s’assurer du suivi
du processus d’élaboration de l’information financière, de l’efficacité
des systèmes de contrôle interne et de gestion des risques, du contrôle
légal des comptes annuels et, le cas échéant, des comptes consolidés
par le commissaire aux comptes et de l’indépendance des
commissaires aux comptes. Quant à sa composition, la loi n’impose
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aucune taille. Par contre, elle exige que ses membres soient tous issus
du conseil d’administration et qu’au moins l’un d’entre eux soit
« indépendant » et possède des compétences financières ou
comptables. Même si la loi ne donne aucune indication sur la
fréquence des réunions, la tendance est à organiser des réunions
trimestrielles.

1.2. Missions et Organisation du comité volontaire des


rémunérations en France

Les sociétés cotées qui créent un comité des rémunérations se


réfèrent au code AFEP/MEDEF (2010) pour définir les missions et
organiser le fonctionnement de leur comité. Selon le code
AFEP/MEDEF, les principales missions du comité des rémunérations
consistent à définir les règles de fixation de la partie variable, veiller à
la cohérence de ces règles avec l’évaluation annuelle des
performances réalisées par les mandataires sociaux, contrôler
l’application des règles liées à la détermination de la rémunération et
150 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

apprécier l’ensemble des rémunérations et avantages perçus par les


dirigeants. Il est recommandé que les membres de ce comité soient
indépendants. C’est le conseil d’administration qui fixe la fréquence
et la durée des réunions.

1.3. Missions et Organisation du comité spécialisé volontaire de


recrutement

Les missions de ce comité consistent d’une part, à rechercher et


examiner les candidatures, sélectionner les nouveaux administrateurs
et d’autre part, à préparer les successions en cas de vacance de la
présidence. Ce comité peut aussi nommer les membres des comités
d’audit et de rémunérations. Le comité comprend trois à cinq
membres et peut être distinct ou non du comité des rémunérations. Les
réunions sont généralement trimestrielles.
L’organisation des comités spécialisés étant précisée, la
prochaine section présente le cadre théorique de notre recherche ainsi
que nos hypothèses de recherche.

2. – Cadre théorique des déterminants de la diligence des


comités spécialisés et hypothèses de recherche
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2.1. Le cadre d’analyse de la diligence des comités spécialisés
obligatoires et volontaires

S’il n’existe pas à notre connaissance d’études spécifiques


mesurant conjointement la diligence des trois comités spécialisés, il
existe par contre des travaux ayant identifié les facteurs qui influent
sur le niveau de diligence du comité d’audit. Le tableau n°1 inspiré de
Kermiche et Piot (2009) récapitule les facteurs mobilisés par les
recherches antérieures pour évaluer l’efficacité de fonctionnement des
comités d’audit. Les résultats des études résumées dans le tableau 1
suggèrent que la fréquence des réunions du comité d’audit est souvent
identifiée comme un facteur déterminant de son efficacité. La
fréquence des réunions est considérée comme un signal de l’effort des
membres du comité dans leur mission de contrôle de la fiabilité du
processus de production de l’information financière (Yin et al., 2012 ;
Sharma et al., 2009). La recherche comptable (Xie et al., 2003)
montre que la fréquence des réunions du comité d’audit réduit la
pratique de gestion opportuniste des résultats comptables. Compte
tenu de l’importance de la fréquence des réunions des comités pour
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 151

leur efficacité de fonctionnement (DeZoort et al., 2002 ; Godard et


Schatt, 2005), nous la retenons comme première mesure de la
diligence des comités dans notre recherche.
L’efficacité des administrateurs est également fonction de leur
assiduité aux réunions du conseil d’administration et des comités
permanents (Van den Berghe et Levrau, 2004). La présence aux
réunions indique le niveau d’engagement des administrateurs dans la
réalisation de leur mission de contrôle qui leur a été confiée par les
actionnaires. La recherche antérieure (Spira, 1998; Godard et Schatt,
2005; Sun et al., 2009; Gendron et Bédard, 2006) suggère que la
présence aux réunions améliore le processus de fonctionnement des
comités du Conseil. Nous retenons donc l’assiduité des admi-
nistrateurs aux réunions comme deuxième mesure de la diligence des
comités.

Tableau n°1. Les déterminants de l’efficacité du fonctionnement


du comité d’audit
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152 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

2.2. Hypothèses de recherche

Nos hypothèses s’appuient sur le cadre théorique des


déterminants potentiels de diligence des comités spécialisés.

2.2.1. La relation entre le caractère obligatoire du comité d’audit et ses


indicateurs de diligence

La fréquence de réunions des comités apparaît comme le


principal facteur explicatif de la diligence des comités spécialisés. Les
autorités de réglementation aux États-Unis ont insisté sur la nécessité
d’organiser des réunions fréquentes notamment du comité d’audit.
Pour Raghunandan et Rama (2007), Al-Najjar (2011), la fréquence
des réunions augmente avec la taille du conseil et des comités
spécialisés. La fréquence des réunions a été aussi avancée comme
étant un facteur d’efficacité des comités d’audit (Sharma et al. 2009).
Pour Gendron et Bédard (2006) et Spira (1998), la participation active
des membres du comité au processus des réunions et à la réflexion
étaient des déterminants clés de l’efficacité du comité d’audit.
L’ordonnance du 8 décembre 2008 a instauré l’obligation de
formation d’un comité d’audit à toutes les sociétés cotées sur un
marché règlementé. L’intervention du législateur peut refléter
l’importance accordée aux missions du comité d’audit dans le système
de gouvernance d’entreprise comparativement aux autres comités
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volontaires. Suite aux différents scandales financiers, la
transformation du comité d’audit en un comité obligatoire du conseil
vise à rassurer les investisseurs quant à la fiabilité des informations
financières communiquées par les sociétés cotées. A ce titre, le
législateur espère que les comités d’audit seront dorénavant très
vigilants dans l’exécution de leur mission de contrôle du processus de
préparation des états financiers et de gestion des risques. En imposant
un caractère obligatoire au comité d’audit, le législateur semble aussi
considérer que des mauvaises politiques de rémunérations et de
recrutement ont moins d'impact sur le fonctionnement des marchés
financiers que ne l'est la politique comptable et financière des
entreprises.
La fréquence des réunions du comité d’audit et le taux
d’assiduité des administrateurs pourraient faire l’objet d’une attention
particulière des parties prenantes de l’entreprise, dans la mesure où ils
sont considérés comme des indicateurs de l’efficacité de son
fonctionnement (DeZoort et al., 2002 ; Sharma et al., 2009). En
analysant un échantillon de 89 sociétés Françaises en 2002, Godard et
Schatt (2005) notent que le comité d’audit se réunit plus fréquemment
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 153

que les comités des rémunérations et des nominations. Notre première


hypothèse de recherche s’intéresse à l’effet potentiel de l’instauration
du caractère obligatoire du comité d’audit en 2008 sur l’organisation
de son fonctionnement et sa mission de contrôle du processus
d’élaboration de l’information financière et de gestion des risques.
Notre hypothèse s’énonce comme suit :
H1. La diligence, mesurée à travers la fréquence et le taux de
participation aux réunions des comités, varie en fonction du caractère
obligatoire ou volontaire du comité.

2.2.2. Les déterminants de la diligence des comités spécialisés

La revue de la littérature antérieure (DeZoort et al., 2002 ; Yin et


al., 2012 ; Rizotti et Greco, 2013) montre que la taille du comité,
l’indépendance de ses membres, la présence des femmes, le cumul des
fonctions de président du comité et de directeur général peuvent avoir
une incidence sur le niveau de diligence de son fonctionnement.

La taille des comités spécialisés

La taille du comité est le meilleur indicateur de l’importance de


ses activités et des ressources dont il dispose pour son fonctionnement
(Yin et al., 2012). Les travaux de Al-Najjar (2011) au Royaume Uni,
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de Raghunandan et Rama (2007) aux États-Unis et de Sharma et al.,
(2009) pour la Nouvelle –Zélande valident l’hypothèse selon laquelle
la taille du comité d’audit exerce une influence positive sur la
fréquence de ses réunions. En revanche, les résultats de Méndez et
Garcia (2007) ne valident pas cette hypothèse pour les sociétés cotées
en Espagne.

L’indépendance des comités spécialisés

Les études visant à établir une relation entre l’indépendance du


comité d’audit et la détection de la fraude (Uzun et al., 2004), la
gestion des résultats (Agrawal et Chadha 2005) et la mise en
accusation par les autorités de régulation des marchés financiers
(Smaili et Labelle 2007) n’ont pas été concluantes. Par contre, les
travaux d’Abbott et al., (2000) et d’Abbott et al., (2004) valident
l’hypothèse selon laquelle un comité d’audit totalement indépendant
serait un facteur de prévention de fraude ou de retraitement des états
financiers. Cette relation n’a pas été confirmée par Lin et al., (2006).
Mohiuddin et Karbhari (2010) établissent également une relation
154 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

positive entre la présence d’administrateurs indépendants dans le


comité d’audit et son efficacité.
Les résultats des études de Weisbach (1988), Fish et Shivdasani
(2005) sur les comités des rémunérations et de recrutement établissent
une relation positive entre la décision de remplacement du PDG et la
performance de l’entreprise surtout lorsque le conseil d’administration
comporte une majorité d’administrateurs indépendants.
Sharma et al., (2009) ainsi que Yin et al., (2012) trouvent que
l’indépendance du comité d’audit affecte négativement la fréquence
de ses réunions. En revanche, Raghunadan et Rama (2007) concluent
que l’indépendance du comité d’audit n’a aucun effet sur sa diligence.

La présence des femmes au sein des comités spécialisés

Selon Adams et Ferreira (2009) la présence des femmes améliore


l’assiduité aux réunions du conseil et favorise une forte implication
dans les comités de contrôle. Sur le plan comptable, si la présence des
femmes au conseil améliore la qualité des résultats comptables
(Srindhi et al., 2011) il n’en est pas de même en ce qui concerne la
performance de l’entreprise (Carter et al., 2003 ; Erhardt et al., 2003 ;
Adam et Ferreira 2009 ; Haslam et al., 2010). En analysant un
échantillon de sociétés cotées aux Etats-Unis, Thiruvadi (2012)
montre une relation positive entre la présence féminine sur le comité
d’audit et la fréquence de ses réunions.
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Cumul des fonctions de président du conseil et de président directeur
général.

Le cumul des fonctions de président et de directeur général est


considéré par la théorie de l’agence, comme une manifestation de
conflits d’intérêts et par conséquent des coûts d’agence (Fama et
Jensen 1983 ; Jensen 1993). Pochet et Yeo (2004, p. 39) partage la
même analyse. Selon eux, « le PDG disposant d’un pouvoir
d’influence élevé sur le conseil peut s’opposer à la mise en place des
comités susceptibles de réduire sa latitude décisionnelle ». Par contre,
une séparation des fonctions de gestion et de contrôle permet aux
administrateurs de mieux apprécier la performance du dirigeant.
Beasley et Salterio (2001) ont établi un lien entre la séparation des
fonctions de président et de directeur général et l’efficacité du comité
des rémunérations dans le contexte Canadien. Collier et Gregory
(1999), Raghunandan et Rama (2007) ainsi que Greco (2011)
montrent un effet négatif du cumul des fonctions sur la fréquence des
activités du comité d’audit.
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 155

Au terme de cette revue de la littérature, on peut relever la


divergence des résultats des études portant sur les déterminants de la
diligence du comité d’audit. De tels résultats contradictoires
pourraient être expliqués par la diversité des contextes institutionnels
(Etats-Unis, Grande Bretagne, Nouvelle Zélande, Espagne) et les
différentes périodes analysées. Par exemple, l’étude de Raghunandan
et Rama (2007) a porté sur un contexte où la formation des comités
d’audit était obligatoire aux Etats-Unis suite à la promulgation de la
loi Sarbanes-Oxley. L’étude de Sharma et al., (2009) a porté sur les
déterminants de la diligence des comités d’audit au cours d’une
période (2004-2005) où la formation des comités d’audit était
volontaire en Nouvelle Zélande.
Notre seconde hypothèse examine l’impact de la taille du comité,
son niveau indépendance, la présence des femmes et le cumul des
fonctions sur les indicateurs de leur diligence. Alors que la littérature
existante a surtout analysé les déterminants de la fréquence des
réunions du comité d’audit, notre recherche vise à identifier les
déterminants potentiels du niveau d’activité des comités volontaires de
rémunération et de nomination. Notre seconde hypothèse s’énonce
comme suit :
H2. Les caractéristiques des comités spécialisés exercent une
influence sur la diligence des comités spécialisés (qu’ils soient
obligatoires ou volontaires)
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3. – Méthodologie et résultats obtenus

3.1. Approche méthodologique

La diligence des comités spécialisés, obligatoires et volontaires,


sera mesurée à travers la fréquence des réunions et le taux de présence
des membres aux réunions. Nos variables explicatives incluent non
seulement le caractère obligatoire (comité d’audit à partir de 2009) et
volontaire du comité (de rémunération et de nomination) mais
également la taille et le nombre d’administrateurs indépendants dans
ces comités, la présence féminine, la dissociation ou le cumul des
fonctions de DG et de président du conseil. Notre analyse multivariée
contrôle pour l’effet potentiel du secteur d’activité (secteur financier
et secteur Industriel) sur la diligence des comités. De plus, compte
tenu de l’évolution de la fréquence des réunions à travers le temps,
nos analyses multivariées contrôlent pour la dimension temporelle.
156 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

La base d’analyse de notre étude est constituée de 36 sociétés du


CAC 40 appartenant aux principaux secteurs d’activité sur la période
2007-2012. Nous avons regroupé les entreprises de notre échantillon
en trois principaux secteurs d’activité : soit le secteur financier
(banque et assurances), le secteur industriel et le secteur des autres
biens et services.
Nous avons examiné les documents de référence de 36 sociétés
du CAC 40 pour cette période, recueilli les données concernant la
taille des comités, le nombre d’administrateurs indépendants, la
fréquence des réunions, le taux de présence aux réunions, la présence
ou non des femmes dans ces comités, le régime de séparation ou de
cumul des fonctions. Toutefois, le nombre d’observations incluses
dans nos analyses statistiques varie d’une année à l’autre en raison des
données manquantes pour les variables de gouvernance. De plus,
certaines entreprises n’avaient pas formé certains comités volontaires
(rémunération et nomination) sur toute la période étudiée. Le tableau 2
présente la définition des variables de l’étude.
Notre analyse empirique sera basée sur l’estimation des deux
modèles de régression suivants. Dans la première régression, la
variable dépendante est la fréquence des réunions. Cette variable est
constituée de données de comptage (count data). Nous utilisons donc
la transformation logarithmique de cette variable (LOG
(FREQUENCE DES RÉUNIONS)) dans notre régression multilple.
Cette approche est similaire à celle utilisée par Raghunandan et Rama
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(2009) et Thiruvadi (2012) qui ont analysé la diligence des comités
d’audit aux Etats-Unis. Étant donné que notre échantillon comprend
des observations multiples de la même entreprise sur 6 années
(données de panel), nous corrigeons les problèmes potentiels
d’héteroscdasticité en utilisant la procédure « Cluster Robust » dans le
logiciel Stata.

RÉGRESSION (1)

LOG (FREQUENCEit) = β0 + β1 AUDITit+ β2


AUDIT*OBLIGATOIREit+ β3 TAILLEit + β4 INDEPENDENCEit +
β5 FEMMESit + β6 CUMULit + β7 FINANCE + β8 INDUSTRIE + β9
ANNÉE + 

La variable dépendante dans la seconde régression est le taux


d’assiduité des administrateurs aux réunions des comités. Étant donné
que le taux de présence est une variable censurée (censored variable)
qui varie par définition entre 0 et 1, nous utilisons le modèle TOBIT
pour l’estimation de notre régression.
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 157

RÉGRESSION (2)
ASSIDUITÉit = β0 + β1 AUDITit+ β2 AUDIT*OBLIGATOIREit+ β3
TAILLEit + β4 INDEPENDENCE + β5 FREQUENCEit+
β6FEMMESit + β7 CUMULit + β8 FINANCE + β9 INDUSTRIE + β10
ANNÉE + 
Tableau 2 : Définition des variables
ASSIDUITÉ Le taux (%) de présence des administrateurs aux
réunions du comité

ANNÉE Variable temporelle qui prend la valeur de 1 pour l’année


2007, 2 pour 2008, 3 pour 2009, 4 pour 2010, 5 pour
2011, 6 pour 2012

AUDIT Variable dichotomique qui prend la valeur de 1 pour le


comité d’audit et zéro autrement

CUMUL Variable dichotomique qui prend la valeur de 1 pour le


cumul des fonctions de PDG et président du conseil
d’administration et zéro autrement.

FEMMES Pourcentage des femmes siégeant sur le Conseil


d’administration

FINANCE Variable dichotomique qui prend la valeur de 1 si


l’entreprise appartient au secteur financier (banque et
assurances) et zéro autrement.
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FREQUENCE Le nombre des réunions par année

INDEPENDENCE Le pourcentage d’administrateurs indépendants

INDUSTRIE Variable dichotomique si l’entreprise appartient au


secteur industriel et zéro autrement

OBLIGATOIRE Variable dichotomique qui prend la valeur de 1 pour le


comité d’audit au cours des années 2009, 2010, 2011 et
2011 et zéro autrement.

TAILLE Le nombre d’administrateurs siégeant au comité.

3.2. Résultats obtenus

3.2.1. Statistiques descriptives


Les tableaux 3, 4 et 5 présentent des statistiques descriptives
ainsi que l’évolution des indicateurs de diligence des comités
spécialisés sur la période étudiée.
158 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

Tableau 3 : Statistiques descriptives

Les résultats du tableau 3 montrent que la fréquence des réunions


du comité d’audit est nettement supérieure à celle des 2 autres comités
facultatifs des rémunérations et de nomination. Le comité d’audit
diffère également des deux autres comités par sa taille (nombre
d’administrateurs qui y siègent), le pourcentage d’administrateurs
indépendants et par la présence féminine qui est plus importante que
dans les autres comités. Ces statistiques descriptives montrent une
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évolution de la taille et de la composition des comités du conseil
d’administration au cours des dernières années comparativement à
l’année 2002. Par exemple, Godard et Schatt (2005) observent que la
taille moyenne du comité d’audit était de 3,5 membres et que 60,3%
de ses membres étaient indépendants.
Le tableau 4 montre l’évolution des indicateurs de diligence du
comité d’audit sur la période étudiée. La fréquence des réunions a
progressé entre 2007 et 2010 passant de 4,83 réunions par année en
2007 à 6,19 réunions annuelles en 2010. Cette hausse est suivie par
une légère baisse dans les années 2011 et 2012. Les résultats du test
ANOVA indiquent toutefois que l’évolution de la fréquence des
réunions sur la période étudiée n’est pas significative. Godard et
Schatt (2005) notent qu’en 2002, le nombre moyen des réunions
annuelles des comités d’audit des sociétés françaises de leur
échantillon était de 3,75 réunions. Nos résultats montrent qu’il y a eu
une évolution significative dans la fréquence des réunions du comité
d’audit en France au cours des dernières années. Nos résultats
montrent que le nombre moyen des réunions de ce comité en 2010
était environ de 6. Un tel chiffre commence à se rapprocher mais
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 159

demeure inférieur à la fréquence des réunions des comités d’audit des


sociétés cotées aux États-Unis. Raghunandan et Rama (2007)
indiquent d’ailleurs que le nombre moyen des réunions des entreprises
de leur échantillon de sociétés américaines était de 7 réunions en
2003.

Les résultats du tableau 4 montrent également que le taux


d’assiduité aux réunions du comité d’audit n’a pas changé
significativement sur la période étudiée et se situe à un niveau moyen
de 93%. La présence des administrateurs s’est accrue compara-
tivement à 2002. Godard et Schatt (2005) rapportent un taux
d’assiduité de 89,1% en 2002.
Tableau 4 : Évolution de la fréquence des réunions et du taux d’assiduité du
comité d’audit au cours de la période 2007-2012
Fréquence des Assiduité des
réunions administrateurs
Moyenne 4,83 0,93
2007 Écart-Type 1,52 0,09
N 35 33
Moyenne 5,67 0,92
2008 Écart-Type 3,09 0,10
N 36 35
2009 Moyenne 5,89 0,93
Écart-Type 2,72 0,07
N 36 35
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2010 Moyenne 6,19 0,95
Écart-Type 2.32 0,06
N 36 35
2011 Moyenne 5,81 0,94
Écart-Type 2,09 0.06
N 36 35
2012 Moyenne 5,75 0,93
Écart-Type 36 36
N 1,94 0,07
Total Moyenne 5,69 0,93
Écart-Type 2,35 0,07
N 215 209
ANOVA Stat. F 1,35 0,506

Le tableau 5 présente l’évolution de la fréquence des réunions et


du taux de présence aux réunions du comité des rémunérations au
cours de la période 2007-2012. La fréquence des réunions a progressé
significativement entre les années 2007 et 2010 passant de 3,59
réunions annuelles à 5,29 réunions en 2009 et 4,69 réunions en 2010.
En 2002, Godard et Schatt (2005) observaient que les comités des
rémunérations se réunissaient environ 2 fois par année. En revanche,
160 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

l’assiduité des administrateurs aux réunions du comité des


rémunérations ne semble pas avoir changé significativement sur la
période étudiée. En moyenne, 93% des membres du comité des
rémunérations assistent aux réunions. Ce taux se rapproche de celui
relevé par Godard et Schatt (2005) qui était de 92,7% en 2002.
Le Tableau 6 présente l’évolution des indicateurs de diligence du
comité des nominations sur la période étudiée. Les résultats montrent
que la fréquence des réunions s’est légèrement accrue entre 2007 et
2009 pour baisser entre 2010 et 2012. Les résultats de l’ANOVA
montrent que la variation observée dans la fréquence des réunions du
comité des nominations n’est toutefois pas significative. Le taux
d’assiduité aux réunions de ce comité n’a pas évolué de façon
significative au cours de la période 2007-2012. Le taux moyen
d’assiduité se situe à 93%, ce qui est comparable à ceux des comités
d’audit et des rémunérations.

Tableau 5
Évolution de la fréquence des réunions et du taux d’assiduité du
comité des rémunérations au cours de la période 2007-2012

Fréquence des Assiduité des


réunions administrateurs
2007 Moyenne 3,59 0,94
Écart-Type 1,59 0,07
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N 34 32
2008 Moyenne 4,11 0,91
Écart-Type 1,76 0,09
N 35 34
2009 Moyenne 5,29 0,92
Écart-Type 2,35 0,09
N 35 34
2010 Moyenne 4,69 0,93
Écart-Type 1,77 0,10
N 36 35
2011 Moyenne 4,53 0,94
Écart-Type 1,63 0,07
N 36 35
2012 Moyenne 4,17 0,93
Écart-Type 1,52 0,07
N 36 36
Total Moyenne 4,40 0,93
Écart-Type 1,84 0,08
N 212 206
ANOVA Stat. F 3,63 *** 0,52
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 161

Tableau 6 : Évolution de la fréquence des réunions et du taux d’assiduité du


comité des nominations au cours de la période 2007-2012
Fréquence des Assiduité des
réunions administrateurs
2007 Moyenne 3,66 0,93
Écart-Type 1,77 0,08
N 32 30
2008 Moyenne 3,82 0,93
Écart-Type 1,74 0,08
N 33 32
2009 Moyenne 4,59 0,92
Écart-Type 1,97 0,08
N 34 33
2010 Moyenne 4,21 0,94
Écart-Type 1,66 0,08
N 34 34
2011 Moyenne 4,20 0,93
Écart-Type 1,65 0,09
N 35 34
2012 Moyenne 3,83 0,94
Écart-Type 1,54 0,07
N 35 35
Total Moyenne 4,05 0,93
Écart-Type 1,73 0,08
N 203 198
ANOVA Stat. F 1,33 0,383

3.2.2. Analyse de l’impact du caractère obligatoire ou volontaire du


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comité spécialisé sur son efficacité
Notre première hypothèse prédit que l’efficacité du comité
spécialisé, mesurée à travers la fréquence et le taux de participation
aux réunions des comités, varie selon son caractère obligatoire ou
volontaire. Le tableau 7 présente les résultats de la régression linéaire
de la fréquence des réunions sur le type du comité (audit) et les
variables de gouvernance identifiées dans notre revue de littérature
(taille du comité, indépendance, nombre de femmes et cumul des
postes PDG et président du conseil). Notre analyse multivariée
contrôle pour l’effet du secteur d’activité (secteurs financier et
industriel) et pour la dimension temporelle (Année).
Les résultats du modèle 1 du tableau 7 montrent une association
positive entre le comité d’audit et la fréquence des réunions. Ces
résultats confirment que le comité d’audit se réunit plus fréquemment
que les 2 autres comités facultatifs du CA. Dans le modèle 2, nous
avons considéré l’effet de l’interaction entre le comité d’audit et son
caractère obligatoire instauré par l’ordonnance du 8 décembre 2008
sur sa diligence. Le coefficient de la variable d’interaction n’est pas
162 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

statistiquement significatif. Ces résultats suggèrent que l’ordonnance


du 8 décembre 2008 n’a pas augmenté le nombre des réunions du
comité d’audit. Les membres de ce comité se réunissaient plus
fréquemment que les membres des 2 autres comités avant et après
l’ordonnance du 8 décembre 2008. Nos résultats suggèrent que le
comité d’audit se réunit plus fréquemment que les autres comités en
raison de la mission qui lui est confiée et de son importance dans la
mission de contrôle du processus d’élaboration de l’information
financière et de gestion des risques.
Parmi les variables de gouvernance, nous observons que la taille
du comité a un effet positif sur la fréquence des réunions. En
revanche, la présence des femmes est négativement associée à la
fréquence des réunions. Les résultats du tableau 7 font ressortir
également un effet sectoriel sur la fréquence des réunions. Les comités
d’audit des banques et compagnies d’assurance tiennent plus de
réunions que ceux du secteur des services. En revanche, les comités
d’audit du secteur de l’industrie se réunissent moins fréquemment que
ceux du secteur des services. Enfin, le signe positif et significatif de la
variable année suggère que le nombre moyen des réunions a augmenté
sur la période étudiée soit entre 2007 et 2012. L’augmentation du
nombre des réunions pourrait résulter de l’attention accrue aux
travaux des comités suite aux différents scandales financiers et
critiques quant à la rémunération excessive de certains dirigeants des
entreprises du CAC 40 au cours de la période de l’étude.
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Tableau 7 : Analyse multivariée du caractère obligatoire du comité d’audit
sur la fréquence des réunions
Variable dépendante : LOG (FREQUENCE)
Modèle 1 Modèle 2
coefficient Stat.t coefficient Stat.t
AUDIT 0,334 5,36 *** 0,305 3,97 ***
AUDIT * 0,041 0,80
OBLIGATOIRE
TAILLE 0,069 2,00 ** 0,069 1,98 *
INDEÉPENDENCE 0,007 0,04 0,010 0,06
FEMMES -0,102 -2,22 ** -0,104 -2,24 **
CUMUL -0,006 -0,09 -0,006 -0,09
FINANCE 0,235 1,77 * 0,236 1,77 *
INDUSTRIE -0,159 -1,74 * -0,159 -1,73 *
ANNÉE 0,033 2,46 ** 0,030 2,24**
CONSTANTE -65,959 -2,42 ** -60,567 -2,20 **

N. observations 598 598


R2 21,76% 21,80%
Stat. F 5,00 *** 4,75 ***
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 163

Le tableau n° 8 présente les résultats de la régression du taux


d’assiduité des administrateurs sur le caractère obligatoire ou
volontaire du comité et les autres variables de gouvernance. Les
résultats du tableau 8 montrent que le taux d’assiduité aux réunions du
comité d’audit ne diffère pas de celui des 2 autres comités.
L’ordonnance du 8 décembre 2008 n’a eu aucun effet significatif sur
le taux d’assiduité des administrateurs siégeant au comité d’audit. Nos
résultats montrent une association négative entre la taille du comité et
le taux de présence des administrateurs aux réunions. La fréquence
des réunions du comité est négativement reliée à l’assiduité des
administrateurs. Enfin, nos résultats montrent une relation positive
entre la présence féminine sur le comité et le taux de présence aux
réunions. Les résultats du tableau 8 ne montrent toutefois aucun effet
sectoriel ou d’évolution temporelle de l’assiduité des administrateurs
des entreprises de notre échantillon.

Tableau 8 : Analyse multivariée du caractère obligatoire du comité sur le taux


d’assiduité des administrateurs
Variable dépendante : ASSIDUITÉ DES ADMINISTRATEURS
coefficient Stat.t coefficient Stat.t
AUDIT 0,003 0,18 -0,012 -0,42
AUDIT * 0,022 0,82
OBLIGATOIRE
TAILLE -0,024 -2,82 *** -0,024 -2,82 ***
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INDEPENDENCE -0,017 -0,34 -0,015 -0,30
FRÉQUENCE -0,009 -2,16 ** -0,009 -2,18 **
FEMMES 0,031 2,12 ** 0,030 2,09 **
CUMUL -0,013 -0,64 -0,013 -0,64
FINANCE -0,019 -0,80 -0,018 -0,74
INDUSTRIE 0,030 1,02 0,030 1,02
ANNÉE 0,001 0,35 -0,000 -0,02
CONSTANTE -1,676 -0,21 1,259 0,15

N. observations 581 581


Stat. F 2,98 *** 2,68 ***

3.2.3. Analyse des déterminants de la diligence selon les comités

Nos analyses précédentes ne distinguent pas entre les trois


comités (audit, rémunération et nominations). Pour cette raison, nous
avons examiné si les déterminants de l’efficacité du fonctionnement
varient entre les trois comités. Les tableaux 9 et 10 présentent nos
résultats.
164 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

Tableau 9 : Déterminants de la fréquence des réunions des comités


Comité des Comité des
Comité d’audit
rémunérations nominations
Variables
Stat. Stat.
Coef Coef Coef Sta.t
t t
2,58 1,70
TAILLE 0,010 0,29 0,089 0,107
** *
- -
INDÉPENDENCE -0,36 -1,40 0,283 0,97
0,071 0,262
-
- - -2.29 -
FEMMES -0,31 2,21
0,020 0,151 ** 0,187
**
- - -
CUMUL 0,101 1,24 -0,40
0,027 0,122 1,10
1,91 3,43
FINANCE 0,367 0,278 0,052 0,32
* ***
- - -2,32 - -
INDUSTRIE -0,95
0,091 0,205 ** 0,212 1,33
3,23
ANNÉE 0,021 1,15 0,051 0,028 1,48
***
- - -
-3,20 -
CONSTANTE 42,49 -1,11 101,4 56,22
*** 1,46
3 45 5
Nombre
197 203 198
d’observations
R2 (%) 16,79 22,59 13,18
Stat. F 1,92 * 7,34 *** 1,31
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*** statistiquement significatif à un niveau de confiance de 1%
** statistiquement significatif à un niveau de confiance de 5%
* statistiquement significatif à un niveau de confiance de 10%

Les résultats du tableau 9 montrent que les déterminants de la


fréquence des réunions varient en fonction de la nature du comité.
Aucune des variables de gouvernance ne permet d’expliquer la
fréquence des réunions du comité d’audit. Le nombre annuel des
réunions de ce comité est uniquement expliqué par un effet sectoriel.
Les comités d’audit des banques et compagnies d’assurances semblent
se réunir plus fréquemment que ceux des entreprises appartenant aux
secteurs de l’industrie ou des services. Les résultats des études
antérieures (Raghunandan et Rama, 2007; Sharma et al., 2009; Al
Najjar, 2011) sur les déterminants de la fréquence des réunions du
comité d’audit ne semblent pas s’appliquer au contexte Français.
A la différence des comités d’audit, la taille du comité de
rémunération a un effet positif sur le nombre des réunions annuelles
alors que la présence féminine est négativement associée à la
fréquence de ses réunions. Les résultats du tableau 9 montrent que les
comités de rémunération des entreprises du secteur financier tiennent
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 165

plus de réunions que les autres secteurs d’activité. De plus, le signe


positif et significatif de la variable année, montre que le nombre
annuel de réunions du comité des rémunérations a augmenté
significativement sur la période étudiée (2007-2012). L’intérêt accru
des investisseurs et analystes financiers pour les questions relatives à
la fixation de la rémunération annuelle des dirigeants et au lien entre
la rémunération incitative et la performance pourrait expliquer cette
augmentation du nombre des réunions.
Dans la mesure où la statistique F n’est pas significativement
différente de zéro, nous ne pouvons pas tirer des conclusions quant au
modèle portant sur les déterminants de la fréquence des réunions du
comité de nomination.
Tableau 10 : Déterminants du taux de présence des administrateurs aux
réunions des comités
Comité des Comité des
Comité d’audit
Variables rémunérations nominations
Coef Stat. t Coef stat.t Coef stat.t
- - -
-3,23 -1,97
TAILLE 0,01 -1,08 0,05 0,02
*** **
2 0 5
- -
0,01
INDÉPENDENCE 0,00 -0,10 0,22 0,07 -112
3
5 1
- - -
-3,26
FREQUENCE 0,01 0,00 -0,04 0,00 -0,92
***
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6 0 7
0,01 0,05 2,46 0,05
FEMMES 0,82 171 *
6 8 ** 2
- -
0,01
CUMUL 0,03 -1,62 0,00 -0,34 0,60
7
2 8
- -
0,06
FINANCE 1,94 * 0,03 -0,93 0,08 -1,90 *
8
5 4
-
0,03 0,07
INDUSTRIE 0,00 -0,15 1,09 1,67 *
8 3
4
-
0,00 0,00
ANNÉE 1,05 0,00 -1,14 0,17
7 0
5
- -
11,9
Contante 13,7 -0,97 1,26 0,85 -0,07
48
67 4
Nombre
191 197 193
d’observations
Stat. F 2,68 ** 2,33 ** 2,08 **
166 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

*** statistiquement significatif à un niveau de confiance de 1%


** statistiquement significatif à un niveau de confiance de 5%
* statistiquement significatif à un niveau de confiance de 10%

Le tableau 10 présente les résultats des déterminants du taux de


présence des administrateurs aux réunions des comités spécialisés.
Dans l’ensemble, nous observons que les déterminants de l’assiduité
des administrateurs varient selon les comités. La fréquence des
réunions du comité d’audit est négativement associée à l’assiduité des
administrateurs aux réunions. Les administrateurs des banques et
assurances affichent une meilleure présence aux réunions du comité
d’audit que ceux des autres secteurs d’activité. La taille du comité a
un effet négatif sur le taux de présence aux réunions des comités
facultatifs de rémunération et nomination. En revanche, la présence
des femmes à ces comités est positivement reliée au taux de présence
aux réunions. Ce résultat confirme les conclusions d’Adams et
Ferreira (2009) et vient conforter les dispositions législatives
françaises visant à instaurer des quotas de femmes dans les conseils
d’administration des entreprises cotées d’ici à 2017.

3.3. Discussion

3.3.1. Les résultats sur de l’impact du caractère obligatoire du comité


d’audit sur la fréquence des réunions et le taux d’assiduité aux
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réunions

Nos résultats montrent que la fréquence des réunions diffère


entre le comité d’audit et les deux autres comités facultatifs
(rémunération et nomination). Selon notre analyse multivariée cette
différence ne résulte pas de l’effet de l’ordonnance du 8 décembre
2008 instaurant le caractère obligatoire de la formation d’un comité
d’audit pour les sociétés cotées. Nos résultats suggèrent que le comité
d’audit se réunissait plus fréquemment que les autres comités au cours
des années 2007-2008 et a continué à tenir plus de réunions que les
comités facultatifs. La différence semble plus résulter de l’importance
liée à la mission du comité d’audit au sein du conseil d’administration.
Nos résultats montrent également que la fréquence des réunions
s’est accrue significativement pour le comité des rémunérations sur la
période étudiée. La fréquence des réunions retenue comme l’un des
indicateurs de diligence des comités dépend plus de l’actualité ou de
l’acuité des sujets à traiter que du calendrier des réunions fixé à
l’avance ou du caractère obligatoire et volontaire d’un comité. Compte
tenu de l’intérêt récent pour les questions relatives à la rémunération
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 167

des dirigeants et la couverture médiatique de la rémunération


excessive, les comités de rémunération semblent se réunir de façon
plus fréquente au cours des dernières années pour s’assurer que les
plans de rémunération offerts aux dirigeants favorisent une meilleure
performance de l’entreprise.
De même on peut admettre que les obligations de divulguer des
informations financières intermédiaires et continues imposées par la
directive « Transparence » n° 2004/109/CE du 15/12/2004 et le
caractère très technique de la matière comptable et financière justifient
un travail de préparation plus régulier et plus assidu de la part du
comité d’audit que des deux autres comités. Cela pourrait expliquer la
stabilité relative observée dans la fréquence des réunions du comité
d’audit sur toute la période étudiée.

3.3.2. Les résultats de l’impact de la taille du comité, de son niveau


d’indépendance et la présence des femmes sur sa diligence

Nous considérions dans notre hypothèse 2 que les variables taille


du comité, son indépendance et la présence des femmes affectaient la
fréquence des réunions et la présence des administrateurs aux
réunions. Nos résultats sont contrastés. En effet, nos résultats montrent
que la fréquence des réunions des comités est positivement associée à
la taille du comité et négativement reliée à la présence féminine. En
revanche, la fréquence des réunions et la taille du comité affectent
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négativement la présence des administrateurs aux réunions des
comités. La féminisation des comités a un effet positif sur le taux
d’assiduité des réunions. Nos analyses montrent également que les
déterminants de la diligence varient selon les comités. La taille du
comité et la présence des femmes semblent être des facteurs
explicatifs de la diligence des comités volontaires. Compte tenu du
caractère obligatoire du comité d’audit et les règles assez strictes
régissant son fonctionnement, on peut présumer que la composition et
la diligence de ce comité ne diffèrent pas significativement d’une
entreprise à l’autre.
L’indépendance des membres du conseil d’administration ou la
dissociation des postes de DG et président du conseil n’apparaissent
pas dans notre étude comme étant un facteur explicatif du bon
fonctionnement des comités spécialisés. Ce résultat paraît paradoxal
par rapport à la tendance actuelle à vouloir doter les conseils
d’administration des membres indépendants. Ce n’est pas tant au
niveau de leur présence aux réunions qu’ils sont attendus mais peut
être au niveau de leur expertise et de leur indépendance vis-vis- des
dirigeants.
168 Eustache Ebondo WA MANDZILA, Walid BEN AMAR & Daniel ZEGHAL

Conclusion

Notre étude avait pour objectif d’évaluer la diligence des comités


spécialisés selon que leur formation soit obligatoire ou volontaire.
Notre analyse a porté sur un échantillon de sociétés faisant partie de
l’indice CAC 40 au cours de la période 2007-2012. Selon nos
résultats, le comité d’audit diffère des autres comités facultatifs sur le
plan de la fréquence de ses réunions mais pas selon l’assiduité des
administrateurs. Cette différence n’est pas due à l’instauration de son
caractère obligatoire par l’ordonnance du 8 décembre 2008 mais
plutôt par la nature de la mission qui lui est confiée dans le processus
d’élaboration de l’information financière et de gestion des risques.
L’analyse multivariée fait ressortir la taille du comité et la présence
féminine comme déterminants potentiels de la fréquence des réunions.
Par ailleurs, nos analyses montrent que la taille du comité, la
fréquence des réunions et le niveau de féminisation du comité
expliquent partiellement le taux d’assiduité des réunions. Enfin nos
résultats montrent que les déterminants des indicateurs d’activité des
comités diffèrent selon la nature du comité étudié.
Nos résultats permettent de tirer des enseignements théoriques et
managériaux. Notre étude contribue à la littérature existante comme
étant la première en France à explorer les déterminants de la diligence
de tous les comités spécialisés qu’ils soient obligatoires ou facultatifs.
Les résultats de notre étude permettent d’étendre les conclusions des
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études antérieures portant sur les déterminants de l’existence et le
fonctionnement des comités spécialisés en France (Pochet et Yéo,
2004 ; Godard et Schatt, 2005 ; Piot, 2006 ; Piot et Kermiche, 2009).
Notre étude contribue également à la littérature sur les déterminants de
la diligence des comités d’audit (Raghunandan et Rama 2007 ;
Sharma et al. 2009 ; Al Najjar, 2011 ; Thiruvardi, 2012). Mais, elle
n’aboutit pas aux mêmes résultats que ces études particulièrement
pour les déterminants de la fréquence des réunions du comité d’audit.
La différence entre le contexte institutionnel Français et celui en
vigueur aux Etats-Unis et en Grande Bretagne pourraient d’ailleurs
expliquer la divergence de nos résultats.
Sur le plan managérial, nos résultats montrent que la présence
des femmes sur les comités améliore l’assiduité aux réunions et par
conséquent l’efficacité de fonctionnement de ces comités. Ces
résultats confortent la législation française instaurant des quotas des
femmes dans les conseils d’administration et peuvent éclairer aussi
bien le législateur que les conseils d’administration dans leur décision
de créer ou pas les comités facultatifs au moment où des voix
s’élèvent pour réclamer l’encadrement des rémunérations.
COMITÉS AUDIT ; RÉMUNÉRATION, RECRUTEMENT : SOCIÉTÉS DU CAC 40 169

Les résultats de cette étude exploratoire doivent être interprétés


en tenant compte de certaines limites. La taille restreinte de notre
échantillon et les indicateurs d’activité retenus constituent des limites
de notre étude. En effet, la prise en compte d’autres variables de
contrôle (taille de l’entreprise, endettement, structure du capital,
performance financière) peuvent elles aussi expliquer la formation et
la diligence des comités spécialisés et enrichir notre analyse
multivariée. Enfin, il serait également intéressant d’élargir la portée de
notre étude en examinant les déterminants de l’efficacité des comités
spécialisés d’un grand échantillon d’entreprises européennes.

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