Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Etude expérimentale
Dans ce chapitre, on présente le montage expérimental qui a été conçu et qui permet de sol-
liciter le capteur de couple avec un chargement connu tout en mesurant les déformations au
niveau de chaque branche souple du capteur.
Sommaire
1 Présentation du montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
2 Présentation des différentes configurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
Disque
Axe du boitier
de pédalier
Capteur
Support
Un montage d’essai a été réalisé. Il est représenté sur la Figure IV.1. Le banc d’essai com-
porte :
— un plaque support sur laquelle sont bridés deux paliers qui supportent un boitier de
pédalier classique ;
— le capteur de couple qui est encastré sur l’axe du boitier de pédalier et sur lequel est
fixée une manivelle ; le capteur de couple est donc en liaison pivot avec le bâti ;
— un disque percé, représentant la couronne dentée, fixé sur le capteur de couple et
bloqué en rotation par un ou deux capteurs d’efforts.
Les différentes pièces du banc d’essai sont présentées sur la Figure IV.2.
Le chargement du pédalier doit être maîtrisé de sorte à pouvoir réaliser l’étalonnage
expérimental du capteur, c’est-à-dire trouver le lien entre les déformations mesurées et le
couple appliqué. Il faut donc faire en sorte que la direction et l’intensité du chargement
soient maîtrisées. Pour cela, on propose d’accrocher des masses calibrées à l’extrémité de
la manivellle de sorte à exercer une force verticale descendante de F ~ = °M g~ z.
(d) Centrage du boitier dans des paliers (e) Bridage du boitier de pédalier
J2+
J2-
J3- J1+
J3+ J1-
F
J4+
J4-
Figure IV.3: Présentation des 3 montages étudiés expérimentalement et comparés aux résul-
tats théoriques
Dans ce chapitre, on présente quelques notions d’extensométrie qui seront utiles lors de l’ex-
périmentation qui sera menée sur le capteur de couple. On décrit notamment le principe de
fonctionnement des jauges de déformation ainsi que des ponts d’extensométrie qui y sont as-
sociés.
Sommaire
1 Jauges de déformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.1 Matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.2 Géométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.3 Relation entre déformation et résistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
2 Mesure des déformations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
2.1 Pont de jauges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
2.2 Cas particulier des montages « demi-pont » et « quart de pont » . . . . 237
2.3 Intérêt des montages particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
3 Matériel à disposition pour les essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
1 Jauges de déformation
Les jauges de déformation (Figure IV.4) sont des circuits résistifs très fins dont la résis-
tance R varie avec la déformation de la structure sur laquelles ils sont collés. La finesse de
ce circuit, et la colle employée assure à la fois que la jauge ne perturbe pas le comportement
de la structure et qu’elle suit bien le champ de déplacement en surface de la structure. Très
souvent, on entend parler de jauge de contrainte car la mesure effectuée par la jauge peut,
à terme, permettre d’évaluer le niveau et l’état local de contrainte dans la structure. Mais la
quantité mesurée à travers la jauge est directement liée à la déformation. Pour cette raison,
on utilisera le terme "jauge de déformation" tout au long de cette partie. Le choix d’une jauge
peut se faire selon différents critères qui sont liés à sa constitution :
— son matériau qui conditionne notamment la gamme de température dans laquelle la
jauge peut être utilisée où sa résistance à la fatigue ;
— sa géométrie (taille, nombre de jauges, agencement relatif des jauges ;
— ...
1.1 Matériau
Les jauges couramment utilisées sont en constantan, un alliage composé de 55% de cuivre,
45% de Nickel. Ce matériau supporte des températures de l’ordre de 200°C et procure aux
jauges une bonne endurance en fatigue. On peut toutefois noter que ce matériau conduit à
un glissement continu de la mesure à des températures supérieures à 65°C ce qui peut poser
problème dans le cadre d’applications où la mesure se fait plusieurs jours durant.
L’alliage Karma constitué de 74% de Nickel, 20% de Chrome, 3% de cuivre, et 3% de Fer est
également régulièrement utilisé. Comme le Constantan, il a une très bonne tenue en fatigue,
mais sa stabilité dans le temps permet de l’utiliser pour des mesures durant plusieurs mois
ou année, à température ambiante. Il peut être utilisé à des températures allant de -270°C à
+260°C. Sur de courtes périodes de mesures, et encapsulée (protégée), une jauge en Karma
peut être exploitée jusqu’à des températures de 400°C.
1.2 Géométrie
Il existe un grand nombre de formes de jauges de déformation, dont certaines sont repré-
sentées sur la Figure IV.5. La jauge unique (Figure IV.5(a)), la plus simple, permet d’accéder
à une déformation locale, dans une direction donnée. Elle peut donc être utilisée seule dans
le cas où la structure est sollicitée uniaxialement de façon certaine. Dans tous les autres cas,
il sera nécessaire de positionner plusieurs jauges, dans différentes directions, pour estimer
correctement l’état de déformation local dans la structure (Figure IV.5(b), Figure IV.5(c), Fi-
gure IV.5(d)). Par exemple, la jauge présentée sur la Figure IV.5(b) pourrait permettre d’ac-
céder à une déformation longitudinale et à une déformation transversale sur une éprouvette
sollicitée en traction. Ces deux mesures pourraient alors donner accès au module d’élasticité
du matériau, ainsi qu’au coefficient de Poisson.
La taille des jauges est également un critère de choix important. Pour des applications
telles que des mesures sur des structures en béton, constituées d’agrégats et de ciment, il est
nécessaire de positionner des jauges de tailles suffisantes pour moyenner les déformations
sur des zones plus grandes que les agrégats eux mêmes. La taille de la jauge doit être plus
grande que la dimension des hétérogénéités dans le matériau.
A l’inverse, dans le cas où l’on positionne une jauge dans une zone présentant de fortes
concentrations de déformations, et donc de forts gradients, il est important de limiter sa
taille. En effet, puisque la jauge tend à moyenner les déformations dans la zone sur laquelle
elle est collée, une jauge de taille trop importante fournira une valeur de déformation trop
faible relativement à l’état réel de déformation locale.
±Ω ±V
=c
Ω V
"t = °∫"l
±a ±L
= °∫
a L
±b ±L
= °∫
b L
et donc :
±V ±L
= (1 ° 2∫)
V L
En injectant cette dernière expression dans la relation (IV.1), on obtient :
±R ±L
= [(c ° 1)(1 ° 2∫) + 2]
R L
±R ±L
= [c(1 ° 2∫) + (1 + 2∫)] (IV.2)
R L
Finalement on a donc montré que la variation relative de résistance était reliée linéairement
à la variation relative de longueur du conducteur, c’est-à-dire à la déformation longitudi-
nale :
±R ±L
=k = k"l
R L
On note k le facteur de proportionnalité, et on le nomme facteur de jauge. Ce facteur est
fourni par le fabricant de la jauge.
On peut néanmoins avoir un ordre de grandeur du facteur k. Pour un matériau quasi-
incompressible, c’est-à-dire pour lequel ∫ ! 0.5, on trouve que k = 2. Très souvent, pour des
matériaux tels que le constantan, le facteur de jauge donné par le constructeur est proche de
cette valeur.
RI RII
Mesure de
e
RIV RIII
Alim. V
V
±e = ("I ) (IV.4)
4
Dans le cas d’un montage demi-pont, deux jauges sont installées, les autres résistances
sont fixes. Deux solutions sont alors possibles selon si les deux jauges sont situées dans des
branches opposées ou adjacentes du pont :
V
±e = ("I ° "I I ) (branches adjacentes) (IV.5)
4
V
±e = ("I + "I I I ) (branches opposées) (IV.6)
4
J1 J2 J2 R
Mesure de Mesure de
e e
R R R J1
Alim. V Alim. V
Figure IV.7: Exemples de demi-ponts qu’on peut associer aux montages décrits sur les Fi-
gure IV.8(a) et Figure IV.8(b).
J1
J2
J1
J2
J1
J2
J1
J2
Figure IV.8: Jauges collées de part et d’autres d’une poutre sollicitée en flexion ou en traction
V V
±e = (" ° (°")) = " (IV.7)
4 2
De la même manière si l’on souhaite réaliser un capteur capable de mesurer l’effort axial
exercé sur un poutre encastrée libre comme présenté sur la Figure IV.8(b), on choisira le
montage en demi-pont indiqué sur la Figure IV.7(b). En effet, dans ce cas, la poutre est sol-
licitée en traction. De ce fait, la déformation longitudinale sur la peau supérieure notée ≤ est
égale à celle sur la peau inférieure. Avec des résistances R I I et R I V fixes, le déséquilibre du
pont sera donc :
V V
±e = (" + ") = " (IV.8)
4 2
Ces deux montages présentent donc simplement l’intérêt d’augmenter la sensibilité du
capteur : celle-ci est effectivement multipliée par deux par rapport à un montage en quart
de pont.
Ces deux montages permettent également d’éliminer certains effets parasites. Par exemple,
dans le cas le premier montage serait sollicité par un effort axial en plus de l’effort trans-
versal, cet effort conduirait à une déformation supplémentaire ¢≤ identique sur les peaux
inférieure et supérieure. De ce fait, la mesure du déséquilibre du pont serait inchangée :
V V
±e = (" + ¢≤ ° (°" + ¢≤)) = " (IV.9)
4 2
En suivant le même raisonnement, on montre dans le cas du second montage que la
mesure de l’effort axial ne serait pas perturbée par une sollicitation parasite générant de
la flexion. En effet, puisqu’avec ce montage on somme les déformations mesurées de part
et d’autre de la poutre, et puisque les composantes liées à la sollicitation parasite seront
opposées (¢≤ et °¢≤), la perturbation ne modifie pas le déséquilibre :
V V
±e = (" + ¢≤ + " ° ¢≤) = " (IV.10)
4 2
Branchement
des jauges
Activation ou
désactivation des
voies de mesure
Dans ce chapitre, on présente les résultats des essais effectués sur le banc d’essai présenté. Ces
résultats permettent ensuite de valider les performances du capteur de couple relativement au
cahier des charges présenté. Enfin, les résultats expérimentaux sont comparés aux différents
résultats analytiques et numériques obtenus dans la partie III.
Sommaire
1 Expérimentations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
1.1 Protocole expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
1.2 Linéarité des réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
2 Validation des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
3 Etalonnage du capteur et validation des performances . . . . . . . . . . . . . . . 247
3.1 Etalonnage du capteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
3.2 Validation du cahier des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
1 Expérimentations
L’objectif du montage expérimental réalisé (Figure IV.1) est de valider les résultats obte-
nus analytiquement et numériquement, mais aussi de valider les performances annoncées
dans le cahier des charges du capteur de couple.
Figure IV.10: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges dans le cas avec
deux arrêts en rotation (montage de la Figure IV.3(a))
attendre, puisqu’on demeure dans le domaine élastique, que le comportement observé est
linéaire dans les trois cas.
Figure IV.11: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges dans les cas avec
un arrêt en rotation (montages des Figure IV.3(b) et Figure IV.3(c))
Figure IV.12: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges et calculées par
les modèles 3D et poutre dans les cas avec un ou deux arrêts en rotation
tion axiale ; mailler la structure encore plus finement devrait permettre d’améliorer
ce point ;
— du fait que le modèle 3D représente plus fidèlement les concentrations de contrainte
à proximité des encastrements des branches ; cela induit un écart entre le modèle
analytique et le modèle 3D.
" I = "° + ° +
1 ° " 1 + " 3 ° "3 (IV.11)
" I I = "° + ° +
2 ° " 2 + " 4 ° "4 (IV.12)
"0 = " I + " I I (IV.13)
Cela revient finalement à monter les 4 jauges de deux lames diamétralement opposées en
pont complet, et en positionnant les jauges d’une même lame sur deux branches adjacentes
du pont. Ainsi, la déformation de traction dans chaque lame est éliminée par le montage
d’extensométrie.
La Figure IV.13 présente le lien expérimental obtenu entre la déformation cumulée "0
calculée à partir des huit déformations mesurées et le couple appliqué au moyeu, pour le
montage de la figure Figure IV.3(b). Puisque dans ce cas l’effort appliqué est porté par une
droite perpendiculaire à l’axe de la manivelle, le couple est calculé à partir de l’effort appli-
qué F par la relation :
C =FH (IV.14)
où H = 175 mm est la longueur de la manivelle utilisée.
Puisque le comportement est linéaire, on effectue une régression linéaire sur les points
de mesure pour trouver le coefficient de proportionnalité A exp :
0 = 75.233 C
R2 = 0.99998
Déformations ( m/m)
I = 40.875 C
II = 34.358 C
Couple (N.m)
Figure IV.13: Relation entre le couple appliqué et les signaux "I , "I I , "0 dans le cas du mon-
tage 2 (Figure IV.3(b))
Afin de vérifier que cette procédure d’étalonnage fonctionne, on impose un effort sur la
manivelle à partir d’un jeu de masses quelconque dont on note tout de même la valeur :
M 0 = 5.950 kg . Les signaux mesurés au niveau des huit jauges sont : "° +
1 = 87 µ", "1 = °86 µ",
° + ° + ° +
"2 = 81 µ", "2 = °101 µ", "3 = 121 µ", "3 = °125 µ", "4 = 99 µ" et "4 = °72 µ". Le signal "0
est donc :
"0 = 772 µ" (IV.17)
"0 772
C= = = 10.26 N .m (IV.18)
A exp 75.233
C 10.26
M= = = 5.977 kg (IV.19)
H g 9.81 £ 0.175
L’erreur commise sur l’estimation de la masse (ou sur l’estimation du couple appliqué de
la même manière) est :
M ° M 0 5.977 ° 5.950
e% = = = 0.46 % (IV.20)
M0 5.950
Afin de vérifier que cette procédure d’étalonnage est pertinente dans une autre confi-
guration géométrique, on cherche à l’expoiter dans la configuration du montage de la Fi-
gure IV.3(c). Dans ce cas, le pédalier est tourné de 45° par rapport à l’appui. On charge donc
à nouveau la manivelle à partir d’un jeu de masse quelconque dont on note tout de même la
valeur : M 0 = 5.950 kg .
"0 553
C= = = 7.35 N .m (IV.22)
A exp 75.233
Il est normal que ce couple soit plus faible que dans la configuration géométrique précé-
dente. En effet, on a suspendu la même masse, avec un bras de levier plus faible puisque la
manivelle est inclinée de 45o par rapport à la direction de l’effort. Ce couple correspond à
une masse de :
C 7.35
M= = p = 6.055 kg (IV.23)
H cos(45o )g 0.175 £ 2/2 £ 9.81
L’erreur commise sur l’estimation de la masse (ou sur l’estimation du couple appliqué de
la même manière) est :
M ° M 0 6.055 ° 5.950
e% = = = 1.77 % (IV.24)
M0 5.950