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Quatrième partie

Etude expérimentale

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 221


Dans cette quatrième partie, nous nous intéressons au procédé mis en oeuvre sur le capteur
de couple pour mesurer les déformations liées au couple exercé par le cycliste. Trois chapitres
sont consacrés à cette partie :
• Le chapitre 1 décrit le banc d’essai qui a été réalisé et qui permet de solliciter le capteur
de couple avec un chargement connu, et dans différentes configurations ;
• Le chapitre 2 présente quelques notions d’extensométrie afin de comprendre le prin-
cipe de fonctionnement même du capteur de couple ;
• Le chapitre 3 présente les résultats expérimentaux obtenus sur le banc d’essai ainsi
que la validation des performances du capteur vis à vis du cahier des charges présenté ;
ce chapitre permet également de valider les différents modèles proposés (analytique et
éléments finis).

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224 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf
1
CHAPITRE
Présentation du montage
expérimental

Dans ce chapitre, on présente le montage expérimental qui a été conçu et qui permet de sol-
liciter le capteur de couple avec un chargement connu tout en mesurant les déformations au
niveau de chaque branche souple du capteur.

Sommaire
1 Présentation du montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
2 Présentation des différentes configurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 225


1 Présentation du montage expérimental

1 Présentation du montage expérimental

Disque

Axe du boitier
de pédalier

Capteur

Support

Figure IV.1: Montage d’essai statique du capteur de couple

Un montage d’essai a été réalisé. Il est représenté sur la Figure IV.1. Le banc d’essai com-
porte :
— un plaque support sur laquelle sont bridés deux paliers qui supportent un boitier de
pédalier classique ;
— le capteur de couple qui est encastré sur l’axe du boitier de pédalier et sur lequel est
fixée une manivelle ; le capteur de couple est donc en liaison pivot avec le bâti ;
— un disque percé, représentant la couronne dentée, fixé sur le capteur de couple et
bloqué en rotation par un ou deux capteurs d’efforts.
Les différentes pièces du banc d’essai sont présentées sur la Figure IV.2.
Le chargement du pédalier doit être maîtrisé de sorte à pouvoir réaliser l’étalonnage
expérimental du capteur, c’est-à-dire trouver le lien entre les déformations mesurées et le
couple appliqué. Il faut donc faire en sorte que la direction et l’intensité du chargement
soient maîtrisées. Pour cela, on propose d’accrocher des masses calibrées à l’extrémité de
la manivellle de sorte à exercer une force verticale descendante de F ~ = °M g~ z.

226 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


1 Présentation du montage expérimental

(a) Boitier de (b) Montage du capteur de (c) Montage de la manivelle


pédalier couple

(d) Centrage du boitier dans des paliers (e) Bridage du boitier de pédalier

(f) Montage sur une plaque support (g) Montage du disque

(h) Montage avec 1 ou 2 blocages en rotation

Figure IV.2: Les étapes du montage du banc d’essai

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1 Présentation du montage expérimental

2 Présentation des différentes configurations


On considère trois types de montage pour les essais qui sont présentés sur la Figure IV.3.
— une première série correspond au cas 1 présenté au début du Chapitre IV.5 : deux ar-
rêts en rotation du disque, matérialisés par les deux capteurs d’efforts sont position-
nés ; la manivelle est placée à l’horizontale, donc perpendiculairement à l’orientation
des arrêts ;
— une deuxième série correspond au cas 2 présenté au début du Chapitre IV.5 : un arrêt
en rotation du disque, matérialisé par un capteur d’effort placé à Ø = º est positionné ;
la manivelle est placée à l’horizontale, donc perpendiculairement à l’orientation de
l’arrêt ;
— une troisième série correspond au cas 2 où l’appui est orienté à º/4 relativement à
l’axe de la manivelle ; en pratique, l’appui n’a pas bougé, mais on a fait tourner la
manivelle et le capteur de º/4.
Le premier montage permettra d’effectuer un chargement relativement symétrique du sys-
tème. Le second permet de représenter le cas où seule la chaîne du vélo retient le pédalier.
Le troisième correspond lui aussi à ce cas, mais dans une configuration géométrique diffé-
rente ce qui permettra de vérifier que la mesure de couple est relativement indépendante de
la position angulaire de la manivelle comme cela avait été étudié à la fin du Chapitre IV.5.

228 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


2 Présentation des différentes configurations

J2+
J2-

J3- J1+
J3+ J1-

F
J4+
J4-

(a) Montage expérimental 1

(b) Montage expérimental 2 (c) Montage expérimental 3

Figure IV.3: Présentation des 3 montages étudiés expérimentalement et comparés aux résul-
tats théoriques

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1 Présentation du montage expérimental

230 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


2
CHAPITRE
Notions d’extensométrie

Dans ce chapitre, on présente quelques notions d’extensométrie qui seront utiles lors de l’ex-
périmentation qui sera menée sur le capteur de couple. On décrit notamment le principe de
fonctionnement des jauges de déformation ainsi que des ponts d’extensométrie qui y sont as-
sociés.

Sommaire
1 Jauges de déformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.1 Matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.2 Géométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
1.3 Relation entre déformation et résistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
2 Mesure des déformations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
2.1 Pont de jauges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
2.2 Cas particulier des montages « demi-pont » et « quart de pont » . . . . 237
2.3 Intérêt des montages particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
3 Matériel à disposition pour les essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 231


2 Notions d’extensométrie

1 Jauges de déformation
Les jauges de déformation (Figure IV.4) sont des circuits résistifs très fins dont la résis-
tance R varie avec la déformation de la structure sur laquelles ils sont collés. La finesse de
ce circuit, et la colle employée assure à la fois que la jauge ne perturbe pas le comportement
de la structure et qu’elle suit bien le champ de déplacement en surface de la structure. Très
souvent, on entend parler de jauge de contrainte car la mesure effectuée par la jauge peut,
à terme, permettre d’évaluer le niveau et l’état local de contrainte dans la structure. Mais la
quantité mesurée à travers la jauge est directement liée à la déformation. Pour cette raison,
on utilisera le terme "jauge de déformation" tout au long de cette partie. Le choix d’une jauge
peut se faire selon différents critères qui sont liés à sa constitution :
— son matériau qui conditionne notamment la gamme de température dans laquelle la
jauge peut être utilisée où sa résistance à la fatigue ;
— sa géométrie (taille, nombre de jauges, agencement relatif des jauges ;
— ...

Figure IV.4: Vue d’une jauge de déformation

1.1 Matériau
Les jauges couramment utilisées sont en constantan, un alliage composé de 55% de cuivre,
45% de Nickel. Ce matériau supporte des températures de l’ordre de 200°C et procure aux
jauges une bonne endurance en fatigue. On peut toutefois noter que ce matériau conduit à
un glissement continu de la mesure à des températures supérieures à 65°C ce qui peut poser
problème dans le cadre d’applications où la mesure se fait plusieurs jours durant.
L’alliage Karma constitué de 74% de Nickel, 20% de Chrome, 3% de cuivre, et 3% de Fer est
également régulièrement utilisé. Comme le Constantan, il a une très bonne tenue en fatigue,
mais sa stabilité dans le temps permet de l’utiliser pour des mesures durant plusieurs mois
ou année, à température ambiante. Il peut être utilisé à des températures allant de -270°C à
+260°C. Sur de courtes périodes de mesures, et encapsulée (protégée), une jauge en Karma
peut être exploitée jusqu’à des températures de 400°C.

1.2 Géométrie
Il existe un grand nombre de formes de jauges de déformation, dont certaines sont repré-
sentées sur la Figure IV.5. La jauge unique (Figure IV.5(a)), la plus simple, permet d’accéder
à une déformation locale, dans une direction donnée. Elle peut donc être utilisée seule dans
le cas où la structure est sollicitée uniaxialement de façon certaine. Dans tous les autres cas,
il sera nécessaire de positionner plusieurs jauges, dans différentes directions, pour estimer

232 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


1 Jauges de déformation

correctement l’état de déformation local dans la structure (Figure IV.5(b), Figure IV.5(c), Fi-
gure IV.5(d)). Par exemple, la jauge présentée sur la Figure IV.5(b) pourrait permettre d’ac-
céder à une déformation longitudinale et à une déformation transversale sur une éprouvette
sollicitée en traction. Ces deux mesures pourraient alors donner accès au module d’élasticité
du matériau, ainsi qu’au coefficient de Poisson.
La taille des jauges est également un critère de choix important. Pour des applications
telles que des mesures sur des structures en béton, constituées d’agrégats et de ciment, il est
nécessaire de positionner des jauges de tailles suffisantes pour moyenner les déformations
sur des zones plus grandes que les agrégats eux mêmes. La taille de la jauge doit être plus
grande que la dimension des hétérogénéités dans le matériau.
A l’inverse, dans le cas où l’on positionne une jauge dans une zone présentant de fortes
concentrations de déformations, et donc de forts gradients, il est important de limiter sa
taille. En effet, puisque la jauge tend à moyenner les déformations dans la zone sur laquelle
elle est collée, une jauge de taille trop importante fournira une valeur de déformation trop
faible relativement à l’état réel de déformation locale.

(a) (b) Jauge double à


Jauge 90°
unique

(c) Rosette de 3 (d) Rosette de 3


jauges à 45° jauges à 120°

Figure IV.5: Exemple de jauges de déformation seule ou dans un motif (rosette)

1.3 Relation entre déformation et résistance


En première approximation, la relation liant la variation relative de résistance ±R
R et la dé-
formation " mesurée s’obtient de la manière suivante. On sait tout d’abord que la résistance
de la jauge peut s’exprimer par :
L L2
R =Ω =Ω
S V

— Ω est la résistivité du conducteur ;
— L est la longueur du conducteur ;
— S est la section du conducteur ;

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 233


2 Notions d’extensométrie

— V est le volume du conducteur.


Ainsi, on obtient :
±R ±Ω ±L ±V
= +2 °
R Ω L V
La résistivité Ω est une constante électrique fonction de l’état de déformation du conducteur.
Cette fonction peut être modélisée par la loi de Bridgman :

±Ω ±V
=c
Ω V

Ceci conduit donc à :


±R ±L ±V
=2 + (c ° 1) (IV.1)
R L V
Pour un conducteur à section rectangulaire a £ b, le volume V et sa variation relative sont
donnés par :
±V ±a ±b ±L
V = a.b.L ) = + +
V a b L
Dans le cas d’une jauge de déformation dont le coefficient de Poisson du matériau la consti-
tuant est noté ∫, les déformations longitudinales et transversales du fil résistif sont liées par :

"t = °∫"l

Ainsi, on obtient les deux relations suivantes :

±a ±L
= °∫
a L
±b ±L
= °∫
b L

et donc :
±V ±L
= (1 ° 2∫)
V L
En injectant cette dernière expression dans la relation (IV.1), on obtient :

±R ±L
= [(c ° 1)(1 ° 2∫) + 2]
R L
±R ±L
= [c(1 ° 2∫) + (1 + 2∫)] (IV.2)
R L

Finalement on a donc montré que la variation relative de résistance était reliée linéairement
à la variation relative de longueur du conducteur, c’est-à-dire à la déformation longitudi-
nale :
±R ±L
=k = k"l
R L
On note k le facteur de proportionnalité, et on le nomme facteur de jauge. Ce facteur est
fourni par le fabricant de la jauge.
On peut néanmoins avoir un ordre de grandeur du facteur k. Pour un matériau quasi-
incompressible, c’est-à-dire pour lequel ∫ ! 0.5, on trouve que k = 2. Très souvent, pour des
matériaux tels que le constantan, le facteur de jauge donné par le constructeur est proche de
cette valeur.

234 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


2 Mesure des déformations

2 Mesure des déformations


2.1 Pont de jauges
Le paragraphe précédent a montré que la déformation longitudinale était proportion-
nelle à la variation relative de résistance du conducteur (généralement très faible). La mesure
de la variation relative de résistance peut se faire par une mesure de la tension de déséqui-
libre d’un pont à quatre résistances de valeurs voisines, équilibré préalablement à la mise en
charge de la structure équipée de jauges. On a le schéma de principe donné sur la Figure IV.6.
En pratique le déséquilibre ±e du pont est inférieur au millième de Volt et il est nécessaire,
pour le mesurer à l’aide d’un millivoltmètre, de recourir à des amplificateurs de gain G. On
fait généralement en sorte que le facteur G soit une puissance de 10.

RI RII

Mesure de
e

RIV RIII

Alim. V

Figure IV.6: Pont à quatre résistances

Un calcul simple donne la relation entre la variation ±e et les variations relatives de


chaque résistance :
V h ±R I ±R I I ±R I I I ±R I V i
±e = ° + ° (IV.3)
4 RI RI I RI I I RI V

2.2 Cas particulier des montages « demi-pont » et « quart de pont »


Si certaines branches du pont subissent des variations de résistance, tandis que d’autres
sont à résistance constante, la définition de ±e est inchangée. Toutefois, certains termes sont
nuls.
Dans le cas d’un montage en quart de pont, seule une jauge est installée, les autres ré-
sistances sont fixes. Le déséquilibre ±e est alors uniquement lié à la déformation "I liée à la

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 235


2 Notions d’extensométrie

jauge installée dans la première branche du pont :

V
±e = ("I ) (IV.4)
4
Dans le cas d’un montage demi-pont, deux jauges sont installées, les autres résistances
sont fixes. Deux solutions sont alors possibles selon si les deux jauges sont situées dans des
branches opposées ou adjacentes du pont :

V
±e = ("I ° "I I ) (branches adjacentes) (IV.5)
4
V
±e = ("I + "I I I ) (branches opposées) (IV.6)
4

J1 J2 J2 R

Mesure de Mesure de
e e

R R R J1

Alim. V Alim. V

(a) Pour mesure de la flexion (b) Pour mesure de la traction

Figure IV.7: Exemples de demi-ponts qu’on peut associer aux montages décrits sur les Fi-
gure IV.8(a) et Figure IV.8(b).

2.3 Intérêt des montages particuliers


La relation (IV.3) doit être exploitée au maximum lorsqu’on réalise un montage expéri-
mental à base de jauges d’extensométrie. Par exemple, si l’on souhaite réaliser un capteur ca-
pable de mesurer l’effort transversal exercé sur une poutre encastrée libre comme présenté
sur la Figure IV.8(a), on choisira le montage en demi-pont indiqué sur la Figure IV.7(a). En
effet, dans ce cas, la poutre est sollicitée en flexion. De ce fait, la déformation longitudinale
sur la peau supérieure notée ≤ est égale à l’opposé de celle sur la peau inférieure.

236 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


2 Mesure des déformations

J1

J2

(a) Cas d’une sollicitation de flexion

J1

J2

(b) Cas d’une sollicitation de traction

J1

J2

(c) Cas d’une sollicitation de flexion avec perturbation en


traction

J1

J2

(d) Cas d’une sollicitation de traction avec perturbation en


flexion

Figure IV.8: Jauges collées de part et d’autres d’une poutre sollicitée en flexion ou en traction

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 237


2 Notions d’extensométrie

Avec des résistances R I I I et R I V fixes, le déséquilibre du pont sera donc :

V V
±e = (" ° (°")) = " (IV.7)
4 2
De la même manière si l’on souhaite réaliser un capteur capable de mesurer l’effort axial
exercé sur un poutre encastrée libre comme présenté sur la Figure IV.8(b), on choisira le
montage en demi-pont indiqué sur la Figure IV.7(b). En effet, dans ce cas, la poutre est sol-
licitée en traction. De ce fait, la déformation longitudinale sur la peau supérieure notée ≤ est
égale à celle sur la peau inférieure. Avec des résistances R I I et R I V fixes, le déséquilibre du
pont sera donc :
V V
±e = (" + ") = " (IV.8)
4 2
Ces deux montages présentent donc simplement l’intérêt d’augmenter la sensibilité du
capteur : celle-ci est effectivement multipliée par deux par rapport à un montage en quart
de pont.
Ces deux montages permettent également d’éliminer certains effets parasites. Par exemple,
dans le cas le premier montage serait sollicité par un effort axial en plus de l’effort trans-
versal, cet effort conduirait à une déformation supplémentaire ¢≤ identique sur les peaux
inférieure et supérieure. De ce fait, la mesure du déséquilibre du pont serait inchangée :

V V
±e = (" + ¢≤ ° (°" + ¢≤)) = " (IV.9)
4 2
En suivant le même raisonnement, on montre dans le cas du second montage que la
mesure de l’effort axial ne serait pas perturbée par une sollicitation parasite générant de
la flexion. En effet, puisqu’avec ce montage on somme les déformations mesurées de part
et d’autre de la poutre, et puisque les composantes liées à la sollicitation parasite seront
opposées (¢≤ et °¢≤), la perturbation ne modifie pas le déséquilibre :

V V
±e = (" + ¢≤ + " ° ¢≤) = " (IV.10)
4 2

3 Matériel à disposition pour les essais


Les essais d’extensométrie seront réalisés à partir d’un pont Vishay P3 présenté sur la
Figure IV.9. Il s’agit d’un pont d’extensométrie portable, fonctionnant sur batterie, pouvant
accepter simultanément quatre entrées en pont complet, demi-pont ou quart de pont. Les
données mesurées sur les quatre voies peuvent être affichées sur le grand écran LCD ou en-
registrées manuellement ou selon une fréquence définie par l’utilisateur (jusqu’à 1 mesure
par seconde) sur une carte flash amovible. Les données peuvent ensuite être transférées via
un port USB sur un ordinateur. La résolution de cet appareil est de 1 micro déformation
(1µm/m) tandis que sa précision est de ±0.1%. Dans le cas de montages en quart de pont, le
pont P3 pourra accepter des jauges de 120 ≠, 350 ≠, ou 1000 ≠, ce qui nous convient puisque
les jauges collées sur le capteur d’effort ont des résistances d’environ 1000 ≠.

238 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


3 Matériel à disposition pour les essais

Schéma des différents


montages possible

Branchement
des jauges
Activation ou
désactivation des
voies de mesure

Choix du type de montage


(pont complet,
demi pont, quart de pont)
Equilibrage des voies
Bouton marche/arrêt

Figure IV.9: Pont d’extensométrie Vishay P3

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 239


2 Notions d’extensométrie

240 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


3
CHAPITRE
Etude expérimentale du
capteur de couple et
validation des
performances

Dans ce chapitre, on présente les résultats des essais effectués sur le banc d’essai présenté. Ces
résultats permettent ensuite de valider les performances du capteur de couple relativement au
cahier des charges présenté. Enfin, les résultats expérimentaux sont comparés aux différents
résultats analytiques et numériques obtenus dans la partie III.

Sommaire
1 Expérimentations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
1.1 Protocole expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
1.2 Linéarité des réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
2 Validation des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
3 Etalonnage du capteur et validation des performances . . . . . . . . . . . . . . . 247
3.1 Etalonnage du capteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
3.2 Validation du cahier des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 241


3 Etude expérimentale du capteur de couple

1 Expérimentations
L’objectif du montage expérimental réalisé (Figure IV.1) est de valider les résultats obte-
nus analytiquement et numériquement, mais aussi de valider les performances annoncées
dans le cahier des charges du capteur de couple.

1.1 Protocole expérimental


Trois séries de mesures ont été réalisées suivant les trois montages présentés sur la Fi-
gure IV.3.
Le chargement F ~ se fait au moyen de masses suspendues à l’extrémité de la manivelle.
L’effort imposé est donc connu. Il peut par ailleurs être indirectement mesuré par le ou les
capteurs d’efforts reliés à un ou deux conditionneurs. En effet, l’écriture de l’équilibre en
moment selon l’axe de rotation de l’ensemble {manivelle, capteur, disque} fournit la relation
souhaitée. L’étalonnage des capteurs d’effort se fait après les avoir extraits du banc d’essai et
en les sollicitant au moyen de masses calibrées.
Chaque branche du capteur de couple est équipée de deux jauges. Ces deux jauges sont
montées en quart de pont de manière à visualiser les effets de traction et de flexion indépen-
damment. Par contre, les jauges étant celles d’origine, le facteur de jauge est inconnu et a
donc été réglé arbitrairement à k = 2, 1. Comme nous l’avons vu, cette valeur est une valeur
raisonnable pour des jauges standards mais ne peut pas être vérifiée. Par ailleurs, la position
des jauges sur les poutres est délicate à estimer : il s’agit là aussi d’un paramètre à recaler
éventuellement.

Figure IV.10: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges dans le cas avec
deux arrêts en rotation (montage de la Figure IV.3(a))

1.2 Linéarité des réponses


Les Figure IV.10 et Figure IV.11(a) donnent les réponses des différentes jauges, dans les
cas des montages 1 et 2, pour différents efforts F correspondant à des masses suspendues
allant jusqu’à 7 kg . La Figure IV.11(b) donne les réponses des jauges dans le cas du montage
3, avec des masses suspendues allant jusqu’à 10 kg . On constate, comme on pouvait s’y

242 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


2 Validation des modèles

attendre, puisqu’on demeure dans le domaine élastique, que le comportement observé est
linéaire dans les trois cas.

(a) Avec un appui (cas 2)

(b) Avec un appui (cas 3)

Figure IV.11: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges dans les cas avec
un arrêt en rotation (montages des Figure IV.3(b) et Figure IV.3(c))

2 Validation des modèles


Les Figure IV.12(a) et Figure IV.12(a) montrent les déformations (en valeur absolue) me-
surées et calculées par les modèles analytique et numérique au niveau de chacune des 8
jauges dans les différents cas de chargement. Les modèles correspondent à des jauges de
longueur l 0 = 3 mm dont le centre est placé à x 0 = 3.5 mm de la base de la poutre.
Ces graphes radars montrent une assez bonne correspondance entre les différents résul-
tats. Par commodité, ce sont les valeurs absolues qui sont tracées, mais tous les signes sont
identiques entre les différentes estimations.

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 243


3 Etude expérimentale du capteur de couple

(a) Avec deux appuis (cas 1) (b) Avec un appui (cas 2)

(c) Avec un appui à 135° (cas 3)

Figure IV.12: Illustration des déformations mesurées au niveau des 8 jauges et calculées par
les modèles 3D et poutre dans les cas avec un ou deux arrêts en rotation

Les écarts entre les différents résultats peuvent venir :


— du fait que les facteurs de jauge sont mal connus : cela introduit un écart entre les
modèles et les mesures, mais pas entre les modèles eux mêmes ;
— du fait que la position et la taille de jauges sont déterminées de façon peu précise, et
peuvent légèrement différer d’une poutre à l’autre : encore une fois, cela introduit un
écart entre les modèles et les mesures, mais pas entre les modèles eux mêmes ;
— du fait que la géométrie du modèle poutre soit parfaitement périodique ce qui n’est
pas le cas de la structure réelle et modélisée en 3D : les évidements (vis, logement
pour la pile) peuvent apporter des modifications qui sont d’ailleurs visibles sur la Fi-
gure IV.12(a) où le modèle éléments finis 3D ne donne pas des résultats parfaitement
périodiques contrairement au modèle poutre ;
— du fait que le maillage du modèle 3D ne soit pas nécessairement identique sur toutes
les branches, et notamment sous les jauges où l’on récupère la valeur de la déforma-

244 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


3 Etalonnage du capteur et validation des performances

tion axiale ; mailler la structure encore plus finement devrait permettre d’améliorer
ce point ;
— du fait que le modèle 3D représente plus fidèlement les concentrations de contrainte
à proximité des encastrements des branches ; cela induit un écart entre le modèle
analytique et le modèle 3D.

3 Etalonnage du capteur et validation des performances


3.1 Etalonnage du capteur
L’étalonnage du capteur consiste à trouver la relation liant le couple appliqué C au moyeu
et une déformation cumulée, notée "0 calculée à partir des huit mesures de déformation :
"0 = f (C ). Une fois cette relation connue, pour une valeur de signal mesurée, il sera possible
d’inverser la précédente relation et donc d’estimer le couple qui a été imposé au moyeu C =
f °1 ("0 ).
On propose de réaliser l’étalonnage à partir des essais réalisés sur le montage de la fi-
gure Figure IV.3(b). La Figure IV.11(a) a montré que les évolutions de chacune des déforma-
tions mesurées étaient linéairement liées à l’effort imposé en bout de manivelle, et donc au
couple appliqué au moyeu. Si le signal "0 est obtenu par une combinaison linéaire des huit
déformations, alors la relation "0 = f (C ) est une relation linéaire dont il faudra déterminer
le coefficient de proportionnalité. Comme cela a été fait dans le post-traitement du calcul
éléments finis (Chapitre IV.5), on propose de lier "0 aux huit déformations mesurées par la
relation linéaire suivante :

" I = "° + ° +
1 ° " 1 + " 3 ° "3 (IV.11)
" I I = "° + ° +
2 ° " 2 + " 4 ° "4 (IV.12)
"0 = " I + " I I (IV.13)

Cela revient finalement à monter les 4 jauges de deux lames diamétralement opposées en
pont complet, et en positionnant les jauges d’une même lame sur deux branches adjacentes
du pont. Ainsi, la déformation de traction dans chaque lame est éliminée par le montage
d’extensométrie.
La Figure IV.13 présente le lien expérimental obtenu entre la déformation cumulée "0
calculée à partir des huit déformations mesurées et le couple appliqué au moyeu, pour le
montage de la figure Figure IV.3(b). Puisque dans ce cas l’effort appliqué est porté par une
droite perpendiculaire à l’axe de la manivelle, le couple est calculé à partir de l’effort appli-
qué F par la relation :
C =FH (IV.14)
où H = 175 mm est la longueur de la manivelle utilisée.
Puisque le comportement est linéaire, on effectue une régression linéaire sur les points
de mesure pour trouver le coefficient de proportionnalité A exp :

"0 = A exp C avec A exp = 75.233 (IV.15)

où C est donné en N .m.


L’inversion de cette relation permettra d’estimer le couple appliqué en N .m à partir d’une
mesure du signal "0 :
"0
C= (IV.16)
A exp

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 245


3 Etude expérimentale du capteur de couple

0 = 75.233 C
R2 = 0.99998
Déformations ( m/m)

I = 40.875 C

II = 34.358 C

Couple (N.m)

Figure IV.13: Relation entre le couple appliqué et les signaux "I , "I I , "0 dans le cas du mon-
tage 2 (Figure IV.3(b))

Afin de vérifier que cette procédure d’étalonnage fonctionne, on impose un effort sur la
manivelle à partir d’un jeu de masses quelconque dont on note tout de même la valeur :
M 0 = 5.950 kg . Les signaux mesurés au niveau des huit jauges sont : "° +
1 = 87 µ", "1 = °86 µ",
° + ° + ° +
"2 = 81 µ", "2 = °101 µ", "3 = 121 µ", "3 = °125 µ", "4 = 99 µ" et "4 = °72 µ". Le signal "0
est donc :
"0 = 772 µ" (IV.17)

L’étalonnage précédemment réalisé permet d’estimer le couple appliqué au moyeu :

"0 772
C= = = 10.26 N .m (IV.18)
A exp 75.233

ce qui correspond à une masse de :

C 10.26
M= = = 5.977 kg (IV.19)
H g 9.81 £ 0.175

L’erreur commise sur l’estimation de la masse (ou sur l’estimation du couple appliqué de
la même manière) est :

M ° M 0 5.977 ° 5.950
e% = = = 0.46 % (IV.20)
M0 5.950

Afin de vérifier que cette procédure d’étalonnage est pertinente dans une autre confi-
guration géométrique, on cherche à l’expoiter dans la configuration du montage de la Fi-
gure IV.3(c). Dans ce cas, le pédalier est tourné de 45° par rapport à l’appui. On charge donc
à nouveau la manivelle à partir d’un jeu de masse quelconque dont on note tout de même la
valeur : M 0 = 5.950 kg .

246 Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf


3 Etalonnage du capteur et validation des performances

Les signaux mesurés au niveau des huit jauges sont : "° + °


1 = 55 µ", "1 = °63 µ", "2 = 66 µ",
"+
2
° + ° +
= °84 µ", "3 = 92 µ", "3 = °72 µ", "4 = 66 µ" et "4 = °55 µ". Le signal "0 est donc :

"0 = 553 µ" (IV.21)

On exploite l’étalonnage précédemment réalisé dans une autre configuration géométrique


ce qui permet d’estimer le couple appliqué au moyeu :

"0 553
C= = = 7.35 N .m (IV.22)
A exp 75.233

Il est normal que ce couple soit plus faible que dans la configuration géométrique précé-
dente. En effet, on a suspendu la même masse, avec un bras de levier plus faible puisque la
manivelle est inclinée de 45o par rapport à la direction de l’effort. Ce couple correspond à
une masse de :
C 7.35
M= = p = 6.055 kg (IV.23)
H cos(45o )g 0.175 £ 2/2 £ 9.81
L’erreur commise sur l’estimation de la masse (ou sur l’estimation du couple appliqué de
la même manière) est :

M ° M 0 6.055 ° 5.950
e% = = = 1.77 % (IV.24)
M0 5.950

3.2 Validation du cahier des charges


Les mesures précédemment réalisées avec une masse disposée "à l’aveugle", permettent
d’estimer la précision du capteur de couple. Les erreurs obtenues sur l’estimation du couple
appliqué dans la configuration de l’étalonnage et dans une configuration géométrique dif-
férente sont respectivement de 0.46 % et 1.77 % respectivement.
Ces précisions sont cohérentes avec les valeurs annoncées dans la documentation du
constructeur mais légèrement moins bonnes : on attendait en effet une précision de 0.5 %.
Ces résultats sont également cohérents avec ceux obtenus à partir du modèle éléments fi-
nis massif du Chapitre IV.5 où l’on avait montré que la variation de signal, pour un même
couple, pouvait atteindre 1 % dans le cas d’un montage à huit jauges.

Pratiques du Dimensionnement en Mécanique - P.-A. Boucard, P.-A. Guidault, F. Louf 247

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